la femme adultere - fides

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La femme adultère - 1 - LA FEMME ADULTERE (Jn VIII – 1 à 11) _______________ Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006

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Page 1: LA FEMME ADULTERE - Fides

La femme adultère - 1 -

LA FEMME ADULTERE

(Jn VIII – 1 à 11)

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Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006

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TABLE DES CHAPITRES

_______________ Page : Présentation Deutéronome IX-10 3 Le texte Jn VIII-1 à 11 4 A l’aurore* de nouveau Jn VIII-2 6 Et tout le peuple vient auprès de Lui Jn VIII-2 10 Toi-même : concrètement que dis-tu ? Jn VIII-5 12 Comme ils persistaient* à Le questionner… Jn VIII-7 13 Sur le comportement des scribes - Jn - 15 Sur le comportement des pharisiens - Jn - 16 « Celui de vous (qui est) sans-péché*?… » Jn VIII-7 17 Du doigt il-écrivait-en-bas*? . . . il écrivait Jn VIII-6 à 8 18 Des singularités du texte Jn VIII-1 à 11 20 Annexe I De la gravité de l’adultère 23 Annexe II Adresse au lecteur 25 De l’authenticité de ce texte 26

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Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006

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PRESENTATION

_______________ Après avoir rendu visite à Pilate afin d’interroger le texte : Qui est Pilate ? (Voir dans le présent Tome XIX le dossier Passion et Résurrection aux pages 79 et suivantes) j’ai été amené° à écrire deux Annexes. L’une est relative au verbe φερω : amener et la deuxième prend acte de l’absence des scribes lors du procès contre Jésus. Cela m’a intrigué car je les croyais plus engagés contre lui et je me suis demandé pour quelles raisons ils étaient absents. Très vite j’ai découvert que les scribes s’étaient alliés aux pharisiens et que, ensemble, ils avaient réussi à saisir une femme que tout le peuple, c'est-à-dire ‘la rumeur publique’, accusait d’être adultère. Or je ne me rappelais pas avoir jamais entendu la voix de cette femme présentant sa défense. Son silence corroborait l’accusation°* portée contre elle ! Il est vrai que, en finale, je l’ai entendue prononçant deux mots : « Aucun… Seigneur ! » Voilà pourquoi, désirant observer très attentivement le comportement des scribes, je me suis trouvé au milieu du peuple d’Israël, avec des scribes et des pharisiens comme il est courant d’en rencontrer dans le Temple. La scène fut insolite au sens où Jésus, seul, était face à nous tous. Il lui a suffi de quelques mots et d’un geste, sur le moment difficile à interpréter, pour nous surprendre :

‘se courbant en bas, vers le sol, il écrivait de son doigt sur la pierre’. Je me suis alors rappelé avoir déjà vécu pareille chose lorsque Moïse disait : « Alors YHVH me donna les deux Tables de pierre écrites du doigt de Dieu et sur lesquelles étaient toutes les paroles que YHVH avait dites avec vous sur la montagne, du milieu du feu (Septante : absent), au jour de l’assemblée (εκκλησιας). »

τας δυο πλακας τας λιθινας γεγραµµενας εν τω δακτυλω του Θεου(Deutéronome IX-10)

A Jérusalem, au mont Moriyah, voici ce qui arriva au milieu de toute la foule alors que Jésus, de son doigt, écrivait sur la pierre…

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LE TEXTE Jn VIII-1 ) Jésus or s’en-va vers le Mont des Oliviers ) `Ιησους δε επορευθη εις το Ορος των Ελαιων ) Jn VIII-2 A-l’aurore* or de-nouveau il-survient vers le Temple `Ορθρου(1) δε παλιν παρεγενετο εις το ιερον et tout le peuple vient auprès-de lui ) και πας ο λαος ηρχετο προς αυτον ) et il-s’assoit en-enseignant eux. ) και καθισας εδιδασκεν αυτους ) (Voici que tous les mots sont dans le Dictionnaire des mots du texte de Mc !) ) Jn VIII-3 ) Ils-amènent° or les scribes et les pharisiens ) αγουσιν δε οι γραµµατεις και οι φαρισαιοι ) une femme à-propos-de adultère ayant-été-emparée(= surprise°) ) γυνα επι µοιχεια κατ-ειληµµενην ) part. pft. passif de katalambanô / P-193 ) Et ils-tiennent elle au milieu. ) και στησαντες αυτην εν µεσω ) Jn VIII-4 ) Ils-disent à-lui : ) λεγουσιν αυτω ) « Maître celle-ci la femme a-été-emparée(= surprise°) ) parfait. passif de katalambanô / P-193 ) ∆ιδασκαλε αυτη η γυνη κατ-ειληπται ) en flagrant-délit*? étant-adultère. επ` αυτοφωρω(1) µοιχευοµενη (participe passif) Jn VIII-5 Dans or la loi à-nous Moïse a-commandé εν δε τω νοµω ηµιν Μωυσης ενετειλατο les celles-là de-lapider*. τας τοιαυτας λιθαζειν(5) Toi-même concrètement quoi dis-tu ? » ) συ ουν τι λεγεις ) Jn VIII-6 ) Cette-chose-là or ils-disent mettant-à-l’épreuve lui ) τουτο δε ελεγον πειραζοντες αυτον ) afin-qu’ ils-aient accuser lui. ) ινα εχωσιν κατ-ηγορειν(3) αυτου ) Le or Jésus en-bas se-courbant ) ο δε `Ιησους κατ-ω κυψας ) du doigt écrivait-en-bas*? vers la terre. τω δακτυλω κατ-εγραφεν(1) εις την γην absent du reste du NT, mais dans la Tora

