la plume libre
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La Plume libre N°21Décembre 2003Journal en fond poétiqueTRANSCRIPT
La Plume Libre ndeg20
Journal en fond poeacutetique
Deacutecembre 2003
26 auteurs
ont participeacute agrave ce numeacutero de 24 pages
Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr
En ouverture Lagrave ougrave le soleil aime la mer
drsquoYves Drolet
Jeu drsquoeacutecrits 6 auteurs se sont exprimeacutes agrave partir de
laquo La plume virevolte raquo lanceacutee par Blues
Prosodie illustreacutee Sylvie et Pascal
nous font deacutecouvrir la schaltinienne
Poegravemes en langues eacutetrangegraveres
en turc avec Uumlzeyir Lokman Ccedilayci en allemand avec Syvie FreytagLes
Citations humoristisques
de Marc Escayrol
Poegravemes sur thegraveme La PlumeCatherine SylvieFlora
Blues Sen Wahid Mikael et Damien furent
inspireacutes
Les auteurs agrave lrsquoaffiche
TolliacChristian Cally
Robert BonnefoyGagy H
LrsquoInterview de
Pierre Brandao
Le Conte laquo Lrsquoenfant et Lrsquooiseau raquo de Pascal Lamachegravere
Et pour finir les
Chansons de Planegravete interdite et
Jean-Marie Audrain
Poegravemes agrave lrsquoair du temps Ode et
Reacutegine Foucault nous emportent
La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute Creacutepuscule de
Jacques Dognez
Novembre seacutevade deacutecembre arrive le froid en parade sinstalle sur nos rives Puissiez vous passer de bonnes fecirctes un bon mois bien au chaud dans la joie lamour et les mains de lamitieacute Et voici le 20egraveme numeacutero de Plume Libre fecirctant les un an et un peu plus de ce journal Vous y trouverez linterview de Pierre Brandao poegravete eacutecrivain dont vous pourrez commander des livres (cf interview ou rubrique AnnonceConcours) Vous deacutecouvrirez aussi des somptueux poegravemes reccedilus pour un concours sur le thegraveme de la plume lanceacute en deacutebut danneacutee Il ny a pas de primeacute non pas faute de participants mais parce que chacun des poegravemes envoyeacutes a quelque chose de particulier quil est bon de lire et jespegravere que vous aurez plaisir agrave lire ce numeacutero
Si vous deacutesirez vous faire interviewer faire connaicirctre un poegraveme ou une chanson il vous suffit de prendre contact avec moi par plumelibrefreefr
Pascal Lamachegravere
- En ouverturehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 3 - Annonces Concourshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 4- Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Poegraveme reacuteciteacute helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Prosodie illustreacuteehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes en langues eacutetrangegravereshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes agrave lair du tempshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 8- Penseacutees de Pierrot helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 9- Citationshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes du concours sur la plumehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes dauteurs agrave laffichehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 13- Interviewhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 17- Nouvelle Contehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 18- Chansons helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 21
Leurs courriels ou sites
Jean-Marie Audrain jaudraincaramailcom BluesRobert Bonnefoy robertbonnefoyclub-internetfr Pierre Brandao pierrebrandaolibertysurffrChristian Cally chantilybigpondnetau Uumlzeyir Lokman Cayci uzeyircayciwanadoofr Damien damien_spleetershotmailcomJacques Dognez jacquesdognezskynetbe Yves Drolet droletyvideotronca Catherine Escarras mellyclub-internetfr Marc Escayrol httpwwwescayrolcomFlora flodnoosfrReacutegine Foucault httppersowanadoofrmondalireSylvie Freytag sylviewassong-freytaglapostenetPierre Fetz httppersowanadoofrarciel88Yveline Gaspard bb_blue50hotmailcom GrizouGagy H i_gagyyahoofrSen K sen-kwanadoofr Pascal Lamachegravere LepoetethorgalaolcomMikaeumll mikaelveivoilafr Wahid Mochtagh mochta144hotmailcom Ode httpzodode550megscomPlanegravete interdite olivierabadiwanadoofr Tarafame tarafamehotmailcom Tolliac tolliac1tiscalifr
Reacutedacteur en chef Pascal LamachegravereLe contenu reacutedactionnel est sous le copy des auteurs
Edito
Sommaire
Participants
Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr
La Plume Libre ndeg20
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 2La P ume Libre
Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave
Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur
Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines
Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre
Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur
Vous voilagraveSoudainement au pied des monts
Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux
Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes
meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre
Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu
Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves
Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu
Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans
lombre verteDes forecircts de ligneux
Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant
Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour
Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve
Qui va dune mer agrave un autre plan du monde
Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie
Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques
Et des Japon mysteacuterieux
Ici naicirct le mondeLHistoire
Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot
Dun battement de coeurEntre nous deux
Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses
Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique
Qui ne sera jamais la fin des cieux
Attention Il faut suivre le rayon de soleil
Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct
Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles
Mon amour Et parfois mes regrets
Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais
Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil
Et alors
Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique
Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux
Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103
copyYves Drolet
En ouverture
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre
A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit
cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir
Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel
Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site lrsquoEnvers des Rimes (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur cette page la joie dy trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacute agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Concours de poeacutesie AZED 2004 sur le thegraveme le dernier mot ouvert aux
auteurs francophones du monde entier httpazedmalesscom
Le 18egraveme Prix Litteacuteraire International Francophonie (Amitieacute et Solidariteacute) est
ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr
Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de
nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg
Pascal Lamachegravere
AnnoncesConcours
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre
La plume virevolteBlues
Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct
agrave laube de tes yeuxhellipTarafame
Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main
Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace
Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit
Dans le bleu perle du ciel limpide
Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique
deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des
vaguesQui freacutemissent au greacute du vent
Sylvie Freytag
Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur
agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile
Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes
yeuxhellipYveline Gaspard
Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien
Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main
Les instants derrancePascal Lamachegravere
Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages
Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip
Pascal Lamachegravere
Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain
Une explosion un bond mal en finGrizou
Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au
fil des prochains numeacuteros
Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs
Creacutepuscule
Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais
Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute
Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants
Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux
Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur
Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main
Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip
Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera
A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip
Jacques Dognez
Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Novembre seacutevade deacutecembre arrive le froid en parade sinstalle sur nos rives Puissiez vous passer de bonnes fecirctes un bon mois bien au chaud dans la joie lamour et les mains de lamitieacute Et voici le 20egraveme numeacutero de Plume Libre fecirctant les un an et un peu plus de ce journal Vous y trouverez linterview de Pierre Brandao poegravete eacutecrivain dont vous pourrez commander des livres (cf interview ou rubrique AnnonceConcours) Vous deacutecouvrirez aussi des somptueux poegravemes reccedilus pour un concours sur le thegraveme de la plume lanceacute en deacutebut danneacutee Il ny a pas de primeacute non pas faute de participants mais parce que chacun des poegravemes envoyeacutes a quelque chose de particulier quil est bon de lire et jespegravere que vous aurez plaisir agrave lire ce numeacutero
