la moyenne vallée du sénégal : étude...

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la moyenne vallée du Sénégal

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  • la moyenne vallée du Sénégal

  • RÉPUBLIQUEDU SÉNÉGAL

    RÉPUBLIQUE ISLAMIQUEDE MAURITANIE·

    .LA -MOYE·NNE VALLÉEDU SÉNÉGAL

    .(Étude socio-économique)

    par J.-L. Boutillier, P. Cantrelle, J. Caussé,C. Laurent, Th. N'Doye

    RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

    MINISTÈRE

    DE LA COOPÉRATION

    I.N.S.E.E.

    SERVICE DE COOPÉRATION

  • PRÉFACE

    Depuis leur accession à l'indépendance, les ~tats d'Afrique noire et Madagascars'efforcent de développer leur économie. Cette lourde tâche impose à chacun ~e leurgouvernement de tracer les grandes orientations de l'activité nationale, d'assigner àcelle-ci les objectifs qui permettront au pays d'atteindre un niveau de développementplus élevé et d'affermir sa position économique Internationale. .

    Mals, dans le mouvement de transformation rapide qui se manifeste en Afrique,des contrastes sans cesse plus accusés se font jour entre régions d'un même territoireou d'une même zone géographique politiquement partagée entre plusieurs ~tats. Laconstatation de telles disparités conduit à orienter l'effort de construction nationaleen fonction de la connaissance et de J'aménagement des espaces économiques.

    La vallée du fleuve Sénégal est précisément une de ces réglons de contrastes.L'état économique et social de ses populations interfère sur le développement équilibréde la république du Sénégal et de la république Islamique de Mauritanie. Une connais-sance aussi exacte que possible de cette zone constitue donc le préalable nécessaireà une·lntervention efficace sur un plan régional comme à une planification réaliste dansun cadre national.

    A ce titre, les enquêtes menées par la Mission socio-économique du fleuve Sénégalapportent une importante contribution aux études de développement; elles offrentl'exemple d'une méthode d'analyse régionale qui mérite d'être retenue.

    Jean FOYERMinistre de la Coopération

  • AVANT-PROPOS

    La ~allée du fleuve Sénégal est une terre de paradoxe. Bande étroite, ses cultures dedécrue l'ont fait longtemps regarder comme le grenier à mil des deux zones désertiques quila bordent, Sahel mauritanien et Ferlo sénégalais. Mais elle connaît maintenant une régres-sion économique qui pousse ses éléments les plus actifs à partir travailler dans les centresurbains du Sénégal.

    Terre riche de traditions et d'histoire : depuis les Almoravides jusqu'à El Hadj Omardes conquérants et des guides spirituels, parmi les plus célèbres de l'Afrique, sont partis desbords du fleuve. Elle ne représente aujourd'hui pour la république de Mauritanie commepour celle du Sénégal, qu'une province marginale et souvent délaissée.

    Terre riche de promesses grâce à ses hommes, son fleuve, et ses sols. Au cours desannées de colonisation, elle a inspiré des projets et a été le théâtre d'interventIons écono-miques qui ont presque toujours abouti à des échecs. C'est pourquoi les responsables du déve-loppement de la région, connaissant les méthodes récemment mises au point dans d'autresrégions d'Afrique, se sont adressés aux spécialistes afin de dresser un inventaire économiqueet social aussi complet que possible. .

    Il a fallu, pour mener l'étude à bien, dix-huit mois de travail intensif dans une régionau climat dur. Les transports étaient difficiles, l'état des pistes interdisant en général decirculer autrement que par le fleuve pendant la moitié de l'année. D'autre part, l'adaptationde méthodes statistiques rigoureuses à un milieu peu connu, assez fermé et où la natureimpose à l'homme ses rythmes propres, posait des problèmes nouveaux auxquels l'équipede chercheurs a da s'adapter.

    L'information rassemblée reste incomplète, mais elle n'en touche pas moins de nombreuxdomaines. Dans son état actuel, l'étude doit apporter une lumière suffisante aux responsablesde la Vallée pour la guider vers une nouvelle destinée, digne de son passé et de ses hommes.,

    Le 23 mars 1962Claude GRUSONDirecteur Général de

    l'Institut National de la Statistiqueet des ~tudes ~conomiques

    \

  • TABLE DES MATIÈRES

    Introduction. - ORIGINE ET OBJECTIFS DE L'ENQU~TE

    Première partie. - LE MILIEU NATUREL ET HUMAIN

    Chapitre 1. - LE MILlE~ NATUREL.

    Le bassin du Sénégal.

    Le climat .....

    La crue. . . . . .

    Aspect de la vallée

    Pages

    1

    99

    101212

    Chapitre 2. - LES POPULATIONS.

    2.1.

    2.2.

    2.3. -

    Historique du Fouta-Toro.

    La démographie de la vallée

    2.2.1. Introduction....

    2.2.2. La population de la valléeStructure par sexe et par âge

    2.2.3. Situation matrimoniale. . .Age et état matrimonial .Polygamie .Mobilité conjugale . . . .Fréquence des mariages consanguins

    2.2.4. Les mouvements naturels de la population.Natalité générale. . .Taux de fécondité . . . . . .La mortalité. . . . . . . : .

    Mortalité actuelle . . . .Taux de mortalité infantileTable de mortalité . . .. .

    Mouvement général de la populationTaux net de reproduction .Taux d'accroissement naturel

    L'organisation sociale. . ......•'

    Les castes .

    L'organisation familiale et politique

    15

    15

    19

    1920222828313337

    39393943484949515t52

    535354

  • r1

    Deuxième partie. - L'ÉCONOMIE DE LA VALLÉE

    2.1. - Les différents types de sol.

    2.1.1. 'Le Oualo .

    2.1.2. Le Diéri .

    2.2. La vie du paysan de la vallée

    2.2.1. Les travaux en culture de Oualo.

    2.2.2. - Les travaux encùlture de'Diéri .

    2.3. - La structure des exploitations . . . . ... "'·2.3.1: - L'éxploitation "·agricole toucou leur.

    2.3.2. - Les autres types d'exploitation de la vallée.Exploitation peule. Exploitation maure.

    2.3.3. - Superficies globales ensemencé~s. . .'. .• .

    Chapitre 1.

    Chapitre 2.

    2.4.

    GÉNÉRALITÉS

    L'AGRICULTURE.

    Les cultures de Diéri . . • . . .

    2.4.1. Les su perfici~s cu Itivées .

    2.4.2, Les cultures pratiquées en hivernage

    2.4.3. Les jachères en Diéri • . .. ......

    2.4.4. Les rendements en culture d'hivernage

    2.4.5. Les aléas des cultures de Diéri'.

    Pages

    59

    63

    63

    63

    64

    65

    65

    66

    67

    ~67

    74

    78

    79 '

    79

    79

    81

    82

    83

    2.5. - Les cultures de Oualo .. ; . . . . . . 85

    2.5.1. Superficies cultivées et ·différentes catégories de terres deOualo _ . . • . . . . • . . . 85

    2.5.2. Les -cultures praticjuéés en Ouala. . . . 87

    2.5.3. Les -jachères en Ouala. :" .... '. 88

    2.5.4. Lés rendements en culture de décrue. ' 89

    2.5.5. Cultures de Oualo et .caractéristiques de la crue. 95

    2.5.6. Lés 'variations -d'a'mp1itudede la crue et les superficiescultivées. .'. . . . . • • • . 98

    2.5.7. Superficies cultivables et cultivées. 103

    2.6. Le facteur travail. . . . . . . . . .

    La structure foncière du Fauta-Toro

    2.7.1. Généralités '.. .' •...•

    2.7.2. La structure foncière aetuêlle.

    2.7.3. Tenure et diverses catégories de terres.

    2.7.4. Les diverses formes d'appropriaclon du sol.

    2.7.5. Les formes de location. . . . . . • . .

    2.7.6. L'évolution actuelle du système ,foncier.

    106

    111

    112

    115

    118

    119 1

    124

    127

  • Pages

    Chapitre 3. - L'ÉLEVAGE ET LA PËCHE

    3.1.

    3.2. '

    L'élevage

    La pêche.

    '. 135137

    Chapitre 4. - LES ÉCHANGES: TRANSPORT ET COMMERCE

    4.1. Les transports. 139

    4.2. Les échanges. . 141

    4.2.1. Les commerçants. 1414.2.2. La commercialisation du,.mil dans la vallée et les habitudes

    de consommation du mil dans les centres urbains 142

    "

    , Troisième partie. - LES NIVEAUX DE VIE

    149

    149149150152

    161165

    ~67

    161

    169

    172

    173173

    174

    182189192

    ,

    ..

    L'alimentation . . .

    1.2.1. La méthode d;enquête .

    1.2.2. Régime alimentaire. ". .

    1.2.3. La ration et les 'besoins1.2.4. Les variations de la consommation

    1.2.5. Conclusion....... ". .'. .J

    L'état de santé et les conditions sanitaires

    1.1'.1. - 'Les conditions de l'énquête médicale1.1.2. - Les conditions sanitaires du milieu

    1.1.3. - Le terrain physiologique.. .1.1'.4. .:...' Les endémies : . . . . . . . . .

    1;1.5. Quèlques àffections ocu1~ir'es. .. . .1.1.6. Quelques affections' du :système :ner,veux~'

    1.1.7. Les épidé":lΫ:s .":' : . . .•1.1.8. Les causes de décès .1.1'.9. Conclusion

    . . . ~

    1.2. -

    ,Chapitre 1. - LE NIVEAU BIOLOGIQUE.. . . . .

    1.1. -

    Chapitre ~. :- LE NIVEAU ÉCONOMIQUE.:, LES BUDGETS DE FAMILLE

    2.3. - Les budgets de famille peuls et maureS2.3.1. Les budgets peuls .

    2.3.2. - Les budgets maures . . . . .

    2.1.

    2.2.

    Technique d'enquête . . . '. . . .,'. .

    Les budgets de famille· toucouleurs

    2.2.1. Le secteur monétaire.2.2.2. Le troc. . . . . . .2.2.3. L'autoconsommation .

    , .

    193

    196

    197211

    214

    216217

    220

  • 3.4.1.

    3.4.2.

    3.4.3.

    3.4.4.

    3.4.5.

    CONCLUSION

    BIBLIOGRAPHIE.

    _ Annexe 10. - Tableau des termes de parenté..

    Annexe 11. - Les ménages et les concêssions. .

    Annexe 11. - Quelques questionnaires' et instructions.

    ,.

    Annexe 1. - Enquêtes dans les escales: A) La population..•••••B) Les budgets de famille et les

    . relevés alimentaires _

    l'

    Chapitre 3.

    3.1.

    3.2.

    3.3. -

    .3.4.

    . Annexe 2.

    Annexe 3.

    Annexe 4.

    Annexe 5.

    Annexe 6.

    Annexe 7.

    Annexe 8.

    Annexe 9.

    LE NIVEAU SOCIAL

    L'habitat .

    Niveau d'instruction

    La religion. . .

    Les migrations.

    Généralités

    Les' différentes sortes de migrations.

    Les caractéristiques de la population migrante'.

    Les caractéristiques des migrations

    Conclusion

    ANNEXES

    Liste des ûnités primàires. ..........•

    Organisati~n.d~ I.'enquête auprès de la population maure

    Organisation de l'enquête .démographique

    Erreurs d'échantillonnage. . • . . . . .

