la centrale

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de Virginie Barreteau Mise en scène Louise Dudek Collaborateur artistique Anthony Thibault Création sonore Elisa Monteil Création vidéo Boris Carré Avec Marie Doreau Antoine Formica Fanny Santer Miglen Mirtchev Projet de création 2016 - 2017 1 avec le soutien de La Chapelle Saint-Louis (Rouen), du Théâtre des Bains-Douches (Le Havre), de Lilas en Scène et de La Fabrique Éphéméride (Val-de-Reuil)

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Dossier artistique

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Page 1: La centrale

deVirginie BarreteauMise en scène Louise Dudek Collaborateur artistique Anthony Thibault Création sonore Elisa MonteilCréation vidéo Boris CarréAvecMarie Doreau Antoine Formica Fanny Santer Miglen Mirtchev

Projet de création 2016 - 2017

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avec le soutien de La Chapelle Saint-Louis (Rouen), du Théâtre des Bains-Douches (Le Havre), de Lilas en Scène et de La Fabrique Éphéméride (Val-de-Reuil)

Page 2: La centrale

Un théâtre traversé d’échos du monde contemporainTout d’abord c’est l’écriture de Virginie Barreteau, son style sec et implacable où chaque mot est choisi et prend plusieurs sens au fur et à mesure que l’on avance dans la tragédie. C’est cet univers qui flirte avec le fantastique pour échapper au réel trop brut, trop dur. C’est ce mélange très particulier qui donne une pièce qui reste au fond de soi, après sa lecture, qui remue et qui questionne l’organisation de notre société, l’organisation sociale, l’accès à la culture, au savoir. Pas un mot de trop, pas un silence de trop. Et le manque de mots qui mène à la violence, au sang, comme si là où les mots manquent, ce que l’on y trouve, c’est la mort. Ce sont des personnages dont l’humanité est flagrante et dont la trajectoire glissante les emmène là où, bien sûr, on rêverait qu’ils n’aillent pas. Mais la tragédie les y emmène malgré nous et nous les regardons. C’est une histoire qui se dit entre les mots, dans les corps. C’est une histoire de gens qui n’ont pas les mots. Mais qui ont les corps qui crient. La mère étire les mots, les allonge, ils sortent de sa bouche et elle s’en étonnerait presque, elle tente de les retenir mais ne peut pas et c’est en gestes, en violence qu’ils se transforment. La mère qui est toujours là, toujours dans l’appartement, presque comme une ombre. Qui ne bouge que très peu, par peur. Mais qui chantonne. La fille qui parle et parle et n’arrête pas, la fille qui chante à voix haute car elle est la petite dernière, qu’elle comprend tout et sait mieux que les autres la légèreté nécessaire à la vie, mais trop petite, et personne ne veille sur elle. Le frère et la sœur qui se ressemblent, la relation fraternelle amour-fascination-haine, l’un finit les phrases de l’autre, dans les gestes, dans les regards, ils sont pareils. Le frère qui rêve, ne s’intéresse pas aux filles mais à autre chose, le frère qui disparait, qui passe des heures à observer, à rêver. Et au milieu l’absence du père, ou, plutôt, les lettres du père qui disent son absence. Le père qui envoie de l’argent et qui, malgré lui, à cause d’un retard de paiement, est à l’origine de la catastrophe, l’incendie.Louise Dudek

INTRODUCTION

« La Centrale fait place à des répliques sèches, taillées à la serpe. [ ... ] L’onirisme cède place à une réalité blafarde. Crue. [ ... ] Glauques, les personnages de Virginie Barreteau ? Leur vie l’est certainement. Mais eux vont, viennent, impuissants. Dans ce monde qui semble fait pour les autres. » Marion Aubert

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Page 3: La centrale

Un endroit en France. Un frère et une sœur. La grisaille, la pauvreté, la vraie, celle qui empêche. Et au milieu de tout ça, un endroit mystérieux, une centrale. Un lieu qui attire, qui aspire et dont on ressort transformé, quand on a eu le courage d’y entrer. La Centrale, c’est une tragédie contemporaine, un conte noir aux phrases ciselées, dont l’univers étrange flirte avec le fantastique et met en relief le réel, brut.

