la prevention des risques psycho-sociaux …avance-online.fr/pdf/memoire_a.reynaert_vd.pdf · 2...
TRANSCRIPT
0
Université de Lille 2
Faculté Ingénierie et Management de la Santé (ILIS)
Master 2 Santé publique et gestion des risques
Qualité Environnement Santé
Agathe REYNAERT
LA PREVENTION DES RISQUES PSYCHO-SOCIAUX
EN ENTREPRISES
Sous la direction de Madame Valérie POUBELLE, Psychologue du travail
Mémoire de fin d’études de la 2ème année de Master 2011/2012
Composition des membres du jury :
Monsieur Franck-Olivier DENAYER, Président du jury
Madame Valérie POUBELLE, Directeur de mémoire
Madame Yolande MAGRIT, Directeur des Ressources Humaines délégué
Date : 22 octobre 2012
Faculté Ingénierie et Management de la Santé - ILIS
40, rue Ambroise Paré
59120 LOOS
1
2
REMERCIEMENTS
Je tiens sincèrement à remercier ma directrice de mémoire, Valérie Poubelle, pour son soutien et son aide apportés tout au long du mémoire. Je remercie également l’ensemble du service des Ressources Humaines de l’Institut Catholique de Lille pour leur écoute et leurs suggestions.
3
SOMMAIRE
Remerciements ________________________________________________________________________________________ 2
Sommaire _______________________________________________________________________________________________ 3
Introduction ____________________________________________________________________________________________ 5
Partie 1 : Les RPS, nouveaux maux du travail ? __________________________________________________ 9
Chapitre I : Les aspects réglementaires face à un problème de santé publique ______________ 9
Section A : L’émergence de la réglementation _________________________________________________________________ 9
Section B : Les aspects réglementaires et législatifs en Europe _____________________________________________ 11
Section C : La législation et la jurisprudence françaises ______________________________________________________ 13
Chapitre II : Les RPS, une problématique complexe ______________________________________________ 16
Section A : La distinction entre les risques professionnels et les risques psycho-sociaux _________________ 17
Section B : Les facteurs à l’origine des RPS ____________________________________________________________________ 17
Section C : Les effets des RPS sur la santé _____________________________________________________________________ 19
Section D : Les modèles d’analyse du stress __________________________________________________________________ 21
Partie 2 : La prévention des RPS, du diagnostic à l’action de prévention _________________ 24
Chapitre III : L’analyse et le diagnostic d’évaluation des RPS ___________________________________ 24
Section A : Les étapes d’évaluation et de prévention des RPS _______________________________________________ 25
Section B : Les trois niveaux possibles d’intervention _______________________________________________________ 29
Section C : Les indicateurs et les outils utilisés _______________________________________________________________ 33
Chapitre IV : Les exemples concrets d’actions de prévention ___________________________________ 36
Section A : Des actions engagées au niveau primaire _________________________________________________________ 36
Section B : Des actions engagées au niveau secondaire ______________________________________________________ 36
Section C : Des actions engagées au niveau tertiaire _________________________________________________________ 38
Section D : Le programme d’aide aux employés, une mesure innovante (PAE) ____________________________ 38
Partie 3 : La prévention des RPS au sein des entreprises, mythe ou réalité ? _____________ 44
Chapitre V : La recherche de terrain, méthodologie et outils ___________________________________ 45
Section A : La problématique ___________________________________________________________________________________ 45
Section B : Les hypothèses formulées sur la démarche de prévention des RPS ____________________________ 46
Section C : La méthodologie employée ________________________________________________________________________ 47
Chapitre VI : Les résultats de la recherche _________________________________________________________ 49
4
Section A : L’analyse de la recherche __________________________________________________________________________ 49
Section B : La conclusion de la première phase de recherche ou l’émergence d’un paradoxe ____________ 54
Section C : Un piste de résolution du paradoxe _______________________________________________________________ 57
Conclusion _____________________________________________________________________________________________ 61
Bibliographie __________________________________________________________________________________________ 64
Table des Illustrations _______________________________________________________________________________ 68
Table des matières ___________________________________________________________________________________ 69
Annexes _________________________________________________________________________________________________ 72
Glossaire _______________________________________________________________________________________________ 87
5
INTRODUCTION
De nos jours, les conditions de travail continuent d’alimenter de nombreux
débats. Beaucoup d’améliorations ont cependant vu le jour au cours des années. Tout
d’abord, la prise en compte et l’évaluation des risques professionnels sont devenues
des politiques courantes qui se sont développées au sein des entreprises. Plusieurs
raisons sont à l’origine de cette évolution dont principalement la législation qui s’est
renforcée en termes de sécurité et santé des travailleurs.
En effet, l’article L.4121-1 et les suivants du Code du Travail font ressortir
l’obligation de mettre en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité
ce qui incombe à l’employeur en matière de prévention.
Le décret 2001-1016 du 5 Novembre 2001 apporte une réelle dynamique de
prévention en rendant obligatoire pour l’employeur la tenue et la mise à jour, dans un
document unique, des résultats de l’évaluation des risques.
Dans ce cadre réglementaire, la prévention des risques professionnels
(accidents du travail, maladies professionnelles) auxquels sont exposés les salariés
concernent notamment les risques physiques, les risques liés à l’environnement ou au
rythme de travail.
Depuis quelques années, les professionnels de la santé au travail ont assisté à
l’apparition d’une nouvelle catégorie de risques : les risques d’origine psychique. La
santé mentale des salariés devient alors une thématique essentielle à prendre en
compte. Elle est regroupée sous le nom de risques psychosociaux (RPS).
L’émergence de ce terme s’est déroulée au cours des années 2000 et provient
d’une extension du « vocable stress »1. Contrairement à la notion de stress plus
ancienne et assez bien définie, il n’existe pas, à ce jour, de consensus sur le terme des
1 Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, introduction, p.3 Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012,
n°3958, ISBN : 978-2-13-059127-6
6
risques psychosociaux. Sous l’entité RPS, il est souvent sous-entendu stress mais
aussi violences internes (harcèlement moral, harcèlement sexuel) et violences externes
(exercées par des personnes extérieures à l’entreprise à l’encontre des salariés)2.
La particularité de ces risques ne permet pas de circonscrire les cadres
théoriques explicatifs. En effet, deux types de causes de survenue des RPS
sont recensés. La première cause des RPS est d’origine professionnelle et concerne
l’exposition aux risques professionnels tels que, par exemple, l’organisation du travail,
la qualité du management présent dans l’entreprise. La seconde cause des RPS est les
effets reconnus sur la santé comme le stress, le harcèlement etc.
Les RPS se situent à l’interface de la sphère professionnelle et privée, la
subjectivité engendrée rend leur dépistage plutôt délicat et difficile. Toutefois, un net
développement de la prise en charge de cette problématique peut être notée, causé en
partie, par la médiatisation des vagues de suicides qui ont eu lieu ces derniers temps
dans de grandes entreprises. Les autorités et certaines entreprises ont alors pris
conscience de la nécessité de considérer la santé mentale des salariés, comme étant
aussi importante que la santé physique. Celles-ci sont étroitement liées.
Les évolutions des environnements de travail sont à l’origine du développement
des RPS. Les comportements individualistes, la culture de l’instantanéité, le culte de la
performance économique, l’accélération des changements sont des modifications
notables repérées au niveau de la société. Le contexte de crise économique et ses
effets tels que l’accroissement de la concurrence, les clients de plus en plus exigeants
ont contribué à un éloignement des valeurs du travail et les conditions de travail se sont
progressivement dégradées3. Puis, des changements concernant l’individu sont notés :
un continuum psychologique : santé – maladie, des attentes nouvelles en termes
d’équilibre de vie, de développement, de besoin éthiques et de sens, de résilience
variable et limitée4.
2Site du ministère français du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social,
Travailler mieux, la santé et la sécurité au travail, www.travailler-mieux.gouv.fr 3 Ibid.
4 Ibid.
7
Selon la fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de
travail5, 22% des salariés souffrent de stress, 5% ont subi un harcèlement et 5% sont
victimes de violence physique au sein de l’Union Européenne. Cette enquête montre
également que 27% des salariés européens estiment que leur santé est affectée par
des problèmes de stress au travail6. L’Agence européenne de sécurité et santé au
travail souligne que le stress est le problème de santé le plus répandu dans le monde
du travail et va probablement s’aggraver7.
En France, d’après l’enquête le Figaro Magazine TNS Sofres–Stimulus réalisée
en Avril 2006, 44% des français sont touchés par le stress au travail (Femmes=55%,
Hommes=34%) et 18% sont à des niveaux dangereux pour leur santé (Femmes=26%,
Hommes=11%). La situation ne semble pas s’être améliorée. La dernière enquête
annuelle du CSA pour l’ANACT / La Tribune en 2009 sur le stress au travail indique que
le stress touche 4 salariés sur 10, 41% des salariés sondés se disent « stressés », dont
13 % « très stressés ».
Les impacts se font sentir dans la société, les organisations, auprès des
individus, et ce dans tous les secteurs économiques8. L’Agence européenne pour la
sécurité et la santé au travail (Bilbao) a estimé, en 2002, que le coût du stress d’origine
professionnelle représentait environ 20 milliards d’euros par an9. Pour le Bureau
International du Travail (BIT), le coût du stress dans les pays industrialisés s’élève entre
3 et 4% du produit intérieur brut (PIB). Les conséquences des RPS pour les entreprises
sont nombreuses tant en termes d’efficacité que de coûts.
Dans le cadre de ce mémoire, nous allons étudier et analyser la prise en charge
de la thématique des RPS à travers leur prévention au sein des entreprises. Nous
pourrons nous interroger sur le réel engagement, la réelle volonté des entreprises à
5 Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, 4e enquête européenne
réalisée en 2007 6 Le guide de prévention du stress, MEDEF
7 Agence européenne de sécurité et santé au travail, enquête Expert Forecast, 2007
8 Le guide de prévention des RPS, IRTS, Institut Régional du Travail Social
9 European Occupational Safety and Health Authority, Agence européenne de sécurité et santé au travail,
http://osha.europa.eu/fr/topics/stress
8
prévenir ces risques pour lesquels elles rencontrent tant de difficultés à les
appréhender.
La problématique de ce mémoire est la suivante : comment la démarche de
prévention des risques psycho-sociaux est intégrée en entreprises ?
Pour ce faire la méthodologie employée sera, premièrement de définir les RPS,
le contexte dans lequel ils se sont développés ainsi que de présenter leurs
conséquences sur les entreprises. Il s’agira ensuite d’identifier les niveaux
d’intervention dont disposent les entreprises actuellement, qu’elles soient publiques ou
privées, pour prévenir ces risques. Puis, un état des lieux de la méthodologie, utilisée
par celles-ci, accompagné d’une analyse permettra de soulever des hypothèses
concernant les éventuelles clés de la réussite de cette prévention.
Le plan de ce mémoire s’organise autour de trois parties dont la première, est
intitulée les RPS, nouveaux maux du travail. Elle reprend les définitions, les concepts,
la législation et la jurisprudence dans le chapitre I : les aspects réglementaires face à un
problème de santé publique. Le chapitre II, les RPS une problématique complexe,
présente les caractéristiques des RPS, leurs effets sur la santé et divers concepts
comme le stress professionnel.
La deuxième partie traite de la prévention, du processus engagé en entreprises.
Les étapes de diagnostic des RPS ainsi que les trois niveaux de prévention existants
sont présentés dans le chapitre III, l’analyse et le diagnostic d’évaluation des RPS.
Ensuite, le chapitre IV détaille les actions de prévention des RPS réalisées en
entreprises.
La troisième partie propose une réflexion sur les éventuelles clés de la réussite
en matière de prévention des RPS. Le chapitre V évoque la méthodologie employée à
la réalisation de la recherche de terrain via notre questionnaire. Enfin, le chapitre VI
aborde les résultats de la recherche et soulève de nouvelles hypothèses.
9
PARTIE 1 : LES RPS, NOUVEAUX MAUX DU TRAVAIL ?
Chapitre I : Les aspects réglementaires face à un
problème de santé publique
La notion de Risque-Psycho-Social (RPS) est récente. De multiples définitions
leur sont conférées ce qui freine l’établissement d’un consensus. Parmi celles qui
existent, les risques psychosociaux sont définis comme étant à « l’articulation de
variables individuelles, collectives ou organisationnelles »10. Cette définition rend
compte de leur complexité et de la nécessité de les appréhender de façon systémique
mais ne renseigne pas sur leur nature. Ainsi, nous avons retenu une autre définition
celle de l’ANACT11 : « Risque psychosocial : est la probabilité d’exposition à des
contraintes liées à la relation de l’individu à son travail et/ou à la relation aux autres,
susceptible d’affecter de manière défavorable la santé au sens large ou bien-être
(troubles psychosociaux), car ne pouvant pas (ou plus) être régulées, et perçues
comme pouvant mettre en péril des équilibres professionnels et/ou personnels ».
Les RPS sont devenus un problème de santé publique. Les états et les
gouvernements des pays industrialisés se sont penchés sur la question de la prévention
et de la correction depuis un certain nombre d’années.
Section A : L’émergence de la réglementation
Le collège d’expertise sur le suivi des RPS, formé en 2008 sur demande du
Ministère du Travail, a réellement modifié la définition des RPS en ne considérant plus
uniquement leurs manifestations mais leurs éventuelles sources : « les RPS seront
définis comme des risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par
10
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre 1 : les enjeux des RPS, p.7 Edition Puf Que sais-je ? ISBN 978-2-13-059127-6 11
Association Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail, ANACT
10
les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles
d’interagir avec le fonctionnement mental »12.
1. La prise de conscience
Les autorités gouvernementales ont pris conscience de cette problématique et
ont favorisé le développement de plusieurs initiatives telles que l’Accord National
Interprofessionnel (ANI) du 2 Juillet 2008, les dispositions spécifiques applicables aux
entreprises de plus de 1000 salariés etc. Ces initiatives ont un caractère incitatif,
aucune obligation de négocier n’est imposée.
L’ANI transcrit l’Accord Cadre Européen du 8 Octobre 2004 dont l’objet est
d’augmenter la prise de conscience et la compréhension du stress au travail par les
employeurs, les travailleurs et leurs représentants ; d’attirer leur attention sur les signes
susceptibles d’indiquer des problèmes de stress au travail, et ce, le plus précocement
possible ; de fournir aux employeurs et aux travailleurs un cadre qui permette de faire
face aux problèmes de stress au travail. L’Etat demande aux grandes entreprises de
s’engager dans des négociations sur le stress au travail avant le 1er Février 2010. Il
s’agit surtout d’un plan d’urgence en réaction aux vagues de suicides qui ont eu lieu à
cette période dans de grandes entreprises. L’arrêté ministériel du 23 Avril 2009 étend
l’accord du 2 Juillet 2008 et rend son application obligatoire à tous les employeurs.
2. L’état des lieux
Selon la Direction Générale du Travail qui dresse une synthèse de l’analyse des
accords signés dans les entreprises de plus de 1000 salariés dans un rapport en Avril
2011, sur un échantillon de 234 accords, 91% ont été signés sur le premier semestre
2010 et la majorité des accords a été signée à l’unanimité des syndicats présents dans
l’entreprise. Il convient de noter que 4 accords sur 5 sont des "accords de méthode" qui
se limitent alors à définir la méthodologie de la démarche d’évaluation et de prévention.
De plus, « l’engagement des directions générales est souvent peu visible » et les
12
Collège d’expertise formé fin 2008 par l’INSEE à la demande du ministère du Travail, conformément aux recommandations du rapport Nasse-Légeron (2008), international et pluridisciplinaire et dont le rapport final a été rendu le 11 avril 2011, www.college-risquespsychosociaux-travail.fr
11
accords sont « rarement resitués dans le contexte de l’environnement économique ou
de l’activité propre de l’entreprise »13.
Parallèlement, un rapport « bien-être et efficacité au travail » fait à la demande
du Premier Ministre en Février 2010 par Lachmann H., Larose C. et Penicaud M.,
présente 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail14. Ce rapport
va constituer les bases du plan Santé au travail II (2010-2014) qui vise à promouvoir
une prévention plus active contre l’ensemble des risques, y compris les RPS.
