la crise de 2007, les opportunités de la finance islamique et de la pensée post keynésienne

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    La crise de 2007 : Les opportunits de la finance islamique

    et de la pense post keynsienne pour penser la rforme de

    systme bancaire et financier national.

    Hinda Fadhlaoui

    CEMF / Universit de Bourgogne

    Rsum : La crise de 2007 ractualise le dbat en matire de refonte systmique. A ce

    titre, la commission dexperts de lONU, runie New York sous la prsidence de Joseph

    Stiglitz, met en exergue la ncessit vitale de rformer les principes qui gouvernent les

    systmes montaires et financiers pour viter de nouvelle crise. Lors de cette confrence,

    Joseph Stiglitz formule deux lignes directrices. A ses yeux, la refonte systmique consiste

    en premier lieu ritrer les principes keynsiens. En second lieu, Joseph Stiglitz ouvre

    une nouvelle porte qui sinspire des principes propres la finance islamique.

    Mots cls: monnaiecredit

    Abstract : The crisis of 2007 updates the discussion on systemic reform. As such, theCommittee of Experts of the O.N.U., meeting in New York under the chairmanship of

    Joseph Stiglitz, highlights the vital need to reform the principles governing the monetary

    and financial system to avoid new crisis. At the conference, Joseph Stiglitz makes two

    guidelines. In his eyes, systemic reform consists to reiterate the Keynesian principles.

    Secondly, Joseph Stiglitz opens a new door with Islamic finance.Keywords : moneycredit

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    1. Introduction

    La crise de 2007 ractualise le dbat en matire de refonte systmique. A ce titre, la

    commission dexperts de lONU, runie New York sous la prsidence de Joseph

    Stiglitz, met en exergue la ncessit vitale de rformer les principes qui gouvernent

    les systmes montaires et financiers pour viter de nouvelle crise. Lors de cette

    confrence, les membres de la commission formulent deux lignes directrices.

    A leurs yeux, la refonte systmique consiste en premier lieu ritrer les principes

    keynsiens en redonnant la monnaie sa vocation : un simple instrument ncessaire

    pour crer de la valeur relle et pour faciliter les changes. En second lieu, la

    Commission ouvre une nouvelle porte en portant un intrt particulier la finance

    islamique. Ne dans les annes 70, la finance islamique connat aujourdhui un

    essor important travers le monde et simpose de plus en plus comme une

    concurrente de la finance dite conventionnelle.1

    A ce titre, la monte en puissance de la finance islamique notamment dans les pays

    occidentaliss, amne les membres de la commission voir dans ses principes, une

    solution pour viter de nouvelles crises, notamment en encadrant les oprations

    bancaires et financires.

    Lintrt de ce papier est de se demander quelles contributions peuvent apporter lafinance islamique et la pense post- keynsienne la rforme du systme bancaire

    et financier ?

    1 Herv de Charrette - Ancien ministre des affaires trangres. A titre dillustration, le march de lafinance islamique reprsenterait environ 700 milliards de dollars lheure actuelle et le taux de

    croissance annuel de lactivit bancaire islamique est estim entre 10 et 15 %. Le march potentielest estim environ 4.000 milliards de dollars.

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    2. La dfinition des principes de la finance islamique.

    Ne dans les annes 70, la finance islamique connat une croissance trs forte (2.1.)

    La finance islamique sarticule autour de principes cardinaux ngatifs et positifs

    (2.2).

    2.1. Essor de la finance islamique.

    Ne dans les annes 70, la finance islamique sest dveloppe dans les pays de

    tradition musulmane, elle reste encore aujourdhui trs concentre dans le Golfe

    persique et en Asie du Sud-Est. Depuis peu, elle sexporte aux Etats-Unis et en

    Europe suite la trs forte augmentation du prix du ptrole ces dernires annes. En

    effet, lexcs de liquidits en provenance des monarchies du Golfe a, en partie,

    afflu vers les grandes places financires mondiales, suscitant ainsi un intrt

    croissant pour ce systme conomique. En Europe, le Royaume Uni fait figure de

    pionnier avec ladoption rapide de mesures juridiques et conomiques destines

    favoriser lmergence de la finance islamique, que ce soit en renforant

    lattractivit de sa place financire ou en proposant une offre de services adapte

    aux particuliers (ouverture de la premire banque islamique en Europe en 2004).De mme, en Allemagne, la prise en compte de ce march est effective comme le

    dmontrent les initiatives prises sur le march des sukuks (produit obligataire

    islamique). Prenant pleinement conscience de ces phnomnes, nombreux

    examinent les opportunits que peut offrir la finance islamique dans le monde

    occidental.

    La finance islamique connat aujourdhui un essor important. Le taux de

    croissance annuel des activits lies la finance islamique est proche de 15%depuis plus de trois ans, le total des actifs grs par les banques et les compagnies

    dassurance se serait lev 500 milliards de dollars fin 2007 et si lon tient

    compte des actifs hors bilan et des fonds conformes la loi coranique, le march de

    la finance islamique reprsenterait environ 700 milliards de dollars lheure

    actuelle. 2

    2Rapport dinformation fait au nom de la commission des finances, du contrle budgtaire et descomptes conomiques et de la nation sur la finance islamique et dont le prsident est Jean Arthuis.Rapport n329 P 7 session ordinaire de 2007 2008.

