la bataille de diên biên phu - archives

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1 La bataille de Diên Biên Phu Un combat pour l’impossible 1 13 mars 1954 – 7 mai 1954 Après la Seconde Guerre mondiale, le conflit indochinois commence. Tandis que le CEFEO (corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) 2 tente de maintenir une présence française en Indochine, soutenu par l'aide américaine, et encourage les troupes vietnamiennes engagées dans l'Union française à lutter contre le Viêt-minh 3 , le PCI (parti communiste indochinois), dirigé par Hô Chi Minh, s'emploie à lutter pour l'indépendance du Viêtnam tant dans le domaine politique que dans le domaine militaire. Les troupes du Viêt- minh remportent des succès lors des batailles de Ninh Binh (mai-juin 1952), de Laï Chau, de Thakkek, Pac Sé, Tuy Hoa, Phong Saly et Luang Prabang. Plusieurs commandants en chef du CEFEO se succèdent en Indochine. En mai 1953, le général de corps d’armée Henri Navarre devient le septième commandant en chef. Son arrivée coïncide avec le départ de nombreuses personnalités : trois commandants de zone sur cinq du delta tonkinois ainsi que Jean Letourneau, ministre des états associés et haut commissaire. Après un tour d’horizon et dans un environnement indochinois qui lui est inconnu, le général Navarre élabore un plan de bataille qui doit permettre une « sortie honorable » 4 du conflit. Selon les hommes politiques présents sur place en Indochine, la chute du Laos signifierait l’effondrement de tout le système occidental de défense de l’Asie du Sud-Est. Le « plan Navarre » préconise une attitude défensive des forces du corps expéditionnaire français dans les zones où le Viêt-minh est le plus fort, au nord du 18 e parallèle. Au sud du 18 e parallèle, la stratégie est différente : le général Navarre recommande la poursuite de la pacification, l’objectif étant de confier rapidement le contrôle de la zone à l’armée baodaïste et par conséquent d’y récupérer des forces. Ce transfert est prévu pour les années 1954-1955. Dans le « plan Navarre », Diên Biên Phu ne tient qu’un rôle secondaire ; l’opération d’envergure prévue est l’opération Atlante qui est déclenchée le 20 janvier 1954. « Destinée à pacifier les provinces échelonnées sur 400 kilomètres entre Nhatrang et Faifoo (à 20 kilomètres de Tourane), [l’opération Atlante consiste en] la fouille systématique de la région, la recherche d’un ennemi parfaitement dissimulé, la détection et la destruction des pièges minés disposés par l’ennemi, l’installation d’un appareil militaire, policier et administratif important, la réfection rapide des coupures des routes et la reconstruction des ouvrages d’art de la région. » 5 Commandée par le général de Beaufort, cette opération de débarquement sera maintenue comme prévue même au plus fort de la bataille de Diên Biên Phu. 1 René Bail, Diên Biên Phu, un combat pour l’impossible, ECPAD, 2004. 2 Commandé en 1945 et 1946 par le général de corps d’armée Philippe Leclerc de Hauteclocque. 3 Abréviation de Viêt Nam Doc Lap Dong Minh, qui signifie « Ligue pour l’indépendance du Viêtnam ». 4 Expression utilisée par Joseph Laniel, président du Conseil. 5 ECPAD, reportage CVN 54-13, légende du photographe Fernand Jentile.

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Page 1: La bataille de Diên Biên Phu - Archives

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La bataille de Diên Biên Phu

Un combat pour l’impossible1

13 mars 1954 – 7 mai 1954

Après la Seconde Guerre mondiale, le conflit indochinois commence. Tandis que le CEFEO (corps expéditionnaire français en Extrême-Orient)2 tente de maintenir une présence française en Indochine, soutenu par l'aide américaine, et encourage les troupes vietnamiennes engagées dans l'Union française à lutter contre le Viêt-minh3, le PCI (parti communiste indochinois), dirigé par Hô Chi Minh, s'emploie à lutter pour l'indépendance du Viêtnam tant dans le domaine politique que dans le domaine militaire. Les troupes du Viêt-minh remportent des succès lors des batailles de Ninh Binh (mai-juin 1952), de Laï Chau, de Thakkek, Pac Sé, Tuy Hoa, Phong Saly et Luang Prabang. Plusieurs commandants en chef du CEFEO se succèdent en Indochine. En mai 1953, le général de corps d’armée Henri Navarre devient le septième commandant en chef. Son arrivée coïncide avec le départ de nombreuses personnalités : trois commandants de zone sur cinq du delta tonkinois ainsi que Jean Letourneau, ministre des états associés et haut commissaire. Après un tour d’horizon et dans un environnement indochinois qui lui est inconnu, le général Navarre élabore un plan de bataille qui doit permettre une « sortie honorable »4 du conflit. Selon les hommes politiques présents sur place en Indochine, la chute du Laos signifierait l’effondrement de tout le système occidental de défense de l’Asie du Sud-Est. Le « plan Navarre » préconise une attitude défensive des forces du corps expéditionnaire français dans les zones où le Viêt-minh est le plus fort, au nord du 18e parallèle. Au sud du 18e parallèle, la stratégie est différente : le général Navarre recommande la poursuite de la pacification, l’objectif étant de confier rapidement le contrôle de la zone à l’armée baodaïste et par conséquent d’y récupérer des forces. Ce transfert est prévu pour les années 1954-1955. Dans le « plan Navarre », Diên Biên Phu ne tient qu’un rôle secondaire ; l’opération d’envergure prévue est l’opération Atlante qui est déclenchée le 20 janvier 1954. « Destinée à pacifier les provinces échelonnées sur 400 kilomètres entre Nhatrang et Faifoo (à 20 kilomètres

