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ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée • Mali • Mauritanie • Niger • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • République Centrafricaine • Togo www.rocare.org/ www.ernwaca.org SUBVENTIONS DE RECHERCHE ROCARE 2011 La Formation Professionnelle dans l’Enseignement Supérieur et le Marché d’Emploi en Centrafrique. Parrain scientifique Dr Emmanuel MBETID MBESSAN, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Chercheurs ANDAKPAOUE Benjamin, Chercheur Principal, Enseignant assistant ADIALO Djémila Jestéva, Etudiant en Master 1 YANEPADA Christophe, Etudiant en Master 1 YAKETE WETONNOUBENA, Jean Cyriaque Parfait, Etudiant en Master 1 Pays République Centrafricaine Recherche financée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE) avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas

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Page 1: La Formation Professionnelle dans l’Enseignement Supérieur ... · l’individu, son sexe, son niveau d’instruction, sa spécialité (ou filière) ou la catégorie socioprofessionnelle

ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée •

Mali • Mauritanie • Niger • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • République Centrafricaine • Togo www.rocare.org/ www.ernwaca.org

SUBVENTIONS DE RECHERCHE ROCARE 2011

La Formation Professionnelle dans l’Enseignement Supérieur et le Marché d’Emploi en Centrafrique.

Parrain scientifique

Dr Emmanuel MBETID MBESSAN , Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

Chercheurs

ANDAKPAOUE Benjamin, Chercheur Principal, Enseignant assistant ADIALO Djémila Jestéva , Etudiant en Master 1 YANEPADA Christophe, Etudiant en Master 1 YAKETE WETONNOUBENA, Jean Cyriaque Parfait , Etudiant en Master 1

Pays

République Centrafricaine

Recherche financée par le

Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Edu cation (ROCARE)

avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA

et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas

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I. INTRODUCTION

Depuis quelques décennies dans la plupart des pays africains

subsahariens en général, et en République Centrafricaine en particulier,

l’insertion professionnelle des jeunes a subi de profondes mutations. Les

jeunes diplômés entrent plus tard et avec plus de difficultés sur le marché

du travail. La faille entre la sortie d’une formation professionnelle et

l’entrée sur le marché du travail est moins nette qu’auparavant du fait du

développement du travail pendant les études et de formules qui combinent

emploi et formation.

Cette observation conduira à analyser le rôle de la formation

professionnelle dans le processus d’insertion des jeunes. Les conditions et

les modalités d’insertion des jeunes diplômés ne sont pas, en effet,

indépendantes du fonctionnement du système de formation. De

nombreuses études au niveau international relatives à la formation

professionnelle ont mis en exergue que les performances en matière

d’insertion des jeunes diplômés sont positivement liées au degré

d’implication des entreprises dans l’offre de formation professionnelle.

La mise en évidence de difficultés d’insertion importantes pour les

jeunes diplômés conduit à s’interroger sur la capacité des structures de

formation professionnelle à offrir à ces jeunes des qualifications et des

compétences recherchées par les entreprises.

II. Contexte et problématique

2.1. Contexte de l’étude

La question de la formation professionnelle dans l’enseignement

supérieur en Afrique est un sujet d’actualité qui passionne beaucoup les

chercheurs, les experts de la coopération internationale d’une manière

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générale, et en particulier ceux en ingénierie de la formation professionnel-

le.

La formation professionnelle au niveau supérieur joue un rôle décisif

du fait que ceux qui sont formés auront un diplôme de l’enseignement

supérieur, sanctionné par un moment de stage pratique.

L’insertion professionnelle des jeunes reste soumise à des enjeux

politiques majeurs, notamment à la qualité de la formation reçue en milieu

universitaire.

La diversification des parcours d’apprentissage, l’amélioration de

l’employabilité des jeunes impliquent souvent un renforcement des liens

école/entreprise, des programmes de formation professionnelle des jeunes

et des services d’orientation professionnelle et de placement. Les primes à

l’emploi sont aussi régulièrement utilisées pour encourager le recrutement

des jeunes travailleurs. Malgré le coût relativement élevé, l’enseignement

et la formation professionnelle universitaire figurent en bonne place dans

l’ordre des priorités des politiques. Il faut commencer par améliorer les

données et les systèmes d’information sur les coûts et le financement de

l’enseignement supérieur en milieu universitaire. La formation apporte aux

apprenants les compétences, les aptitudes indispensables au monde

professionnel et facilite, ce faisant, l’accès à l’emploi.

Le véritable défi consiste à préparer les jeunes à l’apprentissage tout

au long de leur vie, afin de préserver leur employabilité à long terme et

d’encourager une citoyenneté active. Au-delà des besoins immédiats du

marché du travail, une transition réussie implique de préparer les jeunes à

cet apprentissage permanent face à un marché du travail de plus en plus

instable. Il faut donc impérativement permettre à ceux qui ont décroché un

diplôme de réintégrer le système, favoriser l’adaptation et les recyclages

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des travailleurs et répondre à la demande de ceux qui veulent apprendre

par plaisir. Cette réalité implique une remise à niveau des systèmes de

qualification et la reconnaissance officielle de l’apprentissage en milieu

universitaire.

On constate, dans l’ensemble, que des jeunes mieux éduqués et

mieux formés contribuent à la croissance économique et à l’emploi, à des

améliorations dans le domaine de la santé et à un engagement politique

constructif. Or, la complexité des relations entre éducation des jeunes et

développement rend toute évaluation et, à fortiori, toute prévision de

l’impact des politiques publiques très délicates.

Plus que l’enseignement général, la formation professionnelle est un

domaine privilégié de partenariat avec le secteur privé. Dans de nombreux

pays, les acteurs privés sont légions et les accords pour un apprentissage,

pour une formation sur le tas sont fréquents. Dans certains cas, les

entreprises sont légalement tenues de contribuer à la formation

professionnelle. Dans d’autres, les établissements privés supérieurs

préfèrent développer les domaines d’enseignement où la demande est for-

te et qui nécessitent un minimum d’investissement à savoir : la comp-

tabilité, la gestion, les banque-finances, etc.