    Situation dans la profession en milieu rural sédentaire

    Apnexes de l'enquête agricole .

    Annexes de l'enquête alimentaire

    Annexes de ('enquête budgets de famille

    Pages

    231

    231

    238

    240

    241

    241

    241

    243

    245253

    255

    265

    292

    301

    305

    313

    315 .

    317

    319

    329

    335

    339

    341

    347

    367

  • LISTE DES TABLEAUX

    Introduction.1. Fractions de sondage utilisées2. Taille de l'échantillon ...

    Paces

    45

    Première partie. LE MILIEU NATUREL ET HUMAIN

    1.0.1.1.1.2.1.3.1.4.

    1.5.1.6.1.7.1.8.1.9.1.10.1.11.1.12.

    1.13.1.14.1.15.1.16.1.17.

    1.18.1.19.1.20.

    1.21.

    1.22.

    1.23.

    1·24.1·25.1.26.

    Pluviométrie de la vallée. . . '. • • . .Composition ethnique de la zone étudiéeDistribution des villages selon la taille . ';Répartition de la population rurale par sexe et par âge '.Répartition par sexe et par âge de 10000 personnes de chaque groupe

    ethnique .Population présente et absente par sexe et par âge.Population par sexe et par grands groupes d'âge .Age moyen de l'épouse suivant l'âge du mari . ' ..Population suivant l'âge et la situation matrimoniale (milieù rural).Situation conjugale des femmes maures de plus de 14 ans . . . .Nombre moyen d'épouses pour 100 mariés de chaque âge ...Répartition des hommes mariés suivant le nombre de leurs épouses.Répartition des hommes mariés suivant le nombre d'épouses pour

    _ chaque tranche d'âge . . . . . . . . . '. . . . . . . . : . .Nombre de mariages contractés par 100 femmes de chaquegroupe d'âge.Répartition des femmes selon le nombre de mariages contractés .Mode de dissolution des mariages des femmes . . . . . . . .

    .Fréquence des mariages consanguins . . . . . . . . . . . . - .Distribution des mères selon le nombre d'enfants nés vivants (milieu

    rural sédentaire). . . . . . . . -: . . . . . . . . . . . . . .Distribution des mères selon le nombre d'enfants nés vivants (maures).Taux de fécondité par âge selon le groupe ethnique ... ' ..•..Pourcentage des femmes sans enfants nés vivants suivant leurs groupes

    d'âge et le nombre de mariages . : . . . . . ~ . . . . . . .Distribution des mères selon le nombre d'enfants survivants (milieu

    rural sédentaire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . "' . .-' Distribution des mères selon le nQmbre d'enfants nés vivants (milieu

    maure) '. . . . . . . . . . .'Nombre moyen d'enfants nés vivants et survivants..Table de survie approximative . . • . . . . . ..Taux de mortalité par âge . . . . '. . . . . . . .Table de mortalité approchée (milieu rural sédentaire)

    11212223

    24262828303132

    33

    3334

    353737

    404141

    43

    454747;

    4~

    50

  • 1.27.1.28.1.29.

    2.1.2.2.2.3.2.4.2.5.2.6.2.7.2.8.

    2:9.2;10.2:11.2.12.

    2.13.2.H.2;15.2.16.2:17.2.18.2.19.

    2.20.

    2.21.2.22.2.23.~.~4.

    2.25.

    2.26.2.'J.7.2.28.2:29.2.30.2.31.2.32.

    2.33.2.34.2."35.2.36.

    Table de mortalité approchée (milieu 'maure) .Taux net de reproduction . . . . . . . . .Répartition par castes de la population t9ucouleur

    Deuxième partie. - ,L'ÉCONOMIE DELA VALLÉE

    Population masculine selon l'activitéCumul de certaines activités . . . .Origine des ressources d'un habitant de la valléeProfession des ,chefs de,ménage de ('.échantillon maureNombre d~ journées de travail par hectare de Qualo selon le moisNombre de journées de travail par hectare de culture de Diéri .Distribution des exploitations selon leur effectif . . . . . . . .Répartition des exploitants '!selon' ,le 'nombre de champs de culture

    sèche et de culture de décrue . . . . . .'. . . . . .:- Superficies cultivées selon la région et la ,campagne agricole :: ..

    Caractéristiques de l'exploitation 'agricole toucou/eur :. " .Superficies cultivées totales'suiwnt la caste de rtexploitant • ,.' ..Répartition des superficies 'cultivées en Oualo et Diéri suivant 1acaste

    de .l'exploitant '.. . . ~ '. .... •. . • • . . . .. . . '. '..Caractéristiques ,de l'exploitation. agricole peule " .......,..

    :-- Répartition des 'superficies:de' Oualo'CIans l'~xploitation peule _.Nombre de cham,ps par exploitation maure:. • .. :'. .:. . •Caractéristiques de l'exploitation agricole maure ..... '.' ..D.istribution des champs de Oualo ,suivant .Ieur :sup,erficie (expl. maure).

    - Distribution ·des champs dè Diéri suivant leur- sup.erfJcie{expl. maure).Répartitiongéographlquè et par. ethnie de l'ensemble ,des superficies

    , ~. de 'Oualocultivées pendant la .campagne 1951·58 . : ... :~ .,Superficies totales ~ultivéesdans la vallée ,par zQne, ,par ~atégorie de

    sçl ~t par ethnie . . . . . . . . .... . . '.' .. . ~ . . . . .Distribution des champs .de -Diéri,selon la .su,perficie .. '.' .....Nom's .vernaèulairesdes. ,populations ;de milet.sor.ghC) 'cultivé ,en Diéri

    :- .Culture~ s.econ,dairespratiquées en Diéri '. : .. Cultures en associ1lti.on av~c)e mil : ' .

    Distribution ·des champs' de Oiéz:i .selon le ,nombre d'années .de -cultures. sùccéssivès depui,s le der'nier défrichement . . . . :', .'. . . .Rendement du .mil de Diéri .•. ,. . . . . .. .. • . . . . .. .. •Champs ,de Diéri selon la ·nature du .sol et échelle des rendementsCauses de ~estruction des cham,ps de ,Diéri. •. .. .. . • ','

    :- ,Répartition des terres cultiv.ées dé Oualo selon leur situation- :Distribution -des 'champs de Oualoselon b super;ficie . .. .'.

    Superficies cultivées de Oualo par exploitation . . . . . . .iDistribution -des exploitants' selon les ~atégoriesde terres :qu'ils

    cultivent .Noms vernaculaires ,des 'population's dé sorgho cu'ltivé en Oual0Densité des cultures de Oualo . . : . : . . . . '. . . . . .-Cultures secondaires. . . . . . . . . • . . . . . . . . . .Nombre d",uinéesde cultures 'successives selo.n la catégorie de sol

    Pages

    505154

    6060

    . :6162656669

    707212

    .73

    7475'1576

    .77,7.7.1.7.

    .78

    78]9.

    808081

    81828284858686

    87'S78à8889

  • 2.,37.2.38.2.39.2~40,

    2.41.2.42.2.43.2.44.2.45.

    2.46.

    2.47.

    2.48.

    2".49.

    2.50.

    2.51..- 2.52.

    ~.53.

    2.54.

    2.55.

    2.56.2.57. "-2.58.

    2.59.

    2.60,

    2.61.

    2.62.

    2.63.2.64.

    Durée de la dernière jachère suivant la nature, du solDistribution des rendements de sorgho . . . • •Rendement du sorg,ho selon la catégorie de terrain •Rendement du sorgho selon la catégorie Cie terrain et, le: nombre

    d'années de culture • . . • '., . . . • . . . .Rendement du sorgho par canton . . . . . . . . .Opinion sur la durée d'immersion des champs de Oualo,Rendement d.u sorgho- selon: la date' de' retrait des, eauxEnquête d'opinion sur la date de retrait des eaux ...Nombre. de jours' entre te retrait des eaux et te semis, selon la' nature

    du sol . • . . • • . .. . • . .. .. '. .. . . . . • . .. • . • . .Rendement du sorgho selon le nombre de jours, entre la fin du rétrait

    des eaux et le semis . . .. . .' . . .. .': . . . . . .. . . . .Nombre moyen de champs cultivés par exploitant. suivant, l'amplitude

    de la crue pour trois années typiques . . . . . . . . .., ..Superficies cultivées par exploitant suivant l'amplitudé, de la crue pour

    les trois années typiques. . . . '. . . . . . . . . . . . . . .Enquête d'opinion menée en 1957 sur r'amplitude de la crue.souhaitée

    pour 1958•.' .' ..' ' .' .' .' .Superficies non ensemencées et -superficies abandonnées' en cours de

    culture . ',' . • . • . • .... ,.Superficies des champs non: cultivés: . . . . . • . .' .Utilisation des terresde.Oualo,. . .' .~'.' . . .". . - ;' .Répartition: des. travaux de la campagne de' Oualo selon: la. nature du

    travail et. Les différentes catég~ries. de maîn:d'œuvre . • • . . .Répartition des ~rava.ux de. la, campagne de. Diéril selon~ la I}ature du

    travail et I,~s différentes catégories de main-d'œuvre . . •...Répartition des travaux agricoies de'l'ar:ul,éejans l'exploitation selon

    la catégorie de main-d'œuvre . . .. . :. :. .'. : : : . . . .Rép'artitfo'n des champs cûltivés suivant le m~éiede tenure' des terresRépartition des c~amps suiva.nt le mod'e de tenure et I~ ~~ste .... , ..Répartition des différentes catégories cre champs suivant le mode de

    tenure. ' , .Fréquence des différences redevances payées par les détenteurs de

    droit de cul,ture aux maîtres. de la terré . . .' . : . . . . . .Fr.équence des redevances payées. sur les champs: en l'ocation suivant

    la nature du. sol ~pour l'ensemble· de la vallée) . : .Fréquence des redevances: payées sur les champs en location, suivant

    leurs modalités. . . • . . .. . . . . . . . . . . . . . .Redevances payées sur les champs reçus en location par les Torodo

    et par les Mathioudo . . . . . . . . .Prix moyens de rocation . . . . . ; . . '. .Nombre de commer~ants et artisans .dans les escales

    Troisrème partie. - LES NIVEA~X DE yrE

    Pages

    899091

    9294959697

    9l

    98

    99

    100

    102

    104-104105

    107

    109

    110116

    ". ·é~'

    117

    , 118

    121

    125

    126.,.

    126127142

    3.1. Fréquence des signes c1iniques~ pour 1 000 enfants de chaque tranched'âge (de 0 à 11 a~s) . . . . . . : . . . . ;- . . . . . . . . 153

    3.2'. Fréquence des signes dits d'avitaminose B2 . . . . . . . . 1573.3'., Fréquences, deS modifications osseuses pour 1, 000 enfants d'echaquc:

    grou pe d'âge . ., . . .. . ., . . .. . . . . . . . .' .. . . . . • 157

  • 3.4.3.5.3.6.3.7. -3.8.

    3.9.3.10.

    3.11.3.12.3.13.3.14.3.15.3.16.3.17.3.18.3.19.3.20.3.21.3.22.3.23.3.24.3.25.

    , 3.26.3-27.3.28.3.29.3.30.3.31.3.32.3.33.3.34.3.35. '-3.36.3.37.3.38..

    3.39.

    3.40.

    3.41.