de Tourane), [l’opération Atlante consiste en] la fouille systématique de la région, la recherche d’un ennemi

parfaitement dissimulé, la détection et la destruction des pièges minés disposés par l’ennemi, l’installation d’un

appareil militaire, policier et administratif important, la réfection rapide des coupures des routes et la

reconstruction des ouvrages d’art de la région. »5

Commandée par le général de Beaufort, cette opération de débarquement sera maintenue comme prévue même au plus fort de la bataille de Diên Biên Phu.

1 René Bail, Diên Biên Phu, un combat pour l’impossible, ECPAD, 2004. 2 Commandé en 1945 et 1946 par le général de corps d’armée Philippe Leclerc de Hauteclocque. 3 Abréviation de Viêt Nam Doc Lap Dong Minh, qui signifie « Ligue pour l’indépendance du Viêtnam ». 4 Expression utilisée par Joseph Laniel, président du Conseil. 5 ECPAD, reportage CVN 54-13, légende du photographe Fernand Jentile.

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Photo n°1/ Référence : CVN 54-7 R9

Dans le cadre de l’opération Atlante, les véhicules du génie

progressent après le colmatage d'une coupure sur une route.

3 février 1954, photographe Jean Péraud.

Photo n°2/ Référence : CVN 54-13 R20 Un barrage du Viêt-minh bloque la route : deux militaires

de la compagnie du 3/73 BG (3e compagnie du 73

e bataillon

du génie) vérifient qu'il n'y ait pas de mines ou de pièges

dans l'amoncellement de pierres ; au premier plan, un

militaire transmet des informations par radio.

12 mars 1954, photographe Fernand Jentile.

Du côté Viêt-minh, le général Vo Nguyen Giap est chef des armées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il souhaite un succès décisif de ses forces avant qu’une négociation ne s’engage. En février 1954, la conférence de Genève est annoncée au cours de la conférence de Berlin. Elle doit permettre d’examiner le rétablissement de la paix en Indochine. Le cadre d’un règlement diplomatique du conflit est fixé. Dans le domaine militaire, la situation est, elle aussi, enclenchée. Le succès retentissant qu’il convient de remporter, d’un côté comme de l’autre, ce sera Diên Biên Phu.

I / Les préparatifs :

La Haute-Région tonkinoise est une région au relief escarpé. Les forces françaises y éprouvent du mal à combattre loin de leurs bases. Des opérations réussies comme celle de Nasan, bourgade de l’Ouest tonkinois, semblent démontrer que la solution d’un camp retranché est la meilleure stratégie.

La bataille de Nasan (octobre-décembre 1952):

À Nasan, à la fin de l’année 1952, dans une zone reculée et difficile d’accès, en pays thaï, le Viêt-minh attaque le corps expéditionnaire français regroupé dans une base opérationnelle entièrement dépendante du transport aérien.

Page 3: La bataille de Diên Biên Phu - Archives

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Photo n°4/ Référence : TONK 52-213 R15

Une partie du camp de Nasan.

6 décembre 1952, photographe Jean Péraud.

Le Viêt-minh procède par vagues d’assaut, en plein jour, sur un terrain dégagé. C’est un désastre : les mines, le réseau de barbelés, les tirs, stoppent les assaillants. Le général Giap décide de lever le siège. Le Viêt-minh tire les leçons de Nasan : d’une part, à Diên Biên Phu, les troupes bénéficieront de pièces d’artillerie (sol-sol et sol-air) (de fabrication chinoise) ; d’autre part, entre ces deux batailles, le général Giap privilégiera les techniques de guérilla. Du côté français, le succès de Nasan conforte l’état-major et l’incite à reproduire la même stratégie.

Photo n°3/ Référence : D96-368 Le général Gilles, commandant du camp de Nasan puis de l’opération Castor.

Novembre-décembre 1953, photographe Henri Mauchamp, cliché original en couleurs.