La mise en valeur de la formation professionnelle en milieu

universitaire devient un problème majeur de toutes les économies du mon-

de. A cet effet, les universités du monde en général, et en particulier celles

de l’Afrique Centrale cherchent à promouvoir le développement de cette

dernière afin de mettre à la disposition du marché de travail du person-

nel qualifié et les adapter aux besoins du marché. A l’instar des autres

pays du monde, la Centrafrique, dans l’intérêt de la relance de son écono-

mie, met à la disposition du public centrafricain plusieurs formations pro-

fessionnelles.

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La République Centrafricaine est un pays enclavé en Afrique

Centrale, qui s’étend sur une superficie de 623.000 km2. Bangui, la

Capitale et principale ville économique du pays se trouve à 1400 km du

Port de Douala. Selon le Recensement Général de la Population et de

l’Habitat (RGPH)1 en 2003, la population de la RCA est estimée à environ

4.500.000 en 2010, dont la population active est environ 2.000.000. Le

nombre de demandeurs d’emploi qui se déclarent annuellement est estimé

en moyenne à 7.000. Le taux de chômage depuis 2001 oscille autour de

8%2. Ce faible taux ne reflète pas la réalité, pour la simple raison qu’en

République Centrafricaine, l’emploi est beaucoup plus masqué par le

sous-emploi.

Par ailleurs, la recherche des voies et moyens pour le

développement harmonieux de sa population reste un problème crucial. Ce

problème touche particulièrement l’enseignement supérieur qui forme des

cadres afin de les mettre à la disposition du marché de travail centrafricain.

A l’origine, l’enseignement moderne a été introduit en Oubangui-

Chari comme un peu partout en Afrique par les missionnaires religieux. Sa

mission première n’était pas « civilisatrice » mais avait pour but d’assurer le

suivi de la communauté européenne et permettre l’exploitation de la

colonie notamment avec l’aide d’un personnel d’appui local. De toute

évidence, ce sont les missions catholiques de Saint-Paul, des Rapides qui

ont commencé l’alphabétisation en Oubangui-Chari, en formant des jeunes

susceptibles de devenir catéchistes mais aussi des maçons, menuisiers ou

cuisiniers (carrières).

Ainsi, en 1907, l’Arrêté n° 81 du Gouvernement du t erritoire organise

à Bangui un cours du soir, qu’on dispense gratuitement dont la

1 RGPH 2003 2 RGPH 2003

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fréquentation est « obligatoire pour les indigènes au service de

l’administration coloniale ».

En outre, l’Ordonnance n°69/063 du 12 mars 1969, a placé

l’enseignement supérieur sous la tutelle du Ministère de l’Education

Nationale, de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique (MENERS).

A cette époque, la seule structure publique de l’enseignement supérieur

était l’Université de Bangui avec pour objectif de former dans les divers

domaines, notamment, l’économie, le droit, la linguistique, la santé, la

science et la technologie. Une trentaine d’années plus tard, plusieurs

établissements de formation professionnelle naissent, à savoir : l’Institut

Scientifique et Technologique (IST), l’Institut Universitaire de Gestion des

Entreprises (IUGE), l’Office National d’Informatique (ONI), le Collège

Préparatoire International (CPI), le NEWTECH Institut, la Haute Ecole de

Gestion et de Comptabilité (HEGC), le Centre de Formation en

Informatique et Maintenance des Ordinateurs (CFIMO), Institut

International de Management (IIM), l’Ecole Supérieure de la Formation

Professionnelle (ESUFOP) et la Faculté des Sciences Economiques et de

Gestion (FASEG) pour ne citer que ceux-là.

2.2. Problématique

De nos jours, l’enseignement est un moyen qui permet à l’Homme

d’acquérir des connaissances théoriques, des savoir-faire et des

savoir-être. La mise en œuvre des connaissances acquises dans un pays

demeure primordiale, car il favorise le développement du capital humain.

Mais force est de constater que l’enseignement reste tributaire d’une

absence de volonté politique des autorités, gouverneurs dans les pays en

voie de développement en général, et en particulier la République

Centrafricaine.

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C’est pourquoi, la formation professionnelle dans l’enseignement

supérieur en RCA ne répond pas totalement aux besoins du marché de

travail. Ainsi, la préoccupation majeure de cette étude consiste à se poser

la question suivante : « Comment faire pour qu’il y ait adéquation

formation-emploi ?».

III. Objectifs et hypothèses

3.1. Objectifs

L’objectif principal de notre étude consiste à présenter le rapport en-

tre la formation professionnelle dans l’enseignement supérieur et le

marché de l’emploi en RCA. De cet objectif principal, découlent quatre

objectifs spécifiques à savoir :

� Analyser le système de formation professionnelle dans

l’enseignement supérieur ;

� Etudier le marché de l’emploi en Centrafrique ;

� Rechercher l’adéquation formation professionnelle et le marché de

l’emploi ;

� Déterminer les facteurs qui favorisent l’insertion des diplômés de la

formation professionnelle.

3.2. Hypothèses de l’étude

Conformément à nos quatre objectifs spécifiques nous avons émis

quatre hypothèses :

Hypothèse 1 : Le système de la formation professionnelle en

République Centrafricaine au niveau de l’enseignement supérieur

serait peu diversifié ;

Hypothèse 2 : L’adéquation formation emploi serait adaptée ;

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Hypothèse 3 : Le marché de l’emploi serait étroit ;

Hypothèse 4 : L’insertion des diplômés issus de la formation

professionnelle serait influencée par des facteurs tels que l’âge de

l’individu, son sexe, son niveau d’instruction, sa spécialité (ou filière)

ou la catégorie socioprofessionnelle des parents.

IV. Méthodologie de recherche

4.1. Choix du site

Pour ce travail de recherche, nous avons choisi comme terrain de

l’étude la ville de Bangui. Ce choix découle des opportunités dont ce site

dispose pour notre étude.

