la place de la sage-femme dans la prise en charge de · mémoire présenté et soutenu par pauline...

84
Université François Rabelais UFR de Médecine École Régionale de Sages-Femmes TOURS La place de la sage-femme dans la prise en charge de l’IVG médicamenteuse Enquête auprès des étudiants de la Région Grand-Ouest Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme Promotion 2009 -2013

Upload: duongdieu

Post on 13-Sep-2018

220 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

Université François Rabelais

UFR de Médecine

École Régionale de Sages-Femmes

TOURS

La place de la sage-femme dans la prise en charge de

l’IVG médicamenteuse

Enquête auprès des étudiants de la Région Grand-Ouest

Mémoire présenté et soutenu par

Pauline BRETON

Sous la direction de

Docteur Anne DUBREUIL

Madame Véronique RIEU, sage-femme

Promotion 2009 -2013

Page 2: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme
Page 3: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

Université François Rabelais

UFR de Médecine

École Régionale de Sages-Femmes

TOURS

La place de la sage-femme dans la prise en charge de

l’IVG médicamenteuse

Enquête auprès des étudiants de la Région Grand-Ouest

Mémoire présenté et soutenu par

Pauline BRETON

Sous la direction de

Docteur Anne DUBREUIL

Madame Véronique RIEU, sage-femme

Promotion 2009 -2013

Page 4: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier Anne DUBREUIL, Véronique RIEU et Céline

LAPEYRE, directrices et guidante, pour leur soutien et leur aide au cours de

mes recherches. Elles m’ont encouragée dans mes choix tout au long de ce

travail. Leur disponibilité et leur professionnalisme m’ont été d’une aide

précieuse et m’ont permis d’aller au bout de mes idées.

Je remercie également les étudiants sages-femmes de la région Grand-Ouest

pour leurs réponses à l’étude, et sans qui je n’aurais pu réaliser ce projet.

Un grand merci à toutes les personnes qui m’ont accompagnée et aidée dans

l’élaboration de ce mémoire : professionnels, amis, famille.

Page 5: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

1

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ................................................................................................ 4

PREMIERE PARTIE ........................................................................................... 6

1. Rappels historiques sur l’IVG : du crime à la légalisation .................. 7

1.1. Les lois portant sur l’IVG.................................................................... 7

1.2. Les Mouvements créés autour de l’IVG .............................................. 8

1.2.1. Le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF) ........... 8

1.2.2. Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) ......................... 8

1.2.3. Le Mouvement de Lutte pour l’avortement et la contraception

(MLAC) ..................................................................................................... 9

1.2.4. Les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) ......... 9

1.3. Historique des sages-femmes et de l’avortement ............................. 10

2. Pratique de l’IVG de nos jours ............................................................. 11

2.1. Le cadre légal en France .................................................................. 11

2.2. Quelques exemples de réglementation de l’IVG à l’étranger ............ 12

2.3. Les méthodes d’IVG ......................................................................... 13

2.3.1. La méthode médicamenteuse ...................................................... 13

2.3.2. La méthode par aspiration ........................................................... 13

3. Les sages-femmes et l’IVG : quelles implications ? .......................... 14

3.1. Les mobilisations des sages-femmes pour l’orthogénie ................... 14

3.2. L’amendement à la loi HSPT ............................................................ 15

4. Les problèmes actuels autour de l’IVG ............................................... 16

4.1. Le conflit sage-femme et avortement ............................................... 16

4.2. Les données épidémiologiques sur l’IVG ......................................... 17

4.3. L’IVG menacée ................................................................................. 18

DEUXIEME PARTIE ......................................................................................... 20

1. L’étude ................................................................................................... 21

1.1 La problématique .............................................................................. 21

1.2 Les hypothèses ................................................................................ 21

1.3 Les objectifs ...................................................................................... 22

1.4 Matériel et méthode .......................................................................... 22

1.4.1 Type d’étude ................................................................................ 22

1.4.2 Définition de la population d’étude et des modalités de sélection 22

1.4.2.1 Critères d’inclusion ................................................................ 22

Page 6: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

2

1.4.2.2 Critères d’exclusion ............................................................... 22

1.4.2.3 Diagramme des flux ............................................................... 23

1.4.3 Modalités de recueil des données ............................................... 23

1.4.3.1 Variables étudiées ................................................................. 24

1.4.3.2 Déroulement du recueil de données ...................................... 25

1.4.4 Procédure de recueil et d’analyse des données .......................... 25

2. Résultats de l’étude .............................................................................. 26

2.1. Taux de réponses à l’ensemble du questionnaire ............................ 26

2.2. Caractéristiques de l’échantillon d’étude .......................................... 26

2.3. L’orthogénie dans la population d’étude ........................................... 28

2.3.1. Le stage en orthogénie ................................................................ 28

2.3.2. Les sages-femmes et l’orthogénie ............................................... 29

2.4. Pratique professionnelle ................................................................... 33

2.5. Connaissances et opinions des étudiants ........................................ 34

2.6. Formation des sages-femmes .......................................................... 39

TROISIEME PARTIE ........................................................................................ 43

1. Discussion ............................................................................................. 44

1.1. La sage-femme dans le domaine de l’orthogénie ............................. 44

1.1.1. La sage-femme a-t-elle sa place en orthogénie ? ........................ 44

1.1.2. Quels sont les avantages d’une sage-femme en orthogénie ? .... 45

1.2. Opinion générale des sages-femmes ............................................... 47

1.2.1. Selon notre étude ........................................................................ 47

1.2.1.1 Les convictions religieuses .................................................... 48

1.2.1.2 Le stage en orthogénie .......................................................... 48

1.2.2. Comparaison à une étude d’étudiante sage-femme .................... 49

1.2.3. Comparaison aux études des professionnels .............................. 49

1.3. La formation des sages-femmes ...................................................... 51

1.3.1. Selon nos résultats ...................................................................... 51

1.3.2. Enquête auprès des étudiants d’Ile-de-France ............................ 52

1.3.3. Le programme de 2001................................................................ 52

1.3.4. La réforme LMD ........................................................................... 54

1.3.5. Comment améliorer la formation à Tours ? .................................. 55

2. Limite de l’étude .................................................................................... 57

Page 7: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

3

CONCLUSION .................................................................................................. 58

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................ 60

ANNEXES......................................................................................................... 66

GLOSSAIRE ..................................................................................................... 77

Page 8: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

4

INTRODUCTION

Page 9: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

5

Lors du stage en orthogénie, réalisé durant la première année de deuxième

phase, j’ai réalisé que l’IVG est un acte fréquent auquel toute femme peut être

confronté durant sa vie. Pourtant le centre d’orthogénie où j’étais ne comptait

aucune sage-femme dans son personnel soignant. Je me suis alors demandé si

nous avions cette compétence de prise en charge de l’IVG médicamenteuse.

Au cours de mes recherches, le projet de loi sur ce sujet m’a interpellé. Refusé

à deux reprises, il a soulevé deux mouvements au sein de la profession : les

sages-femmes orthogénistes et les « sages-femmes de demain ».

J’ai donc choisi d’effectuer mon stage optionnel dans un centre où des sages-

femmes exercent et prennent en charge l’IVG médicamenteuse. J’ai pu ainsi

voir clairement les avantages de leur présence et l’utilité de leurs compétences

dans un centre d’orthogénie. Le sujet m’a donc intéressé. A l’heure où les

sages-femmes sont mises en avant sur la santé et le suivi des femmes, n’est-il

pas légitime qu’elles possèdent ce droit de prescription de l’IVG

médicamenteuse?

Face aux différentes enquêtes sur ce sujet, déjà réalisées auprès des

professionnelles, je me suis orientée vers les étudiants pour réaliser mon étude.

Le but était de savoir ce que les futures sages-femmes pensent de ce projet de

loi et si elles accepteraient que la prescription de l’IVG médicamenteuse fasse

partie de leurs compétences professionnelles.

Dans un premier temps nous ferons un rappel sur l’historique et l’actualité des

sages-femmes et de l’IVG. Puis nous présenterons l’étude réalisée ainsi que les

résultats qui montrent l’opinion des étudiants. Pour finir nous les discuterons

afin de les comparer avec l’opinion des professionnelles, pour apporter un

nouvel avis sur cette polémique.

Page 10: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

6

PREMIERE PARTIE

Page 11: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

7

1. Rappels historiques sur l’IVG : du crime à la légalisation

De nos jours, en France, l’avortement est un droit pour les femmes mais cela

n’a pas toujours été le cas. L’IVG est légale depuis 1975. Pourtant c’est un acte

qui a toujours existé et été pratiqué, s’inscrivant dans la régulation des

naissances. Le statut de l’embryon est l’enjeu éthique majeur de cet acte.

1.1. Les lois portant sur l’IVG

De l’Antiquité au Moyen Âge, l’IVG est une pratique courante mais réalisée

clandestinement. Avant deux mois de grossesse, l’embryon n’est pas

considéré comme vivant. Au-delà de ce terme, il est interdit aux médecins de le

pratiquer, selon le serment d’Hippocrate. Pour l’Eglise, c’est un péché capital

mais aucune loi ne réprime l’avortement car il est difficile à différencier d’une

fausse couche spontanée.

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, avec les progrès de la science et de

l’embryologie, que l’IVG devient un acte criminel (le fœtus étant considéré

comme un être humain dès sa conception). Ainsi selon le code pénal de 1810,

l’avortement est un crime passible de la Cour d’Assise. (1)

En 1920, la loi interdisant l’avortement et la contraception est votée. L’IVG est

un délit, puni de dix ans d’emprisonnement et d’une amende de 72000 francs.

La simple propagande d’IVG ou de contraception est punie par la loi et ces

notions sont bannies des études médicales. Sous le régime de Pétain, c’est un

crime contre l’Etat passible de la peine de mort.

Le procès de Bobigny en 1972 va faire évoluer les choses et c’est en 1975

qu’est votée la loi Veil dépénalisant partiellement l’avortement. L’IVG est donc

légale jusqu’à douze semaines d’aménorrhée. La loi Aubry de 2001 élargit le

terme jusqu’à quatorze semaines d’aménorrhée et supprime l’autorisation

parentale pour les mineures. Jusqu’alors les avortements étaient réalisés dans

des établissements hospitaliers. En 2004 un décret est paru pour la pratique

d’une IVG médicamenteuse en cabinet médical puis en 2009 dans les centres

de planification. (1,2)

Page 12: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

8

1.2. Les Mouvements créés autour de l’IVG

1.2.1. Le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF)

Le MFPF fut créé clandestinement en 1956 à l’initiative de quelques femmes et

hommes en guise de contestation de la loi de 1920 interdisant l’avortement et la

contraception. Il fut d’abord fondé sous le nom de « Maternité Heureuse » puis

prit le nom de MFPF en 1960. Des IVG furent pratiquées dans la clandestinité

dans les centres d’accueil du MFPF avant que la loi Veil ne soit votée. L’écoute

et l’information sont les principales missions du Mouvement : écouter et orienter

pour une demande d’IVG, de contraception, aborder la sexualité sans tabous,

dénoncer toutes les violences pouvant exister dans la société, lutter contre le

SIDA et les IST, accompagner les femmes dans leur maternité (notamment

l’accouchement sous X). Le but était d’étendre ces droits fondamentaux au

niveau international.

Plus de cinquante ans après sa création, le MFPF est toujours présent mais

menacé dans certaines régions par défaut de financement (c’est le cas du

planning familial de Tours). Pourtant c’est un Mouvement plus que jamais

indispensable dans une société où la prévention et l’éducation à la sexualité

sont abordées précocement. (3,4)

1.2.2. Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF)

Ce Mouvement féministe existait déjà dans d’autres pays comme les Etats-

Unis, la Grande-Bretagne et les pays du nord de l’Europe avant d’émerger en

France en 1968. Sa création est plutôt datée de 1970 avec le slogan « liberté

des femmes, année zéro ». Plusieurs manifestations pour les droits des

femmes vont s’en suivre. Notamment en 1971, la publication dans Le Nouvel

Observateur du manifeste des « 343 salopes », des femmes (dont plusieurs

célèbres) qui déclarent haut et fort qu’elles ont eu recours à l’avortement. Cet

évènement marque le début de la campagne pour l’IVG qui aboutira à la loi

Veil. Aujourd’hui encore le MLF lutte pour l’égalité et la liberté des femmes. (5)

Page 13: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

9

1.2.3. Le Mouvement de Lutte pour l’avortement et la contraception

(MLAC)

Etroitement en lien avec le MFPF, le MLAC, représenté par des hommes et des

femmes, a été créé en 1973 mais n’est plus d’actualité de nos jours. Il existait

légalement dans les différentes préfectures du pays et s’inscrivait dans une

défense du droit à l’avortement et de soutien aux professionnels de santé le

pratiquant. Il participait entre autre, de manière illégale, à aider les femmes

souhaitant avorter à se rendre à l’étranger pour réaliser cet acte encore interdit

en France. Le MLAC se fit connaître de toute la population, jusque dans les

lycées, par la presse, les manifestations et particulièrement le film interdit

Histoires d’A.

