la formation d'un capital productif privé ivoirien : le...
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Or:FICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER MINISTERE DU PLAN
LJl- FORMATION DE CAPIT.AL PRODUCTIFPRiVE EVOIRIEN
LiE SECT·EUR ,MENUISERIE -A ABIDJAN
1
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Claude de MlRAS_
SCIENCES HUMAINES
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CENTRE DE PETIT BASSAM SCIENCES HUMAINES
1 ,1
..D'IVOiREBP, 4~93 ABIDJAN - COTE,
OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE MER
MINISTERE DU PLAN
Claude de MIRAS
LA FORMATION D'UN CAPITAL PRODUCTIF PRIVE IVOIRIEN
LE SECTEUR MENUISERIE
AB IDJAN
Avril/juin 1975
CENTRE ORSTOM DE PETIT BASSAM - SCIENCES HUMAINES
B. P. 4293 ABIDJAN - COTE D'IVOIRE
9; rue Alexandre FLEMING, Zone 4 C, Tél. 35-70-67
COPYRIGHT ORSTOM 1976 "Ne sont autorisées que les copies ou reproductions
strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées 8 une utilisation
collective" (loi du 11 mars 1~57). ----- _
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\
• 1
-1;';
Ce document de travail e~ le produit de l'enquête réalisée
dans la branche Menuiserie, à Abidjan, d'avril à juin 1975.
Il est destiné à fournir des indications structurelles et
des éléments de réflexion à propos du financement des principales
immobilisations (machine, terrain et bâtiment) des petites et moyennes
entreprises de la branche.
Mais au-delà d'une typologie et de l'importance des ressources
mobilisées, c'est aux caractéristiques mêmes de l'accumulation
productive que cette enquête nous a conduit.
-2-
Plan
Introduction
A) Problématique
B) Méthodologie d'enquête
1) Dimension et position de l'échantillon dans la branche
2) Localisation spatiale de l'échantillon
3) Questionnaire
4) Enquête
C) Plan d'exposition
1- Professionnels
11. Professionnels sans machine
A) Limite de l'échantillon
B) Caractéristiques principales
C) Immobilisations
a) r~achiile
b) Terrain
c) Construction
12. Professionnels avec machine
121. Professionnels avec machine sans intervention extérieure
A) Limite de l'échantillon
B) Caractéristiques principales
C) Immobilisations ,
a) ~1achines
aa) Autofinancement
aaa) \Iîontant
aab) Origine
aac) Importance
ab) Crédit fournisseur
aba) Montant
ac) Evolution du financement des machines
ad) Situation générale
b) Terrain
c) Construction
d) Valeur totale des immobilisations et moyen~ de financement
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~3-
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122. Professionnels avec machines et intervention extérieure
1221. Professionnels avec machine et interve~tion d'agentsdu secteur privé
A) Limite d'échantillon
S) Caractéristiques principales
C) Immobilisations et moyens de financement
a) Machines
aa) Autofinancement
aaa) Montant
aab) Origine
30
30
30 '
30
30
3D'
33',"
33-
33
ab) Crédit fournisseur 33
ac) Crédit à court terme 33·
ad) Participations extérieures d'agents du secteur privé '34
ae) Evolution du financement-machine 35
af) Croissance de l'investissement-machine 36,
b) Terrain 39'
c) Construction 39
d) Montant total des immobilisations et moyens de financement .48
1222. Professionnels avec machines et intervention d'agents 42du secteur public
1 A) Limite de l'échantillon
S) Caractéristiques principales
C) Immobilisations et moyens de financement
a) Machines
42
42
42
42
aa) Autofinancement 44
ab) Crédit fournisseur 45
ac) Crédit des banques et des institutions spécialisées 46ad) Participation directe des agents de la fonction publique 46
ae) Réflexions sur la nature des interventions ~es agents de la 46fonction publique
aea) Cas des interventions indirectes
aeb) Cas des ... ,1 cerventions directes
aec) Fonction des agents extérieurs intervenants
aed) Activités économiques parallèles des menuisiers
aec) Activités connexes des fonctionnaires intervenants
af) Facteurs de blocage de ces unités de production
afa) Espace de production
afb) Mise en place d'une comptabilité
"48
48
49
4949
50
afc)
eg)
ah)
b)
c)
d)
-4- ..
Besoins en f8nds de roulement
Croissance des investissements en machines de 1962 à 1974
Projet d'extension
Terrain
Construction
Valeur totale des principales immobilisations et moyens. de financement
1223. Autres ateliers professionnels
a) Immobilisations-machines
b) Terrain
c) Construction
d) Ensemble des moyens de financement
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55.
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.'
13. Ensemble des ateliers professionnels 57
A) Caractéristiques prin~ipales 57
a) Etat des principaux paramètres par type d'unités de production 57
b) Date de création des ateliers professionnels 58
S) Besoins et moyens de financement 58
a) Immobilisations 58
aa) Date d'acquis~tion des machines 58
ab) Croissance des immobilisations mécaniques 58
b) Moyens de financement 60
2- Non professionnels 63
'A) Définition de l'échantillon 64
B) Caractéristiques prin~ipales 64
C) r!loyens de financement 65
a) Machines 65
aa) Ressources sur épargne 68
aaa) Apport personn.el 68
aab) Participations extérieures 69 .
ab) Crédit ba"r', !ire 71
àc) Croissance des investissements-machines 72
b) Financement des immobilisations foncières 73
c) Financemént des constructions à usage productif 74
0) Réflexion sur la situation de ces ent repr ises 75
Conclusion générale 78
1) Remarques méthodologiques et analytiques 78
II) Conclusion. 81
iNTROIlllUCTION'
A) Problématique
S) Méthodologie d'enquête
1) Dimension et position de l'échantillon dans la branche
2) Localisation spatiale de l'échantillon
3) Questionnaire
4) Enquête
C) Plan d'exposition
-5~,
,
-6-
A) Problématique
L'étude que nous avons réalisée dans le secteur de la menuiserie,
a porté sur les mécanismes d'accumulation des unités de production (Epargne et
Investissement). Les autres variables telles que le chiffre d'affaires ou
l'emploi, ont été considérées comme des paramètres de l'analyse.
, .A partir du processus d'épargne et d'investissement de chaque unité
de production, nous avons pensé qu'il était possible d'entreprendre une réflexion
portant sur les transformations structurelles qui affectent le tissu productif'
de la br:anche.
Dans cette optique, nous avons fait l'économie d'un débat formaliste et
dualiste qui s'attache à établir une stratification théorique de structures
de production à partir de paramètres, uniques ou combinées, de fonctionnement
(chiffre d'affaires, emploi, valeur ajoutée) ou d'équipement (investissement).
;; Nous pourrions dans cette ligne de pensée dualiste, proposer, par
exemple, trois approches bi-sectorielles de l'appareil de production:
a) La ehambre d'Industrie de Côte d'Ivoire n'enregistre dans ses
statistiques que les entreprises dont lé chiffre d'affaires est égal ou supérieur
à 12 millions CFA l'an, les unités de production fonctionnant au-dessous de ce
seuil sont considérées comme artisanales.
b) Lors de l'enquête réalisée à Bouaké en 1969(1),P.Castella a délimité
l'artisanat et les services traditionnels à partir des cinq critères suivants
-le chiffre d'affaires ne dépasse pas 100.000 CFA par mois,
-le matériel d'exploitation est rudimentaire,
-l'entreprise emploie deux salariés au plus,
-la productivité· du travail par tête est faible,
-la recherche de l'élargissement de la clientèle n'est pas une
préoccupation active de l'entrepreneur.
Il est précisé que "si une entreprise répondait à au moins deux de ces critères"
elle était incluse O..:.I1S le "secteur traditionnel".
c) La définition du "secteur non structuré" ou "informel" proposé
par le Bureau International du Travail (2) tient en sept points
~. -~-----------
-7-
-la facilité d'accéder aux activités en que~tion,
-le recours aux ressources local~s,
-la propriété familiale des entreprises,
-l'échelle restreinte des opérations,
-des techniques à forte intensité de main-d'oeuvre et adaptées,
-des qualifications qui s'acquièrent en dehors du syst8me scolaire
officiel,
-des marchés échappant à tout règlement et ouverts à la concurrence.
Chacune de ces typologies a pu être, soit opérationnelle en tant
qu'hypothèse de travail servant à délimiter un champ d'investigation, soit
conceptuelle en tant que résultat inductif de l'analyse du tissu productif.
Mais considérées ens~mble, ces typologies ne sont pas ajustables entre
elles, particulièrement si l'on considère les critères de dimension qui varient
ici de 1 à 10, rendant incompatibles ces définitions.
D'une manière générale, il en résulte une série d'appellations qui
interfèrent confusément entre elles : secteur artisanal, informel, traditionnel,
non structuré •••
Nous avons préféré retenir une méthode empirique gui nous a conduit
à mener notre enquête et notre réflexion dans l'ensemble de la branche, en
repérant les caractéristiques des phénomènes d'épargne et d'investissement des
cellules de production, et en dégageant des groupes d'entreprises distincts et
significatifs du point de vue de l'accumumation productive.
Ainsi, nous aVons couvert un éventail large d'unités de production et d'age~ts. .
tâcheron, artisan, petit et moyen entrepreneur, homme d'affaires, selon la
terminologie courante.
Renoncer à une approche bisectorielle, du type secteur moderne/artisa
nat, ne consiste pas seulement à regrouper ce qui est appréhendé séparément dans
le schéma dualiste.
En effet, notre problématique présente un double intérêt
-elle nGJS permettra de suivre historiquement, par l'étude biographi
que de chaque unité de production, les transformations qui ont conduit des
entreprises à progresser dans la branche;
-elle nous permettra aussi de tester l'hypothèse selon laquelle, au
niveau d'une branche donnée, la croissance du secteur moderne n'est pas neutre
vis à vis de la situation du secteur artisanal, et réciproquement, et donc de
montrer l'articulation. qui joue entre unités ou ensembles d'unités de production
dans la branche.
-8-
Cette hypothèse renvoie alors touta réflexion consacrée à la promotion de
l'artisanat moderne d'une branche définie, à l'analyse de l'ensemble de la
branche •.
Cette conception évolutionniste qui fait de la branche de production
une échelle le long de laquelle les entreprises pourraient progresser, n'est
qu'un artifice méthodologique qui devra permettre de saisir mouvements et
blocages; notre étude consistera, entre autre chose, à repérer ces éventuels
glissements.
Par l'analyse de l'accumulation productive, seront définies des
entités différenciées mais articulées.
-9-
B) Méthodologie d'enquête
1) Dimension et position de l'échantillon dans la branche.
L'échantillon étudié comprend 75 ateliers et entreprises, soit un
quart environ de l'ensemble des menuiseries industrielles et artisanales
implantées à Abidjan.
Si lion essaye d'ajuster notre échantillon au classement utilisé par
la Chambre d'Industrie de Côte d'Ivoire (elle considère comme industrielle,
toute entreprise dont le chiffre d'affaires est supérieur à 12 millions CFA par
an) on .obtient une indication sur la représentativité de l'enquête.
-20 %de l'ensemble des menuiseries artisanales abidjanaises ont été
étudiées - Chaque groupe de nationalités (Ivoiriens et Africains non
ivoiriens principalement) a fait l'objet d'un sondage à la même
échelle. La comparaison introduite au milieu artisanal entre le~
différentes entités nationales p~rmettra de repérer les modalités et
l'impact de la politique de promotion de la petite entreprise artisa
nale ivoirienne.
-Près de 90 %des entreprises industrielles de menuiserie proprement
ivoiriennes, et situées à A~idjan, ont été enqu~tées.
Nous avons éliminé de notre échantillon, les entreprises étrangères
non-africaines puisque notre objet d'étude est la formation et
l'émergence d'un capital privé ivoirien.
Position de l'échantillon dans
l'ensemble des entreprises de
Menuiserie implantée
à Abidjan (1974)
-10-
Nationalité du Industrie Artisanat Total
propriétaire ou1 1 1 ,
du capital Total 'Echantillonl Total !Echantillon 1 Total , Echantillon! 1 ! ! !,,
Ivoirien 14 11 ! 127 27 141 38(90 %) (21 %)
! ,! . !
!Africain ! 167 34 167 34non Ivoirien ! (20 %)
!!
Etranger 16 1 10 2 26 3non africain (20 %)
Total 30 12 .304 63 334,,
",75
Source -Organisation du [-ac -·eur bois 1ère Partie Agglomération d'Abidjan
Office National de ~romotion de l'entreprise ivoirienne 1973
-Principales industries installées en Côte d'Ivoire au 1/1/75Chambre d'Industrie de Côte d'Ivoire - mai 1975.
- ,
-11-
2) Localisation spatiale de l'échantillon
Nous avons enquaté uniquement dans l'agglomération d'Abidjan compte" .tenu de la densité relative de son tissu artisanal et industriel qui nous
permettrait, pensions-nous, de mettre plus' rapidement en évidence les caracté
ristiques du phénomène d'émergsnce de l'entreprise ivoirienne.
Nous n'avons pas jugé utile de réaliser un échantillonnage par quartier --'.
bien que la localisation ait, comme nous le verrons, une signification particulière
suivant que les unités de production sont implantées à la périphérie urbaine
(zone industrielle) ou dans des quartiers densement peuplés (Treichville, Adjamé,
Koumassi) •.
.. ~.. .
3) Questionnaire
~"".
Il s'agit d'un questionnaire ouvert destiné à enregistrer des informa~1
tians de base, et complété par un entretien plus approfondi au cours duquel ~..~;,.
l'enquêté fournit, par ses commentaires, des précisions ou éclaircissements. Il"
a été conçu pour organiser et guider la collecte des données autour de deux axes
principaux.
-la biographie professionnelle et économique de l'entrepreneur
-les séquences de la formation du capital productif de l'entreprise.
En considérant que les besoins et moyens de financement des immobilisations
constituaient le noyau de notre enquête, ~ous avons négligé un certain nombre
d'informptions connexes relative au fonctionnement de l'unité de production
artisanale et industrielle.......
Nous nous sommes ainsi privés d'une connaissance non disponible jusqu'ici,
particulièrement pour les ateliers de type artisanal.
4) Enquête
Cette en~_~te a été réalisée. en moins de trois mois, d'avril à juin 75.
En travaillant en collaboration avec le Syndicat des Menuisiers-Ebénistes de..Cete d'Ivoire, nous avons résolu le proDlème du repérage dans l'agglomération
des ateliers artisanaux sélectionnés. De plus, sa parfaite connaissance du
milieu de petits producteurs indépendants, nous a permis de disposer d'un back
ground très utile.
.;
-12-
En contre-partie, le Sy~dicat a vu dans cette enqu@te, un bon moyen pour sensibi
liser les ministères techniques et organismes sous tutelle, à leurs difficultés,
tout en affirmant son action de défénse de la profession auprès des artisans de
la place.
Le passage du questio~naire a toujours été'réalisé personnellement, ainsi.
que le dépouillement. Cette caractéristique de notre investigation et de son
exploitation tient à la méthode d'enqu@te que nous avons utilisée. En effet,
l'emploi de questionnaires ouverts, complétés par des entretiens non directifs,
nécessitait une écoute participante et active.
C) Plan d'exposition
L'exploitation des données et leur présentation se feront à partir de
quelques critères simples dont ~a combinaison nous permettra d'organiser des
sous-ensembles d'unités de production: nationalité (ivoiriens ou autres),
origine socio-professionnelle (professionnels ou non) et types d'interventions
extérieures dans le financement des principales immobilisations.
Une première distinction sera donc introduite entre les entreprises
proprement ivoiriennes d'une part et les entreprises africaines non ivoiriennes
d'autre part, afin d'évaluer le dynamisme comparé des différentes entités.,
Précisons que la nationalité de l'unité de production est·confondue ici
avec celle du chef d'entreprise.
En rapportant ces catégories à l'étude de l'accumulation productive dans
la branche, on peut fournir des éléments de réflexion sur le thème de la promo
tion de l'artisanat national et de l'émergence de la petite et moyenne entreprise
ivoirienne. Ce mou"errent peut prendre une double forme :
-progression ues unités de production dans la branche, par èroissance
unitaire,
-création ex.nihilo d'entreprises industrielles dont la dimension est,
d'emblée, importante.
-13-
,
Ainsi la part relative des entreprises industrielles (ou du secteur moderne)
ivoiriennes, dans le chiffre d'affaires ou l'investissement global de-la branche,
peut s'accroître théoriquement de d~ux façons qui ~boutissent à réduire en
proportion l'autr~ secteur dit artisanal.
Il s'agira de repérer quelle est la forme dominante de cette transformation
structurelle.
Ces'deux formes distinctes d'accumulation productive sont le fait de deux
types de promoteurs. N9uS introduirons donc, ici, notre second critère.
-des artisans nationaux, professionnels du travail du bois, qui par cette
promotion, deviennent des chefs d'entreprise.
Nous entendons par professionnels, des individus qui répondent aux deux condi
tions suivantes :
ils ont une connaissance essentiellement pratique du travail du bois, acquise
principalement au cours d'un apprentissage fait chez un aîné de la profession,
très rarement dans le cadre de l'enseignement technique;
• ils tirent leur revenu principal de l'exercice de cette activité.
-des nationaux, extérieurs à la profession, qui saisissent des opportuni
tés et lancent des entreprises industrielles de menuiserie.
On combinera ensuite'le second critère (catégorie. socio-professionnelle)
au troisième : source de financement et intervention extérieure.
Nous comprenons par intervention extérieure, la participation à la
formation de capital qu'exerce directement (commanditaire) ou indirectement
(avaliste) un ou plusieurs individus n'appartenant pas à ~'entr8prise.