Si vous deacutesirez vous faire interviewer faire connaicirctre un poegraveme ou une chanson il vous suffit de prendre contact avec moi par plumelibrefreefr
Pascal Lamachegravere
- En ouverturehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 3 - Annonces Concourshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 4- Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Poegraveme reacuteciteacute helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 5- Prosodie illustreacuteehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes en langues eacutetrangegravereshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 6- Poegravemes agrave lair du tempshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 8- Penseacutees de Pierrot helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 9- Citationshelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes du concours sur la plumehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 10- Poegravemes dauteurs agrave laffichehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 13- Interviewhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 17- Nouvelle Contehelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 18- Chansons helliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 21
Leurs courriels ou sites
Jean-Marie Audrain jaudraincaramailcom BluesRobert Bonnefoy robertbonnefoyclub-internetfr Pierre Brandao pierrebrandaolibertysurffrChristian Cally chantilybigpondnetau Uumlzeyir Lokman Cayci uzeyircayciwanadoofr Damien damien_spleetershotmailcomJacques Dognez jacquesdognezskynetbe Yves Drolet droletyvideotronca Catherine Escarras mellyclub-internetfr Marc Escayrol httpwwwescayrolcomFlora flodnoosfrReacutegine Foucault httppersowanadoofrmondalireSylvie Freytag sylviewassong-freytaglapostenetPierre Fetz httppersowanadoofrarciel88Yveline Gaspard bb_blue50hotmailcom GrizouGagy H i_gagyyahoofrSen K sen-kwanadoofr Pascal Lamachegravere LepoetethorgalaolcomMikaeumll mikaelveivoilafr Wahid Mochtagh mochta144hotmailcom Ode httpzodode550megscomPlanegravete interdite olivierabadiwanadoofr Tarafame tarafamehotmailcom Tolliac tolliac1tiscalifr
Reacutedacteur en chef Pascal LamachegravereLe contenu reacutedactionnel est sous le copy des auteurs
Edito
Sommaire
Participants
Site httplaplumelibrefreefrCourriel plumelibrefreefr
La Plume Libre ndeg20
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 2La P ume Libre
Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave
Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur
Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines
Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre
Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur
Vous voilagraveSoudainement au pied des monts
Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux
Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes
meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre
Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu
Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves
Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu
Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans
lombre verteDes forecircts de ligneux
Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant
Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour
Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve
Qui va dune mer agrave un autre plan du monde
Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie
Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques
Et des Japon mysteacuterieux
Ici naicirct le mondeLHistoire
Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot
Dun battement de coeurEntre nous deux
Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses
Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique
Qui ne sera jamais la fin des cieux
Attention Il faut suivre le rayon de soleil
Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct
Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles
Mon amour Et parfois mes regrets
Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais
Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil
Et alors
Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique
Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux
Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103
copyYves Drolet
En ouverture
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre
A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit
cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir
Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel
Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site lrsquoEnvers des Rimes (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur cette page la joie dy trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacute agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Concours de poeacutesie AZED 2004 sur le thegraveme le dernier mot ouvert aux
auteurs francophones du monde entier httpazedmalesscom
Le 18egraveme Prix Litteacuteraire International Francophonie (Amitieacute et Solidariteacute) est
ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr
Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de
nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg
Pascal Lamachegravere
AnnoncesConcours
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre
La plume virevolteBlues
Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct
agrave laube de tes yeuxhellipTarafame
Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main
Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace
Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit
Dans le bleu perle du ciel limpide
Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique
deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des
vaguesQui freacutemissent au greacute du vent
Sylvie Freytag
Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur
agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile
Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes
yeuxhellipYveline Gaspard
Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien
Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main
Les instants derrancePascal Lamachegravere
Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages
Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip
Pascal Lamachegravere
Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain
Une explosion un bond mal en finGrizou
Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au
fil des prochains numeacuteros
Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs
Creacutepuscule
Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais
Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute
Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants
Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux
Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur
Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main
Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip
Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera
A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip
Jacques Dognez
Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Lagrave ougrave le soleil aime la merRegardez lagrave
Aux portes du mondeLagrave pregraves du rosier en fleur
Doucement suivant la vague En esquivant les eacutepines
Et vous mirant dans le reflet du soleil Qui se berce sur une feuille tendre
Suivant la route des ancecirctresQui naicirct de deacutecouverte en deacutecouverteAgrave chaque battement de votre coeur
Vous voilagraveSoudainement au pied des monts
Regardez Lagrave naissent les orients fabuleux
Les soleils hermaphroditesLagrave qui dansent dans la nuit de ces vacarmes
meacutelodieux La mer avec ses reflets pourpresEacutetale ses apparats merveilleuxIci le soleil se baigne sans ombre
Et les vagues qui le portentSrsquoembrasent agrave son jeu
Ici deacutefilent les EuropeLes conquistadors amoureuxLa segraveve des Balkan de recircves
Et lamour de JuliettePour un Romeacuteo eacuteperdu
Ici naissent les Afrique Continents teacuteneacutebreux qui senfuient dans
lombre verteDes forecircts de ligneux
Ici le ciel se perdQuelques fois sur le sable il va sautillant
Drsquoune dune agrave une autre essayant de fuir le jour
Ici naicirct lAfriqueDans londe du fleuve
Qui va dune mer agrave un autre plan du monde
Regarde comme ces fleuves sont envoucircteacutes par les mers dAsie
Par loceacutean MongolLa grande deacuterive des Chine antiques
Et des Japon mysteacuterieux
Ici naicirct le mondeLHistoire
Qui jamais ne seacutecritMais qui coule comme le flot
Dun battement de coeurEntre nous deux
Lagrave-bas regardeFuyant les artegraveres caverneuses
Il deacutecouvrira lAmeacuteriqueRecircve mirifique
Qui ne sera jamais la fin des cieux
Attention Il faut suivre le rayon de soleil
Celui qui glisse sur la feuille tendreCelui dont la rose se repaicirct
Sinon ton cœur te megravene agrave la roseraieLagrave vivent les abeilles
Mon amour Et parfois mes regrets
Mais ici seacutecourtent mes joursEt la pluie qui vient meacuteloigne agrave jamais
Attention Il faut vraiment suivre le rayon de soleil
Et alors
Vous verrez cet au-delagrave des AmeacuteriquesCet univers immense et chimeacuterique
Qui vous reccediloit les bras ouvertsIci naissent les cieux
Lagrave ougrave le soleil aime la mer151103
copyYves Drolet
En ouverture
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 3La P ume Libre
A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit
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Le 18egraveme Prix Litteacuteraire International Francophonie (Amitieacute et Solidariteacute) est
