la plume libre

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La Plume Libre n 20 Jo ur n a l e n f o n d p o ti qu e D cembre 2003 26 auteurs ont particip ce num ro de 24 pages Site : http://laplumelibre.free.fr Courriel : [email protected] En ouverture : L o le soleil aime la mer d Yves Drolet Jeu d crits : 6 auteurs se sont exprim s partir de « La plume virevolte lanc e par Blues Prosodie illustr e : Sylvie et Pascal nous font d couvrir la schaltinienne ! Po mes en langues trang res : en turc avec zeyir Lokman ayci en allemand avec Syvie Freytag Les Citations humoristisques de Marc Escayrol Po mes sur th me : La Plume Catherine, Sylvie,Flora, Blues, Sen, Wahid, Mikael et Damien furent inspir s ! Les auteurs l affiche : Tolliac Christian Cally Robert Bonnefoy Gagy H. L Interview de Pierre Brandao Le Conte « L enfant et L oiseau de Pascal Lamach re Et pour finir les Chansons de Plan te interdite et Jean-Marie Audrain Po mes l air du temps : Ode et R gine Foucault nous emportent... La P ume L ibre Po me r cit Cr puscule de Jacques Dognez

DESCRIPTION

La Plume libre N°21Décembre 2003Journal en fond poétique

TRANSCRIPT

Page 1: La plume libre

La Plume Libre ndeg20

Journal en fond poeacutetique

Deacutecembre 2003

26 auteurs

ont participeacute agrave ce numeacutero de 24 pages

Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr

En ouverture Lagrave ougrave le soleil aime la mer

drsquoYves Drolet

Jeu drsquoeacutecrits 6 auteurs se sont exprimeacutes agrave partir de

laquo La plume virevolte raquo lanceacutee par Blues

Prosodie illustreacutee Sylvie et Pascal

nous font deacutecouvrir la schaltinienne

Poegravemes en langues eacutetrangegraveres

en turc avec Uumlzeyir Lokman Ccedilayci en allemand avec Syvie FreytagLes

Citations humoristisques

de Marc Escayrol

Poegravemes sur thegraveme La PlumeCatherine SylvieFlora

Blues Sen Wahid Mikael et Damien furent

inspireacutes

Les auteurs agrave lrsquoaffiche

TolliacChristian Cally

Robert BonnefoyGagy H

LrsquoInterview de

Pierre Brandao

Le Conte laquo Lrsquoenfant et Lrsquooiseau raquo de Pascal Lamachegravere

Et pour finir les

Chansons de Planegravete interdite et

Jean-Marie Audrain

Poegravemes agrave lrsquoair du temps Ode et

Reacutegine Foucault nous emportent

La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute Creacutepuscule de

Jacques Dognez

Novembre seacutevade deacutecembre arrive le froid en parade sinstalle sur nos rives Puissiez vous passer de bonnes fecirctes un bon mois bien au chaud dans la joie lamour et les mains de lamitieacute Et voici le 20egraveme numeacutero de Plume Libre fecirctant les un an et un peu plus de ce journal Vous y trouverez linterview de Pierre Brandao poegravete eacutecrivain dont vous pourrez commander des livres (cf interview ou rubrique AnnonceConcours) Vous deacutecouvrirez aussi des somptueux poegravemes reccedilus pour un concours sur le thegraveme de la plume lanceacute en deacutebut danneacutee Il ny a pas de primeacute non pas faute de participants mais parce que chacun des poegravemes envoyeacutes a quelque chose de particulier quil est bon de lire et jespegravere que vous aurez plaisir agrave lire ce numeacutero

Si vous deacutesirez vous faire interviewer faire connaicirctre un poegraveme ou une chanson il vous suffit de prendre contact avec moi par plumelibrefreefr

Pascal Lamachegravere

- En ouverturehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 3 - Annonces Concourshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 4- Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Poegraveme reacuteciteacute helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Prosodie illustreacuteehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes en langues eacutetrangegravereshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes agrave lair du tempshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 8- Penseacutees de Pierrot helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 9- Citationshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes du concours sur la plumehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes dauteurs agrave laffichehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 13- Interviewhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 17- Nouvelle Contehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 18- Chansons helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 21

