la banque royale du canada

4
La Santé Pour Tous LA BANQUE ROYALE DU CANADA SIÈGE SOCIAI.. MONTRÉAL Février 19~,7 I l y a deux manières extrêmes devivre --enbonne santé oudans unétat maladif -- mais entre les ¯ " ’ n " deux, beaucoup de gens nejomssent queparue de lasanté, ouvég. ètent entre une santé florissante et une santeprecalre. Beaucoup degens chez quiledocteur netrouve pas "demaladies organiques", passent leur vieenproie à lafatigue etsans jouir pleinement delasanté. La santé est unétat debien-être absolu, etilconvient derehausser lanorme dubien-être enrapport avec la hausse dans les autres normes delavie moderne. Mais lasanté n’est pas undon gratuit etaveugle delana- ture. C’est une chose facile à perdre; etsaperte, même à unléger degré, sefait sentir sur toutes les autres phases delavie. Le mieux à faire au moindre signal de danger est desefaire examiner parunmédecin. 11n’est pas né- cessaire desecréer des phobies. Chaque petite douleur n’est paslesigne d’une maladie dangereuse. Mais ne négligez pasles douleurs persistantes oules pertes anormales. Nesoyez pasimpatient si lemédecin ne murmure pasquelques mots d’encouragement envous ter, dant uneprescription¯ Votre santé etvotre viesont trop importantes pour être traitées à lalégère, quand toutes les années que vous espérez vivre dépendent peut-être d’une heure oudeux pour enprendre soin. Etquand vous recevez patente nette, comme disent les marins, etvous sortez deson cabinet avec l’assu- rance d’être enparfaite santé aux yeux delamédecine moderne, iln’ya pas depareille sensation aumonde¯ Prévention Ilest bon que chacun denous s’intéresse également davantage à lapréventmn desmaladies. Sans abandonner lesefforts de guérir les malades etdesoulager les incurables, lamédecine s’efforce énergiquement, nonpas seulement deguérir, mais decréer desconditions dans lesquelles lapopu- lation puisse vivre enbonne santé¯ Ledocteur R.C. Cabot, dans sontraité demédecine, compte 13mala- dies qu’on peut prévenir par lavaccination etl’im- munisation. Mais c’est auxgens defaire usage deces moyens préventifs. Après avoir pris desprécautions --examen médical et immunisation -- quepouvez-vous faire de plus pour acquérir lasanté florissante, lavigueur, l’agi- lité etl’endurance qui sont à votre portée ? Exercice et nutrition Prenez l’exercice! Trop deCanadiens en font par procuration. Nous allons nous asseoir surdesgradins d’amphithéâtre etnous acclamons desprofessionnels ou notre équipe favorite ettout ceque nous développons, c’est nospoumons. Nous ne prétendons pasquelesexer- cices d’assouplissement ou lessports préviennent l’appendicite, lapneumonie oulesaccidents. Mais dumoment quec’est lecorps quisera appelé à leur résister ouà les combattre, avec l’aide delamédecine, ilconvient demaintenir cecorps dans lemeilleur état possible --etl’exercice physique est lemoyen naturel dedévelopper lecorps. Un bon régime alimentaire contribue énormément à lasanté physique. Lafatigue, la nervosité, les arrêts decroissance, l’irritabilité, lemal aux yeux, etbeau- coup d’autres malaises sont le résultat d’un mauvais régime, etla mauvaise nutrition expose le corps à d’autres maladies beaucoup plus graves. Ledocteur Hans Selye, directeur del’Institut de médecine expérimentale et de chirurgie à l’Univer- sité deMontréal ditquece quitueprincipalement les gens denos jours sont les "maladies delacivili- sation", comme l’hypertension, l’arthrite etles ulcères, etajoute queson département ena guéri desanimaux aumoyen d’un régime alimentaire. Ledocteur L.13. Pett, chef delaDivision delanutrition auministère delaSanté nationale etdubien-être social, a dit à l’Association diététique deMontréal:il semble certain que"beaucoup degens traînent leur vie" à souffrir toutes sortes demaladies qu’ils pourra~~ent éviter par une meilleure nutrition. La marche de la science Dans lecas oùcequenous venons dedire ausujet des bienfaits delascience ferait sourire quelques lecteurs, voyons un peuce qu’elle a fait jusqu’ici etce qu’elle fait denos jours.

