la gazette de marcel rose - numéro 0 - l'union rose

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AUTOMNE/HIVER 2013 GAZETTE 00 L’uNION

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Entertainment & Humor


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Wallpaper around the homosexual community in France

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AUTOMNE/HIVER 2013 GAZETTE 00 L’uNION

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ABONNEMENT SUR DEMANDE SUR LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR

SOMMAIRE

LA CHRONIQUE DE SEVERINE La déclaration à la rencontre avec Belle-Maman

ACCESSOIRES ROSE Les 4 objets du bonheur

LA SOCIOLOGIE ROSELa marginalité des unions homosexuelles : une curiosité historique ?

A TOUT JAMAIS

la mode rose Le marcel

LE SYMBOLE ROSE Le triangle rose inversé

L’HISTOIRE DE MARCEL Pour une brève histoire des unions homosexuelles

LE MOUVEMENT ROSE Danse urbaine

GUSTAV FRAMBOISELe bijou symbolique

le cinema de marcel De la guerre à l’amour des sexes

l’art roseRentrée à coups de nouveautés

la litterature de marcel Portrait d’Éric Jourdan

la numerologie de marcel rose

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OURSMagazine gratuit édité par Marcel Rose,SASU au capital de 2 000 euros.117, rue de Charenton, 75012 Paris.www.lagazettedemarcelrose.frNuméro ISSN en cours d’immatriculation

PrEsident et directeur de la publication Eric Boccalupo « Je veux être de ce qui va arriver. », Coco Chanel

REdacteurs en chef Eric Boccalupo & Séverine Hartenstein

Journalistes Séverine Hartenstein « Le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. », Jean Cocteau

Mickaël Bertrand « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. », Marc Bloch

Pierre Lefever « Mes affaires personnelles m’ennuient à mourir. Je préfère celles des autres. », Oscar Wilde

Marie-Cécile Cazenave « La femme est l avenir de l homme. », Louis Aragon

Maître Cécila Cohen « Il faut que le droit entre dans la loi. », Victor Hugo

Suzanne Hope

Margot De Perthuis « La franchise, en ce monde, vous fait passer pour un fou; et l’indépendance pour un original. », Madame de Girardin dans ses Lettres Parisiennes

Photographes Luigi Di Donna ,« Vivre chaque jour comme si c’était le dernier. »Marc Daniel, « Si Adam avait été homosexuel, personne ne serait là pour le dire. », Oscar WildeSarah Lenoir, « I don’t mind living in a man’s world, as long as I can be a woman in it. », Marilyn Monroe

Illustrateurs David Despau @Colagène.com, « Less is more »Felix le Sha, « Life is too vicious ! »Margot De Perthuis

Graphiste Eric Joseph, « On ne peut rien écrire dans l’indifférence. », Simone de Beau-voir Les Mandarins (1954)

NUMEROLOGUE Madame Pousse

CORRECTRICE Monique Van Weddingen, « Notre vraie nationalité est l’humanité. »de H. G. Wells (dans « The Outline of History »)

IMPRESSION La Provence

COUVERTURE Photographe et D.A. : Luigi Di donna, Hair styliste : [email protected], Make up artiste : [email protected], Mannequins : Clara@VIP Models & Itte@made- moiselle.com Bracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise

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EDITO

Dans la sphère où nous évoluons tous les jours, chaque per-sonne est différente. Notre voisine, notre patron(ne), notre boulanger, notre médecin… nous ne nous posons pas la question de savoir : « Est-il(elle) homosexuel(le) ? » Ce que nous attendons de lui(d’elle), c’est une relation, une réponse à un besoin.Mais, d’ailleurs, comment reconnaît-on un(e) homo-sexuel(le) parmi des hétérosexuels ? Existe-t-il des signes ou n’est-ce qu’un préjugé parmi tant d’autres, pour finalement se rendre compte qu’on ne peut pas le (la) pointer du doigt car il(elle) est tout simplement comme les autres...Mais les autres, les hétérosexuels, qui sont-ils ? Et si pour une fois, on inversait la tendance, à savoir comment distinguer un(e) hétérosexuel(le) parmi des homosexuels ?C’est pourquoi La Gazette de Marcel Rose se veut le porte-pa-role de la communauté homosexuelle, pour s’ouvrir et mieux se faire connaître de la communauté hétérosexuelle par son identité, ses codes, ses valeurs, et non plus par des idées re-çues, stéréotypées. C’est aujourd’hui que nous devons nous tourner les uns vers les autres : homme, femme, hétéro, gay, black, blanc, beur, peu importe les genres, la couleur de peau, l’origine. C’est maintenant que nous devons apprendre à nous connaître pour enfin créer des valeurs ÉGOSEXUELLES. Pourquoi avoir baptisé ce nouveau journal « La gazette de Marcel Rose » ?La Gazette, c’est pour mettre en avant la valeur d’accessibilité à tous.Marcel, pour son caractère authentique français et intellec-tuel qui nous renvoie spontanément à de grands écrivains : Proust, Pagnol, Aymé…Rose, pour son évocation naturellement féminine et liber-tine, et qui incarne la couleur symbolique de la communauté homosexuelle.Enfin, Marcel Rose valorise le caractère mode de cette communauté… à savoir que la mode renaît de ses cendres comme un phœnix à tout jamais.L’Union sera le premier thème de la gazette. Vous découvri-rez l’union homosexuelle à travers ses origines, son évolu-tion sociologique et historique, qui a abouti à l’autorisation du droit au mariage entre personnes de même sexe. Sans oublier les futures situations, comiques, que la communauté ne manquera pas de rencontrer… des situations très souvent similaires à la communauté hétérosexuelle, en somme !.

ERIC BOCCALUPO

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LA CHRONIQUE DE SEVERINE

Serait-ce moins évident pour les homosexuels de rencontrer la belle-famille et surtout la sacro-sainte belle-mère que pour les hétérosexuels ? D’autant plus si la famille n’a pas accepté l’homosexualité du futur marié ? Quoique…

Après la déclaration, vous allez connaître ce que tout hétéro-sexuel rêve de vivre un jour : la rencontre avec la Maman de son amoureux.Cela peut être aussi agréable qu’un week-end en Corse ver-sion « tout le monde s’aime » ou aussi pénible que le même week-end avec des autochtones aussi accueillants qu’une bande de maquisards.

Avant, surtout, renseignez-vous bien si la dite Maman a bien accepté le coming-out de son fils adoré. Point aussi fonda-mental peut-être que le choix du bouquet de fleurs ou de la boîte de chocolat que vous allez offrir. Enfin, n’oubliez jamais que, même si cela se passe bien, vous serez toujours celui qui lui prend son « bébé » ! Alors, un conseil, au début, faites profil bas.

En terme de look soyez vous-même (c’est bien ainsi que l’homme de votre vie vous aime, non?). Mais si vous pos-sédez un tant soit peu de goût vestimentaire, voici quelques petits trucs auxquels penser devant votre miroir : éviter les imprimés (oui les têtes de mort, le tigré, c’est très tendance mais pas pour un premier rendez-vous avec belle-maman), les logos trop provocants (d’accord, je vous ai dit de rester vous-même, mais il y a néanmoins quelques menues conces-

Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha

LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN

sions à faire… tout le charme d’une première rencontre !), ne pas montrer dés le premier jour à future belle-maman votre superbe tatouage qui fait littéralement fantasmer son fils adoré mais pas elle (si, si), éviter le costume si vous avez l’air de sor-tir d’un colloque sur le nucléaire ou, pire, si vous ressemblez à un premier communiant (ce look tant éprouvé par le passé ne trompe plus personne aujourd’hui), la raie sur le côté trop coincée, les cheveux ébouriffés trop ado rebelle (très mauvais quand on est censé vouloir s’engager)… Bref, à part cela, soyez vous-même et tout se passera bien. Après l’épreuve du style vestimentaire et le choix du cadeau, il ne reste plus qu’à plaire à la Maman bien-aimée de votre amoureux. On peut imaginer bien sûr qu’elle aurait peut-être ou sûrement préféré voir arriver aux bras de son fils une longue liane blonde même sans cervelle, mais une femme. Oui, peut-être, mais vous êtes là, et vous êtes un homme. Alors, assumez jusqu’au bout, et dites-vous, si cela peut vous soutenir, que vous l’avez sacrément cherché et attendu, vous autres homosexuels.

Je n’ai qu’un mot à ajouter : bienvenue dans le monde merveil-leux des belles-familles qui fut si longtemps l’exceptionnel pri-vilège et grand bonheur (sans aucune ironie, cela va de soi) des hétérosexuels ! Et vous verrez que, finalement, il n’y a pas de grandes différences entre un homo qui rencontre sa belle-mère et un hétéro : la différence, et elle est immense, c’est que vous allez instaurer une relation basée sur d’autres rapports, d’autres centres d’intérêt, mais le principal à ne jamais oublier – et c’est là le plus important – c’est que vous aimez plus que tout le fils de Maman !!! Et c’est ce dont rêve toutes les mères…

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LA CHRONIQUE DE SEVERINE

Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha

Tous et toutes, quelle que soit notre préférence sexuelle, aspi-rons un jour à faire ou recevoir une déclaration de mariage, que la réponse soit oui ou non. Et d’ailleurs, que veut-on le plus : recevoir ce merveilleux témoignage d’amour ou le déclarer ? Aujourd’hui, homosexuels et lesbiennes peuvent enfin choisir.

Mais, au fait, dans les contes de fées de notre enfance c’est toujours le prince qui demande au roi la main fine et blanche de la princesse, ou, s’il a les idées larges, de la bergère. Avec cette loi, ça change tout, non ? Alors, il était une fois un prince charmant (on garde ce rôle car il a fait ses preuves) dans un pays merveilleux où les en-nuis n’existent pas, qui faisait le bonheur de son royaume et de ses parents, tant il était beau, bon, intelligent, loyal et plus encore. Mais dans les yeux parfaitement bleus de ce prince passait, parfois, un trait de mélancolie. Ce qui le rendait en-core plus séduisant pour toutes les jeunes filles du palais et des alentours qui se plaisaient à espérer que… Mais revenons à notre prince. Un jour, il entendit parler qu’un être superbe de beauté et de grâce attendait désespérément sa venue.