Bangui est la capitale de la République Centrafricaine. Elle est située

au Sud-ouest du pays avec une densité de 9.295 habitants/km2. Cette ville

représente le 1/6 de la population totale. Une bonne partie des activités

économiques sont concentrées dans la Capitale. Ensuite, la majorité des

établissements supérieurs de formation professionnelle s’y trouve.

4.2. Techniques de collecte des données

Les données utilisées dans cette étude sont issues de plusieurs

sources au nombre desquelles nous pouvons citer :

• les consultations des documents administratifs et bibliographiques ;

• un questionnaire administré aux établissements supérieurs de

formation professionnelle visant à apprécier (ou appréhender) l’offre

de formation ;

• un entretien avec les diplômés visant à rechercher des stratégies

d’insertion.

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4.3. Taille d’échantillon

Cette enquête se base sur un échantillon de 112 personnes environ,

toutes ressortissantes des établissements supérieurs de formation

professionnelle. En outre, nous nous sommes entretenus avec quelques

responsables administratifs de la formation professionnelle et cadres de

l’Agence Centrafricaine de Formation Professionnelle et de l’Emploi (ACF-

PE). L’âge de ces enquêtés varie de 20 à 48 ans, l’âge moyen étant

d’environ 28 ans. La moitié d’entre eux a moins de 27 ans.

Pour notre échantillon, les variables de quotas retenues sont l’âge et

le sexe. Les données de cette enquête ont également subi un

redressement pour tenir compte des proportions liées au sexe,

la répartition selon l’âge étant supposée uniforme pour les deux sexes.

V. Résultats de l’étude

Comme il est susdit, l’enquête a porté sur un échantillon de 112

individus tous ressortissants des établissements supérieurs de formation

professionnelle, dont 60 % de femmes. Cette proportion est, en effet, celle

que l’on rencontre de manière globale dans ces établissements à Bangui.

L’âge de ces enquêtés varie de 20 à 48 ans, l’âge moyen étant d’environ

28 ans. La moitié d’entre eux a moins de 27 ans.

5.1. Degré de diversification de la formation

Plus de la moitié des enquêtés (54,4 %) ont été formés soit à l’Institut

Newtech ou à la Haute École de Gestion et de Comptabilité qui sont, de

toute évidence, les deux plus grands établissements en la matière, en ter-

mes d’effectifs. Ces établissements, comme bien d’autres, sont

spécialisés dans les formations axées sur la comptabilité, la gestion, et

l’informatique dans une certaine mesure. Le diplôme le plus répandu,

d’après les résultats de cette étude est celui du BTS, détenu par 55,4 %

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des enquêtés. Les titulaires d’une licence (ou d’un diplôme d’ingénieur de

travaux) et d’un master 1 représentent respectivement 24,3 % et 14,7 %.

Les domaines de prédilection demeurent les métiers liés à la comptabili-

té/gestion (30%) ou à ceux de la banque, de la finance, des assurances et

de l’audit (27,4%). L’informatique, les réseaux et télécommunications

viennent respectivement en troisième et quatrième position. Les cinq

filières les plus choisies concentrent ainsi, à elles seules, la quasi-totalité

des diplômés (85 %). Cette forte concentration dans un petit nombre de

domaines de formation atteste de la faible diversification de l’offre de

formation professionnelle en Centrafrique.

Tableau 1: Répartition des diplômés selon les domaines de formation

Filières Pourcentage Pourcentage cumulé

Comptabilité/Gestion/Economie 30,0 30,0

Banque/Finance/Audit/Assurance 27,4 57,4

Informatique/Statistique 10,1 67,5

Réseaux et télécoms 9,6 77,1

Marketing/Commerce 7,9 85,0

Administration/Management 7,2 92,2

Soins infirmiers/Enseignement/Hôtellerie 3,1 95,3

Mécanique/Électromécanique/

Électronique/Électricité 3,0 98,3

Bâtiments et travaux publics 1,8 100,0

Total 100,0 -

5.2. Adéquation de la formation professionnelle à l ’emploi

On note que près de 67% des jeunes titulaires d’un diplôme de

l’enseignement professionnel supérieur exercent une activité de production

de biens ou de services. Les 33 % restants sont soit au chômage ou sont

des inactifs. Il s’agit, pour ce dernier cas, des personnes disposant déjà au

moins d’un BTS, n’ayant pas encore d’emploi et qui poursuivent leurs étu-

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des. Toutefois, seuls 45 % des enquêtés ont un emploi dans une

structure formelle c’est-à-dire une structure qui tient une comptabilité au

sens de l’OHADA et a un numéro de contribuable. Les autres travailleurs

mènent de petites activités informelles relevant pour la plupart de l’auto

emploi. Les principaux employeurs sont l’Etat, à travers les administrations

et les entreprises publiques (33,5 %), les agences de voyage, de publicité,

de sécurité et de medias (18 %), le commerce, les boulangeries et les

pharmacies (14,9 %), les compagnies de téléphonie mobile (12 %), les

banques et les établissements de micro finance (11 %).

Pour arriver à s’insérer, la plupart des individus ont dû affronter et ré-

ussir des concours (43,6 %), d’autres ont recouru aux services de l’Agence

Centrafricaine de Formation Professionnelle et de l’Emploi (ACFPE), une

structure publique de formation et de placement (9,7 %). Mais bien souvent

aussi, le déclic est venu des stages (19,3 %), des contacts di-

rects avec l’employeur (13,9 %) ou des relations (13,6 %).

Graphique 1: Les moyens d’insertion des diplômés de l'enseignement pro-

fessionnel supérieur

Une préoccupation majeure qui concerne la quasi-totalité du système

éducatif et peut-être la formation professionnelle un peu plus que les au-

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tres composantes est celle de l’adéquation formation - emploi.

