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La Clef Printemps 2007 Le bulletin du Département de mathématiques et de statistique Félix, Nicolas, Daniel et Isabelle, quatre étudiants qui n'ont pas froid aux yeux, même dans la tempête. Les échanges universitaires : pour le plaisir de la découverte Yvan Saint-Aubin Chaque année quelques étudiants au premier cycle vont suivre des cours ou des stages à l'étranger. Les cours réussis leur seront reconnus dans le programme auquel ils sont inscrits au Département. J'ai rencontré quatre étudiants qui, pendant l'année 2005-06, ont séjourné à l'étranger dans le cadre de leur baccalauréat : Isabelle Ascah-Coallier, Nicolas Durand-Cojocaru, Daniel Fiorilli et Félix Tinawi. Isabelle et Félix ont passé l'année dans l'université de leur choix (Université Pierre-et-Marie-Curie à Paris et Université catholique de Louvain-la- Neuve). Daniel a séjourné un trimestre à l'Université indépendante de Moscou. Enfin Nicolas a terminé le dernier stage de son baccalauréat coopératif en actuariat dans l'entreprise Hewitt Associates à Levallois Perret, près de Paris. Avant notre rencontre je m'attendais à recevoir des commentaires sur ce que notre Département fait bien et ce qu'il peut améliorer. Mais ces quatre jeunes, heureux de leurs séjour et découvertes, goûtent les différences plutôt qu'ils ne les jugent. Isabelle s'adapte rapidement. Comme ici, il y a des cours avec de grands groupes d'étudiants (une centaine), d'autres avec de plus petits (six). Elle s'étonne que l'offre des choix de cours ne soit rendue publique que l'avant-veille du début des cours et qu'il soit si difficile de prendre des cours de disciplines connexes, mais on y parvient avec un peu d'effort. Et que penser des examens qui contiennent tellement de questions qu'on ne peut même pas essayer de répondre à chacune? Au début, cela surprend et tout le monde sort avec la mine basse. Mais, après avoir vu sa note, on comprend que c'est quand même une bonne façon d'évaluer les étudiants. Son séjour en milieu universitaire français était certes exigeant, mais elle a quand même trouvé le temps de participer à un orchestre comme violoniste et de s'y faire de solides amitiés. Daniel se trouve dans un programme fort particulier. L'Université indépendante de Moscou (UIM) offre un programme conçu spécialement pour les étrangers et donné en anglais. Daniel apprécie les cours qu'il reçoit; les groupes sont minuscules et l'enseignement exigeant. Il aime particulièrement le fait que les cours ne donnent

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Page 1: La Clef - Université de MontréalLa Clef Printemps 2007 Le bulletin du Département de mathématiques et de statistique Félix, Nicolas, Daniel et Isabelle, quatre étudiants qui

La Clef Printemps 2007Le bulletin du Département de mathématiques et de statistique

Félix, Nicolas, Daniel et Isabelle, quatre étudiants qui n'ont pas froid aux yeux, même dans la tempête.

Les échanges universitaires : pour le plaisir de la découverte Yvan Saint-Aubin Chaque année quelques étudiants au premier cycle vont suivre des cours ou des stages à l'étranger. Les cours réussis leur seront reconnus dans le programme auquel ils sont inscrits au Département. J'ai rencontré quatre étudiants qui, pendant l'année 2005-06, ont séjourné à l'étranger dans le cadre de leur baccalauréat : Isabelle Ascah-Coallier, Nicolas Durand-Cojocaru, Daniel Fiorilli et Félix Tinawi. Isabelle et Félix ont passé l'année dans l'université de leur choix (Université Pierre-et-Marie-Curie à Paris et Université catholique de Louvain-la-Neuve). Daniel a séjourné un trimestre à l'Université indépendante de Moscou. Enfin Nicolas a terminé le dernier stage de son baccalauréat coopératif en actuariat dans l'entreprise Hewitt Associates à Levallois Perret, près de Paris. Avant notre rencontre je m'attendais à recevoir des commentaires sur ce que notre Département fait bien et ce qu'il peut améliorer. Mais ces quatre jeunes, heureux de leurs séjour et découvertes, goûtent les différences plutôt qu'ils ne les jugent. Isabelle s'adapte rapidement. Comme ici, il y a des cours avec de grands groupes d'étudiants (une centaine), d'autres avec de plus petits (six). Elle s'étonne que l'offre des choix de cours ne soit