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Jn VIII-7 Comme or ils-persistaient* en-questionnant lui ως δε επεµενον ερωτωντες αυτον il-se-dressa-vers-le-haut* et il-dit° à eux : ανε-κυψεν(2) και ειπεν αυτοις aoriste de ana-kuptô « Celui sans-péché*? de-vous Ο αν-αµαρτητος(1) υµων le-premier sur elle qu’il-jette une-pierre ! ») πρωτος επ` αυτην βασιλετω λιθον ) impératif aoriste de ballô ) Jn VIII-8 Εt de-nouveau se-courbant-vers-le-bas*? il-écrivait vers la terre. και παλιν κατ-ακυψας(1) εγραφεν εις την γην participe aoriste de kata-kuptô = absent du reste de la Bible Jn VIII-9 ) Eux or ayant-entendu sortaient un par° un ) οι δε ακουσαντες εξηρχοντο εις καθ` εις ) participe aoriste de akouô ) (chacun-)ayant-d’abord-commencé depuis les anciens ) αρξαµενοι απο των πρεσβυτερων ) part. aoriste moyen de archô ) et il-fut-abandonné seul. ) και κατ-ελειφθη µονος ) et la femme au milieu était ) και η γυνη εν µεσω ουσα ) Jn VIII-10 ) S’étant-dressé-vers-le-haut or le Jésus dit° à elle ) ανα-κυψας(1) δε ο `Ιησους ειπεν αυτη ) participe aoriste de ana-kuptô ) « Femme où° sont-ils ? Aucun toi a-condamnée. » ) γυναι που εισιν ουδεις σε κατ-εκρινεν ) aor. de katakrinô ) Jn VIII-11 (La femme adultère :) ) Elle or dit° : « Aucun ! Seigneur ! » ) η δε ειπεν ουδεις Κυριε ) Il-dit or le Jésus « Pas°-même° moi-même toi je-condamne. ) ειπεν δε ο Ιησους Ουδε εγω σε κατ-ακρινω ) (Toi-)vas-t’en à-partir de-le maintenant ! Ne plus pèche** ! πορευου απο του νυν µηκετι αµαρτανε(4) impératif moyen de poreuomai impératif présent de amartanô

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A l’aurore* de nouveau . . .

(Jn VIII – 2)

_______________ Jn VIII-2 A l’aurore* or de nouveau il survient vers le Temple. `Ορθρου δε παλιν παρεγενετο εις το ιερον Voici que l’aurore* se lève (se dresse ?) et que Jésus va être confronté à une femme (e gune). Un nouveau temps (= de nouveau : palin) arrive et le texte a pris soin d’écrire par-egeneto, forme du verbe grec paraginomai qui rappelle à la mémoire du lecteur qu’il va être surpris face à un évènement qui survient selon le vouloir et l’agir de Dieu, ceci arrivant par la racine du verbe : par-egeneto (= verbe ginomai = arriver). La lumière du jour est d’une rare intensité puisque, dans l’ensemble du N. T., il y a seulement au total trois emplois du mot orthros : Lc, Jn et Ac. DANS LA TORA Il y a, ici encore, trois emplois du mot orthros : 1. Genèse XIX-15 Quand se leva l’aurore* , les anges pressèrent Loth en disant : « Lève-toi, prends ta femme… de peur que tu ne périsses par la faute de la ville. »

ενικα δε ορθρος εγενετο αναστας λαβε τεν γυναικα... αναστας : lève-toi = dresse-toi ! Le préverbe ‘ana’ indique un mouvement du bas vers le haut. 2. Genèse XXXII-25(26) à 29 Alors Jacob resta seul, puis un homme lutta avec lui jusqu’au matin. L’homme dit° : « Laisse-moi partir car l’aurore* s’est levée. » αποστειλον µε ανεβη γαρ ο ορθρος Or il dit° : « Je ne te laisserai partir que si tu me bénis. » Il dit° à lui : « Quel est ton nom ? » τι ονοµα σου εστιν Lui or dit° : « Jacob ! » Et il dit° à lui : « On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël, car tu as combattu avec Elohim comme avec des hommes (µετα ανθρωπων) et tu as vaincu. »

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3. Exode XIX-16 Au troisième jour, à l’aurore* , il y eut des tonnerres et des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, un son de cor très fort : tout le peuple (πας ο λαος) qui était dans le camp trembla.

εγενετο δε τη ηµερα τριτη γενηθεντος προς ορθρος και εγενοντο φωναι και... SYNTHESE 1. ‘Quand se leva l’aurore* … » (Genèse XIX-15) L’aurore* est au commencement du jour et elle est un temps de sortie de la nuit, temps d’un commencement de lumière arrivant avant la pleine lumière. Dans la Tora, ce temps ne dure que l’instant d’apprendre que, depuis l’infini du temps jusqu’à ce que l’esprit d’Elohim, planant au-dessus des eaux, ressente en lui-même qu’il va dire° une parole, le récit donne un vide d’information pour remplir l’immensité du monde. Il y avait les cieux et, selon l’hébreu : un désert et un vide, ce qui fut énoncé par le tohu-bohu, alors que la Septante parle d’une terre invisible et sans ordre. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’abîme, ou encore de la mer, et l’esprit d’Elohim se mouvait, couvait, planait sur les eaux. Voici que commence un nouveau temps ; or, quand l’action commence, déjà elle est commencée. Dès l’instant où quelque chose se met en mouvement, déjà le temps de l’immobilité est accompli. Avant que la première lettre du premier mot de la première parole soit prononcée, déjà la lumière existe, d’autant que le souffle à l’aurore* de la première lettre réalise un point qui est l’amorce de la lettre Yod, lettre initiale du Saint Nom de celui qui créa les mouvements/les cieux et l’immobilité/la terre. En ce temps de l’aurore* Jésus survient vers le Temple. Le verbe grec paraginomai : survenir arrive ici, tant dans la Tora que dans le N.T., pour un unique emploi sous la forme grammaticale paregeneto avec la préposition grecque eis marquant toujours la Présence de Dieu. La préposition a su mener Jésus vers le Temple, lieu (Béni soit-il !) de la Présence de Dieu, séjour invisible de D. parmi les hommes, au cœur de la cité de David, ville sainte d’Israël. Jésus s’était allé vers le mont des Oliviers alors qu’il faisait encore nuit. Voici qu’à l’aurore* il survient vers le Temple et tout le peuple était avec lui... Jn VIII-3 Les scribes et les pharisiens amènent° une femme ayant été surprise° d’adultère. …alors que le livre de la Genèse lance un avertissement : Genèse XIX-15 Lève-toi, prends ta femme… de peur que tu ne périsses par la faute de la ville.

