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La Littérature française et la poésie

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La Littératurefrançaise

etla poésie

La Littérature française et la poésie

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vocabulaire: la poésie poetry un poème poem un poète poet une strophe un paragraphe de la poésie un vers une ligne de la poésie une ligne a line of prose la rime rhyme masculine ex: froid, droit féminine ex: rivière, fière le schéma de la rime the rhyme scheme ex: AABB,CDCD le ton the tone le rhythme the rhythm un sonnet a sonnet (un poème de 4 strophes, deux de 4 vers et deux de 3 vers) l’épopée epic poem un couplet 2 rhymed verses

Le Moyen Âge This is a period of transition in both language and literature. The Latin language of Gaule is in almost constant flux and due to the lack of any central authority, it rather rapidly disintegrates into la langue romane which grew out of the vulgar Latin spoken by the soldiers of the empire and the peasants. The text of the Serments de Strasbourg serves to illustrate this new language of the 9th century. It has little value other than historical. The language of Gaule continued to evolve in the 10th and 11th centuries especially with the dropping of final unstressed syllables in words. Subsequently two main dialects can be identified. The langue d’oïl, spoken north of the Loire river, and the langue d’oc, spoken south of it. The particular variety of this dialect of the Île de France comes to predominate due to the accumulation of royal power and eventually results in the language we recognize as French by the end of the Middle Ages.

Les Serments de StrasbourgThis oath was exchanged on the 14th of February 842 between Charles le Chauve and Louis le Germanique allied against their brother Lothaire shortly after their victory against him at Fontanet. Charles swore his oath in German and Louis swore his oath in French. All three were the sons and heirs of Charlemagne squabbling over the breakup of his kingdom and empire.

Les Serments de Strasbourg Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d’ist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si alvarai eo cist meon fradre Karlo, et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet, et ab Ludher nul plaid numquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit.

TRADUCTION:Pour l’amour de Dieu et pour le salut commun du peuple chrétien et le nôtre, à partir de ce jour, autant que Dieu m’en donne le savoir et le pouvoir, je soutiendrai mon frère Charles ici présent, par mon aide et en toute chose, ainsi qu’on doit en toute justice soutenir son frère, à condition qu’il fasse de même à mon égard; et quant à Lothaire, je ne prendrai jamais avec lui aucun arrangement qui soit par ma volonté au détriment de mon frère Charles qui est là.

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Les Chansons de geste

These epic poems were written down in the 11th and 12th centuries. The names of their authors have been lost. They largely sing the virtues and exploits of the illustrious Charlemagne of the late 700’s and early 800’s. One of the best known is La Chanson de Roland. La Chanson de Roland rests on a base of historical events. However, it is primarily legend. What was really the combat of a rear-echelon guard has been transposed into a battle of epic proportions pitting the armies of Charlemagne, led by his cherished nephew Roland, against the heathen Sarrazins. It is written like other epic poems in verses of 10 syllables grouped in couplets.

La Poésie lyrique

One of the best known authors of the late middle ages was François Villon (1431-après 1463). François de Montcourbier des Loges otherwise known as François Villon, a name taken from his uncle, was born

the year of Joan of Arc’s death. He was known to have been a student in Paris but he quickly fell into an irregular and sometimes criminal life. He went to prison and was sentenced to the gallows. His sentence was commuted to banishment from the kingdom, however, and all trace of him was lost thereafter. While most of the poetry of

this period was little distinguishable from prose, that of Villon and Charles d’Orléans have truly poetic value and are therefore translated in verse. They are also most close to the modern French.

Charles d’Orléans (1394-1465) was a duke who was captured by the English at the battle of Azincourt during the Hundred Years’ War and spent 25 years of his life in a gentle captivity. During this time his writing was quite prodigious. We have a small sample.

Lisez les extraits qui suivent!

La Chanson de Roland Carles, li reis, nostre emperere magnes,Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne:Tresqu’en la mer conquist la tere altaigne.N’i ad castel ki devant lui remaigne;Mur ne citet n’i est remés à fraindre,Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.Mahumet sert e Apollin recleimet:Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet.