rendue publique que l'avant-veille du début des cours et qu'il soit si difficile de prendre des cours de disciplines connexes, mais on y parvient avec un peu d'effort. Et que penser des examens qui contiennent tellement de questions qu'on ne peut même pas essayer de répondre à chacune? Au début, cela surprend et tout le monde sort avec la mine basse. Mais, après avoir vu sa note, on comprend que c'est quand même une bonne façon d'évaluer les étudiants. Son séjour en milieu universitaire français était certes exigeant, mais elle a quand même trouvé le temps de participer à un orchestre comme violoniste et de s'y faire de solides amitiés. Daniel se trouve dans un programme fort particulier. L'Université indépendante de Moscou (UIM) offre un programme conçu spécialement pour les étrangers et donné en anglais. Daniel apprécie les cours qu'il reçoit; les groupes sont minuscules et l'enseignement exigeant. Il aime particulièrement le fait que les cours ne donnent

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pas l'impression que “à la fin du cours, on saura tout sur le sujet”; ces cours ouvrent une vision. L'UIM est aussi un des “camps d'entraînement” des grands espoirs mathématiques russes. Les jeunes russes montrant du talent y sont invités et formés. Daniel s'aperçoit que les cours pour les étudiants russes sont encore plus avancés et exigeants. Des jeunes et très jeunes y assistent. Rapidement les mathématiques deviendront leur univers. L'école russe de mathématiques a donné de très grands mathématiciens au XXe siècle. Mais Daniel se demande s'il aurait aimé être parmi ces jeunes “athlètes des mathématiques”? À côté des cours de maths, il suivra un cours d'histoire de la Russie, donné par un mathématicien dont les digressions scientifiques lui ont bien plu. Et son russe a progressé énormément : il s'est lié à une famille russe qui désirait pratiquer son français et il s'est fait beaucoup d'amis partout en Russie. Au départ, Félix trouve que l'enseignement en Belgique ressemble fort à celui chez nous. Les professeurs couvrent leur matière, les étudiants prennent des notes. Certes, les professeurs y sont un peu moins accessibles, mais Félix n'allait pas tant consulter ses professeurs ici. Sa première surprise a lieu lors de ses premiers examens écrits : certains se résument à “énoncer et démontrer, énoncer et démontrer, ...” ! Notre Département ne l'avait certainement pas habitué à reproduire les théorèmes vus en classe. Mais tout s'apprend et il est maintenant beaucoup plus habile à expliquer tous les détails fins d'une preuve. Et il y a aussi les examens oraux qui étaient nouveaux pour lui. Un art fort délicat à maîtriser; il lui plaît car, dit-il, on peut parvenir à convaincre quelqu'un qu'on sait quelque chose sans pourtant en maîtriser tous les détails. (Probablement que les professeurs le savent aussi!) Mais, ajoute Félix, quand on ne sait pas par où commencer, c'est impitoyable à cause du court temps qui nous est alloué. Un autre style, quoi ! Félix a un regret, celui que la Belgique soit si petite : les étudiants belges quittent la petite ville de Louvain immédiatement après leur dernier cours du vendredi et Félix se retrouve avec les quelques étudiants étrangers qui, comme lui, y logent. C'est donc avec eux qu'il se liera d'amitié. Pour Nicolas, le climat de travail qu'offre la firme Hewitt est stimulant. Physiquement il s'agit d'une grande aire ouverte où travaillent 8 à 10 personnes. Professionnellement, le personnel y est constitué de jeunes diplômés français. Ils sont un peu plus vieux que lui, car les années d'études pour ce

genre de poste sont plus nombreuses en France. L'horaire de travail est différent d'ici : il est rare d'y trouver âme qui vive avant 9 ou même 10 heures du matin. Mais les professionnels peuvent travailler jusqu'à 7 ou 8 heures du soir. (Nicolas ne s'en plaint pas.) La camaraderie s'est rapidement développée, un peu grâce à son génie de la diplomatie. Un bon matin, il arrive devant son ordi pour y trouver la photo d'un orignal épinglée à l'écran. Est-ce pour rappeler à Nicolas ses ancêtres chasseurs ou s'assurer qu'il ne s'ennuiera pas des

