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L’ adoration eucharistique Chers Amis, « L’ adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur » (CEC 2628). Cette attitude fondamentale se retrouve au plus haut point dans l’adoration eucharistique, où l’on rend un culte au Christ-Dieu caché sous l’Hostie (cf. CEC 1418). Aussi, l’Église l’encourage-t- elle vivement. Puisqu’à la suite de Thérèse d’Avila, le Carmel est fils de l’Église, et, depuis la Petite Thérèse, désire même en être le cœur, il fait siennes toutes les manières de prier de l’Église, spécialement celles liées à l’Eucharistie (cf. Constitutions 60), source et sommet de toute la vie chrétienne. Pourtant, puisqu’au Carmel, « l’ oraison n’est pas un exercice à côté de beaucoup d’autres, que tout le reste lui est subordonné » (P. Stinissen), il privilégie ici une perspective : s’il intègre toutes les dimensions de la prière devant le Saint Sacrement – ado- ration, louange, intercession, réparation et manifestation de l’Église en prière devant Son Seigneur – il l’oriente vers l’ami- tié personnelle avec Jésus. On adore pour nourrir l’intimité avec Dieu, pour que la présence sacramentelle du Seigneur vivifie le recueillement, cet exercice appelé à durer « jour et nuit » (Règle), qui consiste à rester en présence du Seigneur. Après avoir retracé l’histoire générale de l’adoration eucha- ristique, nous présenterons cette dernière à travers le prisme carmélitain : en regardant son influence sur la vie d’une sainte figure du Carmel, puis en traitant d’une difficulté survenant chez certaines âmes d’oraison priant devant le Saint Sacrement. Joyeux Noël ! Frère Benoît-Marie de l’Enfant-Jésus (Lyon) 80 frères, 8 communautés établies en France, Suisse, Canada et Sénégal Déce mbre 2018 La lettre aux amis des frères Carmes Province d’Avignon-Aquitaine Jésus, mort et ressuscité, est « vraiment, réellement et substantiellement » présent (cf. Concile de Trente)

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Page 1: La lettre aux amislettrecarmesmidi.org/LettreCarmes/pdf/LaA-decembre2018...vive de la persistance de la Présence Réelle sous les saintes espèces au-delà de l’acte liturgique

L’ adoration eucharistiqueChers Amis,

« L’ adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur » (CEC 2628). Cette attitude fondamentale se retrouve au plus haut point dans l’adoration eucharistique, où l’on rend un culte au Christ-Dieu caché sous l’Hostie (cf. CEC 1418). Aussi, l’Église l’encourage-t-elle vivement.

Puisqu’à la suite de Thérèse d’Avila, le Carmel est fils de l’Église, et, depuis la Petite Thérèse, désire même en être le cœur, il fait siennes toutes les manières de prier de l’Église, spécialement celles liées à l’Eucharistie (cf. Constitutions 60), source et sommet de toute la vie chrétienne. Pourtant, puisqu’au Carmel, « l’ oraison n’est pas un exercice à côté de beaucoup d’autres, que tout le reste lui est subordonné » (P. Stinissen), il privilégie ici une perspective : s’il intègre toutes les dimensions de la prière devant le Saint Sacrement – ado-ration, louange, intercession, réparation et manifestation de l’Église en prière devant Son Seigneur – il l’oriente vers l’ami-tié personnelle avec Jésus. On adore pour nourrir l’intimité avec Dieu, pour que la présence sacramentelle du Seigneur vivifie le recueillement, cet exercice appelé à durer « jour et nuit » (Règle), qui consiste à rester en présence du Seigneur.

Après avoir retracé l’histoire générale de l’adoration eucha-ristique, nous présenterons cette dernière à travers le prisme carmélitain : en regardant son influence sur la vie d’une sainte figure du Carmel, puis en traitant d’une difficulté survenant chez certaines âmes d’oraison priant devant le Saint Sacrement. Joyeux Noël !

