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la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France 31 Numéro 31 - hiver 2016

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la porte des étoilesle journal des astronomes amateurs du nord de la France

31Numéro 31 - hiver 2016

Edition numérique sous Licence Creative Commons

5.....Vladimir Kourganoff, directeur de l’observatoire de Lillepar André Amossé

11............................................Pâles lueurs du Système solairepar Simon Lericque

15........................................L’horloge astronomique de Reimspar Simon Lericque

23..............................................La mission Astroqueyras 2015par Damien Devigne

39...............................................................Souvenirs d’éclipsepar Simon Lericque

47.............................................................................. La galerie

Éclipse totale de Lune

Auteur : François LefebvreDate : 28/09/2015Lieu : Chéreng (59)Matériel : Caméra CCD Inova PlaC2 et lunette 66/400GROUPEMENT D’ASTRONOMES

AMATEURS COURRIEROIS

Adresse postale

GAAC - Simon Lericque12 lotissement des Flandres62128 WANCOURT

Internet

Site : http://www.astrogaac.frE-mail : [email protected]

Les auteurs de ce numéro

André Amossé - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://astroequatoriales.free.fr/

Simon Lericque - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://simonlericque.wix.com/horloges-astro

Damien Devigne - Membre du GAACE-mail : [email protected] : http://www.astro59.org

L’équipe de conception

Simon Lericque : rédac’ chef tyranniqueArnaud Agache : relecture et diffusionCatherine Ulicska : relecture et bonnes idéesFabienne Clauss : relecture et bonnes idéesÉmeline Taubert : relecture et bonnes idéesOlivier Moreau : conseiller scientifique

La liberté d’association : on l’a ! Aujourd’hui, c’est normal et même banal, mais elle reste une chance. Elle se traduit par un joli paysage constitué de toutes sortes de structures : sportives, caritatives, de loisirs… Pour parler de la nôtre, le GAAC permet de se retrouver, pour observer, s’écouter, organiser des événements, des rencontres, monter des projets, des expositions - déconner parfois aussi - en partenariat avec des collectivités, des établissements scolaires. Que du bien ! Car la culture est une arme de construction massive. Tout cela dynamise et profite à la vie locale, permet à chacun de s’approprier certains lieux publics, de pousser la porte d’une médiathèque, d’une ferme pédagogique… Derrière la façade associative se cache un certain nombre de membres passionnés par l’astronomie et - s’ils ne le savent pas eux-mêmes, je les en informe ici - par l’altruisme. Ils nous donnent de leur temps, cette partie de leur vie qui ne reviendra jamais. Les tragédies de 2015 ont amené à des réflexions positives sur le vivre-ensemble et ses vertus. D’une façon plus décliniste, on a aussi dit que notre conscience de vivre en collectivité ne se manifestait qu’après une catastrophe, puis s’atténuait voire re-sombrait dans l’individualisme mais c’est oublier tous ces acteurs qui animent la vie associative, en héros ordinaires. Pour eux, le vivre-ensemble n’est pas qu’une thématique de débats post-drames mais une réalité quotidienne vécue pleinement, c’est-à-dire avec ses hauts et ses bas. Eux-aussi nous fédèrent, à travers le prisme d’un loisir, d’un sport, d’une cause...

Sommaire

Edito

A la une

La 22ème !

La 22ème Nuit Noire du Pas-de-Calais, la première de 2016, aura lieu le samedi 9 janvier. Rendez-vous au lycée de Radinghem pour ce qui sera peut-être la première observation de l’année.

Une nuit à Thury

Cet hiver, quelques heureux élus auront peut-être la chance de passer une nuit sous la coupole de l’observatoire de Thury dans l’Oise et d’observer avec la belle lunette historique de 160.

Conférence

Le 25 mars à 21 heures, Michel Pruvost donnera une conférence intitulée ‘‘Qu’est-ce qu’une étoile ?’’ à la maison de la nature Géotopia de Mont Bernenchon. Venez nombreux !

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html

• • • • LA VIE DU GAAC

C’était en automne

Ce sera cet hiver

Fête de la ScienceObservation de l’éclipse totale

de Lune du 28 septembre

L’exoconférence d’Alexandre Astier à Lille

Inauguration de la lunette de Thury-sous-Clermont

Conférence de Carine Souplet à Mont Bernenchon

Réunion publique sur l’éclairage nocturne à Quesnoy-sur-Deûle

Animation au lycée Jules Ferry d’Arras

Conférence de Bernard Maitte à Villeneuve d’Ascq

Sortie au Palais de la Découverte

Conférence de Michel Pruvost à Wasquehal

La Porte des Etoiles n°31 �

Les instantanés

Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62

Mauvaise météo, Michel en appelle aux cieux... Ou presque. Saint-Véran (05) - 03/09/2015

Prêt pour l’éclipse de LuneVitry-en-Artois (62)

28/09/2015

Apéro sous les étoiles !Paris (75) - 21/11/2015

Sous perfusion !Saint-Véran (05) - 03/05/2015

Le GAAC en infrarouge...Paris (75) - 21/11/2015

Concert improvisé... Pas étonnant que le ciel soit couvert depuis des mois. Saint-Véran (05) - 05/09/2015

• • • • LA VIE DU GAAC

La Porte des Etoiles n°31 �

Vladimir KourganoffDirecteur de l’observatoire de Lille de 1952 à 1961

Par André Amossé

• • • • HISTOIRE

Sa jeunesseVladimir Kourganoff est né à Moscou le 3 mars 1912. Alexandre, son père, était un grand ténor d’opéra connu à l’époque, aussi bien en Russie qu’à l’étranger. Sophie, sa mère, était pianiste, professeur de chant et imprésario de son mari. Les activités artistiques du couple Kourganoff les amènent fréquemment en tournée à l’étranger. En 1924, ils partent pour deux ans en Italie, puis en France. Pendant ce temps, Vladimir reste en pension à Tomilino, petite ville proche de Moscou, placé chez un professeur qui hébergeait quelques adolescents et s’occupait de leurs études secondaires. Cette période est jalonnée par de nombreuses lectures, où se succèdent des livres classiques, des poèmes, mais aussi les ouvrages d’anticipation de Jules Verne et d’H.G. Wells qui éveillent son intérêt pour la science. Depuis la Révolution Russe de 1917, sa mère nourrissait le projet de faire ‘‘sortir’’ son fils et son mari de Russie, dans l’attente de jours meilleurs. Malgré de nombreuses difficultés liées aux troubles politiques de son pays, Vladimir Kourganoff rejoint ses parents à Paris en octobre 1926, après un voyage en train Moscou-Berlin-Paris en solitaire.

Vers l’astronomie et la mécanique céleste

À son arrivée à Paris, il ne parle pas encore un mot de français. Il poursuit cependant de brillantes études en classe ‘‘Sciences-

Langues’’ au lycée Saint-Louis. Il entre à la Sorbonne en 1930 où il suit un double cursus : une licence de sciences et une autre de lettres. À cette époque, son père poursuit sa carrière seul aux États-Unis. Sa mère reste avec lui à Paris. Malheureusement, elle décède soudainement en 1932. Alexandre Kourganoff rentre alors en France pour retourner ensuite à Moscou alors que Vladimir décide d’adopter la nationalité française et de rester à Paris. Il poursuit ses études et donne des cours particuliers pour gagner sa vie. Il se tourne définitivement vers les sciences et en 1933, il obtient son examen de physique générale après avoir suivi, entre autres, les cours d’Yves Rocard (1903-1992, père du futur ministre) et d’Alfred Kastler (1902-1984, prix Nobel de physique en 1966).

Il passe aussi son certificat d’astronomie approfondie afin de pouvoir se présenter à l’agrégation de mathématiques. Il suit alors les cours d’Ernest Esclangon (1876-1954), directeur de l’Observatoire de Paris. Ces cours s’avèrent être ‘‘d’une remarquable qualité pédagogique’’. Il sort premier de ce certificat avec la mention ‘‘très bien’’. Cela lui vaudra son intérêt pour l’astronomie et surtout un soutien efficace d’Esclangon par la suite. Le 15 octobre 1935, il épouse Ruth Moj, une jeune Norvégienne qui deviendra plus tard professeure de russe. Elle lui donnera deux enfants. En 1936, avec le soutien d’Ernest Esclangon, il obtient un poste au

Vladimir Kourganoff (1912-2006)

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• • • • HISTOIRE

service méridien de l’Observatoire de Paris et prépare sa thèse en mécanique céleste avec Jean Chazy (1882-1955), spécialiste de mécanique céleste et professeur de mathématiques à la faculté des sciences de Lille de 1911 à 1933 et, à partir de 1925, enseignant à la faculté des sciences de Paris où il obtient le titre de professeur en 1934.

Ses années de thèseEn 1938, durant sa thèse, il effectue son service militaire à Paris, au service géographique de l’armée. En septembre 1939, il est mobilisé, toujours à Paris, au Central du réseau téléphonique de la DCA. Il n’y reste pas longtemps car Ernest Esclangon a modernisé les appareils de repérage des canons par le son développés par Paul Langevin (1872-1946) durant la première guerre mondiale. Ces nouveaux appareils sont testés au service technique de l’artillerie navale de Lorient. Vladimir Kourganoff participe à ces tests en avril et mai 1940. Après l’armistice, il est démobilisé. Il soutient sa thèse en juillet 1941 et obtient la mention ‘‘très honorable’’.

Le sujet de son travail porte sur l’implication des calculs de Percival Lowell (1855-1916) dans la découverte de Pluton. À cette époque, avec le degré de précision limité des mesures de position d’Uranus et de Neptune, on croyait qu’il existait une différence systématique entre la trajectoire calculée et la trajectoire mesurée de ces planètes. Une interprétation possible de cette différence était d’imaginer la présence d’une autre planète au-delà de Neptune dont l’influence sur les deux planètes géantes n’était pas prise en compte. En 1915, Lowell procède à des calculs pour déterminer la position de ce corps céleste perturbateur. En 1930, Clyde Tombaugh découvre Pluton non loin de la zone calculée par Lowell. Est-ce un pur hasard ou est-ce que les calculs de Percival Lowell étaient exacts ? Vladimir Kourganoff conclut que cette découverte n’est pas seulement due au hasard et que le travail théorique de Lowell a joué un rôle sans pour autant être déterminant.

En étudiant cette question, les calculs de mécanique céleste de Vladimir Kourganoff conduisent à attribuer une masse très importante à Pluton (de l’ordre de la masse de la Terre) ce qui est en désaccord avec l’éclat observé. Vladimir Kourganoff émet alors l’hypothèse que la surface de Pluton est constituée de glace peu diffusante.

En 1978, la découverte de Charon, le plus important satellite de Pluton, permet de déterminer très précisément la masse de Pluton, soit moins de deux millièmes de celle de la Terre. Ceci exclut que Pluton ait pu perturber les orbites d’Uranus et de Neptune. Finalement la découverte de Pluton était purement fortuite.