Le vote de la loi Veil en 1975 aboutit à son extinction progressive. (6)

1.2.4. Les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF)

Les CPEF ont été créés en 1972 suite à la loi Neuwirth de 1967, autorisant la

contraception. Ils sont souvent confondus avec le planning familial car leurs

missions sont semblables. La différence est que le planning familial est une

association alors que le CPEF a une mission de régulation des naissances

sous la tutelle du Conseil Général. Les CPEF peuvent intégrer un planning

et/ou un centre d’orthogénie (centre d’IVG). Dans ce dernier cas le centre

possède une unité de soins dédiée à la pratique des IVG (médicamenteuse ou

par aspiration). Ils sont donc formés d’une équipe médicale (médecins, sages-

femmes, infirmières) et d’une équipe non médicale (psychologues, conseillères

conjugales). Grâce aux différentes lois évoquées précédemment, les CIVG

permettent aux femmes, mineures ou non, d’accéder à l’IVG précocement, en

déculpabilisant, aux côtés d’une équipe de professionnels à leur écoute. (7)

Depuis 1979, l’Association Nationale des Centres d’Interruptions de grossesse

et de Contraception (ANCIC) permet aux professionnels de santé d’être

informés sur les recommandations et l’actualité de l’IVG et de la contraception.

Elle a pour but de défendre les droits des femmes sur ces demandes, la prise

en charge des IVG notamment en ambulatoire mais aussi la valorisation des

personnes exerçant en centre d’orthogénie. (8)

Page 14: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

10

1.3. Historique des sages-femmes et de l’avortement

Durant l’Antiquité, les sages-femmes étaient appelées les Olympias (en Grèce)

ou les Obstétrix (à Rome), ce sont elles qui fournissaient les drogues et les

préparations pour un avortement. Au Moyen Age, elles étaient connues sous le

nom de « guérisseuses » et furent victimes d’une « chasse aux sorcières »,

accusées de sorcelleries, d’infanticides et d’avortements. Au XVIe siècle, la très

célèbre sage-femme Louise BOURGEOIS avoue avoir pratiqué l’avortement

afin de sauver la vie de la mère. Progressivement, les sages-femmes sont

dénigrées à cause de leurs connaissances sur la contraception et l’avortement,

conduisant à des châtiments corporels voire peine de mort si elles pratiquent

une IVG. Au XIXe siècle, les études de sage-femme mettent en garde les

élèves sur l’avortement et les « faiseuses d’ange ». (9)

Pourtant les sages-femmes n’hésitent pas à faire de la propagande sur l’IVG.

(1)

Une loi parue en 1892 énonce le domaine de compétences de la sage-femme

limité à la pratique de l’accouchement et le grade d’officier de santé est

supprimé. Ainsi la question suivante est posée : les sages-femmes pratiquant

des avortements doivent-elles être condamnées comme professionnels ou

comme femmes avorteuses ? (9)

Les condamnations s’enchaînent jusqu’à la libéralisation de l’avortement par la

loi Veil en 1975. Celle-ci stipule que l’IVG doit être pratiquée par un médecin.

Les sages-femmes sont alors écartées de cet acte qu’elles ont pourtant

toujours côtoyé.

Page 15: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

11

2. Pratique de l’IVG de nos jours

2.1. Le cadre légal en France

En 2001 la loi Aubry fixe à douze semaines de grossesse le délai autorisé pour

pratiquer une interruption volontaire de grossesse (soit quatorze semaines

d’aménorrhée). (10)

Toute femme enceinte, majeure ou mineure, qui s’estime placée dans une

situation de détresse, peut demander à un médecin l’interruption de sa

grossesse. Seule la femme concernée en fait la demande. (11)

La personne mineure doit avoir le consentement d’un de ses parents ou

représentant légal. En cas d’impossibilité d’en parler, la dérogation à

l’autorisation parentale est possible. Dans ce cas la femme se fait accompagner

de la personne majeure de son choix. Ceci dans le but que la patiente ne reste

pas isolée et soit soutenue dans cette épreuve. (12,13)

Seul un médecin peut pratiquer une IVG. La technique chirurgicale n’est

réalisable que dans un établissement de santé. La technique médicamenteuse

se pratique dans un établissement hospitalier ou à domicile suivant les

conventions signées par les médecins des CPEF ou libéraux en accord avec

l’hôpital référent. (13)

Deux consultations médicales préalables à l’IVG sont obligatoires pour toutes

les femmes (majeures et mineures), séparées d’un délai de réflexion obligatoire

de sept jours. Il peut être réduit à quarante-huit heures s’il y a un risque de

dépassement du délai légal de recours à l’intervention. Durant ce délai,

l’entretien psychosocial est proposé aux majeures et obligatoirement réalisé

auprès des mineures.

La première consultation permet à la femme de faire sa demande auprès d’un

médecin. L’ensemble des démarches lui est ensuite expliqué et planifié.

Lors de la deuxième consultation, la patiente confirme sa demande d’IVG et en

donne le consentement par écrit au médecin. Puis elle choisit, après discussion

avec le médecin, la méthode qui lui semble la plus appropriée pour l’IVG.

La consultation de contrôle, quatorze à vingt-et-un jours après l’intervention, est

proposée à toutes les femmes. Un deuxième entretien psychosocial est

également possible. (13)

Page 16: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

12

2.2. Quelques exemples de réglementation de l’IVG à l’étranger

L’IVG en Espagne est légale depuis 1985 jusqu’à des termes très avancés.

Mais depuis peu, le gouvernement souhaite réhabiliter les conditions d’IVG en

interdisant une intervention pour malformation fœtale. Cette volonté est vue

comme une régression des droits des femmes et une crainte d’une future

interdiction totale de l’IVG, conduisant au « tourisme abortif ». Ce qui amènerait

les femmes à se faire avorter à l’étranger, voire un retour des IVG clandestines.

(14,15)

Aux Pays-Bas, la loi de 1981 exprime l’interdiction de tuer un fœtus viable. Par

conséquent l’IVG est autorisée jusqu’à vingt deux semaines d’aménorrhées

quelque soit le motif. Ainsi c’est une opportunité pour les femmes dont

l’avortement est interdit ou limité à un terme inférieur dans leur pays. (14)

Au Portugal, l’avortement n’est dépénalisé que depuis 2007. (14)

Au Maroc, l’IVG est interdite et punie par la loi si pratiquée sauf quand il s’agit

de sauver la vie de la mère. Cependant une dépénalisation a été évoquée par

le gouvernement, en cas d’inceste, de viol ou de malformations profondes du

fœtus. Plusieurs avortements illégaux sont réalisés chaque jour. Une révision

de la loi pourrait être un grand pas en avant pour le droit des femmes. (14,16)

La Chine est sûrement l’un des rares pays où l’avortement est légal et

encouragé. Du fait de la sélection démographique des filles au profit des

garçons et de la régulation des naissances à un enfant unique. (14)

L’IVG n’est pas un droit accessible partout pour toutes les femmes. De grandes

disparités existent entre les pays selon le gouvernement, la religion, la société,

les enjeux éthiques, notamment le statut de l’embryon.

Page 17: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

13

2.3. Les méthodes d’IVG

2.3.1. La méthode médicamenteuse

Après le délai de réflexion, elle consiste en la prise de trois comprimés per os

de mifépristone (Mifégyne®) après signature par la patiente du formulaire de

consentement informant de la méthode et de ses risques. Cette première prise

permet l’arrêt de la grossesse et la préparation du col. Trente six à quarante

huit heures plus tard se fait la prise per os de misoprostol (Cytotec®) ou

Géméprost® en voie vaginale (de sept à neuf semaines d’aménorrhée). Ces

médicaments sont en général associés avec la prise d’antalgiques. Quelques

heures à quelques jours après la prise de ces médicaments, cela va provoquer

l’expulsion de l’œuf accompagnée de saignements plus ou moins importants.

L’IVG médicamenteuse est réalisable jusqu’à sept semaines d’aménorrhée à

domicile mais des critères sont à prendre en compte : la distance entre le

domicile de la patiente et le centre hospitalier référent ne doit pas excéder une

heure de trajet, la patiente doit être accompagnée d’un proche, elle doit être

mise au courant de la conduite à tenir en cas d’hémorragie. Au-delà de sept

semaines d’aménorrhée, l’IVG médicamenteuse se pratique dans un

établissement hospitalier.

Les contre-indications sont : tabac important associé à l’âge supérieur à 35 ans,

asthme non équilibré, insuffisance rénale, grande multiparité, anémie

(hémoglobine inférieure à neuf grammes par décilitres) et traitement

anticoagulant. (17-19)

2.3.2. La méthode par aspiration

Cette méthode est possible quelque soit le terme jusqu’à quatorze semaines

d’aménorrhée, sous anesthésie locale ou générale. En fonction des services

une prémédication est possible pour permettre la dilatation du col et une

éventuelle antibioprophylaxie peut être faite. L’aspiration de l’œuf n’est

réalisable que par un médecin et une aide échographique est possible suivant

la disponibilité des équipes.

Lors d’une anesthésie locale, l’intervention se pratique dans une salle de soins.

Pour une anesthésie générale, un bilan préanesthésique est nécessaire ainsi

qu’une consultation avec un anesthésiste. Le geste se réalise au bloc

opératoire.

Page 18: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

14

Pour les deux types d’anesthésie, la patiente est en hospitalisation de jour sauf

en cas de complications qui peuvent prolonger la durée.

Quelque soit la méthode utilisée, la patiente doit être alertée des symptômes

tels que la fièvre, les fortes douleurs abdominales, les saignements

hémorragiques, les pertes malodorantes, les malaises, et consulter en urgence

si ceux-ci se produisent. (17-19)

3. Les sages-femmes et l’IVG : quelles implications ?

Actuellement la prescription et la pratique d’une IVG, quelle que soit la

méthode, ne sont pas des droits ouverts aux sages-femmes. Pourtant elles

s’engagent professionnellement dans ce domaine par diverses façons.

3.1. Les mobilisations des sages-femmes pour l’orthogénie

Les sages-femmes orthogénistes, travaillant en CIVG, sont les premières

concernées. Elles agissent sur les trois plans de préventions. Dans le cadre de

la prévention primaire, elles assurent la non-survenue d’une grossesse non

désirée en prescrivant la contraception, informent sur les risques d’IST et les

comportements à éviter. La prévention secondaire consiste à agir sur une

situation à risque, notamment en prescrivant la contraception d’urgence. La

prévention tertiaire consiste à réduire les conséquences de l’échec de la

prévention secondaire en réalisant une IVG. La sage-femme n’est pas habilitée

à prescrire et réaliser une IVG mais elle peut intervenir aux différents niveaux :

réaliser une consultation pré-IVG, participer à la pratique de l’IVG, et faire la

consultation post-IVG, tout ceci sous couvert d’un médecin responsable. Les

consultations de contraception, gynécologie, grossesse et les entretiens

psychosociaux font également partis des rôles d’une sage-femme en CIVG.

(7,20)

L’Association Nationale des Sages-Femmes Orthogénistes (ANSFO) , de la

même façon que l’ANCIC, permet aux professionnels le souhaitant, d’adhérer

pour faire valoir les droits des sages-femmes en CIVG et de défendre la

profession dans ce domaine. Ceci dans le but que les sages-femmes soient

reconnues compétentes et autonomes dans la prise en charge globale d’une

Page 19: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

15

patiente, quelque soit son motif de venue, sans l’intervention obligatoire d’un

médecin. (21)

La prise en charge des IVG fait partie de la formation des sages-femmes. En

effet, les étudiants bénéficient de différentes interventions sur l’avortement au

cours des quatre années post-PCEM1 : cours, stages, congrès,

conférences…etc.

3.2. L’amendement à la loi HSPT

Depuis 2009, les compétences des sages-femmes se sont élargies au suivi

gynécologique des femmes ainsi qu’à la prescription de la contraception (puis le

suivi biologique en janvier 2012) grâce à la loi Hôpital Patient Santé Territoire

(HPST). Cette même année, la députée POLETTI propose un amendement à

cette loi, permettant d’étendre le droit de prescription de l’IVG médicamenteuse

aux sages-femmes et de mettre en place une expérimentation dans une région

française connaissant un fort taux d’IVG. Cette proposition fit immédiatement

polémique dans la profession. D’une part, un groupe de sages-femmes se

faisant appelées « sages-femmes de demain » fut fondé pour lutter contre cet

amendement. D’autre part l’ANSFO fut créée pour défendre la sage-femme

dans le domaine de l’orthogénie.

Devant cette forte polémique, l’amendement fut refusé par l’Assemblée

Nationale, sous prétexte qu’il faudrait élucider pourquoi le nombre d’IVG

augmente chez les mineures et les moins de vingt ans avant d’en augmenter le

nombre de prescripteurs. De plus aucune durée n’a été explicitée pour la

période expérimentale. (22)

La loi FOURCADE fait suite en 2011, stipulant que la prescription de l’IVG

médicamenteuse par les sages-femmes sera mise en pratique de manière

expérimentale sur une période de deux ans dans une région avec un fort

recours à l’avortement. Cette proposition fut refusée, de nouveau, par le

Conseil Constitutionnel. (7,9,21)

Pourtant la polémique sage-femme et avortement ne s’en arrête pas là.