    3.42.

    3.43.3,44.3,45.

    . '

    Fréquence de l'érosion de l'émail dentaireIndice spléniqueSplénomégalie.Résultats des examens de sangPourcentage des hématuries chez les individus de sexe masculin selon

    l'âge. •Proportion d'aveugles dans la population ...Fréquence du nombre d'aveugles dans les villages suivant l'âge et le

    sexe.Répartition de quelques affections du système nerveuxCauses de décès chez lel; enfants de moins d'un anRépartition des causes de décèsConsommation par jour et par personneFréquence d'apparition des aliments dans la composition des repas. -.Éléments nutritifs de la rationIndice protéique de la rationOrigine des éléments nutritifs de la' rationBesoins en caloriesBesoins en protéinesBesoins théoriques en sels minérauxCClmparaison des, besoins avec la rationConsommation des céréales selon .Ies saisonsConsommation de quelques produits' végétaux selon les saisonsCons6mmation des produits animaux selon les saisons ;Consommation des céréaies selon les castesConsommation de quelques produits végétaux selon les castesConsommation des produits animaux selon les castesRevenu annuel moyen d'un Toucouleur de la vallée du Sénégal.Répartition des dépenses monétaires annuellès pour un ToucouleurRevenu annuel monétaire moyen d'un Toucouleur ...Les détails des dépènses alimentaires'Structure des revenus du budget annuel d'un Toucouleur selon la caste.Structure des dépenses du budget annuel d'un Toucouleur seloilla caste.Détail ,des dépenses alimentaires selon la caste . . . . .Distribution des ménages selon le niveau de leur revenuPolygamie, taille du ménage et niveau de revenu

    Nombre de budgets selon le niveau de dépenses par unité de consom-mation .

    Distribution des ménages suivant leur revenu par unité de consom-mation.

    Structure des dépenses selon le taux de dépense par unité de consom-mation . .

    Variation de la proportion d'achats de produits locaux et importés selonle niveau de revenu .'

    Variation de la proportion d'achats de produits locaux et importésselon le poste de dépenses . •

    Quantités acquises ou cédées par trocEstimation de la valeur des quantités troquées en denrées localesConsommation alimentaire moyenne annuelle -

    Pages

    158161161162

    163166

    ,1661671701711751n178178180183184184185190190190191191191196197197198202203

    . ~04205207

    207

    208

    209

    210

    211 _

    213

    214215

  • Page.

    3.46. Prix moyens de diverses denrées sur les m~rchés des villages de la vallée. 2153.47. Estimation de l'autoconsommation familiale suivant les principaux

    groupes de produits ~ . . . . . . . . . . . . . . ;. . . 2163.48. Composition de l'échantillon Peul pour l'enquête sur les budgets 2173.49. Structure des dépenses monétaires d'un Peul de la vallée 2173.50. Structure des revenus monétaires d'un Peul de la vallée 2183.51. Commercialisation du bétail en nombre de têtes vendues 2193.52. Relevés des prix du bétail . . . . ..... . . 2203.53. Dépenses monétaires annuelles moyennes d'un Hartani 2213.54. Revenu monétair~ annuel moyen d'un Hartani . . . . 2213.55. Structure du budget monétaire annuel moyen d'un Mauré appartenant

    aux castes nobles. . . . . . . . . . . . . . . . . 2223.56. Distribution des ménages maures suivant le revenu par unité de

    consommation... . '.' . ... . . . . . . . • . . . . . . . . 2223.57. Détail des dépenses alimentaires suivant le niveau de revenu par unité.

    de consommation (maure) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2243.58. Structure du budget monétaire annuel d'un Maure Hartani suivant son

    niveau de revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2253.59. Proportion des dépenses de biens importés locaux suivant le niveau

    de revenu (maure) . . . . . . . . . '.' 2263.60. Forme des cases . . . . . . . . . . . . . . . . 23~3.61. Distribution des cases selon le nombre d'occupants 2363.62. Année de construction des cases .-. : ; . . - . -. 2363.63. Durée écoulée depuis la dernière réfection . . . . 2373.64. Nombre de journées de travail pour unI=! réfection des murs 2373.65. Améliorations souhaitées en matière' de logement. . . • . 2383,66. Degré d'instruction en français pour 1 000 personnes de chaque âge. 2393.67. Appartenance à une confrérie religieuse . . . . . . . . . . . . . . 2413.68. Proportion des hommes de plus de 15 ans ayant migré au moins une fois. 2433.69. Age au premier voyage . . . . . .'. . . . . . . 2443.70. Situation familiale au premier voyage. . . . . . . 2443.71. Nombre de gens ayant migré au moins une fois dans leur vie, par

    caste, et par âge . . . . . . . .. 2453.72. Répartition des hommes de plus de 14 ans suivant le nombre total des

    migrations . . . . . . . . . ..: . . . . . . . . . . . . . . 2453.73. Nombre de voyages accomplis au cours des 5 dernières années. . . . 2463.74. Répartition des hommes de plus de 14 ans selon le nombre de migra-

    tions dans les 5 dernières années.. . . . . .. 2463.75. Durée des migrations.. . . . . . . . . . . . .. 2473.76. Temps écoulé entre deux voyages successifs hors de la Vallée pour

    chercher du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . ., 2473.77. Enquête d'opinion sur l'époque préférée pour quitter la vallée. .. 2483.78. Nombre de départs pendant chacune des deux campagnes agricoles. 2483.79. Destination actuelle des migrants de chaque zone . . . . . .... 2493.80. Occupation actuelle des migrants de chaque zone. . . . . . . .. 2493.81. Temps écoulé entre l'arrivée au lieu d'émigration et le début du travail. 2513.82. Sommes et valeurs des objets rapportés par les migrants. 2523.83. Désir de se fixer hors de la vallée. . . . . . . . . . . . . 252

  • ANNEXES

    Pagel

    294-

    292

    283284

    277279281282282

    265 .

    266-2682702712712'73-275 :

    A 35.

    A 33.A 34.

    A 26.

    A 27.A 28.A 29.A 30.A 31.

    A 23.

    A 24.

    A 21.A 22.

    A.25

    A 17.

    A 18.A 19.A 20.

    A 15.A 16.

    A 1. La population des escales. . .. . .A 2. Importance relative des différents groupes, ethniques, dans les escales.A 3. Répartition, par sexe et par âge de la population des escales:.A 4. Population par sexe et: par grands, groupes d'âge.A 5. Structure, professionnelle .,' . . . .:. : . . • . • . . .A 6. Professions par escale . . . . . . . . .. . • .. .. . . . ..A 7. Répartition, de la population, des escales suivant le: degré d'instruction.A 8. Connaissance du français selon le groupe ethnique: dans les escales..A 9. Répartition des hommes selon la connaissance du français et' la pro-

    , fession dans les escal,es . . . '" . . .. . . .. . • . .. . . . .A 10. Proportion de polygames. par·.groupe: d'âge selon le. groupe, ethnique· .A 11.- Fréquence des mariages consanguins ' .A 12. - Appartenance aux sectes musulmanes seron l'e groupe ethnique.A 13. '- Appartenance aux sectes musulmanes d'ans lés différentes escales.A 14. Répartition par âge des femmes sUivant Je nombre d"enfants nés

    vivants ' .Fécondité comparée des femmes des différents groupes ethniques.Répartition des femmes de 14 ans et plus, suivant lenombre de leurs

    enfants survivants . .'. .'. .'. . ..... . . . . . . . . . . 287Proporti~n d'enfants survivants (pour cent nés vivants) selon. l'âge

    des. femmes (dans les escales) . ' 288'Table. de survie approximative. . . . . . . . . . . . . . . . . . 289Taux de mortalité par âge. . . .. . . . . . . ~ . !.'. . . . . . . 289'Principales caractéristiques démographiques·d'es différentes catégories -

    de· populations de 131 Vallée ..,' . .. . . .. . . . .. . . 290,Table de mortalité pour l'ensemble dé' la: Vallée. ". ~,.... . 291Caractéristiques des ménages; étudiés (par l.'enquête.-budgets dans. les

    escales) . . . . . . . . . . . .. . . . .. .. '.Répartition des ménages selon le ni.veau de revenu par U.C.(dans

    les escales). . '.' . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293Dépense monétaire mensuelle par ménage selon l'activité du chef de

    ménage. . . _ . . . . . . . ......Revenu monétaire mensuel par ménage selon l'activité du chef de

    ménage " . . . .. . . . . . . . . . . . . . . 295Dépenses et revenus. monétaires mensuels par ménage pour l'ensemble

    des ménages. . . '. . : . . . . . . . . . . '.' . . . . . . 296-, Détail des dépenses alimentaires. . . . . . . . . . • . . . . . . 297

    Consommation alimentaire moyenne dans les escales en saison. sèche. 298Origine des éléments nutritifs de la ration alimentai,re dans les escales .. 299Base de sondage. de. l'enquête auprès des populations maures. .. . . . 306Composition de l'échantillon maur.e pour 1 000 personnes présentes ou

    absentes . . . . . . • . . . . . . . . . . . .. . . . .' . . . 308,A 32.'- Distribution d"es campements suivant le nombre, de tentes par cam-

    pement . . . . . .' . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308•.Distribution des tentes selon l'effectif. . . . . . . . . . . . . . 31 QComposition moyenne d'une tente suivant la parenté par rapport au

    chef de· ménage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 311Estimation des coefficients de variation de quelques résultats de l'en·

    quête démographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315

  • A 36. -

    A 37.A 38.A 39.A 40.A 41.A 42.A 43.

    A 44.A 45.

    A 46.

    A 47.A 48.A 49.A 50.A 51.A 52.A 53.A 54.A 55.A 56.A 57.A 58.A 59.A 60.

    Pages

    Estimation des coefficients de variation des superficies cultivées enOualo , 316

    Situation dans la profession en milieu rural sédentaire. . . . . .. 317Distribution des exploitations agricoles selon la superficie cultivée. 319Distribution cumulée des exploitations selon la taille. . . 319Distribution de la superficie cultivée par exploitant (oualo). 321Distribution des densités de sorgho. . . . . . . . . . . 321Origine des semences de mil utilisées. . . . . . . . . . 323Enquête d'opinion sur la préférence pour une variété de semence de. sorgho.................... -. . . . . . . 323Variétés de sorgho préférées pour l'alimentation - 324Nature et importance des différents dégâts causés aux cultures de

    décrue. . -. . . . ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325Proportion des exploitants ayant eu leurs champs attaqués par le

    charbon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325Habitudes de mise en jachère chez les cultivateurs maures. 326Consommation par jour et par personne selon la saison. : 331Consommation par jour et par personne selon la caste. . 332Variations de la composition de la ration en éléments nutritifs. 333Distribution cumulée des budgets selon le niveau des dépenses. 335Quelques prix moyens observés selon la saison sur les marchés. 336,Prix comparés dans les escales et dans les villages. . . . .. -.. 337Nombré de concessions, de ménages et dé résidents habituels. 341Types de ménage . . . . . . : . . . . . . . . . . . . . ., 342Répartition des ménages suivant léur taille ët l'âge du chef dé ménagé. 344Répartition dés ménagés suivant la taille par éthnié . 344Répartition dés chefs de concession selon le sexe. . . . 345Répartition des concessions suivant leur taille. . . . . . 345Répartition des concessions suivant leur taille par ethnie. 345

    2

  • "

    LISTE DES GRAPH'IQUES

    Paces

    13232S27272932

    444648516769

    363842

    34

    71739093

    151155159160169181186206208232233

    267269

    '.