Frère Benoît-Marie de l’Enfant-Jésus (Lyon)

80 frères, 8 communautés établies en France, Suisse, Canada et SénégalDécembre 2018

La lettre aux amisdes frères CarmesProvince d’Avignon-Aquitaine

Jésus, mort et ressuscité,

est « vraiment, réellement et substantiellement » présent

(cf. Concile de Trente)

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Petite histoire de l’adoration

Pendant les trois premiers siècles, la Messe était célébrée dans des maisons particulières. Après l’avoir célébrée, le prêtre emportait avec lui les Saintes Espèces pour les distribuer aux malades. À partir du 4ème siècle (empe-reur Constantin), les églises furent construites, les tabernacles apparurent. On prit une conscience toujours plus vive de la persistance de la Présence Réelle sous les saintes espèces au-delà de l’acte liturgique. La dévotion au Saint Sacrement commença à se répandre grâce au développement des confréries de laïcs vouées au Saint Sacrement (au 9ème siècle à Laon, au 12ème à Rouen) et au témoignage de Reclus qui, comme sainte Colette de Corbie, s’enfermaient dans une cellule donnant sur le taber-nacle d’une église pour consumer leur vie dans la prière. Au 13ème siècle, cette dévotion était connue partout. Bien que la plupart des membres du clergé et des fidèles ne la pratiquassent pas, elle était acceptée : la science théolo-gique, qui arrivait à maturité dans sa compréhension du mystère eucharis-tique, la justifiait, et l’exemple de saints célèbres – saint Dominique, saint Fran-çois et saint Thomas – qui priaient de longues heures devant le tabernacle, y

portait. Aux siècles suivants, la ‘visite au Saint Sacrement’ devint un exercice de piété recommandé dans les couvents (14-15ème), les séminaires, influencés par l’École Française (17ème : Saint Vincent de Paul, M. Ollier), et chez un nombre croissant de fidèles.

Parallèlement, le désir de voir l’hos-tie dans la célébration eucharistique se développa. En 1200, l’évêque de Paris prescrivit à ses prêtres d’élever l’hostie « après le ‘Ceci est mon corps’ (…) de façon que tous puissent le contempler ». Cet usage parisien se répandit dans toute l’Église.

Bientôt, on chercha à contempler l’Eu-charistie d’une façon plus prolongée, en dehors de la messe. Ainsi, au 14ème siècle, en Allemagne (Dantzig et Münich), en Belgique (Liège) et aux Pays-Bas (Amsterdam), naquit l’adoration eucha-ristique proprement dite. On se mit à exposer en permanence le Saint Sacre-ment dans une « monstrance » dispo-sée sur des tabernacles monumentaux ou bien placée derrière le maître-autel. Primitivement, on utilisait de sim- ples reliquaires contenant ou soutenant un tube en cristal où l’on plaçait l’hos-tie. Après, la mode fut aux « crucifix-

Voici l’histoire de l’adoration eucharistique… à grands coups de serpe.

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Petite histoire de l’adoration

ostensoirs » ; au 16ème, l’ostensoir « en soleil » (celui que nous avons dans les paroisses) prévalut. Le développement de l’adoration eucharistique fut favo-risé par les processions de la Fête-Dieu. Elles étaient en effet précédées ou suivies d’une adoration soutenue par des rites spéciaux et des chants, dont nous avons conservé l’essentiel dans nos saluts du Saint Sacrement. Au 16ème siècle, l’arche-vêque de Milan, saint Charles Borromée, popularisa l’adoration en lançant ‘les 40 heures’ : ses diocésains étaient invi-tés à adorer le Saint Sacrement exposé, 40 heures d’affilée. Cette pratique gagna Rome : le Pape Clément VIII la recom-manda plusieurs fois avant de la trans-former en adoration perpétuelle, en 1592. Les adorations perpétuelles se répandirent alors dans toute l’Église.