De plus, la précision actuelle des mesures montre que les deux planètes géantes suivent finalement la trajectoire prévue sans qu’il soit nécessaire d’évoquer la présence d’une planète transneptunienne importante. Depuis 2006, Pluton n’est plus considéré comme une planète mais comme un gros corps céleste appartenant à la ceinture d’astéroïdes d’Edgeworth-Kuiper.

Vladimir Kourganoff lors de l’inauguration du chantier du radiotélescope de Jodrell Bank en 1953

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• • • • HISTOIRE

De l’astronomie à l’astrophysiqueEn 1942, sur la demande d’Alfred Kastler, Vladimir Kourganoff donne des cours d’initiation à la mécanique quantique à l’École Normale Supérieure. Lors de la libération de Paris, il s’engage dans la section française de la ‘‘Bombing Analysis Unit’’, groupe de scientifiques, tout juste constitué et présidé par le physicien Pierre Auger (1899-1993). Ce groupe avait pour mission d’évaluer scientifiquement les résultats des tactiques de bombardement de l’aviation alliée.

Peu avant, en 1943, il rencontre Daniel Chalonge (1895-1977), l’un des fondateurs de l’Institut d’Astrophysique de Paris. Cette rencontre le convainc d’abandonner la mécanique céleste pour l’astrophysique et en particulier la physique du transfert de rayonnement dans les atmosphères stellaires. En 1946, il publie avec Daniel Chalonge un article important sur ce sujet : ‘‘Recherches sur le spectre continu du Soleil – l’ion négatif hydrogène dans l’atmosphère solaire’’. Ils y développent le premier modèle de la photosphère solaire qui rend compte de certaines particularités jusque là inexpliquées. Cette même année, il part poursuivre ses recherches en Norvège pendant deux ans à l’Université d’Oslo (où il donne aussi des cours), invité par l’astrophysicien Swein Rosseland (1897-1985).

Lors d’un passage à Copenhague, il rencontre Niels Bohr et essaie de discuter avec lui en anglais ‘‘...mais à cause de son accent danois très marqué, ou peut-être à cause d’une insuffisance de mes connaissances en physique, je n’ai presque rien compris à ce qu’il m’a dit’’. En 1948, il devient maître de conférences au CNRS. Il découvre une nouvelle méthode de résolution de l’équation de transfert du rayonnement, appelée ‘‘méthode variationnelle’’. Ceci donne lieu, quatre ans plus tard, à la parution de ‘‘Basic methods in transfer problems’’, publication majeure sur ce sujet à l’époque.

Toujours en 1948, il travaille quelques temps en Suisse en mission à l’observatoire de la Jungfrau à 3457 mètres d’altitude. Il s’initie à l’utilisation d’un nouveau spectrographe inventé par Daniel Chalonge. Cet instrument présente la particularité de compenser l’affaiblissement du rayonnement ultraviolet venant des corps célestes lors de la traversée de l’atmosphère. Tout ceci en vue d’une mission plus importante à l’observatoire Mc Donald au Texas. Le directeur de cet établissement, Otto Struve (1897-1963), a en effet invité Daniel Chalonge à mettre en œuvre ce spectrographe sur le télescope de 2,10 mètres de l’observatoire Mc Donald, alors le troisième plus grand télescope au monde. Cependant, Daniel Chalonge ne peut pas se rendre aux États-Unis et Vladimir Kourganoff est chargé de le remplacer. À la fin de son séjour, il profite d’un peu de vacances pour visiter presque tous les grands observatoires américains et y rencontrer les plus éminents astronomes d’outre-Atlantique, notamment S. Chandrasekhar à l’Université de Chicago.

En 1949, il traduit de l’allemand l’ouvrage de référence ‘‘physik der sternatmosphären’’ d’Albrecht Unsöld paru en 1938 et y apporte de nombreux compléments et notes explicatives. Ce travail est largement apprécié par la communauté scientifique. En 1952 paraît ‘‘Basic methods in transfer problems’’ dans les International Series of Monographs on Physics d’Oxford University Press. L’ouvrage est également bien reçu et l’on souligne l’importance de la synthèse sur le sujet et les ponts jetés entre les problèmes purement astrophysiques et ceux relatifs au fonctionnement des réacteurs nucléaires. ‘‘On apprécie la lucidité de l’exposé et le temps pris pour éclaircir entièrement les choses’’ énonce Marcel Minnaert (1893-1970), astrophysicien à l’Université d’Utrecht d’origine belge, célèbre pour son ‘‘Atlas d’Utrecht des raies spectrales du Soleil’’ paru en 1940.

Son poste au Laboratoire d’Astronomie de LilleCes différents commentaires incitent Vladimir Kourganoff à poursuivre ce qui deviendra une vocation : synthétiser et enseigner ‘‘la science en marche’’. C’est dans cet objectif d’enseignement et de diffusion de la science qu’il accepte le poste de maître de conférences en astronomie à l’Université de Lille et de directeur de son Laboratoire d’Astronomie.

Cependant, la première mission qui l’attend à son arrivée à Lille est de gérer la remise en état et la modernisation de l’observatoire. En effet, depuis la seconde guerre mondiale, l’observatoire est encore dans un piteux état, faute de moyens. Il faut trouver des crédits importants ce qui prend beaucoup de temps et d’énergie. Cette gestion porte peu à peu ses fruits avec l’aide de Monsieur Rousseau, assistant, puis chef des travaux de

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• • • • HISTOIRE

l’Université de Lille. La lunette est de nouveau fonctionnelle et reçoit un entraînement horaire électrique. La coupole est restaurée. Il fait constituer une grande bibliothèque où sont installés les ouvrages les plus récents en astronomie et astrophysique ainsi que de nombreux périodiques venant de divers pays. Il fait aussi construire un laboratoire photographique et c’est à cette époque que sont installés le tour Grandville et la perceuse à colonne dans l’atelier de mécanique. Ces appareils sont toujours présents à l’observatoire et rendent encore de nombreux services. Cet atelier était initialement situé au sous-sol et c’est Vladimir Kourganoff qui le transfère au rez-de-chaussée. C’est aussi sous sa direction que sont installés un réfectoire et une chambre des observateurs au sous-sol, dans l’actuelle salle des archives. L’activité de la station météorologique ainsi que celle de la station sismologique reprennent enfin.

Vladimir Kourganoff souhaite créer à Lille un petit groupe d’astrophysique et former les étudiants à cette discipline. Plus particulièrement, il s’oriente vers la recherche sur la structure de notre Galaxie par l’étude de plaques photo, spectres et autres enregistrements analysés à l’aide de machines à mesurer. Ce travail est réalisé en collaboration avec les observatoires de Marseille, de Paris et de Cleveland (États-Unis). Il espère pouvoir adapter un photomultiplicateur et un photomètre sur la lunette afin d’étudier les amas stellaires et les étoiles variables et former les étudiants à ces nouvelles méthodes d’observation.

Au milieu des années 1950, la liste du personnel de l’Observatoire de Lille se compose de :V. Kourganoff – Professeur et Directeur,J. Rousseau – Chef de travaux, il dirige les TP, la construction des appareils,C. Caby, concierge et aide de laboratoire, il s’occupe des relevés météorologiques, des travaux de menuiserie, de mécanique, et de l’entretien des instruments,F. Spite, attaché de recherche au CNRS ; il est chargé de l’étude des spectres,A. Barrier, secrétaire ; rétribuée par l’UAI et le CNRS, elle assure la préparation matérielle des Astronomical News Letters et le suivi administratif de l’observatoire,M. Clément, ajusteur-mécanicien, vacataire ; il assure 2 heures par jour la réalisation des appareils,K.K. Sen, professeur de physique à Cahndernagore (Inde) ; il participe aux recherches durant la période 1956-1957.

Colloque international sur les “Problèmes fondamentaux de la classification stellaire” tenu à Paris en 1953. Sur cette photo, au premier rang on reconnait Daniel Challonge (3ème en partant de la gauche), l’astronome russe Ambarzoumian (4ème en partant de la gauche) et Evry Schatzman (2ème en partant de la droite). Vladimir Kourganoff est au deuxième rang, (4ème place en partant de la gauche).

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• • • • HISTOIRE

Vladimir Kourganoff assure les cours du Certificat d’Études Supérieures d’Astronomie et du Certificat d’Astronomie Approfondie. Il prend aussi en charge une part de l’enseignement en M.P.C. Une fois par mois, il anime un séminaire qui réunit les anciens étudiants d’astronomie approfondie et les chercheurs de l’observatoire. Chaque mois, il donne aussi une conférence destinée aux enseignants du secondaire. Il crée ‘‘Les contributions de l’observatoire de Lille’’. Cette publication sera envoyée à de nombreux observatoires et instituts d’astronomie français et étrangers afin de faire connaître l’observatoire de Lille. En retour, ces établissements transmettent leurs propres publications. Cela enrichit la bibliothèque de l’observatoire à peu de frais.

L’Union Astronomique Internationale crée en 1944 les Astronomical News Letters pour pallier aux difficultés d’échanges d’informations scientifiques durant la seconde guerre mondiale. Elle est dirigée par Otto Struve. En 1947, l’URSS décide que toutes les publications scientifiques de ses compatriotes seront obligatoirement rédigées en russe. Otto Struve fait alors appel à Vladimir Kourganoff pour traduire en français ou en anglais les articles des astronomes soviétiques. Il devient même le rédacteur en chef des A.N.L. en 1954 et assume cette lourde tâche jusqu’en 1961. Dans cette préoccupation de coopération internationale, Vladimir Kourganoff correspond avec de nombreux grands astronomes étrangers : Otto Struve, bien sûr, mais on peut aussi citer Martin Ryle (1918-1984), l’un des pères de la radioastronomie, Marcel Minnaert (1893-1970), astrophysicien à l’Université d’Utrecht, Albrecht Unsöld (1905-1995), directeur de l’Institut de physique théorique de Kiel (Allemagne), Hendrik van de Hulst (1918-2000), radioastronome néerlandais, Bernard Lovell (1913-2012) directeur de l’observatoire radioastronomique de Jodrell Bank, et bien d’autres encore.

Durant cette période lilloise, Vladimir Kourganoff commence la rédaction de deux livres : ‘‘La recherche scientifique,’’ paru en 1958 aux éditions Que sais-je ? et ‘‘Initiation à la théorie de la relativité’’, paru en 1964 aux Presses Universitaires de France. Il rédige aussi de nombreux articles dans la presse locale. Ceci afin de décrire au public les phénomènes célestes remarquables pouvant être observés par tout un chacun, comme le passage de Mercure devant le Soleil en 1953 ou les événements importants, comme le premier homme dans l’espace en 1961. En 1958, il part près d’un an à l’Université de Berkeley. Il y est invité pour donner des cours équivalant au niveau du 3ème cycle universitaire français. Son traitement comme visiting professor est suffisamment élevé pour lui permettre de séjourner avec son épouse.

