la maladie invisiblela porno dépendance quel que soit l’objet de dépena c , l s - dants vivent...

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Magazine trimestriel de l’ALPABEM Printemps 2015 , volume 3 - numéro 11 - Dépôt légal 0840-5530 20 26 Le burn-out numé- rique Le stress Post-traumatique 34 Les techniques d’impact NEURASTHÉNIE P. 23 LA MALADIE INVISIBLE

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Magazine trimestriel de l’ALPABEM Printemps 2015 , volume 3 - numéro 11 - Dépôt légal 0840-5530

20 26Le burn-out numé-rique

Le stress Post-traumatique 34 Les techniques

d’impact

NEURASTHÉNIE

P. 23

LA MALADIEINVISIBLE

CONFÉRENCESSanté mentale

Chaque mois, nous vous présentons GRATUITEMENTune conférence sur la santé mentale

Saison2014-2015

Ce que vous devez savoir sur les électrochocsMardi le 17 mars - 19h

Le traitement des maladies mentales par l’électroconvulsivothérapie (ECT ) est synonyme, pourplusieurs, d’une technique inhumaine, barbare et frappe encore l’imaginaire. Les films « Vol au-dessusd’un nid de coucou » ou « Alys Robi : Ma vie en cinémascope » ont marqué le Québec, et cette per-ception est encore aujourd’hui ancrée chez beaucoup de gens. Heureusement, la pratique de l’ECTa beaucoup évolué depuis les années 50, favorisant davantage le confort et la sécurité des usagerspar de nouvelles techniques veillant à maximiser l’effet positif tout en minimisant les effets secondaires. Conférencier : Dr Simon Patry, psychiatre, professeur agrégé à l’Université Laval, Il est le directeurdu centre d’excellence en ECT et Dre Morgane Lemasson qui détient des études postdoctorales enNeuroscience

Coût : gratuit - Réserver au 450-688-0541Où :  Auditorium Réal-Dubord Hôpital de la Cité-de-la-Santé

1755, boul. René-Laennec Laval

Aussi disponible EN DIRECT sur WEB: www.vpsolution.tv/alpabem

Un livre ouvert sur les famillesMardi le 21 avril - 19h

Accompagner une personne atteinte de maladie mentale peut créer beaucoup de détresse etd’épuisement pour les membres de l’entourage d’une personne malade. Certaines familles serontprêtes à tout pour que leur enfant « guérisse », parfois avec maladresse, souvent au détriment deleur propre santé, mais toujours avec amour pour un être qui leur est cher. Assister aux témoignagesde cinq familles qui, sous la formule d’un livre ouvert, vous présenteront un extrait de LEUR histoirede famille, au moment où la maladie mentale de leur proche s’est invitée dans la photo de famille.

Conférenciers : huit familles de l’ALPABEM touchées par la maladie mentale d’un proche

Oser la tendresse ? Un beau défi humainMardi le 19 mai - 19h

Selon certains, la tendresse est associée à la sensiblerie. Pourtant, c’est l’une des com-posantes innées et tout à fait vitales à l’humain. D’ailleurs, sans un brin de tendresse,aucun de nous ne serait vivant! À l’origine, nous possédons tous ce «talent». Pourtant,cette aptitude reste trop souvent difficile à exprimer et tout aussi délicate à accueillir.Cette conférence nous offre des pistes concrètes pour mieux saisir les bien faits d’unetendresse au quotidien.

Conférencière : Francine Dallaire, conférencière et auteure de trois ouvrages ; MmeDallaire aime conjuguer la santé physique et l’essor psychologique et spirituel

FORMATION ENTRAIDE RÉPITConférences 02PIAP 15Ateliers Anna 16

Lundi soir 15Psynéma 18

Répit Anna______16Répit___________19

O X Y G È N E--CONSEIL D’ADMINISTRATION 2014-2015Présidente Francine ROBILLARDVice-présidente Diane VILLENEUVETrésorière Sylvie PICHÉSecrétaire Francine MAHERAdministratrice Monique GARCEAUAdministrateur Claude MASSY

L’ÉQUIPEDirecteur général Patrice MACHABÉEConseiller clinique Yves LARDON (T.S)

Serge ARCHAMBAULTAdjointe administrative Sylvie ROUSSELCoordo- Clés en main Jill-Laure MATHIEUIntervenants Marie-Eve LAPOINTE

Annik LEFEBVRE (Sexologue)Jorge MONTERROSOStéphanie PÉLOQUINJessy RIEL

En congé de maternité, mais bon ... Caroline LEGAULT

Stagiaire Charline MARMET

Consultants externes Serge ARCHAMBAULTJosée CARIGNAN (T.S)Monique DAOUSTGloria HENRIQUEZRaymond ROCHETTELionel SANSOUCYFernando SEGUELNathalie ST-PIERRE (T.S)

RÉDACTEUR EN CHEFPatrice MACHABÉE

ÉQUIPE DE RÉDACTIONMarie-Eve LAPOINTEStéphanie PÉLOQUINPatrice MACHABÉEJorge MONTERROSOAnnik LEFEBVREJessy RIELFrancine ROBILLARDSylvie ROUSSELCharline MARMET

MEMBRES HONORAIRESSuzanne BÉCHARDJean-Guy BLANCHETTEPierre CHAMBERLANDArnold DRAPEAU (décédé)Pierre COUSINEAUSuzanne DE LA DURANTAYEHélène FRÉCHETTERobert GIROUARD (décédé)Gloria HENRIQUEZFlore LAFRENIÈREDaniel MAJORCatherine LAZURE (décédée)Jean-Marc LÉGARÉArmand LEMIEUXDenyse PAQUETGilles PERREAULTLise PERREAULT(décédé)Fernando SEGUELGeorges ST-ARNAUDMonique STEVENSONFernande THOUINClaudette WOLFF

INFOGRAPHIE ET MISE EN PAGEAlexandre Mc GRATH

CORRECTIONLinda BENJAMINDiane PLOUFFE ([email protected])Sylvie ROUSSEL

IMPRESSIONALPABEM

Oxygène, familles et santé mentaleVolume 3, numéro 11, Printemps 2015

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du CanadaISSN 0840-5530

SOMMAIREA U M E N U D A N S C ET T E É D I T I O N

8La solitude

Que ce soit pour célé-brer Noël, Pâques, ouun anniversaire quel-conque, tous les pré-textes sont bons pourse rassembler avec nosproches que nous ap-précions. Mais qu'ad-vient-il de ceux qui n'ontpersonne avec qui célé-brer?

30Les distorsions

Mais qu’est-ce qui faitqu’une si grande pro-portion de schizo-phrènes et bipolairesne sont pasconscients de leurcondition?

12Les enfants transgenres

Quelle est la différenceentre le genre et le sexe?Selon le Centre d'Étudessur le Stress Humain, « leterme genre, par opposi-tion au concept de sexe,fait référence aux as-pects non-physiologiquesde l’identification d’un in-dividu comme étant mâleou femelle. »

32Arrêt de travail etsanté mentale ?

Le travail n’a pas seule-ment l’utilité de nous per-mettre de nous acheterdes biens, il est un élé-ment important de notreidentité.

28La porno dépendance

Quel que soit l’objet dedépendance, les dépen-dants vivent générale-ment tous les mêmesdifficultés: ils deviennentsous l’emprise de leur ad-diction en ne parvenantplus à contrôler leurs pulsions.

10Sommes-nous des

éléphants ?

L’éléphant était en-chaîné et retenu parun piquet planté ausol. Ce piquet était unminuscule morceau debois à peine planté parterre, et la chaîne étaitgrosse et semblait trèsrésistante.

LE MOT DU DIRECTEUR« Adios Amigos »

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Je ne sais pas si c’est monvoyage récent au Mexique, lefait que notre collègue JorgeMonterroso me contamine depuis bientôt 10 ans, ou bienun «ras-le-bol » aigu de cettesaga, mais une chose est claire,cette petite phrase sympathique« Adios Amigos » traduit bienmon état d’âme et celui des administrateurs de l’ALPABEM àl’égard de « notre » regroupe-ment national. Comme plu-sieurs d’entre vous le savent,nous annoncions en février der-nier que l’ALPABEM quittait l’or-ganisation que nous avionsparticipé à fonder il y a une ving-taine d’années : La FFAPAMM.

Imaginez si vous appreniez quenotre fondatrice, Mme FernandeThouin, se dissociait de l’ALPA-BEM ? Qu’elle serait votre réac-tion ? Est-ce que cette décisionvous amènerait à vous deman-der ce qui cloche avec l’ALPA-BEM ? J’imagine que oui et jesuis certain que les administra-teurs de l’ALPABEM et moi,comme directeur général, se-rions interpelés et sommés derépondre à vos questions#vous auriez raison de vous in-quiéter# n’est-ce-pas ?

Malgré le temps, l’énergie et l’ar-gent que nous avons investisdepuis les dernières années à

maintenir notre collaborationavec ce regroupement national,il s’avère qu’un fossé sépare nosdeux organisations en terme devaleurs, d’objectifs et de pratiques.

La goutte d’eau qui aura fait dé-border le vase aura été, lorsquela FFAPAMM a décidé de m’ex-pulser comme administrateursuite à une réflexion que nousavons présentée sur notre siteweb et pour laquelle j’ai été in-terpelé à me prononcer à l’émis-sion de Benoit Dutrizac au 98,5FM. Pour vous aider à saisirl’absurdité de la chose, c’est unpeu comme si nous avions ex-pulsé un administrateur de l’AL-PABEM qui œuvrebénévolement au sein de notreorganisation parce qu’il aurait « osé » prendre la parole sur unenjeu qui le touche personnelle-ment#

Vous, tout comme moi, savez àquel point la liberté d’expressionet les autres valeurs fondamen-tales sur lesquelles notre sociétérepose, représente un sujet trèssensible depuis le début de l’an-née. Qu’un organisme commu-nautaire bafoue ses droits estévidemment inacceptable et lesadministrateurs de l’ALPABEMont été très choqués par cetabus de pouvoir.

Alors voilà ! L’ALPABEM n’estplus membre de la FFAPAMM.

Évidemment, ce n’est pas avecgaieté de cœur que nos admi-nistrateurs ont pris cette déci-sion. Mais c’est surtout pourpréserver « la santé mentale »de notre organisation que nousnous sommes retirés de cet en-vironnement toxique.

Vous êtes bien placé pour com-prendre la décision des adminis-trateurs de l’ALPABEM. Pourvous même, comme parent,comme conjoint ou comme ami,il arrive un certain moment oùvous comprenez qu’il est impor-tant de mettre ses limites, deresponsabiliser votre proche enlien avec ses décisions et sur-tout de prendre soin de vousavant de vous épuiser à vouloiraider « l’autre » plus qu’il ne lesouhaite vraiment.

En ce sens, les administrateursde l’ALPABEM ont décidé deprendre soin de notre associa-tion locale, de mettre leur éner-gie au profit des familles quenous desservons et de mobilisernos ressources pour mieux lesrejoindre.

Patrice MachabéeDirecteur général

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LE MOT DE LA PRÉSIDENTE

Francine RobillardPrésidente

Durant cette période mouvementéeoù il se passe tellement de chosesdifficiles dans tous les coins de laplanète, on se doit de bien gérernotre énergie car sinon, on se faitbouffer par toutes les atrocités. Cecim’amène à penser à l’expression« Time out »"

Juste le fait de le prononcer me faitdu bien. Nous nous devons deprotéger notre capital d’énergie sinous voulons qu’il nous en restepour les agréments de la vie, d’oùl’importance des temps d’arrêt.Nous devrions garder notre budgetd’énergie équilibré par une alter-nance entre les entrées et les dé-penses d’énergie.

Les entrées d’énergie

Dans les entrées d’énergie, une acti-vité de détente (qui touche les sens )a un ratio de 1 pour 1, c'est-à-direqu’une heure de détente nous ferabénéficier d’une heure d’énergie.

Une activité de récupération phy-

sique (ayant pour but le bien-être :sport léger, marche) a un ratio de 1pour 3, c'est-à-dire qu’une heure derécupération nous fera bénéficier de3 heures d’énergie.

Une activité physique intense (ayantpour but de diminuer le stress) a unratio de 1 pour 6, c'est-à-dire quecette activité contribuera à diminuerle stress qui s’est installé dans notremusculature. Il faudra le déloger etcette activité nous fera bénéficier de6 heures d’énergie.

Les dépenses d’énergie

C’est ici que nous devons être atten-tifs pour l’équilibre. Il est importantde prendre conscience que l’on peutgagner de l’énergie à faire certaineschoses, mais que l’on peut aussi enperdre.

Une dépense d’énergie physique aun ratio de 1 pour 1. Une dépensed’énergie psychique (qui concernenotre pensée) a un ratio de 1 pour 3.La grande gagnante : ruminer ( re-

tourner les choses dans sa tête, res-sasser, remâcher) a un ratio de 1pour 6. Le fait de ruminer 1 heure vient nous voler 6 heures d’énergie.Révélateur!

