la couleur, au-dessus de tout - peinture … · ainsi les lignes de la perspective ne portent...
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Tina B, the Contemporary Art Festival - 2013
La Couleur au-dessus de tout
Yvo Jacquier --------------------------------------------------------------------------------------------
INSTALLATION « MELENCOLIA de »-------------------------------------------------------------------------- Mars-Avril 2013 --------------
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PREMIÈRE PARTIE
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LE THÈME DU FESTIVAL ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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INTRODUCTION --------------------------------------------------------------- Yvo Jacquier ---------
Tina b Le thème choisi par tina b, the contemporary art festival est, pour l'année 2013 :
« ON THE RAINBOW »« ON THE RAINBOW »
http://www.tina-b.eu/en/stranka-call-for-artists-2013-86
Quelles couleurs ? Dès qu'il s'agit de la couleur et de l'étendue de ses possibilités, l'on pense immédiatement
au spectre de Newton, à l'éventail chromatique que révèle le prisme. Cet aspect peut
devenir l'objet d'ateliers pédagogiques, avec notamment des toupies optiques et des
pinwheels. L'explication théorique trouve en ces objets d'excellents supports.
Cependant, avant le travail fondamental de la physique moderne, les artistes de la
lumière ont pratiqué, pendant de nombreux siècles, une autre gamme que celle du
prisme. Cette autre façon d'aborder la couleur ne s'est pas construite de façon empirique,
i.e. faute de connaître les lois de la physique. Sa logique est symbolique, et elle est
redoutablement cohérente !
Ces deux approches de la couleur sont aussi différentes que le système perspectif et celui
de la géométrie sacrée. Un mauvais procès paraîtra vite artificiel, il devra admettre un
non lieu. Les préoccupations de la science ne sont tout simplement pas celles de l'art, en
dépit des efforts qu'ils déploient mutuellement à se comprendre, et du respect qu'ils
s'inspirent. Ainsi les lignes de la perspective ne portent aucune valeur symbolique,
contrairement à celles de la géométrie sacrée dont c'est la raison d'être. De même, les
couleurs du spectre de Newton sont idéalement neutres. Leur subjectivité n'est pas
appréciable sur l'échelle des ondes : cette dimension intervient a postériori, tel un second
propos, elle n'est pas une composante du “système” initial. Selon une image parallèle
simple, il est bien difficile d'identifier la “chaleur humaine” par la seule appréciation du
thermomètre - soit à 37° en moyenne. Cette indication ne peut rassurer que le médecin...
Le choix du répertoire ancestral de la couleur, celui des maîtres verriers qui ont conçu les
vitraux des cathédrales - mais aussi celui des peintres et des cartiers, ne s'oppose ni à la
science, ni à la technologie et à ses vertus de progrès. Ce répertoire est, jusqu'à plus
ample informé, le seul dont la construction soit cohérente sur le plan symbolique.
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Un véritable problème de société, et d'histoire Comme le laissent entrevoir les quelques lignes qui précèdent, le débat de la couleur est
souvent tronqué, ou mal posé. Ainsi l'on oppose des peintres que l'on qualifie de
classiques parce qu'ils pratiquent le dessin à ceux que l'on dit modernes parce qu'ils
revendiquent les couleurs. De plus, cette opposition en porte une deuxième en filigrane :
le carcan de l'académisme contre la liberté de l'inspiration.
Ingres et Delacroix sont les parfaites victimes de ce faux débat. Pour preuve : les
couleurs de Ingres sont le résultat dune remarquable maîtrise, quand Delacroix dévore
les épreuves que la toute nouvelle photographie met à sa disposition pour développer son
dessin. Il n'y a pas lieu d'opposer Ingres le dessinateur à Delacroix le coloriste. Les choix
picturaux de ces deux génies de la peinture française traduisent leurs personnalités :
Ingres prend du recul quand Delacroix s'investit de façon plus spontanée. L'un cultive la
pause et l'autre le mouvement. Cette différence ne dépend pas de leurs générations ou de
leurs écoles, elle est foncière et personnelle.
La couleur est souvent considérée de nos jours comme l'essence même de la peinture.
Est-ce en réaction au gris pollué de nos villes, où la nuit n'arrive même plus à être
bleue ? Cependant quelles couleurs doit-on proposer ? Celle de nos écrans “saturés” -
dans tous les sens du terme ? Nos yeux subissent un authentique matraquage que le
rythme “parkinsonien” de la communication amplifie. Doit-on rappeler que la
permanence rétinienne atteint son optimum au bout de trente secondes, et que la
révélation de la couleur réclame en cela un minimum de temps ? La lumière artificielle
ensuite, engendre une vision très partielle de la réalité. Des pans entiers du spectre
chromatique restent dans l'ombre. L'ensemble de ce conditionnement finit par réduire
notre perception, qui se résume selon une boutade, à celle des enfants en bas âge (ils ne
distinguent que les couleurs primaires) !
Jusqu'à plus ample informé, les peintres ne sont pas grossistes en couleur. Les artistes ont
pour mission de la réinventer, et pas de la déverser. Dans un monde abrupte qui s'étourdit
dans un tourbillon d'informations partielles, le défi de ce XXIème siècle consistera à
donner de la profondeur. En particulier, à propos de couleur, il est utile de se rappeler
que la couleur est une manifestation de la lumière.
Une approche hermétique de la couleur Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) s'empare de principes comparables, qu'il
oppose à ceux de Newton, à travers la Théorie des couleurs qui deviendra Traité des
couleurs. Goethe part de l'idée que la couleur est à la fois un obscurcissement de la
lumière et l'éclaircissement du noir ; de là, naissent les couleurs primaires : le jaune tout
d'abord qui est « tout proche de la lumière » et le bleu qui est « tout proche de l’ombre ».
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LA COULEUR ET LA LUMIÈRE ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Christophe de Cène -------------
Extrait du livre en cours d'écriture :
« Les trois clés du Tarot »
Seconde clé : Les couleurs de la Genèse.
Les couleurs de la Genèse Malgré sa grande importance symbolique, la seconde clé du Tarot, dite des couleurs de la
Genèse, est la plus simple à exposer, sans doute parce que sa découverte ne nécessita que
quelques minutes. Cela mérite d’être conté :
Nous sommes en 2003, au cœur d’un travail de longue haleine touchant la structure des
cartes. Mon collaborateur et ami Yvo Jacquier découvre pas à pas la merveilleuse
structure géométrique qui sous-tend l’ensemble du jeu. Tout naturellement, nous nous
interrogeons sur les couleurs utilisées en 1760 dans la version Conver du Tarot. Le
recours à la technique du pochoir réduit le nombre de couleurs à une palette simple :
nous les comptabilisons aisément…
Le Tarot utilise sept couleurs, une palette qui n’est pas sans évoquer les gammes
classiques des maîtres-verriers et nos cathédrales gothiques.
• Le bleu du manteau de l’Ermite.
• Le bleu clair du Diable ou de la Lune.
• Le rouge, vêtement du Pape.
