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LA PARTICIPATION DES HABITANTS DANS LES PROJETS URBAINS MONOGRAPHIES

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Animation coordination : Martine GUTMAN-LAJEUNESSE CDC, Céline BRAILLON CNV. Participants au séminaire du CNV, le6 avril 2004. Pour le CNV, Jean-Paul ALDUY sénateur maire de Perpignan, Jean-Pierre BOSINO maire de Montataire, Marie-Pierre de LIEGE secrétaire générale CNV, Claude FOURCADE La Rochelle, Serge GERBAUD Fédération Nationale desCentres Sociaux, Patrick KAMOUN conseiller USH, Etiennette MONTANANT FSU, Louis NICOLAS Chambre des MétiersParis, Rolande PLACIDI Vandoeuvre-lès-Nancy, Pour les représentants des acteurs des huit sites ayant contribué auxmonographies : Perrine CHATELET Clichy-sous-bois, Sylvie DELAVIE Angers, Monique DELUGIN La Courneuve, PascalDUBOIS Valenciennes, Olivier DUVERNOIS La Courneuve, Denis JACQUAT maire adjoint de Metz, Dominique LEBESSONMetz, Jean-François MACAIRE maire adjoint de Poitiers, Mme MERZOUK-GOETZ Metz, Michèle MOREAU maire adjointe deAngers, Romain PARIS maire adjoint de Paris, Gilles POUX Maire de La Courneuve, Arnaud SEVERIN Valenciennes..Réalisation de l’étude et des monographies : Habitat & Territoires Conseil - Rose-Marie ROYER-VALLAT, Maud LARZILLIERE,Nadyah ABDEL SALAM, Delphine SWYSEN

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INTRODUCTION

En 2000, la Caisse des Dépôts prenait l’initiative, avec ses partenaires CNV, DGUHC, USHet DIV, de dédier un Cahiers du Renouvellement Urbain 1 au thème de la participation deshabitants dans les projets urbains. Avec l’appui d’Habitat et Territoires Conseil, cettepremière étape, a permis de construire des éléments méthodologiques et les outils quipouvaient aider les équipes opérationnelles et les élus dans ces démarches complexes.

Dès la parution du guide en 2002, dans l’objectif de poursuivre l’investissement sur laparticipation des habitants, la Caisse des Dépôts et le Conseil National des Villes ont décidéde se doter en 2003 / 2004 d’un programme de travail. Ce programme portait sur lacapitalisation d'applications méthodologiques, sur un certain nombre de sites et avec lavolonté des élus locaux, l'objet étant d'enrichir, d'actualiser et d'adapter à des situationsconcrètes les démarches encore peu usitées de participation des habitants aux projetsurbains - présentées ici sous forme de monographies.

C’est ainsi que des thématiques inédites ressortent des expériences visitées, tellesl’implication des habitants dans des opérations de déconstruction / reconstruction à partir deprojets culturels (Poitiers, Lormont), leur qualification pour participer à des jury d’étude dedéfinition (La Courneuve), leur association à la gestion urbaine de proximité qui se poursuitpendant le projet (Metz), ou encore l’inscription de la participation dans les dispositifsd’insertion et d’emploi (Lyon), à côté de thèmes récurrents comme la gestion du temps et dela disponibilité des habitants (Valenciennes, Paris) ou leur contribution à la vie socialequotidienne via les Conseils de quartier (Angers).

Le programme s’est clôturé en avril 2004 par un séminaire organisé par le CNV etréunissant, autour de membres du CNV et de la CDC, l’ensemble des sites ayant contribuéaux monographies. Au cours de ce séminaire, toute une série de recommandations ont étédégagées des expériences retenues. Ces recommandations sont présentées ici enintroduction et synthèse des monographies.

Citons enfin les huit sites retenus et qui ont collaborés à cette étude monographique :

Angers La RoseraieLa Courneuve La Tour – Les ClosLormont CarrietLyon La DuchèreMetz BornyParis Porte de VanvesPoitiers La PiquetterieValenciennes Faubourg de Cambrai

1 Cf. CDC DRU Cahier du Renouvellement Urbain n°2 sur la Participation des Habitants, mars 2002.

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LES RECOMMANDATIONS ISSUES DES EXPERIENCES

Sans volonté des élus, il n’y a pas de participation des habitants

Il est admis que la ville n’est plus, aujourd’hui, la production exclusive del’administration et des élus, qu’elle est aussi celle de l’ensemble des activités,des acteurs et de la population du territoire, avec qui l’action publique doit seconfronter, s’articuler, pour construire un projet de territoire solidaire, durable,global.

Il n’en reste pas moins, qu’à la différence des pays anglo-saxons, la place del’élu local en France – et singulièrement la figure du Maire – resteemblématique de la détermination et de la définition de tout ce qui s’inscritdans l’action publique quand elle veut aller à la rencontre de la population.Cette posture des élus locaux est bien ce qui distingue la participation « à lafrançaise » de l’empowerment. Autrement dit, le postulat pourrait être : sansla volonté des élus, il n’y a pas de participation des habitants.

De ce point de vue, l’apport des élus impliqués pour convaincre leurscollègues et les mobiliser vis-à-vis des services est essentiel. C’est pourquoiles villes dont les élus sont engagés personnellement dans ces démarchessont celles qui obtiennent les meilleurs résultats.

C’est à partir de ce cadrage général que sont déclinés ici toute une série derecommandations issues des expériences de huit sites en renouvellementurbain, dont les acteurs, et les élus au premier chef, ont mis en place desdémarches de participation.

SIX RECOMMANDATIONS POUR AIDER A LA MISE EN ŒUVRE

1. cadrer le dialogue avec des règles du jeu

2. mobiliser les ressources humaines du territoire

3. se concerter sur des objets bien identifiés

4. élargir le cercle des interlocuteurs habitants

5. gérer le temps pour éviter l’essoufflement

6. être concret, ambitieux et donner du temps au futur

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1. CADRER LE DIALOGUE AVEC DES REGLES DU JEU

Il a été dit plus haut que sans la volonté des élus, il n’y a pas departicipation des habitants. Une fois ce postulat posé, la premièrerecommandation, émanant des huit sites explorés, conseille, avant touteaction, de cadrer la démarche.

Donner un cadre à la démarche de participation, c’est construire un cahierdes charges ou une charte d’engagement qui va préciser, pour tout lemonde, dès le démarrage, les règles du jeu. Ces règles sont à adapter enfonction de ce que la maîtrise d’ouvrage veut travailler ou pas avec leshabitants et les acteurs. Elles comprennent, selon les cas :

− les « coups partis », sur lesquels « on ne revient pas »,− les invariants du projet ou à quoi « on ne touche pas » parce que cela

relève d’une autre échelle, de la seule responsabilité de la ville et/ou deses partenaires,

− les engagements des maîtres d’ouvrage,− les contraintes (ou limites) à la démarche,− les modalités : qui est concerné ?sur quoi on travaille ? comment ?

quand ? quels « retours » aux habitants et quels moyens auxhabitants… ?

En particulier, sur une thématique qui traverse aujourd’hui tous les débatscomme les « démolitions-reconstructions », il est recommandé de ne pashésiter à expliquer pourquoi on ne sait pas encore ce qui va être démoli(certains d’ailleurs consultent les habitants), ni pourquoi on ne peut pasdater avec précision le calendrier des démolitions, et encore moins desreconstructions ; il est surtout recommandé de préciser les actionsd’accompagnement prévues à cet effet et la réglementation qui s’impose.

Les règles du jeu ainsi établies ont une valeur de considération vis-à-visdes habitants et des acteurs. Ne pas sous-estimer leur capacité decompréhension des contraintes et des invariants fait partie de la démarche.

Etablirdes règlesdu jeu

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2. MOBILISER LES RESSOURCES HUMAINES DU TERRITOIRE

La participation des habitants ne s’improvise pas et la conviction nesuffit pas. Davantage que d’autres actions, elle a besoin de compétenceset d’expériences professionnelles à sa disposition. Elle nécessite aussi unesolide organisation d’où l’improvisation et l’approximation sont exclues,parce que vécues par les habitants comme la preuve que les décisionssont déjà prises ou que « les choses sérieuses » se jouent ailleurs.

Mobiliser les ressources humaines, quand il s’agit de manager une telledémarche, c’est rechercher et associer des maîtres d’ouvrage(Collectivité(s), Etat, Bailleur(s)…) et des maîtres d’œuvre (architectespaysagistes, urbanistes, sociologues, ingénieurs sociaux, graphistes,acteurs culturels, communicants…) qui acceptent de jouer le jeu et demaîtriser les moyens qui vont avec.De ce point de vue, l’apport des élus impliqués pour convaincre leurscollègues et les mobiliser vis-à-vis des services est essentiel. C’estpourquoi les villes dont les maires et leurs adjoints se sont engagéspersonnellement dans ces démarches sont celles qui obtiennent lesmeilleurs résultats.

C’est aussi un travail de traduction du discours technique et un travaild’analyse des « remontées » du terrain, dont les professionnels de lacommunication ont de plus en plus la charge de restitution.

D’autre part, l’expérience montre que l’engagement dans des démarchesde participation, est surfilée de relations humaines inter individuelles oucollectives entre des professionnels de terrain porteurs d’initiative, demémoire et de connaissance des pratiques et des usages du site,fonctionnant souvent en inter réseaux plus ou moins informels (en GestionUrbaine de Proximité, par exemple : entre services techniques / gardiensHLM; en Réseau d’Education Prioritaire : entre enseignants / agents deprévention / d’animation / parents d’élèves ; ou encore en réseau deservices au public).

Ces relations humaines ne sont pas seulement synchroniques(conjoncturelles, géographiques), elles sont aussi diachroniques (dans letemps, l’histoire). Mobiliser les ressources humaines, c’est aussi s’appuyersur le terreau associatif (le mille feuilles), sur l’héritage des dispositifsantérieurs de participation, et l’histoire du quartier, de la ville, de la région.

Mais les compétences les plus utiles dans la mise en œuvre d’un dispositifde dialogue sont celles : 1) de la connaissance du système d’acteurs et desressources locales, 2) de l’appréciation de la « multi appartenance deshabitants », c’est-à-dire de l’enchevêtrement complexe de leurs liensprivés, sociaux et publics qui se jouent rarement au même moment, aumême endroit, ni avec les mêmes.

La participationnécessitedes compétenceset del’organisation

La conviction nesuffit pas

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3. ELARGIR LE CERCLE DES INTERLOCUTEURS EN S’APPUYANT SURLES PRATIQUES AFFINITAIRES DES HABITANTS

Elargir le cercle des interlocuteurs du projet au-delà de l’engagementde ceux – élus, professionnels, habitants militants du cadre de vie - qui ontune pratique de l’action publique, c’est aussi s’assurer que « lessilencieux », ceux qui ne se manifestent guère lors d’un projet urbain, ontune place dans la démarche.

D’abord, parce que certains de ces « silencieux » partagent, de manièresouvent informelle, des affinités, des « passions », des hobbies : jardiniersfamiliaux, danseurs de salon, sportifs amateurs, boulistes, rappeurs,mécaniciens auto…, bref, tout un relationnel vécu de manière « privée »qui ne compte pas pour rien dans le lien social invisible.

Ensuite, parce que les « silencieux » ont des pratiques sociales et une« expertise d’usage » qui les mobilise, parfois une seule fois, quand l’objetqui les intéresse « vient sur le tapis ». Ainsi, un club de pêche (600adhérents sur l’agglomération et plus de 120 sur la ville) a contribué àélaborer le cahier des charges d’un équipement situé dans un parc urbainoù des étangs de pêche mal aménagés avivaient d’autant des conflitsd’usage avec les jeunes.

Des habitants préoccupés par leur automobile ne se transforment pas pourautant en militants du cadre de vie, mais ils sont tout à fait susceptibles des’impliquer dans un projet de parking résidentialisé.

Les « silencieux » ont donc des pratiques affinitaires et sociales pastoujours sollicitées dans les projets urbains, mais déterminantes si l’on veutélargir le cercle des interlocuteurs :

- pour « ouvrir l’appétit », déclencher l’envie de s’impliquer, amener cemoment où on bascule « ça m’intéresse, finalement… »

- pour engager le dialogue à partir de ces affinités- pour sortir des rapports de force par le haut, ou quand les contentieux

pèsent parce que, sur le quartier, des promesses n’ont pas été tenuesou parce que des effets d’annonce ont été mal interprétés.

Elargir le cercle des interlocuteurs du projet, c’est, enfin, nouer ou renouerle contact avec des personnalités du quartier (y compris religieuses, ycompris avec « les grandes gueules »), avec le monde des commerçants,des entreprises et des professions libérales (médicales…) :

- ne pas hésiter à faire appel aux jeunes habitants. Plusieursexpériences montrent l’intérêt de la jeunesse pour les questionsurbaines, les aménagements d’espaces, les circulations, les services,les usages dans les écoles et collèges…

- constituer à la fois un « noyau » d’habitants et d’acteurs très impliqués,sans jamais négliger d’informer l’ensemble de la population, duquartier, et au-delà, de la ville.

- contribuer à des échanges inter sites, « aller voir ailleurs ce qui sepasse ».

Les pratiquesaffinitairesdes habitants

fabriquentdu lien socialinvisible

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4. SE CONCERTER SUR DES OBJETS BIEN IDENTIFIES

Déterminante est la conduite du débat public sur des objets bienidentifiés par les habitants et les acteurs. La notion d’objets identifiés estimportante parce que, souvent, dans le discours des habitants, il apparaîtque l’implicite de la maîtrise d’ouvrage - quand elle s’engage dans uneconcertation - est parfois « d’acheter la paix sociale », le plus souvent de« se réunir pour se réunir ». Dit autrement, si la « réunionite » est lamaladie infantile de la participation, c’est justement parce que l’idée dudialogue (se parler, s’écouter, se rencontrer) l’a emporté sur l’objet dudialogue.

L’idée du dialogue, a priori une heureuse utopie, développe un effetpervers : celui d’engager les habitants « à parler de tout, sur tout », àprendre la place des élus, des techniciens, des professionnels de terrain, àdevenir des sortes d’« habitants multicartes » occupant toutes les places,c’est-à-dire aucune. D’où leur désinvestissement rapide, ensuite, quand leréel des contraintes et les arguments techniques s’impose à eux. D’où lesrésistances constatées des techniciens, et aussi des élus, à « aller vers ledialogue ».

Le débat public - les monographies présentées ici le démontrent - devraitimpliquer des objets tiers entre élus, techniciens et habitants, sur lesquelstout le monde travaille, rêve, cherche des solutions, fait des propositions,fait état de ses usages et confronte ces usages (tel équipement ou telespace public pose problème ou au contraire ne demande qu’à êtredéveloppé). Travailler sur l’objet, articuler les points de vue, construire lecahier des charges préparent la décision qui revient ensuite aux élus.

Par exemple, en gestion urbaine de proximité, on constate que deux objetsparfaitement identifiés sont la propreté et la tranquillité. Cela ne signifie pasqu’il n’y en ait pas d’autres mais ces deux-là sont les premiers supports àl’engagement d’un dialogue en GUP, y compris entre partenaires maîtresd’ouvrage.

C’est aussi pourquoi lors d’un projet urbain, certains opérateurs n’hésitentpas à investir le terrain de la gestion du quartier au lieu « d’attendre quetout soit parfait ». Et d’y travailler en y associant les habitants et lesacteurs : procéder à des améliorations sur la propreté, les encombrants, lasécurisation passive, l’accueil et les réclamations ; financer des remises enétat (chantiers jeunes), ou des micro projets d’habitants. Bref, montrer queles maîtres d’ouvrage s’engagent, eux d’abord, sur ces objets du quotidien,sur l’ordinaire, sur l’habitude.

C’est l’objet dudialogue

qui compte

Pas le dialoguelui-même

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5. GERER LE TEMPS ET LA DISPONIBILITE DES HABITANTS ET DESACTEURS POUR EVITER L’ESSOUFFLEMENT

Qu’il y ait création d’un dispositif spécifique ou que l’on s’appuie surdes dispositifs existants, gérer le temps et la disponibilité des habitants etdes acteurs est indispensable pour éviter la saturation ou l’essoufflement.

Voici les principes méthodologiques qui ressortent des expériencesprésentées ci-après :

- alterner les temps forts de concertation sur le projet et les temps deveille ou de travail entre techniciens. La mobilisation des habitants està durée déterminée. Les ateliers permanents, installés dans la longuedurée du projet, semblent aujourd’hui compromis. Les mobilisationssont à présent à la fois intenses et volatiles, sans compter l’effetzapping et les nouvelles formes d’engagement où l’on vient chercherune réponse à un problème et non débattre de tout.

- systématiser le retour aux habitants et justifier chaque rendez-vousavec eux. Rendre compte de tout ce qui a été travaillé entre les deuxétapes et expliquer en temps réel ce qui est ou a été fait.

- ne pas figer le dispositif une fois pour toutes : adapter le dispositif aufur et à mesure des évolutions du projet et des initiatives locales. Pourrelancer une nouvelle phase de concertation, repartir des résultatsobtenus.

Sur les moments les plus opportuns pour conduire ce type de démarche,les sites sont unanimes à reconnaître que le temps du diagnostic – l’étatdes lieux – est un moment exceptionnel : mettre les habitants « dans lecoup » dès le départ, faire valoir et exploiter leur expertise d’usage, avecune assistance spécialisée pour cela…

Autre temps fort : celui de l’accompagnement social avant, pendant etaprès les travaux de démolition (logements, espaces publics, commerces,équipements…).

Enfin, parce que les sites ont mesuré l’intérêt des habitants pour leur cadrede vie, le fait de dédier des temps de bilan, voire d’évaluation auxaméliorations apportées en matière de gestion urbaine ou aux travauxengagés redonne un sens au projet et rend le chantier plus réel, plusintelligible.

Lamobilisationdes habitants

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6. ETRE A LA FOIS CONCRET, AMBITIEUX ET DONNER DU TEMPS AUFUTUR

Quand les habitants demandent que l’on soit concret, ils parlentautant de l’amélioration de leur vie quotidienne que de « la transformationrapide et sans douleur de leur cadre de vie », même ceux qui ont déjàdécidé de partir. Souvent le malentendu vient de là. Expliquer la complexitédu montage d’un projet de renouvellement urbain n’est pas une sinécure. Ily a donc un travail de « traduction », de « mise en mots et en images ». Et,souvent, architectes et urbanistes négligent de s’appuyer sur lesgestionnaires, sur leur pratique professionnelle du quotidien.

Plusieurs recommandations ressortent des expériences, qui sontprésentées à la fin de chaque monographie, dans un zoom qui récapitule« que retenir de cette action ? ». En voici quelques unes :

- les élus sont les mieux placés pour être les passeurs, lestraducteurs du projet. Toutefois, nombre de bureaux de conseilsont spécialisés dans l’animation de débats.

- être concret dans la méthode de travail : toujours se déplacer surle site pendant le diagnostic, le visiter en tous sens (les habitantsne connaissent qu’une partie de leur quartier, les trajets piétonssont toujours les mêmes). La réunion ou l’atelier d’habitants nedevrait être qu’une conséquence de cette visite : leur faire noterdes mots-clés pendant la visite, prendre des photos que l’onprojette ensuite pour recueillir les points de vue, qualifier lesgroupes à travailler sur des plans d’images (les outils issus desmédias sont très parlant et imagés, depuis peu le 2D est utilisépour traduire diagnostic et présentation des projets en visueld’animation).

- exploiter des objets bien identifiés et mobilisateurs, (on l’a vusupra) qui « parlent » aux populations. Mais attention : si laconcertation fait ressortir des thématiques de gestion urbaine,l’articulation des partenaires sur l’objet n’est pas nécessairementla même que si la concertation faisait ressortir une thématiqued’équipement social ou une thématique d’éducation ou encored’emploi.

− Par ailleurs, les modes d’intervention étant toujours amenés àévoluer en lien avec l’avancement et la mise en œuvre du projeturbain, il s’agit d’examiner les conditions et modalités desdifférentes prises de responsabilités entre les principauxpartenaires. Autrement dit, certains types de concertationrelèveront du bailleur, d’autres de la mairie…

- Imaginer des supports attractifs et « qui ouvrent l’appétit » : lesAveQ à Lormont, les ATU à Valenciennes, les ateliers cartes surtable à Paris, les visites de sites à Angers, les jury d’habitants à LaCourneuve, les diagnostics en marchant à Metz, les réunions decafé ou « chez l’habitant » à Poitiers, les interventions artistiques,et bien entendu, les forums de sites web… Bref, faire un sort auxtraditionnelles (et sinistres) « réunions d’habitants ».

Articulerla gestionurbaine deproximitéavecle projeturbain

Donnerdu tempsà l’aprèsdémolition

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- Se faire accompagner par des prestataires spécialisés sur cesquestions aide à se renouveler, à ne pas en rester au stade de la

seule conviction. En particulier,, construire progressivement, avecl’aide de consultants spécialisés, une « expertise » des habitantssi on veut qu’ils coproduisent la décision sur le projet.

Donner enfin du temps au futur, à l’avenir des personnes et duquartier. Une des leçons qui ressort des monographies est l’intérêtmanifeste pour « ce qui va se passer » même si les gens savent qu’ils neseront peut-être plus là.

− Permettre aux habitants de se projeter dans l’après démolition, dese projeter ailleurs que sur le quartier (tous ne seront passystématiquement relogés sur le quartier et, de toute façon, desopérations tiroirs auront lieu, certaines dureront plusieurs années :miser alors sur des projets culturels et être ambitieux sur l’exigencede qualité (Poitiers, Lormont).

− Préparer avec minutie les phases de relogement. Ainsi, à Poitiers,l’OPARC présentait systématiquement les familles à leursnouveaux voisins lorsqu’elles emménageaient dans le logementd’un immeuble situé sur un autre quartier ou un autre secteur.

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BIEN PLUS QU’UNE ZUP, LA ROSERAIE INCARNE UN PROJET DE VIE DEQUARTIER

Avant la deuxième guerre mondiale, la partieméridionale d’Angers n’est qu’un vaste etfertile terroir dédié aux cultures maraîchères ethorticoles. Poste d’avant garde del’urbanisation au sud des grands boulevards,c’est la cité Salpinte et son joli jardin de rosiersqui donneront son nom au futur quartier de laRoseraie. Au milieu des années 1960, desmilliers de nouveaux habitants affluent versAngers : le conseil municipal crée plusieursZones à Urbaniser en Priorité. La Roseraie serale dernier grand ensemble de la ville.

