la passion de l’orient -...
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Oula Zaroual
1ere L1
Dossier d’Histoire des Arts
Oula Zaroual
La Passion de l’Orient
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Sommaire
Introduction p.3
Quelques dates clés p.4
Naissance d’un courant : l’Orientalisme p.5
Annexe 1 p.6
Delacroix, l’orientaliste p.7
Annexe 2 p.8
Femmes d’Alger dans leur appartement p.9
En avant la musique p.10
Victor Hugo, les Orientales p.12
L’Islam en question p.14
Zoom sur … P.16
Coup de cœur p.20
Conclusion p.21
Sources p.22
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Introduction
L’orient a passionné, l’orient passionne et l’orient passionnera toujours …
Tout d’abord situons-nous … L’orient dont je vous parle est celui du
Moyen-Orient, plus précisément celui dont les influences sont arabo-islamiques. Un
orient qui peut aussi s’étendre jusqu’en Afrique du nord, puisque on retrouvera les
mêmes caractéristiques architecturales, la même langue, la même religion, et la plus
part du temps les mêmes traditions dans les deux. Nous sommes aussi au XIXe
siècle, où l’Orient fascine … Baudelaire chante la « splendeur orientale » et
Delacroix peint les belles fardées de khôl et les cavaliers enturbannés qui l’ont tant
séduit au Maroc. A travers ce dossier, j’aimerais donc montrer comment et
pourquoi l’Orient, à travers l’Art, est devenue une importante source d’inspiration
pour les artistes occidentaux du XIXe siècle.
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
J’ai toujours été très attirée par l’orient, grâce à mes origines dans un premier
temps. Ma mère étant marocaine et mon père syrien, j’ai baigné, dès ma plus tendre
enfance, dans cet univers, oriental, fantaisiste, cher à ses traditions. Je suis fière
aujourd’hui de pouvoir allier Orient et Occident dans ma vie quotidienne et je
pense que l’un et l’autre ont beaucoup à s’apprendre. C’est aussi un honneur pour
moi, de pouvoir faire partie de cette nouvelle génération, qui étudie l’art de ses
ancêtres, lui redonne vie, et la met en valeur un peu plus chaque jour.
Bonne lecture !
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Quelques dates clés …
1798 : Début de l’expédition française en Egypte (Expédition militaire et
scientifique française menée en Egypte de 1798 à 1801, d’abord par Napoléon
Bonaparte.)
1822 : Champollion découvre une méthode pour déchiffrer les hiéroglyphes.
1829 : Victor Hugo publie Les orientales
1830 : Débarquement des troupes françaises en Algérie ; occupation progressive du
pays.
1832 : Delacroix au Maroc la mission diplomatique du comte de Mornay auprès du
Sultan, il visite Tanger et Meknès. Lamartine voyage en Syrie, en Egypte et à
Constantinople jusqu’en 1833
1836 : Erection de l’obélisque du temple de Louqsor sur la place de la Concorde à
Paris.
1844 : Guerre française avec le Maroc : bombardement de Tanger. Bataille d’Isly :
défaite de l’armée marocaine. Le sultan du Maroc reconnaît l’occupation de
l’Algérie.
1859 : Débuts des travaux de creusement du canal de Suez.
1869 : Novembre, inauguration du canal de Suez.
1871 : Première représentation au Caire de l’opéra de Verdi, Aïda, commandé par
Ismail Pacha.
1893 : Création de la Société des peintres Orientalistes à Paris. Exposition d’Art
musulman au palais de l’Industrie.
1898 : Voyage de Guillaume II en Orient, il visite les Lieux Saints et, à Damas, se
déclare ami de tous les musulmans.
1904 : En décembre, début du voyage de Kandinsky en Algérie et en Tunisie qui
durera jusqu’en avril 1905.
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Naissance d’un courant : l’Orientalisme
Apparu en Europe à la fin du XVIIIe siècle pour désigner un domaine
scientifique, le terme orientalisme s’est ensuite imposé sur la scène artistique.