( suite à la prochaine page ) Aller en échange, ça coûte cher ... Les étudiants aventuriers ont plusieurs obstacles à franchir. Ils doivent obtenir tous les visas, s'assurer de respecter les consignes de santé, satisfaire aux exigences des bureaucraties universitaires, trouver un lieu pour résider et chercher les sommes d'argent requises pour accomplir leur rêve. Comment résoudre ce dernier problème? L'expérience des quatre étudiants est probablement caractéristique. Ils ont obtenu de l'aide de plusieurs sources : de leurs parents, des bourses gouvernementales comme la bourse de mobilité (Ministère de l'Éducation, Québec) et celles de l'Office franco-québécois pour la jeunesse, la bourse CRSNG-SMC pour le programme Math à Moscou, et des bourses d'échange qu'offre le Département de mathématiques et de statistique. C'est dans notre Fonds Alma Mater que sont versées les contributions des nombreux donateurs à l'Université de Montréal qui expriment le désir que leurs dons soutiennent les activités du Département. Les donateurs sont en grande majorité des diplômés et des gens qui participent de près à la vie du Département. C'est donc vous! Le Département a plusieurs prix reconnaissant les meilleurs étudiants du 1er cycle en mathématiques, en statistique et en actuariat, ceux à la maîtrise et au doctorat et des bourses pour ceux allant en échange. La contribution du Département au budget des étudiants en échange n'est qu'une partie de la solution à leur casse-tête, mais elle est toujours la bienvenue. Merci!

... mais c'est possible grâce à vous!

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(échanges universitaires, suite) majestueux animaux qui peuplent les rues de Montréal? Nicolas décide donc de commencer une collection de photos sur tous les clichés qui caractérisent le Québec. À son départ, toute l'équipe y aura participé, la collection aura pris les proportions d'une fresque monumentale et les amitiés seront solides. Une offre d'emploi a terminé son stage : il semble qu'un cerveau bien formé et la maîtrise de deux langues ne soient pas si faciles à trouver, même en France ... On ne part pas à l'étranger sans rapporter quelques souvenirs mémorables. Isabelle se rappellera les six semaines de grève contre le “contrat première embauche” que le gouvernement français proposait; mais elle se souviendra probablement aussi du Louvre (gratuit le vendredi soir quand on a moins de 26 ans!), de l'Opéra Garnier, du théâtre, des concerts. Daniel semble bien aimer compter la nuit d'enfer lorsqu'il se trouva coincé dans sa chambre, au 14e étage des résidences universitaires, alors qu'un feu ravageait le 12e. Oh! et si vous le rencontrez, demandez-lui comment vous défaire, sans que cela vous coûte un sou, d'un policier russe qui vous interpelle. Félix et Nicolas, eux, se rappelleront leur virée à Bruxelles et à Anvers. Et Nicolas, sa Nuit Blanche de Paris, un événement artistique, inauguré en 2002, qui propose aux Parisiens une redécouverte de leur propre ville et qu'aiment aussi les étrangers. Selon eux, quelles sont les qualités requises pour se lancer dans une telle aventure? Ouverture d'esprit, indépendance et débrouillardise, un peu de courage, volonté d'apprendre et de découvrir. Et si c'était à refaire? N'importe quand! Que deviennent-ils? Daniel, Félix et Isabelle ont terminé leur baccalauréat (orientation mathématiques pures et appliquées) et ont entrepris une maîtrise au Département. Nicolas a aussi terminé son baccalauréat (orientation actuariat) et commencera à l'automne prochain une maîtrise en finance à l'Université Princeton.

