la bibliothèque comme lieu de cohésion sociale

Voyage d'étude en Allemagne Du 12 au 16 octobre 2009

organisé par la Bibliothèque publique d'information

La bibliothèque comme lieu de cohésion sociale



Cologne

Bochum

Brême

Hambourg

Berlin

PROGRAMME

Berlin



SOMMAIRE

I – Présentation rapide des bibliothèques

II – Des bibliothèques en prise avec la vie quotidienne des usagers

III – Une offre « loisirs » très étendue

IV – Une approche marketing assumée



I – Présentation rapide des bibliothèques



StadtBibliothek Köln / Cologne

Habitants : 1 million

Taux de chômage : 8%

1 bibliothèque centrale11 annexes

41 h d’ouverture sur 5 jours

100.000 inscrits

7,1 millions de prêts par an

Deux fonds très développés en Allemagne :les livres audio et les partitions



StadtBücherei Bochum

Habitants : 370.000

Taux de chômage : 10%


53h d’ouverture sur 6 jours

26.000 inscrits


500.000 euros / an d’acquisition

Personnel 90 ETP

Bochum est une ville de l’aire métropolitaine de la Rhur (capitale européenne de la Cultureen 2010), avec Essen, Dortmund, etc.



StadtBibliothek Bremen / Brême

Habitants : 545 000 hab

Taux de chômage : 15 %

1 bibliothèque centrale7 annexes (+ de 20 bib. fermées depuis 10 ans)

50 h d’ouverture

57.000 inscrits


Zone de lecture de la presse

Banques automatiquesDesign dans une bib. de quartier



Bücherhallen Hambourg

Habitants : 1,7 millions hab

Taux de chômage : 9 %


44 h d’ouverture

141.000 inscrits

12 millions de prêts par an

Système de retours des docs



E-learn bar (Zentral- und Landesbibliothek) Berlin

La ZLB en chiffres :Fonds : 3,2 M de documents (dont 80% en magasins)Prêt : 4,2 M de prêts par anInscriptions : 99 802 inscrits Fréquentation : 8 000 usagers par jour Employés : 327 (dont 161 fonctionnaires)Places : 765 (dont 213 places informatiques)Horaires : 303 jours d’ouverture par an, 64 h hebdomadaires



II – Des bibliothèques en prise avec la vie quotidienne de la population



Des services spécialisés sur la recherche d’emploi

La bibliothèque centrale de Cologne propose un service dédié à la formation et à la recherche d’emploi. On y trouve :

- des postes autoformation- une salle de formation- de nombreux manuels scolaires- des méthodes d’apprentissage

avec un axe très fort sur les langues- des ouvrages de pédagogie- des techniques de recherche d’emploi

On notera aussi un projet à Hambourg : création d’un espace incluant presse, internet et autoformation (une trentaine de postes au total) + une salle de formation à part.



Des services spécialisés sur la recherche d’emploi

La bibliothèque centrale de Bochum propose un service spécifique appelé Job-Karriere-Bibliothek inauguré en 2002 et financé grâce à la Fondation Bertelsmann. Cet espace est dédié uniquement à la recherche d’emploi et à la création d’entreprises.

Horaires : 53h par semaineSuperficie : 160 m²PC : 8 dont deux avec scanner et graveurFonds : 4 000 ouvragesPrêts par an : 18 000

Gère un site spécialisé avec conseils, signets et compte rendu de lectures :www.job-karriere-bibliothek.de

La JKB est présente, par un stand, lors des grandes foires ou salons sur la thématique de l’emploi et de la formation.



Des services spécialisés sur la recherche d’emploiLa bibliothèque centrale de Berlin (ZLB) offre au public un espace indépendant : le e-learn bar. C’est un espace d’autoformation, sans collection imprimée, proposant des postes informatiques avec accès internet, bases de données en ligne, ressources d’autoformation, etc.