Les secteurs publics et privés débutent ainsi leur investissement sur le sujet et
engagent des mesures en raison de l’importante médiatisation du problème, du
développement de la prévention des risques professionnels et plus largement, en vue
de l’amélioration des conditions de travail qui « sont progressivement devenues un
facteur clé d’efficacité économique et sociale pour les entreprises »15.
Section B : Les aspects réglementaires et législatifs en Europe
Les RPS au travail ne sont ni définis ni reconnus dans les textes juridiques
internationaux, européens et communautaires. Ils sont seulement replacés dans le
cadre des fondements généraux du respect de la dignité humaine et de la santé de la
personne, rattachés sur le plan international aux Droits Universels de l’Homme et des
Libertés16.
Le Bureau International du travail appuie cette dimension en intégrant la notion
de « travail décent » qui précise que « chaque femme et chaque homme puissent
accéder à un travail décent et productif dans les conditions de liberté, d’équité, de
sécurité et de dignité»17.
13
Synthèse de l’analyse des accords signés dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, Prévention des risques psychosociaux, Avril 2011, Direction Générale du Travail. 14
Cf. annexe I 15
Valléry G., Leduc S., (2012), Les risques psychosociaux, chapitre 1 : les enjeux des RPS, p.11, Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127 16
Lerouge L., Risques psychosociaux au travail, Etude comparée: Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Paris, L’Harmattan, 2009 17
Bureau International du Travail (BIT) 1999, http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/who-we-are/international-labour-office/lang--fr/index.htm
12
De nombreuses évolutions d’un point de vue réglementaire ont eu lieu au cours
des années, dont cinq sont essentielles. Tout d'abord, en 1991, la réglementation
générale sur la prévention et l’obligation d’évaluation des risques professionnels
notamment sur la « santé mentale » est apparue dans l’article L. 4121-1 du Code du
travail18.
Puis, en 2000, la Directive 2000/78/CE sur l'égalité de traitement en matière de
d'emploi et de travail énonce un cadre général pour assurer le respect de l'égalité entre
les personnes et la non discrimination à propos d'emploi et de travail. Dans le cadre de
cette directive, le harcèlement au travail est considéré comme une discrimination.
Suit en 2001, la transcription obligatoire de l'évaluation des risques dans un
document unique révisé annuellement.
Enfin en 2004 et 2007, des accords européens vont être décisifs en matière de
prévention des RPS, respectivement l'accord européen sur le stress au travail et celui
sur le harcèlement et les violences au travail.
Ces principales évolutions sont marquées par la prise de décisions et
l’engagement de certains pays membres dans la politique de prévention des RPS, le
Danemark et le Royaume-Uni peuvent être cités à titre d’exemple.
Le gouvernement danois, dans ses nouvelles priorités pour 2010, considère les
RPS comme un des risques les plus significatifs pour le futur et le stress comme une
des conséquences pour la santé les plus importantes, juste après les maladies
cardiovasculaires et avant les accidents et les TMS. Il se fixe un objectif de réduction de
10% de l'absentéisme dû aux maladies liées au stress à la fin 201019.
Au Royaume-Uni, le stress est un programme prioritaire du Health and Safety
Executive (HSE). Un élément clé de ce programme est le développement des
standards de gestion ("Management standards") pour le stress lié au travail, lancés en
18
Site du gouvernement français de la législation française, http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006178066&cidTexte=LEGITEXT000006072050&dateTexte=20090528 19
Risques psychosociaux au travail : une problématique européenne, Note thématique, Janvier 2010, Eurogip-47/ F.
13
2004 pour aider les employeurs et les employés à travailler ensemble pour mesurer les
niveaux de stress et identifier des solutions pour le gérer20.
Section C : La législation et la jurisprudence françaises
Selon l'ANACT, des textes de nature différente constituent la base de la
prévention des RPS. Certains relèvent du Droit et sont spécifiquement opposables,
d’autres relèvent d’accord entre les partenaires sociaux européens ou nationaux et
donnent un cadre aux négociations d’entreprises21.
D’après, la Directive Cadre Européenne 89/391/CEE, le chef de l’établissement a
pour obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et
protéger la santé physique et mentale des travailleurs (transposition dans le droit
français, Code du travail, Art. L.4121-1 et suivants). Cette directive renforce et étend les
compétences du Comité d’Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail (CHSCT)
en lui permettant de faire appel à un expert dans certains cas22.
En 2008, la France transpose deux accords européens en rédigeant l'Accord
National Interprofessionnel (ANI) sur le stress au travail signé par l’ensemble des
partenaires sociaux français. L'Arrêté d'extension de l'ANI est voté en Mai 2009, il est
suivi par le plan d'urgence lancé par Xavier Darcos en Octobre 2009 qui a pour objectif
d'inciter à la négociation sur les risques psychosociaux pour les entreprises de plus de
1000 salariés. Ainsi les RPS sont intégrés au fur et à mesure dans le document unique
qui se doit d’évaluer l’ensemble des risques auxquels sont exposés les salariés. Le 26
Mars 2010 un accord national sur le harcèlement et la violence au travail vient en
complémenter l’ANI.
Par extension selon l’arrêté du 23 Juillet 2010, cet accord rend obligatoire la
négociation sur le harcèlement et la violence au travail pour tous les employeurs et
20
Risques psychosociaux au travail : une problématique européenne, Note thématique, Janvier 2010, Eurogip-47/ F. 21
ANACT, http://www.anact.fr/web/dossiers/sante-au-travail/RPS 22
Site du gouvernement français de législation, http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006178066&cidTexte=LEGITEXT000006072050&dateTexte=20090528
14
salariés. Le texte indique prudemment l’influence de certains facteurs. Cependant, le
stress reste directement lié à l’organisation du travail, à l’environnement de travail, à la
communication comme des facteurs pouvant conduire à des situations de harcèlement
ou de violence au travail23. Les autorités commencent à reconnaitre que certains modes
de gestions peuvent être pathogènes, il revient alors à l’entreprise de prendre toutes les
mesures nécessaires pour assurer la santé des employés.
Puis, en Avril 2011, une synthèse de l'accord signé dans les entreprises de plus
de 1000 salariés est publiée par Lachmann, Penicaud et Larose.
Des textes spécifiques sur le harcèlement moral (art. L. 1152-1 & suivants Code
du travail), une jurisprudence confirmée et des sanctions pénales possibles ont été
mises en place.
Sur le plan judiciaire, la reconnaissance du caractère professionnel des RPS
apparait lorsqu’un constat de circonstances précis peut être fait. La faute inexcusable
de l’employeur est même parfois démontrée quand la dégradation des conditions de
travail est vérifiée. Selon le cabinet d’avocats Michel Ledoux et associés, plusieurs
types de reconnaissance peuvent avoir lieu24.
1. La dépression professionnelle
Tout d’abord, la reconnaissance en tant que dépression professionnelle, la Cour
de Cassation précise que la dépression nerveuse liée aux conditions de travail
dégradées peut être constitutive d’un accident de travail (CRRMP). La santé mentale du
salarié entre donc dans le champ d’application de l’article L 411-1 du Code de la
Sécurité Sociale (notion d’accident du travail). A titre d’exemple, 2e Chambre Civile, 1
juillet 2003, n°02-30576, CPAM de Dordogne C/Ratinaud, la Cour de Cassation a
retenu, à cette date, la notion de « lésion corporelle assimilée à un accident de travail
dans le cadre de troubles psychiques ».
La dépression professionnelle devient une jurisprudence qui se confirme en Cour
d’appel de Lyon, le 9 octobre 2007. L’article L411-1 du Code de la Sécurité Sociale
23
Valléry G., Leduc S., (2012), Les risques psychosociaux, chapitre I, les enjeux des RPS, p. 25, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127 24
Société civile professionnelle d’avocats, http://www.michel-ledoux.fr/
15
qualifie d’accident du travail, « l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail ».
L’accident suppose une action soudaine et l’existence d’une lésion corporelle et la
dépression nerveuse est une lésion corporelle. Deux situations différentes sont alors
identifiées : la dépression est une maladie lorsqu’elle est la conséquence d’un
harcèlement qui s’inscrit dans la continuité et la durée. Mais, la dépression peut aussi
constituer un accident lorsqu’elle est la conséquence d’un choc émotionnel provoqué
par un fait précis et brutal25.
2. Les suicides
Deuxièmement, le développement de la reconnaissance des « suicides
professionnels » lorsque le suicide est commis sur le lieu de travail. Celui-ci peut être
reconnu en tant qu’accident de travail si la cause professionnelle de l’accident est
justifiée (Cour d’appel de RIOM, 22 Février 2000, Bucker C/Sainte Diamantine,
n°99/1655). Le suicide professionnel peut également être reconnu même s’il s’est
déroulé en dehors du lieu du travail parce que l’atmosphère de l’entreprise s’est
fortement dégradée et qu’elle concerne l’ensemble du personnel, l’état des victimes
ayant un lien de causalité direct avec le travail et établi par des attestations et un
certificat médical. En conséquence, le suicide ou la tentative de suicide est dans ce cas
un accident du travail26.
Cependant, la non-reconnaissance du suicide en AT sur le lieu de travail peut
également avoir lieu lorsqu’un état dépressif est préexistant pour d’autres raisons que le
travail (Chambre Sociale de la Cour de Cassation, 20 Décembre 2001 n°00-12.916).
Des affaires similaires sont portées en justice pour lesquelles les décisions varient,
parfois des plaintes pénales pour harcèlement moral sont déposées en parallèle (Cour
d’appel de Besançon, 9 Décembre 2008, n°07/01576)27.
3. Le harcèlement moral
La reconnaissance du harcèlement moral peut constituer une faute inexcusable
pour l’employeur lorsque ce dernier laisse perdurer cette situation au sein de son
25
Société civile professionnelle d’avocats, http://www.michel-ledoux.fr/ 26
Ibid. 27
Ibid.
16
établissement, en particulier si le Tribunal reconnait que la direction de l’institution avait
connaissance des agissements mais qu’elle n’a rien tenté pour faire cesser ces
agissements.
L’avenir du contentieux des RPS est régi principalement par l’obligation de
résultat de l’employeur en termes de protection des salariés. Les mesures doivent être
prises en vue d’atteindre l’objectif de santé et sécurité des travailleurs.
La Cour a désormais l’autorisation d’exercer un contrôle préalable des décisions
d’un employeur en matière d’hygiène et de sécurité. La responsabilité pénale des
employeurs n’est pas systématique et n’a pas de vocation à le devenir.
L’enjeu essentiel pour les entreprises est de définir un pilote des actions et des
mesures de prévention menées. L’ensemble des moyens financier, matériel et humain
peut être mis à contribution. Il convient également d’assurer la traçabilité de toutes les
décisions engagées par l’entreprise.
Ce premier chapitre aborde l’émergence de la réglementation ainsi que les
aspects législatifs qui en ont découlé en Europe et en France. Des exemples de
jurisprudence française à propos des RPS ont également été présentés. Nous
exposerons dans le prochain chapitre la complexité de la problématique des RPS.
Chapitre II : Les RPS, une problématique complexe
La plurifactoralité des RPS caractérisent à la fois l’organisation du travail et les
relations interindividuelles. Les facteurs à l’origine des RPS sont connus et mis en
évidence dans la littérature scientifique. Cet état de fait rend l’analyse des RPS et leur
prévention complexe. Pour pouvoir organiser de façon pertinente la prévention, il est
nécessaire de distinguer les risques professionnels des risques psycho-sociaux.
17
Section A : La distinction entre les risques professionnels et les risques psycho-sociaux
L’atteinte à la santé physique ou mentale des salariés au cours de la vie
professionnelle résulte de l’activité de travail telle qu’elle se déroule, ainsi que de la
dangerosité des environnements. Dans la démarche d’évaluation des risques instaurée
par le document unique, il existe un inventaire de risques dont les spécificités se
caractérisent par des dangers particuliers, des dommages aux individus et des facteurs
de risque tels que le risque électrique, le risque de chute ou le risque lié aux
déplacements externes. L’exposition à ces risques est renforcée selon certaines
conditions, des paramètres propres à l’individu comme son état de santé global
(hypertension, fatigue, etc.) ou des éléments liés à la situation de travail (co-activité,
travail isolé etc.).
Pour les RPS, la notion de risque est différente puisqu’il s’agit de la probabilité
d’une altération de la santé, physique ou mentale, en lien avec l’environnement
socioprofessionnel28. Le champ psychosocial renvoie aux facteurs relationnels et
organisationnels de la vie au travail29. Les RPS associent alors des facteurs issus de
trois domaines : le travail, la société et l’individu. Le travail peut être un facteur de RPS
puisqu’il attribue des fonctions, exige des modalités d’organisation et des conditions de
réalisation de toutes les composantes de l’environnement des entreprises et des
organisations.... Ensuite, la société est un autre domaine de facteurs de RPS parce
qu’elle détermine les changements de mode de vie, la législation ou le contexte
économique. Puis, l’individu qui concilie constamment sa vie privée avec sa vie
professionnelle.
Section B : Les facteurs à l’origine des RPS
Ils peuvent être regroupés en quatre grandes familles de facteurs, l’ANACT les a
représentés de la manière suivante :
28
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre II, Définition et concepts, p. 29, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127 29
Douillet P., Risques psychosociaux : un concept opérant pour transformer l’organisation du travail ?, 2010
18
Figure 1 : Schéma des quatre familles de facteurs de RPS (ANACT)
Les quatre grandes familles de tension illustrées sur le schéma sont :
20
Comme le suggère le tableau ci-dessus, le ressenti des salariés sera différent en
fonction du vécu des contraintes. La notion de durée de la contrainte est également un
facteur décisif influençant la perception que l'individu aura de la contrainte. En résumé,
les contraintes ponctuelles, uniques et choisies sont mieux supportées que celles
subies et durables qui résultent le plus souvent de l'imminence d'un rendu, d'un choix
de la direction etc. Le salarié peut se trouver dans l'incapacité de s'adapter à ces
nouvelles contraintes puisqu'elles lui sont imposées, c'est alors qu'un risque plus
important pour la santé nait.
3. Le burn-out, les violences internes/externes et le harcèlement
Le burn-out est un syndrome d'épuisement des ressources physiques, mentales
et émotionnelles qui se manifeste lorsqu'une personne lutte contre une fatigue
professionnelle34. Dans ce cas, le travailleur s'épuise progressivement en raison des
efforts menés pour maintenir son organisme face à l'exposition à une situation
"stressante" qui dure. L'organisme n'est plus en mesure de répondre aux exigences de
la situation et sature, les organes vitaux ainsi que la santé physique et psychique se
dégradent.
Les symptômes se manifestent de manière diverses et variées : épuisement
émotionnel, sentiment d'échec personnel, perte de compétences et de confiance en soi,
déshumanisation des relations, etc. Le burn-out survient par l'intermédiaire d'un
processus d'évaluation et de conceptualisation réalisé par l'individu lui-même qui perd
tout esprit d'analyse objectif de la situation.
Certaines personnes semblent être plus touchées par ce phénomène de burn-
out. Des recherches ont montré que les individus ayant une faible estime d'eux-mêmes
ou travaillant au contact d'autrui sont plus vulnérables35.
Selon la fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de
travail, la violence est définie comme un incident au cours duquel des personnes sont
victimes de comportements abusifs, de menaces ou d'attaques dans des circonstances
34
Freudenberger H. J., Staff burnout, Journal of Social Issues, 30, 159-165, 1974. 35
Desrumaux P., Le travail, risque psychosocial ou facteur d’épanouissement ? De la survie au bien-être, Le journal des psychologues, 2010/10, n°283, p. 26-30, 2010
21
liées à leur travail et ayant des conséquences sur leur sécurité, leur bien-être et leur
santé36.