ouvert agrave tous les poegravetes auteurs et eacutecrivains de langue franccedilaise du 1er novembre 2003 au 15 mars 2004 dans les cateacutegories -Poeacutesie classique - Poeacutesie libre libeacutereacutee -Nouvelle (policiegravere fantastique aventure) -Texte de chanson Pour obtenir le regraveglement (contre 1 enveloppe preacuteadresseacutee et 2 timbres -ou 2 coupons-reacuteponse postaux internationaux) contacter Christian Ulmer - Prix Litteacuteraire Francophonie - 25 -Place des Pyreacuteneacutees - 641250 - Mourenx(France) - E-mail christianulmerfreefr
Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de
nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg
Pascal Lamachegravere
AnnoncesConcours
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre
La plume virevolteBlues
Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct
agrave laube de tes yeuxhellipTarafame
Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main
Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace
Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit
Dans le bleu perle du ciel limpide
Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique
deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des
vaguesQui freacutemissent au greacute du vent
Sylvie Freytag
Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur
agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile
Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes
yeuxhellipYveline Gaspard
Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien
Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main
Les instants derrancePascal Lamachegravere
Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages
Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip
Pascal Lamachegravere
Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain
Une explosion un bond mal en finGrizou
Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au
fil des prochains numeacuteros
Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs
Creacutepuscule
Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais
Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute
Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants
Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux
Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur
Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main
Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip
Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera
A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip
Jacques Dognez
Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
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Tache dencre 2004 Le but du projet publier le projet sous forme de recueil de
nouvelles pour ensuite le diffuser dans les librairies et sur le site Internet de Art Zoom Les revenus des ventes reviendront aux auteurs qui y auront participeacute Le but premier du projet est de promouvoir le talent et dencourager la creacuteation litteacuteraire Thegraveme (aucun thegraveme na pas encore eacuteteacute deacutecideacute pour linstant mais nous vous encourageons agrave laisser vos suggestions et commentaires) Deacutebut du projet Janvier 2004 dureacutee du projet 12 mois (du 1er janvier au 31 deacutecembre 2004) Nombre de participants 12 au grand maximum Inscription infoartzoomorg
Pascal Lamachegravere
AnnoncesConcours
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 4La P ume Libre
La plume virevolteBlues
Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct
agrave laube de tes yeuxhellipTarafame
Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main
Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace
Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit
Dans le bleu perle du ciel limpide
Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique
deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des
vaguesQui freacutemissent au greacute du vent
Sylvie Freytag
Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur
agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile
Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes
yeuxhellipYveline Gaspard
Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien
Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main
Les instants derrancePascal Lamachegravere
Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages
Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip
Pascal Lamachegravere
Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain
Une explosion un bond mal en finGrizou
Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au
fil des prochains numeacuteros
Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs
Creacutepuscule
Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais
Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute
Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants
Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux
Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur
Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main
Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip
Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera
A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip
Jacques Dognez
Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
La plume virevolteBlues
Jai frocircleacute de la maincette larme qui naicirct
agrave laube de tes yeuxhellipTarafame
Cette larme de joie chaude leacutegegravere fragileVient danser au creux de ma main
Avant de seacutecher pour ne laisser aucune trace
Les premiegraveres lueurs caressent lhorizon neufTon sourire seacuteveille et seacutelargit
Dans le bleu perle du ciel limpide
Sur le rivage du premier rendez-vousToi et moi sommes berceacutes par la musique
deacutelicieuse des mouettesSoudain briseacutee par les eacuteclaboussures des
vaguesQui freacutemissent au greacute du vent
Sylvie Freytag
Et le jour venu sur cette plagejentends saffoler mon coeur
agrave chacun de tes pastu te rapproches tu me sembles si fragile
Et telle une siregravene souveraine de ses charmestu mattires dans le bleu profond de tes
yeuxhellipYveline Gaspard
Nous convolons agrave lor en gracilesCygnes sous la passion de loriflammeJouons avec leacutecume et les camaiumleuxPuis mon sourire se mecircle au tien
Le bonheur eacutetait intenseCeacutetait hier frocircle ma main
Les instants derrancePascal Lamachegravere
Dehors les Cheveux du SoleilTraverse une valleacutee deacutetoilesJusquagrave lombre nos rivages
Dans un espace seacutemerveilleUn coeur la joie le voilehellip
Pascal Lamachegravere
Ses myrtilles ne voient les nuagesArriver trop occuper agrave humerA souvrir agrave lindicible soudain
Une explosion un bond mal en finGrizou
Merci de transmettre vos vers par courriel les meilleures propositions seront publieacutees au
fil des prochains numeacuteros
Jeu drsquoeacutecrits agrave plusieurs
Creacutepuscule
Le paysage se peint de noirLa lune pointe son regardFigeacutee dans un ciel eacutetoileacuteMe caressant de ses rais
Assis sur un banc de pierreLesprit entre ciel et terreDoux instants de seacutereacuteniteacuteIllumination de mon passeacute
Bordeacute dune douce chaleurJeacutecoute la voix de mon coeurSouvenirs de chaque momentEvocation de tendres instants
Quecircte de ce regard lumineuxQui memporta vers les cieux
Deacutecouverte du monde bonheurDans ce monde de terreur
Rameneacute de mon hypnoseJe quitte cette meacutetamorphoseMaishellip Ougrave est donc ta main
Eacutegareacutee dans les meacuteandres du destinhellip
Ce qui est graveacute en moiJamais ne soubliera
A la croiseacutee dun cheminJe retrouverai ta mainhellip
Jacques Dognez
Pour lrsquoentendre reacuteciteacute sur fond musical httplaplumelibrefreefrcrepus3mp3
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 5La P ume Libre
Poegraveme reacuteciteacute
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Herbst-Haiumlkus
Haiumlkus de lrsquoautomne
Ein kalter Wind blaumlstIn den tanzenden Blaumltter Novemberfreude
Traduction
Un vent froid souffleDans les feuilles qui
dansent Joie de novembre
Der starke HerbstwindReiszligt mitleidslos die letztenBlaumltter vom Baum ab
Traduction
Le vent fort de lrsquoautomneArrache impitoyablement
Les derniegraveres feuilles de lrsquoarbre
Sylvie Freytag
Schaltinienne
Infinie deacutetresse
Ce que tu me manques Jrsquoai tant besoin de toi Vaut-elle la peine drsquoecirctre veacutecue mon existence Sur mon coeur meurtri sur ma vie vide de sens
Ton silence absolu pegravese de tout son poids
Je te cherche sans cesse par tous les cheminsA chaque instant je pense seulement agrave toi
Sans toi je ne suis plus moi je ne suis plus rien
Ma force de vie crsquoest ton regard ton sourireTes baisers tes caresses tes gestes ton rire
Si je suis lasse crsquoest que je trsquoattends en vain
Sylvie Freytag
Paysage enchanteur
La douceur de lhiver est au songe du fondNon loin de la magie animant les eacutetoilesAnges immaculeacutes font vibrer le cristalSe deacuteversent agrave lor les cieux de passion
Les feacutees de lunivers sinstallent en riantSur les nueacutees de lair pour leurs ailes un donFaire agrave toute la terre et deacuteverser du chant
Lenvoucirctement prend corps sur fleurs de lumiegravereSembrase en choeur le vol creacuteeacute par faits dhiver
Paysage enchanteur est feacutee de notre sang
Pascal Lamachegravere
Explication la schaltinienne simple deacutecroissante est un poegraveme agrave forme fixe de 10 vers composeacute de 1 quatrain (abba) 1 tercet (cac) 1 distique (dd) 1 vers isoleacute (c)
Prosodie illustreacutee Poegravemes en langues
eacutetrangegraveres
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 6La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Varolus UumlccedilgeniBen ve onlar
Koumlselerindeyiz Varolus uumlccedilgeninin
En fakiri benim Ccedilirilccediliplak
Acilarin uumlstlerine basarak Girmisim aralarina
Etrafima toplanmislar Kelebekler
Buumlyuumltmek iccedilin beni Guumlllerime konarak
O zamanlar Derin derin nefes almisim
Gelecegin goumlzlerinden sizan Goumlzyaslarina bakarak
Adimi hasret koymuslar Eflatun renkli duumlsuumlnceleri
Siyirarak oumlzuumlmden Guumlle benzesin diye