L’importance des réserves

Nous pouvons faire des réserves ( 1minute de rire équivaut à 45 minutesde relaxation), ménager notre éner-gie afin de ne pas consommer nosréserves et en arriver à les épuiser.Nos besoins dépasseront alors notrecapacité de produire de l’énergie etc’est ici que le stress nous guettera.Nous pouvons prendre un tempsd’arrêt et le voir un peu comme levent qui gonfle la voile pour avancer.

Si l’on vit toujours dans l’urgence, sion ne pense pas à soi, qui le fera?Cela dit, j’essaierai de calmer lehamster qui habite dans ma tête, jeme dirai que si j’arrête de le nourrir,il devrait finir par partir#

“Time out”

”Renouvellement de votre membership”Nous tenons à vous rappeler que les adhésions en tant que membre pour l’année 2014-2015

prendront fin le 31 mars prochain. Votre cotisation annuelle est valide du 1er avril au 31 mars dechaque année.

Vous pouvez renouveler votre adhésion en ligne en vous dirigeant sur notre site internet www.al-pabem.qc.ca, nous faire parvenir votre paiement par chèque à l’ordre d’ ALPABEM, ou encorevous présenter à nos bureaux durant nos heures d’ouverture.

Il nous fera plaisir de confirmer votre renouvellement.

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PANIERS DE NOËLEncore une fois cette année, nous avons livré les paniers de Noel le 17 décembre dernier au dé-partement de psychiatrie de la Cité de la Santé ainsi qu’à l’Ilot Service de crise de Laval. Nousremercions nos bénévoles : Mmes Diane Villeneuve, Ginette Pinsonneault, Louise Bélisle etFrance Ouellette ainsi que M. Jean-Marie L’Heureux.

Cité de la Santé :De gauche à droite : Monique Matte ( agente ), Chantal Deschênes (infirmière) , Lyne Deschatelets (préposée), Sylvie Lemire (infirmière), FranceOuellette ( bénévole ALPABEM), Léa Rose (stagiaire à la Cité), Diane Villeneuve (vice-présidente de l’ALPABEM), Ginette Pinsonneault (bénévoleALPABEM) ET Sylvie Roussel (adjointe administrative de l’ALPABEM).

L’Ilot :De gauche à droite : Stéphanie Péloquin (intervenante de l’ALPABEM), Maria Livia Codrea et Fabrice Lattro (intervenants de l’Ilot), RogerSchmouth (coordonnateur clinique de l’Ilot), France Ouellette ET Ginette Pinsonneault (bénévoles pour ALPABEM) Diane Villeneuve (vice-prési-dente de l’ALPABEM et Sylvie Roussel (adjointe administrative de l’ALPABEM.

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Assemblée générale annuelleMardi 2 ou 9 juin 2015 des 17 h 30

Notre assemblée générale annuelle aura lieu soit le mardi 2 ou 9 juin prochain. Nous vous vous confir-merons le lieu et la date finale dans une prochain communication. Merci de réserver ces deux dates àvotre agenda.

Devenez membre du Conseil d’administration! Si vous êtes interessé(e) à poser votre candidature comme ad-ministrateur de l'ALPABEM, nous vous invitons à remplir le bulletin ci-dessous. Une rencontre d’introduction àla fonction d’administrateur sera organisée en mai.

Par ailleurs, tel que prévu aux règlements généraux de l’ALPABEM, seront admissibles pour se présenter à lafonction d’administrateur, les personnes qui détiennent la qualité de membre depuis un minimum de 6 moisavant toute élection.

Decoupez et retournez avant le 8 mai 2015 au 1772, boul. Des Laurentides, Vimont, Laval (QC) H7M 2P6.

Bulletin de mise en candidature

NOM : _____________________________________________________________________

ADRESSE : _________________________________________________________________

COURRIEL : ________________________________________________________________

NUMÉRO DE MEMBRE : ______________________

TÉLÉPHONE (JOUR) : ( _____ ) ______ - _________

Prenez note qu’il n’est pas possible de poser sa candidature lors de la tenue de l’assemblée générale annuelle.

Appuyé par membre présent à l’AGA

__________________________________________ Nom complet no de membre

Appuyé par membre présent à l’AGA

__________________________________________ Nom complet no de membre

!

Certains se réjouissent queles fêtes soient enfin ter-minées, voyant dans cesfestivités un mauvais mo-

ment à passer. Pour ceux qui sontseuls, la solitude se fait lourde àcette période de l’année, alors qued’autres appréhendent avec anxiétéles conflits familiaux.

Malheureusement, ce temps de ré-jouissance et de rassemblementprend une ampleur de plus en pluscommerciale et démesurée. Tout lemonde se précipite dans les maga-sins pour acheter des cadeaux, lespréparatifs génèrent un stress sup-plémentaire à notre quotidien déjàtrès chargé! Nous en voulons et enfaisons toujours plus, nous voulonsque tout soit parfait.

Et pourtant, est-ce que tout celas’avère absolument nécessaire?Les valeurs derrière cette fête deNoël semblent avoir perdu leur sensdans le monde de performance ef-fréné que nous nous imposons.D'ailleurs, avez-vous remarqué? Lavie se déroule à une vitesse folle! Lepère Noël a à peine eu le temps derentrer au Pôle Nord que Cupidonavait déjà fait son apparition!

Sollicitude pour contrer la soli-tude

Que ce soit pour célébrer Noël,Pâques, ou un anniversaire quel-conque, tous les prétextes sontbons pour se rassembler avec nosproches que nous apprécions. Maisqu'advient-il de ceux qui n'ont per-sonne avec qui célébrer? L'ALPA-BEM a organisé une conférence endécembre dernier qui avait pourtitre: "LES CADEAUX DE NOËL,BESOIN OU DÉSIR?". Camillo Zac-chia, l'animateur, disait ce soir-là,qu'implicitement, le message qui estvéhiculé aux gens se retrouvantseuls lors des grandes occasionsest qu'ils sont isolés parce qu'ilssont différents.

Cependant, ce n'est pas seulementà Noël ou lors des occasions spé-ciales que certaines personnes seretrouvent seules. Il y en a pour quila solitude est un fardeau à porterquotidiennement! Et aussi surpre-nant que cela puisse paraître, l'indif-férence peut faire en sorte quemême en étant en pleine foule, il estpossible de se sentir seul.

M. Zacchia a raconté lors de saconférence qu'il croisait régulière-ment un homme à l'entrée de l'hôpi-tal Douglas. Celui-ci était toujours làà quêter de l'argent, en espérantque les passants daignent lui tendreun peu de monnaie, mais ils allaientet venaient devant lui comme s'iln'existait pas.

Un jour, M. Zacchia s'est arrêté et luia demandé son nom. Il a converséavec lui et lui a fait remarquer quejamais il ne lui dit bonjour et ne lequestionne sur comment il va. Puis,il lui a proposé ceci: il lui a offert des'engager à lui remettre de l'argentà sa fête, à Noël et à d'autres occa-sions spéciales et à lui donner soncafé quand il en a un.

En échange, il lui a demandé de lesaluer quand il le voit et de ne pluslui quémander d'argent. Les deuxhommes ont respecté leur marchémais, surtout, leur relation est deve-nue plus humaine aux yeux de M.Zacchia, puisqu'il a appris à connaî-tre cet individu, son histoire et qu'illui a semblé moins marginal à sesyeux.

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SOLITUDE

La solitude regagne du terrainLA RÉALITÉ DE L’APRÈS TEMPS DES FÊTES

Par Annik Lefebvre, intervenante

Préjugés et trouble de santé men-tale

L'histoire racontée par M. Zacchiadémontre sans équivoque ce quenous avons à gagner en dépassantnotre première impression trop sou-vent erronée. Malheureusement, ilest très difficile de faire tomber lespréjugés face à la différence.

Ainsi, malgré tous les efforts pourtenter de faire tomber les faussescroyances au sujet des maladiesmentales, les préjugés persistent. Sibien qu'une campagne publicitairepour le mouvement Cause pour lacause de Bell a été diffusée dansles médias au mois de janvier pourtenter de lutter contre cette stigma-tisation. Dans l'une de ces capsulespublicitaires, nous pouvons voirdeux employés parler d'une de leurscollègues. Le premier commenceen disant: "Il paraît qu'elle est en-core déprimée pis en congé de ma-ladie!" L'autre lui répond: "Nousaussi, on aimerait avoir des va-cances!" Ce scénario se répète enboucle trois fois, jusqu'à ce que l'au-tre réponde plutôt: "J'vais aller faireun tour chez elle pour voir commentelle va!"

Cette publicité évoque le regard quela société pose sur les gens atteintsd’un trouble de santé mentale, lafaçon dont ils sont perçus à traversles préjugés. Mais derrière cette éti-quette se trouve un individu quin’est pas insensible aux regards ex-térieurs, avec des besoins et dessentiments. En étant mieux rensei-gnés sur les maladies mentales, enchoisissant les bons mots pour enparler et avec de l'empathie nouspouvons contribuer à faire tomberles préjugés. Sans compter, qu'enfaisant preuve de sollicitude, toutcomme M. Zacchia dans son récit,

nous pouvons aussi contribuer à al-léger le fardeau de la solitude.

Le véritable sens du mot cadeau

Nous pensons rendre les autresheureux en leur offrant un présent,mais savons-nous ce qui déterminesa véritable valeur? Dans sa confé-rence, Camillo Zacchia expliquaitqu’un cadeau prend tout son sensquand les besoins et les goûts decelui qui le reçoit sont véritablementconsidérés mais, surtout, quand iltouche droit au cœur.

Un tel cadeau, comme M. Zacchiale décrit si bien, c'est son fils qui afait l'effort d'apprendre une piècemusicale au violon pour lui en fairela prestation à Noël ou sa fille d'àpeine cinq ans qui a eu la délicateattention de prendre en considéra-tion sa passion en lui achetant unCD de musique pour lui faire plaisir.Un tel cadeau c'est aussi prendre letemps de converser avec le type àl'entrée de l'hôpital, prendre desnouvelles de quelqu’un qui est ma-lade ou, encore, comme des béné-voles de l'ALPABEM l’ont fait, écriredes cartes de Noël pour les patientshospitalisés en psychiatrie à la Citéde la Santé.

Ainsi, la valeur d'un présent ne semesure pas nécessairement sur leplan monétaire, mais plutôt par lavague de gratitude qu'il peut créerchez celui qui le reçoit. Prenons-nous vraiment la peine d’écouter lesgens? Que vivent-ils? Que ressen-tent-ils? Outre l’aspect monétaire etmatériel, de quoi ont-ils véritable-ment besoin?

Parfois, juste le fait de poser unequestion directement à quelqu’un etde prendre le temps de l'écouterpeut s’avérer un cadeau en soit. En

ce sens, pourquoi attendre au 25décembre pour donner? Nous pou-vons distribuer un peu de magie au-tour de nous chaque jour del'année!

En conclusion,

Alors que Noël est synonyme de ré-jouissance, il y en a pour qui cettefête et toutes les autres dans l'an-née viennent leur rappeler qu'ilssont seuls. En faisant preuve d'unpeu de sollicitude, nous pouvonsaider à lutter contre les préjugésface à la différence et à alléger lasolitude de ceux qui se sentent iso-lés. Il n'est pas nécessaire d'atten-dre à Noël pour distribuer un peu desollicitude autour de nous ou pourdonner un présent aux gens quenous aimons.

L'important est de se rappeler qu’uncadeau prend tout son sens quandles besoins et les goûts de la per-sonne qui le reçoit sont véritable-ment considérés, quand il touchedroit au cœur. La beauté de lachose c’est que nous n'avons pas àattendre à la Saint-Valentin, àPâques ou à Noël pour offrir unetouche de bonheur à quelqu’un.Nous pouvons le faire tous les jours!

http://cause.bell.ca/fr/fin-aux-pre-juges/videos/

http://www.vuesetvoix.com/radio/2014/12/10/cest-bon-pour-la-sante-eviter-le-stress-des-fetes/

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Encore une fois, je veuxvous raconter une bellepetite histoire que j’ai luesur internet. C’est l’his-

toire d’un enfant qui raconte com-ment il aimait aller au cirque. Cequ’il aimait le plus c’était les ani-maux, et son animal préféré étaitl’éléphant. Pendant les spectacles,l’énormité de la présence de cetanimal l’impressionnait au plushaut point, autant par sa grandeur,par son poids que par la puissancede ses muscles.

Comme d’habitude, après la pré-sentation, on pouvait aller visiter lelieu où demeurait l’éléphant quiétait enchaîné et retenu par un pi-quet planté au sol. Ce piquet étaitun minuscule morceau de bois àpeine planté par terre, et la chaîneétait grosse et semblait très résis-tante. À ses yeux, il paraissait ab-surde qu’un animal si puissant,capable de déraciner un arbresans le moindre effort, ne puissepas se libérer d’un si ridicule pi-quet.