L'Accord Cadre Européen du 26 Avril 2007 sur le harcèlement et la violence au
travail apporte des définitions précises. Les violences peuvent être de nature physique
sur les biens et/ou les personnes ou de nature psychologique. Deux types de violence
au travail sont reconnus. D'une part, la violence externe ; le préjudice est causé par
une personne extérieure à l'entreprise. Cette violence peut concerner tous les individus
qui occupent des métiers dans les entreprises de services, qui ont un rôle social :
banques, commerces, transports de fond, poste, police, sécurité sociale, transports
urbains... D'autre part, la violence interne qui est exercée par une personne ou un
groupe de personnes de l'entreprise. Dans ce contexte, les agressions sont répétées et
durables, les conséquences peuvent alors être plus importantes.
Le harcèlement est une forme de violence où un individu met en œuvre une ou
plusieurs conduites, envers autrui ou un groupe, basées sur la non-reconnaissance, le
non-respect, la négation de l'autre dans le but volontaire ou non de destruction
physique et/ou psychique induite par une situation de frustration et/ou de tension37.
Section D : Les modèles d’analyse du stress
Cette section va présenter le stress professionnel selon les différents modèles
des grands psychologues.
1. Le modèle de Lazarus
Ce modèle prend en compte l'individu et marque un déplacement de l'objectif
vers le subjectif. Selon le psychologue Lazarus, la personne ressent du stress
lorsqu'elle perçoit un déséquilibre entre les contraintes imposées par son
36
Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, http://europa.eu/legislation_summaries/employment_and_social_policy/employment_rights_and_work_organisation/c11111_fr.htm 37
Code du travail, article L1152-1. Desrumaux P., Le harcèlement moral au travail. Réponses psychosociales, organisationnelles et cliniques, Rennes, PUR, 2011.
22
environnement et ses ressources pour y faire face. Ce modèle met l'accent sur la
« double évaluation » que fait la personne de la situation de stress.
La première évaluation correspond à l'évaluation de la situation par l'individu et
au stress perçu par celui-ci. La personne évalue
ensuite les ressources dont elle dispose pour agir,
répondre et éventuellement intervenir sur la situation
qui lui pose problème. Il s'agit du contrôle perçu, c'est
l'évaluation secondaire38. Cette évaluation subjective
détermine la stratégie d'adaptation ou d'ajustement
adoptée : coping strategy.
Ces stratégies peuvent être orientées vers la
résolution des problèmes, la gestion des conflits et
des émotions, ou vers l'évitement ou le déni.
Cette approche de Richard Lazarus sur le coping complète celle d'Hans Selyé.
2. Le modèle de Karasek39
Le modèle Karasek distingue la demande
psychologique, la latitude décisionnelle et le
soutien social.
La demande psychologique est évaluée
par la quantité de travail, son intensité et son
caractère plus ou moins morcelé tels qu'ils sont
ressentis par les salariés.
La latitude décisionnelle renvoie aux
marges de manœuvre dont le salarié estime
disposer pour peser sur les décisions dans son travail, aux possibilités d'utiliser et aussi
de développer ses compétences.
Le soutien social décrit l'aide dont peut bénéficier le salarié, de la part de ses
supérieurs hiérarchiques ou de ses collègues.
38
Allis D., Dumas M., Poilpot-Rocaboy G., Risques et souffrance au travail, Edition Dunod, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052059-6 39
Ibid.
Figure 3 : Schéma du modèle de
Lazarus (google image).
Figure 4 : Schéma représentant le
modèle de Karasek (google image).
23
Ce modèle de Karasek ainsi que ses travaux sont des outils prépondérants dans
l'évaluation des risques psycho-sociaux40.
Le modèle de Siegrist, présenté dans le paragraphe suivant, vient compléter la
description du stress professionnel.
3. Le modèle de Siegrist41
Le psychologue allemand Siegrist est à l'origine de l'approche la plus récente.
Créé à partir de 1986, son modèle est basé sur l'effort et la récompense, notions
manquantes au modèle de Karasek. Selon lui, la reconnaissance et le sentiment
d'injustice contribuent aussi à expliquer le stress au travail.
En effet, un sentiment de
non-reconnaissance, une
perception d'iniquité sont aussi des
facteurs de stress.
Dans cette approche, l'état de stress survient « lorsqu'il y a déséquilibre entre les
efforts qu'une personne consent à fournir dans son travail et les récompenses qu'elle en
reçoit en retour ». Cette récompense n'est pas seulement matérielle c'est-à-dire
rémunératrice mais peut également être d'ordre social représenté par la
reconnaissance obtenue et symbolique qui reprend le sens donné à l'effort.
Lors d'une situation de déséquilibre quand l'effort est élevé et la récompense est
faible, le stress est générateur de pathologie et d'impact négatif. Ceci met en évidence
l'importance de la reconnaissance et du sentiment de justice.
Ces trois modèles reprennent des notions différentes afin d’expliquer les facteurs
de stress professionnel. Ils permettent de mieux comprendre dans quelles situations le
stress professionnel apparait et peuvent s’avérer utiles dans la gestion de la prévention
40
Cf. annexe II 41
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre II, Définition et concepts, p. 29, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
Figure 5 : Schéma présentant le modèle de Siegrist
(google image).
24
des RPS. Ils sont à l’origine de la création d’outils de mesures, notamment des
questionnaires que nous développerons dans la partie suivante.
Les RPS ne sont pas détachés des risques physiques mais au contraire, forment
une entité complémentaire à considérer lorsqu’il s’agit du bien-être global des individus
au travail.
Les entreprises ont désormais la responsabilité d’assurer la sécurité physique
mais aussi mentale des individus au sein de leur structure. Ainsi, la démarche de
prévention est destinée à répondre à une problématique complexe puisque cherchant à
prévenir des risques complexes à identifier et à prévenir. Elle est construite selon un
processus que nous nous proposons de développer dans une deuxième partie.
PARTIE 2 : LA PREVENTION DES RPS, DU DIAGNOSTIC A
L’ACTION DE PREVENTION
La démarche de prévention des risques en entreprise a principalement été
instaurée par la mise en place du document unique d'évaluation des risques42. Les
risques psychosociaux s'inscrivent dans cette politique de prévention des risques, leur
existence est démontrée par les conséquences diverses observées chez les salariés et
au sein de l'entreprise.
Chapitre III : L’analyse et le diagnostic d’évaluation des
RPS
La prévention des RPS requiert de disposer d’éléments pour les identifier,
comme les indicateurs, ainsi que d’outils (questionnaire de Karasek et de Siegrist) pour
estimer leur importance et l’exposition des travailleurs. Dans la démarche de prévention
des RPS, l’évaluation des risques professionnels est une approche a priori. Celle-ci se
42
Cf. annexe III
25
fonde sur une logique d’anticipation de la survenue de dommages pour la santé et la
sécurité43.
L’analyse et le diagnostic d’évaluation des RPS dans les entreprises sont guidés
par l’intermédiaire d’étapes successives définies par les organismes certifiés de l’Etat.
Elles seront présentées dans la première section de ce chapitre. La section B reprend
les trois niveaux de prévention des RPS qui correspondent à des types d’actions
différents. Enfin, la dernière section détaillera les outils et les modèles couramment
utilisés en entreprise pour mener la démarche de prévention des RPS.
Section A : Les étapes d’évaluation et de prévention des RPS
La prévention des RPS s’articule autour d’une démarche globale de projet
comportant plusieurs phases successives.
D’après l’INRS44, cinq étapes de démarche globale de prévention des RPS
peuvent être identifiées :
Le pré-diagnostic ou le dépistage
La mise en place d’un groupe-projet ou comité de pilotage
Le diagnostic approfondi,
L’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action
L’évaluation et le suivi
1. La préparation avec les acteurs
Tout d’abord, il faut préparer le lancement de la démarche, quatre conditions
sont nécessaires :
mobiliser les acteurs internes (la direction, l’encadrement, les instances
représentatives du personnel (IRP), le CHSCT, la Direction des Ressources
Humaines (DRH), les employés) et les acteurs externes (le médecin du travail,
l’inspection du travail et l’assurance maladie, consultants, experts...),
désigner un animateur qui fait office de responsable de projet,
constituer un comité de pilotage (COPIL),
43
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre IV, les indicateurs et outils d’évaluation des RPS, p. 66, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127 44
Guide dépister les RPS, des indicateurs pour vous guider, ED 6012, 2010, INRS
26
identifier un référent décisionnaire
Cette première étape se caractérise par la mobilisation de l’ensemble du
personnel de l’entreprise et l’identification de la personne en charge de l’animation du
projet et décisionnaire45.
Parmi les acteurs internes impliqués, nous retrouvons premièrement, la
direction qui joue un rôle majeur pour prendre les mesures nécessaires en réponse
aux risques identifiés. Elle détient également l’ensemble des informations utiles pour
réaliser le diagnostic sur les RPS, notamment, les indicateurs concernant la santé et la
sécurité au travail (AT/MP) et ceux appartenant au domaine des ressources humaines
(turn-over, absentéisme) ou liés aux objectifs de production à atteindre. La participation
de la direction garantit le bon déroulement de la démarche mais aussi sa pérennité
lorsque l’engagement est réel et motivé pour assurer le suivi.
Ensuite, les IRP qui peuvent être constitués des membres du CHSCT ou de
délégués du personnel (DP). Certaines de leurs missions sont définies par le Code du
Travail, ils reçoivent les plaintes individuelles des travailleurs et en assurent le relai à la
direction. Les IRP disposent d’informations qui relèvent de la prévention des risques
dans l’entreprise telles que le document unique, les bilans en santé annuels réalisés par
le médecin du travail etc. Elles assurent aussi un rôle de veille des mesures de
prévention concernant les RPS en facilitant leur intégration dans l’entreprise.
L’encadrement contribue à la fois à faire appliquer le règlement en matière
d’hygiène et de sécurité au travail et également à promouvoir les mesures de
prévention auprès de l’ensemble des salariés. Sa proximité avec les travailleurs permet
de relever d’éventuelles tensions dans les situations de travail et d’en trouver les
solutions adaptées tout en garantissant les objectifs de travail avec les moyens
nécessaires. Ils apportent aussi un soutien précieux direct avec les employés.
45
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre IV, les indicateurs et outils d’évaluation des RPS, p. 70, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
27
Enfin, les employés qui sont mobilisés en raison de leur connaissance sur la
réalité et le vécu du travail. Ils représentent une expertise significative quant aux
difficultés rencontrées dans les situations de travail. Leur rôle tout au long de la
démarche consiste à alerter la hiérarchie des problèmes, participer à la compréhension
des situations conflictuelles, contribuer à la recherche de solutions et s’impliquer dans
leur application.
Les acteurs externes apportent une vision plus éloignée des situations de
travail. Ils proposent des pistes d’actions issues d’expériences éprouvées dans d’autres
entreprises. L’acteur externe principal est le médecin du travail qui détient des
informations en santé sur chaque travailleur et peut donc renseigner des indicateurs
globaux de santé sur l’ensemble des salariés. Des actions de prévention et de
sensibilisation en santé peuvent être réalisées. Le suivi de l’état de santé du personnel
dans le temps permet de relever certaines pratiques dangereuses (addictives,
comportementales).
Un spécialiste de la prévention peut être présent dans les entreprises et est
souvent rattaché au service de santé au travail. Sa mission principale est d’analyser le
lien entre les situations de travail et l’état de santé des travailleurs. Il peut également
avoir un rôle d’animateur de la démarche de prévention.
L’inspection du travail et l’assurance maladie sont des acteurs externes qui
exercent un rôle de conseil et de contrôle auprès de la direction de l’entreprise. Ils
disposent de mesures et de moyens pour inciter la mise en œuvre de démarches.
Enfin, les consultants, les psychologues du travail, les experts et les organismes
institutionnels ont des rôles de conseil, d’accompagnement, d’information ou d’alerte.
2. L’accord de méthode
Ensuite, l’ensemble de ces parties prenantes de l’entreprise doit s’accorder sur
les RPS et plus précisément s’entendre sur l’origine des actions de prévention à
entreprendre. Il s’agit aussi de définir les objectifs visés par la démarche à savoir la
préservation des conditions de travail, l’obligation de répondre aux normes
réglementaires, l’amélioration des situations dégradées de travail etc. Cette étape
repose sur la rédaction d’un accord de méthode (art. L. 1233-21 du Code du Travail) qui
28
définit le cadre d’un dialogue social favorable à la construction d’un accord de fond qui
va préciser des mesures de prévention des RPS. L’accord de méthode représente la
première brique à la construction d’une démarche volontaire partagée par les IRP et la
direction46.
3. Le pré-diagnostic et le diagnostic
Les deux étapes de pré-diagnostic et diagnostic consistent à recueillir des
informations sur le terrain. Il s’agit de repérer les situations à risque ou délicates. Le
pré-diagnostic repose sur une approche d’exploration et ouverte des situations de
travail afin d’identifier celles qui présentent des tensions excessives qui pourraient
porter atteinte à la santé des salariés ou à la performance de l’entreprise. Cette
première partie permet de donner un aperçu des RPS et de leur nature (harcèlement,
stress, violences internes,…) par l’intermédiaire d’indicateurs. Selon le ministère du
Travail, les indicateurs sont « des informations choisies, associées à un phénomène,
destinées à en observer périodiquement les évolutions au regard d’objectifs
périodiquement définis»47.
Le pré-diagnostic permet d’objectiver les problèmes en vue de les expliquer à
l’ensemble des acteurs engagés dans la démarche. Elle positionne également la
problématique des RPS dans le contexte de la demande et des situations de travail
mais aussi de révéler les aspects du travail à interroger de manière systématique. Ainsi,
elle guide les analyses successives en fonction des modèles utilisés (cités auparavant)
et par conséquent les outils d’évaluation à privilégier.
Le diagnostic quant à lui, vise à établir une cartographie précise des RPS c’est-
à-dire à préciser l’ampleur du problème, identifier les déterminants du travail à l’origine
des atteintes à la santé et repérer les groupes de salariés en difficulté pour définir les
cibles d’actions prioritaires. Les outils d’autoévaluation sont majoritairement utilisés en
complément d’entretiens collectifs et individuels des salariés. Le choix des outils,
46
Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre V, la prévention des RPS, p. 97, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127 47
Norme ISO 8402, http://www.iso.org/iso/fr/catalogue_detail.htm?csnumber=20115
29
comme celui des indicateurs précédemment, doit tenir compte des spécificités du
travail, des exigences de tâches, des caractéristiques des travailleurs afin de pouvoir
mettre en évidence des difficultés liées aux réalités des situations de travail vécues.
L’évaluation des RPS consiste donc à les identifier ainsi qu’à évaluer les niveaux
d’exposition. L’usage d’un questionnaire validé permet de cibler et de codifier les
informations recueillies, autorisant le calcul d’un score qui peut dans certains cas
prédire une altération de la santé ou la présence avérée de facteurs de risques.
4. L’élaboration d’un plan de prévention
La quatrième étape, élaborer, est basée sur l’animation de groupes de travail,
associant des représentants des travailleurs, qui vont contribuer à construire des
solutions. Celles-ci vont alimenter le plan d’action dès lors que le COPIL les a validées.
Il est possible de distinguer différents types de mesures selon le niveau de prévention
visé48.
5. Le pilotage : évaluation et suivi
La cinquième étape consiste à appliquer concrètement les mesures définies
dans le plan d’action de construire des tableaux de bord utile pour faire vivre le système
de prévention des RPS.
Plusieurs niveaux de prévention sont recensés par les organismes spécialisés et
offrent un panel de mesures et d’actions portant sur des champs différents. Ceux-ci
seront détaillés dans la section suivante.
Section B : Les trois niveaux possibles d’intervention
D’après l’ANACT, trois niveaux de prévention sont à combiner pour structurer
des actions complémentaires et identifier les acteurs les plus pertinents49.
