la bataille de fontenoy - commune de laveissère · 2018. 12. 12. · fontenoy. il réorganise son...
TRANSCRIPT
La bataille de Fontenoy
Parmi les grandes victoires opposant la maison des Bourbons et celles des Habsbourg et dans l'affrontement entre les Français et les Anglais, la bataille de Fontenoy est la plus célèbre, devenue
populaire grâce à cette phrase « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ».
Le 06 mai 1745, Louis XV quitte Versailles avec le Dauphin et prend la direction de Tournai pour assister à la capitulation de la vi lle, accompagné d'un cortège de 1000 personnes s'étirant sur plus de 2 kms... il fait une halte dans le petit village de Fontenoy...
Le contexte géostratégique
La fin du règne de Louis XIV est marquée par la guerre de succession d'Espagne (1701/1714). La première partie du conflit est une suite de revers pour les Français qui perdent les Pays-Bas espagnols et sont chassés de leurs possessions en Italie. Un redressement s'opère par la suite en
profitant des dissensions politiques du camp ennemi. Le traité d’Utrecht (11 avril 1713) entérine un statu quo qui préserve l'équilibre des puissances sur le continent européen.
Après la mort de Louis XIV, la France se trouve engagée dans une succession de conflits - guerre
de la quadruple alliance (1718-1720), guerre contre l'Espagne (1727-1729), guerre pour la succession polonaise (1733/1738), guerre pour la succession autrichienne (1740/1748) - qui culmine avec la guerre de Sept ans (1756-1763) qui voit le triomphe de la Prusse contre des
ennemis supérieurs en nombre mais politiquement désunis. Ces guerres se trad uisent le plus souvent par des campagnes dans les colonies d'Amérique du Nord.
Le continent européen connaît ensuite une longue période de paix jusqu'au déclenchement des Guerres de la Révolution (1792-1803).
En dehors du continent européen, la France et l’Espagne soutiennent les Etats-Unis d’Amérique
contre l’Angleterre lors la guerre d’Indépendance américaine (1775-1783). Ce soutien se transforme en intervention avec l’entrée en guerre de la France (17 juin 1778) puis de l’Espagne (21 juin 1779).
La plupart des puissances européennes forment une ligue des neutres soucieuse de préserver la liberté du commerce avec tous les protagonistes de cette guerre.
Le traité de Paris (30 novembre 1782) consacre l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. L’Angleterre considère la France comme la principale responsable de cette évolution. L’antagoniste
entre les deux pays, qui date de la guerre de Cent ans, reste donc toujours vivace.
La guerre pour la succession autrichienne (1740/1748)
1745 Fontenoy - La guerre en dentelles
Dans le cadre de la guerre de Succession d'Autriche, les Pays-Bas autrichiens furent envahis par
les troupes du roi Louis XV. Dès le printemps 1744, l'offensive française eut lieu dans les Flandres : Menin, Ypres, le fort de la Kenoque et Furnes tombèrent après un siège rapide.
En décembre 1744, le roi Louis XV confia au maréchal Maurice de Saxe (1696-1750) la mission de préparer la prochaine campagne. Avec intelligence, de Saxe choisit d'assembler son armée en un
vaste arc de cercle étalé de Lille à Maubeuge, et se fixa comme premier objectif la ville de Tournai.
La bataille de Fontenoy qui se déroula le 11 mai 1745 près de Fontenoy dans les Pays-Bas
autrichiens (Belgique actuelle), se solda par une victoire française. Elle est une conséquence du
siège de la ville de Tournai (avri l-juin 1745).
Forces en présence
Britanniques, Hollandais
et Autrichiens
Français
Commandée par le duc de Cumberland
Commandée par le Maréchal de Saxe
56 bataillons d’infanterie
87 escadrons de cavalerie 80 à 91 canons
55.000 hommes
66 bataillons d’infanterie
129 escadrons de cavalerie 60 à 70 canons
52.000 hommes
Pertes
13 000 à 15 000 7 000 à 7 500
Le 25 avril 1745, 6 000 Français se présentent
devant Tournai en créant une sacrée surprise. Le lendemain, le Maréchal de Saxe entame le
siège de la ville avec 60 000 hommes. Le 28 avril 1745, le duc de Cumberland se
décide à marcher vers Tournai : il veut prendre les Français à revers, les pousser vers la ville,
et ainsi les battre une fois pris entre deux feux... Mais le Maréchal de Saxe y avait déjà pensé et s'était organisé en conséquence !