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À Diên Biên Phu, la piste d’aviation aménagée par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale sera utilisée par le corps expéditionnaire français. Elle constituera la colonne vertébrale du camp. Les bases du Viêt-minh les plus proches de Diên Biên Phu se trouvent à 500 kilomètres ; l’artillerie sera donc peu active. D’après l’état-major en Indochine, le Viêt-minh ne peut entretenir que deux divisions sur place ; les combats seront donc limités et la bataille de courte durée.

La cuvette de Diên Biên Phu est un carrefour de pistes, à l’ouest du Tonkin, à proximité des frontières chinoise et laotienne, en pays thaï. La rivière Nam Youn traverse la plaine couverte de rizières et de champs. Diên Biên Phu se trouve à 300 kilomètres de Gia Lam, le terrain d’aviation de Hanoi (ce qui représente une heure et demie d’avion). Photo n°6/ Référence : TONK 51-24 R8 (recadrée)

Le poste de Diên Biên Phu.

4 février 1951, photographe inconnu.

Photo n°5/ Référence : TONK 52-216 R6

Passage d'avions chasseurs Bearcat F8F au-dessus de la

piste de Nasan.

12 décembre 1952, photographe Paul Corcuff.

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L’opération Castor (20-22 novembre 1953) :

Photo n°7/ Référence : TONK 53-120 R14

Regroupement de parachutistes du 6e BPC (bataillon de parachutistes coloniaux) largués sur la dropping zone lors de l’opération

Castor.

20-24 novembre 1953, photographe Daniel Camus.

Photo n°8/ Référence : TONK 53-120 R30

Mise en batterie d’un canon de 75 mm SR (sans recul) par un parachutiste du 35e RALP (régiment d’artillerie légère parachutiste)

lors de l’opération Castor.

20-24 novembre 1953, photographe Daniel Camus.

Le 20 novembre 1953 commence l’opération Castor, décidée par le général Navarre ; l’opération consiste en un important largage de parachutistes pour occuper la cuvette de Diên Biên Phu. Le 6e BCP (bataillon de parachutistes coloniaux) du commandant Bigeard et le 2e bataillon du 1er RCP (régiment de chasseurs parachutistes) du commandant Bréchignac sont parachutés et s’emparent de Diên Biên Phu.

Page 6: La bataille de Diên Biên Phu - Archives

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Á la suite de cette opération, des renforts viennent compléter les troupes parachutées et le camp est aménagé.

Photo n°9/ Référence : D96-353

La base de Diên Biên Phu après l’opération Castor ; défenses de la face nord et de la face nord-ouest.

Novembre-décembre 1953 ; photographe Henri Mauchamp, cliché original en couleurs.

Aménagement du camp de Diên Biên Phu :

Photo n°10/ Référence : NVN 54-20 R12

Le camp de Diên Biên Phu.

1954, photographe inconnu.

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Photo n°11/ Référence : NVN 54-20 R13

La cuvette de Diên Biên Phu.

1954, photographe inconnu.

Á la suite de l’opération Castor et contrairement aux prévisions de l’état-major des forces françaises, le général Giap parvient à regrouper quatre divisions autour de Diên Biên Phu, dont la division lourde 351 qui possède 24 canons de 105 mm. Fin décembre, le camp est entièrement encerclé par les troupes du Viêt-minh. La bataille décisive aura lieu.

Photo n°12/ Référence : NVN 54-58 R18 Au camp de Diên Biên Phu, des troupes à leur poste d’observation.

15-25 avril 1954, photographe Paul Corcuff.

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Photo n°13/ Référence : NVN 54-40 R146 Plan moyen de l'entrée d'un abri fortifié souterrain.

13-17 mars 1954 ; photographes Daniel Camus et Jean Péraud.

Photo n°14/ Référence : NVN 54-9 R28 Montage des chars M24 Chaffee du 1

er RCC (régiment de chasseurs à cheval) par la 2

e CREBLE (compagnie de réparations

d'engins blindés de la Légion étrangère) après le parachutage en pièces détachées.

Janvier 1954, photographe Daniel Camus.

Du côté Viêt-minh, le ravitaillement se fait par convois routiers. Des camions livrés par les Soviétiques permettent d’acheminer des stocks de munitions. Des milliers de coolies

6, telle une armée de fourmis, s’activent pour effectuer le ravitaillement. L’armement, les uniformes et les munitions du Viêt-minh sont de fabrication chinoise. La logistique est un élément primordial car chaque camp se trouve loin de ses bases. Les options sont différentes : dispositif aérien contre coolies. Début mars, 11 000 hommes sont concentrés dans le camp ; camouflés dans les montagnes dominant la cuvette, les éléments du Viêt-minh sont 51 000.