Kuumlccediluumlk adimlarimi Tasimislar mutluluklarina
Bu yetmemis Bakislarimla islanmislar Uzatarak dudaklarini
Yanaklarima
Anam babam dedirtmek iccedilin Uykusuzluklarini eklemisler
Yuumlreklerine Sevgiden koumlpruumller kurarak
Ben ve onlar Koumlselerindeyiz
Varolus uumlccedilgeninin En fakiri benim
Ccedilirilccediliplak Acilarin uumlstlerine basarak
Girmisim aralarina
copy Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Le triangle de lrsquoexistence
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Les papillons Se sont amasseacutes autour de moi
Pour me faire grandir En se posant sur mes roses
A ces moments-lagrave Jai respireacute profondeacutement En regardant les larmes
Coulant des yeux de lavenir
Ils mont donneacute le nom de laquo nostalgie raquo En extirpant de mon essence Les penseacutees couleur violette
Pour quelles ressemblent agrave la rose
Ils ont porteacute agrave leur bonheur Mes petits pas
Mais cela na pas suffi Ils ont eacuteteacute mouilleacutes par mes regards
En tendant leurs legravevres Vers mes joues
Ils ont ajouteacute leurs insomnies Pour me faire dire laquo oh parents raquo
En construisant des ponts Dans leurs cours
Moi et eux Sommes aux coins
Du triangle de lexistence Je suis le plus pauvre
Tout nu Jai peacuteneacutetreacute parmi eux
En marchant sur les souffrances
Paris le 14112003Uumlzeyir Lokman Ccedilayci
Traduit du turc par Yakup Yurt
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 7La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
De lamour du fleuve de lhiver
I
De lAmour
Je viens encor te parler de mon amourQui a rempli le Fleuve de ses larmes
Jusquagrave ne plus voir lhorizonJusquagrave ne plus me voir
Perdue dans les brumes qui seacutelegraveventEntre ciel et terre
Je le cherche
Si tu le vois dis-lui que je suis lagraveDebout agrave faire le guet sur une congegravereSur une icircle du Fleuve lagrave-haut agrave lEstHabilleacutee de chaleur et despeacuterance
Il me reconnaicirctra
Dis-lui aussi que ni les ventsNi les tempecirctes dhiverNe me feront bouger
Je tiens la flamme du bout de lacircmeJe ne la passerai quagrave lui
II
Du Fleuve
Aussi loin quagrave RimouskiMon majestueux fleuve de janvier
Me fait recircver
Je ne mendors point au coucher du soleil froidSes pourpres menchantent
Ils font danser le mondeSous laile de lOiseau
Mon Fleuve glaceacute en ses rivagesEmplit mon coeurdune musique deacuteterniteacute
Je lai vu ce soirSavancer tel lAnge de Silence
Je lai vu beau comme un PrinceQui ensorcelle sans savoir ni pourquoi
Force magique et eacuteternelleJoie pure au sel de mes larmes
III
De lHiver
Liberteacute blanche sans frontiegraveres de recircvesLuminositeacute dun jour de sourcePlus blanche que lImmortelle
Elle est lagrave geacuteante comme le FleuveElle et mon Saint-Laurent
Leurs eacutepousailles se font viergesAnnonciatrices de lOeuvre
Qui se recreacutee sans fin
Beauteacute blanche comme un baumeAux fatigues du jour
Repos de lacircmeMusique aux abicircmes des deacutesirs
Qui embrasent les horizons
De ta froidure naicirctront des amours charnellesDans cette haute chambre des mystegraveres
Naicirctront tes filles et tes fils
Ma Catheacutedrale blancheTu as conserveacute limaginaire de mon enfance
Immaculeacute est le puits de mon deacutesirJe puise mon recircve agrave tes grandes eaux de neige
Et les joues rouges au seul frocirclement de ta froidure
Loeil peacutetillant de tant de BeauteacuteJe fais fiegraverement le guet
Mon acircme et mon coeur ancreacutes sur une blanche congegravere
Tel le phare sur licircle au milieu du Fleuve de janvier
Du creacutepuscule au creacutepusculeJe tiens la flamme de mes amours
Ode
Poegravemes agrave lrsquoair du temps
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 8La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Penseacutees de Pierrot en deacutecembre
Cest la chevaucheacutee de lAventPierrot prend la route de NoeumllMalgreacute le froid malgreacute le ventLes problegravemes des fils dIsmaeumll
Pierrot sait que lenvironnementAux ecirctres vivants semble hostileLa nature est au goucirct du tempsLa Paix nous paraicirct bien morfils
Si tous les hommes vivaient damourCouteaux rentreacutes et moins vautours
Cest le mois du jouetCest le mois des cadeauxOn entasse les paquetsOn sort les oripeaux
Ciel absent sans eacutetoileLumiegraveres artificiellesChacun tisse sa toileDe joies bien mateacuterielles
Pierrot est meacuteduseacutePar cet acharnementLe recircve est eacutecraseacutePar tout ce mouvement
Apregraves la folie des cadeauxLa perspective dun bon repasLa nature et son blanc manteauLa neige crisse sous nos pas
Le froid vif envahit nos peursQuand il tue parfois au dehorsSans effacer nos ptits bonheursCar souvent lAmour est plus fort
Pierrot se glisse dans la nuitScintillante de flocons deacutetoilesDu regard une eacutetoile il suitLAveacutenment se cache sous un voile
Cest la semaine de NoeumllPierrot guette par les fenecirctresPour deacutecouvrir lEmmanuelActuellement ougrave peut-il ecirctre
Dans notre monde en gestationLes faux prophegravetes se multiplientChacun y va de sa chansonEt bien malheureux qui sy fient
Les enfants-rois ce sont les nocirctresEncore petits ils font recircverLe jour ougrave ils deviennent apocirctresIls cessent de nous eacutemerveiller
Pierre Fetz
Les couleurs de lrsquohiver
Aux derniers horizons des brumes qui srsquoirisentAux confins des frimas deacuteposeacutes par lrsquohiverCe frisson sur ma peau se propage et attise
Des souvenirs plus froids que les souffles polaires
Aux sources enivrantes de lrsquoamour eacuteternelOugrave jrsquoavais espeacutereacute eacutetancher mes deacutesirs
Crsquoest la douleur vive drsquoun sentiment cruelQui silencieusement me blesse et me deacutechire
Aux folles espeacuterances et aux espoirs stupidesSans le vouloir vraiment je mrsquoeacutetais mise agrave croire
Le coeur qui srsquoemballe agrave la lumiegravere limpideDrsquoun amour exprimeacute au profond drsquoun regard
Au jour qui arrive je me sens deacutemunieOugrave mes yeux apprenaient agrave voir les couleurs
La palette des teintes brusquement srsquoappauvritEt crsquoest le fusain noir qui dessine ma peur
Drsquoune vie sans espoirPourtanthellip
Au delagrave de lrsquohiver je veux voir le printempsLe bleu ciel le jaune soleil le vert des champsEt sentir sur mon corps la chaleur nouvelle
Drsquoune saison porteuse de force originelle
Reacutegine Foucault
Penseacutees de Pierrot
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 9La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Poegravemes reccedilus entre janvier et avril 2003 et retenus pour
le concours sur ce thegraveme
Oiseaux agrave plumes ou meacutecaniques
On a vu les mouettes les sternes
Pauvres becirctes On a vu lrsquoalbatros
Au cou des vieux marins On a vu des tempecirctes
Emporter des fauvettesEt des grands goeacutelands
Pareils agrave Jonathan
On cherche tous nos maicirctresDans les bois dans les fecirctes On cherche dans nos coeurs
La mesure du bonheur On cherche avec ardeurEt au ventre la peurOn voudrait srsquoenvolerSur les ailes du tempsEt tout recommencer
Comme chez les enfants
Il suffit drsquoune plumeEt drsquoune couleur bruneDrsquoun leacuteger zeacutephyr bleu
Pour que vienne la lyre
Il suffit drsquoun clavierEt savoir en jouer
Selon qursquoon veut donnerMots ou musique sacreacutee
Les claviers sont multiplesLeurs formes dynamiques
La plume va au ventPlus libre vers lrsquoantan
Lrsquoeacutepeacutee est son parjureAu clavier point de parure
Notes rondes porteacuteesPattes de mouches aileacutees
Beethoven nrsquoentend pasLe chant des eacuteperviers
Et TOI simple humainOu dieu plus qursquoincertain
Oseras-tu nierLa preacutesence des claviers Les visiteurs reviennentEt Jacquouille la bedaine
Fera vite un civetDu faisant attrapeacute
laquo Du cocircteacute de chez Swan raquo
Qui de la poule ou lrsquoœufVint donc en premier Moi je dis crsquoest la plumeQui fait toute la parure
Et je jetterais bien viteMon clavier qui mrsquoeacutevite
Si jrsquoavais toutes les plumesDans mon carquois Cupide
Il en est pour la plumeComme pour lrsquoamantIl faut en changer vite
Sinon elle se fend
Terminons cet envolDans les nueacutees ceacutelestes
Jonathan relis-moiLes conseils de ton laquo maicirctre raquo
Que je les chante encorLes soirs de Maldoror
3 feacutevrier 1999
Catherine Escarras
Les plumes drsquoor
Elles eacutetaient lagrave inertesTombeacutees en pure perteElle allaient srsquoenvolerLe vent les souffleraitTelles des pailles frecircles
Arracheacutees agrave des treilles
Puis une autre tombaComme apregraves un combatLrsquoheure devenait graveCrsquoeacutetait celle des braves
Une plume tombeacuteeEt trois de ramasseacutees
Eacutetait-ce le destinReacuteserveacute aux serins
Blanches comme la neigeFines comme des arpegraveges
Le soleil les frappaEt puis les colora
Alors sur cette tableA lrsquoallure minableOn vit se relever
Quatre plumes doreacutees
17 avril 2001Catherine Escarras
La retraite est la hantise des parachutistes car ccedila leur fait un vide
Si vous nagez dans le bonheur soyez prudent restez lagrave ougrave vous avez pied
Dans un reacutegime fasciste on nrsquoapprend pas je suis tu es mais je hais tu suisrdquo
Mieux vaut habiter une maison en L quun chacircteau hanteacute
La socieacuteteacute de consommation porte mal son nom car un con ne fait geacuteneacuteralement pas de sommation avant de dire une connerie en socieacuteteacute
Citations extraites de Mots et Grumeaux de
Marc Escayrolhttpwwwescayrolcom
Citations
Poegravemes sur le thegraveme La Plume
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 10La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Mots en liberteacute
Ce soir me vient lrsquoenvie drsquoeacutecrireMon coeur deacuteborde drsquoeacutemotionsDans lrsquoencre bleue de mon ciel
Folacirctrent drsquoinfinis recircvesOugrave je trempe ma plume
Au bout de mes doigts feacutebrilesMa plume glisse
Sur le duvet blancDes pages de ma vie