• Le rouge clair, c'est-à-dire le Rose du personnage central de l’Etoile ou du
Monde (nudité).
• Le jaune ou or du Soleil.
• Le jaune ou or clair, celui du plateau de la table originelle (le Bateleur), du Lion
(la Force) ou de la trompette du Jugement.
• Le vert, enfin, du bâton du Diable, couleur très présente sur les vêtements des
personnages de l’Amoureux.
Notons l’absence de vert clair. Pour le reste, nous comptabilisons quatre teintes et trois
nuances claires.
En cette fin d’après midi, Yvo Jacquier me téléphone pour m’annoncer son départ à
Marrakech : une semaine de vacances, idéale pour reprendre le souffle d’une inspiration
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ô combien précieuse. Je lui suggère la visite des jardins Majorelle, un très beau souvenir
pour moi, avec ces fascinantes couleurs, le bleu complémentaire de l’ocre des murs de la
vieille ville impériale. Tout naturellement, nous évoquons les couleurs du Tarot : il doit
bien y avoir une clé de lecture… Yvo va conclure notre entretien par cette phrase : « la
couleur est une manifestation de la lumière »… Je ne me doutais pas que, quelques
heures plus tard, alors que mon ami se dirigeait vers l’aéroport, la lumière viendrait : ce
soir-là, je m’endors paisiblement en pensant au jardin Majorelle et sa magie colorée.
Souvent, le cerveau fonctionne à merveille durant la nuit. Je me réveille brutalement à
quatre heures du matin, avec la solution clé en main : « Que la lumière soit ! ». Fiat Lux.
Je sais d’emblée que le livre de la Genèse, premier texte biblique, est la clé du système ;
que le jaune est la lumière, l’étincelle divine, le feu du Soleil ; et le bleu, complémentaire
du jaune (idée directrice de Majorelle), évoque l’eau originelle. La résultante (addition
des couleurs) en est le vert (la vie végétale), dont le complément est rose ou rouge (la
vie, l’esprit). Les couleurs du Tarot nous content la création du Monde. Je me dis qu’Yvo
aura de bonnes nouvelles à son retour de Marrakech ! Le lendemain, j’ouvre ma bible et
la relecture est limpide.
Les sept jours de la création d’après la Genèse
Premier jour : « Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. » Voici l’or, le jaune
ocre du Soleil des Tarots, feu originel. Second jour : « Dieu dit: Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux
d'avec les eaux. » Le Bleu du Tarot, celui par exemple de la robe de l’Impératrice,
symbolise l’eau primordiale ou le premier ciel. Cette couleur est complémentaire du
jaune ocre (voir plus loin). Troisième jour : « Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant
de la semence, des arbres fruitiers ». Ici, le texte biblique cite clairement la couleur verte,
laquelle résulte de la superposition des deux premières teintes : jaune ocre et bleu. Quatrième jour : « Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour
séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours
et les années; et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre.
» Nous avons là un bleu clair, céleste, celui de la Lune des Tarots. Il ne s’agit pas d’une
nouvelle teinte, mais de l’éclaircissement du bleu originel. Cinquième jour : « Dieu dit: Que les eaux produisent en abondance des animaux
vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel. » Voici le rose,
couleur de la vie, complémentaire du vert sombre et végétal apparu au troisième jour. Le
Tarot l’utilise sur le corps humain, véhicule terrestre de l’âme.
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Sixième jour : « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa
l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez,
remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit: Voici, je vous
donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout
arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. Et à
tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en
soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. » Avec l’esprit incarné en l’homme, le Rouge apparaît comme ultime étape de la création.
C’est aussi la couleur de la pierre philosophale des alchimistes, principe actif porté à son
plus haut degré de perfection. Ainsi se termine la création du Monde en six jours, et le premier livre de la Genèse. Le
second livre commence avec le septième jour : « Ainsi furent achevés les cieux et la
terre, et toute leur armée. Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite: et il
se reposa au septième jour de toute son œuvre ». Synthèse de l’ensemble, le septième
jour a pour couleur l’or clair du Tarot, celui de la Table du Bateleur sur laquelle reposent
les éléments.
Vitraux et couleurs complémentaires Nous voici en présence d’une gamme de couleurs, une trame théorique qu’il nous faut
confronter à la réalité des teintes. Cette gamme a en effet une particularité qui la rend
tout à fait exceptionnelle : du choix de la teinte exacte de l’ocre-jaune originel dépendent
toutes les autres nuances de couleurs. Pourquoi ? Rappelons ce qu’est une couleur
complémentaire : fixez intensément durant trente secondes une lumière vive colorée, par
exemple une zone uniforme d’un vitrail, puis regardez une feuille blanche ; la couleur
complémentaire apparaît, due à la persistance rétinienne. Par exemple, si vous fixez une
lumière rouge, vous verrez du vert sur la feuille blanche. Et vice-versa. Le bleu est
complémentaire du jaune. C’est aussi le principe d’un négatif en photo argentique,
technique qui fit le bonheur des photographes avant l’arrivée du numérique. Enfin, on
peut approcher cette notion avec certains logiciels de dessin ou de retouche photo, qui
permettent la création d’un négatif : le jaune-ocre devient bleu-nuit, le rouge vert… le
vert rouge, le vert foncé rose. Afin de vérifier le bien-fondé de notre gamme, nous nous sommes livrés à une
expérience fastidieuse mais enrichissante : reconstituer à l’aide de calques colorés
informatiquement et d’une table lumineuse (outil utilisé par les photographes
professionnels) les conditions d’observation qu’avaient les maîtres-verriers au temps des
cathédrales gothiques. Ces derniers pouvaient jouer à leur guise avec les superpositions
de teintes et les couleurs complémentaires : la persistance rétinienne fait de l’œil humain
un merveilleux outil !
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Ce travail a été récompensé, car les teintes obtenues correspondent à la perfection à
celles utilises pour la coloration au pochoir du Tarot de Conver. Le négatif du jaune
solaire s’avère bien celui de la robe de l’Ermite. Précisément. La superposition des deux
nous livre le vert végétal du jeu. Le rose obtenu par complémentarité à ce vert est bien la
teinte, une fois éclaircie, qui sera celle du manteau du Pape (rouge et rose donc). Enfin,
le fameux bleu Conver, céleste et clair, n’est rien d’autre que le bleu primordial éclairci.
Une conclusion s’impose donc : les couleurs du Tarot sont très exactement celles que
permet de construire la gamme de la Genèse. Il aurait suffit d’un jaune-ocre très
légèrement différent pour que toute la gamme, progressivement et à chaque étape,
s’éloigne de ce modèle. Nous avons donc bien affaire à une volonté délibérée des
maîtres-cartiers de bâtir leur gamme de couleurs sur un modèle hérité de leur
homologues maîtres-verriers. Curieusement, le jaune soleil est celui dont les “peintres de
tradition” couvrent leurs toiles dès l'origine pour créer la lumière - elle vient ainsi du
fond du tableau. Ce qui fera dire à mon ami : « À la recherche du secrets de la couleur, tu
as “visé” le jaune orangé prépare mes toiles. Désormais, c'est moi qui vise la couleur que
tu as établie ! ». Ce nuancier concerne en toute logique autant les peintres que les
maîtres-verriers ou les cartiers.
