jacqueline–mathilde baldran

— — une promenade

chez Juliette (Préface de Corinne Moncelli)

— — Suivi de

Voulez-vous voir ma chambre ?par Alain Bisotti

en collaboration avec Anne Gelbard

PAriSHôtelS PAriS rive GAucHe, Éditions

19, rue deS FeuillAntineS

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2011

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isbn: 978-2-9539273-0-6Prix : 15Traduction : Jason Whittaker Graphisme : neutre.beImprimé en BelgiqueDépôt légal : juin 2011www.labellejuliette.com

jacqueline–mathilde baldran

— — une promenade

chez Juliette (Préface de Corinne Moncelli)

— — Suivi de

Voulez-vous voir ma chambre ?par Alain Bisotti

en collaboration avec Anne Gelbard

— —première édition — —

PAriS

HôtelS PAriS rive GAucHe, Éditions19, rue deS FeuillAntineS

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2011

« Elle excellait à toucher sans bruit les cordes nobles et douces de l’âme, à panser les blessures du cœur ou de l’amour-propre, à distraire les tristesses en remplissant et animant doucement la vie. » M. Guizot, Revue des Deux Mondes, 1859

9la belle juliette

introduction

L’hôtel La Belle Juliette est une évocation de Juliette Récamier. Juliette a marqué son temps mais peu en connaissent vraiment les raisons. Un certain mystère suit son souvenir : mais qui était vraiment Juliette Récamier ?

Jacqueline Baldran, Maître de conférences honoraire à la Sorbonne en Littérature comparée et grande admiratrice de Juliette Récamier et ses amis, évoque pour nous cette femme exceptionnelle en déambulant dans tout l’hôtel. Chaque étage est consacré à des épisodes de la vie de Juliette, son amour, ses amis, ses voyages, son époque. Alain Bisotti, Directeur d’Hôtels Paris Rive Gauche, a trouvé une multitude de documents, livres, articles, gravures, objet insolites consacrés à Juliette Récamier. En collaboration avec Anne Gelbard, il vous donne quelques clefs pour comprendre les choix qui ont été décidés dans toute la décoration de La Belle Juliette. Vous allez vous apercevoir que rien n’est laissé au hasard.

10 une promenade chez juliette 11

PrÉAMBule

Au mois de décembre 1799, Juliette et son mari Jacques récamier s’installent dans leur nouvelle demeure, 7 rue du Mont Blanc, près de la chaussée d’Antin, quartier récent, en plein essor sous le directoire et le consulat. leur hôtel, acheté à la baronne de Staël, a été refait de fond en comble ; il n’est pas immense mais c’est un petit bijou à la pointe de la mode ; il est l’expression exacte de ce que souhaitait Juliette. on y pénètre par une petite cour ornée d’arbustes, les escaliers ressemblent à un jardin. l’impression de luxe émane de la nouveauté de la décoration et de la cohésion de l’ensemble où dominent le marbre et l’acajou. un écrin pour la délicieuse jeune femme qui propose à ses invitées « voulez-vous voir ma chambre ? » une pièce boisée d’acajou, des draperies de soie chamois, des cygnes dorés, des torchères, des chiffonniers. la salle de bain, avec sa baignoire recouverte est assortie d’un sofa de maroquin rouge, de brûle-parfums garnis de chimères ailées. un chef d’œuvre d’harmonie et d’élégance à l’image de la gracieuse hôtesse qui règne dans ce petit palais des merveilles. Juliette a 22 ans.

une promenade chez juliette12

le 1ER ÉtAGe : MAdAMe rÉcAMier et MAdAMe de StAël

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l’ aile juliette

née à lyon en 1777, Juliette a eu une enfance et une brève adolescence, heureuses, choyées ; mais quelle part d’ombre, de mystère recouvre ces années ? Que penser de cet étrange quatuor d’amis inséparables qui compose les proches de l’enfant ? Son père, Jean Bernard notaire royal, assez bel homme, faible, bon et totalement dominé par sa femme. Sa mère, Madame Bernard, est singulièrement jolie, elle mène la barque familiale. Juliette lui est passionnément attachée. très proche du jeune couple, un ami de jeunesse de M. Bernard, Pierre Simonard. les deux hommes se marient en même temps. un quatrième homme, complète ce quatuor : Jacques rose récamier, un banquier très riche, très beau, cultivé, bon et intelligent, de mœurs assez légères, dit-on. il a eu une liaison avec Mme Bernard que personne n’ignore. en 1786, quand M. Bernard est nommé à Paris, receveur des finances, la famille s’installe dans un hôtel particulier, rue des Saints-Pères ; Simonard, veuf, et son fils vivent alors avec eux. très vite, M. récamier les rejoint. Pendant la tourmente révolutionnaire, ses parents la marient à Jacques récamier, âgé

