la critique du libéralisme (tome 8)

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7/23/2019 La Critique du Libéralisme (Tome 8) http://slidepdf.com/reader/full/la-critique-du-liberalisme-tome-8 1/914 QUATRIÈME ANNÉE La Critique du Libéralisme RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL TOME VIII 15 Avril 1912 — 1 er Octobre 1912 I>ii<K<moN, RÉDACTION : M. l'Abbé Emm. BARBIER 10, rue Ampère, 10, Paris (xvii*) Le numéro : Net 1 franc Les Abonnements sont d'un an ADMINISTRATION, ABONNICMENTS : DESCLÉE, DE BROUWER & G'% ftiiteuis iU rue (ht Metz, à LilU (Nord)  f FRANCK . . . 10 francs Un an ï „ 1 0 , Paraissant le l' et le 15 de chaque mots

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    QUATRIME ANNE

    La Critique

    du LibralismeRELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    TOME VIII

    15 A v r i l 1912 1 e r Octobre 1912

    I>ii

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    Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net

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    La Critique du Libralisme

    RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    TOME V I I I . 15 A V R I L 1912 1" O C T O B R E 1912

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    DMOCRATIE CHRTIENNE

    ET DISSENSIONSDANS LE CLERG FRANAIS

    De touri les biens qui font la force d'une famille, il n'en est pasde plus prcieux que l'union. Quand le frre aide son frre, dit laSagesse, c'est comme une forteresse imprenable : Frater qui adjuvatura frairc quasi civitas firma (Proverbes, XVIII, 29). Ce qui faisaitla beaut conqurante de la primitive Eglise, c'est que la multitudedes croyants n'avaiL qu'un cur et qu'une me : Multitudinis credentiumerat cor unum et anima una (Actes, IV, 32). Aussi bien Sa Saintet Pie X ne nous recommande-t-il rien tant que l'union :

    C'est fie iouLe votre me, vous le sentez bien, dit-il dans l'EncycliqueVhmenter nos, 11 fvrier 1 06, qu'il vous faut dfendre cette foi. Maisne vous y mprenez pas : travail et efforts seraient inutiles, si vous tentiez de repousser les assauts qu'on vous livrera, sans tre fortement unis.Abdiquez donc tous les germes de dsunion, s'il en existait parmi vous.Et faites le ncessaire pour que dans la pense comme dans Vaction, votreunion soit aussi ferme qu'elle doit l'tre parmi des hommes qui combattent pour la mme cause .

    Aux ftes de la Batification de Jeanne d'Arc, Pie X insistait sur l'union indispensable de tous les curs.

    Ce dsir ardent de notre grand et bien-aim Pape s'est-il ralis ausein du clerg de France ? Hlas 1

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    2 L A C R I T I Q U E D U L I B R A L I S M E R E L I G I E U X , P O L I T I Q U E , S O C I A L

    et le libralisme avaient provoqu de profonds dissentiments danscertains milieux, pour ou contre le Syllabus, pour ou contre l'infaillibilit du Pape, ces dissentiment-i s'taient effacs dans la soumission unanime aux dcrets du Conci'o cl l'infaillibilit du Souve

    rain Pontife? Du reste, les malheurs de la Patrie avaient cimentl'union de tous les curs par le besoin de refaire la grandeur de laFrance chrtienne; eL tons ceux qui ont de 40 60 ans et plus saventcomment les prtres de nos diocses marchaient la main dans lamain en 1877, contre les 363 dont le triste chef, Gambetta, avait ditavec Bismarck, Crispi et les Francs-Maons : Le clricalisme, voill'ennemi I En 1881, L882, 1884, mme union contre les lois sco

    l a i r e de Jules Ferry et la loi du divorce. En 1885, enfin, et les annessuivantes, l'Union conservatrice groupait toutes les bonnes volontssacerdotales et catholiques, sans demander personne d'abdiquer sesprfrences politiques, conomiques ou sociales. Qui voyait un prteles voyait tous, disait vers 1890 un excellent laque en rapports frquents avec le clerg du Nord. Qui entretenait un prtre avait la

    jiensc de tous sur les questions dont le public s'occupait (1). La

    trs grande majorit de Tpiscopat adhrai t, en 1891, la Rponsepublie par le cardinal Richard, archevque de Paris, aux catholiquesqui le consultaient sur leur devoir social. Tous les prtres taientavec les catholiques du Nord qui dclaraient : Nous ne sommespas un parti venant augmenter le nombre des partis politiques qui divisent le pays. Nous sommes la France chrtienne abaisse, humilie,perscute, qui se relve pour la dfense de ses droits et la revendi

    cation de ses liberts. Lon XIII bnissait-le groupement des Comits catholiques de Paris, et VUnion de la France chrtienne tait constitue pour la fusion de toutes les bonnes volonts.

    I

    Pourquoi n'en est-il pas de mme aujourd'hui? Parce que de 1890 1895 et 1905 a souffl le vent de la Dmocratie chrtienne, qui

    divise profondment les catholiques et surtout le clerg de France. Nous sommes une cole sociale nouvelle et un parti social nouveau,

    disait en mai 1893 la Dmocratie chrtienne de Lille... Nous ne sommes pas des dmocrates tout court; nous avons voulu et nous voulonsnous appeler dmocrates chrtiens.

    Ils ne prenaient pas garde que ce nom mme rvlait leur pense :dmocrates d'abord, chrtiens ensuite et dans la mesure o le per

    mettrait la Dmocratie.Le Congrs gnral de la Dmocratie chrtienne, qui se tenait

    Lyon en 1896, 1897 et 1898, constituai t le parti nouveau , leConseil national de la Dmocratie chrtienne, avec, pour prsident,

    1. Mgr Delassus, La Dmocratie chrtienne, j>. 6.

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    DL MO UI AT IE CIl HT li i NN li E l DI SSENS IONS DANS LE CLERG FHANA1S 3

    M. Harmel et pour secrtaire gnral M. l'abb Lcniirc. 11 y avaitun groupe ecclsiastique : les abbs Dchon, Lcniirc, Naurlet, Garnier;un groupe ouvrier ; MM. Lcclercq, Pagan, Dombray-Schmidt, Char-train; un groupe intellectuel : MM. Harincl, Berne, Mouthon (qui de

    puis est tomb dans la sentine du Malin et du Journal), Lorin, Desgres du Lo et Coulazon. M. l'abb Gayraud publiait son livre la

    Dmocratie chrtienne, et dclarait qu'elle n'tait pas un parti confessionnel (1).

    Elle avait pour organes la Justice sociale de l'abb Naudct, laFrance libre de Mouthon, le Peuple franais de l'abb Garnier, laVoix de la France do Marseille, la Voix du sicle et Vie catholique de

    l'abb Dabry, passes par quatre ou cinq transformations, Y Universd'Eugne et Pierre Veuillot, la Croix jusqu'en 190IJ-1907, la plupartdes Croix de province, YOuesl-Eclair de Rennes, le Journal de Roubaix,et, parmi les revues, la Quinzaine, la Revue du Clerg franais, l'Amidu clerg, plus tard Demain, la Chronique du Sud-Est devenue Chronique sociale de France, le Sillon, Y Esprance, le Lien et autres revueslithographies que rdigeaient et s'envoyaient les grands sminaires

    du Nord, du Centre, du Midi.Les lecteurs de ces revues et journaux, les propagateurs de leurs

    ides plu dmocratiques que chrtiennes, c'taient presque tous lesbons Frre des divers Ordres enseignants, les professeurs de PetitsSminaires et de Collges libres en grande majorit et beaucoup deprofesseurs do Grands Sminaires endoctrinant leurs lves, dj prpars au dmocratisme par l'enseignement secondaire :

    Quel jeune clerg on nous a faitl . disait nagure M. le chanoineCoub, qui le voit et l'entend dans toute la France.

    M. Maignen, qui, e premier, a dnonc le mal, signalait, dans laVrit franaise du 10 aot 1902, une organisation embrassant unecinquantaine de sminaires et enrlant prs d'un millier de sminaristes. M. Harmel runissait les dlgus des sminaires dans sonusine du Val-des-Bois, dont il faisait une sorte de noviciat pour

    l'action nouvelle du clerg dmocratique et rpublicain.Dans l'Encyclique Notre charge apostolique, Sa Saintet Pie X, aprs

    avoir rappel ce qu'a dit Lon XIII, qu'i l y a erreur et danger infoder, par principe, le catholicisme une forme de gouvernement,ajoute que c'est le cas du Sillon (disons aussi de la Dmocratiechrtienne), lequel, par le fait et pour une forme politique spciale,en compromettant l'Eglise, divise les catholiques, arrache la jeunesse

    et mme des prtres et des sminaristes l'action simplement catholique, et dpense en pure perte les forces vives d'une partie de lanation.

    De son ct, la Correspondance de Rome du 31 aot 1910, dans

    1. II s'est rtract et a retir son livre de la circulation. "

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    4 L A C R I T I Q U E D U L I B R A L I S M E R E L I G I E U X , P O L I T I Q U E , S O C I A L

    un article trs important sur la Lettre apostolique condamnant leSillon* pouvait dire en toute vrit :

    Parmi ceux qui ont le plus puissamment contribu, ds le tempsde Lon XIII, garer la dmocratie chrtienne, il faut citer en pre

    mier lieu ces clercs et ces jeunes prtres qui se sont jets, sans comptence et sans mission, dans un clmocratisme dclamatoire et impressionniste de dilettanti ou de convulsionnaires.

    Ces clerici vagi de la dmocratie chrtienne ont pu, sans beaucoup de peine, accaparer la direction locale d'un mouvement formtrop souvent d'lments laques entirement dpourvus de science,d'exprience et de mesure. C'est cet lment confus qui a tout confondu.

    Les prtres plus sages et plus expriments, ouvriers comptents et consciencieuxde la premire hmre, alors que les clerici vagi billaient sur les bancs de V cole,se sont vus bientt mpriss et bafous par les nouveaux venus, forts de dix-huit,de vingt, de vingt-cinq ans d'inerprienc et d'une prsomption vraiment purile.

    Aussi, dans la plupart des cas, la dmocratie chrtienne a-t-ellesombr dans un dmocratisme soi-disant catholique, qui eut tt faitde donner la main au modernisme philosophique et thologique, n,

    lui aussi, d'une mentalit et d'une quivoque analogues. Dans l'exercice si dlicat de leur autorit pastorale, les vques

    prouvaient parfois une sorte de scrupule en prsence de ces clericivagi qui se proclamaient les aptres des directions de Lon XIII, lessauveurs du catholicisme devenu trop impopulaire, faute de leur dmocratie silloniste, lemiriste, marxiste, etc. Les vnrables prlatstardaient quelquefois remettre leur place ces dilettanti, craignant

    d'entraver le bien ou de dcourager Faction du clerg (1).

    Sous l'influence de ces diverses causes et d'autres encore, toutesmoins importantes que l'ducation donne dans les Petits Sminaireset Collges libres par des prtres professeurs frus de sillonisme, enbien d'autres diocses que celui de Nice, il s'est form, dans un grand

    nombre de membres du jeune clerg, depuis quinze vingt ans, unementalit dmocratique, qui s'affirmait, en 1896, au Congrs ecclsiastique de Reims et en 1900, celui de Bourges. Prsids l'un etl'autre par M. l'abb Lemire, ces Congrs avaient des reprsentantsprtres et sminaristes, de la plupart des diocses de France, L'abbDabry,

    Qui depuis... Rome alors admirait ses vertus,

    l'abb Dabry, secrtaire de l'abb Lemire et organisateur avec luides deux Congrs sacerdotaux, osait crire :

    1. Il serait facile de nommer ces clerici vagit les abbs Lemire, NaudctDahry, Gamier, Jacques Debout, Dehon, Flix Klein, Desgranges, Thellierde Poncheville, Beaupin, etc., etc.