Upload: others

Post on 17-Jun-2022

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: LA BANQUE ROYALE DU CANADA

La Santé Pour Tous

LA BANQUE ROYALE DU CANADASIÈGE SOCIAI.. MONTRÉAL

Février 19~,7

I l y a deux manières extrêmes de vivre -- en bonnesanté ou dans un état maladif -- mais entre les

¯ " ’ n "deux, beaucoup de gens ne jomssent que parue dela santé, ou vég. ètent entre une santé florissante etune sante precalre.

Beaucoup de gens chez qui le docteur ne trouve pas"de maladies organiques", passent leur vie en proieà la fatigue et sans jouir pleinement de la santé. Lasanté est un état de bien-être absolu, et il convientde rehausser la norme du bien-être en rapport avec lahausse dans les autres normes de la vie moderne. Maisla santé n’est pas un don gratuit et aveugle de la na-ture. C’est une chose facile à perdre; et sa perte, mêmeà un léger degré, se fait sentir sur toutes les autresphases de la vie.

Le mieux à faire au moindre signal de danger estde se faire examiner par un médecin. 11 n’est pas né-cessaire de se créer des phobies. Chaque petite douleurn’est pas le signe d’une maladie dangereuse. Mais nenégligez pas les douleurs persistantes ou les pertesanormales.

Ne soyez pas impatient si le médecin ne murmurepas quelques mots d’encouragement en vous ter, dantune prescription¯ Votre santé et votre vie sont tropimportantes pour être traitées à la légère, quand toutesles années que vous espérez vivre dépendent peut-êtred’une heure ou deux pour en prendre soin.

Et quand vous recevez patente nette, comme disentles marins, et vous sortez de son cabinet avec l’assu-rance d’être en parfaite santé aux yeux de la médecinemoderne, il n’y a pas de pareille sensation au monde¯

Prévention

Il est bon que chacun de nous s’intéresse égalementdavantage à la préventmn des maladies.Sans abandonner les efforts de guérir

les malades et de soulager les incurables, la médecines’efforce énergiquement, non pas seulement de guérir,mais de créer des conditions dans lesquelles la popu-lation puisse vivre en bonne santé¯ Le docteur R. C.Cabot, dans son traité de médecine, compte 13 mala-dies qu’on peut prévenir par la vaccination et l’im-munisation. Mais c’est aux gens de faire usage de cesmoyens préventifs.

Après avoir pris des précautions -- examen médicalet immunisation -- que pouvez-vous faire de pluspour acquérir la santé florissante, la vigueur, l’agi-lité et l’endurance qui sont à votre portée ?

Exercice etnutrition

Prenez l’exercice! Trop de Canadiens en font parprocuration. Nous allons nous asseoirsur des gradins d’amphithéâtre et nousacclamons des professionnels ou notre

équipe favorite et tout ce que nous développons, c’estnos poumons. Nous ne prétendons pas que les exer-cices d’assouplissement ou les sports préviennentl’appendicite, la pneumonie ou les accidents. Maisdu moment que c’est le corps qui sera appelé à leurrésister ou à les combattre, avec l’aide de la médecine,il convient de maintenir ce corps dans le meilleur étatpossible -- et l’exercice physique est le moyen naturelde développer le corps.

Un bon régime alimentaire contribue énormémentà la santé physique. La fatigue, la nervosité, les arrêtsde croissance, l’irritabilité, le mal aux yeux, et beau-coup d’autres malaises sont le résultat d’un mauvaisrégime, et la mauvaise nutrition expose le corps àd’autres maladies beaucoup plus graves.

