l p o u v o i r d e s i d é e s - luther-genf.ch · viants et luttait pendant des siècles pour...

24
LE POUVOIR DES IDÉES Tu dois chercher la vérité, écouter la vérité, apprendre la vérité, aimer la vérité, parler la vérité, maintenir la vérité, défendre la vérité jusqu’à la mort, parce que la vérité te rend libre… Jan Hus, 1417 On ne peut comprendre l’Europe de nos jours sans considérer la portée des bouleverse- ments du 16e siècle, c.-à-d. de la Réformation et de son avènement. Depuis la division de l’Empire Romain – et de la chrétienté – en un Empire d’Orient grec et un Empire d’Oc- cident latin, plus de mille ans d’avant, ces bouleversements marquent la plus grande faille de la culture chrétienne. Ils ont laissé une Europe morcelée et, depuis, agissent sur la répartition des pouvoirs dans le monde entier. La carte politique de l’année 1477 présente le Saint Empire romain ger- manique dans sa plus grande prospérité à la veille de la Réformation. Il s’étendait de la mer Baltique au nord jusqu’à l’Italie au sud; à l’ouest il touchait le Royaume Français et à l’est la zone d’influence des Jagellons originaires de Lituanie et de la Pologne. L’étendu énorme des territoires possédés et gouvernés par l’Eglise chrétienne est illustré par les régions teintées en mauve. En plus, la religiosité chrétienne avait pénétré tous les domaines de la vie dans les grands empi- res européens de l’époque. La scission définitive de la chrétienté en une Eglise d’Orient grecque centrée à Byzance et une Eglise d’Occident latine centrée à Rome s’accomplit par le Grand schisme de 1056 après une longue période de détachement croissant. Depuis, l’Eglise d’Occident était toujours hantée par des mouvements dé- viants et luttait pendant des siècles pour maintenir sa prétention au pouvoir universel. Cette prétention fut établie, en 1402, par le pape Boniface VIII avec la bulle Unam Sanc- tam et la doctrine des deux glaives, le spirituel et le temporel: Les paroles de l’Evangile nous l’enseignent: cette puissance comporte deux glaives […]. Tous deux sont au pouvoir de l’Eglise, le glaive spirituel et le glaive temporel. Mais celui-ci doit être manié pour l’Eglise, celui-là par l’Eglise. […] Le glaive doit donc être subordonné au glaive, et l’autorité temporelle à l’autorité spirituelle. […] Dès lors, nous déclarons, nous proclamons, nous définissons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au Pontife Romain. La bulle Unam Sanctam n’a pas pu empêcher le Grand Schisme occidental des trois pa- pes (1378-1418). Mais à la fin du Moyen-Âge, elle marquait le début d’une lutte entre les pouvoirs politiques et les pouvoirs ecclésiastiques avec, maintes fois, des conséquences terrifiantes. Mais en même temps, des débats sur le primat du pouvoir spirituel com- mençaient à l’intérieur de l’Eglise dont les règlements ont structuré les débats ecclésias- tique et politiques jusqu’à nos jours. Le concile de Constance (1414-1418) était le premier grand congrès européen, convoqué par le roi Sigismond et le pape Jean XXIII afin de terminer le Schisme occidental (causa unionis), d’éliminer des mouve- ments hérétiques (causa fidei) et de réformer l’Eglise (causa reformationis). 1

Upload: phungnhu

Post on 16-Sep-2018

228 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Le pouvoir des idéesTu dois chercher la vérité, écouter la vérité,

apprendre la vérité, aimer la vérité, parler la vérité, maintenir la vérité, défendre la vérité jusqu’à la mort, parce que la vérité te rend libre…

Jan Hus, 1417

On ne peut comprendre l’Europe de nos jours sans considérer la portée des bouleverse-ments du 16e siècle, c.-à-d. de la Réformation et de son avènement. Depuis la division de l’Empire Romain – et de la chrétienté – en un Empire d’Orient grec et un Empire d’Oc-cident latin, plus de mille ans d’avant, ces bouleversements marquent la plus grande faille de la culture chrétienne. Ils ont laissé une Europe morcelée et, depuis, agissent sur la répartition des pouvoirs dans le monde entier.