    Répartition des groupes ethniques dans les escales.Pyramide des âges . . . . . . . . . . .

    O.1.2.3.4.5.6.7.

    8.

    Coupe schématique des terrains de la' vallée.Pyramide dès âges de J'ensemble de la population rurale..Pyrami~es des âges pour les principau~ groupes ethniques.Répartition par groupes d'âge de la population (présents + absents).Répartition par âge de 10 000 individus de chaque catégorie de résidence.Pyramide des âges par situation matrimoniale .... '.' .....Nombre moyen de femmes pour 100 hommes mariés de chaque âge.. "Nombre moyen de mariages contractés par les femmes de chaque tranche.

    d'âge ',' : .Fréq~ence comparée des mariages chez les femmes des divers groupes

    éthniques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .9. Fréquence des mariages consanguins ,,: .. : .10. Fécondité comparée des femmes,des dWérents groupes ethniques....11. ~ Pourcentage des femmes sans enfants nés vivants suivant leurs groupes

    d'âge et le nombre de mariages .12. - Nombre d'enfants nés vivants et survivants des femmes de 14 ans et plus.13. Taux de mortalité par âge . . .14. Espérance de vie à chaque âge . . . . .15. Calendrier agricole. . . . . . . . . .16. Distribution des exploitations selon leur effectif.17. Répartition des exploitants selon le nombre de champs de culture

    sèche et de culture de décrue . . .Su perficies par exploitant. . . . . . .Distribution des rendements de sorgho.Rendement du sorgho par canton....Climogrammes' comparatifs de Dakar et Matam.Alimentation de l'enfant. . . . . . ....

    - Association entre symptômes d'anémie et splénomégalieAssociation entre splénomégalie et hépatomégalie.Répartition du cas de rougeole selon l'âge.Origine des éléments nutritifs. . . .Comparaison des besoins avec la ration ...Distribution des revenus. . . . . . . .Distribution des ménages selon Je revenu par unité de consommationPlan du village d'Oudourou. . . . . .....'.Plan de concession. . . . . .'. . . . . . . . .

    A 1.A 2.

    18.19.20.21.22.23.24.·25.26.27.'-28.29.30.31.

  • r

    Pagés

    A 3. Structure socio-professlonnelle par groupe ethnique. 272A 4. Situation dans la p'rofession . 272A 5. Répartition de la population des escales suivant le degré d'instruction. 274A 6. Connaissance du français selon le groupe ethnique dims les escales. 276A 7. Pyramide des âges par situation matrimoniale. 278A 8. Ages comparés des époux ,,' 279A 9. Mobilité conjugale' '. . . . 280f!.. 10. Répartition ~es femmes selon le nombre de mariages contractés. 280A 11. Fécondité par âge 285A 12. Nombre de femmes n'ayant pas eu d'enfant vivant. 286A 13. Enfants nés vivants et survivants des femmes suivant leur âge. 288A 14. Taux de mortalité par âge. 290A 15. Distribution des campements maures de "échantillon suivant, le nombre

    de tentes 309A 16. Distribution cumulée des campements maures par rapport à lèur

    population. .. 309'A 17.. - Distribution des tentes selon l'effectif. 311A 18. Situation dans la profession en' milieu rural sédentaire. . . . . . . 318A 19. Distribution des exploitations agricoles selon la superficie cultivée .. 320A 20. Courbe de concentration des exploitations agricoles . 320A 21. Distribution de la superficie cultivée par exploitant (Oualo). 322fi. 22: ~ bÎstriliution des densités de ·sorgho. : 322A 23. Transfôrmation dès céréàles .... . 328A 24. Courbe de concentration des. dépenses. 336

    t 1

    ;--

  • INTRODUCTION

    ORIGINE ET OBJECTIFS DE L'ENQU~TE. .. Le problème du développement de la vallée du Sénégal s'est posé depuis long- .temps. Dès les débuts de la colonJsation des tentatives ont été faites pour exploiterrationnellement le potentiel agricole - qui paraissait Important -' de cette valléefertile séparant deux zones semi-désertlques. Depuis les essais tentés par le baronRoger et son jardinier-pépiniériste Richard, il faut bien constater que la plupart desactions entreprises se sont soldées par des échecs ou des semi-échecs.

    En 1816 le colonel Shultz plaçait ses espérances dans la culture de la canne às'ucre, de' l'indigotler'ou du cotonnier. Mals, qùe ce soit à partir dei 'introduction denouvelles cultures, ou de l'amélioration des cultures existantes, en fait l'agriculturede la vallée n'a guère évolué. Dans les dernières années ·différents projets de mise envaleur de la vallée ont été élaborés, mais qui se heurtaient tous au manque de connais-sances préclse~ sur les populations, leur système agricole et leur mode de vie.

    Parmi ces projets, celui du barrage de Dagana, destiné à régulariser les crues dufleuve et à améliorer, en la stabilisant, la production agricole de la vallée, représentaitun Investissemeht de "ordre de 4 milliards de fràncs C.F.A. Se fondant sur l'utilisationdes techniques culturales traditionnelles, il s'agissait de savoir quelle populationpouvait mettre en culture les terres rendues régulièrement disponibles par le barrageet quelle serait l'incidence sur le niveau de vie de ces cultivateurs des travaux envisagés.A la demande des autorités responsables du développement de la vallée et notam-ment de la Mission d'Aménagement du Sénégal (M.A.S.) un organisme provisoirefinancé par le Fonds d'Investissement pour le Dévelc;>ppement IËconomique et Social(F.I.D.E.S.) a été créé spécialement pour ces études. Fondée sous l'égide du Service desStatistiques d'Outre-Mer à Paris, cette mission socio-économique du fleuve Sénégal(M.I.S.O.E.S.) a eu pour but de réaliser une enquête à objectifs multiples destinés àcouvrir l'ensemble des problèmes ainsi posés.

    . lËtant donné la diversité des projets de développement en cours et l'unité queprésente la vallée dans toute la zone sujette aux inondations annuelles, c'est-à-dire deBakel jusqu'au début du Delta, donc sur la partie du cours qui sert de frontière entrele Sénégal et la Mauritanie, on a décidé de faire porter les observations sur la t.otalitéde cette portion de la vallée et non pas seulement sur la zone éventuelle d'actiondirecte du barrage de Dagana.

    Le caractère interdisciplinaire de l'étude a été fortement marqué non seulementdans ses buts mais encore dans ses moyens. Les domaines abordés ont permis dedresser un véritable inventaire humain de cette portion de la vallée: '

    Démographie, nIveau de santé, budgets de famille, alimentation, habitat, agri-culture ont fait l'objet d'études systématiques à partir de sondages statistiques qui ont 'permis de recueillir dans tous ces domaines des données quantitatives valables. Lesmoyens financiers mis en jeu et la réunion sur le terrain d'une équipe de chercheursde différentes disciplines ont permis d'atteindre avec succès les objectifs proposés.

    L'enquête a été dirigée par M. Jean Causse, statisticien (administrateur del'INSEE) assisté du docteur Pierre Cantrelle (chef de la section d'anthropologie à"IFAN). L'équipe de chercheurs comprenait aussi Messieurs Jean-Louis Boutillier(Sociologue, chargé de recherches à l'ORSTOM), R. Caillol (ingénieur du service del'Agriculture), L. Gili (agent technique du service de santé), M. Fourault (ingénieur

    1

  • à la SOGETIM), C. Laurent (ingénieur agronome actuellement Assistant de Recherchesà l'I.N.R.A.), docteur Thianar N'Doye, médecin nutritioniste (O.R.A.N.A.).

    Ils étalent assistés de Messieurs: Diedhiou Famara, Kane Mamadou Djiby, N'DiayeAlioune Bakary, moniteurs d'Agriculture et Tera Mamadou, agent technique de l'IFAN.

    Ont prêté leur collaboration à titre temporaire dans des domaine particuliers_ M. Blanc, démographe (Administrateur de l'INSEE), M. J. Condé (agent technique du

    service de Santé) M. Ly Bocar, ingénieur agricole (service de l'Agriculture du Sénégal)M. N'Dao el Hadj (infirmier du S.G.H.M.P.) et pour les opérations de dépouillementMme Sabouret (attachée de l'INSEE), Mlle ~occon·Gibod_, M. Broussous(attaché del'INSEE). Enfin la partie mécanographique du dépouillement a été rendue possiblegrâce à M. Bonjour (attaché de l'INSEE) et à ses collaborateurs du central mécano-graphique du Service de Statistique de l'ancienne fédération d'A.O.F. La codificationet la partie manuelle du dépouillement entreprises à Kaédi et poursuivies à Dakar ont étéeffectuées par un groupe d'anciens chefs d'équipes d'enquêteurs de la MISOES :MM. Diallo Mamadou, Diouf Amadou, Diagne Mamadou, Fall Alioune, Ly Sada, SibyBoubou, Tounkara Abdou. L'enquête a été le fruit du travail, opiniâtre et réalisé dansdes conditions souvent difficiles, de ce -groupe et des quelques soixante chefs d'équipe,enquêteurs, chauffeurs et laptots originaires du Sénégal, de la Mauritanie ou du Maliqui y ont participé sur le terrain. _ _ . - .

    Si ces travaux ont été la résultante d'un travail d'équipe où la participation dechacun était essentielle, et impossible à isoler, l'élaboratio'n d'une partie des résultatsa été le fait de certains des chercheurs du grc;>upe. Au début de chaque chapitre serontcités ceux qui sont particulièrement responsables de leur rédaction.

    Enfin il convient de signaler que si les différentes parties composant le présentrapport peuvent sembler d'Importance très Inégale, ceci reflète les conditions danslesquelles cette étude a été réalisée. En effet, certains thèmes ont été plus spéciale-ment approfondis dans la mesure où i1~ répondaient à des besoins particuliers desprincipaux utilisateurs. C'est ainsi que le système agricole traditionnel fait l'objet d'unlong développement cherchant ainsi à éclairer les projets actuels de mise en valeuragricole. . . ,

    La place donnée à la démographie permettai~ de répondre aux besoins d'infor-mation sur le potentiel humain de même que l'analyse suivie de la çonsommationpermettait de connaître le système économique traditionnel.

    M_~THODÈS D:ENQU~TEL'enquête socio-économique de la vallée du Sénégal a été réalisée essentiellement

    à partir de sondages statistiques, son but ayant été de recueillir des données quantita-tives dans les différents domaines étudiés. Toutefois ,étant donné la faible quantitéd'informations dont on pouvait disposer sur la vallée (études, archives...) les relevésstatistiques avalent été précédés d'une part de rapides monographies et d'autre partd'enquêtes pilotes. Les techniques de relevés mises en œuvre, sauf adaptation au milieu -propre de la vallée, ont été celles misés au point dans les enquêtes analogues qui sesont déroulées au cours des cinq dernières années en Afrique Intertropicale..

    Voici les principales opérations qui ont été effectuées auprès des échantillonsétudiés. .

    Enqu@te démographique.

    Recensement case par case avec Interview individuelle sur les caractéristiquesclassiques (sexe, âge, profession, durée de résidence, scolarisation...), interrogatoireretrospectif sur les naissances et décès survenus dans les 12 derniers mols. Il convientde signaler également qu'une attention particulière a été apportée au problème desmigrations. En outre un questionnaire sur les causes de décès a été mis au point.