A la différence des opérations précédentes dontla municipalité a tiré les enseignements, laprogrammation de la ZUP de la Roseraieprévoit une large mixité entre logement socialet parc privé, secteur résidentiel etéquipements. La naissance de ce quartiersuscite un véritable engouement chez lesclasses moyennes angevines : dès 1967, alorsque le projet est encore dans les cartons des

architectes, 5000 personnes ont déjà postulépour un logement. Car la Roseraie représentebien plus que l’accès à un habitat moderne,confortable et à des infrastructures de qualité.Le nouveau quartier incarne aux yeux denombreux acteurs sociaux, syndicaux etassociatifs un véritable projet de vie collectiveet de mixité sociale.

Dans le sillage de mai 68, les militantsassociatifs désireux d’impulser undéveloppement harmonieux du cadre de vie dela Roseraie, élaborent un projet d’utilisationpolyvalente des équipements du quartier : miseen commun des matériels et des personnels,« pour une action éducative populaire plusgénéreuse et plus complète ».

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Le Centre d’Animation Jean Vilar,équipement-phare de la Roseraie, regroupeainsi un collège, une maison de l’enfance, unerésidence de jeunes travailleurs, un centre du3è âge, une bibliothèque… Pendant de longuesannées, la vie de quartier à la Roseraie est

portée par ces infrastructures intégrées et laformidable dynamique associative qui lesanime.

LA CRISE DU MILIEU DES ANNEES 1990 REMOBILISE ASSOCIATIONS ETACTEURS LOCAUX QUI JETTENT LES BASES D’UN PROJET POUR « MIEUXVIVRE ENSEMBLE A LA ROSERAIE »

A la fin des années 1970, des difficultésnouvelles affectent fortement la vitalité du liensocial dans le quartier : crise socio-économique, évolution du profil de lapopulation, diminution du nombre de militantset essoufflement des plus anciens. Le tissusocial et culturel de la Roseraie est fragilisé, lagestion des équipements socioculturels pointéedu doigt par la nouvelle municipalité. Lestensions sur le terrain conduisent à ladémission de plusieurs leaders du mouvementassociatif. Chaque association se recentre surses activités. A terme, c'est-à-dire en 2001, lagestion de l’équipement Jean Vilar esttransférée par la ville à l’association LéoLagrange.

Les années 1996-1997, marquées par desproblèmes d’insécurité et de gestion urbainevont brutalement réactiver la dynamiqueassociat ive et déclencher presquesimultanément deux événements fondateurs enterme de concertation.

� Tout d’abord, la transformationspectaculaire du square Dumont d’Urville- secteur très dégradé voire stigmatisé dela Roseraie - due au travail remarquableengagé main dans la main par le bailleur,Angers Habitat, et une petite associationd’habitants, l’association du SquareDumont d’Urville.

Fin 1996, les 5 tours du square Dumontd’Urville constituent sans aucun doute lazone repoussoir de la Roseraie : importantretard d’entretien du bâti, partiescommunes littéralement dévastées, climatsocial tendu, plus de 30% de logementsvacants. Après avoir obtenu le départ desménages perturbateurs, le bailleur décide

de s’atteler au redressement de cettesituation, la plus critique qu’il ait eu àtraiter à cette époque. Son objectif :contenir l’hémorragie de locataires etrétablir l’attractivité du quartier.

L’équipe d’Angers Habitat, convaincueque la reconquête ne pourra se faire sansla population, décide de s’appuyer sur labonne volonté de l’association d’habitantsdu Square Dumont d’Urville, qui malgréle mal de vivre dans quartier, poursuit sesactivités de soutien scolaire etd’animation. L’idée de base : réaliser lediagnostic avec l’association et deshabitants volontaires, construire avec euxle questionnaire pour l’enquête auprès desménages, et les former aux techniquesd’entretien individuel. Après 2 semaines,les retours de l’enquête dépassent touteespérance : 70% des ménages ont réponduprésents et reçu leurs voisins-enquêteurs !

Croisant les résultats de l’enquête sociale,l’expertise technique, le point de vue despartenaires, le bailleur juge qu’unereconquête est possible, sans démolition,sous condition d’engager un projet dedéveloppement global, et que le concoursdes habitants ne s’essouffle pas. Mais,avant toute chose, pour rétablir laconfiance avec ses locataires, AngersHabitat lance des travaux d’urgencecontre les infiltrations. Des groupes detravail avec les locataires sont mis enplace, dont un sur une charte de bonvoisinage, un autre sur la parentalité.

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Au final, le bailleur et ses partenaires (ville,police, travailleurs sociaux, écoles…)actionnent tous les leviers d’amélioration :réhabilitation du bâti, requalification etsécurisation des parties communes, politiquede peuplement, adaptation de la gestion deproximité, traitement des espaces extérieurs,retour d’activités en rez-de-chaussée destours... Les locataires sont associés bien au-delà de la concertation, ils sont sollicités pourparticiper, moyennant formation etrémunération, à la remise en peinture des cagesd’escaliers. Cette co-production ne se cantonnepas à la phase projet mais se prolonge avec uneparticipation à la gestion urbaine de proximité :certains habitants nettoient les tags tandis quel’association assure une médiation entrelocataires pour le respect de la charte du bonvoisinage.

Pari très improbable en 1996, le squareDumont d’Urville ne connaît plus la vacance eta retrouvé une attractivité enviée sur laRoseraie. Aujourd’hui Angers Habitat a mis enplace une organisation interne (mode projetavec une fonction transversale de coordinationdes services opérationnels) et des méthodes deconcertation inspirées de l’expérience Dumontd’Urville.

� Au delà du square Dumont d’Urville, àla même époque, c’est tout le quartier dela Roseraie qui souffre d’un climatd’insécurité. C’est ce contexte de crise quiva pousser le tissu associatif à sortir de saréserve, et se saisir collectivement desenjeux du quartier. Vers 1996 lesincendies de voitures se multiplient. Unjour, c’est tout un parking souterrain quiflambe. Les habitants sont choqués, laRoseraie a perdu son image positived’autrefois.

Les acteurs sociaux et les associationsprennent conscience de l’urgente nécessitéde renouer le dialogue avec la population,de travailler ensemble à l’amélioration desconditions de vie dans un quartier qui a detoute évidence a connu de profondesmutations.

En septembre 1997, une centaine depersonnes, habitants du quartier etpartenaires (acteurs sociaux etmunicipaux, police, bailleurs, militantsassociatifs, enseignants..) prennentl’initiative d’un travail commun pourlutter contre la dégradation du cadre devie à la Roseraie. La recherche-actionbaptisée « Mieux vivre ensemble à laRoseraie » et animée par unepsychosociologue de l’ADRI, leur permetd’engager une réflexion collective sur lequartier grâce à une formulation partagéedes problèmes repérés et à la recherche encommun de solutions. C’est le deuxièmepilier fondateur de la démarche deconcertation sur la Roseraie.

Il ne faut pas perdre de vue qu’à cette époque,le quartier n’est pas encore site prioritaire de lapolitique de la ville. Seule le concerne, dans lecontrat de ville 1994-2000, la conventionthématique « éducation ». Et fin 1997, on parleencore moins de projet urbain.

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COMMENT LE PROJET D’O.R.U. STRUCTURE DES ESPACES DECONCERTATION EN REBONDISSANT SUR LA DYNAMIQUE LOCALE

Le troisième acte structurant de laconcertation, sera le diagnostic socio urbain duquartier réalisé en 1999 par l’équipe duCERUR / Aurès, à la demande de la villed’Angers. Dans le droit-fil de la précédenterecherche-action, les sociologues-urbanistesimpulsent une vaste campagne de consultationde la population, dans l’espoir de recueillirl’avis d’habitants peu connus des acteurs, les« silencieux », et notamment celui des jeunesdésignés par beaucoup comme au cœur dumalaise qui touche le quartier.

Chaque habitant est invité à donner son pointde vue en toute liberté de façon ludique« J’aime / Je n’aime pas ». Tous les moyensd’expression sont recevables : cahierd’expression publique (envoyé à chaqueménage - plus de 250 cahiers d’expressionpublique seront recueillis), enregistrements surcassette audio, écrivains publics spécialementmobilisés. Les sociologues ont aussi sillonnéles rues et les arrêts de bus à la collecte detémoignages. La concertation autour dudiagnostic de la Roseraie sera vécue commeune période d’effervescence et de revitalisationdes échanges.

A l’issue de l’étude, la Roseraie de 2000 esttouché par le déclin démographique (-12%entre deux recensements), un quartier à lapopulation plus jeune et plus paupériséequ’ailleurs. Son image a été fortementdévalorisée par l’insécurité récente. Leséquipements socioculturels et commerciauxsont nombreux mais enclavés. Enfin, lequartier apparaît doté d’un parc de logementsvieillissants gagné par la spécialisation sociospatiale. Bien que la Roseraie conserve desatouts et des potentiels forts, les années 1960 etleurs ambitions d’harmonie sociale semblentloin.

L’année 2000 sera donc celle de l’entrée de laRoseraie dans le périmètre de géographieprioritaire de la politique de la ville : la doubleinscription en contrat de ville (2000-2006) eten opération de renouvellement urbain marquela volonté des pouvoirs publics d’engager unprojet global et ambitieux de requalification duquartier.

Forte de la dynamique impulsée par l’étudesocio urbaine, la Ville d’Angers a souhaitéconfier à la toute nouvelle commission ducadre de vie du contrat de ville (regroupantélus, techniciens, bailleurs associations ethabitants), le soin de co-élaborer le cahier descharges du marché d’étude de définition duprojet de renouvellement urbain. Ce sera le4ème temps fort de la concertation à la Roseraie.

Au cours du deuxième semestre 2000, animéspar un intervenant extérieur (UniversitéCatholique de l’Ouest), les participants vontsuivre des temps de formation sur lesthématiques touchant au cadre de vie, ils vontrevisiter leur quartier, interroger leurs voisins,partir à la découverte d’autres sites enrénovation urbaine. Parmi les orientationsprogrammatiques proposées par la commissioncadre de vie, le conseil municipal retiendranotamment celle proposant la constitutiond’espaces de vie collective et d’animation : lacréation d’une salle pour les fêtes familiales etd’une laverie collective.

Le marché de définition est lancé en mars2001, trois équipes sont retenues : l’équipePanerai, l’équipe Ruelle-CERUR, et l’équipeMagendie. La restitution des éléments dediagnostic par les 3 prestataires marque lelancement de la démarche de concertation quis’étalera de septembre 2002 à janvier 2003. Lacommission du cadre de vie reste trèsmobilisée pour analyser les esquisses descandidats, poser les questions. Le travailengagé autour du cahier des charges du marchéde définition porte ses fruits : chacun a pus’approprier les enjeux, le vocabulaire et lesoutils de l’urbain. Cette fois-ci, l’animation destemps de concertation est assurée par letandem chef de projet contrat de ville /architecte en chef de la ville/ directeur deprojet ORU.

On doit à ces séminaires de concertationd’avoir pointé un problème essentiel que ni laville ni les candidats n’avaient repéré : quelleplace pour les équipements scolaires dans ladémarche de rénovation urbaine ?C’est l’équipe Ruelle qui emporte l’adhésionde la commission et des habitants en réunion

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publique : c’est l’exposé le plus pédagogique,celui qui semple être le plus à l’écoute desbesoins des gens. Cependant, l’exposition desprojets des 3 équipes rencontrera un succèsplus mitigé auprès de la population qui n’a pas

« tout compris » aux panneaux présentés.Principale critique : rien ne permet devisualiser le quartier « avant » et « après »transformation…

REBONDIR SUR LE DIALOGUE NE DE L’O.R.U POUR LANCER LE CONSEILCONSULTATIF DE QUARTIER DE LA ROSERAIE

Certes, la concertation balbutie et les méthodesse cherchent encore, mais le besoin de dialogueest bien là. Dans une ville qui n’a pas toujourseu l’habitude de la concertation, la Roseraieexpérimente, via le projet urbain, de nouvellesrelations entre élus et citoyens.

Pour bien saisir l’origine du conseil consultatifde quartier de la Roseraie, il est nécessaire deremonter quelques années en arrière.

Comme le souligne le CERUR en 2000, « laville d’Angers, du fait du principe dedélégation de la gestion d’équipement à desassociations n’occupe pas alors une placecentrale dans la dynamique associative àl’échelle des quartiers »2. Ceci est d’autantplus vrai à la Roseraie que la traditionassociative y est très forte et les pratiques degestion collective profondément ancrées.

En l’absence d’élus dotés d’un pouvoir dereprésentation au niveau du quartier etd’équipes techniques territorialisées, lamunicipalité manque de rapport direct avec leshabitants « ordinaires », c’est-à-dire ceux quine sont pas inscrits dans les circuits associatifsou institutionnels.

Dès son élection en 1998, le nouveau maireaffiche une priorité forte : engager un dialoguerégulier et construit avec les habitants afind’améliorer le service public municipal et de« rendre la ville un peu plus douce » auxAngevins. Sont inaugurées « les journées duMaire » : pour la première fois, le maire et sesélus viennent sur les quartiers présenter leursprojets et écouter professionnels et habitants.Mais ces temps de rencontre ne sont qu’unpremier « tour de piste » et, tout mobilisateursqu’ils soient, ils ne sauraient suffirent.

2 Diagnostic socio urbain quartier de la Roseraie –CERUR/Aures – janvier 2000, page 34

Sans attendre la parution de la loi sur ladémocratie de proximité de février 2002, leMaire est déterminé à doter chaque quartierd’Angers d’un organe de démocratie locale. Ilpilote personnellement ce dossier et se doted’une responsable de mission directementrattachée à la direction générale des services.Alors que la loi n’en fera pas une obligation, leMaire exige de formaliser la démarche : lesidées-forces de la démocratie locale d’Angersseront inscrites dans une charte générale defonctionnement. La démocratie de proximiténe s’improvise pas. Pour rétablir la confianceentre les citoyens et leurs élus locaux, le maireattend des règles structurantes et claires, desvaleurs-force, un fonctionnement cohérent parrapport à l’histoire des angevins.

Le Maire ne manque pas de rappeler la placequ’il accorde aux conseils consultatifs dequartier : « (…) Les grands axes prioritairessont fixés par les élus qui sont garants de lacohérence des projets à l’échelle de la ville.Les conseils consultatifs interviennent sur ladéclinaison de ces projets : par exemple, sur laRoseraie (…), le conseil de quartier seraconsulté sur la pertinence de l’implantation detel équipement,(…)… le but est bien d’enrichirla décision que l’élu prendra in fine.

La responsable de mission décide de s’appuyersur un groupe exploratoire composé d’élus, demembres d’associations, d’habitants, et deservices municipaux. De consultations internesen séminaire de réflexion et visites dansd’autres villes pionnières sur ces questions(Niort, Brest…), l’année 2002 sera, pour legroupe exploratoire, les directions municipaleset les élus, l’année de la construction ad hoc dudispositif angevin de démocratie de proximité.

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Quand il s’agira d’expérimenter un conseilconsultatif de quartier sur deux sites-test, lechoix de la Roseraie s’imposera naturellement.La dynamique associative propre au quartier,

les premières expériences de concertation maisaussi les défis à relever ( projet urbain…)plaident dans ce sens.

UN CONSEIL CONSULTATIF DE QUARTIER A LA ROSERAIE

Mis en place dans le principe par délibérationdu conseil municipal fin 2002, le conseilconsultatif de quartier (CCQ) de la Roseraien’existe véritablement que depuis le 31 mars2003. Son périmètre est étendu au-delà duterritoire habituellement désigné par « laRoseraie ». L’objectif est de réintégrer cequartier dans son environnement. Son devenirintéresse donc aussi les Angevins habitant àproximité de la ZUP.

Comme chacun des autres Conseils, celui de laRoseraie compte 30 membres regroupés en 3collèges :

• Le collège des élus (6 élus) – majorité etopposition

• Le col lège des représentantsd’associations du quartier (12 membres)

• Le collège des représentants des habitants(12 membres), constitué sur la base descandidatures recueillies au sein de lapopulation (avec tirage au sort en cas decandidatures trop nombreuses).

Peuvent se présenter en tant que représentantsdes habitants, les adultes de plus de 16 ans(l’enjeu de toucher les jeunes restedéterminant), sans distinction de nationalité.

Outre les critères de domiciliation etsociodémographiques, un critère de paritéhomme/femme a été respecté. Au total, 55personnes se sont portées candidates pourdevenir l’un des 12 habitants membres duconseil. Une bonne diversité sociologique a puêtre atteinte. Seules réserves : le faible nombrede jeunes candidats et de candidats issus desecteurs limitrophes.

Les associations invitées à se présenterdevaient être selon la charte générale desconseils consultatifs de quartiers « agissanteset impliquées sur le quartier ». Les associationssont invitées à désigner elles-mêmes leurs

représentants. L’Elu municipal référent de laRoseraie préside le conseil consultatif. Lecollège Habitants et le collège Associations ontélu un vice-président chacun. Les membres desconseils consultatifs d’Angers sont nomméspour la durée du mandat municipal : il s’agitd’un engagement personnel fort de la part desmembres, garants de la pérennité et de lastabilité du dispositif.

L’installation du conseil consultatif de quartierde la Roseraie s’est déroulée dans la sérénité,comparativement à ce qu’on a pu observer surle Lac du Maine, un quar t ierfondamentalement différent au plan urbain etsociologique. C’est sans doute le résultatd’années de dialogue dans le cadre du mondeassociatif, dialogue réactivé et revitalisé grâceaux récentes expériences de concertationautour du projet de requalification de laRoseraie.

Au moment de la rédaction de cettemonographie, le conseil consultatif n’a pasencore un an d’activité. Les premières séancesont été consacrées à l’élaboration du règlementintérieur puisque chacun conseil est invité à sedoter de ses propres règles, notamment sur lacomposition des groupes de travailthématiques. : seront-ils ou non ouverts à lapopulation ? Les suppléants peuvent-ilss’exprimer quand les titulaires sont là ? Lesoptions choisies par le conseil consultatif de laRoseraie témoigne de sa volonté d’élargie aumaximum le dialogue. De nombreusesformations ont été assurées, à la demande desmembres du CCQ, notamment sur lefonctionnement des collectivités locales et laconnaissance de l’histoire du quartier.

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Petit à petit, les commissions du conseil dequartier, instances de travail élargies auxpartenaires, aux techniciens municipaux et àtout habitant se mettent en place (cadre de vie,logement, éducation, activités socioculturelles). Se pose évidemment la questionde l’articulation entre ces instances et cellesexistantes (notamment celles du contrat deville). Il faut éviter les redondances et lamultiplication des dispositifs. Mais le souhaitdu Maire n’est pas que le conseil de quartierdevienne le seul lieu de concertation sur lequartier. Auront vocation à être traitées par luiles questions touchant significativement aucadre de vie et au devenir du quartier. Parexemple, pour une simple opération deréhabilitation, un bailleur continuerad’organiser la concertation avec lesassociations représentatives et les locatairesconcernés. La concertation n’aura légitimité às’organiser dans le cadre du CCQ que lorsqueson ampleur ou son impact renvoie à uneéchelle plus large. Par contre, le CCQ est uneinstance privilégiée d’information desdifférents projets quels qu’ils soient.

A ce jour, le fonctionnement du CCQ de laRoseraie n’a pas atteint sa vitesse de croisière.Plusieurs questions restent à ouvrir etnotamment :

� L’implication des services techniques dela ville, et plus largement des salariésmunicipaux, qui pour l’heure suivent lemontage des CCQ (après la phase-test, lesautres CCQ se mettent en place) etdevront les intégrer dans leurs pratiquesopérationnelles.

� Les modalités de mobilisation deshabitants des secteurs géographiquespériphériques et des habitants « lambda »(quelques candidatures inconnues ontémergé, mais c’est encore trop peu)

� La mise au point d’une méthodologie deconcertation autour des futures opérationsurbaines qui soit cohérente et pertinente(quels enseignements peut-on tirer etquelles pratiques peut-on étendre à partirdes expériences passées ?)

� Les rôles respectifs de l’élu président duconseil consultatif de quartier par rapportà l’élu thématique en charge d’unepolitique sectorielle.

� Les moyens de former les habitants, audelà des membres des CCQ, à lacompréhension des enjeux du quartier (etd’éviter que les membres du CCQ nedeviennent des « spécialistes »)

Ces points devront se trouver une réponse « enmarchant », dit le Maire. La charte defonctionnement n’avait pas vocation à toutrégler à l’avance, à tout figer. Certainesquestions se caleront à l’échelle du quartier.D’autres, celles qui interpellent l’organisationmême de la municipalité et son rapport auterritorial, seront débattues à mesure que les 8autres Conseils consultatifs d’Angerss’installeront, et que le projet deterritorialisation municipale (actuellement enréflexion) deviendra opérationnel.

Charte de fonctionnement des conseilsconsultatifs de quartiers d’Angers

Objectifs : renforcer l’implication des Angevins etaméliorer le service public.Création de 10 CCQ et faculté pour chaque CCQd’adopter un règlement intérieur qui lui soit propre.Le CCQ est un lieu d’information, il a une compétenceconsultative : il participe à la construction de la décision,qui demeure de la seule compétence du conseilmunicipal

Les CCQ sont composé de 3 collèges :- élus (6 membres)- habitants (12 membres): habitant de plus de16

ans, sans condition de nationalité, non personnelmunicipal, obéissant à des critères d’équilibregéographique et de parité homme/femme. Lescandidatures retenues selon ces critères sonttirées au sort.

- monde associatif, association impliquées etagissantes sur le quartier (12 membres)

Des groupes de travail peuvent être constitués sur lesthèmes jugés nécessaires. Le CCQ est présidé par unélu désigné par le conseil municipal. Le CCQ se réunitune fois par an au moins en séance publique.