La carte politique de l’année 1477 présente le Saint Empire romain ger-manique dans sa plus grande prospérité à la veille de la Réformation. Il s’étendait de la mer Baltique au nord jusqu’à l’Italie au sud; à l’ouest il touchait le Royaume Français et à l’est la zone d’influence des Jagellons

originaires de Lituanie et de la Pologne. L’étendu énorme des territoires possédés et gouvernés par l’Eglise chrétienne est illustré par les régions teintées en mauve. En plus, la religiosité chrétienne avait pénétré tous les domaines de la vie dans les grands empi-res européens de l’époque.

La scission définitive de la chrétienté en une Eglise d’Orient grecque centrée à Byzance et une Eglise d’Occident latine centrée à Rome s’accomplit par le Grand schisme de 1056 après une longue période de détachement croissant. Depuis, l’Eglise d’Occident était toujours hantée par des mouvements dé-

viants et luttait pendant des siècles pour maintenir sa prétention au pouvoir universel. Cette prétention fut établie, en 1402, par le pape Boniface VIII avec la bulle Unam Sanc-tam et la doctrine des deux glaives, le spirituel et le temporel: Les paroles de l’Evangile nous l’enseignent: cette puissance comporte deux glaives […]. Tous deux sont au pouvoir de l’Eglise, le glaive spirituel et le glaive temporel. Mais celui-ci doit être manié pour l’Eglise, celui-là par l’Eglise. […] Le glaive doit donc être subordonné au glaive, et l’autorité temporelle à l’autorité spirituelle. […] Dès lors, nous déclarons, nous proclamons, nous définissons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au Pontife Romain.

La bulle Unam Sanctam n’a pas pu empêcher le Grand Schisme occidental des trois pa-pes (1378-1418). Mais à la fin du Moyen-Âge, elle marquait le début d’une lutte entre les pouvoirs politiques et les pouvoirs ecclésiastiques avec, maintes fois, des conséquences terrifiantes. Mais en même temps, des débats sur le primat du pouvoir spirituel com-mençaient à l’intérieur de l’Eglise dont les règlements ont structuré les débats ecclésias-tique et politiques jusqu’à nos jours.

Le concile de Constance (1414-1418) était le premier grand congrès européen, convoqué par le roi Sigismond et le pape Jean XXIII afin de terminer le Schisme occidental (causa unionis), d’éliminer des mouve-

ments hérétiques (causa fidei) et de réformer l’Eglise (causa reformationis). 1

A peu près, tous les chefs politiques et ecclésiastiques suivirent la convocation: quelques centaines d’évêques, 29 cardinaux, des érudits et délégués des universités et les représen-tants de toutes les dynasties, grandes ou petites, de l’occident. Pour servir aux débats, les monastère avaient ressorti, copié et distribué des documents anciens correspondants.En outre, des artisans, marchants et curieux s’y ajoutaient. Durant les quatre années du concile, la petite ville de Constance, avec ses 6000 habitants, hébergeait 72 000 visiteurs.

Le concile de Constance (1414-1418) était la plus grande assemblée du Moyen-Âge et fut un événement marquant dans l’histoire de tels débats. Chaque jour, des autorités parmi les philosophes et théologiens faisaient des discours en public, et dans les sessions, chaque mot était pris en consi-

dération et discuté longuement. Au centre du fond du tableau, on reconnaît le pape en-touré aux deux côtés par quelques évêques et abbés, des orateurs érudits sur les chaires des deux côtés, au premier plan les têtes des auditeurs et, au centre, la Vierge avec l’en-fant comme sainte patronne.

Le Schisme des trois papes fut terminé: Jean XXIII était obligé de fuir, les deux autres furent destitués par défaut. Un nouveau pape fut élu par un conclave: Martin V.La persécution des idées hérétiques était menée avec dureté. Le réformateur John Wy-cliff (ca. 1330-1384), mort depuis longtemps, fut jugé hérétique à titre posthume et ses os furent brûlés. Jan Hus de la Bohême, influencé par Wycliff et un critique du clergé, fut jugé hérétique et brûlé ensemble avec Hieronymos de Prague, l’érudit fondateur du mouvement hussite. Leur exécution fit déchlencher les guerres hussites qui duraient quinze ans (1419-1434).