Pour l’enfant, le mystère était évi-dent. Pourquoi un animal si puis-sant ne pouvait pas s’échapper etretrouver sa liberté? Il pensait quel’éléphant pouvait s’échapper faci-lement tout comme il pouvait bri-ser une allumette en bois.

L’enfant avait huit anset avait confianceen la sagessedes adultes;alors il ac o n s u l t éses pa-rents, lesmembres desa famille etses profes-seurs afin detrouver la ré-ponse au mys-tère qui l’assaillait.Mais celle qu’il areçue n’était pas sa-t i s f a i s a n t e .Quelqu’un lui a ditque l’éléphantne s’échappait

pas car il était domestiqué. L’en-fant ne comprenait pas alors pour-quoi on l’enchaînait s’il était

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LA MÉMOIRE

Sommes-nousDES ÉLÉPHANTS ?Par Jorge Monterroso, intervenant

domestiqué. Toujours pas de ré-ponse satisfaisante à son ques-tionnement.

Le temps a passé et le mystères’est un peu enfoui dans l’oubli.L’enfant avait reçu plusieurs ré-ponses improvisées de gens quise débarrassaient de la questionou qui se la posaient aussi. Unjour, il rencontra une personne trèssage qui su résoudre le mystère :« L’éléphant ne s’échappe pas caril est attaché depuis qu’il est toutpetit ».

L’enfant ferma les yeux et tenta des’imaginer l’éléphanteau, à peinequelques jours après sa nais-sance, attaché au piquet. Il s’ima-gina que l’éléphanteau l’avaitpoussé, tiré, secoué et qu’il avaittout fait pour s’en libérer. Malgrétoute l’énergie dépensée, il n’avaitpas réussi car le piquet était tropfort pour lui.

L’enfant s’imagina aussi que l’élé-phanteau s’était endormi trèsépuisé par l’effort infructueux dé-ployé ce jour-là. Les jours sui-vants, il était revenu à l’attaquejusqu’au jour où il a accepté sonimpuissance et s’est résigné à sondestin. Il a arrêté de lutter pour saliberté.

Avez-vous remarqué notre ten-dance à nous rappeler des événe-ments désagréables? Nous nousrappelons de ce que nous avonsvécu d’agréable, mais ce que nousavons vécu de difficile risque des’imprégner dans notre cerveau.Parfois, nous nous en souvenonsplus facilement que des chosesheureuses.

Il est plus facile de nous rappelerla journée des attentats à NewYork que celle où notre chanteusenationale a accouché pour la pre-mière fois. N’est-ce pas?

Si nous avons vécu un échec,c’est un souvenir qui restera plusfrais dans notre mémoire. Il y aaussi des expressions qui noustrahissent lorsque nous sommessous l’emprise des mauvais sou-venirs. « Je ne suis pas capable defaire ça moi », « Ça ne marcherapas », « Oublie ça! C’est trop durpour moi » « Je n’essayerai mêmepas de faire ça! », « Inutile d’es-sayer ». « Ça ne vaut pas la peine,j’ai déjà essayé ça ». Êtes-vous fa-milier avec ces expressions-là?

Sans s’en apercevoir, nous nousattachons très subtilement à desexpériences ou à des souvenirsnégatifs qui entravent notre liberté,un peu comme notre éléphanteau.

Nous restons coincés, attachés àdes expériences négatives et à detrès simples piquets plantés au sol.Nous abandonnons tout effortsuite à une expérience négativequi nous a marqués, et nouscroyons par la suite que toute lutteest vaine. Exactement commenotre éléphanteau! Nous décro-chons, abandonnons, lançons laserviette, accrochons les patins.Plusieurs façons de l’exprimermais un seul sentiment.

Dans notre vie quotidienne, nouspouvons rencontrer beaucoup desituations semblables, soit au tra-vail, avec les amis ou dans notrefamille. Nous nous sentons dépas-sés par certaines situations quenous n’avons pas réussi à bien

gérer ou pour lesquelles nousn’avons pas trouvé une solutionsatisfaisante.

Nous pouvons nous sentir submer-gés par l’impuissance et finir parcroire que nous n’avons absolu-ment pas le contrôle de la situa-tion. Se sentir désarmés et sansdéfense face à des situations quenous n’avons pas résolues peutnous amener à nous croire incapa-bles de faire face à nouveau à lasituation si elle se reproduit. Nousadoptons une attitude de passivitécroyant que tout nous échappe. Lafrustration s’empare de nous etnous amène tout doucement versle désespoir.

Dans le langage des intervenants,nous appelons cela la résignationacquise. Lorsque nous avons déjàintégré qu’il n’y a absolument rienà faire devant ces situations-là, iln’existe qu’un pas pour passer dudésespoir à la dépression. Si vousvous retrouvez dans cette situa-tion, je vous recommande de faireappel à de l’aide spécialisée, car ilest difficile de briser seul cettechaîne que nous avons nous-mêmes créée.

Cette petite histoire vient de JorgeBucay, un auteur et psychiatre ar-gentin.

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Annoncer à nos proches la nais-sance d'un enfant se fait presqueinvariablement de la même ma-nière pour tous les parents: on les

informe du sexe du bébé, de son poids, desa taille et de son état de santé. La plupartdes parents choisissent des vêtements,jouets et décorations qui indiquent songenre et, très vite, l'enfant comprend qu'ilest garçon ou fille. Cette prise deconscience se fait vers l'âge de trois ans.Depuis sa naissance, donc, l'enfant granditet évolue dans un monde qui différencie lespetits garçons des petites filles : identités quisont renforcées, entre autres, au traversd'activités ludiques. Mais que se passe-t-illorsque l'enfant perçoit que le genre qui luiest attribué n'est pas le même que celui qu'ilressent dans sa tête?

Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler desenfants transgenres. Pourquoi? Parce queles défis que peuvent vivre les familles et lesenfants transgenres sont nombreux : la dis-crimination, l’isolement et même la violence,l’adaptation de l’environnement scolaire etsocial, l’accès aux services médicaux adap-tés, l’acceptation sociale d’un enfant qui estdifférent et plus encore# Clarifions d’abordquelques concepts.

Le sexe et l’identité de genre

Quelle est la différence entre le genre et lesexe? Selon le Centre d'Études sur leStress Humain, « le terme genre, par oppo-

sition au concept de sexe, fait référence auxaspects non-physiologiques de l’identifica-tion d’un individu comme étant mâle ou fe-melle. » Ainsi, lorsque l'on parle de genre,on fait référence à un concept d'identité quiest personnel à chacun : comment on seperçoit à l'intérieur, fille/femme ougarçon/homme ou « autre ».

« Autre » parce que l'identité de genre nes'exprime pas uniquement en termes dugenre masculin ou féminin. Effectivement,l'identité de genre devrait être vue sur unspectre : certaines personnes peuvent

s'identifier exclusivement comme femme ouhomme, alors que d'autres peuvent se re-trouver quelque part entre ces deux pôles.

Pour inclure cette nuance, Enfants Trans-genres Canada, une ressource pour les en-fants transgenres, leurs familles, leursécoles et les communautés, propose leterme « enfants créatifs dans le genre ».Ainsi, ces enfants « identifient et exprimentl’identité du genre d’une façon créative, inat-tendue, ou autrement non-conformante ausexe déclaré à la naissance. »

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ENFANTS TRANSGENRES

La cigogne s’est-elle trompée ?LA RÉALITÉ DES ENFANTS TRANSGENRES

Par Charline Marmet, Étudiante en travail social

Trouble mental ou condition physique?

La question à savoir si être transgenre c’estavoir un trouble mental ou non est débattuesur plusieurs plateformes. D’un côté, le ma-nuel diagnostique et statistique des troublesmentaux (DSM-5), document utilisé pourdiagnostiquer les maladies mentales ap-pelle cela la dysphorie de genre. D’un autrecôté, le site gouvernemental luttehomopho-bie.gouv.qc.ca nous met en garde : « bienque le DSM-5 considère encore la dyspho-rie de genre comme un trouble de santémentale, il est communément reconnu quec'est le corps des personnes transsexuellesqui n'est pas conforme à leur genre, néces-sitant ainsi un processus de changement desexe. »

Enfants transgenres et la famille

Annie Pullen-Sansfaçon, professeure deservice social à l'Université de Montréal etparent d'Olie, un enfant transgenre, exposela multitude de défis auxquels les famillesayant un enfant transgenre font face. Et çacommence par une acceptation et une re-connaissance de son enfant tel qu'il est.

Annie explique leur cheminement : Olie, néeavec un sexe masculin, a démontré dès sonjeune âge un intérêt pour les jouets typique-ment féminins. Lorsqu'il était au primaire,Olie a questionné sa mère à savoir pourquoiil ne pouvait pas porter des jupes. Plus tard,il a montré le désir de s'habiller avec des vê-tements typiquement féminins. Avec letemps, Annie s'est rendue à l'évidence quec'était loin d'être un intérêt passager et queson enfant se sentait « fille ». Annie expliqueson point de vue : « Notre devoir comme pa-rent, c'est de protéger son enfant et de lesoutenir, voilà tout. Il faut suivre le rythmede l'enfant en n'essayant pas de nier la réa-lité. Le but est que l'enfant soit le plus épa-noui possible. Et je voulais qu’elle aitl’espace possible pour devenir ce qu’ellevoulait être# »

Discrimination et violence" à l’école?

Il est difficile de savoir combien de per-sonnes et enfants sont transgenres au Qué-bec ou au Canada, car aucune statistiquen’est accessible pour le moment. Cepen-dant, ce qui ressort des données statis-tiques c’est la discrimination et latransphobie (aversion ou peur envers lespersonnes transgenres) vécues par les per-

sonnes. En effet, selon une enquête natio-nale menée auprès de près de 4000 étu-diants du secondaire :

• 74% des élèves transgenres disent êtrevictimes d’harcèlement verbal;

• 37% disent subir de la violence phy-sique en raison de leur expression degenre;

• 48% déclarent avoir subi du harcèle-ment sexuel durant la dernière année;

• 78% des élèves transgenres disent nepas se sentir en sécurité à l’école.

Pour Annie, il était essentiel qu’elle rencon-tre la direction de l'école d'Olie pour leur ex-pliquer la situation et faire en sorte quel'identité de sa fille soit comprise et acceptée: « Je voulais m'assurer que mon enfant soitbien et en sécurité à l'école. »

À ce sujet, l’enquête nationale souligne queles politiques anti-homophobie dans lesécoles doivent être davantage mises del’avant et qu’elles devraient également in-clure des politiques anti-transphobie. L’effi-cacité des mesures anti-homophobie dansles écoles est prouvée pour les personneslesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenreset queer (LGBTQ).

L’enfant qui grandit"

Qu'arrive-t-il à l'enfant transgenre à l'adoles-cence, l'âge où la puberté fait son chemin?Avec le suivi d'un médecin spécialisé en lamatière, il est possible de donner à l'enfantdes inhibiteurs d'hormones qui retarderontsa puberté jusqu'à 14 ou 15 ans. Ce pro-cédé aura pour effet d'éviter les premierssymptômes de la puberté afin que l'ado nedéveloppe pas davantage d'attributs phy-siques propres à son genre biologique. Fi-nalement, si celui-ci s'identifie toujourscomme transgenre, il pourra commencer àprendre des hormones en vue de planifierun éventuel changement de sexe.

Malheureusement, les services médicauxspécialisés qui sont sensibles aux réalités etaux besoins des enfants transgenres se fontrares. Et en se concentrant davantage dansles grandes métropoles, leur accès pour lesfamilles est limité.

Perspectives d'avenir

Le travail vers une société plus conscienti-sée face aux réalités des personnes trans-genres ne fait que commencer. Lasensibilisation de la population aux réalitésde ces personnes et de leurs besoins parti-culiers facilitera l’accès à des services spé-cialisés. Et c’est en informant les gens surle sujet que nous mettons un frein à cettediscrimination dont les enfants et personnestransgenres souffrent énormément.

Bref, en informant, sensibilisant et en créantdes réseaux de soutien, nous brisons l'iso-lement des familles! (Est-ce que ce discoursvous est familier?)

Vous voulez en savoir plus sur le sujet?

Allez visiter le site : 

enfantstransgenres.ca

Cette communauté en ligne est une sourcedébordante d'information. En plus, c'est unefaçon de partager des trucs et ressourcesnon-seulement entre les familles, mais éga-lement entre enfants eux-mêmes.