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Les 4000… Les collèges d’habitants du projet Les Clos

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LA RESTRUCTURATION DES CLOS : UN PROJET QUI S’INSCRIT DANS LADEMARCHE DE RENOUVELLEMENT URBAIN DE LA « CITE DES 4000 »

La Courneuve, située à 5 km au nord de Parisen Seine-Saint-Denis, connaît une premièrecroissance démographique vers 1810, avec ledéveloppement de la culture des légumesdestinés aux Halles de Paris. C’est à la fin duXIXème siècle que sa vocation industrielles’affirme, avec l’implantation de l’entrepriseRigal en 1863, suivie d’autres industries, etsurtout lors de la guerre de 1914-1918 avecl’extension d’un parc industriel s’appuyant surle passage du chemin de fer. La Courneuvedevient alors un haut lieu de l’industrienationale.

Avec la période de reconstruction qui suit laSeconde Guerre Mondiale et l’urbanisationmassive des années 1960, La Courneuve vaconna î t r e une r ée l l e exp lo s iondémographique : 17 000 habitants en 1946,43 000 en 1968 ! Emblématique de laconstruction de ces grands ensembles, la « Citédes 4000 » (ainsi appelée car elle comprend4 000 logements), dont fait partie le quartier deLa Tour / Les Clos, voit le jour entre 1957 et1962, pour reloger les habitants des quartiersinsalubres de Paris et les rapatriés d'Algérie.

La crise de la décennie suivante et le retraitd’activités industrielles viennent freiner cettecroissance ; aujourd’hui, La Courneuve compte35 300 habitants.

La ville de La Courneuve est l’un desprécurseurs du renouvellement urbain. Avec lacession du Grand Ensemble par l’OPHLM deParis à l’OPHLM de La Courneuve en 1984,une démarche de grande ampleur est engagée.Elle va se dérouler en trois séquences : l’OrmeSeul (1985-1995), la Tour (1995-2005), lesClos (depuis 2000). Deux barres ont déjà étédémolies : Debussy en 1986 3, et Renoir (unebarre de 186 mètres de longueur sur 15 étages)en 2000.

Dès le début, la municipalité associe autant quepossible les habitants au projet urbain. Cettevolonté d’implication des habitants ne s’arrête

3 La démolition de cette barre est le sujet d’un film-documentairede J.P.Lebel : « Notes pour Debussy » (1987)

pas à la seule dimension de l’aménagementurbain. En effet, une série de dispositifs miseen place par la municipalité permet la prise encompte de la parole des habitants. Depuis1998, huit « comités de voisinage » dont lebureau rassemble élus et habitants couvrentl’ensemble du territoire de la ville ; ilsconstituent des lieux d’information mais ausside discussion et d’échange. Par ailleurs, des« visites de quartier » régulières sontl’occasion pour les élus d’être en contact avecles habitants et d’entendre leur opinion ; les« Rencontres La Courneuve 2010 », journéesde débat ouvertes à l’ensemble des habitantspour présenter les projets en cours et débattredes problématiques de la ville, ont rassembléenviron 300 personnes en 1999, un millier en2002 et 450 le 6 décembre 2003…

Les projets urbains ont été l’objet dedémarches de participation spécifiques. Déjà, àl’occasion de la démolition de la barre Renoiren 2000, une enquête a été réalisée en porte-à-porte, le projet de Paul Chemetov a étéprésenté en réunion publique, un travail sur lamémoire a été réalisé avec les enfants descentres de loisirs. Un groupe d’habitants relaisa été constitué. Le projet de restructuration duquartier des Clos va s’appuyer sur cetteexpérience.

Le quartier des Clos prolonge le quartier de laTour, au cœur des 4000 Sud ; il est bordé par laCité des Cosmonautes de Saint-Denis, par unezone pavillonnaire de La Courneuve (ruesLucienne et Georges Magnier), et par lequartier en cours de réaménagement de LaTour. Il bénéficie d’une bonne desserte par lestransports en commun (notamment un arrêt duTramway), et de la proximité du centrecommercial de la Tour qui sera prochainementrestructuré.

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Sur ce secteur, les deux barres de Ravel etPresov (600 logements) vont être démolies enjuin 2004, libérant un terrain de 4,5 ha.L’objectif du projet urbain est de reconstruire,dans la continuité des projets de l’Orme Seul etde la Tour, un nouveau quartier de logements(petits collectifs, habitat intermédiaire, maisonsde ville).

Le principe de la démolition a été adopté parles habitants lors d’une enquête en porte-à-porte auprès des familles réalisée par unbureau d’études : 90% des familles habitant lesbarres ont été interrogées, et parmi elles 78%se sont exprimées en faveur de la démolition.

L’étude de définition est lancée en septembre2002, avec trois équipes d’urbanistes encompétition : les cabinets Panerai, Paurd etFortin.

UNE DEMARCHE AMBITIEUSE DE PARTICIPATION QUI ABOUTIT AU VOTEDES HABITANTS LORS DU JURY

Pour l’équipe municipale, associer leshabitants à l’étude de définition estindispensable : il ne s’agit pas de nier lescompétences des élus et des techniciens, maisde prendre en compte au mieux les usages etles besoins des habitants et croiser lesintelligences, les compétences des uns et desautres ; et aussi, plus largement, de permettreune mobilisation citoyenne pour rapprocher leshabitants du politique… Les élus vonts’appuyer sur l’expérience de la démolition deRenoir, en allant encore plus loin : si pourRenoir, l’implication des habitants étaitprincipalement centrée sur la démolition elle-même (avec une réflexion sur la mémoire duquartier), la volonté pour Ravel et Presov estdavantage d’associer les habitants à laréflexion sur le devenir du quartier après lesdémolitions (c’est le sens du mot d’ordre : « LaCourneuve s’invente un nouvel avenir »), etdonc au choix de l’équipe d’urbanistes lauréatede l’étude de définition.

Cette participation prend la forme d’ateliers detravail urbain en 2002. Un appel d’offres estlancé, dont le cahier des charges précise que« l’objectif [des ateliers de travail urbain] estde créer les conditions d’un véritable dialogue(langage commun, connaissance des enjeuxdes projets) à travers des outils d’animationefficaces susceptibles de mettre chacun desparticipants en capacité d’exprimer sespositions et de participer aux projets urbainsen cours ou à venir ». Le cabinet ACTConsultants a été retenu pour animer cettedémarche.

Les ateliers vont se dérouler de mars àoctobre ; élus et techniciens n’y participent pas

systématiquement, pour ne pas influencer laréflexion des habitants. La démarche aboutit ennovembre à la participation des habitants aujury, composé pour un tiers d’élus, pour untiers de professionnels et pour un tiersd’habitants : deux adultes, deux jeunes, deuxenfants, deux agents des services publicsprésents sur le quartier et deux représentantsd’associations, chacun ayant une voixdélibérative.

Enfin, le Conseil Municipal du 18 décembre2003 confirme le choix du jury.

Le décideur final reste la Commission d’appeld’offres de la SEM Plaine CommuneDéveloppement, aménageur de la ZAC etcommanditaire des études de définition.

Les ateliers de travail urbain associés à la réflexion

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LES ATELIERS DE TRAVAIL URBAIN : UN OUTIL POUR DONNER LESMOYENS AUX HABITANTS DE PARTICIPER AU CHOIX DU PROJET

Le mode d’organisation des ateliers de travailurbain répond à deux objectifs : d’une part,impliquer l’ensemble des personnes qui ontl’usage du quartier : les adultes, mais aussi lesenfants et les jeunes (à La Courneuve, 50% deshabitants ont moins de 19 ans), et les agentsdes services publics (en tant que « habitantsponctuels » du quartier) ; d’autre part, ne passe limiter au périmètre du quartier des Closmais associer tous les habitants de la ville. Eneffet, si le réaménagement concerne un secteurrestreint, il est structurant pour l’ensemble dela ville, d’autres Courneuviens pouvant êtreamenés à le fréquenter.

Ainsi, quatre collèges sont constitués :

� Le collège « habitants-relais » est crééd’une part à partir du groupe « habitants-relais » formé à l’occasion de ladémolition de Renoir ; et d’autre part àpartir des comités de voisinage, où laprésentation de la démarche est l’occasionde solliciter les habitants pour participerau collège. Le nombre de participants auxateliers a varié de 20 à 35, autour d’un« noyau dur » d’une quinzaine depersonnes qui sont venues régulièrement.

Ce collège regroupe donc des habitants dugrand ensemble mais aussi des habitants de lazone pavillonnaire en limite du quartier : uneoccasion de se connaître pour deux populationsqui se côtoient peu et dont les intérêts ne sontpas toujours convergents. Un regret néanmoinspour les porteurs du projet : la faibleparticipation aux ateliers des habitantsd’origine étrangère.

� Le collège « services publics » rassembledes personnels des écoles, de l’OPHLM,du Centre culturel, de la Poste, du CMP,de la médiathèque, du centre social CAF,du Trésor Public, du centre de SécuritéSociale, de la PMI, du Commissariat…Les rencontres de ce collège ont lieu dansla mesure du possible dans la journée àl’heure du déjeuner, afin de s’adapter auxhoraires de travail des participants.

Mais, étant donné les contraintes des différentsmembres du collège, la rotation desparticipants est assez élevée, et peu depersonnes ont pu suivre l’ensemble desateliers.

� Le collège « enfants » regroupe unedizaine d’enfants de 8 à 13 ans. Il a étéconstitué par l’intermédiaire du serviceEnfance de la Ville, à partir de troiscentres de loisirs et de deux associationsdu quartier. Un animateur mobilisé sur ceprojet joue le rôle d’interface entre ACTConsultants et les enfants.

� Le collège « jeunes » de 14 à 18 ans,constitué avec l’appui de trois Maisons dejeunes, a été le collège le plus difficile àmobiliser dans la durée. En particulier, audébut de la démarche, seuls les plusjeunes se sont montrés intéressés, les 16-18 ans ne se sont investis que plus tard.

Les participants des différents collèges sontaussi des relais auprès de leur entourage : lesenfants et les jeunes auprès de leur famille etde leurs camarades, les adultes auprès de leurfamille, de leurs voisins et amis, les agents desservices publics auprès de leurs collègues,qu’ils informent du déroulement des ateliers,des trois projets en compétition, de la date dujury… Et réciproquement, ils font remonter lesremarques ou l’opinion de leur entourage lorsdes ateliers. Certains habitants-relais sont allésjusqu’à organiser de petites réunions chez euxpour présenter à leurs voisins les trois projets !

Le rythme de travail est très soutenu : au total,les collèges se seront réunis lors de 36 ateliersentre avril et novembre. Chacun de ces atelierss’inscrit dans un processus visant à qualifierprogressivement les participants pour aboutirau choix d’un projet par chacun des collèges.Les étapes de ce processus sont les mêmespour les différents collèges, même si lesmodalités de fonctionnement de chacun sontdifférentes.

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� D’abord une approche de la questionurbaine : il s’agit pour chacun de faire lepoint sur ce qu’il aime ou n’aime pas dansson quartier, sa ville et dans la ville engénéral, afin d’avoir quelques points derepère avant de prendre connaissance desprojets.

Pour le collège jeunes, une visite en bus,organisée avec deux des équipes d’urbanistes(Bernard Paurd le matin et Philippe Panerail’après-midi), les conduit à Saint-Denis,Pantin, Paris, Châtenay-Malabris. L’enjeu :montrer aux jeunes différents aménagementsurbains et réalisations architecturales afin deles familiariser aux problématiquesd’aménagement et de leur faire appréhender les« philosophies » urbaines des équipes enconcurrence… C’est aussi l’occasion pour euxde découvrir les métiers de l’urbanisme. Deson côté, le collège habitants-relais effectuedes visites du quartier et réalise une enquêteauprès des autres habitants. Les enfants quant àeux prennent des photos dans différentsquartiers et réalisent une exposition, enmontrant ce qui leur plaît ou au contraire neleur plaît pas, surtout pour l’aménagement desespaces extérieurs : espaces verts, aires dejeux, terrains de sport…

� Dans un deuxième temps, la définition desattentes par rapport au projet urbain.L’objectif ici est de construire uneréflexion collective, au sein de chaquecollège, sur le projet de requalification desClos… En s’inscrivant dans le cadre de lacommande : le programme de l’étude dedéfinition constitue « la règle du jeu »,pour « ne pas leurrer les gens » ; ainsi, leshabitants connaissent les contraintes et lesmarges de manœuvre, le cadre de travailest clairement dessiné. Cette phase sedéroule avant que les habitantsconnaissent les projets, afin qu’ils seconstruisent leur propre référentiel.

� Puis la rencontre avec les équipesd’urbanistes, en octobre 2003. Cetterencontre est minutieusement préparée :chacun des collèges prend connaissancedes trois projets, sur la base des plansréalisés par les équipes, et prépare unesérie de questions à l’attention dechacune, de façon à mieux comprendre les

choix et les partis pris. Quelquesexemples des questions préparées par lesenfants et les jeunes : « qui pourra habiterdans vos nouveaux logements ? » ;« Comment avez-vous pensé à la sécuritédes enfants de l’école LangevinVallon ? » ; « Avez-vous prévu desemplacements pour des pet i tscommerces ? ». Chacune des équipesd’urbanistes présente son travail auprèsdes différents collèges et répond à leursquestions, ce qui permet aux habitantsd’affiner leur choix.

� Enfin, le choix final du projet urbain. Auterme de ces présentations, chacun descollèges se réunit à nouveau pour choisircollectivement le projet qui a leurpréférence. Ce choix se fait à partir duréférentiel d’évaluation commun auxquatre collèges qui a été élaboré au fur età mesure de l’évolution des débats, àpartir du programme de l’étude dedéfinition et en fonction des pointsimportants apparus au cours des ateliers.Ce référentiel comprend des items surl ’habi ta t (mixi té d’habi ta t ionsglobalement et sur un îlot, hauteur desbâtiments, densité, qualité deshabitations), sur l’espace public (placeaccordée à l’espace public, diversité,espaces de sports et de jeux, accueil decommerces et d’activités), et sur les partispris plus globaux (intégration du quartierdans l’environnement, image du quartier,mixité sociale et peuplement, adaptabilitédans le temps, concertation, gestioncourante et entretien).

Deux membres du collège jeunes préparent leurintervention au jury

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UN LONG PROCESSUS DE « TRADUCTION » POUR PERMETTRE AUXHABITANTS DE SE FORGER UNE OPINION PERTINENTE SUR LES PROJETS

Lors du dernier atelier, chaque collège désignedeux de ses membres pour le représenter aujury. Les représentants doivent faire valoir lechoix collectif et voter pour l’équipe désignéepar le collège… même s’il ne correspond pas àleur préférence personnelle !

Ce long processus permet aux habitants de seforger leur opinion, en s’appropriantprogressivement chacun des projets, grâce aurôle de « traducteur » d’ACT Consultants quiles aide à comprendre précisément les partispris et les propositions des urbanistes, à les« décoder ». Au fur et à mesure, l’opinion deshabitants évolue et s’affine… le projet retenulors du dernier atelier n’est pas toujours celuiqui avait la préférence lors de la première prisede connaissance des propositions desurbanistes !

Arrive enfin, en novembre, le moment dujury… La question de la participation deshabitants avec voix délibérative au jury n’estpas tranchée lorsque les ateliers débutent ; lesélus en prennent la décision en septembre. Eneffet, le vote des habitants apparaît commel’aboutissement « naturel » de la démarche.C’est une décision symbolique forte. Ellepermet de répondre au scepticisme affiché parcertains habitants, y compris au sein descollèges (« on nous demande notre avis maisce ne sera pas pris en compte ») ! Et donne uneautre ampleur à la démarche : les représentantsau jury doivent assumer une réelleresponsabilité… et sont conscients que leurchoix aura des répercussions sur la vie desfuturs habitants du quartier et des générations àvenir. Pour les plus jeunes, participer au juryc’est aussi « être volontaire pour s’exprimerdevant trente adultes » !

Le jour du jury est donc minutieusementpréparé : les représentants des collègesemportent les différents documents chez euxpour bien s’en imprégner à nouveau, et tous seretrouvent quelques heures avant le jury, avecACT Consultants, pour préparer lesinterventions. Lors du jury, chacun desmembres habitants du jury s’exprime : lors des

présentations des différents projets en posantdes questions, et lors du débat en présentant defaçon synthétique l’avis de leur collège surchacun des projets.

Le projet présenté par l’équipe de BernardPaurd obtient la majorité absolue, dès lepremier tour. Le projet s’appuie sur « l’axehistorique » reliant l’église Saint Lucien à laBasilique de Saint-Denis et prévoitl’implantation d’espaces publics importants etla reconstruction d’environ 300 logements enquatre îlots, sous forme de pavillons et debâtiments de deux à cinq étages.

Aujourd’hui, la question des modalitésd’association des habitants à la suite du projetest encore en réflexion. Il est prévu de réunir ànouveau les collèges, pour faire le bilan sur ladémarche et préparer la transition entre ACTConsultants et le cabinet PAURD, pourprendre en compte quelques remarques issuesdes ateliers. Par ailleurs, des ateliers dechansons autour de l’histoire du quartier et deses habitants ont lieu en décembre et seconcluront par l’édition d’un CD distribué aumoment des démolitions.

Photo de groupe avec le Maire après le choix dujury

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L’ENJEU DU GPV DES HAUTS DE GARONNE : RETABLIR L’EQUILIBRE ENTRE LES DEUXRIVES DU FLEUVE QUI SE COTOIENT ET S’IGNORENT

L’ENJEU DU GPV DES HAUTS DE GARONNE : RETABLIR L’EQUILIBREENTRE LES DEUX RIVES DU FLEUVE QUI SE COTOIENT ET S’IGNORENT

Lormont, 22 000 habitants et 735 hectares,chef lieu de canton et 10e ville de la Gironde,doit son nom à ses coteaux autrefois boisés delauriers. Son plateau calcaire, fertile, est celuide l’Entre-deux-Mers et la ville est elle-mêmeaccrochée au versant. Ancien port sur les palusde la rive droite de la Garonne, à six kilomètresen aval de Bordeaux, Lormont est, à la veillede la révolution, riche de ses vignes, despassages par eau de petits bateaux à vapeur etd’une foule de voyageurs, c’est alors la plusimportante des banlieues de Bordeaux.L’engouement de la capitale pour sa rive droitese renforce au 18e et au 19e siècle avec ledéveloppement de lieux de villégiature, depropriétés viticoles, de guinguettes au bord duquai, de chartreuses sur le mont.

Vers le milieu du 19e siècle, les deux voies dechemin de fer Bordeaux Paris et BordeauxNantes, puis l’installation après la secondeguerre mondiale, à Lissandre, des Chantiers dela Gironde, vont lancer l’industrialisation desHauts de Garonne. La population de Lormontdouble dans les années 60 ; c’est ainsi, entrehaute et basse ville, que le quartier de Carrietest construit entre 1956 et 1966, puis, plus tard(1979), la ZUP de Génicart.

Les temps ont changé, depuis la rive gauche(Bordeaux) : « on ne traverse plus le fleuve ».Aujourd’hui, les deux rives de la Garonne secôtoient mais s’ignorent. Le pont d’Aquitaine,ouvrage monumental, ne relie pas les deuxrives du fleuve mais les surplombe. Les Hautsde Garonne souffrent d’un déficit d’image parrapport au reste de l’agglomération. La rive

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droite est perçue comme un territoire « tiers »,non attractif, qui nécessite de lourds effortsd’investissement économique et patrimonial,que justement le grand projet de Ville vapermettre d’accélérer.

Lormont fait partie des 27 communes de laCommunauté Urbaine de Bordeaux. Avec lesvilles de Bassens, Cenon, Floirac, elle crée,dans les années 90, une associationsintercommunale des villes de la rive droite« Hauts de Garonne Développement »signataire, le 15 janvier 2001, du grand projetde ville des Hauts de Garonne (9 sites, dontceux de Carriet et de Génicart) qui concerne65000 habitants sur les 630 000 del’agglomération. Les deux objectifs du GPVsont le désenclavement de la rive droite et ledéveloppement d’un pôle économique quitransforme ce territoire marginalisé enterritoire de vie et de projet pour ses habitantset pour l’agglomération.

Le quartier de Carriet, qui fait partie des 9sites retenus, mérite incontestablement cetinvestissement. D’abord parce que ses 1200logements sociaux logent plus de 3800habitants, presque 18% de la populationlormontaise. Cet habitat monolithique,vieillissant au plan architectural malgré lesréhabilitations successives sous la houlette deDomofrance, doit évoluer radicalement cettefois grâce aux opportunités foncières.

Ensuite, parce que le site, très enclavé,s’asphyxie en dépit de l’exceptionnelenvironnement paysager qu’il occupe depuisles belvédères arborés dominant le fleuve4,jusqu’au Bas Carriet, rive du fleuve, structuréautour d’une cité-jardin (années 50). Larequalification des sites scolaires, l’arrivée dutramway et la zone franche (immobilierd’entreprise) sont les projets « locomotives » àhauteur de la revalorisation de Carriet.

Enfin, parce qu’une identité de quartiermanifeste depuis quarante ans l’enracinementde ses habitants sur ce mont, depuis lespremières arrivées de rapatriés d’Algériejusqu’à celle des Turcs – cette dernière vagueau fonctionnement plus auto-centré que lesautres. On peut dire que Carriet a été « fondé » 4 Il faut aller à la piscine de Carriet, construite au bord d’unbelvédère, pour admirer, depuis les bassins, l’extraordinairepanorama sur la Garonne et la plaine d’Aquitaine.

par ses habitants et que, malgré le basculementactuel vers la précarité, les liens sociaux et lasolidarité sont encore préservés.

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LA VOLONTE D’UN MAIRE D’ANIMER LE DEBAT DEMOCRATIQUE AU DELADU SEUL CONSEIL MUNICIPAL, ET UN BAILLEUR QUI N’A JAMAIS NEGLIGELE DIALOGUE AVEC SES LOCATAIRES

Dès 1995, le Maire et son équipe, s’appuyantsur le réseau associatif de Lormont et avec lavolonté de rapprocher les élus du terrain,mettent en place 6 comités de quartier, quideviendront 8 en 2001. Carriet a le sien, bienentendu. Si les comités de quartier peinent à serenouveler (comme dans nombre d’autrescommunes), la souplesse de leurfonctionnement et leur ouverture à toute lasociété civile en font des lieux d’expressionnon contrainte et tonique de la parole deshabitants sur tous les aspects de viequotidienne. Par ailleurs, élus et techniciensétablissent de longue date un contact quotidienavec la rue. Enfin, chaque année, pourprésenter le budget ou les projets importants, leMaire organise des réunions publiques parquartier (actions citoyennes, sécurité publique,équipement de quartier, tramway…).