Les gravures colorées de la chronique d’Ulrich Richental, témoin de l’épo-que, décrit l’exécution de Jan Hus avec un réalisme pénible:à gauche: Jan Hus est arrêté par les évêques de Besançon et de Milan (en haut) et remis aux autorités juridiques (en bas);

à droite: Jan Hus est brûlé sur le bûcher (en haut), ensuite, les cendres sont transportées au bord du Rhin et jetées dans l’eau (en bas).

A la fin du 15e siècle, après avoir terminé le Grand Schisme et mené la lutte impi-toyable contre les mouvements hérétiques par l’Inquisition, l’Eglise garantissait de nouveau l’unité de l’Europe occidentale. La grande réforme n’avait pas eu lieu. La papauté monarchiste avec sa prétention du pouvoir universel avait prévalu contre les tentatives d’établir des structures de collèges. Il a fallu la force explosive d’une idée théologique et fondamentale pour faire vaciller cette grande puissance: Au Dieu tout-puissant de l’Eglise, Martin Luther opposait la grâce du Dieu miséricor-dieux révélé en Jésus Christ.

2

3

Le fondement spiritueLNous posons les fondements à l’avenir;

la vérité se lèvera au monde,l’obscurité va disparaître, et la lumière brillera.

Johannes Reuchlin, 1522

Au Moyen-Âge, on était conscient du fait que l’unité d’un Etat comme l’Europe avec une mul-titude d’ethnies et de groupements politiques ne peut être basé sur l’économie et le pouvoir politique uniquement. A cette époque, le lien commun était donné par la chrétienté qui conser-vait la langue latine, un héritage de l’Empire Romain disparu en 476, mais toujours présent par sa culture développée. Au 15e siècle, la piété chrétienne s’étendait de l’empire des Jage-lons au nord-est jusqu’à la péninsule ibérique au sud-ouest. Elle était portée par une confiance dans l’Eglise et motivée par l’espérance et les craintes de l’au-delà et du Jugement Dernier.

Du 14e au 16e siècle, le culte des saints et des reliques florissait en Euro-pe. Dans les églises, et dans les endroits publics, les saints occupaient une

place privilégiée. Ils s’adressaient à la population toute entière, du plus humble au plus riche. Dans toutes les régions de l’Europe, les légendes des saints inspiraient des chef-d’oeuvres aux artistes soit en peinture, sculpture, orfèvrerie ou tissus. Les saints accom-pagnaient les humains leur vie durant. Ils étaient les „avocats“ des croyants et pouvaient intercéder en leur faveur. Et maintes fois, ils remplaçaient le Dieu trop éloigné.

Les églises offraient la messe sacrée et des sacrements pour atteindre le salut, mais aussi des pèlerinages, des saints protecteurs miraculeux et des indulgences favorables. Autour de 1500, les croyants acceptaient ces offres avidement pour échapper à l’enfer ou au purgatoire. Maintes fois, il s’agissait des actions calculées en espèces: on pouvait ache-ter des indulgences de plusieurs centaines d’années soit en payant directement soit en soutenant de bonnes oeuvres. On vivait pour «une mort clémente» qui puisse conduire au bonheur éternel. A la fin du 15e siècle, la doctrine des indulgences était améliorée en ce sens que l’on pouvait faire parvenir de l’aide ou une diminution des peines aux âmes des morts au purgatoire. Quelqu’un qui, avec des indulgences directement avant son décès, acquérait une attestation de confession (confessionale) était présumé d’être libéré de ses péchés et d’accéder à la félicité céleste.

Le prince électeur Frédéric le Sage de la Saxe (1463-1525) faisait voir des reliques qui présentaient un des plus grands trésors de son époque et se trouvaient dans l’Eglise de tous Saints à la résidence de Wittenberg: 5 000 particules appartenant au Christ et aux saints, serties avec des joailleries précieuses. Les reliques du Christ, par exemple des fragments de la croix ou du tombeau du Rédempteur, étaient d’une valeur particu-lièrement précieuse. Chaque fragment valait une indulgence de 100 jours pour un pieux visiteur.