Le Directeur Général de l’ACFPE3 que l’on peut considérer comme un

partenaire privilégié des employeurs, a souvent attiré l’attention sur cette

situation. Mais de l’avis de 80 % des travailleurs ressortissants de la

formation professionnelle offerte par l’enseignement supérieur, la formation

reçue serait parfaitement adaptée à l’emploi qu’ils exercent. Toujours est-il

que 98,7% des travailleurs souhaiteraient encore se former et ce pour trois

raisons principales : changer d’emploi (71,2 %), avoir de nouvelles

responsabilités (19,3 %), gagner plus (9,5 %).

5.3. Etroitesse du marché de l’emploi

L’offre de travail en Centrafrique, comme dans de nombreux pays en

développement, est abondante de manière évidente. Les difficultés qui

méritent d’être relevées du côté de l’offre vont de l’absence ou de

l’insuffisance des qualifications à une formation peu diversifiée voire

inadaptée. De ce point de vue, l’exiguïté (étroitesse) du marché de l’emploi

serait plutôt à voir du côté de la demande de travail. En face d’une

population active nombreuse4, les offres d’emplois décents demeurent

limitées à tel point que le chômage et le sous-emploi persistent. Il n’y a pas

à ce jour d’étude fiable permettant d’apprécier l’ampleur de ces deux

phénomènes mais ils sont bien réels.

De façon générale, les administrations publiques représentent le plus

grand pourvoyeur d’emplois. Même pour les ressortissants des instituts

supérieurs de formation professionnelle, l’Etat à travers l’administration et

les entreprises publiques ainsi que les collectivités territoriales (mairies…),

est de loin le premier employeur.

3 Le Réseau africain des institutions et fonds de formation professionnelle (ACFPE) (Xinhuanet 26/08/2001) 4 Plus de la moitié de la population (soit environ 2 millions) est en âge de travailler. Les personnes de plus de 15 ans représentent en effet 50% de la population d’après le RGPH de 2003)

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Tableau 2: Importance relative des employeurs des diplômés de l'enseignement supérieur professionnel

Employeurs Pourcentage Pourcentage cumulé

Etat/Entreprises publiques/Collectivités 33,5 33,5

Agences de voyages/Publicité/Sécurité/Medias/Services di-vers 18,0 51,5

Commerce/Boulangerie/Pharmacie 14,9 66,4

Compagnies téléphoniques 12,0 78,4

Banques/Microfinances/Transfert 11,0 89,4

ONG/Organismes internationaux/Multinationales 8,1 97,5

Enseignement 2,6 100,0

Total 100,0 -

5.4. Analyse du choix de formation et des stratégie s d’insertion selon le genre

L’analyse du choix des domaines de formation révèle que les

préférences varient suivant le sexe. Alors que les femmes sont

quasi-introuvables dans les secteurs des BTP, de l’électricité, de

l’électronique et de l’électromécanique, elles sont de loin majoritaires dans

les métiers de la banque et du marketing. Elles sont également plus

nombreuses dans les domaines de la comptabilité et de la gestion, dans

celui de l’administration, du management et du commerce.

Comparées aux hommes, les femmes sont trois fois plus nombreu-

ses à détenir le BTS. Des titulaires d’une licence professionnelle ou d’un

diplôme d’ingénieur de travaux, l’effectif des femmes atteint la moitié de

celui des hommes. Cet effectif des femmes représente à peine le tiers de

celui des hommes au niveau du master 2.

On constate, par ailleurs, que les femmes s’insèrent facilement dans

l’administration et les entreprises publiques, dans les agences de voyage,

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de publicité, … Il y a également une légère différence en leur faveur dans

les métiers de la banque. Les hommes sont cependant plus présents dans

l’enseignement, dans les compagnies de téléphonie mobile ou encore dans

les grandes multinationales, les ONG et les organismes internationaux

ainsi que dans le commerce, les boulangeries et les pharmacies.

Au niveau des stratégies d’insertion, on peut relever quelques

différences entre les hommes et les femmes. Ces dernières sont plus

nombreuses à utiliser le canal de l’ACFPE, celui des stages ou encore les

contacts directs avec l’employeur pour s’insérer. Les hommes, quant à eux,

recourent un peu plus que les femmes aux parents, aux relations et aux

concours. Alors que les travailleuses, titulaires d’un diplôme de

l’enseignement professionnel supérieur souhaitent davantage se former

pour pouvoir changer d’emploi, bon nombre d’hommes espèrent qu’une

formation supplémentaire pourrait leur permettre d’accroître leurs revenus.

5.5. Étude des proximités (ressemblances/dissemblan ces) au moyen d’une ACM

Au-delà de deux ou trois dimensions, il devient de plus en plus

difficile d’apprécier les proximités entre les individus d’une part et les varia-

bles de l’autre. Cette réalité n’est qu’une caractéristique de l’œil humain qui

ne peut comparer aisément les positions de point situées dans un

espace à 3 dimensions ou plus. Il est alors nécessaire pour des études

impliquant plus de trois variables de recourir à des techniques d’analyse

des données ou à celles de l’économétrie.

L’analyse des données offre plusieurs méthodes d’analyse d’un nua-

ge de points. Les principales sont : l’ACP (Analyse en Composantes Prin-

cipales), l’AFC (Analyse Factorielle des Correspondances), l’ACM (Analyse

des Correspondances Multiples), l’AD (Analyse Discriminante) et la classi-

fication pour ne citer que celles-là. L’ACP, l’AFC et l’ACM reposent sur un

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principe simple de projection. Elles consistent à projeter des données

situées dans un espace de dimension plus grande que trois sur un autre de

dimension réduite, 2 par exemple, afin de pouvoir procéder à l’analyse des

proximités. Ces méthodes sont comparables à une photo-

graphie que l’on fait sur une personne, un animal ou un objet. Selon que

l’angle de prise a été bien choisi, la plupart des caractéristiques de la per-

sonne, de l’animal ou de l’objet photographié vont apparaître. Mais on y

perd toujours de l’information. Si l’on a choisi par exemple de

photographier de face un individu, existant initialement en dimension 3, l’on

ne verra pas son dos sur le cliché, en dimension 2. Si l’on effectue le

mauvais choix, de faire une prise aérienne d’un individu debout, en se

plaçant à la verticale, c’est-à-dire au-dessus de sa tête, on risque de ne

pas reconnaître cet individu tant les informations perdues sont grandes. Il

convient donc de retenir des espaces de projection adaptés pour pouvoir

expliquer le nuage. En ce qui nous concerne, nous retiendrons pour

l’interprétation, les premiers plans factoriels car ceux-ci captent en général

le maximum d’information contenu dans le nuage.