De son côté, Domofrance est un bailleur qui nenéglige pas la concertation – l’outild’information « Domo MAG » est mis àcontribution – avec les associationsreprésentatives, dans les agences, avec leslocataires. Dès 1998, Domofrance va lancerdes enquêtes sociales, analyser la satisfactionde ses locataires, immeuble par immeuble etengager, en 1999/2000, une étude d’urbanismesur le projet de quartier.

En mai /juin 1999, un premier programme dedémolition d’une centaine de logements estretenu, accueilli favorablement par la

municipalité qui, en juillet 2000, valide lesprincipales orientations portant sur lesimmeubles, les activités à développer,l'accession et les commerces. L’arrivée dut ramway es t l ’ a f fa i re de tous .Incontestablement, les relations partenarialesentre la ville et le principal bailleur de Carrietva jouer en faveur du futur projet urbain. Ceci,sur un fond de relation avec les habitants quin’a pas accumulé de contentieux. Cette pratiquepréalable des deux partenaires vaut point deméthode à retenir.

Comme on le voit, à la veille de la mise enchantier du Grand Projet de Ville, Lormontpossède déjà son partenariat « de base » et sesdispositifs de dialogue permanent avec leshabitants. La convention territoriale du GPV estclaire sur ce dernier point : « Les habitants desHauts de Garonne doivent participerpleinement à l’essor urbain, économique etsocial de la métropole et, à ce titre, accéder defaçon équitable aux services publics de droitcommun » et aussi « Le GPV des Hauts deGaronne (…) affiche sa volonté de dépasser lasectorisation des politiques, afin de mener desdémarches lourdes de renouvellement urbainavec et pour la population résidente ». LesArticles 1, 2 et 7 précisent : « l’association deshabitants sera recherchée systématiquement,elle pourra prendre la forme de projetscoproduits avec eux, permettant de pérenniserles actions entreprises ».

LA RENCONTRE AVEC BRUIT DU FRIGO ET L’ENGAGEMENT DES MAITRED’OUVRAGE : FAIRE AVeQ 1 LES HABITANTS ACTEURS

Toutefois, une chose est de maintenir lecontact avec les « leaders » habitants, autrechose est de sensibiliser, puis de mobiliser lesquelques 1000 ménages lambda, les« silencieux », à ce qui va se passer… Or, leMaire et son équipe voient venir un projetambitieux qu’il va falloir installer dans ladurée, qui va déstabiliser les modes de vie etles habitudes, qui va casser peut-être certainessolidarités de voisinage ou de parenté bienavant d’en construire d’autres.

Un projet à 5, 10, voire 15 ans, « c’est unexercice dans le temps et le temps du projet, ditle Maire, n’est jamais celui des habitants ».Comment, alors, non pas réduire le temps –c’est impossible – mais s’en servir pourtravailler avec les habitants sur ce temps ? Làest la question que se posent les élus dès ledébut 2001.

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La rencontre avec Bruit du Frigo, parl’intermédiaire d’Arpenteurs, va offrir uneréponse originale au « Comment on fait ? » desélus. Bruit du Frigo, association de jeunescréateurs bordelais 5 organise des événementsartistiques, conçoit des installations sur lesquartiers, aménage des friches urbaines et desespaces « éphémères », anime des ateliers ducadre de vie dans l’objectif « de donner priseaux habitants sur la fabrique permanente dumonde où l’on vit ». Il n’y a pas, pour Bruit duFrigo, d’un côté des animateurs et des artistes,de l’autre un public spectateur ouconsommateur. L’implication et le partage despratiques, des regards et des expériences sontle socle de la démarche du projet participatifque l’équipe propose de mettre en place surCarriet. C’est exactement ce que les éluslormontais attendent, à ce moment-là, d’unprestataire extérieur.

Le process commence par Carriet – sited’expérimentation – et va se dérouler en troisétapes :

� Avant même de démarrer le projet, unerapide étude de l’existant de laparticipation des habitants à Lormont.Bruit du Frigo et le Service DSU (où un« monsieur participation » est mis enplace) vont s’entretenir avec tout ce queLormont compte comme acteurs (unepetite centaine), observer des réunions,visiter Carriet de manière autonome. Il enressort trois constats :

l’information et la communication sur leprojet urbain est peu efficace – leshabitants n’ont qu’une faible idée de ce quiles attend (certains en jouent) ; lesmodalités de dialogue mises en œuvrejusque là ne sont pas adaptées à lasituation ; les attentes des administrés nesont pas ou peu interrogées. Autant direque le projet urbain risque de se faire sans« les silencieux ». Rien de nouveau ici,mais les élus sont confirmés dans leuranalyse.

5 L’équipe mobilise, à la carte, des professionnels issus dechamps disciplinaires variés : animation, architecture, artsplastiques, cinéma, communication, danse, géographie,graphisme, histoire, paysage, sociologie, théâtre, urbanisme,vidéo…

L’étude de Bruit du frigo propose, enregard, de mettre en place, avec la Ville,des ateliers publics de débat, d’information,de montage de projet, de recueil de laparole spontanée des habitants. Ce sera lesAVeQ.

� Préparation de la démarche participativeavec les seuls partenaires institutionnels, laville au premier chef. Il s’agit de se mettred ’acco rd e t de va l i de r l e s« fondamentaux », à savoir : 1) ce qui estnégociable et ce qui ne l’est pas, 2) ce quientre ou non dans le champ de laparticipation, 3) jusqu’à quel niveau leshabitants sont impliqués, 4) quellesquestions seront posées (agenda évolutif).Trois grands groupes d’acteurs sontidentifiés : les institutionnels (relais,techniques, décisionnels, politiques etfinanciers) ; les habitants (associations,groupements de fait – conseils d’école parexemple) ; les acteurs socio-économiques(entreprises, commerces et artisanat,organismes d’insertion, acteurs jouant unrôle direct auprès de la population). Cetteétape de concertation préalable est décisiveentre décideurs pour éviter les« cacophonies ».

� Une fois les partenaires d’accord sur ladémarche, dès le mois de mars 2002,l’étape suivante est consacrée à la « saisinede la population » grâce à l’AVeQ - AtelierVille et Quotidien. Cet atelier a plusieursformes et se tient dans différents endroits :

� Au hasard de déambulations dans lequartier que Bruit du Frigophotographie, des enquêtes aléatoiressont réalisées de type « d’accord / pasd’accord / pourquoi ? » à partir dephrases clés. Par exemple : « les gensdevraient avoir le droit de faire ce qu’ilsveulent sur leur appartement ou leurmaison, les repeindre, rajouter desterrasses ou des fenêtres… » ou encore« la nuit le quartier n’est pas assezanimé » ou bien « l’espace public nesert à rien » etc. A cette étape, Bruit duFrigo accumule des paroles brutes,volatiles, incertaines. C’est une phaseexploratoire, une manière de « prendrele pouls du quartier », de faireconnaissance avec lui.

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� le Cafet’à paroles – un salon bar lui estdédié en soirée dans le centre socialMireport (ancienne chartreuse du 18e),lieu très investi par les habitants detout âge. Les discussions sontinformelles, on entre et on sort commeon veut, les opérateurs ou lesin s t i t u t i onne l s qu i veu l en tcommuniquer y sont invités. On neformalise rien, on note lescontradictions, les idées et suggestions,les points de convergences.

� Le jeudi matin, place Magendie (cœurdu quartier) c’est le marché ; Bruit duFrigo y installe et anime une pausecafé sous des tentes légères, ouverteset démontables. Entre deux courses,l’information est diffusée à partir decet espace où chacun passe une minuteou une heure. Mais l’information estdans les deux sens, c’est aussi sur lemarché que la « parole brute » estrecueillie anonymement (les gens nedonnent leur nom pour être invités àdes réunions publiques que s’ils leveulent bien). Il y a des cahiers pours’exprimer, les animateurs sont là à lafois pour écouter, noter et répondre ouaiguiller vers des lieux ou despersonnes quand la question est trèsspécifique. Ils posent aussi desquestions sur le logement, les écoles,les aires de jeux, les nuisances, lescirculat ions automobiles , lescommerces, les équipements et lesespaces publics, le tramway, lesrelations dans le quartier..etc. Lemarché est le lieu interactif parexcellence, là où la sensibilisation« accroche » et « fait retour ». Il y fautdes animateurs de qualité et trèsinformés eux-mêmes. Ici aussi, ce quicompte c’est de restituer le propos brutdes habitants.

� Ces permanences atypiques débouchenttout naturellement sur des visites decertains points et cheminements duquartier. Par exemple, tel jour, Bruit duFrigo, le DSU et des habitants (ce sont leshabitants qui proposent ces visites) serendent à pieds au bord de la rocade,construite le long du groupe scolaireRomain Rolland, pour mesurer in vivo

l’état de pollution sonore… Une autre fois,ils font le tour des jardins familiauxspontanés, initiés par des femmes de lacommunauté turque sur les flancs d’uncoteau (le projet est riche mais laprivatisation du site pose problème)… Unautre jour, un groupe de jeunes les invitentà visiter les fameuses grottes qu’ils se sontappropriés (tout le monde cherche cesgrottes, personne ne les trouve, dit lalégende de Carriet)… Ces visites duquartier sont imprévisibles, spontanées,portées par la curiosité et l’intérêt pourl’ordinaire de la vie des gens, leurs usages.La confiance en dépend et des diagnosticstrès fins sur les attentes des populationspeuvent commencer à être formalisés. Bruitdu Frigo va ainsi régulièrement chercher lesconflits d’usages, les « usages secrets duquartier », ce qui se passe au-delà desapparences, de l’indifférence ou du discourscritique. Cette forme d’AVeQ est la plusmobilisatrice.

� Des ateliers de travail urbain complètentplus formellement le dispositif sur desobjets que les autres formes d’AveQ ontrepéré : par exemple un atelier « commentaméliorer les espaces publics extérieurs »va porter sur les espaces verts, le mobilier,les cheminements, l’éclairage, lesbelvédères, les jeux d’enfants… Cesateliers réunissent des élus, des techniciens,des habitants et le prestataire extérieurcomme animateur. On se déplace sur lequartier, on note les points forts et lespoints faibles, on prend des photos ou onfilme en vidéo, puis l’atelier travaille surdes scénarios ou des recommandations auxMaîtres d’Ouvrage.

� Un bus itinérant AVeQ est également prévupour janvier 2003 que la Ville met àdisposition des habitants, de la fédérationdes comités de quartier, des associations,des partenaires institutionnels et desservices de la ville. Il est spécialementaménagé pour accueillir les AVeQ,permettre des rencontres conviviales, desexpositions, les programmations utiles.

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� Enfin, le process aboutit à des réunionspubliques dans lesquelles le maire, sesadjoints, les services, et, selon les cas, telsou tels partenaires, peuvent engager ettenir le débat démocratique dans de bonnesconditions, anticiper sur les réponses ou lesenrichir.

L’outil spécifique des AVeQ « Carriet AVeQvous » est créé à la fin de l’année 2002 ; cejournal d’information, dont le premier numéroparaît en janvier 2003, est élaboré en communentre Bruit du Frigo et la ville de Lormont, avecla contribution de Domofrance, sur la base detout le matériau engrangé.

UNE METHODE ITERATIVE ENTRE LE PROJET DE RENOUVELLEMENTURBAIN ET LA COMMUNICATION PARTICIPATION SE MET EN PLACE, ET,ESPERE-T-ON, DANS LA LONGUE DUREE

Plusieurs centaines d’habitants de Carriet vontêtre ainsi sollicités d’une manière ou d’uneautres. Toutefois, l’étape de sensibilisation etde mobilisation intense de l’année 2002 vas’infléchir en 2003. Trop de communicationtue aussi la communication. Les outils sont enplace, les méthodes éprouvées, les partenairessont à présent « au courant » des questions trèsconcrètes des habitants : « où on en est desdémolitions et des constructions ? », « Où enest le projet de reconstruction de l’école ?», « ilmanque des aires de jeux et ceux qui existentsont trop petits », « le tramway va-t-il passerdans Carriet ? », etc. Les questions partentsouvent de sujets très individuels, voirepersonnels.

Le projet urbain est présenté dans son étatd’avancement, avec les précautions d’usage(on ne sait pas si tout sera retenu et quellesmodifications il subira). L’étude socio urbainede l’équipe d’architecte, urbaniste, paysagisteet sociologue a déjà été présentée. Bref, lesmaîtres d’ouvrage vont à présent travailler auxbonnes réponses à apporter via le journal« Carriet AVeQ Vous ». Mais de manièreitérative, ce qui signifie, pour les partenaires,que les réponses vont solliciter de nouvellesquestions, de nouvelles propositions, dontcertaines peuvent nourrir le projet urbain.

C’est la conception même du dialogue – de saconstruction surtout – qui a changé, sur leprincipe simple de « une question amène uneréponse, laquelle réponse appelle une nouvellequestion qui, elle-même, demande une autreréponse à laquelle on n’avait peut-êtrepensé »… Et ainsi de suite. Avec ce principesimple, un bon outil de communication et le

maintien en sourdine de personnes ressources àl’écoute sur le terrain (« fils rouges » de la

démarche participative), un dialogue au longcours peut s’installer, en pointillé (lamobilisation intense des habitants ne durejamais, celle des élus, des techniciens et desprofessionnels non plus) et, aux momentsimportants, émaillé de temps forts etd’événements.

Outre que cette méthode n’a pas fourni encoretoutes ses preuves (le temps !), il reste deuxpoints non résolus :

- d’une part, celui de la hiérarchisation desprojets – et donc des décisions à prendre.Les habitants ne savent pas travailler sur lahiérarchisat ion. Leurs pr ior i tés(contradictoires) ne sont pas forcément lesmêmes, évidemment, que celles desdécideurs institutionnels. C’est donc à cesderniers qu’il appartient et qu’il revientd’articuler les attentes des habitants auxopérations à engager dans le temps duprojet.

- d’autre part, si nombre de famillesimmigrées ont fréquenté l’AVeQ dumarché pour se renseigner ou donner leuravis, peu ont participé aux ateliers detravail urbain ou aux réunions publiques.De nombreuses femmes sont cependanttrès actives au centre social via la Cafet’àparole, le groupe loisirs ou pendantl’alphabétisation. Un public avec qui ilconvient de respecter certaines formestraditionnelles de dialogue. Le centresocial Mireport est à cet égard un lieuopérationnel d’une grande qualitéd’accueil.

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A LYON, AU DEBUT DES ANNEES SOIXANTE, UN NOUVEAU QUARTIER SECONSTRUIT SUR LE PLATEAU DE LA DUCHERE, VERITABLE VILLE DANS LAVILLE

Situé au nord ouest de Lyon, à une dizaine dekilomètres du centre ville, dans le 9èmearrondissement, le quartier de La Duchère s’estconstruit dans les années soixante, sur l’unedes trois collines de la Ville de Lyon. Dans leprolongement du plateau d’Ecully, le plateaude La Duchère domine la cuvette de Vaise etses quartiers industriels et offre des vuesimprenables sur Lyon, les Monts d’Or et lesMonts du Lyonnais.

Avant la construction du quartier, le site étaitcomposé de vastes prés, de vergers et degrandes propriétés bourgeoises. Dès 1948, leMinistre de la reconstruction à des visées surces terrains quasiment nus et faciles à acquérirdu fait du nombre restreint de propriétaires. Lepremier projet d’urbanisation de La Duchèredate de 1952 mais il faudra près de 10 ans pourque les premiers bâtiments sortent de terre.

En 1956, la Société d’Equipement de la Régionde Lyon est créée sous l’impulsion de l’Etatpour assurer la maîtrise d’œuvre de ce vastechantier. Sur les 120 hectares du plateau de LaDuchère, est programmé ‘‘un ensembleharmonieux de 5 500 logements où 20 000personnes devraient trouver leur place’’. Ils’agissait alors de concevoir un quartierindépendant, à même de devenir un jour unquartier-commune. Le parti d’urbanisme vadonc accentuer les ruptures topographiquesliées au dénivelé et les renforcer en maintenantà flancs de coteaux une ceinture verte, héritagedes parcs des grandes propriétés.

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C’est l’architecte François Régis Cottin et sonconfrère Franck Grimmal qui vont concevoir leplan d’ensemble de La Duchère et une grandepartie de ses bâtiments et équipements. En lienavec la topographie du site et la volonté desarchitectes de favoriser des petites unités dequartier, quatre sous-secteurs vont seconstruire : le quartier central du Plateau quiregroupe près de la moitié des logements et lesprincipaux équipements et trois autres quartiersde taille plus modeste, le Château, Balmont etLa Sauvegarde.

Le chantier démarre en 1960 et va s’achever en1970 avec la construction d’une tourpanoramique de 26 étages qui devientl’emblème du quartier. Pour abaisser les coûtsde construction des immeubles, les entreprisesse sont dotées d’usines de préfabrication etassemblent sur le site les éléments qui vontformer les barres et les tours de La Duchère.Les premiers logements sont livrés en 1962.

Initialement construits pour accueillir leslyonnais des quartiers anciens du centre ville etles ouvriers et employés de Vaise où se trouveun grand nombre d’usines, ces logements vontégalement accueillir en masse les rapatriésd’Algérie. Depuis 40 ans, les fluxd’immigration se succèdent à La Duchère,porte d’entrée sur l’agglomération lyonnaisepour les migrants et les réfugiés.

Parallèlement à la construction des logementset à l’arrivée des premiers occupants, un grandnombre d’équipements s’implantent : écoles etcollège, centre médico-social, MJC, centressociaux…, des associations se créent ainsi quedes lieux de culte, foyers de vie sociale quirassemblent les différentes communautésprésentes sur le quartier. Une dynamiques’initie, portée par des militants associatifs,syndicaux, travailleurs sociaux, religieux etlaïques, qui vont faire de ce nouveau quartierun haut lieu du militantisme.

Au cours des années soixante-dix, la criseéconomique se profile : Vaise, poumonéconomique du secteur, voit ses entreprisesfermer, les habitants de La Duchère sonttouchés par le chômage. En 1984, l’agenced’urbanisme de Lyon réalise les premièresétudes urbaines et sociales sur le quartier. Ellesfont le constat d’une vie sociale importante etd’un réseau associatif dynamique mais

soulignent le vieillissement du bâti, ladéqualification des espaces extérieurs et lespremiers signes d’une paupérisation.

Des financements sont mobilisés auprès duCNDSQ 6 pour réaliser les premièresréhabilitations. Les élus se convainquent del’intérêt d’une contractualisation pourpoursuivre la réhabilitation du bâti et engagerdes act ions sur les champs del’accompagnement scolaire et de l’insertionsocioprofessionnelle. En 1986, une conventionde Développement Social des Quartiers estsignée, qui marque l’engagement de LaDuchère dans les dispositifs contractuels de lapolitique de la ville.

Au fil des années et des dispositifs, les échelleset les champs d’intervention vont s’élargirmais l’insertion sociale et professionnelledemeure une priorité partagée par les habitants,les acteurs associatifs, institutionnels etpolitiques. Cette préoccupation va donner lieuà une série d’expérimentation …

6 CNDSQ : Commission Nationale du Développement Social deQuartier créée en 1981, suite aux incidents violents survenus auxMinguettes (Vénissieux). Présidée par Hubert Dubedout, cettecommission est chargée de mettre en œuvre une politiquepublique expérimentale en faveur des quartiers dégradés. Ellemarque la naissance de la politique de la ville.

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DES LE DEBUT DES ANNEES QUATRE VINGT, LES MILITANTS ET LESTRAVAILLEURS SOCIAUX DE LA DUCHERE EXPERIMENTENT DES ACTIONSPOUR LUTTER CONTRE LA DEQUALIFICATION SOCIALE…

Trois initiatives marquent l’implication detoute une série d’acteurs dans le champ del’insertion, de l’emploi et de l’économique.

Un club de prévention, l’Escale, se préoccupedes jeunes habitants sans qualification

Dans le contexte de crise économique de la findes années soixante-dix, les opportunitésd’emploi se réduisent et les exigences desentreprises en terme de qualificationprofessionnelle de leurs salariés augmentent.L’équipe des éducateurs du club de prévention,l’Escale, constate que les jeunes auprès de quiils interviennent ont des handicaps importantspour s’adapter à cette nouvelle donne etintégrer le monde du travail. Au-delà dessavoir-faire techniques, c’est également dessavoir être et un réseau social qui font défaut etcompromettent l’accès à l’emploi. Pour leurpermettre de se construire ces compétences, ilfaudrait un modèle alternatif, une entreprisequi place ses salariés dans un processusd’adaptation aux exigences de production. Cemodèle alternatif n’existe pas encore, leséducateurs de prévention vont l’expérimenter :en 1982, avec l’appui du Conseil Général, desélus de la Ville de Lyon et de la mairied’arrondissement, de la DDTEFP et debénévoles, ils créent Tremplin, association loi1901, intermédiaire de fait.

L’association met en place des chantiers dansle second œuvre du bâtiment pour des jeunestrès éloignés de l’emploi, sans formation ouexpérience professionnelle reconnue et endifficulté sociale. Les éducateurs de l’Escalesouhaitent que la société civile soit partieprenante de cette action. Ils mobilisent desretraités du bâtiment de La Duchère et desentrepreneurs bénévoles qui participentactivement au fonctionnement de Tremplin. Ausein de l’association, les éducateurs apportentleur savoir-faire en terme de repérage desjeunes, de pédagogie et de gestionadministrative, les entrepreneurs bénévolesaident à établir les devis des chantiers, lesretraités du bâtiment participent àl’encadrement technique des chantiers, leshabitants impliqués dans le Conseil

d’administration rencontrent les élus, appuientles demandes de subvention...

En 1983, six jeunes, encadrés par un éducateuret deux professionnels du bâtiment, restaurentun préfabriqué à la Sauvegarde, installent dessanitaires chez des particuliers, … Leschantiers sont conçus comme des outilspédagogiques pour faire entrer ces jeunes dansun parcours professionnel, en les mettant ensituation d’emploi avec un encadrementtechnique, un travail à produire, un statut desalarié. Il s’agit de contrats très courts, de un àtrois mois, pour ‘’mettre le pied à l’étrier’’.Une commission pédagogique assure lerecrutement et les éducateurs font le suiviavant, pendant et après le passage dansl’association, pour construire avec eux unprojet individuel qui leur permette d’aller versun emploi salarié classique.