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RÉSUMÉ

GENÈSE

J’ai découvert ce texte lors de ma formation en master mise en scène et dramaturgie à l’université de Poitiers. J’ai eu l’occasion, avec un groupe d’étudiants, de participer en tant que dramaturge et assistante à la mise en scène, à la mise en espace de ce texte au CDN d’Orléans. Le texte avait été selectionné l’année précédente par le comité de lecture du CDN. Depuis, l’envie de le mettre en scène ne m’a pas quittée.

Page 4: La centrale

SCÉNOGRAPHIE 4

Sur scène, plusieurs espaces. Le chantier, l’appartement, la centrale.

Le chantier, comme un vaste désert, aride, coloré seulement par le ciel. Le chantier comme une expérience sensorielle qui fait écho à la première scène, des voix, des sons, une chaleur assommante, le tout mêlé. Vidéo et son pour nous y emmener.

L’ appartement, le seuil de l’appartement. Plusieurs couches de tulle, qui permettent de voir en transparence, de délimiter les espaces, de faire jouer les ombres et les apparitions et de projeter de la vidéo. Des espaces qui disparaissent, laissant apparaître d’autres espaces, comme si la vie de ces êtres dans ces lieux ne pouvait être rien d’autre qu’un étrange ballet de fantômes. Un appartement peu meublé, un banc, une chaise, peu de choses. Une fenêtre qui donne sur l’extérieur.

La sœur et le frère, habillés de façon similaire, l’un toujours avec l’autre, l’une toujours qui suit l’autre. Et les chaussures du fils, des chaussures de chantier, abîmées, récupérées certainement. Mais qui annoncent d’où il vient et ce qu’il sera.La mère, toujours dans la pénombre, dans son immense robe en tulle qui se confond avec le sol de l’appartement, une robe à laquelle s’accrochent les emballages de barres chocolatées ou de sucreries qu’elle mange et qui la clouent à la chaise dont elle bouge peu, le poid de la misère, la mère qui mange pour faire passer le temps. Le père dans son bleu de chantier. Le chantier qui les nourrit et qui leur coûte la vie.

Les lumières aux contrastes très forts entre les scènes qui se passent sur le chantier et les scènes qui se passent en intérieur, dans l’appartement. La lumière comme le fil rouge de la pièce, éléctricité ou feu, la lumière du jour, du chantier qui aveugle et qui fait perdre les sens ou la lumière si faible de la bougie, si faible qu’elle fait perdre les points de repère, et qu’elle endort. Et puis la lumière du feu, la lumière de l’incendie, la vidéo de cet incendie projetée sur les tulles.

Page 5: La centrale

Récolter des sons et des images in situ et les utiliser pour LA CRÉATION SONORE et pour la CRÉATION VIDÉO

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Note d’intention création sonore

À la lecture du texte de La Centrale, j’ai entendu les grondements de l’usine, les rythmes mécaniques, les respirations humaines et la vivacité des gestes, les voix noyées dans le bruit des machines. Puis le silence. L’absence des Hommes. Et les fantômes de ce qu’il reste d’une industrie désertée. Les souvenirs rôdent, ce sont des spectres, la centrale est un monstre endormi. Le paysage qui la cerne m’apparaît triste et tranquille, à peine quelques oiseaux, quelques voitures au loin, à peine le vent.

Mon approche du son est d’abord documentaire. Pour figurer la centrale et son environnement, pour ancrer ce travail dans une réalité toute proche, je souhaite réaliser des captations sonores. Il s’agirait alors de récolter les bruits du travail, de la manutention, des chargements et déchargements des marchandises, l’affrètement des navires, les sirènes, les voix de ceux qui sont là, qui s’activent, s’interpellent, rient ou râlent.

Le projet sonore pour cette mise en scène n’est pas de reconstituer de façon réaliste la centrale. Mais de travailler sa présence comme un lieu fantastique, à la fois intrigant et effrayant. J’utiliserai les matières sonores rapportées en les malaxant, en les distordant, en les étirant, en les assourdissant, les rendant indéfinissables, pour recréer des climats qui transposeront les émotions et les fantasmes du personnage du garçon. Comme la centrale reste plantée comme le squelette d’un corps qui a été en vie, autrefois, les sons documentaires enregistrés seront présents comme des traces d’un temps passé, des réminiscences.