Tout fin~ncement autre que l'autofinancement est extérieur. ~Iais tout
financement extérieur n'implique pas une intervention au sens où nous l'avons
défini.
Il en est ainsi des personnes morales dont la fonction est d'accorder des
crédits (banques commerciales ou d'affaires, institutions de crédit spécialisé,
et par extension f~urnisseurs d'équipement industriel)., à moins que les règles
de sécurité bancai~~~ en matière d'octroi de crédit, imposent la présentation
d'une garantie personnelle par le débiteur.
Pour l'introduction de cette notion d'intervention extérieure, nous
dépasserons la taxonomie des moyens de financement et répondrons à cette
dernière interrogation:qui participe à ce financement et suivant quelles,modalités ?
-14-
;.
La présentatioll des résultats sera articulée autour des trois
critères définis ci-dessus.
De leur combinaison, il ressortira l'ensemble des cas de figures résumé dans
le tableau suivant :
1Professionnel INon-Professionnel
. ,Sans inttvention extérieure
11 Commanditaire
Secteur public , --.,. _
Avecinterventionextérieure
Avaliste
CommanditaireSecteur privé
Avaliste 1l '
A chaque nationalité ou groupe de nationalités correspondra un croisement
identique. Dans la partie droite du tableaü, est portée la qualité du
propriétaire:est-il un professionnel (artisan), ou.non ? Dans la partie-gauche,
apparaissent les interventions extérieures : les individus qui participent à ce
fi~anceOlent le font-ils directement (commanditaires) ou indirectement (avalistes)?
Sont-ils des agents du secteur public ou du secteur privé ?
Une telle présentation permettra de saisir, dans la structure de
financement des unités enquêtées, la part des ressources mobilisées par
intervention extérieure, les modalités de ces participations ainsi que les
. caractéristiques socio-économiques des intervenants.
Nous examlnarons d'abord les résultats relatifs à la situation
des professionnels.
Ce groupe, suivant la distinction établie ci-dessus, sera subdivisé en quatre
sous groupes :
-15-
-les artisans"dont le financement des principales immobilisations s'est
fait sans l'aide d'~ucune intervention extérieure. 'On distinguera
d'une part, ceux qui ne. disposent d'aucune machine et d'autre part,
ceux qui en possèdent une ou plusieurs,
-les artisans qui ont bénéficié d'interventiornextérieures réal~sées
par des agents du secteur privé ,
-les artisans pour lesquels des agents du secteur public sont intervenus
directement ou indirectement,
-les artisans qui ont profité d'interventions autres.
En agrégeant ces résultats, on aura une vision globale de la situation•
des ateliers gérés par des professionnels.
Nous nous intéresserons ensuite aux non-professionnels ivoiriens qui
lancent des affaires, et aux moyens dont ils disposent pour assurer la réalisa
tion de leur plan de financement.
Pour chaque groupe d'entreprises ainsi constitué, nous ferons apparaî
tre dynamisme et freinage afin d'appréhender les éventuels "glissements" d'unités
économiques et leur progression dans la branche.
---------------'------ ----_ .
1- Professionnels
-16-
-17-
Avant d'entam~r l'analyse de ce groupe de producteurs, nous pr~ciserons
quelques-unes de leurs caractéristiques professionnelles.
Leur formation a ~t~ acquise principalement par un apprentissage qui
siest fait soit' dans des entreprises industrielles, soit dans de petits ateliers
artisanaux. La durée de cette période de formation pratique, dans notre échantil
lon, est, en moyenne, de 6 ans. Notons que l'enseignement technique ne semble
guère participer à la formation des artisans menuisiers.
L'exercice de l'activité de menuiserie se poursuit ensuite par l'embau
che de ces apprentis-menuisiers dans des entreprises industrielles. Le temps
passé à ce travail salarié est variable; .mais en moyenne, sa dUr~e est de 9 ans~
Nous devons dire ici que la qualité des informations dont nous avons disposées
sur ce point n'est pas suffisante pour que l'on puisse préciser le type d'emploi
occupé par ces professionnels dans les menuiseries in~ustrielles. Pourtant, le
poste occupé nous aurait fourni une bonne indication quant. à la qualification
de ces menuisiers et aurait permis de définir plus précisément cette notion de
professionnel.
Les éléments que nous fournissons ici sont seulement d'ordre chronolo
gique, mais ne nous donnent en aucune façon la possibilité de préciser le niveau
de compétence de ces professionnels.
Cette lacune s'explique par le fait que nous avions négligés ce point d'investi
gation dans l'élaboration de notre enquête et c'est seulement après quelques
passages de notre questionnaire que nous en avons perçu l'importance. Cette
faiblesse vaut aussi pour l'apprentissage dont nous ignorons les conditions
pratiques de réalisation.
Nous avons mis en évidence, à travers les biographies professionnelles
de ces producteurs indépendants, la séquence suivante :
de menuiserie
* durée moyenne
Apprentissage
hors enseignement
technique
(6 ans) *
~ Emplois salariés industriels
dans la branche
(9 ans) *
Atelier
individuel
,
Cette succession de phase d'activité est très fréquente dans notre échantillon.
Elle appelle quelques remarques pour ce qui est du passage de ce groupe de
producteurs dans une activité salariée industrielle. Si nous pouvons dire pour
quoi les menuisiers quittent, après quelques années, leur emploi salarié et
entrent définitivement dans une activité indépendante de petite production, nous
n'expliquons pas ce passage fréquent dans la menuiserie industrielle.
-18-
(Là encore, c'est un point de méthode qui demande à être amélioré.
C'est pendant la phase d'exploitation de notre enquête, que les motillations des
jeunes apprentis nous ont paru nécessaires pour expliquer cette activité salariée
temporaire).
On peut affirmer, en tout cas, que pour les professionnels de notre échantillon,
ce n'est pas le niveau de la rémunération versée aux salariés des menuiseries
industrielles qui explique l'existence de la phase centrale de cette séquence.(
Par contre, la faiblesse des revenus salariés qui y sont perçus, est régulière-
ment invoquée pour justifier le départ de ces emplois. Nous avions, à tort, émis
l'hypothèse que, de ces salaires, était dégagée une épargne; celle-ci aurait
permis ensuite le financement d'une activité indépendante de menuiserie-. Mais,
comme nous le verrons, cette ressource n'est prati~uement jamais citée parmi
celles qui concourrent à la création ou à l'extension dlateliers de menuiserie.
Si elle lia été, c'est dans la situation particulière dlun salarié
jeune et sans famille à charge, mais cette charge familiale s'alourdissant,
l'épargne salariale disparaît aussit6t, autant celle de la période que celle qui
avait été antérieurement thésaurisée.
Une autre remarque peut être faite à propos de l'unicité de cette
période salariée. La plus souvent, elle nia jamais été renouvelée.
Les professionnels, une fois installée dans leur production indépendante,
refusent en principe de se soumettre'à nouveau au rythme et à la discipline
industrielle. Comme nous le verrons, ils préfèrent vivre d'un revenu aléatoire
et souvent faible, tiré de leur activité artisanale qu'ils gèrent, disent-ils,
suivant leur convenance, plut6t que d'affronter le productivisme de l'industrie.
Très rarément, le retour è un emploi salarié dans la menuiserie industrielle a
été envisagé comme solution aux difficultés de l'artisan.
L'autonomie apparente que procure cette. forme de petite production marchande,
doublée d'un certain fatalisme quant à son avenir, justifie le non-retour actuel
aU salariat .industriel. A ce propos, nous avions conçu une enquête, dans les
menuiseries industrielles de la place, auprès des ouvriers de fabrication. Il
s'agissait de préciser, à travers leur biographie professionnelle, leur éventuel
passage dans l'arti~F at, comme apprent~ salarié ou patron; et, au plan de leur
projet, leur possible installation comme petit entrepreneur indépendant. Cette
investigation, connexe, avait été confiée à un étudiant économiste ivoirien qui,
pour des raisons personnelles, n'a pas pu mener à bien cette recherche.
\
-19-
11 - Professionnels sans machine
A) Limite de l'échantillon
Ce groupe d'ateliers' est ainsi défini:
-Les propriétaires sont des professionnels du métier qui ont acquis, peu ou prou,
une compétence dans le travail du bois.
-Ils ne disposent d'aucune machine et n'en ont jamais possédées. Les seules
immobilisations recensées seront les acquisitions foncières et la construction
d'un lieu de production.
s) Caractéristiques ~rincipales
Nous avons recensé 9 ateliers dans ce groupe d'unités de production,
soit 11 %de l'ensemble enquêté. 7 ateliers sont la propriété d'étrangers
(africains non-ivoiriens francophones) arrivés en Cate d'Ivoire avant 1960.
Ces ateliers, en général, ont été ouverts entre 1965 et 1970.
Chaque atelier occupe environ 4 personnes, toutes fonctions confondues et
réalise une recette qui a atteint, en moyenne, un demi-million de CFA en 1974.
C) Immobilisations
a) rlachine
L'absence de machine est une des caractéristiques de cette partie de
notre échantillon.
Cette absence est actuelle mais aussi passée. Aucun de ces ateliers n'a pu
dépasser le stade de l'activité manuelle même, si occasionnellement, par location
à la minute, le tâcheron utilise les machines d'un autre menuisier pour ses
propres travaux.
Nous trouverons, par contre, parmi les artisans qui utilisent des machines dans
notre échantillon, une forte proportion d'anciens tâcherons; leur activité
productive se réalisait alors dans des conditions du marché qui leur ont permis
de dégager un surplus susceptible d'être investi en machine.
Nous verrons qu'acb eJlement ce schéma est invalidé.
b) Terrain
Il n'y a pas d'immobilisation foncière puisque les terrains sont loués
par le tâcheron dans 8 cas sur 9.
La location foncière est de 9.000 CFA, en moyenne dans les différents quartiers
d'Abidjan.
Malgré l'étro~tesse de ce groupe, nous formulerons, sous toute réserve,
une hypothèse à propos de l'instabilité ces ateliers du point de vue de leur
localisation.
Bien que l'exiguïté de notre populption ne nous permette pas de fournir une meGure
moyenne significative de la succession des différentes implantations, on peut tout
de même avancer la proposition suivante : pour les unités de production situées
dans l'agglomération abidjanaisB, et plus particulièrement dans les quartiers les
plus peuplés, la fréquence de déplacement de chaque atelier tend à augmenter dans
le temps, et donc la durée de chaque implantation à se réduire.
On conclut donc à une accélération de cette instabilité. Celle-ci peut être
expliquée par la combinaison des faits suivants:
- le tâcheron n'est pas propriétaire de la parcelle qu'il occupe,
- aucun bail ne stipule ses droits de locataires,
la location à usage domestique est plus lucrative que celle à usage industriel,
d'où une redistribution fonctionnelle des parcelles,
- les plans d'urbanisme remodèlent le tissu urbain. L'instabilité des ateliers
de petite production, induite par ces opérations de rénovation urbaine, est la
traduction, dans l'espace, de la part du coût social que ceux-ci supportent.
c) Construction
Chaque atelier a consacré, en moyenne, 0,15 M CFA pour dresser ce qui
. tiendra lieu d'atelier.
L'origine des ressources est essentiellement personnelle prélèvements sur
salaire ou maigres économies réalisées antérieurement dans la même activité.
Compte tenu de l'instabilité d'implantation, ces dépenses sont rarement défini-'
tives, et doivent atre pour une part, renouvelées sur chaque emplacement.
Nous avons constaté l'inexistence de toute accumulation productive;
il en résulte une impossibilité d'expansion pour ce type d'atelier.
Au delà de cette simple constatation, il aurait été intéressant de fournir un
compte d'exploitation qu~ aurait permis de montrer, par comparaison des charges, ,
de fonctionnement ~~ 'Je la recette, l'exiguïté du résultat d'exploitation.
Seule, une indicatiool relative au chiffre d'affaires a été disponiblei par contre
le détail des charges n'a pas été fourni par les tâcherons puisqu'ils ne conser
vent ou ne disposent d'aucune donnée écrite ou chiffrée de leur activité de
production.
Pour dresser une esquisse de compte de production et d'exploitation, il. aurait
fallu concevoir un autre type d'enquête, non pas instantanée mais suivie ou à
passage repété afin de collecter ces données relatives à l'activité des t§cherons.
· \
-21-
Il n'est pas exclu que l'OUS soyons amené à concevoir une investigation de ce
genre afin de comptabiliser et d'analyser ce que notre pre~ière enquête dans la
branche aura seulement permis de repérer.
L'impossibilité, constatée, dans laquelle se trouvent ces ateliers
de dégager un surplus de leur activité productive, le8 confinent dans un état
végétatif.
Une offre de production surabondante et une capacité productive sous employée,
une demande instable et peu solvable se conjuguent et aboutissent à cette
situation.
Les prix pratiqués, dans ce contexte de concurrence aiguë, assurent seulement
un minimum de subsistance; il couvre souvent à peine les coûts d'exploitation.
Nous ne pensons pas que ce soit au niveau des facteurs de production qu'il faille
chercher la cause de cette stagnation; croire autrement laisserait penser qu'une
action de promotion, portant sur un ou plusieurs de ces composants productifs,
aboutirait au décollage de ces ateliers.
L'explication est plut6t'à chercher du c6té de la demande. En effet, la
part ~ui revient à chaqu~ atelier est beaucoup trop faible poui permettre
l'apparition d'un surplus.
A.notre sens, il est exclu de considérer ce type d'àteliers comme une
structure de production susceptible d'éveluer progressivement dans la branche.
Il est plut6t à analyser en tant qu'aboutissement d'une évolution historique
(exutoire à l'exode rural et au ch6mage urbain, besoin de monnaie créé par la
généralisation de l'échange marchand).Remarquons qu'il y a, là encore, matière à
investigation nouvelle plus particulièrement à propos de l'origine historique
et de la fonction sociale de cette stracte de production).
A cet égard, nous avancerons que ce type d'activité est un expédient
qui permet de transformer individuellement par un détour de prpduction très bref,
sa propre force de travail et celle de quelques apprentis et salariés, en valeur
d'échange dont le niveau moyen est égal aux besoins de subsistance des individus
de ce groupe produLtif.
Sa disparition ne viendra pas avec sa promotion, mais, au contraire,
de sa décomposition et,de l'intégration de la force de travail qu'elle mobilise
dans d'autres structures proquctives.
(
~22-
12,
Professionnels avec machine
Nous analyserons, dans un premier temps, l~ situation des ateliers
mécanisés qui ne bénéficient d'aucune intervention extérieure dans le financement
de leurs.immobilisations; puis nous envisagerons le cas de ceux qui, au contraire,
mobilisent leurs ressources d'i~vestissement, g~âce à des interventions d'indivi
dus"extérieurs à l'unité de production.
121. Professionnels avec machine, sans intervention extérieure
A) Limite de l'échantillon
Une triple limite rléfinit ces ateliers :
-ils disposent d'au moins une machine
-ils sont dirigés par des professionnels, au sens où nous l'avons défini
-le financement de leurs immobilisations a été réalisé sans l'intervention de
tiers.
B) Caractéristiques principales
Nous avons recensé 18 ateliers dans ce groupe d'unités de production,
soit 23 %de l'échantillon général; 13 ateliers appartiennent à des africains
non ivoiriens (38 %de l'ensemble des unités africaines non-ivoiriennes enquêtée$)"
5 ateliers sont la propriété d'ivoiriens (12 %du total ivoirien).
Les 2/3 de ces ateliers ont été ouverts 'depuis 1965. Chaque atelier occupe en
moyenne 7 personnes, toutes fonctions confondues.~ ,
Notons que la signification de ce paramètre n'est'qu'indicative.
En effet, non seulement la dispersion autour de ce chiffre est notable (écart
type =4), mais, de plus son caract~re instantané limite l'intérêt d'une telle
mesure,
Si nous avions centré notre étude sur cette strate d'unités de Production, ou
plus généralement, sur l'emploi en milieu artis~nal, nous aurions pu préciser
l'évolution du niveau de l'emploi et de ses composantes (salariat, apprentissage,
contractualisation).
Le nivea~ r Jyen de la recett~~ par atelier, se monte'à 1 M CFA; en 1974.
Aucun de ces ateliers ne dispose d'une comptabilité, même sommaire.
-23-
C) Immobilisa~ions et moyens de financement
a) Machines
Il s'agit de l'ensemble du matériel électro-mécanique utilisé couram
ment au cours des opérations de fabrication dans la charpenterie, la menuiserie
oU l'ébénisterie.
On distingue principalement deux types rle matériel "l'un spécialisé, l'autre
polyvalent.
Dans le premier cas, chaque machine a une fonction particulière, et est indépen-,
dante des autres: scie à ruban, raboteuse, tour, mortaiseuse, etc ••• Dans le
second cas, plusieurs opérations sont réalisables sur une même machine, mue par
un bloc-moteur actionnant successivement plusieurs accessoires : scie, rabot,
tour, toupie électriques.
C'est ce dernier type de matériel (dit combiné) que nous avons principalement
rencontré dans les ateliers mécanisés, de professionnels.
La somme des prix d'achat courants de ces machines est de 24,4 M CFA,
soit 16 %du total des investissements-machine.1
Globalement, 80 machines ont été acquises par ces ateliers depuis 1957
1956/1960 Achat de 2 machines 3 %).1961/1965 Achat de 7 machines ( 8 %)1966/1970 Achat de 29 machines (36 %)1971/1975 Achat de 42 machines (53 %)
Chaque atelier dispos~, en moyenne, de 5 machines dont le prix moyen d'achat
courant cumulé s'élève à 1,3 M CFA.
Les ivoiriens ont r~alisé 28 %de ces investissements (soit 7 %de
l'ensemble des investissements-machines produits par eux dans l'échantillon).