Article de Vladimir Kourganoff au sujet du transit de Mercure publié dans la Voix du Nord du 13 novembre 1953

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• • • • HISTOIRE

1��1-1���, professeur à l’Université de Paris-Sud (Orsay)En 1961, Vladimir Kourganoff est nommé professeur à l’Université de Paris-Sud. Il y enseigne jusqu’à sa retraite en 1977. Durant cette période, il applique de nouvelles méthodes pédagogiques de son invention. Il s’implique énormément dans la synthèse et la didactique des sciences et dans les questions d’enseignement. Il publie de nombreux articles sur ces sujets, ainsi que quelques ouvrages comme : ‘‘La face cachée de l’Université’’, paru en 1972 aux Presses Universitaires de France et ‘‘Quelle école ? Pour un enseignement véritable’’, paru en 1984 aux éditions Scarabée.

Il souhaite une réforme de l’enseignement supérieur et plaide pour un métier d’enseignant universitaire tourné uniquement vers l’enseignement, sans la partie recherche, afin que les enseignants du supérieur le deviennent par vocation d’enseigner. Excellent pédagogue, il s’investit beaucoup dans l’enseignement de l’astronomie et c’est suite à ses échanges et ses interventions qu’est créée en 1964 la Commission 46 de l’Union Astronomique Internationale consacrée à l’enseignement de l’astronomie.

Vladimir Kourganoff se passionnait aussi pour la littérature et la poésie. Il aimait beaucoup passer de longs moments au piano à improviser des morceaux inspirés de Scriabine ou Rachmaninoff. Le dernier livre qu’il écrit revient sur l’un de ses premiers sujets de recherche ‘‘Les mystères de Pluton’’ paru aux éditions Burillier en 2005. Il y retrace toute l’histoire de la découverte de ce petit corps du Système solaire qui allait déclencher de vifs débats à l’U.A.I. un an plus tard.

RéférencesL’auteur souhaite remercier Pierre Chamaraux pour les remarques apportées à cet article suite à sa relecture.- Un itinéraire insolite, autobiographie de Vladimir Kourganoff ed Mémoires d’Europe - 1998- Hommage à Vladimir Kourganoff – article collectif paru dans le bulletin interne de l’Observatoire de Paris (n°1562 – 2006)- Archives de l’Observatoire de Lille- Les Annales de l’Université de Lille (1952/53 – 1953/54)

Vladimir Kourganoff, Jan Oort et Harold Spencer en grande discussion lors d’une conférence à l’observatoire de Leiden sur la coopération internationale en astronomie (juin 1953).

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Pâles lueurs du Système solairePar Simon Lericque

La lumière zodiacale reste un mythe pour nombre d’astronomes amateurs ou simples curieux du ciel. Cette pâle lueur visible aux alentours des équinoxes de printemps et d’automne est souvent signe d’un ciel exceptionnel. Pourtant, elle était autrefois beaucoup plus commune, comme le relatent les témoignages du passé. Partons à la découverte de cette discrète lumière – et d’autres phénomènes qui lui sont liés – venue des lointains horizons de notre Système solaire.

Un peu d’histoireNous n’avons que peu de traces pour en attester, mais il y a fort à parier qu’un phénomène d’ordinaire si lumineux soit connu depuis la nuit des temps, en des époques où la pollution lumineuse n’existait pas encore pour nous cacher les étoiles. Les Égyptiens auraient repéré ce phénomène mais l’un des plus anciens témoignages qui sont parvenus jusqu’à nous est celui d’Aristote (384-322 av. J.-C.). Le philosophe grec pensait que la lumière zodiacale était la queue d’une comète dont la partie la plus brillante était cachée sous l’horizon. Le poète perse Omar Khayyam (1048-1131) considérait la lumière zodiacale comme une ‘‘fausse aurore’’, une dénomination d’ailleurs reprise quelques siècles plus tard, ou comme ‘‘la main gauche de l’aube’’. D’illustres astronomes à travers l’histoire ont pu contempler la lumière zodiacale et s’y sont intéressés : Johannes Kepler (1571-1630) ou Jean-Dominique Cassini (1623-1712) en font partie. Kepler pensait qu’il s’agissait d’un prolongement de la couronne du Soleil mais plusieurs astronomes démontrèrent rapidement l’incohérence de cette idée. C’est Cassini qui ouvrit la voie d’une approche scientifique avec la première description approfondie du

phénomène lumineux. C’est aussi lui qui a utilisé pour la première fois le nom de ‘‘lumière zodiacale’’. Il pensait à raison qu’il s’agissait d’un phénomène de réflexion de la lumière du Soleil. Il croyait en revanche que cette réflexion intervenait sur de petites planètes gravitant autour de notre étoile, avant même la découverte des premiers astéroïdes ; il ne soupçonnait pas l’existence de poussières interplanétaires d’une taille microscopique.

L’explication actuelle de la lumière zodiacale est un héritage de la pensée de John Herschel (1792-1871) qui au XIXème siècle déclara : ‘‘On peut conjecturer que cette lumière n’est autre chose que la partie la plus condensée du milieu qui, ainsi que nous avons des motifs de le croire, résiste aux mouvements des comètes. Peut-être contient-elle les molécules dont les queues de plusieurs millions de ces astres ont été dépouillées lors de leurs passages successifs au

Représentation de la lumière zodiacale sur une gravure ancienne

Le visage radieux de J. Herschel

• • • • OBSERVATION

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périhélie, molécules qui doivent à la longue se précipiter sur le Soleil ?’’ Dans les années 1920, des études plus poussées montrèrent la nature extrêmement diluée de ce nuage de poussières. On comprit aussi que le spectre de la lumière zodiacale est quasiment identique à celui du spectre solaire, ce qui confirma que le Soleil est la source lumineuse à l’origine du phénomène. On découvrit également après la seconde guerre mondiale que l’interaction de la lumière solaire avec ces poussières est la source d’un rayonnement infrarouge continu mais imperceptible à nos yeux, ce qui tendait à prouver que le nuage zodiacal est constamment alimenté de matériau interplanétaire.

Mais avec le développement de l’électricité et surtout de l’éclairage public des milieux urbains au début des années 1950, la lumière zodiacale a ensuite progressivement disparu du ciel. Aujourd’hui, si l’on veut l’observer en France métropolitaine, il faut s’éloigner des lueurs des villes et privilégier les zones épargnées par la pollution lumineuse (centre de la Bretagne, Cévennes, hautes montagnes, Morvan, etc.).

Ce qu’on en sait aujourd’huiComme John Herschel l’avait pressenti, la lumière zodiacale trouve bien son origine dans un phénomène optique, la réflexion et la diffusion de la lumière du Soleil par des particules interplanétaires situées dans le plan du Système solaire. Celles-ci seraient essentiellement des éléments éjectés de la fragmentation et de la chevelure de comètes du Système solaire interne (du Soleil jusqu’à l’orbite de Jupiter). Des astéroïdes, des débris datant de l’origine de notre système planétaire ainsi que les comètes plus lointaines – typiquement en provenance du nuage d’Oort – participeraient également au phénomène mais dans une moindre mesure.

Ces poussières interplanétaires sont localisées dans le plan de l’orbite des planètes et grosso modo, englobent notre étoile et les quatre premières planètes comme une lentille. Depuis la Terre, la lumière zodiacale est donc visible comme les planètes dans les constellations du zodiaque, le long de l’écliptique (défini par le plan de l’orbite terrestre autour du Soleil). Ces particules sont très petites, de l’ordre de quelques centaines de microns (1 micron = 0,001 millimètre) et très éparses puisqu’on estime leur nombre à une dizaine par kilomètre cube. Malgré ce ‘‘vide’’, l’accumulation de ces infimes éléments sur de grands volumes suffit à produire le phénomène lumineux et à le rendre parfois impressionnant.

La lumière zodiacale photographiée depuis l’observatoire de Saint-Véran

• • • • OBSERVATION

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Pour l’observerLa trajectoire apparente du Soleil au fil de l’année, qu’on appelle l’écliptique, traverse les constellations du zodiaque (et celle d’Ophiuchus). C’est l’inclinaison de cet écliptique selon les saisons qui va engendrer des périodes de visibilité propices... et d’autres non ! La lumière zodiacale se matérialise par un triangle lumineux blanchâtre dont la base est posée sur l’horizon, sans véritable contour ni structure contrairement à la Voie lactée. Ce triangle peut atteindre plus de 10° de large à sa base et s’élever jusqu’à 60° de hauteur.

Lors de nuits bien noires, la lumière zodiacale peut paraître plus lumineuse encore que la Voie lactée, mais elle est tellement ténue que la moindre source lumineuse peut la faire disparaître partiellement ou totalement. Pour tenter de la voir, il faut donc une nuit sans Lune. L’éclat de la planète Vénus – le troisième astre le plus brillant du ciel après le Soleil et notre satellite naturel – est parfois préjudiciable à son observation lorsque les conditions atmosphériques ne sont pas idéales. Bien évidemment, il faut aussi bénéficier d’un site préservé de toute source de pollution lumineuse, ce qui est hélas de plus en plus difficile à trouver en Europe continentale.

Les lumières exo-zodiacalesDans leur recherche continue d’exoplanètes, les scientifiques ont récemment mis au jour des disques de poussières autour d’autres étoiles que le Soleil. Ces halos poussiéreux sont parfois considérés – à tort ou à raison – comme provoquant les lumières ‘‘exo-zodiacales’’. Comme pour le Système solaire, ces lueurs extrasolaires sont dues à la réflexion de la lumière de l’étoile (ou des étoiles) mais seraient plutôt la trace d’un disque de poussières microscopiques, dont la forme indiquerait la présence ou l’absence de planètes dans le système étudié.

Vue d’artiste d’un disque de poussières autour d’une étoile

Outre ces conditions indispensables, il faut aussi tenir compte des périodes de visibilité de la lumière zodiacale. Il y en a deux aux latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, lorsque l’écliptique est suffisamment redressé par rapport à l’horizon. Aux alentours de l’équinoxe de printemps, l’arche zodiacale se développera dans le ciel du soir à l’Ouest et pourra même être perçue dans un ciel crépusculaire. Aux alentours de l’équinoxe d’automne, elle sera en revanche à repérer à l’aube, le matin, avant le lever du Soleil vers l’Est. La lumière zodiacale pourra ainsi être perçue grosso modo de février à avril durant les périodes allant du dernier quartier à la nouvelle Lune, et d’août à octobre entre la nouvelle Lune et le premier quartier. Sous les latitudes voisines de l’équateur, l’écliptique étant toujours quasiment perpendiculaire à l’horizon, la lumière zodiacale reste visible chaque soir et chaque matin, à la seule condition que la Lune ne soit pas là pour gâcher le spectacle.