Au 17ème, Notre-Seigneur apparut à sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial, lui demandant de promouvoir l’adoration du Saint Sacrement en répa-ration des péchés. S’ensuivit un creux de vague de deux siècles. Le réveil vint de Paris, où l’abbé de la Bouillerie créa l’adoration nocturne le 22 novembre 1848, et le 6 décembre se déroula la première nuit de garde eucharistique à la basilique Notre-Dame des Victoires.

Il fut aidé dans la propagation de son œuvre par Herman Cohen, futur carme déchaux. Saint Pierre-Julien Eymard, fondateur des Pères du Saint Sacrement, y contribuera à sa manière. À la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, peu après, fut lancée une adoration perpé-tuelle réparatrice afin d’accomplir les recommandations faites par le Seigneur-Jésus à sainte Marguerite-Marie. Le mouvement gagna toute la France. Il tomba en désuétude au 20ème siècle, durant les années conciliaires. Quelques communautés y furent fidèles et assu-rèrent sa survie dans l’Église de France.

Fr. Benoît-Marie de l’Enfant-Jésus (Lyon)

Adoration au couvent de Lyon-Gerland

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Le Père Hermann, le “converti de l’Eucharistie”

L’adoration eucharistique occupe une place de prédilection dans l’expérience spirituelle d’Her-mann Cohen (1820-1871), devenu au Carmel le père Augustin-Marie du Très Saint Sacrement, dont la cause

de béatification a été ouverte en 2016. C’est à travers l’adoration en effet qu’il se convertit au cours de l’année 1847 avant d’entrer dans notre Ordre deux ans plus tard.

Voilà qui correspond à l’esprit d’un siècle où apparurent bien des œuvres eucharistiques, telles que la congréga-tion de l’Adoration réparatrice (1848) ou la congrégation des Pères du Très Saint Sacrement (1856). Quelle est alors la spécificité du père Hermann dans l’ensemble de ce mouvement ?

D’abord, il était artiste et fut touché par la grâce de l’eucharistie en son âme de musicien. Alors qu’il accompagnait à l’orgue le salut du Saint Sacrement dans une église parisienne, il fut saisi malgré lui, comme il en témoigna lui-même : “l’Eucharistie a ravi mon cœur et… jeté sur moi et au-dedans de moi un charme si ravissant que je n’ai plus voulu vivre que pour Jésus et Marie”. Par la suite, il mit son talent de compositeur au service du culte du Saint Sacrement,

Hermann Cohen fut disciple de Franz Liszt et pianiste de talent. Il mena pendant quelques années une carrière de concertiste international, où il connut les grands personnages à la mode (George Sand)... comme la grande déchéance morale. Israélite d’origine, il se convertit au catholicisme à la vue de l’Hostie. Religieux, l’Eucharistie demeura le centre de sa vie.

Le P. Hermann en religion fr. Augustin-Marie du Très Saint Sacrement, ocd.

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Le Père Hermann, le “converti de l’Eucharistie”

mettant en musique hymnes et motets. L’adoration entraînait en lui la louange.

En 1848, il institua l’adoration nocturne pour les hommes, qui se déroula pour la première fois le 6 décembre de cette année en l’église Notre Dame des Victoires à Paris. Honorer de nuit, à l’heure des ténèbres et du péché, Celui qui vient nous en déli-vrer, était son projet. Le noyau d’adora-teurs nocturnes était pourtant modeste au début, les réunions, sans régularité ni stabilité de lieu. Cette œuvre prit ensuite son essor en France et à l’étran-ger, au Québec notamment, de sorte que le renouveau actuel de l’adoration perpétuelle, de jour et de nuit, trouve en lui un véritable précurseur.

Il est significatif qu’à partir de 1859, il fonda à Lyon puis dans quelques autres villes des confréries de l’action de grâces dont le but était simple : “rendre grâce au Tout-Puissant pour ses dons, et par-dessus tout pour Celui qui est spéciale-ment le don de Dieu, l’eucharistie, qui donne aux hommes tous les trésors de son amour infini”. L’engagement des membres était modeste, et consistait surtout à entretenir un esprit d’action de grâces, une attitude proprement eucharistique, tout au long du jour.