Les africains non ivoiriens ont effectué 72 %de ces investissements
(soit 25 %de l'ensemble des investissements-machine réalisés par eux dans
l'échantillon).
Un peu P~! du tiers de ces achats a porté sur du matériel neuf (un
peu moins de la moitié, pour les ivoiriens et un peu plus du tiers pour les
africains non ivoiriens).
Graphique nOl
." ..
EVOLUTION DE LA VALEUR COURJ~NTE CUMULEE
DES 'ACQUISITIONS DE MACHINES~ .
( Professionnels avec machines sans interve"ntion extérieu"re )
Millionsda FCFA
2~ "
5
10
20
, ,
Ivoiriens
•..-tI·•..
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Atellera Africaine non Ivoiriens
AteUeR
Ensemble
------..................
----------------_._- ~ --1960
i
1966 1970 , 1915
-25-
.Le financement de ce capital technique est réalisé comme suit :
•,,Achat
1!neuf %
Ateliers Total
36 %
27 %
57 %
33 %
16,234
2,148
8,782
9,6
27 %
73 %
12,955
5,738
3~575
1,023
8,24
45 %
51 %
1,125
2,34
1,36
%
%
Valeur 3,044
,'Valeur
.Achat
22 %,---------,
6,015---,---------
occasion % 67 % 78 %', 73 %---- ---,--------- -------- ---------
Valeur! 3,465 4,698' 8,163--- --------- --------_!_--------1
,Total
,!Achat,!neuf
Autofinancement
Créditfournisseur
,iAchat Valeur
:occasion % 41 %; 64 %;--- ---------
" ,J lValeur 3,279 ! !,Total i !
, % 49 % !--------- -----,'---- --------- --------- ---------
Achat jValeur--_.:..-_-------neuf ! %
64 %
24,397
15,61511 ,9153,7, , ,,Achat iValeurj
--- --------- --------- ---------, .! af , <11 68 "%',,occasl.on! /" , 55 /0
--------, ----------, , , !1 iValeurj 6,744 17,653!jTotal l ,---------- ---------, ! %! 28 % 72 % 100 %
Tot.a1
Tableau 1 Moyens de financement du c.apital technique(Profess~onnels sans intervention extérieure)(en millions de CFA courants) 1975.
Remarque Les pourcentages sont calculés verticalement, excepté pour ladernière ligne.
/
-26-
aa) Autofinanceme~t
~.'~
mobilisées
aaa) Montant
L'autofinancement s'élève à 16 M CFA et constitue 67 %des ressources
ici.
Les ivoiriens s'autofinancent à 49 %,les africains non-ivoiriens à 73 %.Environ la moitié du matériel acquis sur autofinancement a été acheté neuf.
aab) Origine
L'autofinancement a une triple origine
-faible épargne salariale constituée pendant que le menuisier avait
un emploi dans les entreprises industrielles des menuiseries,
-épargne tirée de la menuiserie en tant qu'activité productive manuelle
antérieure (tâcheron).
La constitution passée de ce surplus nous amène à constater que les
conditions du marché (prix de vente, coOt de production, niveau de la concur-
. rence ••• ) ont rendu possible dans le passé cette formation d'épargne productive.
Compte tenu de ce que nous avons observé dans le groupe des professionnels sans
machines quant à l'absence d'accumulation, nous formulons l'hypothèse.
suivante actuellement, une détérioration des conditions du marché ne
permettrait plus l'apparition de ce surplus préalable à la mécanisation; l'aug
mentation du prix du bois (plus de 50 %de hausse en 3 ans) l'approfondissement
de la concurrence (croissance exponentielle du nombre d'ateliors do menuiserie)
et le détournement d'une partie de la demande vers d'autres structures de produc
tion (cf. infra) peuvent se combiner pour déboucher sur cette situation végéta
tive ou encore de reproduction simple.
-épargne créée à partir de l'activité productive mécanisée.
aac) Importance
La chronologie des acquisitions de machines nous permettra de situer,
dans le temps, la répartition de l'effort financier et donc la place de l'auto
financement.
Du point de vue du parc de machines,
54 %est constitué lors de la première acquisition
32 %à la seconde,
14 %à la troisième et quatrième acquisitions. En valeur courante,
l'effort de financement est ainsi réparti:
-27-
61 %au premier achat,
27 %au second,
12 %au troisième et quatrième achats.
La même évaluation faite en valeur constante aurait accru encore davantage
l'importance relative du financement des pre~ières acquisitions.
C'est donc à la création de l'atelier mécanisé que la mobilisation financ~re est
la plus importante. L'épargne dégagée de l'activité productive manuelle passée
est donc essentielle à cette formation de capital fixe initiale, et par là-même
au démarrage de ce type d'ateliers.
ab) Crédit-fournisseur
aba) Montant
Le crédit-fournisseur s'élève à 8 M CFA, soit 33 %de la valeur des
immobilisations mécaniques de ces ateliers.
Ce sont en fait des facilités de paiement consenties par des tiers non-commerçanœ,
le plus souvent menuisiers, aux acquéreurs de leurs machines; ces délais de
remboursement ont une durée variable (de 6 à 36 mois) et sont stipulés oralement
"au débiteur. Le montant et la fréquence des remboursements successifs sont le
plus souvent variables.
Il ne nous a pas été possible de connaître le coût de ce crédit.
Nous constatons l'importance du matériel d'occasion acquis sur ce
mode: 73 %des machines, financées par cette ressource, ne sont pas neuves à
l'achat.
Le crédit fournisseur ne couvre que 27 %de la valeur courante des
investissements-machine réalisés par les africains non-ivoiriens de ce groupe,
alors que les ivoiriens "financent par ce moyen 51 %de leurs machines.
ac) Evolution du financement des machines
La croissance des prix d'achats courants cumulés des machines acquises
par ces ateliers (r.f. graphique nO 1) permettra l'analyse de cette évol~tion.
Pour ce faire, nous Jrrigerons ce paramètre en deux temps : nous le raménerons
à sa valeur réelle, et nous le comparerons à l'évolution du nombre d'ateliers.
-28-(
Pour effectue~ la première correction, orl a redressé les valeurs
courantes annuelles par l'application d'un taux moyen de dépréciation monétaire~
de 5,5 %l'an, établi à partir de l'indice des prix de gros français, pour le
matériel industriel, et de l'indice général du coût de la vie à Abidjan, fourni
par la BCEAO, pour la période 1955/1975.
Puis, on a calculé le montant cumulé des investissements en machines, en prix
coura8ts 1958. (Nous devons p;ééiser ici qu'il s'agit indifféremment d'investis
sements bruts ou nets puisqu'il n'y a pas eu de renouvellement de matériel, en
effet la durée de vie effective d'une machine de type "combinée" est de l'ordre
d'une quinzaine d'années, en moyenne, dans des conditions d'utilisation et
d'entretien normales).
Du montant cumulé des investissements réels en machines, on a tiré un taux moyen
de croissance réelle de ces immobilisations mécaniques, entre 1962 et 1975
16,9 %'
La seconde correction a été faite par l'évaluation du taux de
croissance annuel du nombre d'ateliers créés: 14,8 %'
Nous avons déduit de ces redressements l'indication suivante
L'accroissement de la" valeur d'achat du capital machine installé,
évalué à prix constant, est pour sa presque totalité, le fait d'une extension
du nombre d'ateliers, et non pas le résultat d'une intensification de l'investis
sement unitaire.
La croissance moyenne, réelle, annuelle des investissements en
machines est de 1,85 %entre 1962 et 1975, par atelier; elle est donc inférieure
à la dépréciation par usure qui est de 4,7 %l'an sur 15 ans. On peut conclure
que l'investissement net est négatif, par atelier, en moyenne.
ad) Situation générale
Le niveau de sous emploi du capital-machine est.élevé : en moyenne,
ces ateliers n'utilisent que 17 %de la capacité de production du parc-machine
(écart-type : ~ 10 %). Ce r?tio a été calculé en rapportant le chiffre d'affaires
effectif à la recet~e lotentielle par atelier. Il n'est destiné~ fournir une
indication sur l'acuité du sous emploi du capital technique; en aucun cas,
l'évaluation donnée ici ne peut tenir lieu de mesure, absolue.
Cette sous-utilisation indique que le financement des immobilisations n'est pas
le facteur déterminant de ce blocage.
Certains ateliers qui disposent de marchés r8guliers, grâce à des revendeurs de
mobiliers et des entrepreneurs en b6timentpar exemple, se trouvent dans une
situation notablement différente, bien que, par hypothèse, ils soient inclus dans
ce groupe.
/
-29-
On en déduit que c'est là nature de la demande (solvabilité, régulariLé, volume)
qui confine la plupart de ces ateliers dans une situation très méd~ocre. Sans nier
l'action d'autres facteurs tels que la compétence, l'organisation productive pa~
exemple, le potentiel productif de ces ateliers reste en grande partie inemployé
du fait d'une demande faible, ce qui peut paraître paradoxal quand on sait le
rythme d'urbanisation à Abidjan (12 %par an) (3) et que théoriquement l'expansion
de l'artisanat est le produit de la croissance urbaine.
Mais la contradiction n'est qu'apparente. Le tissu productif artisanal et indus
triel de la branche se modifie spus l'effet d'une demande en expansion, qui se
déplace relativement d'une form~ de production (artisanale) vers une autre
(industr~elle)•.
b) Terrain
Les ateliers sont implantés sur des parcelles louées dans 83 %des cas.
Le coOt de location moyen mensuel du terrain (18.500 CFA) représente 20 %environ
du chiffre d'affaires moyen mensuel (moins de 0,1 M CFA).
Les artisans qui sont propriétaires du sol, ont financé l'achat de leur parcelle
"'par autofinancement, soit 1 M CFA au total (épargne sur travail manuel passé).
L'instabilité des implantations est, ici aussi, importante pour les mêmes raisons
que celles vues précédemment.
c) Construction
L'artisan est propriétaire dans 72 %des cas, et donc locataire dans
28 %.Les coOts de construction par atelier son~ de 0,58 M CFA, et réalisés en totalité
à la création de l'atelier. L'autofinancement est la ressource exclusive de ces
dépenses; c'est encore une épargne tirée d'une activité de menuiserie manuelle
passée.L'instabiliœdes lieux d'implantation rend ces immobilisations foncières
et immobilières parfois vaines, malgré l'effort financier qu'elles supposent.
83 %de ces ateliers ont, au moins une fois, changé d'emplacement dont la durée
d'occupation, en moyenne n'excède pas, trois ans et demi.
d) Valeur tULale des immobilisa~ions et moyens de financement
Le montant total, en valeur courante cumulée, des principales
immobilisations s'élèvG à 33 M CFA, dont
24,4 M CFA de machines (74 %)7,6 M CFA de constructions (23 %)1 M CFA de terrains ( 3 %),
70 %des immobilisations sont acquises à la création de l'atelier;
80 %de la valeur totale Ge celles-ci sQnt autofinancées;
26 %des investissements sont réal~sés par des ivoiriens.
122. Professionnels avec machine et intervention extérieure
1221. Professionnels avec machine et interventions d'agents du secteur privé.
A) Limite de l'échantillon
La définition de ce groupe est en trois points
-le propriétaire est un professionnel;
-tous ces.ateliers sont mécanisés,
-l'achat des machines a été financé particiellement ou en totalité, directement
(bailleur de fonds) ou 'indirectement (avaliste) par un ou plusieurs individus
qui exercent une activité· dans le secteur privé.
s) Caractéristiques principales
Nous avons recensé 16 ateliers dans ce groupe d'unités de production,
soit 20 %de l'échantillon général; 12 ateliers appartiennent à des africains
non-ivoiriens (35 %de l'ensemble des unités africaines non-ivoiriennes), 4
ateliers sont la propriét6 d'ivo~riens (10 %du total ivoirien).
Les 3/4 de ces ateliers ont été ouverts depuis 1965.
Chaque atelier occupe, en'moyenne, 6 individus, toutes fonctions confondues
(écart type = ~ 1)
Le niveau moyen du chiffre d'affaires est de 2 M CFA en 1974, par atelier.
C) Immobilisations et moyens de financement
a) l"lachines
Le montant total de leurs valeurs d'achat courantes cumulées est de
16,8 M CFA, soit 11 %du total des investissement~-machine.
Ces ateliers ont acquis 51 machines depuis 1962 ..1961/1965 . achat de 7 machines (13 %).1966/1970, : achat de 7 machines (13 %)1971/1975 : achat de 37. machines (74 %).
A l'achat, 55 %du parc de machines utilisé par ces ateliers était neuf, le reste
d'occasion.
Chaque atelier disr~s3, en moyenne, de 4 machines dont le prix moyen d'achat
courant cumulé est G~ 1 M CFA. Les ivoiriens ont réalisé 24 %de ces investis
sements, (soit 4 %de l'ensemble des immobilisations en machinès produit par eùx,
dans l'échantillon général).
Les africains non ivoiriens ont acquis 76 %de ces immobilisation (soit 23 %de
l'ensemble des ïnvestissements réalisés par eux dans l'échantillon général).
Graphique nO 2
EVOLUTION DE LA VALEUR' COURJ\NTE CUMULEE
DES ACQUISITIONS DE MACHINES
(Professionnels aveç ma~hines et intervention d'un
agent du secteur privé)
Millionsde FCFA
20
Ateliers Ivoiriens
5
10
//
/1111111111
//
//
//./
//_.....
:.!,.
•.; 15:•:·····•··:., i....
;:·•···:.
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!!:
j...~..
~-..•....•...'"...........................'".....................~/.....•
Ateliers Africains non Ivoiriens
Ensemble..................
-or-------------r.----------.-,-----------11960 1965 1910 1975
· \
\
-32-
Ateliers IAteliersafricainSl' ivoiriens 'non ivoiriens l
Total
100 %'
3,554
16,835
76 %
2,049
12,78
1'Crédit!fournisseur,!
;. :Achat :valeurio,3 :0,957 :1,257 ,- -------- --------, ,,- 1 l ",1 11 neuf, % ! 20 %i 47 ~! 35 %,, -----'1', l ,
Achat ,valeur,~,205 j1,092 ,2,297',Autofinancement ------------, _o_c_ca_s_i_o_n__: % ' 80 %: . 53 %: 6_5_%_0, l , ! ,, ,valeur, 1,505 !1 Total, % ,-------- --------,--------,_______ , 37 % 16 %! 21 %, -----" , ,---------'----, Achat ,valeur 0,35 ;1,748 ;2,098
-------- --------" l , ,,neuf ,% 100 %i . 73 %, 77 %i----- -------- --------
1 l , '1;Achat ivaleur - ;0,640 ,0,640
-------- --------, . '% 27 %.', 23 %',occaslonl'
--- --------- --------- ---------! '1 ,, 'valeur; 0,35 2,388 1 2,738 ,! Total d! ! !
/0 9 % 19 % 16 %----------,-----_! !_-------,--------, ' 1 l ,, jAchat valeur,1,25 ;3,179 i4,~29--------, , % ! %' 51 %'1 %'l ,neuf ° 84 0, 57o!,Participations ,-------, .1. ,--------,--------
,extérieures " Achat ivaleur; 0,2 . ! 3,125 i3,325
'
directes 1 1. % 1.--------, 1--------11 ioccasion, 16 %j 49 %, 43 %i
, ., '1 , , . ,, 'Ivaleur' 1,45 1 6,304 7,754,1 '1 Total , 1
'% 36 % 49 % 46 %, "!-----~---
, " , 1,Crédit ,Achat, valeur 0,75 ! 2,039 2_,_7_89 ,là court terme ,neuf 1 --------,--------
, ,exclusivemt 1 % 18 % ! 1_6_% 1_7_%_
1 l '. . l ,, 'Achat !valeur!2,65 ;7,923 ,10,573
--------" . %' %' ., ,1 Ineuf , ! 65 0; 62 %, 63 %!------ --- --------- ---------, '1 1 , 1 . !, jAchat ivaleuri1,405 i4,857 . i6,262 :,,Total 1 ---,---------'-,--------1 ,, ·ioccasion ! % , 35 %i 38 %i 37 %i-------- --------, '1' 1, "valeurj 4,055
Total ---- -------- -------- --------, '1 % ! !, ,24 % ,.
Tableau 2 Financement du capital technique des ateliers professionnels avecintervention d'agents du secteur privé (en millions de' CFA courants) 1975.
\
-33-
Les formes de financement rencontrées sont les suivantes
aa) Autofinancement
aaa) Montant ':
Le montant courant autofinancé est de 3,6 M CFA soit 21 %du finance-,
ment-machine de ce groupe. Les ivoiriens s'autofinancent à concurrence de 37 %du total de leurs immobilisations en machines, les 'africains non-ivoiriens à 16%.
65 %d~ matériel ainsi financé est acheté ~'occasion.
aab) Origine
L'origine de l'autofinancement est double:
-épargne tirée d'un travail manuel de menuiserie, précédant l'achat de la
premi~re machine. Cette source fournit 45 %des ressources autofinancées;gue
sachant/l'autofinancement moyen par atelier est de 0,225 M CFA, on peut évaluer
cette épargne moyenne par atelier à 0,1 M CFA.
1
-épargne tirée d'un travail mécanisé, de menuiserie suivant l'achat de la
premi~re machine (55 %des ressources autofinancées, ou 0,125 M CFA en moyenne
par atelier).
Sachant que la période moyenne nécessaire à la mobilisation de ressources propres
a été d'environ trois"ans pour chaque atelier, on en déduit que la capacité
théorique d'autofinancement est en moyenne, par atelier et par mois de 6.000 CFA
courants.
ab) Crédit-fournisseur
La somme de la valeur des achats ainsi financés est de 2,7 M CFA, soit
16 %des ressources totales.