Le gegenschein et la bande zodiacaleLe gegenschein (mot allemand signifiant ‘‘lueur opposée’’) est un autre phénomène associé à la lumière zodiacale. Il se forme sur le même principe – à savoir par la réflexion de la lumière solaire sur des poussières interplanétaires – mais se matérialise quant à lui à l’opposé du Soleil, d’où son nom. Il se localise dans la constellation des Poissons en automne et dans la Vierge au printemps, sur une bande de 10° à 15° de longueur longeant l’écliptique. Il est encore plus délicat à détecter visuellement et demande un ciel d’une qualité exceptionnelle. Toutefois, il est aussi possible de le révéler grâce à la photographie.Friedrich Wilhelm Heinrich

Alexander von Humboldt

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Les premières observations et descriptions du gegenschein ne remontent qu’au XVIIIème siècle. Elles proviennent de l’astronome et mathématicien français Esprit Pezenas (1692-1776) et de l’explorateur allemand Alexandre de Humboldt (1769-1859). C’est d’ailleurs ce dernier qui, lors d’un épique périple en Amérique du Sud, emploie pour la première fois le terme de gegenschein. Les premières observations et recherches approfondies sur le phénomène lumineux sont celles d’un astronome danois, Theodor Brorsen (1819-1895), qui en 1854 fait le lien entre la lumière zodiacale et le gegenschein en avançant que leur processus de formation est identique. Il est aussi le premier à affirmer qu’un pont de lumière existe entre le gegenschein et la lumière zodiacale, ce que l’on appelle parfois la bande zodiacale. En effet, lorsque les conditions atmosphériques sont parfaites et la noirceur du ciel intense, on peut se rendre compte que la lumière zodiacale se poursuit le long de l’écliptique sur une bande large de 5° à 10°, jusqu’à atteindre le gegenschein dans la zone anti-solaire. Cette bande zodiacale ‘‘lumineuse’’ est encore plus délicate à observer que le gegenschein et bien souvent, aujourd’hui, seule la photographie est capable de la faire apparaître dans nos contrées.

À vous de jouer !Vous l’aurez compris, le défi n’est pas aisé à relever ! Visuellement, il faut disposer d’un bon (voire très bon) ciel et ne pas se tromper de saison et d’horizon pour percevoir la lumière zodiacale. Pour le gegenschein, il faudra encore plus de patience et de persévérance : laisser son œil s’acclimater à l’obscurité durant de longues minutes et parfois attendre plusieurs nuits pour que les conditions de transparence soient excellentes. Un site en altitude facilitera grandement l’observation. Les photographes quant à eux pourront à loisir mettre en scène la lumière zodiacale dans le cadre de compositions nocturnes ou crépusculaires mais devront tout de même s’éloigner des zones fortement polluées par les lumières artificielles. Les objectifs de courte focale (24 mm et moins) et à grande ouverture (inférieure à 4) sont à privilégier. En fonction des possibilités de l’équipement, n’hésitez pas à pousser la sensibilité (1600 ISO et plus) pour limiter le temps de pose et éviter un bougé trop visible des étoiles, si l’appareil photo est sur trépied fixe. Il est également possible de prendre plusieurs images et de les additionner si vous disposez d’un suivi, mais alors, le paysage sera flou.

La bande zodiacale et le Gegenshein au centre. Photographie de Miloslav Druckmüller et Shadia Habbal depuis Hawaï

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L’horloge astronomique deJean Legros

Par Simon Lericque

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Qui était Jean Legros ?Jean Legros (1903-1978) était un touche à tout. Pharmacien de formation, il était également pianiste et compositeur doté d’un certain talent. Un prix ‘‘Jean Legros’’ a d’ailleurs été créé après sa mort pour encourager de jeunes pianistes méritants du conservatoire de Reims. Le musicien, n’ayant pas de descendance, a en effet fait don de sa fortune au conservatoire.

Mais Jean Legros était avant tout un brillant scientifique fort intéressé par la mécanique, domaine qui a d’ailleurs animé sa passion pour le jeu Meccano qui s’est développé au début du XXème siècle. L’astronomie était aussi l’une de ses passions depuis ses jeunes années. C’est dans ce cadre, que durant plusieurs décennies, il s’est attelé à la réalisation d’une horloge astronomique à la fois étonnante et spectaculaire.

Vue générale de l’horloge astronomique de Jean Legros exposée au planétarium de Reims

Jean Legros, musicien

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L’histoire de l’horlogeLes pièces de base de l’horloge sont issues du Meccano, mais des éléments particuliers ont du être usinés pour répondre aux besoins de Jean Legros concernant les mouvements plus lents (lunaison, année tropique, révolution des planètes). On estime que plus de 80% des pièces sont celles d’origine du ‘‘jeu’’ Meccano.

L’artisan commence par réaliser le calendrier perpétuel entre 1930 et 1931. De la deuxième moitié de 1935 aux premiers mois de 1937, il s’attelle à la réalisation de la partie tournante, notamment la carte du ciel et ses mécanismes. À la fin de cette même année, il ajoute le comput ecclésiastique avec des cadrans dédiés aux dates des fêtes mobiles, au nombre d’or, à la lettre dominicale, au cycle solaire, à l’épacte et à l’indiction romaine. En 1938, Jean Legros prend en compte l’équation du temps et dès 1939, il commence le développement du planétaire.

Pendant la seconde guerre mondiale, en 1940 et comme de nombreux Rémois, Jean Legros est contraint de fuir son domicile à l’approche des soldats allemands et laisse derrière lui l’horloge sur laquelle il travaillait depuis déjà neuf années. Pour préserver son œuvre il affiche simplement un petit carton sur lequel étaient rédigé en Français, en Anglais et en Allemand ‘‘qu’il ne fallait pas toucher à cette construction fragile, œuvre de toute une vie’’. Il retrouvera son horloge astronomique absolument intacte à son retour, malgré les intrusions manifestes dans son domicile.

En 1941, Jean Legros reprend ses travaux, termine et installe le planétaire. À la fin de l’année 1943, il ajoute les deux tambours permettant de prédire les éclipses solaires et lunaires basés sur le cycle des Saros d’une durée d’environ 18 ans. En 1945 et 1946, il installe le compteur d’années. Enfin, en 1952, il ajoute trois nouvelles indications : l’équation du temps (qui était jusqu’alors prise en compte mais non affichée), l’heure du coucher et l’heure du lever du Soleil. Ces dernières d’ailleurs, n’auront pas le temps d’être véritablement peaufinées et ne resteront que des valeurs approximatives.

Après plus de vingt années, Jean Legros aura réalisé une œuvre hors du commun. Il ne voyait pourtant dans son horloge qu’une maquette et avait même imaginé une version beaucoup plus grande qu’il ne pourra, hélas, jamais réaliser. Tous les mouvements et les cadrans de cette horloge étonnante sont actionnés exclusivement par des poids. Entre l’axe de l’heure, qui sert de référence, et la roue de l’année tropique la plus lente de l’horloge, la démultiplication est de 8765,82 fois ! Le mouvement le plus lent est celui de Pluton, qui effectue un tour autour du Soleil sur le planétaire en plus de 248 ans.

Après le décès de Jean Legros, l’horloge est arrêtée en 1979. Sa famille fait don de l’œuvre à la ville de Reims afin qu’elle puisse continuer à être vue de tous. Profitant de l’ouverture du planétarium en 1980 - le premier planétarium français en province - dans l’Ancien Collège des Jésuites, l’horloge est installée et peut être observée par tout un chacun comme le souhaitait Jean Legros. Enfin, début 2013, l’horloge astronomique est symboliquement arrêtée pour marquer le déménagement du planétarium dans des locaux flambants neufs. Le déplacement est organisé par Philippe Simonnet, directeur du planétarium et spécialiste de l’horloge. Ce nouveau déménagement ne posera aucun problème particulier. L’horloge sera finalement remise en marche lors de l’inauguration du planétarium en septembre 2013.

La partie haute de l’horloge, mobile

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La lecture des cadransL’horloge astronomique compte trois parties distinctes : la partie où l’on trouve les rouages moteurs et les cadrans principaux, la carte du ciel située au-dessus de cette partie principale et un planétaire, situé en retrait. Tous les mécanismes sont liés à la grande aiguille, celle qui indique les minutes et qui fait un tour de son cadran en une heure. Aucune partie de l’horloge n’est indépendante, même si le planétaire avait été conçu pour l’être temporairement. C’est cette aiguille des heures qui est donc la référence pour toutes les autres informations données, de sorte qu’un simple réglage de celle-ci entraîne la mise à jour de l’ensemble des autres rouages.

La partie centraleLa partie haute tourne sur elle-même en 24 heures, suivant un axe vertical qui part vers le plafond et la carte du ciel, plus précisément vers le pôle céleste Nord. C’est dans la partie haute que trône le cadran de l’heure. Celle-ci est indiquée avec deux aiguilles, une petite qui fait un tour du cadran en 24 heures et une grande qui indique les minutes et qui effectue un tour en une heure. Juste au-dessus de ce cadran, à droite et à gauche, on trouve deux arcs qui montrent les heures de lever et de coucher du Soleil. C’est sur l’arc de droite qu’il faut lire le lever et sur celui de gauche que l’on peut connaître l’heure du coucher. Toutes les heures sont données en Temps Universel. Entre ces deux arcs, au-dessus du cadran de l’heure, se trouve un autre arc en forme de ‘‘U’’ dédié à la correction à apporter pour obtenir l’heure véritable. L’aiguille de ce cadran montre à la fois la valeur de l’équation du temps au fil de l’année – due à la différence de vitesse de déplacement de la Terre sur son orbite et aux variations de l’inclinaison de son axe de rotation – mais aussi la correction générale calculée pour la ville de Reims en tenant compte de la longitude, différente de celle du méridien de Greenwich qui est considéré comme le méridien 0.

Jean Legros a tenu a représenter le cycle des Saros. Ce dernier est symbolisé par deux tambours – un pour les éclipses lunaires, un autre pour les éclipses solaires – qui tournent en 18 ans, 11 jours, 7 heures et 42 minutes. Ces tambours se trouvent à gauche et à droite des arcs des levers et couchers du Soleil. La période de ces tambours est le retour de conditions similaires pour les éclipses. Jean Legros avait connaissance de la nature non absolue de ce cycle des éclipses, qui se décale sur des échelles de temps très grandes, mais il a considéré qu’il était important de le faire figurer sur son horloge. Sur ces deux tambours, on voit des graduations sur l’extérieur de chaque bandeau. Chaque graduation correspond à une lunaison. Il faut donc 29 jours et demi pour que le tambour se déplace et que le repère passe d’une graduation à une autre. Le trait central horizontal, qui fait le tour de chaque tambour, symbolise l’écliptique et la sinusoïde représente la position de la Lune par rapport à celui-ci, soit au-dessus, soit en dessous. Les traits verticaux complets indiquent qu’une éclipse totale est prévue, les traits verticaux partiels indiquent que l’éclipse sera partielle. On remarque d’ailleurs que les éclipses n’ont lieu que lorsque la sinusoïde croise la ligne horizontale, autrement dit lorsque la Lune se trouve proche de l’écliptique, dans le plan Terre-Soleil.