Le monopole du clergé aux interprétations correctes de la Bible était de plus en plus mis en critique. Les laïques alphabétisés demandaient de lire la bible eux-mêmes. Des tra-ductions surgissaient autour de 1400, comme par exemple une bible anglaise remontant à l’hérétique John Wycliff. Depuis l’invention de l’impression des livres avec des carac-tères métalliques mobiles par Johannes Gutenberg, de nombreuses éditions de bibles en langue allemandes parurent au marché malgré l’interdiction des églises.

4

La Bible de Gutenberg (1394/99-1468) était la première d’une série de 127 éditions im-primées dans toute l’Europe au 15e siècle (dont 94 en langue latine). Son invention de reproduire rapidement un texte par des caractères métalliques mobiles initia une soi-disant révolution médiatique. La possibilité de reproduire de nouvelles idées fidèlement et en forme identiques, de les diffuser et discuter à n’importe quel endroit, était la condi-

tion essentielle pour la divulgation rapide des thèses et de la théologie de Martin Luther.

La première parmi les 18 bibles en langue allemande connues avant Martin Luther était imprimée par Johannes Mentelin (en 1460). Elle était basée sur un manuscrit du 14e siècle apparu dans la région de Nuremberg. Son texte remontait largement à la traduc-tion latine du texte hébreu par Hieronymus, nommé Vulgata. Cette bible servait comme

base pour toutes les bibles allemandes avant d‘être remplacée par la traduction de Martin Luther.

En 1516, Erasme de Rotterdam (1466/69-1536) sortit la première impression du Nou-veau Testament en langue grecque sous le titre Novum Instrumentum. Il accompa-gnait sa traduction d’une nouvelle traduction latine afin de remplacer par une tra-duction fidèle le texte de la Vulgata jugé faussé par le philologue italien Lorenzo Valla.Dans la dédicace au pape Léo X., Erasme compare son oeuvre à l’édifice impressionnant de la basilique St. Pierre. C’était cette édition que Martin Luther utilisait pour sa traduction alle-mande qui apparut en 1512 sous le nom Septembertestament.

Le cardinal espagnol Jimenez (1436-1517), promoteur du progrès scientifique et fon-dateur de l’université d’Alcalà avec son Collegium trilinguale (comprenant les lan-gues grecque, latine et hébraïque) avait lancé le projet ambitieux d’éditer une bi-ble dans les langues d’origine. En trois colonnes, on y trouve le texte hébreu à côté de la Vulgata, puis la traduction grecque accompagnée d’une traduction latine interlinéaire. En bas de chaque page se trouve le texte araméen accompagné, encore, par une traduction latine.

Les bibles de Gutenberg étaient toujours des pièces individuels précieuses malgré la nouvelle technique de reproduction. Toutes les décorations étaient peintes à la main. On avait des livres avec des modèles pour les incunables et illuminations et des instructions techniques comment mélanger les couleurs, comment les superposer, où appliquer les dorures. La première lettre de chaque livre était décorée de l’or.

Erasme était chrétien croyant. Il est reconnu comme figure dominante dans l’Eu-rope de la fin du 15e au début du 16e siècle. Avec sa perspicacité et ses jugements prononcés sans gêne mais avec élégance, il était le porte-paroles de la critique crois-sante contre les puissances régnantes. Parmi eux, il était appréhendé et pourtant courtisé au même temps. Erasme grandit dans un monastère néerlandais, fait ses études à Paris, séjourne en Angleterre et Italie et s’établit à Bâle. Il s’exprimait mieux en latin que dans sa langue maternelle, était d’une érudition sans égal et a laissé une oeuvre riche et variée.