Devenu une « préoccupation générale », comme l’écrit Victor Hugo dès 1829,
l’Orient n’a cessé de féconder les imaginations et, au Salon de 1849, le critique F. de
Lagenevais souligne déjà que « la manie de l’orientalisme a tout envahi ». La
fascination de l’Occident pour l’Orient n’est assurément pas nouvelle, comme en
témoigne l’histoire de Venise : dès les XIIe- XIIIe siècles, la cité maritime entretient
des liens privilégiés avec Alexandrie, Le Caire ou Damas, traitant avec les sultans
ottomans. Les arts du verre et du métal, le goût des tapis qui apparaissent dans la
peinture de Carpaccio ou de Lotto, le voyage à Constantinople de Gentile Bellini en
1479-1480 témoignent de la fécondité de ces relations.
Mais au XIXe siècle, sous l’effet des événements politiques, du
développement des voyages, les contacts avec le monde arabo-musulman stimule
une connaissance jusqu’alors souvent limitée à celle des Mille et Une Nuits*. Si les
contes de Schéhérazade, traduits en français par l’orientaliste Antoine Galland à
partir de 1704, ont accentué la curiosité pour un univers raffiné et voluptueux, la
politique d’expansion européenne menée contre l’empire ottoman écrit les étapes
historiques d’une confrontation entre Orient et Occident. La campagne d’Egypte
de Bonaparte en 1798 en marque l’ouverture avec la participation de Vivant Denon
(égyptologue) qui publie ses croquis* dans le Voyage dans la Basse et la Haute Egypte
en 1802. Le succès de cet ouvrage et la position que l’auteur occupe bientôt dans le
monde des arts donne aux pays de Méhémet Ali (vice-roi d’Egypte, 1804-1849) un
rayonnement inédit dans la peinture d’histoire et dans le développement
archéologique. La prise d’Alger en 1830 rend peu à peu familière cette terre.
*Cf. Annexe 1
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Annexe 1
Les Mille et Une Nuits : photo de deux pages d'un manuscrit syrien du xive siècle.
Bibliothèque nationale de France.
Croquis extraits du Voyage dans la Haute et la Basse Egypte de Denon.
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Delacroix, l’orientaliste
Eugène Delacroix, né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice et mort le
13 août 1863 à Paris, était un peintre français du XIXe siècle. Célèbre peintre
romantique, on retiendra de lui la toile de La liberté guidant le peuple. Il est aussi
connu pour avoir été considéré comme LE partisan du coloris, dans la fameuse
querelle qui divisait dessin et coloris, querelle qui entre autres l’opposait à Ingres,
qui était lui partisan du dessin. Cependant, ce que l’on sait un peu moins, c’est que
les deux hommes se rejoindront dans un seul et même courant : l’orientalisme. En
effet, en 1832 (voir les dates-clés) Delacroix effectue un séjour au Maroc. Un
voyage qui deviendra un événement marquant de l’orientalisme. Ce voyage est pour
l’artiste une révélation, soulignée dans les lettres, les carnets et un manuscrit
récemment publié, Souvenirs d’un voyage dans le Maroc (1899). Après les rougeoiements
des costumes turcs, Delacroix, dans ce pays resté à l’écart de la domination
ottomane, est frappée par les amples vêtements blancs des marocains (djellabas
actuelles), qui leur donnent l’allure de Caton ou de Brutus : « Rome n’est plus dans
Rome », assure-t-il. De ses impressions naissent les grands tableaux des années
suivantes : Femmes d’Alger dans leur appartement (1834), *Noce juives (1841), *le sultan du
Maroc entouré de sa garde (1845). Jusqu'à la fin de sa vie, l’artiste continuera à explorer
l’inspiration orientale en reprenant des sujets turcs, marocains ou associés plus
globalement au coté de la « barbarie », comme celui de la chasse aux Lions.
« Je n’ai commencé à faire quelque chose de passable, dans mon voyage d’Afrique,
qu’au moment ou j’avais assez oublié les petits détails pour me rappeler dans mes
tableaux que le coté frappant et poétique ; jusque la j’étais poursuivie par l’amour de
l’exactitude, que le plus grand nombre prend pour la vérité. » Eugène Delacroix
*Cf. Annexe 2
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Annexe 2
Noces juives dans le Maroc, 1841, Huile sur toile
1,050 x 1,405 m
Musée du Louvre, Paris.