Ces bruits industriels deviendront aussi ceux du chantier sur lequel se rend le garçon qui cherche son père. Ce chantier qui devient flou, lorsque le garçon s’évanouit, dans une sensation de vertige nauséeuse.

L’appartement, lui, possède peut-être une fenêtre, de laquelle nous parvient le bruit étouffé du dehors, une route, ou la pluie.

Les trois espaces scéniques de l’appartement, de la centrale et du chantier seront distingués par trois sources sonores distinctes.

Élisa Monteil

Page 6: La centrale

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Note d’intention vidéo

// ... le centre est partout, la circonférence nulle part... // J-L. Borges

La Centrale appelle a minima des images géométriques. De quel centre est-il question ? De quoi est-elle entourée ?

Peut-être de vide. D’absences en tout cas. L’absence de repères, de père, de perspectives.

Elle m’évoque en tout cas un espace un peu achronique, tendu entre la bougie et le charbon de l’ère industrielle et notre modernité nucléaire et mondialisée.

La vidéo ne saurait donc être illustrative. Elle devra chercher à suggérer. Donner puis retirer. Soustraire. Abstraire.

Le mapping vidéo permet d’utiliser l’image de manière inattendue, hors d’un cadre figé. Elle peut ainsi envahir tout le plateau ou bien n’en utiliser qu’une infime partie. Elle peut se révéler sur n’importe quel support. Elle peut être ténue, surprenante et presque imperceptible.

La création vidéo de La Centrale cherchera à créer des images qui donneraient à sentir en s’adressant de manière périphérique à l’attention.

Liée intimement à la création sonore, qu’elle contredira ou soutiendra, la vidéo sera une matière à part entière, lumineuse, qui texturera les éléments de l’espace scénique, projetée, par exemple, sur de la fumée. Elle pourra évoquer un hors-champ indistinct autant qu’elle viendra teinter l’espace mental des personnages.

Boris Carré

Récolter des sons et des images in situ et les utiliser pour LA CRÉATION SONORE et pour la CRÉATION VIDÉO

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7EXTRAIT DE TEXTE

Debouts essouflés face à la Centrale.Fille - C’est ça ! ? Garçon - …Fille - C’est tout.. ?Garçon - …Fille - C’est là que tu viens.. ?Garçon - …Fille - La centrale.Garçon - Oui.Fille - Pourquoi ?Il hausse les épaules.Tu connaissais quelqu’un ?Garçon - Pourquoi ?Fille - Comme elle a fermé.Garçon - C’est pas vrai.Fille - Depuis longtemps.Garçon - C’est pas vrai.Fille - Si. Elle est fermée depuis longtemps.Garçon - Non.Fille - Si ! Un matin les ouvriers sont venus comme d’habitude mais il n’y avait plus rien. C’était vide.Garçon - C’est impossible.Fille - Je l’ai lu dans les journaux.Garçon - Tu les crois ?Elle hausse les épaules. Temps.Tu n’entends pas le bruit des machines ?Elle hausse les épaules. Temps. Il la regarde. La plaque au sol.Tu sens pas comme ça vibre ?Elle fait non de la tête. Il la lâche. Sont assis tous deux. Face à la centrale.Fille - Je te dis qu’elle est vide.Il hausse les épaules.Elle est fermée depuis longtemps.Il hausse les épaules.Tu pouvais pas savoir. Tu entendais.Le vent qui siffle. Une vraie passoire. Ça fait longtemps tu sais.Temps. Il fait non de la tête.Garçon - C’est impossible.Fille - Je l’ai lu.Temps. Il surgit debout avec tous ses membres im-puissants il frappe. Le ciel de ses poings. Sa sœur de ses pieds. Il arrête. Semble calmé. Ou se contient. La fille resurgit à nouveau. Assise. Des ecchymoses sur la figure et le corps.