    Un deuxième passage des enquêteurs, un an après le premier, a permis de vérifiercertains taux établis à cette époque là. .

    Enqu@te agricole:

    Mesure des champs au pas et à la boussole. Implantation dans chaque champ dedeux carrés aléatoires pour l'étude de la densité des cultùres ou du rendement. Prise

    2

  • d'échantillons à la récolte pour J'étude des coefficients de conversion d'épi frais engrain sec. L'étude des variétés cultivées a été faite en collaboration avec le Centre deRecherches de Bambey. Des observations spéciales ont été faites pour estimer lessuperficies cultivables et non cultivées. Une étude des plantes adventices 11 été entre-prises. .

    Étude de la structure foncière

    A partir des informations recueillies pour tous les champs de l'échantillon, desobservations par interrogatoire ont été faites sur les droits fonciers.

    Enquête de con·so.mmation, alimentaire et de budgets de famille :

    Observation continue de chaque unité pendant 7 jours consécutifs, l'enquêteurpassant la majeure partie de la journée dans la concession, pour l'étude de l'auto-consommation et des dépenses alimentaires des· ménages. Un interrogatoire rétros-pectif pour les autres postes de dépenses a suffi en raison du faible niveau des revenusmonétaires et du faible nombre d'échanges monétaires par an et par ménage. Emploid'un questionnaire spécial pour J'alimentation des enfants.

    Enquête médicale :

    Examen clinique des enfants en deux p-assages, l'un en saison sèche, l'autre ~nsaison des pluies. Examens de laboratoire. ~tude particulière de certaines çndémiestropicales. .

    En ou.tre, divers relevés ont été faits dans des domaines tels que l'habitat, lascolarisation, les temps de travaux, etc•

    . Les tableaux 1 et 2 donnent les fractions de sondage utilisées et la taille desdivers échantillons. .

    Personnel et matériel

    Les relevés ont tous été effectués par des enquêteurs africains de la région (60 envi.ron), Toucouleurs, Peuls ou Maures, spécialement recrutés et formés aux techniquesd'enquête utilisées, par des stages de formation de 3 à 5 semaines; certains enquêteursont été formés successivement à plusieurs de ces techniques (démographie - agricul-ture - consommation...)

    Le personnel d'encadrement était constitué par des contrôleurs. (enquêteurssélectionnés), des moniteurs d'agricultures, un agent du service ~ Santé, des infi~-miers, trois agronomes, deux médecins, un économiste et un statisticien. '

    L'exécution des contrqles, la transmission des instructions et la collecte desobservations ont posé des problèmes difficiles de déplacement. Outre les voitures,une pinasse, deux canots pneumatiques, une plate ont dû être utilisés ainsi que troispostes émetteurs-récepteurs de radio, les routes étant coupées par l'inondationpendant plusieurs mois de l'année. Les bicyclettes étant inutilisables dans le sable, denombreux déplacements ont aussi été effectués à cheval, sur bœLJf porteur, ou à dos dechameau.

    Déroulement de l'enquête :

    Le personnel de direction de l'enquête s'est installé dans la vallée à partir defévrier 1957. La formation des enquêteurs s'est déroulée en mars-avril 1957 à Kaedi,sur la rivé mauritanienne, qui a été le centre principal de la Mission. Pendant la saisondes pluies, en raison des difficultés de communication, trois centres annexes ont étéinstallés sur la rive sénégalaise à Dagana, M'Boumba et Matam.

    L'enquête démographique s'est déroulée du 15 avril au 30 avril pour l'enquêtepilote et du 1er mai au 30 juin pour l'enquête proprement dite.

    L'enquête agricole a commencé également par une enquête pilote pendant lacampagne de cultures sur décrue (saison sèche) du 15 avril au 30 juin. Les relevés desuperficie et de rendement se sont ensuite étalés sur l'année agricole jusqu'en juin 1958

    3

  • TABLEAU 1. FRACTIONS DE' SONDAGE UTILIsÉES (1)

    Strate' sédentaires

    \,

    Enquête Relevés Centresurbains

    Agriculteurs Pêcheurs Comm.Artisans

    Strate, Peul

    StrateMaure

    Démographie '" ...... Effectifs, structure, taux·•.•.••••..... 1/5x1 1/10x1 1/10x1 1/10x1 1/10x1 0,5 x 30/100Migrations..............: •...•....... 1l5x1/3 1/10 X 1/10 1/10x1/-4 1/10x1/5 1/10x1/10 (0,5 x30/100~ x1/10

    Agriculture........ , ... Superficie Diéri .................... (2) 1/10 X 1/10 ' 1/10x1/-4 1/10 X 1/5 1/10x1/10 0,5 x 30/100 X 1/10Rendement Diéri ....... '•..... '.•.•... II/ 1/10x1/10

    Superficie Oualo '........ , ........... (2) Amont 1/10x1/10 1/10 x1/-4 1/10x1/5 1/10x1/10 0,5 x30/100x1/10Aval •. 2/10x2/10 1/10x1/-4 1/10 x1/5 .-,

    Rendement Oualo .•.•....•.•••.....• II/ { Amont -Aval... 2/10x2/10

    Temps de Travaux .......•.......••• { Amont -Aval (2/10x1/-4)x2/10

    \ ' \ Amont 1/10x1/10Consommation .....•.. Consommation alimentaire............ ,1/5x1/10 Aval .. 1/10x1/10 1/10 x1/-4 1/10x1/5

    Budgets .......'...................... 1/5 x1/3 1/10x1/10 1/10 X1/"- 1/10x1/5 1/10x1/10 1/10 X 1/10

    Santé................. Examen clinique ..................... ,1/5 x1 (1/10x1/3)x1 2 U.P.

    Autres ............... ' Habitat •..•..••......•......••.••••• Même éc~antillon que pour superficie Diéri.

    (1) Le 1er chiffre est la fraction de sondage au 1er degré, le 2e chiffre la fraction de sondage au 2e degré.(2) Seule une liste des champs cultivés a été établ,ie.

    , .

  • TABLEAU 2. - TAILLE DE L'ËCHANTILLON (NOMBRE D'OBSERVATIONS EFFECTUËES)

    Strate sédentaires

    Enqu@te Relevés Centresurbains Agriculteurs Pêcheurs

    Comm.Artisans

    StratePeul

    StrateMaure

    Démographie •.....•.•

    Agriculture.. : .

    Villages •......•...•...•.••..•..•..•.

    Personnes..........•...•.•.........•

    Diéri - Exploitants ...••.•.........

    - Champs:

    - Superficie •.............

    - Rendement .

    Oualo - Exploitants •........•••....

    - Champs:

    - Supe~ficie •.•.•.....•...

    - Rendement .

    Temps de Travaux .•.•.•..•.•.•.•...

    5

    7.000

    65

    . 65

    20.000 7.000

    475 120

    626 210300

    680 120

    1.400 HO1.020

    40

    8.000

    600

    100

    560

    102

    Consommation ..•.....

    Santé .

    Autres .

    Consommation alimentaire •.•...•....

    Budgets .•••...•...•....•.•.•.•.•.•..

    Enfants examinés ..

    Habitat .

    60226

    735

    60

    303316

    2.600

    316

    68

    70

    68

    109

  • avec un passage pour l'étude des superficies et un autre pour les mesures de rendementpour chacune des deux campagnes agricoles de l'année.

    De même les relevés de consommation alimentaire et de budget se sont étaléssur toute l'année de l'enquête (mai 1957 - mai 1958). .

    Deux passages de l'enquête clinique se sont déroulés l'un en fin de saison. sèche(mai-juin 1957), l'autre après la fin de la saison des pl uies (janvier-février 1958).

    . Le dépouillement des observations et l'élaboration des résultats ont commencépendant "enquête elle-même, sur place et à Dakar. Les relevés démographiques. saufpour la strate « maure », ont été dépouillés mécanographiquement. Il en a été de mêmede la plus grande partie des relevés agricoles. Les autres observations (autoconsom-mation, budgets, structure foncière...) ont été dépouillés manuellement.

    ** *Les remerciements de l'équipe vont tant aux Autorités Administratives et aux

    Autorités Coutumières - chefs de village et chefs de canton - qui ont facilité leurtâche qu'à l'ensemble de la population des villages étudiés dont J'accueil compréhensifa été un facteur décisif dans le succès,de l'enquête. Notre reconnaissance s'adresse toutparticulièrement à Messieurs M. Gagnard, chef du service de la statistique du Sénégal~t de la Mauritanie, Y. Mersadier, ~conomlste à l'IFAN, Jammet et Maymard, ingé-nieurs à la Mission d'aménagement du Sénégal, Dr R. Touré, médecin de l'hôpital à,Matam, dont l'aide, les conseils et l'amitié nous ont soutenu pendant ces deux ansrenquête.

    Les photographies ont été réalisées par Georges et Maya Brocher.

    6

  • PREMIÈRE PARTIE

    LE -MILIEU NATUREL

    ET HUMAIN

  • CHAPITRE 1

    LE MILIEU NATUREL (1)"

    Long de 1 800 km, le fleuve Sénégal est formé par la réunion de deux rivières: leBakoy grossi du Baoulé qui viennent des monts Manding, et le Bafing qui prend sasource dans le massif du Fouta-Djalon; la rivière Falémé, venue également du Fouta.Djalon vient grossir son cours un peu en amont de Bakel.

    Ces trois rivières sont orientées du sud au nord, puis s'infléchissent vers l'ouest,et le fleuve lui-même décrit un arc de cercle orienté de l'est à l'ouest et va se jeter dansl'océan Atlantique par un delta qui occupe la région comprise entre Richard-Toll etSaint·Louis.

    Le bassin du Sénégal

    Comme dans tout l'Ouest africain, le bassin du Sénégal repose sur un socle précam·'brien issu de roches sédimentaires très anciennes qui ont été fortement plissées etmétamorphosées par l'injection de roches éruptives, puis nivelées par l'érosion.

    Sur ce socle se sont déposées durant l'ère Primaire plusieurs couches de sédiments,. principalement gréseux, traversées de dolé rites. Ces grès et dolé rites forment les

    principaux reliefs du haut-bassin. ' ,Au Crétacé et à l'Eocène, la mer a recouvert le sud-ouest de la Mauritanie et la

    plus grande partie du Sénégal. En se retirant elie a laissé des dépôts calcaires ou argileux,qui ont été recouverts par une série détritique appelée continental terminal. Enfinau quaternaire certaines régions côtières ont à nouveau été envahies par la mer (2).

    L'ensemble de ces transformations fait apparaître trois régions bien distinctesdans Je cours du fleuve: .

    - le cours su périeur, avant Kayes, franchit des formations sédimentaires trèsanciennes.

    - le cours moyen, de Kayes à Bakel, et la Falémé traversent des régions plutôtmétamorphiques et granitiques.

    - le cours inférieur à l'aval de Bakel traverse un bassin sédimentaire récent, quise subdivise lui-même en deux: la vallée proprement dite de Bakel à Rlchard·TolI,et le delta entre Richard·TolI et Saint-Louis.