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La ville est présente, proche de Jésus, et une femme est amenée° à Jésus. Il règne une atmosphère d’adultère autour de cette femme et, autour de la femme de Loth, règne le risque de la perdition, car deux messagers (anges) sont venus avertir Loth que YHVH va détruire la ville et que la clameur à son sujet est grande devant YHVH. (Genèse XIX-14, puis 13) Au mont des Oliviers, il y a tout le peuple présentant autant de gens qui vont être témoins et même (peut-être ?) acteurs. Il y a aussi les scribes et les pharisiens dont j’entends les hurlements proférés à l’encontre d’une femme adultère qu’ils amènent° auprès de lui. Leurs réactions sont dans la logique de leurs engagements, puisque la Loi commande : Exode XX-14 Tu ne commettras pas d’adultère (ou moicheuseis) (Voir Lexique A-47) La sentence de condamnation est la mort : Lévitique XX-10 (S’il y a adultère) ils mourront de mort : l’homme adultère et = ‘aussi’ la femme adultère. o moichenôn kai ê moicheuomenê (Note: ‘kai’ est une conjonction de causalité : la femme entraîne l’homme à blasphémer la Loi et l‘homme est la cause de l’adultère de la femme. L’homme, comme la femme, doit mourir.) L’énonce de cette Loi fait/oblige à prendre en compte ce que les scribes et les pharisiens disent à Jésus : Jn VIII-5 « Dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider* celles-là. » τοιαυτας Comme le respect de cette loi s’applique à tous, l’accusation (contre cette sorte de femmes) est portée par les scribes et les pharisiens, mais aussi par tout le peuple et Jésus dira à eux tous : Jn VIII-7 « Celui sans-péché*? parmi vous que, le premier, il lui jette une pierre. » En effet, dans un procès aboutissant à une condamnation à mort, l’accusateur par lequel l’accusation°* est intervenue doit être le premier à exécuter la sentence, donc à être le bourreau mettant à mort le condamné. La parole de Jésus s’adresse ainsi à tout homme sans-péché*? qui pourrait se trouver parmi les scribes, les pharisiens et tout le peuple d’Israël, puisqu’il s’agit d’une Loi d’Israël. 2. « Laisse-moi partir, car l’aurore* s’est levée. » (Genèse XXII-25) Voici que le temps du matin est arrivé et j’ai cru entendre un renversement des rôles. La femme voudrait partir… mais nulle question n’est posée sur le nom de son partenaire !

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L’homme complice est invisible et personne ne semble le rechercher. La Loi condamne l’homme et la femme ; les scribes et les pharisiens n’ont amené° que la femme et ils n’ont prononcé d’accusation que contre des femmes ; voici qu’elle est abandonnée, seule face à la populace. Il y a là un signe que leur démarche n’est pas dans la vérité de la Loi, mais qu’elle est le défi lancé à l’encontre de Jésus. Va-t-il questionner au sujet du partenaire de la femme adultère ? Va-t-il prononcer contre la femme et contre l’homme avec lequel elle a commis l’adultère leur condamnation à être lapidés ? A travers Genèse XXXII-25, j’ai entendu la question : ‘Quel est ton nom ?’… Ceci n’est pas : ‘Comment s’appelle-t-il ? Et j’ai imaginé que l’homme pouvait fort bien s’appeler Jacob. Alors Jésus, lui pardonnant, aurait pu lui dire : ‘On ne t’appellera plus Jacob, car tu es un fils d’Israël et ton action a abouti à ce que ton Dieu soit provoqué à ton sujet.’ 3. « Au troisième jour, à l’aurore*… » (Exode XIX-16) Prenant le texte de Jn, j’ai lu les événements des deux jours qui ont précédé. a) Jésus monte en secret (VII-10) et les foules murmurent à son sujet (VII-12). Au milieu de la fête, Jésus monte vers le Temple et il enseigne. Tous s’étonnent à son sujet : Comment sait-il les Ecritures sans les avoir apprises ? (VII-15) b) Au dernier grand jour de la fête, Jésus se référant à l’Ecriture, leur criait en disant : « Comme dit l’Ecriture… » (VII-38) c) A l’aurore* Jésus survient vers le Temple (VIII-2). Les pharisiens et les scribes, tout le peuple lui disent ce que Moïse a commandé dans la Loi (VIII-5). Alors j’ai vu comment Jésus, en-bas se-courbant, écrivait-en-bas*? vers la terre. Puis, se-dressant-vers-le-haut* face à eux, il leur a dit° une parole de sagesse avant que, de-nouveau se-courbant-vers-le-bas*?, il-écrivait vers la terre (d’Israël). Tous sortirent (Cfr. : Mc VIII-11 !) un par° un, car tout le peuple qui était sur le mont des Oliviers trembla et Jésus fut abandonné seul avec la femme. Plus personne, ni même toi ô lecteur ! ni moi-même, ne se soucie du partenaire de la femme car aucun n’a osé condamner et Dieu dit° que, à partir de maintenant, le péché est effacé. Pour celui qui connaît la puissance du mot maintenant, il se rappellera que ce mot arrive, dans l’Ecriture, chaque fois que Dieu renouvelle son alliance. Jadis Elohim a parlé : « Que la lumière soit… » et voici que, ensemble maintenant, toi et moi contemplons une aurore* … … nouvelle lumière…

vers l ’ a m o u r !

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Et tout le peuple vient auprès de Lui.

(Jn VIII – 2)

_______________ J’ai vu : Jn VIII-2 Et tout le peuple vient auprès de lui. και πας ο λαος ηρχετο προς αυτον 3. Exode XIX-16 Au troisième jour, à l’aurore* , il y eut des tonnerres et des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, un son de cor très fort : tout le peuple (πας ο λαος) qui était dans le camp trembla. Alors j’ai regardé quels étaient les gens autour de Jésus dans ce qui précède immédiatement. Voici : Jn VII-28 Concrètement, Jésus est dans le Temple. Il crie en enseignant et il dit… Jn VII-30 Concrètement ils cherchaient à le prendre°*. Jn VII-31 Or, hors de la foule, beaucoup ont foi vers lui. Jn VII-32 Les pharisiens entendent la foule murmurant** contre lui… Les grands-prêtres et les pharisiens envoient des valets afin de le prendre°*. Jn VII-33 Concrètement Jésus dit°… Jn VII-35 Concrètement les juifs disent° entre eux… Jn VII-40 Concrètement hors de la foule, ils disent… Jn VII-43 Concrètement, une déchirure dans la foule arrive à cause de lui. Jn VII-44 Or certains hors d’eux voulaient le prendre°*, mais personne (ne-) jette la main sur lui. La foule est arrivée à un point d’incompréhension qui amène° le mot déchirure = schisma dans le récit. Aussitôt après, un changement brusque arrive et le texte présente Jésus quittant le mont des Oliviers et survenant dans le Temple. Il y a ainsi deux noms de lieux situés afin que la disjonction hors du mont des Oliviers soit suivie de la conjonction dans le Temple. Ainsi la foule est abandonnée et, lorsque Jésus survient vers le Temple, tout le peuple vient auprès de lui. Le lieu change et nous quittons un lieu où il y a des discussions violentes allant jusqu’à une déchirure = un ‘schisme’, pour entrer dans le Temple. Le texte écrit vers le Temple, car la préposition eis = vers marque la direction d’un déplacement aboutissant à l’entrée / la pénétration dans la destination qu’elle désigne.