Le sultan du Maroc entouré de sa garde, 1845, Huile sur toile
3,77 m x 3,40 m
Musée des Augustins, Toulouse
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Femmes d’Alger dans leur appartement
1834, Huile sur toile
1,80 m x 2,29 m
Musée du Louvre, Paris
Après son séjour au Maroc, Delacroix passe quelques jours à Alger et visite l’intérieur
d’une maison qui lui inspire des considérations enthousiastes : « C’est beau ! C’est comme au
temps d’Homer ! La femme dans le gynécée s’occupant de ses enfants, filant la laine ou brodant
de merveilleux tissus. C’est la femme comme je la comprends. » A l’aide des croquis exécutés sur
place, enrichis d’autres études, le peintre expose au Salon de 1834, dans un grand format, une
œuvre qui n’est pas qu’une impression de voyage. C’est une étude précise des costumes et des
objets, de la beauté des femmes qui nous guide selon Baudelaire. « Vers les limbes insondés de la
tristesse », mais aussi, comme l’écrit aussitôt le critique Gustave Planche, « De la peinture et rien
de plus ». L’harmonie et la vibration des couleurs auront sur des générations d’artiste un
retentissement considérable, résumé par Cézanne pourtant peu fervent d’Orientalisme : « Nous y
sommes tous dans ce Delacroix. Quand je vous parle de la joie des couleurs pour les couleurs,
tenez, c’est cela que je veux dire … Ces roses pales, ces coussins bourrus, cette babouche, toute
cette limpidité, je ne sais pas, moi, vous entrent dans l’œil comme un verre de vin dans le gosier,
et on en est tout de suite ivre. » Signac a aussi longuement rendu hommage au tableau et Picasso
s’en inspirera en 1954, dans une série de variations pour un dialogue avec l’Orient romantique.
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En avant la musique …
Aïda, Verdi
Aida est un opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi (1813-1901) sur un livret d'Antonio
Ghislanzoni d'après une intrigue d'Auguste-Édouard Mariette, créé le 24 décembre 1871 à
l'Opéra Khédival du Caire.
Commandé par le khédive égyptien, Ismaïl Pacha, pour les fêtes d'inauguration du canal de Suez,
il a été représenté pour la première fois au nouvel opéra du Caire construit pour l'occasion.
L'archéologue Mariette avait fourni l'idée et suivi de près le travail de mise en scène, assurant que
le spectacle soit conforme à ce que l'on savait de l'ancienne Égypte. Craignant un échec, il retirera
son nom avant la première.
Aïda eut énormément de succès lors de sa première au Caire le 24 décembre 1871. Les costumes,
accessoires et la mise en scène avaient été assurés par Auguste Mariette. N'ayant pas assisté à
cette première, Verdi ne fut pas satisfait par ce succès parce que la salle n'était composée que de
dignitaires invités, de politiciens et de critiques, mais d'aucun membre du grand public. Il a donc
considéré la première européenne, à la Scala de Milan, le 8 février 1872, comme la véritable
création.
L’orient franchit toutes les frontières, y compris celle de la musique. Cet événement est alors un
tournant pour l’Orientalisme puisqu’il va jusqu’à inspirer ce domaine à une époque où le
romantisme en est le courant dominant. Un peu plus tard, Nikolaï Rimski-Korsakov va suivre en
s’inspirant des célèbres contes des Mille et Une Nuits, pour composer Shéhérazade …
Shéhérazade, Nikolaï Rimski-Korsakov
En 1888, Nikolaï Rimski-Korsakov compose sa suite symphonique Shéhérazade (en russe
Шехерезада - Cheherezada), sur laquelle Michel Fokine créera, en 1910, un ballet pour les Ballets
russes, avec notamment Vaslav Nijinski dans l'un des rôles principaux, ainsi que des décors et des
costumes de Léon Bakst.