Une autre précision s’impose : nous disposons d’une reproduction du Tarot de Nicolas
Conver parue chez Héron et réalisée en fac-similé de l’exemplaire de la Bibliothèque
Nationale de France (Cabinet des Estampes). On y voit bien les roses et or clairs dont
nous parlons, mais malheureusement il s’agit là d’une reconstitution : l’original que nous
avons pu examiner à plusieurs reprises à la BNF montre des visages non colorés pour la
plupart (mais le visage du Pendu l’est). Aucun doute n'est possible : la nudité des corps
est liée au rose, et les traces d’or clair persistent sur certaines cartes (la table du Bateleur,
la trompette du Jugement, le lion de la Force, le Chariot). Un examen attentif des cartes
Conver numérisées par la BNF (dont nous avons les fichiers informatiques) confirme
toutes nos observations.
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La symbolique des couleurs Les quatre couleurs retenues par les maître-cartiers constituent un choix universel
qu’évoquent d’autres traditions, parfois bien éloignées de la culture occidentale : ainsi,
« Pour les Alakaluf de la Terre de Feu, l’homme occupe le centre d’une sphère idéale
dont les quatre axes sont figurés par quatre couleurs symboliques : bleu : ciel, Nord ;
vert : terre, Sud ; rouge : soleil levant, Est ; jaune, rocher, c'est-à-dire les montagnes
rocheuses où le Soleil se couche, séjour occidental du Tonnerre et des morts » (1). Selon le Dictionnaire des Symboles (2), « le couple d’émaux Or-Azur s’oppose au
couple Gueule-Sinople, comme s’oppose ce qui vient d’en haut et ce qui vient d’en
bas ». Rappelons qu’Or et Azur (le bleu héraldique) sont des couleurs complémentaires,
comme de Gueules (rouge héraldique) et Sinople (vert). A l’aide de notre clé biblique, il est aisé de définir les grandes lignes de la symbolique
des couleurs chaudes (rouge, rose, jaune) et froides (bleu, bleu clair et vert). Le jaune
clair s’apparente au blanc et constitue la synthèse de l’ensemble.
(1) H.B. Alexander, cité par A. Breton in AMAG.
(2) Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles,
Robert Laffont 1993. Notice Jaune.
Tableau des liens unissant les 7 couleurs de la Genèse
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LA TRADITION HÉRALDIQUE
Les couleurs chaudes sont
masculines, actives, diurnes,
dextres ; les couleurs froides
féminines, réceptives, nocturnes,
sénestres.
Le rouge est la couleur de l’esprit
incarné en l’homme. Principe actif,
il symbolise la raison, le conscient,
la maîtrise des choses ; l’action, la
combativité et, au négatif, la
passion guerrière, la violence.
Le bleu est la couleur de l’âme (par
opposition à l’esprit). Principe
réceptif, il se rapporte au sentiment,
à l’inconscient, l’intuition des
choses ; le lâcher-prise et, au
négatif, l’indolence. Le bleu est
vibration, onde, au sein de l’air ou
de l’eau.
Le jaune, couleur divine par excellence, incarne la lumière, le Soleil, la fonction
créatrice. C’est un principe de pleine conscience, éminemment pénétrant : comme le
blanc, il éclaircit tout élément et symbolise la royauté, l’or. Le jaune est aussi la couleur
de l’épi de blé mûr, indice de fertilité.
Le vert résulte de l’union du feu (jaune) et de l’eau (bleu). C’est donc la couleur de
l’amour, réunissant le masculin et le féminin. Son symbole est celui de l’étoile à six
branches, laquelle lie les figures du feu et de l’eau. Le vert engendre la vie, née dans
l’eau (bleu) grâce au rayonnement solaire (jaune). Cette couleur se rapporte à nos états
émotionnels les plus subtils. Les amoureux se nourrissent du vert. Dans la tradition
allemande, le Graal est une pierre verte tombée du ciel, détachée du front de Lucifer
(voir en annexe : Les larmes du ciel); c’est le dragon vert des alchimistes, agent principal
du Grand Œuvre.
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Reprenons la gamme de la Genèse. Les nuances claires portent les qualités des quatre
couleurs de base à un certain niveau de perfection :
Ainsi, l’or clair exprime la maîtrise parfaite, la synthèse des éléments. C’est l’or
alchimique débarrassé par la pierre philosophale de toute impureté. Le bleu clair est une eau céleste. C’est l’influx astral, le magnétisme universel des
anciens (plan astral dans la mystique orientale). Le rose (rouge clair) est la couleur de l’incarnation. La vie prend corps ; l’esprit féconde
la matière et la transcende. Un examen approfondi des tarots montre que les coups de pochoir sont distribués avec
une grande logique.
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Une clé de lecture La gamme de la genèse est une clé de lecture. A titre d’exemple, nous commenterons
quelques éléments du Tarot en passant en revue les arcanes majeurs. Nous invitons le
lecteur, avant de prendre connaissance de notre regard sur les cartes, à visiter lui-même
ces 22 arcanes sous l’angle de la couleur, clé en main. Cet exercice devrait s’avérer plus
riche que la simple lecture de nos commentaires, dont on pourra alors se dispenser !
Le Mat
Le bâton de marche du Mat errant, de couleur rouge,
souligne la pleine conscience du Monde en dépit des
apparences. Le bonnet d’âne cache une grande sagesse,
comme l’indique l’or qui le teint. Le sac également est
doré (or, or clair) : il contient le savoir ultime de ceux
pour qui tout autre bagage est superflu.
Le Bateleur
La table du Bateleur est d’or : son plateau or-clair figure
le Monde créé au septième jour. Un monde encore en
gestation, que le magicien s’évertue à organiser. Bâton,
coupe (gobelet), épée (couteux), deniers…
Le mode opératoire est celui du bâton, de couleur bleu
clair : il s’agit donc du plan astral, du magnétisme, de
l’onde. Dans sa main droite, le Bateleur tient un cercle
blanc (aucune trace de pochoir) : hostie, réceptacle ou
talisman du mage ?
.../...
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Autres Tarots de Marseille
Jean Dodal
Les XVIIe et XVIIIe siècles nous ont laissé d’autres tarots
dits de Marseille, colorés de manières diverses. La gamme de
couleurs est toutefois toujours sensiblement la même. Nous
prendrons l’exemple du Tarot de Jean Dodal, édité à Lyon
durant les toutes premières années du XVIIIe siècle (50 ans
avant la version Nicolas Conver). La palette est celle de la
Genèse, ce qui révèle une tradition bien ancrée chez les
maîtres-cartiers (exemplaire de la BNF). Mieux, les couleurs
ont souvent la même place : ainsi, on retrouve le bleu clair
sur le Diable, les chevaux du Chariot, les créatures de la
Roue de Fortune ou la Lune et sa mare d’eau. Les sept
couleurs sont réparties avec une grande cohérence si l’on a
en tête le modèle Conver.