Le docteur Hans Selye, directeur de l’Institut demédecine expérimentale et de chirurgie à l’Univer-sité de Montréal dit que ce qui tue principalementles gens de nos jours sont les "maladies de la civili-sation", comme l’hypertension, l’arthrite et les ulcères,et ajoute que son département en a guéri des animauxau moyen d’un régime alimentaire. Le docteur L. 13.Pett, chef de la Division de la nutrition au ministèrede la Santé nationale et du bien-être social, a dit àl’Association diététique de Montréal:il semble certainque "beaucoup de gens traînent leur vie" à souffrirtoutes sortes de maladies qu’ils pourra~~ent éviter parune meilleure nutrition.

La marchede la science

Dans le cas où ce que nous venons de dire au sujetdes bienfaits de la science ferait sourirequelques lecteurs, voyons un peu cequ’elle a fait jusqu’ici et ce qu’elle fait

de nos jours.

Page 2: LA BANQUE ROYALE DU CANADA

Tous les savants du monde sont à la recherche desmoyens de guérir la paralysie infantile, l’influenzaet le cancer, et leurs essais de laboratoire rendrontd’immences services à l’humanité. Le docteur Ayre,directeur du laboratoire de gynécytologie à l’hôpitalRoyal Victoria de Montréal, a découvert un moyend’envoyer les cellules par la poste, ce qui permet auxexperts de les examiner et de les interpréter. Les la-boratoires sont ainsi mis partout à la portée de toutle monde, quand le médecin local désire faire usagedes meilleurs moyens possibles pour déchiffrer lessymptômes et faire son diagnostic. Le nouveau servicede transfusion que la Croix-Rouge canadienne se pro-pose d’établir d’un bout à l’autre du pays offre del’espoir à ceux qui seraient privés autrement de cetexcellent moyen auxiliaire de traitement.

La médecine a fait des progrès énormes pendantla guerre. Cette douloureuse clinique a donné nais-sance à de nouveaux traitements pour les brûlures etles blessures de toute sorte. La guérison des blessuresa été accélérée de presque 40 pour cent par un trai-tement annoncé dans le Montreal Standard par lesdocteurs E. Dubé, L.-P. Dugal et A. Boyer de l’Uni-versité de Montréal, avec le concours du comité ad-joint des recherches médicales du Conseil nationalde recherches.

Le British Medical Journal a récemment racontécomment la jaunisse avait été artificiellement provo-quée chez des malades pour combattre l’arthritisme:quelques-uns qui avaient été condamnés au lit depuisdes années se levèrent et marchèrent sans difficulté:les articulations gonflées redevinrent normales, et desmalades qui n’étaient pas capables d’écarter les doigtsretrouvèrent l’usage de leurs mains. Le démérol, qu’ilne faut jamais employer qu’avec une prescription etsous les soins d’un médecin, (règle qui d’ailleurs de-vrait s’appliquer à tous les médicaments) est employépour soulager la sciatique, la névralgie et la mlgrame.L’école polonaise de médecine d’Edimbourg a employél’insuline chez certaines catégories d’asthmatiqueset en a guéri complètement huit sur neuf. Il y a dixans, le docteur Mary B. Walker a démontré aux mem-bres de la Société royale de médecine comment laprostigmine rendait la force musculaire aux victimesd’une maladie qui affaiblissait considérablement lesmuscles. De nos jours, ce médicament offre des per-spectives de guérison aux personnes souffrant dessuites de polio, attaques d’apoplexie, arthritisme etautres infirmités.

Tout le monde connaît la pénicilline, conquéranteindiscutable d’un grand nombre de microbes, décou-verte par sir Alexander Fleming. D’autres groupesde microbes sont traités au moyen de la streptomycmeet des sulfamîdés qui attaquent leur propre secteurdi l’armée microbienne. Une dépêche au MontrealStar dit que des recherches ont été entreprises pourdéterminer la possibilité d’employer la streptomycinecontre la tuberculose. Et à Lawrencetown, en Nou-velle-Ecosse, le docteur Frank W. Morse annoncequ’un vaporisateur ordinaire est le moyen le plus éco-nomique et le plus efficace d’administrer la pénicilline

dans les cas de pneumonie et autres maladies despoumons, et que cela met ce produit à la portée desrégions les plus reculées du monde.