Références

http://luttehomophobie.gouv.qc.ca/comprendre

http://psychcentral.com/disorders/gen-der-dysphoria-symptoms/

http://www.stresshumain.ca/chaire-sur-la-sante-mentale-des-femmes-et-des-

hommes/chercheurs-cliniciens-et-me-decins/genre-role-de-genre-et-iden-tite-de-genre.html

http://enfantstransgenres.ca/apropos/

http://yoopa.ca/psychologie/article/en-fant-transgenre-lui-creer-un-espace-pour-etre

http://monagh.ca/statistiques-sur-lho-mophobia-la-biphobie-et-la-transphobi

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LES PETITES ANNONCES

Fermeture des bureaux L’ALPABEM sera fermée le vendredi 3 avril et le lundi 6 avril pourPâques ainsi que le lundi 18 mai pour le congé de la Fête des Patriotes.Au besoin, vous pouvez contacter un des CSSS de Laval suivants :

Au besoin, vous pouvez contacter un des CSSS de Laval suivants :• CSSS des Milles-Iles, 450 661-2572 • CSSS du Marigot, 450 668-1803•CSSS du Ruisseau-Papineau, 450 687-5690•CSSS Sainte-Rose de Laval, 450 622-5110

En cas d’urgence, contactez la division urgence sociale :DIVISION URGENCE SOCIALE450 662-4595 du lundi au vendredi

de 8 h à 17 h 30Après les heures d’ouverture, composez le 911.

MERCI À MME DIANE PLOUFFEL’ALPABEM tient à remercier Mme Diane Plouffe, membre de l’AL-PABEM, pour son implication bénévole dans la correction des textesde notre magazine Oxygène.

VOUS AIMERIEZ RENCONTRER DESINTERVENANTS LE SOIR?

Présence d’intervenants de l’ALPABEM à la Cité de laSanté

Conscients qu’il est difficile pour certains d’entre vous qui travaillezdans la journée de vous libérer pour rencontrer un intervenant, nousvous informons que vous pourrez rencontrer en toute confidentialité unde nos intervenants, de 18 h à 20 h, à la Cité de la Santé de Laval lesmardis 10 mars, 14 avril et 12 mai 2015

PRENEZ RENDEZ-VOUS DÈS MAINTENANTAU 450-688-0541

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GROUPE D’ENTRAIDELes lundis, de 19 h à 21 h

Animé par M. Yves Lardon, travailleur social au Centre le Florès etconseiller clinique de l’ALPABEM, ce groupe s’adresse aux parentset amis de personnes atteintes de maladies mentales. Venez échanger,travailler et surtout prendre du temps pour vous lors de ces soirées dontvous êtes l’acteur principal.

Dates : mars (2, 9, 16 et 23) ; avril (13 et 20); mai (4 et 11).

*Veuillez prendre note qu’il est obligatoire d’avoir rencontré un in-tervenant avant de participer à ce groupe.

PROGRAMME PIAPLes jeudis 26 février au 19 mars

Le programme d’information et d’Accueil aux Proches (PIAP)d’une durée de 4 semaines à raison d’une séance par semaine apour objectif de permettre aux membres de l’entourage de mieuxreconnaître les symptômes reliés à la maladie mentale d’un proche,développer leurs sentiments de compétence et les outiller pourmieux gérer le stress causé par leur nouvelle réalité d’accompa-gnateur.

DATE: Jeudis 26 février au 19 marsHEURE: 19h à 21h30ENDROIT: ALPABEMCONDITIONS: Être membre régulier

Information et inscription 450-688-0541* Le paiement confirme l’inscription*25$

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LES ATELIERS ANNALes mercredis, de 17h30 à 19h30

Une série de rencontres de groupe qui s’adressent à des jeunes de 6 à13 ans qui sont touchés par la maladie mentale d’un proche. Par le biaisde l’art, de jeux et de la parole, l’expression des émotions vécues estfavorisée et l’enfant obtient des réponses aux questions qui le traver-sent, tout en réalisant qu’il n’est pas seul.

Huit rencontres de 2 heures sont prévues dans un local spécialementaménagé pour les ateliers. Les rencontres sont animées par deux inter-venantes jeunesse.

Dates : Le prochain groupe débutera à l’automne 2015. Les atelierssont gratuits et une collation est fournie.

*Veuillez prendre note qu’il est obligatoire d’avoir rencontré un in-tervenant avant de participer à ce groupe.

Information et inscription 450-688-0541* Le paiement confirme l’inscription*GRATUIT

ACTIVITÉS DE RÉPIT DES ATELIERS D’ANNASamedi 21 mars

Nous vous informons que des activités de répit ludiques sont offertes auxparticipants ayant complété les Ateliers Anna. La date de la prochaine activitéaura lieu le samedi 21 mars et nous irons à la cabane à sucre (Voir page 19).Il est obligatoire d’inscrire votre enfant au plus tard le 13 mars en commu-niquant avec Stéphanie Péloquin ou Marie-Ève Lapointe au 450-688-0541.Dans l’éventualité où le nombre de participants serait insuffisant, l’ALPA-BEM se réserve le droit d’annuler un groupe sans préavis.

Dates : 21 mars 2015

*Veuillez prendre note qu’il est obligatoire d’avoir complété le programme des Ateliers Anna avant de participer à ce groupe.

Information et inscription 450-688-0541* Le paiement confirme l’inscription*GRATUIT

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Un petit coup de pouce qui peut faire toute la différence : Faites un don à l’ALPABEM

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(NE: 124899154RR0001 )

!

Vous pouvez également effectuer un don en ligne au

www.a lpabem.qc .ca

LES AVANTAGES D’ÊTREMEMBRE DE L’ALPABEM

· Accéder à la vidéothèque de conférences sur Internet· Recevoir par la poste la revue Oxygène et de l’information

concernant nos activités· Profiter de tarifs spéciaux sur plusieurs activités· Participer aux évenements réservés aux membres

COÛT DE LA COTISATION25$ Membre régulier30$ Membre sympatisant60$ Membre corporatif (OBNL)120$ Membre corporatif (Entreprises, ASSS, etc.)

POUR PLUS D’INFORMATION, COMMUNIQUERAVEC L’ALPABEM AU 450-688-0541

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PSYNÉMASoirées-cinéma et discussions sur la santé mentale

Coût : gratuit - Réservé aux membres réguliersOù : Dans les locaux de l’ALPABEM

1772 boulevard des Laurentides, Vimont (au nord de la 440)

* Réservation obligatoire au 450-688-0541

Lundi 30 Mars- 19hUNE FIANCÉE PAS COMME LES AUTRES (2008)Durée 1h42 - Un film de Craig Gillespie AVEC Patricia Clarkson, Emily Mortimer...

Le film raconte l’histoire de Lars, un jeune homme inadapté social et un peu bizarre, qui vadévelopper une relation amoureuse avec une poupée gonflable nommée Bianca. L’histoireraconte aussi comment le frère ainé de Lars, sa fiancée et le reste de leur petite ville nataledécide d’accepter et d’accueillir Bianca dans leur communauté pour le bien-être de Lars, sansréaliser comment elle arrivera à les toucher profondément dans leur vies respectives.

Thème: Trouble dissociatif

Lundi 27 Avril - 19hMOZART ET LA BALEINE (2005)Durée 1h34 - Un film de Petter Naess avec Josh Hartnett et Radha Mitchell

Donald, un conducteur de taxi, a un don pour les chiffres. Se sentant très seul, il fonde un grouped'autistes. Un jour, Isabelle une coiffeuse douée pour la musique et l'art, entre dans le grouperéférée par son thérapeute. Toute leur vie va changer lorsqu’ils se découvrent des affinités etdéveloppent une amitié.

Thème: Asperger, Anxiété sociale

Lundi 25 Mai - 19hPATCH ADAMS (1998)Durée 1h55 - Un film de Tom Shadyac avec Robin Williams

Au début des années 1960, Hunter « Patch » Adams est un étudiant en médecine surdoué maisexcentrique qui, après une dépression et un séjour volontaire en hôpital psychiatrique, s'est dé-couvert un don pour apporter du réconfort et de l'aide à ses semblables par le biais du rire. Ilcroit alors avec conviction en une approche révolutionnairement plus humaine et relationnellede la médecine. Il développe avec deux collègues étudiants et amis un foyer humanitaire desoins qui aide des personnes ne trouvant pas le secours recherché auprès de la médecine.

Thème: Psychiatrie et dépression

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Sentiment d’appartenance, plaisir etcréativité sont à l’ordre du jour pourvous ce printemps

2015SORTIE À LA CABANE À SUCRESamedi le 21 mars, départ de l’ALPABEM à 10h45

Venez vous sucrer le bec et profiter de cette occasion pour rencontrer d’autres membres de l’ALPABEM. Cette année, nous découvrirons la Cabane à Sucre Le Goinfre à Mirabel. Aumenu : bonne bouffe, plaisir et prix de présence. Un autobus quittera le stationnement del’ALPABEM à 10h45. Le repas sera servi à midi et le retour au stationnement de l’ALPABEMest prévu pour 16h. Vous pouvez apporter votre boisson. Faites vite, les places sont limitéesà 45 participants ! Votre paiement confirme votre inscription (avant le 13 mars)

Coût : 15$ membres réguliers, 30$ accompagnateurs (personnes atteintes non admises)Incluant le transport et le repas - Places limitées

CABANE À SUCRE - Samedi le 21 mars

SORTIE AU CENTRE DES MÉTIERS DU VERREDimanche le 26 avril (Rendez-vous à 11h45 au tourniquet du Métro Montmorency)

Visite guidée des ateliers de verre soufflé dans le Vieux Montréal. Venez voir les artistes àl'oeuvre. Le matériel est en fusion dans une fournaise à 1150 degrés C. Le souffleur utiliseune canne pour cueillir du verre dans la fournaise. Le verre a la consistance du caramel...etil se met à refroidir... Venez découvrir le reste !

Durée totale de l'activité: environ 4 heures incluant le temps du transport aller retour.

Coût : 5$ membres réguliers - Places limitées

VISITE GUIDÉE DES ATELIERS DE VERRE SOUFFLÉ - Dimanche le 26 AVRIL

APPRENEZ À ENTRETENIR VOS VÉGÉTAUXDimanche le 17 mai de 13h30 à 15h

Venez apprendre quels sont les soins nécessaires pour avoir des belles plantes en santé.Vous vous demandez peut-être comment les choisir, les planter, les arroser et les nourrir ?Comment et quand les tailler ? Faut-il enlever les fleurs fanées ? Doit-on et comment lesprotéger du froid de l’hiver ? Comment rajeunir certaines plantes, tailler les haies ou posi-tionner une plante sur le terrain selon le soleil et le sol (pH)?

Coût : 5$ membres réguliers - Places limitéesOù: Dans les locaux de l’ALPABEM

ENTRETIEN DES VÉGÉTAUX - Dimanche le 17 mai

* Veuillez prendre note que pour toutes les activités ci-dessus, seul le paiement confirme votre inscription

Il est 6 h 30. L’alarme de votrecellulaire vient de sonner. Vousouvrez les yeux et la premièrechose que vous faites est de

prendre votre cellulaire, fermerl’alarme et tant qu’à y être, vérifierles nouveaux courriels qui sont en-trés durant la nuit. Finalement, vousvous levez de votre lit, prêt à atta-quer votre routine matinale, et vousvous rendez au bureau.

Entre temps, vous aurez regardémaintes fois Facebook, Twitter, lamétéo, l’actualité, vous aurez payéquelques comptes en ligne, puis en-core une fois, vous aurez revérifiévos courriels (professionnels géné-ralement), tout en étant indirecte-ment exposé à une panoplie depublicités. Enfin 8 h 45, vous arrivezau boulot, là où vous êtes enfin prêtà vous mettre à la tâche.

Qu’est-ce qui cloche ici? Peut-êtreaurez-vous de la difficulté à trouverla réponse car pour vous, commepour moi, cela parait une routinenormale. En fait, non. Durant ce quiétait ici votre temps de repos, votrecerveau a été submergé d’informa-tions pas toutes très utiles ou qui nel’étaient pas au moment où vous les

avez consultées ou qui auraient puêtre réservées pour une plage ho-raire différente. Ce qui a eu commeimpact de vous rendre moins dispo-nible à votre environnement immé-diat.

Ce qui est insidieux dans tout ça,c’est que vous n’en prenez que ra-rement conscience. Pourtant, au-tour de vous, ça se ressent; à lamaison, au travail, à l’épicerie#Mais à part vous, car nous sommestous responsables de nos gestes,les coupables sont les incalculablesdistractions numériques qui nousentourent (tablette, Smartphone,portable, MP3 et,etc.). Puiscomme s’il n’yen avaitp a s

assez, que faisons-nous avec toutça? Nous continuons d’en ajouterde façon volontaire et peut-êtremême compulsive#

Pourquoi sommes-nous tousaussi connectés?