Tandis que l’ACP s’applique sur des variables quantitatives, l’AFC

s’applique sur un couple de variables qualitatives et l’ACM, qui est une

généralisation de l’AFC, prend en compte un plus grand nombre de varia-

bles qualitatives (deux variables ou plus).

Nous retenons pour cette phase de notre analyse, une ACM qui porte

sur les variables suivantes :

• Variables actives (Sexe, diplôme, filière ou domaine de formation,

Nom du dernier établissement fréquenté, Nom de l’employeur,

Moyens d’insertion, Travail du père) ;

• Variable illustrative (Insertion).

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L’analyse comporte donc 7 variables pour un total de 59 modalités. Mettre

en supplémentaire une variable que l’on appelle variable illustrative est une

procédure qui consiste à ne pas la faire participer directement à la

constitution des nouveaux axes d’analyse. Ainsi, la variable Insertion dont

les deux modalités sont : travailleur ou sans emploi/inactif apparaît dans

les graphiques grâce à ses nouvelles coordonnées sur les axes définis par

les variables actives.

Le premier plan factoriel de notre ACM explique 14 % de l’information

totale, ce qui est une valeur relativement élevée vu le grand nombre de va-

riables et surtout de modalités. Si la répartition de l’inertie totale du nuage

avait été égalitaire, chaque axe aurait comporté environ 1,7 % de cette

inertie soit 3,4 % pour deux axes (100 % / 59).

Graphique 2: Représentation du premier plan factoriel

Sur ce graphique, les modalités des variables actives et illustratives

sont représentées par des symboles différents. Les actives sont

représentées par des signes de croix. Plus la taille de ces croix est grande,

meilleure est la représentation de la variable concernée (ou de la modalité

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concernée). On ne peut interpréter que des proximités entre les variables

les mieux représentées.

Nous observons à la lecture du graphique que le premier axe factoriel

oppose l’Institut Supérieur des Technologies (IST) qui offre des formations

conduisant au diplôme d’ingénieur de travaux dans les domaines du génie

industriel et du génie des télécommunications aux instituts proposant des

formations de marketing. Alors que les ressortissants de l’IST sont pour la

plupart des hommes travaillant pour le compte des compagnies de

téléphonie mobile, les détenteurs d’un BTS en marketing qui sont

majoritairement des femmes sont sans emploi. Le deuxième axe fait

ressortir une opposition entre les formations dans les domaines de la santé

et de l’enseignement à celles du marketing, des réseaux et

télécommunications et du génie industriel. L’on constate que les étudiants

dont les pères sont cultivateurs ou pêcheurs apprécient les premiers types

de formation.

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Graphique 3 : Représentation du deuxième plan factoriel

Le deuxième plan factoriel qui renferme 13,7 % de l’inertie totale

confirme l’interprétation faite dans le premier. On note, en plus, une

proximité entre les formations dans les domaines de l’administration, du

management et les métiers d’assistante de direction, avec l’Etat et les

entreprises publiques comme principal employeur.

Graphique 4: Représentation du troisième plan factoriel

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L’axe vertical de ce troisième plan factoriel (13,4 % de l’inertie totale)

révèle une opposition entre les titulaires d’un master 2 et les assistantes de

direction ou les titulaires d’un diplôme en réseaux et télécoms. Les uns

sont sollicités par les banques, les établissements de microfinance ainsi

que les ONG, les organismes internationaux et les grandes multinationales

telles qu’AREVA. Ils s’insèrent généralement au moyen des concours. Les

autres s’insèrent plus facilement dans la fonction publique et les

entreprises d’Etat à la faveur des stages ou des contacts directs avec

l’employeur.

Étant donné que l’on observe un décrochage entre la quatrième et la

cinquième valeur propre, l’on peut, en utilisant la règle du coude, limiter

l’interprétation du nuage aux plans 1-2, 1-3, 1-4, 2-3 et 2-4. Certains de ces

plans factoriels n’apportent cependant pas de nouvelles informations.

5.6. Analyse des facteurs influençant l’insertion d es diplômés de la formation professionnelle

L’objectif ici est de vérifier au moyen d’une régression logistique si les

facteurs tels que le sexe, l’âge, la catégorie socio professionnelle des

parents, le dernier établissement fréquenté, le diplôme, le domaine de

formation ou la filière ainsi que les stratégies de recherche d’emploi ont

une influence sur les chances qu’a un individu de pouvoir s’insérer (Cf.

Annexes, Tableau 3).

La méthode de l’analyse discriminante est une alternative valable à

celle de la régression logistique. Toutefois cette dernière a l’avantage,

d’une part, de pouvoir être facilement mise en œuvre et bénéficie d’autre

part, d’intéressants d’outils d’analyse tels que les odds ratios et les effets

marginaux qui enrichissent l’interprétation.

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Les résultats de cette régression sont présentés dans le tableau qui

suit.