Les érudits de l’Europe cherchaient l’échange en passant les frontières. Ils se trouvaient tous dédiés à la raison, formés par les sciences et se confiant davantage en la puissance des paroles qu’en celle des images. A part de la théologie, ils s’intéressaient surtout aux anciennes langues (grecque et hébraïque) et cultures. Leurs études de la poésie et rhétori-que des anciens les rendaient attentifs à l’enseignement insuffisant des Ecritures saintes. En espérant de s’approcher davantage de la vérité et du salut divin, ils développaient la nouvelle méthode d’une lecture critique des textes.

5

dieu – La raison suprêmeTant que la raison ne domine pas l’homme

l’homme n’est pas capable de se gouverner soi-même.Aegidius Romanus, archevêque de Bourges (1247-1316)

L’éducation religieuse appliquée surtout dans les monastères apportait en grande partie à l’unité de l’Europe médiévale. L’éducation visait la voie vers Dieu et le salut éternel. Dans la tradition d’Aristote, on regardait Dieu non seulement comme la vérité absolue mais aussi comme la raison suprême. L’homme créé à l’image de Dieu participe à la raison universelle divine, c’est pourquoi il n’existe qu’une seule voie vers le salut: Celui qui veut l’acquérir doit suivre les directives de la raison et de sa conscience parce que la conscience n’est rien d’autre que l’étincelle de la raison suprême.

Pendant que l’éducation des monastères conservaient la doctrine chrétienne, un mouvement réformateur se répandait dans les universités libres à partir d’un nouvel intérêt aux sources de la langue latine et sa culture. A côté de la théologie et des langues anciennes, l’enseignement des sept arts libéraux – dia-

lectique, rhétorique, grammaire, arithmétique, musique, géométrie et astronomie – re-gagnait de l’importance. Au tableau, la philosophie est représentée comme un être ailé à trois têtes embrassant le monde des humains (humani rerum): une tête orientée à la na-ture, l’autre à la raison (ratio) et la troisième aux valeurs éthiques (mores). Elle est étendue entre la sphère terrestre des connaissances naturelles et des valeurs (avec Aristote et Sénè-que comme représentants) et la sphère céleste avec l’enseignement de la sagesse divine.

Johannes Reuchlin (1455-1522) compte, comme Erasme de Rotterdam, parmi les plus importants érudits de l’époque. Il était juriste, humaniste et passionné de la Kabbale en cherchant une vérité qui englobe la vérité terrestre ainsi que la vérité éternelle. Son intérêt concernait surtout les langues anciennes, sour-

ces indispensables pour accéder à la vérité des Ecritures bibliques: Avec toute la discrétion nécessaire je me permets de remarquer que l’on trouve de nombreux sa-vants qui n’arrivent pas à expliquer l’Ecriture Sainte correctement et se font bafouer parce qu’ils ne connaissent pas les deux langues [grecque et hébraïque]. Reuchlin était un des premiers non juifs à étudier la langue hébraïque et la Kabbale en insistant que celui qui ne connaît pas la signification des mots et de la langue se trompe facilement. Plus tard, son oeuvre De rudimentis hebraicis servait comme base pour la traduction de l’Ancien Testament de Martin Luther.

Dans une querelle avec les Dominicains concernant l’interdiction des écritures judaï-ques, Reuchlin publia, en 1511, son appel à la tolérance sous le titre Augenspiegel: Et si, de notre avis, les écritures judaïques sont fausses elles ne le sont pas de leur avis et de leur croyance.

En ce qui concerne l’enseignement dans la deuxième moitié du 15e siècle, l’in-vention de l’imprimerie avec des caractères mobiles par Johannes Gutenberg (1394/99-1468) était l’évènement le pus important. De son vivant, il était vanté homme du siècle. Depuis son atelier à Mayence la nouvelle technique se répan-dait rapidement dans toute l’Europe.

6

Déjà dix ans après la mort de Johannes Gutenberg, des imprimeries étaient installées dans la plupart des pays européens: à Bâle (1465), Rome (1465), Paris (1470), Buda, Krakow, Utrecht (1473), Valence (1474), Breslau (1475), Bruxelles, Londres, Pilsen (1476). Tandis qu’en 1470, on ne comptait que 17 endroits d’imprimerie, jusqu’en 1500, le nombre était monté à 252, dont 62 imprimeries se trouvaient sur le terrain de l’Empire romain germanique.