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    DMOCRATIE CHRTIENNE ET DISSENSIONS DANS LE CLERG FRANAIS 5

    Ne pourrait-il pas y avoir le plerinage des prtres qui iraientse faire baptiser hommes, qui iraient secouer tes chanes d'un systmeodieux, o le vicaire ne. pense que par le cur, le cur par l'vqueet l'vque par le gouvernement (gouvernement est mis ici pour

    Rome)? Chez nous la hirarchie tue les individus... Je vois peu dechoses dans l'esprit gnral, dans les habitudes, dans la mthode descatholiques et mme dans toute l'organisation ecclsiastique qui nesoient marques du signe de la ruine. L'autel, construit dans le styledu XVIIe sicle, est destin aller rejoindre le trne. Vdifice toutentier est rajeunir et mettre en harmonie avec les besoins desgnrations qui viennent... Toute socit fonde sur ce principe, tout

    par le peuple, par le nombre, par la foule et par l'association , demande des prtres autrement forms qu'une socit o tout se fait parla volont d'un seul et par voie hirarchique.

    Il y a l tout l'esprit de l'cole nouvelle .Dmocratie et Rpublique d'abord : Il faut tre coupable ou fou,

    disait YVnivers en 1896, aprs le Congrs dmocratique de Lyon,pour mconnatre les transformations sociales, nier l'vidence, mau

    dire la Rpublique, et, sorte de hannetons en dlire, s'atteler au monde pour le ramener en arrire.

    Guerre donc tous les monarchistes, royalistes, imprialistes (1),au nom du progrs dmocratique, qui s'affirme invinciblement cfc s'incarne dans la Rpublique!

    Mais, elle est sectaire et impie, athe et perscutrice. Ce sontles monarchistes qui, par leur stupide opposition, portent la respon

    sabilit de ces violences. D'ailleurs, la Rpublique s'amliorera. Pourtant, au lieu de s'amliorer, elle empire : elle devient apostate,criminellement spoliatrice et sclrate. Laissez faire le temps etnous. L'idal dmocratique est si beau qu'il faut de patients effortspour le raliser dans une socit pourrie par le monarchisme tyran-nique.

    Voil donc nos dmocrates chrtiens dclarant leur souverain mpris

    pour toutes les institutions du pass, marques du signe de laruine , et affichant un superbe ddain pour les quinze sicles dela France chrtienne et monarchique, qui a pu enfin secouer leschanes d'un systme odieux , d'un esclavage avilissant.

    Comme la plupart des prtres d'un ge mr ont une formation intellectuelle et morale tout autre, et gardent le ru lie de la tradition, le

    1. Pour qu'on ne m'accuse pas d'exagrer, j'affirme avoir ontsndii de mes

    propres oreilles, il v a quelque dix ans, un abb dmocrate, vicaire d'uneparoisse de 12.000 mes, dans le Cantal, dire devant des laques qu'entreM. X., catholique, mais pas rpublicain, et M. Z.. [ranc-maon, mais rpublicain authentique, il fallait voter pour le rpublicain, mort aujourd'hui.Et combien de urtres, dmocrates, par soif dp popularit malsaine, ontainsi vot sans le dire, ou mme en le disant dans des lettres que j'aieues entre les mains 1

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    ** *

    Insurgs contre la tradition et les traditionnalistes, au point devue politique, les abbs dmocrates le sont encore plus peut-tre

    au point de vue social.Le monde, disent-ils plus ou moins explicitement, est en train

    de subir une transformation profonde : elle a commenc en 1789, maiselle date de l'Evangile; car l'aube de la Rvolution s'est leve, ily a prs de deux mille ans (1). Le terme de cette transformation,de cette volution sociale, sera un degr de civilisation tel qu'il nesera plus besoin de hirarchie sociale; l'galit rgnera partout : plus

    de matres, ni de patrons; la libert, la fraternit ou la solidaritseront les nouveaux liens sociaux d'un monde o il n'y aura plus depauvres. L'Evangile dmocratique fait esprer l'humanit un bonheur terrestre continuellement progressif, et c'est pour conqurir, assurer ce bonheur que les abbs dmocrates disent : Allez au peuple.Parlez-lui de ses droits un paradis, mme .en ce monde. Le bien-tre est la condition indispensable de l'ascension vers la vertu (2).

    Pour la lui procurer au plus tt, occupez-vout en premier lieu dumieux tre du peuple, des ouvriers, et ne craignez pas de protester!hautement contre le capitalisme et le capital, qui s'engraissent dessueurs du peuple, des ouvriers la main calleuse, qu'il fait si bonserrer et glorifier.

    Nouveau sujet, plus irritant que la politique, de dissension entre^es abbs dmocrates et les prtres srieusement chrtiens ,

    catholiques, qui sont persuads que rver pour l'humanit l'extinctionde la misre et du pauprisme, c'est oublier le pch originel et sesconsquences fatales; c'est oublier l'Evangile, qui nous affirme qu'ily aura toujours des pauvres parmi nous ; c'est oublier que, depuisdix-neuf sicles, l'Eglise sait aller au peuple de la bonne manire,pour lui parler, non de ses droits que l'orgueil lui rappelle suffisamment, mais de ses devoirs, que les passions et les intrts obscurcis

    sent, pour l'vangliser, le moraliser, le christianiser en un mot;car, si tous les hommes taient vraiment chrtiens, comme le disaitM. Clemenceau lui-mme, la question sociale serait rsolue.

    Eh quoi! dit N. S. P. le Pape dans l'Encyclique sur le Sillon,on inspire notre jeunesse cathodique la dfiance envers l'Eglise,leur mre; on leur apprend que, depuis dix-neuf sicles, elle n'a pasencore russi dans le monde constituer la socit sur ses vraies

    bases; qu'elle n'a pas compris les notions sociales de l'autorit, dela libert, de la dignit humaine; que les grands vques et les grandsmonarques qui ont cr et si glorieusement gouvern la France, n'ont

    1. L'abb Natidet Pau. en 1896,

    2. M. Paul Lnpoyrp nu Congrs de Nmns, 1S97.

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    pas su donner leur peuple ni la vTaic justice, ni le vrai bonheur, parcequ'ils n'avaient pas l'idal du Sillon. Le souffle de la Rvolution apass par l. Mais nos abbs dmocrates veulent christianiser la Rvolution (1), comme si la Rvolution n'tait pas sata-

    nique ! comme si on pouvait christianiser l'a rianismel Les Arienset les rvolutionnaires, oui; mais l'arianisme et la Rvolution, jamais !

    Lon XIII, dans sa belle Lettre du 8 septembre 1899 aux vquesde France sur les tudes ecclsiastiques, n'y parlait pas du tout destudes sociales. Pie X, dans sa Lettre sur le Sillon, recommande auxvques de choisir (parmi les prtres employs au saint ministre)

    queilque3 (sujets), actifs et d'esprit pondr, munis des gTades dedocteurs en philosophie et en thologie, et possdant parfaitementVhistoire de la civilisation antique et moderne, pour les appliquer auxtudes moins leves et plus pratiques de la science sociale. Toutefois,que ces prtres ne se laissent pas garer, dans le ddale des opinionscontemporaines, par le mirage d'une fausse dmocratie; qu'ils n'empruntent pas la rhtorique des pires ennemis de l'Eglise et du peu

    ple un langage emphatique plein de promesses aussi sonores qu'irralisables. Qu'ils soient persuads que la question sociale et la sciencesociale ne sont pas nes d'hier; que de tous temps, l'Eglise et l'Etat,heureusement concerts, ont suscit dans ce but des organisationsfcondes;... que les vrais amis du peuple ne sont ni rvolutionnaires,ni novateurs, mais traditionnalistes.

    Eh bien! regardez, dans les 86 diocses de France, quels sont les

    abb.? dmocrates et sociologues qui ont leurs grades de docteurs en philosophie et en thologie , ou qui sont pondrs , qui connaissenf l'histoire antique et moderne , comme l'exige le Pape?Vous n'en trouverez pas un sur mille. Par contre, tous ou presqiuetous, gars par le mirage d'une fausse dmocratie , parlent aupeuple un langage emphatique, plein de promesses aussi sonoresqu'irralisables, et emprunt la rhtorique des pires ennemis del'Eglise et du peuple. Faut-il1 s'tonner que ces agits, ces novateurs , pour ne pas dire ces rvolutionnaires , viennent se heurter aux vrais amis du peuple , aux prtres de bon sens et d'espritsurnaturel que le Pape appelle si bien des tradit ionnalistes ?

    Les conflits dans le clerg ne sont gure provoqus que par les abbs dmocrates et socialisants : ils tournent en drision les vieilles mthodes d'aller au peuple et les vieux curs quiles emploient, comme les aptres, les missionnaires, saint Vincent de

    Paul et le Bienheureux Cur d'Ars, compltement tranger aux uvresdites aujourd'hui sociales .

    ** *

    1. M. l'nbbr Nfuulet dans le Monde du 2 avril 1895.

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    comme parle l'Evangile, on aura perdu tout son temps et toute sapeine. Ouvriers et paysans resteront convaincus qu'on doit leur procurer le paradis en ce monde et que la religion, mme pour le prtre,n'est qu'une chose accessoire, alors qu'elle est le tout de l'homme ,

    ainsi que le dit Bossuet. Ce doit tre l la fin principale et le butessentiel de toutes les uvres de prservation, d'assistance, de bienfaisance, de prvoyance conomique et sociale. Le royaume de Dieud'abord et sa justice , c'est--dire les vrits et les vertus vang-liquetf.

    Sa Saintet Pie X ne l'a-t-il pas admirablement enseign, dans sonExhortation au Clerg catholique, 4 aot 1908, l'occasion de son

    jubil sacerdotal : La grande multitude des malades, des aveugles,des boiteux, des paralytiques, cette multitude si malheureuse attendles bienfaits de votre charit; elles les attendent surtout, ces massesde jeunes gens, espoir trs cher de la socit et de la religion, entours qu'ils sont de toutes parts de piges et d'occasions de corruption.Appliquez-vous avec ardeur, non seulement enseigner le catchisme,ce que nous vous recommandons de nouveau instamment, mais aussi

    bien mriter de tous par tous les moyens que vous suggrerontvotre prudence et votre zle. Soit que vous assistiez, soit que vous prveniez, soit que vous apaisiez, vous n'aurez pas d'autre dessein nide plus ardent dsir que de gagner ou de conserver des mes Jsus-Christ.

    Programme digne des bons soldats du Christ et qui fut celuide saint Vincent de Paul', du Cur d'Ara, de tous les vrais aptres,

    qui ne songrent jamais mler la dmocratie leurs uvres minemment sociales, parce qu'elles taient minemment catholiques, van-gliques.

    Vous ne suivez pas les direct ions pontificales de Lon XIII dansl'Encyclique sur la Condition des ouvriers , disent couramment lesabbs sociaux ceux qui ne veulent ,pas approuver toutes leurshardiesses.

