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423 La forêt privée méditerranéenne La forêt privée méditerranéenne Souvenirs d’un directeur de CRPF par Bernard GUAY Les décennies 1960-1970 La loi Pisani, promulguée en 1963, constitue, pour la forêt privée française, l’événement législatif majeur des cinquante dernières années. A l’époque, l’autogestion, promue par le parti socialiste unifié (PSU), dirigé par Rocard et Chevénement, était la grande idée politique nova- trice. Il s’agissait de fonder une société plus responsable, en confiant une part de la gestion de certaines activités essentielles de la nation, non à des politiques ou des fonctionnaires, mais à des professionnels élus par leurs pairs. Ainsi, bien avant mai 1968, un courant de pensée original remettait en cause l’organisation hyper étatisée de notre pays. La loi votée pour l’amélioration de la structure foncière et de la pro- duction des forêts privées, inspirée par l’utopie cultivée par le PSU, visait à confier un pan entier du développement aux propriétaires forestiers. Les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF), établisse- ments publics nouveaux, étaient administrés par des propriétaires élus, chargés de régir les modalités de gestion de la forêt privée. En ces temps où les Centres régionaux de la propriété forestière se sentent incertains de leur avenir, Bernard Guay, ancien directeur du CRPF Provence-Alpes-Côte d’Azur, décrit en ancien acteur passionné l’évolution de ces établissements. forêt méditerranéenne t. XXIX, n° 4, décembre 2008

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La forêt privée méditerranéenne

La forêt privée méditerranéenneSouvenirs d’un directeur

de CRPF

par Bernard GUAY

Les décennies 1960-1970

La loi Pisani, promulguée en 1963, constitue, pour la forêt privéefrançaise, l’événement législatif majeur des cinquante dernièresannées.A l’époque, l’autogestion, promue par le parti socialiste unifié (PSU),

dirigé par Rocard et Chevénement, était la grande idée politique nova-trice. Il s’agissait de fonder une société plus responsable, en confiantune part de la gestion de certaines activités essentielles de la nation,non à des politiques ou des fonctionnaires, mais à des professionnelsélus par leurs pairs.Ainsi, bien avant mai 1968, un courant de pensée original remettait

en cause l’organisation hyper étatisée de notre pays.La loi votée pour l’amélioration de la structure foncière et de la pro-

duction des forêts privées, inspirée par l’utopie cultivée par le PSU,visait à confier un pan entier du développement aux propriétairesforestiers.Les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF), établisse-

ments publics nouveaux, étaient administrés par des propriétairesélus, chargés de régir les modalités de gestion de la forêt privée.

En ces temps où les Centresrégionaux de la propriété

forestière se sentent incertainsde leur avenir, Bernard Guay,

ancien directeur du CRPFProvence-Alpes-Côte d’Azur,

décrit en ancien acteur passionnél’évolution de ces établissements.

forêt méditerranéenne t. XXIX, n° 4, décembre 2008

Leurs outils étaient :– la réalisation des documents, légalisés

par agrément ministériel, encadrant la ges-tion des ensembles boisés privés (ORP1 deve-nus SRGS 2 en 2001),– l’agrément des plans simples de gestion

(PSG),– conjointement avec l’Institut pour le

développement forestier (IDF) et lesChambres d’agriculture, la formation, leconseil et l’expérimentation.Cette novation rencontrait une hostilité

déclarée au sein de l’administration desEaux et Forêts. Elève nancéen à l’école dugénie rural et des eaux et forêts en 1964, jeme souviens des haussements d’épaule desprofesseurs et de leurs propos désabusés« comment des propriétaires mal formés,amateurs, souvent inactifs dans leursforêts, seraient à même de piloter de telsorganismes ? ». Ce chamboulement desstructures leur semblait d’autant plusinopportun que les conservateurs des eauxet forêts et leur troupe conseillaient aima-blement, à l ’occasion, ceux quis’adressaient à eux.Il s’est trouvé un propriétaire influent,