Cumberland dispose d'une plus grande rapidité d'action... sauf qu'il est mal obéi par ses
subalternes jaloux de son grade (duc et commandant à l'âge de 25 ans !)...
Maurice de Saxe (1696-
1750), Comte de la Raute et de Saxe, maréchal général des camps et armées de Louis XV.
Prince William
Augustus (1721-1765), duc de Cumberland, 3e
fils de Georges II d'Angleterre.
son armée ne se met en action que le 30 avril
à Bruxelles, mettant neuf jours pour atteindre Tournai qui est seulement à 70 kms... un temps suffisant pour que Maurice de Saxe
s'organise.
Le Maréchal décide que le combat se passera dans la plaine de Fontenoy, hors de portée des canon de Tournai. L'endroit se
trouve adossé à l'Escaut, sur un carré d'un bon kilomètre et demi de coté, attaquable
uniquement sur deux fronts, avec au nord le bois de Barri et au sud l'Escaut ; le terrain légèrement en pente, la marche de l'ennemi
se faisant en montant, favorise ainsi la défense.
En même temps, le Maréchal réorganise son armée : 20 000 hommes pour le siège, 40 000
hommes dirigés vers Fontenoy. Il fait disposer des abattis dans le bois de Barri , fortifier le village,
construire des redoutes au nord pour couvrir son armée et au sud pour fermer l'espace entre les
villages de Fontenoy et Antoing. Il installe son infanterie et sa cavalerie à gauche vers le bois de
Barri et à droite sur l'Escaut.
Il confie la fortification du village à M. de la Vauguyon qui dispose de 8 pièces : 2
bataillons sont placés dans la redoute du bois du Barri et le gros de l'infanterie est établie
sur 4 lignes entre Fontenoy et les redoutes du bois (430 travailleurs des régiments du Dauphin et de Beauvaisis ont œuvré, les
retranchements sont achevés au bout de 20 heures). Derrière se trouve "la cavalerie sur 2
lignes", "La Maison du Roy, la Gendarmerie et 8 escadrons des Carabiniers sont en réserve derrière la Cavalerie".
Le 10 mai 1745, tout est en place, les
Français attendent les 55 000 hommes de Cumberland.
Les "ennemis se sont installés au village de Vezon, opposé à Fontenoy", à droite sur le bois de barri
et à gauche de l'Escaut. Les Hollandais attaquent le village de Bourgeon : les quelques 100
Français retranchés, abandonnent la position. Pendant la nuit et profitant du brouillard, le Maréchal
de Saxe envoie un renfort de 6 pièces d'Artillerie à Fontenoy.
Le 11 mai 1745 à 4 heures du matin, le Roi et le Dauphin sont à pied d'œuvre et " à une heure de
jour, les ennemis s'avancèrent en bon ordre vers l'armée du Roy..."
Peu avant 6 heures du matin, les alliés bombardent les positions et les lignes Françaises ripostent,
le Duc de Gramont perd la vie.
Les Hollandais et les Autrichiens reprennent leur attaque depuis Péronnes entre Fontenoy et Antoing.
A 9 heures, ils sont à la portée de fusil de Fontenoy. Pendant 1/2 heures, le feu est nourri.
Ils chargent et perdent beaucoup de soldats. Le Maréchal de Saxe protège l'arrière du village avec
les brigades du Royal et de la Couronne ; une batterie de canons français disposée sur la rive gauche de
l'Escaut a également contrarié leur avance et les a forcés à se replier..