    Mais eux-mmes suivent-ils bien les directions de Pie X dans l'Encyclique Notre charge apostolique contre le Sillon? II y blme l'association interconfessionnelle , cette promiscuit o se trouvent engags les jeunes catholiques avec des htrodoxes et des incroyantsde toute sorte,... et qui est mille fois plus dangereuse pour eux qu'uneassociation neutre. Or, le Social, organe hebdomadaire des Semaines sociales et succdan de la Chronique sociale de France, contenait, le 12 mars dernier, ce que voici, sous la signature de M. Vial-latoux :

    1 Observons d'abord que cette solution du Syndicat ouvert tousest la solution normalement dsirable dans une socit divise decroyances religieuses. Je ne dis pas, bien entendu, qu'une socitdivise d'opinions et de croyances est l'idal, mais que, dans une

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    DMOCRATIE CHRTIENNE ET DISSENSIONS DANS LE CLERG FRANAIS 11

    socit o, de fait, les esprits sont partags, la nonne souhaitable estune pratique telle du respect mutuel que les hommes puissent se rencontrer sans heurt dans des institutions destination commune.

    2 Et observons surtout qu'en tout cas le courage et l'instruction

    des chrtiens devraient tre tels qu'ils puissent partout apporter leurservice et leur dvouement fraternel. Ce serait, d'ailleurs, une erreurtrs grande de croire qu'on aura mis la foi des travailleurs catholiques l'abri de tous les dangers, lorsqu'on les aura carts d'une influencesyndicale interconfessionnelle. Les contacts qu'on redoute pour euxne sont pas seulement au syndicat; ils sont aussi, et mme surtout,ailleurs; et ailleurs, ils sont souvent invitables. La libre frquen

    tation mensuelle du syndicat ne saurait tre plus prilleuse que lafrquentation quotidienne et obligatoire de l'usine et de la rue. ..

    Quoi qu'on fasse et quoi qu'il fasse, le chrtien d'aujourd'hui et cela n'est pas nouveau dans le monde sera en contact forc avecdes non chrtiens. Et ce serait peut-tre peu traditionnel, ce serait entout cas un signe de dcadence de faire de Visolement la condition

    premire de la foi. La pntration syndicale a ses dangers, c'est

    sr; mais les dangers sont partout et il est vain de prtendre ychapper totalement. L'Univers du 23 mars, a dit ce sujet au Social qu'il draillait,

    qu'il" dsobissait au Pape , Pie X : Point de syndicats neutres ou interconfessionnels; des syndicats

    nettement catholiques ou confessionnels. Ce mot confessionnel ,qui effraie tant d'audacieux, ne signifie pas que notre foi est un

    mtier dont on discutera les intrts; il veut dire simplement qu'ontudiera les intrts de la profession la lumire de la foi catholiqueet des enseignements du Saint-Sige.

    Tout en tant confessionnel, le syndicat n'en garde pas moinsson essence qui est d'tre professionnel.

    C'est aussi clair que la belle lumire d'un jour d't. La Correspondance de Rome a aussi vivement critiqu le Social

    et fait ressortir son opposition avec Pie X.

    II

    Emancipe de la tradition au point de vue politique et social, laDmocratie chrtienne s'en mancipe aussi dans toutes les branchesde la science ecclsiastique, et c'est encore l une source profondede dissentiments irrductibles entre le jeune et le vieux cler

    g , entre les abbs dmocrates et les traditionnalistes con-r.onvaincus.

    Pailez de philosophie scolastique et thomiste , ces abbs mo-dern'stylc : ils la dclareront prime, suranne, finie , incapablede donner une solution quelconque nux problmes angoissants qui

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    12 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    agi Lent la pense contemporaine. Que si l'on veut leur rappeler quec'est Lon XIII qui, dans l'Encyclique JEtemi Patris et la Lettre de1899 sur les tudes ecclsiastiques, a si fortement recommand, avantPie X, la philosophie scolastique comme base ncessaire de la tho

    logie dogmatique, ils vous rpondront par une pirouette ou par l'Encyclique Rerum novarum, la seule des 57 Encycliques de Lon XIIIqu'ils connaissent, en l'interprtant parfois trs mal et en ne parlantque de la misre immrite des travail leurs.

    La thologie dogmatique, qui est le vrai fondement de toute scienceecclsiastique digne de ce nom, para t insipide nos abbs dmocrates t surtout dans ses thories abstruses propos do la grce;

    et Ton a pu remarquer qu'aux examens des jeunes prtres, les plusmauvaises notes vont gnralement aux abbs dmocrates , quiprfrent la thologie les questions politiques et sociales . Comment s'entendraient-ils avec les vtrans du sacerdoce, qui font deleur thologie leur livre de chevet?

    Quant la thologie morale, les abbs dmocrates ont donnleur mesure en adoptant presque tous, avec les abbs Lemire, Naudet,

    Dabry et Klein, l'amricanisme , qui condamnait les vertus passives . exaltai t les vertus actives et prchait l'adaptation ducatholicisme aux besoins et aux ides du sicle . Il fallait entendrede quelle* invectives ils poursuivaient l'excellent abb Maignen, l'auteur du beau livre : Le Pre Hecker est-il un saint? et Mgr Delassus,l'auteur de Y Amricanisme et la Conjuration antichrtienne, uneimmondice : c'est ainsi que les dmocrates chrtiens appelaient

    un ouvrage hautement approuv par tant de cardinaux et d'archevques et si bien en harmonie avec l'Encyclique de Lon XIII, Testembencvolenti, 22 janvier 1899. L'Amricanisme, quoique condamn,vit encore l'tat latent dans l'esprit des abbs dmocrates et,de temps autre, ils en servent les ides aux curs qui ne marchent pas vers l'adaptation du catholicisme aux besoins de la socit prsente, ou qui redisent le vieux mot de saint ' Paul : Noliteconforma ri huic seculo. Ne vous conformez pas aux maximes de cesicle.

    Pour YEcriture Sainte, l'abb Naudet avait appris ses lecteurs traiter trangement Mose, Job, Esther, Judith, les Psaumes, mmeles Evangiles. Il faut avoir entendu les extravagantes apprciationsdes abbs dmocrates sur l'exgse traditionnelle pour comprendrela stupfaction des prtres d'autrefois, rduits opposer des hardiesses inoues le Concile de Trente, celui du Vatican et l'EncycliqueProvideniissimus Deiis de Lon XIII. Les dcisions de la Commissionbiblique sur les Synoptiques, sur saint Jean, sur Mose et sur les Psaumes, ont-elles arrt le dvergondage de tmrits auquel se livraientnos dmocrates chrtiens? On l'espre, sans en tre convaincu.

    1/apologtique ne fut jamais le fort des

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    D M O C R A T I E C H R T I E N N E E T D I S S E N S I O N S D A N S L E C L E R G F R A N A I S 13

    l'immanentisme do M. Maurice Blondel, de M. l'abb Laberthonnire,les laisss beaucoup plus froids que l'volutionnisme scientifique; celui-ci est une nouveaut et, ds lors, ils l'adoptent, en dpit detoutes les raisons leves contre lui par la biologie, par la palobo

    tanique, par a palontologie, par la gologie, par l'embiyognie, parl'entomologie de M. Fabre. Ils veulent se donner ainsi l'air d'tre aucourant des sciences modernes, quoiqu'il ne s'agisse dans l'volutionque d'une pure hypothse. Ils veulent surtout avoir le pJaisir denarguer les vieux traditionnalistes qui croient la permanence, la fixit des espces vgtales et animales, comme la Bvue des Deux

    Mondes l'tablissait nagure par l'anaphylaxic, que dcrivait le pro

    fesseur Charles Richet.L'histoire est peut-tre la science o les abbs dmocrates se

    donnent le plus libre carr ire. L'histoire des rois, pour eux commepour le fameux abb Grgoire, est le martyrologe des nations. Denctie histoire nationale ils ne retiennent gure que les dmls de Philippe le Bel, de Louis XIV et de Napolon avec les Papes, et ilstrouvent Napolon, Louis XIV et Philippe le Bel bien plus coupables

    que la Rpublique, comme si ces princes avaient attaqu Dieu et lesdroits de Dieu, empch l'enseignement du catchisme, dchristianis , fait apostasier la France, ainsi que le fait la Rpublique depuis 30 ans I Nos abbs dmocrates ont aussi toujours la bouche les scandales d'Henri III, d'Henri IV, de Louis XIV, deLouis XV (1), qui n'taient pourtant pas connus par le peuple, tandisque ceux de nos gouvernants francs-maons sont raconts par toute

    la piesse et dpassent les misres de nos rois, dont aucun n'a divorcdeux fois comme Caillaux, aucun n'est mort, comme Flix Faure,d'une mort tragico-rotique.

    Pour l'histoire contemporaine, que les abbs dmocrates fontcommencer la Grande Rvolution, douloureusement interrompue,d'aprs eux, par le rgne du tyran, qui s'appelle Napolon, l'homme de Brumaire , par l'odieuse Restauration, par le Gouvernement

    de Juillet, plus odieux encore, et par l'excrable second Empire, ndu crime du 2 dcembre , VHistoire contemporaine de M. "Hano-taux et VEglise et la troisime Rpublique du P. Lecanuet; ce mauvais livre , comme l'appelle Mgr Baunard, sont leurs manuels prfrs et comme leur vangile.

    N'a-t-on pas lu ce mauvais livre en public, au ifectoire, danscertains petits et grands sminaires que je pourrais nommer? On necraignait pas de scandaliser les jeunes mes, mues de voir traiterPie IX d'inintelligent et sa politique de stupide. On les foraitd'entendre accuser les conservateurs, les catholiques opposants la

    1. L'un d'eux parlait nagure en chaire

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    14 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    Rpublique, d'tre causes de tous les mfaits qu'elle a commis, depuis 1880, contre Dieu, contre les Congrgations, contre l'me desenfants, condamnes pour les quatre cinquimes l'cole gratuite, obligatoire et laque, c'est--dire sans Dieu, contre les Religieux et les

    Religieuses proscrils et indignement spolis, contre l'Eglise de Franceviolemment, illgalement spare de l'Etat, qui, aprs lui avoir vol500 600 millions, la billonne et l'opprime encore odieusement. pro tout, disaient nagure des abbs dmocrates, l'Etat n'a faitque rcpiendre ce qui lui appartenait. D'ailleurs, la loi est la loi, et iln'y a point revenir sur ce qui a t dcrt jusqu'ici (textuel).