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Dans le Temple, il n’y a pas de gens de toutes nations ou origines, il n’y a que des fils d’Israël. Un panneau à l’entrée du Temple avertissait, en ce temps-là, ceux qui s’en approchaient qu’il y avait là une frontière : seuls les juifs pouvaient entrer dans le Temple, ceux hors d’Israël qui y pénétraient risquaient la mort. Dans le Temple, il y a tout le peuple, ce qui est une façon de préciser qu’il s’agit du seul peuple d’Israël. Ainsi arrive l’annonce que le récit va rapporter un événement spécifique d’Israël, lois ou préceptes tels qu’ils ont été dictés par YHVH à Moïse, religion du Dieu d’Israël. Après avoir entendu, j’ai vu qu’il y avait la foule … alors que, vers le Temple, il y a :

tout le peuple : πας ο λαος La foule, beaucoup ont foi vers lui… … la foule murmurant** contre lui …

… hors de la foule = une déchirure dans la foule… Un hasard m’a fait lire deux textes qui commentent cette déchirure : « Entourés d’ennemis, les ‘juifs’ ne peuvent, en principe, s’offrir le luxe de mettre en danger, par leurs conflits internes, les intérêts vitaux de l’Etat ou de la Nation. Et pourtant… Des querelles religieuses à demi refoulées éclatent également de temps à autre. D’abord entre les croyants et les athées. Mais, plus fréquemment encore, parmi les différentes branches des milieux religieux eux-mêmes. D’une part les juifs orthodoxes purs et durs ; de l’autre, les groupes religieux plus conciliants, plus libéraux, qui s’anathématisent mutuellement. Les premiers reprochent aux seconds d’être trop laxistes. Les autres leur répondent que leur rigorisme excessif rebute la majorité du peuple, l’éloigne encore davantage de la tradition, provoquant la désaffection de la jeunesse et le rejet d’une pratique rituelle commune. »

(Claude Vigée : Vivre à Jérusalem) (Nouvelle cité - Paris - 1985 - Page 131)

« Le peuple d’Israël a toujours été divisé en courants religieux et politiques opposés. Si, à la période perse ou au début de la période hellénistique, les disputes religieuses n’apparaissent pas, ce n’est qu’un signe de l’effondrement général que subit alors la nation après la crise de l’Exil. Le monolithisme spirituel, culturel ou religieux n’est jamais surtout chez les juifs qu’un symptôme de faiblesse. Que reviennent les forces, que la source de vie se remette à couler, et alors les conformismes ont tôt fait de sauter : chacun défend son opinion et chacun en a au moins trois sur chaque sujet. Notamment sur le plan religieux. »

(André Chouraqui : Vivre pour Jérusalem) (Desclée de Brouwer - 1973 - Page 46)

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Toi – même concrètement que dis – tu ?

(Jn VIII – 5)

_______________ J’ai vécu très intensément la séquence de la femme adultère, si intensément qu’une idée m’est venue à l’esprit stoppant toute réflexion. Le récit de cette séquence est tellement vrai que je me suis vu comme l’un parmi eux tous, me glissant au milieu de tout le peuple, un parmi les autres, effacé et anonyme. J’ai vécu intensément et voilà que, subitement, j’en arrive à trouver le récit tellement vrai que j’en ai oublié de regarder si Jean était présent. Pour moi, cela m’amenait° à poser la question de savoir si l’adverbe concrètement avait été inséré quelque part dans le récit de cet événement. Bien évidemment, un simple regard sur le texte m’a envoyé dans le verset Jn VIII-5, parole d’eux tous qui commençaient à le questionner. Aussitôt je me suis aperçu que cet emploi de l’adverbe du témoignage arrivait au soixantième rang des emplois depuis le commencement de l’évangile. Or le nombre soixante est précisément un nombre clef lorsque j’ai analysé la partie relatant ce qui arriva lors de la Passion/Résurrection de Jésus. Dans le Tome XXII, à la page 750, j’ai écrit notamment sur le nombre soixante : 4. Au soixantième emploi : = 3 x 6 x 3 + 6 L’arithmétique des mots du texte a permis de faire le constat du contenu allégorique de certains nombres : - trois la triade aboutissement, création… - six l’Alliance forme nouvelle de l’Alliance éternelle : l’amour. - neuf triade de triade accomplissement du sens du mot. - dix-huit Bénédictions prière fondamentale d’Israël - soixante : Concrètement La Parole sortit ainsi vers les frères… n° 60

…(car) celui-ci, le disciple, a été le témoin de ces choses-ci et… …nous savons que son témoignage est vrai !

Voici que, dans le Temple de Jérusalem, les scribes et les pharisiens et tout le peuple (d’Israël) amènent° à Jésus le suprême défi : Jn VIII- 5 Toi-même concrètement quoi dis-tu ? » n° 60 Et Jésus livra la nouvelle clef de la porte de l’ Alliance : A partir de Maintenant : ne pèche plus !

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Comme ils persistaient* à le questionner . . .