Hubert Leclerc de Hautecloque, pour releverle défi, en mettant au point, entre 1966 et1968, avec le ministre de l’Agriculture,Edgar Faure, les modalités pratiques de lan-cement des CRPF.Plus encore, il parvint à persuader la

majorité des propriétaires forestiers du bienfondé de la nouvelle organisation.Pratiquement, les CRPF commencèrent à

fonctionner en même temps que l’Officenational des forêts (ONF), le 1er janvier 1966.Dans un premier temps, ce fut

l’improvisation ; c’est vraiment en 1970 queces établissements devinrent autonomes, enordre de bataille, avec leur conseild’administration, leur directeur et les per-sonnels permanents.A cette époque, les effectifs étaient squelet-

tiques. En région Provence-Alpes-Côted’Azur (PACA), on comptait six salariés.Cela ne veut pas dire qu’avant 1970, les

propriétaires n’avaient rien entrepris. Dansla plupart des départements, des syndicatsprofessionnels existaient. CertainesChambres d’agriculture conduisaient desopérations de vulgarisation forestière ou,plus couramment, aidaient les centresd’étude techniques (CETEF) regroupés auniveau national par l’Institut de développe-ment forestier (IDF).Certains syndicats organisaient des ventes

groupées et, dans les zones très forestières,des coopératives se développaient.Les conditions économiques que connais-

saient la forêt méditerranéenne privée desdécennies 1960 et 1970 n’étaient pas globale-ment favorables.Le bois de feu ne se vendait pas dans cette

période de pétrole bon marché. Les taillisn’étaient plus exploités depuis la fin de laseconde guerre mondiale.C’est seulement à la suite de la crise pétro-

lière de 1974, qu’une reprise de leur exploita-tion s’amorçât.Les bois d’œuvre de médiocre qualité ne

trouvaient guère de débouchés et, déjà, lapapeterie de Tarascon assurait, à faible prix,l’absorption de la majorité des exploitationsde résineux. Seuls les bois de qualité issus deszones montagnardes trouvaient un débouchésatisfaisant (mélèze, sapins, pins Laricio).L’Etat, responsable de la politique fores-

tière, avait un objectif national prioritaire,accroître la production de bois d’œuvre. De cefait, la forêt méditerranéenne, hormis cer-taines zones privilégiées de montagne, nel’intéressait guère.La lutte contre l’incendie, pour la protec-

tion des biens et personnes, mobilisait descrédits publics très importants, trop impor-tants aux yeux des responsables politiquesdu ministère de l’Agriculture. Près du tiersdes crédits de la direction des forêts étaitenglouti dans ces opérations. Il n’était pasquestion d’investir plus dans cette zone.

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Trente ans de forêt méditerranéenne

1 - ORP : Orientationsrégionales de production

2 - SRGS : Schémasrégionaux de gestion

sylvicole

Photo 1 :Dans les années 90,

séance de travail en salle,par petit groupe, pour

les propriétaires forestiersPhoto CRPF PACA

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Des alertes sanitaires, notamment le dépé-rissement du pin maritime dans le Var, nefaisaient que renforcer les doutes des déci-deurs sur l’avenir des forêts du Sud.

L’administration, dans ce contexte, privilé-giait les actions à court terme et négligeait lelong terme de l’aménagement forestier.

N’étaient financées que les actions dereboisement d’anciens taillis ou de terresabandonnées dont la qualité permettaitd’espérer la production de bois d’œuvre rési-neux en quantité suffisante.

Les aides du Fonds forestier national(FFN), puis les aides européennes (Plan inté-gré méditerranéen, PIM) furent consacréesuniquement à ces tâches de transformation.

En forêt privée de PACA, les opérations dereboisement, toutes propriétés confondues,représentent 15 000 ha et concernent essen-tiellement la forêt publique.