Les 8 000 Anglo-Hanovriens avancent et subissent des pertes ... en vain : "les Anglais attaquèrent
3 fois Fontenoy et les Hollandais tentèrent 2 fois d'enlever Antoing". Cumberland réfléchit, modifie
ses plans et tente une manœuvre dans un petit espace entre les redoutes du bois de Barri et
Fontenoy. Il réorganise son infanterie " sur 2 lignes épaisses, avec une troisième en réserve", sa
cavalerie formant une quatrième colonne. L'ensemble représente ainsi un défilé compact de 15 000
hommes.
De Fontenoy et de la redoute qui flanque la corne du
bois de Barry, l'artillerie française croise son feu sur cette colonne qui s'avance venant de la direction de
Vezon. Malgré une canonnade meurtrière, les régiments britanniques arrivèrent au contact de la première ligne française vers 11 heures.
Les armées se font face ... les officiers de la garde anglaise, en présence de l'ennemi, saluèrent les Français en enlevant leurs chapeaux ... le comte de
Chambanne et le duc de Biron, qui étaient à l'avance, rendirent le salut, comme tous les officiers de la garde
française.
C'est au moment de la rencontre des deux adversaires qu'aurait eu lieu entre Lord Hay et le Comte
d'Anterroches le dialogue célèbre :
Lord Charles Hay
S'avançant à la tête du 1er bataillon des Gardes britanniques, le capitaine Charles Hay cria : « Messieurs des Gardes françaises, tirez ! ».
Ce à quoi le Comte Joseph-
Charles-Alexandre d'Auteroche, lieutenant de grenadiers, lui fit une réponse vraisemblablement
proche de celle que Voltaire publia par la suite : « Monsieur, nous
n'en ferons rien ! Tirez vous-mêmes ! ».
Comte Joseph-Charles-Alexandre d'Auteroche
La tradition populaire ne devait retenir de cela qu'une citation : « Messieurs les Anglais, tirez les
premiers ! ».
Les Anglais font des ravages, coupent les 2 premières lignes Françaises, avancent droit devant eux, lentement
mais surement ... Les Français tous corps confondus, attaquent, ils leur font des pertes ... mais les Anglais
avancent toujours, sans ralentir la marche ... les Gardes Françaises et les Gardes Suisses se dispersent ... la colonne Anglaise est prête à prendre Fontenoy à revers
; le Maréchal de Saxe renvoie sa cavalerie à la charge ; la colonne Anglaise souffre mais poursuit son avancée.
Vers 13 heures, les Français sont dans une
phase critique ... plusieurs personnes de l'entourage du roi le poussent à se réfugier de l'autre coté de l'Escaut ... impossible : ce serait
une défaite ! Jubé raconte "ce prince montra, en cette circonstance critique, beaucoup de
confiance et de sang froid ; et sa contenance concourut à ranimer le courage des troupes ... quelques boulets étant venus se perdre sur la
hauteur où il était placé, Louis XV dit en souriant "qu'on les renvoie aux ennemis, je ne
veux rien avoir à eux !".
Le Maréchal de Saxe décide alors d'engager toutes ses ressources dont la Maison du Roy, pour attaquer la colonne de face et sur les flancs, "les
grenadiers à cheval donnent les premiers coup de sabre, les gardes françaises les premiers coups de
baïonnettes ... Monsieur le Dauphin mit l'épée à la main, voulut rallier les troupes qui avaient plié et charger l'ennemi...".
Résultat "la colonne s'arrête, hésite, se disloque ;
en un moment, cette colonne anglaise qui pouvait compter 8 à 10 000 homme est anéantie". Il est 2 heures de l'après-midi ce 11 mai 1745...
Le Duc de Cumberland bat en retraite en tentant de sauver ce qui peut l'être ; le Maréchal de Saxe
envoie 3 000 hommes à sa poursuite "au cas où" ... et satisfait de cette victoire, Louis XV se retire
vers 7 heures du soir !
Les pertes françaises peuvent être évaluées entre 7 000 et 7 500 hommes, les Anglais, Hanovriens
et Hollandais ont perdus entre 13 000 et 15 000 soldats.