Le cadran de l’heure

Le tambour des éclipses lunaires

Le cadran de l’équation du temps

L’arc des levers de Soleil

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Le comput ecclésiastiqueDans la partie inférieure, fixe, on trouve le calendrier perpétuel et ce que l’on nomme le comput ecclésiastique. Il s’agit là d’une machine à calculer les fêtes religieuses mobiles – Pâques, Ascension et Pentecôte – qui donne également des informations telles que la lettre dominicale, l’épacte ou le nombre d’or. À chaque 31 décembre,

à minuit, lorsque l’horloge bascule sur l’année suivante, ces informations se mettent en place les unes après les autres.

Au centre du comput ecclésiastique, on trouve le plus grand cadran, celui des fêtes mobiles. Une seule aiguille fait le bilan des autres indications et pointe la date de Pentecôte sur le cercle le plus à l’intérieur, l’Ascension sur le cercle moyen et Pâques sur le cercle le plus à l’extérieur.

Juste au-dessus du cadran des fêtes mobiles, on trouve la lettre dominicale qui permet de connaître les jours de la semaine correspondant à chaque jour du calendrier. Il existe 7 lettres allant de A à G qui représentent le même jour pour toute l’année en cours mais qui changent chaque année. Le premier janvier correspond toujours à la lettre A. Si ce premier jour est un dimanche, alors la lettre A marquera tous les dimanches de l’année... Sauf si l’année est bissextile, auquel cas cette valeur ne sera valide qu’en janvier et jusqu’au 29 février. Une autre lettre est de fait attribuée au dimanche pour le reste de l’année. Sur l’horloge de Jean Legros, deux lettres dominicales sont indiquées : celle de droite correspond aux années communes et à la période de mars à décembre des années bissextiles ; celle de gauche est valable uniquement pour les mois de janvier et février des années bissextiles.

Les différents cadrans du comput ecclésiastique

L’indication de la lettre dominicale

Le cadran récapitulatif des fêtes mobiles

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En haut à gauche du comput, on trouve un cadran consacré au calcul de l’épacte. L’épacte est le jour de la Lune au 1er janvier de l’année en cours. La lunaison est comptabilisée à partir de la dernière nouvelle Lune. Elle permet ainsi de faire coïncider les phases remarquables sur le calendrier et de connaître l’aspect de la Lune pour n’importe quel jour de l’année. Cette valeur varie généralement de 11 d’une année à l’autre (plus rarement de 12). Le calcul de l’épacte pour le calendrier Grégorien est très complexe puisqu’il prend en considération à la fois la valeur de l’épacte du calendrier Julien (calendrier utilisé avant la réforme grégorienne de 1582, si bien qu’une transformation est nécessaire aujourd’hui), l’équation solaire et l’équation lunaire. L’épacte est notamment utilisée pour placer la date religieuse de Pâques.

En haut à droite, le cadran est pour l’indiction romaine qui, finalement, n’a rien d’astronomique. L’origine de cette information date de 313 et se base sur un cycle de 15 ans, période qui séparait deux levées d’impôts et qui annonçait la convocation à de grandes assemblées. Sa valeur varie donc de 1 à 15. Il s’agit là probablement d’une information rémanente du calendrier Julien.

Pour connaître le nombre d’or, il faut se référer au cadran inférieur gauche. Le nombre d’or est lui, lié au cycle métonique qui dure 235 mois lunaires et près de 19 années tropiques terrestres. Les phases de Lune reviennent à l’identique pour chaque date de l’année après cette période. C’est l’astronome grec Méton qui avait remarqué cette particularité en -432. Le nombre d’or est le rang de l’année dans ce cycle de 19 ans, sa valeur varie donc de 1 à 19. Il peut aussi être utilisé pour déduire la date de Pâques. Pour calculer ‘‘simplement’’ le nombre d’or, il faut ajouter 1 à la valeur de l’année en cours et diviser par 19. Ce qu’il reste de la division est le nombre d’or.

Enfin, le cadran inférieur droit indique le cycle solaire. Il s’agit là d’une période de 7 fois 4 années bissextiles, soit un total de 28 années. Au terme de ce cycle, les jours de la semaine reviennent aux mêmes dates que 28 ans plus tôt.

Le calendrierÀ l’opposé du comput ecclésiastique, se trouve le calendrier perpétuel. La réalisation de ce calendrier est, de l’aveu même de Jean Legros, la partie de l’horloge qui a demandé le plus de travail et de trouvailles. En effet, il a fallu prendre en considération les nombreuses particularités du calendrier Grégorien – par exemple les années bissextiles et le mois de février court – et les retranscrire en mécanique, pour obtenir un calendrier perpétuel fonctionnel et sans erreur sur des échelles de temps très longues.

Le cadran du cycle solaire gradué de 1 à 28

Le cadran du Nombre d’Or gradué de I à XIX

L’indiction romaine graduée de I à XV

Le cadran de l’épacte gradué de 1 à 29

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Le jour de la semaine se lit sur un petit disque pointé par une aiguille rouge. Le quantième du mois (le numéro du jour dans le mois) en cours se lit par l’intermédiaire d’un cache mobile doté d’une ouverture, sur un autre disque situé sur la droite un peu en retrait. Le nom du mois se lit dans la fenêtre d’un troisième disque. L’année est indiquée par les deux chiffres les plus à droite du calendrier : la décennie se lit sur le petit disque, l’unité sur le plus grand cercle. La date change chaque jour à minuit. Il semblerait qu’il n’existe que deux calendriers perpétuels de ce type : l’un sur l’horloge monumentale de Strasbourg, l’autre sur l’horloge astronomique de Reims.

Le compteur d’années quant à lui se trouve sur le côté, toujours dans la partie inférieure de l’horloge. Ce compteur composé de quatre anneaux – un pour le millénaire, un pour la centaine, un pour la dizaine et un pour l’unité – permet par un jeu de couleurs de voir au ‘‘premier coup d’œil’’ si l’année est ou non bissextile. Si le nombre de chiffres rouges est pair, alors l’année est bissextile. La partie mécanique dédiée à ce compteur d’années déclenche d’ailleurs plusieurs cadrans du comput ecclésiastique qui sont, de fait, liés à une année en particulier.

La carte du cielLa carte du ciel, colorée d’un joli bleu nuit, fait 2 mètres de diamètre et surplombe l’horloge. Elle représente les principales étoiles, les constellations visibles, ainsi que la Voie lactée dans le ciel nocturne de la région de Champagne. À l’instar d’un astrolabe ou d’un planisphère céleste mobile, cette carte indique les astres visibles dans le ciel et ceux qui sont couchés sous l’horizon.

L’axe qui part de la partie centrale de l’horloge entraîne en fait quatre mouvements distincts. D’abord le disque de la carte du ciel fait un tour en un jour sidéral, soit 23 heures, 56 minutes et 4 secondes. Ensuite, la tige qui porte le Soleil qui fait un tour en 24 heures. Il y aussi une tige qui porte la Lune et qui fait un tour en 24 heures et 51 minutes. Enfin, un dernier mouvement concerne celui des nœuds lunaires en effectuant un cycle en plus de 18 ans, la même période que pour les tambours des Saros.

Un rail, symbolisant l’écliptique, passe sur cette carte. Ainsi, la course du Soleil dans le ciel tout au long de l’année est représentée. La position du Soleil le long de ce rail permet donc de connaître la constellation dans laquelle il se trouve, de déduire approximativement quand il se lève, quand il se couche et sa hauteur par rapport à l’horizon à n’importe quel moment de la journée. Un système ingénieux de tige télescopique permet de maintenir le Soleil le long de ce rail, quelle que soit sa distance par rapport au centre de la carte, là d’où part la tige.

Les cadrans indiquant le jour de la semaine et la date

Le compteur d’années constitué de quatre tambours

Vue rapprochée de l’axe de la carte du ciel

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La Lune, elle-aussi, est représentée à la bonne position sur la carte du ciel et de la même manière que pour le Soleil, elle coulisse sur une tige télescopique le long d’un rail. Ce dernier, dédié à l’astre lunaire, est beaucoup plus complexe que celui symbolisant l’écliptique puisque suspendu sous la carte du ciel et mu par des manivelles qui vont lui permettre d’osciller. Cette oscillation, dont la période est de plus de 18 ans, représente la période

de révolution des nœuds lunaires, c’est-à-dire le temps qui sépare le retour de la Lune à l’exacte position par rapport aux étoiles. La Lune est aussi dotée d’un cache variable qui permet de figurer la phase adéquate.

Les éclipses peuvent aussi être représentées puisque lorsque celles-ci se produisent, le Soleil et la Lune se superposent sur la carte du ciel. Cela intervient précisément aux nœuds, lorsque la trajectoire de la Lune croise celle de l’écliptique. La précision n’est pas absolue puisque la taille apparente des disques de la Lune et du Soleil a été grandement amplifiée pour une meilleure lisibilité.

Le planétaireLe planétaire est déporté mais le mécanisme est bien entraîné par les mêmes poids que ceux de la partie centrale de l’horloge. Y sont figurés, au centre, le Soleil qui est immobile et symbolisé par une ampoule et, autour de lui, les 9 planètes : Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et... Pluton. À l’époque de la réalisation de l’horloge et plus particulièrement du planétaire en 1941, Pluton avait été découverte depuis une dizaine d’années et était considérée comme une planète. Ce n’est qu’en 2006, lors de la réunion de l’Union Astronomique Internationale à

Vue globale de la carte du ciel mobile au-dessus au sommet de l’horloge astronomique

La représentation de Saturne sur le planétaire

La représentation de la Lune sur la carte du ciel

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Prague, que Pluton s’est vue déchoir de son statut de planète à part entière.

Ici, les orbites planétaires sont représentées par des cercles et non des ellipses comme dans la réalité. Cela étant, la période de révolution est parfaitement respectée. Mercure effectue un tour du planétaire en 88 jours, Vénus en 224 jours, la Terre en un an évidemment. Viennent ensuite Mars en 687 jours (un peu moins de deux ans), Jupiter en un peu plus de 11 ans, Saturne en 29 ans, Uranus en 84 ans, Neptune en 164 ans et Pluton en 248 ans. Le déplacement de Pluton sur ce planétaire ne représente qu’un seul centimètre par an. La Lune, elle-aussi, est représentée sur le planétaire et tourne autour de la Terre.

La date figure sur le planétaire : on peut la lire grâce à quatre cadrans et tambours. Dans la partie supérieure, on va pouvoir établir le numéro de la semaine ainsi que l’année en cours. La semaine se lit sur le cercle horizontal, l’année grâce aux deux

cadrans juste en dessous ; celui de gauche pour la dizaine, celui de droite pour l’unité. Enfin, dans la partie inférieure, au pied du planétaire, un grand cercle indique l’heure et, à l’intérieur de celui-ci, un petit disque donne le jour de la semaine.

Le planétaire avait vocation à se rendre indépendant du reste du mécanisme de l’horloge. Jean Legros souhaitait en effet pouvoir l’utiliser à des fins pédagogiques pour montrer le mouvement des planètes et les importantes différences des périodes de révolution. Grâce à une manivelle, il était ainsi possible ‘‘d’accélérer’’ le déplacement des planètes et de mettre en évidence que la révolution de Mercure est plus rapide que celle de Vénus, qui est plus rapide que celle de la Terre, etc.