Dans les autres régions, les surfaces reboi-sées sont plus notables, compte tenu deconditions écologiques plus favorables (parexemple 58 000 ha en Languedoc-Roussillon).

Dans ce contexte difficile, les CRPFavaient établi, dès 1972, les orientationsrégionales de production, encouragé etassisté les propriétaires à faire agréer leursplans de gestion.

Des opérations concertées avec les syndi-cats avaient permis l’organisation deréunions de sensibilisation, de formation etdes parcelles de démonstration avaient étémises en place.

Pour pallier le manque de gestion de laplupart des propriétés, des initiatives pourcréer des organismes de gestion en communavaient vu le jour.

Mais surtout, la forêt privée méditerra-néenne avait acquis, à travers les CRPF, unereprésentativité qui lui permettait de plaiderdes dossiers fondés sur une connaissanceréelle des problèmes. La préparation desORP, l’agrément des PSG, avait plongé lesadministrateurs dans la réalité concrète d’unespace considérable, dont ils se sentaientcomptables de la destinée.

La forêt privée méditerranéenne, c’est :26% du territoire ; 19% de la surface boiséenationale ; 2,1 millions d’hectares.

Ils s’étaient aussi rendus compte qu’iln’existait pas de propriétaire forestiermoyen, ni de forêt moyenne, mais que

chaque propriétaire et chaque forêt consti-tuaient des entités différentes. Neuf millepropriétaires de forêts doivent faire agréerun PSG, aucun ne dispose d’un bois sem-blable aux autres, du fait de la situationgéographique et géologique, des microcli-mats, de l’histoire des peuplements.Chaque propriétaire diffère des autres

propriétaires du fait de ses ambitionspropres et de son histoire. Certains cher-chent à dégager des revenus immédiats oudifférés, d’autres veulent produire poursatisfaire leur consommation énergétiqueou de bois de service, une part ambitionnede constituer un espace de loisirs (chasse,pêche…) ou de gérer la forêt pour leur plai-sir, des agriculteurs utilisent l’espace fores-tier comme complément à leur activité agri-cole (pastoralisme, miel, truffes,champignons…), des investisseurs cher-chent à aménager des ensembles touris-tiques. Cette diversité nécessite un conseil àla carte, une palette de propositions et desoutiens. Un propriétaire peut s’investir au-delà du raisonnable dans sa forêt s’il peut yconcrétiser ses aspirations, les vulgarisa-teurs le savent et toute leur habiletéconsiste à déterminer avec lui un projet quisuscite son engagement.

Les décennies 1980-1990-2000

Elles sont caractérisées par la prise encompte de la diversité des rôles de la forêt

La forêt privée méditerranéenne

Photo 2 :Dans le Gard,présentation d’un Guidedes stations forestières,par les agents du CRPFLanguedoc-RoussillonPhoto D.A.

méditerranéenne. Ces espaces boisés ontsuscité un regain d’intérêt, car ils symboli-sent à la perfection la notion d’espace enpéril.L’évidence des difficultés éclate au grand

jour : abandon des pratiques ancestrales,importance des risques naturels, impact deschangements climatiques, surfréquentationhumaine, coexistence difficile d’activitésantagonistes (pastoralisme tourisme et sylvi-culture par exemple).La forêt méditerranéenne s’est imposée

comme milieu biodivers par excellence, ellerenferme ainsi 22% des sites Natura deFrance.Elle s’est accrue globalement de 0,9% par

an à la fin du XXe siècle du fait de la trans-formation progressive des friches agricolesen milieu arboré.Les surfaces nouvellement intégrées à la

forêt, formées de petites parcelles issuesd’une agriculture de subsistance, sont engénéral d’une bonne fertilité. Elles consti-tuent de véritables friches forestières dont laproduction n’est pas négligeable.Il n’en reste pas moins que la forêt