Je me confesse, la connexion enpermanence est facile, agréable etpratique! Peu importe l’envie ou lequestionnement qui nous passe parla tête, nous sommes en mesure d’yrépondre immédiatement grâce àl’accès à un réseau sans fil. Fini l’at-tente! À l’inverse, de l’information

peut aussi nous passer sous lesyeux sans que nous en ayons

envie. Aussi, nous parvenonsmême à garder simultané-

ment un œil actif à nosobligations profession-

n e l l e s

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BURN-OUT

Le burn-out numériqueUN PROBLÈME QUI N’EST PAS VIRTUEL

Par Jessy Riel, intervenante

lorsque nous sommes à la maisonet vice versa. Les plus zélés d’entrenous répondent à leurs courriels, ouà d’autres demandes profession-nelles lorsqu’ils sont à la maison.Pour se justifier, ils expliquent quecela ne leur prend que deux mi-nutes et qu’ils évitent ainsi l’accu-mulation de tâches.

Bon, jusque-là ça peut aller, car ilsemblerait que chez certains, celaleur permettrait de ressentir moinsde stress et de se sentir plus encontrôle dans leur quotidien# Maisparadoxalement, c’est plutôt consi-déré comme une source d’anxiétéque de ne pas pouvoir repousser aumoment approprié certaines tâches,car nous ne « décrochons » pas.D’autres se sentiront même l’obliga-tion de répondre à une demande endehors des heures de bureau (un

bémol s’impose pour certainscontrats).

Outre le sentiment d’obligation oumême de culpabilité, certains fontles choses volontairement car aubout du compte, une récompenseles attend : la reconnaissance. Maisattention! La jouissance qu’apportece sentiment peut mettre certainsindividus à risque quand un enjeude performance s’y attache, car laperformance est aujourd’hui étroite-ment liée aux technologies de l’in-formation et des communications(TIC). L’employé dévoué, quelquesfois en quête d’attention ou de per-fection, et qui est toujours prêt à endonner plus en terme de temps etde qualité, s’unira à un supérieur quisera toujours enclin à lui en deman-der aussi plus et une meilleure qua-lité#

L’homme, un nouveau genre

Ces nouvelles technologies qui sa-turent les marchés ne peuvent faireautrement que d’influencer l’hommemoderne. En 2015, le développe-ment des TIC a fait naître l’hommehypermoderne.

Loin de l’homo erectus, quoique latendance des mâles barbus nouslaisse dans le doute#, l’homme hy-permoderne se retrouve à tous lescoins de rue des sociétés hyper in-dividualisées. Cette « espèce » seconstitue d’hommes et de femmesactifs, branchés [même au sens lit-téraire du terme!] et performants. Ilsont en moyenne un savoir supérieuraux générations précédentes, dû àtoute l’information qu’ils gavent de-puis leur enfance. Bref, ils sont uneclasse à part que nous pouvons iro-

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niquement représenter par dessuper héros tous munis de petitsdispositifs ultraperformants et inter-changeables connectés aux ré-seaux 3G.

Le bogue des super héros

Les technologies de l’information etdes communications se sont déve-loppées à un rythme si rapide, quela population n’a pu s’y ajusterconvenablement. Le bogue quenous retrouvons avec ceux que jeprends plaisir à appeler les « superhéros », est qu’après une longuepériode d’hyperconnectivité, cer-tains se retrouvent en surchargecognitive et sautent.

Un cerveau en surcharge cognitive,c’est un cerveau qui a reçu trop dedonnées pour la capacité que pou-vait contenir son « disque dur », ce,sans pouvoir faire de « sauvegarde». En plus, avec ce flux d’informa-tions arrivant à toute allure, à toutmoment, de tout bord tout côté, il aété amené à traiter celles-ci de ma-nière tout aussi rapide. Conclusion: ralentissement et épuisement deses capacités / burn-out numérique.La machine ne fonctionne plus,nous débranchons.

Se déconnecter, un besoin

C’est une pratique de plus en pluscommune, mais pourquoi? D’aprèsl’hypothèse d’une récente étudefrançaise: “Déconnexion volontaireaux technologies de l’information etde la communicatio”, il sembleraitque la volonté de l’individu à vouloirse déconnecter de ces technologiessoit en fait un des moyens qu’il atrouvé pour parvenir à mieux lescontrôler. La déconnexion ne seraitdonc pas systématiquement syno-nyme de rejet des technologies.

L’auteur explique que « le but est deparvenir à une meilleure maîtrise detous ces flux de communication afind’éviter les écueils qui peuventconduire à une connexion perma-nente incontrôlée ».

Ressourcer l’homme hypermo-derne

Se déconnecter du jour au lende-main de notre gadget de prédilec-tion après avoir pris conscience del’ampleur que celui-ci pouvait avoirsur notre vie peut être drastique,quoique certains l’aient fait. Jepense ici à Patrick Lagacé et àThierry Crouzet. Cependant, nouspouvons au préalable tenter de re-trouver un équilibre. Ce qui est lar-gement conseillé, mais pas assezpratiqué, serait de prévoir à notreagenda des moments pour cer-taines tâches comme par exemple,la lecture des courriels et des SMSou la consultation de notre page Fa-cebook.

En Europe, de grandes entreprisestelles que Volkswagen et Euro Dis-ney ont délibérément restreint l’ac-cès à leur serveur entre 18 h 15 et7 h. Ceci contribue à préserver lasanté mentale de leur personnel età améliorer leur qualité de vie. Lesemployés se trouvent donc plus li-bres pour prendre soin de leur vieprivée avec moins de préoccupa-tions et de supposées urgences re-liées au travail.

D’autres trucs facilement réalisablesseraient de modifier vos paramètresde notifications et d’alertes pour endiminuer ou en désactiverquelques-unes. L’objectif est de sedéprogrammer du plus grand nom-bre de distractions possibles afin devivre pleinement l’instant présent,pour ensuite se réapproprier les ou-

tils numériques d’une manière saineet équilibrée. Vous avez le pouvoirde contrôler et de sélectionner l’in-formation qui vient à vous.

Mot de la fin

L'étude sur laquelle sont largementbasés mes propos tient à soulignerun fait important : la pratique de dé-connexion ne semble pas reliée aucourant d’une mode mais plutôt àun réel accroissement de pro-blèmes. Alors, après avoir mis voslimites dans votre relation avec vosproches, pensez maintenant à lesmettre dans vos relations avec latechno! Rappelez-vous que nous nesommes pas des machines!

Références :

h t t p s : / / h a l s h s . a r c h i v e s -ouvertes.fr/hal-00925309/

http://rue89.nouvelobs.com/rue89-eco/2012/08/16/patrons-deconnec-tez-vos-salaries-au-moins-en-soiree-234580

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Le terme neurasthénie appa-raît en 1869, fusion desmots «nervous asthenia»,signifiant fatigue nerveuse.

Les écrits au sujet de cette maladieremontent cependant à la Grèce An-tique, sa singularité due au fait queles praticiens ne pouvaient détecterd’indices physiologiques ou neuro-logiques des symptômes rapportéspar les patients.

La neurasthénie comprenait unevaste étendue de symptômes pré-sents en quantité variable tels la dé-pression, l’insomnie, la fatigue, lesmigraines, l’anxiété, les problèmesdigestifs ou encore les douleurschroniques articulaires ou névral-giques. À l’époque, on croyait que lafatigue nerveuse était la consé-quence d’un cerveau et d’un sys-tème nerveux très évolués,syndrome du progrès, de la supério-rité et du raffinement de la commu-nauté américaine. Ce sont «lesdemandes des sociétés moderneset industrielles qui épuisaient le sys-tème nerveux» (Harris et Stevens,2010).

Traiter la maladie invisi-ble

Le Dr. Mitchell, un in-fluent neurologiste, en-treprend à la fin du19e siècle de soi-gner les patientsatteints de neu-rasthénie. Ilpropose deuxméthodes; lap r e m i è r e ,r é s e r v é ea u xfemmes ,est appe-lée lacure du

NEURASTHÉNIE

NeurasthénieLA MALADIE INVISIBLE

Par Marie-Ève Lapointe, intervenante

repos. Elle s’étend sur plusieursmois et comprend un repos forcé,l’isolement, la suralimentation, lesmassages et l’électrothérapie. Ladeuxième, la cure du travail,s’adresse aux hommes. Elle encou-rage la création de liens entre eux,elle s’effectue en campagne enplein air. Elle propose des périodesprolongées de travail manuel etphysique et encourage les hommesà écrire au sujet de leur expérience.

Les traitements proposés par Mit-chell reflètent bien la misogynie del’époque où les femmes étaient te-nues de rester à la maison et dé-couragées de s’engager dans desactivités intellectuelles ou profes-sionnelles. Les hommes étaient va-lorisés par le travail et encouragésà adopter des comportementssexuels appropriés. La thérapie parle travail s’étant avérée plus effi-cace, elle fut reprise et adaptée parles successeurs de Mitchell.

Cabot, Hall et Gehring sont tousd’imminents médecins physiolo-gistes qui ont fait évolué la «théra-pie professionnelle». Leurs patientsétaient encouragés à entreprendredes activités tels le travail, lesétudes ou les passe-temps pourréappren-

dre les compétences des personnesen santé et s’habituer à persévérermalgré la fatigue.

On les encourageait à passer dutemps à l’extérieur et faire des ren-contres pour inhiber leurs penséesnégatives et reprendre une routine.Gehring, en insistant sur les compé-tences sociales, a ainsi guéri politi-ciens, hommes d’affaires et fait saréputation grâce au grand nombred’enseignants de Harvard qu’il aaidés.

Les remplaçants de la neurasthé-nie

À l’aube des années 1930, les thé-rapies qui misent sur les activitésphysiques tombent dans l’oubli avecl’arrivée de Freud et de la psycha-nalyse. C’est également à ce mo-ment que les É.-U. se rendent àl’évidence que la neurasthénie n’estpas endémique à leur pays et qu’onla retrouve partout dans le monde.Entre 1930 et 1985, la neurasthéniedeviendra l’encéphalite myalgiquepuis le syndrome de fatigue chro-nique qui, encore aujourd’hui, reste

un mystère à bien des égards.

Pour qu'un syndrome de fatiguechronique soit diagnostiqué, unepersonne doit présenter un certainnombre des symptômes qui suivent.D’abord, une fatigue réduisant le ni-veau d’activité de la personne et quipeut être accentuée après un effortplus ou moins grand. Aussi, desdouleurs musculaires ou articu-laires, des problèmes au niveau dusommeil, des problèmes d’ordrecognitif ou neurologiques. Des pro-blèmes digestifs, respiratoires, car-diaques, immunitaires, hormonaux,émotionnels ou physiologiques (auniveau des cinq sens) peuvent éga-lement se retrouver.

Faute d’une définition et d’une com-préhension claire de la maladie, lediagnostic de syndrome de fatiguechronique vient rarement seul. Il estd’ailleurs établi que 75% des per-sonnes qui en souffrent ont aussi undiagnostic de fibromyalgie. Syn-drome de fatigue chronique et fibro-myalgie ont un très grand nombrede similitudes, leur principale diffé-rence étant que dans la première, lafatigue est proéminente tandis quece sont plutôt les douleurs dans la

seconde (AFSFC-VS).

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Leur grande variété de symptômesfait en sorte que ces maladies se re-trouvent souvent en comorbiditéavec d’autres. Ainsi, plusieursétudes s’entendent pour dire queplus des deux tiers des personnesprésentant le syndrome de fatiguechronique répondent aussi aux cri-tères diagnostiques d’anxiété, dedépression ou de dysthymie (Har-vey et coll., 2009). Une récenteétude canadienne a établi que 22%des personnes souffrent de dépres-sion conjointement à leur fibromyal-gie (Thompson, N-Young,Brennenstuhl, 2012).

Traitements possibles

Tout comme les symptômes, l’éten-due des traitements offerts estassez large. La médication est quel-quefois utilisée pour diminuer les ré-cepteurs de douleurs ou pour traiterles maladies conjointement pré-sentes aux syndromes. Les théra-pies peuvent servir à diminuerl’humeur négative, favoriser unemeilleure gestion de la douleur etmotiver la personne à se mettre enaction. La stimulation magnétiquetranscranienne et le mindfullness(pleine conscience) sont aussi àl’essai. Les activités physiques al-liant la méditation tels le yoga, le tai-chi et le Qigong ont égalementdémontré leur efficacité.

Diagnostic qui ne fait pas l’unani-mité

Encore aujourd’hui, malgré des cri-tères diagnostiques affinés, bonnombre des symptômes de la fibro-myalgie et du syndrome de fatiguechronique sont d’ordre subjectif,c'est-à-dire qu’ils ne sont pas obser-vables lors d’examens cliniques,mais seulement rapportés par les

patients. Ceci peut certainement ex-pliquer le désaccord qui séparedeux écoles de pensées sur laquestion.

