la lettre de la sft

LaLettredelaSFTN°113–septembre2020 1

LaLettredelaSFTAveclesoutiendelaDirectionGénéraledelaSanté

n°113–septembre2020

Rédaction:IsabelleCatalaComitéderédaction:PhilippeArvers,IvanBerlin,AliceDeschenau,

Anne-LaurenceLeFaou,GérardPeiffer,DanielThomas

LettreThématiqueTabac,nicotineetCOVID-19:plusdequestionsquederéponses

• Unvastedomainederecherche COVID-19andTobacco:MoreQuestionsThanAnswers.EdwardsR,MunafoM.NicotineTobRes.2020Sep;22(9):1644–1645.doi:10.1093/ntr/ntaa132LadernièreéditiondeNicotineTobRes.faitlapartbelleàdeséditoriauxetarticlesderecherchesurunsujetcontroversé: tabac, nicotine et COVID-19. En introduction à cette publication, Richard Edwards et MarcusMunafoproposentuntourd’horizondesquestionssoulevéesparlelienentretabacetCOVIDdepuisledébutde l’épidémie.Leséditorialistes insistentsur lesdifficultésàmettreenplacedesétudescliniquesenpériodeépidémique et précisent que la plupart des informations concernant le tabac ont été extraites de bases dedonnées,augmentantdecefaitlerisquedebiais-biaisdesélectionparexemple.Parmi les actuelles pistes de recherche, la question de l’impact de l’utilisation des produits du tabac sur laCOVID-19 reste au premier plan. Ainsi, les fumeurs sont-ils plus ou moins susceptibles à l’infection?Présentent-ils un risquemajoréde formes graves? Sont-ils plus oumoins transmetteurs du virus?Quel estl’impactdesdifférentsproduitsdutabacetdudélaidesevragetabagiquesurlessignescliniques?Des interrogations sur l’éventuel lienphysiopathologiqueentre tabacetCOVID-19ontété soulevées.Quelleestlapartdel’expressiondesrécepteursàl’angiotensine2danscetterelation?Commentlanicotinepourrait-elleprotégerdel’infection?Lepassagedelamainà labouchedelacigaretteoudelavapeaugmente-t-il lerisquedetransmissionduvirus?Unautresujetdepréoccupationdeschercheursestceluide l’influencede lapandémiesur letabagisme.Lesfumeursont-ils fuméplusoumoinspendant le confinement?Ont-ils euplus tendanceà vouloir se sevrer?Ont-ils eu accès à des aides au sevrage? Va-t-on assister à une augmentation de la consommation post-pandémie?Etqu’enest-ildelavape?L’inhalationinflue-t-ellesurlerisqued’infectionoudetransmission?Lespersonnesconfinéessesont-ellesplusvolontierstournéesverslavapedansunevolontédesevrage?Enfin,desquestionsde santépubliquedoiventêtreposées.Comment limiter les fausses informationset lesdérivesdesréseauxsociaux,dontonsesouvientqu'ilsavaient,entreautres,massivementrelayél'idéequeletabacprotègedelaCOVID-19?Commentpréparerdespolitiquesd’aideausevrageapplicablesdansladurée,mêmeencasdecrisesanitaire?