Personnel : 3 postes mais 5 personnes (1 bibliothécaire et 4 assistants)Postes : 34 postes en réseau et 1 poste Photoshop, 300 m²Offre documentaire : 80 didacticiels en ligneBudget : 18 000 €Fréquentation : 100 usagers par semaineHoraires : lundi au vendredi 13h – 19h

Accès à de très nombreuses ressources d’auto-apprentissage en langues, en informatique (parfois des logiciels complexes). Néanmoins succès relatif car entrée cachée et emplacement dans un quartier peu vivant (musées surtout)



Une utilisation systématique des services en ligne

Toutes les bibliothèques visitées proposent des services en ligne performant, avec bien souvent des ressources d’autoformation.

Il faut dire qu’en Allemagne la notion de consortium n’est pas un vain mot. 121 bibliothèques participent à une offre unique :http://www.onleihe.net/ , offre complète proposant livres, vidéos, musique et journaux (ce qui n’est pas le cas en France).

La durée de prêt « virtuel » est différente selon le support : 1 jour par exemple pour un magazine récent.

L’offre en ligne la plus complète est proposée à Hambourg avec un abonnement spécifique pour la formation en ligneLa consultation est gratuite avec la carte de la bibliothèque.

Carte du réseau des bibliothèques du consortiumOffre en ligne - presseAutoformation en ligne - Hambourg



Une attention toute particulière aux populations immigrées

Toutes les bibliothèques sont très attentives aux populations étrangères, notamment à travers une approche linguistique. Des politiques d’acquisitions et de médiations volontaristes sont menées.Cologne : intégration dans un programme gouvernemental d’intégration des immigrés (1€ par cours). Visites spécifiques pour faire connaître la bibliothèque (orientation simple puis exercices opac et enfin visites en famille…). Travail avec les centres d’alphabétisation.

Brême : travail sur le réseau, avec les bibliothèques de quartiers. Ateliers avec des jeunes immigrés à partir de panneaux de signalisation, création de contes en allemand, partenariats avec de nombreuses associations turques, édition d’un livret pour les petits en 7 langues…



Une conception plus large des missions des bibliothécaires

Les activités sociales peuvent paraître surprenantes, à nous bibliothécaires français. En effet nous n’avons pas encore (ou peu) une approche sociale de nos missions. Les bibliothèques allemandes travaillent beaucoup dans le cadre de programmes officiels et mènent eux-mêmes des ateliers d’alphabétisation, de socialisation à travers le livre et la lecture.

Bien évident le contexte n’est pas le même : les modes de recrutement sont différents et certaines bibliothèques peuvent engager des personnes au profil « alphabétisation ». De plus, les bibliothèques allemandes, même de grandes villes, ont une culture « bénévoles » que nous n’avons pas en milieu urbain.

Alors que les bibliothèques allemandes visitées communiquent beaucoup sur ce thème-là (sur leurs sites Web, par l’intermédiaire de flyers), leurs homologues françaises ne communiquent bien souvent que sur du « culturel » strict (lecture, conte, etc.).

Enfin, la notion de réseau est très bien appréhendée car la politique de la bibliothèque dans ce domaine est menée globalement sur l’ensemble du réseau des bibliothèques…



Une classification accessible au plus grand nombre

Toutes les bibliothèques visitéesutilisent une cotation incluant un mot-matière destiné à rendre compte immédiatement du contenu principal de l’ouvrage. Ce système, encore assez peu répandu dans les bibliothèquesde lecture publique en France, permet de survoler un rayonnage sans connaître les subtilités d’une classification décimale. Il s’adresse en particulier aux populations fréquentant occasionnellement les bibliothèques.Autre avantage : le mot-clé choisi précise une indexation Dewey parfois approximative pour des fonds spécialisés (comme l’emploi, la formation, etc.).

Fonds « examens », CologneJob Karriere Bibliothek, BochumBibliothèque de BrêmeBibliothèque centrale, Hambourg



Aménager des bibliothèques dans des lieux de passage

Nous avons visité deux bibliothèques de quartiers situées dans des centres commerciaux. Cette démarche est intéressante (et existe en France aussi) car elle s’inscrit dans un lieu de vie et de flux important.