À des centaines de lieux de là, dans un autre royaume, vi-vaient un roi et une reine et leurs deux enfants. En haut du donjon habitait l’aînée, une magnifique jeune fille aux longs, très longs cheveux bruns, qu’elle coiffait inlassablement (elle n’avait que cela à faire), aux mains douces, lisses et manucu-rées à la perfection, et qui possédait un teint pâle, aussi déli-cat qu’un lys, que deux pommettes rosées sublimaient. Et sa bouche rouge semblait une cerise qui ne demandait qu’à être croquée… Mais patience… et un peu de retenue, le conte de fées ne fait que commencer.

Le fils tant aimé du couple royal était, on s’en doute, aussi beau que sa sœur et, fort heureusement pour lui, plus futé (mais dans tous les contes les jeunes filles se doivent d’être belles, et l’intelligence est en option). Le même teint d’opale,

les traits fins, et des yeux, des yeux aussi bleus que l’océan ! Lui aussi se languissait dans ce si vaste château, et pour pas-ser le temps, comme sa sœur, il soignait sa blonde et sublime chevelure, souple, brillante, car il le valait bien.

Mais notre prince charmant (celui du début, il faut suivre), impatient et certain de faire sa demande en mariage, enfila sa plus belle armure, pris sa plus tranchante épée somptueu-sement ouvragée (le moindre détail compte) et bondit sur son fidèle destrier, un magnifique pur-sang tout heureux de se dégourdir enfin les pattes. Après avoir terrassé les plus féroces dragons, traversé des forêts hostiles et sombres, failli périr dans de nauséabonds marécages et, enfin, après avoir pris tout de même le temps de construire le pont des Arts (c’est son côté romantique et créatif), il parvint jusqu’au palais où, de loin, la princesse et son frère, l’avaient aperçu le cœur battant. Il descendit prestement de sa monture et s’avança d’une démarche féline et virile vers le couple royal, subjugué par la venue si soudaine d’un si beau prince. Leurs enfants, déjà prêts depuis très, très longtemps, les rejoignirent émus, déjà transis d’amour !

Et, à la surprise générale, le prince tourna son beau regard azur vers… le prince (oui il y a beaucoup de princes dans ce conte, mais les numéroter manquerait de classe), et s’agenouilla à ses pieds : sortant un écrin de son pourpoint immaculé brodé d’or, il l’ouvrit et, sous le regard émerveillé et bouleversé de l’élu, lui demanda sa main. Le roi et la reine pleurèrent de bonheur et donnèrent leur bénédiction.

Quant à la princesse, quelque peu dépitée, elle remonta dans sa chambre en se disant que décidément les temps avaient bien changé, mais pour le meilleur. Et heureuse pour son frère bien aimé, elle coiffa à nouveau sa longue chevelure au cas où…

FIN

LA DÉCLARATION DE MARIAGE

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LE CHOIX DE LA ROBE DE MARIÉE

Toute femme ou presque a toujours rêvé le jour de son ma-riage de porter une robe digne d’un conte de fées (merci Cendrillon et la Belle au bois dormant). Et de se plier à la délectable tradition qui stipule que le futur marié ne doit pas voir la fameuse robe avant le grand jour, sous peine de porter malheur.Mais qu’en est-il lorsque ce sont deux femmes qui se marient, donc deux robes de mariée à imaginer, chercher et trouver ? Le font-elles ensemble, séparément, et les esprits sont-ils aus-si ouverts et bienveillants envers ces mariées lesbiennes que pour les hétérosexuelles ? Et si, finalement, la fameuse quête de la tenue était aussi compliquée, laborieuse, stressante que pour les hétérosexuelles ?

Comme la tradition a du bon, vous avez décidé de choisir sé-parément votre robe afin que vous vous découvriez le jour J. Très bien, mais un petit conseil cependant : pensez que deux robes volumineuses côte à côte risque non pas de faire pen-ser à un mariage entre deux femmes, mais entre deux merin-gues, ce qui n’est pas le but recherché ! Deux attitudes s’offrent à vous : soit, vous assumez que votre futur époux est… une femme à tomber de beauté, soit vous mentez et vous inventez un homme. À vous de choisir. Pourquoi je vous dis cela ? Parce que les vendeuses vont vous poser des tonnes de questions aussi subtiles que : votre fiancé (ah oui les fameuses fiançailles, on les avait presque oubliées), a-t-il des goûts classiques (en un mot robe de com-muniante limite nonne) ou est-il ouvert sur la mode (robe courte, décolleté à faire douter le prêtre de sa vocation…) ? Est-ce votre premier mariage (ça c’est sûr !!!)… ? Et d’autres interrogations qui dépassent l’entendement !Et soyez préparée au fait que les préjugés ne s’éliminent pas aussi facilement que la laque Elnett, d’un coup de brosse : donc armez-vous de patience, de courage, et, fièrement, cherchez votre robe pour être la plus belle ! Pour cela, de-mandez à une personne proche, patiente, compréhensive, diplomate, et surtout sincère et objective, de vous accom-pagner (oui, laissez tomber la bonne copine qui certes vous suivrait jusqu’au bout du monde, mais serait capable aussi de vous dire que : « Oui, juré, cette robe chargée de rubans, dentelles et tulle, [qui ferait fuir la plus anti-conformiste des mariées], te va divinement !!! »).

Et toutes les éventuelles embûches que vous pourriez ren-contrer resteront finalement un merveilleux souvenir et vous feront rentrer dans le monde merveilleux et tant attendu des futures mariées. Cela vaut bien quelques petites concessions et, encore une fois, se heurter à la sottise (pour rester polie) ambiante. Alors, n’en doutez pas, le jour J, vous serez la plus belle, et vous lirez dans les yeux de votre future femme toute l’admiration, l’émotion et surtout l’amour que vous méritez de vivre comme toute hétéro ! Toutes mes sincères félicitations !!!

Chronique Sévérine Hartenstein Illustration Félix le Sha

LA CHRONIQUE DE SEVERINE

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LA CHRONIQUE DE SEVERINE

Chronique Sévérine HartensteinIllustration Félix le Sha

S’il y a bien une chose qui n’a pas de genre c’est l’alliance, ce symbole pur et infi ni du mariage. Un anneau à porter pour la vie, qui s’usera, se patinera avec le temps, les aléas de l’existence, les épreuves et les bonheurs que traversera le couple. En somme, cette «petite chose» met tout le monde d’accord : son choix est un moment magnifi que à partager entre amours, un prélude délicieux du jour J tant attendu.Mais les préjugés étant ce qu’ils sont et encore présents, la quête de l’alliance parfaite risque d’être moins paisible et merveilleuse que prévue pour un couple homosexuel. A moins que le monde du luxe vienne à leur secours… Après le choix du costume (chacun de votre côté, tradition oblige), vous avez décidé de partir à la recherche des al-liances, ensemble, main dans la main plus heureux que ja-mais. Dans quelques jours, elle sera enfi n à votre doigt pour toujours ...Il vaut mieux pour toujours, car pour éviter les désagréments subis lors de la recherche du fameux habit de mariage, vous vous êtes dits que le savoir faire du luxe ri-mait avec savoir être ( du moins vous l’espérez très fort) et c’est d’un pas décidé que vous vous engagez rue de la Paix, promesse de bitume à votre quête de l’alliance avec un grand A : votre carte bleue quant à elle, trace de longs et profonds sillons qui prouve combien elle pense à votre banquier et elle est bien la seule à ne pas être heureuse de se rendre dans le sanctuaire de l’ excellence, de la perfection, du luxe bref la Place Vendôme!A peine la porte de la première maison franchie, vos pieds s’enfonçant avec délice dans l’épaisseur moelleuse de la mo-quette immaculée, vous êtes déjà sur un nuage, quand tout à coup un vendeur s’avance vers vous son sourire ultra Bri-

LE CHOIX DES ALLIANCES

ght aussi brillant que les diamants qui parent les solitaires dans la vitrine. Décidément, rien n’est laissé au hasard dans le monde unique, merveilleux et fascinant du luxe. Son costume impeccablement coupé, ses mains parfaitement nettes, il ne pose aucune question déplacée et semble, mal-gré sa coiff ure parfaitement maîtrisée grâce à la laque Elnett, n’avoir aucun préjugé et c’est avec un naturel mêlé d’élégance, de tact, d’exquise gentillesse et d’une infi nie patience qu’il répond à toutes vos attentes : en résumé, après vous avoir montré une trentaine d’ alliances, après avoir discrètement attendu, vous donnant l’impression d’être seuls au monde, tout en étant à l’écoute et présent ( comment fait- il, il est plus fort que l’agent 007) vous tombez enfi n d’ accord sur le même anneau d’or serti de quelques diamants ( autant faire les choses en grand). Et c’est sous le regard ému ( pour vous et sa commission) que le vendeur vous amène avec une rare courtoisie vers le saint des saints, oserais-je dire la caisse ( c’est fou comme ce mot semble vulgaire dans un tel lieu) afi n que vous régliez le plus symbolique des achats, le plus beau témoin de votre amour !Ce qu’il y a de magique dans ce monde si particulier du luxe c’est qu’il vous a donné l’exceptionnel et irremplaçable sentiment d’être certes importants, mais surtout «excep-tionnellement normaux » ! Quel paradoxe délicieux et si précieux! Décidément le luxe et vous c’est une très belle his-toire d’amour qui commence ( au grand dam de votre carte bleue... qui de bleue passe à verte).Alors, vive le luxe qui piétine d’un soulier sur mesure les préjugés et les enfonce dans la moquette épaisse comme une liasse de billets.