• L’hypothèsedurécepteurnicotiniquedel’acétylcholine AnicotinichypothesisforCovid-19withpreventiveandtherapeuticimplications.ChangeuxJP,AmouraZ,ReyF,MiyaraM.Lescomptesrendusdel’Académiedessciences.Volume343,issue1(2020),p.33-39.https://doi.org/10.5802/crbiol.8L’hypothèse d’un effet préventif de la nicotine sur le SRAS-CoV-2 a été médiatisée en avril 2020 avec lapublicationdel’équipedeJeanPierreChangeux:cetravaildétaillaitlepossiblerôledesrécepteursnAChdansla physiopathologie de l'infection par le SRAS CoV-2 et proposait la piste de la nicotine et des agentsnicotiniquesorthostériqueset/ouallostériquescommethérapiepossibledel'infection.L’hypothèsede l’équipeparisienneest fondéesur laconjonctiondedeuxapprochesscientifiquesdifférentesmaiscomplémentaires.Toutd’abord,dèslapublicationdessériesinitialesdepatientsCOVID-19,lefaibletauxdefumeursdanscettepopulationaalerté.Uneétudeobservationnelle,rétrospectivesignéeparMakotoMiyaraetcoll.(hôpitaldelaPitié-Salpêtrière,Paris) retrouvaitquatre foismoinsde fumeursdans lapopulationdespatientshospitalisés,soit 4,4 à 5,3% contre un peu plus de 20% dans la population générale (laquelle ne peut pas être utiliséecomme population de référence dans un contexte d’étude cas-témoins). Il faut aussi noter que dans cetteétude, 54 à 61% des patients étaient d’anciens fumeurs et que seulement 30 à 35% de patients n’avaientjamaisfumé.Deplus,lerecueildel’étattabagiqueétaitincertain.Enfin, ilestànoterquelespatientsadmisensoinsintensifs–dontonsaitqu’ilssontplussouventfumeurs-n’ontpasétéprisencompteetleurnombren’apasétéprécisé.A la suite de cette publication sur un site sans comité de lecture, JP Changeux et coll. ont développé unehypothèsephysiopathologiquepourétayerlesrésultatsdesétudesobservationnellespréliminaires:l’infectionpar leSARS-CoV-2seraitàmêmedefaire intervenir lerécepteurnicotiniquedel’acétylcholine.Pourappuyercettehypothèse,leschercheurssoulignentquelaforteprévalencedesmanifestationsneuropsychiatriquesaucoursdelaCOVID-19orienteverslapisted’unneurotropismedeSARS-CoV-2.Celui-cipourraitsepropageràpartir de la muqueuse olfactive, puis des neurones du tronc cérébral, migrant dans certains cas jusqu’auxcentresrespiratoires.Cemodedepropagationpourraitexpliquerl'agueusieet l’anosmievoirecertainsarrêtscardio-respiratoiressubits(au8èmejour).Parailleurs,l’enveloppedeSARS-CoV-2exposeuneboucleavecuneséquencesimilaireàunmotifprésentsurlaglycoprotéineduvirusdelarage,connupourunneurotropismedirectementliéàsafixationsurlerécepteurnicotiniquedelajonctionnerf-muscle.Ceviruspénètredanslesmotoneuronesetsepropageensuitejusqu’ausystèmenerveuxcentraloùilestàl’originedetroublesducomportement.Cesélémentsdeséquencesontparailleurs similaires à unmotif présent sur une toxine du venin de serpent - la bungarotoxine -dont la forteaffinitépourlerécepteurnicotiniqueapermissonisolementetsonidentification.

Alignementdesneurotoxinesdevenindecobra,derage,debungarotoxineetdeSRAS-CoV-2.


Parmi les autres points physiopathologiques développés, on note que l’état hyper-inflammatoire et l’oragecytokinique décrits chez les patients COVID-19 graves pourraient s’expliquer par l’intervention du récepteurnicotinique. L’acétylcholine exerce un effet régulateur de l’inflammation par son action sur le récepteurnicotiniquemacrophagique.Ledérèglementdecerécepteurentraineunehyperactivationmacrophagiqueavecsécrétiondecytokinespro-inflammatoirescommeonl’observechezlespatientsCovid-19.Cettealtérationdurécepteurnicotiniqueestàl’originedel’étatrésiduelinflammatoiredécritaucoursdel’obésitéetdudiabète,quipourraitêtreamplifiéencasd’infectionparleSARS-CoV-2.CettehypothèseexpliqueraitpourquoicesdeuxcomorbiditéssontsifréquemmentretrouvéesaucoursdescasgravesdeCovid-19.

Enconclusionlesauteursontappeléà lamiseenplaced’étudescliniquessur l’intérêtdelanicotine(patchs,inhalateurs ou gommes) dans la prévention ou le traitement de la phase aiguë de la COVID-19, tout enrappelantl’aspectaddictifdecettemolécule.Acejour,aucunedesdeuxhypothèsesdéveloppéesparlesauteursn’aétéconfirmée.