Leurs courriels ou sites

Jean-Marie Audrain jaudraincaramailcom BluesRobert Bonnefoy robertbonnefoyclub-internetfr Pierre Brandao pierrebrandaolibertysurffrChristian Cally chantilybigpondnetau Uumlzeyir Lokman Cayci uzeyircayciwanadoofr Damien damien_spleetershotmailcomJacques Dognez jacquesdognezskynetbe Yves Drolet droletyvideotronca Catherine Escarras mellyclub-internetfr Marc Escayrol httpwwwescayrolcomFlora flodnoosfrReacutegine Foucault httppersowanadoofrmondalireSylvie Freytag sylviewassong-freytaglapostenetPierre Fetz httppersowanadoofrarciel88Yveline Gaspard bb_blue50hotmailcom GrizouGagy H i_gagyyahoofrSen K sen-kwanadoofr Pascal Lamachegravere LepoetethorgalaolcomMikaeumll mikaelveivoilafr Wahid Mochtagh mochta144hotmailcom Ode httpzodode550megscomPlanegravete interdite olivierabadiwanadoofr Tarafame tarafamehotmailcom Tolliac tolliac1tiscalifr

Reacutedacteur en chef Pascal LamachegravereLe contenu reacutedactionnel est sous le copy des auteurs

Edito

Sommaire

Participants

Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr

La Plume Libre ndeg20

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 2La P ume Libre

Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave

Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur

Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines

Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre

Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur

Vous voilagraveSoudainement au pied des monts

Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux

Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes

meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre

Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu

Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves

Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu

Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans

lombre verteDes forecircts de ligneux

Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant

Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour

Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve

Qui va dune mer agrave un autre plan du monde

Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie

Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques

Et des Japon mysteacuterieux

Ici naicirct le mondeLHistoire

Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot

Dun battement de coeurEntre nous deux

Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses

Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique

Qui ne sera jamais la fin des cieux

Attention Il faut suivre le rayon de soleil

Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct

Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles

Mon amour Et parfois mes regrets

Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais

Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil

Et alors

Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique

Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux

Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103

copyYves Drolet

En ouverture

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre

A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit

cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir

Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel

Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site lrsquoEnvers des Rimes (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur cette page la joie dy trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacute agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Concours de poeacutesie AZED 2004 sur le thegraveme le dernier mot ouvert aux

auteurs francophones du monde entier httpazedmalesscom

Le 18egraveme Prix Litteacuteraire International Francophonie (Amitieacute et Solidariteacute) est

ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr

Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de

nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg

Pascal Lamachegravere

AnnoncesConcours

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre

La plume virevolteBlues

Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct

agrave laube de tes yeuxhellipTarafame

Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main

Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace

Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit

Dans le bleu perle du ciel limpide

Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique

deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des

vaguesQui freacutemissent au greacute du vent

Sylvie Freytag

Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur

agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile

Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes

yeuxhellipYveline Gaspard

Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien

Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main

Les instants derrancePascal Lamachegravere

Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages

Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip

Pascal Lamachegravere

Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain

Une explosion un bond mal en finGrizou

Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au

fil des prochains numeacuteros

Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs

Creacutepuscule

Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais

Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute

Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants

Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux

Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur

Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main

Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip

Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera

A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip

Jacques Dognez

Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 2: La plume libre

Novembre seacutevade deacutecembre arrive le froid en parade sinstalle sur nos rives Puissiez vous passer de bonnes fecirctes un bon mois bien au chaud dans la joie lamour et les mains de lamitieacute Et voici le 20egraveme numeacutero de Plume Libre fecirctant les un an et un peu plus de ce journal Vous y trouverez linterview de Pierre Brandao poegravete eacutecrivain dont vous pourrez commander des livres (cf interview ou rubrique AnnonceConcours) Vous deacutecouvrirez aussi des somptueux poegravemes reccedilus pour un concours sur le thegraveme de la plume lanceacute en deacutebut danneacutee Il ny a pas de primeacute non pas faute de participants mais parce que chacun des poegravemes envoyeacutes a quelque chose de particulier quil est bon de lire et jespegravere que vous aurez plaisir agrave lire ce numeacutero

Si vous deacutesirez vous faire interviewer faire connaicirctre un poegraveme ou une chanson il vous suffit de prendre contact avec moi par plumelibrefreefr