Les aménagements intérieurs sont très agréables et les collections présentées sont en adéquation avec la venue d’un public parfois défavorisé : cotation simple, mobilier et décor chaleureux, collections aérées.



Néanmoins une politique tarifaire complexe

Bémol à toutes ces activités « sociales : la politique tarifaire. Aucune bibliothèque en dehors de la ZLB de Berlin ne propose une gratuité totale :

Cologne : 23.50€ adultes, 18.50€ chômeurs, 1€ par cd, dvd, cdroms…

Bochum : 18€ adultes , 7€ chômeurs et enfants

Brême : 25€ adultes, 15€ chômeurs, consultation internet 10€ par an

Hambourg : d’une complexité étonnante : http://www.buecherhallen.de/go/id/qm/

Parfois paiement des cours ou de l’accès internet (à la ½ heure)

D’après un des responsables, il n’existe pas d’office national type Pôle emploi en Allemagne (avec une carte d’affiliation). De plus chaque länder mène une politique indépendante en matière d’emploi. En revanche, les bibliothèques allemandes ont généralement une carte famille intéressante permettant d’inscrire tous les membres pour 20€ environ.



III – Une offre « loisirs » très étendue



Des jeux dans les collections…

L’approche « loisirs » est beaucoup moins empreinte de préjugés que nous. Les jeux (de plateau ou vidéo) sont au cœur des collections au même titre que des cd ou de dvd.

On notera que les jeux concernent à la fois les enfants et les adultes.

On trouve ainsi des jeux vidéo à emprunter (notamment de console wii, console « transgénérationnelle ») en section adultes.

En France le prêt de jeux vidéos demeure ultra minoritaire et est entouré d’un certain flou juridique



Préparer ses vacances à la bibliothèque en buvant un café

Les collègues d’outre-Rhin sont souvent surpris par nos règles strictes : la plupart du temps il est possible de boire ou de grignoter dans une partie des collections de lecture publique, partant du principe qu’un document n’est pas plus exposé que chez un lecteur.

Bien souvent, une restauration rapide est proposée à côté de la bibliothèque.

Le côté pratique, les voyage par exemple, est très bien mis en valeur : nombreuses cartes de randonnées, guides touristiques, plans, dvd de tourisme.



Tout se joue dès le plus jeune âge…

De manière générale, on peut constater une volonté forte d’attirer le public enfant, et ce dès le plus jeune âge. Certes, les espaces jeunesse ne sont pas toujours très chaleureux (dépendent des moyens financiers alloués) mais globalement les bibliothèques mettent en place des activités associant les enfants ; les enfants ne sont pas des simples usagers, mais des acteurs :

-Cologne et Bochum : carte à tamponner dans le cadre d’activités-lecture. Au bout de 8 visites, un bon cadeau sous forme de livre.

-Brême : utilisation d’une mascotte (Kessi) auprès des centrés aérés, des pédiatres… http://www.rabe-kessi.de

-Hambourg : création d’un site Web spécial pour les enfants, très ludique :http://www.buecherhallen.de/aw/~gtn/kibi/



Des espaces pour ados

Le débat semble tranché en Allemagne : les jeunes ont droit à un espace particulier. L’approche est différente par rapport à la France : les bibliothécaires ont toujours peur de stigmatiser cette tranche d’âge. Et quand une bibliothèque créé un espace de ce type, elle invente un nom pour cacher la réalité(« intermezzo » par ex.).

L’Allemagne a très bien compris qu’il existe aujourd’hui une culture spécifique des « jeunes » plus large que l’adolescence, entre 12 et 25 ans (et + parfois !) basée sur l’internet, la musique en ligne, les jeux vidéo. Pourquoi le nier ? N’est-ce pas « assez culturel » ?

Création de « theme box »



Des espaces pour ados

La bibliothèque d’Hambourg a créé des espaces pour les jeunes appelé « Hoeb4U » avec des collections adaptées.

Deux choses à noter : elle commence à en installer dans des bibliothèques de quartiers à forte population jeune. Il est intéressant de voir que des services novateurs débutent d’abord dans des quartiers avant la centrale elle-même.