• Twitter:caissederésonnancedelarechercheetdesfakenews Smoking, Vaping, and Tobacco Industry During COVID-19 Pandemic: Twitter Data Analysis. Kaminski M, Muth A,BogdanskiP.Cyberpsychology,Behavior,andSocialNetworking.https://doi.org/10.1089/cyber.2020.0384

Après lapublicationdespremièresdonnées surunpossible impactprotecteurdu tabac sur laCOVID-19, lesréseauxsociauxontjouéunrôled’amplificateurdel’information.Lapériodeinéditedevacuitéqu'aconstituéleconfinementarendulesusagersd'Internetparticulièrementactifs,touteslespistesthérapeutiques-mêmelesplus farfelues - ayantalors trouvéavecFacebooketTwitterdes caissesde résonnancedont leseffets seprolongentencoreaujourd’hui.Pour mieux comprendre le rôle des réseaux sociaux dans l’engouement pour l’hypothèse de la nicotinebénéfiquefaceàlaCOVID-19,MikolakKaminskietcoll.ontanalysé33890tweetspartagéssurlesujetentrele1erjanvieretle1ermai2020.Lesauteursontrecueilliuntotalde22644994tweetsàpartirdescomptesTwitteroccasionnelsanalysés,dont33890(0,15%)concernaientàlafoisletabagismeetlaCOVID-19.Latonalitédestweetsétaitgénéralementnégativeetelleétaitlapluspessimisteàlami-mars.Lerapportentrelenombrede"likes"etde"retweets"etleceluides"followers»aétéleplusfaiblefinfévrier,pouratteindresonpointculminantenavrilàl’occasiondeladiffusiondespreprintssuggérantuneffetdelanicotine.Pourlesauteurs,lesinformationspositives,oudumoinscellesquiproposentdesinterprétationssimpleset/oufavorables aux positions des lecteurs concernés, seraient plus attractives dans la dynamique générale desréseauxsociaux.Durantcettepériode,lessujetslesplusabordéssurTwitterontétél’étudefrançaisesurl’effetpossibledelanicotine,lespatchsdenicotine,letabagismecommefacteurderisqueetlaventeenlignedecigarettes.


Modification de la teneur des messages, des réactions (like par rapport au nombre de followers) et de retweets (parrapportaunombrede followers).PreprintdeFarsalinosetcoll. le4/04.Changeuxetcoll.etdeMiyaraetcoll. le21/04.AnnoncedelaFDAsurlavapeetlaCOVID-19le16/04.24/04limitationdelaventedesubstitutsnicotiniquesenFrance.


Lesauteursontaussiidentifiéuntotalde2250tweetspostésparl’industriedutabacpendantcettepériode,dont58(2,6%)ontmentionnéletermeCOVID-19.Parmieux,11(19,0%)avaienttraitausoutienémotionnel,3(5,2%)ausoutienfinancier,16(27,6%)auxbusinessdutabacet28(48,3%)àlarecherchescientifique.C'estainsi queBritishAmerican Tobacco amentionné22 fois sonpartenariat avec KentukyBioProcessingpour larecherche d’un vaccin. PhilipMorris s'est en revanchemontré plus discret (2 tweets sur le partenariat avecMedicagopourlarecherchesurunvaccin).Néanmoins,ilestànoterqu'aucuntweetdel’industriedutabacn’arelayéd’informationsurunéventueleffetpositifdutabacsurlaCOVID-19.Que conclure de cette analyse? Pour Kaminski et coll., il serait bon que les auteurs d'articles controverséss'abstiennentdepromouvoiretdediffuser leur travailavant l'achèvementduprocessusd'évaluationpar lespairs. Ils ajoutentqueTwitterpeut se révélerunoutil pratiquede surveillancedesdiscours scientifiquesoupseudoscientifiques lorsd'unecrisesanitaire.Enfin, ilsestimentque lacommunautédeschercheursdevraitavoirleréflexedeconserverunœilsurlesréseauxsociauxdel'industriedutabac.

• Desformesplusgraveschezlesfumeurs Jeproposederemplacerl’articlePatanavanichR,GlantzSparceluiplusrécentetplusexhaustif:Reddy et al. The effect of smoking on COVID-19 severity: A systematicreviewandmeta-analysis.JMedVirology.Sept.2020.DOI:10.1002/jmv.26389Après la publication de l’article de J.-P. Changeux est venu le temps des méta-analyses des publicationscomprenant des informations sur le statut tabagique des patients atteints de COVID-19. La métaanalyseprésentéeainclus19publications.Cette analyse publiée dansNicotine & Tobacco Research conclut, et à rebours de certaines interprétationsinitiales, que le tabagisme est associé à une progression de la maladie. Dans ce contexte épidémique, lesauteursinsistentsurlanécessitédeluttercontreletabagismepourréduirel’impactsanitairedelaCOVID-19.Autotal,11590patientsCOVID-19ontétéinclusdanslaméta-analyse,dont2133(18,4%)atteintsdeformesgraveset731(6,3%)présentantdesantécédentsdetabagisme.218decesderniers(29,8%)ontétéatteintsdepathologiesévère,contre17,6%despatientsnonfumeurs.Laméta-analyseconclutàuneassociationentreletabagismeetlaprogressiondelaCOVID-19(RC1,91,95%IC1,42-2,59,p=0,001).Unehétérogénéitémodéréea été retrouvéeentre lesdifférentes études (I2 = 38%,p = 0,048),mais pour autant, il n’est pas retenudesignificativité de biais de publication (p de Harbord = 0,813, p de Peters = 0,941).