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de 42 ans ; elle a 15 ans ; ce mariage est une transaction destinée à transmettre son immense fortune à Juliette. un mariage blanc car Jacques récamier est son vrai père.

décidément le blanc sied à Juliette !

ces trois hommes resteront intimement liés jusqu’à la fin et veilleront sur Juliette ; on les surnomme « les pères nobles ». Par miracle, et, peut-être, grâce à la protection de Barrère et d’autres amis francs-maçons, ils sortent tous indemnes du cauchemar. Après la terreur, une frénésie de vivre s’empare de la société. c’est le temps des Merveilleuses, les belles années de Mme tallien, de Joséphine de Beauharnais mais Juliette ne partage pas cette vie légère et libertine. elle ne fréquente pas les lieux de plaisir mais un lycée qui réunit un auditoire choisi. la Harpe, un vieil ami de la famille, y enseigne la littérature. Son étrange mariage, fondé sur la tendresse et le respect mutuel, lui laisse une liberté, une indépendance dont elle use avec tact. Au début de l’été 96, Monsieur récamier loue le château de clichy, aux portes de Paris, où Juliette et sa mère viennent passer la belle saison. la jeune femme fait ses débuts de maîtresse de maison. elle n’a pas 20 ans et a encore une gaieté vive, presque enfantine. elle rencontre pour la première fois un neveu de son mari, Paul david. « le bon Paul » n’oubliera jamais son entrée chez son oncle et le premier regard qu’il a posé sur Juliette. le voila amoureux. Mais, déjà, d’une main ferme

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il est chez Juliette lorsque chateaubriand fait une lecture du Dernier des Abencérages. en juin 1825, à l’Abbaye-aux-Bois, où il a accepté de réciter quelques passages de racine et de corneille, devant un parterre choisi et prestigieux ; il est accueilli par un élan d’admiration chaleureuse qui le touche vivement. Qu’il joue sur scène en costume ou chez elle en simple frac, il est toujours sublime. lorsque le jeune Hugo rencontre le comédien, il lui dit : « ce que vous rêvez de jouer, c’est justement ce que je viens d’écrire ». il lui lit quelques scènes de cromwell. « dépêchez- vous de finir votre drame, j’ai hâte de le jouer », lui répond alors le comédien. Mais vaincu par la maladie, talma meurt le 21 octobre 1826.

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Elene Usdin, étude préparatoire à Photo d’Hôtel, Photo d’Auteur 2011

39voulez-vous voir ma chambre ?

VOulez-VOuS VOir Ma chaMbre ?c’est ainsi que Juliette récamier recevait tous ses invités dans son hôtel particulier, rue du Mont Blanc, car « une assemblée splendide » se pressait pour apercevoir la Belle Juliette et sa nouvelle maison.

« À chaque arrivante, Mme Récamier disait : « Voulez-vous voir ma chambre ? » et passait avec elle dans son gynécée, en lui donnant le bras. Un cortège de cavaliers se pressait sur leurs pas vers le sanctuaire. »un hiver à Paris sous le consulat, 1802-1803. D’après les lettres de J.F. reichardt par a. laquiante

elle avait fait appel aux Frères Jacob ébénistes très en vogue à l’époque ainsi qu’à Bertaud architecte tout aussi célèbre. Juliette récamier fut une des premières reines de la tendance. c’est pour cette raison qu ’ Anne Gelbard n ’ a pas voulu réaliser une décoration d’époque. le style directoire et empire sont évoqués très discrètement. Par contre en hommage à Juliette qui n’a pas hésité à faire appel à des créateurs de son temps et de sortir du 18E siècle, Anne Gelbard a décidé de faire appel à des créateurs contemporains que ce soit au niveau du design, mobilier mais aussi à des jeunes photographes qui nous proposent des variations sur Juliette.

le bleule bleu de la papeterie : Si Madame récamier était tou jours habillée de blanc et si sa chambre était dans les tons roses, son salon de l’Abbaye-aux-Bois était bleu. on parlait du salon bleu de Madame récamier.

46 voulez-vous voir ma chambre ?

Mme de Staël dont l’esprit pouvait sembler une puissance redoutable ; contre Madame Récamier, coupable d’être restée fidèle à son amie proscrite. C’est avec autant d’esprit que de dignité courageuse que Madame Récamier répondit un jour au ministre de la police, chargé par Napoléon de l’avertir de l’exil qui la frapperait à son tour, si elle allait en Suisse voir Madame de Staël : « On peut pardonner à un grand homme la faiblesse d’aimer les femmes, mais non celle de les craindre. » La vie en France sous le premier Empire, hervé de broc, 1895.

le Marbre Du rez-De-chauSSÉenous avons décidé d’habiller le sol du rez-de-chaussée de marbre en hommage à tous ces palais où Juliette s’est rendue en italie notamment celui de la reine de naples qui fut une grande amie malgré le fait qu’elle était une sœur de napoléon.