Au bout de ma plumeLes mots jaillissent aussi nombreux
Que les grains de sableApprivoisent le langage et
Faccedilonnent des vers harmonieuxQui deviendront mon poegraveme
Au bout de ma plumeLes mots se hacirctent
Sous la pression de mes penseacutees etDonnent agrave mes recircves
Des ailes qui me propulsentHors du vide inteacuterieur
Au bout de ma plumeLes mots reacutevegravelent mes joies mes chagrins
Mes deacutesirs mes espoirsMon ivresse solitaire
Exhument les souvenirsEgareacutes dans ma meacutemoire
Libegraverent les sanglots ravaleacutesLes cris eacutetouffeacutes
Dans mon coeur tourmenteacute
Au bout de ma plumeLes mots fredonnent un air nostalgique
Du vent meacutelodieuxRient aux eacuteclats jusqursquoaux confins de mon
universDansent sans retenue au greacute de mon
imagination
Au bout de ma plumeLes mots fragiles srsquousent srsquoeffilochent
Perdent leur pouvoir se taisentSrsquoessoufflent dans lrsquoagonie drsquoun bonheur
eacutepheacutemegravere eacutepuiseacutes
Drsquoun trait de plumeLes lettres les mots les phrases se vident etSombrent furtivement dans le vertige du
silence nu
Maintenant jrsquohabite un autre langageOugrave susurrent les mots inventeacutes
Par lrsquoextravagance de ma deacuteraison
Sylvie Freytag
Quand la plume se legraveve
Cest ta force qui jamais ne meurtCe dont les rois ont toujours peur
Ta constance ton effet sont fortsDans leurs chacircteaux forts ils sont morts
Tu fais entendre notre colegravereA ceux vivent la prochaine egravere
Ta pointe est parfois plus blessanteQue celle dune mortelle flegraveche perccedilante
Quand ta pointe minuscule se rouleCe sont de grandes ideacutees qui sen coulent
Deacutecris le noir de notre cageSur le blanc dune innocente page
La page blanche et lencre noireLheureuse alliance pour ce soir
Ton encre fertilise cette vierge pageLes mots en sont les enfants sages
Tu segravemes les mots sur ces lignesEt rature ceux qui sont indignes
Cette feuille eacutetant megravere toi comme pegravereDonnez la vie agrave ces vers
Wahid Mochtagh
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 11La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
La plume
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Comment mieux exprimer ma tristesseQuen leacutecrivant sur ce papier
Au coteacute de mes larmes de deacutetresseDe mes cris et mes pleurs deacutesespeacutereacutes
Comment mieux dire ma joieQuen eacutecrivant sur papier blanc
Que je suis heureux avec toiEn fermant lenveloppe et en lenvoyant
Comme mieux exprimer mon deacutesirQuen le couchant sur papier
Cette plume me servira agrave eacutecrireSur la peau de ton corps deacutenudeacute
Comment mieux exprimer mes sentimentsComment mieux te faire comprendre
Ce quau fond de moi je ressensSans par la parole te meacuteprendre
Cette plume que je trempe dans le sangCette plume qui suinte des larmes
Cette plume nest autre quune armeUne arme contre tous les tyrans
Cette plume que je trempe dans mon coeurCette plume qui glisse sur ton corps
Cette plume exhorte toutes mes peursEt tente de reacuteparer mes nombreux torts
La plume plus forte que leacutepeacuteeLa plume plus rapide que la voix
La plume me permet de meacutechapperEt de venir toujours vers toi
Damien
Une larme au bout de ma plume
Une plume ensanglanteacuteeGlisse sur ma peau en sanglots
Un enfant gambade entre monts et merveilles
Hume lrsquoodeur de la liberteacuteTouche lrsquoherbe de lrsquoespoir
Observe les nuages nimbeacutes des cieuxCroque la vie agrave pleines dents
Jouit du bonheur de lrsquoinnocence
Un bruit sourd je mrsquoeacuteveilleJe le vois eacutetendu lagrave
De son oreille srsquoeacutecoulentFilet de sang et cervelle
Neuf millimegravetres drsquoacier mrsquoont rendu assassin
Ivres de haine et de vengeance aveugleLeurs balles perforent mon corps aussi
Emplis de reacuteflexion et drsquoamourMes mots mutilent leurs acircmes deacutechues
Et pardonnent
Sen-K
La plume
La main du poegravete seacutelanceSon geste est plus que preacutecisUne lueur dans loeil aguerri
Il se munit de sa lance
Son souffle est tel une vaguePerdant toute orientation
Secoueacutee par le grand larguePuis la plume passe agrave laction
La pointe esquisse les lettresLa forme est conventionnelle
Et le fond tregraves personnelLe poegraveme commence agrave naicirctre
La suite ne se confie pasCar la seule vue de cette feuille
Doit imposer le recueil
Malgreacute lui lesprit est lasIl na pas besoin daval
Pour poser le point final
Mikaeumll
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 12La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
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Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre cacheacute parmi les plantesTu chemines lentement Volubile imposteur
Faible arccedilon inquieacutetant aux sarments enjocircleursSerpentin veacutegeacutetal aux eacutetreintes tournantes
Tu enserres le rosier drsquoun eacutetrange feuillageTu cherches par le soleil une ultime hauteur
Tu montes sur les sommets de la reine des fleursque tu eacutetreints ainsi en un fol mariage
Tu deacuteploies tes corolles pour lrsquoeacutepreuve drsquoamourLes roses ne sont pas drsquoune mecircme nature
Tu nrsquoes pas dans le ton ni drsquoune mecircme cultureProstitueacutee du jardin tu nrsquoes qursquoune belle-de-jour
Aussi belle-de-nuit et belle que lrsquoon aime
Tolliac
Mon cahier de poegravemes
Mon cahier de poegravemes se remplitJours apregraves jours
Les pages se tournent et se relisent
Il rassemble ma vie mon enfanceEt meacutelange mes soupirs mes souffrances
Ma joie mes plus beaux joursMes eacutemois mes amoursMa tristesse mes pleursMa paresse et mes peurs
Mon cahier de poegravemesCrsquoest mon stylo qui laisse une trace
Une empreinte de MoiImpreacutegneacutee des plaintes de mes doigts
Je laisse la placeA ma plume qui dicte mes joies
A chaque nouvelle page tourneacuteeCrsquoest une nouvelle ideacutee qui naicirct
Un nouveau texteUne nouvelle vie
De nouvelles penseacutees qui prennent source
Dans mon espritEt mon acircme dicte agrave ma main
Ces mots qui srsquoeacutecriventSur ce papierhellip
Mois apregraves moisCe sont de nouvelles creacuteations qui
apparaissentDes souvenirs qui renaissent
Lointains et irreacuteelshellipCrsquoest bien ma vie tout ccedila
Crsquoest bien moi
Enfermeacute dans ce cahier de poegravemesCrsquoest mon esprit qui grandit
jour apregraves jourmois apregraves mois
anneacutee apregraves anneacuteehellip
Je nrsquoarrecircterai donc jamais drsquoeacutecrire Non jamais
Eacutecrire mrsquoaide agrave survivre
Flora
Feuille de plume
Une feuille vierge et jeacutecrisce qui tourmente mon coeur
ce qui agresse mon corps
Sur le papier jauniles monts font mon bonheur
et me rendent plus fort
Dans ce cahier beacutenitse couchent des malheursdes cris des deacutesaccords
Cest la plume qui eacutecritles choses de mon coeur
les tumultes de mon corps
Une feuille pour amiequi vous soigne sans douleur
apregraves les coups du sort
lues Blues
Poegravemes drsquoauteurs agrave lrsquoaffiche
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 13La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Libido (acrostiche)
LIil toujours tregraves viriL je lui fis un sourciLIvre dun infinI besoin dinassouvI
Bousculant mon aplomB elle enleva son boBIronique et aussI pour montrer larrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD On me nomme PolO Quelle erreur mon cocO
Le parfum tregraves subtiL dun corps plus qu amicaLImpreacutegnait dinfinI le verre deacutepolI
Bien poseacute sur laplomB du vitrail bleu et plomBIndeacutecis mais ravI un bras sortait jolI
Dun drap de lin trop blonD bien lanceacute presque ronDObscur cet ex-votO preacuteservait son credO
La fille fit dun ciL un deacutebut tregraves subtiLIl lobserva ainsI danser nue tregraves ravI
Bien poseacute sur laplomB dun mamelon de plomBImpudique infinI un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronDOcreacute un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003Robert Bonnefoy
La mer
Je regarde souvent les vagues sur les plagesQui dansent sur le sable et les galets
bruyants Avec de grands ahans apregraves leurs longs
voyagesElles laissent tomber leurs tutus ondoyants
Elles ont parcouru beaucoup deacutetranges terresEn berccedilant gentiment barques et voiliers
Mais souvent rugissant entre les heacutemisphegraveresElles ont englouti bateaux et bateliers
Le zeacutephyr fait chanter ses surfaces soyeusesEt caresse son corps rempli de volupteacute
Les eacutetoiles le soir sy miroitent veilleusesReacutepandant sur leacutecume une exquise clarteacute
Les goeacutelands aussi joignent leurs cris acerbesA cette symphonie aux mille sons de nuit
Cest une apotheacuteose aux cymbales superbesQui vient pour expirer sur les plages sans
bruit
Ocirc le son de la mer quil soit doux ou terribleEnvahit nos esprits eacuteveilleacutes ou dormantsNous aimons son miroir moutonnant et
paisiblePar contre nous craignons ses courroux
eacutecumants
En eacutecoutant la mer qui se meurt sur le sableJe pense agrave mon parcours si souvent turbulent
Et je sais quil viendra ce jour ineacuteluctableOugrave mon dernier soupir seacutechouera pantelant
Je regarde venir ces vagues ruisselantesQui meurent agrave mes pieds apregraves un long trajetEt je pense agrave ma vie aux heures deacuteferlantesQui seacuteteindra bientocirct comme tout feu follet
Le flux et le reflux rendent londe immortelleApregraves notre reflux serons-nous de retour
Avec une autre vague une autre ritournellePourrions-nous regarder laube dun nouveau
jour
14 novembre 2003Christian Cally
Ses yeux
Ses yeux avaient toujoursquelque chose agrave me dire
Ils me parlaient drsquoamourdrsquoune nuit agrave venir
Dans ces miroirs drsquoazurau profond de son acircmeje vois encore si pure
briller la mecircme flamme
Les ans ont eacuterodeacutenos attraits les plus beauxMais vois-tu La beauteacute
nrsquoest qursquoagrave fleur de la peau
Tolliac