Visiter l’horlogeL’horloge astronomique de Jean Legros est visible librement au sein de l’espace muséographique du planétarium de Reims de 14 heures à 18 heures, le mercredi, samedi et dimanche en période scolaire et tous les jours des vacances scolaires. Le planétarium se trouve au 49 de l’avenue du Général de Gaulle à Reims. Plus d’informations sur www.reims.fr ou au 03 26 35 34 70.

Vue générale du planétaire à l’arrière du reste de l’horloge

Le GAAC en visite au planétarium de Reims en juin 2014

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La mission Astroqueyras 2015Par Damien Devigne

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SamediJe rejoins Wancourt vers 6h00. Nous répartissons les bagages, les vivres et les copains dans les quatre voitures et nous mettons en route. Reims... Dijon... Lyon... Les kilomètres défilent rapidement. Après un petit détour par l’Italie, nous attaquons les petites routes de montagne et nous commençons à nous délecter des magnifiques paysages montagneux. Puis c’est le traditionnel arrêt au col de l’Izoard et nous gagnons Saint-Véran. Quel bonheur de voir apparaître sa petite église et ses maisons typiques. Nous rejoignons le gîte des Gabelous pour passer la nuit.

DimancheLe Soleil perce à travers les volets de notre chambre. Je me lève discrètement et j’ouvre ma valise pour attraper quelques affaires, le doux bruit de la fermeture éclair réveille mes collègues. Nous nous levons et allons prendre le petit déjeuner. Pour trois d’entre nous, le petit déjeuner se doit d’être copieux car nous prévoyons de monter à pieds.

François, Thomas et moi préparons quelques affaires pour la randonnée. Nous descendons sur le parking abandonner nos valises aux copains qui attendent Dominique. Nous montons dans le village jusqu’au bas des pistes de ski. Nous suivons ensuite un sentier tranquille et nous commençons à croiser quelques marmottes qui nous saluent de leur sifflement. Nous atteignons le bas du téléski du Grand Serre où nous votons démocratiquement la suite du trajet. Niveau de difficulté 1 : suivre la piste bleue. Niveau de difficulté 2 : suivre la piste rouge. Niveau de difficulté 3 : suivre la remontée mécanique. A l’unanimité, nous décidons de suivre la

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piste rouge, ou tout au moins le trajet estimé de celle-ci. Nous atteignons enfin le Grand Serre et nous posons un instant pour attaquer un saucisson. Le reste de la randonnée est plus tranquille, le nouveau chemin est balisé et nous rejoignons finalement la station. Nous avons mis trois heures.

Nous découvrons la nouvelle station. C’est... beau... immense... confortable... perturbant... La nostalgie de notre vieille cabane est vite effacée par l’hospitalité de ce qui nous semble être un 4 étoiles. Nous sommes accueillis par un apéro au soleil. Nos copains d’Olympus Mons nous ont laissé une sauce bolognaise maison, la plâtrée de pâtes qui l’accompagne est la bienvenue pour nous remettre de notre ascension. Nous filons ensuite faire une sieste pour pouvoir profiter de la première nuit qui semble très prometteuse.

À peine levés, il est déjà temps de penser au repas du soir. Huguette est mon commis (d’office) pour la préparation d’un grand plat de chicons [NDLR : endives] au maroilles. Indécrottables nordistes. Dominique nous fait le briefing de la nouvelle station, je l’écoute depuis la cuisine. À l’heure de se mettre à table, tout le monde est dehors pour regarder le Soleil se coucher dans un festival de couleurs. La station toute entière commence à être embaumée d’un délicat parfum du nord. Tout le monde rentre manger. C’est la première fois que deux missions cohabitent : dans la salle commune, les deux missions mangent côte à côte et nous partageons la fin de notre plat avec eux. De l’avis général, le maroilles n’a finalement pas le goût de ce qu’il sent.

Une fois le repas englouti, la table est bien vite désertée. Tout le monde se prépare pour la nuit d’observation. Je file dehors admirer la Voie lactée qui est toujours aussi impressionnante ici. Je rejoins ensuite la grande coupole et nous commençons la nuit par du “grand tourisme” : le ciel de Saint-Véran conjugué au diamètre de l’instrument nous fait redécouvrir quelques Messier. Nous entamons ensuite le programme de la mission et observons notamment G73, un amas globulaire de la galaxie M31. Une “crotte de mouche” pour reprendre les termes employés par Michel. Dehors, Simon s’affaire sur le 400 du club, François galère un peu sur la flatfield (comme à chaque début de mission) et Gervais fait de l’astro-pantoufles en pilotant son matériel depuis la cuisine.

Premier contact avec la nouvelle station

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• • • • VOYAGE

Nous attendons que la Lune monte un peu pour pouvoir la pointer au T62 sans risquer de le coincer dans les balustrades et nous fermons la coupole vers 2h00. François, en quittant la petite coupole, débranche malencontreusement l’alimentation de nos co-missionnaires en train d’observer à l’extérieur. Simon nous propose de mettre le réveil à 6h50 pour observer le rayon vert. Mes tentatives des années précédentes ont été assez décevantes (OK, c’était vaguement verdâtre), je ne mets donc pas mon réveil.

LundiJ’ouvre les yeux vers 6h45, j’hésite un court instant, je me dis que j’aurai toute la journée pour me reposer et

que ce serait quand même idiot de rater un rayon vert alors que je suis réveillé ! Je saute dans ma combinaison de ski et je file dehors. Simon et Michaël sont déjà là, Thomas nous rejoint. Nous essayons de deviner où apparaîtra le Soleil en nous aidant les sommets environnants qui commencent à s’illuminer. Et vers 7h05, un diamant éclatant d’un bleu électrique intense, comme un arc de soudure, surgit de derrière la montagne. C’est mon premier “vrai” rayon bleu. Il est magnifique. Je regagne la station et quelques courbatures me rappellent la belle ascension d’hier.

La journée est ponctuée par quelques balades autour de la station, en particulier la montée du pic pour admirer encore et encore les sommets environnants. En début d’après-midi, je discute avec un couple de randonneurs étonnés de tomber sur un observatoire à cet endroit. Nous discutons de l’Univers, des galaxies, des distances, du temps...

Le coucher de Soleil nous offre à nouveau un beau rayon vert, bleu pour certains. Simon immortalise sur la même photo un rayon bleu et un rayon vert, dans deux petits creux de la crête à l’horizon. Les couleurs pastel laissent peu à peu la place à un bleu sombre, puis un noir profond déchiré par une Voie lactée foisonnante de détails. Nous commençons la nuit par Saturne au T62. Le grossissement de l’instrument est impressionnant, dommage que nous soyons obligés de nous limiter à cause de la faible hauteur de Saturne. Je file dehors faire quelques photos d’ambiance, je suis très rapidement stoppé par la montée de la brume. Malheureusement, la nuit s’arrête là.

MardiJe me lève de bonne heure pour voir si le ciel nous fera la grâce d’un nouveau rayon bleu. Le ciel est entièrement plombé, le Viso n’est même pas visible. Il faut trouver à s’occuper. Je prépare deux tartes au citron que nous partagerons avec nos co-missionnaires. François nous prépare une de ses potées dont il a le secret. L’après-midi, chacun essaie de tuer le temps comme il le peut : traitement photo pour les uns, bouquinage ou sieste pour les autres. Pour ma part, je monte au pic bien emmitouflé, je m’allonge à côté du cairn et je roupille pendant une bonne heure avec Led Zeppelin dans les oreilles.

Première (et seule) nuit étoilée

Pic de Château Renard, désormais, c’est écrit dessus !

Détente au sommet du Pic

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• • • • VOYAGE

Nous mangeons une pizza en imaginant le Soleil se coucher derrière les épais nuages, il n’y aura pas de rayon vert ce soir. Nous nous couchons tôt pour accumuler des heures de sommeil au cas où les nuits suivantes seraient dégagées. Les optimistes qui avaient fait une sieste dans l’après-midi ont quant à eux bien du mal à trouver le sommeil.

MercrediMichaël et moi nous levons tôt pour tenter de voir le rayon vert. Il a neigé cette nuit. Le ciel est assez dégagé : côté Italie, derrière la crête où le Soleil doit se lever, un petit nuage dépasse à peine mais suffit à gâcher la fête. Nous rentrons manger des œufs brouillés à la coppa avec Gervais qui s’est levé entre

temps. Nous sommes rejoints par Thomas (trop tard pour les œufs brouillés !) et nous décidons de partir à trois en randonnée. L’air est frais et vivifiant. Nous suivons les crêtes en direction du mont Viso. Nous apercevons un chamois un peu plus loin, mais il disparaît avant que nous ayons le temps de l’immortaliser. Sous nos pieds s’étend un gigantesque tapis de quelques centaines d’edelweiss pour la plupart pris en glace. C’est magnifique.

Nous remarquons des nuages qui montent de part et d’autre des crêtes et nous décidons d’écourter la randonnée pour ne pas se faire piéger par le brouillard. Nous croisons quelques marmottes sur le retour. Nous regagnons la station où les nuages en formation servent de décor à des timelapses.

Après une petite montée au pic, nous déjeunons puis je descends en Duster au village avec Thomas pour aller chercher David. Nous croisons de nombreuses marmottes en descendant la piste. Arrivés au village, nous prenons le temps de nous offrir une glace artisanale que nous mangeons au soleil avant de rejoindre Guillestre. Redescendre à Guillestre en pleine semaine est assez déprimant : c’est la route du retour. Nous arrivons juste à l’heure pour accueillir David à la gare. Sur la route du retour, nous suivons un autochtone en quad qui nous tient la dragée haute jusque Villevieille. Nous rentrons juste à l’heure pour l’apéro, puis nous mangeons la tartiflette préparée à notre intention par nos co-missionnaires (c’est en fait notre repas d’accueil, retardé de quelques jours). Nous partageons avec eux une mousse au chocolat préparée par Huguette. Enfin, partageons... De notre côté, nous n’en aurons que l’odeur. Il n’y en a pas assez pour tout le monde.

Dehors le Soleil se couche derrière les nuages avant de laisser de nouveau place à un peu de neige. La soirée démarre par un blind test musical animé autour d’une bouteille de vodka apportée par Michaël. La soirée continue par un blind test musical très animé autour d’une bouteille de Rhum Don Papa. La soiirrréée se tterbide autrr dz zzzzz...

Edelweiss givrés !

Une bonne glace maison au village

Le début d’une nouvelle collection

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JeudiJe me lève tôt pour tenter de voir le rayon vert (c’est une obsession !). Le ciel est complètement bouché, on ne voit rien à plus de 15 mètres. Je crois que c’est encore foutu pour ce matin. Dominique monte chercher des membres de l’autre mission et Huguette profite du taxi pour redescendre au village. Le temps se dégage un peu et tout le monde se promène dehors.