Les ivoiriens ont utilisé les crédits-fournisseur à concurrence de 9 %de leurs
acquisitions de machino; les africains non-ivoiriens, pour 19 %.23 %du matériel ainsi financé, était d'occasion, à l'achat.
ac) Crédit à court terme1
Les crérlits courts sont octroyés par des institutïons de crédit
spécialisé (SAFCA, ' IF). Ils sont obtenus grâce à l'aval d'individus appartenant
aU secteur privé. Ce sont principalement ici des clients, européens ou libano
syriens, des artisans.
Le montant unitaire moyen de chaque prêt est de 0,5 M CFA, leur durée est de
12 mois.
-34-
ad) Participations extérieures d'agents du secteur privé
Le montant cumulé courant de ces interventions est de 7,8 M CFA, soit,46 %des ressources de financement des machines de ces ateliers.
Les ivoiriens y trouvent 36 %de leurs ressources, les africains non ivoiriens
49 %.Ces participations sont des prêts consentis par des individus qui ont un emploi '
de cadre ou de maîtrise dans le secteur privé.
-49 %de ces prêts sont accordés par des parents da l'artisan, au
titre de la solidarité familiale qui s'exprime dans l~existence du prêt et aU
niveau des modalités consenties pour son remboursement.
La plupart de ces prêts sont remboursables, et non producteurs d'intérêt.
-4 %de ces prêts sont consentis par des amis de l'artisan, dans les
mêmes conditions préférentielles.
-47 %de ces prêts sont accordés par des clients de l'artisan.
Le remboursement du créancier (client) se fait soit par l'exécution gratis de
travaux de menuiserie, 'soit par le versement mensuel d'une somme forfaitaire.
En général, la réciprocité entre les sommes empruntées par l'artisan et le
montant des remboursements, en nature ou en espèce, est imparfaite; trop heureux
de pouvoir disposer d'une ou plusieurs machines grâce à ce financement extérieur,
l'artisan n'évalue pas la contre-valeur en travail qu'il fournit à son créancier~
Passées quelques années, au terme desquelles on pourrait croire le remboursement
achevé, la transmission de la propriété des actifs mécaniques, du client comman
ditaire à l'artisan, n1est pas explicite.
Il y a là, en puissance, une source d'instabilité et de conflit._
Si le créancier (client) retire sa mise, l'artisan se retrouve tâcheron, st
l'artisan accepte les conditions d'allégeance du commanditaire, il peut slétablir
une relation léonine entre eux.
Ces bailleurs de fonds individuels présentent la caractéristique d'être, princi
palement, propriétaires d'activités industrielles ou commerciales de petite ou
moyenne dimension (entrepr8n~ur en b3timent, revendeur de mobilier, distributeur
en gros de boisson ••• ).
Dans cette typologie des ressources, on aura remarqué llabsence de
véritables crédits à moyen terme d1une part, et l-limportance du financement sur
épargne, interne et externe, qu~ couvre 67 %de la valeur d'achat courante des
investissements mécanique~ cumulés ••
- - - ~~ --------,--_.~-----
-35-
ae) Evolution du financement mabhine
Nous donnerons une chronologie des différentes acquisitions de machings
afin de situer l'effort de financemènt réalisé par ces ateliers.
On constatera que c'est lors de leur création que la mebilisation de ressources
est la plus importante: 69 %du total; et les intervenants extérieurs supporten~"
pour plus de la moitié, cet effort. Ces données confirment, avec précision, la
nature et.l'importance de l'investissement mécanique initial.
Total
1,6
13%
14%
11100%1!
Autofinancement
Cré-': t fournisseur
Total
Crédit court
1 1 11 . 1 Première 1 Seconde Autres
O .. d f t1 rl.gJ.ne u J.nancemen 1 - -t . 1 acuisi tion . -t .1 1~;acquJ.sJ. J.on_:.~ 1 Ji _';;' JiacquJ.sJ. J.ons-,,:> ~
----------- _:.....--,------- ~-------
1 1 55of 1 , '40%'1 9%,' 46%,1l , 7°, ! 1 l , 1
Participations 1 6,4241 1 1 1,1351 0,2 7,7591extérieures , ', 1,' 1 1
l , 82%; 1 J 15% 3% , 1 i100%----------- ---- --- --- ---- --- --- ---- -- -- ---1 1 1 1 11 1 S% 1 27% 1 1 7% 1 1
! 2,16 , '0,6291 , 2,78911 1 1 1 1 1
77%1 , , 1 23%1 ,100%,--- ---- --- -- -- --- ---'---- ----l , 1 1
! 46% , 27%; ! 21%,
! 1,322' 1 1 0,627! 3,5491'1
4 cri' '% l , '%' , 100%'5/° 1 ! 37o, 1 18°1 ' __,,_1--- -- -- --- - -- --- -- -- ---, 14% 1 37% 1 16% ','. 1 1! l , ,
1,492' '0,4 '0,8461 2,7381'1 1 1 l' ", 54%, 15%! 31%j ;100%;--- -- -- --- ---- --- -- -- ---1 1100%1 '100%' '1 0%1 11 l' lIt 1 0 1 l ,
11,676' 1 12,857 l '2,3021 1 116,8351 1
! 1 69% 1 1 17% ,1 1 14% 1 1 1 %11 1 l , °1 , ! 100 1
Tableau 3 Source de financement et génération d~ capital techniqueen millions De CFA (1975).
-36...
. 1Première Seconde Autres Total 1
1· acquisit.ion . acquisition acquisitions !! !! 1 !
Nombre de machines 1 !acquises 32 62 % 10 20 % 9 18 % 51 ! 100 % !
! !!
Som~e des valeurs 1d'achats courantescumulées 11,676 69 % 2,857 17 % 2,302 14 % 16,835 1100 %
1
Tableau 4 Importance des différentes générations de machinesacquises jusqu'en 1975.
af) Croissance de l'investissement machine.
Comme précédemment, nous corrigerons les données cumulées courantes
pour raisonner sur les valeurs réelles.
Valeur courante cumulée
Voleur réelleAnnées t cumuléetNbre de machi- Données brutes Moyenne mobile(base 1962)tnes cumul~s cumulées sur 3 ans
!
1962 1 0,305 0,983 0,983 11
1963 6 1,66 1,508 1,429 1
1964 7 2,56 2,26 2,031 11
1965 7 2,56 2,56 2,18 !
1966 8 2,56 2,939 2,37
1967 9 3,696 3,471 2,59
1968 11 4,156 4,253 13,082
t1969 13 4,906 4,713 ! 3,239
1 1970 14 5,076 5,019 !3,27
tt 1971 14 1 5,076 5,855 3,6141
1972 231-
7,413 7,384 4,318t 11 1973 31 1 9,664 10,484 5,824t 1974 47 1
14,374 13,624 7,171 !t 1975 51 16,834 15,604 7,802
.1
Tableau 5 Valeur courante et valeur réelle cumuléesdes investissements en machines de 1962 ~ 1975.
-37-
Par cumul annuel des investissements mécaniques et par réajustement en
valeur réelle de ceux-ci, on obtient la croissance annuelle, réelle et br-ute du
capital machine . 17,3 %l'an, entre 1962 et 1975 •.On sait que pendant la même période, le nombre d'ateliers a é té multiplié par e,soit 17,4 %par an.
On en déduit que, entre 1962 et 1975, l'indice de la vale~r réelle brute cumulée
du capital-machine par atelier, est passé de 100 è 98.
La croissance réelle par atelier, du- point de vue de ses immobilisa
tions en machines, est nulle en moyenne sur 13 ans. Mais si l'on tient compte de
la dépréciation par usure de ce capital, l'investissement net est alors négatif,
et décroît au même taux que celle-ci.
La signification apparente de ce taux de croissance de l'investissement
réel net, peut être modifiée par l'évolution du taux d'utilisation_de la capacité
de production. On peut en effet imaginer que la croissance du taux d'utilisation
de la capacité de production peut se substituer è la croissance des investisse
ments-machine jusqu'au point critique de plein emploi de ceux-ci, où la substitu
tion change de sens.
Or, ici, le taux d'utilisation de la capacité de production est effectivement
faible. Nous l'avons évalué sous la forme de la moyenne des taux d'utilisation
de chaque atelier. Cette évaluation nous indique que 21 %des possibilités
productives de ces ateliers sont seulement utilisées. Et si l'on en croit les
artisans eux-mêmes, 80 %de ces unités de production manquent cruellement de
travail. Sachant que les 4/5 de ces ateliers sous-utilisés sont la propriété
d1africains I;lon-ivoiriens, une partie dE! ceux-ci envisage de "rentrer au pays",
si la situation continue è se détériorer.
L'évolution des mouvements migratoires de l'ensemble des artisans
étrangers enquêtés, trouve une possible explication dans cette situation dégra
dée :
13 %des errivées ont eu lieu avant 1950,
36 %entre 1950 et 1959,
51 %entIQY60 et 1969.
100 %Oans notre échantillon général, sur les 34 patrons africains non-ivoiriens
rencontrés, aucun n'est arrivé après 1969.
Or, c'est depuis cette date que la situation des ateliers artisanaux, s'est
détériorée, aux dires de nos interlocuteurs.
\ .
!-38-
Le plus souvent, ces ateliers sont largement,sous-employés et
fonctionnent à un niveau précaire de subsistance.
La d~mande émane de clients individuels, qui achètent au détail et à crédit
(crédit consenti directement par l'artisan et non pas crédit à la consommation
du ccI).
Les rapports des co-échangistes sont .ceux d'une situation de quasi
monopsone puisque la clientèle est en position dominante. Le degré de concurrence
horizontale, entre ces ateliers, est tel que la demande de production revenant
à chacun d'eux devient nulle si les prix pratiqués sont supérieurs à ceux du
marché. Mais, sachant que, si les prix proposés par l'artisan sont inférieurs au
prix du marché, il peut en attendre une augmentation de ses ventes, celui-ci
écrase ses prix de production face à une concurrence aiguë, pour s'assurer une
recette minimale déterminée par les frais d'exploitation et personnels, à peine
supérieurs au niveau de subsistance.
L'acquisition de machines a été un espoir pour l'artisan, de détourner
une partie de la demande vers son atelier devenu mécanisé, donc attractif puisque
"moderne".
Nous avons vu que près des 3/4 des machines ont été acquises à partir de 1970.
Ces achats ont été financés, pour moitié, par appel à une épargne extérieure à
l'atelier. Les artisans ont pu croire, en acquérant des machines, qu'ils allaient
sortir du marasme qui est apparu dans leurs affaires, en 1970.
Mais il n'en a rien été.
Dans ce groupe d'ateliers, certains, peu nombreux échappent à cette
évolution.
Des contacts extérieurs leur assurent une demande à la fois stable et
suffisante pour modifier avantageusement le taux d'utilisation de leur capacité
de production et donc leurs résultats d'exploitation.
Et c'est principa18ment l'accès au marché qui produit ces exceptions.
Une demande faible et instable paraît être le déterminant primaire de cette
situation. D'autres Q ~Jlots d'étranglement apparaîtront une fois ce seuil
franchi. ,Mais ceux-ci seront d'origine interne à l'atelier, alors que la demande
8st ici une donnée exogène.
Cos ateliers sont sans projet en matière d'emploi ou d'investissement
et s'en remettent passivement.au hasard pour réduire ces difficultés dont
l'origine et la responsabilité leur échappent totalement.
-39-
Nous avons rencontré précédemment cette stagnation par la demande, dan5
le cas des "ateliers professionnels sans intervention extérieure ll•
Nous voyons confirmé ici l'importance du marché en tant que moteur de l'expansion
des unités de production.
Ce constat nous amène à réfuter une conception très couramment répandue
et admise qui situe les blocages du secteur artisanal du côté de l'offre et des
facteurs de production. Or, dans le cas des ateliers analysés jusqu'ici, c'est
la demande qui est la cause première du marasme de l'artisanat. Nous verrons
qu'une fois obtenu l'accès au marché, c'est effectivement du côté de l'offre que
doit se por~er l'analyse.
b) Terrain
Les ateliers sont implantés sur des parcelles louées dans 87 %des cas.
Le coût unitaire mensuel moyen de location est de 17.800 F, pour 113 m2, tous
quartiers confondus, soit 15 %de la recette mensuelle.
Plus de la moitié des ateliers ont changé une fois d'implantation dont la durée
moyenne n'a pas excédé 3 ans et demi. Les 13 %de parcelles en propriété ont été
acquis par attribution de l'Administration coloniale.
c) Construction
L'artisan est propriétaire dans 75 %des cas, et donc locataire dans
25 %'Les coûts de construction par atelier s'élèvent à 0,24 MCFA. Les ressources qui
y sont affectées sont les suivantes
, '
Autofinancement
Participations extérieures
Total
.. 2,4 MCF"A (83 %)0,5 MCFA (17 %)
2,9 MCFA (100 %)
-40-
d) Montant total des immot)ilisations et moyens de financement
,Ateliers 1 Ateliers africains' Total
, 1 ivoiriens '\ non ivoiriens \ Î,
, '! ,-~, 'V .-,!!" , \Ir ,, , \ 83 %', ,
%1,, 95 % '
( 183 0
1 ,,Machines 1 4,055 12,78 ! , , 16,835 , 1, , 1 , , 1
24 %; 76 oj' !100 %\! 0, 11 , ,\ \ \
Terrains r \ \ ~
! ! 1! !
%1
%5 17 %i 17
Constructions 0,22 \ 2,658 \ 2,878"-
\ \ , 1100,
8 %, \92 %, \ '
%;--
1100 %:
l , ,%'100 %' '100, ! ! !
Total , 4,275 ! 15,438 , 19,713, , 1 1 , 122 %j 88 %j '100 %;! l' !
Tableau 6 Montant total des immobilisations par nationalitéen millions CFA courants cumulés (1975).
Chaque atelier a da mobiliser, en moyenne, 1,2 M CFA pour financer ses immobili
sations, telles, quelles étaient au moment de l'enquête.
Les moyens de financement utilisés étaient ainsi répartis
Moyens de financement JI Machines\~
Constructions , Total"-':'! _oc>:!
%r , ott ,
46 17 %j \ 42 {O, \Participation extérieure' 7,754 94 % ! 0,488 6 %\ 1 8,242 ! 100 %
\ ! ! J !--- --%
1 ! %'2~ 83 %, 30! ,
Autofinancement 3,554 60 cr: 2,39 40 % ! 5,944 100 %(J
,!----Crédit fournisseur 16 %! !
14 of! !ù! ! /0 ! \
Crédit fournisseur 2,738 1100 % ! 2,738 100 %'! ! !
1 , 0;'\17 %i 1
14 70 ,
Crédit à court terme 2,789 '100 % , - , 2,789 ! 100 %\
'1 DOr
% 1 1 ,%i ·100 100 %,\ , 1 ,
Total 1 , 16,835 85 %! 2,878 \ 15 % 19,713 ! 100 %! ! \
Tableau 7 ('<!oyens de financement par type d'immobilisations (en MCFA, 1975)
,
~41-
On rappelera l'importance du financement sur épargne personnèlle ou
extérieure, dans l'ensemble dés investissements de ces ateliers.
Pr~s .des 3/4 des principales immobilisations sont acquises sur fonds d'épargne.
Les participations extérieures directes (42 %) et indirectes (14 %) sont essenti
elles à la formation du capital productif de ces ateliers et donc à leur exis
tence même, puisqu'elles permettent de mobiliser plus de la moitié des ressources
nécessaires à l'investissement.
La difficulté majeure de ces ateliers n'est pas de trouver des moyens
de financement, puisque les participations extérieures y pourvoient largement.
C'est la rentabilisation de l'investissement qui est ensuite problématique,
compte tenu du blocage qu'induit la nature instable et le niveau réduit de la
demande.
-4~-
1222.' Professionnels avec machine et intervention d'agents du secteur public
A) Limite de l'échantillon
Trois caractères définissent ce groupe-le propriétaire de l'atelier est un professionnel du travail du bois
-tous ces ateliers sent mécanisés,
-l'achat des machines a été financé partiellement ou totalement, directement
(commanditaire) ou indirectement (avaliste), par un ou plusieurs individus qui
exercent une activité salariée dans le secteur public.
B) Caractéristiques principales
Nous avons retenu 16 ateliers dans ce groupe d'unités de production,
soit 20 %de l'échantillon général, 12 ateliers appartiennent à des ivoiriens
(29 %de l'ensemble des ateliers ivoiriens de notre enquête), 4 autres sont la
propriété d'africains non-ivoiriens (12 %des ateliers africains non ivoiriens
recensés globalement).
La totalité de ces ateliers ont été ouverts depuis 1965, dont la moitié depuis
1970.
Chaque atelier emploie 10 individus, toutes fonctions confondues (écart type ~ 5)
Le niveau moyen du chiffre d'affaires est de 10 M CFA en 1974, par atelier.
C) Immobilisations et moyens de financement.
a) Machines
Le montant total de la valeur d'achat courante cumulée des machines
est de 24,7 M CFA, soit 16 %du capital-machine recensé dans l'échantillon
général.
Ces ateliers ont acquis 72 machines depuis 1963 ~
1961/1965 Achat de 4 machines (5 %)1966/1970 Achat de 23'machines (32 %)1971/1975 Achat de 45 machines (63 %)
A l'achat, 93 %du parc de machines utilisé par ces ateliers était neuf, le
reste d'occasion.
Chaque atelier utilise en moyenne 6 machines dont la valeur d'achat courante
cumulée est de 1,5 M CFA. Les ivoiriens ont réalisé 83 %de ces investissements
mécaniques, soit 21 %de l'ensemble des immobilisàtions en machines produits
par eux dans l'échantillon général.
