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La Chevalière dans la crypte

Au Sud des Pyrénées, dans une grande vallée, se trouvait un château lugubre et effrayant

qui était soit disant « hanté ». Les habitants de la contrée, avaient beaucoup de superstitions et

redoutaient ce lieu désert. A cette époque, en décembre 1843, les gens étaient facilement

impressionnables et les croyances étaient omniprésentes. Il était aussi très difficile de survivre et

de trouver de la nourriture surtout dans le monde ouvrier. Les enfants, eux-aussi, étaient obligés

de travailler. J'en faisais partie. Je vivais dans la rue avec ma petite sœur de six ans, qui était

souffrante et très chétive. Nos parents étaient décédés quatre ans auparavant. Depuis ce jour,

j'avais la responsabilité de ma sœur, Clara. Nous étions seuls au monde. Notre village était atteint

par une extrême famine et par une terrible épidémie de Tuberculose. Toutes les semaines, il y

avait des morts. Nous étions démunis, même pour affronter le froid et Clara allait pieds nus, vêtue

de haillons. C'est ainsi qu'elle tomba gravement malade. Nous n'avions pas assez d'argent pour

payer le médecin, ni même le remède qui était pourtant vital à sa survie. Je n'avais plus qu'elle au

monde ! J'étais désespéré et ne savais plus quoi faire mais j'étais prêt à toutes les extrémités et

folies pour la sauver...

C'est alors que la légende du château me revint en mémoire. On disait qu'il était occupé par

des forces maléfiques : le diable lui-même y séjournerait ! Et que quiconque oserait y pénétrer,

perdrait la raison ou même la vie. J'espérais y trouver quelques objets précieux que je pourrais

ensuite revendre. Il y avait peut-être caché quelques parts de l'argenterie ou des chandelles de

valeur... Je ne pouvais pas amener ma sœur dans cette expédition trop risquée. Cela pouvait

aggraver sa maladie et lui être fatal ! Par conséquent, en mon absence, je décidais de la confier

aux bons soins du curé du village. Le lendemain matin, j'allais voir ce fameux château mais le

chemin pour m'y rendre n’allait pas être facile. Il me fallait toute une journée de marche. La nuit

tomba vite et je me retrouvai perdu dans une forêt effrayante. L'amour guidait mes pas et dans la

pénombre grandissante, je continuais, avec courage, à avancer. Je me sentais faible, malade et je

ressentais comme un frisson de fièvre. Est-ce une fois de plus lié à ce mal répandu dans le pays ?

Enfin, au petit jour, je l'aperçus. Ce grand et sombre château médiéval qui était à l'abandon.

Ils n’y avait pas âme qui vive aux alentours. Il était en ruine mais devait être à l'époque

majestueux. Vestige d’une grandeur disparue ! Ses remparts et son donjon étaient d’une taille

considérable. Ce château paraissait aussi effrayant. Le pont-levis était abaissé et je pouvais donc

y pénétrer facilement malgré mon mauvais pressentiment. Je ressentais en effet un danger

imminent. Une fois à l’intérieur, toutes les portes claquèrent et le pont-levis se releva brusquement

derrière moi ! J'étais prisonnier. Au-dessus de ma tête, des lustres anciens menaçaient de tomber.

Dans le hall, se trouvait une grande table d’époque entourée d’immenses chaises. Je vis plus loin,

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des escaliers en colimaçon sans en apercevoir la fin. Ils étaient piégés dans des toiles

d’araignées. Maintenant, je ne pouvais plus faire demi-tour, je devais sauver ma sœur. Le pont-

levis était relevé et il ne me restait plus qu’à monter. Une fois sur la première marche, j’entendis

quelque chose qui tomba derrière moi puis je me retournai rapidement en sursautant. Cependant,

je ne vis rien. Je montai chaque marche avec précaution, en ne posant qu’un pied sur celle-ci,

pour éviter de passer au travers. Sur les murs, j’aperçus une ombre immense qui se balançait. Je

n’osai pas lever la tête ! Soudain, je sentis comme une présence derrière moi mais ce n’était

qu’une chauve-souris. Je m’en voulais de ces sottes frayeurs et j’étais en colère contre moi-

même ! J’essayai de reprendre mes esprits et continuai ma recherche d’objets précieux au rez-de-

chaussé. Je me dirigeai vers la salle à manger où j’espérai trouver de l’argenterie. Soudain, à

l’intérieur de cette pièce en désordre, j’entendis les chaises grincer sur le carrelage en marbre.

Pourtant, j’étais bien seul dans la pièce ! Comment avaient-elles fait pour bouger ? Je fouillai dans

tous les meubles de la pièce mais ne trouvai hélas que des vieux draps plein de poussière.

J’entendis alors dans la cuisine à côté, comme un bruit rythmique et métallique. Intrigué, j’imaginai

alors de la vaisselle qu’on aurait renversée. Une fois à l’intérieur, le bruit s’arrêta net. Tout d'un

coup, je vis distinctement le feu dans la cheminée s’allumer comme par enchantement ! En bas, la

vieille horloge sonna minuit, l'heure fatidique et propice aux fantômes. Puis, tous les placards

s’ouvrirent violemment et une chandelle me fonça dessus ! Je l’évitai de peu… La seconde

d'après, tous les objets se remirent à leur place, correctement, comme si quelqu'un venait

manger. Je retournai vers la salle à manger, les chaises lévitaient à quelques centimètres du sol !

J’étais si terrorisé que je m’évanouis.

Lorsque je repris connaissance, j’étais dans une sorte de crypte car il y avait autour de moi

plusieurs cercueils. Je m’approchai de l’un d’entre eux et sur la pierre tombale, je pus lire mon

nom écrit en toutes lettres ! Une sueur froide inonda tout mon corps. Était-ce la folie, une

hallucination visuelle ? Ou bien la maladie et la fièvre qui provoquaient en moi ces délires ?

Quand tout à coup, un des cercueils s’ouvrit ! Je m’en approchai alors, il y avait bel et bien un

cadavre à l’intérieur ! Il n’avait pas l’air d’être mort depuis longtemps. En effet, le corps n’était pas

en décomposition. A son doigt, je vis une chevalière en or qui devait valoir une somme d’argent

considérable… Malgré la peur et le dégoût de toucher le cadavre, je pris la bague ! Ses doigts se

mirent ensuite à bouger ! Un frisson me parcourut de la tête aux pieds et mon cœur battait la

chamade ! Dans un grand élan, le mort se leva de sa sépulture ! Ses énormes yeux rouges,

couleur sang, me fixaient. Un râle terrible sortit de sa poitrine. Il s’élança sur moi pour m'attaquer.

Pris d’une peur insurmontable, je tombai de nouveau en syncope.

Quand je me réveillais, j’étais alors chez le curé. Ma sœur et lui, étaient assis près du lit, à

mon chevet. Le prêtre me raconta que deux promeneurs m’avaient trouvé sans connaissance sur

un sentier dans la forêt. Mes hallucinations de la nuit précédente étaient donc liées à la fièvre…

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Tout ceci n’était donc pas réel ! Je constatais avec bonheur que Clara était saine et sauve, guérie

par les bons soins du prêtre. Ivre de joie, je la serrai fort contre moi quand soudain un objet tomba

bruyamment sur le sol. Frappé d’étonnement, et pourtant elle était là à mes pieds… C’était la

chevalière en or du revenant de la crypte !

Fin.

De : Kévin FACCIN, Lucas SURE, Chloé ZANDONA et Cara BIASOTTO, avril 2017.