Page 20: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

16

4. Les problèmes actuels autour de l’IVG

4.1. Le conflit sage-femme et avortement

Pour certains ces deux mots ont des points communs, pour d’autres ce sont

deux termes que l’on ne peut pas associer. Les arguments pour ou contre la

prescription de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes demeurent

multiples. Selon un rapport de la DREES (Direction de la Recherche, des

Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques), près d’un tiers des professionnels

intervenant dans la prise en charge des IVG sont des sages-femmes. Elles y

représentent 39% dans le secteur public et 42% dans les établissements

réalisant moins de 250 IVG par an. Les trois quarts d’entres elles exercent sous

délégation d’un médecin. Par ailleurs selon un sondage de l’IFOP (Institut

Française d’Opinion Publique), 56% des français pensent que la prise en

charge de l’IVG n’est pas du rôle de la sage-femme. (23)

Au sein même de la profession les avis sont partagés. Une enquête du conseil

interrégional des sages-femmes révèle que 40% d’entres elles sont favorables

à ce droit de prescription de l’IVG médicamenteuse contre 38% défavorables,

22% n’ayant pas d’opinions sur le sujet ou pas répondus.

Pour Madame BIRMAN, sage-femme présidente de l’ANCIC, le métier de sage-

femme se définit par un accompagnement et un suivi global de la grossesse

physiologique et son issue quelle qu’elle soit. Il est donc normal que la sage

femme accompagne la femme à tous les moments de sa vie, que la grossesse

soit poursuivie ou non. Elle insiste également sur la clause de conscience qui

permet aux médecins ne souhaitant pas pratiquer d’avortement de déléguer cet

acte à un confrère et d’y orienter la patiente. Cette notion est évidemment

applicable aux sages-femmes permettant ainsi leur choix ou non de pratiquer

des IVG médicamenteuses. Ceci dans le but de répondre aux besoins des

femmes avec professionnalisme et sans jugement. (24)

A l’inverse le collectif Sages-femmes de demain, représenté par Madame

DECHELETTE, défend la sage-femme dans un rôle d’accompagnement de la

naissance et non l’arrêt d’une grossesse. Son métier doit rester tourné vers la

vie. (25)

Cependant la profession de sage-femme n’est pas toujours centrée sur la vie

notamment avec les interruptions médicales de grossesse (IMG). Et dans cette

situation la sage-femme est autonome dans le suivi. (27)

Page 21: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

17

Selon Madame GLORIE, sage-femme vice présidente de l’ANSFO, exclure la

sage-femme de l’IVG et en remettre la pratique au médecin, c’est faire entrer

l’IVG dans la pathologie. Or l’IVG est loin d’être une situation exceptionnelle

puisque près d’une femme sur deux aura recours à l’IVG dans sa vie. Il serait

donc important de replacer l’IVG dans la physiologie. (23)

Les sages-femmes ont la compétence de faire le suivi gynécologique des

femmes et il faut préciser que le Référentiel métier sage-femme en accord

avec le Conseil de l’Ordre des sages-femmes inclut la consultation

gynécologique de prévention. L’IVG peut très bien s’inscrire dans cette

compétence, d’autant que les sages-femmes orthogénistes sont amplement

formées à cette pratique.

4.2. Les données épidémiologiques sur l’IVG

Depuis sa légalisation en 1975, le taux d’IVG est relativement stable en

France, avoisinant les deux cent mille par an. L’INED (Institut National d’Etudes

Démographiques) montre que le nombre d’IVG était de 201 434 en 2001

(année de la loi Aubry) et a atteint 211 985 en 2010 selon les statistiques

annuelles des établissements. Toutefois une faible augmentation est retrouvée

malgré les nombreux contraceptifs disponibles actuellement. (28)

C’est pourquoi les chiffres de recours à l’avortement inquiètent la société

notamment l’augmentation chez les mineures. Le taux était de dix IVG pour

mille mineures en 2010 contre huit pour mille en 1990. Il a été démontré que les

jeunes femmes ne sont pas enceintes plus souvent mais qu’elles avortent plus

facilement. En effet, l’IVG est d’accès relativement simple pour les mineures de

nos jours puisque la présence d’un parent n’est plus obligatoire mais seule celle

d’une personne majeure. Pourtant les jeunes sont de plus en plus nombreux à

utiliser la contraception. (29)

Deux tiers des IVG ont lieu dans l’année suivant un accouchement. (30)

Le fort taux d’IVG pourrait s’expliquer par un défaut d’utilisation du contraceptif.

La prévention repose donc sur l’explication à la patiente et une formation

complète des médecins pour lutter contre les idées reçues, afin que son choix

de contraception soit libre et éclairé.

Le taux moyen d’IVG par femme est lui constant aux alentours de 0,52. En

France, 40% des femmes auront recours à l’avortement dans leur vie. Il existe

Page 22: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

18

des disparités entre les différentes méthodes d’avortements notamment depuis

2004 avec la possibilité de l’IVG médicamenteuse à domicile. La part de celle-ci

augmente considérablement que ce soit dans le secteur privé ou public : 13%

en 1991 contre 49% en 2007 (dont 9% hors établissements de santé). (31)

4.3. L’IVG menacée

Le taux d’IVG est stable depuis plusieurs années mais les demandes n’en

restent pas moins importantes (cf. Annexe I). Cette constatation est en rapport

avec la pénurie de médecins. En effet les médecins militants pour l’IVG depuis

1975 sont proches de la retraite et la relève est loin d’être assurée. Certaines

régions de France sont désertées par la médecine. D’une part le numerus

clausus est réduit et d’autre part la gynécologie est une spécialité peu choisie

par les étudiants en médecine. Les cabinets de gynécologie ferment les uns

après les autres. De plus les médecins généralistes pratiquant les IVG

demeurent en nombre faible, l’IVG étant considérée comme un acte peu

valorisé et peu valorisant. Ceci entraîne la fermeture de plusieurs CIVG, faute

de personnel, regroupant ainsi les centres d’orthogénie dans les plus grandes

structures hospitalières. (32)

Les demandes d’IVG sont donc trop nombreuses par rapport à l’offre. Cela

entraîne un retard de prise en charge pouvant conduire directement à une

méthode chirurgicale si le terme est trop avancé. Il est nécessaire de faire

remarquer que l’IVG est une épreuve difficile pour les femmes. Malgré sa

légalisation, l’avortement reste un acte souvent jugé par la société, cherchant à

faire culpabiliser. Un blog, du nom de «IVG je vais bien, merci : les filles des

343 salopes », s’engage pour faire déculpabiliser les femmes et leur montrer

qu’elles ne sont pas seules, un clin d’œil aux évènements de 1971. (26)

Il n’est pas normal que les patientes subissent le manque de médecins et se

retrouvent devant le fait accompli sans pouvoir choisir librement leur méthode

d’avortement, la plus adaptée à leur situation. C’est pourquoi certaines sages-

femmes, plus particulièrement les orthogénistes, se mobilisent pour que l’IVG

médicamenteuse soit étendue à leur compétence.

En effet les sages-femmes sont déjà compétentes pour le suivi gynécologique

des femmes. Cela assure un remplacement des gynécologues, alors pourquoi

ne pourraient-elles pas s’engager dans la prise en charge des IVG

Page 23: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

19

médicamenteuses ? Cela permettrait de mieux répondre aux demandes d’IVG

et dans les temps impartis d’autant que la fermeture des CIVG, par exemple

l’été, génère un frein aux demandes.

Pour Madame BIRMAN, l’arrivée des sages-femmes dans l’avortement

permettrait de dédramatiser cet évènement car la sage-femme ne serait plus

associée uniquement à la naissance mais à la femme en générale et toute sa

vie gynécologique. (27)

Il est important que des personnes continuent à se mobiliser pour le droit à

l’avortement afin que les femmes ne se sentent pas seules et jugées dans leurs

démarches et qu’il n’y ait pas une régression des lois. Le projet de prise en

charge de l’IVG à 100% par la Sécurité Sociale dès 2013 marque une évolution

dans le système français. Il est donc possible d’espérer une réouverture des

CIVG dans les mois qui viennent. Mais les sages-femmes y auront-elles leur

place à part entière ?

Page 24: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

20

DEUXIEME PARTIE

Page 25: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

21

1. L’étude

1.1 La problématique

Les sages-femmes se mobilisent pour l’orthogénie mais leurs droits restent

limités. Elles ne sont autorisées ni à prescrire ni à réaliser une IVG

médicamenteuse. Or suite à l’amendement proposé en 2009 par la députée

POLETTI pour ouvrir ce droit aux sages-femmes, une polémique a été soulevée

et perdure encore. Les avis sont partagés entre les sages-femmes, c’est

pourquoi la question suivante est posée :

La prescription de l’IVG médicamenteuse peut-elle faire partie des

compétences de la sage-femme ?

1.2 Les hypothèses

Pour résoudre cette problématique, plusieurs axes de réponses sont envisagés

et seront vérifiés avec les résultats de l’étude :

- La prescription de l’IVG médicamenteuse est une compétence déjà mise en

pratique par des sages-femmes exerçant sous délégation d’un médecin.

- Les étudiants sages-femmes savent que la sage-femme n’a pas le droit de

prescrire l’IVG médicamenteuse mais la plupart d’entre eux ignorent

l’amendement à la loi HPST de 2009.

- Peu d’étudiants souhaitent exercer en centre d’orthogénie une fois diplômés,

ceux-ci ne se sentent pas concernés par cette compétence.

- Les étudiants qui souhaitent exercer en centre d’orthogénie ou en libéral

accepteront de prescrire et pratiquer l’IVG médicamenteuse car cela fait partie

du suivi gynécologique des femmes et du suivi de grossesse quel qu’en soit

l’issue.

- Les étudiants pensent que la sage-femme doit s’engager dans la prise en

charge des IVG médicamenteuses d’une part dans le cadre du suivi

gynécologique des femmes, d’autre part pour contribuer à la non-fermeture des

CIVG.

- La formation initiale des sages-femmes manque de pratique autour de l’IVG

notamment par le peu de stages consacrés à l’orthogénie ou leurs courtes

durées, insuffisants pour acquérir cette compétence.

Page 26: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

22

1.3 Les objectifs

Cette étude a pour but principal de montrer l’opinion des étudiants, futures

sages-femmes, sur la prescription de l’IVG médicamenteuse par les sages-

femmes afin d’apporter un nouvel avis sur cette polémique. Il s’agit également

de soulever les problèmes qui s’opposent ou non à cette compétence et

d’apporter des solutions pour renforcer l’approche de l’IVG durant la formation

initiale.

1.4 Matériel et méthode

1.4.1 Type d’étude

Pour répondre à la problématique posée, une étude quantitative a été réalisée

du 12 juin 2012 au 14 octobre 2012 à l’aide d’un questionnaire diffusé en ligne

sur internet par l’intermédiaire de Google documents. Il s’adressait aux

étudiants sages-femmes de 1ère année de phase II des écoles de la région

Grand-Ouest.

1.4.2 Définition de la population d’étude et des modalités de sélection

1.4.2.1 Critères d’inclusion

Tous les étudiants sages-femmes 1ère année de phase II des écoles de la

région Grand-Ouest (soit Angers, Brest, Nantes, Poitiers, Rennes et Tours) ont

été inclus dans l’étude.

1.4.2.2 Critères d’exclusion

Les sages-femmes, quelque soit leur mode d’exercice ont été exclues car des

études similaires ont déjà été réalisées auprès d’elles.

Les étudiants sages-femmes de phase I ont été exclus par manque de recul et

de formation vis-à vis du sujet traité.

Les étudiants sages-femmes de 2ème année de phase II ont été exclus du fait de

l’organisation de la mise en place du mémoire donnant lieu à un début tardif de

l’étude, trop proche du diplôme pour ces promotions.

Les médecins, qu’ils exercent ou non en orthogénie, ne concernent pas l’étude,

l’objectif étant de monter l’opinion côté sage-femme.

Page 27: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

23

1.4.2.3 Diagramme des flux

155 étudiants au total ont été inclus dans l’étude (cf. Annexe II) :

- 24 à Angers

- 22 à Brest

- 27 à Nantes

- 23 à Poitiers

- 29 à Rennes

- 30 à Tours

Diagramme 1. Flux de réponses au questionnaire en ligne

Les taux de réponses ont été fluctuants au lancement de l’étude puis ont été

faibles, nécessitant plusieurs sollicitations pour obtenir de nouvelles réponses.

Au total, le nombre de réponses retenu pour l’analyse et l’interprétation des

résultats est de 108 soit un taux de réponses de 69%.

1.4.3 Modalités de recueil des données

Le questionnaire mis en ligne était composé de quatorze questions, dont neuf

questions à réponses fermées et cinq questions à réponses ouvertes (cf.

Annexe III). Il a été testé sur deux étudiantes sages-femmes de la promotion de

Tours. La version définitive a été mise en ligne le 12 juin 2012 sur Google

documents. Cette méthode était la plus appropriée pour que les étudiants y

répondent librement où qu’ils se trouvent.