Je vais voir.Garçon - Non !Fille - Seul moyen de savoir.Se lève. Va lentement mais droit à la centrale pendant tout le dialogue qui suit. Jusqu’à y disparaître complètement.Garçon - De quoi je me mêle ?Fille - Tu veux pas me croire !Garçon - Ça te regarde pas.Fille - Ça nous regarde. Elle est vide.Garçon - N’y va pas. Elle fonctionne !Fille - Plus. Elle est vide…Garçon - Arrête !Fille - Tu peux venir avec moi…Garçon - C’est dangereux !Fille - C’est vide.Garçon - Arrête !Fille - Quand tu verras tu auras des raisons de frapper.Garçon - Je reste là.Fille - Quand tu verras…Garçon - Arrête !Fille - Tu veux pas savoir…Garçon - Reviens !Fille - Quand tu sauras tu auras des raisons de frapper…Garçon - Arrête !Fille - Je veux voir…Garçon - Mais puisqu’il n’y a plus rien à voir !Fille - Tu vois tu admets…Garçon - Rien du tout. Reviens ! C’est dangereux !Fille - Mais puiqu’il n’y a plus rien…Garçon - Elle fonctionne je te dis !Fille - Elle est vide je te dis…Garçon - Pourquoi j’entends.. ?Fille - Quand tu viendras…Garçon - Elle fonctionne je te dis !Fille - Dans ta tête…Garçon - Reviens !Elle a disparu.Reviens ! Oh ! Oh !Temps.Viens ! Oh !Il frappe de tous ses membres impuissants la terre et le ciel. Il arrête. Semble calmé. Ou se contient. Reste longtemps à attendre. Face à la centrale. Le jour tombe…

Page 8: La centrale

Virginie Barreteau

Virginie Barreteau est comédienne, auteure et metteure en scène. Formée au Conservatoire National de Région de Bordeaux puis à l’Atelier Volant au Théâtre de la Cité à Toulouse, elle joue sous la direction de Jacques Nichet, Jérôme Hankins, Richard Mitou...

En tant qu’auteure, elle écrit en 2002 Le Crachoir qu’elle met en scène à Gaillac. Puis Le Geste des endormis ( 1er prix au Concours d’Écriture Dramatique de Guérande ) qu’elle crée trois ans plus tard à Bordeaux pour le festival Prémisses en Scène. Elle travaille régulièrement en tant que comédienne et/ou assistante à la mise en scène avec la Cie Tire pas la Nappe ( Marion Aubert et Marion Guerrero ). En 2006, elle fonde, avec les comédiens Yves Arcaix et Sophie Merceron, le café littéraire L’Ogre à Plumes ( Paris xie ).

Éditée chez Quartett, elle écrit une dizaine de pièces. Elle crée Machine au Glob Théâtre à Bordeaux en décembre 2012, avec la Cie La Nageuse au Piano.

L’AUTEURE

EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAUDANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ

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La famille en catastrophe

S.D. On va précisément essayer de déterminer ce que raconte ton théâtre. Une question que je me suis posé en préparant l’entretien, c’était de savoir si un motif thématique traversait toutes tes pièces. Il y a un élément constant, c’est celui de la famille, tant celle dont on hérite que celle que l’on choisit, comme le dit Lagarce dans Le Pays lointain ( 1995 ).

V.B. Effectivement, il y a toujours une famille — une famille tronquée : il y a toujours la mère et les enfants ; et pas de père, rarement là. Dans La Centrale ( 2005 ), il est absent ; dans Plage ( 2010 ), on n’en parle pas ; dans Hinterland ( 2006 ), les hommes sont absents mais ils sont en train d’arriver. L’autre motif c’est celui de l’enfermement. Mes personnages sont souvent comme emprisonnés, pris au piège de leur condition humaine. Mais ils ont la volonté de s’arracher à une situation, à une communauté, à une maison ... Dans Plage, la Mère et le Fils sont censés trouver le bonheur dans un espace qui lui est dédié, un espace factice, recomposé, mais même là, ils ne peuvent pas rester en place.Il y a l’impuissance aussi, l’empêchement. L’impossibilité d’aller au-delà, de faire un pas, de sortir de soi. Mes personnages vont à la découverte d’eux-mêmes ; ils ne savent pas qu’ils vont devoir faire un pas pour comprendre quelque chose.

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S.D. C’est particulièrement vrai du Fils dans La Centrale confronté à la mort de sa mère et de sa sœur, contraint de quitter le lieu où il vit pour aller retrouver son père.