Ce qui demeure donc principalement de son existence, c’est le témoignage de vie d’un homme qui rendait grâce après grâce : “Ô Jésus, mon amour, que je voudrais donc embraser mes amis d’autrefois de l’ardeur qui m’en-flamme ! Que je voudrais leur montrer le bonheur que Vous me donnez. - Non, j’ose le dire, si la foi ne m’enseignait que Vous contempler au Ciel, est une joie plus grande encore, je ne croirais jamais possible qu’il y existât de plus grande félicité que celle que j’éprouve à Vous aimer dans l’Eucharistie, et à Vous rece-voir dans mon pauvre cœur, si riche par Vous...”

Fr. Yves-Marie du Très Saint Sacrement (Toulouse)

L’étole et le calice du P. Hermann

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“L’Eucharistie a ravi mon cœur et… jeté sur moi et au-dedans de moi un charme si ravissant

que je n’ai plus voulu vivre que pour Jésus et Marie.”

Le P. Hermann prêchant

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Pour approfondir le charisme de l’Ordre du Carmel, consultez le site

des Éditions du Carmel :

www.editionsducarmel.fr

Le P. Hermann prêchant

“Ô Jésus, mon amour, que je voudrais donc embraser mes amis d’autrefois de l’ardeur qui m’enflamme !

Que je voudrais leur montrer le bonheur que Vous me donnez.”

Tombeau du Père Hermann au couvent du Broussey

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Adoration ou oraison ?

Il n’est pas rare de rencontrer des âmes d’oraison qui ne soient pas particulièrement portées à l’adoration eucharistique. Elles y trouvent une certaine gêne, qui les empêche de faire oraison et de prier.

La pratique de l’oraison implique le recueillement, qui consiste à rentrer en nous-mêmes pour nous unir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui habite dans notre cœur. L’adoration eucharistique, par contre, empêche le recueillement, puisqu’elle nous oblige à tourner notre attention en dehors de nous-mêmes, vers l’autel sur lequel se trouve la présence réelle de Notre-Seigneur. « On fait alors adoration, mais on ne fait pas oraison », déclarent les âmes en question. Et d’ailleurs, « à l’adoration, il ne faut pas faire oraison », car comment se détourner de la présence réelle dans le Très Saint Sacrement pour rentrer en soi-même sans commettre un péché d’irrévérence à l’égard de Notre-Seigneur ? La conclusion, qui s’impose alors à ces âmes, est simple : l’adoration eucharistique est contraire au recueil-lement et, par conséquent, à l’oraison.

Pour certaines âmes d’oraison, il est difficile de prier devant le Saint Sacrement exposé, comme s’il y avait concurrence entre la présence de Dieu en soi et sa présence sous l’Hostie. Un frère carme résout le conflit.

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Frère Vincent-Marie de Saint-Joseph (Montpellier)Adoration ou oraison ?

Enfin, l’adoration eucharistique n’est pas une dévotion carmélitaine.

Cela appelle quelques clarifications au sujet du recueillement. Celui-ci est aussi indispensable à l’oraison qu’est l’oxygène à l’être vivant. On ne peut faire oraison sans se recueillir, personne ne le remet en question. Toutefois le recueillement n’est pas à confondre avec un mouvement psychologique par lequel on s’imaginerait descendre en soi pour rejoindre la présence de Dieu localisée au niveau du cœur. Le recueillement est, au contraire, un acte de foi théologale. Et seul cet acte de foi permet d’atteindre Dieu et de se mettre en sa présence, il faut le souligner.