Tableau 4 : Résultats de la régression logistique

Insertion Odds Ratio z P-value

Sexe_2 3,634129 1,38 0,166

Age 0,0366534 -1,59 0,111

Diplôme_2 2,802553 1,11 0,268

Diplôme_3 14,95095 2,50 0,012

Diplôme_4 38,81978 1,95 0,051

Filière_1 1,27x10-9 -6,41 0,000

Filière_3 0,238939 -0,54 0,586

Filière_4 4,58x10-9 -8,53 0,000

Filière_5 38,72945 2,23 0,025

Filière_7 0,7162531 -0,35 0,730

Père_2 2,030716 0,31 0,756

Père_4 0,2011124 -1,20 0,231

Père_5 0,0941938 -1,90 0,058

Père_7 8,811155 0,81 0,419

Père_8 0,5047397 -0,59 0,554

Père_9 1,694563 0,48 0,631

Père_10 1,641698 0,43 0,666

Père_12 0,3148612 -1,01 0,314

Etablissement_2 0,4084261 -0,98 0,328

Etablissement_3 8,8948 1,52 0,129

Etablissement_5 2,76x108 7,48 0,000

Etablissement_7 2,11x109 7,34 0,000

Etablissement_8 0,0798608 -1,58 0,114

Etablissement_9 0,3727456 -0,39 0,695

Etablissement_10 0,0701672 -0,68 0,500

Etablissement_13 0,0359727 -1,94 0,053

Etablissement_15 7096952 . .

Agecarré 1,067603 1,70 0,089

5.6.1. Qualité de l’ajustement

L’estimation du modèle est faite au moyen de la méthode du

maximum de vraisemblance. Le pseudo R² de Mac Fadden vaut 0,4063.

Cette statistique qui joue le rôle du coefficient de détermination dans les

modèles linéaires varie de 0 à 1. Plus elle est proche de 1 et plus

l’ajustement est supposé bon. Mais s’agissant des modèles de régression

logistique, le R2 de Mac Fadden est généralement faible. Il est donc

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fréquent de recourir au test de Wald, au LM (Lagrange Multiplier) test ou au

LR (Likelihood Ratio) test pour juger de leur qualité. Seulement, ni les

statistiques de Wald, ni la p-value associée n’est affichée. Ce désagrément

est dû à l’utilisation des options pw pour la pondération et ro pour obtenir

des estimations de coefficients robustes même en présence

d’hétéroscédasticité. La lecture d’une table de Khi-deux montre toutefois

que le modèle est globalement explicatif au seuil de 5 %.

Le LR chi2(27) ou Likelihood Ratio(LR) Chi-deux est une statistique

qui se calcule en multipliant par 2 la valeur absolue de la différence entre la

valeur du maximum de vraisemblance du modèle nul (c’est-à-dire du

modèle sans variable explicative) et la valeur du maximum de vraisem-

blance du modèle final (modèle qui inclut tous les variables explicatives

spécifiées). Cette statistique suit la loi de Chi-deux. Elle vaut ici : 2*(77,12 –

35,73)= 82,78. Or le Chi-deux lu au seuil de 5 % et à 27 degrés de liberté

est de 16,2. Le LR chi2(27) étant supérieur à cette dernière valeur, nous en

déduisons que le modèle est globalement explicatif.

5.6.2. Interprétation des résultats

Il apparaît, à la lecture du tableau ci-dessus que, de manière globale,

le sexe n’est pas un facteur discriminant à l’embauche des diplômés de

l’enseignement professionnel supérieur. Toutefois, les femmes ont une

chance de s’insérer plus facilement sur le marché de l’emploi. Les données

à notre disposition ne nous permettent pas non plus d’affirmer que

l’augmentation de l’âge soit un obstacle à l’insertion, au seuil de 5 %. On

peut cependant affirmer avec un risque d’erreur relativement élevé (environ

11 %), que l’augmentation de l’âge réduit les chances d’insertion

professionnelle. Nous notons également que, comparativement aux

détenteurs d’un BTS, les titulaires du master 1 et du master 2 ont

respectivement 15 et 39 fois plus de chances de s’insérer. Ainsi, les

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détenteurs d’autres diplômes tels que BTS et Licence ont intérêt à

poursuivre leurs études au niveau de Master 1 et Master 2, afin d’avoir plus

de chance de l’insertion. On remarque, par ailleurs, que les titulaires d’un

diplôme dans les domaines du génie industriel, des réseaux et télécoms

ont moins de chance de s’insérer par rapport à ceux ressortant des filières

de comptabilité/gestion/économie. Aussi, les formations dans

l’administration, le management et le commerce offrent-elles de plus gran-

des facilités d’insertion.

Il apparaît, cependant, que la catégorie socio professionnelle du père

n’exerce pas une influence notable sur l’insertion des jeunes diplômés de

l’enseignement supérieur professionnel. Cette réalité peut s’expliquer par

la place prépondérante que prennent les concours dans les processus de

recrutement. La seule opposition qui mérite d’être relevée est celle existant

entre les enfants des commerçants et opérateurs économiques, d’une part,

et ceux dont les parents sont médecins, enseignants du supérieur,

magistrats, ingénieurs ou tous autres cadres supérieurs de la fonction

publique, d’autre part. Les premiers ont relativement moins de chance de

s’insérer que les seconds.

Le dernier établissement fréquenté s’affiche en outre comme un

facteur déterminant l’insertion professionnelle. Sans vouloir faire de

publicité, nous ne pouvons passer sous silence le fait que les

ressortissants de l’Institut Supérieur des Technologies (IST), de l’Institut

Moderne des Métiers Spécialisés (IMMS) et de l’Institut International de

Management (IIM) ont plus de chances de s’insérer que les autres. Cela

est-il dû aux types de formations proposés ou à leur qualité ? Il serait

pertinent de rechercher quelques éléments de réponse à cette question

pour susciter une saine concurrence entre les instituts de formation dans

l’intérêt des apprenants et de leurs familles.

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VI. Recommandations A l’issue de notre étude, nous pensons qu’il serait judicieux de

formuler les recommandations qui suivent à l’endroit du Gouvernement et

tous les acteurs, notamment ceux de la formation professionnelle ainsi que

les chefs d’entreprise :

• diversification de l’offre de formation (Etat, privé) ;

• amélioration de la qualité de la formation et recherche de l’adaptation

de la formation aux besoins de l’emploi ;

• encourager la création d’instituts qui offrent des formations similaires

à celles que l’on retrouve à l’IST, à l’IMMS et à l’IIM ;

• créer un climat des affaires favorable à l’investissement pour

résoudre les problèmes de chômage et de sous-emploi.