Page 28: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

24

1.4.3.1 Variables étudiées

Dans un premier temps, ce sont les caractéristiques générales des étudiants

qui ont été recensées :

- L’âge

- Le sexe

- Les croyances religieuses

- L’école fréquentée

Dans un deuxième temps, l’orthogénie au sein des études sages-femmes a été

étudiée :

- Stage

- Durée

- Présence ou non de sage-femme

- Quotité de temps de travail

- Rôles

- Mode d’exercice

Puis les étudiants ont été interrogés sur les connaissances qu’ils ont eues sur

l’IVG durant leurs études et ils se sont exprimés sur ce qu’ils souhaiteraient

approfondir ou modifier.

Dans un troisième temps, l’opinion des étudiants sur la position de la sage-

femme par rapport à l’IVG médicamenteuse a été recueillie :

- Place de la sage-femme en orthogénie

- Opinion et connaissance sur la prescription

actuellement et dans leur future pratique

professionnelle

Chaque réponse s’accompagne d’arguments expliquant ce choix.

Page 29: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

25

1.4.3.2 Déroulement du recueil de données

Les directrices des écoles concernées ont été contactées par courriers

électroniques (obtenus après appels aux secrétariats de chaque école) pour

solliciter les étudiants. Pour raison de confidentialité, elles-mêmes ont fait

parvenir le lien du questionnaire aux étudiants. L’étude a donc débuté le 12 juin

2012.

Devant le peu de réponses plus d’un mois après le lancement, les étudiants ont

été de nouveau sollicités par l’intermédiaire des directrices, le 6 août 2012 puis

le 13 septembre 2012. Initialement le recueil de données devait se clôturer le

12 septembre soit trois mois d’étude. Mais devant le faible nombre de

réponses, insuffisant pour une quelconque interprétation, la date de fin d’étude

a été repoussée jusqu’au 14 octobre 2012, date à laquelle l’objectif de

réponses a été atteint. La présidente de l’AESFT a également été sollicitée pour

mobiliser les étudiants concernés. Madame RIEU, co-directrice de ce mémoire,

est intervenue par courrier électronique auprès des directrices des écoles de

Brest et Rennes, pour relancer les réponses trop faibles dans ces promotions.

1.4.4 Procédure de recueil et d’analyse des données

Les résultats ont été recueillis et analysés sur Google documents dans un

tableau et un résumé des réponses. Microsoft Excel 2007 a été utilisé pour une

analyse plus précise, notamment pour les questions ouvertes.

Page 30: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

26

2. Résultats de l’étude

2.1. Taux de réponses à l’ensemble du questionnaire

Sur les 155 étudiants inclus dans l’étude, 108 y ont répondu soit un taux de

réponses de 69%.

Histogramme 1. Taux de réponses en fonction des écoles

L’école de Tours obtient le plus grand nombre de réponses. A l’inverse

seulement la moitié de la promotion de l’école d’Angers a répondu à l’étude.

2.2. Caractéristiques de l’échantillon d’étude

96% des étudiants sont de sexe féminin et 4% de sexe masculin.

Leur âge se situe entre 20 et 38 ans avec un pic de réponses pour

les 22 et 23 ans.

Page 31: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

27

Diagramme 2. Age de la population

La plupart des étudiants sont sans croyances : 63%. La religion

catholique représente 28%, 1% de musulmans et 7% d’autres

croyances religieuses.

Page 32: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

28

2.3. L’orthogénie dans la population d’étude

2.3.1. Le stage en orthogénie

68 étudiants ont effectué un stage en orthogénie au moment de

l’étude soit 63% de l’effectif total.

Concernant la durée de ce stage, diverses réponses sont

retrouvées allant de un jour à trois semaines :

- 7 stages de 1 jour

- 2 stages de 2 jours

- 2 stages de 3 jours

- 22 stages de 1 semaine

- 21 stages de 2 semaines

- 13 stages de 3 semaines

Un étudiant n’a pas cité la durée de son stage.

A la question concernant la présence de sages-femmes dans le

service :

- Aucune : 16%

- Une : 31%

- Plusieurs : 16%

Parmi les sages-femmes exerçant dans le centre d’orthogénie :

- 35% à temps plein

- 64,5% à temps partiel

Concernant les étudiants ayant effectué leur stage en orthogénie,

il s’est avéré que pour 57% d’entre eux ce stage ne leur a pas

donné envie d’exercer ultérieurement en orthogénie. Sachant que

deux n’ont pas répondu à la question.

Page 33: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

29

2.3.2. Les sages-femmes et l’orthogénie

Les réponses à la question sur les rôles des sages-femmes en

orthogénie sont représentées par l’histogramme ci-dessous :

Histogramme 2. Rôles exercés par les sages-femmes en

centre d’orthogénie

Soit : - 71% de conseillères conjugales

- 69% de consultations pré-IVG et contraception

- 24% de prescription de l’IVG médicamenteuse

- 8% d’assistance du médecin pour les aspirations

Plusieurs réponses étaient possibles, d’où le pourcentage total supérieur à 100.

Pour exercer ces rôles la sage-femme est :

- seule dans 47 % des cas

- sous délégation d’un médecin dans 51 % des

cas

Une réponse n’a pas été remplie pour le mode d’exercice.

Page 34: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

30

Il a ensuite été demandé aux étudiants si la sage-femme a sa

place en orthogénie :

- Oui 92%

- Non 5%

- Avis partagé 3%

10% des étudiants n’ont pas argumenté leurs réponses. Les arguments

énoncés ont pu être regroupés de la façon suivante :

Page 35: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

31

Tableau 1. Arguments concernant la place d’une sage-femme en

orthogénie

Arguments favorables

Arguments défavorables

Connaissances et formation en gynécologie et obstétrique

36%

La sage-femme n’est ni gynécologue ni infirmière, ni conseillère conjugale, ce n’est pas son rôle d’être en orthogénie

43%

Qualités d’écoute et relationnelle

22%

Plus importantes que le médecin

12%

Formation non adaptée pour la prescription de l’IVG médicamenteuse

28%

Prise en charge globale de la santé de la femme quelque soit son motif de venue

17%

Pas le droit de prescription de l’IVG médicamenteuse

28%

Elargissement des compétences

6%

Compétences en contraception et entretien psycho-social

4%

Compétences échographiques

4%

Place entière dans la régulation des naissances

4%

Participations aux IMG/MFIU semblable aux IVG médicamenteuses et à la surveillance du post-partum

4%

Page 36: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

32

Parmi les réponses, des remarques ont été énoncées quant à la place d’une

sage-femme en orthogénie :

- Formation initiale à adapter avec des cours plus

spécifiques à l’IVG et des stages en orthogénie

plus longs

- Formation supplémentaire en accompagnement

et suivi psycho-social

- Maîtriser l’échographie

- Avoir un travail varié en centre d’orthogénie : ne

pas faire que des IVG

- Nécessité d’un médecin en cas de complications

- Etre prioritaire par rapport aux IDE

- Clause de conscience indispensable

- Etre clair avec ses convictions sur l’IVG pour

accompagner les femmes dans leur choix

Pour connaître la réalité du terrain, nous avons analysé les

réponses concernant les compétences des sages-femmes en

CIVG, centrées sur l’IVG en fonction du mode d’exercice.

Histogramme 3. Compétences sur l’IVG selon le mode d’exercice

Page 37: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

33

2.4. Pratique professionnelle

Nous nous sommes intéressés à la manière dont les étudiants

envisagent leur pratique professionnelle. L’exercice hospitalier

représente la grande majorité suivi par la prolongation de la

formation par un DIU puis par l’exercice libéral comme le montre

l’histogramme ci-dessous :

Histogramme 4. Pratique professionnelle envisagée par les

étudiants

Soit :

- 90% de sages-femmes hospitalières

- 21% de sages-femmes libérales

- 8% de sages-femmes orthogénistes

Ont été citées deux réponses autres que celles proposées : maison de

naissances à l’étranger et passerelle vers d’autres cursus.

Page 38: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

34

2.5. Connaissances et opinions des étudiants

Le tableau suivant montre les connaissances de la population

d’étude concernant les sages-femmes et l’IVG dans les

circonstances actuelles.

Tableau 2. Connaissances des étudiants sur les sages-femmes et

l’IVG

Question Oui Non

Selon vous, la sage-femme a-t-elle le droit de prescrire l'IVG médicamenteuse et d'en assurer le suivi ?

28%

72%

Saviez-vous qu’en 2009, un amendement à la loi HPST visant à élargir le droit de prescription de l’IVG médicamenteuse aux sages-femmes avait été proposé (mais refusé par la suite) ?

32%

68%

Si cet amendement avait été adopté, aurait-il été légitime pour la profession de sage-femme?

86%

14%

Les étudiants se sont ensuite projetés dans leur avenir

professionnel afin de se demander s’ils accepteraient eux-mêmes

de prescrire l’IVG médicamenteuse :

- Oui 93% dont 54% sans arguments

- Non 7% dont 25% sans arguments

Page 39: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

35

Les arguments ont pu être regroupés dans le tableau ci-dessous :

Tableau 3. Arguments concernant la prescription de l’IVG

médicamenteuse par les sages-femmes

Arguments favorables Arguments défavorables

C’est en accord avec les compétences actuelles du suivi global des femmes

43%

L’IVG n’est pas un acte physiologique or la sage-femme exerce sur la physiologie

50%

Elargissement des compétences, plus de responsabilité et de reconnaissances des capacités

24%

L’arrêt d’une grossesse relève de la décision d’un médecin

33%

Clause de conscience permet que chacun agisse en fonction de ses convictions

17%

La sage-femme est tournée vers la naissance et la vie en prenant soin de la mère et du fœtus

33%

Principe de délégation médecin/sage-femme déjà mis en pratique

13%

Le droit de prescription et le suivi d’une IVG médicamenteuse ne sont pas en adéquation avec les compétences des sages-femmes et doivent être faits sous délégation d’un médecin car les complications ne sont pas anodines

33%

Profession de la sage-femme sous multiples aspects, pas forcément tourné vers la vie

Exemple : PEC des IMG

8%

L’IVG est un droit qu’il faut défendre en tant que femme pour ne pas qu’il disparaisse

2%

Page 40: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

36

Nous retrouvons également dans les réponses, des remarques quant à

l’éventuelle obtention de ce droit de prescription :

- Bénéficier d’une formation plus adaptée

- Importance du travail d’équipe/sous délégation

- Revaloriser les salaires et les statuts

- Réaliser les IVG médicamenteuses uniquement

en établissement de santé pour agir en cas de

complications

- Avoir les compétences échographiques

- Droit uniquement pour les sages-femmes ayant

un DIU d’orthogénie

- Pouvoir être disponible à tout moment en cas de

complications

- Ne pas ouvrir ce droit aux sages-femmes pour

l’IVG par aspiration

- Droit possible pour l’IVG par aspiration

L’opinion générale des futures sages-femmes quant à la position

de la prescription de l’IVG médicamenteuse a été analysée en

fonction des convictions religieuses puis de la durée du stage en

orthogénie. Ces résultats sont illustrés par les deux histogrammes

suivant.

Page 41: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

37

Histogramme 5. Les convictions religieuses et la prescription de

l’IVG médicamenteuse

Histogramme 6. Opinion générale de la population d’étude en

fonction de la durée du stage en orthogénie

Page 42: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

38

Nous avons ensuite posé le problème de la fermeture des CIVG.