TabagismeetprogressiondelaCOVID-19


L'analysedesensibilitémenéesurcinqétudesincluantdesfumeursactifs(parrapportauxpersonnesn'ayantjamaisfumé)conclutàunrésultatsimilaire(RC1,91,95%IC1,10-3,29,p=0,021).Cetteméta-analyse confirme que le tabagisme est un facteur de risque de progression de la COVID-19: lerisque d’évolution vers unemaladie grave étantmajoré d’un facteur 1,91 par rapport aux jamais fumeurs.Cetteconclusioncontrasteavecuneméta-analyseantérieure(Lippietcoll.cfLettreAvriletMai2020),quinecomprenait que cinq études et utilisait une méthode non standardisée. Il est aussi possible que dans lespremières études publiées, le tabagisme ait été sous-estimé dans ce contexte particulier de suractivité desservicesdesoinsenpériodeépidémique.PourRoengrudeePatanavanichetStantonGlantz,cetterelationentretabagismeetprogressiondelaCOVID-19n'estenriensurprenante,enraisonnotammentdeseffetsnéfastesdutabagismesurlafonctionimmunitairepulmonaire.

• Unedisparitétabac/COVID-19dansles38payseuropéens SmokingPrevalenceandCOVID-19inEurope.TsigarisP,TeixeiradaSilvaJ.NicotineTobRes.2020Sep;22(9):1646–1649.doi:10.1093/ntr/ntaa121Parmi lesétudestranchantenfaveurd’uneffetprotecteurdutabacsur l’évolutionde laCOVID-19, letravailproposéparPanagiotisTsigarisetJaimeTeixeradaSilvaestunique.Eneffet,lesauteurssesontintéressésaulienentrelaprévalencedutabagismeetl’incidencedelamaladiedans38payseuropéens(dont27del’Union).Etmêmesilesauteursontconstatéuneassociationnégativeentrecesdeuxfacteurs,ilsrestenttrèsprudents,précisant que cette association peut ne pas impliquer une relation réelle ou causale et que, bien sûr, letabagismenepeutêtrepréconisécommemoyendepréventionoudetraitementdelaCOVID-19.L'étudeaportésur38payseuropéens,dont27paysdel'UEet19delazoneEURO.Touteslesdonnéesontétéobtenuesàpartirde«OurWorldinData»du30mai2020.Lenombretotaldecas,dedécèsetdetestsCOVID-19 à cette date a été converti en valeurs par million de personnes, afin de tenir compte de la taille de lapopulation locale. La prévalence du tabagisme a, pour sa part, été mesurée en utilisant le taux ou lepourcentagedefumeursde2016danslapopulationadulteetconvertieennombredefumeursparmilliondepersonnes.Pour les cinq pays où la prévalence du tabagisme est la plus élevée (39,5 % de la population adulte enmoyenne),toussituésdans lapartieorientaledel'Europe, ilaétédéclaré1084casdeCOVID-19parmilliond’habitants,29décèsdeCOVID-19parmillion,29375testsparmillionetunPIBmoyenparhabitantde18733dollars.Enrevanche,lescinqpaysoùlaprévalencedutabagismeestlaplusfaiblesontsituésdanslapartielaplusrichedel'Europe.Cespaysprésententuntauxmoyendeprévalencedutabagismede18,6%(soitprèsde50 % de moins), un PIB moyen par personne de 49 100 $ (soit un niveau de vie 2,6 fois plus élevé), unemoyennede2754casdeCOVID-19parmilliondepersonnes(soit2,5foisplus),133décèsCOVID-19parmilliondepersonnes(soit4,7foisplus),etilsonteffectué77546testsCOVID-19parmilliondepersonnes(soit2,6foisplus).