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    2.2 Principaux piliers de la finance islamique

    Lintrt ou encore lusure relve de pratiques trs anciennes. En soi, lintrt ou

    lusure consiste percevoir un loyer de largent prt. La prohibition de lintrttrouve son explication dans lorigine mme de la rmunration. Elle quivaut une

    interdiction, non pas dune rmunration en tant que telle, mais dun intrt vers

    en fonction du seul coulement du temps et indpendant du facteur travail.

    Prenons pour rfrence des conomistes tels que Platon, Aristote ou encore Saint

    Thomas qui voient dans lintrt, une perversion de lchange.

    A ce titre, dit:

    Les usuriers qui dplument les pauvres dbiteurs et ils les dvorent jusquauxos de les becs et de leurs griffent quils plantent dans leurs chairs tels les

    vautours affams .

    Aristote dnonce galement la pratique de lintrt. Il estime que lintrt na

    aucune justification lgitime. A son sens, lintrt est un argent issu dun autre

    argent et non du travail ce qui fait de lui parmi les pratiques du gain- celles les

    plus contre nature.3 En somme, pour Aristote, tout gain indpendant du travail

    nest pas lgitime.

    Saint Thomas dit clairement que recevoir un intrt pour de largent prt est en

    soi injuste car cest faire payer ce qui nexiste pas. A son sens, la monnaie nest

    pas un bien et de ce fait, on ne peut tablir une cession distincte de lusage et de la

    proprit. A titre dillustration, on peut cder lusage dune maison mais en

    garder la nue proprit . Or, en prtant de la monnaie moyennant le versement

    dun intrt, le prteur vendrait deux fois la mme chose , i.e. la monnaie et son

    usage, ou mme vendrait ce qui nexiste pas .

    3 Nest-ce pas l le summum de ce qui va contre nature ? Largent nest dailleurs mme pas unechose, ce nest rien dautre quun symbole et on donne ce symbole un caractre de ralit. Dune

    convention on fait une chose. Les prts contre intrt sont aussi une perversion de lchange Bouckaert, L., o.c., p. 52.

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    Dans la finance islamique, quel que soit la performance de lactif sous-jacent dans

    lequel une somme dargent a t investie, lintrt -i.e. la perception dune

    rmunration fixe, fonction uniquement de lcoulement du temps et compltement

    dconnecte de la rentabilit relle du projet dinvestissement sous-jacent - est

    prohib. Au-del de la simple interdiction de lintrt, les principes bancaires de la

    finance islamique prohibent galement lusure. Dans son esprit, cette rmunration

    est considre comme socialement destructrice. Pour illustrer cette proposition,

    nous pouvons nous rfrer au crdit la consommation et laccroissement des

    dossiers de surendettement.

    Toutefois, rien ninterdit aux banques de percevoir une rmunration posteriori.

    En loccurrence, un principe compense linterdiction de lintrt. Le principe de

    partage des profits et des pertes prvoit que les banques sont en droit de percevoir

    une rmunration en fonction de la performance de lactif sous -jacent ds lors quil

    est mis en contribution pour les pertes ventuelles. Ce dernier a pratiquement un

    statut dactionnaire et son revenu prend la forme de dividende.

    Au niveau macroconomique, il apparat que la prohibition de lintrt contribue

    renforcer la stabilit du systme bancaire du fait quil est moins vulnrable aux

    effets pervers de la spculation. A ce titre, dans la continuit du premier principe,

    lesprit de la finance islamique interdit toutes pratiques spculatives. Les

    institutions de prt intrt, base sur le principe que lon peut acheter sans payer

    et vendre sans dtenir, alimentent constamment la spculation et porte prjudice

    la stabilit du systme bancaire.

    Enfin, la finance islamique, du moins dans son esprit attache un intrt particulier

    au principe dasset backing. Cette pratique contraint le systme bancaire adosser

    tout financement un actif tangible. Matriellement, les techniques de financementne peuvent porter sur le financement dune dette exempt dun adossement un actif

    tangible. Nous prciserons ce point lorsque nous aborderons la titrisation.

    En somme, nous pouvons constater que ces pratiques existent dans de nombreux

    pays occidentaux et particulirement en France. Toutefois, elles demeurent

    marginales en proportion dans les pratiques de la finance conventionnelle. Cet

    esprit prsente des opportunits non ngligeables dans la finance. Cest ce que nous

    tenterons de dmontrer lorsque nous aborderons la crise de 2007.

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    3. Thories post-keynsiennes et finance islamique : des approches

    complmentaires.

    Les principes communs partags par la finance islamique et les post keynsiens seretrouvent principalement dans la dfinition de la nature de la monnaie.

    3.1. La monnaie nest pas une marchandise.

    Au mme titre que la thorie postkeynsienne, la finance islamique rejette la thse

    de lexogenit, qui voit dans la monnaie un actif net. Le trait marquant dans cette

    dernire approche rside dans le fait que la monnaie ne doit pas devenir lobjet delchange en soi. Cette prcision est dune importance capitale. En rupture avec la

    thorie dominante, la monnaie nest pas une marchandise qui se vend et se loue.