(Jn VIII – 7)

_______________ Jn VIII-6 / 7 (Jésus) du doigt écrivait-en-bas*? vers la terre. τω δακτυλω κατεγραφεν εις την γην Comme or ils persistaient* en questionnant lui ως δε επεµενον ερωτωντες αυτον il-se-dressa-vers-le-haut* et il dit° à eux : ανεκυψεν και ειπεν αυτοις

« Celui de vous sans-péché*? que le premier il jette une pierre sur elle ! » Le verbe epimenô = persister* n’arrive que pour un unique emploi dans la Tora : les hébreux n’ont pas pu prendre le temps / ils n’ont pas pu persister* (au sens étymologique du mot) et ils ont dû fuir sans que la farine ait eu le temps de fermenter pour donner du pain levé : Exode XII-39 (h :) Ils firent cuire la pâte qu’ils avaient emportée d’Egypte en galettes azymes, car elle n’était pas levée quand ils avaient été chassés d’Egypte ; ils n’avaient pu s’attarder et n’avaient même pas fait de provisions pour eux. (Septante : … ils n’avaient pas pu persister* et ils n’avaient pas pu s’approvisionner en vivres pour le chemin…) … ουκ ηδυνηθησαν επιµειναι ουδε επισιτισµον εποισησαν εαυτοις εις την οδον Voici donc un temps nouveau dans lequel les scribes et les pharisiens vont prendre le temps de discuter longuement en posant de nombreuses questions à Jésus. Le texte de Jn offre à son lecteur une vue remarquable par l’arrivée, en un très court passage, de trois mots nouveaux* : Jésus écrivait-en-bas*? les scribes et les pharisiens persistaient* Jésus se-dressa-vers-le-haut*

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Il y a là un chiasme se révélant dans la forme de l’agir : Jésus le mouvement dans écrire-en-bas*? les scribes et les pharisiens l’immobilisme de persister* Jésus le mouvement de se dresser* Ce chiasme se révèle aussi dans l’évolution de l’être de chacun : Jésus il est en-bas*? les scribes et les pharisiens au milieu ils persistent* Jésus il se dresse vers-le-haut* Ceci oblige le lecteur à constater que le centre du chiasme est constitué, sans que le texte l’ait formellement écrit, par :

les scribes et les pharisiens. Une telle exégèse n’a été rendue possible / ne s’est imposée au lecteur / que par la traduction du texte de Jn en utilisant le Dictionnaire des mots du texte de Mc. Elle confirme la relation intime entre les deux textes, ce qui est le constat d’une unité rédactionnelle entre ces textes : lorsque le texte de Jn fut composé, le(s) rédacteur(s) connaissai(en)t comment le texte de Mc avait été composé. Ceci est matérialisé dans la présentation de la traduction du texte de Jn par les repères en fin de ligne marquant la façon dont le texte grec a été composé à partir de mots se trouvant dans le texte de Mc : le comportement du vécu est conforme à ce qu’ils ont perçu, entendu et vu dans le texte de Mc. Ce constat mène à une conclusion scientifique au sens où cette conclusion est fondée non pas sur l’exégèse de cette seule séquence Jn VIII-1 à 11, mais sur le fait que, ailleurs tout au long du texte de Jn, semblable conclusion peut être énoncée. Ce constat est établi sur une base scientifique, quoiqu’il soit indémontrable par un raisonnement selon la logique des sciences, mais du fait que jamais, durant la prise en compte de quelque partie du texte de Jn que ce soit, on ne peut trouver d’incompatibilité par rapport au texte de Mc. Une conclusion de la présente exégèse oblige aussitôt à regarder (= à prendre garde au) comportement des scribes, puis ensuite à celui des pharisiens dans les textes de Jn et de Mc. D’où deux recherches à effectuer : A. Quels sont les comportements des scribes et des pharisiens lors des événements qui vont arriver d’ici jusqu’à la Passion du Christ ? B. Sont-ils présents au cours de la Passion/Résurrection du Christ ?

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Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006

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SUR LE COMPORTEMENT DES SCRIBES

(Dans l’évangile de Saint Jean)

_______________ A. AVANT LA PASSION

Se reporter dans le Tome VI au dossier sur Les scribes. Dans le texte de Mc, lorsque pour la première fois on rencontre les scribes, ils sont assis en attendant que le paralytique soit passé par le toit : Mc II-6 et 7 Or quelques-uns des scribes étaient assis là et réfléchissaient dans leurs cœurs : « Pourquoi celui-ci parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut effacer des péchés sinon Unique le Dieu ? » Dans le texte de Jn, les scribes se présentent alors que Jésus s’est assis. La situation est donc inversée : Jn VIII-2 et 3 Jésus survient vers le Temple et il s’assoit, en enseignant tout le peuple. Les scribes et les pharisiens amènent° une femme (qui a été) surprise° en adultère. Dans le présent Tome, dans le dossier intitulé ’Passion et Résurrection – divers’ à partir de la page 93, mon lecteur trouvera une analyse de ce texte qui, en réalité, rapporte l’unique confrontation entre Jésus et les scribes dans le texte de Jn. B. PASSION ET RESURRECTION Dans le texte de Jn, et au-delà du verset Jn VIII-3, les scribes sont absents. Le texte a su en rendre compte lorsqu’il a écrit que… Jn VIII-9 …or, eux ayant entendu, sortaient un par° un, ayant d’abord commencé depuis les anciens. Les scribes sont sortis (verbe ex-erchomai) en suivant les pharisiens avec ce même verbe qui, dans le texte de Mc, a permis à ceux-ci de sortir. (Mc VIII-11) Il est vrai que certains d’entre eux (Gamaliel…) ne peuvent ‘participer’ à une réponse qui, pour eux, spécialistes du Livre (= la Tora), signifie que Jésus est (amené°) en holocauste. Ainsi, lors du procès contre Jésus, les scribes sont absents !

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SUR LE COMPORTEMENT DES PHARISIENS

(Dans l’évangile de Saint Jean)

_______________ A. AVANT LA PASSION Les pharisiens entrent dans le texte de Jn d’une étrange manière puisqu’ils se font représenter : Jn I-24 Et ayant été envoyés ils étaient de la part des pharisiens και απεσταλµενοι ησαν εκ των φαρισαιων Jn I-25 Et ils questionnaient lui et ils disaient° à lui : και ερωτησαν αυτον και ειπαν αυτω « Pourquoi concrètement baptises-tu τι ουν βαπτιζεις si toi-même ne pas tu es le Christ ει συ ουκ ει ο Χριστος ou Elie ou le prophète ? » ουδε `Ηλιας ουδε ο προφητης Lorsque les scribes et les pharisiens amèneront° une femme adultère devant Jésus, le texte se souviendra et écrira comment les pharisiens ont-persisté* à questionner Jésus : le verbe questionner = erôtan rappellera leur arrivée dans le texte en Jn I-25. Jn VIII-7 Comme or ils persistaient* en questionnant lui… ως δε επεµενον ερωτωντες αυτον B. PASSION ET RESURRECTION Les pharisiens sont physiquement absents car, lorsque Judas vient arrêter Jésus, ils se sont faits représenter. Le texte a tenu à le préciser : Jn XVIII-3 Concrètement Judas, prenant la cohorte et des valets (venant) de la part des grands-prêtres et(aussi) de la part des pharisiens (εκ των φαρισαιων), vient là avec des-torches*? et des-lanternes** et des-armes* .