    . C'est sur la « Vallée» qu'a porté ('enquête de la Mission socio-économique duSénégal. Dans cette partie de son cours le fleuve sépare deux déserts : les dunes deMauritanie au nord et le Ferlo, constitué par une carapace latéritique reposant surun ancien plateau gréseux, au sud.

    Dans cette zone la crue, provoquée par les fortes chutes de pluies tombant enhivernage sur le Fouta-Djalon, détermine une région fertile entre les deux déserts.

    (1) Ce chapitre a été rédigé par M. C. Laurent. " . ' 1(2) Pour l'évolution géomorphologique cf. : Michel. Étude géomorphologique de la vallée du

    Sénégal, Archives M.A.S. 1958.

    9

  • Le fleuve, dans son lit mineur décrit de 'nombreux méandres tandis que son litmajeur ayant 10 à 25 km de large suivant les endroits, est inondé en plus ou moins grandepartie suivant la hauteur de la crue. La pente du fleuve est extrêmement faible puis qu'àBakel il est à peine à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer et doit encore parcourir1 000 km avant d'y parvenir; un seul affluent, le Gorgol, se jette dans le Sénégal danscette partie du fleuve, et se trouve à sec pendant une partie de la saison sèche; tandisque, de Saldé à Podor un bras du fleuve, I,e marigot de Doué enserre avec celui-cil'Île à Morfil. Enfin à l'extrémité occidentale de la vallée, le Sénégal communique àgauche avec le lac de Guiers, à droite avec le lac R'Kiz par deux affluents-défluentsqui sont respectivement la Taouey et le marigot de Koundi.

    Le climat

    Comprise entre 150 et 170 de latitude nord, la vallée est entièrement située dansla zone de climat sahélien. Peu sensible à l'influence des alizés cantonnés sur la zonecôtière, elle est soumise à l'harmattan d'est, sec et chaud, en février-mars. Puis à partirde juin l'oppositon entre l'harmattan et la mousson tiède et humide venue du Fouta-Djalon, amène les premières tornades et la pluie sur la vallée. L'hivernage prend placeensuite, des vents de moussons apportant les pluies.

    Deux saisons nettement marquées se succèdent donc: une saison sèche et chaude'de novembre à mai, dominée par l'harmattan à partir de février, une saison humide(hivernage) de juin à octobre, durant laquelle tombe la totalité des précipitationsannuelles. . ,

    Les températures ont des variations semblables d'une région à l'autre tout aùlong de l'année ét sont plus élevées en amont dans l'intérieur des' terres. La termi-nologie toucouleur distingue cinq saisons dont la dénomination est liée aux précipi-tations et aux températures :

    - Daboundé, saison fraîche de novemb~e à février, se réchauffant progressivement.- Tiédou, saison la plu's chaude et très sèche, en mars et avril.

    Déminaré, pendant laquelle se déclenchent les premières tornades en mal-juin.

    N'doungou, saison des pluies, moins chaudes, de juillet à mi-octobre._ .- Kaoufé, chaude et humide avec diminution des pluies, de l,a ml-octobre à la

    ml-novembre.

    Voici ies témpératures en degrés centigrades relevées dans les stations de ,Matam(amont) et Podor (aval); moyennes sur la période de 1950 à 1957 (source : ServiceMétéorologie).

    .,Matam , Podor

    Mois Moyennedes .

    maxima

    Moyennedes

    minima

    Moyennedes

    maximâ

    . Moyennedes

    minima

    Janvier ...... ; ...• : ••.. '. . . . . . . . . . . . . • . . • • • . . . • 32,4Février .........•••.•..............•••...... . 34,9Mars....................................... 38,8Avril :....... 41,1Mai......................................... 42,0Juin' .•..•...........•.....•..•.......••..... 39,9Juillet. • .•.. ... .. . .. • • . . . • . . . .. ... . .. .. • . . . • . . 35,0AoOt •••• •••• ••.•. .•••.••••••• ••••••.••••••• 33,2Septembre.. . . . . . . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . • . . . • • . • 33.0Octobre .......•....•.•.. : .........•••..• :. • 34.8Novembre ....• :............................ 35,4Décembre................................... 32,2

    10

    Moyenne annuelle 36,1

    11,9 30,8 15,213,6 31,3 16,018,4 36,6 18,521,5 39,3 19,925,4 41,0 22,825,9 40,4 23,924,1 36,6 24,420,7 35,1 - 24,620,6 34,4 24,920,8 34,8 24,817,2 34,3 21,813,2 30,4 16,1

    19,4 35,S 21,1

  • La pluviométrie varie en décroissant de l'amont vers l'aval, la durée, la hauteuret le nombre des jours de pluies diminuant progressivement de Bakel à Dagana.

    Les hauteurs de pluie ne dépassent jamais 600 mm, les maxima se situant dansles mois d'aoOt et septembre. .

    Le tableau cl-dessous indique les moyennes relevées dans trois escales de lavallée.

    TABLEAU 1-0. - PLUVIOMÉTRIE DE LA VALLÉE

    (moyennes relatives à 3 escales).

    Mois

    ROSSO (1)

    janvier •••••••.••••••.••••..••••••..•.••.••••••Février •••••••••..•••••••••••••.•.••..•••••.••Mars ••••••.•••••••.•...•.••••.•••.•.••••••••••Avril .Mai .juin •••••••••••••••••..•••••••••••••.••••••..•juillet .AoOt .Septembre .Octobre •••••••••••••••••••.••••.••••••••••••.•Novembre .Décembre '" .••••.••.•

    Année •••••••••••••••••••••.••.••••.••••••

    PODOR (2)

    janvier ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Février ••••••••••••••••••••••••••••••••••.••••Mars •••••••••••••••••••••••••••••••••••.••••••Avril.: .Mai .Juin •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Juillet••••••••••••••••••••••• : •••••• : •••••••••••AoOt .Septembre .Octobre .Novembre •••••••••••••••••••••••••••••••••••••Décembre .

    Année ••••••••••••••••••••••••••••••••••••

    MATAM (3)

    janvier ••••••••••••••••• : ••••••.••••••....••••••Février •••••••••••••••••••••••••••••••. ; ••••••Mars •••••.••••.•••••..•.....•••••••••.••••••••.Avril .Mai .juin •••.•••••••••••••••.••...••.•.••••.•.••••••juillet .AoOt .Septembre : •••••••Octobre .Novembre .Décembre .

    Ann~e .•••••••••.••••••••••••••.•••.••••••

    (1) Moyenne sur la période 193+1952.(2) Moyenne sur la période 1918-195-4.(3) Moyenne sur la période 1919-195-4.

    Nombre Hauteur HauteurHauteur de maxima minimajours

    0.1 0.1"

    0.2 00.8 0.3 10.0 00.2 0.1 3.0 00.1 0.1 1.0 02.7 0.-4 25.0 08.1 1.0 60.0 0

    -40.6 1.2 107.3 6.1145.5 9.3 -498.3 6.6

    81.7 7.0 163.7 20.731.5 2.5 11-4.6 02.6 0.3 18.1 01.2 0.2 22.9 0

    315.1 22.5 611.8 106.0

    0.5 0.2 9.0 01.7 . 0.4 2-4.5 00.9 0.2 25.8 00.1 0.1 2.0 03.1 0.6 27.5 0

    15.9 1.8 6-4.-4 O.57.6 -4.7 208.1 2.2

    128.9 8.-4 310.3 12.57-4.3 6.2 . 189.-4 5.921.9 2.2 197.7 02.8 0.6 49.0 00.7 0.3 14.3 0

    3OJJ.4 25.7 633.2 98.4

    0.9 0.2 12.7 00.6 0.2 20.1 00.3 0.1 5.8 00.1 0.0 2.5 06.8 0.7 100.0 0

    53.8 -4.2 168.0 1.0118.0 6.8 272.2 21.2 .208.3 10.3 -472.6 68.7108.1 8.1 285.3 25.721.9 2.1 117.9 0

    2.1 0.5 -41.0 02.0 0.2 -40.6 0

    522.9 33.4 1.tt1.9 255.2

    11

  • La crue

    Le régime des crues dépend surtout des pluies tombant sur le bassin versant dansle Fouta-Djalon. .

    Elle s'amorce en. mai dans le Bafing et la Falémé, mais ce premier flux est absorbéentre Bakel et Matam par les cuvettes, limitées par des seuils. .

    En juillet l'eau monte rapidement à Bakel par une série de pulsations, les diversesondes de crue se propageant peu à peu vers J'aval. L'eau sortant du lit mineur et emplis-sant les cuvettes qui constituent le lit majeur, la propagation se trouve ralentie àmesure qu'on se dirige vers l'aval. Le maximum de la crue èst atteint généralement ,vers le début de septembre à Bakel et vers le 15 octobre à Dagana. La fin des pluiesmarque le début de la décrue.

    D'une année sur l'autre, il peut y avoir entre les crues des différences considérablesqui conditionnent étroitement les superficies disponibles pour les culturesde saison sèche. On distingue des crues fortes, moyennes ou faibles suivant le niveauqu'atteint l'èau au-dessus de l'étiage. Les ordres de grandeur du débit maximumsont les suivants, à Bakel et à Dagana (1).

    Bakel Dagana

    Crue forte ••.•........•...••.•....•...........•••.•....•..•.....Crue moyenne ..•.•••..•.••......... ; .•.•....•..............•..•Crue faible ••..••.•.•....••.....•..•.•..........................

    6.000 m3/s4.000 m3/s2.500 m3/s

    4.200 m3/s2.400 m3/s1.600 m3/s

    Les crues les plus faibles ont eu lieu en 1902,1913, 1914 et 1944, les plus fortes en1906,1922 et 1936. Depuis la crue catastrophique de 1944 qui amena la famine dans lavallée, toutes les crues ont été moyennes-fortes (2), à l'exception de celle de 1950qui a été forte.

    Aspect de la vallée (3)

    Les conditions de la crue déterminent une structure particulière qui se retrouvetout le long de la vallée. Quel que soit ·l'endroit de la vallée où l'on se trouve, unecoupe en travers de celle-ci se présente généralement comme il est indiqué sur lafigure c1·contre. L'ensemble des terres du lit majeur est nommé Oualo, et porte .lescultures de décrue en saison sèche. Les parties jamais inondées s'appellent Diét'l etportent les ~ul.tures d'hivernage. .

    La végétation naturelle est celle d'une savane arbustive assez, clairsemée où legonakié (Acacia scorpioïdes), le tiaski (Faidherbia albida) se mêlent aux hautes .herbescespiteuses. . ,

    Par endroit elle fait place à la savane à Vétiver (Vétiveréa nigritiana), graminéequi croit en énormes touffes dans les dépressions humides (4).

    Dans le .lit majeur du fleuve se trouvent, au milieu des champs de oualo, plusieursforêts classées,. peuplées surtout de gonakiés (forêt de N'Dioum, Silbé), en net contrast.eavec le diéri où les arbres sont disséminés dans une savane qui s'éclaircit de plus eh

    (1) M. Guillaume : Rapport de Mission sur l'Aménagement du fleuve Sénégal, décembre 1956·février 1957.

    (2) On a l'habitude de caractériser les crues moyennes avec davantage de précision en distinguantcrues moyennes faibles et crues moyennes fortes.

    (3) On trouvera une description détaillée de la vallée dans :-:- L. Papy. La vallée du Sénégal, pp. 1-48, cahiers d'outre-mer, nO 16, octobre-décembre 1951..-A. Jammet. ~tude du Milieu et de l'Agriculture traditionnelle des populations de la vallée pp. 1·27.