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ACCESSOIRES DE MARCEL ROSE

Les 4 objets du bonheurs

Les 4 petits quelque chose, une tradition anglo-saxonne : Pour Madame, cela peut être un sautoir de perles blanches hérité de grand-mère, une paire neuve de Louboutin ou une paire de gants longs empruntés. Pour Monsieur, cela peut être la Rolex de grand-père, une paire de Richelieu neuve ou une cravate empruntée. Ce qui nous donne 3 objets pour Madame et 3 objets pour Monsieur. La tradition veut que le quatrième objet soit bleu. Madame, Monsieur, ce que je vous conseille, c’est de rendre ce quatrième petit quelque chose plus grand pour qu’il devienne un symbole universel et unisexe : un bouquet de fleurs bleues…

Photographe : Marc DanielPost Prod : Eric Joseph@Mr & Mme Rose Agency

Accessoires : Vintage

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LA SOCIOLOGIE ROSE

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LA MARGINALITÉ DES UNIONS HOMOSEXUELLES : UNE CURIOSITÉ HISTORIQUE ?

Article Pierre Lefever Illustration David Despau, colagene.com

LA SOCIOLOGIE ROSE

Avec l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, l’âge de la persécution contre les homosexuel(le)s semble être révolu. Les règles tacites de silence et de dissimulation, en réponse à la menace sociale, verbale et physique qui avait cours, sont désormais désuètes : l’union entre deux per-sonnes de même sexe est consacrée par la loi, au même titre que l’union hétérosexuelle. Dès lors, le caractère subversif qu’ont revêtu pendant longtemps les unions homosexuelles est-il dépassé ?

La lutte pour la reconnaissance des droits des gays et des lesbiennes a toujours eu pour cible toute indiquée une so-ciété crispée sur des normes sociales exclusives. Le modèle du mariage est, historiquement, celui d’une union entre un homme et une femme – chose que les homos ne contestent pas. C’est pourquoi les activistes gays et lesbiens ont d’abord cherché à revendiquer la tolérance à leur égard. Pas le droit d’accès au mariage, mais simplement le droit de vivre sans la crainte d’être passé à tabac dans la rue ou d’être inquiété par les autorités. Conscients en effet du caractère dangereux, pour une société hétéronormative, que représentait leur mode de vie, leur projet initial n’était pas de se réapproprier les codes hétérosexuels (tels le mariage, la famille hétéro-parentale ou encore la notabilité). Les homosexuel(le)s ont plutôt cherché à identifier leur action à celle des marginaux qui n’avaient pas droit de cité, comme les transsexuels, les prostitués et les étrangers – en somme, les « outcasts ». Leur spécificité était de représenter un modèle jugé contre nature par les normes hétéros, et d’en jouer, d’en faire même leur propre culture. Autrement dit, la stratégie a ensuite consisté à se réapproprier les symboles de la honte, comme l’insulte « queer » (d’où le nom de l’association Queer Nation), pour les vider de leur contenu honteux. Une contre-culture est ainsi née. En ce sens, le caractère grotesque des Gay Prides, les slogans tapageurs des manifestations, ainsi que l’art LGBT dans ce qu’il peut avoir de délibérément outrancier, servent une même cause : bousculer les codes hétérosexuels, menacer l’ordre établi et faire trembler les honnêtes gens.

Parallèlement à cette réappropriation de la différence, ob-jet de fierté, d’autres militants pour l’égalité des droits ont

cherché à réintégrer la société hétérosexuelle qui les avait toujours rejetés. S’agissant du droit d’accès au mariage, par exemple, il n’était pas tant question d’une stratégie de dé-naturation du mariage par l’intrusion des homos en son sein (ce qui a pu leur être reproché), que d’une volonté de démontrer qu’un couple gay ou lesbien y a droit lui aussi. La quête de légitimité est un thème marquant dans la lutte pour l’égalité des droits des gays et des lesbiennes. Il s’agit pour eux d’amener la société à s’interroger sur ses propres régulations sociales, ainsi que sur la pertinence des normes hétérosexuelles. En accédant au mariage, les homosexuels ont ainsi démontré que la conception ancienne du mariage, celle de l’union entre un homme et une femme dans le but de procréer, ne convenait plus à la société contemporaine. Les homos n’ont jamais eu vocation à singer le couple hétéro : ils l’ont soit méprisé dans ce qu’il a de bourgeois, soit considéré comme un objectif souhaitable pour consacrer l’amour entre deux individus. La lutte acharnée pour obtenir une sanction juridique des unions homosexuelles traduit en fin de compte un besoin déchirant de s’échapper des marges.

On pourrait toutefois opposer aux partisans du mariage pour tous qu’ils sont pour ainsi dire tombés dans le piège de la norme hétérosexuelle. Les marginaux sont sortis de la marge pour intégrer la zone de la normalité, dont le mariage est un symbole évident. Dès lors, ils ne sont plus vraiment « queers ». À l’heure où la tolérance, du moins dans les dé-mocraties occidentales, est grandissante à l’endroit des ho-mosexuels, c’est-à-dire à l’heure où être queer n’est plus une activité aussi dangereuse qu’autrefois, on pourrait déplorer un certain abandon de la lutte pour de nouvelles normes so-ciales. Il est en effet loin dernière nous le temps du Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar), fondé en 1971 en France, et dont le programme était la lutte contre les hé-téronormes bourgeoises et l’hétéropatriarcat. La révolution gay et lesbienne n’aura pas lieu, car aujourd’hui, l’objectif poursuivi par les militants n’est plus le même : plutôt que de faire sauter les normes traditionnelles, se contenter de les adapter. Aux yeux des activistes queers les plus farouches, il en résulte qu’une partie des homosexuel(le)s semble s’être rangée – pour le meilleur et pour le pire.

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tout jamaisPhotographe et Direction Artistique : Luigi Di donna www.luigi-di-donna.fr

Assistante photographe : Margot De PerthuisHair styliste : [email protected]

Make up artiste : [email protected] Mannequins : Clara@VIP Models & [email protected]

Post Prod : Nicolas AubryBracelets menottes en argent et en or : Gustav Framboise

Nos remerciements pour son accueil à GUYOT & BROEKS INTERIOR DESIGN www.guyotandbroeks.comClara : Robe culotte à fleur Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav Framboise

Itte : Body rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

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Photographe et Direction Artistique : Luigi Di donna www.luigi-di-donna.frAssistante photographe : Margot De Perthuis

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Bracelets menottes en argent et en or : Gustav FramboiseNos remerciements pour son accueil à GUYOT & BROEKS INTERIOR DESIGN www.guyotandbroeks.com

Clara : Robe culotte à fleur Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Body rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

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Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav FramboiseItte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise

Clara : Nuisette rose, Fifi ChachnilItte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil

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Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav FramboiseItte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil, Bracelet menottre en argent Gustav Framboise

Clara : Nuisette rose, Fifi ChachnilItte : Robe-culotte noire, Déshabillé blanc Fifi Chachnil

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Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise

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Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise

Clara : Body noir Eres, Tutu blanc Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Nuisette noire Fifi Chachnil , Bracelet menotte en argent Gustav Framboise

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LA RENCONTRE AVEC BELLE-MAMAN

LA MODE ROSE

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LA MODE ROSE

L’HISTOIRE DU MARCEL

Article Sévérine Hartenstein Illustration David Despau, colagene.com

Le marcel est au tee-shirt ce que la robe trois trous est à la robe : un indispensable du dressing, une icône virginale, pure, sublime de simplicité et de confort, une évidence ves-timentaire en coton de quelques grammes. Pour tous, petits et grands, hommes et femmes. Un vêtement qui, l’air de rien, avec son petit côté innocent et frais, apporte une touche dia-blement sensuelle, mutine, branchée et irrésistiblement chic à la fois, au plus basique des looks. C’est tout le paradoxe du marcel qui, malgré sa coupe minimaliste, n’en est pas pour autant un vêtement simpliste. Il cache derrière son côté sage et angélique un sacré tempérament : sexy, érotique, classe, doux, confortable, pratique, indispensable, charismatique, emprunt d’enfance, de nostalgie et de quelques fantasmes aussi, le marcel raconte au plus profond de ses fibres de coton une multitude d’histoires ; c’est un amant tendre et séduisant qui glisse telle une caresse sur la peau nue tout en muscles ou en seins.

Avant de devenir un basique, le marcel était un vêtement de base au sens propre du terme : un essentiel de la garde-robe des hommes, protecteur et pratique pour des travailleurs, ouvriers, agriculteurs, dockers qui exerçaient un dur labeur, jusqu’aux Poilus de la Première Guerre mondiale. C’est à Napoléon III qu’il doit indirectement sa création ! En effet, en 1860, ce dernier ordonna la construction des Halles centrales de Paris, l’un des plus grands et froids marchés du monde. Jour et nuit, par tous les temps, des manutention-naires y travaillaient et, afin d’être libres de leurs mouve-ments et de se protéger des courants d’air, ils portaient sous leur chemise, ce maillot de corps sans manches en laine. Ce vêtement utilitaire devint vite le compagnon de labeur de tous les travailleurs qui s’échinaient à la tâche comme les agriculteurs ou les dockers. Il deviendra aussi l’indispensable et si fragile protection des Poilus, les protégeant du froid gla-cial et pénétrant des tranchées, absorbant la sueur de leur peur et le sang de leurs souffrances.

À la fin du XIXe siècle, son nom désuet et original lui sera donné par la bonneterie Marcel, dirigée par Marcel Eisen-berg et installée à Roanne, dans la Loire, et qui deviendra

la première entreprise à fabriquer en série ce vêtement en coton. S’il a débuté sa fulgurante épopée en laine, puis en coton, en 1933, il fut conçu dans une maille aérée comme un filet de pêche !

Le marcel, petit tricot en coton simple et sans prétention, va alors connaître un succès mondial. Grâce aux congés payés en 1936, les hommes l’adoptent plus encore, heureux et fiers de montrer leurs bras musclés et de profiter du soleil. Et après la Seconde Guerre mondiale, il quitte sa connotation prolétaire, un brin vulgaire, pour devenir en priorité le vête-ment qui sait le mieux mettre en valeur le corps bronzé des hommes et des femmes.