Nouvelles Brèves L'équipe de rédaction Des nouvelles de nos étudiants Raphaël Clouâtre s'est vu décerner le prix Jean-Maranda remis annuellement au meilleur finissant de l'orientation mathématiques pures et appliquées, Elisabeth Picard-Courtois, le prix Constance-van-Eeden remis annuellement au meilleur finissant ou à la meilleure finissante des orientations actuariat et statistique, Caroline Dazé, le prix Maurice-L'Abbé remis annuellement au meilleur étudiant ou à la meilleure étudiante alors qu'il est à mi-parcours de son baccalauréat et, enfin, Cindy Ubartas a obtenu la Bourse Serge-Tardif récompensant les travaux d'un étudiant ou d'une étudiante aux études supérieures en statistique. Elisabeth travaille maintenant chez AXA comme analyste en actuariat; elle a réussi les 6 premiers examens de la CAS et vient de se présenter au 7e. Raphaël a maintenant entrepris une maîtrise en mathématiques sous la direction de Paul Gauthier et Cindy poursuit sa maîtrise sous la direction de Jean-François Angers. Des bourses d'échange interuniversitaire ont été remises à Geneviève Painchaud Guérard et Louis-Xavier Proulx qui séjourneront respectivement à l'Université de Valence et à l'Université libre de Bruxelles. Alexandre Girouard, étudiant au doctorat sous la direction de Iosif Polterovich, obtient la première Bourse Serge-Bissonnette.

(suite à la prochaine page)

La planète se réchauffe ... Envoyez-nous vos nom et adresse électronique à [email protected] et nous vous avertirons électroniquement de la parution du prochain numéro de La Clef. Vous pourrez alors le télécharger et être “verts”. Environ 0,5% de nos lecteurs ont répondu à l'appel l'année dernière. Nous pouvons sûrement faire mieux! Beaucoup de ceux qui nous ont écrit en ont profité pour faire des suggestions. Excellente idée! Alors l'invitation est lancée.

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Martin Bernier se voit décerner la Bourse Morneau-Sobeco soulignant l'excellence du dossier d'un étudiant inscrit à la maîtrise en finance mathématique et computationnelle. La Bourse Carl Herz 2006 a été remise à Youness Lamzouri, étudiant au doctorat sous la direction de Andrew Granville. La Bourse Carl Herz est octroyée par l'Institut des sciences mathématiques à un étudiant poursuivant un doctorat en mathématiques au Québec. ... des diplômés Normand Gendron (FSA 1977, FICA 1978), diplômé du baccalauréat en mathématiques de l'Université de Montréal en 1973, est le nouveau président de l'Institut Canadien des Actuaires. ... et des professeurs Trois professeurs du Département ont vu leurs accomplissements en recherche reconnus par l'octroi d'un doctorat honoris causa. Il s'agit de Jiri Patera (2005) et Pavel Winternitz (2006) qui ont été honorés par l'Université technique tchèque de Prague et de Ivo Rosenberg (2006) qui a été honoré par la Technische Hochschule Wien (l'École Polytechnique de Vienne). Andrew Granville a été nommé membre de la Société Royale du Canada. Il a aussi été invité à prononcé la Conférence Erdös à l'American Mathematical Society et il recevra le Prix Lester R. Ford de la Mathematical Association of America pour son article de vulgarisation écrit avec Greg Martin intitulé Prime number races (American Mathematical Monthly, 2006). Pierre Duchesne s'est mérité, avec les chercheurs Georges Dionne et Maria Pacurar, le prix de la meilleure communication sur le marché financier canadien pour leur texte “Intraday value at risk (IVaR) using tick-by-tick data with application to the Toronto Stock Exchange”, présenté à la conférence de la Northern Finance Association. Georges Dionne est professeur à l'École des hautes études commerciales de Montréal. Maria Pacurar, qui était codirigée au doctorat par les professeurs Dionne et Duchesne, est maintenant professeure à l'Université Dalhousie. Octav Cornea a été nommé directeur de l'Institut des sciences mathématiques de Montréal. L'ISM

est l'organe québécois coordonnant les études à la maîtrise et au doctorat en mathématiques. Il gère des bourses d'études supérieures et postdoctorales, permet aux étudiants de suivre des cours avancés dans les universités autres que celle où ils sont inscrits, et aide à la diffusion des mathématiques auprès des autres niveaux d'enseignement (cégeps et écoles secondaires). François Lalonde, directeur actuel du CRM, a lancé en grande pompe les Grandes Conférences du Centre de recherches mathématiques en mars 2006. Ces Grandes Conférences s'adressent au public curieux de comprendre les développements récents les plus marquants en sciences mathématiques. De la cryptographie et de l'informatique quantiques au chaos des systèmes météorologiques ou financiers, en passant par l'imagerie cérébrale et les révolutions biotechnologiques, les conférences ont ceci en commun qu'elles cherchent à révéler la beauté et la puissance de la recherche mathématique de pointe dans un langage accessible à tous. Les Grandes Conférences de l'année 2006-2007 ont été organisées par Christiane Rousseau et Yvan Saint-Aubin qui déjà préparent la saison 2007-2008. Pour plus d'information : http://www.crm.umontreal.ca/GrandeConference/ De nouveaux professeurs sont recrutés ... Outre Jonathan Taylor que nous présentons dans l'article ci-dessous, le Département a recruté deux jeunes professeurs qui arriveront parmi nous au cours des prochains mois. Il s'agit de Louigi Addario-Berry dont le domaine de recherche couvre les probabilités et la théorie des graphes et Mylène Bédard dont les expertises sont principalement sur les méthodes de Monte-Carlo en statistique. ... et d'autres prennent leur retraite Le professeur Roch Roy a pris sa retraite en juin 2006. Spécialiste de la statistique et plus particulièrement des séries chronologiques, il commença à enseigner très tôt (à 24 ans!). Après son doctorat et un séjour postdoctoral à Berkeley, il enseignera tout d'abord ici puis à l'UQAM; il sera recruté en 1976 au Département d'informatique et de recherche opérationnelle de l'Université de Montréal. Sa participation au Service de consultation en statistique élargira ses champs d'intérêt de recherche vers des domaines plus

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appliqués et enrichira ses cours de nombreux exemples concrets. En 1994 il revient au DMS, comme les autres collègues statisticiens qui étaient alors au Département d'informatique et de recherche opérationnelle. Roch joint alors ses forces à l'équipe travaillant au développement de la statistique au Département : laboratoire de statistique, nouveau programme de premier cycle, présidence du comité des études supérieures en statistique. Avec un dossier de recherche exemplaire, des cours appréciés, la supervision d'une trentaine de maîtres et de 6 docteurs, sa carrière a été fort remplie! Le professeur Anatole Joffe a également pris sa retraite en juin dernier. Engagé en 1961 un an après avoir obtenu sa thèse sous la direction de Mark Kac (Cornell), il aura oeuvré 45 ans parmi nous. Son domaine est les probabilités et, durant toute sa carrière au Département, il a promu ce chapitre important des mathématiques auprès des étudiants et des collègues. Entre autres, 4 étudiants ont obtenu un doctorat sous sa supervision et plusieurs une maîtrise. Et si vous êtes un de nos diplômés, il y a de fortes chances qu'Anatole vous ait enseigné! Il a également mis la main à l'administration, assumant la direction du Centre de recherches mathématiques de 1973 à 1982. Son engagement politique au sein de l'Université s'est manifesté par sa participation active à de nombreuses instances-clés : au Conseil de l’Université, aux Conseils des Faculté des arts et des sciences et des études supérieures, au Conseil du Syndicat des professeurs, à l’Assemblée universitaire et au Comité du fonds de pension de l'Université. Tout au long de sa carrière, la défense de la liberté et de l'excellence académiques aura été pour lui une préoccupation constante. Un autre départ à souligner Mme Marie-Andrée Dion, adjointe administrative au Département, a pris sa retraite pendant l'année 2006-2007. Par son travail, elle aura soutenu le travail de quatre directeurs, Christiane Rousseau, Sabin Lessard, Yvan Saint-Aubin et Véronique Hussin. Lors de la petite fête qui a souligné son départ, la directrice actuelle et les directeurs précédents ont reconnu son habileté à résoudre rapidement les situations épineuses et souvent urgentes, son précieux réseau de contacts dans les

autres départements et tous les services administratifs de l'institution et sa bonne humeur. Pour remplacer Marie-Andrée à ce poste-clé, le Département a accueilli à l'automne dernier M. Benoit Lanthier; il occupait précédemment un poste à la Direction des immeubles de l'Université. Bienvenue parmi nous!