6 Terme hindi signifiant « travailleur ».

Côté français, le nombre de pièces d’artillerie du Viêt-minh a été sous-estimé. Ainsi, aucun ordre de s’enterrer n’a été donné. Les abris construits sont relativement sommaires : des sacs de sable, des tôles. Un réseau de tranchées relie les abris les uns aux autres. Aucun ouvrage en béton n’est construit, aucun réseau souterrain ni aucune protection pour les canons ne sont prévus. Le ravitaillement en vivres et en matériel se fait par voie aérienne. Le matériel lourd est démonté puis parachuté en pièces détachées sur Diên Biên Phu.

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Le camp retranché de Diên Biên Phu :

Source: http://dienbienphu.xooit.com/portal.php, avril 2009 Le camp est installé de part et d’autre de la rivière Nam Youn. Il est constitué d’un réseau de points d’appui (PA) ou centres de résistance aux prénoms féminins. Le commandement du GONO (groupement opérationnel du Nord-Ouest) est assuré par le colonel Christian de Castries7. Le PC (poste de commandement) du GONO est implanté au centre du camp retranché. La base est divisée en sous-secteurs :

- Le sous-secteur nord composé des PA Anne-Marie et Gabrielle couvre le nord et le nord-est du terrain d’aviation, point sensible du camp. Une piste pavée relie le terrain d’aviation au PA Anne-Marie et Gabrielle. Chacun de ces PA est tenu par un bataillon.

- Le sous-secteur centre comprend les points d’appui Claudine, Huguette, Dominique, Eliane et Béatrice. Il regroupe huit bataillons et il est commandé par le lieutenant-colonel Gaucher.

- Le PA Isabelle constitue le sous-secteur sud. Il est tenu par deux bataillons et il est commandé par le lieutenant-colonel André Lalande.

Le GAP 2 (groupement aéroporté 2), composé du 1er BEP (bataillon étranger de parachutistes), du 8e BPC (bataillon parachutiste de choc) et du 5e BPVN (bataillon de parachutistes vietnamiens), est commandé par le lieutenant-colonel Pierre Langlais. Quant à l’artillerie, elle est commandée par le colonel Charles Piroth. Des antennes chirurgicales se trouvent à différents endroits du camp. Côté Viêt-minh, la division 308 est positionnée dans les collines proches du PA Gabrielle ; la division 312 est postée à l’Est du PA Béatrice. Le « Mont Chauve » et le « Mont Fictif » (en rouge sur la carte ci-dessus) sont deux bases du Viêt-minh.

II / La bataille de Diên Biên Phu :

Le 13 mars 1954, le général Giap prend l’initiative de l’attaque. Son objectif est le point d’appui Béatrice tenu par le 3/13e DBLE (3e bataillon de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère). La bataille prend très vite un tour dramatique. La surprise vient de l’artillerie du Viêt-minh qui tire de manière isolée, depuis les collines surplombant la cuvette de Diên Biên Phu, en concentrant le feu sur le camp ; la contre-batterie du corps expéditionnaire français est impuissante. Les abris plutôt sommaires ne sont pas conçus pour résister à des projectiles de gros calibre.

7 Il sera nommé général au cours de la bataille.

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Les points d’appui Béatrice et Gabrielle sont très vite submergés ; dès le 17 mars, le terrain d’aviation est inutilisable ; c’est le cordon ombilical entre la base et Hanoi qui est coupé. Dès lors, la situation devient difficile pour les défenseurs. La bataille devient une guerre d’usure entre des éléments du Viêt-minh nombreux et ravitaillés par pistes et une garnison recroquevillée, entièrement dépendante du ravitaillement aérien. La tactique du Viêt-minh consiste à utiliser, dans un premier temps, l’artillerie pour pilonner le camp, puis à procéder par assauts successifs de l’infanterie, l’objectif étant d’étouffer le camp en resserrant l’étau au fur et à mesure et en prenant les centres de résistance les uns après les autres. La prise des points d’appui permet ensuite de neutraliser les pistes et de maîtriser le ciel. En plus des tunnels et des tranchées à travers les collines, des terrasses sont aménagées par le Viêt-minh ; les canons y sont installés puis à la fin du tir, ils sont mis à l’abri à l’intérieur des collines. La contre-batterie française n’a que rarement réussi à neutraliser ces canons. En outre, les pièces d’artillerie du Viêt-minh dominent la cuvette ; les cibles sont donc facilement repérables et les pièces d’artillerie peuvent aisément être orientées.

Photo n°15/ Référence : NVN 54-49 R42

Attaque d’une position du Viêt-minh au sud de Diên Biên Phu.

27 mars 1954, photographes Daniel Camus et Jean Péraud.

Le 15 mars, le colonel de Castries réagit en lançant une contre-attaque dont l’objectif est de reprendre Gabrielle ; mais les forces engagées et la préparation sont insuffisantes. C’est un échec.