Après deux années de fonctionnement durantlesquelles Tremplin est portée par l’Escale,l’outil a fait ses preuves et un directeur et untechnicien sont recrutés pour conforter lastructure. L’association se professionnalise,élargit ses sources de financements, deviententreprise d’insertion et constitue en 1999 uneSARL, Tremplin Bâtiment.

L’accompagnement réalisé au sein deTremplin évolue dans une logique dequalification professionnelle. Soumise auxcontraintes de rentabilité, Tremplin cherche denouveaux chantiers (peinture, plâtrerie,isolation, revêtement), élargit son périmètred’intervention à l’ensemble de l’agglomérationde Lyon et comporte aujourd’hui unequarantaine de salariés issus de l’ensemble del’agglomération, dont 22 salariés en insertion.

Des militants issus du mouvement protestantse lancent dans l’accompagnementsocioprofessionnel…

Dés les premières années de La Duchère, en1964, la mission populaire et évangélique deFrance y implante un foyer protestant. Lieu deculte atypique, ce foyer se veut un lieu de vie,animé par un Pasteur et des bénévoles detoutes confessions, qui souhaitent participer à

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la construction d’une vie commune dans cenouveau quartier. Au début des années quatre-vingt, ces bénévoles s’interrogent sur lesmoyens d’accompagner les habitants de LaDuchère touchés par le chômage.

Ils rencontrent des chefs d’entreprise,organisent des groupes de travail, les idéesfoisonnent mais tous les outils restent àconstruire. En 1984, ils décident de se lancerdans l’aventure et créent la MIRLY, (Missionpour l’Industrialisation de la RégionLyonnaise), association loi 1901 dirigée par lepasteur Olivier.

Les outils vont se construire dans le temps : lepasteur et les bénévoles commencent parouvrir une permanence au foyer pour accueillirles personnes sans emploi et progressivementles initiatives émergent.

Cela commence par un atelier de bricolagepour proposer une activité à des personnes quimanquent de repères et souffrent dudésœuvrement. Cet atelier Bois est aujourd’huiagréé par la DDTEFP en atelier d’utilitésociale et il accueille en permanence sixpersonnes en insertion. Dans les créneaux oùles machines ne sont pas utilisées par lessalariés, des habitants viennent bricoler dansl’atelier avec les conseils d’un encadranttechnique.

Bien avant les emplois familiaux, un atelierménage se met en place pour former desfemmes de La Duchère aux métiers del’entretien et une vingtaine d’entre elles vontêtre salariées par des particuliers descommunes alentours. Au cours des annéesquatre-vingt-dix, cet atelier ménage va devenirune association d’emplois familiauxautonome : ‘’Balmont Ménage’’.

Un atelier bureautique est créé pourfamiliariser les habitants avec ces outils donton pressent alors qu’ils vont être fondamentauxdans les années à venir. Proposant desformations adaptées à la dactylographie puisaux premiers outils informatiques, cet atelierbureautique se structure dans le temps, avecdes méthodes qui privilégient l’apprentissageen autonomie. Conventionné par la Ville deLyon qui a la délégation du RMI, l’ANPE et lePLIE, cet atelier accueille aujourd’hui tous lespublics sans pré requis : individuels,bénéficiaires du RMI, du PLIE, salariés

adressés par leur entreprises, environ 150personnes y sont formés tous les ans.

Depuis plus de 10 ans, avec l’appui de lapolitique de la ville, la MIRLY tient égalementun Café-Emploi tous les lundi après-midi. Cetespace de convivialité permet de travaillerautrement sur les préoccupations liées àl’emploi : discuter de ses recherches autourd’un café, simuler un entretien, venir parler desa tristesse, de ses déceptions. Lieud’échanges et de ressources, ce café permet dedédramatiser la recherche d’emploi, de créerdu lien social et propose des visitesd’entreprises, des rencontres avec des chefsd’entreprises, des initiations à Internet…

La volonté de multiplier les passerelles entrele monde de l’entreprise et celui del’insertion : OREA

D’abord portée par les travailleurs sociaux etles militants associatifs, la question del’insertion professionnelle et de l’emploimobilise dans les années quatre-vingt-dix denouveaux partenaires : les chefs d’entreprise.

Au niveau national, avec les Programmesd’Action Sur Site, un appel est lancé aux chefsd’entreprise pour qu’ils s’impliquent dans lechamps de l’insertion. A Lyon, un pôleressources de chefs d’entreprise del’agglomération se constitue, qui souhaitentsoutenir le travail des structures d’insertion deLa Duchère. Cet élargissement du partenariat àde nouveaux acteurs privés donne naissance en1991 à la Maison de l’emploi, de la formationet des entreprises (Oréa), association loi 1901,présidée par un chef d’entreprise.

Dans le champ de l’insertion, l’établissementde passerelles avec le milieu de l’entreprise vaêtre au cœur de l’action de la Maison del’emploi. Deux actions vont structurer lesdébuts de l’association.

Pour agir sur les représentations des métiersqui conditionnent l’orientation professionnelle,un centre de ressources permanent et vivant surles métiers va être mis en place. C’est la« Vitrine des métiers » qui s’appuie sur unebase documentaire en libre consultation sur lesmétiers, les entreprises, les formations et unesérie de rencontre qui sont organisées entre leschefs d’entreprises et les demandeurs d’emploipour qu’ils viennent présenter leurs secteursd’activités, leurs métiers et les compétencesrequises pour l’exercer. Durant 2 ans, une

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vingtaine de rencontres vont se dérouler avecla participation des chefs d’entreprisesbénévoles de la structure sur les métiers dutransport, du nettoyage, du bâtiment, dudéménagement, ...

La Maison de l’emploi propose également unsoutien aux demandeurs d’emploi à travers unatelier de recherche d’emploi permanent : bilanprofessionnel, aide à l’élaboration du CV, à larédaction des lettres de motivation, préparationdes entretiens d’embauche, aide à la prise derendez-vous, … Un appui individualisé etpersonnalisé est proposé qui permet des’adapter à la diversité des profils et destrajectoires, en travaillant également avec despersonnes très éloignées de l’emploi. Enaccueillant tous les publics, quelque soit lestatut et la situation des personnes, la Maisonde l’emploi se positionne comme une structurede proximité dans le quartier.

Lieu ressource, la Maison de l’emploi assureégalement la mise en relation des demandes etdes offres d’emploi. En sus des offres ANPE,l’équipe de la Maison de l’emploi s’appuie surles structures d’insertion adhérentes et sur unréseau d’une cinquantaine d’entreprises pourproposer des stages professionnels, duparrainage et des offres d’emplois. Au delà del’engagement citoyen des chefs d’entreprisebénévoles, poser les entreprises commepartenaires suppose de s’inscrire dans unelogique d’échanges et de comprendre leursbesoins et leurs stratégies d’embauche. Pourconstruire cette offre, la Maison de l’emploi sepositionne en partenaire auprès des entrepriseset leur propose des conseils sur les mesuresd’aide à l’embauche, organise la présélectiondes candidats, assure un suivi dans l’emploi.

La ville de Lyon inscrit cette Maison del’emploi dans un Programme Pilote Urbainqui, de 1991 à 1995, mobilise desfinancements auprès du FEDER7, de la Caissedes Dépôts et Consignations, de l’Etat, laRégion et le Département, pour expérimentersur La Duchère, des actions en faveur de lacréation d’activités et de l’emploi. Outre laMaison de l’emploi, des actions sont engagéespour favoriser l’implantation d’activitéséconomiques à La Duchère : couveused’entreprise, centre d’activité…

Ces premières actions s’appuient sur lesdynamiques locales préexistantes et lespartenariats qui se nouent au sein de la Maisonde l’emploi permettent à l’acculturation de sefaire entre culture d’entreprise et culture dutravail social. D’autres projets vont suivre:l’implantation d’un relais multiservices dansun centre commercial, les opérations ‘’jobsd’été’’, un chantier d’utilité sociale « fil enforme » pour créer et louer des costumes dedéguisement... En 2002, l’accompagnementdes parcours d’insertion a concerné 718personnes dont 432 ont été positionnées sur uncontrat de travail.

7 Fonds Européen de Développement Economique Régional

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DANS LES ANNEES QUATRE-VINGT-DIX, GRACE AUX REHABILITATIONS,LES PREOCCUPATIONS AUTOUR DU CADRE DE VIE ET DE L’EMPLOI SEREJOIGNENT AVEC LA REGIE DE QUARTIER

En 1986, La Duchère s’engage dans desopérations de réhabilitation massives. Deshabitants - militants du quartier et desreprésentants des différentes associationss’organisent et forment le Groupe de TravailInter-quartier. Mobilisés pour suivre lestravaux, ils vont élargir leur réflexion àl’ensemble des thématiques qui traitent duquotidien des habitants de La Duchère : lelogement et le cadre de vie, les écoles, lestransports… et bien évidemment l’emploi. LaRégie de quartier s’est nourrie de cespremières réflexions.

Comment pérenniser les t ravauxd’amélioration engagés ? Comment pallier auxséries de dysfonctionnements observés auquotidien (les détritus qui s’accumulent dansles sous-sols, les sacs plastiques accrochés auxtalus, les arbres à tailler ou les bancs àrepeindre, …) ? Comment créer desopportunités d’emploi pour les habitants sansqualification, dont certains n’ont jamaistravaillé ou vivent le chômage depuis plusieursannées ? Les premières Régies de Quartiercréées à Roubaix et quelques années plus tard àMeaux et aux Minguettes vont fournir deséléments de réponse.Avec l’appui du chef de projet DSQ, un noyaudur de militants déjà expérimentés et des gensdu quartier dont c’est le premier engagementcitoyen, portent le projet de la Régie qui secréée en 1991 avec l’appui de la Ville de Lyonet des bailleurs. Réunis en trois collèges ausein du conseil d’administration, institutions,bailleurs et habitants font le choix d’undirecteur réputé pour sa réactivité et sonpragmatisme. Ce sera une ‘’Régie de Quartier-Entreprise’’ avec un fort engagement sur laqualité des prestations rendues. Au carrefourde l’économique et du social, elle salarie unecinquantaine d’habitants du quartier eninsertion, qui encadrés par des chefs d’équipe,assurent pour les donneurs d’ordres (lesbailleurs et la Ville) l’entretien des espacesextérieurs, l’enlèvement des encombrants etdes polluants, l’entretien des immeubles et lesremplacements de gardien, ainsi que destravaux dans le second œuvre du bâtiment. Un

atelier de retouche de vêtements a égalementété créé pour pallier à la fermeture de lamercerie du quartier.

La vocation première de la Régie de Quartiern’est pas la formation, néanmoins, avecl’évolution des métiers, l’équipe de la Régieconstate que les emplois même peu qualifiéscomme ceux de la Régie deviennentinaccessibles à des personnes qui ne savent nilire ni écrire. Etre agent de nettoyage suppose àminima de savoir lire les notices pourappliquer les prescriptions d’emploi desproduits. Or, beaucoup de nouveaux arrivants àLa Duchère ne maîtrisent pas le français etbeaucoup de personnes sont illettrées.Conscients de cet handicap majeur pourl’insertion et l’accès à l’emploi, ils se saisissentde cette problématique et engagent uneréflexion avec les partenaires de l’insertion deLa Duchère pour proposer des solutionsopérationnelles de lutte contre l’illettrisme etl’analphabétisme.

En décembre 2003, ils lancent une premièreinitiative avec l’appui de la politique de laville : l’initiation au code de la route. Avecl’association « Innovation et Développement »,ils mettent en place un cycle de 25 leçons decode pour un public qui ne sait ni lire, ni écrire.La formatrice, monitrice d’auto-école etprofesseur de français langue étrangère, sebase sur le programme du code rousseau maisavec une pédagogie fondée sur l’oral et uneparticipation très active. Les différentesstructures d’accueil du public de La Duchèrese font le relais de cette initiative auprès deshabitants.

A mi-chemin entre insertion sociale etinsertion professionnelle, cette entrée a unedouble vertu. Elle permet de mobiliser lespersonnes sur un objet concret et attractif ,l’obtention du code de la route et à terme dupermis de conduire, qui constitue une cléimportante pour accéder à l’emploi et devientaccessible aux personnes illettrées ouanalphabètes par le biais d’une pédagogieadaptée. Au delà de l’obtention du code et dupermis, cette entrée permet de ‘’lever letabou’’, d’évoquer les difficultés que posent au

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quotidien l’illettrisme, de valoriser lespersonnes par un apprentissage qui ne pose pasla maîtrise de l’écrit comme un préalableindépassable, de les inscrire dans unedynamique. On ne règle pas le problème del’illettrisme mais on donne envie de le régler,l’obtention du code est une petite victoire quipermet d’avancer…

La première session débute en décembre 2003et accueille une quarantaine de participantsd’origines très diverses : Turquie, Afrique,Pays de l’Est, hommes et femmes, jeunes etmoins jeunes. Et pour la prochaine session, lespré-inscriptions ont déjà commencé.

SUITE A L’EFFERVESCENCE DES ANNEES QUATRE-VINGT ET QUATRE-VINGT-DIX, S’IMPOSE LA NECESSITE DE STRUCTURER UNE DEMARCHECOLLECTIVE DE TOUS LES ACTEURS DE L’INSERTION ET DE L’EMPLOI

Pour relever le défi de l’insertion sociale etprofessionnelle, les acteurs sociaux de laDuchère ont multiplié les initiatives. Lacoopération entre les acteurs est une constantedans les projets développés à La Duchèredepuis les années quatre-vingt mais elle nesuffit pas à pallier à l’effet ‘’millefeuille‘’produit par l’empilement et la juxtaposition desdispositifs, qui rendent complexe l’orientationdes demandeurs d’emploi et le suivi desparcours. Les acteurs de l’insertion souhaitentaller plus loin dans le partenariat, pourharmoniser les parcours de l’emploi,décloisonner les dispositifs, réaliser desdiagnostics partagés et mutualiser leursmoyens.

En 1996, le PLIE va offrir l’opportunité deconstruire ce système d’acteurs travaillant enréseau. Il finance avec la politique de la ville,un consultant pour aider à la structurationd’une démarche collective.

La plate-forme d’insertion et de concertation semet en place avec treize structures adhérentesde La Duchère et plus largement du 5ème et du9ème arrondissements de Lyon. La Maison del’emploi anime cette plate-forme, à laquelleparticipe la Régie de Quartier, le Tremplin, laMIRLY, Balmont Ménage, et sept autresentreprises et associations du secteurintermédiaire, soit près de 77 salariéspermanents, qui touchent environ 1224personnes en insertion.

Les opérateurs de l’insertion et de l’emploivont se définir collectivement de nouvellesmodalités de travail : pour chaque personne eninsertion, un carnet de parcours commun estétabli qui permet de partager le diagnostic etd’assurer la transmission des informationsrelative au parcours engagé. Ce carnet estégalement remis à la personne. Une petiterévolution dans les pratiques professionnelles !

Ils vont aller plus loin en mutualisant leursmoyens pour proposer et gérer collectivementles parcours d’insertion. Sur la base d’uncahier des charges commun, ils s’engagentauprès du PLIE sur un parcours et des étapesavec une base de financement identique etbasée sur le nombre de sorties de parcours. Lesobjectifs de résultat s’appliquent ainsi à toutesles structures partenaires et au-delà des mots,la solidarité recherchée entre les structurestrouve une traduction dans les dispositifs definancement. Ce travail partenarial permet deréinterroger collectivement les étapes deparcours proposées, d’être force de propositionet d’augmenter les taux de sortie de parcours :34% en 1998, un niveau encore jamais atteint !

A partir de 1998, lorsque le Conseil Généraldélègue la gestion du RMI à la Ville de Lyon,cette dynamique portée par les opérateurs del’insertion va être relayée par le ConseilLyonnais de l’Insertion et ses cellulesd’insertion territorialisées, dispositif municipalqui assure aujourd’hui la mise en cohérence dela politique d’insertion sur Lyon, avec lesopérateurs de l’insertion mais également leservice public de l’emploi et les financeursinstitutionnels.

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En lien avec ce dispositif partenarial, unnouvel axe d’intervention se dégage pourfavoriser l’accès à l’emploi.

En 1999, le chômage touche 21% de lapopulation active de La Duchère (12% pour laVille de Lyon) et 36 % des 15/ 24 ans.

Compte tenu du nombre des personnesconcernées par le retour à l’emploi sur lequartier, la question de l‘accessibilité desoffres des Services Publics de l’Emploi estmise en exergue. Mais si le quartier est dotéd’un fort réseau d’équipements, d’un centreadministratif actif, et d’un réseau d’opérateursassociatifs, ce dispositif d’insertion et d’emploiest marqué par l’absence de l’ANPE et del’Antenne Solidarité de la Ville de Lyon quiinstruit le RMI (toutes deux sont situées horsdu quartier, à proximité de la mairied’arrondissement), seule la Mission Locale estprésente sur le site.

Pour faciliter la mobilisation des services dudroit commun et éviter de faire porter auxusagers la complexité des prestations, uneEquipe Emploi Insertion s’implante sur lePlateau en 2002 8.

Elle rassemble des professionnels mis àdisposition par l’ANPE, la Mission locale etl’Antenne solidarité. Tous connaissent lesprestations des différents services et peuventainsi orienter les personnes selon leurs besoinsd’information, en terme d’emploi, deformation, d’aide sociale et sanitaire… et aubesoin, les accompagner. Elle facilite l’accès àl’ensemble des prestations disponibles sur leterritoire, va au devant des publics à traversdes permanences au centre social, organisedans ses propres locaux des journéesd’information et de recrutements et travaille àla mise en réseau des partenaires institutionnelset associatifs.

8 En juillet 2000, la Ville de Lyon répond à l’appel à projet de laDIV relatif à la mise en place d'équipes emploi- pour LaDuchère (9ème arrondissement) et Gerland (7ème arrondissement).Cf. circulaire DIV/DPT-IEDE/2000/213 du 18 avril 2000.

Cette Equipe Emploi Insertion s’inscrit dans laprogrammation des actions portées par le GPVde Lyon La Duchère sur les champs dudéveloppement social, de l’insertion et del’emploi. Parallèlement, à travers desinterventions lourdes de requalificationurbaine, de diversification de l’habitat etd’ouverture du quartier sur l’agglomération, leprojet urbain engagé vise à intégrer LaDuchère et l’ensemble de ses habitants à ladynamique de développement del’agglomération lyonnaise.

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LE GPV DE METZ BORNY : UN PROJET URBAIN ET ECONOMIQUE AUSERVICE D’UNE DYNAMIQUE SOCIALE A RECONSTRUIRE

Le quartier de Metz-Borny est situé au sud-estde l’agglomération messine, dans le périmètrede l’ancienne commune de Borny, à quatrekilomètre environ du centre-ville de Metz. Ils’organise autour de trois secteursgéographiques qui correspondent à différentesétapes de son développement : le vieux villagede Borny, rattaché à Metz en 1962, les Hauts-de-Blémont réalisés entre 1962 et 1975, et lazone industrielle située à l’est du quartier.

Avec prés de 19 000 habitants - 1/6 de lapopulation messine - Metz-Borny souffre delourds problèmes sociaux et économiques.Mais c’est un quartier jeune : la proportion desmoins de 20 ans y est de 39% contre 24% pourl’ensemble de la ville de Metz, et approchemême les 50% dans certains îlots. Un quart dela population est d’origine étrangère.

Le quartier est lourdement touché par lechômage : 27,7% de la population active ; cetaux est particulièrement élevé chez les jeunes(28,6%) et les femmes (29,8%). En 2002, plusde 850 bénéficiaires du RMI sont recensés surle quartier ( le quart des bénéficiaires du RMIde la ville ) et 93% des élèves du collège desHauts-de-Blémont sont boursiers. Enfin, laproportion de familles monoparentales estimportante, en particulier les femmes seulesqui représentent environ 30% des ménages.

De nombreuses interventions publiques s’ysont succédées, depuis les premiers dispositifs« Habitat et Vie Sociale » à la fin des années70. Aujourd’hui, Metz-Borny est le seulquartier de Lorraine à être classé en ZoneFranche Urbaine.

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Le Grand Projet de Ville date de 2001. C’estun projet ambitieux avec un programmed’investissement global de recompositionurbaine, économique et sociale du quartier.Son objectif : réintégrer Metz-Borny au tissuurbain messin à travers cinq dimensions :désenclaver le quartier et modifier sa structureviaire ; intervenir sur le bâti et favoriser lamixité ; miser sur le développementéconomique du quartier ; requalifierl’environnement et mettre le projet urbain auservice d’un meilleur fonctionnement social.

Le volet urbain du GPV comprend ladémolition de 836 logements, portant sur dessecteurs cristallisant une image négative quirejaillit sur l’ensemble du quartier. Cesdémolitions, qui s’étaleront de 2001 à 2006,doivent permettre de dédensifier le quartier etde libérer de nouveaux espaces pour accueillirdes logements et des activités commerciales.Seront créés notamment un nouveau secteurd’habitat individuel et un « jardin habité »,zone de développement intégrant desplantations d’arbres, la pépinière pédagogique,des petits immeubles collectifs de deux étages,et le « village administratif » où certainsservices de l’Etat ( subdivisions de la DirectionDépartementale de l’Equipement, DirectionDépartementale de la Jeunesse et des Sports,

Inspection Académique…) seront délocalisés.Parallèlement, les logements existants serontréhabilités et sécurisés.

Sur le plan des équipements, une place centraleaccueillera autour d’un marché couvertdifférents services, activités et lieuxd’animation. De nouvelles implantationscommerciales sont prévues, avec d’une part lerelogement des commerces anciennementsitués en pied d’immeuble et d’autre part denouvelles activités.

De plus, le projet met l’accent sur une offre deservices de proximité de qualité. Cela passe parl’amélioration de la gestion urbaine deproximité, avec un renforcement de lapropreté, de la sécurité et le développement dela police de proximité. Il s’agit aussi d’assurerune meilleure présence physique des servicespublics : au sein du nouveau Pôle des Laurierss’installent des services administratifs, parmilesquels le service Politique de la Ville.

D’autres actions sont en cours de réflexion,notamment dans les domaines de laprévention-santé, de l’éducation, de l’accès à laculture.