TRADUCTION:Le roi Charles, notre empereur, le Grand,sept années toutes pleines est resté en Espagne:jusqu’à la mer il a conquis la terre orgueilleuse.Plus un château qui devant lui résiste,plus une muraille à forcer, plus une cité,hormis Saragosse, qui est sur une montagne.Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu.Il sert Mahomet et prie Apollon:il ne peut empêcher que le malheur ne l’atteigne.

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Ballade des PendusFrères humains qui après nous vivez,N’ayez les cuers contre nous endurcis,Car, se pitié de nous povres avez, Dieu en aura plus tost de vous mercis.Vous nous voiez cy attachez cinq, six:Quant de la char, que trop avons nourrie,Elle est pieça, devoree, et pourrie,Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.De nostre mal personne ne s’en rie;Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!Se vous clamons, freres, pas n’en devezAvoir desdaing, quoy que fusmes occisPar justice. Toutefois, vous sçavezQue tous hommes n’ont pas bon sens rassis;Excusez nous, puis que sommes transis,Envers le fils de la Vierge Marie,Que sa grâce ne soit pour nous tarie,Nous préservant de l’infernale fouldre.Nous sommes mors, ame ne nous harie;Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!La pluye nous a débuez et lavez,Et le soleil dessechiez et noircis;Pies, corbeaulx nous ont les yeux cavez,Et arrachié la barbe et les sourcis.Jamais nul temps nous ne sommes assis;Puis ça, puis là, comme le vent varie,A son plaisir sans cesser nous charie,Plus becquetez d’oyseaulx que dez a couldre.Ne soiez donc de nostre confrarie;Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

ENVOIPrince Jésus, qui sur tous as pouvoir,Épargne-nous d’entrer dans l’enfer en vassaux;A lui n’ayons affaire ni rien à payer.Hommes, ici point de moquerie,Mais priez Dieu qu’il nous veuille tous absoudre!

François Villon (L’Epitaphe)

Le PrintempsLe temps a laissé son manteauDe vent, de froidure et de pluye,Et s’est vestu de broderieDe souleil luyant, cler et beau.

Il n’y a beste ne oyseauQu’en son jargon ne chante ou crie:«Le Temps a laissé son manteauDe vent, de froidure et de pluye.»

Rivière, fontaine et ruisseauPortent en livrée jolieGouttes d’argent d’orfaverie;Chascun s’abille de nouveau.

Le temps a laissé son manteauDe vent , de froidure et de pluye,Et s’est vestu de broderieDe souleil luyant, cler et beau.

Charles d’Orléans

traduction: Ballade des PendusFrères humains qui nous survivez, 1N’ayez pas vos coeurs durcis à notre égard,Car si vous avez pitié de nous, pauvres,Dieu aura plus tôt miséricorde de vous.Vous nous voyez ici attachés, cinq, six:Pour ce qui est de la chair, que nous avons trop nourrie,Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,Et nous, les os, devenons cendre et poussière.De notre malheur que personne ne se moque,Mais priez Dieu qu’il nous veuille tous absoudre.Si nous vous appelons frères, vous n’en devezAvoir dédain, bien que nous ayons été tuésPar justice. Toutefois vous savezQue tous les hommes n’ont pas sens bien rassis.Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés,Auprès du fils de la Vierge Marie, De façon que sa grâce ne soit pas tarie pour nous,Et qu’il nous préserve de la foudre infernale.Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente,Mais priez Dieu qu’il nous veuille tous absoudre.La pluie nous a lessivés et lavésEt le soleil nous a séchés et noircis;Pies, corbeaux nous ont creusé les yeux,Et arraché la barbe et les sourcils.Jamais un seul instant nous ne sommes assis;De ci de là, selon que le vent tourne,Il ne cesse de nous ballotter à son gré,Plus becquétés d’oiseaux que dés à coudre.Ne soyez donc de notre confrerie,Mais priez Dieu qu’il nous veuille tous absoudre.ENVOIPrince Jésus, qui sur tous as pouvoir,Épargne-nous d’entrer dans l’enfer en vassaux;A lui n’ayons affaire ni rien à payer.Hommes, ici point de moquerie,Mais priez Dieu qu’il nous veuille tous absoudre! 1 Le poète fait parler les squelettes attachés au gibet.

traduction: Le PrintempsLe temps a laissé son manteauDe vent, de froid et de pluie,Et s’est vêtu de broderieSous le soleil rayonnant, clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseauQui en son jargon ne chante ou crie:«Le temps a laissé son manteauDe vent, de froid et de pluie.»