Pascal Lamachegravere

- En ouverturehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 3 - Annonces Concourshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 4- Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Poegraveme reacuteciteacute helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Prosodie illustreacuteehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes en langues eacutetrangegravereshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes agrave lair du tempshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 8- Penseacutees de Pierrot helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 9- Citationshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes du concours sur la plumehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes dauteurs agrave laffichehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 13- Interviewhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 17- Nouvelle Contehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 18- Chansons helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 21

Leurs courriels ou sites

Jean-Marie Audrain jaudraincaramailcom BluesRobert Bonnefoy robertbonnefoyclub-internetfr Pierre Brandao pierrebrandaolibertysurffrChristian Cally chantilybigpondnetau Uumlzeyir Lokman Cayci uzeyircayciwanadoofr Damien damien_spleetershotmailcomJacques Dognez jacquesdognezskynetbe Yves Drolet droletyvideotronca Catherine Escarras mellyclub-internetfr Marc Escayrol httpwwwescayrolcomFlora flodnoosfrReacutegine Foucault httppersowanadoofrmondalireSylvie Freytag sylviewassong-freytaglapostenetPierre Fetz httppersowanadoofrarciel88Yveline Gaspard bb_blue50hotmailcom GrizouGagy H i_gagyyahoofrSen K sen-kwanadoofr Pascal Lamachegravere LepoetethorgalaolcomMikaeumll mikaelveivoilafr Wahid Mochtagh mochta144hotmailcom Ode httpzodode550megscomPlanegravete interdite olivierabadiwanadoofr Tarafame tarafamehotmailcom Tolliac tolliac1tiscalifr

Reacutedacteur en chef Pascal LamachegravereLe contenu reacutedactionnel est sous le copy des auteurs

Edito

Sommaire

Participants

Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr

La Plume Libre ndeg20

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 2La P ume Libre

Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave

Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur

Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines

Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre

Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur

Vous voilagraveSoudainement au pied des monts

Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux

Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes

meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre

Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu

Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves

Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu

Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans

lombre verteDes forecircts de ligneux

Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant

Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour

Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve

Qui va dune mer agrave un autre plan du monde

Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie

Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques

Et des Japon mysteacuterieux

Ici naicirct le mondeLHistoire

Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot

Dun battement de coeurEntre nous deux

Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses

Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique

Qui ne sera jamais la fin des cieux

Attention Il faut suivre le rayon de soleil

Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct

Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles

Mon amour Et parfois mes regrets

Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais

Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil

Et alors

Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique

Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux

Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103

copyYves Drolet

En ouverture

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre

A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit

cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir

Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

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En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel

Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site lrsquoEnvers des Rimes (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur cette page la joie dy trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacute agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Concours de poeacutesie AZED 2004 sur le thegraveme le dernier mot ouvert aux

auteurs francophones du monde entier httpazedmalesscom

Le 18egraveme Prix Litteacuteraire International Francophonie (Amitieacute et Solidariteacute) est

ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr

Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de

nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg

Pascal Lamachegravere

AnnoncesConcours

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre

La plume virevolteBlues

Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct

agrave laube de tes yeuxhellipTarafame

Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main

Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace

Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit

Dans le bleu perle du ciel limpide

Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique

deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des

vaguesQui freacutemissent au greacute du vent

Sylvie Freytag

Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur

agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile

Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes

yeuxhellipYveline Gaspard

Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien

Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main

Les instants derrancePascal Lamachegravere

Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages

Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip

Pascal Lamachegravere

Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain

Une explosion un bond mal en finGrizou

Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au

fil des prochains numeacuteros

Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs

Creacutepuscule

Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais

Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute

Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants

Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux

Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur

Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main

Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip

Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera

A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip

Jacques Dognez

Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 3: La plume libre

Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave

Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur

Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines

Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre

Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur

Vous voilagraveSoudainement au pied des monts

Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux

Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes

meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre

Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu

Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves

Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu

Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans

lombre verteDes forecircts de ligneux

Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant

Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour

Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve

Qui va dune mer agrave un autre plan du monde

Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie

Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques

Et des Japon mysteacuterieux

Ici naicirct le mondeLHistoire

Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot

Dun battement de coeurEntre nous deux

Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses

Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique

Qui ne sera jamais la fin des cieux

Attention Il faut suivre le rayon de soleil

Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct

Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles

Mon amour Et parfois mes regrets

Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais

Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil

Et alors

Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique

Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux

Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103

copyYves Drolet

En ouverture

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre

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ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr

Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de

nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg

Pascal Lamachegravere

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Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre

La plume virevolteBlues

Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct

agrave laube de tes yeuxhellipTarafame

Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main

Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace

Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit

Dans le bleu perle du ciel limpide

Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique

deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des

vaguesQui freacutemissent au greacute du vent

Sylvie Freytag

Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur

agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile

Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes

yeuxhellipYveline Gaspard

Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien

Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main

Les instants derrancePascal Lamachegravere

Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages

Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip

Pascal Lamachegravere

Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain

Une explosion un bond mal en finGrizou

Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au

fil des prochains numeacuteros

Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs

Creacutepuscule

Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais

Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute

Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants

Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux

Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur

Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main

Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip

Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera

A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip

Jacques Dognez

Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 4: La plume libre

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Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de

nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg

Pascal Lamachegravere

AnnoncesConcours

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre

La plume virevolteBlues

Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct

agrave laube de tes yeuxhellipTarafame

Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main

Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace

Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit

Dans le bleu perle du ciel limpide

Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique

deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des

vaguesQui freacutemissent au greacute du vent

Sylvie Freytag

Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur

agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile

Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes

yeuxhellipYveline Gaspard

Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien

Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main

Les instants derrancePascal Lamachegravere

Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages

Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip

Pascal Lamachegravere

Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain

Une explosion un bond mal en finGrizou

Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au

fil des prochains numeacuteros

Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs

Creacutepuscule

Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais

Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute

Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants

Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux

Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur

Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main

Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip

Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera

A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip

Jacques Dognez

Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 5: La plume libre

La plume virevolteBlues

Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct

agrave laube de tes yeuxhellipTarafame

Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main

Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace

Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit

Dans le bleu perle du ciel limpide

Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique

deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des

vaguesQui freacutemissent au greacute du vent

Sylvie Freytag

Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur

agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile

Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes

yeuxhellipYveline Gaspard

Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien

Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main

Les instants derrancePascal Lamachegravere

Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages

Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip

Pascal Lamachegravere

Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain

Une explosion un bond mal en finGrizou

Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au

fil des prochains numeacuteros

Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs

Creacutepuscule

Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais

Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute

Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants

Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux

Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur

Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main

Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip

Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera

A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip

Jacques Dognez

Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre

Poegraveme reacuteciteacute

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 6: La plume libre

Herbst-Haiumlkus

Haiumlkus de lrsquoautomne

Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude

Traduction

Un vent froid souffleDans les feuilles qui

dansent Joie de novembre

Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab

Traduction

Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement

Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre

Sylvie Freytag

Schaltinienne

Infinie deacutetresse

Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens

Ton silence absolu pegravese de tout son poids

Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi

Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien

Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire

Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain

Sylvie Freytag

Paysage enchanteur

La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion

Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant

Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver

Paysage enchanteur est feacutee de notre sang

Pascal Lamachegravere

Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)

Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues

eacutetrangegraveres

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 7: La plume libre

Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar

Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin

En fakiri benim Ccedilirilccediliplak

Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina

Etrafima toplanmislar Kelebekler

Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak

O zamanlar Derin derin nefes almisim

Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak

Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri

Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye

Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina

Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini

Yanaklarima

Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler

Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak

Ben ve onlar Koumlselerindeyiz

Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim

Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak

Girmisim aralarina

copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Le triangle de lrsquoexistence