Il ne sera plus fait mention des pharisiens dans toute la suite du texte de Jn.

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« Celui de vous (qui est) sans – péché*?

(Jn VIII – 7)

_______________ Au commencement, il y eut la Loi, suite de préceptes à respecter qui étaient l’énoncé de l’Alliance Initiale : Deutéronome XXIX-17 à 19 Qu’il n’y ait point parmi vous d’homme ou de femme… dont le cœur se détourne aujourd’hui (Septante : mot absent) d’auprès de YHVH notre Elohim, pour aller servir les dieux des nations ! Qu’il n’y ait point parmi vous de racine produisant poison ou absinthe ! Si donc quelqu’un, en entendant les termes de cette adjuration, se félicitait en son cœur en disant : « J’aurai la paix, quoique je marche dans l’obstination de mon cœur, (h. :) de façon que ce qui est abreuvé supprime ce qui est assoiffé ! » (Septante : …afin que le pécheur ne perde pas celui (qui est) sans-péché*?) ινα µη συναπολεση ο αµαρτωλος τον αναµαρτητον

(Tora : emploi unique) YHVH ne voudra point lui pardonner.

Et il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint. (Mc I-9) Puis, un jour à l’aurore* Jésus survint vers le Temple. (Jn VIII-2) Lecteur ! Tu connais la suite : tout le peuple… les scribes… les pharisiens… une femme… un flagrant délit*? d’adultère… lapider*… … et la Parole de Dieu : « Celui sans-péché*? parmi vous que, le premier, il lui jette une pierre. »

(N. T. : emploi unique) … avec la finale : νυν µηκετι αµαρτανε Maintenant : ne pèche plus ! Maintenant est le mot toujours présent dans le texte lorsque D. renouvelle son Alliance. Maintenant voici l’énoncé de l’Alliance Nouvelle, pratiquez ce commandement !

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Du doigt il-écrivait-en-bas*? . . . il écrivait.

(Jn VIII – 6 à 8)

_______________ Deux fois le même geste ! Or : jamais Dieu ne recommence à faire ce qu’il a déjà FAIT, sinon cela inciterait à penser que le premier FAIRE serait MAL FAIT ou qu’il serait incomplet = or Dieu est La Perfection ! La deuxième ‘écriture’ est écrite avec des mots issus du Dictionnaire des mots de Mc : il-écrivait vers la terre. Seule, la position de la graphie de la nouveauté* des mots diffère : Jn VIII-6 Jésus en-bas se-courbant du-doigt écrivait-en-bas*? vers la terre. Jn VIII-8 Εt de-nouveau se-courbant-vers-le-bas*? il écrivait vers la terre.

ou encore : en-bas se-courbant du doigt écrivait-en-bas*? vers la terre. se-courbant-vers-le-bas*? ------- il écrivait vers la terre. La deuxième ‘écriture’ est introduite par de nouveau = palin. Dans cette expression, j’ai vu qu’il écrivait une deuxième foi/nouvelle écriture puisque les verbes employés pour décrire les deux opérations d’écrire diffèrent. En fait, l’adverbe palin introduit l’idée d’une différence / d’une novation* dans ce qui est écrit. Lorsque Jésus écrit pour la deuxième fois, il n’écrit pas ce qu’il écrivit-en-bas*?. Ce matin-là, j’ai été amené° à suivre tout le peuple et j’étais venu auprès de lui. J’ai entendu ce qu’ils disent à lui à propos de l’adultère et j’ai écouté avec attention le rappel de la Loi selon laquelle Moïse nous a commandé de lapider*. Je l’ai vu en bas se courbant et il écrivait-vers-le-bas* ? vers la terre. Alors il y eut beaucoup de paroles dites(°) : eux persistaient* à le questionner, ce qui l’amena° à se-dresser-vers-le-haut* afin de leur dire° le jugement que lui il amenait° à propos de la femme adultère : Jn VIII-7

« Celui de vous sans-péché*? que le premier il jette une pierre sur elle ! »

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Puis, de nouveau, il-se-courba-vers-le-bas*?, non pas de la même façon qu’il avait faite quelques instants auparavant, mais dans un geste qui m’a semblé marquer de la déférence et une grande mansuétude à l’égard de la femme, peut-être en marque d’une parole de sagesse offerte à tout le peuple, aux scribes et aux pharisiens qui étaient auprès de lui, il écrivait vers la terre. Malgré moi, mon regard s’est porté sur le sol et j’ai vu qu’à l’intérieur du Temple, puisque c’était là le lieu de la séquence, il n’y a que des pierres jointives : c’est un lieu saint et nul interstice entre les pierres ne doit laisser passer la moindre buée d’impureté. Sur cette terre d’Israël, qui est terre la plus sainte de toutes les terres, il y avait quelque poussière (Voir Lexique P-167) comme il est habituel pour ceux du peuple d’Israël qui en amènent° de-dessous de leurs pieds (Cfr. : Mc VI-11). Je me suis rappelé : c’est en ce même lieu que, selon la tradition d’Israël, l’Elohim forma l’homme : poussière à partir de la terre. (Cfr. : Genèse II-7) Sur ce fond de poussière, Jésus écrivait et j’ai cru voir comment, la première fois, il avait dessiné les contours des deux Tables de pierre (Louh’ot ha-even) telles que l’habitude a été prise de les représenter. Lorsque, ayant décidé d’une deuxième écriture, en un mouvement plein de mansuétude et de grâce il se-courba-vers-le-bas*?, il jouta en surimpression sur l’empreinte des Tables, le mot ‘miséricorde’. Près de moi, un hébreu parmi ceux-là de tout le peuple lut à mi-voix et j’entendis le mot ‘hesed’’. Alors que tous sortaient un par° un, moi - le dernier d’eux tous, car le plus troublé de ce que je venais de vivre, moi tellement alourdi par tout le passé de ma vie - je suis sorti lentement. Ma lenteur à sortir m’a permis d’entendre sa voix : « YHVH (est) un Dieu clément et miséricordieux, abondant en véritable bienveillance, supportant faute, transgression et péché, sans les innocenter. Observe pour toi ce que j’ai ordonné jadis à Moïse. Pas°-même° moi, je ne te condamne : Vas et à partir de maintenant, ne pèche plus !