In Memoriam Deux professeurs ayant oeuvré au Département nous ont quittés durant l'année 2006-2007. Le professeur Roland Guy a enseigné au Département entre les années 1959 à 1987 et ses spécialités couvraient la topologie et la géométrie différentielle. Il était particulièrement intéressé aux problèmes mathématiques soulevés par la physique. Sa curiosité et ses intérêts balayaient un spectre large : sciences et philosophie des sciences, certes, mais aussi musique (il était violoniste accompli), menuiserie, ski et randonnée (surtout dans les Alpes suisses). Nous nous rappellerons sa bonne humeur et sa jovialité. Le professeur Maurice L'Abbé a été professeur au Département à partir de 1948 et en a été le directeur de 1957 à 1968. Il crée en 1962 le Séminaire de mathématiques supérieures, une école d'été qui demeure encore aujourd'hui très courue. En 1968 il est un des principaux acteurs oeuvrant à mettre sur pied ce qui deviendra le Centre de recherches mathématiques qui fêtera donc sous peu son 40e anniversaire. Il occupera par la suite le poste de vice-recteur à la recherche de l'Université, sera président de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS), président de la Société mathématique du Canada, directeur général du Conseil des sciences du Canada et enfin premier président du Conseil de la science et de la technologie du Québec. Sa carrière a été saluée par le Prix Armand-Frappier, le Prix Walter-Hitschfeld, l'Ordre national du Québec, et son statut de membre de l'Académie des Grands Montréalais. Maurice l'Abbé est sans contredit un des grands pionniers de la science au Québec et au Canada.

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Jonathan Taylor : Montréal-Stanford-Montréal Sabin Lessard Suivant une série de bonnes nouvelles en statistique pour le Département, soit l’engagement encore récent de Pierre Duchesne (2003, séries chronologiques, économétrie), Alejandro Murua (2005, traitement de signaux, bioinformatique) et David Haziza (2006, théorie des sondages), et précédant de peu la venue prochaine de Mylène Bédard (2007, chaînes de Markov de Monte Carlo), voici que nous arrive cette année Jonathan Taylor, grand spécialiste des champs aléatoires. À la dou-ceur du climat californien et au prestige de l’université Stanford, il a préféré une Chaire de recherche du Canada en statistique dans sa ville natale. L’arrivée de Jonathan marque de façon on ne peut plus claire l’avènement d’une nouvelle génération de statisticiens au Département. Nous vous le présentons. Jonathan est né à Montréal de parents mathé-maticiens. Son père, John Taylor, analyste et probabiliste, a fait carrière à l’Université McGill. Il est connu notamment pour ses contributions sur des frontières associées à des marches aléatoires. Sa mère, Brenda McGibbon, s’est convertie très tôt des mathématiques à la statistique dont elle est devenue une figure montréalaise marquante. Elle a œuvrée à l’UQÀM et s’est intéressée à des problèmes d’estimation de paramètres avec contraintes. Les deux sont maintenant à la retraite, c’est-à-dire loin des obligations liées à l’enseigne-ment et à l’administration, ce qui leur permet de consacrer plus de temps à la recherche … et à la vie familiale. Des raisons d’ordre familial, on s’en doute, sont intervenues dans la décision de Jonathan de revenir à Montréal. Jonathan n’a pas commencé des études universitaires spécialisées en statistique, ni même en mathématiques. Son baccalauréat de l’Univer-sité McGill a été bidisciplinaire, en mathématiques et physiologie. Son doctorat complété en trois ans à peine après le baccalauréat est bien en statistique, mais le sujet de sa thèse revêt un caractère assez théorique. Les champs aléatoires gaussiens sur des variétés pour décrire des nuages de particules demeurent un sujet abstrait pour plusieurs. Cependant, les applications sont nom-breuses et Jonathan s’y intéresse de plus en plus : elles vont de l’imagerie cérébrale dans le domaine médical à la densité de galaxies en astrophysique.