Les afric: ~ns non-ivoiriens ont acquis 17 %de ces immobilisations, soit 8 %de
l'ensemble du capital-machines réalisé par eux dans l'enquête générale.
o ~ 0 •• _0 ' _.__ ." __••__ ••• _0
Graphique n03,
20
15
10
Million!lde FCFA
25
'ii;:
!:i!:i:
~ !.!:..:1f:::
j········:.
!i::
:•!f
/:
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1..f
1-•~•..••.
...1:l'....
~.••.•.•
Ateliers Ivoiriens,',
.. ' "
EVOLUTION DE LA VALEUR COURANTE CUMULEE
DES ACQUISITIONS DE MACHINES\
(.Professionnels aveç machines et 'intervention d'un'
agent du secteur public)
______ At.llers 'Africains non Ivolrlene
••••••••••••__.... :: Enslmble. ~..~,
5
1960 1965 1970 1975
,/
-44-
Les sources de financement sont au nombre de q~atre : autofinancement,,!
crédit fournisseur, crédit à court et moyen terme et participations.extérieures.
4,906.
Total
4,885
1,015
5 %
24 %
Au~ofinancement
Crédit à court terme
Crédits fo~rnisseur
Crédit à moyen terme
Participation extérieuredirecte
Total
, ,'Ateliers , Ateliers africains', \ ivoiriens.' \ non ivoiriens .... ' i
____________,_\J:....I/ -_-..;:;~_,1 \1 . --:;"" '---:.1\\,"-- _
1 21 %' 1 12 %' 1 20 %1, l" , "
., 4,384 1 1 0,522 1 1
"'89%' %'! 1'100%1'1 '1 _.1101 , "-----------_._- ---- --- ---- ---, 12 %1 " , 10 %' ,, 0, l , '1 1l '2,4 1 l' '1 2,4 ,
" '100 %' l 'I!100 %_____...,... " 1 l , , l ,__
, 1 23 %l , 8 %.', 1, Il!, '0,969 , 1,984!
: 51 %: 49 %: ' .:100 %,---- -----, 11 %' '%1 1 11 1 1 22 1 1 1 1, 1 0,435 , 1 5,32' 1
, 92%',' 8%,'! '100%'1 ,_", ,_,
, " " 138 %i , 54 %1 40 %, ,.1
'7,795 , '2,3 , 10,095 , ,
, %" %' '100 %', 77!, 23 a ! "-------------- --------- --- ------ --- ---100 %1 '100 %' 100 %' "0, .l, 1 l'
, 20,479 , '4,226 , 24,705 ! ,
, 83 %,' 17 % ' '100 %1, , "
. Tableau 8 Financement du capital technique par nationalité.(en valeur d'achat courante cumulée - 1975)
MCFA
aa) Autofinancement
Le montant courant autofinancé est de 4,9 M CFA, soit 20 %du,
financement-machine de ce groupe. Les ivoiriens réalisent 90 %de cet auto-
financement et autofinancent 21 %de leurs achats de machine, les africains
non~ivoiriens 12 %.
-45-
Les différentes formes d'autofinancement sont les suivantes:
-épargne tirée d'une activité parallèle, principalement des revenus
de l'immobilier,
-épargne tirée de l'activité manuelle de menuiserie pratiquée antérieu
rement (t&cheron). Celle-ci représente 87 %des ressouices autofinan-
cées.
Chaque atelier 'autofinance, en moyenne, 0,3 M CFA de c-es acquisitions de machines
(20 %) dont 0,26 sont tirés de l~activité productive manuelle passée.L'exiguité
de l'échantillon et le flou des données collectées relative à la période de
constitution de cette épargne, ne nous permettent pas de fournir une indication
sur la capacité d'autofinancement.
La répartition de l'autofinancement est la suivante
Total"
24,705 100 %
72 100 %
9 %2,11291 %22,593
1, Première acquisitionl Seconde acquisition
---------------,-----------,----------- -----------, 1, Somme des valeurs d'achat,
cumulées courantes des ,l machines ,1 !. ------- ------' ------- ----- ------- ----, ! !"! !
Nombre de machines 61 85 % 11 15 %1
Importance relative del'autofinancement 13 % 92 % 20 %
Part de l'autofinancement.mobilisé !
!
60 % 40 %
Tableau 9 Répartition de l'autofinancement par génération de machines(en M CFA courants - 1975).
Il ressort du tableau précédent que l'effort financier est essentiel
lement fourni lors de la première acquisition de machines et que l'autofinance
ment n'est pas la principale ressource mobilisée pour assurer ce financement.
ab) Crédits fournisseur
Le montant courant de cette ressource est de 2,4 M CFA, soit 10 %de
l'investissement-machine.
Ils portent sur du matériel neuf à l'achat, et sont accordés par les revendeurs
de machines industrielles à condition qu'un avaliste se porte garant et honore
éventuellement les traites engagées par le débiteur (artisan) insolvable.
-46-
Ce sont· ici de fonctionnaires ivoiriens qui ont accordé leur garantie personnelle
à ces menuisiers.
ac) Crédit des banques et des institutions spécialisées
C'est dans ce mode de financement que vont apparaître l'importance et
la nature des interventions d'agents de la fonction publique.
Le type d'interventions le plus fréquent est celui dans lequel un ou plusieurs
fonctionnaires participent en tant qu'avalistes, à l'obtention de prêts à courtl ,.
terme ou moyen terme accordés aux artisans par les différent8s~institutionsde
crédit.
Le montant courant des crédits obtenus par .aval d'un agent de l'Etat, s'élève à
15,4 M CFA, soit 62 %de la valeur des immobilisations en machines de ce groupe
d'ateliers. •
Les ivoiriens obtiennent 83 %des crédits ainsi disponibles, les africains non
ivoiriens 17 %.Les 2/3 des crédits disponibles sont à moyen terme, distribués par le ~édit de
Côte d'Ivoire (banque d'affaires et de développement ivoirienne spécialisée, •
entre autre, dans les crédits aux PME).
Le reste des prêts consentis est à court terme et distribué par· des sociétés
de crédit spécialisées (Safca, Sif).
Sachant que 91 %de l'effort financier et réalisé à la création de ces
ateliers, on notera que 87 %des fonds nécessaires à la première acquisition de
machines ont été fournis par des fonctionnaires, sous la forme d'avances de
fonds (10 %) et d'aval aupr~s des banques (90 %). C'est la création même de ces
ateliers qui a été ainsi rendue possible.
ad) Participations directes des agents de la fonction publique.
Le montant courant de ces participations directes atteint 1,9 M CFA,
soit 8,% du financement-machine de ce groupe.
Les ivoiriens et les africains non-ivoiriens se p'artagent également
cette ressource.
ae) Réflexions sur la nature des interventions des agents de la
. fonction publique.
La caractéristique formelle du lien qui met en relation artisan et
fonctionnaire, est sa nature familiale.
$
-47-
aea) Cas des interventions indirectes (avalistes)
Nous savons que 62 %du financement-machine sont ainsi obtenus.
Les motifs de ces interventions semblent plus sociologiques qu'économiques;
c'est par solidarité vis à vis du groupe familial que le fonctionnaire accorde
sa confiance à un artisan de sa famille. Son rôle est passif, potentiel, et
généralement ne débouche pas sur une participation réelle et intéressée dans
l'activité de. l'atelier.
aeb) Cas des interventions directes (commanditaires).
Les liens familiaux n~ sont pas le moyen de réaliser l'interconnexion
entre les plans d'agents .économiques aux projets complémentaires (fonctionna~~
épargnant/artisan-investisseur), puisque, seuls~ les artisans sont les instiga
teurs de l'immixtion des agents de la fonction publique, dans ce groupe d'atelie~
Les modalités de prêts consentis par les fonctionnaires à leur parent
artisan, confirment la nature solidaire et familiale de ces ·participations.
Les prêts sont sans intérêt et ~'une durée indicative; ils donnent parfois un
droit de regard au commanditaire sur le fonctionnement de l'entreprise artisanale,
par mesure conservatoire.
Certains fonctionnaires consentent des avances à des artisans alors
qwe par ailleurs, ils projettent des investissements industriels, dans d'autres
activités.
Ce n'est pas par cette voie-là, compte tenu de sa faible importance en
valeur et de sa nature passive, que les agents de la fonction publique devien
nent des investisseurs capitalistes •.Nous nous sommes tenus exclusivement au pouvoir économique dans
l'atelier pour juger de l'ascendance du fonctionnaire commanditaire sur l'artisan
débiteur. Nous avons vu qu'au niveau de la gestion et de la direction de l'atelier
l'artisan conservait son autonomie. On peut se demander tout de même si une
relation de clientèle ne se développe pas, éventuellement, entre le bailleur de
fonds et le débiteur.
A côté de ces aspects financi8rs~ ces interventions permettent aux
artisans d'obtenir certains marchés publics ou de réaliser au profit de fonction
naires des travaux de fabrication ou de réparation. Cette incidente explique le
niv9au relativement important du chiffre d'affaires de ces ateliers.
-48-
L'apparente relation fonctionnelle qui existe entre la participation
des fonctionnaires dans le financement de ces ateliers et la bonne situation
générale de ceux-ci, stexplique donc à la fois par son aspect financier direct
ou indirect et son impact stimulant sur la production. Assurée de pouvoir pro
duire et vendre, l'entreprise artisanale se développe sans heurt.
aec) Fonction des agents extérieurs intervenant
Ce sont des agents de la fonction publique dont le niveau indiciaire
est variable: depuis le très haut fonctionnaire jusqu'au comptable ou à
l'infirmier.
Plus que leur place dans la hiérarchie de la fonction publique, c'est leur'
appartenance à l'Administration qui caractérise ces, individus.
Il ne s'agit plus de sonder leurs motivations mais de repérer les
éléments objectifs qui leur permettent de s'engager dans de telles interventions
pour quelques raisons que ce soit.
La régularité de leur rémunération et la stabilité de leur emploi, les
font être des avalistes privilégiés auprès des banques.
De plus, leurs possibilités financières sont sans doute améliorées par les
facilités diverses que leur procure ce statut.
aed) Activités économiques parallèles des menuisiers
La moitié des artisans de ce groupe ont réalisé quelques investis
sements en dehors de leur branche. Ce sont des mises en valeur agricoles, planta
tion de cacao, palmier à huile ou légume par exemple.
Des quelques cas rencontrés, on tire indicativement le schéma de financement'~u surplu~
suivant: les terrains sont acquis par autofinancoment et transfert/d'une acti-
vité en fonctionnement (menuiserie) vers une autre en créati~n (plantation). Les
crédits de la Banque Nationale de Développement Agricole viennent compléter ces
ressources propres.
Il s'agit aussi de construction immobilière; celle-ci mobilise le surplus
dégagé de l'activité de menuiserie auquel viennent s'ajouter des crédits ban
caires. Construction d'hôtels ou de villas assurent à ces entrepreneurs des gains
nets substanciels.
Un croisement d'épargne et d'investissement entre activités peut déboucher sur '
un micro-processus d'accumulation productive.
~49-
aec) Activités connexes des fonctionnaires intervenants
De marne que les fonctionnaires intervenaient dans le financement des
menuiseries, d'une manière directe ou indirecte, ils lancent des unités de produc
tions agricoles ou industrielles, sur les mêmes ressources. La différence es
sentielle est que les fonctionnaires-investisseurs attendent de ces capitalisa
tions connexes des profits, ce qui n'était pas le cas pour leur intervention dans
la menuiserie.
Ces activités sont agricoles
moutons et boeufs.
plantation de café et cacao, élevages de porcs,
n'est pas la panacée à la stagnation de l'artisanat.
La 'construction immobilière est ici aussi un investissement privilégié.
L'industrie tend à susciter quelques projets (fil électrique, batterie automobile
par exemple).
af) Facteurs de blocage de ces unités de production
A la différence de ce qui a été vu jusqu'à présent, les goulots
d'étranglement repérés ici sont induits par une expansion notable.
afa) Espace de production
L'exiguité relative de ces ateliers et l'implantation en zone urbaine
dense sont des éléments négatifs •.
L'aménagement de zone industrielle vient répondre à ce besoin d'espace productif
On doit préciser que l'implantation en zone industrielle n'assure pas à elle
seule, l'expansion. Ce n'est q~e le moyen de réduire un blocage défini et
d'assurer la p~rennité de l'expansion. Elle ne peut en aucun cas l'amorcer; ce
tAu contraire même, pour les petits ateliers artisanaux qui vivent d'une demande
émanant d'une clientèle de quartier, l'expulsion vers des zones péri-urbaines
serait mortelle: perte presque totale d'une clientèle déjà instable et minimale
sans contrepartie assurée, coût de déménagement, frais d'installation sur les
lots attribués (branchement électrique, construction, ••• ) ; coût de transport, •••
Seuls les ateliers déjà performants peuvent prétendre à ces implantations et en
assurer les frais. Et c'est principalement le cas des ateliers de ce groupe.
Quatre d'entre eux étaient gérés par des artisans, dans le~ quartiers denses
o'Abidjan. L'obtention de marchés réguliers, un financement relativement aisé,
l'attrjbution de parcelle en zone industrielle, les ont conduits à modifier leur
\-50-
structure de production qui s'apparente maintenant à une forme de fabrication
industrielle :le capital immobilisé par actif est relativement important, là
production tend à se standardiser, des comptes de gestion apparaissent, l~s
t~ches de direction et d'exécution se spécialisent.
Le glissement de l'artisanat vers des formes plus productives de
fabrication s'opère ici.
Les quelques ateliers qui constituent ce groupe, seront les seuls
susce~tibles de réaliser cette mutation.
Le quart de ceux-ci a effoctué ce glissement et fonctionnent mainteant à uQe
échelle industrielle (20 M CFA de chiffre d'affaire en 1974).
afb) Mise en place d'une comptabilité
La connaissance quantitative et suivie du fonctionnement de l'entrepri
se se révèle être une nécessité à partir d'un certain niveau de production.
Il est notable que ce soit dans ce groupe d'unités de production qu'apparaissent
les premiers comptes d'activité. Dans l'ensemblo des ateliers vus précédemment,
lés artisans jugeaient inutiles de mettre en forme comptable des flux irréguliers,
faibles et contingents. L'absence de comptabilité n'implique pas qu'elle soit
la cause, ou une des causes, de la stagnation d'une partie importante des unités
de productions artisanales.
Les artisans actifs perçoivent spontanément l'inté~êt d'une comptabilité à
laquelle ils s'initient par la tenue d'un livre de compte quotidien (Entrée/
Sortie) quand ils savent lire et écrire.
Sinon, c'est un jeune parent scolarisé qui est chargé de transcrire régulièrement
les recettes et dépenses dans un livre comptable.
La tenue d'une comptabilité en partie double peut être ensuite confiée à une
société de service qui collecte factures et pièces comptables pour les restituer
sous forme normalisée.
C'est à ce niveau de fonctionnement que l'analphabétisme devient un handicap
sérieux pour l'artisan.
afc) Besoin en fonds de roulement
L'augmentation du niveau de la production des ateliers fait naître des
besoins nouveaux en matière de trésorerie.
La constitution de stocks de matière première, de produits intermédiaires et de
produits finis, les facilités de paiement consenties à une clientèle plus nombreu
se nécessitent un volant de trésorerie plus large.
-51-
Divers procédés sont utilisés pour mobiliser ce fonds de roulement
acomptes reçus de la clientèle,
avances sur marché public,
crédit court bancaire (découvert),
avances liquides remboursables consenties par des tiers,
autofinancement.
Faute de pouvoir mettre en oeuvre une ou plusieurs de ces ressources,
les entreprises sont parfois contraintes de refuser des marchés.
ag) Croissance des investissements en machines de 1962 à 1974
De l'indice 100 en 1962, le capital-machine par atelier passe à 141
en 1974, soit une croissan~e de 2,7 %l'an, en valeur réelle.
(On notera l'ascendance exponentielle de la courbe de croissance des valeurs
d'achat courantes cumulées - cf. supra page 43).
Cette modeste augmentation du taux de croissance réel moyen des
immobilisations en machines par atelier et par an voila en fait, une bonne
utilisation de la capacité de production : le taux d'utilisation moyen est de 75%.Remarquons que 98 %des machines utilisées par ces ateliers étaient neuves à
l'achat, ce qui ne peut qu'améliorer leurs performances.
I~otons afin que le renouvellement du matériel commence à être envisagé par quel
ques ateliers, et donc jusqu'ici tout investissement en machines était net.
ah) Projets d'extension
Une fois surmonté l'obstacle principal que représente le manque d'espace
de production, ces ateliers ont tous l'intention d'augmenter le nombre et la. 1
qualité de leurs machines.
L'augmentation prévue "pour les années à venir" (sic), c'est à dire à moyen terme,
devrait multiplier la valeur èourante des immobilisations par 2,6. La création 1
d'emplois conséquente est évaluée à 76 postes, ce qui développerait l'emploi dans.'
ces ateliers dans une proportion de 1,5 environ.
L'élasticité de l'emploi par rapport au capital est égale, indicativement à 0,3.
Cette proportion rapportée à la valeur absolue des variables de capital et
d'emploi est remarquable.
En effet, le niveau moyen du capital technique par atelier est faible (1,5 M CFA),
celui de l'emploi ,est élevé (10 postes en moyenne, par atelier), si bien qu'une
forte croissance relative du capital ne mobilisera, en fait, que peu de ressources
(2,5 M CFA en moyenne, par atelier) mais induira la création de 5 emplois par
atelier.
-52-
Or, 80 emplois permanents créés au total~permettront une distribution de reven~s
à 80 familles ou 500 personnes environ.