    Quant Yhistoire de iEglise, l'hypercritique, dmolisseuse des reli

    ques et des dvotions, ou plutt des superstitions, fleurissait la Justice sociale; et maintenant Mgr Duchesne est le dieu incontestde nos dmocrates chrtiens. Peu importe qu'il ressuscite les ihoriesde Launoy et des jansnistes du XVII e sicle contre l'apostolicitdes glises des Gaules et l'historicit de3 saintes Maries de Provence:ds le moment qu'il dtruit des traditions vnrables, Mgr Duchesneest ,un grand homme, et Mgr Bellet, le P. Sicard, les chanoines Blon-

    del, Albans et autres, qui l'ont rfut premptoirement, sont despygmes dont on ne parle mme pas. Mieux vaut admirer YHistoireancienne de VEglise, quand elle fait fonder l'Eglise, non pas parNotie-Seigneur, anais par les aptres et leurs disciples , quand elledonne la hirarchie catholique, le diaconat, la prtrise, l'piscopat,comme lefruit du dveloppement de l'volution naturelle de l'Eglise (1), ce qui est du loysisme tout pur; quand elle tourne en drision

    le don des langues, l'asctisme des moines de la Thbade et de laPalestine, Je fanatisme des martyrs, obissant au mme idalque leurs perscuteurs, l'unit religieuse, perspective nfaste ; quandelle prtend montrer que la primaut du Pape aurait t inconnue jusqu'au V e sicle, ou que le culte de la Sainte Vierge est n de pratiques de femmes orientales, coptes et syriennes, au IV e sicle; quandelle ose soutenir qu'entre les hrtiques des premiers sicles, ariens,

    nesteriens, macdoniens, apollinaristes, et les Pres qui les combattaient, il n'y avait que des querelles verbales et subtiles; quand, enfin,elle ridiculise des docteurs comme saint Athanase (2), saint Cyrilled'Alexandrie et sain t Jrme (3). Tout cela plat aux abbs dmo-ciates , malgr la constante ngation du surnaturel dans YHistoireancienne de l'Eglise; ils y voient surtout la dmolition d'autoritsantiques et vnrables, et ils en viennent dire publiquement ce

    1. Voir, dans les Questions ecclsiastiques de novembre 1911 et moissuivants, d'excellents articles de M. Michel.

    2. Il aurait eu une maladie de foi, comme si les Esculapes du XIX

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    qu'on entendait nagure de la bouche de l'un d'eux : Les Pres del'Eglise sont de vieilles badernes!

    Devant de pareilles tmrits, qui s'garent jusqu'au blasphme,comment les tr ad it io na lis tes ne bo-ndii'aient-ils pas d'indignation?

    Et alors les discussions irritantes s'enveniment jusqu'aux injures. Il faudrait passer tout mon temps rfuter les normits que dbitemon vicaire : j ' y renonce , me disait un chanoine fort distinguet qui est l'auteur de monographies hisfcodques trs apprcies. D'autres, pour avoir la paix, refusent tout vicaire ^1) et prfrent biner,faire eux seuls le travail de deux prtres. En cinq ans, me disaitun excellent cur, j'ai eu cinq vicaires, cinq abbs dmocrates. L'un,

    en guise de sermon, lisait aux fidles une page de la Bible; l'autreparlait en chaire de questions sociales, dplaces dans une paroissetout agricole; aucun n'avait le got du confessionnal, du bien faireaux mes. Et s'il avait fallu contredire leurs billeveses historiques,c'et t la guerre tous les jours, tous les repas .

    C'est principalement dans les Collges libres et les Petits Sminairesque les intellectuels , comme ils s'appellent, ont de ces thories

    historiques, sur le pass et le prsent, que ne renierait pas Michelet, etque l'on trouve couramment dans les manuels scolaires des liborons,condamns par l'piscopat franais.

    *

    La discipline ecclsiastique ne saurait s'imposer aux dmocrates,mancips de toute autorit respectable.

    Il faut les voir l'uvre : l'un d'eux, le jour de la fte patronalede sa paroisse, partait aprs dner, sans rien dire son cur, le laissait seul pour les vpres et allait en bicyclette assister une runionsillonniste, interdite aux prtres par l'vque du diocse. La bicycletteest un prtexte toute sorte de courses et d'absences, de commragescontre les curs.

    Et les vques, comment les traitent les abbs dmocrates? Ils se

    montrent irrespectueux, s'ils savent que ces prlats sont ractionnaires en politique, en thologie, ou mme simplement peu favorables aux nouveauts doctrinales et sociales, chres au clerg nouveau style . Ils diraient volontiers comme Mgr Duchesne leur patron : Je -ne puis me faire la mode des soutanes entraves,

    Comme le Pape Pie X passe pour entraver les soutanes , nosabbs dmocrates attendent qrfil meure (Textuel).

    Quand la loi franaise a proscrit les Congrgations enseignanteset prdicantes , combien y a-t-il de jeunes prtres qui n'en ont past fchs et qui le disaient mme tout haut!

    1. L'un des nouveaux cardinaux franais affirmait un jour qu'il no pouvait plus gure faire accepter un vicaire ses curs, tant les jeunes sontexigeants 1

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    16 LA CRITIQUE DU LIBERALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, S O C I A L

    Par contre, lorsqu'il a t question des Associations cultuelles, crespar M. Briand et la Rpublique, la plupart des abbs dmocrates en admettaient la lgitimit, mme aprs l'Encyclique Vehementer nosdu 11 fvrier 1906, qui les condamnait. Le 15 aot de la mme anne,

    dans une runion d'ecclsiastiques, un abb parisien, intelligent, licenci es lettres, soutenait mordicus, contre ses confrres plus gs,que le Pape ne pouvait pas ne pas approuver les cultuelles. Arrive laCroix avec l'Encyclique du 10 aot les rprouvant : les ecclsiastiques amis du Pape montrent triomphalement leur contradicteur ladcision de Pie X : Ce n'est pas oe qu'il a fait de mieux , lpondle dmocrate bougonnant. Le Pape veut nous faire mourir de

    faim, disait un autre. La soumission l'autorit n'tait ni spontane ni difiante dans les rangs des dmocrates chrtiens.

    Mme lenteur, mme froideur pour l'obissance au Dcret Lamen-tabili, l'Encyclique Pascendi contre le modernisme, qui n'existaitpas , au dire des abbs dmocrates, ou qui existai t si peu qu'i ln'y avait point lieu de le foudroyer . Dieu sait, pourtant, si les partisans de Loisy et de Tyrrell taient nombreux dans les rangs des

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    devenu, dit-il. un misrable affluent du grand mouvement d'apostasie,organis, dans tous les pays, pour l'tablissement d'une Eglise universelle, qui n'aura ni dogmes ni hirarchie, ni rgle pour l'espritni frein pour les passions. Croyez-vous que les abbs dmocra

    tes aient modifi depuis deux ans leurs ides d'mancipation politique, d'mancipation conomique, d'mancipation sociale rprouvespar le Pape? Ils continuent lire la Dmocratie de Marc Sangnier,qui n'est que le Sillon continu , le pins grand Sillon de jadissous le nom de parti nouveau embrassant tous les dmocrates,protestants, juifs, libres-penseurs et catholiques, dans une promiscuit mille fois plus dangereuse qu'une association neutre , dit Sa

    Saintet Pie X.Le Bulletin de la Semaine, infect d'un libralisme modernisant et

    foncirement hostile au Pape, complte l'ducation dmocratique deces abbs, plus frus-de nouveauts truculentes que de sainedoctrine.

    Un prlat occupant line position minente me disait nagure quedans tels et tels tablissements ecclsiastiques " qu'il dsignait, direc

    teur ,efc professeurs ne recevaient aucun journal religieux, appelaientl'Univers et la Croix des sott ises , et ne lisaient que les Dbats,le Temps et... le Matin ! On m'crivait d'un Petit Sminaire quele Suprieur tait abonn aux Dbats, o M. Maurice Pernot et M.Anatole Leroy-Beaulieu font contre la Politique de Pie X une dplorable campagne, et qu'il n'y avait dans la maison qu'un journalreligieux, lu par un vieux professeur qui vient d'tre nomm cur.

    Comment de tels ducateurs peuvent-ils former l'esprit et le curde futurs lvites?

    III

    Les ides et les tendances des abbs dmocrates doivent doncse heurter et se heurtent fatalement aux ides et aux tendances desprtres traditionnalistes, encore si nombreux dans les rangs de l'excellent clerg franais.

    Il en rsulte les dissentiments les plus fcheux pour la directiondes tudes ecclsiastiques, que les uns voudraient plus sociales quethologiques, tandis que les autres persistent les maintenir essentiellement doctrinales; pour l'vanglisation des fidles, que les abbs dmocrates dsirent moderniser, adapter aux besoins du jour,tandis que les autres estiment que la mthode suivie pendant dix-neuf

    sicles est toujours aussi bonne qu'autrefois; pour la rsistance nosadversaires, que les dmocrates chrtiens persistent regarder commedes gens de bonne foi gars par la politique et qu'il faut mnager,ramener force de persuasive douceur, tandis que les traditionnalistesestiment avec le Pape qu'il n'y a rien faire avec des g'ens dont la

    Critique du libralisme. 15 Avril. 2

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    18 LV CRITIQUE DU LIBERALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    fausse dmocratie est irrductible aux principes catholiques : Voussavez, disait Pie X dans l'Encyclique du 11 fvrier 1906, le but q,uese sont assign les sectes impies qui courbent vos letes sous leur

    joug, car elles l'ont elles-mmes proclam avec une cynique audace :

    dcatfyoliciser la France, Elles veulent arracher de vos curs jusqu' la dernir.e racine la foi qui a combl vos pres de gloire, lafoi qui a rendu votre patrie prospre e t grande parmi les nations. Il n'y a, qu' l,eur appliquer le mot de l 'Ecriture : Iniquitatem odio. habuiet abominais sum (Ps. XXVIlf, 163), et leur faire une guerre implacable au nc-m des mes qu'ils enlvent Dieu.

    Les abbs, dmocrates en veulent terriblement quiconque leur

    reproche leur soumissionisme, leur acceptation plus joyeuse que rsigne, de, tous les scandaleux forfaits de l.a Rpublique. Eux qui n'ont la Couche que les grands mots de tyrannie, de despotisme, decsaiisme , quand il s'agit de la monarchie, royaut ou empire, euxqui fltrissent, avec quelle indignation, il faut l 'entendre, Philippe leBe 4 Louji^ XJY et Napolon (1), sont doux comme des agneaux, quandil s.'agit de fltrir les crmes nationaux commis depuis plus de trente

    ans contre la France, catholique par la tyrannie rpublicaine etle despotisme de la Franc-Maonnerie.

    Voici, ce. qu'crivait, le 28, janvier 1912, l'abb dmocrate, directeur de la Croix d>u. Cantal ;

    ...Nous, sommes en Rpublique et nous ne songeons pas nousen affliger.

    Nous sommes en Rpublique , c'est--dire en Franc-Maonne

    rie;- car, comme le disait l'ancien- ministre F.:. Gradaud, qui s'y connaissait : La Franc-Maonnerie, c'est la Rpublique couvert, et-la Rpublique, c'est la Franc-Maonnerie dcouvert . Nous sommes en Rpublique, dit notre abb dmocrate en son nom et au nom rieses amis, et nous ne songeons pas nous en affliger!

    Et pour quelle raison? Je vous le donne en cent, je vous Je donneen mille : Vous ne devineriez jamais :

    Pie X, l'an pass, ne dispensait-il pas, le vendredi 14 juillet, lescatholiques franais de la loi d'abstinence?

    Parce que le 14 juillet dernier, comme tous les jours de foire, on apu manger du saucisson, voil amnistie, cette Rpublique, dont lemme Pic X disait Rome aux 40.000 Franais runis pour la batification de Jeanne d'Arc : Non, il n'est pas digne de vnration etd'amour, le gouvernement, quelque nom qu'il porte, qui perscute la

    vrit et l'Eglise. Nous ne songeons pas nous en affliger! rpond notr^ abb dmocrate.

    La Rpublique de 1905, pire pour l'athisme que celle de 1794, o

    1. Voir ce qu'en disait ici, mme l'abb Thellier de Poncheville, 15 janvier 1911.,

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    D M O C R A T I E C H R T I E N N E E T D I S S E N S I O N S D A N S L E C L E R G F R A N A I S 19

    1. C'est le mot de Pie X, 19 avril 1909.

    Robespierre faisait voter et clbrer la fte de l'Etre Suprme, adcrt, article 2 de la loi de Sparation, qu'elle ne reconnataucun culte, aucune religion. Nous ne songeons pas nous enaffliger! , dit notre abb dmocrate, quoique Pie X ait fltri- trois

    fois cette apostasie de la Rpublique..La Rpublique a odieusement proscrit, violemment expuls, scan

    daleusement liquid, 80.000 Religieux et Religieuses, l'lite des Franais et des Franaises, par la vertu, le cur et le dvouement. Nous ne songeons pas nous en affliger / , disent les dmocrates,avant tout.