ancienne est menacée dans toute la frangebordant la mer, mais aussi dans certainesvallées montagnardes constituant lesannexes ludiques des villes voisines.Les propriétaires ne peuvent plus espérer,

dans les conditions économiques du moment,obtenir de revenus, sauf pour ceux possédantde beaux taillis ou des arbres de futaie demontagne. Certains ont perdu tout espoir à

cet égard, car 40% des surfaces forestières nepeuvent être vidangées dans de bonnesconditions. Le coût de l’exploitation fores-tière s’accroît plus vite que le coût général dela vie, des versants entiers encore économi-quement exploitables jadis ne le sont plus àce jour.Comment s’étonner dans ces conditions

que seulement 35% des surfaces soumises àPSG disposent de documents de gestion ?Toutes ces évolutions confèrent à la forêt

méditerranéenne une forte personnalité.Celle-ci est, en général, niée par les hautesinstances de l’administration, effrayées parla charge que pourrait représenter une priseen charge sérieuse des problématiques ren-contrées. L’évidence de cette singularité,pourtant palpable quand on franchit le col dela République ou le col Bayard, sera recon-nue du bout des lèvres dans la loi de 2001,après les combats de Forêt Méditerranéenne,des présidents de CRPF et des syndicats.Article L1 – 6°alinéa du code forestier : “La

mise en œuvre de la politique forestière tientcompte notamment des spécificités oucontraintes naturelles d’exploitation desforêts montagnardes, méditerranéennes etdes forêts soumises à une forte fréquentationdu public”.Depuis les années 1980 et plus particuliè-

rement depuis 1995, les CRPF méditerra-néens ont réalisé un important travaild’analyse et de réflexion.S’appuyant sur les résultats de ces tra-

vaux, ils ont plaidé pour une nouvelle poli-tique, en particulier dans une interventionconjointe auprès du ministre de l’Agricultureen mai 2004.La forêt privée, en dehors des 350 000 ha

disposant d’un PSG, comprend 1 750 000 hademandant à être dynamisés.L’urgence de conduire des actions visant

spécifiquement ces espaces, souvent délais-sés, est patente.Les SRGS réalisés entre 2002 et 2005 ont

intégré ces options de mise en valeur del’ensemble des superficies privées. Lesmoyens disponibles pour mener à bien lesopérations nécessaires sont trop limités etce, d’autant plus que l’Etat se décharge pro-gressivement de ses prérogatives forestières.Bien que réaffirmant dans la loi de 2001

que la politique forestière est de sa responsa-bilité, l’Etat, en réalité, cède aux collectivi-tés, dont les Régions nouvellement créées, la

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Trente ans de forêt méditerranéenne

3 - PIDAF : Planintercommunal

de débroussaillement etd’aménagement forestier

Photo 3 :En Ardèche, panneau

d’informationsur la sylviculture

préventive, apposé dansune propriété privée parle CRPF de Rhône-Alpes

Photo D.A.

forêt méditerranéenne t. XXIX, n° 4, décembre 2008 427

charge d’une part grandissante des finance-ments de la politique forestière.Les nouveaux acteurs sont : les Régions,

les Parcs régionaux, les Départements, lesPays, les Communautés de communes, lescommunes.Toutes ces collectivités sont directement

concernées par l’aménagement du territoire.Leurs dirigeants sont conscients, du fait deleur ancrage local, des problèmes rencontrésau quotidien par les propriétaires. Ils sonttrès souvent sensibles aux arguments et pro-positions d’amélioration présentés.Il en est résulté un ensemble d’actions

positives mais éparses et difficiles à harmo-niser, en particulier du fait des financementsmultiples et des divergences de certainespolitiques locales.Sous l’impulsion des CRPF, la prise en

compte de la forêt par massifs entiers estentrée dans la réalité des actions quoti-diennes. Déjà, pour lutter contre les incen-dies, l’approche par massif s’était imposée(PIDAF3 en PACA par exemple).L’Etat, pour faciliter la réussite de ces ini-

tiatives, a mis au point les chartes fores-tières de territoire. Même si le dispositif estexagérément lourd, il permet de rassemblertoutes les forces vives pour dynamiser lesgestions forestières.Dynamiser la gestion forestière privée

en zone méditerranéenne passe parl’encouragement de tous les actes relevant dela gestion durable ; récolte de bois, sylvopasto-ralisme, gestion de la chasse, sylviculture truf-fière, production de liège, apiculture, accueilrémunéré du public, activités rémunéréesd’entretien de la biodiversité et des biotopes.Un tel effort nécessite une homogénéité

des diverses politiques, or les intervenantssont nombreux, de l’Europe à la commune,de l’ordre de la dizaine.Le train de mesures adopté dans le cadre

des politiques par massif doit rester compa-tible avec le long terme du rythme forestier,c’est là un des problèmes majeurs, le longterme des politiques est en effet plus prochede trois ans que de dix !Compte tenu de la diversité des milieux

rencontrés et des situations propres àchaque propriétaire et propriété, un contratde financement pour les opérations de ges-tion programmées présentant un intérêtgénéral, devrait être conclu en même tempsque l’agrément du document de gestion. En

La forêt privée méditerranéenne

Les Plans de développement de massif(PDM)

Face à la multitude de propriétaires, à l’hétérogénéité des peuplements forestierset (il faut bien le dire) à la faiblesse des moyens humains d’animation et de déve-loppement, les acteurs de la forêt privée (CRPF, coopératives, experts, syndicats…)ont mis en place un outil spécifique de travail permettant de concentrerl’animation et la réalisation d’actions en forêts privées sur un secteur identifié etsur période donnée. Il s’agit des Plans de développement de massif (PDM).

Depuis le début des années 2000, cet outil a permis le développement d’un grandnombre de projets en forêt privée, une plus grande mobilisation de bois, uneamélioration des conditions de desserte locale, l’augmentation des documents degestion durable et l’émergence de projets d’aménagement multifonctionnels enforêts privées.

La zone méditerranéenne est particulièrement active dans la mise en place dePDM, depuis le départ.

Dans les PDM, les organismes de la forêt privée travaillent de concert et en lienavec les acteurs de la filière-bois locale et les autres partenaires du territoireconcerné (au premier rang desquels les élus) pour faire émerger des projets.

Généralement, les phases successives d’un PDM s’étalent sur un à deux ans, pourdes territoires dont la taille varie entre 500 et 10 000 hectares.

La première phase est une étape de diagnostic général du territoire concerné, quipermet notamment de décrire les peuplements concernés et de localiser les sec-teurs aux meilleures potentialités, en plus de la réalisation d’une analyse foncièreglobale sur le territoire.

Vient ensuite la deuxième phase, celle de l’animation à proprement parler, auprèsdes propriétaires forestiers et des acteurs locaux. Des réunions d’information, dessessions de formation, des permanences en mairie, des analyses foncières ciblées,des courriers et une communication globale dans les médias locaux permettentd’informer les propriétaires sur l’animation en cours. Cette deuxième étape estfacilitée lorsqu’une Charte forestière de territoire est discutée. Ceux qui le souhai-tent peuvent alors bénéficier de visites-conseil gratuites de la part d’un technicienforestier. Cela leur permet de préciser les possibilités d’aménagement de leurforêt, d’étudier les modalités de réalisation de coupes de bois ou de travaux (enparticulier la création ou réfection de pistes), de rédiger des documents de gestionpour leurs propriétés ou de prendre contact avec les acteurs locaux de la filière.

La troisième phase se traduit par la réalisation concrète des projets les plus abou-tis et les plus réalisables qui peuvent alors être mis en œuvre, avec l’aide des ges-tionnaires (coopératives et experts) ainsi que des professionnels de la filière locale.Lorsque les moyens d’animation sont maintenus sur plusieurs années, il est pos-sible de mener à terme des projets plus complexes ou qui demandent plus dematuration. Les diagnostics démontrent qu’il y a souvent beaucoup à faire enforêt privée !!!

Les PDM bénéficient de financements spécifiques et variés suivant les cas (Etat,Europe, Régions, Départements, collectivités territoriales….).

Indirectement, l’animation et la réflexion qu’ils apportent servent souvent de« prise de conscience » de l’importance des rôles de la forêt privée dans les terri-toires concernés.

Ainsi, les PDM ont souvent été à l’origine de réflexions plus globales sur la placede la forêt et du bois dans l’aménagement d’un territoire (préalable à certainesChartes forestières par exemple).

Nicolas LUIGI, CRPF Lozère

se fondant sur le relevé des opérations finan-çables dans le massif auquel sa forêt appar-tient, le propriétaire dûment conseillé par lesOGEC et le CRPF pourrait, avant dépôt dudocument, concevoir son propre plan definancement des opérations projetées.Les organismes de gestion en commun

constituent l’outil permettant d’assurer pra-tiquement la gestion des propriétés, ils per-mettent en outre de réaliser les opérationsgroupées. Leur existence est essentielle, tousles efforts doivent être faits pour les mainte-nir et les développer.En zone méditerranéenne, les propriétaires,

plus qu’ailleurs, doivent être encouragés.La gestion d’espaces en général peu pro-

ductifs, mais précieux en termed’environnement, de protection, de paysage,de biodiversité, nécessite une grande clair-voyance.Même les propriétaires les plus qualifiés

s’entourent de conseillers tant la complexitédes interventions, des contraintes et desopportunités est grande.

Les appuis du CRPF aux propriétaires,apporté par les administrateurs et salariés,sont indispensables à l’essor de la forêt pri-vée.Une large possibilité d’amélioration existe,

les axes d’effort sont maintenant connus, ilest possible de poursuivre une politiqueambitieuse.Encore faut-il ne pas oublier la première

partie de cet article.C’est en confiant le développement de la

forêt privée aux propriétaires élus que desprogrès importants dans les modalités degestion ont été accomplis et ce, avec desmoyens chichement comptés.Toute atteinte à ce principe d’autogestion,

pour des raisons budgétaires, serait uneerreur politique majeure.

J’ai fait un rêveEn 2028, à l’occasion du cinquantenaire de

forêt méditerranéenne, un propriétaire a prissa plume. Il relate comment, lors del’établissement de son plan de gestion, sonconseiller de coopérative et un technicien duCRPF lui ont permis de programmer lesinterventions de divers ordre visant à réali-ser ses objectifs propres.Le technicien du CRPF lui a fourni plu-

sieurs cartes à partir de son SIG, présentantles zonages divers, les contraintes et lesactions prioritaires prévues au plan de déve-loppement de massif. Des aides, pour cer-taines interventions ou actions, ont étéaccordées, le technicien du CRPF les a impu-tées sur la masse de financement dont il dis-posait. Ainsi sur les dix ans du plan, nonseulement les interventions sont program-mées, mais aussi leur financement.Le technicien de coopérative responsable

de l’exécution des travaux avait déjà signaléqu’il effectuerait les exploitations en lesregroupant avec celles prévues chez les voi-sins. Pour asseoir les dates d’exécution, ilavait en effet consulté son ordinateur pourqu’il en soit ainsi.Mais voilà j’ai été réveillé brutalement par

ma radio qui annonçait de nouvelles coupessombres dans le budget des ministères. SOSpour la forêt privée méditerranéenne !

B.G.

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Trente ans de forêt méditerranéenne

Bernard GUAYEx-Directeur du

Centre régional de lapropriété forestière

de la région PACAMél :

[email protected]

Photo 4 :Echanges entre

propriétaires forestiersdans le cadre des Fogefor

Photo CRPF LR