Cet après-midi, c’est randonnée, sauf pour Gervais qui garde la station. François et David descendent à la mine de cuivre. Michel, Thomas, Michael, Simon et moi partons en direction du Grand Serre. Nous traversons de grandes crevasses, l’une d’elles cache encore un gros tas de neige. Dans la descente vers le Grand Serre, nous fouillons les pierriers à la recherche de cristaux de quartz. En remontant vers la station, Michel et moi reconnaissons bien le trajet que nous avions emprunté l’hiver et qui passe non loin des grandes crevasses.

C’est l’heure de la formation “chef de station” pour Simon, Gervais, Michel et moi. Pierre traverse la station d’un bout à l’autre avec nous pour nous en faire découvrir les moindres recoins. Nous en apprenons un peu plus sur son fonctionnement et les procédures à appliquer. Les membres restants de l’autre équipe préparent leur départ et nous laissent quelques victuailles.

VendrediDominique monte à la station pour emmener les membres restants de l’autre mission, ainsi que David qui les accompagne afin de pouvoir fêter son anniversaire chez lui dimanche. Son séjour aura été de courte durée ! Jusqu’à l’arrivée de la mission suivante samedi midi, les 7 membres du GAAC restants seront les seuls occupants de la station.

Je pars en randonnée au col du Longet avec Thomas. L’air est très frais mais le Soleil de plus en plus présent nous réchauffe bien. Nous faisons l’aller-retour en 3 heures. Pendant le

retour, nous voyons passer le pickup de Dominique. Il est accompagné de ses deux voisines et de Jacques Adda. François, dragueur, enchante les voisines de Dominique de quelques morceaux de piano.

Nous mangeons ensuite des ficelles picardes. Pendant notre repas, deux vététistes (électriques) nous rejoignent. Ils ont croisé Dominique qui les a invités à rentrer nous saluer à la station. Comme nous ne sommes plus que 7, il y a assez de place pour leur permettre de manger leurs sandwichs à l’intérieur avec nous. Nous leur proposons de partager notre dessert. Ils sont chanceux aujourd’hui, c’est crêpes suzette ! Michel leur fait ensuite visiter la

Ambiance lugubre... L’observatoire dans le brouillard depuis le Pic

À défaut d’astronomie, un peu de géologie

Photo de groupe avant le départ (précipité) de David

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• • • • VOYAGE

station, puis nous partons à deux randonner jusqu’au Grand Serre. Au loin dans un pierrier, nous voyons se fondre une colonie de lagopèdes, trahie par des caquètements caractéristiques. Au Grand Serre, nous croisons deux magnifiques chamois qui se laissent approcher, probablement une mère et son petit. Arrivé à une certaine distance, la mère me fait face en penchant la tête, l’air de me signifier : “Tu vois ces deux magnifiques cornes, là, au sommet de mon crâne ? Souhaites-tu réellement les voir de plus près ?”. À peine une demi-heure après notre retour, la station est de nouveau plongée dans d’épais nuages.

Nous nous mettons d’accord avec Dominique pour un départ avancé à demain matin. La soirée est donc consacrée aux rangements, nettoyages et préparation du repas d’accueil de la mission suivante, même si nous ne le partagerons pas ensemble. Nous commençons à remballer nos affaires avant d’aller nous coucher.

SamediLever de bonne heure, pour une ultime tentative de rayon bleu. Le ciel est plombé, mais les nuages ne descendent pas dans le creux des crêtes où le Soleil doit se lever. Je sors le matériel photo et je me prépare à immortaliser l’instant. À mesure que l’on approche de l’heure du lever, le plafond nuageux descend à la rencontre des crêtes. 30 secondes avant le lever, c’est le contact. Le Soleil se lève alors péniblement derrière le nuage, pas de rayon bleu ce matin. Finalement, j’ai bien fait de me lever le premier matin.

Nous terminons de remballer nos affaires et nous briquons la station pour les suivants. Nous sortons tous les bagages et attendons le pick-up de Dominique. C’est le moment de profiter une dernière fois du paysage en haut du pic. Le pick-up et le Duster sont chargés, il n’y aura pas de places assises pour tout le monde. François et Michel prennent le chemin du Grand Serre pour redescendre au village. Nous nous rejoignons tous sur le parking où nous croisons nos visiteurs de la veille, enchantés de l’accueil qu’ils ont reçu. C’est le moment de saluer Dominique, de jeter un dernier coup d’œil au village et de reprendre la route.

Rapidement, une pluie battante nous rappelle durement à la réalité. Les vacances sont finies, bientôt, ce sera “le Nord”. La semaine a été astronomiquement très décevante à cause de la météo. Mais, pour ma part, l’environnement montagneux, ses paysages grandioses et les possibilités de randonnées qu’il nous offre m’ont procuré une coupure reposante pour laquelle je ne regrette vraiment pas d’être monté là-haut.

Contact rapproché avec la faune locale

Une dernière montée au Pic pour admirer le panorama avant de reprendre la route du Nord...

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Quelques (trop rares) résultats• • • • VOYAGE

La galaxie M33 - 6 septembre 2015Caméra Atik 314 L et lunette Esprit 120 ED - Gervais VANHELLE

La galaxie NGC 6822 - 6 septembre 2015Caméra Atik 314 L et lunette Esprit 120 ED - Gervais VANHELLE

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• • • • VOYAGE

La galaxie IC10 - 6 septembre 2015APN Canon 1000D et flatfield 180/760 - François LEFEBVRE

La région de M24 - 7 septembre 2015APN Canon EOS 1000D et flatfield 180/760- François LEFEBVRE

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• • • • VOYAGE

La galaxie M110 et l’amas globulaire G73 - 6 septembre 2015Oculaire Ethos 21 mm et T62 Astroqueyras - Michel PRUVOST

L’amas globulaire G73 - 6 septembre 2015Oculaire Ethos 8 mm et T62 Astroqueyras

Simon LERICQUE

L’amas globulaire G73 - 6 septembre 2015Oculaire Ethos 13 mm et T62 Astroqueyras

Michaël MICHALAK

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• • • • VOYAGE

La nébuleuse planétaire NGC 6445 - 7 septembre 2015Oculaire Ethos 13 mm et T62 Astroqueyras

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michaël MICHALAK

Saturne et ses satellites7 septembre 2015

Oculaires Ethos 21 et 13 mm et T62 Astroqueyras

Michel PRUVOST

La galaxie NGC 6946 - 6 septembre 2015Oculaire Ethos 13 mm et Dobson 400/1800

Simon LERICQUE

La galaxie NGC 6822 - 6 septembre 2015Oculaire Ethos 21 mm et Dobson 400/1800

Simon LERICQUE

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• • • • VOYAGE

Dessin du Soleil - 11 septembre 2015Oculaire Lanthanum 18mm et lunette 60/800 - Michel PRUVOST

Le Soleil dans la longueur d’onde du CalciumCaméra Inova PlaC2 et Lunt 60 B1200 CaKle 11 septembre 2015 - François LEFEBVRE

APN Canon EOS 7D et Lunt 60 B1200 CaKle 11 septembre 2015 - Simon LERICQUE

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• • • • VOYAGE

Taches solaires en Calciumle 11 septembre 2015

Caméra Inova PlaC2 et Lunt 60 B1200 CaK

François LEFEBVRE

Taches solaires en Hale 11 septembre 2015

Caméra Inova PlaC2 et Lunt 60 B1200 Ha

François LEFEBVRE

Dessins de taches solaires en lumière blanche

le 11 septembre 2015

Oculaire Lanthanum 10mm et lunette 60/800

Michel PRUVOST

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• • • • VOYAGE

Triple rayon bleu au soir du 6 septembre 2015APN EOS Canon 7D et téléobjectif 70/300 - Simon LERICQUE

Rayon vert et bleu au soir du 7 septembre 2015APN EOS Canon 7D et téléobjectif 70/300 - Simon LERICQUE

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• • • • VOYAGE

Rayon bleu et violet et matin du 7 septembre 2015APN EOS Canon 7D et téléobjectif 70/300 - Simon LERICQUE

Gloire, spectre de Brocken et arc de brouillard - 10 septembre 2015APN EOS Canon 7D et objectif fisheye 8mm- Simon LERICQUE

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• • • • VOYAGE

Jeu d’ombre avec la lumière de la Lune - 7 septembre 2015APN EOS Canon 7D et objectif fisheye 8mm - Simon LERICQUE

La Voie lactée au-dessus de l’observatoire- 7 septembre 2015APN EOS Canon 7D et objectif fisheye 8mm - Simon LERICQUE

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• • • • VOYAGE

Ambiances nocturnes dans la nuit du 6 au 7 septembre 2015

APN EOS Canon 7D et objectif fisheye 8mm - Simon LERICQUE

Les trois coupoles de l’observatoire sous les étoiles - 7 septembre 2015

APN EOS Canon 7D et objectif fisheye 8mm - Simon LERICQUE

La Voie lactée d’été - 7 septembre 2015

APN Canon EOS 400d et objectif 18-55mmMichaël MICHALAK

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Souvenirs d’éclipsePar Simon Lericque

• • • • OBSERVATION

Elle était belle cette éclipse lunaire ! Après la météo capricieuse du mois de mars dernier qui nous avait malgré tout permis d’observer le beau croissant solaire entre les nuages, cette fois-ci pour l’éclipse de Lune de septembre, c’est une grande partie de la France qui a pu profiter d’un ciel parfaitement dégagé.

Rendez-vous est pris depuis longue date... Une journée de congé est posée. Merci la mécanique céleste d’être aussi régulière ! Approchant de la date fatidique, je consulte fébrilement les sites météo : les prévisions sont toutes étonnamment optimistes et, une fois n’est pas coutume, pourront se vérifier. Je n’aurai pas à parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour observer le phénomène. Avec quelques camarades du GAAC – Serge, Michel, Stephen et Laurent – nous nous retrouvons sur le site de Vitry-en-Artois vers minuit. Le ciel est absolument parfait, pas un nuage, mais l’humidité est forte, ce qui nous jouera quelques tours. Le Dobson 400 est d’ailleurs bien vite embué et ne verra jamais l’éclipse. Dommage !

Malgré tout, nous sommes là, sous la pleine Lune, parfaitement ronde. Il est amusant de se dire que d’ordinaire nous maudissons la présence de cet astre des nuits, extrêmement lumineux, qui nous empêche de pratiquer notre sport favori. Mais cette nuit, nous n’avons d’yeux que pour elle... 1 heure du matin, l’attente commence, nous fignolons le réglage de nos instruments, de nos appareils photo : je mets d’ailleurs en place un boîtier qui ‘‘filmera’’ la totalité de l’éclipse façon ‘‘timelapse’’. Nous en profitons aussi pour faire quelques photos souvenir avec les lunettes ‘‘spéciales éclipse’’. Celles-ci passeront à la postérité...