Par ailleurs, nous souhaiterions aussi signaler les limites susceptibles

d’affecter cette étude, à savoir :

• la petite taille de l’échantillon est susceptible d’affecter son caractère

de représentativité de la population étudiée ;

• l’appréciation de l’adéquation entre la formation et l’emploi en RCA

devrait nous conduire à recueillir en plus des opinions des travailleurs

celles des employeurs.

VII. CONCLUSION

Eu égard à tout ce qui est susmentionné, nous pouvons affirmer

que la formation dans l’enseignement supérieur professionnel en

République Centrafricaine connaît de sérieux problèmes du fait que la

plupart des établissements de formation ne diversifie pas leur formation.

Sur dix (10) établissements enquêtés, la majorité offre les mêmes types

de formation. Les filières les plus employées par ces établissements

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sont : la comptabilité/gestion, la banque finance, le marketing et

commerce international, et l’informatique de gestion. Par contre trois

établissements seulement fournissent de formation dans le domaine de

technologie, BTP et management. Or, ils ignorent que le troisième

millénaire est un millénaire de technologie et qu’ils devraient beaucoup

plus orienter leur formation dans ce domaine que continuer à former

dans les domaines de compta/gestion et banque-finances.

L’inadaptation des programmes aux réalités du marché d’emploi en

Centrafrique est réelle car 80% des établissements de formation

professionnelle ne tiennent pas compte des besoins du marché

d’emploi. Ils orientent les formations vers l’obtention des diplômes et

non vers la professionnalisation. Ce qui entraine le plus souvent,

l’augmentation du nombre des diplômés sans qualification réelle et sans

emploi. En outre, les programmes d’enseignement adopté sont caducs

(ils sont beaucoup plus théoriques).

Pour pallier ce problème, les autorités en charge de la formation

doivent travailler en symbiose avec les entreprises, c’est-à-dire en

créant un partenariat pour une véritable professionnalisation de ces jeu-

nes diplômés. Ensuite, l’Etat doit mettre en place une politique

d’investissement plus attrayante pour faciliter l’insertion de ces jeunes

diplômés. Enfin, il faudrait diversifier la formation surtout en incitant les

femmes dans le domaine de BTP (concept genre).

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VIII. BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages généraux

- Atlas de la RCA, version 2007.

- BEAC (2007). Conjoncture économique de la République

Centrafricaine ;

- GOUGA III J. C. (2007). « Crise et mutation sociale en

Centrafrique », éd. Hemar, Bruxelles.

- Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération Internationale

(2001). « Première Assises Nationale de l’Economie et des Finances

PANET- Rapport intérimaire ».

- Programme des Nations Unies pour le Développement (1996 et

2005). « Rapport Mondial sur le Développement Humain »,

Economica, Paris.

II. Ouvrages spécifiques

- AFD : Document de travail ; « Formation Professionnelle en secteur

informel », rapport d’activité sur l’enquête terrain au Maroc ; Avril

2006 ;

- MAGNARANI A. (2006). La création d’une expertise internationale en

ingénierie des dispositifs de formation professionnelle au Ministère

de l’Agriculture et de la pêche.

- BRILLEAU et al. (2004). « L’emploi, le chômage et les conditions

d’activité dans les principales agglomérations de sept Etats membres

de l’UEMOA ». Dial. Document de travail.

- LACHAUD J. P (1994). Pauvreté et marché de travail urbain en Afri-

que Subsaharienne : Analyse comparative. Genève.

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25

- LUTTRING J. M. et Ali. Rapport d’évaluation du projet

« professionnalisation et emploi au Burkina Faso ».

- OIT (2003). « S’affranchir de la pauvreté par le travail en République

Centrafricaine ».

- CARRE P. et CASPAR P. (2004). Traité des sciences et techniques

de la formation, 2ème éd. Dunod, Paris.

- SEILLIER B. (2007). « Le fonctionnement des dispositifs de

formation professionnelle - tome 1 – rapport ». GLADNET Collection.

- SIMONNET V. et VALERIE U. « La formation professionnelle et

l’insertion sur le marché du travail : l’efficacité du contrat

d’apprentissage ».

- Le Réseau africain des institutions et fonds de formation professionnelle (ACFPE) (Xinhuanet 26/08/2011)

III. WEBOGRAPHIE

- www.fpt-francophonie.org

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IX. ANNEXES

Étude sur l’insertion des diplômés de l’enseignement professionnel

(En vertu de la loi statistique, les informations collectées dans le cadre de cette étude sont strictement confidentielles).

Questionnaire

Section 1 : Identification

S1Q1.Nom :…………………………………………………………………………………………………………………………………………

(Facultatif, un prénom ou un surnom pourrait suffire)

S1Q2.Sexe : /_/ 1. Homme 2. Femme

S1Q3.Quartier :……………………………………………………………………………………………………………………………………

S1Q4.Date de naissance : /_/_/ /_/_/ /_/_/_/_/

S1Q5.Numéro de téléphone : ……………………………………………………………………………………………. (Obligatoire)

(À défaut, relever le numéro du parent ou du voisin par lequel on pourrait joindre l’intéressé)

Section 2 : Formation

S2Q1.Avez-vous fréquenté un institut de formation professionnelle ? /_/ 1. Oui 2. Non

(Si non, fin de l’interview)

S2Q2.Nom de l’établissement :…………………………………………………………………………………………………………….