48
Cf. annexe IV 49
Réseau d’appui à la prévention des risques psychosociaux animé par l’ARACT Lorraine, http://www.preventionrps.com/prevenir%20-%20niveaux-prevention.php
30
1. Les actions de prévention primaire
La prévention primaire : « Agir sur les causes » vise à éliminer les facteurs de
risques présents dans l’entreprise. A défaut de pouvoir les supprimer, comme le
préconise le Code du Travail, il faut chercher à les réduire. Pour ce faire, il est
nécessaire de rechercher et d’identifier les causes en lien avec le travail et son
organisation. L’analyse de ces facteurs de risque conduit à explorer le fonctionnement
interne : l’activité de travail, les modalités d’organisation et les contraintes générées, les
impacts de la politique des ressources humaines, les relations de travail, la nature des
relations sociales, l’histoire de l’entreprise, les types de changements et leurs modalités
d’accompagnement…
Les actions de prévention primaire jouent un rôle sur la source du risque. Par
exemple, la prévention du stress peut se faire par l’intermédiaire d’actions telles
qu’adapter le travail demandé aux capacités et aux ressources des salariés (en tenant
compte de leur âge), organiser le travail pour le rendre stimulant et donner l’opportunité
au personnel d’utiliser ses compétences, définir clairement les rôles et responsabilités
de chacun. Il est également possible de proposer aux salariés de participer aux
décisions et aux actions de changements qui affecteront le travail, d’améliorer les
communications et réduire les incertitudes en termes de plan de carrière. Enfin,
favoriser l’opportunité d’échanges entre tous les acteurs de l’entreprise peut constituer
une action intéressante à mettre en place50.
Le niveau de prévention primaire peut aussi porter sur la gestion du stress. Selon
les préconisations de l’Association Nationale des Directeurs des ressources humaines
(ANDRH), cinq pistes d’action peuvent être instaurées pour lutter contre le stress en
entreprise. La première piste est de développer une vraie politique de reconnaissance
du travail puis de mieux anticiper les changements en y faisant participer de manière
accrue les salariés. Une autre piste est de développer un climat de confiance et
d’appartenance, plutôt que de compétition et d’individualisation. Il est possible aussi de
sensibiliser le comité de direction aux risques psychosociaux. La dernière piste peut
50
Stress au travail, les étapes d’une démarche de prévention, ED 6011, 2007, INRS.
31
consister à former techniquement les équipes et notamment l’encadrement à la gestion
du stress51.
2. Les actions de prévention secondaire
La prévention secondaire : « Corriger la situation » a pour objectif d’outiller les
salariés, individuellement ou collectivement, pour lutter plus efficacement contre le
stress et les différents risques. Dans cette approche, les tensions sont considérées
comme inévitables ou présentes et l’entreprise agit sur les conséquences, pour
apprendre à les gérer. Au-delà de la prévention primaire, l’entreprise doit aider les
salariés à comprendre les risques et leurs enjeux et les accompagner pour mieux faire
face aux situations critiques. Les programmes de prévention secondaire se chargent
d’aider à la gestion individuelle du risque. D’après Legeron et Nasse (2008), ces actions
peuvent prendre plusieurs aspects52.
Tout d’abord, la formation des individus est primordiale pour qu’ils puissent
développer des compétences spécifiques (gestion des conflits, agressivité) et mieux
gérer divers types de situations de stress ou qu’ils développent des capacités
psychologiques (contrôle des émotions).
Le deuxième type d’actions porte sur l’instauration d’espaces de dialogue au sein
de l’entreprise et la mise en place de procédures de médiation pour intervenir
précocement lors de situations difficiles.
L’aide apportée aux salariés pour faire face à diverses contraintes de la vie
personnelle (crèches, conciergerie) peut s’avérer être une action de prévention
pertinente.
Un autre exemple d’action de prévention secondaire est l’amélioration de
l’hygiène de vie en vue d’accroitre la résistance de l’organisme au stress (activités
sportives, éducation nutritionnelle etc.) avec la possibilité de pratiques de relaxation,
d’exercices physiques au sein de l’entreprise.
51
Cahier « commission nationale sur le stress » revue personnelle, n°73, décembre 2008 52
Nasse P., Legeron P., Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail, La documentation française, 2008.
32
3. Les actions de prévention tertiaire
La prévention tertiaire : « Réparer les effets » vient en aide aux salariés déjà en
souffrance psychologique au travail. Ces actions permettent de diminuer la détresse
des personnes et d’améliorer leur santé. Au-delà de son éventuelle responsabilité dans
l’apparition de ces troubles, l’entreprise se doit d’organiser leur prise en charge au
niveau du travail. L’intérêt de cette démarche est de pouvoir remonter si possible
collectivement, vers la prévention secondaire. La victime prend alors un rôle d’acteur de
la prévention des RPS non négligeable et qui se révèle très utile pour l’entreprise.
Ces actions de prévention sont davantage axées sur la réparation qui consiste
en le traitement, la réhabilitation ou le processus de retour au travail et le suivi des
individus qui souffrent ou ont souffert de problèmes de stress ou de santé mentale au
travail.
En résumé, des compétences spécifiques sont à mobiliser en matière de
prévention des RPS compte tenu de leur caractère multifactoriel. Des connaissances
variées doivent être mises à contribution et concernent des domaines différents tels que
le technique (machines, produits, process de travail), l’humain (interactions entre
l’homme et le travail), le médical (liens entre la santé et le travail), le psychologique
(aspects sociaux du travail et ses effets sur l’individu), l’organisationnel (choix des
modes opératoires individuels et collectifs), le management (délégation, reporting etc.),
la réglementation (choix des indicateurs de performance, critères d’évaluation etc.).
Les deux derniers niveaux de prévention s’apparentent essentiellement à la
protection ou à la réparation de la santé des salariés en vue de la portée de leurs
actions. Cependant, ce sont bien des mesures de prévention puisqu’elles sont définies
a priori, avant que le risque ne se concrétise. Leur mise en œuvre doit permettre de
réduire les conséquences des risques ou de s’assurer que les dommages causés
puissent être résorbés.
33
La prévention primaire est le niveau d’action à privilégier puisqu’elle agit sur la
source du risque plutôt que sur ses conséquences. De plus, sa mise en œuvre
s’articule et est complémentaire des deux autres niveaux, secondaire, qui aide à la
gestion individuelle du risque, et tertiaire, qui concerne la prise en charge individuelle
pour les problèmes de harcèlement, violences internes externes et burn-out.
Par conséquent, ces trois niveaux de prévention sont à combiner afin de mener
une politique de prévention des RPS efficace. Il est nécessaire également d’y convier
les acteurs incontournables à savoir la direction, les salariés et les IRP, le médecin du
travail et les compétences des organismes extérieurs.
Section C : Les indicateurs et les outils utilisés
Une série d’outils pour agir est recensée. En effet, l’usage d’outil est nécessaire
pour comprendre la manière dont se font les tensions à l’origine des RPS53. Le choix
des outils se fait en fonction de la situation, selon le contexte de l’entreprise, la nature
des difficultés, le point d’étape de prévention.
Le comité de pilotage est sollicité pour la sélection des outils à utiliser aux
différentes étapes. Cette concertation collective garantit la pertinence de la démarche.
Les principaux outils de la démarche de prévention vont être présentés : les
indicateurs, les questionnaires, les entretiens, les tableaux de bord et de suivi.
1. Les indicateurs54
Deux grandes familles d’indicateurs sont exploitables : l’une centrée sur le
fonctionnement de l’entreprise et l’autre liée à la santé et à la sécurité des salariés.
Il faut choisir des indicateurs facilement mobilisables par l’entreprise. D’une part,
les indicateurs liés au fonctionnement de l’entreprise peuvent concerner le temps de
travail, le mouvement du personnel, l’activité de l’entreprise etc. D’autre part, les
indicateurs liés à la santé et la sécurité des salariés correspondent aux accidents de
travail, maladies professionnelles, stress chronique etc. Les indicateurs pourront être
53
Dossier : Démarche de prévention des risques psychosociaux, 18 fiches, Réseau de compétences, ARACT Lorraine. 54
Ibid.
34
utilisés dans la phase de pré-diagnostic mais aussi pour élaborer des tableaux de bord
suivi des RPS55.
2. Les questionnaires
D’après l’ARACT Lorraine, dans beaucoup d’entreprises, la mesure et le côté
chiffrable des données attirent. Un questionnaire peut répondre en partie à cette
exigence. Toutefois, il est nécessaire de disposer d’outils complémentaires pour mieux
appréhender la situation. Deux types de questionnaires existent, les questionnaires
« clés en main » et les questionnaires personnalisés56.
Les questionnaires « clés en main » explorent les causes de RPS liés au travail
mais de façon partielle (2 à 3 causes par questionnaire). D’autres sont centrés sur l’état
de santé physique et mentale. Les avantages de ce questionnaire sont qu’ils sont
validés scientifiquement et standardisés, il existe une possibilité de comparer les
résultats à des banques de données. Les limites du questionnaire sont un usage payant
pour certain, un engagement et/ou une formation à l’outil, et une convention est à signer
au préalable.
Les questionnaires personnalisés nécessitent une phase de construction et de
validation collective dans l’entreprise. Le principal avantage est que les questions sont
adaptées à la réalité de l’entreprise pour tenir compte de ses spécificités. Les limites
sont le temps et les compétences nécessaires pour l’élaborer et le dépouiller ainsi que
l’impossibilité de le comparer à une autre population de référence.
Les plus utilisés sont les questionnaires de Karasek et Siegrist (cf. section B.2.
1ère partie). Mais aussi le WOCCQ (WOrking Conditions and Control Questionnaire) :
mesure le niveau de contrôle du travailleur sur six aspects du travail : les ressources
disponibles, la gestion de la tâche, les risques, la planification du travail, la gestion du
temps, l’avenir.
55
Guide dépister les RPS, des indicateurs pour vous guider, ED 6012, 2010, INRS.
56 Cf. annexe V
35
D’autres questionnaires portant sur l’état psychique des individus existent :
l’échelle du stress perçu (Cohen), la mesure du stress psychologique (MSP Lemyre),
l’auto-questionnaire SUMER 2009, le questionnaire GHQ12 etc.
3. Les entretiens
La réalisation d’entretien permet de qualifier le vécu. Trois types
d’entretien existent :
l’entretien ouvert : il crée des échanges libres autour d’une thématique centrale
permettant une expression totale des salariés. L’analyse et le dépouillement de
l’ensemble des entretiens sont longs et complexes.
l’entretien semi-directif : l’expression est libre mais cadrée autour de plusieurs thèmes
définis au préalable. L’interviewer doit relancer si besoin sur les thèmes non évoqués
par les salariés, mais il n’y a pas d’ordre préétabli des sujets. L’analyse des réponses
est plus aisée.
l’entretien directif : organisé autour de questions précises, il ne permet pas
l’expression réelle des salariés. L’analyse est simple car les informations recueillies
sont cadrées (cela ressemble à un questionnaire). Cependant, une très bonne
connaissance de la situation est nécessaire pour définir les items à aborder.
Il est important de noter que les intervenants doivent être une personne externe
à l’entreprise qui porte un regard objectif sur les situations et qui maitrise les techniques
de l’entretien mais surtout qui favorise l’expression des salariés.
4. Les tableaux de bord de suivi
Grâce aux tableaux de bord, l’entreprise va pouvoir suivre l’évolution dans le
temps de ses indicateurs (surveillance de l’amélioration ou de la dégradation) et
mesurer l’état d’avancement des actions.
Pour suivre les indicateurs dans le temps, il faut en choisir en nombre limité (à
partir des indicateurs du dépistage et/ou du diagnostic), en créer quelques uns en
relation avec les situations de travail spécifiques de l’entreprise et aller au-delà des
indicateurs « classiques » de sécurité tels que les accidents de travail, l’absentéisme
36
etc. en explorant des signaux « précurseurs » comme les plaintes, les changements
d’organisation etc. Cela permet de passer d’une approche a posteriori à une approche a
priori.
Chapitre IV : Les exemples concrets d’actions de
prévention
Des exemples d’entreprises provenant de la recherche bibliographique vont être
présentés. Ils permettent d’identifier les niveaux de prévention auxquels les actions
appartiennent, et de détailler une mesure innovante : le programme d’aide aux
employés (PAE).
Section A : Des actions engagées au niveau primaire
La gestion des RH dans l’entreprise Renault mène un programme de prévention
des RPS appelé le PACTE. Une réorganisation de l’ingénierie managers/chefs de projet
a eu lieu. Les chefs de projet ne sont plus des managers d’hommes, ils sont managers
de projet. Quant aux managers, leurs missions consistent à gérer les hommes, les
formations, les carrières etc. Le PACTE a aussi renforcé les échanges entre les
managers et les collaborateurs en organisant des réunions hebdomadaires, bilatérales
et des entretiens annuels. Renault mène des actions agissant sur le management qui
relèvent du niveau primaire.
Danone, par l’intermédiaire de son accord, s’est positionné sur un ensemble de
mesures concernant la qualité du management. L’accord a également donné du sens
au travail en impliquant les salariés dans la définition de leurs objectifs, en leur donnant
une marge d’appréciation et de manœuvre dans la mise en œuvre de leur mission et en
acceptant le droit à l’erreur.
Section B : Des actions engagées au niveau secondaire
La Banque de France a mis en place un programme de formation proposant des
formations à la prévention et au traitement des RPS, à la non discrimination, à la
37
prévention du harcèlement, au document unique d’évaluation des risques
professionnels. Un spécialiste des RPS a aussi été recruté.
Le PACTE de Renault a favorisé l’environnement social et la communication en
organisant la « journée de l’équipe » qui a pour objectif de créer du lien social, de
fédérer les équipes et de discuter de la vie de l’équipe ; en vue par exemple que les
collaborateurs prennent plus souvent le café ensemble. 85% des participants était
satisfait de la qualité des dialogues sur les thèmes de l’esprit d’équipe, l’appartenance à
l’équipe. D’autres évènements et animations ont eu lieu au sein de Renault. La
rénovation des salles de réunion et la création d’espace de convivialité ont constitué
des mesures supplémentaires de prévention des RPS.
La conciliation entre vie professionnelle et vie privée permet de prévenir
l’apparition des RPS. Plusieurs mesures ont été prises en ce sens pour la garantir. La
nécessité de respecter des temps de travail et de repos est primordiale, nous la
retrouvons dans l’accord de Danone, le PACTE de Renault ou l’accord de France
Télécom. Les horaires de réunion sont compris dans les horaires de travail de l’équipe
et pour les cadres dans la plage 8h-18h (Accord France Télécom). Chez Renault, la
plage horaire débute à 8H30 et les heures d’ouverture sont réduites afin que les
personnes puissent avoir une vie privée.
Des consignes et méthodes dans l’utilisation des nouveaux moyens de
communication feront l’objet de recommandations (Accord Danone et France Télécom).
Des dispositifs d’aide à la garde d’enfants et d’assistance aux personnes en
charge ont été mis en place par l’accord de France Télécom. IIs expérimentent la
participation à une crèche interentreprises par la réservation de berceaux.
Les actions de prévention de niveau secondaire exercent essentiellement une
action sur les salariés.
38
Section C : Des actions engagées au niveau tertiaire
L’action rencontrée le plus fréquemment dans les entreprises est le processus
sur la détection, la prise en charge et l’accompagnement des personnes détectées en
difficulté (services de santé au travail, RH et managers). La création ou le rappel des
procédures dans l’entreprise en cas de harcèlement ou autres situations difficiles sont
présents dans le PACTE Renault, l’accord Peugeot, Coca Cola, Danone.
La Banque de France a prévu un traitement des situations individuelles par un
dispositif de gestion de crise, la collaboration d’un psychologue du travail externe, des
réunions pluridisciplinaires, un service téléphonique d’accompagnement psychologique.
Les accords de Renault, Peugeot et Carrefour France ont instauré la formation à la
détection et l’accompagnement des personnes en difficulté. Le PACTE Renault
accentue cette démarche en proposant un accompagnement professionnel
personnalisé, six séances sont offertes avec des psychologues.
Globalement, les mesures de prévention de niveau tertiaire apparaissent lorsque
la situation délicate existe déjà, les conséquences des RPS sont présentes et les
actions de prise en charge des personnes concernées ont une vocation de réparation
des dommages apparus.
A travers ces exemples, nous retrouvons les principaux niveaux de prévention
des RPS. Un autre exemple d’action va être développé dans le paragraphe suivant.