D’une part, les médecins et cher-cheurs qui revendiquent le fait queles termes fibromyalgie et syndromede fatigue chronique ne représen-tent pas de «vraies» maladies. Ilsexpliquent que ces termes ont étéutilisés pour rassembler des symp-tômes physiques persistants etinexpliqués, mais que ces signessont trop diffus et trop peu discrimi-natoires pour former une maladie.Pour certains, les symptômes phy-siques persistants et inexpliquésrapportés par les patients tradui-raient la somatisation de maladiespsychologiques étant donné qu’ànotre époque, avoir un diagnosticde maladie physique est perçucomme plus acceptable sociale-ment.

C’est souvent lorsque les per-sonnes atteintes ne sont pas en ac-cord avec leur médecin concernantleur traitement et les références quileur sont offertes qu’ils se tournentvers les groupes de défense. Deleur côté, les associations de per-sonnes atteintes travaillent sans re-lâche pour la défense des droits etl’accessibilité aux services de santéadaptés à leurs besoins. Ils œuvrentà faire reconnaître ces maladies parla médecine et à sensibiliser la po-pulation aux syndromes dont ilssouffrent.

Malgré les désaccords qui entou-rent présentement la fibromyalgie etle syndrome de fatigue chronique, ilest à souhaiter qu’après 150 ans larecherche puisse faire émerger desréponses pour les personnes souf-frantes et surtout des traitements

adaptés à leur condition particulière.

Références

Association de fibromyalgie et du syndromede fatigue chronique de Vaudreuil-Sou-lange. Repéré à http://afsfc-vs.org/fran-cais/Accueil.php

Beard, G. (1869). Neurasthenia, or nervousexhaustion. The boston medical and surgi-cal journal, 3 (13), 217-221.

Fuller-Thompson, E., Nimigon-Young, J.,Brennenstuhl, S. (2012). Individuals with fi-bromyalgia and depression: Findings froma nationally representative Canadian sur-vey. Rheumatol Int, (32), 853-862. doi:10.1007/s00296-010-1713-x

Harris, B., Stevens, C. (2010). From restcure to work cure. Monitor on Psychology,41(5), 26. Repéré à http://www.apa.org/mo-nitor/2010/05/cures.aspx

Luft. C. F. (2004). The disease that neverwas. Clinical Implications, (82), 723-724.doi: 10.1007/s00109-004-0593-5

Stanley, I., Salmon, P., Peters, S. (2002).Doctors and social epidemics: the problemof persistent unexplained physical symp-toms, including chronic fatigue. British Jour-nal of General Practice, 52 (478), 355-356.Repéré àhttp://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1314288/

Stiles, A. (2012) Go rest, young man. Mo-nitor on Psychology, 43(1), 32. Repéré àhttp://www.apa.org/monitor/2012/01/go-rest.aspx

Harvey, S., B., Wessely, S., Kuh, D., Ho-topf, M. (2009). The relationship betweenfatigue and psychiatric disorders: Evidencefor the concept of neurasthenia. Journal ofPsychosomatic research, 66 (5) , 445/454.d o i :http://dx.doi.org/10.1016/j.jpsychores.2008.12.007

Au mois de janvier 2015, nousavons eu la chance de rece-voir Stéphane Guay, Ph.D.psychologue, directeur du

Centre d'étude sur le trauma et pro-fesseur à l'École de criminologie del'Université de Montréal, qui a eul'amabilité de présenter une confé-rence intitulée: "Traumatisé, stressé,résistant?: Lumière sur le stress post-traumatique". Voici donc ce que j'enai retenu.

Avec les attentats qui sont survenusau Charlie Hebdo et les médias quinous bombardent d’images et decrimes violents, il y a de quoi êtretraumatisé! Du moins, c’est une ex-pression que certains peuvent utiliserpour parler des émotions qui les ha-bitent en pensant à ces tristes mo-ments. Pourtant, ce n’est pas parcequ’une personne est témoin d'un inci-dent potentiellement traumatisantqu’elle va nécessairement rester trau-matisée.

Événements stressants

En effet, dans sa conférence, M.Guay fait d'entrée de jeu une distinc-tion entre le stress et les trauma-tismes. Le parcours d’une vie estponctué de toutes sortes d’événe-ments stressants normaux. Certainsmoments peuvent l’être encore plusque d’autres, comme le décès duconjoint, un divorce, la mise à la re-traite ou le départ d’un enfant du foyerfamilial. Même un moment heureuxcomme un mariage peut générer unegrande source de stress.

En général, il est possible de se pré-parer ou d’anticiper un événementstressant normal comme, par exem-ple, la perte d’un être cher hospitalisé.De plus, si une personne fait face àune deuxième mise à pied, il est pro-bable qu’elle soit mieux outillée pourtraverser cette crise que la premièrefois. Sans compter qu'il est plus faciled’en contrôler les symptômes qui ten-dent à disparaître plus rapidement.Cependant, aussi douloureux puisse-t-il être, tout événement stressant,

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TRAUMATISMES

Quand un traumatismeFAIT DE L’OMBRE AU STRESS

Par Annik Lefebvre, intervenante

comme faire face à la maladie, à uneperte affective ou à une perte maté-rielle, ne constitue pas un trauma-tisme en soit.

Événements traumatisants

D'autre part, M. Guay explique qu'unétat de stress post-traumatique estrelié, par exemple, à des accidentsgraves, catastrophes naturelles,agressions violentes, guerre, expé-rience militaire, incident terroriste, etc.La personne doit avoir été exposée àun ou plusieurs incidents où son inté-grité physique a été atteinte soit parcequ'elle a dû faire face à un dangercomme la mort, une blessure grave,un délit sexuel ou à de telles me-naces. Aussi, elle doit avoir vécu elle-même l'événement, en avoir ététémoin, apprendre qu'un proche en aété victime ou en être exposée demanière répétée.

Qui plus est, contrairement à un évé-nement stressant, la personne n'apas le temps de s'y préparer ou del'anticiper, et les efforts pour en dissi-per les symptômes sont souvent sol-dés par des échecs. Cela peutprendre quelques semaines àquelques années avant de s’en réta-blir, sans compter qu'un événementtraumatisant laisse une empreintepour la vie.

Cela dit, il est difficile de rester insen-sible face à des images telles quecelles diffusées sur les réseaux d'in-formations lors des attentats du 11septembre 2001 ou de la tuerie deDawson. Ces événements sont po-tentiellement traumatisants pour lespersonnes qui les vivent et leursproches mais, pour ceux qui les re-gardent à répétition aux nouvelles,ces images ne causent pas d'état destress post-traumatique.

Statistiques

Étonnamment, M. Guay rapporte que76 % des Canadiens vivront entre unet trois événements traumatiques aucours de leur vie. Parmi ceux-ci, 80 %pourront être en état de choc après,mais seulement 9.2 % développerontun état de stress post-traumatique(ÉSPT). De plus, alors qu'il y a deuxfois plus de femmes que d'hommesqui développent un ÉSPT, 70 % desgens pensent que l’événement trau-matisant qu’ils ont vécu n’était pasassez grave pour consulter. D'où l'im-portance de le faire si les symptômespersistent au-delà de deux moisaprès l’événement traumatique.

Quatre symptômes

Un point important que M. Guay pré-cise dans sa conférence est que l'étatde stress post-traumatique est le seultrouble de santé mentale relié à unpoint de rupture, c'est-à-dire, à unévénement précis qui menace direc-tement l’intégrité de la personne. Dece fait, il explique que l'ÉSPT se défi-nit selon quatre symptômes. Toutd'abord, la victime revit constammentles souvenirs de son traumatisme quece soit, par exemple, à travers desflashbacks ou des cauchemars. Elleévite également tout ce qui peut luirappeler, même indirectement, letraumatisme.

Ces évitements peuvent être aussicausés par des perturbations sur leplan des pensées et des émotions,puisque le cerveau associe doréna-vant au danger des stimulus neutresqui rappellent l'événement traumati-sant. M. Guay donne comme exem-ple qu'une dame victime d'un vol peutavoir associé à un danger le gilet destyle kangourou que portait sonagresseur. Ainsi, elle peut ressentirune grande peur quand elle croise surla rue quelqu’un qui porte un tel vête-ment et vouloir tenter de l'éviter. C’estpourquoi il n'est pas rare de voir lespersonnes qui souffrent d’un ÉSPT

entretenir des émotions négatives, sereplier sur elle-même et vivre de l'iso-lement.

Enfin, quand une personne est enétat de stress post-traumatique, lecerveau devient en situation de stressaigu, et ce, de manière chronique,pouvant même occasionner de l'in-somnie et très souvent une dépres-sion majeure.

Soutien aux personnes en état destress post-traumatique

Afin d'aider les victimes, M. Guay in-vite les proches à les encourager,puisque leur soutien peut jouer unrôle positif dans leur rétablissement.Dans un premier temps, il ne faut pashésiter à les encourager à avoir re-cours à des services d'aide en cas debesoin ou à s'investir dans une théra-pie cognitivo-comportementale quidémontre un taux de réussite de 60 à70 %. De prendre soin de soi et de sasanté de manière préventive est éga-lement essentiel et il importe de sa-voir renforcer les efforts et les progrèsde la victime. À l'inverse, les critiquesnégatives sont à proscrire, toutcomme la minimisation des symp-tômes et les blâmes.

Pour terminer, comme le décrit si bienle titre de la conférence de M. Sté-phane Guay "Traumatisé, stressé, ré-sistant?: Lumière sur le stresspost-traumatique", il y a une nette dis-tinction à faire entre le stress et untraumatisme. Puis, comme un événe-ment traumatique laisse une em-preinte pour la vie, il importe de nepas en minimiser les conséquenceset de consulter au besoin. Pour en sa-voir plus sur le sujet, j’invite les mem-bres de l’ALPABEM à voir ou revoir laconférence de M. Stéphane Guay dis-ponible sur notre site internet ou àconsulter le site:http://www.plusqu1souvenir.ca/

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Ramenons-nous dans les an-nées 80, puis pensons à ceque l’on pouvait trouver de fa-cilement accessible en ma-

tière de sexualité. Pour avoir accès àdes films classés pour adultes, les gensse rendaient timidement dans les sec-tions XXX de leur club vidéo et les plus“wild” allaient directement dans les“peepshow”. C’était aussi le début desvidéoclips sexy, de la multiplication desmagazines pornographiques et des sé-ries érotiques à la Bleu nuit!

Au milieu des années 90, dans leconfort de notre salon, on a eu accèsaux chaînes spécialisées payantes, telle Canal Indigo, qui diffusaient des filmspornographiques 24 h/24, puis à l’inter-net (très) basse vitesse qui permettaitde télécharger 1/10e de photo la mi-nute, de quoi faire durer le plaisir long-temps! Les jeunes, eux, avaient accèsaux magazines Sears, aux VHS deleurs parents maladroitement cachés etaux canaux embrouillés. Bref, rien dequoi s’alarmer!

À l’an 2000, ce fut l’apparition de l’inter-net haute vitesse, synonyme de télé-chargement rapide. Maintenant, enquelques clics de souris, on a accès

non plus à des images, mais à desvidéos pornographiques explicitescorrespondant à tous types de fan-tasmes, ce, gratuitement, et dans laplus grande discrétion. C‘est ledébut de l’accessibilité au sexe enabondance et, par le fait même,d’une augmentation croissante desaddictions sexuelles.

Un porno dépendant, ça ressem-ble à quoi?

Quel que soit l’objet de dépendance,les dépendants vivent générale-ment tous les mêmes difficultés: ilsdeviennent sous l’emprise de leuraddiction en ne parvenant plus àcontrôler leurs pulsions. Au boutd’un certain temps, la dépendanceprend tellement de place qu’il neleur reste pratiquement plus detemps pour leurs activités quoti-diennes, soit manger, travailler,dormir et passer du temps en fa-mille. Par la suite s’ensuivent dessentiments de honte et de culpabi-lité qui les envahissent.

Les effets sur le cerveau

Les représentations à caractère

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DÉPENDANCE

La porno dépendanceQUAND LE SEXE DEVIENT UNE DROGUE

Par Jessy Riel, intervenante

sexuel auraient un puissant pouvoird’excitation. Selon les experts, la por-nographie produirait dans le cerveaules mêmes réactions physiologiquesque celles des drogues dures qui agi-raient sur la production de dopamine,l’hormone responsable du plaisir.Quand une personne se sent satisfaiteou euphorique, c’est grâce à la libéra-tion de ce neurotransmetteur. En vision-nant des scènes classées XXX,l’humain ressent généralement une su-rexcitation due à une surproduction dedopamine. Mais, à force d’en regarder,le seuil du niveau de plaisir de l’individu,communément appelé le seuil de ré-compense se rehaussera et l’amèneraà consommer toujours plus de porno-graphie afin de retrouver les sensationsinitiales. Cela correspond au phéno-mène d’accoutumance.

Être accro au sexe, où est le pro-blème?