A savoir si la sage-femme peut participer à lutter contre la

fermeture de ces centres en s’engageant dans la prise en charge

des IVG :

- Oui 90% dont 63% sans arguments

- Non 8% dont 22% sans arguments

- 1 Avis partagé

Les arguments sont énoncés dans le tableau suivant :

Tableau 4. Arguments concernant la place de la sage-femme et la

fermeture des CIVG

Arguments favorables Arguments défavorables

Meilleure accessibilité aux soins pour les femmes

47%

Acte peu valorisant et peu valorisé

Soignant de haute compétence à bas prix

43%

En accord avec les compétences des sages-femmes

33%

La prévention est prioritaire face à l’IVG

29%

Opportunité qui permettrait de créer des postes, tout comme le remplacement des gynécologues de ville

11%

Les sages-femmes n’ont pas assez ni de pouvoir ni de responsabilités pour le permettre

29%

Même offre pour un moindre coût

8%

Nécessité de la présence d’un médecin en cas de complications

14%

L’IVG est un droit à défendre

3%

La sage-femme ne réalise pas l’IVG par aspiration

14%

Page 43: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

39

Nous constatons également plusieurs remarques accompagnant les réponses :

- Formation à adapter

- Nécessité d’un avis médical à tout moment

- La non-fermeture des CIVG n’est pas uniquement

du ressort des sages-femmes mais aussi d’autres

professionnels

- Les actes en orthogénie doivent être diversifiés

pour une même personne

- Nécessité d’une prévention avant tout

- Besoin d’avoir les compétences échographiques

- Coût trop faible des sages-femmes par rapport

aux médecins pour les mêmes actes

- Nécessité de la clause de conscience

2.6. Formation des sages-femmes

Pour finir, les étudiants ont dû énoncer les apports sur l’IVG qu’ils

ont eu jusqu’à présent durant leur formation initiale. Puis ils ont

proposé des outils pouvant aider à l’aboutissement éventuel de la

compétence de prescription de l’IVG médicamenteuse par les

sages-femmes. Les différentes réponses ont été regroupées par

écoles dans les tableaux suivants :

Page 44: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

40

Tableau 5. Formation initiale suivant les écoles

Ecole Cours théoriques Stages Autres

Angers 2h (par un médecin

orthogéniste)

1 ou 2 semaines Non obligatoire En orthogénie

Congrès, conférences

Brest 2h + exposés d’ESF

3 semaines Obligatoire

En orthogénie +/- gynécologie

3 semaines

Stage optionnel En planning familial

Nantes 5h (2h en PCEM1, 2h par

une SFO, 1h de pharmacologie)

1 semaine En orthogénie

Plusieurs semaines au

bloc opératoire

Conférences pendant les congrès nationaux

d’étudiants sages-femmes

Poitiers 2h (Par un gynécologue

orthogéniste) + lecture d’ouvrages dédiés aux étudiants

en médecine (module commun avec les

DCEM3)

1 semaine Non obligatoire En orthogénie

Au bloc opératoire

En gynécologie (les SF prennent en charge

les IVG après prescription du

médecin)

Interventions des ESF dans les lycées sur

l’IVG et la contraception (dans

le cadre du stage)

conférences

Rennes 4h 1 jour Non obligatoire En orthogénie

En gynécologie

2 jours

Sur demande En orthogénie

(dans le cadre du stage de

consultations)

Congrès

Adhésion à la newsletter de

l’ANSFO

Tours 4h (2h par un médecin orthogéniste, 2h par un IDE orthogéniste)

+ 2 cours, exposés d’ESF encadrés par

deux orthogénistes et une SF ayant le DIU

régulation des naissances

2 semaines Obligatoire

En orthogénie

Visionnage du film « Histoires d’A »

Conférences

Lectures personnelles

Page 45: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

41

Tableau 6. Compléments de formation souhaités suivant les écoles

Ecole Compléments de formation souhaités

Théorie Pratique Autre

Angers Prescription des médicaments

Suivi d’une IVG, les CAT

Législation

Psychologie sur le deuil

Stage obligatoire en orthogénie

Passer le DIU

d’échographie

Brest Pharmacologie des médicaments

Déroulement, pratique

et complications de l’IVG

Législation

Historique de l’IVG

Datation échographique

Travaux pratiques sur l’IVG, cas cliniques, mise en situation

Stage en orthogénie

obligatoire pour toutes les écoles

Nantes Pharmacologie des médicaments

Les risques de l’IVG

Cours spécifique sur

l’IVG médicamenteuse durant la dernière année

d’étude

Accompagnement psychologique

Législation

Augmenter la durée du stage en orthogénie

Formation sur des cas cliniques en demies-

-journées par un médecin

orthogéniste

Interventions par des SF

orthogénistes

Faire en sorte que le métier de SF soit reconnu par tous

comme une profession médicale

Poitiers Réalisation d’une IVG, les complications, le suivi

Législation

Pharmacologie

Psychologie

Stage en orthogénie obligatoire et plus

long

Améliorer la formation

échographique des ESF

Plus de formation

professionnelle

Interventions de praticiens

orthogénistes (médecins, sages-femmes) dès la 3e

année d’étude

Page 46: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

42

Tableau 6. (Suite)

Ecole Compléments de formation souhaités

Théorie Pratique Autre

Rennes Pratique, complications,

surveillance clinique et para-clinique de

l’IVG

Gynécologie

Stage obligatoire en orthogénie et d’une durée d’au moins 1 semaine,

avec les SFO

DIU d’orthogénie pour celles qui veulent exercer

dans ce domaine (comme pour l’échographie)

DIU

d’échographie

Plus d’interventions

de SFO

Créer, dans le cadre de la

réforme LMD, une option avec des cours sur

l’IVG, législation, approche

psychologique et un stage en

orthogénie

Tours Cours plus approfondis sur la pratique de l’IVG

médicamenteuse, la prescription, le suivi

Pharmacologie des

médicaments

Législation

Psychologie

Gynécologie

Mise en situation, travaux pratiques,

s’entraîner à la prise en charge

Stage en

orthogénie plus long, avec une

SFO

DIU de régulations des naissances à

rendre obligatoire (à intégrer dans la

formation)

Encourager les ESF à passer le

DIU d’échographie

Page 47: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

43

TROISIEME PARTIE

Page 48: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

44

1. Discussion

1.1. La sage-femme dans le domaine de l’orthogénie

1.1.1. La sage-femme a-t-elle sa place en orthogénie ?

Selon les résultats de notre étude, 92% des étudiants considèrent que la sage-

femme a sa place en orthogénie par ses connaissances et sa formation en

gynécologie et en obstétrique. A l’inverse, 5% ne sont pas d’accord et

expriment que la sage-femme n’est ni gynécologue, ni infirmière ni conseillère

conjugale et que la formation est insuffisante pour qu’elle ait sa place en

orthogénie (cf. tableau 1). Or dans les remarques des réponses, la « formation

initiale à adapter » est émise très souvent. Nous pouvons donc en déduire

qu’une amélioration de la formation des sages-femmes sur l’IVG leur

permettrait une place plus légitime en orthogénie. Toutefois il faut noter que la

plupart des médecins des centres d’orthogénie sont avant tout généralistes et

non gynécologues. Leur formation sur l’IVG se base sur le volontariat. Les

sages-femmes souhaitant s’investir dans la prise en charge de l’IVG

médicamenteuse peuvent donc faire de même après leur diplôme en

poursuivant leur formation par un diplôme interuniversitaire de régulations des

naissances par exemple. Pourtant, seul 23% des étudiants souhaitent prolonger

leur formation de cette manière (cf. histogramme 4). Il semble donc plus

intéressant d’intégrer cette formation au sein des études de sages-femmes lors

de la phase initiale.

Les étudiants souhaitent également que le travail en orthogénie soit varié pour

ne pas faire uniquement des IVG (cf. tableau 1). Cette remarque est

intéressante. Cela veut-il dire que les étudiants pensent qu’un centre

d’orthogénie est exclusivement dédié à l’IVG ? Ignorent-ils les missions d’un tel

centre ? Rappelons qu’un centre d’orthogénie réunit le plus souvent un CIVG et

un CPEF. Il y a donc des activités diverses. Les réponses de notre

questionnaire en sont la preuve : consultations et prescription de la

contraception, intervention en milieu scolaire (cf. histogramme 2). Des actions

qui reposent sur la prévention. L’IVG n’est pas forcément l’acte le plus réalisé

au sein de ces centres. Prenons comme exemple le centre d’orthogénie de

Saint-Nazaire où la contraception est de loin l’acte le plus demandé depuis

plusieurs années, suivi par les consultations gynécologiques et les demandes

d’IVG. (cf. Annexe IV)

Page 49: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

45

Nous retrouvons aussi la remarque suivante «être clair avec ses convictions sur

l’IVG pour accompagner les femmes dans leur choix » (cf. tableau 1). Il est

important de rappeler que la sage-femme ne doit en aucun cas juger la patiente

sur ses choix. Elle doit laisser ses idées de côté et être à l’écoute de la patiente

pour répondre au mieux à sa demande.

1.1.2. Quels sont les avantages d’une sage-femme en orthogénie ?

Avant tout, si ce projet de loi est accepté, il permettrait aux sages-femmes qui le

souhaitent, de prendre en charge de façon autonome l’IVG médicamenteuse.

Aucune sage-femme n’y serait obligé puisqu’il y’a une clause de conscience.

Celle-ci stipule que la sage-femme (ou tout autre professionnel de santé) se

doit d’orienter la patiente vers un autre professionnel pour répondre à sa

demande si elle-même ne peut ou ne veut le faire. Cette notion de clause de

conscience revient plusieurs fois dans les résultats de notre étude comme étant

nécessaire pour l’obtention de ce droit.

Les sages-femmes qui exercent actuellement en orthogénie ont des

compétences aussi importantes que le médecin, notamment sur l’IVG. En effet

l’histogramme 3 montre que la prescription de l’IVG médicamenteuse est faite

par la sage-femme seule ou sous délégation de façon sensiblement égale, de

même que la consultation post-IVG. La consultation pré-IVG et le suivi de l’IVG

sont plus fréquemment réalisés sous délégation. La sage-femme est donc

capable de prendre en charge l’IVG médicamenteuse. Elle pourrait ainsi

exercer de façon autonome et à part entière dans un centre d’IVG et répondre

aux demandes des patientes, quelles qu’elles soient. Si nous nous intéressons

au cas du centre de Saint-Nazaire, nous constatons que la sage-femme est le

professionnel qui réalise le plus de consultations, que ce soit pour de la

contraception ou pour une prise en charge d’IVG. (cf. Annexe IV et Annexe V)

Tous les centres d’orthogénie n’ont pas de sages-femmes dans leur personnel.

Nous avons comparé deux centres d’IVG de maternité de type deux : Blois et

Saint-Nazaire (cf. Annexe V). A Saint-Nazaire la sage-femme a une place

primordiale dans la prise en charge de l’IVG médicamenteuse, plus importante

que le médecin qui n’est présent que très peu de temps au sein du centre. La

sage-femme est donc autonome pour le suivi d’une IVG médicamenteuse et est

seule face à la gestion des possibles complications, bien qu’elle exerce sous

Page 50: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

46

délégation d’un médecin responsable. A l’inverse à Blois, le médecin est

l’unique soignant en charge de l’IVG médicamenteuse hormis la surveillance

interventionnelle exercée par l’infirmière. La présence permanente d’un

médecin au sein du service permet à l’infirmière en charge des hospitalisations

de jour d’avoir un professionnel responsable en cas de complications afin de

prendre des décisions. La sage-femme réalise donc les mêmes actes que le

médecin mais ses compétences ne sont pas reconnues.

Nous l’avons dit précédemment, les CIVG sont menacés de fermeture

notamment à cause de la pénurie de médecins. Ceux-ci sont proches de la

retraite et aucune ou peu de relève est assurée par la suite. Environ 180 CIVG

ont fermé depuis 2002. Ils sont regroupés dans les plus grandes structures

hospitalières sur le même schéma que les maternités de proximité. Cela

entraîne une diminution de l’accompagnement des femmes. (32)

Ce problème concerne entre autre le CIVG de Saint-Nazaire. En effet, en 2008

il y’avait dix vacations réparties pour huit médecins. En 2012 il n’y’a plus que

cinq vacations pour trois médecins (cf. Annexe V). De plus la situation

géographique actuelle, en centre ville, proche des collèges et lycées permet

aux jeunes de bénéficier des missions du CPEF. C’est un atout pour l’éducation

à la sexualité, l’accès à la contraception et la prévention des grossesses non

désirées. Cependant, avec le déplacement de l’hôpital sur un nouveau site, le

CPEF sera déménagé très prochainement et se retrouvera excentré. L’accès

aux soins sera donc plus difficile notamment pour les mineurs. Ajouter à cela la

pénurie de médecins, cela entraînera-t-il la fermeture de centre ?

90% des étudiants pensent que la sage-femme peut lutter contre la fermeture

des CIVG en s’engageant dans la prise en charge de l’IVG médicamenteuse.

Cela permettrait une meilleure accessibilité aux soins pour les femmes. En effet

elle est compétente pour ces actes et peut donc assurer la relève des médecins

en orthogénie. Cela permettrait de créer des postes et de diversifier encore plus

la profession. Toutefois les étudiants expriment que cette lutte pour la

réouverture/non-fermeture n’est pas uniquement du ressort des sages-femmes

mais aussi d’autres professionnels (cf. tableau 4). Il serait donc nécessaire que

les médecins, notamment la jeune génération se mobilisent pour ces centres

Page 51: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

47

menacés. Etant donné qu’ils sont les principaux acteurs des centres

d’orthogénie, leurs avis seront les plus entendus.

Il y a cependant un désaccord concernant la rémunération des sages-femmes.

En effet, 8% des étudiants sont d’accord avec le fait que la sage-femme peut

lutter contre la fermeture des CIVG car c’est la même offre pour un moindre

coût. Dans cette même question, la différence de salaire est soulevée comme

étant un problème (cf. tableau 4). La sage-femme est rémunérée trop

faiblement par rapport aux médecins pour les mêmes actes. Effectivement si

l’on se base sur une simple consultation gynécologique par exemple, le

médecin spécialiste sera payé en moyenne 28 euros et la sage-femme 21.50

euros. La rémunération des sages-femmes devrait passer à 23 euros à partir du

1er septembre 2013 (33). Cette discordance de salaire est-elle un frein à

l’élargissement des compétences des sages-femmes ? En effet les

compétences des sages-femmes s’étoffent de plus en plus : la prescription de

la contraception, son suivi biologique, le suivi gynécologique…etc. Mais le

salaire reste le même. Les actes valorisants sont peu valorisés. Il existe ce

même problème entre les médecins généralistes et les spécialistes. Cela peut

être vu comme un accès aux soins plus facile pour les patientes. Il aurait été

intéressant d’avoir l’avis des étudiants sur la question suivante : la

revalorisation des salaires peut-elle avoir un impact sur l’élargissement des

compétences de la sage-femme notamment sur la prescription de l’IVG

médicamenteuse ?