La carrièremédicale

Les travaux scientifiques sont en majorité incom-préhensibles à l’homme des rues. Il saitvaguement qu’il y a quelque part deshommes qui consacrent leur vie et leurs

talents à des recherches. Mais il n’entre en rapportsqu’ayec le médecin ordinaire, le spécialiste et le chi-rurgien.

Si l’on tient compte de sa nécessité, la carrière demédecin n’est pas aussi encombrée qu’on l’entenddire. Il n’y a pas assez de docteurs, de dentistes etd’oculistes pour donner à chaque personne les soinsnécessaires pour que toute la population jouisse d’unesanté parfaite.

Le nombre de médecins au Canada a un peu plusque doublé dans les quarante ans de 1901 à 1941, maiscette sensible augmentation a à peine marché de pairavec l’accroissement de la population. La Commis-sion de recrutement et de répartition du personnelmédical a trouvé qu’en 1943 il y avait 1,261 personnespar médecin, 3,477 par dentiste, 520 par garde-malade.Sur les 8,614 médecins civils, seulement 5,894 exer-çaient la médecine générale, et les autres étaient desspécialistes ou étaient attachés à des industries, uni-versités, compagnies d’assurance, services d’hygiènepublique ou d’hôpitaux.

Mais, direz-vous, l’équilibre se rétablira quand lesétudiants en médecine auront reçu leur diplôme.Voyons un peu. Le nombre d’élèves sortis des écolesde médecine au Canada dans les 25 ans de 1920 à 1944est de 540 par an, mais cela ne représente pas un gainnet dans le nombre des médecins. Pendant les cinqans terminés en 1944, il est mort en moyenne 223 mé-decins par an. Un grand nombre de diplômés, entre5 et 10 pour cent, sont des étudiants étrangers quiretournent chez eux à la fin de leurs études. L’émigra-tion ne nous en fait perdre pas moins de 10 pour cent.D’autres prennent leur retraite. Pendant les dix annéesde 1931 à 1940, il est sorti 5,254 jeunes médecins des9 6coles canadiennes, mais le nombre de médecins auCanada ne s’est accru que de 1,110.

Il est clair que dans l’intérêt du pays dans son en-semble, il faut prendre des mesures pour rendre lamédecine si agréable qu’elle attire plus de candidats,et que ceux qui sortent des écoles soient encouragésà rester au pays. Beaucoup de jeunes médecins sontrevenus de la guerre, comme leurs pères étaient re-venus de l’autre, après avoir acquis vingt années d’ex-périence en deux ou trois. Il s’agit de les découragerde partir à l’étranger en leur offrant chez nous lesmoyens d’exercer leur initiative et de gagner adé-quatement leur vie.

La responsabi-lité du public

La tâche des médecins est unique au monde, car ilstravaillent à supprimer le besoin de leursservices. Ils sont fiers de l’habileté dontils font preuve dans les diagnostics, dans

Page 3: LA BANQUE ROYALE DU CANADA

les salles d’opération, dans les crises, mais ils ont lesyeux fixés sur le jour où les soins médicaux devien-dront inutiles.