Mais c’est seulement sur les écrans blancs du cinéma que la pâleur et la simplicité de ce petit marcel va faire tourner les têtes et les cœurs. D’abord en 1951, sur le torse musclé d’un Marlon Brando qui embrase la pellicule dans « Un Tramway nommé désir », où son marcel maculé de cambouis ne donne pas que des envies de lessive aux sages ménagères venues l’ad-mirer ! C’est toujours sale, sentant la sueur et souvent tâché de sang que le marcel s’affiche ainsi au cinéma sur les corps athlétiques d’Yves Montand dans « Le Salaire de la peur », de Bruce Willis dans « Piège de cristal », ou encore de Robert de Niro dans « Raging Bull ». Il garde de ses origines prolétaires tous les signes d’une vi-rilité exacerbée faite de testostérones, de sueur, de saleté, synonymes de travail, de courage, d’efforts... Et c’est ce qui le rend si irrésistible jusque sur les podiums des créateurs où il défilera d’abord pour Jean-Paul Gaultier… parfaitement immaculé, sexy en diable, séducteur frais et propre comme un ange !

Et le marcel, contrairement aux idées reçues, n’est pas l’apa-nage des garde-robes gays ! Il a de beaux jours devant lui, et cet indémodable saura toujours trouver sa place en version grunge, chic, masculin/féminin, ou irrésistiblement sexy. Même les bambins en ont fait depuis longtemps l’un de leurs chouchous, et ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants !

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LE SYMBOLE ROSE

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LE SYMBOLE ROSE

HISTOIRE DU TRIANGLE ROSE INVERSÉ : DE LA HONTE À LA FIERTÉ

Trois lignes qui se rejoignent pour former une pyramide parfaite. Un triangle symbole de stabilité, d’élévation, de la trinité entre autres.

Pour le régime nazi toux ceux et celles qui ne marchaient pas au rythme de la symphonie de la race arienne pure et parfaite étaient recherchés, traqués, arrêtés et déportés. Pour marquer l’infamie que représentaient les homosexuels qui ne correspondaient pas à la « normalité sexuelle », seule tolérée dans l’Allemagne du III Reich, ce triangle si parfait fut inversé et colorié en rose : une icône humiliante où s’as-sociaient la couleur de la féminité pour ces hommes jugés efféminés et la pointe du triangle dirigée vers le bas, vers leur sexe synonyme de honte et de toutes les déviances (environ 100 000 personnes furent concernées entre 1933 et 1945 au titre du paragraphe 175 de l’ancien code pénal allemand dont une majorité sera condamnée à la prison et probablement 15 000 déportées en camps de concentration, d’où très peu reviendront).

Que dire sur la déportation et dans le cas présent sur celle des homosexuels, sans tomber dans le cliché, en sachant que chaque mot ne sera jamais assez puissant, assez juste pour en décrire toute l’horreur : c’est une page noire, noire comme la peur, la terreur, la crasse, l’humiliation, la mort, noire comme les barbelés, les crânes rasés avec sauvagerie, comme la boue des camps, comme la foule d’êtres humains entassés comme du bétail, noire comme la fumée épaisse et nauséa-bonde des fours crématoires. Sur cet uniforme concentrationnaire était cousu un triangle rose inversé, qui désignait les homosexuels, un symbole par-mi la longue liste de l’univers des camps établie par les nazis pour toute personne qui bafouait l’image de la grande Al-lemagne voulue par le Fürher, soient par leur religion (les Juifs), par leur préférence sexuelle (les homosexuels), ou par leurs orientations politiques (les communistes)...

Dans la hiérarchie de l’horreur et de la déshumanisa-tion mise en place dans les camps de la mort, les homo-sexuels se plaçaient en dessous de l’échelle, quasiment déjà sous terre tant ils étaient maltraités, torturés, considérés comme des cobayes par les médecins des camps et soumis aux plus pénibles tâches. Très peu survécurent à cet enfer. Ce triangle rose inversé devint après la Seconde Guerre mondiale le symbole de l’homosexualité bafouée, massa-crée, en retrouvant son sens originel (le triangle à l’endroit) : dressant fièrement sa pointe vers le ciel comme une arme menaçante dirigée vers l’oppresseur, il n’était plus synonyme de honte mais de fierté, et il devint ainsi l’emblème assumé des homosexuels. C’est en 1987 que cette icône prendra tout son sens et une ampleur considérables grâce à l’association Act’Up New-York (Act’Up Paris sera fondé en 1989). Asso-ciée aux mots, Silence = Mort, elle renvoyait aussi à l’injustice faite à la mémoire des déportés homosexuels (Silence = oubli ou dénégation) que trop de manuels scolaires avaient littéra-lement effacé des textes d’histoire et de cette ignoble épisode dela Seconde Guerre mondiale, ce qui revenait à nier leur existence et donc à souhaiter, une nouvelle fois, leur mort. “Même si au départ, quand Act Up l’utilise, ce n’est pas pour faire resurgir l’histoire de la déportation pour motif d’homo-sexualité, mais pour alerter l’opinion publique sur l’épidémie de SIDA en dressant un parallèle historique”, Mickaël Bertrand*.

Depuis, « le triangle rose à l’endroit est donc repris par de nom-breuses associations, maisons d’édition, productions littéraires et cinématographiques comme un moyen universel de désigna-tion de la communauté homosexuelle, n’ayant plus forcément un rapport direct avec la déportation homosexuelle. Tous ces organismes ont un point commun, celui de la défense des droits des homosexuels contre l’homophobie », Mickaël Bertrand*.

*Extrait de « La Construction mémorielle de la communauté homosexuelle française face à la déportation, de 1945 à nos jours », Mickaël Bertrand, mémoire de master 1 sous la

direction de Jean Vigreux, maître de conférence à l’université de Bourgogne, Dijon, 2006.

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L’HISTOIRE DE MARCEL

À l’occasion du débat public ayant précédé le vote, plusieurs intervenants ont avancé des arguments supposés scienti-fi ques pour expliquer leur refus de voir un jour deux citoyens de même sexe unis dans les mairies françaises. Ainsi, le dé-puté Henri Guaino a affi rmé sur RTL que cette adaptation législative allait « dénaturer le mariage qui est une institu-tion qui a 200  000 ans  ». De la même façon, au micro de France Culture, son collègue sénateur Serge Dassault affi r-mait qu’avec la loi sur le mariage pour tous, «  on va avoir un pays d’homos. […] C’est stupide. Regardez dans l’histoire, la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence, à l’époque. […] C’est un danger énorme pour l’ensemble de la Nation, énorme ». Alors que ces propos relèvent clairement du domaine de compétence des historiens, rares sont ceux à s’être impliqués dans le débat, que ce soit dans le cadre formel des auditions à l’Assemblée nationale, où ils n’ont pas été sollicités, que dans les médias. L’absence d’engagement des historiens français est d’autant plus surprenante qu’à l’échelle internationale, les discussions autour des projets de loi sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ont souvent été l’occa-sion de consultations, de rapports et de débats historiogra-phiques. La Société américaine d’histoire et l’Organisation des historiens américains ont ainsi été auditionnées par la Cour suprême des États-Unis et ont développé des groupes de réfl exion sur la question. L’historien américain Georges Chauncey avait d’ailleurs été invité en France par Florence Tamagne et Eric Fassin (INDIQUER CE QU’ILS SONT), en 2010, pour témoigner de cette expérience d’« expertise » historienne. Ses collègues français avaient donc a priori tous les outils bibliographiques et la légitimité scientifi que pour intervenir sur cette question de société. Bien que la loi ait été adoptée par le Parlement, il n’est pas trop tard pour corriger certaines erreurs commises pendant les débats et proposer quelques pistes de réfl exions.

POUR UNE BRÈVE HISTOIRE DES UNIONS HOMOSEXUELLESLe mardi 23 avril 2013, l’Assemblée nationale a majoritairement approuvé le texte ouvrant l’institution du mariage aux couples de même sexe, faisant de la France le quatorzième pays au monde et le neuvième pays européen à adopter une telle législation

que certains ont qualifi é d’ « historique ». Une affi rmation qui mérite d’être approfondie au regard du passé.

De quoi le mariage est-il le nom ?

Tout d’abord, n’en déplaise à Henri Guaino, il est absurde d’affi rmer que le mariage « est une institution qui a 200 000 ans ». Les données archéologiques actuelles ne permettent pas d’avoir la moindre idée du type d’alliances conclues entre les hommes et les femmes du paléolithique.Ce détour par la préhistoire permet de corriger l’un des prin-cipaux écueils méthodologiques rencontrés lors des débats. L’une des sources de confl it entre les partisans et les oppo-sants à l’évolution législative dans ce domaine repose en eff et sur une incompréhension mutuelle quant à la défi nition du mariage. Pour les premiers, il constitue une forme d’asso-ciation conjugale reconnue par l’autorité publique depuis la loi du 20 septembre 1792 et que le législateur est en mesure d’adapter afi n de répondre à une évolution sociétale. Pour les seconds, le mariage est intimement attaché à une valeur reli-gieuse et censé répondre à un dogme immuable. Cette néga-tion de l’évolution historique du mariage rend évidemment impossible la possibilité d’envisager une énième évolution qui s’éloignerait encore du modèle initial d’union religieuse.Dans le cadre du débat entretenu pendant plusieurs mois dans les médias, certains ont tenté de dépasser cette contra-diction en attaquant les opposants au mariage dit « pour tous » sur leur propre terrain. Ainsi, l’Église chrétienne, en d’autres époques, aurait toléré le mariage entre personnes de même sexe, y compris parmi les membres du clergé. Or, si l’on comprend bien la facilité de telles instrumentalisations dans le cadre d’un débat politique contemporain, force est de constater que les sources révèlent des situations un peu plus complexes.