Paul Marteau
Il n’en va pas de même des tarots de Marseille édités au XXe siècle. Aujourd’hui,
la majorité des cartomanciennes utilise « l’ancien tarot de Marseille » de
Grimaud (France Cartes). Il s’agit d’un jeu conçu par Paul Marteau en 1930, sur
la base des cartes alors imprimées par la maison Grimaud. La gamme de
couleurs n’a plus rien de traditionnel, et pour cause : la mécanisation est passée
par là, et le pochoir n’est plus, qui permettait en théorie un nombre illimités de
nuances. Il reste à la disposition du cartier quatre couleurs seulement, qui seront
le Rouge, le Jaune, le Bleu et une couleur chair qui remplace les or fin et rose du
Tarot originel. Le bleu clair disparait. Le vert, enfin, est obtenu par superposition
du bleu et du jaune. Autant dire que le langage des couleurs est réduit à sa plus
simple expression. Il en résulte un jeu bariolé d’un goût discutable. La table d’or
du Bateleur devient rose-chair, comme le voile doré et bleu-clair derrière la
Papesse de Conver. Le fait de teindre en bleu-roi la chevelure de l’Etoile ou du
Pendu ne suffit pas à nous faire croire qu’une symbolique précise est en œuvre.
Les efforts de Paul Marteau pour justifier cette mascarade (in Le Tarot de
Marseille) n’y changeront rien : la simplification de la gamme, pour des raisons
techniques, stérilise le message symbolique.
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Oswald Wirth Une exception notable cependant, au XXe siècle : le célèbre
Tarot des Imagiers du Moyen-Age de Oswald Wirth. Le livre
parait en 1927, le Tarot l’année précédente, en 1926, aux
éditions Le Symbolisme. Les reproductions récentes sont
trompeuses, mais pour qui a la chance de pouvoir examiner
les planches originales au compte-fils, aucun doute n’est
permis : c’est bien la gamme de la Genèse ! Néanmoins,
l'ensemble des teintes s'inscrivent dans un registre nettement
plus pastel que celui de Conver. Quatre couleurs sont utilisées
(rouge, bleu, jaune, vert), et par le jeu des trames apparaissent
les tons clairs. Sur la table du Bateleur, de couleur or-clair
(jaune tramé), la main rose (rouge tramé) se pose sur un
denier d’or, tandis que le vase (le Graal ?) est de couleur bleu
clair (bleu tramé). Sept couleurs donc, dont trois nuances.
Avec les mêmes moyens que Paul Marteau, Wirth montre là
une grande ingéniosité. C’est d’autant plus remarquable que,
dans son livre, le grand auteur suisse, disciple et secrétaire du
rose-croix Stanislas de Guaita, commente un nuancier
symbolique composé des couleurs de l’arc en ciel !
Remarque de Yvo Jacquier à propos de la géométrie
Le modèle de Nicolas Conver n'est pas le seul à s'appuyer sur une trame géométrique. En
revanche, le développement et le niveau de sa géométrie sacrée placent le modèle
dessiné par Albrecht Dürer au-dessus et même à part de tous les autres.
Plusieurs tentatives entendaient au XXème siècle réinventer cette culture à partir
d'éléments littéraires. Ce que l'on nomme “Tradition” permet en effet d'entreprendre la
traduction des motifs géométriques. En revanche ces éléments ne suffisent pas à rebâtir
les motifs et leurs liens sophistiqués - qui sont géométrie pure.
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L'ARC EN CIEL --------------------------------------------------------------- Yvo Jacquier ---------
La leçon des Anciens Le « Groupe Y » puise son inspiration dans une culture symbolique qui atteint son plein
accomplissement à la Renaissance. Ce vaste courant naît avec les Mathématiques dès le
mégalithique, et Albrecht Dürer (1471-1528) signe son testament : quatre gravures
rassemblées sous le titre générique de « Meisterstiche », et un modèle du jeu de tarots
(celui que Nicolas Conver perpétue en 1760).
Cet article ne prétend pas exposer dix années de recherches qui réclament plus de deux
mille pages, et le double d'images. Signalons néanmoins que cette reconstitution
minutieuse intéresse les mathématiciens - l'IREM pour la France, et l'Université Charles
de Prague. L'art (peinture et architecture), la symbolique (formes, couleurs et nombres)
et les mathématiques partagent une sorte de fonds commun à leur origine !
La première leçon de cette culture ancienne est dans les liens multiples et logiques qui
déterminent tous ses principes. Les couleurs en particulier, ne s'y définissent pas selon
une perception personnelle, une grille subjective que l'appréciation de chacun pourrait
superposer a postériori sur un nuancier neutre (celui de Newton). Ainsi dans la
symbolique médiévale, chaque couleur naît à l'intérieur d'un ensemble, selon sa relation
à la vie et à son développement (Genèse). L'appréciation de la couleur se fait “avec
l'oeil”, faute de machine capable de la mesurer, cependant le processus d'élaboration du
nuancier est parfaitement logique. Trois des opérations sont une comparaison simple
(addition et complémentaire). Ensuite, trois verres conjugués de couleur claire doivent
produire la couleur dense. Ces comparaisons permettent d'atteindre une grande précision.
Une autre remarque s'impose. Les deux piliers de la science moderne sont d'ordre
théorique et pratique. La théorie pure développe des éléments rendus solidaires par un
ensemble de processus logiques. Cet aspect est strictement mathématique, et l'on doit
aux Grecs la première formulation de ses règles (notamment Euclide dans ses Éléments).
L'autre versant est concret : la science entreprend l'observation de la matière à travers la
mesure, selon une procédure rigoureuse. Cette exigence se traduit en particulier par des
marges de précision. Or à ce propos jusqu'à la Renaissance, les Anciens disposent
d'instruments de mesure qualifiables d'archaïques. Les progrès du télescope marquent
ainsi le début d'une ère nouvelle : celle de Copernic, Kepler et Galilée. L'évolution de la
technologie donne du grain à moudre aux créateurs de la physique moderne.
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Une contre-vérité doit être dénoncée. Les Anciens ne fondent pas leur symbolique sur
des croyances, dans l'élan d'un empirisme archaïque. Ces deux attitudes, croyance et
empirisme, leur paraissent précaires. Avant cette Renaissance (dont on ne considère que
l'humanisme alors qu'elle voit naître la science), les Anciens ne peuvent développer en
toute sécurité que l'aspect strictement théorique de leurs conceptions. La part appliquée
souffre trop de son imprécision pour accéder à quelque conclusion. Cette fameuse
croyance qui fait tant couler d'encre, est le fait des institutions religieuses et des
théologiens, et pas des symbolistes. Les hommes de savoir, dont on ne peut séparer les
ésotéristes des futurs scientifiques, ne disposent pas de résultats de mesure suffisants,
tout particulièrement en astronomie. L'on sait ainsi que Kepler se fiera à l'extraordinaire
précision de Tycho Brahé, id est à son télescope ! Il ne cessera également de presser
Galilée pour qu'il lui transmette ses relevés. La physique moderne et ses équations
naissent ainsi dans le contexte des progrès de l'observation. [À cette naissance, le temps
devient une valeur à part entière; jusque lors le concept même de vitesse instantanée
n'existe pas. Avec Kepler, le temps devient liquide...]