Pour atteindre ce but ils ont besoin de l’aide dupublic autant que de la science. Ils ne peuvent pasinventer et appliquer les meilleures méthodes de me-decine préventive et curative pour la totalité du publicsans la collaboration du public. Cette collaborationdoit commencer dès la jeunesse. Dans un volumeintitulé: "L’Association canadienne de médecins etles problèmes de l’économie mondiale" publié parl’Association en 1941, l’auteur, Hugh H. Wolfenden,dit ceci: "A présent, notre philosophie sociale con-siste, en grande partie, à chercher à guérir ceux quitombent malades, par des méthodes dont d’autrespersonnes supporteront les frais, tandis qu’en’mêmetemps nos mesures préventives, si bonnes qu’ellessoient, ne sont en réalité pas encore complètes, etsous certains rapports indiquent peu de coordinationentre prévention et guérison. En envisageant ainsil’ensemble du problème sous forme de "plan" social-- pour employer de nouveau un terme caractéris-tique de l’un de nos concepts imprécis des temps mo-dernes -- nous procédons dans notre esprit: (1) depuisla naissance, en passant par (2) les années scolaires,à (3) l’âge adulte pendant lequel l’être soi-disant in-telligent est parfaitement libre de ruiner sa santé partous les moyens qui lui plaisent, jusqu’à (4) une ma-ladie grave, et à ce point, quelques partisans de mé-thodes très avancées d’assurance-santé nationale etde médecine d’Etat, proposent de faire appel à toutela collectivité pour organiser des secours. Il sembleraitlogique de prêter un peu plus d’attention aux premièresparties de cette suite d’événements. La brochure dità un autre endroit: "Nous laissons les gens tombermalades tout seuls, par malheur, ignorance ou négli-gence, mais quand ils ont réussi à se rendre maladeson dit alors que c’est le devoir de toute la collectivitéde,les guérir."

Gardes-malades

La carrière de garde-malade ne le cède en impor-tance qu’à celle de médecin dans le do-maine de l’hygiène. Elle touche à presquetous les autres services de santé et c’est

un facteur essentiel dans la plupart.

Les jeunes filles qui deviennent gardes-maladesrésistent à l’attrait d’autres occupations qui offrentimmédiatement des salaires plus élevés et de plusgrands loisirs. La garde-malade doit suivre des courspendant trois ans, accepter de plus grandes respon-sabilités et travailler de plus longues heures que dansles autres emplois. Quant au salaire, un rapport dela Commission de recrutement donne un tableauindiquant que 49 pour cent des gardes-malades affec-tées au service général des hôpitaux reçoivent $849ou moins par an, et que quelques institutions paientbeaucoup moins de $650.

La revue du Health Study Bureau mentionne lelourd fardeau des longues heures de service. "Unesemaine de 52 à 60 heures est très fatigante pour desjeunes filles dans les dernières années de l’adolescen-ce", dit la Revue. Dans un hôpital type de l’Ontario,

environ deux pour cent de chaque fournée de gardes-malades, soit avant ou peu apres avoir reçu leur di-plôme, sont atteintes de tuberculose pulmonaire àlaquelle les prédisposent la fatigue et l’excès de travail.Seulement 33 pour cent des gardes-malades travail-lent, dit la Revue, moins de 96 heures par quinzaineet quelques-unes font jusqu’à 160 heures. La Revuecite le cas, oas isolé, d’une garde-malade gagnant$720 par an, sans subsistance, e(travaillant 112 heurespar quinzaine.

Hygiène

publique

Dans le domaine de !’h_ygiène publique, ce sont lesmunicipalités locales, les gouvernementsprovinciaux et le gouvernement fédéralqui assurent les services. Le. principal

malheur est que, sauf dans la Province de ~uébecet dans l’Ile du Prince-Edouard, les régions rurales duCanada sont insuffisamment desservies par des uni-tés sanitaires à service continu, affirme M. Hoadley.Mais même dans les villes il existe une grande diffé-rence dans l’intérêt apporté aux services d’hygiènepublique -- à en juger en tous cas par le chiffre desdépenses.

Il faudrait faire sortir le service sanitaire des coinsobscurs qu’il occupe dans un si grand nombre d’hô-tels de ville et le loger dans des édifiees modernes etbien agencés en lui donnant un personnel suffisant.Muni de meilleurs moyens d’action et de l’appui dupublic, le service sanitaire pourrait mieux travaillerà combattre la tuberculose, les maladies infantileset les maladies vénériennes; il pourrait remporter plusde succès contre la mortalité puerpérale et infantile, etentreprendre des campagnes d’éducation qui rappor-teraient des dividendes aux générations suivantes.Ni lui ni le public ne devraient croire, comme on lepense trop généralement, qu’il suffit d’entretenir tantbien que mal le service sanitaire de la ville.