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Photo n°16 / Référence : NVN 54-49 R55

Après l’attaque d’une position du Viêt-minh au sud de Diên Biên Phu, réunion au PC (poste de commandement) entre (de gauche

à droite) le commandant Guiraud du 1er

BEP (bataillon étranger de parachutistes), le capitaine Botella, du 5e BPVN (bataillon de

parachutistes vietnamiens), le chef de bataillon Bigeard du 6e BPC (bataillon de parachutistes coloniaux), le lieutenant-colonel

Langlais, responsable du secteur centre, commandant le GAP (groupement aéroporté) de Diên Biên Phu, le capitaine Tourret du

8e BPC (Bataillon de parachutistes de choc) et le commandant Seguins-Pazzis, chef d’état-major du colonel de Castries.

27 mars 1954, photographes Daniel Camus et Jean Péraud.

Le moral des troupes est atteint. Le 14 et le 16 mars, le 7e BPC (bataillon de parachutistes coloniaux), commandé par le chef de bataillon Marcel Bigeard et le 5e BPVN (bataillon de parachutistes vietnamiens) sont largués sur le camp.

Du côté Viêt-minh, les attaques des 14 et 15 mars ont causé de nombreuses pertes humaines et les stocks de munitions ont beaucoup diminué. Il est nécessaire de reconstituer les forces et les stocks. Le 17 mars, le pont aérien est interrompu ; mais le général Giap suspend les attaques pour permettre le réapprovisionnement et la préparation de la seconde phase de l’opération. Le lieutenant-colonel Langlais, à qui le colonel de Castries a confié le commandement de la position centrale, lance des contre-attaques qui aboutissent à la destruction de pièces de DCA8 du Viêt-minh ; le moral des troupes remonte.

8 Défense contre les aéronefs.

Photo n°17/ référence : NVN 54-49 R51

Le lieutenant-colonel Langlais.

27 mars 1954, photographes Daniel Camus et Jean Péraud.

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Après une dizaine de jours, les stocks sont reconstitués des deux côtés et les unités sont renforcées. Du côté français, les opérations aériennes ont été coûteuses et aléatoires. Le 30 mars, le général Giap lance une offensive contre les cinq points d’appui qui défendent le côté est de la position centrale : Dominique 1 et 2, Eliane 1, 2 et 4. Il fait intervenir les divisons 312 et 316 pour donner l’assaut à ces collines défendues par 2 000 hommes. « Le soir du 30 mars, nos avions de reconnaissance nous avaient informés de la préparation d’une attaque ennemie. Nous avons eu droit à un tir d’artillerie très violent, et puis le Viêt-minh est monté par vagues d’assaut. Avec l’aide de notre artillerie, nous avons pu les repousser en choc frontal. Grâce au largage de pots éclairants par l’avion qui survolait le champ de bataille, nous y voyions presque comme en plein jour. Avec mes soldats marocains, nous nous sommes repliés au sommet du point d’appui Eliane 2. Je n’avais plus dans ma section que 16 tirailleurs marocains sur les 25 que nous étions à l’arrivée à Diên Biên Phu. »9 témoigne Serge Fantinel, ancien sergent-chef en Indochine. Le 31 mars au matin, le Viêt-minh a pris Dominique 1 et 2 ainsi qu’Eliane 1. Sous l’impulsion du commandant Bigeard, les troupes françaises reprennent Dominique 2 et Eliane 1 ; mais les renforts n’arrivent pas et le commandant Bigeard doit se résoudre à donner l’ordre de repli. Il concentre alors ses troupes sur Eliane 2 et 4 qui constituent le dernier rempart au camp retranché. « L’étouffement lent mais continu de notre position se poursuit, accéléré par les violentes attaques du 30 mars au 3 avril, provisoirement contenu par l’envoi de nos renforts, repris avec la perte successive de plusieurs points d’appui et surtout avec l’action d’une DCA de plus en plus violente qui, jointe aux mauvaises conditions météo, a ralenti notre ravitaillement. »10 écrit le commandement en chef des forces terrestres navales et aériennes en Indochine. Côté Viêt-minh, la transcription d’une émission radio (« La voix du Viêtnam ») relate l’émotion ressentie par une unité de DCA qui vient de descendre le 50e avion français. L’unité de DCA envoie le télégramme suivant : « Les combattants, troupes et travailleurs ouvriers du front de Diên Biên Phu sont tous heureux d’avoir descendu le 50e avion ennemi, dans un mois de temps (du 11 mars au 11 avril 1954)11 ». Fin avril, la pluie transforme le terrain en bourbier. Non seulement les troupes à pied ont de plus en plus de difficultés à combattre, mais les aléas météorologiques renforcent encore l’aléatoire de l’activité aérienne au-dessus de Diên Biên Phu.

9 Témoignage du commandant Serge Fantinel, Les Chemins de la Mémoire, n° 192, mars 2009, p.5. 10 Service historique de la Défense, département marine, carton UU TB 59 : évolution de la situation militaire en Indochine, période du 26 mars au 25 avril 1954, état-major interarmées et des forces terrestres, commandement en chef des forces terrestres navales et aériennes en Indochine. 11 Service historique de la Défense, département marine, carton UU19.