Avant l'époque bénie de la Renaissance, et ses lunettes, le savoir des Anciens ne peut
s'éprouver concrètement. Alors il se déploie là où c'est possible, c'est à dire dans
l'abstrait. L'homme ne peut se fier qu'à la solidité de ses concepts. La reconstitution du
corpus de la « géométrie avec les yeux » (que l'on dira égyptienne pour la situer dans le
temps) est à cet égard édifiante. Cette pratique était jugée approximative et axiomatique,
or il n'en est rien. Sur son quadrillage, l'entièreté de l'édifice théorique est cohérent. Les
axiomes de Thalès (triangles semblables) suffisent à tout démontrer sans calcul (sans
Pythagore). La géométrie des Anciens n'a rien d'empirique ni de précaire. Elle respecte
les règles de la science telles que nous les définissons même aujourd'hui.
Les Anciens conçoivent les mathématiques comme la langue de(s) Dieu(x), aussi les
peintres qui composent avec la géométrie sacrée ne signent pas leurs oeuvres. Le génie
propre aux structures qui tiennent la symbolique des temples et des icônes est purement
mathématique. Le rectangle dont Rublev signe sa « Sainte Trinité » est l'exemple de cette
foi (et non croyance). Les mathématiques et le sacré ne font qu'un pour l'iconographe.
Paradoxalement, le savoir géométrique des cathédrales (terme générique) est très lié à
une perception physique du monde. Ne nous étonnons pas que la théorie cherche à
assumer ce que l'observation est encore incapable de mesurer avec précision...
Enfin, comme l'a justement souligné Christophe de Cène, des trois aspects de la
symbolique (aux côtés des formes et des nombres) celui de la couleur présente l'avantage
d'être le plus facile a expliquer. Le festival « Tina B » offre en cela une occasion
inestimable d'aborder cette culture méconnue, car victime de nombreux préjugés.
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L'arc-en-ciel et les quatre éléments Pont suspendu dans le Ciel surgissant de la Terre, l'arc-en-ciel puise ses couleurs dans un
Feu solaire qui se baigne dans l'Eau des nuages. Bien plus qu'un spectacle, cette surprise
de la nature est une véritable démonstration symbolique. Les quatre éléments
fondamentaux y sont énoncés par un demi-cercle qui bouge avec l'observateur, toujours
face au soleil... Ce phénomène est naturellement un symbole, et il est si riche qu'il
devient générique.
On le voit solide comme une échelle. Il se rapproche alors de celle de Jacob et une
notion de niveaux hiérarchiques l'accompagne. Il est encore le reflet impalpable des
pensées de Bouddha. Son chemin est souvent pontifex, entre les Dieux et les hommes,
par le talent d'une Iris grecque ou par la volonté de quelque divinité nordique. Combien
d'âmes, de Dieux, combien d'anges ont emprunté ce chemin de lumière ? Plus
prosaïquement, le bon sens paysan voit en lui l'occasion de se réjouir d'une fin prochaine
et probable de la pluie. Cependant dans les pays arides comme la Kabylie berbère, on
peut invoquer sa divinité Anzar pour obtenir de salutaires précipitations.
Ce qui est beau a tendance à être considéré comme bénéfique par les hommes.
Cependant un certain nombre d'exceptions pondèrent ce tableau d'honneur. Ainsi
d'anciens péruviens ne regardent pas l'arc-en-ciel, et ils couvrent leur bouche en un geste
superstitieux de la main - c'est aussi la couronne de plume d'Illapa, Dieu cruel et
intraitable du tonnerre et des pluies. Les intentions Divines que l'on prête à l'arc sont
parfois funestes (peuples montagnards du sud-Viêt Nam, Pygmées) et il est même
considéré comme un mauvais présage (Houai Nan-tseu, sous les Han Occidentaux)...
Le serpent et l'oiseau Les points cardinaux du règne animal sont le serpent accroché à la terre et l'oiseau qui
s'élève dans le ciel. Le premier représente l'origine, le corps et ses instincts, le second
prend en image le devenir et les aspects de l'âme. C'est en outre une façon d'orienter un
quadrillage tracé au sol. Cette opération nous paraît triviale, mais il en allait tout
autrement au paléolithique. Et curieusement, l'arc en ciel prend en considération les deux
aspects : il entre littéralement en terre pour y ancrer son arc. Les Amérindiens pueblos du
sud-ouest des actuels USA font de l'arc-en-ciel une échelle permettant d'accéder à leurs
temples souterrains, domaine chtonien (infernal) de la terre. Cette interprétation est
particulièrement intéressante puisqu'elle fait référence à la moitié manquante du cercle,
qui pénètre ce qui correspond au royaume d'Hadès (ou l'Hadès) chez les Grecs. Les Incas
du Pérou produisent enfin un serpent céleste. Trop nourri par les hommes au point de
devenir monstrueux, il exigea des sacrifices humains pour en manger les coeurs si bien
qu'on dût l'abattre. Son sang aurait alors teinté le plumage de certains oiseaux..
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LES LARMES DU CIEL ------------------------------------------------------------------------------------------------- Yvo Jacquier ---------
Une pierre tombée du ciel, appelée Moldavite
La moldavite (ou chrysolithe ou encore vltavín) est
une pierre rare que l'on trouve principalement au
sud de la République Tchèque. Son nom courant
est en rapport avec le nom germanisé de la ville de
Týn nad Vltavou où la moldavite abonde ou, pour
des raisons comparables, avec celui d'un affluant
de la Vltava, la Moldau1. En termes symboliques,
cette pierre “tombe littéralement du Ciel” même si
en tant que tectite, elle est probablement le résultat
de la chaleur sur des matériaux terrestres lors de la
chute d'une météorite2.
En l'occurrence, la météorite responsable de cet
évènement pourrait être celle du cratère appelé
Noerdlinger Ries3.
Située à 75 km au sud-ouest de Nürenberg, dans la Franconie d'Albrecht Dürer, cette
dépression presque circulaire (22 x 24 km) est plus basse de 100 à 150 mètres que les
collines avoisinantes, et plate à l'intérieur. Elle étonne depuis toujours les géologues et les
artistes... Au cours des années 60, deux chercheurs américains ont prouvé que le choc
s'est produit il y a environ 15 millions d'années, éclaboussant les contrées voisines,
notamment le sud de la Bohême et le Sud-Ouest de la Moravie , d'une pluie de moldavite.
Ces “larmes du ciel” vont inspirer bien des légendes.