Il s’agit dans la plupart des cas de détecter des anomalies ou des changements en comparant des résultats d’observations à des prévisions théoriques. Jonathan travaille en ce moment sur un ouvrage portant sur ces applications en

(suite à la prochaine page)

Référendum au Venezuela : la statistique à la rescousse de Hugo Chavez En 2004, le peuple vénézuélien a été appelé à voter pour ou contre la révocation de son président, Hugo Chavez. Un grand nombre de bureaux de vote, en fait 7913, étaient équipés de boîtes de scrutin électroniques (une, deux ou trois par bureau). Après le vote, l'opposition contre Chavez, qui a perdu le référendum, a allégué qu’il y avait eu fraude électorale dans ces bureaux et qu’en conséquence les résultats devaient être déclarés invalides. Pour appuyer cette affirmation, elle soulignait qu’il y avait 402 bureaux dans lesquels au moins deux boîtes de scrutin électroniques affichaient le même nombre de OUI, contre seulement 311 bureaux avec au moins deux boîtes de scrutin électroniques affichant le même nombre de NON. Elle relevait également un biais dans la distribution des chiffres significatifs dans les nombres de OUI exprimés dans les différentes boîtes. La Fondation Carter, qui jouait le rôle d’observateur international de cette élection, a demandé à Jonathan d’évaluer le bien-fondé de ces allégations. Finalement, la conclusion a été qu’il n’y a pas d’évidence statistique de fraude en ce qui concerne ces votes électroniques. En effet le NON l’ayant emporté, le nombre de NON dans chaque boîte de scrutin était en moyenne supérieur au nombre de OUI, ce qui diminuait la probabilité d’une égalité. Au Venezuela, il y avait aussi la possibilité de comparer les résultats électroniques aux reçus imprimés certifiant tous les votes. Un échantillon de ces reçus a aussi confirmé que les résultats électroniques étaient concordants. La Fondation Carter a finalement validé les résultats. Les lecteurs intéressés peuvent consulter l’article de Jonathan disponible sur sa page web : www-stat.stanford.edu/~jtaylo/papers/index.html

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(Taylor : Montréal-Stanford-Montréal) collaboration avec Robert Adler de l'Institut israélien de technologie (Technion) de Haifa et Keith Worsley de l'université McGill, qui ont été ses co-directeurs de recherche. Il va s'agir déjà du deuxième ouvrage dans la courte carrière de Jonathan, le premier ayant été écrit avec le même Robert Adler et portant sur les aspects géométriques des champs aléatoires. On est en 2001 et la thèse de doctorat de Jonathan, en particulier sa formule cinétique fondamentale, est jugée tellement remarquable qu’il reçoit une offre de Stanford. Il préfère alors celle-ci à une offre concurrente de notre dépar-tement. Peut-on lui en vouloir! Il aura comme collègues de département des noms aussi connus en statistique que les Diaconis, Efron, Siegmund, Tibshirani, Friedman, pour ne mentionner que ceux-là. Il emménagera dans le nouveau Sequoia Hall à deux pas du Quad avec dans son enceinte les Bourgeois de Calais de Rodin qu’on trouve au bout de l’allée de palmiers de l’entrée principale. Il résidera sur le campus comme beaucoup de ses collègues. Il sera continuellement stimulé intellec-tuellement par le feu roulant des séminaires et conférences. Beaucoup sollicité également. Pour apprendre à gérer son stress, quoi de mieux que l’escalade et le surf. Il s’y adonnera avec plaisir. Somme toute, Jonathan juge son expérience à Stanford fort enrichissante, surtout sur le plan professionnel. De nouveaux contacts, de nouvelles collaborations, de nouveaux intérêts de recherche, notamment l’analyse de données moléculaires sur le VIH et l’étude du taux de découverte de faux positifs lors de comparaisons multiples.