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Photo n°18/ Référence : NVN 54-59 R86

Largage de 12 bombes de 500 livres par un bombardier Privateer PB4Y-2 pour effectuer une coupure de route près de Son La en

pays thaï.

15-25 avril 1954, photographe Paul Corcuff.

Le 1er mai, le général Giap lance l’offensive finale. Les troupes du Viêt-minh procèdent par assauts successifs ; à l’intérieur du camp, la défense est de plus en plus difficile ; en outre, de nombreux blessés s’y trouvent ; le Viêt-minh a refusé les évacuations sanitaires ; les blessés doivent donc rester à l’intérieur du camp et être traités du mieux possible sur place. Dès le mois d’avril, le 2e bureau de l’état-major interarmées et des forces terrestres attirait l’attention du commandement sur le fait que l’impossibilité d’évacuer les blessés posera à terme de graves problèmes ; au 10 avril, on compte 610 blessés soignés à l’intérieur du camp de Diên Biên Phu.12 Le 7 mai, le dernier point d’appui, Isabelle, tombe. C’est la division 308, commandée par le général Vuong Thua Vu, qui donne le coup de grâce. Cette division était déjà présente à Cao Bang et à Lang Son en 1950 et sera la première division à entrer dans Hanoi en 1954. Après 57 jours de combat, l’armée du Viêt-minh vient à bout du camp retranché le 7 mai 1954 à 17h30.

III / Bilan et conséquences :

Bilan humain :

Au total, 15 000 hommes du corps expéditionnaire français ont participé à la défense du camp de Diên Biên Phu ; plus de 3 300 d’entre eux ont été tués ou sont portés disparus. Plus de 5 000 ont été blessés dont 3 500 ont été opérés dans les antennes chirurgicales du camp. Plus de 10 000 combattants sont faits prisonniers ; beaucoup mourront en détention (ils devront marcher à travers la jungle et les montagnes) ; quelques-uns seulement parviennent à s’échapper. On estime que le Viêt-minh déplore trois fois plus de morts. En tout, 33 bataillons du Viêt-minh ont été engagés soit 100 000 hommes.

12 Service historique de la Défense, département marine, carton UU TB 59 : situation militaire en Indochine, bulletin n°359, période du 26 mars au 10 avril 1954, 2e bureau, état-major interarmées et des forces terrestres, commandement en chef des forces terrestres navales et aériennes en Indochine, 19 avril 1954.

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Les camps :

Après une longue marche forcée vers le Nord à travers la jungle, les prisonniers français sont internés dans des camps. Ils ont à subir aussi la propagande communiste, des cours politiques obligatoires. Brimades et privations sont monnaie courante. Les prisonniers doivent faire leur autocritique et avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis. Les blessés ne sont pas soignés, les médecins militaires sont regroupés et ont l’interdiction d’intervenir auprès des prisonniers blessés. Les éléments du Viêt-minh faits prisonniers par le corps expéditionnaire français sont regroupés dans des camps de PIM (prisonniers internés militaires).

Échange de prisonniers :

Après les accords de Genève, signés en juillet 1954, qui mettent fin au conflit indochinois et qui instaurent une partition du pays le long du 17e parallèle, la France quitte le Tonkin. Les deux parties acceptent un échange général de prisonniers ; 3 290 prisonniers rescapés ont été rendus à la France. Le destin des prisonniers d’origine indochinoise qui ont combattu du côté français reste inconnu.

Photo n°19/ Référence : TONK 53-133 R12

Le camp de PIM (prisonniers internés militaires) de Diên

Biên Phu.

11-15 décembre 1953, photographe Jean Péraud.

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Photo n°20/ Référence : CVN 54-35 R43

Retrouvailles entre un commandant du Viêt-minh et l’un de ses anciens officiers.

14 juillet 1954, photographe René Adrian.

Photo n°21/ Référence : NVN 54-44 R1

Prisonniers du Viêt-minh blessés arrivant à l’un des points d’appui.

19-22 mars 1953, photographes Daniel Camus et Jean Péraud.

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IV / Le SCA (Service cinématographique des armées) à Diên Biên Phu :

« C’est la guerre, je ne la fais pas, je la filme »13. Photo n°22/ Référence : TONK 53-89 R5

Traversée d'un arroyo par le 2e BEP (bataillon étranger de parachutistes) ; au premier plan, le reporter cinéaste André Lebon.

24 septembre 1953, photographe Pierre Ferrari.