    La Rpublique a ferm 20> 25.000 coles congrganistes, qu'on,

    n'a pu rouvrir qu' grand'peine et en partie, seulement, pou* perdreen sept huit ans 5 600.000 lves et voir, hlas 1 leur nombretomber de 1.500.000 961.000. Nous ne songeons pas nousen affliger!

    La Rpublique a ferm 156 Petits Sminaires ou Collges ib-iresjqui n'ont pas tous t rouverts et ont perdu de 30 40.000 lves*,puisque le chiffre en a pass de 100.000 62.000. Nous ne son

    geons pas nous en affliger! La Rpublique a vol l'Eglise de France son budget d'abord,

    dette nationale proclame comme telle en 1789, 1791, 1793, 1801et 1802, puis 5 600* millions de biens que lui avait donns en unsicle la gnrosit des fidles. Nous ne songeons pas nous enaffliger!

    La Rpublique a chass nos vques et nos prtres de leurs vchs

    et presbytres sculaires et les a rduits mendier un asile et du*pain (1), qu'ils peuvent peine se procurer avec 3, 4 500. francsqu'on leur donne dans 40 diocses de France, salaire infrieur- celui des derniers manuvres. Nous ne songeons pas nous enaffliger!

    La Rpublique, par ses lois perscutrices, a tellement tari les sources du recrutement sacerdotal1, que, dans beaucoup de diocses, un

    seul1

    prtre est charg de deux, trois, quatre, six, dix paroisses, comme-le disait nagure Mgr Monests, et que, dans plus de 60 diocses, iln'y a pas 20 lves au Grand Sminaire devenu Ecole de thologie.

    Nous ne songeons pas nous en affliger!

    La Rpublique, par la loi du divorce, a dsorganis l'institutionsacre de la famille chrtienne, au point que l'on compte 12.000 divorces par an, et qu'ils svissent dans la classe ouvrire encore

    plus que dans la classe bourgeoise. Nous ne songeons pas nous en affliger!

    La Rpublique a tellement dchristianis la France que le baptme, nagure encore universel , pour les jeunes Franais, est main-

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    20 L A C R I T I Q U E D U L I B R A L I S M E R E L I G I E U X , P O L I T I Q U E , S O C I A L

    tenant inconnu pour un tiers ou un qfuart d'entre eux, dans les grandes villes. Nous ne songeons pas nous en affliger!

    La Rpublique maonnique pse si tyranniquement sur les consciences que, dans les hpitaux et ailleurs, c'est par centaines et par

    milliers que se comptent les enterrements civils, aprs des agoniesque nulle prire et nulle consolation n'ont adoucies, enterrements civilsq[ui sont trop souvent l'occasion ou Je prtexte des plus scandaleusesm an i les ta tiens de nos pouvoirs officiels. Nous ne songeons pas nous en affliger!

    La Rpublique impose 4 millions de garons et de filles catholiques l'cole sans Dieu , devenue l'cole contre Dieu , un mou

    le o l'on jette un fils de baptis pour en faire sortir un rengati )i,comme le disait un inspecteur d'Acadmie, o, du moins, trop souvent, matres et matresses laques, disent nos Evques en condamnant 14 Manuels scolaires pernicieux , commettent

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    doctrine essentiellement dmocratique... Ce parti grandit chaque joui'davantage dans- le clerg (1).

    Est-ce que les abbs dmocrates, plus nombreux aujourd'hui u'en1832, .veulent continuer faire inconsciemment le jeu de la Franc-

    Maonneiie et prparer par leurs doctrines librales..- &e grandescrises pour l'Eglise , comme le disait le cardinal Bernetti en 1847?

    Mgr Isoard crivait : Quelle que soit la secousse du dehors, 7cgrand pril est au-dedans (de l'Eglise). La mme pense dirigeaitle vaillant vque de Nancy, quand il crivait sa brochure : LsPrils de la foi et de la discipline dans fEglise de France l'heure

    prsente.

    Mgr Germain, vque de Coutances, disait sur son lit de mort en1897 : Je ne dsire pas pour le diocse des abbs dmocrates.

    Avez-vous dans votre clerg des abbs dmocrates? disait en 1899Lon XIII l'vque de Chartres.!. Je suis trs proccup de 'ce queme rapportent, ce sujet, sur les tendances du jeune clerg, plusieursde vos collgues de France. Trs proccup... Cela ne peut continuer.Je vais y mettre ordre (2).

    Pie X dclare que c'est dans les habitudes dmocratiques que setrouve la. cause secrte des manquements disciplinaires.., chez les sil-lonnistes, fussent-ils sminaristes ou prtres. Il n'est pas tonnant quevous ne trouviez pas chez (eux) le respect, la docilit et l'obissancequi sont dus vos personnes et votre autorit; que vous sentiezde leur part une sourde opposition... Vous tes le pass; eux sont lespionniers de la civilisation future. Vous reprsentez la hirarchie,

    les ingalits sociales, l'autorit et l'obissance, institutions vieillies,auxquelles leurs mes, prises d'un autre idal, ne peuvent plus se plier.Nous avons sur cet tat d'esprit des faits douloureux capables -d'arracher des larmes.

    Les abba dmocrates ne voudront pas faire pleurer le SahuVPre,qu'il s'appelle Pie X ou Lon XIII. Ils auront cur d'couter la voixpaternelle de Sa Saintet Pie X crivant nagure aux Directeurs etaux lves du grand sminaire d'Arras : Nous avons constat envous deis dispositions que Nous voudrions trouver chez tous les sminaristes : vous ne vous tenez pas seulement en garde contre toutesles doctrines perverses qui, Vorgueil de Vesprit aidant, perdent lamentablement aujourd'hui trop de membres du jeune clerg; mais vousavez cur de plus d'tre dvous ce sige apostolique et de luiobir pour conserver l'intgrit de la foi et la saintet de la vie.

    Ils auront galement cur de ne plus mriter l'injure que leuront faite les cinq astrisques ou toiles, auteurs du pamphletodieux et diffamatoire, Ce qu'on a fait de VEqlisc. en consacrant plusieurs pages de la premire partie de cette lourde et misrable lu-cubration les dfendre contre le Pape et ses justes svrits.

    1. Voir Mgr Delassus, La Dmocratie chrlienni, p. 45, 46.2. Ibidem, p. 48.

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    24 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    LE MODERNISME SOCIAL

    CHEZ M. FONSEGRIVE (4)

    XXV

    Yves Le Qurdec, qui n'avait pas donn de nom au cur de Saint-Julien, mme quand il l'avait promu ]a cure de Saint-Maximin, a,par contre, nomm le prtre qu'il appela'it aux honneurs de l'piscopatpour lui faiire crire le Journal d'un Eoque, d'abord pendant le Concordat, puis aprs le Concordat. C'est l'abb Pchanval. Et dj, par

    le Fils de VEsprit, nous savons que cet .abb Pchanval est le frredu Pchanvial qui s'est offert, par la subite, une particule, ne ft-ce quepour fournir son fils, Norbert de Pchanval, l'occasion de tmoigner pour la noblesse un ddain d'autant plus facile qu'il tait, vu lacirconstance, justifi.

    C'est Mgr Bernard, archevque de Montauriol, qui assure la mitre l'abb Pchanval, en le proposant au directeur des cultes, M. Marinier, pour l'vch de Chteaurenard, dj vacant depuis quatre ans.Et le rcit de cette ngociation ne manque certainement pas d'intrt,malgr la gne vis'ible q'u'y prouve l'auteur, et qui tient la dateo il a plac les vnements. Il les a mis, en effet, l'automne de1921, et il lui tait assez malais, le livre ayant paru en 1897, de prvoir les vnements qui devaient se drouler durant ces cinq lustres.

    1. M. Jules Lematre l'a dmontr premptoirement dans sa magistraletude sur Jean-Jacques Rousseau,

    1908.2. C'est Brunetire qui affirme Tue Rousseau a vcu, est mort fou, toutce qu'il y a de plus fou : on ne discute que sur son genre de folie .

    3. M. Emile Fagnet l'a tabli dans nnc cfudp sur la Politique de Jean-JacquesRousseau, Revue des Deux-Mondes, 1er octobre 1910.

    4. Voir la Critique du Libralisme, des 15 septembre, 1er octobre et 15ncvembre 1911, 1 janvier, 15 fvrier et avril 1912.

    Ils reviendront l'union dans la pense et dans l'action avecles tradit ionnalis tes, aprs avoir renonc franchement cette dmocrat ie sociale qui n'est pas du tout chrtienne et catholique.Elle nous vient, en effet, directement du Contrat social, qui est une

    insanit (1), et de ce fou de Jean-Jacques Rousseau (2), quil'importait en France comme un legs du calvinisme (3), ngateur detoute hirarchie, de toute autorit autre que la souverainet populaire, ainsi que notre grand Bossuet le montrait Jtirieu avec tantde sereine raison et d'invincible loquence, dans son Cinquime Avertissement aux Protestants.

    Mgr DELMONT.

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    LE MODERNISME SOCIAL CHEZ M. FONSEGRIVE 25

    Les interlocuteurs en sont rduits des gnralits qui alanguissentLe dialogue.

    Aussi ben, que d'vnements sont intervenus, depuis la publicationdu Journal d'un Evquc, qui ont apport aux prvisions de l'auteur des

    dmentis pour la plupart dconcertants! Le Concordat, qu'Yves LeQuerdec fait durer jusqu' l'automne de 1922, a t dtruit par la loidu 9 dcembre 1905. On ne peut certes pas reprocher l'auteur des'tre mpris sur ce point, mais comment ne p'as sourire en lisant ceci,dans 1A page du Journal o l'abb Pchanval raconte son djeunerchez le nonce :

    Son Excellence Mgr Manzoni, archevque d'Ephse, de la famille duclbre romancier, a toute la finesse et toute l'affabilit romaines. Il est,comme j'ai pu m'en convaincre, remarquablement intelligent. Il aime notrepays o il continue la tradition diplomatique inaugure, voil pins detrente annes. Depuis Lon XIII la politique romaine en France n'a paschange. Deux papes se sont succd, trois secrtaires d'Etat ont tour tour t la tte des affaires de la cour romaine, ce sont toujours lesmmes directions qui ont t maintenues. Elles peuvent se rsumer en deuxmots : ne pas faire d'opposition la forme du gouvernement, s'unir aux

    autres fractions conservatrices et modres pour arriver faire modifierla lgislation.Ce sont ces ides mmos que le Nonce nous a dveloppes table avec

    une verve intarissable en les retournant de toutes faons.