Et écris pour toi ces paroles ! »

Voilà pourquoi, en ce 25 février 2005 j’ai écrit ces paroles depuis Œlenberg.

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Des singularités du texte.

(Jn VIII – 1 à 11)

_______________ A. Le long de la séquence sur la femme adultère, le lecteur entendra des mots dont l’écriture lui fait voir le préfixe kata : Jn VIII-3 kat-eilêmmenên la femme adultère ayant été emparée (surprise°)… Jn VIII-4 kat-eileptai la femme a été emparée (surprise°)… Jn VIII-6 kat-êgorein afin de l’ accuser… Jn VIII-6 kat-ô en bas, se courbant… Jn VIII-6 kat-egraphen Jésus écrivait-en-bas*?... Jn VIII-7 Ane-kupsen Jésus se-dressa-vers-le-haut*… Jn VIII-8 kat-akupsas Jésus se-courbant-vers-le-bas*?… Jn VIII-9 kat-eleiphthê et il fut abandonné seul. Jn VIII-10 Ana-kupsas Jésus s’étant-dressé-vers-le-haut* Jn VIII-10 kat-ekrinen aucun ne t’a condamnée… Jn VIII-11 kat-akrinô « Moi-même je ne te condamne pas ! » kat = 9 fois Ana = 2 fois

une structure à base de chiasmes !

(Voir dans le Tome XIX/3 : Sur le préfixe Kat’)

kat = de haut en bas

Ana = de bas en haut

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NOTE SUR LA TRADUCTION Aucune traduction ne peut rendre cette spécificité de la rédaction du texte. Ceci est la raison pour laquelle il est nécessaire de présenter simultanément sur deux lignes et en situant de façon comparable l’un sur l’autre le mot originel en grec et le mot le traduisant en français. Une telle présentation est obligatoire au sens où elle permet de définir l’origine de chacun des mots nouveaux* et leur histoire à l’intérieur de l’ensemble des textes des quatre évangiles. Ceci découle du fait que les quatre évangiles ont été écrits en respectant une même stratégie de présentation et de conception du récit de la vie de Jésus, ce que j’ai appelé la stratégie apostolique. Une telle présentation permet aussi de préciser les conditions d’emploi d’un mot soit dans une précision de son sens à l’endroit où il se trouve – exemple : le mode moyen d’un verbe, le temps de l’imparfait ou de l’aoriste, l’actif face au passif… soit dans le rapport de ce mot avec d’autres mots proches de lui au cours d’une même séquence : ici le préfixe kat. En vérité, la présente note doit être comprise comme signifiant qu’aucune traduction du texte grec ne peut être faite dans une quelconque langue de façon directe. Il devient nécessaire d’user de conventions d’écriture et de présentation des mots incluant les singularités de la langue grecque. Ceci est dû à ce qu’une langue est toujours le reflet de la culture, de l’histoire, de la tradition du groupe qui la pratique. B. Une triade de lieux :

… et toujours la Présence de Dieu par la préposition eis. Jn VII-1 le mont des Oliviers : eis to oros tôn elaiôn Jn VIII-2 le Temple eis to Ieron Jn VIII-6 = VIII-8 la terre = le sol eis ten gen

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C. Il y a deux verbes au mode moyen précisant que l’action faite par le sujet l’engage lui-même : le verbe devient un verbe réfléchi. Le sujet du verbe est ainsi l’objet de l’action qu’il engage et chacun fait une action – consciente ou inconsciente - qui a une répercussion sur lui-même. Jn VIII-9 arxamenoi : participe aoriste moyen de archô Ils sortent un par un, ayant commencé par les anciens. Chacun sort selon sa propre perception d’être le plus ancien de ceux qui ne sont pas sortis et, alors, il sort non pas pour suivre celui qui le précède, mais parce qu’il se sent coupable et chacun respecte la hiérarchie de l’âge ! Jn VIII-11 poreuou : impératif moyen de poreuomai Vas-t’en à partir de maintenant ! Mais aie bien conscience que ce départ t’engage personnellement. Si tu pars, ce n’est pas pour obéir à un commandement que je te donne, mais que ton départ soit en suite d’une décision de ta part et de ton engagement de ne plus pécher : Ne pèche plus à présent (car ici il s’agit d’un impératif présent).

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ANNEXE I

DE LA GRAVITE DE L’ADULTERE

_______________ Dans le Livre du Lévitique, il est écrit : « YHVH parla à Moïse en disant : ‘Parle aux fils d’Israël et tu leur diras : Je suis YHVH votre Elohim ! Ce qui se fait au pays d’Egypte(1), où vous avez habité, vous ne le ferez pas, et ce qui se fait au pays de Canaan où je vais vous introduire, vous ne le ferez pas. Vous ne marcherez point suivant leurs mœurs. Vous exécuterez mes sentences et vous observerez mes préceptes pour marcher d’après eux : Je suis YHVH votre Elohim ! Vous observerez mes préceptes et mes sentences : l’homme qui les exécute vit par eux : Je suis YHVH ! Nul homme d’entre vous ne s’approchera de la chair de son corps pour en découvrir la nudité : Je suis YHVH ! La nudité de ton père… de ta mère… de la femme de ton père… de la fille de ta sœur… de la fille de ton fils ou de la fille de ta fille… de la fille de la femme de ton père… de la sœur de ton père… de la sœur de ta mère… du frère de ton père… de ta bru… de la femme de ton frère… d’une femme et de sa fille… tu ne la découvriras pas… …………. Vous observerez mes préceptes et mes sentences : vous ne ferez aucune de ces abominations… Vous observerez donc mon observance en ne faisant rien des pratiques abominables qui étaient faites avant vous et vous ne vous rendrez pas impurs par elles : Je suis YHVH votre Elohim ! »

(Lévitique XVIII-1 à 30) En fin de premier siècle, les sages d’Israël délibérèrent au sujet de certaines situations pouvant amener à s’interroger sur la conduite à tenir dans des cas extrêmes et ils considérèrent qu’il est préférable de pratiquer un acte d’idolâtrie plutôt que de se laisser tuer. C’est pourquoi ils décidèrent que, en certaines circonstances, on pouvait transgresser les préceptes de la Loi lorsque les conséquences de l’observance de la Loi mettaient la vie en danger.