Figure 1 : Le débat sur le « mariage pour tous » a régulièrement dérivé sur des question d’histoire des religions Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/751560-de-sodome-au-mariage-pour-tous-la-bible-ne-condamne-pas-l-homo-sexualite.html

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L’HISTOIRE DE MARCEL

Juvénal ou l’incarnation antique de Christine Boutin

Quelle que soit la période historique évoquée (y compris la plus contemporaine), l’historien insistera toujours sur la nécessité d’une « contextualisation » pour comprendre un évènement ou une société. Cette exigence méthodologique est d’autant plus impérieuse que certains phénomènes tels que le mariage semblent avoir toujours existé. Or, comme le rappellent les historiens Damien Boquet et Julien Dubouloz , « le mariage tel qu’il est pensé et tel qu’il se pratique à Rome ou dans l’Occident médiéval est une institution radicalement différente de ce qu’il est aujourd’hui ». Ainsi, dans la Rome antique préchrétienne, le mariage est avant tout une affaire civique et économique : il permet de fournir une légitimité à une descendance mâle qui ne peut être reconnue que si elle est issue d’une union entre un citoyen et une citoyenne.Cette règle de base n’en a pas moins laissé la porte ouverte à des échappatoires et des exceptions qui ont pu laisser quelques traces dans les sources, et notamment celles ras-semblées par Sandra Boehringer dans un petit recueil intitu-lé « Homosexualité, Aimer en Grèce et à Rome » .Plutarque, dans la « Vie de Lycurgue » , nous éclaire no-tamment sur certains aspects de la pédérastie athénienne en précisant que « les amants partageaient la bonne et la mauvaise réputation des enfants, et l’on rapporte qu’un jour, un enfant ayant laissé échapper en se battant un mot qui té-moignait de la bassesse d’âme, c’est son amant qui fut puni par les magistrats ». S’il n’est pas fait mention, dans ce cas, précis d’une union officielle, on comprend néanmoins par cette anecdote qu’un contrat officieux semble reconnu par l’autorité publique. Strabon ajoute dans sa « Géographie » que l’union entre l’amant et l’aimé fait d’ailleurs l’objet d’un rituel très codifié en Crète vers le Ve siècle avant notre ère : l’adolescent doit faire l’objet d’un rapt par son amant qui l’entraîne dans un banquet afin de rendre publique l’union, avant de l’emmener dans l’endroit qui lui plaît. À son retour, le jeune homme « fait une déclaration publique sur le com-merce qu’il a eu avec son amant ». On s’aperçoit donc que la pratique pédérastique s’accompagne d’une forme de rituel et de reconnaissance publique qui ne se limite pas à une simple consommation sexuelle, mais qui peut être assimilée par cer-tains aspects à une véritable union entre personnes de même sexe.D’autres exemples montrent cependant que des cas de ma-riage plus explicites peuvent être envisagés dans certaines circonstances exceptionnelles. Plutarque rapporte notam-ment que l’empereur romain Néron avait fait émasculer un enfant et « se le fit amener avec dot et voile nuptial, en grand cortège, suivant le cérémonial ordinaire des mariages » . Un peu plus loin, le même auteur raconte que l’empereur épousa également son affranchi Doryphore. Dans le cadre de cette « Vie de Néron », l’évocation de telles unions vise à décrédibi-liser un empereur que l’auteur ne porte pas dans son cœur. Cependant, s’il insiste sur le caractère cruel ou ridicule de Néron qui imite « les cris et les gémissements des vierges »,

Plutarque ne condamne pas explicitement l’union maritale, à l’inverse de Juvénal qui s’offusque dans ses « Satires » qu’on puisse assister à Rome aux noces d’un « ami qui se marie avec son fiancé » . Et de s’inquiéter que ces unions symboliques puissent un jour être officiellement reconnues : « Qu’il nous soit donné de vivre un peu, elles se feront, ces choses, elles se feront au grand jour, on les publiera à l’état civil ».

Figure 2 : Juvénal et Christine Boutin Source : http://www.lefigaro.fr/culture/2013/05/14/03004-20130514ARTFIG00603-christine-boutin-se-moque-de-la-mastectomie-d-angelina-jolie-et-twitter-s-enflamme.php et http://www.nndb.com/people/055/000097761/)

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L’HISTOIRE DE MARCEL

Des prières invoquant Pierre et Paul pour unir deux hommes

Aussi nombreux soient-ils, les exemples concernant l’Anti-quité grecque et romaine sont le plus souvent rejetés par les opposants à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, car ils s’inscriraient justement dans un cadre chro-nologique et sociétal beaucoup trop éloigné de nos valeurs contemporaines et occidentales .L’essentiel des débats s’est donc concentré sur la période médiévale durant laquelle l’Église chrétienne a progressive-ment insuffl é la règle du mariage réservé exclusivement aux couples de sexe diff érent. Cette évolution trouve sa traduc-tion dans les textes législatifs tels que le Code théodosien, puis le Code justinien et les Lois des Wisigoths, avant que le mariage ne soit fi nalement érigé en sacrement lors du concile de Latran en 1215.L’historien John Boswell et le philosophe-historien Michel Foucault pensent que cette mutation ne s’explique pas tant par ce que l’on pourrait caractériser comme une homopho-bie naissante, que comme une conséquence de l’infl uence judéo-chrétienne prônant au mieux l’abstinence, au pire une activité sexuelle strictement liée à la procréation. Dès lors, ce n’est pas vraiment l’union entre personnes de même sexe qui est condamnée, mais le fait d’avoir des relations sexuelles non reproductives à des fi ns de plaisir.Cette interprétation laisse ouverte une brèche autorisant les unions de même sexe, y compris au sein du clergé, à partir du moment où elles demeurent offi ciellement abstinentes. Une multitude de textes médiévaux montrent que cette possibilité théorique a trouvé des applications pratiques, comme dans le cas de cette prière censée être prononcée par le prêtre devant l’autel :« Seigneur Dieu tout-puissant, qui a créé les hommes à ton image et à ta semblance et leur a donné la vie éternelle, toi à qui il a plu que les saints et glorieux apôtres Pierre et Paul, et Philippe et Barthélémy, soient unis non par le lien du sang mais par celui de la fi délité et de l’amour, qui a jugé bon que les saints martyrs Serge et Bacchus soient unis, bénis aus-si tes serviteurs que voici, N. et N., rassemblés non par la naissance, mais par la foi et l’amour. Accorde-leur de s’aimer, laisse-les poursuivre sans envie ni tentation tous les jours de leur vie, par le pouvoir de ton Saint-Esprit et les prières de la Sainte Mère de Dieu et de tous les saints, qui T’ont été agréables à travers les siècles » .

Ce texte, comme bien d’autres, a fait l’objet de multiples po-lémiques liées aux aléas de la traduction et de l’interpréta-tion. D’aucuns y ont vu la preuve irréfutable de véritables mariages homosexuels cautionnés par l’Église chrétienne. Ce n’est pourtant pas le propos de l’historien John Boswell qui, écrivant dans le contexte des États-Unis à la fi n des an-nées 1980, se garde bien d’utiliser l’expression anachronique

de « mariage homosexuel » pour lui préférer celle d’« union de couples de même sexe » . Cette nuance subtile montre qu’il est anachronique d’interpréter les relations sociales médiévales à la lumière des catégories contemporaines d’homosexualité et d’hétérosexualité. Ce qui compte dans ces cérémonies, c’est avant tout l’engagement d’amour et de fi délité qui unit deux individus souhaitant voir reconnaître leur union par l’Église. Cela ne signifi e pas non plus que la dimension sexuelle est complètement absente ou ignorée des autorités religieuses, mais que celles-ci sont prêtes à fermer les yeux sur les modalités pratiques tant que l’acte de for-nication demeure discret et offi ciellement condamné par le dogme.

L’invention de l’hétérosexualité ne met pas fi n aux ma-riages entre personnes de même sexe

Ce n’est que très progressivement qu’une association entre l’union maritale et l’union sexuelle est devenue prégnante à partir du XIIe siècle, consacrant l’invention de l’hétérosexua-lité qui avait été pressentie par Michel Foucault , confi rmée par John Boswell, et reprise dans un ouvrage plus récent de Louis-Georges Tin . Cette évolution s’est cependant étirée jusqu’au XIXe siècle où, selon l’historien américain Jonathan Katz, la médecine et la psychanalyse sont venues mettre un point fi nal à la mise en place de cette dichotomie restrictive des assignations sexuelles, qui est aujourd’hui fermement défendue par les opposants au « mariage pour tous » comme une donnée intangible et immémoriale .Entre ces deux extrémités, la célébration d’unions entre personnes de même sexe a parfois perduré. John Boswell le signalait déjà dans le dernier chapitre de son ouvrage en citant par exemple Michel de Montaigne relatant l’existence à Rome, au XVIe siècle, de cérémonies qui laissent peu de doute sur les pratiques homosexuelles attachées à l’union entre ecclésiastiques :« Je rancontrai au retour de Saint Pierre un home qui m’avisa plesammant de deus choses : que les Portuguais faisoint leur obédiance la semmene de la Passion, & puis que ce mesme

Figure 3 : Icône du VIIe siècle représentant Saint-Serge et Saint-Bachus unis en présence de Jésus-Christ Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_et_Bacchus_de_Rasafa

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L’HISTOIRE DE MARCEL

jour la station estoit a Saint Jean Porta Latina, en laquelle Eglise certains Portuguais, quelques années y a, étoint an-trés en une étrange confrerie. Ils s’espousoint masle à masle à la messe, aveq mesmes serimonies que nous faisons nos mariages, faisoint leur pasques ensamble, lisoint ce mesme évangile des noces, & puis couchoint & habitoint ensamble. Les esperis romeins disoint que, parce qu’en l’autre conjonc-tion de masle & femelle, cete sule circonstance la rand legi-time, que ce soit en mariage, il avoit samblé à ces fi nes jans que cet’autre action deviendroit pareillemant juste qui l’au-roit authorisée de serimonies & misteres de l’Eglise ».L’historien américain Allan A. Tulchin a également mis en évidence l’existence de détournements à l’époque moderne des contrats d’« aff rèrement » permettant à des frères de continuer à vivre ensemble sans diviser l’héritage familial. Plusieurs sources révèlent en eff et que les contractants n’ont parfois aucun lien parental et préfèrent plutôt évoquer leur aff ection mutuelle pour justifi er l’union scellée devant no-taire et témoins .Comme pour les unions entre ecclésiastiques à l’époque mé-diévale, il est impossible d’affi rmer avec certitude que ces alliances soient systématiquement associées à des pratiques homosexuelles. Néanmoins, certaines déclarations laissent peu de doutes et montrent que la communauté ne semblait pas s’en off usquer outre mesure.