Le fait de recourir à une image mentale de Notre-Seigneur ou de loca-liser sa présence, afin de rassembler et unir ses puissances plus aisément et les faire concourir autant que faire se peut à cet acte de foi, est tout à fait possible et même recommandable. Mais l’es-sence de cet acte surnaturel consiste à fixer son attention sur Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que Notre Mère sainte Thérèse appelle tout simplement « penser à Notre-Seigneur » (Vie 9, 6). Se recueillir consiste donc à penser à Notre-Seigneur, que nous le repré-sentions en nous, à côté de nous ou

devant nous, ou que nous localisions sa présence en nous ou sur l’autel, afin de produire plus facilement cet acte de foi, a finalement très peu d’importance. Nous le voyons donc, le problème rencontré à l’adoration n’est pas d’ordre théologique, mais simplement psycho-logique. Il n’y a pas d’opposition entre l’adoration eucharistique et l’oraison.

Par conséquent, les âmes d’oraison peuvent, sans scrupule aucun, faire oraison devant le Très Saint Sacrement exposé sur l’autel. Elles n’ont pas besoin de regarder Notre-Seigneur, qu’elles ne peuvent d’ailleurs voir avec leurs yeux de chair, mais peuvent se recueillir en toute liberté, comme elles ont l’habi-tude de le faire, que ce soit en fixant leur attention sur une image mentale de Notre-Seigneur ou en se focalisant sur sa présence localisée dans leur cœur. Par l’acte de foi théologale, elles vont rejoindre leur Bien-Aimé là où il est, dans leur cœur et sur l’autel, et peuvent s’unir à lui en toute simplicité. Qu’elles ne se privent donc plus de l’adoration eucharistique, qui est, selon l’enseigne-ment de saint Jean-Paul II, la première de toutes les dévotions, après les sacre-ments, « la plus chère à Dieu et la plus utile pour nous » (Ecclesia de Eucharis-tia, no 25).

Un frère carme

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L’institut Philanthropos et N-D de Bourguillon

- À l’église

- Culte d’adoration liturgique : communautaire (plutôt) d’où chants, lectures de l’Écriture et prières pour signifier et soutenir l’intention commune (cf. Rituel). Celle-ci est plus large que l’adoration : offrande de soi, action de grâce, réparation, intercession, louange…

- Église en prière devant son Seigneur, clairement signifiée : Jésus (Tête/Époux), les fidèles (Corps mystique/Épouse), les prêtres (des deux côtés, médiateurs)

- Présence sacramentelle (suréminente) de Jésus, mort et Ressuscité, Auteur de la grâce 1) Comme à Emmaüs, Jésus m’accompagne de son humanité glorifiée au long de mon pèlerinage terrestre ; 2) Jésus est un terme vers lequel je tends encore ; 3) Cette distance creuse mon désir de Le rencontrer plus intimement en communiant sacramentellement

- Union à Dieu par un acte de foi, qui rejoint Jésus glorieux, présent sacramentellement sur l’autel et présent par sa grâce, en vertu du baptême, dans l’âme

- Acte de l’Église – « quand un membre…, tous les membres... » (1 Co 12,26) – en vue de la sanctification personnelle et de l’édification de l’Église

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eUn temps supérieur à l’espaceLucie Rivière, o.c.d.Collection Carmel Vivant - 136 pages – 17 €

« Le temps est supérieur à l’espace » est un aphorisme cher au pape François qui a attiré l’attention d’une moniale carmélite. Il peut en effet s’appliquer à la vie cloîtrée, où l’espace est limité pour donner tout son poids au temps et préparer l’éternité qui est déjà commencée. Une réflexion pour mieux comprendre et apprécier la clôture monastique.

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N° 1

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N° 167mars 2018

Intercéderpour un peuple

Fondements bibliques de la prière pour la France / Entretien avec Rémi Brague / Édith Stein / Une prière qui libère...