Rivière, fontaine et ruisseauPortent comme ornements de joieGouttes d’argent perlé;Chacun s’habille de neuf.

Le temps a laissé son manteauDe vent, de froid et de pluie,Et s’est vêtu de broderieSous le soleil rayonnant, clair et beau.

Charles d’Orléans

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La Renaissance 16th century literature comprises that written between 1494 (la première guerre d’Italie) and 1610, the death of Henri IV. It is a period in which the sterility and conventions of the Middle Ages are replaced by the resurrection of art and independent thought. In particular, l’humanisme becomes inseparable from the thought of the Renaissance. This humanism is an attempt to extol the virtues of mankind and a turning away from the theocentrism of the Middle Ages. This is also the period of the Protestant Reformation and its resulting turmoil in Europe.

Pierre de Ronsard (1524-1585) Ronsard was born in a castle near Vendôme. Talented for the pleasures of the spirit as well the body, he formed intimate friendships with the Greats of this period and shone brilliantly at the great parties at court. He became deaf at the age of 20 and renounced the pleasures of the court to study Greek and Latin authors. Ronsard with Baïf, Rémy Belleau, du Bellay, Pontus, de Tyard, and Jodelle formed a group of poets which became known as la Pléiade named after the constellation, the Pleiades. Ronsard was their leader and most famous poet. He was a poet of love, giving his voice to the joys of living and the beauties of life, the fleeting of time, and the cruelty of death.

XLIIIQuand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,Assise auprès du feu, dévidant et filant1

Direz,2 chantant3 mes vers, et vous émerveillant:«Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.»

Lors vous n’aurez servante oyant4 telle nouvelle,Déjà sous le labeur à demi sommeillant,Qui au bruit5 de Ronsard ne s’aille réveillant,Benissant votre nom de6 louange immortelle.

Je serai sous la terre, et fantôme sans osPar les ombres myrteux7 je prendrai mon repos;Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.Vivez, si m’en croyez8, n’attendez à demain:Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard (Les Amours d’Hélène)

1 spinning and twisting thread2 vous direz3 on a mis beaucoup de poèmes de la Pleiade à la musique4 entendant5 au nom glorieux6 par une7 shadows of the myrtle bushes8 si vous m’en croyez

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Le ClassicismeThe 17th century is the classical period of French literature. In theater, there are the two greats of French tragedy, Corneille (1606-1684), Le Cid, Horace,Racine (1639-1699), Andromaque, Phèdre, andMolière (1622-1673), Le Misanthrope, L’Avare, Le Bourgeois Gentilhomme in comedy. There is also in philosophy René Descartes (1596-1650). «Je pense donc je suis.» In poetry, among others, is Jean de la Fontaine (1621-1695). He was born in Château-Thierry in Champagne of a bourgeois family. He studied theology and law. He became the official poet of the court at Vaux and was friends with Molière and Racine. His fables are a collection of narrative poems reflecting the society of his time with its customs, laws, and spirit. It reflects also humanity with its conditions of life and its passions. He used as his models the fables of Aesop in Greek and in Latin, Horace and Phedrus. The secret of his success lies in his identification with the animals portrayed in his fables as he explores the customs and morals of his time.

Le Siècle des lumières The 18th century was not a period of poetry, but rather one of philosophy. The greats like: Montesquieu (1689-1755), L’Esprit des lois,Voltaire (1694-1778), Candide,Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Du contrat social, and Diderot (1713-1784), Encyclopédie, were writing to enlighten the world with their ideas on education and government.