    En dautres termes, la monnaie na pas de valeur en soi, puisquelle nest pas

    directement un bien de consommation ni un bien de production mais un

    intermdiaire ou encore un vhicule charg de transporter la charge relle.

    Procdons une analyse plus fine. Dans la philosophie keynsienne et post

    keynsienne, il est communment admis que les banques ne prtent pas de largent,elles crent4 uniquement la monnaie nominale par double criture.

    Illustrons notre propos. Imaginons quune entreprise emprunte x units de

    monnaies. A cet effet, la banque cre x units de monnaies la demande des

    entreprises. Simultanment, une dette apparat sur le compte de lentreprise et sont

    instantanment dposes sur le compte des salaris sous forme de crance. Ainsi,

    la monnaie nouvellement mise est simultanment une dette et une crance.

    Autrement dit, la monnaie nouvellement mise dans la montisation de la

    production est une dette des entreprises sur les salaris.

    4 Voil ce quest notre systme montaire, sil ny avait pas de dette dans notre systmemontaire, il ny auraitpas dargent. Marriner Eccles, directeur du conseil dadministration etgouverneur du Federal Reserve Board.

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    Banque de second rang

    ACTIF PASSIF

    Crances s/ salaris x units de monnaies Dettes envers les

    salaris

    x units de monnaies

    Traduit, en termes bancaires, la rmunration des services producteurs conduit

    une dissociation de lactif et du passif en ce sens que lentreprise conserve sa dette

    et les travailleurs peroivent un actif montaire positif (revenu). Ainsi, toute

    monnaie cre est simultanment dtruite puisque la monnaie cre ex nihilo est

    dtruite instantanment lorsquelle est reprise par son metteur. En dautres termes,

    la cration - destruction instantane de la monnaie suppose que chaque unit de

    monnaie cre la demande des agents conomiques est instantanment dposechez son metteur, dpt qui vaut destruction. Ainsi, la monnaie cre est

    simultanment un actif et un passif et subsquemment, nous quittons la thse de

    lexogenit.

    Il est intressant de noter que la monnaie bancaire nexiste que dans les critures

    comptables sous la forme dun montant dunit de compte. Nous pouvons faire un

    rapprochement avec Lon Walras, qui crivait dj que la monnaie ou le franc nest

    quun pur nombre.

    3.2. La cration montaire est associe une cration de richesses relles

    Dans A Treatise on money , J.M. Keynes explique la formation des grandeurs

    relles, en se rfrant au principe de la demande effective et au rle important de

    la monnaie. La monnaie est mise la demande des entrepreneurs, au gr des

    anticipations de la demande globale, dans lacte de rmunration des salaris.Dans le mme esprit, Bernard Schmitt met en exergue que la production et la

    monnaie sont des missions fusionnes qui sinscrivent dans un mouvement

    ondulatoire Derrire cette expression, on retrouve lide selon laquelle la monnaie

    et le produit sont crs en mme temps, dans un mme mouvement, comme si la

    monnaie et le produit taient conjointement rattachs lun lautre.

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    La conjugaison de ces deux missions a pour effet de donner pour rsultat le

    produit dans la monnaie. Cest ainsi quon parle didentit keynsienne revenu -

    produit ou encore de monnaierichesse - liquide i.e. que le revenu et le produit ne

    forment quun seul et mme objet. Par consquent, toute monnaie qui natrait sans

    produit i.e. dans une opration spare de la montisation de la production serait

    une grandeur nominale dpourvue de forme relle et algbriquement nulle.

    Une fois que nous avons dfini lidentit entre la monnaie et le produit, il nous sera

    possible de prciser les mcanismes de financement des biens dinvestissements.

    3.3. Linvestissement est financ par voie de crdit.

    Etymologiquement, le crdit signifie la ponction ou la renonciation lusage du

    revenu ou la cession provisoire de largent autrui. Il sensuit que toute opration

    de crdit suppose au pralable lexistence dun revenu form dans les missions

    montaire et relle. Cette prcision est dune importance capitale. Nous vrifierons

    cette proposition lorsque nous aborderons la crise de 2007. Au pralable, prcisons

    notre point de vue. Dans son rle financier, la banque met la disposition des

    agents en besoin de financement les excdents de liquidits au service de

    linvestissement productif. Quelle est lorigine de ces liquidits ?

    En la matire, il existe une controverse. Pour certains, le financement des

    investissements rsulte dune opration de cration de monnaie. Pour dautres, les

    investissements sont financs par voie de crdit.

    Or, on peut se demander si dun point de vue macroconomique, il est ncessaire de

    crer de la monnaie pour financer les investissements ?

    La rponse cette question est apporte par la connaissance de lintgration de la

    monnaie. En effet, dun point de vue macroconomique, toute monnaie cre dans

    les missions porte une partie du produit. En dautres termes, chaque unit de

    monnaie cre dans les missions est associe un produit. Il sensuit que la

    monnaie associe aux biens dinvestissement existe dans lconomie sous la forme

    dun stock montaire et relle. En toute logique, il nest pas ncessaire de crer de

    la monnaie pour financer les investissements, c'est--dire dajouter une quantit

    additionnelle de monnaie au revenu puisque la forme nominale des biens

    dinvestissements existe dj dans lconomie.