ActualitésMme Acarie : mystique, politique et société

www.editionsducarmel.comTél : +33 (0)5 62 47 16 86

Nouveautés

éditions du carmel carmelrevue de spiritualité chrétienne

La marche à la mortSœur Marie-Madeleine, o.c.d.Collection Carmelight - 204 pages – 7 €

Les carmélites françaises qui fondèrent le carmel de Séoul ne furent pas épargnées par la guerre de Corée (1950-1953). Avec d’autres prisonniers occidentaux, elles subirent une marche forcée à travers le pays. L’une d’elles, sœur Marie-Madeleine, nous en a laissé le récit émouvant, parfois dur, mais toujours plein d’espérance.

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Abonnez-vous à la revue Carmel sur

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Un chaleureux merci à tous nos bienfaiteurs passés, présents et futurs !Merci d’adresser vos dons à l’Économat provincialOrdre des Carmes Déchaux - 10 bis Moquin TandonF - 34090 MONTPELLIERTél. 04 99 23 24 96

No de compte bancaire international :IBAN : FR76 3000 4007 6200 0104 2320 263BIC : BNPAFRPPCTO PROVINCE AVIGNON AQUITAINE

- Partout, solitaire ou communautaire. Quand communautaire : Église en prière mieux signifiée

- Recherche d’une Amitié personnelle avec Jésus qui intègre toutes les dimensions de la prière devant le Saint Sacrement, mais sans intention commune signifiée

- Union à Dieu par un acte de foi, qui rejoint Jésus glorieux, présent sacramentellement sur l’autel et présent par sa grâce, en vertu du baptême, dans l’âme

- Acte de l’Église – « quand un membre…, tous les membres... » (1 Co 12,26) – en vue de la sanctification personnelle et de l’édification de l’Église

Adoration et oraison :différences et points communs

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IN MEMORIAM

Frère Peter de la Trinité

Le Père Peter est né à Rotterdam le 17 juillet 1942, dans une famille de négociants. Il a grandi en Belgique, dans un milieu francophone de qualité. En 1961 meurt sa mère, à 45 ans. Jusqu’au bout, il l’a aidée à se placer sous le regard de la Miséricorde. Ceci n’est probablement pas étranger au déploiement de son ministère auprès de personnes angoissées. Il définissait la miséricorde comme « l’attitude de celui qui, conscient de sa propre misère, perçoit celle de l’autre et lui redonne un coeur, c’est-à-dire met la misère de l’autre en contact avec son propre cœur ».

Après un temps de postulat chez les carmes de Bruxelles, il prend l’habit au Broussey en 1963 et fait profession à

Bruxelles le 8 septembre 1964. Durant ses études, il se spécialise en histoire religieuse du 17ème siècle et en œcuménisme. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1972. Sa province du Brabant étant supprimée, il est rattaché à celle d’Avignon-Aquitaine en 1974 et arrive au couvent de Montpellier en 1975, pour n’en plus partir. D’innombrables ministères

auprès de carmélites cloîtrées, de religieuses apostoliques et de laïcs lui font sillonner les routes de France au volant de sa « 2-chevaux » légendaire.

Il fut conseiller provincial, prieur de Montpellier, délégué provincial auprès de l’Ordre Séculier et exorciste diocésain. Depuis 1977, de nombreux problèmes de santé se sont abattus sur lui jusqu’à sa mort, paisible, dans sa cellule du couvent de Montpellier le 14 mai 2018.

Lettre aux Amis des Frères Carmes • Parution décembre 2018

• Journal distribué gratuitement, tiré à 4000 ex.

• © Photos : Frères de la Province d’Avignon-Aquitaine de l’Ordre des Carmes Déchaux, Jean-Pierre Mesguen

• Conception et réalisation : www.trois-etoiles.org

• Éditeur responsable : Province d’Avignon-Aquitaine de l’Ordre des Carmes Déchaux 10 bis rue Moquin-Tandon 34090 Montpellier

• Directeur de la publication : Frère Benoît-Marie de l’Enfant-Jésus+33 5 56 62 60 90 • E-mail : [email protected]

Le couvent aujourd’hui

Nouvelles des frères Fr. Louis-Marie de Jésus (Montpellier)

Le frère Peter dans ses grandes années