Les sociétés contemporaines ont été les plus hostiles aux unions de même sexe

Tous ces exemples ne doivent pas faire oublier qu’en paral-lèle, les lois contre la sodomie ont pu conduire à de véritables « chasses aux sorcières » en certaines circonstances . Malgré l’abolition du crime de sodomie en 1791 dans la France révo-lutionnaire, on peut même considérer que l’époque contem-poraine est l’une des plus intolérantes vis-à-vis des unions de même sexe, et de l’homosexualité en général. Dans un article sur cette décision législative, l’historien Th ierry Pastorello montre en eff et que l’abolition du crime de sodomie consacre une évolution du discours sur le comportement homosexuel masculin « qui est perçu, non plus comme un acte simple mais comme un comportement particulier » . En somme, ce n’est plus tant l’acte de sodomie que l’émergence d’une sub-culture homosexuelle qui est au centre des préoccupations.Dans ces conditions, les unions entre personnes de même sexe deviennent de plus en plus intolérables aux yeux des autorités, non pas en raison des pratiques sexuelles qu’elles peuvent entraîner, mais parce qu’elles portent atteinte à l’ordre social. Elles deviennent dès lors quasiment inexis-tantes à partir de la fi n du XVIIIe siècle.Il est assez symptomatique de constater que pour pallier cette impossibilité, des femmes ont parfois recours au travestisse-ment pour tromper les autorités et convoler en justes noces. C’est le cas par exemple de Nicholai de Raylan, une jeune femme d’origine russe qui parvient à se marier deux fois aux États-Unis à la fi n du XIXe siècle, sans que ses épouses ne

s’aperçoivent de la supercherie . Si les homosexuels mettent tant d’ardeur à duper les institutions (voire leur mari ou leur femme), c’est bien qu’il leur apparaît désormais impos-sible de contracter autrement une union entre personnes de même sexe.On peut d’ailleurs être surpris par cette disparition sou-daine dont semble s’être accommodés les homosexuels qui développent dès lors d’autres formes de sociabilités. Selon le sociologue Michael Pollak, « l’interdit de l’homosexua-lité a certainement renforcé et accéléré la séparation de la sexualité des tendances aff ectives » . Ainsi, les homosexuels se seraient adaptés au contexte législatif en favorisant les ren-contres furtives, moins risquées que les relations de couple pouvant attirer la suspicion. Cela n’empêche pas certains rapports de police d’évoquer des cas de « mariage » entre ho-mosexuels à Paris à la fi n du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Néanmoins, comme le précise Régis Revenin, « il est évident que les mariages célébrés clandestinement, a fortiori ceux unissant deux hommes ou deux femmes, n’ont aucune valeur juridique » .

Figure 4 : extrait de l’Institutes au droit criminel (1757) à propos du crime de sodomie (source : Gallica)

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L’HISTOIRE DE MARCEL

L’incroyable résurgence d’une revendication

Faut-il voir dans ces unions symboliques une « volonté de normalisation sociale », faisant ainsi de ces homosexuels du début du XXe siècle les précurseurs des militants du « mariage pour tous » ? Rien n’est moins sûr. Aux États-Unis, l’historien William N. Eskridge Jr. considère que la revendi-cation d’une reconnaissance d’un mariage entre personnes de même sexe n’apparaît qu’au début des années 1970, dans la continuité du mouvement de libération des homosexuels initié par les manifestations de Stonewall en juin 1969. Il considère que cette libéralisation des mœurs a eu des consé-quences sur la sociabilité homosexuelle, rendant davantage possible la formation de couples sur le long terme qui, pro-gressivement, ont souhaité voir reconnaître offi ciellement la légitimité de leur union.Cette affi rmation doit cependant être nuancée pour le cas de la France, où les revendications concernant le mariage pour les personnes de même sexe sont quasiment absentes avant la fi n des années 1980. Au contraire, les positions idéologiques défendues par le mouvement de libération des homosexuels peuvent être considérées comme farouchement opposées à une telle perspective, comme le montre cet extrait du « Rap-port contre la normalité », réalisé en 1971 par le Front homo-sexuel d’action révolutionnaire (Fhar) :« Les homosexuels révolutionnaires ne sont pas disposés à faire du prosélytisme ou de l’évangélisme, comme les hétéro-sexuels d’en face le font, au niveau des États policiers, capi-talistes ou prétendument socialistes, qui imposent une voie sexuelle au détriment d’une autre et qui maintiennent in-tacte la puissance innée d’un sexe sur l’autre, symbolisée par la perte du nom de la femme dans le mariage. Il faut com-prendre que l’institution du mariage n’est pas naturelle, mais intégrée dans la société à la suite de la victoire historique de la propriété privée sur la propriété commune. »Bien qu’elle ne soit pas universelle, cette position était suffi -samment partagée dans les années 1970 pour off rir quelques résurgences au moment du débat sur le « mariage pour tous » en 2013. Ainsi, après s’être engagé pour le projet de loi au nom de l’égalité, l’homme d’aff aires Pierre Bergé a précisé, sur un plateau de télévision, qu’à titre personnel, il considérait le mariage comme « une institution bourgeoise » : « Je ne suis pas pour le mariage des hétéros, et je ne suis pas pour le ma-riage des homos. Je suis pour une grande union civile ». Il est d’ailleurs assez symptomatique de constater que les anciens militants des années 1970 sont largement restés en retrait de cette mobilisation qui leur apparaît en totale contradiction avec leur engagement initial. Quelques uns ont parfois évo-lué sur cette question, comme le réalisateur Patrice Chéreau qui avait refusé, dans un premier temps, les projets d’union civile, en mémoire des premiers combats contre le patriarcat, la monogamie, le mariage et la « normalisation » de l’homo-sexualité… avant d’accepter fi nalement de s’engager pour le « mariage pour tous » en 2013.La rupture s’est en fait consommée à partir de la fi n des an-

nées 1980 dans un contexte tragique et pour des motifs très pragmatiques. L’apparition de l’épidémie de sida a en eff et eu des conséquences dramatiques pour des dizaines de couples homosexuels lorsqu’un des deux conjoints disparaissait en quelques mois. Apprenant parfois l’homosexualité de leur enfant en même temps que sa maladie, de nombreuses fa-milles ont interdit au conjoint d’assister aux obsèques de son amant disparu, de renégocier le bail de l’appartement com-mun ou même de conserver le moindre souvenir personnel.Afi n d’anticiper une telle situation, plusieurs couples ont ini-tié les premières démarches de reconnaissance de leur union, sans pour autant revendiquer une quelconque forme de ma-riage dans un premier temps. C’est notamment le cas d’un steward d’Air France qui revendique le droit d’obtenir pour son amant les tarifs réduits réservés aux conjoints, mariés ou en « union libre », des employés de l’entreprise. Un couple de lesbiennes engage également à la même époque des dé-marches pour obtenir une assurance maladie commune . Dans les deux cas, la Cour de cassation refuse de reconnaître l’existence de tels couples en se fondant sur les textes législa-tifs régissant le mariage, qui indiquent que l’union libre ne peut être reconnue que dans la potentialité d’un mariage… ce qui est alors inenvisageable dans le cadre d’unions homo-sexuelles. Quelques mois plus tard, en 1991, les premières revendications pour un « contrat d’union civile » reconnais-sant le concubinage homosexuel faisaient leur apparition. La première pierre sur la route du « mariage pour tous » était scellée.

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Photographe : Sarah Lenoir www.sarahlenoirphotography.comAssistante photographe : Nicki Mpoyanzis

Danseuse Etoile : Puanani Brown in Ballet Th eatre Foundation NYPost Prod : Margot De Perthuis @ Mr & Mme Rose Agency

Lieu : Central Park New-YorkNos remerciements à Puanani Brown pour son élégance et sa joie de vivre !

Danse urbaineUn lieu, Central Park.Une danseuse, Puanani Brown. L'union de la nature et de la femme donne naissance à une piste d'étoiles. Puanani Brown épouse gracieusement les formes de Dame nature et donne vie au mobilier urbain, témoin unique des histoires et légendes qui habitent cette terre au centre de Th e Big Apple.

LE MOUVEMENT ROSE

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Photographe : Sarah Lenoir www.sarahlenoirphotography.comAssistante photographe : Nicki Mpoyanzis

Danseuse Etoile : Puanani Brown in Ballet Theatre Foundation NYPost Prod : Margot De Perthuis @ Mr & Mme Rose Agency

Lieu : Central Park New-YorkNos remerciements à Puanani Brown pour son élégance et sa joie de vivre !

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LE MOUVEMENT ROSE

Née à Washington D.C., Puanani Brown a commencé sa formation au Washington School of Ballet dès l’âge de 7 ans. Depuis mars 2010, elle fait partie du corps de bal-let de l’American Ballet Theatre, basé à New-York, qui est l'une des compagnies de ballet les plus importantes du XXIe siècle.

Immense espace vert en plein cœur de Manhattan avec ses 341 hectares d'exten-sion, ce lieu est un symbole écologique et humain. C’est à la demande des citoyens de la ville que l'État de New York a créé cet espace naturel en 1854 (fin de l'amé-nagement en 1873). La preuve que nous pouvons construire des espaces verts au-tour de gratte-ciel et donner vie à la na-ture. Central Park possède une faune et une flore remarquables, avec plus de 200 espèces d'oiseaux et 250 000 arbres dont des ormes américains.

Pourquoi Central Park ?

Puanani Brown, la danseuse étoile.

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LE MOUVEMENT ROSE

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LE MOUVEMENT ROSE

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CREATEUR DE BIJOU

GUSTAV FR MBROISE

Clara : Nuisette Rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Déshabillé blanc, Robe culotte prune Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

LE BIJOU DE ROSE

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Clara : Nuisette Rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Déshabillé blanc, Robe culotte prune Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

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Clara : Nuisette rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Déshabillé blanc, Robe-culotte prunes et Mules en soie rouge Fifi Chachnil,

Bracelet menotte en argent Gustav Framboise

LE BIJOU SYMBOLIQUEFondée il y a deux ans, cette maison jeune et dynamique tend à se faire valoir comme étant un précurseur de nouvelles tendances joai- llières. L’innovation est donc au coeur de la création à chaque instant de la conception du bijou; de l’idée jusqu’au travail de la matière.