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    Procdons une analyse plus fine. La banque dispose de dpt. A laune de la

    thorie de lintgration de la monnaie, le dpt correspond tout simplement une

    fraction du revenu non consomm. En qualit dintermdiaire financier, la banque

    peut prter ce dpt sous certaines contraintes dtermines par le taux de rserve

    lgale. Imaginons, une banque dispose dun dpt de 1000 Euros. Contrainte de

    conserver une partie de ses dpts sous forme liquide (disponible immdiatement),

    la banque doit respecter un certain ratio entre ses prts et ses disponibilits. Dans le

    cas dun taux de rserve gal 20%, elle ne peut prter que 800euros.

    Il est intressant de constater ici, que la banque ne cre aucune monnaie, elle ne fait

    que transmettre ce quon lui a remis. Conservant 200 euros en caisse, elle sengage

    pour 800 euros. Son prt implique un dcaissement i.e. une utilisation du dpt.

    Dans les critures comptables, cela se traduit comme suit :

    ACTIF PASSIF

    Prt 800 1000

    Caisse 200

    En somme, la banque ne cre aucune monnaie. Le financement des biens

    dinvestissements est assur par voie de crdit et non par voie de cration

    montaire5.

    5Toute opration de crdit suppose au pralable la formation dun revenu.

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    A prsent, voyons comment les banques, en qualit dintermdiaire financier,

    parviennent se saisir de lpargne des titulaires de revenu afin de lacheminer aux

    particuliers ou aux entreprises, qui avancent ainsi, dans les achats du produit actuel,

    une partie de leurs revenus futurs. Bernard Schmitt rpond cette question via

    lintermdiation ordinaire. Lintermdiation ordinaire est une opration par laquelle

    la banque dtruit le revenu sur lpargne et le cr sur lemprunteur.

    Lintermdiation ordinaire est simultanment positive et ngative puisque le mme

    revenu est prt ou dtruit dun ct et emprunte ou cre de lautre. Ainsi,

    lintermdiation ordinaire se saisit dune partie du revenu dj forme en monnaie

    pour le transfrer sur le march des titres6. Lintermdiation ordinaire consiste

    dplacer lpargne dun titulaire. Il est intressant de constater ici que les biens

    dinvestissements sont financs par voie de crdit.

    3.4 Synthse

    Pour comprendre lesprit du modle post - keynsien, il nous semble judicieux de

    reprendre les fonctions de la banque. Celle-ci exerce un rle montaire et financier.

    Dans son rle montaire, la banque cre de la monnaie pour financer la production

    i.e. la monnaie est destine crer de la richesse relle. En somme, les banques

    crent le vhicule et les entreprises la charge (le produit) de ce vhicule.

    Dans son rle financier, la banque a pour vocation de mettre la disposition des

    agents en besoin de financement des fonds ncessaires des investissements

    productifs.

    Il est intressant de constater que la monnaie subit une mutation. En premier lieu, la

    monnaie est cre. A ce stade, la monnaie est une crance. Elle cesse dtre une

    crance lorsquelle se transforme en revenu montaire i.e. lorsque la monnaie se

    dote dune charge relle (la monnaie est cre en mme temps que la production,

    ainsi, elle se dote dune charge relle qui lui octroie le pouvoir dacqurir des biens

    issus du facteur travail). Ce revenu montaire peut tre dpens pour acqurir des

    biens de consommations et des biens dquipements.

    6 En plus des missions positives et des missions ngatives de salaires, il existe des missions quisont la fois positives et ngatives : ce sont les transmissions ou les intermdiations ordinaires (nonquantique). Bernard Schmitt, Synopsis de la macroconomie quantique, Dijon, 1983,

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    Il est intressant de constater ici, une quivalence entre le revenu montaire et les

    biens au niveau macroconomique. A ce niveau, la dpense du revenu montaire

    provoque le reflux de la monnaie. A ce moment, la monnaie disparat lorsque les

    banques annulent la crance de dettes.

    Prcisons notre point de vue, schmatiquement :

    Schma 1 (extrait de la nature de la monnaie - Franois Rachline)

    En somme, la monnaie subit des mutations. Lors de sa cration elle est une

    reconnaissance de dettes, mise la disposition des entreprises pour rmunrer le

    facteur travail. Une fois distribue elle se transforme en revenu montaire. La

    dpense de ce revenu et plus prcisment le reflux de la monnaie auprs des

    entreprises entrane la disparition pure et simple de la monnaie puisque la dette est

    annule.

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    3. Une nouvelle grille de lecture pour comprendre la crise

    financire de 2007

    Cette reprsentation de la crise nous permettra de prciser qu elle est la crise est lersultat dun enchanement mais sans jamais prtendre en proposer une vision

    complte. Notre but nest pas l. Il sagit pour nous de prsenter la thse post

    keynsienne et la pense qui se rattache la finance islamique. Une telle dmarche

    a lavantage de permettre une prsentation claire de nos positions mais

    linconvnient est de fournir une image succincte des faits.