    Nous convenons qu 'il et fallu, effectivement, une verve intarissable pour pouvoir, jusqu'en 1922, dvelopper des ides dont, mme en les retournant de toutes faons , on et d convenir qu'elles

    aboutissaient au plus lamentable pitinement sur place. Eh quoi! M.Fonsegrive accordait, en 1897, qu'on n'aurait pas encore russi, en1922, faire modifier la lgislation! Vaines donc, l'entendre,vaines et striles devaient tre les lections de 1898, celles de 1902,celles de 1906, celles de 1910, celles do 1914, celles de 1918, cellesmme de 1922! Quel est donc ce rocher de Sisyphe qu'il conviait lescatholiques franais rouler avec une si longue rsignation? Heu

    reusement, si son nonce imaginaire est remarquablement intelligent,Pie X et le cardinal Merry del Val Vont l plus remarquablement encore : considrant que le moyen de '< faire modifier la lgislation n'tait pas d'interdire toute opposition la forme du gouvernement,ils ont. sur ce dernier point, rendu .aux catholiques franais une libertqui leur tait prcieuse et dont le retrait n'avait servi rien.

    Sans doute, les scrutins ont donn raison iaux pronostics d'Yves Le

    Querdec jusqu'en 1910 inclusivement, puisque nous attendons encoreet toujours ces bonnes lections garanties Lon XIII, avec desprcisions mathmatiques, par l'abb Garnicr et par itien d'autres. Maiscombien l'auteur ne fut-il pas tmraire en crivant, douze ans d'avance, le discours qUc M. Piou devait prononcer Lyon en 1909 : La

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    26 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    politique romaine en France n'a pas chang;... ce sont toujours, lesmmes directions qui ont t maintenues! Et quant aux autresfractions conservatrices et modres avec lesquelles il invitait lescatholiques s'unir , nous ne savons pas o elles seront en 1922,

    mais nous voyons combien leur alliance fut prcaire depuis 1897, etcombien 'elle est aujourd'hui fuyante et, pour tout dire, ngative. Parcontre, la lgislation n'a cess de produire ses fruits dtestables, dontil serait pourtant souhaiter que nous fussions pour tout de bon dlivrs avatit 1922 : sinon, la question se pose de savoir si, cette date,il y aura encore une France.

    L':abb Pchanval, lui, ne professe pas ce pessimisme. A son arche

    vque, qui lui montre, dans le rveil de la superstition, la dcadence,l'loignement complet du christianisme, la dissolution, la mort , ilrpond : C'est cette dissolution mme qui me donne confiance...Ce n'est que dans la dissolution que l'homme sentira le besoin de lareconstituticJn. S'attendait-on, sous la plume de M. Fonsegrive, des penses que, chez d'autres auteurs, il prsenterait comme une apologie de la politique du pi re?

    Il faut noter d'ailleurs les rponses que ce candidat rpiscop-atfait au directeur des cultes qui son archevque le propose :

    M. Marmier... me demanda si je connaissais mon dput et mon snateur, tous deux de la plus pure nuance gouvernementale. Il me parla demon sous-prfet. Je me tins sur la rserve, me contentant de rpondre que

    je connaissais tous ces messieurs. Et vous vivez, je pense, monsieur l'archiprtre, en bons rapports

    avec eux ? Pourquoi non? rpondis-je, M. le sous-prfet est trs correct et nosrelations, bien qu'espaces, comme il convient deux hommes qui ontdes occupations si dissemblables, sont suivies et plutt aimables ; M. ledpute et M. le snateur sont trs serviables, leur vie prive est irrprochable et leurs femmes sont d'excellentes chrtiennes. Ils habitent tousles deux sur ma paroisse et je n'ai personnellement qu' me louer d'eux.

    Vous n'avez jamais eu avec c'ux de difficults ?... Je n'ai pas eu d'occasion. Ces messieurs ne m'en ont fourni aucune,

    -et je n'en ai pas cherch, En ralit nous sommes au mieux. Ils ontobtenu pour mon glise tous les fonds dont j'ai eu besoin, monsieur le directeur s'en souvient peut-tre.

    Ah! en effet... Ils dnent chez moi, je dne chez eux. Leurs femmes qutent a l'glise. Alors vous faites voter pour eux?Ce coup droit m'interloqua quelque peu. Mais je ne fais voter pour personne, monsieur le directeur. Ces mes

    sieurs ne le demandent pas eux-mmes. Pourtant ils ne doivent pas tout fait vous plaire! Ne sont-ils pasfrancs-maons? s :

    Je ne les crois pas trs dvots, dis-je en riant, mais il y a pire. Cependant leurs votes ne doivent pas toujours vous aller? J'ai toujours pens, monsieur le directeur, que, quand on ne peut

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    LE MODERNISME SOCIAL CHEZ M. FONSEGRIVE 27

    rien aux choses, le mieux est de n'y pas penser. Ces messieurs votent leur guise. Je n'y puis rien. Qu'importe, aprs, mon avis?

    Si vous tiez le matre, vous changeriez cependant les choses ? Quelles choses? repris-je, . de plus en plus tonn. Monsieur le di

    recteur veut s'amuser un peu d'un pauvre cur. Moi? pas du tout! Demandez Monseigneur. Je cherche me ren

    seigner, voil tout. Tous les ecclsiastiques que je vois sont, ou 'des b-nisseurs ou des rageurs, des bnisseurs qui trouvent tout admirable etqui n'en pensent pas moins, des rageurs qui trouvent tout dtestable jetqui, quand ils sont forcs de venir me voir, pour un peu m'insulteraient.Je serais bien aise qu'une fois quelqu'un de sens rassis comme vous, monsieur l'archiprtre, pt me faire connatre l'opinion vraie du clerg.

    Mais que voulez-vous que je vous dise, monsieur le directeur? As

    surment nous sommes souvent tracasss et les lois ne sont pas tout fait justes pour nous. Mais comme ni vous ni moi n'y pouvons rien faire, quencus servirait-il d'en parler?

    Qu'est-ce donc que vous ne trouvez pas juste ? Mais, par exemple, qu'un homm? qui, pour une raison ou pour une

    autre, raisons de croyance ou mme raisons -de programme ou d'ducation,prfre envoyer son enfant une cole prive qu' une cole publique,soit oblig do soutenir par l'impt l'cole publique et de payer de sa pochepour avoir l'cole prive.

    A'h! bon! la loi scolaire. Je croyais enterre cette machine-l. Maisenfin que feriez-vous pour changer cela?

    Eh! que polirrais-je bien faire? Vous me demandez ce que je netrouve pas juste, je vous Je dis, voil fout.

    Nous disons donc : la loi scolaire; et la loi militaire aussi sansdoute? Vous rcriminez contre la loi militaire?

    Mais vous me permettrez bien de no pas trouver trs logique qu'onoblige des sminaristes apprendre durant un an se servir d'un fusil

    que, d'aprs la loi, ils ne devront plus toucher aprs? Soit. Cependant n'admettez-vous pas que l'Etat ait le droit d'avoirdes coles o il n'impose pas une croyance ceux qui n'en veulent pas?Et n'admettez-vous pas que les prtres doivent un service militaire analogue, sinon identique, celui que doivent les autres?

    Mon Dieu, monsieur le directeur, les questions ainsi poses sous leurforme gnrale, on pourrait s'entendre. Mais c'est dans le dtail, dansl'application que la justice et l'galit ne se font pas voir.

    Enfin, je vois que, du moins, vous comprenez les ncessits du temps

    et que vous n'tes pas de ceux qui font de l'opposition quand mme. Faire de l'opposition quand mme est videmment une sottise, ditl'archevque qui nous regardait causer avec un intrt trs marqu.

    Mais c'est aussi une ncessit parfois, dis-je mon tour. Nous tachons, je vous assure, que ce ne soit jamais ncessaire que

    pour ceux qui y tiennent bien, dit le directeur.L'archevque se leva et nous prmes aussitt cong.

    La citation est bien longue, mais il fallait, pensons-nous, la faireaussi complte pour apprcer la faon dont, aux dernires heures durgime concordataire, Yves Le Querdec imaginait l'change de vuesd'un directeur des cultes avec un prtre propos pour 'piscopat Sitatiste qu'on puisse tre, o'n prouvera, pensons-nous, la lecture dece dialogue, pour peu qu'on ait l'me catholique et le sens de la dignit

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    28 L A C R I T I Q U E D U L I B R A L I S M E R E L I G I E U X , P O L I T I Q U E , S O C I A L

    de l'Eglise, une vritable humiliation devant l'infirmit des dfensesdu prtre ainsi mis en scne. Nous ,ne savons si ce rcit reflte quelque degr l'un quelconque des interrogatoires auxquels feu Dumay,par exemple, a d se donner le malsain plaisir de se livrer avant de

    fabriquer quelque prfet violet , suivant l'idal qu'il s'tait assign; mais nous voyons bien que, de crainte d'tre rang parmi lesprtres rageurs , l'abb Pchanval n'a pas hsit se classer parmiles bnisseurs , ou en tout cas parmi ces neutres qui affectent decroire qu'ils ont cause gagne quand ils ont vit de rpondre laquestion pose.

    Quand on ne peut rien aux choses, le mieux est de n'y pas pen

    ser : tel est donc le dernier mot fie la doctrine d'Yves Le Querdec surl'altitude qui convient un vque dans les controverses politico-religieuses de ce temps! Gambetta, ce farceur sinistre, demandaitqu'au moins, si l'on ne parlait jamais de l'Alsace et de la Lorraine, ony penst toujours; aux droits -opprims de l'Eglise catholique en terrefranaise, Yves Le Querdec accorde que, faute d'y pouvoir quelquechose, on s'abstienne mme de penser : c'est l'entendre, le mi eux !

    Sans doute, il prte son abb bientt mitre deux timides rserves surle double impt scolaire que paient les parents qui prfrent l'colelibre, et sur la dissemblance de la prparation militaire des sminaristesen temps de paix avec leur utilisation hospitalire en temps de guerre;mais c'est tout, et ni au directeur .des cultes, ni aux lecteurs de sonJournal, cet vque de demain ne dira ,un mot des droits scolaires dela religion ni de la convenance et de la lgitimit de l'immunit eccl

    siastique.Et alors, de deux choses l'une : ou l'auteur a forg ce type de pr

    tre aveuli pour rendre vraisemblable sa dsignation expditive l'vch qu'il lui destine, et ce n'est gure difiant; ou il s'est proposde nous faire chrir la sparation de l'Eglise et de l'Etat, par le scandale des tractations politico-religieuses qu'il nous montre comme inhrentes au rgime concordataire, et mme alors, c'est faire pitre beso

    gne, attendu que l'union des deux puissances se peut concevoir sanstant d'hypocrite oppression, d'une part, et, d'autre part, sans tant debasse abdication.

    Le comble est qUe, dans un autre entretien entre l'abb Pchanvalet son archevque, nous trouvons cette apprciation de Mgr Bernardsur l'piscopat de son temps :

    Selon les priodes, selon les annes, selon le bon vouloir et l'esprit de

    justice des ministres et des directeurs des cultes, la

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    Aussi cet assemblage devenues ne iorme-t-il plus un corps, anim d'unseul esprit, et sentant sur tontes choses peu prs de mme. Les intentions dernires sont bien identiques, mais les prochaines ne le sont pas,les sentiments diffrent et donc les actions aussi. Pas d'ordre, pas de cohsion. Nous sommes une poussire de mitres, nous ne sommes plus unepiscopat. Nous n'avons pas le sens politique, nous parlons quand il faudrait nous taire, nous nous taisons quand il faudrait parler, quelques-uns necessent de parler et quelques autres se taisent toujours, surtout personnen'agit. Nous sommes des administrateurs, des bnisseurs, nous ne pavonspas donner une me commune au corps qui nous est confi.

    Certes, bien des traits de cette description sommaire s'appliqueraient l'piscopat d'avant la sparation. Mais l'attitude qu'Yves Le Querdcc

    prte l'abb Pchanval dans le cabinet du directeur Marmier fait-elle prsager un caractre ? Et q'uc donnerait un assemblage dePchanval, sinon une poussire de mitres , tout comme devant?