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 14La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Le jardin des plantes (de Rouen)
Dans ces alleacutees sableacutees aux arbres centenaires
de ce jardin public que je croyais perdu Ce vieux kiosque agrave musique battu au vent
drsquohiveret ces bassins geleacutes bordeacutes de pierres
moussues
attendent endormis que le soleil revienneembraser de ses feux ce royaume feuilluAnimer de nouveau drsquoune joie souverainele monde des oiseaux que jadis jrsquoai connu
lorsque dans le bassin flottait avec mes recircves
agrave peine affineacute mon navire de boisMes souvenirs reviennent Pauvres images
bregravevesCourant dans ces alleacutees enfant je me revois
Ces enfants avec moi je les ai tous connusComme eux je galopais et souriais agrave la vie
Ils eacutetaient et moi mecircme dans un temps reacutevolu
Nous eacutetions agrave lrsquoaurore Nous eacutetions agrave lrsquoenvie
Je marche sur mes pas Je marche vers ma nuit
Ces arbres mes amis garderons en meacutemoireLrsquoenfant que jrsquoai eacuteteacute et lrsquohomme que je suis
Ainsi fini le temps Ainsi fini lrsquohistoire
lrsquoeacutepopeacutee drsquoune vie Une ronde eacuteternelleOh Temps Ougrave est passeacute le meilleur de mes
jours Ne peux-tu un moment dans ta course
cruelleOugrave tu perds agrave jamais mes joies et mes
amours
arrecircter de lrsquohorloge le balancier fatalRemettre agrave sa place les choses drsquoautrefoisCe jardin cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes priegraveres et lrsquoombre de ma foi
Tolliac
Introspection musicale
Une blanche une noire demi crocheReposent sur le papier des meacutelodiesAgrave coup de sol de reacute de fa et de mi
La meacutemoire de lair va sortir des pochesDu silence Le musicien de son monde
Simpregravegne il fait le vide puiseDans la solitude la force des rondes
Concentreacute il sapprecircte agrave griser lassiseAu rythme de ses bonds Il fera jaillir
Mots de son instrument comme peintre au pinceau
Sur sa toile un oiseau qui use de ses cordesPour les cuis cuis orchestreacutes avec un sourireDacircme une puissance abyssale de ces eauxSous jacentes qui seacutecument pour deacutelivrer
ode
Le musicien se sonde lit sa partitionEn faisant le vide avant de toute passionDunivers les sons lumineux faire deacuteferlerDans lespace couleurs faire naicirctre briser
Une noire une blanche triples crochesSaniment sont aspireacutees saccrochentSous les doigts du musicien il inspire
Ses heures les saisons les peines et les joiesLhistoire dun instant qui meurt il expire
Dans lobscuriteacute de sa piegravece chimeacuteriqueDo si la do il se balade sur les lois
Lignes qui avivent leacutemoi reacuteel musiqueDes recircves des deacutechirements bouillon
explosifUn meacutelange inextricable impreacutegneacute du toutDes paradoxes qui seacutechouent sur les reacutecifs
Soffrent agrave la vie au goucirct du brut de ces grands fous
Qui nont besoin de lumiegravere qui savent le silence
Les preacutemices et les chants dair les mains en puissance
Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 15La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
Vous aurez eacutegalement sur ce site la joie de trouver un traiteacute de prosodie ainsi quune piegravece de theacuteacirctre -vaudeville- complegravete et entiegraverement libre daccegraves
Toute demande de renseignement compleacutementaire peut ecirctre adresseacutee agrave Pierre Brandao - 3 rue de la Marienneacutee 17140 Lagord ou pierrebrandaolibertysurffr
Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Le reneacutegat
Mon Dieu Je suis perdu dans ce monde deacutesoleacute
Mon acircme est fatigueacutee par le mal et le crimequi chevauchent le vent par les monts les
valleacuteelaquo Je veux ni Dieu ni maicirctre raquo eacutecrit sur ma
poitrine
fait de moi un relaps et les propos brucirclantsdrsquoouailles vindicatives me clouent au pilori
On me montre du doigt Suis-je un meacutecreacuteant Ou un adolescent hacircbleur a priori
Apregraves quelques anneacutees je vois tout autrement
Lrsquoeacutecrit sur ma poitrine nrsquoest plus de bon aloiJe nrsquoavais de ma vie eu agrave aucun moment
agrave plier les genoux ni agrave subir de loi
Je le fais en secret Ma confusion est grandeLevant les yeux au ciel jrsquoimplore ton secours
Chez moi comme un voleur le malheur queacutemande
Il srsquoimpose et me frappe sans lrsquoombre drsquoun recours
dans lrsquoecirctre le plus cher que je porte en mon coeur
Ses forces lrsquoabandonnent et ma peine est atroce
Je souffre de son mal Je ressens sa douleurme tenailler les tripes drsquoune morsure feacuteroce
Je cherche dans le ciel une ultime protectionJrsquoai recours agrave ta gloire Jrsquoimplore ta cleacutemencepour mon passeacute douteux fait de deacutesillusionsQue nrsquoai-je pas gardeacute de mes ans lrsquoinnocence
Je voudrais tant changer et nrsquoecirctre plus le mecircme
Je fais un compromis reacutefutant mon passeacuteet je plie les genoux pour un ecirctre que jrsquoaime
Je me sens humilieacute En priant jrsquoai pleureacute
et je me sens meilleur Je cherche lrsquoeacutetincelleLe retour du bonheur Le soleil bondissantdans mon humble demeure Mecircme la pluie
qui ruisselleou le temps comme il vient srsquoils nous sont
gueacuterissant
Ainsi soit-il Un marginal vieillissant est dans lalternative de choisir entre son mode de vie quil a deacutefinitivement adopteacute et le recours agrave lecirctre suprecircme quil invoque dans une circonstance dramatique Il pense que cette requecircte ne sera beacuteneacutefique pour la personnegravement malade quil aime tant que si Dieu le pardonne de ses erreurs passeacutees Lui le grand libre penseur il plie les genoux et shumilie Cest une grande preuve et eacutepreuve damourIl faut avoir vu les eacuteglises et les temples se remplir au cours dune guerre pour bien comprendre ce revirement
Tolliac
Deacutesordre
Pareil agrave un deacutedaleMon esprit embrouilleacute
Ne comprend rien agrave ce malDe mon acircme tortureacutee
Pareil agrave un oiseau sans nidJe ne peux trouver la paix
Et bien que lespoir soit permisJe ne pense quagrave limparfait
Pareil agrave un chemin sans issueMa vie ne peut avancer
Comme agrave un fil suspendueElle reste accrocheacutee
Pareil agrave un eacutelegraveve mal appliqueacuteJai fait une tache sur le futur
Pour essayer de comprendre le preacutesentA gommer mes deacutecisions je passe mon temps
Dans la plus grande confusionUne fois Oui une fois Non
Mes penseacutees me font une escorteVers lineacutevitable deacutesordre
Gagy H
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 16La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
Que repreacutesente pour vous la poeacutesie qursquoy cherchez-vous
Dabord exutoire dune souffrance inteacuterieure la poeacutesie est devenue une compagne collant agrave mon acircme La maicirctrise des techniques et surtout la liberteacute de sen eacutechapper ma donneacute le moyen de faire passer mes sentiments au-delagrave mecircme mes propres ressentis pour toucher le coeur du lecteur Un frisson partageacute en quelque sorte
Quels sont les artistes poegravetes ou autres qui vous ont le plus toucheacute
Rimbaud Verlaine Hugo pour ne citer que les plus classiquement connus Marcel Chabot Reneacute Char Gilles Sorgel
Avez-vous ou envisagez vous de publier des eacutecrits en eacutedition
A ce jour quatre recueils de poeacutesies ont eacuteteacute publieacutes deux romans policiers sont eacutegalement disponibles Je finis un troisiegraveme roman policier Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traiteacute de prosodie piegravece de theacuteacirctre)
Remarque publicitaire A loccasion des fecirctes de fin danneacutees Pierre Brandao vous a concocteacute un petit cocktail litteacuteraire sympathique agrave soffrir ou agrave offrir Pour les passionneacutes de romans policiers - Vengeance Seacuteculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros- Rancune Meurtriegravere au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
Pour les passionneacutes de poeacutesie - LAmour agrave fleur dacircme eacuteditions Cleacutea comprenant un recueil de poegravemes chansons
partitions musicales et CD daccompagnement 18 euros au lieu de 20 euros- Lucioles magiques recueil de poegravemes illustreacutes de Pierre et Marie au prix de 13 euros au lieu de 15 euros
En cas de commande de deux ouvrages au moins les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel Pour plus de renseignements sur les oeuvres vous pouvez vous rendre sur son site (httpenvers-des-rimescheztiscalifr)
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Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent
Le photomontage poeacutetique le recueil Lucioles Magiques eacutecrit en collaboration avec la poeacutetesse Marie en est le reflet type
Pouvez vous dire ou plutocirct deacuteclamer en quelques vers ce qui pourrait vous
repreacutesenter ecirctre le symbole de lrsquoessence de votre acircme de vos œuvres de votre ideacuteal Je reprendrai alors la premiegravere strophe dun poegraveme Le vers Le vers bat agrave la sensation-Il pleure - et lencre saleacutee fileSur le papier plein deacutemotion-Il rit - et le stylo deacutebileClaque sur le papier fragile
Quelque chose dimportant agrave ajouter vous concernant concernant vos oeuvres
Ne plus jamais cesser deacutecrire tant que lombre de la page blanche ne me recouvre pashellip
Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
poegravetes dont la communication se fait via le forum poeacutetique Poeacutesirama
Interview
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
de Pierre Brandao
A quel genre de Litteacuterature drsquoartistes vous identifiez-vous
Je pense avoir lesprit poegravete mais eacutegalement romancier (litteacuterature policiegravere entre autres) je mamuse agrave eacutecrire eacutegalement des piegraveces de theacuteacirctre des sceacutenarios pour films ce qui me passe par la tecircte
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Pierre Brandao