    3.1. Rappel des enchanements successifs de la crise.

    Depuis 2002, la Rserve fdrale (FED), mne une politique montaire favorable

    lexpansion des crdits pour relancer l'conomie. Cette politique a permis des

    millions de foyers modestes de devenir propritaires, moyennant des prts

    surprime dits "subprimes". Ces fameux crdits subprimes sont des crdits dont le

    taux dintrt est ajust au prix du collatral (les biens immobiliers) : le taux

    dintrt est une fonction dcroissante du prix des biens immobiliers. Lexpansion

    du prix des biens immobiliers a favoris la baisse des taux dintrt. Dans ce

    contexte, les banques accordent des crdits hypothcaires en masse.

    Tableau 1 : Evolution prix des logements de 1997 2007

    Source : FMI, avril 2008

    A partir de 2007, revirement de situation, les premiers signes dinquitudes

    apparurent. Les Etats-Unis sont touchs par un ralentissement de lactivit

    conomique, qui se caractrise par une hausse du chmage partir de 2007. Cettehausse du chmage est llment dclencheur de la crise.

    Pays Evolution des prix des logements

    Etats-Unis

    Grande-Bretagne

    France

    Espagne

    125%

    210%

    150%

    190%

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    Graphique 1 : Chmage et salaires

    A cela sajoute la monte du taux dintrt, acclre par la baisse des prix de

    limmobilier.

    Figure 1 Evolution des prix de limmobilier et des taux dintrt.

    On constate une concidence temporelle entre la baisse des prix, la hausse du tauxdintrt et la monte du chmage, ce qui nous laisse penser que llment

    dclencheur de la crise est le ralentissement de lactivit conomique. La

    conjugaison du ralentissement de lactivit conomique et la hausse des taux

    dintrt augmente le taux dendettement de mnages amricains. Il atteint 140%

    en 2009.

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    Tableau 2 : Taux dendettement des mnages et des SNF

    Mnages (en % du RDB) SNF (en % du PIB)

    Etats-Unis Zone euro Etats-Unis Zone euro

    2000

    2009

    107

    140

    62,3

    92,2

    2000

    2007

    93,7

    132,2

    72,2

    91,6

    Sources : BCE, Rserve fdrale, OFCE7

    En somme, les familles se retrouvent ainsi dans lincapacit de rembourser les

    crdits et subsquemment les banques ne parviennent pas rcuprer les fondsengags initialement.

    Pour viter la banqueroute, elles effectuent des oprations de titrisation. La

    titrisation est une opration financire qui consiste transformer des prts bancaires

    traditionnellement illiquides en titres aisment ngociables sur des marchs, par

    lintermdiaire dune entit juridique ad hoc. Le plus souvent, la banque lorigine

    des prts les cde un vhicule spcifique (special purpose vehicule ou SPV) qui

    finance cette acquisition en mettant des titres sur les marchs.

    Tableau 3 : Le march de la titrisation aux Etats-Unis (en milliards de dollars)

    Sources : Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA) Artus et al. (2008), pp.38-

    398

    7 Revue de lOFCE, 110, juillet 2009, p.172, Du chaos financier au K.O. conomique parChristophe Blot et Xavier Timbeau8 Chiffres de Artus et al. (2008, pp.38-39) , La crise des Subprimes , Rapport ralis par leConseil dAnalyse Economique, anne 2008

    Annes 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

    Titrisation 4400 4750 5350 6200 6750 6800 7350 8400 10050

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    Au regard des donnes qui sont prsentes ci-dessus, on constate que les oprations

    de titrisation ont augment de 88 % entre 2000 et 2007. La transformation dactifs

    illiquides en titres ngociables saccompagne souvent dune restructuration : les

    titres mis par le SPV ont ainsi des caractristiques diffrentes de celles des actifs

    sous-jacents en termes de modalits de paiements, de sensibilit aux risques.

    On peut noter que loprateur bancaire ou financier qui cde les crdits dont il est

    lorigine, par une opration de titrisation, peut poursuivre ses oprations avec une

    base en fonds propres intactes. La titrisation permet ainsi, aux banques de

    renouveler leur fonds et galement de transfrer le risque des crdits sur les

    marchs financiers.

    Les investisseurs qui achtent ces titres peroivent en contrepartie les revenus

    (intrts et remboursement du principal) issus des prts.

    Ces titres trs rmunrateurs ont attir de nombreux spculateurs. Cest ainsi que

    des banques du monde entier ont achet ces fonds moyennant des rmunrations

    trs prometteuse. Une fois que la valeur des actifs ft rvle, la crise se propage.

    Les banques, les hedge funds, titulaires de ses actifs dont la valeur vnale est nulle,

    perdent leurs liquidits. Cest ainsi que commence la contagion. De grands

    tablissements bancaires, comme BNP-Paribas en France ou IKB en Allemagne,

    ont perdu une bonne partie de leurs placements dans la crise des "subprimes" en

    2007.

    Par ailleurs, l'annonce de la faillite de plusieurs banques outre-Atlantique a

    provoqu une crise de confiance entre les tablissements. Les banques refusent par

    prcaution de se prter de l'argent, si bien que, rapidement, certains tablissements

    bancaires ont manqu de liquidit et n'ont plus t capables d'honorer leurs

    engagements financiers. Toutes les banques du monde tant lies par des accordsfinanciers, la crise se propage trs vite jusqu'en Asie l't 2007.