Pour commencer, on imprimait surtout des indulgences, des calendriers et des dona-tions. A la fin du 15e siècle, c’étaient surtout les érudits et humanistes critiques qui pro-fitaient de la nouvelle technique en diffusant largement les écritures anciennes dans des éditions critiques et commentées.

La satire anticléricale Eloge de la Folie est une des oeuvres les plus connues de l’humaniste néerlandais Erasme de Rotterdam. Il écrivit son oeuvre pendant un séjour en Angleterre auprès de son ami Thomas Morus à qui l’oeuvre est dé-diée. Déjà de son vivant, elle fut traduite en plusieurs langues européennes. La première édition était faite en 1511 par Jehan Petit et Gilles de Gourmont à Paris et, dans la même année, par Matthias Schürer à Strasbourg. L’image d’à côté reproduit une nouvelle édition de l’année 1515 par Johann Froben à Bâle complétée par une série de 83 dessins du peintre Hans Holbein le jeune. Même aujourd’hui, l’Eloge de la Folie compte parmi les livres les mieux reçus du monde:Il fait si bien de n’avoir pas d’esprit que les mortels préfèrent de prier pour la délivrance de toutes sortes de chagrin au lieu d’être libéré de leur folie.A l’époque, les critiques publiques s’apprêtaient au mieux aux satires tranchantes. L’es-prit et l’élégance d’Erasme y étaient sans égal.

Avec l’invention de l’imprimerie, l’enseignement prenait un essor en gé-néral. La carte de l’Europe illustre les nombreuses universités fondées entre 1450 et 1500, la plupart d’entre elles dans l’Empire romain germa-nique et en Espagne.

Selon leur constitution, ces universités étaient des organisme indépen-dants dotés de privilèges. Les pouvoirs politique et ecclésiastique leur accordaient les droits suivants: 1° le droit d’enseigner, d’examiner et d’attribuer les grades universitai-res; 2° le droit d’établir des statuts et des règlements; 3° le droit de juridiction.

Malgré de telles libertés, les universités restaient sous l’influence de l’Eglise: l’enseigne-ment se conformait aux traditions religieuses en ce qui concerne les matières et la péda-gogie. La doctrine était mesurée à la doctrine ecclésiastique. Les professeurs faisaient parti du clergé ou, au moins, leur salaire venait des bénéfices de l’Eglise.

A côté des nouvelles universités, nombre d’écoles citadines étaient crées. Contrairement aux écoles monastiques, elles étaient gérées et surveillées par les cités. Mais pareil aux écoles religieuses, leur programme se contentait à l’enseignement de la lecture, de l’écri-ture, du calcul et de la langue latine. A la fin du 15e siècle, la plupart des citadins étaient capables de lire et d’écrire.

7

Le monde interrogéToi, que ne limite aucune borne,

par ton propre arbitre entre les mains duquel je t’ai placé, tu te définis toi-même.Je t’ai placé au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler ce que contient le monde.

Pico della Mirandola, 1486

Malgré les tensions politiques dans l’Europe occidentale, il existait une culture com-mune basée sur la langue latine et la cosmographie chrétienne. L’univers était la création de Dieu et l’homme le couronnement de la création, fait à l’image de Dieu. C’est pourquoi il était créateur lui-même et appelé à former le monde selon la volon-té de Dieu. Sur ce fondement bien établi, un désir croissant de liberté et d’autonomie se répandait à la fin du 15e siècle.

Une atmosphère de départ empreignait la veille de la Réformation appelée aujourd’hui, selon les points de vue, l’âge des découvertes ou l’humanisme. Pa-radoxalement, le regard religieux vers la délivrance et l’au-delà emmenait un intérêt croissant aux conditions de vivre dans ce monde limité. Un esprit d’ex-

ploration se répandait ensemble avec une curiosité scientifique qui ne se contentait plus de l’interprétation des écritures autorisées par l’Eglise mais regardait le monde lui-même. Avec une énergie croissante, on commençait à franchir les limites établies des connaissances et à s’aventurer dans des régions inconnues. La planète entière était à explorer, le cosmos autant que l’homme lui-même dans sa complexion et dans ses possibilités. On entrait dans une période de l’interrogation criti-que de toutes les connaissances du monde.