La nature 1I1abor using ll de cette activité est ainsi indiquée.
h) Terrain
Les ateliers sont implantés sur des parcelles louées dans 88 %des cas.
63 %sont sur des parcelles appartehant à"des particuliers et 25 %sur des
terrains situés en zone industrielle. Les implantations dans ces zones sont
définitives et six fois moins coûteuses que les locations:
-Redevance moyenne par mètre carré et par an en zone industrielle : 350 CFA
-Prix de location moyen par mètre carré et par an sur terrains particuliers
'2.000 CFA.
12 %des terrains sont la propriété de l'artisan qui l'a acquis par autofinance
ment.
~) Construction
L'artisan est propriétaire des murs dans 94 %des cas.
Ces acquisitions sont principalement autofinancées par l'épargne réalisée avant
la création de ces ateliers, pendant une période de production artisanale
manuelle
Autofinancement 33,8 M CFA (95 %)Crédit fournisseur 1,4 M CFA ( 4 %)Participation extérieure 0,5 M CFA ( 1 %)
Total 35,7 rl CFA (100 %)
Les participations extérieures, faibles, sont le fait de fonctionnaires.
On s'étonnera de la structure de financement de ces actifs immobiliers,
plus particulièrement pour lès ateliers qui sont maintenant implantés en zone
industrielle.
Aucun crédit d'équipement, ni subvention, ne leur ont été accordés.
Leur capacité d'endettement est-elle saturée par les achats à tempéramment de
machines? Si c'était effectivement le cas, la prudence des banques serait à
l'origine de ce manque.
C'est donc sur leurs fonds propres que ces entreprises financent leurs
actifs immobiliers; ce qui, concrètement, conduit à la situation suivante, typi
que de ces constructions à usage industriel : elles évoluent pierre par pierre,
au rythme de la capacité d'autofinancement pour n'être achevées qu'après quel
ques années de fonctionnement de l'atelier.
,
Tableau 10
-53-
Moyen de financement et actifs immobilisés (en M CFA - 1975).
-54-
Ateliers Ateliers africains
'/ ivoiriens ' non ivoiriens ! Total'il ...- .. '::-:> .L .----:> \\1
' ..... ,;
37 %1 ! 83 %1 41 %a! 1Machines 20,479 ! . 4,226 24,705
%:' - 1
83 17% '100 %'l ,
·1 % 1 11 %1 1 1
Terrains 1 0,41 0,41 l' 1% '100 1
1001 %,
1 ,62 % 17 %i 58 %'ù! 1 .
Constructions 34,805 0,842 ! 35,647 !
%1 . 198 % 2 100 %i---
1 ·1 1'100 % 100 %, 100 %j!
Total 1 55,694 5,068 60,762! %! 8 % '100
.!92 %! 1 1 1
-Tableau 11 Montant des immobilisations par nationalité (en M CFA - 1975)
Nous retiendrons la part prépondérante que les professionnels ivoiriens
occupent dans ce groupe, puisqu'ils réalisent 92 %de l'ensemble de ces dépenses
d'équipement.
L'importance relative que prend l'investissement immobilier productif
dans les immobilisations des ateliers ivoiriens est notablè.
-55-
1223. Autres ateliers professionnels
Cette rubrique résiduelle rassemble quelques ateliers mécanisés dont,
les propriétaires sont des professionnels du travail du bois.
~Iais faute d'informations suffisantes, nous ne pouvons préciser la,
nature et l'importance exacte des interventions extérieures dont ils ont pu
bénéficier.
Ces ateliers ont été, peu ou prou, aidés par l'OPEI, ou sont proches de l'organi
sation professionnelle qui encadre les artisans.
Quatre ateliers constituent ce groupe. Tous sont ivoiriens.
Le niveau de l'emploi est, en moyenne et par atelier, de 19 individus, toutes
fonctions confondues.
Le chiffre d'affaires s'élève à 30 M CFA par atelier (1974).
a) Immobilisation-machine
Le montant total des investissements techniques est de 11,3 M CFA,
soit 7 %du capital-machine recensé dans la branche, et 11 %du capital-machine
investi par les ivoiriens.
On a dénombré 35 machines au total, soit 9 %du stock-machine de l'enquête.
Chaque atelier utilise en moyenne 9 machines.
Le financement des machines est ventilé comme suit
Autofinancement 6,962 M CFA 61,8 %Crédit fournisseur 1,5 M CFA ~3,4 %CCI (moyen terme). 0,3 M CFA 2,6 %Crédit court 2,5 M CFA 22,2 %Total 11,262 M CFA 100 %
b) Terrain
Encore implantés dans l'agglomération abidjanaise, ces ateliers
disposent en plus de parcelles en zone industrielle en cours d'aménagement.
c) Construction
LG montant courant cumulé de ces immobilisations est de 29 M CFA,
dont 83 %sont autofinancés. Les autres ressources sont des crédits bancaires
dont nous n'avons pas pu connaître les conditions d'octroi.
,
/
-56-
d) Ensemble des moyens de financement
Autofinancement 30,962 M CFA 77 %Crédit fournisseur 1 ,5 M CFA 4 %CCI (moyen terme) 0,3 M CFA 1 %Crédit bancaire 7,5 M CFA 18 %
Total 40,262 M CFA 100 %
Ces entreprises sont en voie d'atteindre, ou ont atteint une structure
de production industrielle.
Une position privilégiée dans l'organisation professionnelle de la branche
(syndicat), ou un contact étroit avec l'OPEI a accompagné l'expansion de ces
unités' de fabrication.
Ces avantages ont pu prendre des formes diverses que l'on a fait qu'entrevoir
(attributions préférentielles de marché, accès au crédit plus facile ••• ) •.
Quels que soient les différents aspects de ce~ interventions privilé~
giées, il en résulte un dynamisme très net qui démarque ces ateliers des autres
unités de production de menuiserie.
Ces entreprises, dont le8 caractéristiques structurelles sont proches
ou identiques de celles des ateliers les plus performants dans lesquels inter
venaient des fonctionnaires, sont, avec ces derniers, les seuls cas d'unités de
production artisanale qui ont pu atteindre une dimension industrielle~ principa
lement grâce à l'accès à un marché étendu et stable, et à la résorption 'des
goulots d'étranglement induits par l'expansion (trésorerie, espace de production,
méthode de gestion ••• ).
-57-
13 - Ensemble des ateliers professionnels
L'agrégation des résultats p~écédents permettra d'appréhender
globalement l'importance de cet ensemble de production ainsi que sas caractéris-
tiques générales.
A) Caractéristiques principales
a) Etat des principaux paramètres par type d'unité de production
1Nbre ..
:ateliers L K KIL CA CAIL Etr. Ivo.
Prof.sans Mach. (1) 9 4 0,15 0,038 0,55 0, 13fl 78 % 22 %( 11 %)
Prof.avec Mach.(2) sans 18 7 1 t 831 0,262 1 0,142 72% 28 %Inter. (23 %)
Prof.avec Mach. (3) 16 6 1,232 0,205 2 0,333!
75 % 25 %+ Inter. Privé (20 %)
!
Prof.avec Mach. (4 ) 16 10 10,38
111 1,1 1
25 % 75 %3,797 1 . ! 1+ Inter. Public (20 %)
! 1
Prof. avec IYlach. (5 ) 4 19 10 0,526 30 1,58·1
100 %+ Autre Inter. (5 %) 1
!
Tableau 12 Principaux paramètres par type d'unités de production (1975)
Colonne 1
Colonne 2
Colonne 3
Colonne 4
Colonne 5
Colonne 6
Colonn·e 7
Colonne 8
Nombre d'ateliers et importance relative de ceux-ci dans l'enquête
générale,
Nombre d'emplois par atelier, toutes fonctions confondues,
Valeur courante du capital-machine immobilisé par atelier, (en
million de francs CFA),
Capital par tête et par atelier,
Montant courant du chiffre .d'affaires 1974, (en M CFA),$..
Chiffres d'affaires courant par tête d'actifs, par atelier (en M CFA)~
Importance relative des étrangers (africains non-ivoiriens), par
type d'atelier,
Importance relative des ivoiriens, par type d'atelier.
/
(1) Professionnel sans machine et sans intervention.
(2) Professionnel avec machine et sans int srvention.
(3) Professionnel avec machine et intervention d'un agent du secteur privé.
(4 ) Professionnel avec machine et intervention d'un agent du secteur public.
(5) Professionnel avec machine et intervention d'une personne morale OPEI,syndicat professionnel ou autre.
-58-
b) Date de création des ateliers professionnels
1971/1975 : 42 %1
1966/1970 39 %1961/1965 : 12 %avant 1960: 7 %
100 %
Bien que la moitié des ateliers aient été créés depuis 1970, un
fléchissement tr~s net du taux de création d'unités de productiori nouvelles est
visible au début de la décennie 70.
B) Besoins et moyens de financelTlent
a) Immobilisations
Machines 77,198 M CFA 49,9 %Terrains 1 ,41 M CFA 0,9 %Constructions 76,150 M CFA 49,2 %Total 154,758 M CFA 100 %
Il ressort que 18s machines et les constructions sont les deux principaux postes
à financer.
Les terrains sont le plus souvent en location.
aa) Date d'acquisition des machines.~.,
1971/1975
1966/1970
1961/1965
1956/1960 .
61 %du parc~machines
29 %9 %1 %
ab) Croissance des immobilisations mécaniques
1Ateliers Ateliers africains1 1 ivoiriens...~ ' 1 ~:
Total! \!I ! ~r
_._~.
1 49 % 1 ! 67 %1 58 %! !'1971/1975 ! 21,047 ! ! 1 23,257 ! 44;304 1 1
48 %1 . ! 52 % !100 %122 % 1 29 %! 1 25 'fo! 1 1
1966/1970 9,506 1 ! 10,121 1 1 19,627 1 148 %1 1 52 %1 1 1100 %1, 17 % 1 4 %1 1 11 %' 1 1o.
1961/1965 7,070 1 1 1 1,280 1 1 8,350 1 1!~I 15 %1 ! I~I
12 % ! 1 1 6 %1 1 !1956/1960 4,917 ! ! 1 4,917 ! 1
11 DO %1 1 1 I~I100 % ! 1100 % 1100 %1 1 1
Total 1 42,540 1 !..
34,658 ! 1 77,198 1 1. ! 1 55 %1 45 %1 ! . 1100 %1
Tableau 13 Croissance des immobilisations mécaniques de 1956 à 1975 (sn MCfA1975)
Graphique n04
EVOLUTION DE LA VALEUR COURANTE· CUMULEE
DES ACQUISITIONS DE MACHINES
Milllnnsde FèFA
75
( Ensemble des pr.of~ssionnels avec machines)
60
45
15
19751970,
1965
•••.•••••...·••-•.
:•:.:.•:••·:•::•:.
:. ..o.
!···..•:o:oo•o."!
i-:./.
!.-l
l.......
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00
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l.........•••o·".0
00....-.• 0.0..
• 0............••0•.....~
.'...~.0......."00...
1960
Ateliers Africains non Ivoiriens professionnels
Ateliers Ivoiriens professionnels
Ensemble des ateliers professionnels
/
----~
...................
-60-
b) Moyen de financement
1 11. Ressources Ateliers Ateliers africains! Total1
'~fivoiriens
inon ivoiriens !
'~;, ._..._,;,' "'~': ,-'> "
f 1 .,% %1 1 70 %, 58 66 1
1 Autofinancement 1 75,075 26,868 101,943 11 1 % et' 11 ! 74 26 1" 100 %!1 ,
15 % 10 %1 8 %i !1 Crédit fournisseur ! 9,065 1 7,086 16,1511 ! ,
JI; %! !56 %i 44 100
, ,17 % dl3 %i !
7 %
Participation extérieure 3,085 ! 7,576 10,661,%i %29 %; 71 100
15 % ' !
10 %12 %, 1Crédit à court terme 13,135 2,454' 15,5891
% ! , ,%84 16 %; '100! !---
%; %, ! ott
17 5 ! 7 /° 1
1 Crédit à moyen terme 8,0951 2,3 , , 10,3951 ! %
l ' ",
%,!78
!22 %i , 100
,%;
,ai!
, 1'100 '100 '100 %'1 ! /" ! ! 0,
Total ! 108,455 46,2841 ! 154,739! , , %! %:! 70 %i ! 30 ù! 100
Tableau 14 .1\1oyens de financement des principales immobilisationsde l'ensemble des ateliers professionnels (en M CFA - 1975) •
L'autofinancement est ,la ressource principale mobilisée pour le
financement des principales immobilisations de ces ateliers artisanaux (60 %du
total).
Les ressources sur épargne propre (autofinancement) ou externe (participations
extérieures) représentent près des 3/4 de ce financement.
L'accès au crédit bancaire est faible: 17 %du total. Il est surtout le fait
des ivoiriens qui drainent, dans notre échantillon, 82 %des crédits à court et
moyen terme consentis à l'ensemble de ces ateliers artisanaux (par atelier et
en moyenne, les africains non ivoiriens disposent de 0,13 rl CFA de crédits à
court ou moyen terme, les ivoiriens de 0,79 M CFA).
-61-
On remarquera que le montant des participations extérieures est en raison inve~se
de celui des 'crédi ts bancaires.
Il semblerait que moins l'artisan a accès aux prêts des banques, plus il est
contraint de solliciter des participations directes de son entourage ~amilial
mais surtout de sa clientèle (cas des ateliers afric~ins non ivoiriens).
Au total, 63 unités de production composent ce groupe d'artisans
professionnels; 36 sont la propriété d'africains non-ivoiriens (57 %) et 27 sont
ivoiriennes (43 %).
La part relative de la valeur d'achat courante des principales immobili
sations réalisées par chaque entité nationale est la suivante :
45 %55 %
Ivoirien
r'iachines
! !!Africain non-ivoirienl! !------------- ------------ ------------!!
Terrains 59 % 41 %
Constructions 86 % 14 %
Total 70 % . 30 %
Par cette comparaison, on a voulu montrer la part prépondérante que
les ivoiriens ont dans le processus d'accumulation de la branche. Par les inter
ventions diverses dont ils bénéficient, des ateliers ivoiriens parmi les plus
dynamiques, ont pu émerger d'abord d'une stagnation dans laquelle restent
confinés les ateliers africains non-ivoiriens, puis opérer dans certains cas une
mutation de leur structure de production, de type industriel.
Si l'amélioration de la situation de la plupart des ateliers ivoiriens
est rendue possible par, principalement, l'intervention d'agents de la fonction
publique, le glissement et la transformation d'unités de production artisanales
en entreprises industrielles restent limités à quelques unités ivoiriennes.
1
Sur l'ensemble des ateliers dirigés par des professionnels, ivoiriens
et non-ivoiriens, 10 %des unités de production ont pu tr~nsformei progressive
ment leur structure de production.
Toutes ces unités sont ivoiriennes.
Rapportée à la totalité des ateliers ivoiriens qui sont la propriété de profes
sionnels, ces entreprises représentent 25 %de ceux-ci •
....
1
-62-
Le mouvement linéaire progressif présente donc, dans notre échantillon,
deux caractéristiques essentielles :
il est exclusivement ivoirien,
il ne touche qu'une minorité d'ateliers.
C'est par une autre voie que va se réaliser le processus d'émèrgence
d'un milieu d'affaires ivoirien, dans cette branche.
2- Non professionnels
-63-
<&1-
-64-
A) Définition de l'échantillon
Les entreprises étudiées ici ont été sélectionnées à partir du double
critère suivant :
-les propriétaires individuels ou les associés qui ont créés ces entreprises ne
sont pas des professionnels du travail du bois, c'est è dire qu'ils n'ont pas
suivi u~ apprentissage professionnel et n'ont jamais été salariés en menuiserie,
-des agents de la fonction publique interviennent dans le financement des immobi
lisations, sous la forme suivante:
-propriétaire individuel
-actionnaire
-commanditaire
-avaliste.
Ces individus ont eu généralement un indice élevé dans la fonction publique ou
gouvernementale (sous-préfets, députés, anciens ministres ou directeurs u'entre
prises publiques).
Dans les trois premières formes d'interventions, les fonctionnaires
financent directement, à partir d'un surplus, effectif ou potentiel, dont ils
disposent, la création ou l'extension d'une unité de production.
Dans le dernier type de participation, leur interventio~ est indirecte,
virtuelle.
B) Caractéristiques principales
Nous avons recensé onze entreprises dans ce groupe d'unités de
production, soit 15 %de l'enquête générale. Une des caractéristiques majeures
de ce groupe est l'exclusivité des nationaux ivoiriens. Ce fait remarquable
affirme l'importance que vont avoir ces entreprises non pas seulement en tant
que potentiel de production, mais aussi comme produit d'un processus d'émergence
sociale auquel seuls les ivoiriens participeront.
Cette ascension conduit les investisseurs nationaux non pas à être les seuls
producteurs dans la branche, mais à rejoindre, et même dépasser, par l'ampleur
de cette accumulation, les Libano-syriens et les Français qui gèrent encore
des menuiseries en Côte d'Ivoire.
C'est ce dynamisme récent qui suscite l'intérêt.
" -65-
Les ivoiriens qui vivaient de la menuiserie, ne se distinguaient pas
des autres africains par leurs résultats; ces deux entités avaient la même
structure artisanale de production, avec quelques percées contingentes d'individus,
de part et d'autre.
Puis, vers la fin des années 60, apparaîssent des Ivoiriens à un niveau de
production duquel ils avaient été jusqu'à cette période absents, rejoignant et
dépassant même les étrangers européens.
A cette ascension, les étrangers africains n'ont pas participé, comme
le confirme l'exclusivité ivoirienne dans ce groupe ~'entreprises.