    Afin de pallier ce manque de liquidit, certains tablissements bancaires n'ont eu

    dautre solution que vendre leurs actions et obligations. Cette raction en masse

    provoque une chute brutale des valeurs boursires : le CAC 40 est touch :

    l'ensemble des places boursires europennes suivies de prs par les bourses

    asiatiques. Cest ainsi que la crise initialement bancaire devient galement une crise

    boursire.

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    En une semaine, du 9 au 16 aot 2007, les principaux indices boursiers

    connaissent une correction la baisse brutale : Dax (Allemagne) : - 4,42 % ; Dow

    Jones (Etats-Unis) : - 5,95 % ; Nasdaq (Etats-Unis) : - 6,16 % ; FTSE 100

    (Royaume-Uni) : - 8,37 % ; CAC 40 (France) : - 8,42 % ; Nikkei (Japon) : - 10,3

    % 9

    En somme, on constate une concidence temporelle entre la baisse des prix, la

    hausse du taux dintrt et la monte du chmage, ce qui nous laisse penser que

    llment dclencheur de la crise est le ralentissement de lactivit conomique.

    Dorigine conomique, la crise prend une ampleur plus forte du fait du

    comportement haut risque des banques, elle devient financire et

    sinternationalise.

    3.2. La responsabilit des banques dans la crise laune de la thorie post

    keynsienne et de la finance islamique.

    J. Stiglitz considre que la crise hypothcaire est le rsultat dune succession

    derreurs. En sappuyant sur la thorie post keynsienne nous insisterons sur la

    ncessit de distinguer la monnaie et le crdit en axant notre tude sur le

    financement des biens immobiliers et sur les oprations de titrisations.

    a) Premire erreur : le financement des biens immobiliers par voie de cration

    montaire.

    Reprenons le problme de la crise financire son origine. Prcisment, lorigine

    de la crise rside dans loctroi massif de crdits des mnages modestes dsireuxdacqurir des biens immobiliers. Plus prcisment, par crdits subprimes, on

    entend les crdits hypothcaires accords des emprunteurs risque, par opposition

    aux crdits primes qui sont souscrits par des emprunteurs qui offrent dexcellentes

    garanties de remboursement.

    13http://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtml

    http://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtmlhttp://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtmlhttp://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtmlhttp://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtmlhttp://www.linternaute.com/actualite/economie/international/crise-financiere/2-contagion-mondiale.shtml
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    Pour saisir cette crise, il convient en premier lieu de dfinir les caractristiques de

    ces biens laune de la thorie de lendognit de la monnaie.

    Ces biens prsentent certaines particularits. La particularit de ces biens rside

    dans le fait que ceux-ci ne sont pas dtruits chaque cycle de production, comme le

    sont les biens de consommations. Les biens immobiliers sont des biens

    dinvestissements issus dune production.

    A ce titre, les banques ont cr de la monnaie dans les missions, pour produire ces

    biens. Il sensuit que la monnaie qui luiest associ est disponible dans lconomie

    sous forme dpargne relle. Rien ninterdit aux propritaires de cder ces biens

    moyen ou long terme moyennant une contrepartie montaire. Ainsi, cette pargne

    relle devient montaire. A prsent, il convient de sinterrogersur le financement

    de ces biens ? Prcdemment, nous avons pris le soin de distinguer le financement

    des biens dinvestissement et le financement dune nouvelle production. Nous

    avons dmontr que les biens dinvestissement doivent tre financs par voie de

    crdit. Or, les banques amricaines ont eu recours un financement non adapt aux

    achats de biens dinvestissements. Elles ont cr de la monnaie cet effet.

    Figure 2 : Une ample liquidit depuis 2002.

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    Si lon prend, par exemple, le rapport entre la masse montaire au sens strict et le

    PIB (figure 2) pour six grands pays ou zones montaires (tats-Unis, zone euro,

    Japon, Chine, Royaume-Uni et Canada) on voit quil passe de 18 20 % en

    moyenne sur la priode 1980-2000 plus de 26 % partir de 2002, pour atteindre

    prs de 30 % en 2006-2007. 10

    En somme, la premire erreur rside dans le fait que les biens dinvestissements ont

    t financspar le biais dune cration montaire.

    b) Deuxime erreur : La titrisation sur des titresde dettes linfini.

    Les rgles prudentielles prvoient que toute augmentation du volume de crdits doit

    saccompagner dune augmentation des besoins en fonds propres des banques, ce

    qui a pour effet, normalement, de contraindre ces dernires dans leur offre de prts.

    Mais ces dernires annes ce mcanisme stabilisateur na pas pleinement jou. Les

    institutions financires se sont trs bien adaptes cette contrainte en innovant, en

    particulier en laborant de nouveaux vhicules de titrisation11.

    Cette innovation est tablie comme un important moyen pour les institutions

    financires de regrouper des titres pour les vendre ensuite aux investisseurs.

    Lintrt dune telle opration est daugmenter les fonds propres de ces dern ires

    pour octroyer de nouveaux crdits. En nous rfrant la thorie de lintgration,

    nous constatons que les vhicules injects sont dpourvus de richesses relles

    puisque ces oprations portent sur des titres de dette i.e. lachat de ses titres ne

    transfre la proprit de lactif sous-jacent (les biens immobiliers).