L’image du monde selon les chrétiens comportait l’idée théologique que Dieu avait crée le monde selon des principes d’ordre de sorte qu’il soit possible de déchiffrer les lois de la nature à l’aide des méthodes fondées sur la raison. On espérait que le déchiffrage ouvrît la voie vers Dieu. Percer la réalité à l’aide de la raison, calculer les harmonies, dé-chiffrer les lois de la beauté, mesurer le mouvement des planètes – tels étaient les buts et les principes des nouvelles explorations.

Adam Riese, appelé de son vivant le maître allemand du calcul, est regardé comme fondateur du calcul moderne en remplaçant la représentation romai-ne des nombres par des chiffres arabes dont la structure s’adapte mieux au système décimal. Le mot coss désignait la variable. Nombre de mathémati-

ciens, appelés cossistes, travaillaient à simplifier le procédé des équations. Les équations étaient prévues à déchiffrer les messages secrets dans des écritures de la bible comme p.e. La Révélation de Saint Jean. Mais l’évolution rapide de l’art du calcul permettait sur-tout d’arpenter le monde d’une façon précise.

Les nouvelles possibilités du calcul enrichissaient surtout l’astronomie. Les astronomes étaient censés de calculer les positions précises des planètes en préparation d’un calen-drier réformé afin de pouvoir fixer les dates des grandes fêtes religieuses avec plus de précision. Le géographe et mathématicien Paolo Toscanelli (1397-1482) qui travaillait

8

dans la cathédrale de Florence pour perfectionner ses calculs du système planétaire et des points équinoxiaux, avait propagé l’idée d’une route maritime directe aux Indes. C’est à lui que se référa Christophe Colomb. Il est vrai que ses calculs étaient faux et que la commission d’experts avait raison de rejeter son projet. Mais sa témérité et une hardiesse à rompre toutes les barrières ont pu convaincre les autorités. C’est ainsi que Colomb a changé le monde.

Amerigo Vespucci (ca. 1451-1512) était le premier à comprendre que le continent ex-ploré par l’expédition de Colomb était un nouveau monde. Ses lettres à Soderini avec des descriptions vivaces en langue latine étaient connues à travers toute l’Europe.

Sur le premier planisphère à peu près correct paru en 1507, le mathé-maticien et géographe Martin Waldseemüller inscrivait, en son hon-neur, le nom America au nouveau continent.

L’élargissement énorme de la conscience par la découverte du nouveau continent se re-connaît au développement rapide de la cartographie. Il est vrai qu’à la fin du 16e siècle, le théologien et géographe Heinrich Bünting faisait encore imprimer un planisphère confor-me à la tradition chrétienne, c.-à-d. centré autour de la ville de Jérusalem et sans intérêt à la forme réelle des continents. Mais depuis longtemps déjà, l’image du monde arpenté par les navigateurs et les géographes scientifiques s’était établie en concur-rence. En Espagne et en Portugal, les explorations faisaient augmenter l’activité vitale dans tous les domaines. Bientôt, leurs compagnies ma-ritimes et leur puissance commerciale dépassaient celles de Venise et de Gênes. En conséquence, l’attention politique virait du centre de Rome et de la Méditerra-née vers l’Atlantique avec de nouvelles possibilités. A côté de Càdiz, Lisbonne et Séville, les villes de Londres et d’Antwerpen devenaient des centres d’importance mondiale.

Dans la deuxième moitié du 16e siècle, Jan van der Straet (latinisé: Jo-hannes Stradanus) de Bruges domicilié en Italie, décrit la vie de son époque par une série de 24 gravures. Le premier des tableaux est ap-pelé Nova Reperta (nouvelles découvertes). Deux disques solaires sau-

tent aux yeux, marqués, à droite, d’un compas inventé par l’Italien Flavius Amalfitano, à gauche, du Nouveau Monde trouvé par le Génois Christophe Colomb et le Florentin Amerigo Vespucci. Au premier plan, on voit les nouvelles inventions techniques d’im-portance: à droite les outils d’une alchimie scientifique, à gauche une horloge précieuse, entre les deux l’arme nouvelle, un canon de grande portée. Mais surplombant le tout, c’est la presse d’imprimerie qui seul rend possible la diffusion de toutes ces découvertes et inventions.