Shéhérazade est en quelque sorte à mi-chemin entre la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz
(1830) et le poème symphonique composé par Franz Liszt en 1854. C'est une pièce en quatre
mouvements où le grand public voit souvent deux thèmes principaux : celui de Schéhérazade
(violon et harpe) et celui du sultan (cuivres)
Cependant, son argument (les contes des Mille et une nuits) est plus proche du poème
symphonique, en ce sens qu'il est moins précis que celui de la Symphonie fantastique. Il sert ainsi
l'ébauche du futur poème symphonique. À cela il faut ajouter que le compositeur s'est toujours
insurgé à ce qu'on fasse une lecture habituelle de cette œuvre, en y voyant par exemple des
personnages évoluer et agir clairement. C'est tout à fait l'inverse de la démarche de Vivaldi dans
sa partition des Quatre Saisons accompagnée de quatrains poétiques évoquant précisément le
programme de chaque mouvement.
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Maria Callas, Aida
Shéhérazade, extrait de partition.
Bien entendu, de simples commentaires ne valent pas les mélodies en elle-
même. Je n’ai malheureusement pas pu me fournir de CD, je vous conseille donc
d’accompagner votre lecture de ces symphonies, trouvables sur le net. D’ailleurs
pour Shéhérazade, il y a sur YouTube une version d’André Rieu que je trouve très
belle … À bon entendeur !
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Victor Hugo
Les Orientales
La littérature française s’est intéressée à l’Orient longtemps avant déjà, avec les
lettres persanes de Montesquieu entre autres ou les très célèbres Mille et Une Nuits,
qu’on ne cite plus. Mais le courant orientaliste ne se manifeste vraiment qu’au XIXe
siècle, et Hugo annonce cela comme une « préoccupation générale, on ne peut alors
parler d’Orientalisme sans citer les fameuses Orientales d’Hugo.
Dans ce recueil de poèmes qu’il publie en 1829, la place de la Grèce est importante,
sans oublier celle de la Turquie, essentiellement représentée par Constantinople ;
l’Arabie et l’Espagne complètent ce périple. Enthousiasmé par le Sardanapale de
Delacroix,
Une « chose magnifique », Victor Hugo exalte la cruauté et l’horreur spectaculaires,
dans un recueil placé d’emblée sous le signe de la mort. Le romantique cherche en
Orient la « haute poésie », parfois plus nocturne que solaire, qui a beaucoup inspiré
les artistes…
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« On s’occupe aujourd’hui, et ce résultat est dû à mille causes qui toutes ont amené
un progrès, on s’occupe beaucoup plus de l’Orient qu’on ne l’a jamais fait. Les
études orientales n’ont jamais été poussées si avant. Au siècle de Louis XIV on était
helléniste, maintenant on est orientaliste. Il y a un pas de fait. Jamais tant
d’intelligences n’ont fouillé à la fois ce grand abîme de l’Asie. Nous avons
aujourd’hui un savant cantonné dans chacun des idiomes de l’Orient, depuis la
Chine jusqu’à l’Égypte. Il résulte de tout cela que l’Orient, soit comme image, soit
comme pensée, est devenu, pour les intelligences autant que pour les imaginations,
une sorte de préoccupation générale à laquelle l’auteur de ce livre a obéi peut-être à
son insu. Les couleurs orientales sont venues comme d’elles- mêmes empreindre
toutes ses pensées, toutes ses rêveries ; et ses rêveries et ses pensées se sont
trouvées tour à tour, et presque sans l’avoir voulu, hébraïques, turques, grecques,
persanes, arabes, espagnoles même, car l’Espagne c’est encore l’Orient ; l’Espagne
est à demi africaine, l’Afrique est à demi asiatique. […] Au reste, pour les empires
comme pour les littératures, avant peu peut-être l’Orient est appelé à jouer un rôle
dans l’Occident. »
Extrait de la préface des Orientales.
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L’Islam en question
Outre la différence de traditions entre Orient et Occident, le plus grand contraste
reste tout de même la religion. Alors que le Christianisme domine sur le vieux
continent, l’Islam apparaît comme la religion principale en Orient.
Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert évoque ironiquement l’opinion
supposée du plus grand nombre sur le Coran : « Livre de Mahomet, où il n’est
question que de femmes. » Sur ce point comme sur d’autres, l’orientalisme des
artistes semble parfois aussi peu informé. Les scènes religieuses de la peinture,
traitées par exemple par Gérôme, souffrent souvent d’invraisemblances : comme l’a
relevé François Pouillon dans la Prière publique dans une mosquée (1870, New
York, MoMA), la présence d’un mendiant presque nu, la nuée de pigeons ou
l’arsenal de pistolets passé dans la ceinture d’un soldat en prière paraissent
malvenus. Toutefois, il est indéniable que les scènes religieuses ont intéressé les
peintres et comptent parmi les œuvres les plus inspirées de l’orientalisme.
Prière du soir dans le Sahara, Gustave Guillaumet
1863, Huile sur toile
1,37 m x 2,85 m
Musée d’Orsay, Paris
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Pèlerins allant a la Mecque, 1861, Huile sur toile
1,61 x 2,42 m
Musée d’Orsay, Paris.
Pour ce tableau, considéré dès sa présentation comme un chef-d’œuvre de la peinture
orientaliste, Belly choisit de traduire sur une toile d'un format particulièrement imposant un sujet
ambitieux. Il s'agit de l'avancée d'une longue caravane dans le désert, se dirigeant vers la Mecque,
la ville la plus sainte de l'Islam et lieu de pèlerinage des musulmans.
Au Salon de 1861, Belly obtient pour ses Pèlerins une médaille de première classe, la
récompense la plus élevée. Le public est particulièrement sensible à l'effet audacieux produit par
le long cortège qui s'avance vers le spectateur. Un critique affirme d'ailleurs qu'au "retour du
Salon, il semblait que chaque visiteur eut fait partie de la caravane". Des voix discordantes se font
néanmoins entendre. Ainsi, dans la Gazette des Beaux-arts, un observateur reproche à Belly de
n'avoir pas respecté certaines conventions : "Les Pèlerins allant à la Mecque présentent un groupe
trop compact peut-être et la proportion des chameaux est exagérée relativement à la figure
humaine".
De manière très discrète, l'artiste donne une portée oecuménique à son oeuvre. Sur la
gauche de la composition, il représente un groupe de trois personnages : un homme à pied
accompagnant une femme avec son enfant sur un âne. Il s'agit d'un rappel frappant du motif, si
courant dans la peinture, de la "fuite en Egypte" de Marie, Joseph et Jésus. Par cette association,
Belly montre son attachement à l'idée qu'au-delà des divisions, il existe une religion universelle,
une foi en un Dieu unique.
Texte issu du site du Musée d’Orsay.
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Zoom sur …
Les Orients de Gérôme
Lors de mon voyage à Paris avec l’option HIDA, j’ai pu visiter le musée
d’Orsay pour la première fois. J’y ai découvert l’exposition consacrée à Jean-Léon
Gérôme, célèbre peintre français du XIXe siècle. Peintre que je ne connaissais pas
avant cette rétrospective, mais qui fut pour moi une belle surprise. J’avais déjà le
thème de mon dossier en tête lors de cette visite, j’avais alors pour but de récolter le
plus d’informations possibles sur l’orientalisme, et c’est par hasard que je découvris
que Gérôme, s’était intéressé à l’orient, et avait lui-même été orientaliste dans
certaines de ses œuvres. A mon tour, j’ai décidé de lui consacrer ces quelques pages
de mon dossier …
Gérôme accomplit, à partir de 1855, de nombreux voyages vers l'est de la Méditerranée,
cet ailleurs proche qui, au milieu du XIXe siècle, commençait dès la Grèce. Le peintre en fit le
sujet de nombreuses de ses œuvres !
Ses représentations orientales sont tout à fait singulières ; sous couvert de l'exactitude que
lui conférait sa manière précise, renforcée par son recours non dissimulé à la photographie,
témoin de ses voyages, Gérôme inventa des scènes orientales qui puisaient à l'imaginaire pictural
et littéraire de son temps. L'Orient que peignit Gérôme était celui rêvé dès 1829 par Victor Hugo,
dans les Orientales. Ses images "vraies" de l'Orient de son temps demeuraient fidèles à une vison
orientaliste, où se mêlaient sensualité et violence. Un critique de 1863 décrivit ainsi la sinistre
excursion sur le Nil du Prisonnier : "Tout l'Orient est là, avec son fatalisme implacable, sa
soumission passive, sa tranquillité inaltérable, ses insultes éhontées et sa cruauté sans remords».