Les indications relatives au chiffre d'affaires"de ces entreprises donnent un
montant agrégé de 226 M CFA pour 1974, soit, en moyenne 20 M CFA par entreprise
avec une dispersion notable.
L'emploi occupe 226 personnes, toutes fonctions confondues, soit 20 emplois par
unité de fabrication en moyenne. Les 3/4 des entreprises ont 12 employés ou plus,.et la moitié emploie plus de 25 individus. Ces unités disposent de 120 machines
aU total, soit onze en moyenne par at~lier; la presque totalité de ce matériel
était neuf à l'achat; 50 %de ces machines ont été acquises depuis 1969.
Ces éléments descriptifs signalent le niveau relativement élevé de la
capacité de production de ces entreprises, il en résulte le franchissement ~e
seuils qualitatifs, matérialisé par l'apparition d'une structure de production
de type industriel.
Ce sont les facteurs déterminants de celle-ci que nous allons envisager, à.
travers le processus d'accumulation de ces entreprises.
C) Moyens de financement
a) Machines
Les besoins de financement de ces unités de production relatif aux
acquisitions de machines, s'élèvent à 49 M CFA, soit 32 %du total des immobili
sations mécaniques de l'enquête générale.
Chaque entreprise dispose d'un capital technique de 4,5 M CFA en moyenne.
Sept moyens de financement ont été recensés :
1
. 1
./
"
EVOLUTION DE LA VALEUR COURANTE. CUMULEE
DES ACQUISITIONS DE MACHINES
(Non professionnels)
____' Entreprises Ivoiriennes
Millionsde FCFA
50 '
40
30
20
10
i
1960,
1965 1970 1975
-67-
1 Apport persQnnel 6,7 M CFA 14 %11 Autor"inancement 8,1 M CFA 17 %1 Crédit fournisseur 2,4 M CFA 4 %11 Participation extérieure 1 17 M CFA 35 %1 Crédit à moyen terme (c C 1) 1
5,1 M CFA 10 %! ' 1! Sociétés de crédit (court terme) 5,8 M CFA 12 %! Banques commerciales
!3,8 ~1 CFA 8 %!
!
Total ! 48,9 M CFA 100 %!
Tableau 15 : Moyen de financements des principales immobilisations
Ces différents types de financement peuvent'être regroupés en deux
modes principaux :
- ressources sur épargne
- ressources sur crédit
apport personnel
autofinancement
participation extérieure
crédit fournisseur
crédit à moyen terme
sociétés de crédit (court)
banques commerciales.
Les ressources sur 'épargne s'élèvent à 31,7 M CFA, soit 66 %du
financement total des immobilisations mécaniques de ces entreprises.
Les ressources sur crédit font la différence, c ' est-à-dire17,2 M CFA
ou 34 %.
. L'importance relative du financement de ces entreprises sur fonds
d'épargne n'est pas très différente de celle des autres ateliers envisagées
jusqu'ici (73 %) pour l'ensemble des ateliers professionnels contre 66 %pour ces
entreprises-ci). Si donc cette proportion globale ne paraît pas être typique
d'une strate ou d'un groupe d'unités de production, ,la structure et les modalités
, de mobilisation de cette ressource divergent radicalement entre les ateliers
professionnels et les autres entreprises.
-68-
aa) Ressources sur épargne
Ce sont l'apport personnel et les participations extérieures qui seront
les moyens de financement sur épargne utilisés à la création de ces unités de
production. En effet, l'autofinancement constitue un surplus investible expost,
~'est-à-dire qu'il appara!t après un ou plusieurs cycles d'exploitation; il ne
peut constituer une ressource disponible à la création de l'entreprise. Or, comme
nous le verrons, 50 %de l'effort financier est fourni à la création de ces
entreprises; l'apport personnel et les participations extérieures représentent
67 %des reSsources mobilisées pour les premières acquisitions de machines.
L'autofinancement permettra ensuite le financement du tiers du reste des machines
acquises ultérieurement par ces entreprises (8,1 M CFA autofinancés).
aaa) L'apport personnel est le fait de propriétaires individuels, qui
disposent d'un surplus créé par une ou plusieurs activités conduites antérieure
ment oU'parallèlement à la Menuiserie.1
Cette ressource s'élève à 6,7M CFA, soit 14 %du total des immobilisa
tions en machines de ce groupe d'entreprises. L'existence et l'importance de
cette ressource sont typiques de celui-ci.
Jusqu'à présent, les ateliers étudiés, pour ce qui était de leur
. financement sur épargne propre, .utilisaient exclusivement leur capacité d'auto
financement pour dégager un surplus qui était issu principalement de leur
activité non mécanisée, et destiné à l'acquisition de machines.
L'apport personnel, fonds propre disponible initialement, était inexistant pour
les ateliers sans machine, puisqu'il n'y avait alors pratiquement pas d'investis
sement de départ; c'est de cette activité manuelle de tâcheron qu'allait être
dégagé un surplus investible.
Au contraire, pour ce dernier groupe d'entreprises, qui ne sont pas
la propriété de professionnels du travail du bois, l'apport personnel est une
ressource mobilisée initialem~nt, et dans des proP9rtions non négligeables (14%)
du financement-machine).
Cette source de financement connexe est localisée dans des secteurs d'activités
tels que le commerce, la construction immobilière ou la plantation agricole. Des
investissements productifs qui y ont été réalisés antérieurement, est dégagé un
surplus qui, entre autre destination, vient s'investir, sous la forme d'apports
personnels dans ces unités de production.
-69-
Les entrepreneurs qui lancent ces activités multiples, sont principale
ment des agents de la fonction publique, et accessoirement d'anciens salariés du
secteur privé. Leur caractéristique est de pouvoir dégager, d~ leur revenu
salarial, un surplus, ou d'avoir un accès privilégié au crédit bancaire. Leur
accumulation productive semble se diversifier dans différentes activités, plutôt
que s'intensifier dans un seul secteur.
On remarquera que la menuiserie, dans les cas rencontrés ici, est la première
branche d'activité industrielle dans laquelle est affecté ce surplus. L'élargis
sement de"cette accumulation combinée est notable. Si les secteurs de l'immàbi
lier, des transports ou du commerce, restent des lieux d'investissements privilé
giés pour les épargnants individuels (nous avons pu seulement en constater
l'existence et l'importance dans nos entretiens avec ces entrepreneurs), la
menuiserie en tant qu'activité susceptible de prendre une forme industrielle face
à une demande dynamique, devient un champ d'investissement à explorer.
Les apports personnels sont une forme de financement dans laquelle la
fonction d'épargne et celle d'investissement sont confondues puisque détenues
conjointement par un m8me individu. Par contre, la fonction de propriété et celle
de gestion sont disjointes.
A la différence de l'atelier artisanal, dans lequel un même individu crée et gère
l'activité, ces entreprises sont rarement directement exploitées par le proprié
taire.
Le processus d'accumulation duquel elles participent implique cette dichotomie.
Les branches d'où est dégagée l'épargne et dans laquelle est réalisé l'investis
sement étant distinctes, et l'investisseur n'étant ni professionnellement ni
socialement destiné à les gérer, celui-ci délègue la gestion et l'explOitation
de son entreprise à un responsable salarié.
L'objectif de l'investisseur est d'élargir le champ de son accumulation produc
tive, en réinjectant l'épargne dégagée dans le circuit économique, sous forme de
capital, là où des perspectives de profit sont révélées par le marché ou l'action
de l'Etat.
aab) Participations extérieures
A côté d'un financement r~alisé uniquement sur épargne individuelle,
apparaissent des mises en commun d'épargne principalement sous la forme de
société à responsabilité limitée.
-70-
Il n'y a là qu'une différence de degré avec ce qui précède (apport
personnel), alors que l'artisanat relevait d'une autre forme, d'épargne et donc
d'accumulation.
Ces associations financières fournissent un peu plus du tiers des
immobilisations en machines, en valeur courante~ 16,959 M CFA, soit 35 %du
total machine.
Elles consistent principalement en parts allouées à des tiers, pour la plupart
fonctionnaires. Les entreprises qui mobilisent de telles ressources sont princi
palement la propriété de fonctionnaires.
On retrouve ici la distinction des fonctions de gestion et de propriété.
Pratiquement, cela nous a conduit à rencontrer le gérant pour trouver le comman
ditaire. Le premier, par la nature de sa fonction, est aisément repérable puisque
l'entreprise est le lieu où s'exerce concrètement celle-ci; le second se situe
au contraire à l'extérieur du cadre de la production.
Les contacts avec les bailleurs de fonds sont parfois malaisés, puisque se
faisant par l'intermédiaire du gérant qui ignore, plus ou moins, le nombre et la
situation professionnelle exacte des propriétaires des moyens de production. Il
rend compte à l'un d'eux de la situation, au cours de visite de contrôle que le
cà~propriétaire effectue périodiquement dans l'entreprise.
Les Tenseignements que le gérant est disposé à fournir pour joindre les tenants
du capital sont quelquefois insuffisants ou vagues. On a tout de même pu contactee
systématiquement le propriétaire ou co-propriétaire de toutes ces entreprises du
groupe.
Les informations fournies par celui-ci sont parfois entachées d'erreur ou
d'omissions que l'on peut supposer volontaires.
Connaître immédiatement les montants et l'origine des fonds engagés n'a pas été
toujours possible; le nom et la position des co-propriétaires ont parfois été tus,
On a pu tout de même réduire notablement cette marge de silence ou d'imprécision
par des informations obtenues à d'autres sources. Les approximations qui subsis-
.tent, portent davantage sur les éléments quantitatifs (r~ssources financières et
conditions d'allocations); pour le reste, c'est-à-dire données biographiques ~t
socio-professionnelles des bailleurs de fonds) les résultats avancés sont sûrs.. \
En conséquence, malgré quelques incertitudes, les données sur lesquel
les repose cette analyse paraissent suffisantes à mettre en évidence le rôle
majeur qu'occupent les agents de l'Etat et, accessoirement, du tertiaire moderne,
dans le processus d'accumulation nationale au niveau de la branche considérée
et, par extension hypothétique, dans les petites et moyennes entreprises
iv~iriennes.
-71-
Les motivations de cette intervention ne relèvent plus d'une.entr'aiJe
familiale, même si parfois les ~iens de parenté restent le cadre relationnel de
ces associations.
L'objectif clairement exprimé par ces investisseurs est de réaliser un profit.
Pourtant, le placement qu'ils réalisent dans la menuiserie n'est pas celui qui
présente le meilleur rendement ou le moindre risque.
Malgré quelques échecs, la menuiserie, et d'autres branches d'activité de petites
et moyennes entreprises (boulangerie, confection par exemple) commencent à attirer
des investisseurs nationaux.
Ceux-ci mobilisent conjointement une épargne salariale (fonction publique princi
palement) et un crédit bancaire, et investissent dans des secteurs attractifs
(bâtiment, transport, commerce) et nouveaux (menuiserie, boulangerie ••• ).
Le capital social de ces entreprises est exclusivement privé et
ivoirien. Cette exclusivité est rendue possible par la divisibilité des investis
sements à réaliser. Une menuiserie peut être lancée en mobilisant les ressources
nécessaires à l'acquisition de quelques machines. Cette adaptabilité de la masse
d'investissement à l'épargne disponible rend possible une ivoirisation totale de
certaines unités de production.
On peut envisager, sous forme d'hypothèse que les branchels dans lesquelles
l'investissement minimum par entreprise, est au plus égal à l'épargne détenue par
un ou plusieurs détenteurs de capital, sont susceptibles de s'ivoiriser, du point
de vue de la nationalité du capital.
Si cette proposition correspond assez bien au &hé ma d'ivoirisation d'entreprises
de menuiserie pour lesquelles le financement bancaire reste réduit, elle n'est
pas recevable dans d'autres activités (en effet, la boulangerie ivoirienne a été~par contre largment financée sur ressources bancaires comme le montrera le
travail que nous y effectuons actuellement).
ab) Crédit bancaire
La part du crédit bancaire dans le financement des immobilisations
machine s'élève à 14,8 M CFA ainsi répartis:
(10 %) 5,1 M CFA Crédit à moyen terme
du crédit de Côte d'Ivoire
(12 %) 5,8 M CFA Crédit court des sociétés de crédit (Safca, Sif)
( 8 %) 3,9 M CFA Crédit court des banques commerciales.
Compte tenu de l'étroitesse de.l'échantillon, nous ne formulerons ici que
quelques remarques générales. L'existence de crédits à moyen terme et l'impor
tance relative du financement bancaire (30 %) est remarquable, (rappelons que
-72-
pour l'ensemble des ateliers professionnels, cette proportion n'était que de
17 %).
Le crédit de Côte d'Ivoire intervient seulement dans des opérations de
prêts pour lesquelles un ou plusiéurs fonctionnaires garantissent la solvabilité
du débiteur.
Les banques commerciales interviennent exclusivement de cette dernière
strate d'entreprises, dans notre échantillon général.
On notera accessoirement l'existence de quelques crédits fournisseur
2,4 M CFA ou 4 %du financement-machine.
ac) Croissance des investissements mécaniques
L'objet de ce point d'étude sera de repérer si la croissance des
investissements mécaniques est le résultat d'une augmentation du nombre d'entre
prises ou, au contraire, une intensification des investissements réalisés par
chaque unité de production •.
Comme nous l'avons fait précédemment, nous avons évalué le montant
cumulé réel des investissements ,en machines de ces entreprises. Pour ce faire,
nous avons appliqué un taux moyen de dépréciation monétaire de 5,5 %l'an aux
valeurs d'achat courantes annuelles des machines.
De la base 100 en 1962, les investissements mécaniques passent à
l'indice 928 en 1974; le nombre d'entreprises est multiplié par 5,5 dans le même
temps.
Nous en déduisons qu'en moyenne les investissements techniRues, par atelier, se
sont accrus annuellement de 4,7 %et passent de l'indice 100 en 1962 à l'indice
169 en 1974.
(Nous avons assimilé investissement net et investissement brut compte tenu de la
presque totale inexistance de renouvellement de matériel).
Cette intensification, bien que réduite en terme absolu, reste forte par
rapport à celles enregistrées jusqu'ici; elle traduit un certain dynamisme dans
la formation de capital fixe mécanique de ces entreprises.
La signification de ce phénomène pourrait être d'affirmer la péren~ité'et
l'affernissement de la position de ces entreprises dans la branche.
-73-
En effet, le taux de croissance annuel réel du capital machine par entreprise,
est le plus élevé (4,7 %contre 1,5 %pour l'ensemble des ateliers professionnels),,l'indice de productivité est le meilleur (chiffre d'affaires/capital-machine =4,6 contre 2) et le taux d'utilisation de la capacité de production est relative
ment important (75 %contre 37 %en moyenne).
L'étalement des acquisitions de machines confirme cette croissance
progressive :
1ère acquisition 50 %du capital-machine
2ème Il 34 d du capital-machine, ~
3ème Il 6 % Il Il,4ème Il 7 % Il Il
5ème " 3 % Il Il
Au contraire, pour les ateliers précédants, nous avions noté la concentration
de l'effort financier sur la première génération d'achats; une fois ces acquisi
tions faites, l'investissement mécanique stagnait; chaque unité de production
nouvelle s'alignait sur ce schéma typique.
L'indication fournie à propos de l'utilisation de la capacité de
production (75 %) se voit confirmer par les gérants ou les propriétaires dA ces
entreprises qui, lorsqu'ils ont évoqué leurs difficultés, n'ont pas fait allusion
à la demande et à l'état du marché comme facteurs explicatifs de celles-ci.
En effet, ces entreprises enlèvent sans difficultés des marchés publics impor
tants qu'elles ne sous-traitent pas et qui leur assurent la possibilité de
standardiser leur production et d'atteindre un niveau de fabrication à ~rande
échelle. De plus, ils fournissent les principaux revendeurs de mobiliers de la
place.
b) Financement des immobilisations foncières
Un cinquième seulement des terrains sont acquis en toute propriété
par ces entreprises.
Deux,cinquièmes sont occupés par octroi d'un bail amphythéotique en zone
industrielle.
Le reste des terrains est loué.
Les entreprises les plus importantes de ce groupe sont situées en zone
industrielle, et disposent d'une bonne stabilité d'implantation.
On retiendra que pour .ces unités, les acquisitions foncières ne constituent pas
une immobilisation notable (1,3 M CFA autofinancé).
------~------------------..,...----------------
-74-
c) Financement des constructions à usage productif
La totalité de ces entreprises sont propriétaires des constructions
immobilières. La valeur moyenne courante de celles-ci est de 16,3 M CFA, par
unité de production. Cette moyenne voile deux réalités distinctes selon que
l'entreprise est située en zone industrielle ou pas, ces immobilisations sont en
moyenne de l'ordre de 40 M CFA dans un cas, et de 1',5 M CFA dans l'autre. (Ces
montants sont à rapprocher de la surface occupée par chaque type d'unités de
production, en moyenne : 5~OO m2 en zone industrielle, 370 m2 en ville).
Cette distinction interne n'est pas pertinente si on la considère
statiquement, car on peut être' tenté de nier la cohésio'n de ce grolJpe dl entrepri
ses et par là même, prétendre à l'inadéquation de la typologie qui sous tend
l'étude.
Mais' dans une optique dynamique, Cl est-à-dire concrètement si l'on
interroge les entr~prises situées dans l'agglomération on est surpris de consta
ter que leurs projets en voie de réalisation pour quelques-unes, seulement
envisagés pour d'autres, sont la réalité des entreprises implantées en zone
industrielle. Le décalage dans l'espace traduit un décalage dans le temps.