Les5paysàplushauteetplusbasseprévalencedutabagisme.Cas,décès,test,PIB,duréemaxduconfinement,délaientrel’apparitiondespremierscasetlamiseenplaceduconfinement.Après contrôle des facteurs confondants (p = 0,001), on note une association négative statistiquementsignificativeentrelaprévalencedutabagismeetlaprévalencedelaCOVID-19dansles38payseuropéens.Une forteassociationaétéconstatéeentre laprévalencedeCOVID-19parmilliondepersonneset l'activitééconomique (p=0,002)ou le tauxdedépistagedeCOVID-19 (p=0,0006).Dans lespays ayant adoptéunepolitique plus stricte de confinement, le nombre des cas de COVID-19 parmillion de personnes étaitmoinsélevé,mais l'associationneserévélaitpassignificative(p=0,122).Leretarddansl'adoptiondepolitiquesdeconfinement a été associé à une plus grande prévalence de COVID-19 (p = 0,0535). Aucune preuve d'uneassociationdirecteentrelaprévalencedutabagismeetlamortalitédueàlaCOVID-19n'apuêtreconfirmée(p= 0,626). Les auteurs signalent une forte association positive entre le taux demortalité par COVID-19 et laprévalencedes casdeCOVID-19 (p < 0,0001) et la proportionde la population âgéedeplus de65 ans (p =0,0034).Enrevanche,uneassociationnégativeestsignaléeavecletauxdedépistagedeCOVID-19(p=0,0023).

Casparmillionsd’habitants,proportiondefumeurs.


Une fois ces donnéesobservées, les auteurs insistent sur l’impact de la proportiondesplus de 65 ansdansl’incidencedesdécès.Ilpeuteneffets'agirdel’undesfacteursexpliquantlamoindremortalitédanscertainspaysd’Europedel’Est,oùladuréedeviemoyenneestsignificativementplusbasse.Parmi les autres facteurs confondants, ils citent aussi les niveaux de pollution de l'air, l’incidence descomorbidités, la densité urbaine de malades et le taux d'arrivée des voyageurs venant de l’étranger. Ilsembleraitparailleurs,bienquelesauteursn’aientpasétéàmêmedeleprouver,quelespolitiquesderigueur(confinement,dateduconfinementparrapportauxpremierscas,tests,quarantainedesmalades)aient jouéun rôleessentiel.Bienque lespayseuropéensaientgénéralementadoptédesmesuresassezsimilaires,uneaccumulationdesfaiblesdifférences(enparticulierledélaiavantlamiseenplacedesmesuresetledegrédesuividesmesuresparleshabitants)pourraitavoirétésuffisantepourjouerunrôledanslesdisparitésrelevées.