    En somme, la crise de 2007 trouve ses racines dans une succession de

    phnomnes dclenchs par des erreurs de jugement et des dcisions prises endpit du bon sens 12.

    10Rapport du conseil danalyse conomique La crise des subprimes 2008.

    11 La titrisation est une opration financire qui consiste transformer des prts bancaires en titres.On distingue deux types de titres : les titres adosss des biens tangibles et le titres adosssuniquement des dettes.12

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    4. Solutions apportes par la finance islamique : le financement des

    biens dinvestissements est garanti par voie de crdit et la

    titrisation est adosse des actifs tangibles.

    La finance islamique a mis en place quelques instruments de financement des

    investissements. De manire gnrale, ces instruments prsentent des

    caractristiques communes, entre autres la prohibition de lintrt.

    Ces contrats reposent sur un idal-type contractuel en matire de fonds

    dinvestissement quest la mudaraba (la banque), un modle semblable une

    socit en commandite o une partie, un commanditaire (rab al maal), apporte les

    fonds, et lautre (mudarib) un savoir faire. Ces contrats saccompagnent de deux

    contraintes, linvestissement ne doit avoir lieu que dans des activits halal, et dans

    des socits dont le ratio dendettement est infrieur 33 %. Il existe deux idaux-

    types contractuels : la murabaha et lijara.

    4.1 Le crdit est au service du financement des biens dinvestissements.

    a)

    Premire technique de financement : la Murabaha.

    Schmatiquement, la murabaha reprsente une simple opration dachat et de

    revente. Dans la "Murabaha", l'institution financire achte des produits,

    quipements ou autres biens, pour le compte de son client moyennant le

    remboursement du crdit auquel sajoute un supplment.

    Dans le systme conventionnel, lacheteur final sapprovisionne auprs du vendeur

    sur la base dun crdit obtenu auprs dune banque et dont il doit rembourser les

    intrts, dans ce type dopration, le vendeurcdera son produit un financier pour

    une somme X, lequel le revendra un acheteur final pour un montant suprieur X,

    payable terme, la marge correspondant conomiquement lintrt. A la

    diffrence du systme du systme classique, le murabaha prvoit une double

    cession, avec un financier propritaire du bien financ.

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    Schma 2 : Principe de fonctionnement du Mourabaha.13

    1.2. Deuxime technique de financement : lijara.

    La deuxime manire de financer des actifs consiste avoir recours lijara qui

    constitue une location, avec ventuellement une option dachat du bien terme.

    Dans ce systme, un financier intervient galement entre lacheteur, qui il cde le

    bien final, et le vendeur. Cest lui qui dtient la proprit du bien financ. Ce

    systme sapparente au crdit bailtoutefois, il existe des divergences avec lijara. Il

    offre des assurances, mais aussi des contraintes sur le plan juridique et peut se

    traduire par une double mutation en cas dexercice, par lacheteur final, de son

    option dachat.

    Dans un crdit-bail, en cas de retard dans les paiements, le contrat prvoit des

    pnalits (sous forme de pourcentage de la somme due). Cette condition est

    inapplicable dans un contrat islamique, pour deux raisons au moins. Dabord, parce

    que la pnalit fixe est assimilable un taux dintrt. Mais aussi, parce que la

    pense musulmane rprouve toute provision dans un contrat financier qui pnalise

    un dbiteur de bonne foi dj en difficult.

    Dans un contrat de crdit-bail, il est possible, en cas de besoin, de rchelonner les

    paiements. Toute modification des termes contractuels ne peut se faire quau travers

    de la signature dun nouveau contrat.

    13 Rapport Jouini et Pastre Enjeux et opportunits du dveloppement de la finance islamique pourla place de Paris. dcembre 2008.

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    Dans un contrat dijara, les paiements ne peuvent pas commencer avant que le

    preneur ait pris possession du bien en question. A loppos, dans un contrat de

    crdit-bail, les paiements peuvent commencer partir du moment o le bailleur

    achte lactif sous-jacent. Dans un crdit-bail conventionnel, le risque de

    destruction ou de perte de lactif peut tre port par le bailleur ou par le preneur

    (gnralement cest le preneur). Dans un contrat dijara, cest le bailleur qui

    continue avoir la responsabilit du bien, sauf cas de malveillance ou ngligence

    du preneur.

    En cas de disparition de lactif sous-jacent, certains contrats de crdit-bail prvoient

    le maintien des paiements. Cette clause est contraire aux principes islamiques : les

    contrats financiers et actifs sous-jacents sont inextricablement lis; la disparition du

    dernier entrane automatiquement la nullit du premier.

    Dans un contrat dijara, il est possible de dterminer le montant de chaque paiement

    non pas pralablement mais la date o la livraison de lactif sous-jacent est

    prvue. Cette flexibilit rend cet instrument particulirement utile dans le cas de

    financement de projets, une activit o lincertitude sur la rentabilit future dun

    projet dinvestissement peut tre importante.

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    Schma 3 : Principe de fonctionnement de lIjara14 :

    Transfert de la proprit de lactif paiement de loyer15

    4.2. Les oprations de titrisation portent sur des titres adosss des biens

    tangibles.