The changes that these philosophes wrought in French society was to lead to the explosion of poetic expression in the Romantic period that followed the French Revolution.

Fables

Le Corbeau et le RenardMaître1 Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage.Maître Renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce language: «Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau,Que vous êtes joli! que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage2

Se rapporte à votre plumage,Vous êtes le phénix3 des hôtes de ces bois.»A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie; Et pour montrer sa belle voix,Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.Le Renard s’en saisit, et dit: «Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute:Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.» Le Corbeau, honteux et confus,Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Jean de la Fontaine

1 Titre honorifique des docteurs, artisans, etc. et jusqu’au XVIIe siècle donné aux gens de condition moyenne2 votre chant3 the phoenix, the bird that rose up from the ashes

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Le Romantisme The French Revolution destroyed all the illusions that people had held regarding progress and happiness. Instead people felt a pessimism characterized by a feeling of inexprimable malaise. At the same time writers revolted against the constraints of the classical period. The result was le romantisme.

Romanticism was characterized by the following traits: l’individualisme l’introspection la mélancolie le désespoir la sensibilité l’exagération l’émotion le surnaturel l’imagination l’exotisme

Some of the principal writers of this period were poets, although novelists such as :Alexandre Dumas, père (1803-1870), Les Trois mousquetaires, Le Comte de Monte Cristo,Victor Hugo (1802-1885), Notre Dame de Paris, and Honoré de Balzac (1799-1850), Eugénie Grandet, Le Père Goriot, were well-known and loved.

In poetry, Alphonse de Lamartine (1790-1869) was perhaps the greatest of the romantic poets. He was born to a

family of poor nobility. In his travels in Italy, he met a woman he called Elvire in his poems, who was actually Mme. Charles, the wife of a well-known scientist. She returned to Paris where she soon died. In his collection of poems, Méditations poétiques, he laments his all too brief encounter with this woman.

Le Lac 1Ainsi, toujours poussés vers de nouveau rivages,Dans la nuit éternelle emportés sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour?

Ô lac! l’année à peine a fini sa carrière,Et, près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde! je viens seul m’asseoir sur cette pierre Où tu la vis s’asseoir!

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il? nous voguions en silence;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux

Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos;Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère Laissa tomber ces mots:

suite à la page prochaine >>>

poussés pushed rivages shoresemportés carried off

jeter l’ancre set anchor

à peine scarcely carrière careerflots waves chéris cherishedpierre rockvis simple past of voir

mugir to roar profondes deepbriser to break flancs shoresécume foam ondes waves

te you (lake) voguer sail ahead cieux heavens rameurs rowers en cadence rhythmically

accents sounds

continued next page >>>

1 Il s’agit du lac du Bourget et d’une promenade que le poète y avait faite en barque avec Mme Charles. Il revient seul sur ses bords, tandis qu’elle est mourante, cette Mme Charles qu’il a immortalisée sous le mon d’Elvire.

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«Ô temps, suspends ton vol! et vous, heures propices, Suspendez votre cours!Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours!

Assez de malheureux ici-bas vous implorent: Coulez, coulez pour eux;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent; Oubliez les heureux.»

Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m’échappe et fuit;Je dis à cette nuit: «Sois plus lente»; et l’aurore Va dissiper la nuit.

«Aimons donc, aimons donc! de l’heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons!L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive: Il coule, et nous passons!»

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur?

Hé quoi! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace?Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,Que faites-vous des jours que vous engloutissez?Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez?

Ô lac! rochers muets! grottes! forêts obscure!Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir!

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux!

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, Tout dise: «Ils ont aimé!»