Les images "exactes" de Gérôme paraissaient d'autant plus vraies qu'elles semblaient recréer sans
faille l'Orient attendu par ses contemporains. Elles apportaient au fantasme l'estampille de
l'authenticité. Il prit pourtant bien des libertés et peu de ses œuvres sont le fruit d'une observation
directe. La plupart de ses toiles ne résistent guère à une analyse précise des scènes représentées au
regard du contexte historique, géographique ou ethnographique dont elles se réclament. Gérôme
sut peindre de l'Orient une image immuable, intacte, offerte aux regards des spectateurs
occidentaux. Il parvint ainsi à séduire un public ravi d'observer les représentations figées d'un
ailleurs inchangé.
Texte issu de l’exposition.
Voici maintenant une sélection des tableaux qui me l’ont plus plu durant l’exposition et
qui selon moi représentent parfaitement l’Orient dont je parle dans ce dossier, un Orient
accessible, et qui, dans ses détails, sait séduire. L’exactitude de Gérôme permet justement cette
projection dans cet Orient fantaisiste.
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Le Muezzin, 1866, huile sur toile, 100 x 83.8cm
.
Charmeur de serpents, 1880, huile sur toile, 83.8 x 122,1 cm.
J’aimerais ici insister sur le mur bleu, en arrière plan, et sur la précision des écritures
coraniques. Une calligraphie impeccable et parfaitement lisible, qui confirme une fois de plus que
Gérôme ne négligeait pas les détails.
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. Bain turc, 1872, huile sur toile, 50,8 x 40,6 cm
Les bains, le harem, symbole éternel de l’Orient. Thème très prisé par Gérôme, les mœurs
y seraient différentes et certaines pratiques tolérées (telles que l'esclavage, la polygamie, le bain
public, etc.). Cette tolérance entraîne en Europe un phénomène de fascination/répulsion pour le
harem, lieu de despotisme (sexuel) par excellence du sultan. En effet, le harem, si éloigné des
mœurs et de la culture européennes de l'époque fait l'objet de nombreuses interrogations mais
aussi de nombreux fantasmes. Les harems rêvés/fantasmés/imaginés sont souvent peuplés
d'odalisques lascivement alanguies, offertes, dans les vapeurs du bain...
Le marchand de tapis au Caire, 1887, huile sur toile,
Page 19
Pour la petite histoire, en 1878, les visiteurs de l’Exposition universelle purent admirer
dans la Galerie orientale du palais Trocadéro des tapis d’Orient prêtés par Gérôme lui-même et
son beau-frère Albert Goupil, dont la prestigieuse collection d’art islamique fut dispersée dix ans
plus tard à l’hôtel Drouot. Plusieurs tapis persans de haute époque étaient exposés comme des
tableaux au mur de son salon oriental de la rue Chaptal à Paris. Dans ce tableau, il utilise le même
dispositif : un tapis safavide (L’appellation art safavide regroupe la production artistique qui a eu
lieu en Iran durant la dynastie du même nom, entre 1501 et 1722) à médaillon central est fond
blanc est suspendu à la balustrade d’un maq’ad, loggia à arcades caractéristiques des anciennes
maisons cairotes. La promotion des tapis persans, collecté est mise en valeur depuis peu par les
musées d’arts déco européennes, se nourrit ici de souvenirs de voyage. Orientalisme oblige, les
touristes européens sont remplacés par des amateurs locaux, aux tenues étincelantes,
accompagnés d’un Arnaute, mercenaire d’origine albanaise que l’on reconnait à sa moustache et à
son manteau écarlate. Feront-ils affaire ? Un astucieux jeu de regard alimente le suspense :
vendeurs, commis, âniers, spectateurs au balcon et femme de l’ombre font cercle autour du
« client roi ».