C’est une question que certains se po-sent compte tenu du fait que l’on vitdans une société hyper sexualisée. Parcontre, les problèmes que cette dépen-dance peut amener sont non négligea-bles. Les sites pour adultes sontmajoritairement visualisés par leshommes dont le besoin est de s’exciterà la vue d’une femme en plein actesexuel. Par le passé, c’était davantagede la pornographie dite légère que l’ony retrouvait. Mais comme tous phéno-mènes d’addictions, il vient un jour oùle produit consommé n’a plus le mêmeeffet, alors on intensifie la dose. Au-jourd’hui, c’est donc du matériel plus“hardcore” que l’on retrouve le plus fré-quemment sur le web. Cela signifie quel’on nous ne présente plus une sexua-lité dite classique où les femmes se fontsimplement « baiser » mais plutôt desvidéos où les femmes se font verbale-ment et physiquement humilier, domi-ner et violenter.

Les consommateurs occasionnels n’ontgénéralement pas de difficulté à faire lelien entre la réalité et la “porn”. Ils re-connaissent que ce qu’ils ont sous les

yeux ne représente pas la vraie vie. Cesont des actrices et des acteurs qui fontmiroiter des fantasmes avec des corpsesthétiquement impeccables (aux yeuxde certains#). Malheureusement, àforce de consommer ces images defaçon abusive et maladive, deshommes et femmes finissent par croireque c’est ainsi que cela doit se passerdans l’intimité. Pas surprenant qu’unefois au lit, plusieurs soient déçus de nepas y retrouver le fruit de leur imagina-tion. Ils prennent donc la décision de re-tourner se masturber sur le web, là oùtout est si facile et où certains se pen-sent maîtres de leur sexe. Bienvenuedans le cercle vicieux de cette dépen-dance#

Des conséquences inévitables

L’insatisfaction répétitive nuit à la qua-lité des rapports humains et amène dela difficulté à éprouver des sentimentsamoureux. Comme le plaisir qu’apportela sexualité ne se trouve plus dans lemonde réel, il devient la quasi exclusi-vité du monde virtuel. Ce désintérêtpeut engendrer une diminution des rap-ports intimes et augmenter les actesmasturbatoires stimulés par la porno-graphie, ce qui est susceptible demener à un isolement.

L’image de soi des consommateurspeut aussi en souffrir. À force de regar-der des corps grossièrement refaitss’exaltant dans des prouessessexuelles surhumaines, les hommescomme les femmes peuvent en venir àdouter de leur propre beauté et de laqualité de leur performance. L’ensem-ble de ces questionnements viendrajouer directement sur leur estime per-sonnelle.

Représentation identitaire à l’échec

Autre problème que pose cet univers lu-cratif, c’est qu’il envoie un messagecontradictoire à celui qu’envoie la so-ciété relativement aux relations conju-gales. Depuis toujours, les valeursprônées sont l’engagement, la

confiance, le soin mutuel, la procréationet la fidélité. La porno, elle, renvoie ausexe sans émotion et sans attache, auxmultiples partenaires et à l’adultère.Chez les jeunes encore empreints denaïveté, cela peut mettre à risque leurdéveloppement identitaire, car leuridentité prend forme à partir des imageset des modèles auxquels ils sont expo-sés. Comme la pornographie ne permetpas d’apprendre d’autres modes decomportement, il est primordial que lesparents, de même que les institutionsscolaires, ne négligent pas leur tâched’éducation sexuelle. Les ados doiventapprendre à développer un sens cri-tique pour ne pas considérer leur parte-naire comme un simple objet superficieldisposé à assouvir leurs besoins.

Maintenant, pour ceux qui auraientpeut-être détecté dans leur entourageun accro au sexe, ne désespérez pas,de l’aide peut leur être offerte. Lessexologues cliniciens sont bien qualifiéspour traiter cette dépendance, et desgroupes de soutien sont aussi disponi-bles pour leur venir en aide. Ils se nom-ment les Dépendants affectifs etsexuels anonymes et se trouvent à dif-férents endroits sur le territoire de Mont-réal.

Pour les curieux qui veulent savoir com-ment on se sent dans la peau d’unporno dépendant, je vous invite à écou-ter le vlog de Mathieu St-Onge (artistepeintre québécois et vlogueur) qui ra-conte sans scrupule les détails de sonexpérience.

Références :

http://ici.radio-canada.ca/emis-s i o n s / m e d i u m _ l a r g e / 2 0 1 2 -2013/chronique.asp?idChronique=321266

http://pornodependance.com/D%E9finitionPornoDependance.htm

http://trouble.voir.ca/math-lab/30-minutes-de-porno-avec-mathieu-st-onge/

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Je vais vous raconter ici, unepetite histoire. Le père d’unejeune adolescente qui com-mence à rencontrer des gar-

çons est très inquiet pour sasexualité. Un jour le père demande àun prétendant qui semble s’avérerl’élu de sa fille.

PÈRE : Es-tu bon en mathéma-tiques mon garçon?

GARÇON : Oui

PÈRE : Combien ça fait un plus un?

GARÇON : Deux

PÈRE : Parfait mon garçon! « Ar-range-toi pour ne pas que ça fassetrois ».

C’est une blague, une plaisanterie.Toutefois, savez-vous qu’il nous ar-rive aussi d’additionner de la sorte ?De nous demander : un plus un ça faittrois? Oui! Je sais que vous êtes pos-siblement surpris, mais ça arrive!Qu’est-ce que vous voulez !!!

Je vous explique. Avez-vous déjà en-tendu parler de « distorsion cognitive

». Ce terme vous dit-il quelquechose?

Sans faire l’historique de ce phéno-mène, je dirais qu’il se caractérise parune interprétation erronée de l’infor-mation. À son tour, cette interprétationerronée a une répercussion négativeau niveau cognitif et émotionnel.

Il semblerait que les personnes dé-pressives font souvent des distor-sions cognitives. De manièregénérale il peut arriver à tout lemonde de mal interpréter certaines in-formations et de vivre les consé-quences négatives que cela implique.Ce qui veut donc dire que nous pou-vons faire au moins une fois dansnotre vie un type de distorsion cogni-tive.

En effet, il existe plusieurs types dedistorsion. J’ai choisi ici de vous par-ler de celles auxquelles, selon moi,nous devons porter le plus attentionafin de les identifier et les analyser.Ce qui vous permettra d’avoir unepensée plus claire et d’adopter desattitudes plus réalistes et plus posi-tives.

Regardons-en quelques-unes qui

nous empoisonnent la vie :

La personnalisation :

On parle de ce type de distorsionlorsqu’une personne se croit respon-sable à 100 % des événements quisont complètement hors de soncontrôle. Exemple : Le fils de Stépha-nie vient de pocher un examen et Sté-phanie pense que tout est de safaute, car elle n’a pas pu l’éduquercomme il le fallait. Elle pense avoirmanqué à l’éducation de son enfant.(Un plus un égale trois 1 + 1 = 3)

Cela vous dit-il quelque chose?

Combien d’entre vous se sentent res-ponsables de la consommation desdrogues de leur enfant? Combiend’entre vous se remettent en ques-tion, se demandant « où ai-je manquémon coup? »

Et si je vous pose cette question :Combien d’entre vous se sentent res-ponsables de la maladie mentale devotre proche ? Vous ne sentez pasque c’est un peu comme : 1+1= 3

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LA PENSÉE

1 + 1 = 3LES DISTORSIONS COGNITIVES

Par Jorge Monterroso, intervenant

L’abstraction sélective :

C’est quand nous restons accrochésaux épines. Autrement dit, c’estquand on regarde seulement et uni-quement les aspects négatifs d’unesituation. Le positif est automatique-ment écarté.

«Il ne fait que travailler# Il passe toutson temps au gym# Il est toujoursdans son garage# »

Il s’agit de notre tendance à porter at-tention aux détails négatifs en élimi-nant tout ce qui est positif. Lorsquenous recevons le bulletin de notes denotre enfant n’avons-nous pas ten-dance à regarder les notes dans lerouge? Tout ce qui ne va pas? Si nousavons une personne atteinte à la mai-son, ne nous posons-nous pas lesquestions : qu’est-ce qu’il a fait à nou-veau? Ce n’est pas étonnant deconstater que même notre journal té-lévisé ne passe que des mauvaisesnouvelles. Non?

Ça vous rassure de voir que d’autresfont aussi 1+1= 3 ?

La surgénéralisation :

C’est lorsque nous croyons que siquelque chose est arrivé une fois, ellerisque d’arriver à nouveau. J’ai faitune crise de panique dans l’ascen-seur = je vais faire des crises de pa-nique à chaque fois que je prendrail’ascenseur. (1+1= 3)

Mon fils a fait une psychose alors qu’illisait Charlie Hebdo = De mon côté,j’ai caché toutes ses revues de Char-lie Hebdo afin qu’il n’en fasse plus depsychose. On a vécu un incident né-gatif et on s’attend à qu’il se repro-duise de façon récurrente.

Amplification et minimisation :

Cette distorsion cognitive consiste enagrandir ou amplifier nos propreséchecs et les succès d’autrui et dimi-nuer nos succès et les revers que lesautres en font. « Peu importe lesnombreuses médailles que j’ai ga-gnées auparavant, aujourd’hui j’ai étépoche au golf, tu as mieux fait quemoi ». On se diminue même si l’autren’a pas du tout réussi. C’est un peucomme si on utilisait des jumellespour voir nos défauts et les succèsdes autres (je vais les voir plusgrands) et que l’on tourne les jumellespour voir nos qualités et les défautsdes autres (je vais les voir beaucoupplus petits).

L’étiquetage :

C’est l’utilisation des étiquettes péjo-ratives pour s’auto décrire : Je suisdonc ben niaiseux! Ah je te dis que jesuis ben épais! Il peut arriver à l’occa-sion que l’on fasse des choses quin’ont pas d’allure; cela ne veut pasdire pour autant qu’on est niaiseux. Ànoter qu’on utilise aussi l’étiquetagepour qualifier les autres.

Le blâme :

Il s’agit d’une autre distorsion quenous utilisons à tort et à travers. Nousrendons les autres responsables desémotions que nous vivons ou à l’op-posée, nous nous blâmons pour lesémotions que les autres vivent.

L’inférence arbitraire :

Elle est aussi reconnue comme la lec-ture de la pensée. « Tu penses que jesuis une niaiseuse hein? Ou « Je suisconvaincu que mon patron pense queje suis un pervers ».

Elle peut aussi se retrouver par uneerreur de prévision.: Connaissez-

vous l’histoire du monsieur qui s’estpris dans un banc de neige en cam-pagne et qui a besoin d’une pelle pourse sortir du pétrin. Il voit au loin unedemeure et se dit que le propriétairepeut peut-être lui en prêter une. Il sedit aussi que le propriétaire est peut-être en train de faire une sieste et qu’ilne sera pas content de se faire réveil-ler. Il hésite à aller lui demander lapelle. Il se dit aussi que c’est peut-être quelqu’un qui n’aime pas répon-dre aux étrangers et qu’il marcheraalors jusqu’à la maison pour rien. Il sefait de la sorte mille et un scénariosavant de se décider à y aller. Finale-ment, il se présente devant la mai-son, cogne à la porte et lorsque lemonsieur lui répond, il lui dit : j’enveux plus de ta crisse de pelle. C’estune blague, mais elle représente bienun type de distorsion.

Je vous ai présenté quelques une desdistorsions. Ce qu’il est important deretenir est que si vous prenezconscience que vous êtes aux prisesavec quelques-unes de ces distor-sions, il est très important de travaillerà vous en défaire. L’aide d’un spécia-liste en thérapie cognitive-comporte-mentale (TCC) s’avère la solution.

C’est un peu comme prendreconscience que nos lunettes ne sontplus adéquates et que nous devonschanger de prescription. Alors# n’al-lez pas chez l’optométriste là.

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TRAVAIL

Selon des statistiques récentes,28 % des personnes en arrêtde travail le sont pour des pro-blèmes de santé mentale

(PPIRPC, 2008-2009). La majoritéd’entre eux souffrent de dépression.C’est donc la plus grande cause d’arrêtde travail, avant toute autre maladiephysique. Il est bien connu que le travailest stressant et que les exigences decertaines professions peuvent engen-drer le surmenage.

Cependant, on sait aussi que les per-sonnes qui sont sans emploi consom-ment alcool et drogue en plus grandequantité. Il est aussi connu que les chô-meurs ont significativement plus de pro-blèmes d’ordre psychologique et mêmephysique. Épuisement professionnel,burnout, dépression, le travail serait-ilun facteur précipitant ou aggravant desproblèmes de santé mentale ou, à l’in-verse, un facteur de protection face àdes problématiques semblables?

L’importance du travail

Le travail occupe une place essentielledans la vie des Occidentaux. D’abord,

il permet aux individus de ré-pondre à leurs besoins debase, soit se nourrir, sevêtir et se loger. Selonla théorie des besoinsposée par Maslow, iln’est pas possiblede remplir des be-soins supérieurs siceux de bases nesont pas d’abordcomblés. C’estdonc dire qu’unepersonne ne peutprendre soin desa santé ou dé-velopper desr e l a t i o n ssaines si sasituation esttrop précaire.