L’établissement de Mme Récamier chez Serni ne fut que passager ; au bout d’un mois elle loua le premier étage du palais Fiano dans le Corso, et son salon y devint le centre du peu de Français et d’étrangers que Rome renfermait alors.

À peine Mme Récamier était-elle installée à Chiaja, chez Magati, dans l’appartement que M. de Rohan lui avait retenu, qu’un page de la reine venait lui apporter les plus gracieuses félicitations sur son heureuse arrivée, s’informer de sa santé, et lui exprimer, au nom des deux souverains, le désir de la voir le plus tôt possible. Le sage était accompagné d’une immense et magnifique corbeille de fruits et de fleurs : cette façon de souhaiter aux gens la bienvenue parut à la petite compagne de Mme Récamier la plus charmante du monde, et ne permettait guère qu’on tardât à en exprimer sa reconnaissance. » Souvenirs et Correspondance de Madame Récamier, Madame lenormand, 1860.

47voulez-vous voir ma chambre ?

leS JarDiNS les jardins par thierry dalcant, paysagiste concepteur diplômé de versailles (École nationale supérieure du paysage – le potager du roi).

M. Récamier tenait à Clichy table ouverte : le château était vaste ; le parc, admirablement planté, s’étendait jusqu’au bord de la Seine. Mme Récamier, qui avait un goût très-vif pour les fleurs et les parfums, y faisait entretenir avec soin des fleurs en grand nombre. Ce luxe charmant, devenu très-commun de nos jours, avait alors tout le prestige de la nouveauté. » Souvenirs et Correspondance de Madame Récamier, Madame lenormand, 1860.

la SalON De lecTure eT D’ObJeTS iNSOliTeSMême si elle n’a pas écrit d’œuvres littéraire, nous ne devons pas oublier le rôle qu’a joué Juliette récamier dans l’histoire de la littérature tout d’abord parce qu’elle a provoqué une création inouïe par toute la correspondance de ses amis illustres comme Madame de Staël, camille Jordan, Benjamin constant, Ballanche etc, mais aussi parce que son salon a accueilli de nombreux écrivains comme Balzac, lamartine… et enfin parce que c’est grâce à elle que les Mémoires d’outre-tombe sont arrivées jusqu’à nous. c’est elle qui a recopié une partie des Mémoires et qui a organisé les lectures publiques dans son salon.

Le salon français du siècle passé a brillé d’un éclat à part ; l’esprit et la grâce y dominaient ; les reines y étaient nombreuses ; seulement la galanterie était l’objet essentiel de toutes les réunions ; un compliment bien tourné avait alors un prix exceptionnel. C’était un esprit léger, mais jamais on n’a eu tant d’esprit en France. Le salon sérieux, le salon influent, le salon puissant date du règne de Madame de Récamier.

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Souvenirs et Correspondance de Madame Récamier, Amélie lenormant, calmann lévy, 1859.Madame Récamier et ses amis, edouard Herriot, Édition Payot, 1929.Madame Récamier, Joseph turquan, Éditions Jules tallandier, 1928.Madame Récamier, M. Guizot, revue des deux Mondes, t.24, 1859.Amitié ou amour, Henry Bordeaux, librairie Plon ,1932.Lettres à Madame Récamier, chateaubriand, Édition Flammarion, 1949.Mémoires d’Outre-Tombe, chateaubriand, Éditeur Jean de Bonnot, 1968.Madame Récamier, Joseph Autier, librairie Fischbacher, 1900.Deux romans d’amour chez Madame Récamier, etienne Jean delécluze, Julliard, 1954.Physiologie du goût Par Brillat Savarin, lavigne, librairie-Éditeur, 1841.Un hiver à Paris sous le Consulat, Johann Friedrich reichardt, tallandier, Éditeur, 1802-1803.Souvenirs du Second Empire, A. Granier de cassagnac e. dentu, libraire-Éditeur, 1881.La France, Angelo de Gubernatis, G.civelli, Éditeur, 1891.Nouvelles Confidences, A. de lamartine, Michel lévy Frères, libraires-Éditeurs, 1851.Le Monde et ses usages, ME de Waddeville A. Hennuyer, imprimeur-Éditeur, 1887.Histoire de la société française pendant le Directoire Par les Frères Goncourt Didier et Cie, libraires-Éditeurs, 1855.

Madame Récamier, Margaret trouncer, edition Mac donald, london 1949.Madame Récamier The Biography of a flirt, Henry dwight Sedgwick, the Bobbs Merrill company 1940.

bibliographie