(suite à la prochaine page)

Équipe de rédaction : Sabin Lessard, Christiane Rousseau, Yvan Saint- Aubin ; Support technique : Benoit Lanthier, Jean-François Frappier. La Clef est aussi disponible à partir de la page web du Département : http://www.dms.umontreal.ca Pour communiquer avec nous : [email protected]

Mot de la Directrice Avec tous les étudiants talentueux et sympathiques que nous accueillons, il est heureux que les recrutements professoraux se poursuivent, même si c'est au compte-goutte. (L'année budgétaire fut difficile.) Ces recrutements sont précieux; l'énergie et les expertises de ces jeunes sont définitivement bienvenues! Des nombreuses récompenses qui ont salué en 2006-2007 le travail des professeurs, certaines sont allées à des collègues ayant mené de remarquables carrières; mais d'autres ont été récoltées par des professeurs chez nous depuis moins de 5 ans! Je me permets de lancer un appel à l'aide adressé aux diplômés des années soixante et soixante-dix. Cette année nous avons remis la première bourse Serge-Bissonnette, créée à l'aide du legs important que M. Bissonnette avait inscrit à son testament. Nous savons peu de ce diplômé. M. Bissonnette fut étudiant au DMS de 1962 à 1974. Il y obtint un baccalauréat en 1965, une maîtrise en 1967 et entreprit un doctorat qu'il ne termina pas, malgré son succès à l'examen de synthèse. Certains collègues pensent qu'il aurait enseigné dans un cégep, mais nous perdons la piste de ce généreux donateur en 1974 lorsqu'il met fin à sa candidature. Au vu du cheminement au doctorat interrompu de M. Bissonnette, nous avons décidé de créer une bourse en son nom qui reconnaît l'excellence des progrès d'un(e) étudiant(e) au doctorat et qui demande que l'appui financier d'autres sources soit suffisant pour que le récipiendaire mène à bon port sa thèse. Nous ne pouvons que deviner les désirs de M. Bissonnette qui, malgré son éloignement, a maintenu un attachement particulier à la communauté mathématique de l'Université; nous pouvons espérer que ces critères lui auraient plu. Si vous connaissiez M. Bissonnette ou son cheminement de carrière, faites-nous-en part ([email protected]) ! Véronique Hussin

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( Taylor : Montréal - Stanford - Montréal, suite) Depuis son retour à Montréal, Jonathan a parfois la nostalgie de sa période californienne. La décision de l’interrompre a été difficile bien sûr, et il a gardé d’ailleurs une porte ouverte. Jonathan dit que c’est un choix de mode de vie. Sur le plan professionnel, c’est un peu plus calme pour lui à Montréal, mais avec la Chaire de recherche du Canada, le Centre de recherches mathématiques, les ressources combinées des quatre universités montréalaises et le Colloque de statistique, ses conditions de travail pour la recherche sont de qualité. Il enseigne présentement un cours gradué en régression statistique et il est agréablement étonné de la formation solide de nos étudiants, ce qui lui permet d’aller plus loin dans la matière du cours que ce qu’il avait prévu initialement. Enfin, il y a ici un tissu social, culturel et surtout familial qui permet à Jonathan d’éprouver un sentiment d’appartenance. Il habite à Hudson, qu’il décrit comme un village de campagne, avec sa fille de quatre ans et sa conjointe, également originaire

de Montréal. Nous leur souhaitons la bienvenue chez eux.

Chers diplômés, qu'êtes-vous devenus? Dans vos courriels, certains d'entre vous avez manifesté votre désir de lire des nouvelles de vos compagnons de classe. Ce commentaire vient de diplômés des années 90 mais aussi d'années bien antérieures ... C'est une idée magnifique : pour vous mais aussi pour nos étudiants présents qui se demandent souvent où les mènent leurs études. À nouveau, nous vous demandons de l'aide : vous êtes témoins d'une promotion récente d'un collègue de classe, vous connaissez un diplômé qui utilise ses connaissances de façon originale, vous voulez nous faire part de votre propre expérience? Alors écrivez-nous ([email protected]), car le prochain numéro de La Clef vous présentera des profils de diplômés!

Jonathan Taylor à Tuolomne Meadows dans le parc national Yosemite.