ASSOCIER LES HABITANTS A LA RENOVATION URBAINE : D’ABORD LAVOLONTE DE DEFINIR LE PROJET AVEC EUX, ENSUITE LA RECHERCHED’HABITANTS VOLONTAIRES REPRESENTANTS LA SOCIOLOGIE DUQUARTIER

Le dispositif de participation des habitants quis’est progressivement mis en place se composede plusieurs niveaux.

Dès le début du GPV, huit commissionsthématiques vont associer les habitants à ladéfinition des actions du GPV : culture, emploiet développement économique, social, santé,participation des habitants, urbanisme etéducation. Ces commissions thématiquesregroupent, autour d’un élu et d’un référent (ledirecteur de la MJC pour la commissionCulture, le coordinateur du Réseaud’Education Prioritaire pour la commissionEducation…), des habitants volontaires, ainsique des professionnels de terrain concernés parle thème de la commission.

De plus, un Comité de quartier a été mis enplace à l’initiative de la commission« participation des habitants ». Il réunitplusieurs composantes (de poids !) dontquelques unes semblent même détonner dansun comité de quartier : la Ville, représentée parhuit élus adjoints au Maire ; les bailleurs(l’OPAC de Metz et Logi Est) ; lescopropriétés ; les Institutions (Etat, ConseilRégional, Conseil Général, CAF, DirectionDépartementale de la Jeunesse et des Sports,Education Nationale, Police, FAS) ; huitreprésentants des associations ; les référents dechacune des huit commissions thématiques ; leConseil des Résidents ; le Conseil des Jeunes ;le Conseil des Sages, avec chacun huitreprésentants élus.Les commissions thématiques se réunissentpour établir chacune un diagnostic et définir un

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projet pour le quartier ; les projets sontprésentés au comité de quartier, qui doit lesvalider pour qu’ils soient présentés au GIP duGPV, qui décide de leur mise en œuvre.

La définition du champ d’intervention descommissions dès le départ et l’articulation avecle temps du projet sont essentiels. Ainsi, il a

fallu recadrer les travaux de la CommissionEducation, qui avait travaillé sur un projetd’aménagement de l’école Descartes, dont leprojet a finalement décidé la démolition sansreconstruction immédiate : le rôle de lacommission était de travailler sur le projetpédagogique de l’école.

LA PARTICIPATION DES HABITANTS EST AUSSI L’AFFAIRE DES SERVICESDE DROIT COMMUN : L’OBJECTIF EST DE NE JAMAIS « LAISSER LESAFFAIRES TRAINER »

Mais l’implication des habitants ne se fait pasuniquement dans ce cadre. En effet, lesservices de la ville ont été réorganisés pourpermettre une plus grande proximité avec leshabitants. En particulier, les deux postes dechargées de mission - politique de proximité etprévention de la délinquance (cette dernière estresponsable du CLSPD pour toute la ville) -constituent des interlocuteurs privilégiés pourles habitants. Toutes deux assistent auxdifférentes commissions ; la chargée politiquede proximité en assure la logistique (y comprisla rédaction des comptes rendus), et suitégalement les travaux du comité de quartier.Elles effectuent aussi régulièrement, une demi-journée par semaine, une visite sur le quartier,pour discuter avec les habitants, recueillir leursquestions et leurs suggestions ; en cas deproblème, elles font remonter l’informationauprès des services concernés et s’assurentqu’une suite est donnée.

La responsable du CLSPD s’occupenotamment du suivi des fiches de signalementqui ont été mises en place. Elle prend contactavec les deux parties, se renseigneéventuellement auprès des bailleurs pour avoir

des éléments complémentaires. S’il s’agit d’unproblème de voisinage, elle fait appel à uneassociation de médiation sociale ; s’il s’agitd’un problème de délinquance, elle entre encontact avec la police. Dans tous les cas, ellesuit le dossier pour s’assurer que le problèmeest réglé.

L’objectif est de ne jamais « laisser lesaffaires traîner » : les habitants savent « qu’ily a quelqu’un » qui s’occupe de leur cas.

De plus, le 1er Adjoint au Maire en charge dela politique de la ville a institué des visites dequartier nommées « votre rue à la loupe » :deux élus, la chargée de la politique deproximité, la responsable du CLSPD, ledirecteur d’antenne de l’OPAC, se déplacentsur un quartier de l’agglomération et vont à larencontre des habitants, leur demandent quelsproblèmes ils rencontrent. Tous lesdysfonctionnements sont notés et font l’objetd’un suivi, dont on fait retour par courrier auxhabitants. La présence des élus est essentielle,car elle permet aux habitants de se sentirécoutés.

NE PAS MULTIPLIER LES INSTANCES DE DIALOGUE AVEC LES HABITANTS.A METZ BORNY, LE CONSEIL DES RESIDENTS S’EST NATURELLEMENTIMPOSE COMME UN PARTENAIRE FORCE DE PROPOSITION

La plus active des trois instances du comité dequartier – Conseil des Résidents, Conseil desJeunes et Conseil des Sages - est le Conseil desRésidents, qui se réunit plusieurs fois par mois,avec une vingtaine de participants réguliers. Ilorganise aussi des « réunions de proximité »,par sous-quartier, qui constituent une occasion,pour les habitants qui ne sont pas directementimpliqués dans le dispositif et pour qui celui-ci

est parfois difficile à appréhender, de dialogueravec des élus et des responsables de l’OPAC.

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Le Conseil des Jeunes et le Conseil de sagessont nés de la volonté de créer des instancesspécifiques pour représenter les jeunes et lesseniors, pour apporter une réponse à la prise encompte de ces publics spécifiques, qui peuventavoir une vision de la vie du quartier et dessouhaits particuliers.

Néanmoins ces deux instances fonctionnentaujourd’hui moins facilement que le Conseildes Résidents. Le Conseil des Jeunes, enparticulier, a rencontré des difficultés à sondémarrage, dû d’une part au déficit dereprésentativité de ses membres, mais aussi àune confusion sur leur rôle : il s’agit de faireremonter les souhaits des jeunes de Metz-Borny, et non pas de monter directement desprojets à destination des jeunes.

Le Conseil des Résidents est à l’origine deplusieurs initiatives sur le quartier. Cesinitiatives vont du règlement de problèmes trèslocaux (mise en place de barrières pourempêcher le stationnement anarchique dans unsecteur, élagage des arbres) à des actions pour

améliorer la vie sociale du quartier (c’est leConseil des Résidents qui a eu l’idée d’uneréunion conviviale de présentation auxhabitants des gardiens mis en place parl’OPAC) et jusqu’à des projets de plus vasteampleur comme la création de la Maison de laJustice et du Droit.

D’autre part, le Conseil des Résidents a étéporteur du projet des correspondants d’entréequi vont prochainement être mis en place dansles immeubles de l’OPAC : il s’agit deproposer un référent locataire dans chaquecage d’escalier, destiné à être un « palpeur » dela vie quotidienne et à jouer un rôle de relaisentre le bailleur et ses locataires, tant sur lesproblèmes techniques, d’entretien, que sur lesconflits de voisinage. Les correspondantsd’entrée sont en contact permanent avec lesgardiens, et ont une réunion trimestrielle avecle bailleur et un représentant du Conseil desRésidents. De plus, le bailleur pourras’appuyer sur le réseau des correspondantsd’entrée pour accompagner des micro-projetsd’intérêt collectif portés par les habitants.

AUTRE POINT CLE DE LA PARTICIPATION : L’IMPLICATION DU POLITIQUEAU PLUS HAUT NIVEAU, SON PRAGMATISME ET SA CONNAISSANCE DUTERRAIN

Une dynamique habitante déjà forte et un tissuassociatif riche préexistaient sur le quartier. Eneffet, avant la mise en place des commissions,le « Forum » regroupait les habitants investisdans la vie du quartier. Le dispositif mis enplace dans le cadre du GPV a donc pus’appuyer sur ces bases. Ainsi, la commission« Santé » du GPV par exemple s’est constituéeà partir du Comité Local de Promotion de laSanté de Metz-Borny, créé en 1982, et de laCommission santé du Forum regroupant lesprofessionnels de la santé sur le quartier ; elleen est « la suite naturelle ».

La démarche est d’abord née de l’impulsion del’Adjoint au Maire président du GPV, quiconnaît très bien le quartier de Borny et y esttrès attaché. L’objectif est que le projet urbainserve de support au projet social. Dans cetteintention ont été mis en place des postes degardien à l’OPAC, une régie propreté (appeléeà se transformer en régie de quartier), uneéquipe d’éducateurs de nuit. La participations’appuie aussi sur des micro-projets : ainsi, la

plantation d’arbres prévue dans le projet urbaina donné lieu à une pépinière pédagogique, danslaquelle sont engagées des classes de l’écoledu quartier : les services techniques de la Villesont venus dans l’école pour expliquer auxenfants les différentes essences qui allaient êtreplantés, le travail se fait en partenariat.

Ce dispositif fortement impulsé par le « haut »,né de la volonté des élus, fonctionne grâce àune adaptation constante aux contraintes duterrain et un aller-retour entre les habitants, lesservices de la Ville et du GPV et les élus.L’implication des services (notamment lachargée « politique de proximité », la directricedu GPV) permet d’assurer la transmission et dejouer un rôle de traduction des contraintestechniques ou financières auprès des habitants.Aujourd’hui, le dispositif est bien « calé » surBorny. La Ville prévoit de le développer surd’autres quartiers de Metz, notamment sur lequartier de Metz-Nord.

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UN GRAND PROJET POUR RETISSER LA SOLIDARITE URBAINE ENTREPARIS ET LES VILLES DE LA PREMIERE COURONNE

Le quartier Plaisance Porte de Vanves, situéaux confins sud-ouest du 14èmearrondissement, est un quartier composite, oùse juxtaposent du nord au sud plusieurs sous-ensembles urbains d’époques et demorphologies différentes.

Il est, par ailleurs, périmètré de manièreautoritaire, à l’ouest par les voies de chemin defer de la gare Montparnasse (un TGVAtlantique toutes les 7 minutes, plusieurslignes de banlieue, sans compter le trafic de lagare de marchandises) ; au sud par les deuxgrandes coupures de voirie parisienne que sont,d’une part, le boulevard Brune (boulevardextérieur, bien nommé !), d’autre part, au-delàdes anciennes barrières de Paris, par lepériphérique (flux de un million de véhiculespar jour).

Au nord et à l’est, le périmètre s’étend jusqu’àla rue d’Alésia et la rue Didot. Ce site, d’unesuperficie de 63 hectares, bénéficie de laprésence de plusieurs équipements, notammentdeux hôpitaux, un lycée, un centre sportif.

Au démarrage du Grand Projet deRenouvellement Urbain, différents projets sontà l’étude ou en cours : la couverture dupériphérique, le futur tramway des maréchauxqui passera boulevard Brune, la restructurationde l’hôpital Broussais, ainsi que laréhabilitation des immeubles en bordure dupériphérique par la SAGI (achevée aucommencement de la démarche).

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En décembre 2000, le quartier, qui n’avaitjamais fait l’objet de procédures de politiquede la ville, intègre les douze quartiers parisiensconcernés par le contrat de ville 2000-2006.Puis, en 2001, lors de la signature du grandprojet de renouvellement urbain, il estégalement inscrit comme quartier prioritaire.

Le renouvellement urbain de ces douzequartiers, majoritairement des quartiers situésen périphérie de Paris, vise à offrir auxhabitants un cadre de vie de qualité et àrenouer les solidarités urbaines entre lesquartiers parisiens et les communes riveraines,en agissant tant par des projets d’aménagementlourds et structurants tels que la couverture duboulevard périphérique, la prolongation dutramway, la requalification des boulevards demaréchaux, que par des projets de proximité,axés sur la qualité du cadre de vie quotidiendes habitants.

Le dispositif partenarial du grand projet derenouvellement urbain est adossé à celui ducontrat de ville, tout en comportant desinstances spécifiques pour la conduiteopérationnelle des actions de renouvellementurbain.

Le GPRU relève également d’un double niveaude pilotage : une coordination au niveauparisien, pour garantir la cohérence globale duprojet et la bonne implication de toutes lespolitiques sectorielles en faveur du projet, avecun pilotage réunissant les adjoints à lapolitique de la ville et à l’urbanisme et uncomité technique coordonné par le secrétariatgénéral ; un suivi local au niveau décentralisé,par territoire de projet, assuré par le groupe depilotage local du contrat de ville co-présidé parle maire d’arrondissement.

Le projet urbain du GPRU Plaisance Porte deVanves s’articule autour de quatre objectifs :créer un cœur de quartier et des pôlesd’animation, principalement sur les deuxsecteurs Porte de Vanves et Broussais,dynamiser le quartier par l’économie et lecommerce, améliorer le cadre de vie, etdesservir et désenclaver le quartier. Ilconstituera le volet urbain du projet deterritoire en cours de définition, qui comprendaussi les dimensions social, emploi etdéveloppement économique et gestion urbainede proximité.

A L’ORIGINE DE LA DEMARCHE DE PARTICIPATION : UNE VOLONTE DESELUS LOCAUX

La démarche d’implication des habitants sur lequartier de la Porte de Vanves est née de lavolonté des élus locaux d’associer les habitantsdès l’amont du projet de renouvellementurbain, dans la définition même desaménagements.

Cette démarche intervient dans un contexte où« tout le monde démarrait » : nouvelle équipemunicipale, chef de projet du contrat de villeremplacé fin 2002, équipe de développementlocal (contrat de ville) venant de se mettre enplace. Au-delà de la définition d’un projet leplus proche possible des attentes des habitants,l’objectif, pour la nouvelle municipalité, estaussi de recréer de la confiance avec les

habitants, dans un quartier où, malgré laprésence de plusieurs associations, notamment« l’association de protection de la vie socialedes habitants du quartier Didot », il n’existepas d’instance de concertation entre leshabitants et la Ville.

Pour ce faire, la Ville fait appel à un prestataireextérieur, Cité Services, pour associer leshabitants sur deux sujets : le GPRU d’une part,et la couverture du boulevard périphériqued’autre part.

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SUR LA COUVERTURE DU PERIPHERIQUE : UN ATELIER « CARTES SURTABLE » QUI PERMET L’ETABLISSEMENT D’UN CONSENSUS DANS DESDELAIS RESSERRES

Sur la couverture du périphérique, la démarchede concertation officielle est déjà programméequand le prestataire commence sonintervention : une réunion publique doit avoirlieu en octobre 2001, avec une expositionpublique dans les mairies riverainesconcernées sur le mois de novembre et unerestitution prévue en décembre. Cité Servicesdoit donc intervenir dans un délai très serrépour insérer son action entre ces deuxéchéances.

Cette intervention s’est déroulée sous la formed’ateliers « cartes sur table », pour savoir ceque les habitants souhaitent voir réaliser au-dessus de la couverture du périphérique. Leshabitants sont invités à ces réunions par destracts et des courriers distribués dans les boîtesà lettres, et une invitation orale est réitérée lorsde la première réunion publique prévue par laconcertation officielle. Environ 80 personnessont présentes le soir du premier atelier, ainsique des élus, et des techniciens ; à noter quedes élus des Villes voisines de Malakoff etVanves étaient eux aussi présents. Le principeadopté est celui de la « page blanche » : parpetits groupes, les participants discutent ettravaillent sur plan pour proposer des scénariid’aménagement des 300 mètres que représentela couverture du périphérique sur le quartier.

La restitution de ces ateliers a lieu au coursd’une réunion publique en décembre 2001, àlaquelle vont participer plus de 90 personnes.La restitution se veut la plus transparentepossible : on expose ce qui a été proposé lorsdes ateliers, on explique les contraintes defaisabilité, puis on présente ce qui a été retenu.

Pour ce faire, Cité Services présente d’abordles cinq scénarii élaborés par les habitants,dont beaucoup comportent des éléments faisantconsensus, notamment le principe d’un jardin.La Direction de la Voirie et des Déplacementscommente ces scénarii au fur et à mesure, enexpliquant les contraintes techniques liées auxpropositions. Puis, c’est le chef de projeturbain de la Ville qui présente la séquenceurbaine élaborée par Cité Services sur la basedes propositions des ateliers. La réaction deshabitants participant à cette restitution est trèspositive, un consensus général sur le projetproposé s’exprime instantanément.

Le relais est ensuite passé aux services de laVille : définition des éléments techniquesdécoulant de la proposition pour l’ingénieriepar la Direction de la Voirie, élaboration d’unemaquette du projet par la Direction des Parcs etJardins pour la validation finale des élus qui aeu lieu en avril 2002.

SUR LE GPRU, UNE DEMARCHE PARTICIPATIVE EN TROIS CERCLES : LESSERVICES DE LA VILLE, LES INSTITUTIONNELS ET LES ASSOCIATIONS, LESHABITANTS

Le travail à l’échelle du GPRU commenceaprès la restitution sur la couverture dupériphérique, à partir de janvier 2002. Sur ceprojet, Cité Services a développé unedémarche globale impliquant l’ensemble desacteurs : les habitants, mais aussi les servicesde la Ville et d’autres partenaires tels que lesbailleurs, la SNCF…

Dans un premier temps, des tables rondesréunissant exclusivement les services de laVille impliqués – ce qui représentait unecinquantaine de participants – permettentd’établir un inventaire des besoins et descontraintes de tous les services, un bilan deleurs projets et de leur stratégie. Ces tables

rondes sont aussi l’occasion de créer undialogue entre les différents servicesimpliqués, pour les faire travailler ensemblesur un projet partagé. Cette étape était unpréalable à la discussion avec les autrespartenaires.

Puis, au mois de février, une deuxième série detables rondes a lieu, avec les « institutionnels »(bailleurs, hôpitaux, SNCF, RATP, lycée,concessionnaire du marché aux puces, EDF…)puis avec les associations.

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Lors de ces tables rondes, le travail estdécoupé non pas selon les métiers, mais defaçon territoriale (partie nord / partie sud), afinde permettre le dialogue le plus large possible.De fait, le sentiment exprimé par plusieursparticipants à l’issue de ces tables rondes estune satisfaction de pouvoir échanger sur unprojet global : « on ne s’était jamais parlé souscette forme-là ».

Grâce à ces tables rondes, le prestataire dégageles enjeux principaux du projet derenouvellement urbain sur ce quartier, etprépare les ateliers publics qui démarrent enavril 2002. Ces ateliers publics se déroulent entrois étapes : une réunion le vendredi soir pourdébattre des atouts et problèmes du quartier,une « marche exploratoire » le samedi matin,et un atelier « cartes sur table » le samediaprès-midi. Le principe est le même que pourles ateliers sur la couverture du périphérique :un travail en petits groupes, associant élus,techniciens et habitants, pour proposer desscénarii d’aménagement du quartier.

Ainsi, les ateliers permettent de lister lesdemandes des habitants, en distinguant deuxtypes d’attentes : d’une part les orientationsgénérales d’aménagement, relevant du projeturbain, et d’autre part tous les « petitspoisons », c’est-à-dire pour l’essentiel desmicro-aménagements à réaliser ou desmodalités de gestion à améliorer, qui euxrelèvent d’une démarche de gestion urbaine deproximité – qui est déjà prévue à l’époque deces ateliers, et dont la pertinence se trouvedonc confirmée.

La liste des attentes des habitants expriméeslors des ateliers est parallèlement complétéepar trois enquêtes. D’abord une premièreenquête sous forme d’entretiens individuelsauprès des locataires SAGI effectuée parl’équipe de développement local (Contrat deVille). Ensuite, un travail spécifique avec lelycée Villon afin d’entendre aussi la parole desjeunes sur ce quartier : ce sont les étudiants duBTS qui ont effectué l’enquête auprès desélèves du lycée ; ils sont allés jusqu’à réaliserun petit film présentant les résultats del’enquête. Enfin, une enquête auprès descommerçants.

Les propositions découlant des ateliers et desenquêtes sont présentés lors d’une premièreréunion de restitution en juin. Cette réunion estaussi l’occasion de faire le point surl’avancement du projet de couverture dupériphérique, afin de tenir les habitants aucourant, pour qu’ils aient des informations surle projet même après la dernière réunion derestitution (qui a eu lieu six mois auparavant).

Puis de septembre à novembre 2002, toutes lesorientations proposées par les habitants sontétudiées avec les services de la Ville lors degroupes de réflexion thématiques, afind’examiner leur faisabilité.

C’est au terme de ce processus que leprestataire a pu proposer une programmationgénérale opérationnelle du projet. Sontmaintenant prévues, pour la définition plusprécise de chaque élément du projet, desconsultations par « micro-secteur » au cours del’année 2003.

COMMENT GAGNER LA CONFIANCE DLES HABITANTS ? UNECONSTRUCTION PROGRESSIVE DU DIALOGUE, EN DONNANT DU TEMPS ACHACUN POUR « VIDER SON SAC » SURTOUT SI LE DIALOGUE S’ETABLITPOUR LA PREMIERE FOIS OU EN CAS DE CONTENTIEUX

Sur ce quartier où l’habitude de la concertationn’était pas développée, la première questionqui s’est posée a été celle de l’information deshabitants sur la démarche : les moyensnécessaires avaient probablement été sous-estimés au démarrage du projet. La diffusionde l’information s’est faite « avec les moyensdu bord » : tracts, courriers, affichage,utilisation des panneaux lumineux de la

Ville… Puis, au fur et à mesure des réunions,un fichier a été progressivement constitué (àchaque réunion, les participants étaient invitésà communiquer leur nom et leur adresse), cequi permettait d’envoyer des invitationspersonnalisées pour les réunions suivantes.

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Le lieu choisi pour les réunions est égalementimportant. En effet, les participants ne sont pasles mêmes selon que la réunion se déroule à lamairie d’arrondissement (qui donne un aspect« solennel » et peut « intimider » certainshabitants) ou dans le gymnase du quartier, oùles habitants les moins investis ont moinsd’hésitation à venir.

Néanmoins, l’implication des porteurs deprojet (la chargée de mission de la mairied’arrondissement et la chef de projet urbain dela mairie centrale) a permis de réunir unecinquantaine de personnes dès la premièreréunion. Parmi ceux-là, un noyau s’estconstitué qui est resté présent tout au long de ladémarche.