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Cependant, ils tinrent à préciser que :

En trois occasions, il faut se laisser tuer plutôt que de transgresser

le commandement de YHVH :

l’idolâtrie l’adultère (et l’inceste) le meurtre. Or en ces jours-là, il arriva que quelques-uns des scribes étaient assis là et réfléchissaient dans leurs cœurs… (Mc II-6) Ayant longuement discuté, ils rencontrèrent des scribes des pharisiens qui avaient vu que Jésus mange avec les pécheurs et les publicains. Ceux-ci leur racontèrent comment de nombreux publicains et pécheurs étaient à table avec Jésus et ses disciples et qu’ils étaient nombreux. (Mc II-15 et 16) Aussitôt, ensemble, ils donnaient conseil contre lui en vue qu'ils le perdent. (Mc III-6) Les pharisiens entendirent la foule murmurant** contre lui. Les grands-prêtres et les pharisiens envoyèrent des valets afin de le prendre°* et certains hors d’eux voulaient le prendre°*, mais personne (ne-) jeta la main sur lui. (Jn VII-32 et 44) Concrètement ils s’étonnaient : « Comment celui-là sait-il les Ecritures ne les ayant pas apprises ? » (Jn VII-15), alors qu’il avait osé leur dire : « Personne hors de vous ne fait la Loi ! » (Jn VII-19) Alors ils se mirent d’accord, car il est une Loi que personne jamais ne doit transgresser… …et ils décidèrent que, un jour, à l’aurore* , dans le Temple, scribes et pharisiens ensemble lui amènent°, en présence de tout le peuple, une femme ayant été surprise° d’adultère. Note 1 : Ce qui se fait au pays d’Egypte Page 23 Au pays d’Egypte, pharaon se marie toujours avec sa sœur !

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ANNEXE II

ADRESSE AU LECTEUR

_______________ J’ai lu : « Un ou deux passages du texte ont toujours laissé sceptique. On s’interroge beaucoup dans l’Eglise grecque, par exemple, pour savoir si l’histoire de la femme adultère (Jn VIII-3 à 11) fait réellement partie de l’évangile ou si c’est un ajout. L’histoire ne figure pas dans le codex Vaticanus, ni dans le codex Sinaiticus. Dans d’autres, encore, elle se trouve ailleurs dans le texte, y compris après Lc XXI-38. De nombreux évangiles indiquent simplement à l’encre rouge qu’il s’agit d’un passage douteux. »

et : « Une très ancienne controverse concerne l’authenticité de l’histoire de la femme surprise en flagrant délit d’adultère (Jn VIII-3 à 11) . Ces neuf versets sont un des passages les plus douteux du Nouveau Testament. Comme nous l’avons vu dans le chapitre II (voir texte ci-dessus) l’authenticité de ce passage a été constamment mise en doute dans les bibles grecques médiévales. On le trouve dans le codex Bezae du V° siècle et dans les premières traductions latines de la Bible, mais il est absent des codex Sinaiticus, Alexandrinus et Vaticanus, comme des traductions en syriaque ancien ou du texte grec (P. Bodmer II) du plus ancien codex sur papyrus datant d’environ 200. Le bon sens voudrait qu’on l‘enlève de l’évangile. »

(Christophe de Hamel : La Bible : Histoire du Livre / Pages 61, puis 320) (Phaidon - rue de la Roquette – Paris XI° / 2 002)

Mc X-2 Et étant venus auprès (de lui) des pharisiens l'interrogeaient en le mettant à l'épreuve : « Est-il permis à un homme° de délier sa femme ? »

« Est-il permis au lecteur de délier le texte ? »

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DE L’ AUTHENTICITE DE CE TEXTE

_______________ « (Un exégète a fait observer que Matthieu, l’évangéliste des juifs, respecte la tradition sémitique consistant à échafauder, pour le personnage dont on s’occupe (= Jésus) une architecture généalogique complexe. Mais le respect de la tradition n’est ici qu’apparent. En fait, presque furtivement, cet évangile accomplit quelque chose d’absolument inconcevable pour la culture hébraïque. A savoir que Matthieu brise intentionnellement l’harmonie de sa lignée d’ancêtres en introduisant, dans cette longue série de noms masculins, quatre noms de femmes, plus celui de Marie. ET voilà l’énormité : pour les juifs, la femme n’avait pas sa place dans les généalogies ; par conséquent, celle qui est échafaudée de la sorte pour Jésus n’est pas valable. Créature qu’on ne regardait qu’avec défiance, si souvent tenue pour « impure », l’être humain féminin s’accompagnait d’un sentiment mal définissable ; de toute façon, il était tout à fait hors de question de la faire figurer dans une généalogie se voulant vraiment solennelle. Mais le scandale devient intolérable pour l’israélite pieux (et incompréhensible pour le spécialiste) lorsque l’on découvre à qui correspondent ces quatre noms de femmes tirés des anciennes Ecritures d’Israël. Ce sont Thamar, la belle fille de Juda – le fils de Jacob – qui se prostitua avec lui ; Rahab, une courtisane de Jéricho qui trahit sa ville ; Ruth, une païenne (et c’est déjà une faute grave en Israël) qui s’offrit à Booz et le força à l’épouser ; la femme d’Urie, Bethsabée, l’épouse adultère devenue l’amante de David qui, pour avoir la femme, fit traîtreusement tuer le mari, qui était fidèlement à son service. Enfin est nommé Marie, la mère de Jésus. L’inceste, la prostitution mêlée à la trahison, l’adultère qui s’ajoute à l’assassinat d’un serviteur fidèle : c’est sur ce bourbier qu’allait s’élever Marie, celle qui, pour l’auteur de cette absurde généalogie, est la vierge dont devait naître le Christ. »

(V Messori : Hypothèses sur Jésus : Mame - Paris - 1978 / Pages 159 et 160)

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