Détail du tapis.
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Coup de cœur
Coup de cœur oui, pour ce tableau, découvert au musée d’Orsay, et que j’ai trouvé
splendide.
Esclave d’amour et lumière des yeux, Etienne Dinet,
1900, Huile sur toile
56 ,5 x 49,5 cm
Musée d’Orsay, Paris.
Ce tableau, acquis en 1901 pour le musée du Luxembourg à Paris, est un exemple de la
collaboration entre Dinet et l’écrivain Sliman Ben Ibrahim. Le sujet est en effet inspiré d’une
« légende arabe », racontée dans le livre qu’ils signeront ensemble, Tableaux de la vie arabe. J’ai
apprécié dans ce tableau, le charme des nombreuses touches orientales, des bracelets au turban en
passant par le symbole à la calligraphie arabe en haut à droite. Une scène digne d’un conte dé fée
des mille et une nuits …
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Conclusion
Ainsi s’achève mon dossier sur l’Orientalisme au XIXe siècle, il reste bien sur
très incomplet, je n’ai évoqué que ce qui était pour moi les phases les plus
importantes de ce courant. Pour répondre a ma problématique, je dirais que si
l’Orient a tant inspiré, c’est tout d’abord grâce à son exotisme et ses différences qui
ont su séduire un esprit étranger … Bien sur, ce courant n’aurai pas eu lieu d’être
sans ces voyages et autres avancés de l’époque. Comme l’a si bien dit Victor Hugo
« ce résultat est dû à mille causes qui toutes ont amené un progrès », on en retiendra
le voyage de Bonaparte en Egypte, ainsi que celui de Delacroix au Maroc, ou
encore la construction du canal de Suez qui a révolutionné le moyen de transport
de marchandises utilisé jusqu’ici. L’Orientalisme, comme on l’a vu, s’est traduit
dans de nombreux domaines, en peinture, en musique, en littérature, mais aussi en
architecture, ou encore en art décoratifs… Et précisons aussi que ce mouvement ne
s’est pas limité au XIXe siècle, aujourd’hui encore, et même plus qu’à l’époque,
l’Orient fait partie de l’Occident. Tout comme l’Occident a fait partie de l’Orient
durant l’époque coloniale …
Je continue à dire, que les deux, malgré leurs différences, se rassemblent. Et parce
que la diversité fait l’unité, rien n’est plus beau que le mélange de deux saveurs
étrangères l’une à l’autre …
« Tout est sujet; tout relève de l'art, tout a droit de cité en poésie. »
Les Orientales, 1829
Victor Hugo
Page 22
Sources
Dictionnaire culturel de l’Orientalisme, Christine Peltre, éditons Hazan, 2008
http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Lexp%C3%A9dition_dEgypte_1798-1801/11013625
http://orientaliste.free.fr/textes/contexte.html
Voyages au musée d’Orsay, Marie Sellier et Catherine Peugeot, Réunion des musées Nationaux, 2001
Hors série n°469, Connaissance des Arts, Gérôme 1824-1904
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-
commentees/recherche/commentaire_id/pelerins-allant-a-la-mecque-20953.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dinet_esclavedamour.jpg
http://www.musee-
orsay.fr/fr/info/gdzoom.html?tx_damzoom_pi1[zoom]=1&tx_damzoom_pi1[xmlId]=002164&tx_dam
zoom_pi1[back]=/fr/collections/catalogue-des-
oeuvres/notice.html%3Fno_cache%3D1%26nnumid%3D002164%26cHash%3Dbee498725d&cHash=0
9d8be3cfe
http://www.reproarte.com/files/images/G/guillaumet_gustave/0111-
0160_a_la_seguia_nahe_biskra.jpg
http://a21.idata.over-blog.com/306x400/3/31/92/65/PEINTRES/GEROME/Jean-Leon-Gerome-The-
Carpet-Market-102112.jpg
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sh%C3%A9h%C3%A9razade_(Rimski-Korsakov)
Les Orientalistes : la vision de l'Orient par les peintres européens au XIXème siècle, Philippe Jullian Office du livre, Société française du livre, 1977