V.B. Oui. Dès le début de la pièce, le fils apparaît fasciné par la centrale qui se trouve près de chez lui, espace protégé, espace interdit. Est-ce qu’il rêve d’un ailleurs ? Est-ce que c’est l’endroit du père? Est-ce qu’il est face à une construction, une architecture qui lui échappe, comme un mystère qu’il veut comprendre ? Il se tient immobile face à cette centrale. Il reste immobile longtemps, avec cette tension, et quand il part retrouver le père, il marche comme s’il n’allait plus s’arrêter ( mais c’était à l’œuvre avant, il fallait un déclencheur ). Dans La Geste des endormis aussi, il y a comme un rite de passage. Dans Hinterland aussi. Cette fois-ci on le met en place, on le cherche, à la manière de somnambules, on tâte pour voir où ça va flancher, s’ouvrir, changer.

S.D. Autre motif majeur de ton œuvre, la catastrophe — terme qui, dans la poétique classique, désigne le dénouement. Ton théâtre est traversé de catastrophes qui n’arrivent pas nécessairement au dénouement.

V.B. Non souvent, ça commence avec une catastrophe.

S.D. C’est vrai dans Hinterland qui s’ouvre sur le malaise de Madeleine. Dans La Centrale, la catastrophe est surtout prégnante à la fin : c’est à ce moment-là qu’on la comprend même si elle est convoquée dès le début, dans une scène de flashback. Le Geste des endormis se referme sur un triple meurtre. Pourquoi cette présence de la catastrophe ?

V.B. C’est vrai que dans toutes les pièces il y a des meurtres, des morts, des gens qui s’évanouissent ... Il y a toujours ça : des gens qui tombent ou qui meurent. Il y a toujours un malaise physique. Dans Le Geste ..., la mort est un passage. Les enfants reviennent, ressuscitent dans l’histoire originale ( celle de saint Nicolas ) ; dans la pièce, ils sont là à nouveau comme s’ils se réveillaient, ouvraient les yeux, et chantaient la chanson ( d’origine ) et peut-être n’ont-ils fait que chanter et imaginer cette histoire. Il y a donc une sorte de renversement par lequel on se retrouve comme au début de la pièce, comme si rien n’avait bougé. Il s’agit de petites morts symboliques. Je ne crois pas être dans un théâtre réaliste : ce sont rarement de vraies morts. Elles servent à franchir quelque chose, une étape. Dans La Centrale, la mort de la Mère et de la Sœur permet au Garçon de franchir une étape.

S.D. C’est aussi ça qui est surprenant : il y a une surprésence de la catastrophe — qui n’apparaît pas immédiatement : c’est en y repensant qu’elle m’a sauté aux yeux — et une volonté de travailler sur un refus de l’action, avec des personnages qui sont posés là et qui ne se racontent rien. C’est le cas dans Plage notamment, pièce qui est le fruit d’une commande.

[...]

9EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAUDANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ

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L’individu et son environnement, le théâtre et le monde

S.D. Il y a une autre thématique importante dans tes pièces, c’est l’individu et son environnement : le Fils et la centrale dans La Centrale, la fratrie et la forêt dans Le Geste ..., les hommes et la cuvette dans Hinterland.

V.B. Écrire du théâtre pour moi, au départ, c’est écrire des voix dans un espace. Il y a donc d’abord un espace et le rapport des voix dans cet espace. Je ne sais pas si c’est lié. Dans mes pièces, il y a en effet un attachement au lieu, à l’environnement, un rapport sensible, et c’est là qu’on rejoint sans doute les Symbolistes.

S.D. Dans tes pièces, il y a donc un rapport tendu, ambigu, entre des personnages fermés, repliés sur eux-mêmes — c’est particulièrement vrai dans Plage où la troisième voix pose, en ouverture de la pièce, une dissociation entre le monde et la scène : « Dans cette pièce, autrement appelée “ Plage ”, on préférera mettre de côté les affaires courantes » — et le monde. Seuls certains personnages font le pas et vont à la rencontre du monde, comme dans La Centrale. Aller vers le monde, c’est souvent faire surgir des problématiques contem-poraines : le chômage, les délocalisations, etc. Quel rapport entre le théâtre et le monde pour toi ?