Section D : Le programme d’aide aux employés, une mesure innovante (PAE)57
Les programmes d’aide aux salariés, PAE, ont été crées aux Etats-Unis et sont
des dispositifs de conseil et de soutien thérapeutique ou pédagogique, d’audit de
situations de conflits ou de prévention de crise individuelle, relationnelle, ou
organisationnelle en milieu professionnel.
57
Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
39
Aujourd’hui près de 90% des grandes entreprises américaines ont recours à ces
programmes qui sont susceptibles d’avoir une répercussion sur la performance des
entreprises et de façon plus générale, sur le bien être des employés au travail.
En Europe, les PAE se développent de manière contrastée, les pays
scandinaves et le Royaume-Uni sont en avance sur le reste des autres pays membres.
La mise à disposition d’un PAE par un dirigeant montre qu’il est conscient qu’un
salarié allant bien travaille mieux qu’un salarié en souffrance. Un certain nombre
d’effets positifs sont également attendus pour l’entreprise, dont l’accroissement de
l’efficacité au travail.
1. Les principaux objectifs d’un PAE
Les objectifs d’un PAE sont :
D’accompagner les salariés en difficulté en les identifiant et en les incitant à
chercher de l’aide par l’intermédiaire du PAE. L’intervenant du PAE a pour rôle
d’évaluer la situation avec le salarié et d’élabore un plan d’action afin de l’aider à
résoudre le problème. La particularité du PAE est que l’aide au salarié est apportée
quelque soit l’origine de ses difficultés.
Développer la santé et le bien-être au travail par le biais du PAE qui peut s’avérer
être un véritable outil de prévention puisqu’il permet aux salariés d’avoir en amont
accès à des informations et à des conseils dans de multiples domaines. Des
prestations de développement professionnel et personnel sont aussi proposées.
Accompagner les managers et les ressources humaines lors du suivi des salariés
en difficulté par le PAE qui constitue un outil efficace de résolution de problème. Il
permet de prendre le problème du salarié sans s’immiscer dans sa vie privée ou de
prendre du recul face une situation complexe impliquant le manager et le salarié.
Des facteurs socio-économiques favorables viennent appuyer les objectifs du
PAE. Parmi ces facteurs, nous pouvons citer les évolutions dans la typologie des
salariés, la consommation et l’abus de nouvelles drogues mais aussi la dépendance
40
à des médicaments autorisés, la compétition accrue dans tous les secteurs d’activité
etc.
2. Les domaines d’intervention du PAE
Les domaines d’intervention d’un PAE couvrent la santé, l’équilibre
psychologique, le développement personnel et professionnel ainsi qu’une extension
vers les services aux salariés comme les enfants, les parents âgés, à la vie
quotidienne, aux loisirs…
Les paramètres calibrant l’abonnement au PAE sont construits sur mesure avec
l’entreprise en fonction de ses besoins. Il s’agit de connaitre le nombre d’abonnés (sites
et personnel concernés), le type de prestations disponibles (entretien téléphonique
et/ou face-à-face), prestations mises à disposition des salariés (accompagnement
psychologique, services juridiques, diététique etc.), nombre d’entretiens par salarié
(entre 5 et 10 consultations annuelles).
Le PAE est mis en place et financer entièrement par l’entreprise sous forme d’un
abonnement annuel et les salariés y accèdent de manière volontaire et confidentielle.
Le coût dépend du contexte de l’entreprise c’est-à-dire du nombre de salariés
abonnés, des prestations proposées et du taux d’utilisation du service par les salariés.
Le nombre d’entretiens ainsi que la nature des réponses proposées par le PAE
représentent des limites non négligeables du programme. En effet, les réponses dont
les intervenants disposent ne peuvent être d’ordre médical ce qui freine parfois la
résolution du problème en quelques séances d’accompagnement psychologique. Le
PAE a simplement pour vocation de faire prendre conscience à la personne qu’elle est
en situation présentant des risques pour sa santé, de l’informer et de proposer une
première aide pour l’orienter ensuite vers un suivi spécialisé.
Le programme d’aide aux employés est ainsi un dispositif mis en place par
l’entreprise qui fournit aux salariés et à leur entourage familial proche, une aide
psychologique anonyme et confidentielle comprenant évaluation, conseil, information et
soutien psychologique.
41
En France, des exemples issus de la recherche bibliographique vont présenter
plusieurs entreprises qui se sont engagées dans le programme d’aide aux employés.
3. Le cas de MMA58
Le groupe d’assurance mutuelle multi-spécialiste MMA est le premier exemple
que nous allons développer. Son directeur adjoint des ressources humaines Monsieur
Robinet a témoigné sur l’expérience de son entreprise concernant le PAE.
En 2007, MMA expérimente le PAE sur son site parisien regroupant environ
1000 salariés sous le programme intitulé « Equilibre au travail ». Cette expérience s’est
montrée concluante et a ainsi été étendue aux dix autres établissements à partir de fin
2008.
La raison principale qui a poussé l’entreprise à s’engager dans le PAE est
d’ordre économique, en effet, les dirigeants ont conscience que le bien-être d’un salarié
au travail, le rend plus efficace.
Des acteurs internes, sociaux et médicaux, étaient déjà présents au sein de
l’entreprise, et pouvaient être contactés par les salariés en situations de tension mais la
volonté était d’apporter plus de solutions pour répondre aux problèmes des
collaborateurs. Monsieur Robinet affirme que « opter pour un PAE, c’est œuvrer pour la
performance de l’entreprise ».
Il souligne également qu’au regard du contexte actuel, les salariés privilégient
leur bien-être et que la présence d’un PAE peut constituer un critère de sélection de
l’entreprise dans laquelle ils souhaitent travailler.
Les conditions de réussite du PAE sont tout d’abord un professionnalisme avéré
des prestataires choisis, MMA les a sélectionné lors de la phase pilote avec l’aide de la
société AXIS MUNDI.
La deuxième condition de réussite est indispensable et concerne l’anonymat des
salariés utilisateurs du PAE qui se doit d’être garanti.
La communication réalisée autour du programme est la dernière condition de
réussite du PAE, en effet, il est nécessaire de démystifier la démarche auprès des
58
Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
42
partenaires sociaux afin de mieux les impliquer. Chez MMA, l’ensemble des CHSCT
des établissements ont été rencontrés pour que les enjeux ainsi que le fonctionnement
du PAE leur soient expliqués. La communication du PAE aux salariés a été effectuée
par l’intermédiaire de la distribution de dépliants et de plaquettes.
Les caractéristiques du PAE chez MMA sont un contact téléphonique entre
l’utilisateur et AXIS MUNDI suivi d’une orientation éventuelle du salarié vers un
spécialiste ou un accompagnement local. L’entreprise a mis à disposition un total de six
consultations par an pour chaque salarié. De plus, les domaines d’intervention sont très
variés pour mieux répondre aux besoins des salariés.
Le bilan de Monsieur Robinet révèle une sous-consommation du PAE chez MMA
en comparaison avec d’autres entreprises. La communication est ainsi à poursuivre en
vue d’obtenir une meilleure adhésion des salariés à la démarche. Il a été remarqué
également que les cadres sollicitent davantage le PAE que le personnel non-cadre. Les
raisons professionnelles d’appel au PAE ne représentent que 25% des utilisateurs,
néanmoins, le programme reste utile pour déceler en amont des contextes de difficultés
professionnelles.
4. La Caisse nationale des caisses d’épargne CNCE59
Monsieur Delfortrie, ex-DRH de la CNCE nous fait part de l’expérience de PAE
menée au sein des caisses d’épargne. La démarche de PAE a débuté en 2002 en
raison de caractère innovant en France et son fondement sur la prévention. Selon lui, le
PAE redonne à l’entreprise un rôle sociétal à savoir la prise en compte du bien-être du
salarié sur son lieu de travail.
Le PAE concerne 1200 salariés et son principe est simple. De plus, le forfait
payé à l’intervenant extérieur est raisonnable et comprend un nombre de cinq séances
par salarié. Les prestations proposées sont nombreuses et anonymes. Les salariés
souhaitant bénéficier du PAE peuvent contacter le cabinet extérieur entre 9h et 19H.
59
Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
43
Les conditions de réussite du programme sont en partie identiques à celles
formulées par le DRH de MMA. Tout d’abord, le professionnalisme du cabinet extérieur
a rassuré les partenaires sociaux sur la démarche et a promu leur implication.
La communication est un aspect primordial au développement de la démarche. A
la caisse d’épargne, elle s’est faite par l’intermédiaire de l’intranet mais aussi grâce à la
distribution de dépliants comprenant le témoignage d’un utilisateur. La communication à
l’extérieur de l’entreprise n’a volontairement pas été développée dans la mesure où la
démarche doit rester personnelle et non devenir une forme de publicité.
L’adhésion de tous les acteurs de l’entreprise au PAE constitue un élément de
réussite. Les intervenants extérieurs travaillent alors en collaboration avec le médecin
du travail de l’entreprise puisque leurs champs d’action différent.
Enfin, l’anonymat des utilisateurs est à respecter, selon Monsieur Delfortrie, « la
confidentialité est un gage de crédibilité et de réussite ».
Le bilan de la démarche est satisfaisant selon l’ex-DRH de la CNCE au vu des
retours de salariés et des partenaires sociaux. Fin 2003, 9% des salariés avaient
sollicité le PAE, parmi ces participants de la caisse d’épargne, 53% étaient de
nouveaux abonnés dont 63% de cette population était des femmes. La proportion
d’hommes a néanmoins augmenté, 12% en 2000 à 37% en 2003.
Les prestations proposées par le programme sont très variées. L’intérêt s’est
porté essentiellement sur la nutrition, l’affirmation de soi, la gestion du stress et le
sevrage tabagique.
En parallèle, l’absentéisme au sein de l’entreprise a diminué, de 18 jours en
2000 à 11 jours d’absence en 2003, sondage réalisé sur la population de référence ETP
(équivalent temps plein). Les actions de prévention menées via le PAE ont des effets
positifs pour l’entreprise et les salariés.
En conclusion de ces deux exemples, le PAE peut s’inscrire dans la politique de
prévention des RPS en décelant des situations de tensions en amont et surtout en
s’occupant de l’accompagnement psychologique des salariés. Ce programme assure
44
une prise en charge des salariés avant qu’ils soient en situation de mal-être et que des
conséquences sur la santé mentale soient présentes.
Les actions de prévention sur les salariés semblent avoir un effet sur l’efficacité
de l’entreprise et plus largement sa situation économique. Les conditions de travail sont
améliorées et un système de fonctionnement basé sur le « gagnant-gagnant » pour
l’entreprise et les salariés s’est installé.
Au regard des exemples de PAE, un certain nombre de questions est soulevé
quant aux réelles motivations et raisons de l’engagement dans une démarche de
prévention des RPS, aux personnes responsables et garants de l’initiative etc.
Afin de réfléchir sur ces dimensions, des hypothèses concernant la prévention
des RPS ont été émises en vue de réaliser une enquête au sein d’entreprises. Le
déroulement de cette enquête va être présenté dans le paragraphe suivant.
Après avoir étudié différents exemples de démarches issus de la recherche
documentaire, nous allons voir en troisième partie à l’aide d’une recherche sur le terrain
réalisée auprès de plusieurs entreprises quelle est la réalité des actions de prévention
engagées pour lutter contre les RPS.
PARTIE 3 : LA PREVENTION DES RPS AU SEIN DES
ENTREPRISES, MYTHE OU REALITE ?
La prévention des RPS au sein d’une entreprise s’organise autour de la mise en
place d’actions et de mesures qui ont pour objectif d’améliorer ou de préserver les
conditions de travail des salariés.
La partie précédente a détaillé l’ensemble des étapes de diagnostic et
d’évaluation des RPS ainsi que les niveaux de prévention préconisés par les
organismes spécialisés dans la prévention en santé et sécurité des risques
professionnels.
45
Dans cette partie, nous exposerons dans le chapitre V toutes les étapes qui ont
mené à la création du questionnaire pour notre recherche de terrain et nous
analyserons les résultats obtenus dans le chapitre VI.
Chapitre V : La recherche de terrain, méthodologie et
outils
Ce cinquième chapitre présente la préparation et la méthodologie d’élaboration
de la recherche de terrain. En effet, le questionnaire proposé aux entreprises a été
constitué en vue de répondre à certaines hypothèses concernant la prévention des RPS
menée dans chacune d’entre elles.
Ce chapitre débutera par la problématique à l’origine de la recherche de terrain.
Nous verrons ensuite les hypothèses que nous avons formulées dans le cadre de notre
recherche. En dernière section, nous verrons la méthodologie que nous avons
employée pour mener cette étude.
Section A : La problématique
Ce mémoire a pour problématique principale de s’intéresser à la manière
d’intégrer une politique de prévention des RPS en entreprises.
La recherche bibliographique et les précédentes parties de ce mémoire ont
présenté les définitions, les concepts ainsi que la méthodologie et les outils
indispensables à la démarche de prévention des RPS. Néanmoins, l’objectif de cette
dernière partie, la recherche sur le terrain, consiste davantage à mesurer le niveau
d’engagement des entreprises. En effet, ce niveau d’engagement des entreprises définit
le succès futur de cette démarche assez délicate.
La réflexion mise en place autour de la réalisation de cette recherche de terrain a
permis de recentrer la problématique de ce mémoire. En effet, l’enquête cherche à
46
connaitre : quel est le niveau d’engagement des entreprises dans la démarche de
prévention des RPS ?
Par volonté d’engagement, nous entendons la volonté dont la direction de
l’entreprise fait preuve en mettant tous les moyens requis à disposition.
La section suivante va présenter l’ensemble des hypothèses formulées afin de
répondre à cette problématique.
Section B : Les hypothèses formulées sur la démarche de prévention des RPS
Afin d’établir le questionnaire destiné aux entreprises, nous nous sommes basés
sur cinq hypothèses émises au préalable en fonction des informations obtenues par la
recherche bibliographique et explicitées précédemment.
Hypothèse 1 : « l’initiative de la démarche de prévention des RPS revient
toujours à la Direction Générale (DG) de l’entreprise ».
Hypothèse 2 : « tous les acteurs de l’entreprise sont intégrés dans la démarche
et jouent un rôle significatif dans l’élaboration du plan d’actions ».
Hypothèse 3 : « le diagnostic conduit toujours à un plan d’actions ».
Hypothèse 4 : « les organisations des entreprises agissent prioritairement sur les
niveaux de prévention secondaire et tertiaire ».
Hypothèse 5 : « l’organisation de l’entreprise assure la pérennité de ce plan de
prévention des RPS ».
Nous avons choisi d’utiliser un questionnaire élaboré à partir de ces cinq
hypothèses. Ce questionnaire sera administré à un échantillon d’organisations que
nous présenterons dans le paragraphe suivant.
47
Section C : La méthodologie employée
1. Le questionnaire60
Il se présente sous la forme de quatre volets distincts :
- la politique de prévention des RPS qui constitue un ensemble de questions « filtre »
pour distinguer les entreprises et les organisations en démarche, des autres
structures qui n’ont pas encore entamé de démarche ;
- le plan de prévention des RPS (niveau de décision, durée, structuration, validation
par le CHS) ;
- la méthodologie d’élaboration du plan de prévention des RPS et les résultats
(collaboration avec les partenaires sociaux, outils, mise en œuvre) ;
- la dynamique du plan de prévention des RPS (communication, pilotage, pérennité).
2. La présentation de l’échantillon
La recherche a été réalisée sur un échantillon total de dix-huit organisations ou
entreprises. Pour faciliter la lecture, nous avons choisi d’utiliser le terme d’organisation
pour nommer les organisations de travail telles que les entreprises publiques, privées,
marchandes ou non marchandes et les associations à but non lucratif. Ces
organisations ont été choisies en fonction du réseau socioprofessionnel.
60
Cf. Questionnaire vierge en annexe III
48
Figure 6 : Tableau recensant l’échantillon d’organisations interrogées pour la recherche.
Compte tenu des moyens à notre disposition, nous avons préféré orienter notre
analyse vers une analyse qualitative plutôt que quantitative. En effet, notre échantillon
de dix-huit organisations est restreint.
61 La majorité des organisations interrogées a souhaité conserver l’anonymat, nous les désignerons alors
par une lettre.