NB Pierre Brandao participe agrave la creacuteation dune revue visant agrave publier des
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Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 17La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
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Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Lenfant et loiseau
Un enfant agrave lrsquoacircge drsquoune grande personneMarchant dans un petit jardin provincialPromenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secretsQue la nature emprisonneacutee voulait bien montrerAux merveilles de cette flore et de cette fauneVenait se meacutelanger ce qui creacuteeacute en chacun du speacutecialDes atmosphegraveres de penseacutees eacutemotives issues de lrsquoessenceDe chaque acircme donnant agrave la vie son sens
Croisant de ses pas un Catalpa un ArbousierDes checircnes un Chicot un Robinier un MicocoulierUn condenseacute des diffeacuterentes contreacuteesA terre la reacutecolte de la saison agrave peine commenceacuteeDes marrons et des feuilles aux couleursDe la colegravere bizarroiumlde pour avoir eacuteteacute eacutejecteacuteesEt croisant de ses pas des fleurs encore flamboyanteQui offraient agrave la vie un peu de leur acircme aimanteIl effleurait de tendresse sa meacutemoire rouilleacuteeRecherchait au plus profond de lui ce qui lrsquoeacutegaillait
Approchant un majestueux Cegravedres libanaisOugrave une acircme frecircle de bonheur jouaitUn oiseau aux plumes blanches blesseacuteLanceacute dans une danse au vent attira son attentionDans ses cieux naquirent une premiegravere questionMalgreacute son agiliteacute Eacutetait-il toucheacute dans ses profondeurs Le gracile continua en corps quelques envoleacuteesAvant de se poser semblant quelque peu presseacute
Le coeur denfant se dit que loiseau dans sa torpeurJouait de la fierteacute laissant paraicirctre lagiliteacute
Au fond de lui en sa chair il eacutetait blesseacuteLenfant essaya de rattraper cet oiseau sapprochant de luiA pas silencieux eacutepargnant les immobiles au sol
Reacutefugieacute pregraves du checircne Celui-ci soccupait de sa blessureDe son bec raclait le corps eacutetranger enduitDe sang et de ses ailes se proteacutegeait des caprices dEacuteole
Lautomne aux heures ougrave le temps est en cassureSembla soudain un eacutetrange meacutelange de douleur et de vieLe paysage fit rentrer lacircme en chaque celluleDu corps poussant agrave la conscience des instants enfouis
A lapproche de loiseau tendant les mains sans aucun calculLes cieux enrhumeacutes notre gavroche ne put contenir une larme
Le froid sintensifiait enfonccedilant plus profondeacutement ses lamesLes turbulences savivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortesLes sages se pliaient les bancs tremblaient les fleurs se refermaientLes frecircles courraient se reacutefugier agrave leur dieu le tapis de la saisonDevint un champs de bataille ougrave rebondissait en heurt la cohorteAllant et venant sans compassion par la deacuteraison du temps affoleacutee
La larme du coeur fut figeacutee au creux de la visionA cheval sur les riviegraveres de ladulte Le paysageEacutetait devenu apocalyptique la lumiegravere scelleacuteeMeacutelancolique se cognait dans les portes nuages
Loiseau navait pas bougeacute navait pas eacuteteacute toucheacutePar cet assaut encore plus traicirctre quun JudasAussi soudain quinstantaneacute Le brouillard
Nouvelle Conte
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 18La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
TitreTexte
cinglant fut asseacutecheacuteLorsque lenfant parvint agrave effleurer le gracile de ses doigts
Loiseau aurait pu se sentir deacuterangeacuteMais le coeur attentionneacute lui donnant tendresseEacutevitant la zone hypersensible en douleurIl laissa les doigts puis la main glisserLe long de son dos dans de simples caressesChacun donnant agrave lautre de son aura Sans peursLenfant peacutetillait de pouvoir lapprocherEt voulait son nouvel ami ce volatile le bichonner
Il se demandait comment celui-ci avait il pu ecirctre blesseacute Eacutetait-ce le monde des humains qui lavait pieacutegeacuteOugrave un malheureux accident avait-il eu avec un chat en Gaia Aussi loin quune acircme peut en elle voir naicirctreLes premiegraveres lueurs de la conscience il navait de cesseDe penser de reprocher la meacutechanceteacute gratuite qui le fustigeaLorsquil vit en lui se deacuterouler le paradoxe de lexistence
Ses poussiegraveres deacutetoiles revenant agrave loiseau une envie de compresseGrandit en lui mais le devanccedila la magique scienceDes feacutees gardiennes de cet espace naturelLune delle sapprocha avec sa baguetteet sa lumiegravere pour alleacuteger souffrance
Une amitieacute commenccedilait agrave germer entre les deuxQue plus personne ne venait deacuteranger pas mecircme une frecircleQui reacuteinventait pour soccuper un petit jeuPregraves du cegravedre Libanais faisant avec des feuilles et un marron une marelle
Lorsque le coeur se concentra agrave nouveau sur des plumes coupeacuteesIl lui sembla que loiseau lui parlaitPar lintermeacutediaire des ondes de la penseacuteeCelui-ci voulait linviter agrave volerEn double surprise avant quil ne put
protesterSur son incapaciteacute la petite voix lui dit Nai pas peur cest seulement ton coeur qui va maccompagnerDans ce voyage qui jespegravere te surprendra agreacuteablementTu reviendras en ta demeure pour vivre ta vieAussi vite aussi vif aussi instantaneacutee quun battement
Sans plus un geste de lenfant dans la gracircceLoiseau deacuteploya ses ailes et seacutelanccedilaEffleurant sans un bruit au sol la massePour fendre agrave nouveau lair le vent suivre la voieDe laventure quil comptait bien faire vivre agrave son amiImmobile au sol figeacute en une statue de marbre endormie(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbreaux yeux fermeacutes cest peut ecirctre simplement un grand enfantdont le coeur est parti faire un voyage en compagnie dun oiseau)
Apregraves un salut agrave lacircme qui jouait agrave la marelleLoiseau en compagnie du coeur de lenfantSenvola dabord au greacute du ventDautomne pour ensuite se diriger avec ailes
Il traversa lalleacutee des sages du mondeGlissa sur le tapis coloreacute frocircla des feuillesLibeacutereacutees eacutevita de peu une dame en deuilPuis monta monta monta au dessus de la rondeLe jardin public neacutetait plus quune forme carreacuteeEt la maison de notre gavroche neacutetait plus quun pointCelui-ci porta son regard sur le lointainEacutemerveilleacute de vivre cette expeacuterience inopineacuteeSes sens se mirent petit agrave petit au diapasonDe ceux de loiseau qui avait deacutecideacute dentreprendreUn long voyage pour le plaisir de son nouvel ami
Lorsquils survolegraverent un grand pont
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 19La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Le coeur denfant senquerra Ougrave memmegravenes-tu comme cela Loiseau Lagrave ougrave tu trouveras le sens Ne te fais pas de souci
Et loiseau vola vola vola faisant voir du paysage agrave son inviteacuteDes prairies des forecircts des mers deau de glace et de feuDes riviegraveres des fleuves des montagnesDes jardins des maisons des monument des villesEt tel un grand et geacuteneacutereux mage livresse le gagnaitDe temps agrave autre en vrille
Il lamena partout lui fit voir toute sorte de lieuxDe la terre jaune marron verte toute une palette de couleursEnrobeacutees de parfum quil huma au bonheurDes fleurs des arbres des insectes des animauxDe diffeacuterentes contreacutees qui le mirent dans le beauDes diffeacuterents souffles dacircme de la vaste faune et floreQui fit queacutemander agrave lenfant en corps
Il eut aussi le plaisir du chatoyant soleilDe la pluie brumeuse et orageuse de larc-en-cielDes lacs enneigeacutes et des aurores boreacutealesLe plaisir de contempler les aubes et creacutepusculesLes paysages aux lueurs des astres et des lumiegraveres humainesLe coucou au passage de loiseau des scintillantes eacutetoileshellip
Il eut aussi le malheur de voir les polluantes bullesLhomme et les femmes se deacutechirer jeter agrave la vie mauvais sortIl vit des bagarres des crimes des mondes baignant dans la haineDes gens dans des champs de rouge mortDes gens aussi emporteacutes par des accidents de la natureEt la perte de lhumaniteacute dans des envoleacutees sang futurhellip
Dans ces moments loiseau et lui eurent la chanceDe ne pas finir eacutecraseacutes fusilleacutes exploseacutesDe ne pas plier agrave jamais sous cette malheureuse errance
En loiseau lenfant seacutetait terreacuteCoulant quelques petites larmesSous ces eacutecrasantes armesDe tout son ecirctre par lhorreur glaceacute
Le gracieux sentit la douleur gagner son amiIl lui susurra Ne garde pas en toi tout ceciCela fait partie du monde ce quil en est faitmais la vieElle a trop de treacutesors agrave deacutevoilerPour que la joie du cristal soit gacirccheacutee
Pour lui eacuteviter de souffrir plus longtempsIl eacuteveilla ses sens au firmamentEntra dans la danse au ventFit frissonner de ses plumes agrave sa chairLes atomes de luniversSe laissa alleacute en les meacutelopeacuteesDes sages et des aureacuteoleacutesPlongea dans les essences des palettesDe sorte que les battements furent en fecircte
Pour couronner le tout il embauma son coeur despoirLamenant dans une ville eacuteloigneacutee de la sienne ougrave il put voirCelle que de tout son coeur il voudra AimerIls seacutetaient poseacutes agrave sa fenecirctre Elle eacutetait endormieElle inspirait un je ne sais quoi dinfiniEmmitoufleacutee dans son lithellip elle souriait
Qursquoelle est belle hellip Lenfant sortit deacutefinitivementDe torpeur au silence des ailes Denvie il mourraitDe lapprendre dans ses brasDe deacuteposer en sa flamme agrave chaque instant de la joieElle seacuteveillait tout doucementLaissa eacuteclore sa conscience au soleil peacuteneacutetranthellip