Gustav Framboise a baigné, durant son enfance, dans des épopées de cavalcades, de la Bessarabie au Kirghizistan en passant par Samarcande et Tachkent. Ces contes ont nourri et façonné son imaginaire tout au long de sa jeunesse. Très atta-ché à la création depuis son plus jeune âge, ses sources d’ins-piration se multiplient au cours des années. Il se passionne pour la musique, l’art, l’architecture et la littérature : de Léo-nard de Vinci à Eugène Delacroix sans oublier les gravures de Gustave Doré, du romantisme de Chateaubriand aux « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire, de la science fiction de Jules Verne à l’imaginaire de Bernard Werber, de Lully à une sym-phonie de Prokofiev, de Robert Johnson au rock hallucinatoire des années 1960-1970, sans oublier la poésie moderne du rap américain des années 1090, de Pétra, en Jordanie, magnifique citée construite dans la roche, à la grandiose architecture de l’Opéra de Paris dont seul Charles Garnier avait le secret.

Ayant remporté plusieurs concours durant ses études, il dé-cide de poursuivre cette voie qui semble pour lui un moyen d’expression parfaitement compatible avec son besoin de création. Durant ses premières années professionnelles, il crée quelques collections pour des grandes maisons de la place de Paris. Avec le temps, il s’aperçoit que leurs cahiers des charges sont souvent répétitifs et laissent peu de place à l’expression d’un « nouveau-né fraîchement sorti d’une école de joaillerie parisienne ». C’est pouquoi, il décide de créer quelques an-nées plus tard, en 2010, sa propre marque : Gustav Framboise.

Son tout premier modèle est dédié aux hommes et aux femmes qui ont, semble-t-il, oublié une valeur primordiale, une valeur qui semble s’être évaporée de leur esprit, une va-leur qui a été remplacée par un caprice, une soif de pouvoir éphémère. Ce diktat où ils n’ont de cesse de consommer. C’est le couple, ce lien qui scelle à jamais deux êtres, le plus grand des symboles réduit en un vulgaire « romantique has been ». Pour toutes ces raisons, il nommera son premier modèle « Héritage ». L’héritage de ce siècle, qu’on ne veut comprendre qu’à demi-mot, sans se soucier du lendemain. Gustav Framboise a réinterprété la menotte, en renversant sa symbolique: un symbole de haine transformé en amour, un symbole d’emprisonnement transformé en lien fort et puissant entre deux êtres. La valeur de ce symbole de-meure et résonne malgré la distance qui parfois les sépare.

La musique continue d’accompagner ses inspirations pour sa nouvelle collection et, comme à son habitude, il demeure fidèle à son idéation.

Clara : Robe culotte rouge Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Déshabillé long rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

LE BIJOU DE ROSE

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GUSTAV FR MBROISE

Clara : Robe culotte rouge Fifi Chachnil, Bracelet menotte en argent Gustav FramboiseItte : Déshabillé long rose Fifi Chachnil, Bracelet menotte en or Gustav Framboise

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LE CINEMA DE MARCEL

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LE CINEMA DE MARCEL

Norma Shearer est Mary Haines, représentée en gentille et jolie biche, à l’ouverture du film de Georges Cukor « The Women » (1939). Femme trahie, trompée par son mari (que nous ne verrons jamais, les hommes ne sont ici qu’évoqués) avec la sulfureuse croqueuse d’hommes Crystal Allen (Joan Crawford), dangereux léopard du générique. Les adorables amies de Mary, merveilleuses commères de Park Avenue, virevoltent, petites abeilles dardées autour du drame sucré, les piqures effilées traversent la peau blanche au rythme d’une tension dramatique et comique conduisant au divorce de Mary.Comédie sentimentale du remariage, la biche vaincra le léo-pard.

Comme dans « Philadelphia story », également de Georges Cukor, la guerre des sexes est déclarée, et il est question de tenir le rang imposé comme composé d’un modèle, celui de l’homme père et mari, de la femme compréhensive et soutien indéfectible.La mère de Mary, dans « The Women », conseille à sa fille de feindre ignorer l’affaire de l’adultère et de ne pas en parler au mari. Il s’agit là presque d’une tradition de transmission orale de mère en fille, la mère de la mère ayant alors aussi, en d’autres temps, proposé le même conseil à sa fille. Mary dira ainsi : « But, Mother, Stephen and I are egal, we took together our own free will, for life ». (« Mais maman, Stephen et moi nous sommes égaux , nous nous sommes choisis librement pour la vie ».) Quand la question du mariage pour tous est apparue,je dois dire que, passez par ici et moi par là, lalalalalaje m’en suis peu souciée…… Puis avec « The Women », m’est apparu, un peu sou-dainement, un signe du souvenir très lointain d’une pro-jection au Champollion, dans le Quartier latin à Paris, un mirage de l’inconscient, et cela m’a fait sourire de re-penser ainsi au mariage, à la comédie du remariage, sujet

hollywoodien de la fin des années 1930 aux États-Unis, où la Grande dépression de 1929 et les tensions préguerre convoquent la distraction et les comédies prétendument lé-gères (« The Awfull Truth », Léo Mac Carey, 1937, « Phila-delphia story », 1940, « The Women », 1939, et tant d’autres).

Dans « The Women », le mariage est associé à une tradition sociale forte et incontournable, d’un passage à une nouvelle condition de la jeune fille à la femme, puis à la mère, du jeune homme au mari, puis au père, mais il révèle aussi la question de l’identité. Le personnage de Mary Haines se débat pour conserver la sienne au-delà de la bienséance et des préceptes bourgeois. Elle y parviendra au nom de la liberté indivi-duelle. Mary Haines choisira de divorcer à Reno, au Texas, où elle retrouvera dans une auberge d’autres femmes en at-tente de divorce qui racontent les hommes, leurs hommes.C’est ici dans cette ferme auberge spécialisée dans l’accueil de femmes en impatience de divorces prononcés comme de nouvelles du mari quitté, que Mary Haines rencontre le phénomène incarné par la comtesse de Lave (Mary Boland), multirécidiviste en matière de mariages et démariages.Personnage fixé à un destin irrémédiable où les tentatives de la conquête de l’amour se suivent et s’additionnent, sacrali-sées tour à tour par le mariage puis bannies dans le divorce. « Ô l’amour, l’amour, toujours l’amour ! » (en français dans le texte), dit Flora, comtesse de Lave.

De l’amour, ô l’amour, toujours l’amour, on ne s’est plus sou-venu durant le soulèvement violent de tristes désinformés, manipulés, tenus par l’attisement de leurs peurs, si nom-breux, que je tombais à la renverse à l’admirable manière de Katherine Hepburn, au début de « Philadelphia Story », droite comme un I, le coup porté n’étant, le regrettais-je, pas envoyé par Cary Grant, la chute n’étant pas, le regrettais-je, aussi amortie par un matelas judicieusement placé par l’accessoiriste compréhensif : on ne jouait plus.

DE LA GUERRE A L’ AMOUR DES SEXES

Article Suzanne Hope Illustration Margot De Perthuis

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L’ART ROSE

Mettre en scène deux siècles de « nu masculin », de 1800 à nos jours ? Tel est le challenge de Guy Cogeval, président du musée d’Orsay. Pein-tures, sculptures et photographies, présentées par thèmes, évoquent la fascination de la révélation du corps, la nudité du corps dans la nature et enfin son érotisation… A voir, la section « L’Homme désiré », où le désir homosexuel a naturellement une large place, comme l’illustre l’œuvre de Jean Delville « L’École de Platon ». Sublime!

L’homme nu dans l’art!

Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, 75007 Paris. Tél. : 01 40 49 48 14. Jusqu’au 2 janvier 2014.

Article : Marie-Cécile Cazenave

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L’ART ROSE

La passion de Rodin pour l’antiquité gréco-romaine n’a cessé de l’inspi-rer. Cette exposition offre un dialogue émouvant entre ses œuvres et les antiques de sa propre collection, sans oublier les prêts de musées exté-rieurs. Ainsi, le musée Rodin sort de ses réserves statues en bronze ou en marbre, à peine restaurées, vases et figurines grecques, étrusques ou ro-maines, soit 89 œuvres encore jamais montrées. A noter, le torse féminin agenouillé dans une coupe.

La lumière de l’antique

Musée Rodin, 79, rue de Varenne, 75007 Paris. Tél. : 01 44 18 61 10. Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014.

Article : Marie-Cécile Cazenave

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L’ART ROSE

Suivre les diktats des canons de la beauté ? Les femmes et les hommes s’y essaient depuis le XIVe siècle : au féminin, tailles de guêpe à frôler l’éva-nouissement, gorges pigeonnantes ; au masculin, torse artificiellement bombé, formes aux mollets et braguettes proéminentes. Autant d’artifices qui ont leurs adeptes à la Renaissance, comme ce « faux-cul », revisité par Vivienne Westwood, ou encore ce « strapontin » qui donnait aux femmes un sinueux profil d’oie !

Une histoire indiscrète de la silhouetteLa mEcanique des dessous

Musées des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 24 novembre 2013.

Article : Marie-Cécile Cazenave

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Sous le règne de Victoria, la Grande-Bretagne offre un contexte marqué de puritanisme. Un brin re-belles, les peintres Alma-Tadema, Burnes-Jones, Leigthton ou Rosseti célèbrent la femme idéale, éternel objet de désir, en héroïne antique ou médié-vale. Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Hauss-mann, 75008 Paris. Tél. : 01 45 62 11 59. Jusqu’au 20 janvier 2014.

DESIRS & VOLUPTE

A l’époque victorienne

Soixante dix modèles iconiques d’Azzedine Alaïa sont réunis pour une première rétrospective pari-sienne. Louise de Vilmorin, Arletty et Greta Gar-bo figurent parmi les fidèles, pour qui il réalisa des tenues sur mesure, en cuir, jersey et mousselines, d’une grande sensualité. Tel un sculpteur : « Quand je travaille le vêtement, il faut que ça tourne autour du corps, de profil et de dos ».Palais Galliera, 10, avenue Pierre-1er-de-Serbie, 75016 Paris. Tél. : 01 56 52 86 00. Jusqu’au 26 janvier 2014.