N° Organisation61
Domaine Secteur d’activité Taille (en
effectifs)
1 A Privé Energie 218 350
2 B Privé Energie 158 842
3 C Privé Parfumerie 11 000
4 D Privé Banque 315 000
5 E Privé Grande distribution 210 000
6 F Privé Bâtiment 20
7 G Public/Privé Transport 160 000
8 H Privé Prêt à porter 390
9 I Privé Agricole/industriel 45 000
10 J Privé Industriel/chimie 1 000
11 K Privé Education 480
12 L Privé Laboratoire pharmaceutique 300
13 M Privé Cabinet de conseil RH > 10
14 N Association Enseignement & formation 300
15 O Association Handicap 140
16 P Privé Transport aérien 60 000
17 Q Public Service public 4 000
18 R Association Enseignement & formation 455
49
Ce chapitre V a présenté la méthodologie de la recherche sur le terrain. Nous
avons pris connaissance des cinq hypothèses autour desquelles notre réflexion s’est
basée. L’échantillon des dix-huit organisations interrogées ainsi que le questionnaire
ont été décrits.
Nous allons étudier et analyser dans le chapitre suivant les résultats de la
recherche de terrain. Nous pourrons alors vérifier nos hypothèses et apporter
d’éventuelles réponses à notre problématique qui consiste à évaluer le niveau
d’engagement des entreprises dans la démarche de prévention des RPS.
Chapitre VI : Les résultats de la recherche
Dans une première section, nous verrons quelles hypothèses sont confirmées ou
infirmées par l’étude. Nous présenterons ensuite une conclusion de la première phase
de recherche. La dernière section se consacrera sur le paradoxe soulevé par la
prévention des RPS.
Section A : L’analyse de la recherche
1. La question filtre
Nous avons constaté que toutes les organisations interrogées ne sont pas en
démarche de prévention des RPS. Ainsi, les questions formant le premier volet
permettent de filtrer les organisations interviewées. Nous remarquons qu’une politique
de prévention des RPS est engagée dans neuf entreprises sur les dix-huit interrogées.
Pour sept entreprises d’entre elles, un plan de prévention est établi et deux d’entre elles
sont en cours d’élaboration.
2. L’analyse des hypothèses
L’analyse des résultats aux questions de l’étude va permettre d’infirmer ou de
valider les hypothèses émises.
50
a) L’hypothèse 1 : l’initiative revient toujours à la DG de l’entreprise.
La première hypothèse avait pour objectif de déceler le service ou la fonction à
l’origine de la démarche de prévention des RPS dans l’entreprise.
L’enquête nous montre que pour un tiers des organisations, la direction générale
ou le gérant majoritaire de l’entreprise est responsable de l’initiative de la démarche.
Globalement, l’impulsion de l’engagement de la démarche provient donc de la
direction des ressources humaines avec parfois l’influence des partenaires sociaux
(5/18 organisations).
L’hypothèse 1 n’est donc pas validée puisque les résultats montrent que
les ressources humaines sont le service majoritairement responsable de
l’initiative.
b) L’hypothèse 2 : Tous les acteurs de l’organisation sont intégrés à la démarche et jouent un rôle significatif dans l’élaboration du plan d’actions.
Cette deuxième hypothèse consistait à préciser les rôles des différents acteurs
dans la démarche, notamment dans les étapes d’élaboration du plan d’actions. Les
questions correspondantes à cette hypothèse sont retrouvées au niveau du troisième
volet.
D’après les résultats, 8/18 organisations ont associé les partenaires sociaux à
leur démarche soit par leur participation au comité de pilotage et/ou aux groupes de
travail soit par leurs suggestions, interventions et propositions dans le choix des actions
à engager. Les partenaires sociaux ont parfois représenté un frein au lancement de la
démarche puis se sont progressivement montrés plus coopératifs et forces de
propositions (entreprise K). Le cas particulier de l’entreprise M s’explique par le fait que
cette micro-entreprise ne comprend pas un nombre suffisant de salariés pour que des
organisations syndicales soient présentes.
Nous pouvons donc en déduire que les partenaires sociaux exercent un rôle le
plus souvent moteur, d’autant plus qu’ils bénéficient d’une certaine proximité avec les
salariés ce qui leur permet de les motiver en communiquant sur la politique. Leur
51
connaissance concrète des conditions de travail représente un réel atout dans ce type
de démarche.
Le rôle de l’encadrement, repris par la question n°6 du troisième volet, est
moteur ou initiateur de la démarche dans 4/18 organisations ou entreprises (entreprises
J, K, P, Q). Pour les trois organisations L, N, O, l’encadrement n’a joué un rôle dans la
démarche que par l’intermédiaire du comité de pilotage.
Enfin, les salariés jouent également un rôle non négligeable au moment du pré-
diagnostic de l’évaluation des RPS par leur contribution aux grandes enquêtes et divers
questionnaires menés dans les entreprises. Les résultats suggèrent que les neuf
organisations ont privilégié la grande enquête globale via un questionnaire adressé à
l’ensemble des salariés. Parmi les neuf, six organisations ont fait appel à un cabinet
extérieur pour traiter les réponses des salariés au questionnaire.
En conclusion, chaque acteur de l’organisation de l’entreprise est alors intégré à
la démarche à des étapes différentes. L’ensemble des acteurs sont sollicités et
remplissent un rôle indispensable à la démarche de prévention des RPS.
L’hypothèse 2 est ainsi validée.
c) L’hypothèse 3 : la démarche d’analyse a conduit à l’élaboration d’un plan d’action de prévention.
Cette troisième hypothèse porte essentiellement sur le fait que l’entreprise ou
l‘organisation suite à l’analyse des RPS a produit un plan de prévention.
Deux organisations ont réalisé un diagnostic mais n’ont pas établi de plan de
prévention des RPS. L’entreprise P a négocié un accord de prévention avec les
différentes parties prenantes qui est en cours d’application. Une seule entreprise,
l’entreprise M a prévu ou instauré des actions de prévention des RPS mais ne les a pas
formalisé dans un plan de prévention. L’association N rencontre des difficultés à établir
son plan de prévention compte tenu des nombreux chantiers RH déjà engagés.
52
Pour la plupart des entreprises ou organisations (J, L, M, N, Q), le plan de
prévention est en cours de mise en œuvre. Par exemple, l’entreprise Q a mis en œuvre
une quinzaine d’actions de son plan de prévention triennal qui en compte quarante
deux. L’organisation L a réalisé cinq actions sur les huit prévues.
L’ensemble de ces résultats permet de valider l’hypothèse 3, bien que nous
notions des disparités dans l’état d’avancement des plans de prévention. En
fonction des entreprises contactées et de la date de démarrage de la démarche
les plans d’actions sont plus ou moins matures.
d) L’hypothèse 4 : les organisations des entreprises agissent prioritairement sur les niveaux de prévention secondaire et tertiaire.
Cette hypothèse propose d’étudier le type d’actions de prévention privilégié par
les organisations. Eu égard à nos recherches documentaires, nous avons posé
l’hypothèse que les actions principalement engagées appartiennent au niveau de
prévention secondaire et tertiaire.
Sept organisations sur les dix-huit interrogées ont formé à la problématique des
RPS les personnes représentant l’encadrement.
L’entreprise P a formé l’ensemble de ces collaborateurs à la démarche de
prévention des RPS. Les salariés appartenant à la direction des ressources humaines
ont été formés pour 8/18. Ces actions appartiennent au niveau secondaire de
prévention des RPS.
L’organisation J a par exemple mis en place une procédure de harcèlement
moral et sexuel qui a été validée. Les organisations J, Q, et O ont mis en place un
numéro vert en lien avec un psychologue que les salariés peuvent contacter lorsqu’ils
rencontrent des difficultés. L’association O a également proposé une réunion
d’information sur le harcèlement moral. Ces actions relèvent du niveau de prévention
tertiaire.
D’après les résultats de la recherche de terrain, nous constatons que les
actions de prévention privilégiées par les entreprises appartiennent
53
essentiellement aux niveaux de prévention secondaire et tertiaire. Le niveau de
prévention primaire est peu représenté. L’hypothèse n°4 est donc validée.
e) L’hypothèse 5 : l’organisation ou l’entreprise assure la pérennité de du plan d’actions de prévention
La dernière hypothèse concerne la volonté de l’organisation de pérenniser le plan
d’action de prévention. Nous avons choisi pour plus de validité de questionner
l’organisation davantage sur les moyens mis en œuvre pérenniser sa démarche de
prévention des RPS.
Afin d’assurer le suivi et la pérennisation du plan de prévention, huit
organisations ont mis en place des tableaux de bord et des indicateurs.
Les entreprises J et K ont un plan de prévention annuel et possèdent un service
qui se charge de la prévention des RPS,
L’organisation L a, quant à elle, créé des tableaux de bord RPS des actions en
cours. Un membre de l’équipe RH a été formé et a développé des compétences
en termes de prévention des RPS, le plan de prévention est triennal
L’entreprise M a choisi une série de dix indicateurs clés et a chargé l’assistante
de direction de s’assurer de la prévention des RPS, le plan de prévention est
révisé tous les trois ans,
Le plan de prévention est révisé annuellement pour l’association O,
L’organisation Q a un plan de prévention triennal et un service s’occupe
typiquement des RPS.
Dans 5/18 organisations, un service s’occupe typiquement des RPS, en général
c’est le service des ressources humaines. Pour les autres (N, O et R), les raisons
évoquées sont principalement le manque de personnel ou de moyens. A noter que
dans l’association R, il n’existe pas de référant désigné mais les IRP, DP et membres
du CHSCT peuvent être contactés par les salariés en situation difficile.
En conclusion, il nous semble délicat de valider l’hypothèse 5 étant donné
que les organisations éprouvent des difficultés à mettre en place les actions
54
prévues dans le plan de prévention des RPS. Nous pouvons alors remettre en
cause leur suivi régulier d’une fois par an voire tous les trois ans.
Après avoir présenté une partie des résultats, il convient désormais d’analyser
plus précisément le type d’actions engagées par les entreprises.
Section B : La conclusion de la première phase de recherche ou l’émergence d’un paradoxe
Après avoir présenté les résultats globaux de la recherche de terrain dans la
section précédente, nous allons renforcer l’analyse pour les organisations L, N et Q.
Ceci nous permettra d’affiner la discussion autour des résultats de la recherche de
terrain.
1. Les actions de prévention les plus rencontrées
Nous allons constater à travers les trois organisations quelles sont les actions de
prévention privilégiées par les entreprises.
a) L’entreprise L
Le plan de prévention de cette entreprise est validé chaque année en septembre
par les membres du CHSCT. Sa durée est annuelle et il est composé des trois niveaux
de prévention définis par les autorités spécialisés. Ce dernier s’organise autour de
douze volets. Cinq sur les huit actions prévues cette année ont été réalisées.
Ces actions consistent en :
un plan de communication sur les actions de prévention des RPS,
la mise en place d’une procédure d’alerte concernant le harcèlement,
un plan réalisant le bilan et le développement des compétences,
une formation sur la gestion du stress et la maitrise des émotions,
une formation sur les RPS,
la prise en charge des personnes en difficulté.
Nous remarquons que l’ensemble des actions engagées correspond au niveau de
prévention secondaire ou tertiaire. Il s’agit essentiellement de sensibilisation ou de
55
formation dispensées aux managers de l’entreprise (niveau secondaire). Les autres
actions s’apparentent davantage à la réparation des effets des RPS illustrée par la prise
en charge des personnes en difficulté ou la mise en place d’une procédure d’alerte sur
le harcèlement.
b) L’association N
Cette organisation est une association importante dont la visée est
l’enseignement et la formation. Elle ne dispose pas encore de plan de prévention
définitif mais prévoit de l’annualiser et de l’organiser selon les trois niveaux de
prévention des RPS, environ quinze actions sont recensées.
Un exemple d’action proposée est la mise en place d’une procédure d’alerte et de
prise en charge des personnes en situation de RPS. Le recours à un cabinet extérieur
est prévu. Le salarié dispose ainsi d’entretiens individuels avec un psychologue du
travail appartenant au cabinet. Le suivi psychologique est assuré et des séances de
sophrologie peuvent être organisées. Cette action est de l’ordre du niveau de
prévention tertiaire, l’action porte sur la prise en charge des effets des RPS et non sur
la cause.
Après avoir formé l’encadrement à la thématique des RPS ainsi que la direction
des ressources humaines, une formation destinée à la gestion du stress et des
émotions est également envisageable et accessible à l’ensemble des salariés qui en
expriment le besoin. Ce type d’action s’apparente au niveau de prévention tertiaire.
Ainsi, nous remarquons que les actions engagées se concentrent sur les niveaux
secondaire et tertiaire de prévention.
c) L’organisation Q
Cette organisation est publique et comprend un grand nombre de salaries. Ses
activités sont variées et les emplois sont à la fois techniques et administratifs.
Un plan de prévention a été établi et voté par les membres du CHSCT en Juin
2011. Il est triennal et se compose de trois axes : prévenir, agir, piloter et communiquer.
Douze catégories sont recensées pour un total de quarante et une actions.
56
Les actions réalisées en 2011 sont :
La création d’une rubrique Environnement de travail dans l’entretien annuel
d’évaluation,
Le dispositif d’aide à l’accompagnement et au retour à l’emploi des absences de
longue durée
La mise en place de formations à la gestion du temps,
L’élaboration du plan de communication spécifique aux RPS,
La sensibilisation et la formation de l’encadrement aux RPS,
L’organisation d’un forum santé et qualité de vie au travail,
La mise en place de dispositifs et d’outils d’alerte des RPS,
La mise en place d’un soutien psychologique anonyme externe (numéro vert), et
interne en lien avec le médecin du travail,
La mise en place d’indicateurs de pilotage et de vigilance RPS,
La formalisation du dispositif d’accueil et d’orientation des agents en situation
psychosociale dégradée…
Certaines actions ont été reportées en 2012 telles que l’évaluation de l’exposition
individuelle au RPS par le médecin du travail, l’intégration des RPS dans le document
unique, l’élaboration d’une méthodologie d’analyse des situations de RPS etc.
Ce dernier exemple nous montre également que les actions engagées
correspondent essentiellement aux niveaux de prévention secondaire et tertiaire.
Nous allons proposer, dans le paragraphe suivant, une discussion autour de cette
constatation et essayer d’en comprendre les raisons.
2. De la prévention à la correction : un paradoxe ?
Suite à l’analyse approfondie de trois entreprises, nous avons remarqué une forte
tendance des entreprises ou organisations à mettre en place des actions de prévention
correspondant aux niveaux secondaire et tertiaire.
La première explication à la mise en place d’actions relevant du niveau de
prévention tertiaire réside certainement dans l’obligation qu’a l’employeur de préserver
57
et de garantir des conditions de travail décentes. Lorsque les conséquences des RPS
apparaissent et que le lien, entre l’état de santé du salarié et la situation de travail
dégradée, est reconnu, l’employeur n’a pas d’autre choix que de le prendre en charge.
Il est nécessaire de rétablir une atmosphère de travail paisible.
Certaines entreprises tentent d’agir sur les causes éventuelles tandis que d’autres
se contentent de réparer les dégâts causés.
Les actions d’ordre de prévention secondaire témoignent d’une volonté plus
engagée de l’entreprise à travailler sur les facteurs à l’origine des RPS. En général, la
politique de prévention en santé et sécurité est davantage intégrée et plébiscitée par
l’entreprise. La mise en place de journées de sensibilisation, de formations diverses est
une démonstration que l’entreprise porte un intérêt à cette problématique. Les raisons
de cette considération émanent régulièrement d’une logique économique et budgétaire
liée par exemple à un taux d’absentéisme ou d’accidents de travail élevé.
Ces deux niveaux d’actions sont certainement plus faciles à mettre en place et
nécessitent moins de remise en question que le niveau de prévention primaire dans
lequel des actions peuvent être menées sur les quatre facteurs de risques
fondamentaux des RPS.
Les limites de la mise en place d’actions de prévention primaire vont être
présentées dans la section suivante.