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi

Pour me faire grandir En se posant sur mes roses

A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes

Coulant des yeux de lavenir

Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette

Pour quelles ressemblent agrave la rose

Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas

Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards

En tendant leurs legravevres Vers mes joues

Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo

En construisant des ponts Dans leurs cours

Moi et eux Sommes aux coins

Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre

Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux

En marchant sur les souffrances

Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci

Traduit du turc par Yakup Yurt

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 8: La plume libre

De lamour du fleuve de lhiver

I

De lAmour

Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes

Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir

Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre

Je le cherche

Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance

Il me reconnaicirctra

Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger

Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui

II

Du Fleuve

Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier

Me fait recircver

Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent

Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau

Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute

Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence

Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi

Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes

III

De lHiver

Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle

Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent

Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre

Qui se recreacutee sans fin

Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour

Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs

Qui embrasent les horizons

De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres

Naicirctront tes filles et tes fils

Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance

Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige

Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure

Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet

Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere

Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier

Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours

Ode

Poegravemes agrave lrsquoair du temps

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 9: La plume libre

Penseacutees de Pierrot en deacutecembre

Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll

Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils

Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours

Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux

Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles

Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement

Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas

Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort

Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile

Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre

Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient

Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller

Pierre Fetz

Les couleurs de lrsquohiver

Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise

Des souvenirs plus froids que les souffles polaires

Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs

Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire

Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire

Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard

Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs

La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur

Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip

Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle

Drsquoune saison porteuse de force originelle

Reacutegine Foucault

Penseacutees de Pierrot

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

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Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 10: La plume libre

Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour

le concours sur ce thegraveme

Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques

On a vu les mouettes les sternes

Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros

Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes

Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands

Pareils agrave Jonathan

On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs

La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer

Comme chez les enfants

Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu

Pour que vienne la lyre

Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer

Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee

Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques

La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan

Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure

Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees

Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers

Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain

Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine

Fera vite un civetDu faisant attrapeacute

laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo

Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure

Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite

Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide

Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite

Sinon elle se fend

Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes

Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo

Que je les chante encorLes soirs de Maldoror

3 feacutevrier 1999

Catherine Escarras

Les plumes drsquoor

Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles

Arracheacutees agrave des treilles

Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves

Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees

Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins

Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges

Le soleil les frappaEt puis les colora

Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever

Quatre plumes doreacutees

17 avril 2001Catherine Escarras

La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide

Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied

Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo

Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute

La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute

Citations extraites de Mots et Grumeaux de

Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom

Citations

Poegravemes sur le thegraveme La Plume

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 11: La plume libre

Mots en liberteacute

Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel

Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume

Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse

Sur le duvet blancDes pages de ma vie

Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux

Que les grains de sableApprivoisent le langage et

Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme

Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent

Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves

Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur

Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins

Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire

Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire

Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes

Dans mon coeur tourmenteacute

Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique

Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon

universDansent sans retenue au greacute de mon

imagination

Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent

Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur

eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes

Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du

silence nu

Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes

Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison

Sylvie Freytag

Quand la plume se legraveve

Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur

Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts

Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere

Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante

Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent

Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page

La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir

Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages

Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes

Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers

Wahid Mochtagh

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 12: La plume libre

La plume

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier

Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes

Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc

Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant

Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier

Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute

Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre

Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre

Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes

Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans

Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps

Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts

La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix

La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi

Damien

Une larme au bout de ma plume

Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots

Un enfant gambade entre monts et merveilles

Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir

Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents

Jouit du bonheur de lrsquoinnocence

Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave

De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle

Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin

Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi

Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues

Et pardonnent

Sen-K

La plume

La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri

Il se munit de sa lance

Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation

Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction

La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle

Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre

La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille

Doit imposer le recueil

Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval

Pour poser le point final

Mikaeumll

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

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En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 13: La plume libre

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur

Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes

Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur

Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage

Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature

Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour

Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime

Tolliac

Mon cahier de poegravemes

Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours

Les pages se tournent et se relisent

Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances

Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs

Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace

Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts

Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies

A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct

Un nouveau texteUne nouvelle vie

De nouvelles penseacutees qui prennent source

Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main

Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip

Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui

apparaissentDes souvenirs qui renaissent

Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila

Crsquoest bien moi

Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit

jour apregraves jourmois apregraves mois

anneacutee apregraves anneacuteehellip

Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais

Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre

Flora

Feuille de plume

Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur

ce qui agresse mon corps

Sur le papier jauniles monts font mon bonheur

et me rendent plus fort

Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords

Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur

les tumultes de mon corps

Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur

apregraves les coups du sort

lues Blues

Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 14: La plume libre

Libido (acrostiche)

LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI

Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI

De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO

Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI

Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI

Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO

La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI

Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI

Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy

La mer

Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets

bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs

voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants

Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers

Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers

Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute

Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute

Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit

Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans

bruit

Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et

paisiblePar contre nous craignons ses courroux

eacutecumants

En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent

Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant

Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet

Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour

Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau

jour

14 novembre 2003Christian Cally

Ses yeux

Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire

Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir

Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure

briller la mecircme flamme

Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute

nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau

Tolliac

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 15: La plume libre

Le jardin des plantes (de Rouen)

Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires

de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent

drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres

moussues

attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu

lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves

agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images

bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois

Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie

Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu

Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie

Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit

Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis

Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire

lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes

jours Ne peux-tu un moment dans ta course

cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes

amours

arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal

Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi

Tolliac

Introspection musicale

Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi

La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde

Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes

Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir

Mots de son instrument comme peintre au pinceau

Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer

ode

Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser

Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire

Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire

Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois

Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon

explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs

Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous

Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence

Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance

Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 16: La plume libre

Le reneacutegat

Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute

Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les

valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma

poitrine

fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori

On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori

Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement

Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment

agrave plier les genoux ni agrave subir de loi

Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours

Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande

Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours

dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur

Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce

Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce

Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence

Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme

Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime

Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute

et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie

qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont

gueacuterissant

Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement

Tolliac

Deacutesordre

Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute

Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee

Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix

Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait

Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer

Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee

Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur

Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps

Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non

Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre

Gagy H

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel

Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition

A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)

Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile

Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 17: La plume libre

de Pierre Brandao

A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous

Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte

Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous

Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte

Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute

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Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons

partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)

Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves

Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr

Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent

Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type

Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous

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Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres

Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip

Pierre Brandao

NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des

poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama

Interview

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 18: La plume libre

Lenfant et loiseau

Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens

Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait

Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute

Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute

Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol

Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole

Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis

A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme

Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee

La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages

Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard

Nouvelle Conte

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 19: La plume libre

TitreTexte

cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts

Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner

Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence

Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance

Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle

Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put

protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement

Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)

Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes

Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami

Lorsquils survolegraverent un grand pont

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 20: La plume libre

Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci

Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille

Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps

Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip

Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip

Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance

En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute

Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee

Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte

Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait

Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip

Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 21: La plume libre

Les Petits Lutins malins

Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq

ans

Ca cest dla Magie Aux pays des petits

il ny a jamais dennui

Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor

cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand

Et maman pense Aux pays des petits moutons

qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins

qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques

pour eacuteclabousser les limaces

Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux

agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur

Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu

Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee

Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean

Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin

Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde

Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux

sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver

Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave

Crois bien que jvais commencer par lui

Chansons

qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes

Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour

Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip

Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip

Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip

Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip

Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip

Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip

Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip

Merci agrave toi mon amihellip

Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 22: La plume libre

Gentil malin

Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil

Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil

Gentil mais malin aussi

Cest pas bien grave une farceQuil dit

Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee

Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure

Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner

Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau

Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee

Le papier W-C

Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit

Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes

Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre

Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier

Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit

Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes

Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier

Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit

Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques

Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre

Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct

Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Refrain

Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice

tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique

jettes le sort agrave papa

Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire

Planegravete interdite

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 23: La plume libre

Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit

Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher

Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire

Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer

La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout

Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui

Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil

Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin

Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange

Gentil gentilGentil mais malin aussi

Jean-Marie Audrain

Le Petit Bossu

Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu

Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame

Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme

Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais

Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame

Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme

Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil

Pour aller voir ma mie

Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie

Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin

Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis

Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie

Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri

Partie remise pardi

Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie

Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train

Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis

Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie

Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins

Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti

Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie

Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire

Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie

Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie

Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez

Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis

Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie

Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie

Et notre hymen aussi

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre

Page 24: La plume libre

Titre

Novembre

Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles

Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson

Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison

(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour

Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans

Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui

surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre

nabotPersonne oh non personne naurait loeil

attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait

Son chagrin dans ses larmes

Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien

Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin

Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse

Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse

Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme

Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme

Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel

Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel

Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel

Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel

Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame

A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme

Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi

Du fond de son coeur en fiegravevre

Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait

Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours

Quand tard au bal de la courElle lui apparut

Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu

A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit

Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis

Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle

Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui

Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit

La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel

Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer

Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs

Sa peau devint eacutecailles

Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres

Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre

Contre le perfide SatanLignoble marchandeur

Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur

Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices

Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice

Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme

Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait

Jean-Marie Audrain

Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre