la firme dans la théorie des conventions

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Université Mohammed Premier Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Oujda Master : Economie et Management des Organisations Matière : Théorie de la Firme Réalisé par : Nasma DOUAY Khalid KORRIE Mohamed LATRACHE Kholoud MERGOUM Encadré par : Mme. MAJIDI Année Universitaire : 2013-2014

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La Firme Dans La Théorie Des Conventions

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Page 1: La Firme Dans La Théorie Des Conventions

Université Mohammed Premier

Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales

Oujda

Master : Economie et Management des Organisations Matière : Théorie de la Firme

Réalisé par :

Nasma DOUAY

Khalid KORRIE

Mohamed LATRACHE

Kholoud MERGOUM

Encadré par :

Mme. MAJIDI

Année Universitaire : 2013-2014

Page 2: La Firme Dans La Théorie Des Conventions

La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

2

En préambule à ce thème de recherche nous remercions

ALLAH le tout puissant et miséricordieux, qui nous a donné la

force et la patience d’accomplir ce modeste travail.

Nous tenons à saisir cette occasion et adresser nos sincères

remerciements et nos profondes reconnaissances à Madame

Fatima Zahra MAJIDI, notre encadrant du thème de recherche,

pour ses précieux conseils et son orientation ficelée tout au long

de notre recherche.

Nous tenons à adresser nos profonds remerciements à nos

très chers parents, à nos professeurs du Master Economie et

Management des Organisations, et à tous ceux qui ont contribué de

près ou de loin à la réalisation de ce travail.

Nasma DOUAY

Khalid KORRIE

Mohamed LATRACHE

Kholoud MERGOUM

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

3

Sommaire

Introduction ....................................................................................................................... 4

I- La théorie des conventions ............................................................................................ 5

1. Fondement ................................................................................................................ 5

2. Hypothèses ................................................................................................................ 5

3. L’utilité de la théorie des conventions ...................................................................... 6

II- L’approche conventionnaliste..................................................................................... 7

1. Qu’est ce que la convention ? ................................................................................... 7

2. Les conditions d’existence d’une convention ........................................................... 9

3. La coexistence et évolution des conventions .......................................................... 10

III- La firme et la convention .......................................................................................... 12

1. La firme dans l’économie des conventions ............................................................ 12

2. La relation emploi et convention ............................................................................ 13

3. L’approche conventionnaliste et la gestion de l’entreprise .................................... 16

Conclusion ........................................................................................................................ 17

Bibliographie .................................................................................................................... 18

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

4

Introduction

La convention qui est un terme nouveau mis en point par les économistes, est jugée

être nécessaire pour arriver à une situation d’équilibre et éviter toute situation de désordre.

La théorie des conventions qui n’est apparue qu’à la fin des années quatre-vingt,

constitue un courant de recherche assez récent, se situant aux frontières de l’économie, de

la sociologie et de la gestion.

En fait, les discussions sur ce concept ont débuté en France avec l’apparition de

l’ouvrage de Boltanski et Thévenot en 1987. Même s’il est apparu en réalité avec Keynes

1936 pour expliquer la prise de décision sur le marché financier.

La théorie des conventions cherche donc, à comprendre comment les individus

confrontés à des situations marquées par l’incertitude décident du comportement qu’ils

vont adopter, et comment de leurs décisions se dégage un ajustement rationnel des

comportements d’une manière à assurer la coordination entre ces individus.

Objectif: de comprendre comment la théorie de convention permet de sortir de

l’incertitude et d’assurer la coordination entre individus dans la firme ?

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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I- La théorie des conventions

1. Fondement

La théorie des conventions est une théorie des organisations et des institutions qui

s’est développée au cours de ces 20 années dernières, et qui s’intéresse aux

comportements adoptés par les individus lorsqu’ils se trouvent confrontés aux situations

complexes dans un environnement incertain.

Elle s’oppose au courant néoclassique qui fait appel aux calculs rationnels, en fait

elle apparait dans les situations où ces calculs ne permettent pas de prendre une décision

ou faire face à un problème (situation de crise).

Ainsi, la théorie des conventions s’appuie sur des repères:

Explicites: traduites par les énoncés qui sont produits dans l’organisation et qui

constituent des repères auxquels se référent les individus pour décider de leurs

comportements.

Implicites: qui sont le temps, l’espace, les objets et les personnes (comportements

d’autres personnes).

En bref, « la théorie des conventions essaye d’expliquer le processus par lequel les

décisions sont prises dans des situations complexes à partir de la compréhension des

comportements individuels qui s’ajustent entre eux dans un cadre de coopération et de

coordination. »

2. Hypothèses

Le point de départ de la théorie des conventions consiste à comprendre comment

les individus parviennent à mettre en place des règles de coopération et de comportements

dans des situations d’incertitude avec pour hypothèse centrale que les individus ont une

rationalité limitée.

La théorie des conventions apporte éclairage sur :

L’incertitude de l’environnement

Selon KNIGHT(1921): il existe des cas où on ne peut pas appréhender le futur par

un calcul rationnel de probabilisation, ce qui correspond à une situation d’incertitude.

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Dans une situation d’incertitude l’individu a une information imparfaite et

insuffisante ce qui l’empêche de décider. Alors, il ne peut pas agir d’une manière

efficace parce qu’il n’a pas su interpréter les informations ou parce qu’il a développé

un comportement opportuniste.

Alors, il faut définir des normes qui permettent à ces individus d’agir en toute

situation (notamment en situation de crise) d’où vient la nécessité d’une convention.

La rationalité mimétique

Dans sa version la plus simple, le mimétisme est l’attitude qui, pour un individu

particulier, consiste à imiter le comportement d’un autre individu, à le copier, à faire tout

comme lui.

Selon les conventionnalistes l’imitation est la solution pour pouvoir décider dans

une situation incertaine. Il permet d’expliquer comment les décisions se prennent en

observant ce qui se pratique autour de nous, et donc il définit un certain nombre de

normes à suivre pour échapper à l’incertitude.

Pour GOMMEZ (1996) : « les conventions désignent les comportements normés par

les choix d’autres individus supposés agir de façon identique »

Question: pourquoi l’individu imite le comportement des autres?

Réponse des conventionnalistes: C’est pour sortir de l’incertitude.

Exemple:

Un nouveau salarié dans une entreprise ne connait pas le niveau de qualification

demandé = incertitude.

Pour sortir de cette situation, il va donc observer et essayer d’imiter le groupe avec

qui il travaille (mimétisme).

3. L’utilité de la théorie des conventions

Les approches de la théorie des conventions proviennent de chercheurs issus de

différents horizons (économie, sociologie et gestion).

Mais il parait que les entreprises sont concernées en premier lieu, du fait que la

convention permet d’assurer une réflexion organisationnelle.

D’autre part, la théorie des conventions répond à la problématique de la coordination

dans l’entreprise productive, qui fait la préoccupation des gestionnaires.

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II- L’approche conventionnaliste

1. Qu’est ce que la convention ?

H. de Montherlant a mentionné une citation qui peut simplifier l’idée de la

convention : « Ce n’est pas la règle qui nous garde, c’est nous qui gardons la règle ».

Selon le grand Larousse, 1995 la convention peut être définie comme étant tous ce

qui est admis d’un commun accord tacite ou explicite, ou encore la règle de conduite

adoptée à l’intérieur d’un groupe. Comme elle est une Procédure de résolution collective

de problèmes caractérisés par l’incertitude.

D’un point de vue des auteurs économiques chacun a sa propre définition en matière

de la convention parmi lesquels on distingue :

C. RAMAUX : « une convention est un cadre d’interprétation et de référence

collective que l’on accepte comme un cadre commun, dans la mesure ou il est perçu

comme allant de soi et, pour aller de soi, il n’est pas le produit direct d’une volonté d’une

(ou de plusieurs) personnes engagées dans l’action ».

Plusieurs éléments retiennent l’attention dans cette définition. Le dispositif cognitif

collectif est ici, éclairé : cadre d’interprétation et de référence. Ce cadre est accepté,

l’acteur y adhère, il n’est pas contraint, mais il y adhère parce qu’allant de soi. La

convention alors n’est pas le produit direct de l’action des uns ou des autres, cela ne veut

pas dire pour autant que l’action des uns ou des autres, n y puisse pas indirectement

concourir.

P.Y GOMEZ : « Une convention est un référentiel commun sans autre raison d’être

que celle-ci, elle est adoptée comme référentiel Il y a donc co-construction des normes et

des comportements ».

Synthétiquement, on définira ici autour de la convention comme référentiel

commun, co-construction de normes et de comportements ou bien évidement la

convention selon lui est considéré comme étant renouvelable.

D .LEWIS : « Une convention est une régularité dans le comportement des nombres

d’une population, placés dans une situation récurrente, si les cinq conditions suivantes

remplies » :

Chacun se conforme à la convention

Chacun anticipe que tout le monde s’y conforme

Chacun préfère une conformité générale.

Il existe au moins une autre régularité alternative

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Ces quatre premières conditions sont «Common Knowledge ». Chacun les connait

et pense que les autres les connaissent. 1

FAVERAU : « La convention se définit alors comme un dispositif cognitif collectif

qui permet à l’acteur confronté à une situation ou ni le calcul rationnel ni l’établissement

d’un contrat précis et exhaustif ne déterminent l’action de pourtant opter pour un

comportement adéquat. »

Les différents types de conventions

Par leur importance, les conventions sont devenues très diverses elles existent au

sein de la société, des organisations. Pour mieux illustrer divisons-les en quatre types :

Convention nationale :

Ce sont des dispositions cognitives qui s’étendent sur l’ensemble d’une localité

géographique, régionale ou nationale. Ces conventions s’appliquent généralement à

différents secteurs d’activités économiques : textile, agriculture, industrie légère ou

lourde, le secteur pharmaceutique,….elles sont ici strictement liées à l’emploi du travail.

Elles peuvent également aussi être des jours choisis ou des dates historiques dans le but

d’une fête nationale, (exemple : date de l’indépendance marocaine).

Conventions internationales :

Ces conventions sont plutôt établies entre deux ou plusieurs pays voire même tous

les pays du monde.

Conventions organisationnelles :

Ce sont des conventions intra ou inter organisationnel. Exemple : Convention

collective de travail, convention de qualité….

Convention sociale :

Ce sont les conventions qui régissent la vie en société.

1 Emile-Michel Hernandez, L'ENTREPRENEURIAT: Approche théorique, p.212

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2. Les conditions d’existence d’une convention

Après avoir définir le concept de convention, maintenant on est en train de présenter

les différentes conditions à partir des quelles la convention existe, on peut citer à cet

égard :

L’incertitude :

Même si on considère que les points de départ de l’analyse économique sont les

choix d’individus autonomes, ainsi que le principe fondamental de l’individualisme

méthodologique, la théorie des conventions s’intéresse aux situations d’incertitude

radicale et les calculs individuels ne sont donc pas en mesure de résoudre ces situations.

Le mimétisme rationnel :

Il s’agit là en fait d’une rationalité particulière, qu’il qualifie de « mimétique ».

Puisque on se trouve dans une situation d’incertitude, le choix rationnel de l’individu

consiste non pas à décider selon des critères correspondant à son propre gout, mais à

découvrir comment les autres vont vraisemblablement décider. Il y a donc une recherche

de la référence normative de comportement, sur laquelle chacun va baser son propre

comportement, débouchant sur une auto-réalisation de l’état du monde anticipé par les

acteurs.

Le renouvellement de la convention :

Une convention est une régularité, qui s’impose de manière récurrente et

systématique pour régler un problème d’incertitude donné. Ce n’est donc pas une solution

ponctuelle, ne s’appliquant qu’à un événement unique et qui ne sera plus utilisée par les

acteurs une fois passée la situation d’incertitude.

La conviction des individus :

Cette propriété est intimement reliée au mimétisme rationnel. « La convention

cristallise les comportements d’imitation de façon telle que chaque individu croit en

l’existence de la convention comme règle « normale », en dehors de sa propre adhésion ».

En d’autres termes, « la convention donne du sens aux calculs individuels qui s’y

inscrivent ».

Le choix entre conventions :

L’individu a le choix d’adopter ou non la convention, qui ne s’imposera à lui qu’en

raison des performances (supposées, espérées, attendues) de la convention.

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3. La coexistence et évolution des conventions

La coexistence de différentes conventions

Il est rare qu’une seule convention constitutive préside à l’institution d’une

entreprise concrète. Comme cela se constate empiriquement, la pluralité des conventions

traverse souvent chaque entreprise ce qui fait la complexité de son fonctionnement.

Une question demeure toutefois : Comment se règle cette coexistence à partir du

moment où les conventions sont incommensurables ?

Il est fait appel à l’idée que chacun ne pousse pas jusque bout la logique de son

propre argumentaire en acceptant des compromis. Il existe précisément plusieurs manières

selon lesquelles plusieurs conventions coexistent.2

Les modes de coexistence, ce que Boltanski et Thévenot appellent, sont :

La clarification :

Les auteurs désignent ici la manière dont un individu peut, à partir d’un principe

donné, relire, réinterpréter une situation marquée par un autre principe.

L’exemple que nous venons de donner, qu’on a qualifié de « suspicion » en se

référant à Gomez, illustre aussi la figure de la « clarification » puisque les bailleurs de

fond « relisent », « réinterprètent » à partir d’un principe nouveau une situation qui était

auparavant interprétée à partir d’un autre principe. Resterait à identifier les deux principes

concernés, ceci demanderait de pousser davantage l’analyse, ce que nous ne pouvons pas

faire ici.

La critique :

Les auteurs désignent la manière dont, à partir d’un principe donné, on est souvent

amené à qualifier négativement des aspects d’une situation renvoyant à un autre principe.

Elle prend souvent la forme d’énoncés comportant des « sens seconds » négatifs, ce que

les linguistes appellent des « connotations » négatives.

Le compromis :

Il s’agit de tenter d’associer des composantes renvoyant initialement à des principes

différents, et de rendre cette association légitime et durable.

2 Mohammed Bensaïd, Economie des organisations: tendances actuelles, p.79

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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L’évolution de la convention

On peut imaginer différentes étapes dans cette évolution :

Dans un premier temps, on trouve une convention qui régit seule le fonctionnement

d’une organisation (elle peut se référer à un seul principe, mais plus fréquemment,

elle en intègre plusieurs ; autrement dit, elle prend la forme d’un compromis).

Dans un second temps apparaît une nouvelle convention qui introduit de la suspicion

dans la convention originelle.

Dans un troisième temps, la convention réagit, soit (première éventualité) en «

résistant » à la suspicion (le cas du rejet du modèle informatique… et de son

concepteur évoqué plus haut illustre bien ce point), soit (deuxième éventualité) en

«composant» avec la nouvelle convention et en élaborant un nouveau compromis ;

dans des cas limités (troisième éventualité), la convention originelle peut aussi

disparaître et laisser entièrement la place à la convention nouvelle.

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III- La firme et la convention

1. La firme dans l’économie des conventions

En s'appuyant sur le modèle des économies de la grandeur, l’économie des

conventions repère plusieurs logiques à l'œuvre au sein de la société. La notion de

convention occupe une place centrale dans cette perspective, puisque c'est par

l'élaboration de convention que les individus parviennent à se coordonner. Les économies

de la grandeur analysent les organisations en termes de conventions et d'accords.

L'économie des conventions, qui sert de base au modèle des économies de la

grandeur, part de l'idée que pour qu'il y ait échange, coordination, coopération entre des

agents, il faut qu'il y ait des conventions entre les personnes concernées, c'est-à-dire un

système d'attentes réciproques entre les personnes sur leurs comportements. Ces

conventions peuvent être écrites ou non. Dès lors, les acteurs sont insérés dans des

situations à la fois conflictuelles et coopératives, et on doit dépasser le clivage entre

économie et sociologie.3

Le modèle des économies de la grandeur éclaire la problématique de la coordination

en entreprise.

Parmi les logiques majeures à l'œuvre dans la société, l'économie des conventions

souligne notamment l'importance des logiques marchandes et industrielles. Ces deux

logiques prennent notamment forme au travers de deux grands types d'entreprise :

L'entreprise marchande : s'appuie sur la logique marchande qui fait du prix le

critère de jugement de la qualité ;

L'entreprise fordiste : matérialise les principes de la logique industrielle.

L'entreprise fordiste est fondée sur la standardisation des produits et sur une

organisation scientifique de la production.

La logique domestique : est un autre ordre essentiel engendrant une forme spécifique

d'organisation. Ainsi, l'entreprise « domestique » s'appuie sur la production d'un

produit de qualité traditionnelle, s'adressant à une clientèle spécialisée et réalisée à

partir d'un travail artisanal.

La convention de réseau : C'est sur cette logique notamment que le toyotisme et

l'organisation productive qui va avec s'est appuyée. Ces principaux principes sont les

suivants (François Eymard-Duvernay, 2005) : diversification des produits, gestion en

juste à temps, polyvalence, nouvelle forme de coordination entre entreprise (le

réseau).

3 Ali MADI, Analyse des filières de production agricole: Fondements théoriques et démarches méthodologiques,

2009, p.73

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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Selon l'économie des conventions, la forme organisationnelle adoptée est fonction

d'un arbitrage portant sur les différentes conceptions du bien commun, c'est-à-dire des

valeurs à partir desquels l'entreprise souhaite être jugée.

À l'inverse, la forme organisationnelle adoptée par des approches contractualistes

répond à un souci d'efficacité économique (par exemple, minimiser les coûts de

transaction), cette efficacité étant évaluée à partir d'un référent unique (la logique

marchande).

En plus, la grille conventionnaliste débouche également sur des analyses relevant

davantage de la sociologie des organisations : à chaque convention/logique (marchande,

domestique, industrielle et de réseau), correspond en effet une convention de travail à

partir de laquelle les travailleurs se coordonnent.

2. La relation emploi et convention

Quand on parle d’emploi, on se réfère directement à Jean Rivero «le salarié met à la

disposition de l’employeur sa force de travail mais non sa personne »

Actuellement le contrat à durée indéterminée (CDI) destiné à fidéliser l’ouvrier s’est

généralisé. Ce contrat incomplet a introduit des doubles incertitudes :

L’un du côté de l’employé qui hésite sur le degré de son implication dans la

réalisation du projet collectif dans la mesure où sa rétribution n’est pas certaine.

De l’autre côté de l’employeur, doutera de l’opportunité des rétributions accordées

dans la mesure où l’observation de l’implication de l’employé est souvent malaisée.

Les conventionnalistes traitent cette question en introduisant une réponse beaucoup

plus radicale :

Pour R Salais « Si le travail ne peut être l’objet d’un marché l’alternative

stratégique qui se dégage est de considérer que les activités de travail soient supportées

par un ensemble de conventions »

Exemples : les conventions de productivités et les conventions de chômage. Tout ceci

dans le but de préciser que la convention permet de résoudre l’incertitude relative à

l’implication et à la rétribution.

Quant à Gomez il considère la firme comme une convention d’effort qui s’exprime

par les coutumes, les habitudes et les procédures stables.

Page 14: La Firme Dans La Théorie Des Conventions

La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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L’action des acteurs dans l’entreprise relèverait donc de l’adhésion à un référentiel

commun accepté et construit : la convention de travail. Illustrons ce cas de convention en

prenant pour exemple la convention collective.

Qu'est-ce qu'une convention collective ?

La convention collective comprend un texte de base et des avenants, accords ou

annexes, résultant de modifications périodiques sur des points particuliers. Elle complète

et améliore les dispositions du Code du travail, c'est-à-dire qu'elle institue des dispositions

non prévues par le Code du travail comme les salaires minimaux ou un régime de

prévoyance.

La convention collective adapte également des dispositions générales du Code du

travail aux situations particulières d'un secteur d'activité ou d'une entreprise.

Elle peut s'appliquer : Aux salariés de toutes les branches professionnelles ou

seulement à ceux d'un secteur d'activité : « Les télécommunications, commerce, Edition,

Journaliste, Assurance, la profession de café, hôtel, restaurant..etc. »

La convention collective s'applique, quel que soit l'effectif :

Dans les entreprises où l'employeur est adhérent à une organisation patronale

signataire.

Dans les entreprises où l'employeur décide de l'appliquer volontairement.

Dans toutes les autres entreprises, lorsque la convention collective a été "étendue"

arrêté du ministre du Travail et de l’emploi.

Que comporte la Convention Collective ?

Les juristes spécialisés en Droit Social ont étudié la Convention Collective afin de la

rendre plus simple et accessible :

Période d’essai (durée, préavis), Démission, Maladie, accident, maternité, Congés

payés, Retraite

Heures supplémentaires / jours fériés (ouvrables)

Licenciement (motifs, préavis, indemnités)

Durée du travail, temps partiel, travail de nuit, …

Primes diverses : ancienneté, transport

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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L'objet d'une convention collective

Elle porte sur tous les sujets qui intéressent la vie professionnelle des salariés.

Exemple :

Fixe les salaires minimaux.

Octroi une prime de fin d'année.

Limite les sanctions disciplinaires.

Détermine un régime de prévoyance.

De quoi se compose-t-elle ?

Une convention collective comprend :

Un texte de base

Des avenants

Des accords ou annexes

Quel est son intérêt ?

La convention collective : Complète, améliore et adapte les dispositions du Code du

travail aux situations particulières d'un secteur d'activité ou d'une entreprise.

De quelle convention collective dépend une entreprise ?

La convention collective est déterminée par l'activité économique principale réelle

de l'entreprise. Toute société nouvellement créée se voit attribuer par la direction de

statistique un numéro de code, qui caractérise son activité principale. C'est le code qui

donne une indication sur l'application éventuelle d'une convention collective, car il

existe des tables de correspondance entre les nomenclatures d'activités et les conventions

collectives.

Le code doit être inscrit sur les documents officiels de l'entreprise et le bulletin de paie.

Que faire si elle n'est pas appliquée ?

Sachez que tout salarié peut demander son application à son employeur, soit

directement, soit par l'intermédiaire des délégués du personnel. L'employeur sera tenu de

l'appliquer si son entreprise relève de celle-ci. En cas de refus de sa part, il est possible de

saisir l'inspecteur du travail chargé de son application.

En cas de litige concernant son application ou une autre convention collective, le

conseil des prud'hommes est compétent.

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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3. L’approche conventionnaliste et la gestion de l’entreprise

La théorie des conventions paraît être principalement une théorie de la coordination.

Développée par les économistes, elle s’applique tout particulièrement à l’organisation

productive. L’entreprise n’est plus considérée comme un lieu de production à la manière

des néo-classiques, et pas non plus comme une collection d’acteurs, mais comme un lieu

caractérisé essentiellement de lieu de convention.

En retenant une approche socio-économique, les concepts développés par les auteurs

de la théorie, considèrent l’entreprise comme un lieu de manifestation des actions

collectives des acteurs d’une part, et de prise en compte des objectifs de maximisation des

profits d’autre part. IL paraît important de concilie ces deux approches, ce qui renforce la

performance et l’efficacité de l’entreprise.

La théorie des conventions donne aux praticiens de la gestion un outil théorique

permettant de comprendre comment les acteurs co-construisent des normes, les adoptent,

suivent une rationalité mimétique en se conformant à ces propos conventions.

Ainsi, il coexiste dans l’entreprise deux systèmes de normes :

Celles imposées par la direction.

Celles construites par les acteurs.

Il appartient donc aux gestionnaire d’intégrer cet état de fait, et de gérer en ayant à

l’esprit cette double dimension.

Toute fois un arbitrage doit être fait entre les bonnes normes qui forment le socle

organisationnel, et les meilleures normes construites par les acteurs.

Ces normes sont couramment admises et acceptées permettent aussi d’accroître la

maîtrise de certains coûts de fonctionnement dans la mesure où la réduction ou la

suppression de certaines transactions et de certaines procédures en tâches administratives

et en coût de transaction ; d’où l’application de la théorie en comptabilité contrôle.

Elle trouvera assise des applications pratiques dans d’autres disciplines de gestion où

la prise en compte des comportements collectifs est un élément déterminant, notamment

dans les relations client/fournisseurs, et en gestion de production.

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La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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Conclusion

La théorie des conventions constitue alors un moyen d’ajustement des

comportements intersubjectifs tout en assurant la coordination des agents basée sur des

dispositifs cognitifs collectifs.

Ainsi elle permet de comprendre comment se constitue une logique collective et

comment les comportements des membres d’une population peuvent faire preuve d’une

certaine régularité dans une situation récurrente.

La théorie conventionnaliste dans sa généralité s’oppose au courant néoclassique, en

critiquant l’insuffisance de son réalisme notamment en ce qui concerne la primauté des

échanges, alors qu’elle témoigne de certaines limites :

La première vient du fait que les conventions, tout comme les institutions ne sont

donc pas que des contraintes extérieures. Elles sont "l'objet d'attentes et de tentative de

construction de la part des agents économiques" (Salais et Storper, 1993: 18). C’est-à-dire

que leur création est intentionnelle.

Et la deuxième est que les institutions ne sont pas principalement des modes de

coordination visant à surmonter l'incertitude. Elles expriment des conflits qui débouchent

certes sur des compromis, mais qui relèvent d'une dynamique sociale beaucoup plus

fondamentale que ne le laisse entrevoir l'analyse en terme d'ordre de justification.

Page 18: La Firme Dans La Théorie Des Conventions

La firme dans la théorie des conventions 2013-2014

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Bibliographie

Ouvrage :

Emile-Michel Hernandez, L'ENTREPRENEURIAT: Approche théorique,

p.212

Mohammed Bensaïd, Economie des organisations: tendances actuelles, p.79

Conventions et management, Marc Amblard, Edition De Boeck université,

Bruxelles 2003.

Gouvernement d'entreprise: enjeux managériaux, comptables et financiers,

Marc-Hubert Depret, De Boeck Supérieur, 2005.

Laurent Thévenot et Luc Boltanski,"De la justification : les économies de la

grandeur", 1991

Ali MADI, Analyse des filières de production agricole: Fondements

théoriques et démarches méthodologiques, 2009, p.73

Conventions et institutions: essai de théorie sociale, Editions L'Harmattan,

2006

Denise Van Dam, Jean Nize, Wallonie, Flandre: des regards croisés, p.76

Webographie :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-

3229_1996_num_75_1_1609