Section C : Un piste de résolution du paradoxe
Cette recherche soulève alors cette question : pourquoi le niveau primaire est si
peu représenté dans les actions engagées par les entreprises ?
L’interview du 16/08/2012 de Monsieur X62 d’un consultant en organisation et en
management depuis 30 ans va nous apporter des éléments de réponse.
62
Cette personne a souhaité garder l’anonymat
58
Tout d’abord, il convient de rappeler que la démarche de prévention des RPS est
récente et que nous ne disposons seulement d’un recul de 2,5 ans63 lorsque l’obligation
de négocier un accord sur les risques psychosociaux a été votée.
Depuis que la réglementation a été imposée aux entreprises de plus de 1 000
salariés, le cabinet AVANCE reçoit des demandes d’entreprises qui cherchent à se
mettre en conformité. Monsieur X souligne qu’il arrive, qu’une fois que le diagnostic
d’évaluation des RPS ait été réalisé, les entreprises soient réticentes à mettre en place
les actions proposées par le cabinet. Les plans de prévention des RPS sont
difficilement validés sur le niveau 1 et aussi difficilement mis œuvre. Les actions de
niveaux 2 et 3 sont privilégiées. Selon lui, la réelle motivation des entreprises à
s’engager dans cette démarche devrait pouvoir être mesurée.
La société actuelle est constituée de multiples paradoxes qui sont révélés par la
problématique des RPS.
Le niveau de prévention primaire comprend des actions plus délicates à mettre
en place. De fait, le niveau primaire remet en cause l’organisation même de l’entreprise
en termes de management comme d’organisation du travail.
La prévention de risques psychosociaux touche ainsi à la structure propre de
l’entreprise qui constitue une organisation complexe. Tout changement dans
l’organisation peut être générateur de résistances. C’est pourquoi la politique de
prévention des RPS en entreprise reste limitée.
Dans la plupart des entreprises, la responsabilité des RPS revient aux
managers. D’après ce consultant, l’idéal serait que les managers n’exercent qu’une
fonction de gestion des personnes à savoir manager les compétences des personnes et
non pas avoir en plus des objectifs économiques ou de production à atteindre. Le
management est une fonction qui nécessite un apprentissage mais qui doit aussi exister
de manière innée. Tous les individus ne peuvent pas être de bons managers, même
s’ils bénéficient d’une aisance reconnue dans la réalisation de leur travail.
63
Cf. obligation légale de février 2010
59
Certains guides présentent le manager comme la clé de la réussite de la
prévention des RPS. D’après l’INRS64, le manager serait le premier acteur de
prévention. Toutefois Monsieur X ajoute que le manager doit gérer les contradictions de
l’organisation et de la direction. Dans la plupart des cas, le manager ne dispose pas des
moyens nécessaires pour réaliser la prévention que ce soit en termes de temps ou de
moyens financiers à consacrer à la démarche. Ceci constitue une complication puisque
l’entreprise ne peut le désigner comme premier acteur de prévention si les moyens
indispensables ne sont pas accordés pour qu’il y parvienne. L’incompréhension
apparaît alors chez le manager qui pense légitimement que c’est à la direction des
ressources humaines et/ou le comité de direction d’exercer le rôle de premier acteur de
prévention.
Il semble logique que la démarche de prévention des RPS ne puisse reposer que
sur un seul niveau, l’encadrement de proximité.
En résumé, il s’agit de ne pas tomber dans le piège de la culpabilisation du
manager alors qu’il n’assure qu’un relai entre les salariés et la direction de l’entreprise.
Son rôle consiste à faire appliquer les décisions choisies par la direction.
Selon Monsieur X, l’organisation est responsable de cette confusion. Il précise
que l’approche sous forme de système de l’entreprise fait que chaque élément dépend
des autres. La facilité à communiquer et à agir sur les niveaux de prévention secondaire
et tertiaire est illustrée par notre enquête. Aucune remise en cause profonde de
l’organisation n’est nécessaire. Or, c’est l’organisation qui fait souffrir par son manque
d’unité dans les différents éléments composant le système.
De nos jours, l’organisation des entreprises est basée sur la division puisqu’au
lieu d’être centrée sur les hommes, nous avons opté et mis en avant la segmentation de
l’organisation. L’histoire économique du XXe siècle a créé progressivement ces
entreprises divisantes par la logique de profit ou d’équilibre des recettes/dépenses. Ce
type d’organisation produit le RPS par nature car l’organisation manque d’intelligence.
64
Le guide, prévention des risques psychosociaux : quelle formation pour les managers ? 2012, ANACT, ISBN 2-913488-65-6.
60
Enfin, Monsieur X suggère de développer de l’intelligence au travail c’est-à-dire
de donner du sens au travail. D’un point de vue biologique, tout ce qui n’a pas de sens
est bloqué par le cerveau. Si nous élargissons cette réflexion au travail, nous
comprenons qu’il serait possible de rendre les collaborateurs plus efficaces s’ils
prenaient conscience des enjeux de leurs missions et si la direction générale voulait
bien, si nécessaire, repenser son organisation.
Cette recherche de terrain présentée dans la dernière partie du mémoire permet
de comparer la théorie et la pratique de la prévention des RPS. En effet, dans les deux
parties précédentes, nous avons défini les RPS et leurs concepts puis détaillé la
méthodologie de l’évaluation du diagnostic en entreprises à celle des actions de
prévention à mettre en place en entreprises.
Cette recherche nous montre alors comment les entreprises ont mis en place
leur politique de prévention des RPS. D’après nos observations, les actions de
prévention principalement engagées relèvent des niveaux secondaire et tertiaire de
prévention. Nous avons ensuite essayé de comprendre les causes de la moindre
représentation des actions de niveau primaire. L’interview de Monsieur X nous a
apporté des éléments de réponse qu’il pourrait être intéressant d’étudier dans le cadre
d’un autre mémoire.
61
CONCLUSION
De nos jours, les conditions de travail et le bien-être au travail sont devenus des
dimensions fondamentales pour les entreprises. Les risques professionnels ont évolué
au fur et à mesure que la législation en santé et sécurité des travailleurs s’est renforcée.
La prévention des risques professionnels est désormais inévitable en entreprises
puisque celle-ci engage la responsabilité de l’employeur lors d’accidents de travail.
Les risques professionnels peuvent concerner les rythmes de travail,
l’environnement de travail ou être d’origine physique. Ce sont des types de risques que
les entreprises ont appris à maitriser et prévenir.
Au cours du dernier siècle, le monde du travail a subi quelques modifications
dont un contexte économique peu favorable qui a conduit les entreprises à être de plus
en plus compétitives. Ces changements ont engendré une dégradation des conditions
de travail des salariés pour lesquels des troubles autres que physiques se sont
développés. Le stress, l’angoisse, la dépression sont des exemples de troubles subis
par les salariés. Ce nouveau genre de risques professionnels a émergé sous le terme
de risques psychosociaux.
Les risques psychosociaux renvoient à des contextes de travail et de risques
plus variés : surcharge de travail, contraintes excessives de temps mais aussi perte de
repères, difficultés à trouver du sens au travail, conflits de valeurs (Agence européenne
pour la sécurité et la santé au travail). Cette notion de risques psychosociaux « rappelle
surtout que la santé psychique n’est pas seulement une dynamique individuelle, mais
qu’elle se construit dans la relation aux autres : par la reconnaissance, la possibilité
d’échanges et de coopération dans le travail, avec le soutien des collègues et de la
hiérarchie »65.
65
Risques psychosociaux, dossier, promotion de la santé au travail, site de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, ANACT http://www.anact.fr/web/dossiers/sante-au-travail/RPS .
62
Ils sont caractérisés par leur plurifactoralité qui intervient sur : les exigences du
travail et son organisation, le management et les relations de travail, la prise en compte
des valeurs et attentes des salariés.
Leurs impacts sur les individus, les entreprises et la société ainsi que leurs
enjeux sont déterminants. La prévention des risques psychosociaux représente alors
une politique de santé et de sécurité primordiale au sein des entreprises. C’est pourquoi
la problématique de ce mémoire est la suivante : comment intégrer une politique de
prévention des risques psychosociaux en entreprises ?
Nous avons présenté en première partie la naissance des RPS par leur définition
et leur historique. La réglementation ainsi que des exemples de jurisprudence ont
montré que les RPS sont une problématique complexe. Les effets des RPS sur la santé
ont été détaillés, suivis d’une définition difficile à établir par les autorités spécialisées.
Cette première partie nous a également révélé que le diagnostic de RPS est délicat à
reconnaître en raison de leur plurifactoralité.
En deuxième partie, nous avons abordé la méthodologie d’évaluation des RPS
en entreprises. L’analyse et le diagnostic des RPS ont été abordés en détaillant les six
étapes d’évaluation et de prévention qui sont les suivantes : préparer, s’accorder,
repérer, élaborer, appliquer et piloter. Puis, les actions de prévention peuvent être
classées en trois niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire. Chacun de
ces niveaux correspond à un type d’actions de prévention différent. Les organismes
certifiés suggèrent d’adopter des mesures appartenant aux trois niveaux de prévention
afin de mettre en place une prévention efficace des RPS. Au cours de ce chapitre, les
outils les plus couramment utilisés en entreprise ont été décrits dont le questionnaire.
Des exemples concrets d’actions de prévention issus de la bibliographie nous
également été proposés.
En dernière partie, nous avons décidé de mener une recherche de terrain dans
le but d’observer et d’analyser la démarche de prévention des RPS au sein des
entreprises. Pour réaliser cette recherche auprès des entreprises, une méthodologie a
63
été conduite et la problématique a été affinée. En effet, nous nous sommes davantage
intéressés au niveau d’engagement des entreprises dans la démarche de prévention
des RPS c’est-à-dire la volonté dont les entreprises font preuve en mettant à disposition
l’ensemble des moyens pour y parvenir. Pour ce faire, nous avons émis cinq
hypothèses. Dix huit organisations ont constitué l’échantillon de notre recherche. Nous
avons conscience que l’effectif est restreint mais nous nous sommes heurtés à la
réticence des entreprises à communiquer sur cette problématique car elle nécessite la
divulgation de données confidentielles. Néanmoins, cette recherche affiche une
tendance nette des entreprises à entreprendre des actions relevant du niveau de
prévention secondaire et tertiaire. L’interview de Monsieur X nous a apporté quelques
éléments de réponse concernant cette si faible représentativité du niveau de prévention
primaire.
Selon Monsieur X, la difficulté de la mise en place d’actions correspondant au
niveau primaire provient du fait que celui-ci agit sur l’organisation et le management de
l’organisation. Or, les organisations, telles qu’elles sont aujourd’hui, ne sont pas prêtes
à revoir leurs modes de fonctionnement. Leur structure est systémique et tellement
hiérarchisée que l’individu n’est plus placé au centre de l’organisation. Il n’y a pas
d’intelligence ni de sens donné au travail. Les entreprises ne peuvent donc pas
intervenir ou prévenir les risques psychosociaux correctement dans la mesure où les
RPS mettent en valeur l’ensemble de ces paradoxes. Ce constat nous amène à
réfléchir sur comment agir pour que les organisations soient moins divisantes ?
64
BIBLIOGRAPHIE
1. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, introduction, p.3 Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127-6
2. Site du ministère français du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, Travailler mieux, la santé et la sécurité au travail, www.travailler-mieux.gouv.fr
3. Ibid.
4. Ibid.
5. Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, 4e enquête
européenne réalisée en 2007
6. Le guide de prévention du stress, MEDEF
7. Agence européenne de sécurité et santé au travail, enquête Expert Forecast, 2007
8. Le guide de prévention des RPS, IRTS, Institut Régional du Travail Social
9. European Occupational Safety and Health Authority, Agence européenne de sécurité et santé au travail, http://osha.europa.eu/fr/topics/stress
10. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre 1 : les enjeux des RPS, p.7 Edition Puf
Que sais-je ? ISBN 978-2-13-059127-6
11. Association Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail, ANACT
12. Collège d’expertise formé fin 2008 par l’INSEE à la demande du ministère du Travail, conformément aux recommandations du rapport Nasse-Légeron (2008), international et pluridisciplinaire et dont le rapport final a été rendu le 11 avril 2011, www.college-risquespsychosociaux-travail.fr
13. Synthèse de l’analyse des accords signés dans les entreprises de plus de 1 000 salariés,
Prévention des risques psychosociaux, Avril 2011, Direction Générale du Travail.
14. Cf. annexe I
15. Valléry G., Leduc S., (2012), Les risques psychosociaux, chapitre 1 : les enjeux des RPS, p.11, Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
16. Lerouge L., Risques psychosociaux au travail, Etude comparée: Espagne, France, Grèce, Italie,
Portugal, Paris, L’Harmattan, 2009
17. Bureau International du Travail (BIT) 1999, http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/who-we-are/international-labour-office/lang--fr/index.htm
18. Site du gouvernement français de la législation française,
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006178066&cidTexte=LEGITEXT000006072050&dateTexte=20090528
19. Risques psychosociaux au travail : une problématique européenne, Note thématique, Janvier
2010, Eurogip-47/ F.
65
20. Risques psychosociaux au travail : une problématique européenne, Note thématique, Janvier
2010, Eurogip-47/ F.
21. ANACT, http://www.anact.fr/web/dossiers/sante-au-travail/RPS
22. Site du gouvernement français de législation, http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006178066&cidTexte=LEGITEXT000006072050&dateTexte=20090528
23. Valléry G., Leduc S., (2012), Les risques psychosociaux, chapitre I, les enjeux des RPS, p. 25,
Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
24. Société civile professionnelle d’avocats, http://www.michel-ledoux.fr/
25. Société civile professionnelle d’avocats, http://www.michel-ledoux.fr/
26. Ibid.
27. Ibid.
28. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre II, Définition et concepts, p. 29, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
29. Douillet P., Risques psychosociaux : un concept opérant pour transformer l’organisation du
travail ?, 2010
30. Le point sur la prévention du stress et des risques psychosociaux, Juin 2009, ANACT 31. European Occupational Safety and Health Authority, Agence européenne de sécurité et santé au
travail, http://osha.europa.eu/fr/topics/stress
32. Selyé H., The stress of Life, New York, Mc Graw-Hill, 1956.
33. Documents pour le médecin du travail, n°106, 2ème semestre 2006, INRS
34. Freudenberger H. J., Staff burnout, Journal of Social Issues, 30, 159-165, 1974.
35. Desrumaux P., Le travail, risque psychosocial ou facteur d’épanouissement ? De la survie au bien-être, Le journal des psychologues, 2010/10, n°283, p. 26-30, 2010
36. Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail,
http://europa.eu/legislation_summaries/employment_and_social_policy/employment_rights_and_work_organisation/c11111_fr.htm
37. Code du travail, article L1152-1. Desrumaux P., Le harcèlement moral au travail. Réponses
psychosociales, organisationnelles et cliniques, Rennes, PUR, 2011
38. Allis D., Dumas M., Poilpot-Rocaboy G., Risques et souffrance au travail, Edition Dunod, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052059-6
39. Ibid.
40. Cf. annexe II
66
41. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre II, Définition et concepts, p. 29, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
42. Cf. annexe III
43. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre IV, les indicateurs et outils d’évaluation
des RPS, p. 66, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
44. Guide dépister les RPS, des indicateurs pour vous guider, ED 6012, 2010, INRS
45. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre IV, les indicateurs et outils d’évaluation des RPS, p. 70, Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
46. Valléry G., Leduc S., Les risques psychosociaux, chapitre V, la prévention des RPS, p. 97,
Edition Puf Que sais-je ? Paris 2012, n°3958, ISBN : 978-2-13-059127
47. Norme ISO 8402, http://www.iso.org/iso/fr/catalogue_detail.htm?csnumber=20115
48. Cf. annexe IV
49. Réseau d’appui à la prévention des risques psychosociaux animé par l’ARACT Lorraine, http://www.preventionrps.com/prevenir%20-%20niveaux-prevention.php
50. Stress au travail, les étapes d’une démarche de prévention, ED 6011, 2007, INRS.
51. Cahier « commission nationale sur le stress » revue personnelle, n°73, décembre 2008
52. Nasse P., Legeron P., Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques
psychosociaux au travail, La documentation française, 2008.