Le SCA (service cinématographique des armées) dépend du cabinet du ministre de la Défense et se trouve en métropole. Sur le terrain, la section « ciné-photo » regroupe les opérateurs ; elle est placée sous le contrôle du SPI14 (service presse information), qui, en collaboration avec le cabinet du commandant en chef, a en charge le contrôle de l’ensemble de l’information militaire. La section « ciné-photo » a pour mission d’assurer la couverture cinématographique du conflit et de filmer les séquences nécessaires à la réalisation de courts métrages.15 Les opérateurs du SCA ont couvert l’opération Castor. Ils ont par la suite suivi les visites des officiels au camp de Diên Biên Phu, lors de l’aménagement de la base. Aucune équipe n’est présente de façon continue, l’état-major français estimant qu’une couverture permanente ne se justifie pas. Des photographes et des cameramen du SCA étaient présents à Diên Biên Phu. Ils ont été parachutés sur le camp et ont couvert la bataille ; ils ont tenté de rendre compte au mieux des conditions à l’intérieur du camp et des événements qui se sont succédé. Ces opérateurs connaîtront des sorts divers. Le photographe Raymond Martinoff et le cinéaste André Lebon arrivent à Diên Biên Phu en mars 1954, quand les avions peuvent encore y atterrir. L’atterrissage est périlleux, Raymond Martinoff est tué, André Lebon perd une jambe ; il sera évacué par un des derniers hélicoptères partis de Diên Biên Phu. Le photographe Daniel Camus est également présent à Diên Biên Phu. Il est rejoint par Pierre Schoendoerffer et Jean Péraud. Pierre Schoendoerffer devait être rapatrié en France, mais il insiste pour sauter sur Diên Biên Phu. Ces trois soldats de l’image ont été les seuls présents dans la cuvette de Diên Biên Phu au cours de la bataille. Lors d’une visite de Pierre Schoendoerffer en février 2008 à l’ECPAD (établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense), il raconte qu’il n’a pas filmé son saut sur Diên Biên Phu car il avait peur de casser sa caméra à l’atterrissage ; il la protégea donc du mieux possible dans son paquetage, se concentra sur son saut et put filmer par la suite les troupes dans la cuvette.

13 André Lebon, L’Asiate, Albin Michel, 1974. 14 Créé en juillet 1948, ce service change plusieurs fois d’appellation avant de devenir en juin 1950 le SPI (service presse information). 15 Pascal Pinoteau, Diên Biên Phu dans le cinéma d’actualité.

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Pierre Schoendoerffer évoque aussi son matériel : il utilise une caméra américaine Bell Howell, portée sur le front. Le plan le plus long possible dure 20 secondes16. Jusqu’au 20 mars 1954, les opérateurs du SCA purent envoyer leurs bobines et leurs négatifs par avion sanitaire. À partir de cette date, aucune photo ni aucun film ne quittèrent Diên Biên Phu. Il n’existe donc pas de films ou de photos des derniers jours de la bataille. Le 7 mai, les trois opérateurs Daniel Camus, Pierre Schoendoerffer et Jean Péraud sont faits prisonniers ensemble. Lors de la longue marche des prisonniers dans la jungle dense, ils décident de tenter de s’évader. Jean Péraud quitte le premier la colonne de prisonniers, il s’enfonce dans la jungle, on ne le reverra plus. Pierre Schoendoerffer essaye de le suivre mais est rattrapé. Daniel Camus et Pierre Schoendoerffer se retrouvent dans le camp 41, en compagnie notamment du général de Castries. Daniel Camus essaye de s’échapper mais sa tentative échoue. Les deux opérateurs sont ensuite transférés dans d’autres camps de prisonniers, le dernier étant le camp de Tuyen Quang. Informés à leur arrivée qu’un échange de prisonniers doit avoir lieu, ils sont libérés deux jours plus tard et sont accueillis à Hanoi par le général de corps d’armée René Cogny, commandant les FTNV (forces terrestres du Nord Viêtnam).

Photo n°23/ Référence : NVN 54-139 R34 Arrivée du LCM (Landing Craft Materiel) à Hanoi et débarquement des prisonniers libérés, en présence d’Eliane Jughon,

opératrice de cinéma en Indochine, participant au rapatriement des prisonniers.

28 août 1954, photographes Georges Liron et Jean Lussan. Le reporter Robert Capa, qui couvre le conflit pour la presse américaine, arrive au Tonkin en mai 1954. Il photographie les premiers rescapés de Diên Biên Phu. Peu de jours après son arrivée, le 25 mai, il meurt au cours d’une opération.

16 Propos tenus par Pierre Schoendoerffer lors de la projection d’une sélection de rushes à la Cinémathèque française, novembre 2004.

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Photo n°24/ Référence : TONK 53-118 R7

Brigitte Friang, reporter de guerre, replie son parachute.

21 novembre 1953, photographe Daniel Camus.