Réf. 1 - Chlum, Nesměň, Radomilice, Strpí, Dobrovská Lhotka, Besednice et un autre
champ entre České Budějovice, Trhové Sviny et Prachatice. Les moldavites les plus
intéressantes viennent de la région de Besednice, de part leur forme caractéristique en
hérisson (qui leur vaut aussi ce surnom) autant que leur couleur unique. Réf. 2 - Certains spécialistes prétendent que les moldavites sont en partie issues de la
météorite car elles contiennent une substance rare et parfaitement inconnue sur terre,
portant le nom de lechaterierit. De plus ces pierres ne contient pratiquement pas d'eau,
contrairement à d'autres verres volcaniques comme l'obsidienne. Réf. 3 - Ries, du nom romain de la province, Raethia, lui-même issu du nom du peuple
germanique local, les Rêtres.
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Mythologie(s) Plusieurs couches mythologiques s'attachent à ce minéral hors du commun. La tradition
la plus récente court encore en Bohême du sud. Elle veut qu'un amoureux témoigne de
la profondeur de ses sentiments en offrant à sa belle une pierre de moldavite. Les pierres
taillées portent le surnom de « courrier du ciel ». Cette belle tradition rejoint le discours
des vitraillistes que Christophe de Cène a reconstitué, et qui associe sa couleur verte à
l'amour. Car en effet, la nature profonde du vert-moldavite se rapproche curieusement de
celle du nuancier !
Le Graal La légende du Graal commence à se construire dès l'Égypte ancienne, bien avant que la
plume de Chrétien de Troies (v.1135-v.1183) n'esquisse le récit épique de Perceval
(Parsifal). Sur ce long parcours, l'objet va se nourrir, et aussi littéralement digérer,
différentes fonctions spirituelles et sacrées. Georges Bertin présente le Graal comme un
véritable carrefour sémantique que vient confirmer l'analyse historique. Ainsi chez les Celtes, il est déjà question d'un chaudron qui offre l'abondance et accorde
la force à ceux qui s'y abreuvent. Cette magie persistera jusque dans dans la forme finale
de la légende arthurienne, le Saint Calice prodiguera jusqu'à l'immortalité à ses fidèles...
Le Bavarois Wolfram von Eschenbach (1170-1220) apporte une précision à l'histoire de
Chrétien de Troies : le calice de la Cène aurait été taillé dans une émeraude particulière :
elle ornait le front de Lucifer jusqu'à ce qu'il la perde dans son combat avec saint Michel.
En examinant le texte original d'Eschenbach à la loupe, certains experts considèrent que
son latin a été corrompu. L'original fait état de “lapis lapsus ex illis coellis” soit une
“pierre tombée du ciel”. Or l'émeraude s'accommode assez mal de ce statut, en dépit du
luxe qu'elle offre à la lumière; il se pourrait même que la pierre soit présentée comme
“semblable à l'émeraude” et non en tant que réelle émeraude. La Moldavite en revanche répond à la présentation d'Eschenbach, même si la définition
géologique de la pierre montre qu'elle n'est qu'indirectement “extra-terrestre”. Un trait
important de l'histoire appuie cette nouvelle thèse : la Bavière est à l'origine un centre
important de la culture celte (née à la Tène, en Suisse). Et non seulement les Celtes
travaillaient la Moldavite, mais ils considéraient qu'elle venait du ciel. C'est
particulièrement troublant ! L'on sait que les mythes reprennent l'héritage de ceux qui les
ont précédés en un lieu donné. Combien d'églises sont construites sur des sources sacrées
se réclamant d'une époque bien antérieure à l'ère chrétienne... Un artiste de Nürenberg (à 75 km du Noerdlinger Ries), Albrecht Dürer, reprendra le
symbole allemand du Graal dans une image des tarots appelée « La Maison Dieu » . La
colombe qui lui est souvent associée se cache dans un panache de fumée et d'éclairs, qui
rejoint ou vient du ciel. Quelques pierres “tombées de ce ciel” (?) parsèment le sol vers
lequel les personnages se précipitent !
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La Coupe, l'Épée, le Graal, la Lance et les larmes
En amont des sept couleurs de la
Genèse, voici les quatre couleurs
des tarots : Denier, Coupe, Epée
et Bâton, chacune en son quartier.
Avant de préciser les nuances qui
permettront d'aboutir à un
système de représentation achevé
- avec la lumière, les
fondamentaux trouvent ici en
quelque sorte un premier nom.
Plusieurs associations doivent
être considérées. Les premières
sont naturelles, de part la
proximité des couleurs (gauche-
droite et haut-bas). Une autre se
révèle plus subtile : Le Denier et
le Bâton d'une part, la Coupe et
l'Épée d'autre part.
Deux symboles qualifiables de phalliques graphiquement sont associés chacun à un
symbole tout aussi manifestement féminin. La comparaison des angles de vue est
intéressante : l'Épée et la Coupe sont vus de profil, en position de parade, quand le Bâton
et le Denier montrent leur dessus, leur partie active.
L'histoire du Graal souligne le lien entre la Coupe et l'Épée. La Coupe en effet aurait
reçu le “sang” du Christ sur la croix, percé par la lance d'un légionnaire. Les larmes y
sont également associées, symbole que l'on doit rapprocher de l'expression « larmes du
Ciel » attribuée à la pierre de moldavite. Le labyrinthe de la symbolique démontre à cette
occasion toute sa complexité. Cet axe est d'ordre spirituel et mystique.
L'autre association enfin, Deniers-Bâton, est manifestement actif, et il rassemble les mots
Amour et Divin. Cette alliance a également le goût du fruit, et se rapporte au couple du
pain (que l'on produit) et du miel (que l'on cueille).
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PRAGUE ET LA SCIENCE ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Yvo Jacquier ---------
« Melencolia § I » est la référence de fond au dispositif que nous élaborons pour le
festival Tina B. Cette oeuvre au format si modeste (en fait il est lié à celui des cartes des
tarots) est un véritable carrefour de la connaissance de son époque : artistique et
ésotérique. La culture que cette oeuvre revendique a précédé la science...
Durant la Renaissance, l'université de Tübingen, où étudie Kepler, se distingue comme
un grand centre de l'humanisme allemand. C'est là qu'il aurait forgé ses premières
armes... Quand Kepler créera la science, à Prague, il cherchera des références.
Particulièrement celles de Dürer. Son protecteur, l'empereur Rodolphe II, fera venir en
1606 à grand prix, depuis Venise où elle avait été conçue, l'oeuvre qui est aujourd'hui à la
Narodni Galerie : « La Vierge au Rosaire ». Un festival de roses et de pentagrammes.
En 1514, cette science a la place qu'elle peut : celle d'une préfiguration. Elle pointe de
façon très théorique, à travers les mathématiques que Dürer déploie dans sa composition,
mais aussi de façon plus prosaïque, dans les thématiques sous-jacentes aux arguments
mobiliers de l'oeuvre : un sablier pour compter le temps, une balance pour peser, un
compas pour évaluer les distances, une cloche pour donner le La, et même de la bougie
pour évaluer la lumière (les plis du vêtement de l'Archange n'évoquent-ils pas cette
matière ?). Ces instruments d'appréciation ne sont pas encore le matériel dont la science
aura besoin pour progresser. Il manque en outre plusieurs outils pour que le champ des
mesures soit exhaustif : un thermomètre, un baromètre et ... Un nuancier de couleur !