ALAIA GEORGES BRAQUEInitiateur du cubisme et inventeur des papiers col-lés, Georges Braque est l’une des figures de l’avant-garde du début du XXe siècle. À voir, «L’Oiseau noir et l’oiseau blanc », de 1960, en passant par la « Femme à la palette », et les « Canéphores », de 1922. Belle rétrospective !Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. Tél. : 01 44 13 17 17. Jusqu’au 6 janvier 2014.

DANS LA LIGNE DE MIRE

Scènes du bijou contemporain en FranceCinquante-cinq créateurs de bijoux contemporains présentent des pièces uniques, réalisées à la main. Cap sur les modèles couture, haute-bijouterie, ima-ginés par le designer Pierre Hardy pour la maison Hermès, ou les créations de l’anglais Shaun Leane, pour la maison Boucheron. Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Pa-ris. Tél. : 01 44 55 57 50. Jusqu’au 2 mars 2014.

LA RENAISSANCE ET LE REVE Bosch, Véronèse, Le GrecoLa clé des Songes ? Peintres et graveurs de la Re-naissance relèvent le défi de traduire l’onirique, sa-chant que le songe nous échappe… sauf au réveil ! La nuit fait surgir l’invisible, la liberté ou des visions infernales, à la manière de Jérôme Bosch.Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Pa-ris. Tél. : 01 40 13 62 00. Jusqu’au 26 janvier 2014.

Article : Marie-Cécile Cazenave

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LA LITTERATURE DE MARCEL

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LA LITTERATURE DE MARCEL

Fleurit actuellement dans nos librairies une multitude de romans à caractère érotique. Ils sont forts, ils évoquent tout haut ce qui s’est longtemps tu, ils alimentent avec succès les visions in-times de chacun. Mais trop souvent, ils dénaturent le quotidien et altèrent l’humanité de leurs protagonistes ; et peu à peu leur influence remplace le suggestif par le vulgaire. Éric Jourdan. Voilà un homme qui, quand il écrit, dévoile la véritable essence de la beauté nue et sculpte l’histoire à grands mots passionnés, comme inspiré par Éros lui-même. Là, vous lirez ce que les songes vous laissent seulement deviner ; vous percevrez, entre ses lignes, l’aura éthérée d’un corps alangui, la chaleur d’un souffle enhardi, l’émotion qui étreint un cœur, et la brise quand l’amour et le bonheur anéantissent la raison. Il n’y a aucune limite à sa rage d’aimer et, sou-vent, la folie gagne ses personnages ; il ne leur impose aucune règle et les expose aux plus dures extrémités de la vie. Tom, Fraîcheur, Pierre et Alcibiade, tous sont uniques et, par leur parfaite sincérité, représentent l’humanité tout entière, dans son innocence et sa cruauté. Lire Éric Jourdan, c’est parfois se plonger dans un long et doux poème en prose ; parfois se noyer dans un chaos de phrases vouées à la destruction. Ces lectures apaisent le cœur autant qu’elles troublent les sens, puis soudain, au détour d’une page, le couperet tombe ; le charme est rom-pu, la paix décapitée. Mais toujours, au creux de ses mots, se cache une beauté humaine et réaliste qui sublime les sens et la pensée. Une lecture en vaut une autre. Et bien sûr nul auteur ne peut contenter tous les esprits. Cependant, à ceux qui rêvent d’immerger leur âme dans un monde où seul l’amour s’exprime, par la violence crue d’une émotion comme par la ten-dresse d’un corps à corps, les textes amoureux d’Éric Jourdan sauront offrir cette satisfaction.

LES MAUVAIS ANGES 1955 - Éditions La Musardine Pierre et Gérard ont 17 ans ; un été, ils cèdent au désir et à la fougue, et s’engagent dans une lutte d’amour. « Les Mauvais anges » est un récit violent et tragique, où la passion ostentatoire de jeunes amants provoque la jalousie et la peur d’esprits cruels. Unis dans l’adversité, les amants découvrent brutalement l’impossibilité d’une fusion et la permanence de la solitude. Ainsi feront-ils de leurs vacances une longue et douloureuse quête de l’union absolue. « Nous avions en une nuit voulu connaître tous les secrets de l’amour ; et la rage pré-sidait à cette découverte, à tel point que l’aube éclaira dans ces corps repus, mais non rassasiés, deux jeunes amants doublement mâles par leur façon de se prendre et de se donner. » Format poche, 7,95 €. SACCAGE 1956 - Éditions La Musardine « Saccage » c’est l’histoire d’une initiation ; celle de Fraîcheur, un jeune homme spontané et séduisant qui, s’étant laissé troublé une fois par ses sens, se met en quête de jouissances. Ses errances le mènent parfois jusqu’à la débauche, mais son esprit pur et simple, sa fraîcheur en somme, fait de ces péripéties un creuset d’émotions où se mêlent la rudesse et la sensibilité. Ce roman sans détour, en subli-mant l’inconsciente beauté et l’impulsivité de Fraîcheur, met chaque lecteur à nu devant l’attraction du désir. « Je sais, se disait Fraîcheur, ils parlent de mes rêves, de mes désirs, de notre besoin d’infini. J’ai fait jaillir la source et moi je ne m’y désaltère plus. J’ai pris goût au poi-son de la chair, je suis un homme, je suis perdu. » 192 pages, 15,20 €.

L’ AMOUR BRUT 1993 - Éditions La Musardine Tom est un adolescent solitaire, révolté et sensuel. Livré à lui-même, entretenu par une famille lointaine, il découvre la peur et la fascina-tion qu’il provoque autour de lui, et s’offre à corps perdu à l’amour et au plaisir. « L’Amour brut » est le récit d’une vie en décalage, tout entière consacrée aux passions mortelles et aux amitiés inconditionnelles de ce garçon sans défense face aux émotions. « Brusque et tendre dès l’enfance, j’avais surtout contre moi d’être naturel ; on ne s’attendait pas à cette absence totale de réserve, à cette indifférence des conven-tions, on n’admettait ni le côté assuré ni le côté frondeur, on me re-prochait plus encore le charme tout court parce que cette vulnérabi-lité rendait les autres fragiles à leur tour. » Format poche, 10,95 €. SANS LOIS NI DIEUX 2010 - Éditions H&O « Sans lois ni dieux » est un récit autobiographie post-mortem, conté par la tête décapitée d’Alcibiade qui se remémore son pas-sé. Personnage provocant et sensuel, Alcibiade est un homme po-litique d’Athènes, mais aussi un conquérant des cités et des êtres. Ses souvenirs de batailles, d’intrigues politiques, d’amours et de passions nous guident à travers Athènes, aux côtés de l’homme qu’il était, éternellement jeune et libre à tout prix. Éric Jourdan, à travers le spectre mourant d’un personnage antique, nous livre un conte d’indépendance et d’audace indécente. Format poche, 6,56 €.

QUAND LES MOTS EVEILLENT LES SENS

Article et illustration Margot De Perthuis

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LA NUMEROLOGIE ROSE

Numérologue Madame Pousse

1 Soyez vigilant et organisé, le travail prime sur tout. Patience et rigueur .N’entreprenez rien de nouveau. Finaliser ce qui a été commencé. Blocage ou stagnation sur le plan sentimental. Attention au surmenage.

2 Tout démarre plein pot ! Les contacts se multiplient. Soyez circonspect et réfléchi devant l’imprévisible alléchant. Sur le plan affectif, l’instabilité règne. Côté santé : nervosité et stress à combattre par exemple,

par le yoga.

3 Période de responsabilités professionnelles et/ou fa-miliales. Des résultats appréciables sont obtenus sur les affaires engagées précédemment. Affectivement, la période est favorable. Côté santé, veillez à votre

forme physique, faites un peu de sport pour faire tomber le stress.

4 C’est le moment de prendre quelques jours de vacances loin du bruit et du tumulte. Une surprise agréable peut surgir, même sur le plan financier. Si-non, au pire, le calme règne. Il en est de même pour

le domaine sentimental. Santé : Repos et sieste conseillés.

5Ce mois est beaucoup plus concret mais comporte des risques financiers qui s’estompent en fin de mois. Un voyage pour affaire est possible. L’affectif connaît une période favorable. La santé est bonne. Prudence

sur la route.

Pour calculer votre nombre personnel en 2013, procéder comme suit :

Exemple : vous être né(e) un 23 mai (5ème mois de l’année) : 23 + 5 = 28 Au nombre obtenu ajouter le 6 (correspondant à l’année 2013) : 28 + 6 = 34

Additionner le résultat obtenu, de façon à n’obtenir qu’un seul chiffre soit : 3 + 4 = 7Votre nombre personnel est donc le 7.

6Mois d’aboutissement de contrats ou d’accords. Un point final est mis à certaines situations. Période consacrée en priorité aux autres. Rencontres étran-gères. Tensions émotionnelles. Malgré le stress et la

nervosité, la santé est bonne.

7 Mise en route concrètes des stratégies élaborées dans les périodes précédentes. C’est le moment de se mettre sur le devant de la scène. Le domaine financier requiert de la prudence. Il naît peut-être

une sensation d’isolement sentimental. Au niveau santé, la vitalité domine.

8 La période fait ressortir les échanges avec les autres. Contrairement au mois précédent, il faut éviter de se mettre en avant. Les finances connaissent des fluctuations et le domaine sentimental est quelque

peu chahuté. Niveau santé, une fatigue passagère se fait sentir.

9Enfin, se manifestent un peu de légèreté, des contacts positifs et des éclaircissements de situation. Des affaires anciennes aboutissent. Une rencontre affective est possible et les soucis s’envolent. La santé

elle aussi s’améliore : attention cependant aux extinctions de voix.

DECEMBRE 2013

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Illustration Hybride réalisée par David Despau, représenté par l’agence Colagene.com, LAGAZETTEDEMARCELROSE.FR // FACEBOOK.COM/LAGAZETTEDEMARCELROSE //LAGAZETTEDEMARCELROSE.TUMBLR.COM