Toutefois, le travailn’a pas seulementl’utilité de nous per-mettre de nousacheter des biens, ilest également un élé-ment important de notreidentité. Après la famille, le travail appa-raît comme la seconde partie la plus im-portante de notre identité. Il suffit devous remémorer les premières phrases

Arrêt de travailET SANTÉ MENTALEPar Marie-Ève Lapointe, intervenante

que vous avez dites lors d’une nouvellerencontre faite récemment. C’est parceque le travail nous permet de jouer unrôle dans la société et de nous sentirutiles. Il mène aussi à la reconnais-sance sociale. En somme, ces pointsexpliquent la place importante qu’il oc-cupe dans la construction de l’estimede soi.

Comme mentionné plus tôt, le travailagit également comme un agent protec-teur face aux conséquences physiqueset psychologiques du chômage. Il aaussi été démontré que pour des per-sonnes présentant des problèmes desanté, le travail peut opérer de manièrethérapeutique sur leur situation. Deplus, les recherches s’entendent pourdire que le travail peut inverser les ef-fets négatifs que l’absence d’emploi apu avoir sur une personne.

Arrêt de travail et retour au travail

Lorsque l’on reconnaît les effets béné-fiques de l’emploi et les effets néfastesdu chômage, lorsqu’une personne estplacée en arrêt, il importe aux profes-sionnels et à ladite personne de se po-sitionner sur l’éventuel retour à l’emploi.Il a été démontré que les 12 premiersmois d’arrêt sont décisifs. Si une per-sonne n’est pas retournée travailler aucours de l’année elle n’a plus que 10 %de chances que cela arrive ensuite.

Ainsi, il est primordial d’accorder au tra-vail une place importante lorsque l’onsoigne une personne. Cependant, l’ap-proche qui est généralement utilisée ensanté mentale est plutôt dite centrée surl’individu. C’est-à-dire qu’elle met l’ac-cent sur les symptômes que présente lapersonne. Par l’entremise de médica-tion et de suivi thérapeutique, le profes-sionnel de la santé cherche à éliminerles symptômes de maladie de son pa-tient, maladie mentale dans le cas quinous intéresse. L’approche orientéevers le travail, pour sa part, intègre l’ob-jectif du retour au travail dans le plan detraitement du client.

Les déterminants d’un retour au tra-vail

La perception que les gens se font deleur situation est un facteur primordial àconsidérer face au retour au travail.Lorsque les gens ne croient pas enleurs chances de s’en sortir, ils adoptentdes attitudes en ce sens. L’approcheorientée vers le travail a aussi pouravantage d’envoyer comme message àla personne qu’elle a la capacité de re-prendre ses activités. Lorsque le sujetn’est pas abordé avec elle par ses in-tervenants, le message que la per-sonne peut comprendre c’est qu’elle esttrop malade pour penser s’en sortir.

Les caractéristiques personnelles desindividus sont également indispensa-bles pour mesurer leur capacité à re-tourner travailler. La présence d’autresproblèmes de santé, la sévérité de leurssymptômes, l’isolement, la présence depersonnes à leur charge et l’âge en fontpartie.

Il ne faut pas non plus négliger les ca-ractéristiques du milieu de travail. Dansle texte qui suit, il est sous-entendu quelorsqu’on parle de travail, on pense à unmilieu sécuritaire et sain, mais il ne fautpas passer sous silence le fait que cer-tains employeurs n’offrent pas ce mini-mum. On peut aussi penser qu’unmilieu qui n’offre pas de soutien est plusdifficile à réintégrer. Un emploi où lacharge de travail n’est pas adaptée, soittrop grande, soit trop peu stimulante,peut aussi être nuisible.

Un retour au travail réussi : progres-sif vs thérapeutique

Une fois les facteurs de risque pris enconsidération et modérés, il est primor-dial de tout mettre en place pour que leretour à l’emploi réponde aux attentesdes personnes et ne dépasse pas les li-mites que leur condition impose. Pource faire, un retour progressif au travailest souvent prescrit. Le problème que

pose cette pratique c’est qu’il n’y a quele nombre d’heures de travail qui est di-minué. La personne se retrouve avecles mêmes tâches, simplement avecmoins d’heures pour les réaliser. Un re-tour thérapeutique, à l’inverse, prévoitune diminution des tâches ainsi quel’implication des collègues et du milieude travail pour épauler la personne quiretourne à l’emploi.

Bref, les études s’accordent pour direque, quoique le travail puisse être unesource non négligeable de stress, le faitd’être sans emploi apparaît commeplus néfaste. C’est donc dire que les as-pects positifs du travail dominent les né-gatifs. Il est nécessaire de tenir comptedes bienfaits du travail lors de la déci-sion d’accorder un arrêt, mais égale-ment dans la prise en charge qui suivra.Ceci dit, l’action concertée de la per-sonne concernée, son médecin et sonmilieu de travail est essentielle.

Références

Durand, M-J. (2014, novembre). Vers unretour au travail réussi. Communicationprésentée au DSMA, Laval, Québec.

Gamache, C., Machabée, P. (2014, novem-bre). «Travailler c’est trop dur"» :Contexte, réflexions et points de vue du pa-tient, du médecin, de l’employeur et de l’as-sureur. Communication présentée auDSMA, Laval, Québec.

Pomaki, G., Franche, R.-L., Khushrushahi,N., Murray, E., Lampinen, T., Mah, P.(2010). Best Practices for Return-to-Work/Stay-at-Work Interventions for Wor-kers with Mental Health Conditions(Rapport final). Vancouver, Colombie-Brita-nique. Occupational Health and SafetyAgency for Healthcare in BC (OHSAH).

Sylvain, C. (2014, novembre). Le travail:ami ou ennemi du traitement en santé men-tale? Deux profils de pratique des méde-cins québécois. Communication présentéeau DSMA, Laval, Québec.

Waddell, G., Burton, K. (2006). Is workgood for your health and well-being? Lon-dres, Royaume-Uni. Revue de littérature,Department for Work and Pensions. Re-péré à www.tsoshop.co.uk

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PERCEPTION

Regardez bien l’image ci-contre. Et si je vous disaisqu’il y a plus d’un animaldans cette image? Vous

voyez un canard ou un lapin? Ras-surez-vous, le but ici n’est pas dedécortiquer pourquoi vous avez vul’un ou l’autre en premier! Je vous aiplutôt montré cette image pour vousrappeler que plusieurs façons depercevoir le monde existent enmême temps et que parfois on a be-soin d'un coup de main pour s'enapercevoir. Si vous regardez l'imagede nouveau, il vous est sans doutetrès difficile de ne pas voir les deuxanimaux, n'est-ce pas?

Reprenons, donc : il y a diffé-rentes façon de voir le monde.

Il y a aussi différentes façons d’aiderles gens à voir le monde.

Aujourd’hui, j’aimerais vous présen-ter une façon parmi tant d’autresd’aider les gens à voir le monde dif-féremment. C’est un outil utilisé enintervention qui s’appelle la tech-nique d’impact.

Ces sens qui nous guident

Nous apprenons de par nos sensdepuis notre naissance. Grâce ànos sens, nous emmagasinons del'information : nous associons dessons, odeurs, images à des émo-tions, moments dans le temps, etc...Vous est-il déjà arrivé de croiser unepersonne dans la rue qui portait lemême parfum que quelqu'un quevous connaissez? Que cela soitvotre professeure de première

année, votre gardienne lorsquevous étiez enfant ou bien votre meil-leur ami : en moins d'une seconde,votre cerveau vous transporte versla mémoire associée à cette odeur!Les sens ont donc une influencepuissante sur notre façon d'emma-gasiner de l'information!

Une image vaut mille mots

Il est suggéré que 60% de toute l’in-

Les techniques d’impactVOIR LE MONDE AUTREMENT

Par Charline Marmet, Étudiante en travail social

formation qui entre au cerveau pro-vient des yeux. Alors pourquoi nepas utiliser des techniques visuellespour apprendre et comprendre? Il ya de bonnes chances que vous re-teniez davantage la présentation devotre collègue de travail si celui-ciutilise une présentation powerpointpour accompagner son rapport. Ouencore, je peux vous décrire en dé-tails l’apparence de ma soeur Clau-die pendant une heure: la couleurexacte de ses cheveux, sa posture,la façon dont ses sourcils se plis-sent lorsqu’elle est contrariée, sonsourire# mais il vous sera tout demême difficile de la reconnaîtredans la rue. Par contre, si je vousmontre une photo d’elle ou si vousla rencontrez, il est nettement plusprobable que vous puissiez la re-connaître en la croisant dans la rue!Et cela n’aura pris que quelques se-condes! C’est grosso modo ce queles techniques d’impact tentent demettre à profit: l’utilisation des senspour apprendre, comprendre, réali-ser... et changer de perspective!

L'intervention avec les tech-niques d'impact

Pourquoi donc se limiter au langageverbal pour intervenir? C’est laquestion que nous lancent les inter-venants qui utilisent les techniquesd’impact. Les intervenants d’impacttentent d'amener le client à perce-voir autrement sa situation-pro-blème au travers de l'activation deses sens. Pour ce faire, les interve-nants utilisent des objets de tous lesjours (des verres, des cartes à jouer,des chaises, des feuilles de papier,etc...), des mouvements, des méta-phores, des dessins, et plus... L'idéeest de produire un « déclic » sansavoir besoin de mettre beaucoupd'énergie et de temps à trouver lasource exacte qui expliquerait le

comportement ou l'image que l'onse fait d'une situation spécifique.

Contrairement à d'autres styles dethérapie, les techniques d'impact necherchent pas nécessairement àtrouver le pourquoi du comment,mais bien à provoquer un déclic ins-tantané qui amène un changementde perspective du client. Rappelez-vous l'image du lapin/canard pré-senté plus haut : peut-être vousêtes-vous exclamés à vous-mêmes:« Ah, oui! Je vois le lapin mainte-nant!». Attention, cette image n'estpas en soi une technique d'impact,mais c'est ce genre de réaction queles intervenants d'impact tententd'induire chez leurs clients.

Comprendre différemment

Voici une technique d'impact dontvous pourriez faire l'exercice à lamaison. Vous aurez besoin de plu-sieurs verres de la même taille,d'une feuille, d'un crayon et d'unebouteille d'eau (remplie). Les verresne devraient pas être trop grands.Devant chaque verre, posez un petitbout de papier sur lequel il est inscritune de vos activités quotidiennes(travailler, nettoyer la maison, pren-dre soin de mes enfants, etc...). Pre-nez autant de verres que vous avezd'activités. Une fois que cela est fait,prenez la bouteille d'eau. Celle-cireprésente le niveau d'énergie quevous avez en une journée. Mainte-nant, versez l'eau dans les verresen prenant soin de la répartir selonla quantité d'énergie que vous met-tez dans chaque activité dans unejournée.

Cette technique vous permet de voirconcrètement combien d'énergievous mettez réellement dans vosactivités quotidiennes. Peut-êtreavez-vous trop d'activités? Votre

énergie est-elle bien utilisée? Pre-nez-vous du temps pour vous occu-per de vous?

Travail sur soi

Les techniques d'impact vous inté-ressent? Danie Beaulieu, docteureen psychologie, pionnière des tech-niques et de la thérapie d'impact auQuébec et présidente et fondatricede l'Académie d'Impact a publié plu-sieurs livres à ce sujet. Sachez qu'ilest possible de travailler sur soi à lamaison, entre autres, avec le livrequi s'intitule : « Techniques d'impactpour grandir : illustrations pour dé-velopper l'intelligence émotionnellechez les adultes ». Il existe maintesautres publications (certaines spéci-fiques pour les enfants et adoles-cents) et certaines sont mêmedisponibles dans notre bibliothèqueà l'ALPABEM! Je vous invite égale-ment à visionner sur notre site inter-net la conférence que DanieBeaulieu a présenté à l'ALPABEM,intitulée : « Bâtir sa fierté ».

Allons-y! Osons la créativité! Quisait comment nous pourrions engrandir?

Références :

Beaulieu, D. (1997). Techniques d'impactpour intervention en psychothérapie, rela-tion d'aide, santé mentale: Individuel,groupe, couple, famille. Lac Beauport, Qué-bec: Éditions Académie Impact.

Beaulieu, D. (2000). Techniques d'Impactpour grandir: Illustrations pour développerl'intelligence émotionnelle chez les adultes.Lac-Beauport, Québec: Éditions Académieimpact.

Académie Impact psychologie et pédago-gie : http://www.academieimpact.com

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www.ALPABEM.qc.ca1772 Boulevard des Laurentides,

Laval, QC, H7M 2P6Tél: 450 688-0541Fax: 450 688-7061

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