Quelle est belle hellipIl percevait en ses cieux les nuances de son acircmeSentait delle seacutemaner lindicible sentiment
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 20La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Les Petits Lutins malins
Ca cest dla Magie Maman me dit ma fille Aurore du haut de ses cinq
ans
Ca cest dla Magie Aux pays des petits
il ny a jamais dennui
Moi plus tard puisque lEacutegypte existe encor
cest deacutecideacute je serais Pharaon Lui reacutetorque son fregravere qui est deacutejagrave un grand
Et maman pense Aux pays des petits moutons
qui broutent le vert gazonje planterai des petits lutins malins
qui au petit matiniront jouer dans la pluie et ses flaques
pour eacuteclabousser les limaces
Ca cest dla Magie Maman Maman ce mot si doux
agrave laccent meacutelodieux qui agrave lui seulchante les accords du Bonheur
Ouh Ouh Maman tes dans la lune Tas pas entendu
Avec mon chapeau pointumoi je veux ecirctre Feacutee
Et ma chevelure ondulera dans le ventcomme les vagues bleues de lOceacutean
Je volerai tregraves haut dans le Cielet assise sur mon nuage Fi de Perlimpinpin
Moi cest de la poudre agrave recircveque je soufflerai sur le Monde
Ouh Ouh Maman descends dton nuage Grogne un papa bougon tout poussieacutereux
sorti tout droit du placard etqui ne sait plus recircver
Aurait bien besoin dun ptit coup de poudre agrave recircvecelui-lagrave
Crois bien que jvais commencer par lui
Chansons
qui le transcendaitA le rendre muet dans des rythmes acceacuteleacutereacutes
Quelle est belle Il voulut en linstant reprendre formeCourir vers elle lenlacer dAmourLui raconter lui parler sans deacutetour
Un instant deacuteterniteacute son regard sur loiseau se posaLeurs yeux se croisegraverentLun en lautre se fondegraverentEn un eacuteclair dAmour fleurant bon leacutemoihellip
Loiseau ne put retenir tout cela en luiIl dit ses derniegraveres paroles agrave son ami Voilagrave je tai ameneacute au deacutebut de ton voyageJe tai fait partager mon existenceEt il est maintenant tant que tu remplisses les pagesAvec lencre de tes recircvesQui se reacutealiseront par patienceMerciDecirctre mon amihellip
Loiseau sans ajouter motsSenvolahellip et il vola volaVers ses horizonshellipLaissant lHomme agrave ses mauxEn passionhellip
Le marbre saviva lenfant rouvrit les yeuxhellip
Il eacutetait dans le lieuOugrave il avait rencontreacuteLoiseau blesseacutehellip
Reacutesonnait en corpsLouverture en son forhellip
Il retrouva petit agrave petitSon esprithellip
Merci agrave toi mon amihellip
Deacutecembre 2001Pascal Lamachegravere
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 21La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Gentil malin
Comme tous les ptits gars pardiGentil gentil
Voyez donc ccedila quand il sourit Gentil gentil
Gentil mais malin aussi
Cest pas bien grave une farceQuil dit
Puisquapregraves coup papa rigole La porte claqueacutee
Bing sur le pallierLes clefs coinceacutees dans la serrure
Du mauvais cocircteacuteComme pour taquiner
Maman qui toque et carillonneCest pas bien grave une farce
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Cest pas bien grave sil cache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman retrouve La montre au frigoLe reacuteveil dans leau
Le matin ougrave papa se legraveve tocirctDans la chemineacutee
Le papier W-C
Le dernier rouleau qui restait Cest pas bien grave sil cache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil gacircche toutQuil dit
Puisquagrave chaque fois papa pardonneLes draps deacutecoupeacutes
Loreiller creveacuteLduvet fait dla neige dans la chambre
Le pot renverseacuteLa soupe dans leacutevier
Juste quand les inviteacutes sonnent Cest pas bien grave sil gacircche tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil tache toutQuil dit
Puisquapregraves lui maman deacutecapeMoquettes et papiersPartout gribouilleacutes
Gracircce aux feutres que rien neffaceLdoigt dans lencrierGoutte sur le cahier
Le jour ougrave il faut le signerCest pas bien grave sil tache tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Cest pas bien grave sil jette toutQuil dit
Puisquapregraves tout ccedila deacutebarrasseLes billets les chegraveques
Les factures avecEn avions senvolent par la fenecirctre
Dans le caniveauVoguent les feuilles dimpocirct
Le soir ougrave papa doit les rendreCest pas bien grave sil jette tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Refrain
Allons ma Fille sors tes potionston bocal agrave malice
tes eacuteprouvettes agrave deacuteliceset de ta baguette magique
jettes le sort agrave papa
Celui de lui rendre agrave nouveau Le Sourire
Planegravete interdite
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 22La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Cest pas bien grave sil chipe toutQuil dit
Car ce nsont mecircme pas nos affairesDeux lattes de plancher
Cloueacutees en eacutepeacuteeLrideau en cape de mousquetaire
Les portes sans poigneacuteePour agreacutementer
La visite du proprieacutetaireCest pas bien grave sil chipe tout
Quil ditCar quoi quil fasse on dit de lui
Ce ptit bout dhomme nest-il pasGentil gentil
Comme tous les ptits gars pardiLadorable cheacuterubin
Gentil gentilVoyez donc ccedila quand il sourit Ah oui vraiment quel ange
Gentil gentilGentil mais malin aussi
Jean-Marie Audrain
Le Petit Bossu
Venez entendez lhistoireDu Petit Bossu
Oyez seigneurs des manoirsEt gens de nos rues
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe deacuteroulait un drame
Un homme errait chez les damneacutesPour racheter son acircme
Un nain descendait aux enfersSe perdant agrave jamais
Petit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Seacuteant laissez-moi tisserLe fil qui se trame
Devant tant dobscuriteacuteLa raison se pacircme
Nallez pas tirer vos enfantsDu fond de leur sommeil
Pour aller voir ma mie
Jai chausseacute mes souliers vernisPour aller voir ma mie
Mais un teacuteleacutegramme anodinMapprends quelle est chez son cousin
Jai remis mes gros sabots grisEn me disant tant pis
Jai eacutetrenneacute mon patchouliPour aller voir ma mie
Mais en achetant ma gazetteOn me preacutevient drsquoune tempecircteJe me suis dit sous mon abri
Partie remise pardi
Jai loueacute un noir queue de piePour aller voir ma mie
Mais un coup de fil opportunMannonce quil ny a plus de train
Jai ducirc repasser mon habitMaudissant ce sursis
Jai coupeacute mes roses rubisPour aller voir ma mie
Mais la visite dun voisinMe flanqua son rhume des foins
Jai jeteacute mes fleurs et ce cri Me voilagrave mal parti
Tout ruinant mes projets mucircrisPour aller voir ma mie
Jrsquoai ressorti ma vieille peacutetoirePour me faire sauter le ciboire
Puisque le ciel le veut ainsiAdieu donc agrave la vie
Cest juste alors que jentendisQue je pus voir ma mie
Venue agrave pied malgreacute londeacuteeLa goutte agrave loeil la larme au nez
Faut-il qusup1elle maime tant pour braverLes dangers que jai fuis
Jneacutecoutrai que mon coeur promisPour aller voir ma mie
Ignorant temps et contretempsMecircme nu jirai suant mouchantHeureux quelle ait sauveacute ma vie
Et notre hymen aussi
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 23La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre
Titre
Novembre
Quils recircvent des leacutegendes dantanDe monts et de merveilles
Laissez vos femmes au coin du feuGardez les du frisson
Mais sans bruit seacuteparez-vous deuxEt quittez la maison
(Deacuteclameacute )Un jour au bal de la cour
Chacun vantait ses exploits galants Celui-ci avait trop bien reacutejoui sa maicirctresseCelle-lagrave seacutetait joueacute de cent vingt courtisans
Un autre avait fait mieux ou bien pireDaucuns voudraient encore sur lui
surencheacuterirMais personne navait dyeux pour un pauvre
nabotPersonne oh non personne naurait loeil
attristeacutePour le Petit Bossu qui maintenant noyait
Son chagrin dans ses larmes
Le monde lui eacutetait un deacutesert Il nattendait plus rien
Enfant du vent et de lhiverIl eacutetait orphelin
Il aurait aimeacute douces mainsPour caresser sa bosse
Mais qui senticherait dun nainSans argent ni carrosse
Ce soir il aurait tout donneacutePour lamour dune femme
Aurait conclu tous les marcheacutesMecircme au prix de son acircme
Satan loreille agrave laffucirctEt le coeur cruel
Aux mots du Petit BossuPrit sa voix de miel
Depuis le fond de mon enferJaccours agrave ton appel
Tout seul tu ne peux plus rien faireAbandonneacute du ciel
Alors que tu neacutetais pas neacuteJe dessinais le drame
A preacutesent je viens marchander Lamour contre ton acircme
Avant mecircme douvrir les legravevresIl avait choisi
Du fond de son coeur en fiegravevre
Jaillissait un ouiOui agrave lamour qui le fuyait
Tout au long de ses joursOui agrave celui quon appelaitPrince des mauvais tours
Quand tard au bal de la courElle lui apparut
Satan avait preacutevenuLe Petit Bossu
A celle que je vais te donnerAu coeur de cette nuit
Tu ne devras rien refuserEn serviteur soumis
Tu lui seras plus que fidegraveleDune flamme eacuteternelle
Mais quand dame cavaliegravereSapprocha de lui
Au loin douze coups de tonnerreSonnegraverent minuit
La chambre sembauma bientocirctDe la senteur du fiel
Le lit flamba comme un fagotSous les doigts de la belleLa voix de miel de Lucifer
Sortit de ses entraillesLe sang colora ses yeux clairs
Sa peau devint eacutecailles
Petit Bossu pourrait-on boireDes larmes plus amegraveres
Quau jour oublieacute de lhistoireOugrave tu partis en guerre
Contre le perfide SatanLignoble marchandeur
Qui pour ravir lacircme et le sangSe fit femme et voleur
Depuis ce temps de tristesseEt de maleacutefices
Le nain berneacute na de cesseDe chercher justice
Errant sans fin chez les damneacutesPour retrouver son acircme
Alors que vous neacutetiez pas neacutesSe poursuivait son dramePetit Bossu il sappelaitEt personne ne laimait
Jean-Marie Audrain
Journal en fond poeacutetique - ndeg20 - Deacutecembre 2003 24La P ume Libre