V.B. À chaque pièce, je me pose cette question-là. Et j’ai toujours l’impression d’être en retard, de ne pas être suffisamment clairvoyante, de manquer de distance. Et puis on ne sait pas toujours comment ça resurgit dans l’écriture mais ça resurgit. Je ne me dis pas : « ah, je vais écrire une pièce sur le chômage », par exemple. Mais en tous les cas, comment parler du monde aujourd’hui, c’est une question évidemment que je me pose.Et pourquoi écrire ça aujourd’hui? Et comment ? Ça n’est pas très confortable, ça peut être aussi très décevant : on peut ne pas réussir, à dépasser une question, à comprendre de quoi on parle, à élucider un problème par la pièce.

S.D. Tu n’écris donc pas un théâtre à vocation politique mais traversé d’échos au monde contemporain.

V.B. Non, je n’écris pas un théâtre politique. Je n’ai pas la volonté de délivrer un discours, une pensée. Si c’était le cas, je n’écrirais pas du théâtre, je crois.

[...]

10EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAUDANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ

Page 11: La centrale

Je vais te donner une bonne raison de crier m.e.s Rebecca Chaillon. Assistante à la m.e.s L’Estomac dans la peau m.e.s Rebecca Chaillon Dramaturgie et assistante à la m.e.sStage AFDAS avec Jean-Yves Ruf, mettre en scène : diriger ou accompagner, TNSEt je resterai la toute la nuit sans faillir m.e.s L. Dudek et A. Lameda-Waksmann La Fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer m.e.s Louise Dudeket Alexis Lameda-WaksmannJours souterrains. m.e.s Jacques Vincey. Assistante à la m.e.sL’Entêtement. m.e.s E.Vigier, M. Di Fonzo Bo. Assistante à la m.e.s La Centrale. Mise en espace CDN d’Orléans. Dramaturgie et assistanatParticipation au comité de lecture du CDN d’OrléansStage avec Elise Vigier et Nanténée Traoré sur Louise, elle est folleLes Crimes exemplaires. m.e.s d’Alexis Lameda-Waksmann. Collab. Artistique Elspeth. m.e.s de Jim Fitzmorris. Lab theatre, Nouvelle-Orléans, États-Unis, actrice Aye. m.e.s de Jim Fitzmorris, Lab theatre, Nouvelle-Orléans, Etats-Unis, actriceManger m.e.s collective «Les Chaussettes rouges» et Jacques Vincey Le Cervd... et Sous influence. m.e.s Louise DudekSOAP. Ecrit et mis en scène par Anne-Marie Ouellet, actrice

Atelier classe preparatoire conduit par Stanislas Nordey à La Colline. Assistant de Valérie Dréville, Jean-François Sivadier, Nicolas Bouchaud, Emmanuelle Huynh, Agnès Godard.Kojiki m.e.s Yan Allegret. Assistant m.e.s et dramaturge.Collecte de rêves m.e.s Yan Allegret. Collaborateur artistique. St Ouen. La Réunion. Maison d’arrêt Fleury-Merogis.Lucia di lammermoor, m.e.s Stanislas Nordey. Assistant m.e.sPar les villages, m.e.s Stanislas Nordey. Festival d’Avignon 2013. Assistant m.e.sNeiges m.e.s Yan Allegret. Assistant m.e.sAtelier d’ecriture et de jeu à La Colline, théâtre national, assistant dramaturge et assistantm.e.s. de Stanislas Nordey, Leslie Six, et Thierry Parret.Trois folles journees, m.e.s Sophie Lecarpentier. Assistant m.e.sMary mother of Frankenstein m.e.s Claude Schmitz, Le Groupov. Assistant m.e.s, dramaturge.Un uomo di meno, m.e.s Jacques Delcuvellerie, Le Groupov. Comédien, assistant m.e.s Membre du comité de lecture du CDN d’Orléans, conduit par Arthur Nauzyciel.

11LOUISE DUDEK - Mise en scène

Diplômée du conservatoire du xxe arr. de Paris, en master mise en scène et dramaturgie à Poitiers et en master littérature anglophone option théâtre contemporain à Paris IV.