La confiance avec les habitants se construitdans le temps. Les premières réunions ont étél’occasion pour certains habitants de « viderleur sac » et faire part à la ville et aux acteursdes problèmes dont ils avaient besoin deparler ; une attitude plus constructive ne peutse faire que dans un deuxième temps. La miseen confiance a aussi été facilitée par latransparence : à chaque réunion, on rappelle ladémarche, on fait le point sur ce qui a étédécidé, ce qui permet aux participants deconstater que leur parole a été prise en compte.

Aujourd’hui, un relais est à trouver dans lesconseils de quartier qui ont été créés en mars2003, et associés depuis à la démarche sur leGPRU.

COMMENT CONVAINCRE DES PARTENAIRES SCEPTIQUES ? UN TRAVAILPAR LA DEMONSTRATION

Au début du projet, un certain nombred’acteurs étaient sceptiques sur la démarche departicipation. En particulier, le principe de la« feuille blanche » inquiétait certains. Leurcrainte principale était qu’on « surestime » leshabitants en les plaçant en position deprofessionnels.

L’adhésion de ces acteurs au projet s’est faiteprogressivement, par la démonstration desapports de la démarche : la première étape dedéfinition du projet sur la couverture dupériphérique a apporté la preuve quel’approche participative proposée fonctionnaitet donnait des résultats intéressants,exploitables par les techniciens. De plus, leprestataire et les porteurs de projet ont insistésur le fait que « chacun reste à sa place » : leshabitants ne sont pas les décideurs ni lesmaîtres d’œuvre ; le travail de Cité Servicesconsiste à retraduire leurs attentes pour que lesservices puissent les prendre en compte.

Le principal changement obtenu par ladémarche s’observe dans les pratiques desacteurs. D’abord en interne, en particulier ausein de la Ville, les différents services ontappris à travailler en transversal autour d’unprojet, de façon coordonnée ; le projet les afédérés dans un processus global.

Mais aussi entre les différents partenaires : ladémarche a permis d’enclencher unedynamique et d’améliorer la connaissance et ledialogue entre les différents acteurs.L’intégration d’un « tiers habitant » a eu poureffet de stimuler les échanges techniques entreles opérateurs.

La deuxième évolution majeure est cettedémonstration qu’il est possible que leshabitants participent à la définition d’un projeturbain, que la participation peut être utile dèsl’amont du projet. Le travail avec les conseilsde quartier nouvellement créés devraitpermettre de pérenniser cet état d’esprit.

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En visite chez le photographe J. Chaume, une cinquantaine d’habitants se mettent en scène au futur. Projet culturel« Hier, aujourd’hui, demain »

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A POITIERS, UN PROJET DE DECONSTRUCTION RECONSTRUCTION FAIT LEPARI D’UNE ACTION CULTURELLE DE HAUT NIVEAU AVEC LES HABITANTS

Installée sur un promontoire rocheux dominantle Seuil du Poitou, entre les rivières de laBoivre et du Clain, Poitiers s’est affirmée au fildes siècles comme la capitale régionale duPoitou-Charentes. Son histoire a marquél'imaginaire collectif qui associe Poitiers àl’édification du royaume de France, à la lignéedes Comtes du Poitou, des Ducs d'Aquitaine,ou, sur un autre registre, à Guillaume LeTroubadour, poète médiéval, inventeur del'amour courtois…

Ville d’art et d’histoire depuis 1986, cettecapitale de région également chef-lieu dudépartement de la Vienne, compte 83 448habitants et environ 120 000 habitants àl’échelle de l’agglomération. C’est à ce titrequ’on la désigne parfois comme "la plus petitedes grandes villes" de France. Caractérisée parla jeunesse de sa population (environ unhabitant sur trois a moins de trente ans) et parla densité du nombre d'étudiants (près d'unpoitevin sur quatre), Poitiers est dotée de tousles équipements et services des métropolesrégionales. A mi-chemin sur l’axe Paris-Bordeaux, la ville est à moins d’une quinzainede kilomètre du Futuroscope.

Poitiers s’est développée selon un tracé devoies en damier dont on retrouve la trace dansle centre de la cité. Suite aux invasions, elles'est entourée d'enceintes et a connu de grandstravaux d'urbanisme aux 18ème et 19ème siècles(aménagement des grands boulevards, du parcde Blossac, voies haussmanniennes...). Al’exception des proches faubourgs, tel Saint-Cyprien - qui fera un jour partie du quartier desTrois Cités - ce n'est qu'après la seconde guerremondiale que la ville s'est véritablementétendue hors les murs pour franchir lesfrontières naturelles des rivières.

A cette époque, Poitiers doit faire face à unecrise du logement suraiguë liée auxdestructions de la guerre mais également àl’augmentation de la population (11 000habitants de plus entre 1931 et 1954) et à lavétusté du parc qui compte près de 15 000logements insalubres. La municipalité lancealors plusieurs programmes sur les terrainsencore libres de l’autre coté des rivières,

notamment au sud, sur les Trois Cités à chevalsur la commune de Saint Benoît. De 1950 à1960, on construit dans l’urgence deslogements collectifs, la composition se faisantde manière empirique, en fonction desacquisitions foncières et le plan de constructiontenant lieu de schéma d’urbanisme.

Avec près de 2120 logements HLM et plus de820 familles9, le quartier des Trois Citésconstitue l’un des plus grands ensemblesd’habitat social de la région Poitou-Charentes.Du centre ville, on y accède en une quinzainede minutes de voiture, en franchissant le Clainet en longeant la promenade des Cours.Comme son nom le suggère, il est composé detrois sous-ensembles : le Clos Gaultier àl’ouest, à l’est Saint-Cyprien et au sud lesSables. Un important centre commercial et deséquipements font la jonction entre les troissecteurs. Une partie du quartier se trouve sur lacommune de Saint Benoît, en limited’urbanisation, la campagne s’étend au sudderrière les immeubles.

Dès le début des années 80, le quartier estengagé dans les dispositifs politique de la ville(DSQ, Banlieues 89…) qui lui permettent de sedoter d’équipements et de services ayantvocation à rayonner au-delà du secteur (centresocioculturel, conservatoire national régional,équipements sportifs…). Il bénéficie parailleurs d’un tissu associatif très riche, dont estissu un grand nombre d’élus. Enfin, les troisCités sera classé pendant 6 ans en ZoneUrbaine Sensible.

Les acquis de ces actions ne suffisent pourtantpas à rompre la mono fonctionnalité duquartier, sa spécialisation sociale et à créer dessynergies avec le reste de la ville. Ce constat –tout le monde regrette d’être sorti de la ZUS -va motiver l’engagement d’une opération derestructuration urbaine.

9 Source CAF

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LA PIQUETTERIE : UNE OPERATION DE RESTRUCTURATION URBAINE QUIDOIT TRANSFORMER LE « FOND » DU QUARTIER DES TROIS CITES…

Les populations les plus précarisées de la villese trouvent sur le quartier des Trois Cités oùprès de la moitié des familles vivent en dessousdu seuil de pauvreté10, plus de 40% desménages bénéficient des minima sociaux etune famille sur deux est monoparentale. Parailleurs, les immeubles ne répondent plus auxnormes actuelles de confort et d’habitabilité.Les deux bailleurs présents sur le site(l’OPARC et la SIP) éprouvent des difficultésà relouer les appartements vacants et n’arriventà le faire qu’en abandonnant tout objectif dediversité sociale.

La réflexion sur le devenir du quartiers’engage à la fin des années 90, à l’initiative dul’OPARC. Ce bailleur possède quatreimmeubles au Clos Gaultier qui souffrent dehandicaps structurels lourds (mauvaiseisolation phonique, système de chauffagevétuste…). Situés en limite de quartier, cesbâtiments désignés par les habitants comme« le fond de la Cité », sont l’objet d’unévitement par les locataires. Leur rénovations’avère très coûteuse, pour des résultatsincertains. Ces arguments vont motiver lechoix de les démolir.

Des opérations de démolition-reconstructionont déjà été réalisées par l’OPARC sur lequartier avec le soutien de la ville : démolitionde la cité d’urgence de Saint Cyprien etengagement de la démolition de 100 logementsde type LOPOFA sur le quartier Bel Air. Cesopérations ont permis de tirer des premiersenseignements sur la conduite de ce typed’opération. Elles ont illustré la nécessitéd’organiser un partenariat de projet entrebailleur et ville, permettant notammentd’intégrer le plan de patrimoine du bailleurdans un projet urbain plus global à même derépondre aux enjeux d’évolution du quartier.Sollicitée dès les prémisses de la réflexion, laville s’est associée à cette démarche eninscrivant cette opération de démolition-reconstruction dans un projet derenouvellement urbain qui prenne en comptel’ensemble des besoins du quartier.

10 Source CAF 2001 : 422 ménages sur 820 ayant des revenusmensuels inférieurs à 457 euros [(rev.mensuel + prest. fam.)/nb.de part]

Dans la mise en œuvre d’un partenariat pourdéfinir et conduire ce projet urbain, lesrelations entre les acteurs sont largementstructurées par des relations interpersonnelles.Jean-Luc Gaboreau, par exemple,administrateur de l’OPARC et adjoint à lasolidarité à la Ville jouera un rôle déterminantdans les liens qui se mettent en place dèsl’origine du projet entre l’OPARC, la ville etles acteurs locaux du quartier organisés enréseau.

L’opération de restructuration urbaine multisite est signée en février 2002 entre l’Etat, laCommunauté d’Agglomération de Poitiers, laville de Poitiers, la ville de Saint Benoît, laCaisse des Dépôts et Consignations et les troisbailleurs présents sur les sites, l’OPARC,l’OPAC86 et la SIP.

Dans le cadre de cette ORU, le projet des TroisCités, devient l’opération de La Piquetterie qui,outre la démolition des 140 logements desquatre immeubles du Clos Gaultier, prévoit ladémolition-reconstruction d’un foyer depersonnes âgées de 72 logements, le « Bonrepos », propriété de l’OPARC géré par la villeet devenu obsolète, la démolition d’unbâtiment occupé par les syndicats, ladémolition d’un bâtiment adjacent au groupescolaire Tony Lainé anciennement utilisé pourle logement des instituteurs et la relocalisationde locaux occupés par deux associations(CAPEE et POURQUOI PAS).

Au total, le projet prévoit la destruction de 155logements collectifs et la construction de 136logements dans la cadre d’un programmediversifié (individuel, semi collectif enaccession et locatif). Ces reconstructions etrelocalisations sont prévues sur les sites libéréspar les démolitions et sur certainesdisponibilités foncières adjacentes - soit 4 îlotsd’intervention qui intègrent la requalificationdes espaces publics et de la voirie interne duquartier et la réhabilitation des immeublesconservés.

Les finalités de l’opération sont double :amener une population nouvelle sur le quartieren terme de mixité sociale et offrir un avenirdans le quartier aux populations actuelles.

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SOUS L’IMPULSION D’UNE ASSOCIATION DE QUARTIER , LE PROJETURBAIN VA S’APPUYER SUR UN PROJET CULTUREL « HIER, AUJOURD’HUI,DEMAIN »

En 1996, le conseil municipal de Poitiers aadopté une charte de la citoyenneté qui prévoitque dans chaque projet d’aménagement, laparole des habitants soit systématiquementrecherchée pour aboutir à ‘‘une co-productiondes projets et donc à une ville où les habitantsauront plaisir à vivre’’. Le contrat de villeprécise que cette participation peut recouvrirplusieurs formes, information, consultationmais également la contribution à des actionsqui permettent de favoriser la participation deceux qui sont en dehors de la sphèreassociative ou de groupes constitués.L’opération engagée sur le secteur de laPiquetterie va constituer une illustrationtangible de la mise en œuvre de ces principesdans une opération de démolition-reconstruction.

Les habitants et les acteurs locaux sontofficiellement informés des objectifs del’opération de démolition-reconstruction à lafin de l’année 1999 lors d’une réunionpublique organisée avec l’OPARC et les élusde la Ville de Poitiers. Pour certains deshabitants, c’est quarante années de vie dans cesimmeubles qui s’achèvent avec l’annonce deleur relogement, et une projection parfoisdifficile dans un nouveau lieu de vie.

L’association « POURQUOI PAS », structured’insertion et de solidarité implantée sur lequartier des Trois Cités, compte un certainnombre d’adhérents qui se tournent vers elle,désemparés. L’association a en mémoire ladémolition de la cité d’urgence sur le quartierSain t Cypr ien : l ’accompagnement‘‘technique’’ des occupants avait étésatisfaisant mais rien n’avait été prévu pourprendre en compte le ressenti des personnes.Confrontée aux inquiétudes que ce projetsuscite auprès des habitants, elle souhaite quecette fois-ci, les choses se passentdifféremment, qu’on ne laisse pas les genspartir dans l’oubli et dans l’indifférence.

« POURQUOI PAS » a été fondée en 1986 pardes femmes du quartier des Trois Cités. Ancréedans le quartier, l’association compte troispermanents, dix-sept salariés en insertion etenviron 300 familles adhérentes. Elle gère unerégie de services (restaurant d’insertion,service déménagement, dépôt-vente devêtements, service repassage et laverie) etpropose de multiples services aux habitants telsqu’un atelier coiffure, la mise à dispositiond’une grande salle pour les anniversaires et lesmariages…

Pour l’association, le travail d’insertion doitégalement porter sur l’exclusion culturelle.L’expérience de l’écriture et de la pratiquethéâtrale est présente dans l’association. Cette‘’tradition’’ s’appui sur le constat de ladifficulté à s’exprimer que connaissentbeaucoup de personnes en difficulté. C’estl’une des premières barrières sociales et à cetitre, l’écriture et la pratique théâtrale sont desoutils précieux. Forte de cette conviction, ladirectrice de l’association souhaite réaliseravec les habitants un travail artistique quipermette aux personnes de faire le deuil decette tranche de vie qui s’achève, de se sentirvaloriser et de pouvoir « positiver » cesbouleversements qui s’imposent soudainementà eux.

L’association va donc construire un parcoursculturel et artistique qui va s’articuler avec lesdifférentes phases du projet urbain, del’annonce des démolitions à la démolitioneffective des bâtiments. Le projet « Hier,Aujourd’hui, Demain » se construit comme uncheminement, sur plus de trois ans, qui partd’un travail de mémoire pour aller vers uneprojection positive du devenir de ce quartier etde ses habitants actuels et futurs.

Il va bénéficier d’un portage politique très fortpar la ville de Poitiers et va pouvoir s’appuyersur un partenariat financier important : ville dePoitiers, DRAC, CAF, OPARC, FASILD,CDC, Conseil Régional, FIV et DDTEFP.

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« LES 40 MARCHES » : UN TRAVAIL SUR LA MEMOIRE QUI CREE LESCONDITIONS D’UNE RESILIENCE SOCIALE

Pour les habitants du quartier, avec ladestruction des immeubles, c’est d’abord unetranche de vie qui s’en va. De 1999 à 2001 sedéroule la première phase du parcours sur lethème : « Hier, je ne voudrais surtout pasqu’on oublie ». Avec l’appui d’artistesintervenants, les habitants vont faire un travailde mémoire sur leur quartier.

Le projet propose plusieurs ‘’portes d’entrée’’ :des ateliers de graphisme, des ateliersd’écriture et de théâtre ainsi que la réalisationde vidéos. Pour animer ces ateliers,« POURQUOI PAS ? » a fait appel à desprofessionnels qui ont une forte exigenceartistique et sont également en capacité detravailler avec des groupes d’habitants endifficulté sociale : Jean-Philippe Iboos,écrivain-dramaturge qui est accueilli enrésidence sur le quartier, Frédérique Lantelme,metteur en scène, les acteur de la « Cliqued’Arsène », Carole Lataste, graphiste et unphotographe, Julien Chaume. Pour chacund’entre eux, la commande est double. Il s’agitde travailler avec les habitants dans le cadred’une production artistique collective maiségalement de présenter une créationpersonnelle pour qu’il y ait une confrontationdes regards posés par les uns et les autres sur lequartier.

Les habitants collectent des témoignages,peaufinent des textes, répètent… Des veilléeset des lectures sont organisées dans lesdifférents lieux de vie du quartier et au sein dela ‘’Bibliothèque de la mémoire’’, appartementmis à disposition par l’OPARC dans l’un desimmeubles à démolir. L’aboutissement de cetravail est la réalisation d’une vidéo « Le petitécran de ma rue » avec « Local/ CarréImages » et un spectacle présenté au centresocioculturel du quartier, « Les 40 marches ».

Dans ce spectacle, les habitants évoquent leurssouvenirs, la pose de la première pierre surlaquelle - il y a plus de 40 ans - l’un deslocataires avait gravé son nom, ou les quarantemarches que Monique, autre habitante quiparticipe aux ateliers, compte tous les jourspour rentrer chez elle… C’est toutes ces petiteshabitudes du quotidien et ces souvenirs qui

vont s’effacer avec la démolition prochaine desbâtiments… Les ateliers et les spectaclesoffrent un espace pour exprimer et partagercette mémoire.

De leur côté, les acteurs se mobilisent pourparticiper à la définition du projet urbain. Ils’agit plus précisément du comité de quartier,des agents de développement de quartier de laCAF, du centre socioculturel du quartier desTrois Cités. Ces acteurs constituent le noyaudur de la coordination des acteurs locaux duquartier (puis du COSP11) et ils vont êtremoteur de la participation dans le cadre del’opération de La Piquetterie. Durant les troisannées qui vont permettre d’aboutir à un projetfinalisé, ils vont faire l’interface entrel’OPARC, la Ville et les habitants.

11 Comité Opérationnel du Site Prioritaire : instance deconsultation et de participation créée en février 2002 dans tousles sites en Contrat de Ville. Sur le quartier des Trois cités, leCOSP prend le relais de la coordination des acteurs locaux, avecles même acteurs.

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« SUIVEZ LE GUIDE » : LES HABITANTS FONT VISITER LEUR QUARTIER ETSES IMMEUBLES A TRAVERS UN SPECTACLE ITINERANT

En 2001, le parcours culturel se poursuit avecun nouveau leitmotiv : « Aujourd’hui, prenezla parole avant qu’on ne vous la prenne ».

Le travail d’écriture et de théâtre continue surun thème qui propose une plongée dans la vied’un immeuble, entre fiction et réalité. « Suivezle guide » est un spectacle itinérant durantlequel, les habitants qui participent aux ateliersentraînent les spectateurs dans la visite d’undes immeubles qui doit être démolis. Cettevisite se fait sous la conduite d’un véritableguide–conférencier de l’office du tourisme dePotiers, qui joue son propre rôle et fait visiterl’immeuble comme un élément de patrimoine.

La direction des affaires culturelles de la Villeet l’Office du tourisme se sont en effet intégrésau projet culturel. Considérant que lepatrimoine concerne l’ensemble de l’histoireurbaine de Poitiers, y compris ses quartiersconstruits dans l’après-guerre et leur évolutionau travers d’opérations telle que celle de laPiquetterie, ils organisent des visites-conférences dans le quartier et dans les écoles,qui expliquent l’histoire de ces bâtiments.

Dans le spectacle, la guide-conférencière faitdonc visiter à des groupes d’une vingtaine despectateurs, l’immeuble encore habité. Dansles appartements des habitants-comédiensjouent des scènes du quotidien qui se croisentavec l’histoire de ce bâtiment et du quartier desTrois Cités. Les surprises sont également aurendez-vous avec par exemple, un locataire quise trouve bien malgré lui intégré au spectacle,des violoncellistes qui jouent de la musique dechambre dans les appartements ...

Outre les artistes intervenants, un partenariats’est mis en place avec le ConservatoireNationale de Région qui a une antenne sur lequartier. Il permet de constituer des groupes

d’acteurs qui mixent habitants et élèves dessections théâtre et violoncelle du conservatoire.Par ailleurs, durant cette période, lephotographe Julien Chaume ouvre un studiodans un autre appartement de l’OPARC. Ilamène une nouvelle dimension au projetculturel, en réalisant avec les habitantsplusieurs séries de photographies (« M adernière image » et « fenêtre sur cour ») ainsiqu’un reportage en coulisse du spectacle. LaGalerie, lieu d’exposition et de rencontres’ouvre au sein du centre commercial etaccueillent les habitants et les visiteurs àl’occasion de lectures publiques, d’expositionset de débats.

Dans le même temps, la coordination desacteurs locaux s’organise pour associer leshabitants à la réflexion sur le projet urbain.Lorsque l’esquisse du nouveau schémad’organisation du quartier est présentée par laVille en réunion publique, ils demandent undélai de réflexion afin de consulter leshabitants : les documents de travail desurbanistes sont ‘‘décryptés’’ et traduis dans unlangage accessible aux non-initiés, desréunions sont organisés dans les hallsd’immeubles, sur le marché et dans la Galeriepour expliquer le projet et recueillir les pointsde vues des habitants.

Une synthèse est faite de l’ensemble despropositions et va aboutir à un projet alternatifsoumis à la Ville en janvier 2001. L’esquisseinitiale est remaniée pour intégrer lesrecommandations issues de la concertation,avec des modifications considérables. A titred’exemple, des logements en PLAI ont étéajoutés dans le programme de reconstructionpour permettre le retour des habitants relogésqui souhaiteraient s’installer dans les nouveauximmeubles...

« AILLEURS» : UNE PROJECTION POSITIVE DANS L’APRES …

De 2002 à 2004, les relogements s’achèvent etla déconstruction des bâtiments est en cours.Dans la dernière phase de ce parcours, lesparticipants se tournent vers l’avenir. C’est

« Demain, allons voir ailleurs si leslendemains y chantent comme ici ».

Un dernier spectacle se prépare sous lechapiteau d’un cirque, au milieu du parc du

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Triangle d’Or. Cette fois-ci, les habitants-acteurs se confrontent aux difficultés del’interprétation d’un texte de théâtre. Lespectacle « Ailleurs, voyage dans le grandmonde sur un petit vélo rouge » est inspiré del’univers d’Henri Michaux, une porte s’ouvresur l’imaginaire, le rêve et la poésie.