H0pitaux

Les hô»itaux du Canada sont parfois, comme dansle cas de la plupart de ceux pour lesmaladies contagieuses, administ_rés par

les autorités sanitaires des municipalités ou des pro-vinces, mais ils sont le plus souvent des hôpitauxprivés. Si le Canada avait un bon programme de mé-decine préventive, avec l’appui actif du public, unegrande partie de notre population ne serait pas en cemoment dans des lits d’hôpitaux.

Le docteur R. Percy Vivian était autrefois ministrede la Santé publique et du bien-être de l’Ontario, etil est maintenant chef du service de l’hygiène et dela médecine sociale à l’Université McGill. Après avoirfait une enquête sur les hôpitaux de Montréal, il adéclaré que dans sept sur huit des hôpitaux qu’il avisités, en supposant qu’il soit possible de transférerles malades de longue durée après 60 jours d’hospi-talisation, on aurait pu admettre 2,874 malades deplus et rendre 102 lits disponibles tout en économisant37,256 jours de soins. On pourrait faire cela, dit-il,au moyen d’aménagements spéciaux pour les maladesde longue durée et les convalescents. Il est affreuxd’apprendre, à cette occasion, qu’il n’y avait que dixhôpitaux publics pour convalescents dans tout le

Page 4: LA BANQUE ROYALE DU CANADA

Canada en 1945, avec un total de 830 lits. Trois pro-vinces seulement, Québec, Ontario et Manitoba, ac-sordent des subsides pour les soins aux convalescentsou paient les frais de ceux qui n’ont pas les moyens.

Un autre domaine qui laisse également à désirerest celui de l’hygiène industrielle. La National HealthSurvey a établi la norme suivante pour 1945: servicesd’un médecin par cent employés dans l’usine et unmédecin attaché à la compagnie par 3,000 employés.La revue du Health Study Bureau fait ce commen-taire: "Nous sommes fortement d’avis qu’il existeune bonne chance d’améliorer la santé au moyen deprogrammes d’hygiène dans l’industrie." L’Associ-ation canadienne de l’hygiène publique dit au sujetde l’hygiène: "C’est une occasion de pratiquer la mé-decine préventive chez les travailleurs adultes, d’uneimportance au moins égale à celle offerte par la po-pulation scolaire."

Hygiènescolaire

C’est ici, parmi la population scolaire, que nousavons l’occasion de faire plus en unegénération, pour extirper les maux causéspar notre système actuel de manque de

prévention, que nous ne pourrions faire ailleurs, a dé-claré M. Hoadley dans "Canada’s Health".

Il semble particulièrement nécessaire d’ajouter auxétudes scolaires des leçons sur la santé et la nutritionainsi que des exercices physiques dont les enfants sesouviendront et qu’ils pratiqueront après avoir quittél’école. Les parents ont, eux aussi, besoin d’une cam-pagne d’éducation. On a trouvé 33,964 imperfectionsphysiques, sans compter les mauvaises dents, chezles écoliers de Montréal en 1945, et seulement 9,018avaient été corrigées avant la fin de l’année scolaire.

La Ligue de la santé du Canada fait de la bonnebesogne et publie un magazine trimestriel "Health"qui tire à plus de 20,000 exemplaires. La "Semainede la santé", observée cette année du 2 au 7 février,a pour but d’attirer l’attention sur l’importance dela santé, et la "semaine de l’immunisation" a donnélieu à pas mal de publicité sur la nécessité et les mo-yens de prévenir la diphtérie, la variole, la coquelucheet la fièvre scarlatine. Un plan d’hygiène industrielleindique aux employeurs la manière d’installer et demettre en vigueur un programme de santé. La divisionsociale de l’hygiène s’occupe de prévenir et de fairedisparaître les maladies vénériennes. Un programmed’éducation sur la prévention des maladies contagi-euses est continuellement en vigueur. Au cours del’assemblée générale de la division de Québec de laLigue, le président sortant, l’hon. J.-E. Perrault,s.r., a dit: Tant que la maladie contagieuse n’a pasdisparu de toutes les parties du Canada, aucunepartie n’en est à l’abri, et par conséquent il faut l’at-taquer sur un plan national¯