2015 /2014

2013

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2013 /2011

2012

2011

2010

2009

2008

2007

2006

2005

ANTHONY THIBAULT - Collaboration Artistique

Diplômé d’un master professionnel dramaturgie et mise en scène à l’université de Poitiers, et d’un master recherche Etudes théâtrales à l’université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

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Chantier nomade – Yann-Joël Collin et Laurent Pawlotskyla caméra, nouveau partenaire théâtrale - Pavillon Mazar - Toulouse

Une Famille aimante mérite un vrai repas – Julie Aminthemise en scène Dimitri Klockenbring – Théâtre Le Lucernaire

Caudry Factory – JT14 – Nouveau Théâtre de Montreuil CDN

Yvonne princesse de Bourgogne - Gombrowicz -Festival d’Avignon OFF Théâtre des Lucioles

L’Enfant-drame rural - Carole Thibaut. Mise en scène Carole Thibaut Théâtre de la Tempête - Cartoucherie

Claus Peymann et Hermann Beil sur la Sulzwiese - Thomas Bernhardmise en scène Fanny Santer et Géraldine Szajman - Confluences - Festival Péril jeune

Yvonne princesse de Bourgogne - Gombrowicz. Mise en scène Anne Barbot Théâtre Romain Rolland - Villejuif

Opus Magnum d’Olivier PY. Mise en scène d’Oliver PY - Conservatoire

La Troade — Robert GARNIER. Mise en scène Nada Strancar - Conservatoire

Henri IV / Richard III — Shakespeare. Mise en scène Yann-Joël Collin - La Fémis

12FANNY SANTER - Comédienne - La Mère

MARIE DOREAU - Comédienne- La Fille, La Femme

2014

2014 /2015

2013 /20142013

2012 /2013

2012

2011 /2013

2011

2010

2009

Formée au cours Florent puis au CNSAD.

Je vous demande la route, texte et m.e.s Christine Deroin

Ana, chorégraphie Célia Chauvière et Marie Doreau

L’Échange de Claudel, m.e.s Grégory Benoit

Amerika, suite de Biljana Srbjanovic, m.e.s Christophe LemaitreUn bon petit diable, d’après la Comtesse de Ségur, m.e.s Yveline Hamon et Jean-Louis Martin-Barbaz

Le Nerf de la guerre, m.e.s Hervé Van Der MeulenL’île des esclaves de Marivaux, m.e.s Chantal DéruazLa Dame de chez maxim de Feydeau, m.e.s Hervé Van Der Meulen

La Savetière prodigieuse de Garcia Lorca, m.e.s Nathalie TexierLa Caravane, m.e.s Véronique Widock et Elisabetta Barucco

Le Collier d’Hélène de C. Fréchette, m.e.s Célia Chauvière

La Mouette de Tchekhov, m.e.s Grégory Benoit

Formée au conservatoire du xiiie arr. de Paris puis au studio d’Asnières, CFA des comédiens.

2013 /20142012 /20142011 /20132011 /2012

2010 /2011

2009 /2010

2007 /20082006 /2009

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13

La fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer m.e.s L. Dudek et A. LamedaNorma Jeane m.e.s John Arnold ( Théâtre 13 )

Mère Courage et ses enfants de Brecht m.e.s Gerold SchumanLa farce de maître Pathelin m.e.s J-M AllocheQuelque chose de commun écriture collective m.e.s Juliette PeytavinLe malade imaginaire de Molière m.e.s Claude Stratz ( Tournée Officielle en ASIE de la Comédie Française )Norma Jeane m.e.s John Arnold ( Théâtre des Quartiers d’IVRY et tournée 2012-2014 ) Amphitryon de Molière m.e.s Jacques Vincey ( Comédie Française )Elève-comédien de la Comédie Française :L’Avare de Molière m.e.s Catherine HiegelLes Oiseaux d’Aristophane, m.e.s Alfredo Arias,Les Habits neufs de l’Empereur d’Andersen, m.e.s Jacques AllaireUn Fil à la patte de Feydeau m.e.s Jérôme DeschampsL’Opéra de Quat’sous de Brecht m.e.s Laurent PellyLecture de textes d’Antonin Artaud m.e.s Jerome PoulyPeanuts de Fautso Paravidino, m.e.s Marie-Sophie FerdannePauvre Julien de Jehan Rictus m.e.s Felicien JuttnerLe Journal d’un fou Nikolai Gogol , m.e.s Mikael TeyssiéLa Cantatrice chauve Ionesco, m.e.s Alain Terrat.-Joël Collin - La Fémis

2014

2013 /20142012 /2013

2011 /2012

2010 /2011

2010

2008

ANTOINE FORMICA - Comédien - Le Fils

Formé à l’ERAC et à la Comédie Française.