Alphonse de Lamartine (Méditations poétiques)

vol flight propices kindcours flowsavourer to savor délices delicacies

malheureux unhappy ones ici-bas here belowcouler run,flowsoins cares dévourer to devourheureux happy people

en vain in vainfuire fleesaurore dawndissiper to dissipate

fugitive fleetingse hâter to hasten jouir to enjoyne... point stronger negative than ne...paspasser to pass on

se peut-il can it be ivresse drunkenessverser to pours’envoler to fly awaymalheur unhappiness

fixer to set, afix trace vestige

effacer to eraserendre to return

néant nothingness abîmes abyssesengloutir to swallow upextases sublimes sublime ecstaciesravir to rob from, take forcefully

muets mute grottes grottoesépargner to spare rajeunir rejuvenate

repos tranquility orage stormcoteaux slopes, hills sapins fir trees rocs rockspendre to hang

zéphyr gentle breeze frémir to quiverastre au front d’argent silver-faced star (moon)blanchir to whitenmolles clartés soft brightness

gémir to groan roseau reedsoupirer to sigh embaumé embalmedrespirer to breathe

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L’Automne 1

Salut, bois couronnés d’un reste de verdure!Feuillages jaunissants sur les gazons épars!Salut, derniers beaux jours! le deuil de la natureConvient à la douleur et plaît à mes regards.

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire;J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,Ce soleil pâlissant, dont la faible lumièrePerce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,A ses regards voilés je trouve plus d’attraits;C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourireDes lèvres que le mort va fermer pour jamais.

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,Pleurant de mos longs jours l’espoir évanoui,Je me retourne encore, et d’un regard d’envieJe contemple ses biens dont je n’ai pas joui.

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau!L’air est si parfumé! la lumière est si pure!Aux regards d’un mourant le soleil est si beau!

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lieCe calice mêlé de nectar et de fiel;Au fond de cette coupe où je buvais la vie,Peut-être restait-il une goutte de miel!

Peut-être l’avenir me gardait-il encoreUn retour de bonheur dont l’espoir est perdu!Peut-être, dans la foule, une âme que j’ignoreAurait compris mon âme, et m’aurait répondu!...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux:Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,S’exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine (Méditations poétiques)1 méditation écrite au cours d’une année (1819) où la santé du poète était compromise et le faisait penser à la mort

Le Réalisme et le Naturalisme In the middle of the 19th century, there were tendencies that opposed the sentimental exaltation of the Romantic period. This was also a period of industrial development, science, and the growth of the middle classes. From this mix grew the movement of Realism in literature. Writers of the realist period made an effort to observe precisely and objectively the world around them. This effort was aided by the scientific spirit that was pervading thought at this time. They sought to represent life and nature such as they were without idealizing them. Naturalism was a natural outgrowth of this realist movement and attempted to show the sordid and seamy side of late 19th century life. Principle writers were :Gustave Flaubert (1821-1880), Madame Bovary,Emile Zola (1840-1902), L’Assomoir,Alphonse Daudet (1840-1897), Lettres de mon moulin, and Guy de Maupassant (1850-1893), La Parure, La Ficelle.

Jeanne était au pain sec 1

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,J’allai voir la proscrite en pleine forfeiture2,Et lui glissai dans l’ombre un pot de confitureContraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité3,Repose le salut de la société,S’indignèrent, et Jeanne a dit d’une voix douce:—Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce;Je ne me ferai plus griffer par le minet4.—Mais on s’est recrié: —Cette enfant vous connaît;Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.Pas de gouvernement possible. À chaque instantL’ordre est troublé par vous; le pouvoir se détend;Plus de règle. L’enfant n’a plus rien qui l’arrête.Vous démolissez tout.—Et j’ai baissé la tête,Et j’ai dit: —Je n’ai rien à répondre à cela,J’ai tort. Oui, c’est avec ces indulgences-làQu’on a toujours conduit les peuples à leur perte.Qu’on me mette au pain sec. —Vous le méritez, certe.On vous y mettra. —Jeanne alors, dans son coin noir,M’a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,Pleins de l’autorité des douces créatures:—Eh bien, moi je t’irai porter des confitures.