(Si l’individu a fréquenté plusieurs établissements, relever le nom du tout dernier)

S2Q3.Vous en êtes ressorti(e) avec quel diplôme ? : ……………………………………………………………………… /_/

1. BTS 2. Licence 3. Master 1 4. Master 2

S2Q4.Quel était votre domaine de formation ? : …………………………………………………………………………... /_/

1. Mécanique 2. Électronique 3. BTP 4. Informatique (à préciser)

5. Administration 6. Commerce 7. Comptabilité/Gestion 8. Marketing

9. Banque/Finance 10. Autres (à préciser)

S2Q5.Quel est le nombre d’années d’études passées avec succès (enseignement général + enseigne-

ment professionnel) ? : /_/_/

Section 3 : Emploi

S3Q1.Avez-vous un travail ? : /_/ 1. Oui 2. Non (Si non, allez à S3Q10)

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(Le travail ici est considéré comme étant toute activité de production de biens ou de services, rémunérée ou non)

S3Q2.Intitulé du poste : ………………………………………………………………………………………………………………………

S3Q3.Nom de l’employeur (ou de la société) : ……………………………………………………………………………………

S3Q4.Votre entreprise (ou société) tient-elle une comptabilité ? /_/ 1. Oui 2. Non

S3Q5.Possède-t-elle un numéro de contribuable ? : /_/ 1. Oui 2. Non

S3Q6.Par quels moyens avez-vous trouvé votre travail ? : /_/ 1. ACFPE 2. Concours/Test

3. Parents/Relations 4. Stages 5. Contact direct avec l’employeur 6. Autres (à préciser)

S3Q7.Votre formation est-elle adaptée à votre travail ? : /_/ 1. Oui 2. Non

S3Q8.Souhaiteriez-vous encore vous former ? : /_/ 1. Oui 2. Non (Si non fin de l’entretien)

S3Q9.Pour quelles raisons souhaitez-vous encore vous former ? : /_/ 1. Pour gagner plus 2. Pour avoir

de nouvelles responsabilités/Changer d’emploi 3. Pour acquérir les compétences requises pour mon

activité actuelle

S3Q10.Quel est (était) le travail de votre père ? : ………………………………………………………………………………

S3Q11.Quel est (était) le travail de votre mère ? : ………………………………………………………………………………

S3Q12.Quelle activité avez-vous effectuée au cours des 7 derniers

jours ?........................................................................................................................................................

S3Q13.Comment faites-vous pour subvenir à vos besoins ? :……………………………………………………………………

1. Aide de la famille (ou des amis) 2. Rente (loyers, indemnités liées à un accident, …)

3. Petites activités informelles (Débrouillardise) 4. Autres (à préciser)

S3Q14.Cherchez-vous du travail ? /_/ 1. Oui 2. Non

S3Q15.À quand remonte votre dernière tentative de recherche de travail ?...........................................

/_/_/ /_/_/ /_/_/_/_/ (N’exigez pas ici une grande précision).

S3Q16.En quoi a-t-elle consisté ? : 1. ACFPE 2. Concours/Test 3. Parents/Relations 4. Stages

5. Contact direct avec l’employeur 6. Autres (à préciser)

S3Q17. Si un travail se présente maintenant, seriez-vous disponible pour l’effectuer ?

/_/ 1. Oui 2. Non

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Tableau 3 : Présentation des variables du modèle

Variables Code Modalités

Insertion Insertion 1. Sans emploi/Inactif

2. Travailleur

Age Age

Sexe Sexe 1. Homme 2. Femme

Filière Fil 0. Comptabilité/Gestion/Economie 1. Mécanique/Electromécanique/Electronique/Electricité 2. BTP 3. Informatique/Statistique 4. Réseaux et télécoms 5. Administration/Management/Commerce 6. Marketing 7. Banque/Finance/Audit/Assurances 8. Soins infirmiers/Enseignement

Travail du père Father 0. Médecins/Enseignant supérieur/Magistrat/Cadres supérieur public/Ingénieur

1. Sans emploi

2. Cultivateur/Pêcheur

4. Chauffeur/Mécanicien/Menuisier/Couturier/Patissier/Gouvernante/Gardien

5. Commerçant/Opérateur économique

6. Secrétaire/Administrateur civil adjoint/Greffier/Postier

7. Infirmier

8. Policier/Gendarme/Militaire

9. Technicien qualifié/Cadre moyen public

10. Contrôleur financier/Comptable/Gestionnaire/Douanier/Receveur des postes

11. Pasteur

12. Enseignant primaire/secondaire

Etablissement Etabliss 1 .Newtech

2. HEGC

3. CPI

4. ESUFOP

5. IMMS

6. CEPRIFOG

7. IST

8. IUGE/FASEG

9. FACSS

10. CFIMO

11. ENAM

12 IPUP

13. IIM

14. ENI

15. ONI

Age au carré Agecarre

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Tableau 4: Résultats de la régression logistique issus du logiciel Stata

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TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION .....................................................................................................................................1

II. Contexte et Problématique.......................................................................................................................1

III. Objectifs et hypothèses............................................................................................................................6

3.2. Hypothèses de l’étude .......................................................................................................................6

IV. Méthodologie de recherche ....................................................................................................................7

4.1. Choix du site .......................................................................................................................................7

4.2. Taille d’échantillon .............................................................................................................................7

4.3. Techniques de collecte des données .................................................................................................7

V. Présentation des résultats de l’enquête sur la formation professionnelle dans l’enseignement

supérieur et le marché de l’emploi en Centrafrique.....................................................................................8

5.1 Degré de diversification de la formation ............................................................................................8

5.2. Adéquation de la formation professionnelle à l’emploi ....................................................................9

5.3. Etroitesse du marché de l’emploi ....................................................................................................11

5.4. Analyse du choix de formation et des stratégies d’insertion selon le genre ...................................12

5.5. Étude des proximités (ressemblances et dissemblances) au moyen d’une ACM............................13

5.6. Analyse des facteurs influençant l’insertion des diplômés de la formation professionnelle ..........18

5.6.1. Qualité de l’ajustement.............................................................................................................19

5.6.2. Interprétation des résultats ......................................................................................................20

VI. Recommandations .................................................................................................................................22

VII. Conclusion………………………………………………………………………………………………………….…………………………..24

VIII. Bibliographie…………………………………………………………………………………………………………………………………..25

IX. Annexes……………………………………………………………………………………………………………………………………………27