    Bulletin nO 28. Archives MAS Saint-Louis 1953. P, 1 Bulletin nO 65. Archives MAS - Saint-Louis 1956.

    (4) ~tant donné l'étroite relation existant entre la nature des terres et les conditions de l'agriculturedans la vallée, ('étude détaillée des différents types du sol a été placée au début du chapitre relatif àl'Agriculture.

    12

  • Graphique a . •COUPE SCHEMATIQUE DES TERRAINS DELA VALLEEDANS LA RÉGION DE PODOR

    Util isationagricole

    FONDÉ.

    FALO DIACRE

    Ma'JStates non

    omates Cultivé

    FONDÉ

    Site Sorghode après

    Village f1;!1 crue

    OUALO

    Culture de decrue en sorgho non cultive

    DIERI

    Cultured'hivernageen petit mil

    ....w

    l' :1 11 1

    1 :

    : üt mineur 1du fleuve 1

    ,0( ~I1,11

    1

    11,,

    Crue forte

    Crüe mOJenne

    Crue faible

    Etiage

    II) La même disposition se présent.e sur l'autre rive du fleuve SOURCE: Mission d'Aménagement du Sénégal

  • plus à mesure qu'on pénètre dans le Ferlo au sud et à ('intérieur de la Mauritanie aunord..

    Les habitants de l~ vallée ont disposé les villages dans les parties que la cruen'atteint pas. Sur le bourrelet bordant le lit mineur (fondé) sont installés des pêcheurset des cultivateurs, tandis qu'on trouve, en bordure du oualo de nombreux villagesde cultivateurs. Certains d'entre eux sont habités seulement pendant l'hivernageet leurs occupants se rendent dans des campements qu'ils établissent au milieu deschamps de oualo durant la saison sèche. ~imultanément les Peuls et les Maures quitranshument assez loin dans le diéri pendant l'hivernage viennent aussi occuper descampements situés dans le oualo ou en bordure de celui-ci.

    14

    /

  • "

    CHAPIT~E 2

    LES' POPULATIONS

    2.1. HISTORIQUE DU FOUTA TORO (1)

    Si certaines sociétés africaines" peuvent correspondre à la cat.égorie des «peuplessans Histoire »,-i1l\esau~itêtre question à propos de ia société toucouleur d'utiliserun cadrie. aussi simplificateur., •

    En effet, pour la vallée du Fleuve une véritable Histoire, complexe et touffue,existe, intégrée d'ailleurs à celle de toute la zone sahélienne et de l'ensemblé' saharo.méditerranéen. De nombreux textes arabes à partir du xe siècle, d,es textes français;anglais, portugais à partir du XVe, une tradition orale transmise par les castes desgriots (Gaoulo et Bambado) permettent d'en reconstituer les principales étapes.

    Vers le IXe siècle de notre ère, les populations vivant actuellement dans la valléesemblent à peu près définitivement en place. Antérieurement, les données préhisto-riques ou protohistoriq':!es sont insuffisantes pour connaître les grands flux de popu-lation que semble avoir connu la région. Le peuplement le pius anciennement connudans la vallée est probablement apparenté aux actuels Sérères dont l'Implantationremontait probablement très au nord jusque vers l'Adrar, ces groupes ayant été peuà peu repoussés dans les premiers siècles de notre ère par des éléments de race blanchevenant du Nord et de "Est - sémites probablement. Quelle était la configurationde la région au Xe siècle, siècle capital pour la vallée, époque desa première islamisation l

    Au nord et à l'est de la val!ée, existait. le royaume du Ghana dont les élémentsles plus nombreux étaient apparentés aux Soninkés et Sarakolés actuels mais qui étaitdirigé par des éléments d'origine sémite et comprenait aussi d'importants groupementsde Berbères Zénaga formant avant leur englobement dans le royaume de Ghana, leroyaume d'Aouda-Ghost. Au sud de la vallée vivaient des populations venues de l'est,

    . peut-être du Macina et qui étaient des Peuls. Mais c'est avant le Xe que se produisit lebrassage de populations dont émergea ce qu'on appelle actuellement les Toucouleurset qui résulterait du croisement des Peuls avec des éléments autochtones nOIrs, unepartie de ceux-ci ayant été refoulée à cette époque vers la côte atlantique et les réglonshabit§es actuellement par les Sérères. et les Lébous -, Siné-Saloum et Cap-Vert (2).

    (1) Ce chapitre a lltll rédigl! par M. J.-L Boutillier.,(2) JI faut mentionner les différences d'opinion des savants en ce qui concerne l'origine. des Peuls.

    Baumann et Westermann leur"assignent comme lieu d'origine et d'expansion le Fouta Toro et les distin-'guent nettement des Toucouleurs formant d'après eux une race à part ayant adoptl! la langue des Peuls •et au Xl" l'Islam qui les aurait refoulés vers l'an 1000 : thèse difficilement contredite en raison de l'l!nigmede "origine des Peuls dont aucun document sOr ne signale la présence ailleurs qu'au Fouta Toro avantle XI" siècle.

    15

  • A partir du xe siècle donc, le royaume de Tekrour paraît exister en tant qu'ÉtatorganIsé. L'Islam prend à cette époque une influence prépondérante. Au XIe siècle leroi d'Aoudaghost embrasse l'Islam; vers le milieu du siècle, Abdallah Ben Youneavec Yaya Ben Thilem, et sept autres compagnons, suivant l'histoire ou la légende, semettent en retraite dans une île du fleuve; Ils sont surnommés « ceux du Ribat »AI Marobatln - Almoravides - mouvement qui comme on le salt va au moyen-âgeconquérir et donner l'Espagne à l'Islam. Dès le XIIe siècle donc, le destIn de la valléedu Sénégal dans l'ensemble ouest africain s'affirme comme limite entre le monde blancpropagateur de la foi du Prophète et le monde noir. Tourné vers ce dernier, Il servirade base de départ à l'Islam chaque fois que celui-ci sera en expansion.

    Au XIIIe siècle l'empire du Mali domine à son tour le Tekrour qui restera pendantdeux siècles une puissance vassale et ce n'est qu'au XVIe siècle que le Fouta sénégalais,guidé par les Peuls, recouvrera son indépendance. Au milieu du siècle, partant de' lavallée, Koli Tenguella attaque et défait les Mandingues vers la Gam bie, affranchitdéfinitivement le Fouta du joug mandingue et crée au Fouta Djallon un empirepeul.

    A partir de cette époque, des contacts s'établissent entre royaumes africains etcommerçants puis colonisateurs d'Europe occidentale, contacts quI vont profon-dément bouleverser l'histoire africaine. On peut distinguer pour la vallée du Sénégaldeux phases. La première qu'on pourrait appeler la période de pénétration commer-ciale va de 1500 jusqu'à vers 1750.

    Les différentes puissances commerciales européennes (Angleterre, Espagne,Hollande, France, Portugal) cherchent à implanter des comptoirs commerciaux: leur

    ,but essentiel est la traite - c'est-à-dire la vente de marchandises diverses (barres defer, cotonnades, la « pacotille ») et l'achat d'or, d'~sclaves et de quelques autres pro-duits tels la gomme qui dans la vallée va fortement intéresser les traitants•

    . . Les grandes Compagnies qui ont le quasi-monopole de la traite demandent à leurs:Gouvernements un minimum de protection militaire pour leurs comptoirs. C'estl'époque où Hollandais, Français, Anglais et Portugais se disputent la possession de

    'Gorée, d'Arguln puis de Saint-Louis; un certain Jannequin de Rochefort relatela construction de la première habitation française fixe à l'embouchure du Sénégal dans"île de Bocos et à partir de 1659 dans l'île Saint-Louis à l'emplacement de la villeactuelle.

    Si le fleuve semble avoir été exploré au moins jusqu'à Podor dès le XVIe siècle, ce. n'est au cours du XVIIe que le commerce sur le fleuve s'intensifia. C'est l'époque de laCompagnie de GaJam. Des chaloupes assez nombreuses font le trafic entre l'embou-chure et les escales dont les plus célèbres sont: l'escale du Coq, celle du Désert, leTerrier Rouge.

    De nombreux traités lient la Compagnie aux différents chefs Maures ou Toucou-, leurs respectivement sur la rive droite et la rive gauche du fleuve qui sont ainsi {:ensés,

    moyennant le versement de redevances appelées « coutumes », protéger les opéra-'tlons commerciales et les embarcations des traitants.. .« Le commerce de cette rivière consiste en or: gomme d'Arabie, ivoire, {:ulrs et

    :captifs qu'on échange contre des verroteries, fer en barre, voiles, corail, .ambre jauneet quelque argent.. _. ' .... .

    On paye un tribut annuel, qu'on appelle coutume, aux rois du pays moyennantquoi on peut librement trafiquer dans l'étendue de leurs royaumes; jJ est vrai quequelquefois ils vous défendent la traite, pour tâcher de tirer quelque présent : mals,aveé un peu de prudence on évite cela (1) ».

    L'hlstoire de cette période des compagnies n'est ainsI qu'unelonguesultedepetits traités, marchandages et installations de comptoirs plus ou moins provisoiresdont l'efficacité commerciale dépendait du rapport de force entre chefferies locales -elles-mêmes très mouvantes et sujettes à beaucoup de rIvalités - et compagniescommerciales dont certaines entretenaient m~me de petites troupes de mercenaires.

    (1) Premier voyage du sieur de La Courbe fait i la Coste d'Afrique en 1685 -'Paris 1913-.pp.29-30.

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  • En fait, l'histoire de la pénétration française sur le fleuve est celle de la protectionpar des postes et des forts des comptoirs commerciaux qui se sont créés peu à peu.A part quefques voyageurs plus ou moins désintéressés - de Caillé à Mollien - oud'hommes à visée- plus lointaine soit cherchant les mines donnant l'or du Bambouk,soit pensant à une- exploitation rationnelle de terres encore inexploitées (Brue), lapénétration. s'est faite en raison de la traite de quelques produits. La première colonnemilitaire à aller à Médine au-del~ de Bakel a été pour protéger ce comptoir,

    Parallèlement à l'implantation des Européens sur la côte et leur lente pénétrationvers' l'intérieur. se produisit une transformation profonde des conditions socialeset politiques dans le Fouta Toro. La dynastie des souverains denianké s'était imposéeaprès la conquête du pays par Koli Tenguella vers 1515. Il avait ainsi mis sous sa domi-nation l'ensemble de la population de la vallée et notamment les autres princes peulsexerçant déjà depuis longtemps des commandements territoriaux comme le LamToro et le Lam Terness. Les souverains foutanké qui portaient le titre de Saltigui,semblent: avoir réussi - en particulier par la distribution d'apanage à leurs plus fidèlescompagnons - à créer un pouvoir efficace et centralisé; les descriptions du P. Labatd'après les notes de Brue reçu fastueusement à la cour du « roi Siratique » en 1698l'attestent.