Or justement, la gravure exhibe un arc-en-ciel (sujet de l'exposition), qui plus est assorti
d'une échelle pourvue de sept barreaux - indiquant sept couleurs, si l'on se réfère à la
tradition (qui associe l'échelle et l'arc-en-ciel). Renforçant cette idée, le polyèdre exhibe
sept de ses huit faces à l'air libre. L'on trouve également la référence aux sept planètes en
associant Mercure à la chauve-souris, Cupidon à Vénus, Le carré magique à Jupiter, le
sablier à Saturne, le polyèdre à la Terre, la boule blanche à la Lune, et saint Michel, chef
des armées célestes à Mars (la meule de pierre est associée au Soleil, mais ce n'est pas
une planète)... Le 7 enfin, est une clé pour la géométrie de l'oeuvre, notamment par
l'utilisation majeure et répétée de l'angle de π/7.
Ensuite le carré magique est, selon la tradition, celui de Jupiter. Il est marqué par le
nombre 4, terrestre, comme beaucoup des éléments fixes de la gravure, notamment les
outils qui jonchent le sol. En revanche les d'éléments en mouvement comme l'arc-en-ciel
et les anges, se réfèrent au Céleste, donc au 3. La somme de cet authentique dialogue du
Tina B Festival 2013 | Yvo Jacquier | « MELENCOLIA de » | De la Couleur Page 22 sur 31
4 terrestre et du 3 céleste est 7, une fois encore. Melencolia est ainsi profondément
marquée par le chiffre 7. Comme le souligne Christophe de Cène, il faut se méfier des
débordements de l'esprit d'analogie. Ils ont égaré plus d'un siècle de chercheurs en
ésotérisme. Néanmoins l'on peut légitimement affirmer que pour une part non
négligeable, ce 7 qui imprègne Melencolia fait référence à la couleur, en l'occurrence à
celle des maîtres verriers du moyen-âge. Et Dürer assume leur héritage jusqu'à la
critique ! On le taxe par exemple de néo-gothisme, avec une connotation archaïque.
Dürer serait réfractaire à la notion d'un progrès qui apprendrait à la Renaissance à se
passer du Sacré...
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SECONDE PARTIE
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MELENCOLIA de ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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MELENCOLIA de --------------------------------------------------------------- Yvo Jacquier ---------
Bilan symbolique de l'arc en ciel - Thème du festival La constitution de l'arc-en-ciel fait intervenir les quatre éléments, cependant le
décryptage de nombreux mythes privilégie nettement l'échange entre le Céleste et le
Terrestre, jusqu'à faire voler les serpents... Cet axe oriente le règne animal - a fortiori
celui de son aboutissement humain. L'homme est probablement le seul à s'arrêter pour
contempler le spectacle que produit l'arc-en-ciel, et plus certainement encore le seul à lui
chercher une signification. Aujourd'hui précisément, deux manifestations, physique et
symbolique, offrent deux façons d'aborder la couleur. Toutes deux considèrent sa
lumière, mais quelle lumière ? La science comme la symbolique lui attribuent une
capacité à entretenir la vie. La symbolique médiévale des vitraillistes considère qu'elle en
est aussi à l'origine. Cette lumière n'est pas seulement jaune Soleil : elle est divine.
Le but du dispositif « MELENCOLIA de » Un ensemble d'objets et de performances prend « MELENCOLIA § I » pour référence. À
la fois source d'inspiration, diapason, lexique et générique. Dürer fut le dernier grand
maître d'une culture qui a précédé, et même préparé la science. L'art joue ici un rôle
auquel nous ne sommes pas (ou plus) habitués. Et c'est avec ses oeuvres que nous devons
l'expliquer et l'exprimer. Les outils dont nous héritons sont incroyablement vivants, et ils
prennent place dans l'art contemporain au rang des propositions.
Pour sauvegarder l'essence de sa culture, Albrecht Dürer a construit un formidable
dispositif didactique. Quatre gravures rassemblées sous le titre générique de
« Meisterstiche » accompagnent un modèle du jeu de tarots (qui porte le nom du graveur
qui le perpétua jusqu'en 1760 : Nicolas Conver). La gravure est l'écrin des cartes, qui
constituent une véritable encyclopédie de la symbolique. Le « Projet Didactique de
Dürer » est testament de la Renaissance... L'exposition ne permet pas de couvrir tous les
aspects de Melencolia. L'angle principal doit concerner la couleur, plus précisément
l'arc-en-ciel. Mais en marge de « MELENCOLIA de », il est possible de donner une
dimension didactique à sa proposition artistique : conférences, articles, panneaux...
Le choix d'une référence monochrome peut surprendre...
Il est justifié par le talent de Dürer !
Tina B Festival 2013 | Yvo Jacquier | « MELENCOLIA de » | De la Couleur Page 25 sur 31
Le premier dispositif - première étude
• Une première proposition répondait aux conditions du festival, telles qu'elles
s'annonçaient en janvier 2013 - en extérieur. Elles ont évolué depuis, ainsi que les projets
eux-mêmes. Voici quelques visuels :
http://www.melencoliai.org/tina_b/PolDu-01.jpg
http://www.melencoliai.org/tina_b/PolDu-02.jpg
http://www.melencoliai.org/tina_b/PolDu-03.jpg
http://www.melencoliai.org/tina_b/PolDu-03bis.jpg
http://www.melencoliai.org/tina_b/PolDu-03ter.jpg
• L'on emprunte à la gravure les éléments qui font référence au nuancier des 7 couleurs :
- L'échelle et ses 7 barreaux
- L'arc en ciel
- Le polyèdre, symbole ignoré de la terre, qui justifie un article :
http://www.jacquier.org/Art_contemporain/Yvo_Jacquier-Construction_Polyedre_Durer-3.pdf
L'installation - Arts plastiques
Le polyèdre de Dürer est au centre du dispositif. Son armature métallique tient des
plaques de vitrail déclinant les 7 couleurs du nuancier des anciens. Un éclairage interne
permettrait une expression dynamique et orchestrée de la lumière. Le festival étant
ouvert principalement le jour (?), une matière réfléchissant un soleil très probable en juin
semble une meilleure option. Un éclairage nocturne permettra néanmoins de prendre de
beaux clichés. —> Cette idée va évoluer (voir article sur le polyèdre)
Le solide est posé au ras de l'eau, qui renvoie son image en miroir. En effet un bassin
circulaire protège cette pièce fragile. Au fond des 10 à 15 cm d'eau, des lignes
lumineuses dessinent un pentagramme agrémenté d'images. (particulièrement les
explications géométriques du polyèdre). La lecture de ces oeuvres immergée est troublée
par la surface de l'eau pour rappeler la longue période d'incompréhension traversée par
Albrecht Dürer.