53. Dossier : Démarche de prévention des risques psychosociaux, 18 fiches, Réseau de compétences, ARACT Lorraine.
54. Ibid.
55. Guide dépister les RPS, des indicateurs pour vous guider, ED 6012, 2010, INRS.
56. Cf. annexe V
57. Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats
probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
58. Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
59. Angel P., Amar P., Gava M.-J., Vaudolon B., Mieux vivre en entreprise, chapitre 7 : des résultats
probants, p. 177-188, DUNOD, Paris 2010, ISBN 978-2-10-052047-3
60. Cf. Questionnaire vierge en annexe III
61. La majorité des organisations interrogées a souhaité conserver l’anonymat, nous les désignerons alors par une lettre.
62. Cette personne a souhaité garder l’anonymat
63. Cf. obligation légale de février 2010
67
64. Le guide, prévention des risques psychosociaux : quelle formation pour les managers ? 2012,
ANACT, ISBN 2-913488-65-6.
65. Risques psychosociaux, dossier, promotion de la santé au travail, site de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, ANACT http://www.anact.fr/web/dossiers/sante-au-travail/RPS
68
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Schéma des quatre familles de facteurs de RPS (ANACT) ____________________________ 18
Figure 2 : Tableau reprenant les types de contraintes rencontrées au travail ________________ 19
Figure 3 : Schéma du modèle de Lazarus (google image). ______________________________________ 22
Figure 4 : Schéma représentant le modèle de Karasek (google image). ________________________ 22
Figure 5 : Schéma présentant le modèle de Siegrist (google image). ___________________________ 23
Figure 6 : Tableau recensant l’échantillon d’organisations interrogées pour la recherche. __ 48
69
TABLE DES MATIERES
Remerciements _________________________________________________________________________________________ 2
Sommaire ________________________________________________________________________________________________ 3
Introduction _____________________________________________________________________________________________ 5
Partie 1 : Les RPS, nouveaux maux du travail ? ____________________________________________________ 9
Chapitre I : Les aspects réglementaires face à un problème de santé publique _____________________________ 9
Section A : L’émergence de la réglementation ______________________________________________________________ 9
1. La prise de conscience ______________________________________________________________________________ 10
2. L’état des lieux _______________________________________________________________________________________ 10
Section B : Les aspects réglementaires et législatifs en Europe __________________________________________ 11
Section C : La législation et la jurisprudence françaises __________________________________________________ 13
1. La dépression professionnelle ______________________________________________________________________ 14
2. Les suicides __________________________________________________________________________________________ 15
3. Le harcèlement moral _______________________________________________________________________________ 15
Chapitre II : Les RPS, une problématique complexe __________________________________________________________ 16
Section A : La distinction entre les risques professionnels et les risques psycho-sociaux _____________ 17
Section B : Les facteurs à l’origine des RPS_________________________________________________________________ 17
Section C : Les effets des RPS sur la santé __________________________________________________________________ 19
1. Le stress et sa définition ____________________________________________________________________________ 19
2. Les causes du stress _________________________________________________________________________________ 19
3. Le burn-out, les violences internes/externes et le harcèlement _________________________________ 20
Section D : Les modèles d’analyse du stress _______________________________________________________________ 21
1. Le modèle de Lazarus _______________________________________________________________________________ 21
2. Le modèle de Karasek _______________________________________________________________________________ 22
3. Le modèle de Siegrist________________________________________________________________________________ 23
Partie 2 : La prévention des RPS, du diagnostic à l’action de prévention _____________________ 24
Chapitre III : L’analyse et le diagnostic d’évaluation des RPS ________________________________________________ 24
Section A : Les étapes d’évaluation et de prévention des RPS ____________________________________________ 25
1. La préparation avec les acteurs ____________________________________________________________________ 25
2. L’accord de méthode ________________________________________________________________________________ 27
3. Le pré-diagnostic et le diagnostic __________________________________________________________________ 28
4. L’élaboration d’un plan de prévention _____________________________________________________________ 29
5. Le pilotage : évaluation et suivi_____________________________________________________________________ 29
70
Section B : Les trois niveaux possibles d’intervention ____________________________________________________ 29
1. Les actions de prévention primaire ________________________________________________________________ 30
2. Les actions de prévention secondaire _____________________________________________________________ 31
3. Les actions de prévention tertiaire _________________________________________________________________ 32
Section C : Les indicateurs et les outils utilisés ____________________________________________________________ 33
1. Les indicateurs _______________________________________________________________________________________ 33
2. Les questionnaires __________________________________________________________________________________ 34
3. Les entretiens ________________________________________________________________________________________ 35
4. Les tableaux de bord de suivi _______________________________________________________________________ 35
Chapitre IV : Les exemples concrets d’actions de prévention ________________________________________________ 36
Section A : Des actions engagées au niveau primaire _____________________________________________________ 36
Section B : Des actions engagées au niveau secondaire ___________________________________________________ 36
Section C : Des actions engagées au niveau tertiaire ______________________________________________________ 38
Section D : Le programme d’aide aux employés, une mesure innovante (PAE) _________________________ 38
1. Les principaux objectifs d’un PAE __________________________________________________________________ 39
2. Les domaines d’intervention du PAE ______________________________________________________________ 40
3. Le cas de MMA _______________________________________________________________________________________ 41
4. La Caisse nationale des caisses d’épargne CNCE __________________________________________________ 42
Partie 3 : La prévention des RPS au sein des entreprises, mythe ou réalité ? ________________ 44
Chapitre V : La recherche de terrain, méthodologie et outils ________________________________________________ 45
Section A : La problématique ________________________________________________________________________________ 45
Section B : Les hypothèses formulées sur la démarche de prévention des RPS _________________________ 46
Section C : La méthodologie employée _____________________________________________________________________ 47
1. Le questionnaire _____________________________________________________________________________________ 47
2. La présentation de l’échantillon ____________________________________________________________________ 47
Chapitre VI : Les résultats de la recherche ____________________________________________________________________ 49
Section A : L’analyse de la recherche _______________________________________________________________________ 49
1. La question filtre ____________________________________________________________________________________ 49
2. L’analyse des hypothèses ___________________________________________________________________________ 49
a) L’hypothèse 1 : l’initiative revient toujours à la DG de l’entreprise. _________________________ 50
b) L’hypothèse 2 : Tous les acteurs de l’organisation sont intégrés à la démarche et jouent un
rôle significatif dans l’élaboration du plan d’actions. _______________________________________________ 50
c) L’hypothèse 3 : la démarche d’analyse a conduit à l’élaboration d’un plan d’action de
prévention. _____________________________________________________________________________________________ 51
d) L’hypothèse 4 : les organisations des entreprises agissent prioritairement sur les niveaux
de prévention secondaire et tertiaire. _______________________________________________________________ 52
71
e) L’hypothèse 5 : l’organisation ou l’entreprise assure la pérennité de du plan d’actions de
prévention _____________________________________________________________________________________________ 53
Section B : La conclusion de la première phase de recherche ou l’émergence d’un paradoxe _________ 54
1. Les actions de prévention les plus rencontrées ___________________________________________________ 54
a) L’entreprise L ____________________________________________________________________________________ 54
b) L’association N ___________________________________________________________________________________ 55
c) L’organisation Q __________________________________________________________________________________ 55
2. De la prévention à la correction : un paradoxe ? __________________________________________________ 56
Section C : Un piste de résolution du paradoxe ____________________________________________________________ 57
Conclusion ______________________________________________________________________________________________ 61
Bibliographie ___________________________________________________________________________________________ 64
Table des Illustrations ________________________________________________________________________________ 68
Table des matières ____________________________________________________________________________________ 69
Annexes _________________________________________________________________________________________________ 72
Glossaire ________________________________________________________________________________________________ 87
72
ANNEXES
Annexe I : Dix propositions pour le bien-être et l’efficacité au travail
(rapport Lachmann et al. 2010)
Annexe II : Questionnaire de Karasek
Annexe III : Document unique
Annexe IV : Exemples d'actions en fonction des niveaux de
prévention (ANACT, inscrire les RPS dans le DU, fiche ressource n°6)
Annexe V : Avantages et inconvénients des questionnaires (source
ARACT Lorraine)
Annexe VI : Questionnaire vierge réalisé pour la recherche de terrain
73
Annexe I : Dix propositions pour le bien-être et l’efficacité au travail
(rapport Lachmann et al. 2010)
1/ L’implication de la direction générale et de son conseil d’administration est
indispensable : l’évaluation de la performance doit intégrer le facteur humain, et donc la
santé des salariés.
2/ La santé des salariés est d’abord l’affaire des managers, elle ne s’externalise pas :
les managers de proximité sont les premiers acteurs de santé.
3/ Donner aux salariés les moyens de se réaliser dans le travail.
4/ Impliquer les partenaires sociaux dans la construction des conditions de santé. Le
dialogue social, dans l’entreprise et en dehors, est une priorité.
5/ La mesure induit les comportements : mesurer les conditions de santé et de sécurité
au travail est une condition du développement du bien-être en entreprise.
6/ Préparer et former les managers au rôle de manager : affirmer et concrétiser la
responsabilité du manager vis-à-vis des équipes et des hommes.
7/ Ne pas réduire le collectif de travail à une addition d’individus : valoriser la
performance collective pour rendre les organisations de travail plus motivantes et plus
efficientes.
8/ Anticiper et prendre en compte l’impact humain des changements : tout projet de
réorganisation ou de restructuration doit mesurer l’impact et la faisabilité humains du
changement.
9/ La santé au travail ne se limite pas aux frontières de l’entreprise. L’entreprise a un
impact humain sur son environnement, en particulier sur ses fournisseurs.
10/ Ne pas laisser le salarié seul face à ses problèmes.
74
Annexe II : Questionnaire de Karasek
75
76
77
78
Annexe III : Document unique
Ce document recense de manière exhaustive l'ensemble des risques auxquels
les salariés sont exposés lors de la réalisation de leurs tâches quotidiennes de travail.
L'employeur a pour obligation de le créer et de le mettre à disposition de tout le
personnel.
Pour chaque risque identifié, des actions correctives et préventives doivent être
réalisées afin de le réduire voire de l'éliminer. En cas d'accidents, le document unique
constitue une preuve des démarches de prévention engagées par l'entreprise et sa
mise à jour annuelle lui confère un rôle d'outil et de guide en vue de l'amélioration
continue de la qualité.
Seul le risque avéré est considéré en matière de prévention tandis que le risque
potentiel relève davantage de la précaution. Ces deux principes regroupent des notions
de risques différentes. En effet, le risque avéré est facilement identifiable puisque son
existence est démontrée et peut être calculée par l'intermédiaire de sa fréquence et de
sa durée. A l'inverse, pour le risque potentiel rien ne permet de prouver son existence,
sa probabilité d'occurrence peut être nulle.
Les risques psychosociaux s'inscrivent dans cette politique de prévention des
risques, leur existence est démontrée par les conséquences diverses observées chez
les salariés et au sein de l'entreprise.
79
Annexe IV : Exemples d'actions en fonction des niveaux de
prévention (ANACT, inscrire les RPS dans le DU, fiche ressource n°6)
80
Annexe V : Avantages et inconvénients des questionnaires (source ARACT Lorraine)
AVANTAGES INCONVENIENTS
Un questionnaire peut rassurer et aider à maitriser la démarche de
prévention. Certains ont une valeur scientifique et sont utilisés
régulièrement.
Beaucoup n’explorent que certaines dimensions : ils ont une
approche parcellaire des RPS. Des questionnaires globaux existent
mais sont très lourds à utiliser.
Cet outil permet d’évaluer les actions réalisées : repasser le même
questionnaire à intervalles réguliers permet de suivre les évolutions.
Utiliser un questionnaire sur moins de 60 personnes limite les
possibilités d’analyse statistique des résultats.
Il permet à tous les collaborateurs de s’exprimer. Même si l’effectif
est important, le questionnaire donne accès à tous, sur une même
période.
Cet outil n’implique les salariés que sur un court moment (lors du
remplissage) mais il impacte et engage fortement l’entreprise,
notamment pour le temps de dépouillement et de traitement des
résultats.
81
Annexe VI : Questionnaire vierge réalisé pour la recherche de terrain
82
83
84
85
86
87
GLOSSAIRE
ANI : Accord National Interprofessionnel
AT : Accidents de Travail
ANACT : Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
ANDRH : l’Association Nationale des Directeurs des ressources humaines
ARACT : Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
BIT : Bureau International du Travail
CRRMP : Comité Régional de Reconnaissances des MP
CHSCT : Comité d’Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail
CE : Comité d’Entreprise
COPIL : Comité de pilotage
CNCE : Caisse nationale des caisses d’épargne
CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie
CSA : Conseil Supérieur de l’Audiovisuel
DP : Délégué du Personnel
DG : Direction Générale
DGT : Direction Générale du Travail
DRH : Directeur des Ressources Humaines, Direction des Ressources Humaines
DU: Document Unique
EU-OSHA: European Union – Occupational Safety and Health Administration
HSA: Health and Safety Authority
HSE: Health and Safety Executive
IRTS : Institut Régional du Travail Social
INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité
IRP : Instances Représentatives du Personnel
MMA : Assurance Mutuelle Multi-spécialiste
PAE : Programmes d’Aide aux Employés
PIB : Produit Intérieur Brut
RPS : risques psychosociaux
88
SGA : Syndrome Général d'Adaptation
TMS : Troubles Musculo-Squelettiques
WOCCQ: WOrking Conditions and Control Questionnaire
0
1
Agathe REYNAERT______________________________________________________
LA PREVENTION DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX EN ENTREPRISES
Le secteur du travail a subi de grandes mutations au cours du dernier siècle. L’instabilité du système économique et financier a renforcé la compétitivité entre les organisations. Les entreprises ont dû s’adapter en adoptant des stratégies qui ont progressivement dégradé les conditions de travail des salariés. Parallèlement, la politique de prévention en santé et sécurité des salariés s’est développée. Les risques professionnels d’ordre physique sont connus et maitrisés des entreprises. De nouveaux types de risques professionnels d’origine psychique sont apparus dont les risques psychosociaux (RPS). Les conséquences et les enjeux des RPS sont tels que leur prise en charge est devenue indispensable. Voyons alors comment intégrer une démarche de prévention des RPS en entreprises ? Afin de répondre à cette problématique, premièrement, nous avons défini les RPS et les concepts qui leur sont associés. Nous avons présenté ensuite la méthodologie et l’élaboration de la démarche de prévention des RPS proposée par les organismes spécialisés. Enfin, une recherche de terrain a permis d’observer et d’analyser les actions de prévention des RPS réellement engagées par les organisations. En conclusion, nous notons une certaine difficulté des entreprises à entreprendre des actions de prévention de niveau primaire, en partie parce que celles-ci relèvent de modifications sur leur propre structure. La prévention des RPS soulève donc certains paradoxes.
Mots clés : entreprises, paradoxes, prévention, primaire, psychique, risques psychosociaux.
PSYCHOSOCIAL RISKS PREVENTION IN COMPANIES
Work has undergone through several changes during the last century. Economic and financial system’s instability reinforced competitiveness between organizations. Companies were forced to adapt themselves by adopting strategies, which had progressively deteriorated workers conditions. Meanwhile, security and health prevention politics were enhanced. Physical professional risks are commonly known and handled by firms. A new type of risk more psychological appeared: psychosocial risks. Psychosocial risks consequences and issues are so important. Companies should preoccupy about these psychosocial risks. Let’s study how psychosocial risks prevention is implemented in companies? In order to answer this question, first we define psychosocial risks and associated theories. Then, we present authorities advices for methodology and elaboration linked to psychosocial risks prevention. Finally, a field research allows us to study and analyze actions of psychosocial risks prevention really led by firms. As a conclusion, we notice that firms encounter difficulties implementing primary level actions of prevention, mainly because they induce modifications on their structure itself. Thus, psychosocial risks prevention raises many paradoxes.
Keywords: companies, paradoxes, prevention, primary, psychological, psychosocial risks.