C'est en cela que ce groupe d'unités de production est aussi homogène.
pour l'ensemble de ces entreprises, le besoin en espace productif a
été satisfait ou le sera; la question d'implantation et de surface nécessaire
n'est pas un obstacle à leur expansion. Ce goulot ,d'étranglomont a été franchi.
De plus, non seulement ces entreprises ont disposé d'espace productif
en temps opportun, mais elles ont eu accès à des crédits bancaires pour aménager
ces terrains et donc donner à cet espace sa destination de facteur de production.
Les crédits bancaires constituent 50 %des ressources mobilisées pour la réali
sation de ces constructions.
Il ne nous a pas été possible d'établir un plan de fin~ncement précis
pour chacune d'elles et de dégager les conditions générales d'octroi de crédits
bancaires à moyen terme.
On peut seulement avancer que ces entreprises, dans notre échantillon
général, sont les seules qui bénéficient à la fois d'un accès aisé aux terrains
à usage industriel et aux ressources financières nécessaires à la mise en
fonction de ceux-ci.
La personnalité des investisseurs est sans aucun doute à l'origine de cette
situation.
-75:"
On a précédemment rencontré des entreprises d'un autre type qui ont eu
accès aux zones industrielles, mais l'absence de disponibilités financières gelait
l'efficacité potentielle de ces implantations.
A côté des crédits bancaires, l'autofinancement vient compléter les
moyens nécessaires à l'acquisition de ces investissements immobiliers.
0) Réflexion sur la situation de ces entreprises
Le niveau élevé de la demande qui revient à chaque unité de production
constitue la clef de voûte de l'évolution de la structure productive de la
branche.
La pénétration récente (1968/1970) de ces entreprises de non
professionnels sur le marché de la menuiserie en Côte d'Ivoire, est venue pertur
ber la situation artisanale qui s'était développée depuis les années 60.
Ces entreprises dont nous avons perçu la spécificité à travers leur accumulation,
ont, été créées ex nihilo, elles sont venues "coiffer" l'ensemble de l'artisanat
qui évoluait partiellement vers des formes plus productives.
La célérité et la possibilité de mobiliser un surplus investible idoine, la
capacité technique et rèlationnellepe détourner à leur profit une partie impor
tante de la demande, ont abouti à une percée rapide de ces entreprises, exclusi
vement ivoiriennes, qui entrent maintenant en concurrence avec les entreprises
modernes étrangères de la branche.
Cette émergence d'une strucJure nouvelle de production, a conduit à une,situation que les artisans caractérisent ainsi :
-l'artisanat n'a pas véritablement profité du "boom" de la demande
induite par l'urbanisation,
-l'artisanat a vu sa part relative du marché se réduire,
-le nombre d'ateliers artisanaux s'est considérablement accru, aiguisant
encore davantage une concurrence anarchique: entre 1964 et 1974 ce
nombre a été multiplié par 10.
Chronologiquement, il apparaît une corrélation très nette entre
l'émergence de ces entreprises de type industriel, et le déclin, ou en tout,cas la stagnation, de l'artisanat. La fin des années 60 correspond simultanément
à ces doux mouvements opposés.
-76-
De même que nous avions repérés quelques ateliers parmi les précédents,
qui étaient en voie d'atteindre une dimension industrielle et donc d'affirmer en
principe la pos~ible mutation de l'artisanat en entreprise de type industriel
(à la différence près que la fonction de gestion et de proprïété y restaient
confondues), nous avons repéré ici des entreprises dont la situation n'était
guère satisfaisante. Mais dans un cas comme dans l'autre; les explications
fournies pour ces exceptions n'ont pas infirmé l'argumentation formulée.
On apprend ainsi que les quelques réussites artisanales tiennent à des interven
tions extérieures (OPEI, commanditaires-fonctionnaires, accès préférentiel au
marché ••• ) qui propulsent ces unités de production vers des structures d'activité
plus productives.
Symétriquement, les échecs de quelques entreprises relativement importantes, de
ce dernier groupe, sont dûs à des facteurs contingents ou circonstanciels.
Nous avons vu que ces entreprises, dans leur ascension, n'ont pas été
freinées par les blocages rencontrés précédemment (niveau et nature de la demande,
accès au crédit, tenue de compte d'entreprise, espace de production). Mais à leur
ni~eau, d'autres goulots d'étranglement apparaissent.
La difficulté la plus fréquente porte sur le recrutement d'un encadre
ment compétent, plus particulièrement au poste de gérance.
Nous avons vu le rôle majeur que joue le gérant, dans ce type d'entreprise, en
tant que pivot autre les propriétaires des moyens de production et les salariés.
Si cette position clé est ~éfaillante, le fonctionnement et l'existence de
l'entreprise sont mises en cause.
Nous avons rencontré parfoi~ cette situation dans laquelle l'incurie
du gérant était incriminée par les propriétaires pour expliquer le déclin de leur
unité do production. Le gérant peut être effectivement responsable d'une médiocre
exploitation de l'entreprise, mais il est conaevable de penser que son attitude
soit la conséquence d'un manque d'intér@t porté par les propriétaire~ à l'entre
prise.
Nous savons que ces propriétaires sont aussi détenteurs d'autres actifs, et
compte tenu du rendement comparé de l'ensemble de leurs placements ils s'attachent,
à suivre de plus près l~s activités à profit élevé. Dans cette stratégie, la
menuiserie, en fonctionnement récent, n'est pas aussi profitable qu'un porte
feuille d'actions de firmes étrangères.
,
-77-
De plus, une fois l'entreprise lancée, on mesure le risque financier que1
représente une telle ?pération qu'il est parfois préférable de stopper; vendre
et réaliser des investissement~ de portefeuille, plus sûrs et plus rémunérateurs,
devient nécessaire. Le gérant qui a perçu le raisonnement des propriétaires n'est
guère motivé pour assurer l'exploitation de l'unité de production.
La compétence du gérant est nécessaire pour assurer le fonctionnement
équilibré de l'entreprise, ou même se substituer parfois au désintérêt des
propriétaires des moyens de production.
Et pour cette fonction, les individus expérimentés font défaut; ils
sont généralement recrutés parmi des expatriés.
olune manière générale, le manque de main d'oouvre qualifiée est ressentie par
des entreprises de cette importance, comme un handicap notable.
La situation plutôt satisfaisante des entreprises de ce dernier groupe,
est confirmée par la nature de leur projet industriel :
-intégration verticale (exploitation forestière + transport du bois +
scierie + menuiserie + réseau de distribution),
-essai d10uverture vers les marchés européens par exportation de
produits finis ou semi-finis.
Ces réalisations supposent une mobilisation importante de ressources financières
à laquelle les institutions bancaires seront largement appelées à participer. Le
marché extérieur devient alors le principal client de ces entreprises, et la
demande nationale n'est plus qu'accessoire. Le marché intérieur peut tenir lieu
d'exutoire pour cette structure productive si la conjoncture commerciale étrangère
se dégrade, ce qui n'est pas sans effet sur la situation d1une partie des ateliers
professionnels les plus avancés.
-----------'---~----------------------------------_.. ....-- .--. . _.
-78-
CONCLUSION GENERALE
Aux termes de cette étude consa~rée à la formation d'un capital
productif privé ivoirien, deux séries de remarquas peuvent être formulées
-l'une méthodologique et analytique, relative à notre problématique
et à l'exposition des résultats;
-l'autre. opérationnelle, en rapport avec le processus d'ivoirisation
du capital privé productif tel que nous l'avons circonscrit dans la
branche.
1. Remarques méthodologiques et analytiques
A) Il convient de situer l'apport du travail réalisé par rapport au champ
d\analyse que supposaient le thème de formation d'un capital privé productif
ivoirien et de promotion de l'entreprise ivoirienne.
a) Par notre enquête, nous avons localisé l'existence du processus de
formation d'un capital privé productif ivoirien.
Nous avons précisé, dans la branche menuiserie, la position et l'évolution
d'unités de production ivoiriennes en nous appuyant sur l'étude des moyens et
caractéristiques de catte émergence industrielle ivoirienne. Clest donc princi
palement un travail de repérage du phénomène d'accumulation privée productive
ivoirienne et des moyons de financement mobilisés que nous avons /Sril i6ipa:lsiI.b1.L
réalisé.
b) Malgré l'importance de l'analyse consacrée aux artisans professionnels
dans n6tre étude, cette dernière n'a pas été exclusivement centrée sur l'ar
tisanat.
Notre problématique, en effet, nous a amené à embrasser l'ensemble de la branche,
et cette approche glo~ale ne permettait pas l'étude spécifique des différentes
structures productives, artisanales et industrielles.
Pourtant, la positior charnière de notre investigation a permis l'amorce d'une
analyse de la sphère artisanale et de quelques-unes de ses caractéristiques
structurelles, ce qui contribue sans doute à améliorer la connaissance du
milieu de la petite production industrielle, au plan de l'accumulation
principalement.
Mais cette contribution aurait nécessité, dans la perspectiVe d'une étude
spécifique de l'artisanat un élargissement de notre investigation au fonction
nement et à l'exploitation de ces unités de petite production (montage de
comptes d'explOitation, suivi et observation à moyen terme des conditions de
production des petits ateliers artisanaux et industriels par exemple).
. ...
-79-
c) Notre étude a été faite en terme de stocks (équipement); pour prétendre
à une analyse complète d'une structure productive particulière il aurait fallu
en réaliser l'articulation avec une analyse du fonctionnement en terme de flux,
de ces mêmes unités de production.
Nous pensons que c'est de cette double approche (fonctionnement et équipement~
que l'on pourra tirer une définition analytique du secteur artisanal.
d) En privilégiant l'étude de l'accumulation, nous aVons pu préciser les
besoins et les moyo~s de financement des investisseurs nationaux, mais sans
fournir véritablement une analyse de leur rationalité économique.
Nous avons seulement donné, en connexion avec notre réflexion, des éléments de
réponses sur les points suivants :
. -Pourquoi les investisseurs iV0iriens étendent-ils leur accumulation
productive à l'activité de menuiserie?1
-Pourquoi la formation de capital privé national se réalise-t-elle
principalement sous la forme d'entreprises moyennes ou grandes, de type
industriel ?
L'étude du comportement des investisseurs nationaux et de leur
rationalité aurait nécessité de disposer de deux types d'information:
-l'un portant sur les données de fonctionnement de ces ateliers et
entreprises ivoiriennes de la branche : évolution du caslh-flow, rapport entre
Bénéf ice et chiffre dl Affaires et, Bénéfice et Capitaux inves tis •.•
-l'autre relatif à l'idée que les investisseurs ivoiriens se font de
ces paramètres.
Dans quolle mesure sont-ils pris en compte dans le calcul économique en tant. ,
que variables déterminantes ?
Si ces paramètres interviennent .effectivement dans les choix d'investissement,
quels procédés d'évaluation intuitifs, empiriques ou co~ptables, ces promoteurs
utilisent-ils ?
En aval de cette analyse des motivations et choix en matière d'investissement,
pourrait être précisée la terminologie, générnlement floue, qui est utilisée
pour nommer les agents qui participent à cette formation de capital productif
privé national: investisseurs, promoteurs, entrepreneurs, chefs d'entreprise •••
,1
-80-
B) Un autre type de critique méthodologique portera sur Itexposition
de nos résultats.
La présentation des résultats de notre enquête s'est faite à partir des
caractéristiques formelles de l'accumulation productive des unités enquêtées~
(parmi les agents économiques ivoiriens, lesquels ont participé à la formation
de capital dans la brancha, et sous quelles formes?
Ces critères ont permis d'établir une typologie d'unités de production
distinctes du point de vue de leurs modalités d'accumulation; mais au niveau du
fonctionnement et des résultats d'exploitation tels que nous les avons éba~chés,
la pertinence de cette stratification a pu paraître moins évidente, compte tenu
des écarts à la moyenne des principaux paramètres relatifs au fonctionnement de
ces unités, à l'intérieur de chaque strate productive.
Cette dispersion tient à des facteurs contingents : gestion plus rigoureuse pour
tel atelier ou demandes conjoncturelles plus importantes pour tel autre apparte
nant à la même strate productive telle que nous l'avons définie.
Par contre, une observation comparative de ces différentes strates productiyes,
met en évidence une bonne corrélation entre le niveau moyen de la production et
les modalités de formation du capital productif des ateliers de chaque strate.
rI apparait ainsi que les conditions de l'accumulation (besoins et moyens de
financement) et l'accès au marché sont interdépendants. On conclut j sous la
forme d'une proposition biunivoque, qu'à un type de formation de capital
correspond un niveau de production; les écarts de production constatés dans
un même groupe d'accumulation ne sont que fortuits ou contingents, leur prise
en compte n'infirmant pas cette conclusion •
•
-81-
II. Conclusion
A travers notre analyse empirique et inductive, nous avons montré
l'existence et les caractéristiques particulières du processus d'ivoirisation
des unités de production de la branche.
Il ressort que depuis la fin des années 60, la formation de capital productif
pri~é national a été forte dans l'activité de menuiserie. Cette émergence s'est
faite principalement sous la forme de création de grandes et moyennes unités de
production ivoiriennes créées par des non professionnels.
Les glissements progressifs d'unités de production artisanales vers
des formes d'activité plus productives ont été peu nombreux.
La petite production de menuiserie n'a donc pas bénéficié de l'expansion
de la demande induite par la croissance générale de l'économie ivoirienne. Sa
capacité de production est restée largement sous employée.
De nouvelles unités de production dites modernes, mieux placées dans
l'accès au marché et au crédit du fait de la personnalité sociale do leurs
promoteurs, ont drainé vers elles, l'essentiel de la demande.
Dans ces conditions, la situation de l'artisanat reste précaire. Et
si l'objectif d'ivoirisation du capital a été largement atteint dans la branche,
le prpcessus suivant lequel il s'est réalisé ne va pas sans difficultés pour
l'artisanat du bois.
Nous avons ainsi vérifié notre hypothèse d'articulation entre secteur
artisanal et secteur moderne.
~ialgré le caractère apparemment redondant de cette conclusion, il nous
a semblé indispensable de ~ont~, en dernière analyse, cette interaction au sein
du tissu productif afin 'd'infirmer la vision dualiste stricte (inarticulation
entre secteur traditionnel et secteur moderne) qui prévaut le plus souvent en
matière de promotion artisanale ou industrielle.
Dans une stratégie volontariste d'émergence de l'artisanat national,
il paraît nécessaire de distinguer et d'articuler deux approches
-l'une opérationnelle et micro-économique qui consiste à mettre à la
disposition de l'ensemble, ou bien de quelques-unes, des unités de petite
production, une combinaison, jugée optimale, de facteurs de production (capital,
travail qualifié, technique adaptée). C'est là une forme classique d'action
.,
-82-
promotionnelle dans le secteur artisanal; elle est nécessaire mais pas
suffisante.
-l'autre relevant de choix stratégiques en mati~re de stratification
sociale, de création et de répartition de revenus et donc de structuration du
tissu productif.
En conséquence, la situation de la petite production artisanale ne
dépend pas seulement d'une politique judicieuse de promotion, mais aussi du
schéma socio-économique dans lequel elle s'inscrit.
c'est dans cette problématique à deux composantes que se situe néces
sairement toute politique de promotion de l'entreprise ivoirienne.
· ,
-83-
Tableaux
Tableau nO ~1
Tableau nO 2
Tableau nO 3
Tableau nO 4
Tableau nO 5
Tableau nO 6
Tableau nO 7
MOYGns de financement du capital technique (professionnels
sans intervention extérieure)
Financement du capital technique des ateliers professionnels
avec intervention d'agents du secteur privé.
Source de financement et génération du capital technique.
Importance des différentes générations de machines acquises,jusqu'en 1975.
Valeur courante et valeur réelle cumulées des investissements
en machines de 1962 à 1975.
Montant total des immobilisations par nationalité.
Moyens de financement par type d'immobilisations.
Tableau nO 8: Financement du capital technique par nationalité.
Tableau nO 9: Répartition de l'autofinancement par génération de machines
Tableau nO 10 Moyens de financement et actifs immobilisés.
Tableau nO 11: Montant des immobilisations par nationalité.
Tableau nO 12 Principaux paramètres par type d'unités de production.
Tableau nO 13 Croissance des immobilisations mécaniques de 1956 à 1975.
Tableau nO 14 I~oyens de financement des principales immobilisations de
l'ensemble des ateliers professionnels.
Tableau nO 15 Moyens de financement des principales immobilisations des
-ateliers non-professionnels.
Graphique nO 1
Graphique nO 2
Graphique nO 3
Graphique nO 4
Graphique nO 5
-84-
Graphiques
Evolution de la valeur courante cumulée des acquisitions
de machines (professionnels avec machines sans intervention
extérieure).
Evolution de la valeur courante cumulée des acquisitions
de machines (professionnels avec machines et intervention
d'un agent du secteur privé).
1
,Evolution de la valeur courante cumulée des acquisitions
de machines (professionnels avec machines et intervention
d'un agent du secteur public).
Evolution de la valeur courante cumulée des acquisitions
de machines (ensemble des professionnels avec machines).
Evolution de la valeur courante cumulée des acquisitions
de machines (non-professionnels avec intervention d'agents
du secteur public).
"'i
\
-85-
Bibliographie
(1) Ville de Bouaké. 1969
Résultats d'enquêtes, comptes économiques de la ville.
Rentabilité de l'étude.
P. Castella
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(3) République de cate d'Ivoire, Ministère de la Construction
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Rapport justificatif.
Mai 1969.
-Organisation du secteur bois 1ère Partie Agglomération d'Abidjan
Office National de Promotion de l'entreprise ivoirienne 1973.
-Principales industries installées en CBte d'Ivoire au 1/1/75
Chambre d'Industrie de cate d'Ivoire - mai 1975.