• UnevolontédesevrageliéeàlaCOVID-19chezplusd’untiersdesvapo-fumeurs

ChangeinTobaccoandElectronicCigaretteUseandMotivationtoQuitinResponsetoCOVID-19.KlempererE;Peasley-MiklusC,VillantiA.Nicotine&TobaccoResearch,2020,1662–1663doi:10.1093/ntr/ntaa072A partir d’une étudemenée en ligne chez des fumeurs (principalement vapo-fumeurs) ayant déjà tenté unsevrage–etc’estlàl’undesbiaisdel’étude–EliasKlempereretcoll.expliquentquel’apparitiondelaCOVID-19aincitéuntiersdes366répondantsàréduireleurconsommationdecigarettestraditionnellesetdevape.Selon les conclusions de ce travail, plus le risque de formes graves et de complications était perçu, plus lamotivationserévélaitimportante.Quelestl’impactdelacirculationd’unvirusàtropismerespiratoirepotentiellementgravechezlesfumeurs?Endébutd'épidémie,laréflexionsurcettequestionaétéparasitéeparlacirculationdesdonnéessurl’«effetprotecteur»dutabac.C'estpouryrépondreplusclairementqu’unquestionnaireaétéadresséenligneàunepopulation de personnes de plus 21 ans, vivant aux États-Unis, et ayant déclaré une utilisation actuelle oupasséedecigarettestraditionnelles(CT)oudevapecontenantdelanicotinependantplusdelamoitiédes30joursprécédantl’inclusion.366(61,7%)desrépondantsétaientéligiblespourl’étudeendatede10avril2020.Lesparticipantsavaientunâgemoyende35,3ans,ilsétaientmajoritairementcaucasiens(84,9%),nonhispaniques(80,6%),mariés(57,4%),etdesexemasculin(69,0%).Tousétaientouavaientétédesvapo-fumeurs(dont80,9%aucoursdes30derniersjours).Si17%fumaientquotidiennementdescCT(8parjourenmoyenne)et19,7%vapotaient(dontuntiersdèslespremières30minutessuivantleréveil), lesparticipantsontdéclarédansleurmajoriténepasutiliserquotidiennementdeproduitcontenantdelanicotine.Suruneéchellede0à10(0=pasdutout,10=extrêmement)lesparticipantsontfaitpartd'unepréoccupationmoyennede7,9pourleurpropresantéenpériodeCOVID-19etde8,4pourlasantédesautres.Interrogéssurl’impactdutabagismesurlaCOVID-19,cettevaleurdepréoccupationpourlasantésemontaità6,6pourlesfumeursdeCTetà6,5pourlesvapoteurs.Lamotivationausevrageabaissédufaitdel’épidémiechez16,2%desfumeursdeCTet14,2%desvapoteurs.Aucun impact en revanche n’a été signalé pour respectivement 48,2 % et 36,6 % des participants.Mais laconfrontationàl’épidémieaaugmentélamotivationdesevragede35,6%desfumeursdeCTetde37,6%desvapoteurs.Danslesfaits,22,9%desfumeursdeCTet21,2%desvapoteursontdéclaréavoirréduitleurconsommationpourlimiterlerisqueinfectieux.Labaissedelaconsommations’estpoursuiviedansletemps,mêmeaprèslepicépidémique,chez23,6et27,1%desconsommateursdeCTetdevape,alorsqu’uneaugmentationaéténotéechezrespectivement23,9%et24,8%desparticipants.


• Confinement:desstocksdetabac,maisuneenviedesevrage Tobacco Use Patterns in Five Countries During the COVID-19 Lockdown. Yach D.Nicotine & Tobacco Research, 2020,1671–1672doi:10.1093/ntr/ntaa097Quellesontétélesrépercussionsduconfinement(physiques,psychologiquesethabitudesdetabagisme)chezlesfumeursetlesvapoteurs,parmi6800utilisateursdecigarettestraditionnellesoudevapedanscinqpays:Italie, Inde, Afrique du Sud, Royaume-Uni et Etats-Unis(Californie et New York) ? Contrairement à l’étudeKlempereretcoll.,cetravailaprisencomptelesfumeursdecigarettestraditionnellesexclusifs,lesvapoteursexclusifsetlesvapo-fumeurs.L’analysedesdonnéesrévèlequelaconsommationdevapealégèrementaugmentépendantleconfinement,lestypesdeproduitsutilisésetlafréquencedecetteutilisationrestanttoutefoispratiquementinchangés.L’auteuranalyseaussilesprincipauxrésultatsparpays.EnInde,unegrandepartiedelapopulationinterrogéepensequeletabagismeetlavapeaugmententlerisquedecontracterleSARS-Cov2.EnItalieenrevanche,plusde la moitié des personnes interrogées pensent qu'il n'y a pas de relation entre le risque COVID-19 et letabagismeoulavape.Les résultatsdesautrespaysontétémoins tranchés,quoique lavape soit généralement considéréecommemoinsrisquéequelescigarettestraditionnelles.Globalement,lesconsommateursontdéclaréavoirrecoursauxproduitscontenantdelanicotineafindegérerleur stress et leur anxiété, majorés par la peur d’être malades ou de perdre leur emploi. En début deconfinement, des achats massifs de tabac ont été réalisés dans la plupart des pays par peur de difficultésd'approvisionnement.Derek Yach précise qu’une grande proportion des utilisateurs de tabac a exprimé une volonté de sevragependantl’épidémieetquecettevolontéétaitenlienaveclacirculationduvirus.AuRoyaume-Uni et auxÉtats-Unis, cetteproportionétait deux foisplusélevéeparmi lesparticipants vivantdansunménageoùunepersonneaététestéepositiveauvirus.L’auteurrappellequel’étudeavaitpourbutdepréciserunevolontédesevrageengénéraletnoncelleliéeàlasurvenuedel’épidémie,contrairementautravaildeKlemperer,quirapporteuneproportionmoinsimportantedefumeursendemanded’arrêt.