MIGLEN MIRTCHEV - Comédien - Le Père

Lulu de Frank Wedekind, msc de Thomas MatalouMère Courage de B. Brecht, msc Jean BoillotLe Roi de la Tour du grand horloge de W.B.Yeats, msc Eram SobhaniMais n’te promène donc pas toute nue de G.Feydeau, msc Sandrine Lanno AII Rh+ de Nicoletta Esinencu, msc Michèle HarfautDemain la belle msc Jérôme SavaryLe Manteau adaptation et msc Laurent MaklèsCafé noir pour rose rouge texte et msc Igor FuttererIrma la douce msc Jérôme SavaryLa dernière nuit de Socrate de Stéphane Tsanev, msc Alexandre TchobanovLa Périchole msc Jérôme SavaryLe Jardin des délices texte et msc Jacques Roux

American Buffalo de David Mamet, msc Gilbert TiberghienOedipe – Oedipe msc Jacques RouxLa Mort véridique de Jeanne D’arc de Stéphane Tsanev, msc Gilbert Tiberghien Jeunes Filles seules ... de Enzo Moscatto, msc Arturo CarusoOpera Nostra msc Gilbert TiberghienLa Nuit au cirque et Amphitryon msc François RancillacLa Cerisaie msc Jean-Yves SimonL’éloge de la chose de Jean-Daniel Magnin, msc Norma GuevaraLa Route des épices msc Claire Benjamin RADIX msc Jean-Michel BruyèreLa Taverne du diable msc Claire Benjamin

Formé au CNSAD de Sofia.

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La compagnie a été fondée autour de deux spectacles jeune public, dont une écriture de plateau et une écriture originale d’après les contes de Grimm et d’Andersen.Au centre de notre recherche il y a l’écriture, sous toutes ses formes : textes contemporains, écriture de plateau ou adaptations de textes, pour le jeune et le tout public, et des textes ancrés dans la société dans laquelle nous évoluons.Nous faisons à la fois des spectacles dits « jeune public » et « tout public » car nous voulons interroger la société dans son ensemble.Nous voulons faire du théâtre un lieu de vie et de questionnement, il s’agit d’interroger le plateau, les textes et les spectateurs, d’élargir notre champ d’impact, de chercher d’autres lieux, d’autres espaces.Au-delà d’un acte de diffusion des textes, c’est une volonté de réflexion en amont, pendant et après les spectacles.

En 2011-2012, et 2013-2014, la compagnie M42 est en résidence Carte blanche à la jeune création à l’espace Icare à Issy-les-Moulineaux.En 2012-2014, la compagnie M42 est en résidence au théâtre le Hublot, à Colombes.2012: La fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer2013: Et je resterai là toute la nuit sans faillir2014: Recréation de La fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer

www.compagniem42.com

14LA COMPAGNIE M42

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Administration / productionAmandine Baumann [email protected]

ArtistiqueLouise Dudek06 45 51 69 51 [email protected]

Siège social8 rue du Fort-Châtillon 76200 Dieppe

SIRET: 527 541 767 00028Licence d’entrepreneur de spectacles n° 2-1051115

Graphisme & mise en pageAlice Saey

INFORMATIONS PRATIQUES

CALENDRIER 15

Périodes de résidenceDu 2 au 7 avril 2016 au Théâtre des Bains-Douches, Le HavreDu 29 février au 10 mars 2016 à La Fabrique Éphéméride, Val-de-Reuil

Présentation de maquette Le 08 avril 2016 à La Fabrique Éphéméride à Val-de-Reuil, dans le cadre des “Secrets de Fabrique”.

Une captation de la lecture du 12 juin 2015 à la Chapelle Saint-Louis est disponible sur demande.

Présentation de maquette à Lilas en Scène (Les Lilas) le vendredi 20 mai 2016.