    L'archevqUe de Montauriol prcise d'ailleurs en quel sens et dse manifester cette action dont il regrette la lacune dans l'piscopatdont il fait partie :

    On n'-a pas su comprendre, il y a trente ou quarante ans, quand se fondrent les premiers lyces de filles, qu'il fallait rformer tout de suite etau plus tt l'enseignement des couvents, y faire pntrer plus de scienceet de lumire, qu'en mme temps il fallait renforcer partout l'enseignement religieux, et en particulier organiser forLement cet enseignement envue des jeunes filles lves des lyces et des collges. On crut trop souvent politique de les traiter en excommunies. Elles n'auraient pas mieuxdemand que de trouver l'glise l'atmosphre idale et sainte qui leurmanquait ailleurs, ptfur peu qu'on se fut donn la peine de leur faire des

    instructions et des catchismes appropris.

    On retrouve ici l'ancien parrain de la mthode qui russit mdiocrement Mme Marie du "Sacr-Cur; on retrouve surtout le libral qui, chaque fois que l'enseignement areligieux fait un pas en avant,propose, non pas une riposte, mais une reculade de l'enseignementreligieux, en vue d'accommoder celui-ci avec la fondation nouvelle, im

    mdiatement considre comme irrvocable et d'autant plus affermie.Aussi bien, les instructions religieuses pour jeunes filles, les catchismes appropris, les cours d'apologtique pour jeunes filles et pour jeunes femmes, n'ont fait qUe se multiplier de nos jours : mais lesfauteurs de lyces de filles ne se hteraient-ils pas, si l'on allait plusloin, de mettre le hol? Comment d'ailleurs ne pas traiter en excommunies celles qUe leurs familles excommunient elles-mmes pa rsnobisme ou par faiblesse? 'Et n'est-ce pas se leurrer que de les prsumer soucieuses d'une atmosphre idale et sainte , exceptionfaite de l'institutrice dont, 'on s'en souvient, le Fils de l'Esprit fitsa femme?

    Le.* vues de ce mme prlat sur la politique internationale valent sesprfrences pdagogiques. Au milieu de considrations sur l'tat du

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    30 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    monde en 1921, sur les rapports du Vatican et du Quirinal, sur l'Orientschismatique, SUT l'Angleterre, su r l 'Allemagne, sur les Etats-Unis,nous trouvons ce trait sur la Belgique :

    En Belgique, grce rvolution dcisive de l'piscopat qui eut lieu en1911, les dmocrates chrtiens ont saisi le pouvoir qui allait chapper auxconservateurs, en sorte que le catholicisme a su garder l'hgmonie dece pays.

    Yves Le Querdec joue de malheur : d' une part, en effet, l'piscopatbelge n 'a nullement volu , et le daensisme n'a cess de recevoir ses anathmes; d'autre part, si le catholicisme ri3que de perdre

    l'hgmonie aux lections prochaines, il n'est pas douteux qu'on ledevra aux :< dmocrates chrt iens , qui ont divis- les conservateursen deux fractions : Ja vieille-droite et la jeune-droite.

    Quant au clerg franais, Veut-on savoir comment cet archevquede Montauriol l'imagine, et quelles conditions il prend sa dfense?Lisez :

    Les prtres qu'il propose sont de bons prtres qui n'ont jamais eu lamoindre affaire politique avec personne. La plupart entretiennent mmedes rapports ostensibles avec leur dput libre-penseur. Pour un seul, prtre minent, le gouvernement a fait par crit des objections... Notez,me dit Mgr Bernard, que cet admirable cur n'a jamais fait ni en chaire,ni dans ses confrences, ni dans ses cours aucune allusion politique. Aucours d'adultes, il enseigne l'orthographe et l'arithmtique, la tenue des lirvres de ferme; dans ses confrences, il n'est jamais question que de semences, de drainages, d'assolements ou d'engrais. Jamais- un mot pour ou

    contre qui que ce soit.C'est bien peu, on l'avouera, au regard du devoir sacerdotal; et, puis

    que c'est trop encore au regard des exigences du pouvoir politique,cemment ne pas se 'demander/ quel avantage on- tire de cette- dmocrat isat ion du ministre ecclsiastique? Ainsi, dans, les pages mmeo il prne s a mthodte pour moderniser le- clerg, Yves, LeQuerdec en est rduit confesser la strilit lamentable. Au. lieu, pour

    tant, de s'en prendre cette mthode elle-mme, l'auteur trouve habiled'accuser les catholiques qu 'on appelait xfractaires l'poque o til crivait. Voici les paroles qu' il met dans, la bouche du nonce :

    Vous autres Franais, vous n'avez pas pu encore comprendre le service . que Lon XIII vous a rendu- en vous dtachant des anciens partis.Lon XIII et ses deux successeurs ont voulu que vous puissiez formerlibrement des alliances avec tous ceux qui voudraient s'entendre> avec vous

    pour rformer les lois mauvaises. Mais vos dputs- conservateurs et catholiques n'ont rien su ou rien voulu faire. Il y en a qui refusent avec obstination de s'entendre avec des rpublicains. Il y en a d'autres qui paraissentdisposs- former une entente et ils n'y arrivent jamais. Les catholiquesde France sont de bien mauvais politiques... Je vois tous ces messieursde la. gauche modre, ils ne demanderaient pas mieux que de combiner

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    quelque chose; il y a eu plus d'un ministre qui s'y serait volontiers prle;au dernier moment les catholiques ont fait dfection.

    Ici encore, on peut juger aujourd'hui .combien Yves Le Querdec tait

    maladroit dans ses prdictions, efc combien il calomniait avant la lettreces pauvres catholiques de France. La vrit est, en effet, que lesdputs de l'opposition, dans toutes ses nuances, fort peu d'exceptions prs, se sont prts 'toutes les combinaisons qu'on a voulu,mais q*ue les bonnes 'dispositions de la gauche modre, s'il en existeune, n'ont jamais t qu'un mythe, et qu'aujourd'hui les anciens partis ', si assidment vincs, apparaissent ce point le refuge d'unefoi quelque peu militante, qu'eux seuls se prsentent, par exemple,quand il s'agit d'empcher la disparition d'un journal comme Y Univers.Si bien qu'un seul mot reste juste en toutes ces dissertations, savoircelui que prononce l'archevque 'de Montauriol quand il dit au nonce : Pour russii comme .Rome le voulait, il fallait deux choses : l'habilet des catholiques sans doute d'abord, mais aussi le bon vouloirdes autres. Et c'est bien pajce que Pie X a constat l'inexistence tropvidente de ce bon Vouloir des autres qu'il s'est bien gard de

    demander -aux catholiques une habilet impossible, dcevante etenfin sans objet.

    Ce point rgl, aux torts d'Yves Le Querdec, lui-mme en abordeaussitt un autre, o il escompte une revanche, savoir ce qui s'impose 'aux prtres d'aujourd'hui pour recouvrer l'influence perdue-L'abb Pchanval dit donc au nonce :

    Nous vivons sur des errements vieux de plusieurs sicles. La formation clricale d'o tout dpend tait excellente pour fortifier les cursd'autrefois qui suffisaient la doctrine et la pit. Ilfaut maintenant d'autres qualits encore, savoir atteindre les mcrants aussi bien que les fidles, parlerun langage que tous comprennent. Le prtr,e d'aujourd'hui doit tre non seulement un apOtre, mais, parce qu'il est un apptre, une sort de tribun, aussibien prt prendre lg. parole dans une salle de confrences ou sur la placepublique que dans la chaire de son glise. Nos vicaires, au sortir de leurstreize ou quatorze ans de sminaire, ont toutes les peines du monde

    comprendre les ides du monde qui les entoure et parler son langage.

    Et l'archevque d'ajouter :

    Depuis vingt-cinq ans environ, on a, en divers endroits, tent des efforts. Moi-mme j'ai essay do plusieurs moyens dans mon grand sminaire, nous avons fait venir des confrenciers du- dehors, mais cela nesuffit pas.

    Il faut croire cependant que cela bien vite a paru suffisant, carl'appel fait aux confrenciers du dehors , y compris M- GeorgeFonsegrive, ne s'est plus -renouvel-; et quant aux prtres tribuns ,si. leur loquence s'est exerce, dans des salles de confrences, auxdpens trop souvent des meilleurs catholiques, aucun- vque n'a eu

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    INFORMATIONS ET DOCUMENTS 83

    dans son carme la mission spirituelle de l'Eglise, mais M. de Nariona le secret des justes -propos :

    Il est impossible de nier l'intrt social que prsente un pareil sujet.

    L'abb Viollet s'occupe d'ailleurs avec le zle le plus clair et le plusnoble, dvouement des" questions sociales. Il s'abstient, il est vrai, d'entraiter directement l'glise. Mais, hors de l'glise, il fait mieux que d'entraiter, il s'y consacre sur le terrain de l'action pratique. Il est notammentle grand aptre de cette Union des uvres o s'affirme,- dans l'amour despauvres, et donc dans le plus pur esprit de VEvangile., une admirablecollaboration interconfessionnelle.

    Cette Union, fonctionne par arrondissement. Je citerai, dans l'ordre d'idesque je viens d'indiquer, le quatrime, o ia prsidente, Mme Bachelet,

    catholique, est assiste de deux jeunes pasteurs protestants comme secrtaires. C'est l'Assistance-Education, 88, rue du Moulin-Vert, dans le quatorzime arrondissement, qui est le centre de l'activit sociale de l'abbViollet. Mais rien de ce qui se fait l'Union des uvres o il serencontre parfois pour une dification mutuelle et un commun labeur avec M. le pasteur Lacheret, prsident de l'Union nationale des Eglises rformes vangliques de France, ne lui est tranger. C'est un prtre admirable, et qui laissant d'autres la besogne si souvent ingrate d'accusateur public volontaire, s'applique raliser dans sa propre vie le pluspossible de christianisme. Optimam partem elegit. (Le Figaro, 25 mars).

    Loin ,de nous l'intention de contester les loges dus au zle parfaitement dsintress et fort mritoire de M. l'abb Viollet. Mais encorefaudrait-il pour tre de tout point admirable, qu'il ralist vraiment,dans ses uvres comme dans sa vie, le plus possible de christianisme . Or; sa maxime et son principe d'action est qu'il en faut lemoins possible dans ' les uvres sociales populaires. Ncessit des

    temps, dont il gmit, on n'en doute pas, mais dont il estime qu'il fautprendre bravement et joyeusement son parti. Qu'il ait eu cette illusion, il y a quelque dix ans, on se l'expliquerait en partie causedes erreurs ambiantes, quoique l'esprit de l'Eglise n'ait jamais chang; mais qu'il y persiste malgr les avertissements si nets et si fermesde S. S. Pie X, cela nous parat beaucoup plus regrettable qu'admirable.

    Or, nous venions justement d'avoir ces jours-ci des preuves nouvelles de cette persistance. Et, puisqu'on tient atti rer l'attentionsur ce foyer intense d'action sociale qu'est l'Union des uvres dontle sige est rue du Moulin-Vert, Paris, reparlons-en. Elle a tou jours son utilit, cette -tche ingrate que M. de Narfon appelle cellied'accusateur public volontaire. Mais, que voulez-vous? Il faut bienque quelque voix remplisse la fonction oppose celle d'avocat dudiable pour laquelle M. de Narfon a une vocation si marque.