Victor Hugo (L’Art d’être grand-père)

1 Jeanne: la petite-fille de Victor Hugo2 forfaiture—said of serious treason, violation of an oath3 cité—family4 minet—the pussycat

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Le Symbolisme For the symbolist poets, the realities of the visible world are signs which must be interpreted and which serve to suggest an existence beyond the purely physical. Among the symbolist poets are:Paul Verlaine (1844-1896), Poèmes saturniens, Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du mal, and Arthur Rimbaud (1854-1891), Une saison en enfer. Rimbaud wrote poems when only a teenager. He had grown up during the Franco-Prussian war and had seen its ravages on the French countryside and people.

Chanson d’automne

Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone.

Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure;

Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deça, delà, Pareil à la Feuille morte.

Paul Verlaine(Poèmes saturniens)

Charles Baudelaire est né à Paris. Il a écrit des poèmes où il est témoins du mal qui se trouve dans la société. Baudelaire était drogué et toxicomane. Dans ses poèmes, il est isolé du monde (en le transcendant) pour qu’il puisse voir le monde et écrire des poèmes. Pour Baudelaire, voir égale écrire. C’est sa vision qui lui donne la force de son écriture. Baudelaire utilise des images de la nature parce que, selon lui, la civilisation est l’absence de la nature. La nature, le vin, les drogues et les poèmes sont des échappements pour lui. L’écahppement final c’est la mort; alors la vie est un voyage vers cet échappement.

Le Dormeur du Val 1

C’est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes des haillonsD’argent; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrineTranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Octobre 1870Arthur Rimbaud (Une saison en enfer)

1 Ce poème est inspiré par la guerre de 1870; il l’utilise pour faire sentir l’horreur de la guerre contrastée avec la joie et la vitalité de la nature.

L’Albatros 1

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipagePrennent des albatros, vastes oiseaux des mers,Qui suivent, indolents compagnons de voyage,Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,Laissent piteusement leurs grandes ailes blanchesComme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid!L’un agace son bec avec un brûle-gueule,L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait!

Le Poëte est semblable au prince des nuéesQui hante la tempête et se rit de l’archer;Exilé sur le sol au milieu des huées,Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire (Les Fleurs du mal)

1 large seabird that follows ships at sea

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Le Vingtième Siècle

Among the 20th century poets are:Guillaume Apollinaire (1880-1918), Alcools,

and from the francophone world,Léopold Sédar Senghor (1906-2001), La Négritude, former president of the country of Sénégal.

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienneLa joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passeDes éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante L’amour s’en va Comme la vie est lenteEt comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennentSous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (Alcools)

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Léopold Sédar Senghor (1906-2001), La Négritude

He was not only the first president of Senegal when it gained its independence from France in 1960, but he had the rare perspective of being a gifted poet and writer during his political career. He wrote poetry in which he expressed his love for Africa and his anger at what France had done to his native land. He was a spokesman of Négritude, a theory acclaiming black cultural importance and autonomy, and arguing that Africans must be free to direct their own future. He was raised in a small town called Joal, primarily a center for the peanut trade. His father, Basile Digoye Senghor was a successful man in trading, but also possessed divine talents in predicting the future, as well as enlisting the support of ancestral spirits on behalf of his family. He was part of the Catholic community as a result of the influence from France, but preserved his traditional African beliefs. The serpent was the Senghor family spirit, and the family was convinced that Sédar possessed preordained greatness. Many of his childhood memories are evoked in his poetry, like watching his mother pounding millet, washing clothes or fetching water. When he was an adolescent, he was chosen to go into a seminary to become a priest. Unsatisfied with this decision and wanting to teach, he ultimately found himself in Paris in the 1920’s studying literature and enjoying the intellectual climate. He was a prisoner during WWII and shortly thereafter, he became involved in politics. In 1980, Senghor relinquished his presidency of Senegal, leaving behind a legend of political

contributions. However, because of his attachment to France throughout his life, he has been criticized by many as not being a full African supporter. His poetry is the largest proof of his love and devotion to Africa and its rich cultural history, even though written in French and greatly

influenced by French writers. Césaire once said in meeting Senghor, «I met Africa.»

Femme noire

Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté!J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au coeur de l’Été et de Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle.

Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d’Est.

Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.

Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

Léopold Sédar Senghor