1.2. Opinion générale des sages-femmes

1.2.1. Selon notre étude

93% des étudiants sages-femmes sont favorables à la prescription de l’IVG

médicamenteuse. 7% sont défavorables.

L’argument favorable avancé majoritairement exprime que ce droit est en

accord avec les compétences actuelles des sages-femmes sur le suivi global

des femmes. L’argument défavorable défend l’IVG comme un acte pathologique

alors que la sage-femme exerce sur la physiologie. Rappelons que l’IVG est

une décision de la femme et émane d’une grossesse physiologique qui peut

être interrompue. Ce n’est pas une pathologie.

Page 52: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

48

1.2.1.1 Les convictions religieuses

Initialement nous pensions que les convictions religieuses influeraient sur

l’opinion générale des étudiants. En effet, comme nous l’avons évoqué dans la

première partie de ce mémoire, historiquement le refus du droit à l’avortement

reposait beaucoup sur le statut de l’embryon et du fœtus, faisant de l’IVG un

crime. Le statut de l’embryon diffère selon les religions. Par exemple pour la

religion Catholique, l’embryon est considéré comme un individu humain dès sa

conception, l’avortement n’est donc pas toléré. L’Islam stipule que le fœtus

atteint le statut humain au centième jour de la conception soit à la première

semaine du quatrième mois de grossesse. L’avortement est donc possible

avant ce terme, mais uniquement si le fœtus est atteint d’une anomalie. (34)

Dans notre population d’étude, 63% des étudiants sont sans croyances. Les

93% d’étudiants favorables pourraient donc refléter les étudiants sans

croyances. Or les 7% d’étudiants défavorables à la prescription de l’IVG

médicamenteuse par les sages-femmes sont répartis de façon minoritaire, ils

sont soit catholiques soit sans croyances. De plus, sur les trente étudiants

catholiques, vingt-six sont favorables à ce droit (cf. histogramme 5). Pour les

étudiants, la religion ne semble donc pas être un frein à la prise en charge de

l’IVG médicamenteuse.

1.2.1.2 Le stage en orthogénie

La durée des stages diffère selon les écoles. Pour certain ce stage se résume à

une journée optionnelle, pour d’autres trois semaines obligatoires. Nous

pourrions donc considérer la durée du stage comme discriminante par rapport à

ce projet de loi. Si les étudiants ont peu de temps pour s’initier à l’orthogénie, ils

ne seront pas intéressés par la prescription de l’IVG médicamenteuse. Pour

une durée de stage inférieure à une semaine, les étudiants sont tous favorables

à la prescription de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes, alors que

pour une durée plus importante, une minorité y est défavorable. Ce n’est donc

pas la durée du stage en orthogénie qui influence l’opinion des étudiants (cf.

histogramme 6). Sachant que la plupart demande un stage plus long et

obligatoire pour toutes les écoles (cf. tableau 6). Cependant nous remarquons

que malgré une majorité d’étudiants favorables à ce droit, peu d’entre eux ont

Page 53: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

49

envie de travailler en centre d’orthogénie (cf. Histogramme 6). Cette

discordance peut s’expliquer par un attrait premier pour les salles de

naissances au début de l’exercice professionnel. Pour la plupart des jeunes

sages-femmes, le domaine de l’orthogénie n’est pas prioritaire. Il aurait été

intéressant de demander aux étudiants de quelle manière il souhaiterait mettre

en pratique ce droit, sachant que beaucoup d’entre eux souhaitent exercer en

milieu hospitalier.

1.2.2. Comparaison à une étude d’étudiante sage-femme

Comparons notre étude à celle réalisée de façon similaire par C. THOUVENOT,

sage-femme diplômée de 2012, dont le mémoire s’intitule « la place de la sage-

femme dans la pratique de l’IVG médicamenteuse ». (35)

Cette étude incluait deux types de population : 162 sages-femmes et 75

étudiants sages-femmes de la région Ile-de-France.

Concernant les sages-femmes, 69% sont favorables à la prescription de l’IVG

médicamenteuse contre 22% défavorables. L’argument favorable majeur est

l’accompagnement global des femmes. L’argument défavorable repose sur des

convictions personnelles.

Concernant les étudiants sages-femmes, 89% sont favorables contre 7%

défavorables. Les arguments évoqués sont similaires à ceux des sages-

femmes.

Les résultats de notre étude s’apparentent aux 89% d’étudiants sages-femmes

favorables. L’argument favorable est similaire également. Cependant dans le

cas de notre étude les convictions personnelles ne sont pas intervenues contre

ce droit.

Ces deux études montrent que la nouvelle génération de sage-femmes est

majoritairement favorable à ce projet de prescription médicamenteuse.

1.2.3. Comparaison aux études des professionnels

De même, comparons notre étude à celle réalisée par le Conseil Interrégional

secteur 2 (cf. Annexe VI), destinée aux sages-femmes et intitulée : « Seriez-

vous favorable à l’IVG médicamenteuse dans le champs de vos

compétences ? » (36)

Page 54: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

50

40,4% des sages-femmes sont favorables. La sage-femme accompagne la

femme à tous les moments de la vie, heureux et difficiles, sans jugement, ni

projection de ses propres idées et valeurs. Elle peut lui consacrer plus de temps

et d’écoute, développer et favoriser un accès des femmes à l’IVG dans un délai

requis.

Cela signifie que c’est en accord avec les compétences actuelles de la sage-

femme sur le suivi global des femmes. Notre étude a relevé aussi qu’elles ont

plus de temps et d’écoute. En effet, 22% des étudiants pensent que la sage-

femme a des qualités d’écoute et relationnelles, nécessaires pour exercer dans

ce domaine. 12% considèrent que ces qualités sont plus importantes chez la

sage-femme que chez le médecin. Notre étude a également montré que 47%

des étudiants estiment que les sages-femmes s’engageant dans la prise en

charge de l’IVG médicamenteuse permettraient une meilleure accessibilité aux

soins pour les femmes. Cela s’apparente à la réponse « favoriser un accès des

femmes à l’IVG dans un délai requis ».

38,3% sont défavorables à cette compétence selon une question d’éthique

personnelle et professionnelle. Cette compétence serait une contradiction avec

le rôle des sages-femmes d’accompagner la naissance et non de l’empêcher. Il

s’agit également de problèmes d’insuffisance de la formation et des moyens,

problèmes de responsabilité.

Dans le cas de notre étude, l’argument concernant le rôle de la sage-femme

dans l’accompagnement de la naissance est aussi exprimé. Pour 33% des

étudiants défavorables à ce projet, la sage-femme est tournée vers la

naissance et la vie en prenant soin de la mère et du fœtus. En réponse à cet

argument, 8% des étudiants favorables rappellent que la profession de la sage-

femme présente de multiples aspects, pas forcément tournés vers la vie

puisqu’il lui arrive de prendre en charge des IMG ou MFIU par exemple.

L’enquête dont nous avons parlé a connu un fort taux d’abstention, rendant les

résultats non interprétables. On ne peut donc pas se baser de façon définitive

sur l’opinion générale des sages-femmes avec cette seule étude. Cependant

l’ANSFO réalise une étude, encore en cours, destinée à toutes les sages-

Page 55: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

51

femmes de France et dont la question suivante est posée : « Les sages-

femmes répondantes pratiqueraient-elles l’IVG si la loi le permettait ? » (37)

Des résultats ont déjà été publiés sur le site de l’ANSFO. 102 sages-femmes

ont répondu à l’étude à la date du 9 décembre 2012. Parmi elles, 64% sont

favorables et 25% défavorables.

De même une seconde question est soumise aux sages-femmes : « Quelles

sont les compétences que nous souhaitons ou non encore acquérir afin de

mieux accompagner les femmes en bonne santé ? » (37)

76% des sages-femmes souhaitent pouvoir réaliser l’IVG médicamenteuse.

Ces études montrent pour l’instant un avis favorable des sages-femmes pour ce

projet de loi.

Toutefois il a été émis un problème de formation des sages-femmes. Ce même

problème est également présent dans les résultats de notre étude. A chaque

item concernant la sage-femme dans le domaine de l’orthogénie, les étudiants

souhaitent une formation plus approfondie.

1.3. La formation des sages-femmes

1.3.1. Selon nos résultats

Notre étude montre une réelle disparité entre les écoles de la région Grand-

Ouest concernant la formation initiale des sages-femmes, tant sur le plan

théorique que pratique (cf. tableaux 5 et 6). En effet le nombre d’heures de

théorie sur l’IVG est faible (maximum cinq heures à Nantes) alors que les

étudiants sont demandeurs de plus de cours notamment sur la législation de

l’IVG et la pharmacologie des médicaments utilisés. Côté pratique, la différence

entre les écoles est encore plus surprenante. Le stage en orthogénie n’est pas

obligatoire dans toutes les écoles et lorsqu’il est réalisé, sa durée est très

limitée : un jour par exemple pour Rennes. Cette durée relève plutôt d’un stage

d’observation plutôt que de formation. Or les étudiants sages-femmes ont tout à

bénéficier d’un vrai stage en orthogénie, au même titre que ceux réalisés

durant la formation. Durant ce stage les activités sont diverses et nécessaires à

Page 56: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

52

la formation d’une sage-femme : consultations et suivis de la contraception,

poses d’implants et de stérilets, prise en charge des IVG, suivis de grossesse…

Ce manque de formation se fait ressentir par les étudiants, demandeurs à

l’unanimité d’un stage plus long et obligatoire en orthogénie.

1.3.2. Enquête auprès des étudiants d’Ile-de-France

Une étude réalisée par Mme FLANDIN-CRETINON, sage-femme enseignante,

s’intitulant place de la régulation des naissances dans la formation initiale des

sages-femmes, a été menée auprès des étudiants d’Ile-de-France dans le

cadre du DIU régulation des naissances de 2012. L’effectif total était de 130

pour un taux de réponses de 43%. Concernant l’enseignement théorique, il

ressort de cette étude que le taux de satisfaction pour l’accompagnement des

femmes demandeuses d’IVG médicamenteuses est de 59%. Pour

l’enseignement dirigé le taux est de 27%. Ces enseignements sont donc

insatisfaisants pour les étudiants. De plus 47% des étudiants ne sont pas

satisfaits de l’enseignement clinique. En ce qui concerne les acquisitions en

apprentissage clinique, le taux de satisfaction est de 41% pour l’IVG

médicamenteuse, ce qui est globalement insuffisant. Seul 21% sont très

satisfaits mais ce taux est corrélé avec une expérience clinique plus

développée notamment avec la prise en charge d’une vingtaine de patientes

pour une IVG. A noter également que l’accès à la pratique clinique diffère selon

les écoles. Ces résultats s’accordent avec ceux de notre étude et montrent bien

un manque de formation ressenti par les étudiants. (38)

1.3.3. Le programme de 2001

L’un des objectifs de référence de la formation des sages-femmes est

« informer les femmes et les couples dans le domaine de la régulation des

naissances ». Les objectifs de la phase 1 en gynécologie sont : régulation des

naissances, historique, législation, prévention et alternative de l’IVG. Pour la

phase 2, un intitulé « IVG » est inclus au programme de gynécologie. Le

nombre d’heures exclusives à l’IVG n’est pas précisé, d’où la disparité sur la

formation théorique entre les écoles.

Page 57: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

53

Quant à la formation clinique, le programme stipule que « les stages permettent

l’acquisition professionnelle ». Or si tous les étudiants ne bénéficient pas d’un

stage en orthogénie, comment peuvent-ils obtenir la prescription de l’IVG

médicamenteuse s’ils n’y ont pas été confrontés ?

Il est dit que « La planification de la formation clinique des étudiants sages-

femmes est effectuée en semaine temps plein. Toute autre organisation peut

être envisagée en fonction du projet pédagogique de l’école». Cela explique

pourquoi le stage en orthogénie n’est pas obligatoire dans toutes les écoles. De

plus «certains stages comme (…) information/prévention, peuvent être

effectués sous forme de vacations. La vacation correspond à quatre heures de

stage» d’où les demies-journées effectuées en orthogénie à la demande de

certains étudiants. Si l’on fait un point sur les stages à effectuer durant la

formation : la première phase inclut « trois semaines à option en centre

d’information et de planification familiale » et la deuxième phase intègre « trois

semaines permettant (…) d’informer les femmes dans le cadre de la régulation

des naissances » dont fait partie le stage en centre d’information et d’éducation

familiale et les stages en gynécologie. Il y a la possibilité d’expérimenter « trois

semaines de stage optionnel argumenté devant l’équipe pédagogique par

l’étudiant en fonction de son projet de formation » et « trois semaines de stages

permettant l’ouverture de la formation vers les différentes formes d’exercice de

la profession : SFL, AMP, PMI, centres médico-sociaux, autres ». Or dans tous

ces stages énumérés, le stage en centre d’IVG n’est pas clairement signalé,

est-il donc à inclure dans les « autres » ?