    Nous avons constat que ces titres de dettes sont adosss des actifs tangibles.

    Dans la pense islamique, on constate que les modalits dune ventuelle titrisation

    des contrats est encadr. Contrairement certains prsupposs, cette opration esttout fait possible en ce qui concerne les contrats islamiques, mais les conditions

    de sa mise en uvre sont diffrentes. Dans le cas du crdit-bail, la socit peut

    titriser la crance sans pour autant perdre la proprit de lactif sous -jacent. Dans

    une ijara, la crance et lactif tant indissociables, toute opration de titrisation

    doit porter sur les deux. En somme, dans lesprit de la finance islamique, la

    titrisation ne peut porter que sur des titres adosss des biens tangibles. Selon ses

    prceptes, celle-ci a dvelopp des instruments de titrisation les sukuk, lquivalentislamique du financement obligataire pour les entreprises et les metteurs

    souverains qui souhaitent se conformer aux principes de la Charia et similaire aux

    asset-backed securities. Lmission de sukuk doit, en effet, tre adosse, soit des

    14 Rapport Jouini et Pastre Enjeux et opportunits du dveloppement de la finance islamique pourla place de Paris. dcembre 2008.

    15 Part du revenu qui revient au savoir faire si perte, aucun revenu

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    actifs tangibles, soit lusufruit dun actif tangible. Il existe deux grandes

    catgories de sukuk, en fonction de la technique utilise :

    - sukuk al ijara : asset-backed : sans garantie de remboursement explicite : la

    crance et lactif sont indissociables.

    - sukuk al musharaka : asset-based: avec garantie explicite par lmetteur.

    Aujourdhui, le march des sukuk est un des segments de la Finance Islamique les

    plus dynamiques et les plus prometteurs. Certes, il occupe une taille modeste.

    Toutefois, sa croissance est trs forte. A titre dillustration, lencours total des

    obligations islamiques dans le monde slve 97 milliards de dollars en 2007

    contre moins de 10 milliards il y a dix ans.

    Le volume des missions de sukuk a t multipli par six entre 2005 et 2007 pour

    atteindre un total de plus de 32 milliards de dollars (soit une augmentation de plus

    de 70% par rapport lanne prcdente). Moodys prvoit que le rythme annuel de

    croissance de ce type de produit va se maintenir autour de 30 35 portant ainsi

    lencours mondial de sukuk 200 milliards en 2010. 16

    16 Rapport Jouini et Pastre Enjeux et opportunits du dveloppement de la finance islamiquepour la place de Paris. dcembre 2008.

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    Conclusion :

    La commission dexperts de lONU, runie New York sous la prsidence de

    Joseph Stiglitz, met en exergue la ncessit vitale de rformer les principes qui

    gouvernent les systmes montaires et financiers pour viter de nouvelles crises.Lors de cette confrence, les membres de la commission formulent deux lignes

    directrices.

    En premier lieu, la refonte systmique consiste ritrer les principes keynsiens.

    En second lieu, la Commission ouvre une nouvelle voie lorsquelle sintresse la

    finance islamique. Le point fort de la finance islamique est davoir gard lesprit

    que le fonctionnement dun systme montaire et financier est garanti par la

    distinction de la monnaie et le crdit. En effet, dans sa philosophie, largent est un

    simple instrument ncessaire pour crer de la valeur relle, sans devenir lobjet de

    lchange en soi. A la lecture de cette citation, on constate quil est de la nature de

    la monnaie de ne jamais tre une marchandise et subsquemment, elle ne peut faire

    l'objet d'changes. Cette acception sinscrit dans la continuit des principes

    keynsiens. On remarque implicitement que la monnaie est endogne.

    Schmatiquement, la banque cre de la monnaie la demande des entreprises dans

    lacte de rmunration des salaris. On observe ici que la cration montaire est

    associe la cration de richesse relle. Dans son rle financier, la banque met la

    disposition des agents en besoin de financement les excdents de liquidits au

    service de linvestissement productif. La monnaie a pour finalit de crer de la

    richesse et le crdit suppose au pralable lexistence de liquidits relles.

    Autre point fort, les banques sont soumises des contraintes telles que les

    comportements haut risque sont endigus : le titrisation de titres adosss des

    actifs tangibles.

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    avril.

    Jouini et Pastre (2008) Rapport Enjeux et opportunits du dveloppement de la

    finance islamique pour la place de Paris

    Keynes J.M. (1930): Treatise on Money, Vol. V in The Collected Writings of John

    Maynard Keynes, sous la direction de D. Moggridge et A. Robinson, New York,

    Cambridge University Press, pour la Royal Economic

    Schmitt B. (1975) Thorie unitaire de la monnaie, nationale et internationale,

    Albeuve, Castella et Economica.

    Schmitt B. (1984) La France souveraine de sa monnaie, Albeuve, Castella et

    Economica, Paris.

    Stiglitz J. recommandation le prix Nobel dconomie, joseph stiglitz, propose la

    cration dune nouvelle facilit de crdit et dun autre systme mondial de rserves

    pour surmonter la crise http://www.un.org/News/fr press/docs/2009/AG10815.doc.htm

    http://www.un.org/News/frhttp://www.un.org/News/frhttp://www.un.org/News/fr