• Plusdetabacencasdedépression,stressetangoisse Depression, Anxiety and Stress during COVID-19: Associationswith Changes in Physical Activity, Sleep, Tobacco andAlcohol Use in Australian Adults. Stanton R, To Q, Khalesi S et coll. Int. J. Environ. Res. Public Health2020,17(11),4065;https://doi.org/10.3390/ijerph17114065 Quelaété l’impactde lapandémiesur ladépression, l’anxiété, lestressdesAustraliensetsesconséquencessurdescomportementsnocifsà leur santé (manqued’activitéphysique,mauvais sommeil,augmentationdutabagisme et de la consommation d’alcool)? Pour répondre à cette question, Robert Stanton et coll. ontproposéunquestionnaireenligneparlebiaisdeFacebooketTwitterenavril2020,alorsqueleconfinementaétémisenplacedanslepaysdébutmarsdelamêmeannée.C’est l’unedes raresétudesàavoir analyséen temps réel l’impactdu confinement sur la consommationdetabacetlesdéterminantspsychologiquesliésauxconditionsdeconfinement.Untotalde1491adultes (âgemoyen50,5ans,67%de femmes)a réponduà l’enquête.L'activitéphysiquemoyenne des participants était de 312,5 minutes/semaine avant l’épidémie, mais près de la moitié desparticipants(n=729,48,9%)arapportéuneréductiondel'activitéphysiqueparlasuite.LaduréemoyennedusommeilavantledébutdelaCOVID-19étaitde7,1±1,3hparnuit,etseuleunemoitiédesparticipants(n=756,50,7%)n’apasnotéd’impactdel’épidémiesursonsommeil.Laplupartdesparticipants(n=1319,88,5%)étaientdesnon-fumeurs,etlamajorité(n=1228,89,7%)n'asignaléaucunchangementdanssonstatutvis-à-visdelaconsommationdetabacdepuisledébutdelaCOVID-


19. Quant à l'alcool, si près d'un quart des personnes interrogées (n = 332, 22,3 %) a déclaré en avoirconsomméquatre foisoupluspar semainependant l’épidémie,pour55,3%d'entreelles, cettevaleurétaitinchangéeparrapportaudébut2020.

Caractéristiques de la population. Sexe, statut marital, années d’études, revenus du foyer, existence de pathologieschroniques.Les personnes qui ont déclaré avoir majoré leur consommation de tabac étaient les plus susceptibles deprésenterdessymptômesdedépression(RCajusté=1,09,ICà95%=1,04,1,13),d'anxiété(RCajusté=1,12,ICà95%=1,06,1,18)etdestress(RCajusté=1,10,ICà95%=1,05,1,15).Cesontdonclespersonneslesplusfragiliséesémotionnellementquiontaugmentéleurtabagismependantleconfinement.

Lesassociationsentreladépression,l'anxiétéetlagravitédustressetleschangementsnégatifsdecomportementSeuls11%desrépondantsàl'enquêteétaientdesfumeurs,alorsquelaprévalenceestde15%chezlesadultesaustraliens.16,3%(n=28)desfumeursontdéclaréavoirdiminuéleurconsommationdetabac,38,4%n’ontpasnotédedifférence,mais49,9%ontdéclaréavoirplusfumé.Pourlesauteurs,ceschiffressontinquiétants,


lerisquedeprésenteruneformegravede lamaladieétantmajoréchez les fumeurs.C’estpourcetteraisonqu’ilsproposentdemettreenplacedespolitiquesspécifiquesdesoutienausevrageenpériodedepandémieoudeconfinement.