Rappelons que tous les CPEF ne possèdent pas un centre d’IVG. Les étudiants

ne sont pas tous amenés à prendre en charge une IVG médicamenteuse. Ils ne

peuvent donc pas estimer le travail que cela représente et les implications

possibles de la sage-femme. D’autant plus que dans les stages effectués par

les étudiants, seul 46% ont pu voir une sage-femme exercée en centre

d’orthogénie. Il est dit également que « l’organisation des stages prend en

compte l’évolution de la politique de santé » (39). Or l’amendement de 2009

montre bien une évolution pour la profession de sage-femme. Pourtant 68%

des étudiants ignorent l’existence de cet amendement. Ils ne sont donc pas

assez formés/informés sur les éventuels élargissements de compétences. Cela

pourrait pourtant modifier l’organisation pratique de leur formation et peut-être

Page 58: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

54

ils s’intéresseraient de plus près à l’orthogénie. C’est à ce niveau que les

interventions de sages-femmes orthogénistes pourraient être bénéfiques pour

les étudiants dans leur cursus, comme il l’est suggéré dans notre étude.

Ainsi une formation plus approfondie sur l’IVG permettrait à la sage-femme

d’avoir la compétence de prescription de l’IVG médicamenteuse et de prise en

charge totalement autonome. Il serait bénéfique que les programmes

théoriques et pratiques soient les mêmes pour toutes les écoles.

1.3.4. La réforme LMD

Cette amélioration semble se concrétiser avec la réforme LMD maïeutique mise

en place en 2009 (40). Prenons pour exemple les objectifs du référentiel de

formations. L’un stipule de mettre en adéquation les enseignements avec les

compétences définies par le référentiel métier et compétences. Or nous

rappelons que la compétence n°7 du référentiel métier et compétences des

sages-femmes (41) est « réaliser une consultation de contraception et de suivi

gynécologique de prévention ». La « continuité de prise en charge » est

énoncée. Il serait donc normal que les sages-femmes soient en charge de l’IVG

médicamenteuse si leurs patientes en sont demandeuses. Un autre objectif

parle d’évoluer en fonction des adaptations sociétales et des besoins de santé

publique. Or l’IVG est en nombre constant depuis plusieurs années et le fait

qu’elle soit menacée induit un problème de santé publique.

Nous vivons dans une société où l’IVG fait clairement partie de la régulation des

naissances. La sage-femme, à titre de garante de la santé de la femme, peut

s’engager dans cette voie.

Intéressons nous maintenant au programme théorique de la réforme. En L2 et

L3, il y a l’unité d’enseignement « santé société humaine » qui traite de

l’éthique : situations cliniques particulières, aspects relatifs à la contraception, à

la contraception d’urgence et à l’IVG médicamenteuse. L’unité d’enseignement

« santé publique, démarche de recherche » inclut: médecine préventive

contraception et maîtrise de la fécondité. Et l’unité d’enseignement

« gynécologie » permet d’aborder la planification familiale, centrée sur la

contraception. En M1 M2, l’unité d’enseignement « santé génésique des

femmes » traite différents thèmes dont l’IVG, ses aspects législatifs, sa

Page 59: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

55

pharmacologie, que ce soit IVG médicamenteuse ou chirurgicale. Ce

programme théorique montre une avancée majeure dans la formation initiale

des sages-femmes, qui s’accorde avec les souhaits des étudiants exprimés

dans notre étude.

Côté pratique, les objectifs des unités d’enseignement clinique sont les

suivants : développer un esprit d’éthique et de respect dans toutes les

démarches professionnelles, et intervenir dans toutes les actions

professionnelles, dans l’intérêt des femmes et des enfants quelque soit le

contexte de soins. L’unité d’enseignement « planification-gynécologie » a pour

objectif d’informer et participer à la prise en charge des femmes ayant recours à

l’IVG. Les lieux concernés sont les centres de planification conjugale et familiale

et les centres d’orthogénie.

Avec ce programme, l’IVG occupe une place majeure dans la nouvelle

formation des sages-femmes. Ce progrès pourra peut-être changer l’opinion

générale une fois que ces étudiants seront sur le « terrain professionnel ».

1.3.5. Comment améliorer la formation à Tours ?

Il serait intéressant de tenir compte des demandes des étudiants de Tours pour

améliorer d’ores et déjà la formation à l’école. D’un point de vue théorique ils

souhaitent des cours plus approfondis sur la pratique de l’IVG

médicamenteuse, la prescription, le suivi, la pharmacologie des médicaments

utilisés, la législation ainsi que des interventions de gynécologie plus complètes

et de la psychologie plus centrée sur l’accompagnement d’une demande d’IVG.

D’un point de vue pratique, ils voudraient plus de cas cliniques pour s’entraîner

à la prise en charge, des stages en orthogénie plus long en présence d’une

sage-femme. Ils prodiguent à encourager les étudiants à passer le DIU

d’échographie pour assurer une prise en charge complète de la patiente jusqu’à

la consultation de contrôle post-IVG. Ils ont également exprimé que le DIU de

régulation des naissances devrait être obligatoire pour tous et pourrait donc être

intégrer dans la formation initiale. Cependant l’obtention d’un DIU se base sur le

volontariat. La régulation des naissances n’intéresse pas toutes les sages-

femmes et les cours sur la contraception sont déjà conséquents dans la

formation initiale et permettent d’éviter de véhiculer les idées reçues. (cf.

tableau 6)

Page 60: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

56

Au centre d’orthogénie de Tours, 1089 IVG ont été réalisés en 2012. C’est un

lieu conséquent pour approfondir, durant la formation, l’accompagnement des

femmes demandeuses d’IVG. De plus 67% des femmes ayant eu recours à une

IVG ont choisi une contraception de longue durée type implant ou stérilet (42).

Ajouter à cela les 2876 consultations de planification (422 poses de stérilet et

347 poses d’implants), qui font du centre un terrain de stage formateur d’un

point de vue pratique pour les étudiants. Les médecins prennent soin d’y former

les futurs professionnels. La durée du stage fixée à deux semaines offre un

avantage aux étudiants issus de cette école par rapport à d’autres endroits où

la durée est plus courte. (cf. tableau 6)

Cependant les étudiants de Tours souhaitent un stage plus long en orthogénie.

Il serait donc intéressant que l’équipe médicale et l’équipe enseignante se

réunissent de nouveau pour améliorer l’organisation du stage du fait de

l’élargissement des compétences des sages-femmes, afin d’optimiser au mieux

la formation initiale.

Page 61: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

57

2. Limite de l’étude

Le fait d’avoir questionné les étudiants de première année de phase II limite les

réponses. En effet au moment où les étudiants ont été sollicités (de juin à

octobre), ils étaient en transition avec leur dernière année d’étude. Tous n’ont

pas effectué un stage en orthogénie et le programme de cours de quatrième

année d’étude de sage-femme n’a été que très peu abordé. Les interventions

sur l’IVG seront certainement faites plus tardivement. Ainsi les réponses portant

sur le stage en orthogénie et la formation initiale des sages-femmes peuvent

être éventuellement modifiées par les étudiants une fois l’année terminée.

De plus, le questionnaire comportant plusieurs questions ouvertes,

l’interprétation des réponses reste subjective.

Nous avons obtenu un taux de réponses de 69%. Cela signifie que 47 étudiants

n’ont pas répondu à l’étude, soit près d’un tiers de l’effectif total. Il aurait été

intéressant de savoir la raison de ces non-réponses. Ces étudiants ne sont-ils

pas intéressés par le sujet ? Sont-ils contre ce projet ? Quels arguments

avancent-ils ?

Même si les résultats de notre étude font l’unanimité, l’échantillon de la

population étudiée reste faible. Seule la région Grand-Ouest est concernée. Il

serait intéressant d’étendre la problématique à l’ensemble des étudiants sages-

femmes de France afin de réellement connaître l’opinion générale des futures

sages-femmes. Cela pourrait ainsi apporter de nouveaux arguments concernant

le projet de loi de prescription de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes.

Page 62: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

58

CONCLUSION

Page 63: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

59

La nouvelle génération de sages-femmes est majoritairement favorable pour

que la prescription de l’IVG médicamenteuse fasse partie de leurs

compétences. Les étudiants considèrent également que la sage-femme a sa

place en orthogénie d’une part grâce à ses connaissances en gynécologie et

obstétrique et d’autre part car elle est garante de la santé de la femme quelque

soit sa demande.

Pourtant il est ressorti dans nos résultats qu’elles manquent de formation sur

l’IVG. Une grande disparité existe entre les écoles mais les étudiants sont

clairement demandeurs d’une formation plus approfondie, qui soit la même pour

tous. La réforme LMD maïeutique semble pouvoir répondre à ces demandes et

permettra ainsi un apport sur l’IVG plus complet et donc plus bénéfique pour les

sages-femmes.

Notre étude s’est limitée aux étudiants de la région Grand-Ouest. Ils sont

favorables en majorité pour le projet de loi mais il serait intéressant que

l’ensemble des étudiants sages-femmes de France soient interrogés sur le sujet

afin que l’on puisse confronter ces opinions à celles des professionnelles dont

l’avis est actuellement recensé. Nous aurions ainsi un aperçu global des

opinions sur cette polémique et il serait alors possible de réévaluer ce projet de

loi de prescription de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes.

Page 64: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

60

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Page 65: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

61

(1) Morel MF. Histoire de l’avortement. Société d’Histoire de la naissance.

2012 Janvier.

http://www.societe-histoire-naissance.fr/spip.php?article43

(2) Commission Journal. Histoire du droit à l’avortement en France. 2004

Décembre 07.

http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article1252

(3) Brochure d’informations « Le planning familial »

(4) Le planning familial.

http://www.planning-familial.org/

(5) Picq F. MLF, 1970 année zéro. Libération. 2008 Octobre.

http://www.liberation.fr/

(6) Zancarini-Fourrel M. Histoire du MLAC. 2006 Décembre.

http://clio.revues.org/

(7) Rieu V. Quelle place pour une sage-femme dans un centre

d’orthogénie ? (Mémoire de DIU Régulation des naissances). Tours : Université

François Rabelais Faculté de médecine ; 2010

(8) L’Association Nationale des Centres d’Interruption de grossesse et de

Contraception. http://www.ancic.asso.fr/

(9) Ouzani F. Les sages-femmes et l’avortement (Mémoire de Diplôme

d’Etat de Sages-femmes). Tours : Université François Rabelais Faculté de

médecine ; 2011.

(10) Article 2 de la loi Aubry modifiant l’article L.2212-1 du Code de la Santé

Publique

(11) Article L.2212-1 du Code de la Santé Publique

Page 66: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

62

(12) Article 6 de la loi Aubry modifiant l’article L.2217 du Code de la Santé

Publique

(13) Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Interruption

Volontaire de Grossesse (dossier guide).

(14) L’avortement dans le monde, pays par pays. 2008 Juin.

http://www.avortementivg.com/pages/Lavortement_dans_le_monde_pays_par_

pays-690712.html

(15) Dufourmont S. Espagne : l’avortement bientôt illégal ? Le Point. 2012

Juillet.

http://www.lepoint.fr/monde/espagne-l-avortement-bientot-illegal-31-07-2012-

1491410_24.php

(16) La légalisation de l’avortement n’est plus taboue au Maroc. Le Monde.

2011 Octobre. Article consulté sur le site http://www.lemonde.fr/.

(17) Interruption Volontaire de Grossesse. Protocoles en gynécologie-

obstétrique. Edition Masson.

(18) Collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France.

http://www.cngof.asso.fr/

(19) Prise en charge des IVG jusqu’à quatorze semaines d’aménorrhées.

Recommandations ANAES 2011

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-04/ivg_2001_-

_recommandations_revues_2010_2011-04-28_15-29-11_241.pdf

(20) Muzard C. La place de la sage-femme dans un centre d’orthogénie et de

planification familiale. Présentation aux journées post universitaires des sages-

femmes 2012.

Page 67: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

63

(21) L’Association Nationales des Sages-femmes Orthogénistes.

http://www.sages-femmes-orthogenistes.org

(22) Les sages-femmes et l’avortement médicamenteux. France Catholique.

2009 Février.

(23) Glorie C. IVG : Quelles perspectives pour les sages-femmes ? Les

Dossiers de l’Obstétrique. 2012 Juin.

(24) Birman C. Sage-femme et pratique de l’IVG. 2000 Novembre. Article

consulté sur le site http://www.ancic.asso.fr/

(25) Collectif sages-femmes de demain. http://www.sages-femmes.infos

(26) Blog « IVG : je vais bien merci » http://www.jevaisbienmerci.net/

(27) Birman C. L’IVG et les sages-femmes. Lettre pour l’ANSFL.