Entre les habitants et le photographe, laconfiance s’est construite au fil des mois, augré des rencontres, des cafés partagés. : unjeune couple se fait photographier sur unparterre de pétales rouges, deux voisinesenfourchent leurs vélos pour une promenade àtravers les champs… Ces photos sont remisesaux habitants qui les emmènent avec eux dansleur nouveau logement. On s’interroge sur ledevenir du quartier : les débats continuent à laGalerie et un échange est organisé avec leshabitants du quartier Malakoff à Nantes, euxaussi concernés par une opération derenouvellement urbain , on évoque l’accueildes nouveaux habitants des immeubles quiseront reconstruits…

Au cours de ces trois années, « Hier,Aujourd’hui, Demain… » mobilise environ 180personnes qui participent activement auxdivers ateliers, avec un noyau dur d’unequinzaine d’habitants. A travers les spectacles,expositions, débats qui attirent un publicbeaucoup plus large, c’est 2500 entrées quisont comptabilisées sur l’ensemble desmanifestations. Au delà des habitants duquartier, une large communication sur cesévènements via la presse locale et la télévisionrégionale permet de toucher un grand nombred’habitants de Poitiers et de l’agglomération.Le parcours se termine d’ailleurs, à laMédiathèque François Mitterrand dans lecentre ville de Poitiers où sont exposéesl’ensemble des photographies réalisées parJulien Chaume avec les habitants du quartier.

Le parcours culturel relayé par les médiaslocaux contribue à faire connaître et à changerl’image du quartier des Trois Cités. Pour leshabitants relogés, cette ‘’carte de visite’’facilite l’installation dans un nouveaulogement et la confrontation à un nouvelenvironnement, à un nouveau voisinage. Pourcertains locataires qui se sont investis dans ladurée, c’est un véritable tremplin qui leurpermet de positiver le changement.

Outre le projet culturel, il faut souligner lecaractère exemplaire du relogement réalisé parl’OPARC. La satisfaction des locataires a étéérigée en priorité et le relogement de chacunedes 92 familles concernées a fait l’objet d’unerecherche personnalisée, au plus près de leurspréoccupations. Un travail au cas par cas a étéréalisé pour intégrer l’ensemble des paramètresqui pouvaient influer sur le choix dulogement (réseau familial, perspectivesd’avenir, freins psychologiques…), monter lesdossiers de financements (FSL, CAF,Locapass..), adapter aux souhaits des famillesl’aménagement des logements proposés. Cetravail d’artisan a nécessité une grande écouteet une très forte implication de la personne encharge du relogement au sein de l’OPARC.

Pour rassurer les familles, elle organise desrencontres avec des locataires relogés lors desprécédentes opérations de Bel Air et SaintCyprien et va jusqu’à prendre contact avec lesfuturs voisins des familles relogées pouranticiper sur les réactions de méfiance duvoisinage. Elle prévoit également de revoir lesfamilles dans les trois à six mois qui suiventleur relogement pour faire le point et s’assurerqu’elles s’adaptent bien à ce nouvelenvironnement.

Projet culturel, concertation sur le projet urbainet relogement sont trois démarches conduitesen parallèle, avec des effets de synergie quipermettent d’offrir des perspectives auxhabitants, dans le quartier des Trois Cités, dansd’autres quartiers de l’agglomération maiségalement pour ceux qui souhaiteraient yrevenir, dans les nouveaux programmes deconstruction de la Piquetterie où suite à laconsultation, des PLAI sont programmés à ceteffet.

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AU SUD DE VALENCIENNES, LE FAUBOURG DE CAMBRAI : ENTREE OUSORTIE DE VILLE ? HABITANTS ET ELUS S’INTERROGENT SUR LE DEVENIRDE CE PETIT QUARTIER…

Au sud de Valenciennes, Faubourg de Cambraijouxte les communes de Marly et de Trith.Principale entrée de la ville, il s’est construitdans les années cinquante, à flanc de coteau,entre la voie de ferrée Valenciennes-Paris (àl’ouest) et le plateau de la Briquette dont il estséparé par une voie rapide (l’avenuePompidou) qu’un petit pont permet de franchir.Physiquement proche du centre–ville (à moinsde 2 km) et d’espaces de loisirs tels que lesberges de l’Escaut et l’étang du Vignole, c’estun quartier enclavé, qui a cependant soncaractère propre et auquel les habitants sontattachés.

Faubourg de Cambrai compte 829 habitants et316 logements, soit quatre barres de cinq et sixétages situées sur le haut du quartier, du côtéde l’avenue Pompidou et 178 petits pavillons

en brique situés sur la partie basse du quartier.A l’interface de ces deux secteurs se trouve lestrois équipements du quartier : l’écolematernelle, la ludothèque et le centre social.

Les habitations ont été construites parPartenord Habitat en 1953, sur des terrainsdisponibles après avoir servis de terraind’aviation pendant la première et la secondeguerre mondiale. Dans ces logements se sontinstallés les ouvriers des usines avoisinantes(Usinor, briquetteries, filatures…), desmilitaires des deux casernes de Valenciennes,des fonctionnaires, des rapatriés d’Algérie etles vagues d’émigration polonaise, italiennes,algériennes… Une partie des maisonsindividuelles ont été vendues aux locataires etPartenord Habitat gère aujourd’hui 192logements sociaux.Construits dans l’urgence et selon les normesde confort de l’époque, les appartements dans

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les collectifs posent des problèmes de vétustéet d’obsolescence (exiguïté, ‘‘papiers decigarettes en guise de murs’’, insonorisation,chauffage, infiltrations… ). Dès 1995, leshabitants de ces immeubles se sont mobilisésavec l’appui du comité de défense deslocataires et du comité de quartier, pour signerune pétition et demander à la Ville et aubailleur leur réhabilitation, voire leurdémolition en arguant du fait que laréhabilitation ne ferait qu’ajourner lesproblèmes.

En 1997, avec l’annonce du projet de tramway(Transvilles) qui doit passer sur la Briquette, àproximité immédiate du quartier, les habitantsdemandent via le comité de quartier qu’uneréflexion globale sur la restructuration duquartier puisse être engagée.

Faubourg de Cambrai fait partie des territoiresprioritaires de la politique de la ville (14), lasignature en 2001 du GPV du Valenciennoisva offrir le cadre partenarial et financiernécessaire à la conduite de ce projet.

AVEC L’ENGAGEMENT DU GPV, LA VOLONTE D’ASSOCIER LES HABITANTSA LA DEFINITION DU PROJET DE REAMENAGEMENT DU QUARTIER VIA UNATELIER DE TRAVAIL URBAIN

Dans le cadre du GPV, la décision deréhabiliter Faubourg de Cambrai a été validéepar l’ensemble des partenaires 12, avec uneintervention lourde sur le haut du quartier(sous forme de ZAC) mais également desactions sur sa partie basse.

Demandée par les habitants, la démolition desquatre barres de logements collectifs est renduepossible par la présence d’un vaste de terrainqui jouxte les bâtiments. Il permet d’envisagerla construction de nouveaux logements pourreloger les 148 familles qui habitent lesimmeubles, sans avoir à réaliser d’opération -tiroir. A terme, la construction d’environ 230logements est prévue dans le cadre d’unprogramme diversifié (petits collectifs,maisons individuelles et/ ou en bandes, enlocatif social et en accession).

L’adaptation des équipements publics estégalement nécessaire et le projet prévoit lacréation d’une salle polyvalente, d’unéquipement sportif / lieu de vie pour les jeunes,la construction d’une nouvelle école maternelleet l’amélioration du fonctionnement du centresocial, de la ludothèque et des locaux petiteenfance par l’utilisation des locaux de l’écoleactuelle…

12 L’un des taux de chômage les plus élevés de laville (36,3 %), 60 % des revenus des locataires descollectifs est inférieur à 915 euros par mois…

Pour qualifier le quartier, des interventionslourdes sur les espaces publics sont envisagéesavec, sur le haut du quartier, l’aménagementd’une place centrale et la création d’un parcurbain et sur le bas, le traitement paysager descours urbaines et des voiries secondaires, …

Les espaces qui jouxtent l’avenue Pompidoudoivent faire l’objet d’un traitement spécifiqueavec l’aménagement d’une contre-alléepermettant la desserte du quartier, le maintiend’une réserve foncière pour l’implantationd’activités et d’équipements, un front quipermettra de réduire les nuisances liées à lacirculation, tout en ménageant des ouverturessur le quartier.

Bénéficiant d’une situation stratégique enentrée de ville, ce projet s’inscrit dans unestratégie plus globale de matérialisation del’entrée sud de Valenciennes, en lien avec lesprojets développés sur le quartier de laBriquette (passage du tramway, complexecinématographique, implantation d’unbowling…).

La Ville s’est engagée dès 1989 dans laparticipation des habitants avec la mise enplace des comités de quartier et l’adoptiond’une chartre de la concertation dans le cadrede l’agenda 21. Sur le Faubourg de Cambrai,les attentes des habitants sont importantes maisaprès plusieurs années durant lesquelles leprojet était différé, ils doutent de l’effectivitéde la démarche.Les élus et les techniciens ont suivi avecattention l’expérience des Ateliers de TravailUrbain mis en place à Dunkerque. Bien que

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n’ayant pas l’expérience de démarche departicipation aussi poussée, ils vont faire lepari d’associer les habitants dès le lancementdes études préalables sur le projet urbain, demanière à bénéficier d’une double alimentationpour définir le futur schéma d’aménagementdu quartier.

Parallèlement à la mise en place de cet atelieret au lancement des études préalables (sur leséquipements, les espaces publics et …), laVille met à disposition sur le quartier, un

travailleur social du CCAS pour anticiper surle relogement des 148 foyers concernés etassurer un suivi social renforcé des familles lesplus en difficulté, en amont du relogement etpour la durée du projet urbain (permanences aucentre social, visites sur rendez-vous àdomicile, mais également une participationactive à l’atelier).

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L’ATELIER DE TRAVAIL URBAIN DU FAUBOURG DE CAMBRAI

Une réflexion concertée entre la maîtrised’ouvrage et les intervenants pour définir lesattendus et les règles de fonctionnement del’atelier :

A travers l’atelier de travail urbain, la Ville deValenciennes souhaite mener une démarcheinnovante et exemplaire. Partant d’un conceptexistant, elle souhaite l’adapter au contexte dela ville et du quartier. Elle choisit de faireappel à un prestataire extérieur à mêmed’apporter un savoir-faire et une neutralité. Untravail préalable s’engage entre les prestatairespressentis, la Ville et la Région (partenaire dela démarche) qui alimente la commande etpermet d’aboutir à une convention co-produitequi pose les objectifs de l’atelier :

- Instaurer une pratique d’échange et decommunication entre les élus, lestechniciens et les habitants qui aboutisse àla coproduction de projets.

- Permettre le développement des capacitésdes habitants et la formation par lacompréhension. La perspective de larestructuration du quartier offre des objetsde travail concrets à travers lesquelsappréhender de ce qu’est un projet urbainet ses modalités de mises en œuvre.

- Etre un lieu d’apprentissage pour les élus,les techniciens et les habitants, un espaceoù s’exprime les différents points de vue :l’utilité sociale et l’intérêt collectif pourles élus, les possibilités matérielles,techniques et financières pour lestechniciens, les usages, les conditions devie actuelle et les souhaits de changementpour les habitants.

Ils définissent ensemble les bases defonctionnement de cet atelier. C’est un espaceouvert à tous, sans invitation, qui se tient sur lequartier, au centre social. Ce centre est ancréde longue date sur le quartier et l’équipe semobilise pour sensibiliser les habitants ets’implique fortement dans la démarche.

La transparence est la règle, tout ce qui est ditet évoqué apparaît dans les compte-rendus. Parailleurs, les décisions concernant le quartier,prises par la municipalité ou d’autresinstitutions, doivent être exposées etexpliquées le plus rapidement possible àl’atelier. Pour ne pas éluder les questionstechniques et se donner les moyens decomprendre, les séances de l’atelier se tiennentsur une plage horaire importante pour avoir letemps de travailler (2h30/ 3h) - en alternantd’abord les horaires (après-midi et début desoirée), puis l’après midi avec une ‘‘séance –résumé’’ pour les personnes non disponibles enjournée.

Un affichage important et une informationrégulière permettent de mobiliser les habitants.Un compte rendu est réalisé à l’issue de chaqueséance et distribué dans toutes les boîtes auxlettres du quartier. La liste des participants yfigure ce qui permet aux habitants non présentsde se renseigner auprès de leurs voisins et defaire circuler ainsi les informations. L’atelierdispose de moyens qui facilitent l’implicationet la convivialité : matériel de travail,intervenants extérieurs, voyages, compterendus reproduits en couleur, café etboissons…

Par ailleurs et en préalable, les responsabilitésdes uns et des autres ont été définies (rôle desprestataires/animateurs de l’atelier, désignationd’un référent ville, d’un élu qui accompagnel’atelier dans la durée, la liste des technicienset des partenaires institutionnels associés …).Ce que l’atelier ne doit par être a également étédiscuté ! C’est un espace de coproduction : cen’est pas un espace de décisions et il ne doitpas dévier vers un simple espace d’informationou de concertation ...

Enfin, un comité de suivi de l’atelier de travailurbain se réunit deux fois par an pour fairecollectivement un bilan du travail réalisé etdiscuter / valider le programme des séancessuivantes. Il associe des habitants, lesprincipaux partenaires (Ville, bailleur, centresocial, CAF, ludothèque, CCAS, DDE) et lesanimateurs (prestataires) de l’atelier.

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Dès la première séance de l’atelier, en mars2002, ces règles de fonctionnement sontprésentées aux habitants et le travail peuts’engager…

Un diagnostic partagé pour préciser leséléments de programme du projet deréaménagement du quartier :

Pendant les quatre premiers mois de l’ATU,sur un rythme soutenu (une réunion par mois),les participants se consacrent à la réalisationd’un état des lieux et d’un diagnostic dufonctionnement actuel du quartier. Ils sont ennombre : une vingtaine d’habitants, des élus, lebailleur, des techniciens de la Ville (Contrat deVille, GPV, CCAS, Espaces verts,Aménagement, urbanisme et espaces publics,Voirie,…) et d’autres structures impliquées(CAF, SITURV, centre social, comité dequartier, comité de défense des locataire)…

Cela commence par une visite guidée faite parles habitants pour observer ensemble lequartier. Les observations collectées pendant lavisite sont reportées sur des plans etcomplétées par les échanges en séance. Parailleurs, l’état des réflexions en cours sur leprojet de réaménagement est exposé, lesscénarios élaborés à ce stade sont expliqués etdébattus et l’on fait le point sur les étapes àvenir. Un voyage d’étude est organisé àBruxelles pour enrichir les réflexions : uneentrée de ville, le centre de Bruxelles, une citéjardin, une ville récente, toute une diversitéd’aménagement de quartier et de constructionsqui apportent des références (positives etnégatives).

Après avoir débattus des besoins, des envies etdes possibles, le diagnostic et lespréconisations issues de ce premier travailcollectif, sont présentés aux élus et auxpartenaires du projet de réaménagement duquartier, ainsi qu’aux bureaux d’études encharge des études de définition.

Une contribution aux aménagementsimmédiats des espaces publics du quartier :

Le chemin est long pour passer de cespréconisations aux premières réalisations, ilfaut définir les programmes de ce projetd’ensemble, monter les dossiers de

subventions, lancer les concours d’architecte,sélectionner les entreprises… Quatre ans àminima ! Des projets plus légers peuvent êtreréalisés plus rapidement pour requalifier lesespaces publics du ‘‘bas du quartier’’. Cesaménagements vont être les premiers ‘‘caspratiques’’ à élaborer collectivement dans lecadre de l’atelier et vont aider à imaginer lesaménagements futurs de la ZAC..

A partir d’un premier schéma élaboré par leservice Espaces Verts de la Ville et desobservations sur site, l’atelier travaille avecune paysagiste à la définition des principes deconception des deux places à réaménager :garantir la sécurité des piétons, établir des sensuniques, mettre le quartier en zone 30, prévoirdu stationnement et créer des lieux de vieextérieurs pour les jeux, le repos et les haltes(bancs, abris…). Les détails des aménagementssont discutés jusqu’à l’implantation des arbreset le choix des essences.

Au fil de ce travail, des esquisses successivesintègrent les éléments de débat et plusieursscénarios alternatifs sont proposés. Lacoproduction est fructueuse mais va seconfronter aux contraintes organisationnellesdes services techniques de la ville. Par manquede moyens humains, le portage technique duprojet est modifié, plusieurs mois s’écoulentavant l’engagement des études techniquescomplémentaires et qui plus est, le pland’aménagement n’intègre pas l’ensemble deséléments de programmes élaborés lors desséances précédentes. A la demande deshabitants, le projet est à nouveau remanié… Letir est rectifié mais un certain nombred’habitants perçoivent une négligence auregard de leur investissement dans le projet ets’impatientent … encore des délais !

Entre temps, l’atelier rebondit à traversd’autres thématiques. Un travail sur les espacesdu haut du quartier permet d’aboutir à desréalisations rapides qui valorisent le travail(déplacement des jeux, retournement desbancs, reprise des espaces verts, élagage desarbres…) et les travaux d’aménagement desespaces publics du bas du quartier démarrentfinalement début 2004.

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Au sein du quartier, ce travail est l’occasiond’une rencontre entre les habitants du Bas et duHaut du Faubourg. Le travail sur le projetd’ensemble qui les concernent tous a étéfédérateur et lors des séances consacréesalternativement aux aménagements sur lesdeux parties du quartier, les gens restent,participent et prennent position sur deséléments de projet qui ne concernent pasforcément leur environnement immédiat.

A l’intention des promoteurs, un travailthématique sur le logement, pourl’élaboration des projets immobiliers :

Parallèlement à ces travaux sur les espacespublics, un atelier thématique se met en placepour traiter de la question des logements.Répartis en trois groupes, les participants del’atelier examinent d’abord les logementsanciens existants sur le quartier. Deuxappartements des collectifs du haut du quartieret deux maisons individuelles du bas duFaubourg, font l’objet d’une analyse détaillée.Pour voir les avancées réalisées depuis 40 ans,les services de la Ville organisent égalementune visite de logements très récents, vides etoccupés sur d’autres quartiers. Le référentsocial en charge de l’accompagnement socialanime des réunions intermédiaires pour faire lasynthèse des enseignements de ces premièresvisites.

A travers ces échanges, un grand débats’engage sur l’individuel (privilégié par leshabitants) et le collectif, les contraintes dereconstruction dans le cadre de la ZAC sontexpliquées, un exercice de réalité ‘’un peudouloureux’’ mais qui permet de faire la partdu rêve et du possible. Partenord, le bailleur encharge de la reconstruction des logements dansla ZAC fait visiter des appartements prêts àlivrer dans de nouvelles opérations pourdonner à voir ce qui pourrait être fait à terme.

Un architecte du service développement dePartenord vient présenter des plans delogements types actuellement réalisés et àpartir de ces modèles, une liste de conseils estétablie qui traite tant des abords desconstructions, de l’architecture extérieure desbâtiments et des parties communes que del’organisation intérieure des logements :aménagement des cuisines, salles de bain,chambres, salons et salles à manger et des

questions techniques (insonorisation,ouvertures adaptées, sols résistants et peubruyants…).

Cette analyse des avantages et inconvénientsdes différents types de logements visitésdébouche sur un cahier des charges rédigé àl’intention des décideurs et des concepteurs desfuturs logements.

Ce travail collectif permet une implicationdifférente du bailleur sur le projet de quartier etune plus grande proximité avec les habitants.Pour Partenord, c’est également un apport pourla définition de ses projets : Il intègre donc cespréconisations pour le lancement des études dedéfinition sur les logements à construire etprévoit d’acquérir un foncier plus important auregard des demandes de logements individuels.

Ainsi les réflexions issues des ateliers ontpermis de définir plusieurs scénarios dereconstruction qui intègrent les usages et lessouhaits des locataires (pas de halls abrités quipourraient devenir des squats, pas de cavescollectives…), autant d’éléments quifaciliteront la qualité de vie dans le quartierdemain et qui rejoignent bien souvent le pointde vue du gestionnaire.

Un Compte-rendu d’Atelier de travail urbain en2004 – page de garde

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ET DEMAIN ?… LES PERSPECTIVES DE L’ATELIER DE TRAVAIL URBAIN

En 2004, le projet de réaménagementd’ensemble se précise (dépôt du dossier àl’ANRU, expropriation et acquisition desterrains en cours, négociations sur lesdifférents équipements …) et l’atelier participeà l’élaboration des différents programmes de laZAC en poursuivant le travail engagé dans lesateliers thématiques : l’atelier logementparticipe à l’élaboration de la chartre derelogement, un atelier équipement travaille surla programmation d’une future salle des fêtesinter-quartier, un nouvel atelier se met en placepour traiter des espaces publics de la ZAC…

Pour adapter le rythme de travail de l’atelieraux avancées des projets et éviterl’essoufflement de la dynamique, les séancesont été espacées. Par ailleurs, un lien est faitavec la gestion urbaine de proximité pourtraiter des problèmes quotidiens actuels et avecl’appui du centre social et du contrat de ville,l’atelier s’est également élargit aux jeunes etsur un mode ludique aux enfants.

Lors de la première séance de l’atelier, leshabitants du Faubourg de Cambrai ont dit leursentiment de délaissement : « On al ‘impression d’être hors la ville, oubliés.Plutôt qu’une entrée de ville, on se sent à lasortie de la ville et rejetés ». Désabusés, ils nedemandaient plus rien. A travers l’atelier, lesbesoins, les idées et les attentes ont puémerger. Il y a de la frustration, tout ne peutpas être fait, les délais sont longs mais leshabitants ont le sentiment d’être mieuxentendus par la Ville, d’avoir acquis unelégitimité vis-à-vis des techniciens et d’êtreconsidérés. Dès aujourd’hui, des réalisationsvisibles sur le quartier font suite auxpropositions faites par l’atelier et beaucoupd’habitants, observateurs, attendent de voir lesavancées...

La mobilisation des différents professionnelsau sein de l’atelier permet également dedévelopper des coopérations inter services etinter structures qui n’existaient pas forcémentet cela contribue à l’enrichissement despratiques professionnelles. A titre d’exemple,pour le référent social, ce travail permet unélargissement du métier, du traitement

individuel des difficultés sociales vers lecollectif et la veille sociale.

A terme, les animateurs des ateliers vont passerle relais à une animation prise en chargelocalement. Une co-animation déjà bienengagée compte tenue de l’implication dans ladurée, d’un noyau dur de professionnels, d’éluset d’habitants, qui tiennent le cap malgré lesdélais et les aléas inhérents à la mise en œuvred’un projet complexe.

Un Compte-rendu d’Atelier de travail urbain en2004 – pages 2 et 4

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