    Cependant la puissance de cette dynastie peule et païenne était sapée par unmouvement politico-religieux qui trouva une facile audience dans cette société destructure féodale et auprès de certaines couches de la population plus ou moins isla.misée déjà de. tongue date. Malgré une politique foncière audacieuse de distributionde domaines appartenant jusque-là à la couronne - politique qui, on le verra a profon.dément marqué la structure foncière de la région - menée par un des derniers SaltiguisSouley N'Diaye dont le règne dura plus de 40 ans au début du XVIIe siècle, le partimaraboutlq.ue sous la direction de Souleymane Bali ne tarda pas à venir à bout de ladynastie denianké et en 1778, après leur défaite définitive, commença le régime connusous le nom d'Almamyat et qui devait durer jusqu'à l'occupation de la vallée par lesFrançais.

    Les Almamy, qui étaient des chefs élus de la communauté musulmane et non dessouverains héréditaires, avaient en principe un pouvoir tant spirituel que temporel.En fait, en dehors de personnalités puissantes comme le premier Almany Abd-el-Kader dIt Abdoul dont l'autorité ne fut jamais mise en question, la structurede type féodal de la société toucouleur se maintint et même probablement seprécisa. La classe nouvelle des «Torobés» (1) cherchant à consolider son pouvoirse fit attribuer de grands domaines fonciers pour égaler les puissantes familles Peulesdont certaines se firent reconnaître grands électeurs de l'Almamy. En fait sous cetteapparente théocratie démocratique Il est facile de discerner la puissance de quelquesdizaines de famitles dont les dissensions et les querelles firent l'histoire du Fouta auXlxe siècle. -

    A la fin du XVIIe siècle des courants commerciaux à peu près réguliers existaientvers l'intérieur qui était reconnu jusque dans sa haute vallée, en amont même deschutes du Félou et de Gouina à partir, semble-t-il, de 1667, soit d'après les cartes dutemps, à travers le royaume du Brac des Oualos, à travers le royaume des'« Poules»soumis au «prince Siratique », à travers le royaume de Galam et celui de Bambouk

    > jusqu'au pays des Bambaras.

    L'insécurité du commerce .sur le fleuve, l'installation en force des ~rançais àGorée, au Cap-Vert et sur le bas Sénégal autour ,.de Saint-Louis rendu aux Françaispar le traité de Vienne, entraînèrent une profonde transformation des rapports deforce et des méthodes commerciales. Cette seconde phase de la pénétration qui devaitaboutir à l'occupation complète de la vallée par les Français commença vers 1840 pourfinir vers le début du XXe siècle par la pacification complète, d'abord de la rive séné·galaise, puis de la rive mauritanienne. L'insuccès des différentes compagnies commer·ciales aux XVIIe et XVIIIe siècles, les nombreuses difficultés que rencontrèrent les trai·tants au début du XIXe siècle amenèrent grâce à la pression de ces derniers le Gouver·

    (1) Pluriel dl!! « Torodo ». (ln poulor.

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    .'

  • 1

    nement français du Sénégal à intervenir sur le fleuve. Toucouleurs et Maures, sous laconduite de chefs turbulents, tendaient, ,à chaque traite, à remettre en question les'privilèges des quelques commerçants qui menaient le trafic sur le fleuve. En 1851, les,commerçants du Sénégal adressent au gouverneur de la Colonie une pétition pour seplaindre de la « situation intolérable qui leur est faite par les exactions et les brigan-dages des indigènes Ouolofs, Maures et Toucouleurs ». Ils réclament «la suppressiondes escales, sortes de foires annuelles où se faisait la traite des gommes sous la surveil-lance des chefs maures et dans des conditions humiliantes et onéreuses pour nous etleur remplacement par des établissements de commerce permanents et fortifiés: ('unà Dagana, où nous avions déjà un petit fort, l'autre à Podor où nous en avions eu un'autrefois (1 )... ».

    Aussi le gouverneur dans une première étape cherche peu à peu à conclure destraités avec les principaux chefs du fleuve et à implanter des postes militaires auxprincipales escales. Cette politique de traité et ces tentatives d'administration indirecteéchouèrent· devant l'indiscipline des chefs toucouleurs et maures, les dissensionsintérieures et les intrigues qui étaient· encore renforcées par la présence des Françaisà Saint-louis.

    De 1850 à 1890, c'est une longue période de troubles, de guerre et de faminedont le Fouta Toro mettra de nombreuses années à se remettre et dont le souvenirest encore très vivant dans la vallée. les expéditions de colonne's 'françaises et deflotilles se succédèrent sans cesse avec des fortunes diverses et la progression dansl'ensemble est très lente. En 1854, Protet construit le fort de Podor. En 1855, après lacampâgne menée contre la reine du Oualo entraînée par les Trarzas, le Oualo estdéclaré « pays français ».

    la Guerre Sainte déclarée par le Grand Marabout conquérant El Hadj Omar,originaire lui-même d'Aloar dans la région de Podor, contre les «,États idolâtres»~aarta - Cayor - Baol - Sine Saloum, devait se heurter très vite aux prétentionsfrançaises à la domination du Sénégal. Venu au Fouta Toro pour le soulever, il se heurteaux pouvoirs des chefferies locales, mais grâce à son immense popularité, s'il échouedans ses tentatives d'annexion du Fouta au véritable empire soudanais qu'il est en trainde constituer, il réussit à se faire suivre par un grand nombre de To~couleurs; C'esten février 1859 un exode massif des Toucouleurs vers le Macina qui entraîne le départde plusieurs milliers de personnes et d'un bétail considérable et dont les conséquencesdémographiques et économiques ont été très profondes.

    le Torq et le Dimar déjà annexés depuis 1849 se révoltent, entraînés par AbdoulBoubakar grand électeur Bosseiabé et ennemi fanatique de tout accord avec la France.le régime des Almamy s'effondre sous les querelles intestisnes auxquelles les Françaisbasés à Saldé ne sont pas étrangers. En 1864, c'est l'Expédition du Fouta me,née parFaidherbe qui remonte jusqu'à Matam. Ahmadou Cheikhou à son tour soulève lesToucouleurs contre les Français: en janvier 1870, une colonne de 5.000 hommes monte,le fleuve. Mais Ahmadou Cheikhou quitte la région et il ne sera battu qu'en ~875 à labataille du Boundou. '.

    En 1,877, un traité est conclu à Galoyaavec le Fouta et un autre avec le Damgaen1881,après de nouvelles expéditions; mais l'agitation continue, Abdoul Boubakar renonçantà soulever les chefs Toucouleurs, s'allie avec les Maures, et ce n'est qu'après l'écra-sement en 1891 de l'armée d'Abdoul Boubakar par une colonne française conduitepar le Saint-louisien Dodds et munie d'un équipement évidemment bien supérieur àcelui des gens du Bosséa et des Maures que la conquête est complète et que tout leFouta Toro se trouve annexé à la colonie du Sénégal.

    (1) G. Faidherbe: Le Sénégal ~ Paris 1889.

    18,

  • 2.2. LA DÉMOGRAPH lE DE LA VALLÉE (1)

    2.2.1. - INTRODUCTION

    Rappelons que la reglon étudiée par la M.I.S.0.E.S. comprend la portion de lavallée du Sénégal située 'entre Dembakané en amont et Dagana en aval, soit une zones'étendant sur une longueur de plus de 400 kilomètres.

    Comme l'objectif principal de l'enquête était l'étude des populations plus oumoins directement intéressées par les projets d'aménagement hydro-agricole dufleuve, l' « univers» du sondage statistique a compris principalement les circonscrip-tions administratives riveraines du fleuve. C'est-à-dire:

    Sur la rive sénégalaise

    Subdivision de Daga'!a : (cercle du Bas-Sénégal) :

    Canton de GallodjinaEscale de Dagana

    soit une population recensée administrativement 16.200 habitants.

    L'ensemble du Cercle de Podor :

    Canton du Dimar•.•.•••.....••......•••.......................•.•.........•Canton du Toro Occidental •.....•............••............••...... , .Canton du Toro Oriental ••......•............••........... ; .Canton d'Aéré-Lao .Canton du Laro Oriental. ......•..........••......• '•...............•...•....Canton des Irlabés Ebyabés ...••.....•..••.••...•............••..............Commune de Podor ••••....••.•..•......•••...••.•..•....•.••........•.....

    soit une population recensée administrativement :' 85.800 habitants.

    Cercle de Matam :

    Canton du Dainga .Canton du Bossb •...•.......•..•.........•.•.••.....................•....Canton du N'Guénar .Commune de Matam ••..••••....••.•.....••••••.....•...•..•........•••....

    soit une population recensée administrativement : 98.700 habitants.

    13.10011.2009.200

    10.80019.80018.300

    3.'l00

    41.60024.10029.800

    3.200

    Seul du cercle de Matam. I~ canton du Ferlo peuplé d'environ 6.000 Peuls nomadisant à l'intérieurmême du Ferlo a été exclu de J'étude. Pour J'ensemble de la rive sénégalaise, la population recensée.administrativement est donc de 200.700 habitants.

    ,Sur la rive mauritanienne:

    Subdivision de Rosso (Cercle du Trarza)

    Canton de Tiekane •......................•......•.............••.........•Escale de Rosso .....................••.................•..•..•.•.........•

    Subdivision do Boghé (Cercle du Brakna) :

    Canton du Toro .Canton du Lao .......••••..................••.........•.••...........••. :Canton des Irlabés Ebyabés : ..Escale' de Boghé ..•...........••.........••...........•....•..•.•.•.•.•...

    1.8001.800

    9.0009.500

    12.0002.300

    (1) Ce chapitre a été rédigé par MM. j.-L. Boutillier et j. Causse. Les relevés ont été effectués sur'le terrain sous le contrôle de MM. Blanc et Cantrelle.

    19

  • Cercle de Kaédi :

    Canton de Néré •••..............••••.••....•••......•••..•.....•...•...•..Canton de Kaédi•••••..•.........•.•••••..••.•••..•..•.•..••...•..•...••...Canton du Littama •..•••••...•...••.•••..•..••..•••............•••..•.••••Escale .de Kaédi ••.••••.••.•....•.•.••••••.••....••••.••.•••••.....•.•••.••

    soit une population recensée administrativement de : 72.300 habitants.

    4.70010.30015.1005.800

    Sur la rive mauritanienne, rive droite du Sénégal, Il existe de nombreux groupe-ments de Maures cultivant en saison· sèche les terres de décrue du fleuve. Vivant seule-ment saisonnièrement dans la vallée et dans des tentes très disséminées, ces Maures

    . cultivateurs appelés parfois Maures Noirs, Tyab ou Haratines, ne peuvent faire l'objetde recensemènts comme les autres populations résidant avec plus ou moins de fixitédans les villages. Ils sont en fait recensés avec leur fraction qui est "unité de l'organi-sation sociale et qui comprend à la fois des beidanes de caste maraboutique ou guer-rière, s'adonnant aujourd'hui principalement à l'élevage et les Tyab ou Haratines,gens de caste inférieure dont une forte proportion vit d'agriculture dans la vallée,le oualo des Toucouleurs qu'ils appellent le Che.mama. Ces Maures cultivateursayant un mode de vie très différent ont nécessité une étude et des méthodesd'enquêtes particulières.

    2-2·2- LA POPULATION DE LA VALLÉE

    La population de la vallée est en majorité de race Toucouleur. Sur les 341.000 habi-tants de la zone étudiée 187.000 soit 54,8 % appartiennent à cette ethnie. Leur domaines'étend depuis Fanaye à 30 kilomètres en amont de Dagana jusqu'à Waoundé à 60 kmsen aval de Bakel. Ils sont d'ailleurs sensiblement plus nombreux sur