(28) Institut National d’Etudes Démographique et avortements. Page

consultée en août 2012.

http://www.ined.fr/fr/france/avortements_contraception/avortements/

(29) Bajos N, Ferrand M, Meyer L, Moreau C, Warszawski J. Faut-il

s’inquiéter du recours à l’avortement chez les jeunes ? Libération. 2012 Mars

01.

http://www.liberation.fr/societe/01012393071-faut-il-s-inquieter-du-recours-a-l-

avortement-chez-les-jeunes

(30) Laffon-Delpit C. Les IVG dans l’année suivant un accouchement. Etude

prospective et descriptive au centre d’orthogénie de Tours en 2007 (Mémoire

de Diplôme d’Etat de Sages-femmes). Tours : Université François Rabelais

Faculté de médecine ; 2007.

Page 68: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

64

(31) Réseau entre la Ville et l’Hôpital pour l’Orthogénie. L’IVG en France,

épidémiologie, législation. Diaporama. 2012 Avril.

(32) Buisson O. La disparition annoncée des gynécologues et des

généralistes de la santé génésique. Le Monde. 2012 Avril.

(33) Journal Officiel. Article 6.2 sur la valorisation tarifaire des sages-

femmes ; Arrêté du 12 mars 2012 portant approbation de l'avenant n° 1 à la

convention nationale des sages-femmes libérales. 2012 Mars 14.

(34) Les grandes religions et l’embryon. Article publié le 19 janvier 2002.

http://www.bioethique.net/modules.php?name=News&file=article&sid=5

(35) Thouvenot C. La place de la sage-femme dans la pratique de l’IVG

médicamenteuse (Mémoire de Diplôme d’Etat de Sages-femmes). Poissy : UFR

médicale Paris-Ile-de-France-Ouest ; 2012.

(36) Agen M. Le rôle de la sage-femme dans la prise en charge de l’IVG

médicamenteuse. Présentation Infogyn Tarbes. 2011.

(37) Enquêtes de l'ANSFO. Pages consultées en janvier 2013 sur le site

http://www.sages-femmes-orthogenistes.org/ansfo/.

(38) Flandin-Cretinon S. Place de la régulation des naissances dans la

formation initiale des sages-femmes. Enquête en Ile-de-France en 2012.

(Mémoire de DIU régulation des naissances). Paris ; 2012.

(39) Ministère de l’Education et de la Santé. Programme des études de

2001 ; arrêté du 11/12/01. Journal Officiel. 2001 Décembre 19.

(40) Conseil de Perfectionnement des écoles. Programme cursus LMD

maïeutique. Validé 2009 Juin 04.

Page 69: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

65

(41) Référentiel métier et compétences des sages-femmes.

http://www.ordre-sages-

femmes.fr/NET/img/upload/1/666_REFERENTIELSAGES-FEMMES2010.pdf

(42) Trignol-Viguier N. Bilan d’activité 2012 du Centre. Diaporama 2013

Février. Tours

Page 70: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

66

ANNEXES

Page 71: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

67

ANNEXE I : Evolution du taux d’IVG en France

Page 72: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

68

ANNEXE II : Flow Chart

Page 73: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

69

ANNEXE III : Questionnaire

https://docs.google.com/spreadsheet/viewform?pli=1&formkey=dEJkX3F

NYzBlVWtYTE9VNnlJVjJtSnc6MQ#gid=0

Actuellement en 1ere année de 2e phase de sage-femme à l’école de Tours,

mon mémoire porte sur le thème sage-femme et IVG médicamenteuse. Il s’agit

de connaître l’opinion des ESF sur la place de la SF dans la prescription de

l’IVG médicamenteuse. Ce Questionnaire est à remplir individuellement. Je

compte sur vous pour y répondre avant la fin de l’été pour faire avancer mon

travail. Je vous remercie de votre participation et je ne manquerai pas de vous

faire part des résultats.

Pauline Breton, étudiante sage-femme 3e année, école de Tours.

Questionnaire

1) Age :……………….

2) Sexe :

□ Féminin

□ Masculin

3) Croyances Religieuses :

□ Catholique

□ Musulman

□ Juif

□ Pas de croyances

□ Autres

croyances :………………………………………………………………

4) Ecole de sages-femmes dans laquelle vous étudiez

actuellement :…………………………………………

Page 74: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

70

5) Avez-vous déjà effectué un stage dans un centre d’orthogénie ?

□ Oui

□ Non

(Si réponse non, passez directement à la question 6)

5.1) Durée de ce stage :………………………………………………………

5.2) Y’avait-il une ou plusieurs sages-femmes exerçant dans ce centre

d’orthogénie ?

□ Oui, une seule

□ Oui, plusieurs (précisez éventuellement combien :……..)

□ Non, aucune

(Si réponse non aucune, passez directement à la question 6)

5.3) Quelle était leur quotité de temps de travail ?

□ Temps plein

□ Temps partiel

5.4) Quel(s) rôle(s) y exerçai(en)t la ou les sage(s)-femme(s) ?

□ Conseillère conjugale

□ Consultations pré-IVG

□ Prescription de l’IVG médicamenteuse

□ Assistante du médecin lors des IVG sous aspiration

□ Surveillance post-IVG

□ Consultations post-IVG

□ Consultations et prescription de la contraception

□ Intervention en milieu scolaire

□ Autres :………………………………………………………………………………………

Page 75: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

71

5.5) La sage-femme exerçait-elle seule ou sous délégation d’un médecin ?

□ Seule

□ Sous délégation

5.6) Ce stage vous-a-t-il donné envie d’exercer votre future profession de sage-

femme dans un centre d’orthogénie ?

□ Oui

□ Non

6) Pensez-vous que la sage-femme possède les compétences

professionnelles pour avoir sa place dans un centre d’orthogénie ?

□Oui,

pourquoi :.........................................................................................

.........................................................................................................

□Non,

pourquoi :.........................................................................................

.........................................................................................................

7) Selon vous, la sage-femme a-t-elle le droit de prescrire l’IVG

médicamenteuse et d’en assurer le suivi ?

□ Oui

□ Non

8) Savez-vous qu’en 2009, un amendement à la loi HPST visant à élargir le

droit de prescription de l’IVG médicamenteuse aux sages-femmes avait été

proposé (mais refusé par la suite) ?

□ Oui

□ Non

9) Si cet amendement avait été adopté, aurait-il été légitime pour la profession

de sage-femme ?

□ Oui

□ Non

Page 76: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

72

10) Une fois diplômée, comment envisagez-vous votre pratique

professionnelle ?

□ Sage-femme hospitalière ?

□ Sage-femme libérale ?

□ Sage-femme orthogéniste ?

□ Prolonger votre formation par un DIU ?

□ Autres :……………………………………………………………

□ Ne sait pas

11) Dans votre future pratique professionnelle, accepteriez-vous que le droit

de prescrire l’IVG médicamenteuse fasse partie de vos compétences de

sage-femme ?

□Oui,

pourquoi :…………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

□Non,

pourquoi :…………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

12) Avec le nombre de médecins pratiquant l’IVG en constante baisse,

insuffisant pour le nombre de demande, entrainant la fermeture de

plusieurs Centre d’IVG, la sage-femme peut-elle participer à éviter la

fermeture de ces centres en s’engageant dans la prise en charge des IVG

médicamenteuses ?

□Oui,

pourquoi :..........................................................................................

..........................................................................................................

□Non,

Pourquoi :………………………………………………………………

……………………………………………………………………………

Page 77: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

73

13)Qu’avez-vous eu comme apports sur l’IVG durant votre formation initiale

(cours, nombre d’heures, intervention, conférences, congrès,

stage….etc.) ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

14)Quels outils, idées, avez-vous à proposer dans la formation initiale,

nécessaires pour que les sages-femmes aient la compétence de

prescrire l’IVG médicamenteuse et d’en assurer le suivi ?

……………………………………………………….........................................

....................................................................................................................

Page 78: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

74

ANNEXE IV : Répartition des actes du centre de planification de

Saint-Nazaire

Histogramme 1. Les consultations en fonction des professionnels

Histogramme 2. Les types de consultations

Page 79: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

75

ANNEXE V : Comparaison de deux centres d’IVG de maternité

de type 2

Etablissements CIVG de Saint-Nazaire CIVG de Blois

Situation géographique

Bâtiment indépendant, en

centre ville, à quelques kilomètres du CH

Inclus dans le CH, au même étage que la

maternité

Personnel Médecins

Sages-femmes Aide-soignante

Secrétaire Conseillère conjugale

Médecins Infirmière

Aide-soignante Secrétaire

Conseillère conjugale

Répartition du temps de travail

Médecins : 5 vacations de 1H30 réparties du lundi au

vendredi

Sages-femmes : 1 à temps plein, 1 à temps partiel

Aide-soignante/secrétaire :

temps plein

Conseillère conjugale : uniquement sur RDV

Médecins : vacations de

demi-journées par médecin du lundi au

vendredi

Infirmière/aide-soignante : temps plein

Secrétaire : 2 à temps à

partiel

Conseillère conjugale : plusieurs à temps partiel

Consultation pré-IVG Médecin Médecin

Durée d’une consultation 15 minutes 30 minutes

Programmation de l’IVG Sage-femme Médecin

Prise de la mifégyne® Sage-femme Médecin

Hospitalisation lors de l’IVG médicamenteuse

(prise de cytotec®, surveillance des saignements…)

Sage-femme Infirmière

Sortie de la patiente Sage-femme Médecin

Consultation post-IVG Médecin Médecin

Page 80: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

76

ANNEXE VI : Répartition du Conseil interrégional de l’Ordre des

Sages-femmes

Page 81: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

77

GLOSSAIRE

Page 82: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

78

ANCIC : Association Nationale des Centres d’Interruption de grossesse et de

Contraception

ANSFO: Association Nationale des Sages-Femmes Orthogénistes

AESFT : Association des Etudiants Sages-Femmes de Tours

CAT : Conduite A Tenir

CIVG : Centre d’Interruption Volontaire de Grossesse

CPEF : Centre de Planification et d’Education Familiale

DREES: Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des

Statistiques

DIU: Diplôme Inter-Universitaire

ESF : Etudiant Sage-Femme

HPST: Hôpital Patient Santé Territoire

IDE: Infirmière Diplômée d’Etat

IFOP: Institut Française d’Opinion Publique

IMG: Interruption Médicale de Grossesse

INED: Institut Nationale d’Etudes Démographiques

IST : Infection Sexuellement Transmissibles

IVG : Interruption Volontaire de Grossesse

LMD : Licence Master Doctorat

MFIU: Mort Fœtale In Utero

MFPF : Mouvement Français pour le Planning Familial

MLAC : Mouvement de Lutte pour l’Avortement et la Contraception

MLF : Mouvement de Libération des Femmes

PEC : Prise En Charge

PMI: Protection Maternelle et Infantile

SIDA : Syndrome de l’Immuno-Déficience Acquise

SFO : Sage-Femme Orthogéniste

Page 83: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

79

Page 84: La place de la sage-femme dans la prise en charge de · Mémoire présenté et soutenu par Pauline BRETON Sous la direction de Docteur Anne DUBREUIL Madame Véronique RIEU, sage-femme

80

Abstract

Midwives are not allowed to prescribe drug-based abortion. A draft law was made in 2009 but twice refused.

However our skills keep growing and improving, especially with prescription, follow-up of contraception and

gynecological exams….

The purpose of this study is to show and prove to a large audience that drug-based abortion can also be

managed by midwives.

We used a questionnaire based on open and closed questions, dedicated to all third-year midwives students

into the Great West District by using Google Documents. There were 155 students. Until now, we have

received 69% of answers back.

Results showed that the new midwives generation mainly agrees with this draft law. The lack of training would

be the main difficulty.

This draft law could enable midwives who wish to holding care of drug-based abortion by themselves. It will

bring a best access to abortion facility for womens against the closing of abortion centers.

Mots clés : sage-femme, IVG médicamenteuse, orthogénie, loi

La place de la sage-femme dans la prise en charge de l’IVG

médicamenteuse

Enquête auprès des étudiants de la région Grand-Ouest

Résumé

Les sages-femmes n’ont actuellement pas le droit de prescrire l’IVG médicamenteuse. Un projet de loi a été

établi en 2009 mais refusé par deux fois. Pourtant nos compétences ne cessent d’évoluer, notamment avec la

prescription et le suivi de la contraception, le suivi gynécologique…etc.

L’objectif de cette étude est de montrer l’opinion générale des futurs professionnels sur la possible prise en

charge de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes.

Un questionnaire composé de réponses fermées et ouvertes a été diffusé à l’ensemble des étudiants sages-

femmes de troisième année de la Région Grand-Ouest à l’aide de Google Documents. L’effectif total était de

155. Le taux de réponses était de 69%.

Les résultats ont montré que la nouvelle génération de sages-femmes est majoritairement favorable à ce

projet de loi. Le frein principal serait le manque de formation autour de l’IVG.

Ce projet de loi permettrait aux sages-femmes qui le souhaitent de prendre en charge l’IVG médicamenteuse

de façon autonome. Il contribuerait à un meilleur accès à l’IVG pour les femmes, s’inscrivant dans la lutte

contre la fermeture des CIVG.

Université François Rabelais – TOURS

Ecole Régionale de Sages-femmes

Promotion 2009 – 2013

BRETON Pauline