De la bonne besogne a été également accompliepar le Health Study Bureau, dont la création résultedes travaux commencés par l’hon. George Hoadley,ministre de la Santé en Alberta en 1937. Le principalobjectif du Bureau est d’améliorer la santé de la po-pulation agricole et M. Hoadley en est le présidentet le directeur général.

Service desanté payéd’avance

La question de l’assurance-santé, proposée pour"égaliser" le service de santé et le ré-pandre dans les régions agricoles, four-nirait matière pour un article à elle seule.

Sous le régime traditionnel, il incombait à chacunde payer les frais de médecin pour lui et sa famille aufur et à mesure, mais cela est modifié depuis quelquesannées par l’adoption de plans volontalres d’assu-suranee-santé.

Comme exemple du plan collectif de paiement an-ticipé, prenez Cardston en Alberta. La société de lasanté y a été créée en 1931 et comprend visites demédecin, soins médicaux et chirurgicaux, à $25. p.aran. Environ 75 pour cent de la population du districtélectoral fait partie du plan. La santé dans le districts’est sensiblement améliorée. Les médecins de cliniqueinoculent au moins 90 pour cent des nouveaux bébéscontre la coqueluche, la diphtérie, la fièvre scarlatineet la variole. Les cas d’appendectomie aiguë sont rares,et il ne s’est produit qu’une rupture d’appendice enquatre ans. Le taux de mortalité est bas, spécialementà la suite d’opérations, et du moment qu’il en étaitainsi avant la pénicilline et les sulfamidés, cela doitêtre attribué au fait que la maladie est arrêtée avantd’avoir fait trop de progrès. Le comptable de la suc-cursale de la Banque Royale du Canada à Cardstondonne un aperçu intéressant à ce sujet: "Les bienfaitsdu plan ne sont pas limités seulement à la médecine,car on remarque en véri fiant les comptes des clientsque presque pas un ne doit une note de médecin. Cegenre d’assurance produit un excellent effet sur le cré-dit des gens."

Telle est notre histoire de la santé et des efforts envue de la santé au Canada. Comme on le voit, la mé-decine peut vous aider beaucoup si vous lui en donnezla chance. Les médecins sont à la disposition du public.Ils servent de leur mieux qu’on les paie ou non; ilsne comptent ni les heures ni la fatigue.

Tout ce qu’a appris la médecine et les soins desmédecins ne servent à rien si le malade n’en profitepas entièrement. Les médecins s’accordent que chaqueindividu devrait commencer son programme de santéet d’aptitude physique par un examen médical complet.Il est impossible de forcer les gens à se bien porter.On peut faire prendre une purge a un enfant au moyend’une "fessée", mais il faut croire qu’un adulte a assezde bon sens pour se faire soigner par un médecin sansqu’il faille pour cela le menacer de coups de bâton.

Et alors ? Notre Bulletin de novembre avait traità la mortalité causée par les maladies; celui-ci parlede la compétence des médecins, des progrès de lascience, des possibilités de santé et d’aptitude phy-sique. Le refrain continuel de notre article est quela santé est un bienfait matériel dont il faut jouir etqu’il ne suffit pas d’accepter; que c’est l’héritage na-turel de chacun de nous; qu’on peut la conserver,presque sûrement si, riche ou pauvre, on fait usagedes ressources de la médecine, des facilités des insti-tutions, des progrès scientifiques mis à la portée de touspar les médecins privés, les organismes municipauxet provinciaux et les associations de bien-être public¯ . . du moins si on s’adresse à eux à intervalles rai-sonnables -- et à temps.

IMPRIMÉ AU CANADApar La Banque Royale du Canada