Autre point, un site Web spécifique a été lancé en direction de cette catégorie d’usager avec la distribution de cartes gratuites promotionnelles dans la ville.

http://www.buecherhallen.de/aw/~fbw/hoebu/



Les « best-sellers »

La gestion des best-sellers est d’inspiration anglo-saxonne : elle satisfait l’exigence de l’usager mais en contrepartie il doit payer environ 2€ par prêt. La bibliothèque peut acheter autant d’exemplaires que nécessaire. Le prêt payant est maintenu tant que l’ouvrage reste dans le classement Der Spiegel.

La vente issue du désherbage est permanente, à l’entrée de toutes les bibliothèques (1€ max le livre)



IV – Une approche marketing assumée



Une attention particulière à la signalétique

-Des plans à l’entrée de toutes les bib.

-Signalétiques en hauteur

-Bornes tactiles

-Plans modulables

Cologne : plan d’accueil aimantéBrême



Le merchandising « bibliothèque »

Les bibliothèques étudiées n’hésitent pas à distribuer ou à vendre des produits faisant la promotion de l’établissement. Cela va du simple stylo à des produits plus élaborés. Ainsi la bibliothèque de Brême distribue des bavoirs, au sein de pochettes promotionnelles, auprès des pédiatres et des centre de santé de la ville. Aller à la bibliothèque est une démarche essentielle, dès le plus jeune âge !

A Cologne, la bibliothèque centrale prête des parapluies (au même titre qu’un livre – avec un système de code à barre) arborant le logo de la bibliothèque.

Prêt de parapluies, sur cartes de lecteurs

Produits dérivés - Brême



La bibliothèque dans la ville : les musiciens de Brême

La ville de Brême met en avant le célèbre conte des frères Grimm, Les musiciens de Brême. Les quatre animaux, juchés les uns sur les autres, sont devenus le véritable emblème de la ville. Depuis 7 ans la bibliothèque municipale a conçu une nouvelle représentation des musiciens pour en faire des lecteurs.

Ainsi, chaque bibliothèque du réseau arbore fièrement une sculpture des « lecteurs » de Brême ; plus encore, des sculptures de ce type – toutes originales – sont dispersées dans la ville ; un excellent exemple d’utilisation de la culture populaire au service de la communication de la bibliothèque.

La sculpture originale

« Les lecteurs », partout dans la ville



Le sponsoring

Dans un contexte de crise, les bibliothèques cherchent des financements nouveaux. Les sociétés privées ne financent pas l’activité principale mais plutôt des opérations particulières, voire des réhabilitations de bâtiment. Notons que ce type de mécénat est courant en Allemagne, notamment depuis la réunification : des sociétés privées aident des services publics à rattraper le retard en ex-Allemagne de l’Est.

La fondation Bertelsmann intervient aussi dans le champs culturel.

De nombreuses activités liées à l’intégration des populations immigrées sont « sponsorisées ».



Conclusion

Les bibliothécaires allemands savent accueillir…



Conclusion

Les bibliothèques publiques allemandes ne diffèrent pas tant que ça des nôtres ; nous n’avons pas ressenti un « fossé » (cf. bibliothèques scandinaves) ; la plupart d’entre elles connaissent des difficultés financières ou de rénovation de locaux. Bien que de manière générale l’approche gestionnaire de la bibliothèque soit plus libérale que chez nous (tarifs, mécénats, best-seller etc.), nous pouvons dire que la satisfaction de l’usager « du client » n’est jamais perdue de vue :

- les bibliothèques sont inscrits pleinement dans la vie locale, citoyenne- le marketing est très présent- le rôle social est aussi important que l’offre « loisirs » ou « culturelle »- la formation (en direction des usagers) est une composante essentielle du métier- les bibliothécaires se posent moins de questions quant aux supports prêtés : jeux de plateau, jeu vidéos, etc.- prise en compte de la culture « jeune » d’aujourd’hui (cf enquête Donnat

2009)- offre en ligne essentielle

la bibliothèque comme lieu de cohésion sociale

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