À 2h11, l’éclipse débute... Nous attendions ce moment plus symbolique qu’autre chose. L’éclipse de Lune vient officiellement de débuter puisque la Lune commence à pénétrer doucement mais sûrement dans la pénombre de la Terre. Il faudra attendre un gros quart d’heure pour commencer à voir un assombrissement au Nord-Est du disque sélène. Celui-ci se fera de plus en plus marqué. Peu après 3 heures du matin, la Lune débute son entrée dans l’ombre. Le limbe disparaît de plus en plus. Lorsque la

Fin prêt !

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• • • • OBSERVATION

Lune est à moitié éclipsée, nous commençons à percevoir la fameuse coloration rougeâtre. Si discrète dans un premier temps, celle-ci devient vite évidente à mesure que l’on s’approche de la totalité. À travers un télescope, les couleurs sont splendides : du blanc éclatant au rouge sang, en passant par toute une gamme d’orangés. La limite entre ombre et lumière se teinte également d’un bleu turquoise caractéristique des belles éclipses. Le contraste de luminosité lui-aussi est spectaculaire avec un liseré encore fortement éclairé et, à l’opposé, les autres régions déjà profondément plongées dans l’ombre de la Terre.

A 4 heures et 11 minutes, la phase totale débute et ce, pour un peu plus d’une heure. Rapidement, la luminosité de la Lune décroit. L’éclipse sera sombre et profonde. Autour de nous, l’ambiance s’est elle aussi

obscurcie : nous ne parvenons plus à lire le journal, avons du mal à nous déplacer sans la frontale, tâtonnons à faire les réglages des appareils photos numériques (qui crépitent toujours beaucoup). Au-dessus, de nombreuses étoiles sont maintenant visibles. Alors que nous comptions sur les doigts d’une main les étoiles visibles à notre arrivée sous la classique pleine Lune, nous apercevons désormais la Voie lactée ou la discrète constellation des Poissons qui accueille justement la star du jour. Hélas, la pollution lumineuse, jusqu’ici masquée par la blanche lumière de la Lune fait également son apparition. Pour aujourd’hui, cela n’est pas bien grave car si la surface de la Lune est 1000 fois moins lumineuse que tout à l’heure, cela reste suffisant pour que le spectacle soit grandiose.

À 4h47, au moment précis du maximum de l’éclipse, un ‘‘plop’’ vient rompre la relative quiétude des lieux. Je viens de déboucher ‘‘la’’ bouteille qui fête notre grande réussite. Une éclipse totale de Lune, ça n’est pas tous les jours – toutes les nuits mêmes – et cela doit se célébrer dignement. Tous nous serons surpris par le peu de lumière que nous renvoie la surface lunaire. Cette éclipse est vraiment sombre mais n’en reste pas moins fortement colorée. À l’approche de la fin de la totalité, à 5h23, la Lune décline sur l’horizon, l’humidité devient omniprésente et de légers voiles nuageux commencent à envahir le ciel. Tout cela n’empêche évidemment pas d’observer le phénomène mais les résultats photographiques s’en ressentent quelque peu.

En sortant progressivement de l’ombre, notre satellite s’illumine à nouveau ; le reste du ciel également d’autant que le retour du jour commence à se faire sentir vers l’horizon Est. D’ailleurs, dans les premières lueurs du crépuscule, nous observons un bel alignement planétaire : l’étincelante Vénus domine Mars – d’un bel éclat rouge lui-aussi – et, plus bas sur l’horizon, la géante Jupiter complète le tableau. Décidément, la mécanique céleste et les hasards météorologiques ont décidé d’être de notre côté... Pour une fois !

6h27 : c’est la fin ! La fin de la phase partielle... La Lune est complètement sortie de l’ombre et même si elle mettra encore une bonne heure à s’extirper définitivement de la pénombre, c’est le moment que nous choisissons pour replier le matériel. Certains auront la chance d’aller dormir après une nuit blanche, d’autres après un réveil très matinal enchaîneront avec une journée de travail. Mais quoiqu’il en soit, tous garderons gravée au fond de la rétine cette belle éclipse lunaire du 28 septembre 2015 !

Une inquiétude ?

Une éclipse totale de Lune, ça n’est pas tous les jours et ça se fête !

Ambiance de fin d’éclipse, aux premières lueurs de l’aube

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• • • • OBSERVATION

Peu après le premier contact avec l’ombre - Vitry-en-Artois (62)APN Canon EOS 7D et téléobjectif Sigma 150-500 - Stephen KOWALCZYK

La Lune à moitié éclipsée - Vitry-en-Artois (62)APN Canon EOS 7D et téléobjectif Sigma 150-500 - Stephen KOWALCZYK

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• • • • OBSERVATION

Photographies avec la technique HDR - Vitry-en-Artois (62)APN Canon EOS 7D et téléobjectif Sigma 150-500 - Stephen KOWALCZYK

Au coeur de la totalité - Chéreng (59)Caméra CCD Inova PlaC2 et lunette 66/400 - François LEFEBVRE

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• • • • OBSERVATION

Vitry-en-Artois (62) - APN Canon EOS 7D et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Vitry-en-Artois (62) - APN Canon EOS 7D et téléobjectif Sigma 150-500 - Stéphen KOWALCZYK

L’éclipse en grand champ - Vitry-en-Artois (62)APN Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm - Simon LERICQUE

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• • • • OBSERVATION

L’éclipse au moulin de Steenvoorde (59)APN EOS Canon 6D et objectif Canon 17/40 - Sylvain WALLART

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• • • • OBSERVATION

L’éclipse au moulin de Steenvoorde (59)APN EOS Canon 6D et objectif Canon 17/40 - Sylvain WALLART

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Chapelet de l’éclipse - Forest sur Marque (59)APN Canon EOS 70D et lunette 72ED - Olivier DERACHE

Chapelet de l’éclipse - Vitry-en-Artois (62)APN Canon EOS 7D et lunette Orion 80ed - Simon LERICQUE

Ambiance sous l’éclipse

Vitry-en-Artois (62)Canon 7D et objectif Tokina 11-16

Simon LERICQUE

• • • • OBSERVATION

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La galerie

48................................................................................ Au bout du pinceau

49.................................................................................... Soleil d’automne

51..................................................................Petit tour du Système solaire

54............................................................... La Voie lactée se met en scène

55....................................................................................La petite dernière

Sommaire

L’activité solaire est dans sa phase décendante dit-on. Et pourtant ces derniers mois, plusieurs groupes de taches, spectaculaires, sont apparus à la surface de notre étoile et ont pu être suivis plusieurs jours. Le Soleil, décidément, nous réserve toujours de belles surprises.

Elle aime se mettre en scène ! Sous de beaux cieux dénués de pollution lumineuse, notre Voie lactée est toujours spectaculaire lorsqu’elle s’étend au-dessus de l’horizon, de quoi réaliser de belles photographies.

La peinture d’objets célestes est une discipline que l’on ne voit que rarement. Il s’agit pourtant d’une technique qui permet d’obternir des résultats à la fois esthétiques et étonnants...

La Lune, Jupiter, Saturne, Vénus et même les lointaines planètes glacées Uranus et Neptune ont pu être observées et photographiées ces dernières semaines. L’occasion de réaliser un portrait quasiment complet de notre famille planétaire.

• • • • LA GALERIE

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Au bout du pinceau• • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire Dumbbell M27 - peinture à la gouache, lunette SkyWatcher ED 100/900 - Lauragais (81) - Été 2014 - Philippe NONCKELYNCK

La comète Churyumov-Gerasimenko - Peinture acrylique d’après photographie de l’ESAÉté 2015 - Philippe NONCKELYNCK

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• • • • LA GALERIE

Protubérances solaires - Vitry-en-Artois (62) - 4 octobre 2016Caméra DMK 31 NB et lunette Lunt 60 B1200 Ha - Simon LERICQUE

Mosaïque solaire en Calcium - Wancourt (62) - 26 octobre 2015Caméra DMK 31 NB et lunette Lunt 60 B1200 CaK - Simon LERICQUE

Soleil d’automne

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• • • • LA GALERIE

Zones actives à la surface du Soleil - Wancourt (62) - 26 octobre 2015Caméra DMK 31 NB et lunette Lunt 60 B1200 CaK - Simon LERICQUE

Mosaïque solaire en Calcium

Vitry-en-Artois (62) 4 octobre 2015

Caméra DMK 31 NB et lunette Lunt 60 B1200 CaK

Simon LERICQUE

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Jupiter et ses satellites - 8 février 2015 - Oignies (62)Caméra DMK 41 et lunette SkyWatcher Esprit 120 ED - Gervais VANHELLE

• • • • LA GALERIE

Transit de Io et son ombre projetée le 13 avril 2015 - La Collancelle (58)Caméra DMK 21 NB et lunette Hélios 150/1200Patrick ROUSSEAU

Petit tour du Système solaire

Jupiterle 18 avril 2015 - Observatoire de Lille (59)Caméra Inova PlaC2 et lunette Jonckheere 320/6000François LEFEBVRE

Jupiter, sa grande tache rouge et Io le 7 juin 2015 - Observatoire de Lille (59)

Caméra Basler et lunette Jonckheere 320/6000François LEFEBVRE

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• • • • LA GALERIE

Mosaïque lunaire - Guémappe (62) - 25 septembre 2015Caméra DMK 31 NB et lunette Orion 80ed- Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Saturne - Observatoire de Lille (59) - 7 juin 2015Caméra Basler et lunette Jonckheere 320/6000

François LEFEBVRE

Vénus en UV - Observatoire de Lille (59)7 juin 2015

Caméra Basler et lunette Jonckheere 320/6000François LEFEBVRE

Uranus et ses quatre principaux satellites

Observatoire de Lille (59) - 11 octobre 2015Caméra DMK 31 NB et lunette Jonckheere 320/6000

Simon LERICQUE

Neptune et son satellite Triton

Observatoire de Lille (59) - 23 août 2014Caméra Inova PlaC2 et lunette Jonckheere

320/6000

François LEFEBVRE

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• • • • LA GALERIE

La Voie lactée se met en scène

Panorama de la Voie lactée - Puyvalador (66) - 9 septembre 2015APN Canon EOS 6D et objectif Canon 17/40 - Sylvain WALLART

La Voie lactée - Puyvalador (xx) - 8 septembre 2015APN Canon EOS 6D et objectif Canon 17/40 - Sylvain WALLART

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La petite dernièreCe n’est pas la première fois que la sonde Cassini - toujours en pleine étude du monde de Saturne - nous livre une image spectaculaire. Depuis sa mise en orbite en juin 2004, Cassini a pu réaliser plusieurs survols rapprochés de lunes saturniennes, Encelade notamment. Le pôle sud de la petite lune glacée est d’ailleurs bien connu : c’est là que l’on a pu observer de spectaculaires geysers, signes d’une activité géologique intense dans le sous-sol. Le 14 octobre dernier, c’est cette fois-ci le pôle nord qui a été frôlé à 6000 kilomètres seulement... Mais alors que l’on pensait cette zone plus calme, on a découvert un immense réseau de fractures, de rainures, et peu de cratères d’impacts ; preuve que le nord semble être aussi actif que le sud...