Trente-sept ans après, le tournage du film Diên Biên Phu :

L’opérateur vidéo du SCA (service cinématographique des armées) devenu réalisateur, Pierre Schoendoerffer est revenu en Indochine en 1991 pour tourner le film Diên Biên Phu. Près de Hanoi, dans un camp militaire, le site de la bataille a été reconstitué. Les avions Dakota qui effectuent les largages et les parachutages sur le camp ont été achetés aux États-Unis.

Photo n°25/ Référence : DIA 91 300 739

Pendant le tournage du film Diên Biên Phu, un avion Dakota survole le pont Doumer.

16 février-12 juin 1991, photographe Michel Metereau.

L’armée de la république démocratique du Viêtnam et l’armée française ont participé à ce film. Un détachement de 84 soldats français, issus des régiments qui se sont illustrés à Diên Biên Phu, est mis à la disposition du réalisateur ; ils effectuent les scènes de sauts sur le camp retranché. Lors du tournage, les soldats français côtoient les descendants des bodoïs17 du général Giap. Une équipe de l’ECPAD était présente sur place.

17 Soldats

Pendant la guerre d’Indochine, Brigitte Friang est rédactrice pour la revue Indochine

Sud-Est asiatique. Elle n’appartient pas au SCA, mais suit certaines opérations militaires. On la voit ici après un saut en parachute lors de l’opération Castor.

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Photo n°26/ Référence : DIA 91 300 739

Pierre Schoendoerffer, le réalisateur, pendant le tournage.

16 février-12 juin 1991, photographe Michel Metereau.

Ce film, sorti en salle le 4 mars 1992, est une évocation historique en hommage aux militaires qui en ont été les principaux acteurs. Dédié à tous ceux qui ont combattu à Diên Biên Phu, il se veut un film pour la mémoire.

Conclusion

La dernière grande bataille de la guerre d’Indochine scelle le sort des troupes françaises dans la cuvette en même temps que le sort de l’Indochine française. Ce fut la bataille la plus longue, la plus meurtrière de l’après-Seconde Guerre mondiale. Le 11 août 1954, les hostilités cessent effectivement dans la totalité des territoires d’Indochine. La guerre d’Indochine constitue un modèle pour les troupes indépendantistes du monde entier. C’est la première étape d’un long processus qui aboutira à l’indépendance de toutes les colonies françaises. La section études du 3e bureau de l’état-major des FTNV (forces terrestres du Nord Viêtnam) a réalisé un historique des opérations dans le delta, de la chute de Diên Biên Phu au cessez-le-feu. Cette section a étudié les conséquences de la chute de Diên Biên Phu dans les domaines politique et psychologique des deux camps : « - chez l’adversaire : l’armée populaire par sa victoire :

- renforce opportunément à Genève la position de la délégation du Viêt-minh […] - offre […] aux organismes de propagande l’atout décisif qui était le thème de la libération promise.

En retour, le parti : - étale, aux yeux du peuple, le prestige éclatant de son armée - obtient une nouvelle valorisation du potentiel militaire par accroissement des livraisons d’équipements

et de matériels lourds - galvanise le moral […]

- dans notre camp :

- les cadres et la troupe du corps expéditionnaire, solidaires de leurs camarades du camp retranché, ont durement ressenti la fin d’un combat qu’ils savaient sans espoir. Chacun était partagé entre le désir de réparer dans le delta la bataille perdue en Haute-Région et le sentiment d’une guerre achevée puisque la France traitait à Genève.

- La fraction du peuple vietnamien encore liée à nous, objet d’une propagande insidieuse et soigneusement entretenue de bouche à oreille, mesure toute la faiblesse de l’organisation politique

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gouvernementale, craint un abandon du Nord Viêtnam, amenant un partage du pays et connaît une émotion qui gagne les rangs de nos unités autochtones.

- Conscient de l’étendue du danger et de l’importance de l’enjeu et bien que gêné par une presse au rôle détestable, le commandement n’hésite pas à exiger de tous un surplus d’énergie pour appliquer les mesures imposées par la situation. »18

En 2005, le gouvernement français a instauré une « journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine », fixée au 8 juin.

Delphine Bizet, CED Responsable du fonds Indochine de l’ECPAD

Sources

René Bail, Diên Biên Phu, un combat pour l’impossible, ECPAD, 2004. Jacques Dalloz, Dictionnaire de la guerre d’Indochine, Armand Colin, 2006. Général Yves Gras, Histoire de la guerre d’Indochine, Denoël, 1992. Albert de Saint-Julien, Caméra au poing, Documents du Monde, 1955. Archives du Service historique de la Défense, département marine. Sites web : www.dienbienhpu.org, ANAPI (Association nationale des anciens prisonniers d’Indochine)

Pour en savoir plus

Voir le dossier réalisé par le SHD (Service historique de la Défense) « L’armée de l’air pendant la guerre d’Indochine » : http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr, rubrique « Histoire » puis « Les dossiers du SHD ».

18 Service historique de la Défense, département marine, carton UU TB 60.