Tout autour du bassin, des dalles de céramique racontent la genèse des formes et des
couleurs et tracent un chemin sur l'herbe. Ce cercle est interrompu en deux endroits,
symétriques par rapport au polyèdre.
Tina B Festival 2013 | Yvo Jacquier | « MELENCOLIA de » | De la Couleur Page 26 sur 31
D'un côté du bassin, une sculpture de métal (l'idéal étant l'inox) symbolise les formes de
l'arc en ciel et de l'échelle. L'arc s'ouvre en direction du centre, et sert discrètement de
support à une statue légère de Cupidon.
—> Cette idée va évoluer (voir article sur l'échelle de Melencolia)
De l'autre côté : une "causeuse" - canapé qui permet à deux personnes de se faire face,
est rebaptisée “toucheuse”, en anglais “Touch Couch”, puisque désormais les gens
peuvent se toucher. Les personnes qui s'assoient sur cette pièce en céramique profitent
toutes deux de la même vue : le polyèdre est alors sous l'arc en ciel, et Cupidon donne
l'impression de le survoler.
—> Cette idée va se confirmer
Autres objets autour du bassin : les cinq solides de Platon coupés en deux servent de
caisse de résonance à des tambours majestueux. Les matières des coffres pourraient être
transparentes, mais le contre-plaqué peint leur semble préférable. Pour une question de
résonance, et parce que la tension des peaux réclame un dispositif assez encombrant.
—> Cette idée va évoluer (à l'étude avec les percussionnistes)
La performance - Spectacle
La géométrie et les nombres, même en couleurs, suffisent-ils à exprimer la musique des
sphères ? Il manque la notion du temps, cette quatrième dimension qu'apprivoisera
Kepler en créant la physique moderne ! Cet évènement s'est produit à Prague... Quel est
donc, aux côtés du discours de la science, celui de l'art ? En nocturne ou en intérieur,
l'utilisation dynamique de la lumière pourrait aborder cet aspect. Cependant quand il
s'agit de développer le temps, rien ne vaut le tempo, la musique et la danse.
Ainsi il est possible d'ajouter une prestation qui se serve des tambours polyédriques. Une
composition musicale, donc à base de percutions, donne la mesure à deux ballets
simultanés. Posée sur le bassin, une estrade aussi provisoire que réduite porte un couple
qui danse le tango. Autour de l'eau, sur le chemin dallé, une compagnie de danse
contemporaine s'adonne à une chorégraphie aux accents primitifs. Un contraste
particulièrement coloré est souligné par les costumes. N.B. : ce spectacle gagne à se
dérouler la nuit.
—> Cette idée va se confirmer (à l'étude avec les danseurs et percussionnistes)
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Le second dispositif - seconde étude
Il répond à l'évolution des contraintes du festival qui s'ouvrira à la galerie Gask, à Kutna
Hora, au centre de la Bohême. http://www.gask.cz/. Une part du dispositif peut investir
l'extérieur, et l'autre trouver la protection des murs. Cette répartition doit se préciser
avant la fin du mois.
I - LES OBJETS
Le Polyèdre de Dürer - IntérieurYvo Jacquier - projet initial
Thomas Jacquier - réalisation et design
Il réclame une maîtrise de la lumière :
http://www.melencoliai.org/tina_b/Yvo_Jacquier-Construction_Polyedre_Durer-2.pdf
Le bassin est également réalisable à l'intérieur.
Le siège “Touch Couch” - ExtérieurVeronika Vünshova - Céramique
Maquette en terre
< Transcription en polystyrène
de la forme à l'échelle 1/10
Première simulation couleur >
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Cupidon - ExtérieurYvo Jacquier - sculpture, plâtre armé. Elle doit s'accrocher à l'échelle de Melencolia, qui
par ses mensurations a toutes les chances d'atterrir à l'extérieur...
L'échelle de Melencolia - ExtérieurYvo Jacquier & Veronika Vünshova - sculpture, plastique et fil coloré
http://www.art-renaissance.net/Charles_University/Yvo_Jacquier-L_echelle_de_Melencolia.pdf
Cette échelle doit être dessinée à partir du
travail des architectes. Ils doivent
reconstituer sa réalité avec les règles de la
perspective.
Les schémas présentés sont une approche
intuitive de ce résultat et le support d'un
travail qui est loin d'être achevé.
Matériaux envisagés :
plastique PVC de plomberie
+ fil/ficelle de couleur et tissu plastique
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II - LES PERFORMANCES - SPECTACLES
La géométrie et les nombres, même en couleurs, suffisent-ils à exprimer la musique des
sphères ? Il manque la notion du temps, cette quatrième dimension qu'apprivoisera
Kepler en créant la physique moderne ! Cet évènement s'est produit à Prague... Quel est
donc, aux côtés du discours de la science, celui de l'art ? En nocturne ou en intérieur,
l'utilisation dynamique de la lumière peut aborder cet aspect. Cependant quand il s'agit
de développer le temps, rien ne vaut le tempo, la musique et la danse.
Ouverture du bal - début de l'exposition
Melencolia est intimement liée aux tarots de
Marseille. Dürer prouve ainsi qu'il est
l'architecte de cette véritable encyclopédie de
la symbolique.
La rencontre des deux compositions met
notamment en scène l'Arcane XXI, dite du
Monde, dont le personnage central adopte une
attitude très intéressante : c'est une figure de
tango, appelée boleo.
Plusieurs couples qui enseignent cette danse, à
Prague, sont enthousiasmés par ce visuel. Ils
acceptent de donner un show à l'ouverture du
festival. Ce show pourra être filmé et passé en
boucle sur un écran tout au long du festival.
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Clôture du festival - Un spectacle chorégraphique
Les professionnels sont également intéressés. Un projet est en cours, qui compte réunir
des percussionnistes et des danseurs contemporains pour le mois de Novembre.
Les instruments de percussion seront la traduction des solides de Platon, auxquels
s'ajoute le polyèdre de Dürer. Ils traduiront les éléments auxquels la tradition les rattache.
Exemple : le tétraèdre est associé au feu, à Mars et au fer. Il deviendra cloche de fer.
Pour info : le polyèdre de Dürer est celui de la Terre, habitée (≠ élément Terre qui est
associé à Jupiter), et ce solide manquait à Kepler pour achever son modèle planétaire.
La musique percussive permettra à deux groupes de danseurs de dialoguer. Un couple de
tangueros représentera le monde occidental dit "développé". Un groupe de danseurs
représentera le monde primitif, conçu comme sous développé. L'échange entre les deux
mondes glissera d'une sorte d'incompréhension mutuelle vers un réel partage. Qui a le
plus besoin de qui ?
Cette chorégraphie gagnerait à trouver une salle de spectacle, notamment pour que les
danseurs, qui sont des professionnels, puissent être payés. La publicité du festival devrait
garantir le succès de cette manifestation.
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