    Nous voulons constater que, si l'Union des uvres est intorcon-fessionnelle dans la composition de son personnel, elle est areligieuscdans son action. L'un est d'ailleurs la consquence de l'autre. Et celanous donne le droit d'exprimer le regret que non seulement des laques catholiques, mais, tout d'abord, des prtres, consacrent leur tempset leur ministre des uvres de pure philanthropie, en appuyant leur

    Orit iqne rln libr alism e. 15 Avri l. 3

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    34 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    conduite sur des principes manifestement taux, et pour tout dire, modernis tes. .C'est cela qu'il faudra remonter .

    En date du 19 rriars 1912, M. l'abb Viollet adressait aux personnes

    charitables la circulaire suivante, en faveur d 'un Jardin d'enfants ,cration particulire de 1' uvre d'ducation familiale , qui est unede celles de l'Union des uvres.

    En vous recommandant cette uvre, nous vous demandons instammentd'accorder un moment d'attention la notice ci-jointe.

    L'uvre a pour but do travailler la restauration de la famille ouvrireen luttant contre les maux, de toutes sortes qui la menacent et isquentde la jeter dans la misre et la dissolution.

    C'est en nous efforant d'assurer chaque famille un foyer sain, stableet agrable, en apprenant aux enfants aimer ce foyer et s'y rendreutiles que nous croyons faire uvre de prservation et de moralisation.

    Nous nous adressons tout particulirement aux mres qui connaissentles joies de la famille. Elles voudront contribuer supprimer la misre defamilles pauvres.

    A tous, nous demandons de faire un lger sacrifice, par l'envoi d'undon et, mieux encore, d'une cotisation, pour le bonheur de ceux qui, sans l'avoir

    mrit, ne connaissent plus de la famille que les charges et les souffrances.Abb J. VIOLLET.

    Voil donc une uvre de prservation et de moralisation , destine la restauration de la famille ouvrire, e t c . . Et cela, parquels procds? On aura remarqu que la circulaire adresse auxbienfaiteurs -ne contient pas mme une allusion l'influence religieuseque cette uvre pourrait exercer. Ouvrons -la notice.

    L'Ecole d'Education Familiale se propose la formation et d'ducation desenfants du peuple par l'observation, par l'initiative personnelle, selon lesmthodes de Pestalozzi et de Frbel.

    Elle prvient la dsorganisation de la famille ouvrire :1 En donnant la jeunesse le got du foyer;2 En instruisant les jeunes filles dans la science et l'art mnager.

    Et voil! La mthode de Pestalozzi et de Frbel a videmment urnevertu que ne possde plus le catholicisme pour la moralisation etl'ducation des enfants du peuple.

    MthodePas de grandes salles froides et monotones. Le jardin est une maison

    familiale o tout : la dcoration, les objets, la distribution et l'amnagementdes pices rappelle l'enfant la vie familiale.

    Pas de cours ni de leons doctrinales, mais des observations directes sur

    les choses de la vie ouvrire, de la famille ou de la nature. Dveloppement de l'esprit mthodique par l'tude d'un objet choisi suivant les lieuxet les saisons et regard sous les aspects Les plus varis pendant plusieurs

    jours ou semaines.

    Et songer que l'Ecole d'Education familiale forme des jeunes

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    filles du monde , pour devenir de futures directrices de jardinsd'enfants et toutes jeunes filles s'intressant l'ducation desenfants 1

    Elles .apprendront cela sous la direction de ces trois professeurs au

    nom bien franais :

    Mlles Brandt, diplme de a Pestalozzi-Frbel-Haus.Kotzenberg, diplme de la Pestalozzi-Frbel-Haus.Cisrio.

    Si vous passez du programme pour jardin d'enfants, celui plusgnral de l'Ecole d'Education familiale, vous y lisez : On a renonc

    soumettre l'enfant du premier ge au joug (pauvre petit!) d'un enseignement scolaire doctrinal; la mthode intuitive, la mthode d'observation directe a t prfre. C'est l'importation de celle des Socitsde culture morale d'Amrique.

    L'erreur de fait et de conduite est dj bien fcheuse et surprenante,mais celle des principes sur lescruels on l'appuie est bien plus graveencore Et puisque l'Union des uvres persiste dans ses errements,

    c'est qu'elle s'en tient toujours ces mmes principes. Or, que sont-ils? iM. Viollet les a exposs en plusieurs articles dans le Bulletin de

    la Semaine, vers la fin de 1907.Je laisse de ct l'entreprise extraordinaire qu'il lanait alors sous

    leur couvert. C'tait les Unions d'uvres d'Assistance prive, surle terrain interconfessionnel, ou plutt aconfessionnel, c'est--dire laneutralisation des uvres catholiques de charit. D'aprs lui, ces

    Unions d'uvres prives seraient destines arrter l'miettementdes forces vives de la charit (?) coordonner ses efforts (??), concentrer les renseignements des diffrentes uvres, et, dans lasuite, permettre un rapprochement positif et prcis entre l'assistanceofficielle (Vassistance publique!!) et les uvres prives . Tel tait,au fond, le but pratique.

    Voil comment des catholiques, des prtres admirables travaillent livrer au Bloc maonnique jusqu' nos institutions charitables.

    Mais rservons notre attention aux raisons qu'on fait valoir et qui,videmment, gardent encore aujourd'hui leur force aux yeux des hommes qui continuent d'en faire leur rgle de conduite.

    Nous avons vu rcemment les catholiques sociaux de la Libre Paroletablir une distinction capitale au point de vue de la confessionnalit,entre les uvres sociales et les Unions professionnelles, et rclamer

    pour celles-ci le droit et le devoir d'tre neutres. M/ Viollet distingueencore bien mieux. Il ne veut pas qu'on confonde les uvres purement religieuses qui seront, de nom et de fait catholiques et connuescomme telles, et les uvres de dvouement, ouvertes bous purementet simplement ,c'est--dire que les uvres de dvouement (on n'oseplus crire : de charit) ne seront catholiques, ni de nom, ni de fait.

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    36 LA CRITIQUE DU LIBRALISME RELIGIEUX, POLITIQUE, SOCIAL

    Que craindrait-on? Elles n'en seront pas moins catholiques un titresupieur : L'acte par excellence, celui qui est catholique par-dessustout, n'est-il pas l'acte d'amour dsintress : l'uvre secrte et charitable ouverte tous?

    Quelles seront en dfinitive les uvres qui resteront confessionnelles? Seules, les uvres d'enseignement, parce qu'elles prchent ledogme et la morale catholiques, devront tre entirement et rigoureusement confessionnelles. Pour toutes les antres qu'elles soient ouvertes , par consquent neutres, par consquent dsintresses du dogmeet de la morale.

    M. Viollet justifiait ce beau systme par plusieurs considrationssur le caractre des uvres catholiques. C'est le titre de son pre

    mier article.Il leur fait un grand reproche : c'est de ne pas pratiquer l'acte ca

    tholique par excellence, l 'amour dsintress.

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    vous. Quel mal y aurait-il cela? Quel mal ce que les laques, enbons hommes qu'ils sont, se soient mis faire d'eux-mmes, et au nomde l'Etat, ce que les clercs leur ont enseign au nom de l'Eglise?Quel mal ce que l'Evangile, en ce qu'il a d'essentiel et de pratique (???!!!) soit devenu (grce aux lacisations) la rgle dessocits et la loi du monde?... Quand donc aurons-nous un peu decet admirable bon sens qui rconcilie, dans la force et la grandeur de latradition nationale, les bourreaux et les victimes, les vainqueurs et lesvaincus, comprenant que la patrie est faite de leurs efforts runis... (!!!) Iln'y a pas refaire ce qui est fait. Il ne saurait tre question de reprendre la socit civile, jalousement, celles de nos uvres qui sonttombes dans son domaine...

    Pour du dsintressement, c'en est

    Le rnot et la chose existent, hlas! et le mot n*a t fait

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    que pour dsigner la 'chose , c'est--dire l'tat d'esprit, ne disonspas l'tat d'me, des partisans de J'abb Lemire dans l'arrondissement d'Hazebrouck, dans le dpartement du Nord et ailleurs o l'oncroit, avec M. l'abb Thellier de Poncheville, que le prtre-dput

    'est l'idal du prtre moderne .M. Guermonprez, professeur la Facult catholique de mdecinede Lille, a crit trois ou quatre ouvrages sur le Lemirisme . Aprsses deux premiers volumes, analyss ici mme en 1910, Ce que dit

    M. l'abb Lemire, quand surgit la Doctrine ou la Discipline (Paris,Roussel), il a publi successivement : Etudes sur le Lemirisme, Lamennais et Lemire, 88 pages, 1910; Par o s'effectue la dcadence du Lemirisme, 224 pages, 1910; M. l'abb Lemire ct des lacisateurs, 240

    pages, 1911; et, enfin, Etudes sur le Lemirisme, Lectures documentaires pour les jours de transition, 210 pages, in-12; Paris, Rousset.La Critique du Libralisme, qui a tenu ses lecteurs au courant

    des scandales provoqus par le citoyen abb Lemire la Chambre des Dputs et dans son diocse (voir en particulier les numros du15 dcembre 1911 et du 15 fvrier 1912), ne peut pas revenir sur lestristes et douloureux avatars de ce fantoche de la dmocratie, quila passion rpublicaine enlve de plus en plus tout esprit sacerdotal

    et mme catholique.Ce qu'il faut rappeler avec M. Guermonprez, c'est qu'entre le Lemi

    risme et le Modernisme il y a des liens troits qu'il importe de mettreen relief pour ouvrir les yeux aux partisans aveugles du faux bonhomme qui fait la Chambre une politique si dtestable.

    Outre son journal le Cri des Flandres, co-ndamn par Mgr Delamai-re et disparu un moment aprs une dclaration trs irrvrencieusecontre le coadjuteur de Cambrai pour reparatre de nouveau, avec, entte ,de ses colonnes, un article de M. Lemire, dsobissant ainsi formellement l'autorit de son archevque, le citoyen abb-dput alanc ou fait lancer par ses amis VAlmanach du Cri des Flandres pour1912, ou plutt pour M. Lemire.

    On y trouve, en effet, un important article intitul : Lemirisme ,dont l 'auteur anonyme signe : Un thologien de Flandre. Singulier thologien que ce Monsieur, et tout fait digne de faire pendant

    au Dr Lancry, de rjouissante mmoire, auquel il ressemble commeun frre.

    Autant le mot Lemirisme me dplat, crit-il, autant la chose relleet vivante qu'il exprime mie plat (I!!). Le mot me dplat : Voici pourquoi; dans' la langue franaise, chaque mot correspond une ide ou une nuance d'ide. Un mot nouveau, exceptionnel, indique une chose. nouvelle, exceptionnelle. Donner l'action, la conduite, la politique del'abb Lemire, un nom particulier, c'est vouloir faire entendre qu'elle n'est

    plus uniquement catholique. C'est dans ce but que le mot Lemirisme at invent par ses adversaires .

    Mais ses adversaires .ne l'auraient pas invent , Monsieur le thologien lemiriste, s'il ne correspondait pas, comme vous l'avouezvous-mme, une ide , une chose relle et vivante, qui vous

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    plat. " Fchez-vous donc contre cette chose , mais non pas contrele mot qui la dsigne et qui ne tire que d'elle sa raison d'tre.

    Toutefois, ce serait perdre son temps que de demander de la logique un thologien lemiriste , aussi brouill avec le raisonnement

    juste et sain que so