• Bannirletabac,unepolitiqueuniqueenAfriqueduSud COVID-19lockdownandthetobaccoproductbaninSouthAfrica.EgbeC,NgobeseS.Tob.Induc.Dis.2020;18(May):39DOI:https://doi.org/10.18332/tid/120938Du26marsau16avril2020, legouvernementd’AfriqueduSuda, commeceluidebeaucoupd’autrespays,imposéunconfinementauxhabitantspouréviterlapropagationduSRAS-CoV-2.L’épidémiesembleavoirétécontenuepuisque,endatedu8avril,63776 testsontété réalisés,1845casontétéconfirméset18décèsdéplorés.Une spécificité de la situation sud-africaine est que l'état a assorti les consignes de restriction desdéplacements d'une interdiction de la vente du tabac et de l’alcool. Quelles sont les motivations de cettedécision?DansunelettrepubliéedansTob.Induc.Dis,CatherineEgbeetSenamileNgobeseenanalysentlesressorts.En Afrique du Sud, 22 % des plus de 15 ans fument, et la prévalence du tabagisme serait encore plusimportantechezlespatientsatteintsdepathologiesendémiquesdanslepays:diabète,tuberculoseetVIH.Ilest bon aussi de savoir que, pour une majorité de la population, le confinement s'est fait dans desappartementsdepetitetaille,favorisantenparticulierletabagismeactif.Afin de protéger les patients, leurs familles et leurs voisins, le gouvernement a interdit totalement la vented’alcool et de tabac. Une décision que les auteurs qualifient d’«héroïque», «un coup double» destiné àprotégerlesplusfaibles.Pour favoriser le sevrage,desdispositifsd’aideontétémisenplacegrâceàdes sites internetainsiquedesnumérosverts.Cettemesureuniques’accompagnera-t-elled’unebaissedutabagisme?Laréponsedansquelquesmois.

• COVID-19,unchevaldeTroiepourl’Industriedutabac Social responsibility during the COVID-19 pandemic: Tobacco industry’s trojan horse in Europe. Girvalki C,Mechili E,LoghinCetcoll.Tob.Prev.Cessation2020;6(June):37DOI:https://doi.org/10.18332/tpc/123244La période pandémique a-t-elle marqué une réduction du lobbying en faveur de l’industrie du tabac? Laréponseestnégativesil’ons’enréfèreautravaildeChrisGirvalakietcoll.,quirapporteuneactivitésoutenue,etcecidansplusieursaxesdedéveloppement.Dans14des22payseuropéensoù l’activitéde l’industriedutabacaétéanalysée,s'estdéveloppéeunecommunicationàbasbruitautourdeproduitsmoinsnocifsetdepartenariatsenrecherche.Ainsi,BritishAmericanTobaccoacommuniquésursonprogrammededéveloppementd’unvaccinàpartirdefeuilles de tabac. Ce sujet a été largement repris dans les medias en France, Belgique, Géorgie, Grèce,Lithuanie,Roumanie,Espagne,Pays-BasetGrande-Bretagne.De son côté, Philip Morris, par le biais de filiales locales ou internationales a financé des fondations derecherchecontrelaCOVID-19.Entreautresactions,onnotequecettemêmeentrepriseaaussicommuniquésurdesachatsderespirateursenGrèceoulafournitured'équipementsdeprotectionenItalieetenRoumanie.Ducôtédesmesuresdepromotionsplus traditionnelles,on relèvequ'enSuisse,BritishAmericanTobaccoaproposédesproduitsdutabacnoncombustiblesauxmembresdel’arméedéployésdanslepaysetque,dansplusieurs pays (Chypre, Roumanie ou Ukraine) l’industrie du tabac a proposé de livrer gratuitement lescigarettescommandées,laplupartdespointsdeventeétantfermés.


• Ungros-planduvirus SARS-CoV-2 Infection of Airway Cells. Ehre C. NEJM 2020. 383:969DOI:10.1056/NEJMicm2023328

Schéma:A:vuedel’épithéliumciliairerespiratoireencoursd’infection.Lespointsblancssontdesvirus.B:grossissement.


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Le 54e Congrès du Collège Français de Pathologie Vasculaire se tiendra à la Maison de la Chimie, Paris, du 9 au 10 novembre 2020. La SFT y co-animera une session "Tabagisme : quoi de neuf en 2020 ?" : - Les mécanismes de l'impact vasculaire du tabagisme. Roger Moyou-Mogo - L'anévrisme de l'aorte abdominale : une maladie du tabac ? Daniel Thomas - L'e-cigarette : sa place actuelle dans la prise en charge des fumeurs. Bertrand Dautzenberg - Comment aider efficacement un fumeur au cours d'une consultation de médecine vasculaire ? Anne-Laurence Le Faou Et également un atelier "Augmenter vos chances d'obtenir un sevrage tabagique" animé par Anne-Sophie Debuse avec Marie Malécot et Daniel Thomas. http://cfpvinscriptions.com/register.aspx


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