L’intérêt des artistes s’était déplacé des sujets religieux à lobservation du monde réel. Ils travaillent moins pour les églises et reçoivent davantage des mandats par des princes qui investissent dans la présentation et favorisent les nouvelles inventions techniques.

9

L’homme autonome à L’image de dieuSi jamais l’Ecriture ne peut se tromper,

il y a pourtant quelques explicateurs et interprétateursqui peuvent se tromper de diverses façons.

Galileo Galilei à Benedetto Castelli, 1613

La description du monde comme la création d’un Dieu personnifié qui a formé l’homme à son image met l’accent sur la condition humaine et l’importance de chaque individu, ses capacités, sa dignité, sa responsabilité. A la fin du 15e siècle, les gens commencent à prendre pour modèle des personnes qui suivent leurs idées et explorations sans se faire guider par l’Eglise. Depuis, ce sont les érudits, explorateurs et scientifiques qui changent le monde et sont vénérés.

Le dessinateur Jan van der Straet (lat. Johannes Stradanus) présente un astronome dans son atelier travaillant avec un compas et un vieux livre, devant lui deux sphère, la terre et la sphère planétaire, un sablier et d’autres outils à mesurer des angles et des courbes. On ne voit pas encore de télescope ou d’autre instrument à observer les astres.

Ainsi, Nicolas Copernic, contemporain de Martin Luther, travaillait surtout avec les anciennes écritures en calculant avec précision. Il était juriste, cha-noine et médecin au service de l’évêché prussien Ermland et s’occupait des mathématiques et astronomie comme amateur.

L’image de l’univers centré autour du globe terrestre était établie depuis 1400 ans. En remontant à l’idée divergente d’Aristarch et à partir de ses calculs exacts, Copernic arrivait à prouver correct la théorie de l’univers hé-liocentrique. Il conservait l’idée des orbites planétaires concentriques mais

remplaça le globe terrestre au centre du système harmonieux par le soleil. Déjà en 1509, Copernic avait diffusé le premier récit de son travail chez quelques experts sous le titre Commentariolus. Mais l’oeuvre approfondie De Revolutioni-bus Orbium Coelestium fut publiée seulement en 1543 par Georg Joachim Rheti-cus, un jeune collègue de Martin Luther à l’université de Wittenberg.

De son vivant, Copernic était honoré dans toute l’Europe. Même à la fin du 16e siècle, l’évêque Cromer dit de lui qu’il était l’honneur non seulement de l’Eglise, mais de la Prusse entière. C’était seulement en 1616 que son oeuvre fut mise à l’index suite aux travaux de Kepler et Galilée qui révélèrent la grande portée des renversements impliqués dans l’hypothèse du système héliocentrique. La décision de la curie fut mise au point par la formule du cardinal italien Caesar Baronius (1538-1607): Le Saint-Esprit voulait nous montrer la voie vers le ciel mais non les apparences du ciel.

On pourrait penser que Leonardo da Vinci parlait de Copernic en écrivant dans son Traité de la peinture: Si quelqu’un parmi vous s’avère vertueux et de bonne nature, ne l’écartez pas mais l’adorez parce qu’eux sont les dieux d’ici bas.

10

Leonardo da Vinci (1452-1519), de son vivant, était vanté comme un artiste qui sait représenter l’âme divin. Lui-même se voyait plutôt comme un scien-tifique doté de la mission d’explorer les secrets de la création divine. Selon ses études, il supposait le système planétaire héliocentrique très vraisemblable.Il était un des personnages clé à se libérer de la tradition scolastique figée en

ouvrant la voie vers l’exploration scientifique de la nature. Il étudiait tout ce qui fait par-tie de la création: les mouvements des planètes et des astres, la flore et la faune et l’ana-tomie de l’homme. Il dessinait des cartes géographiques, calculait des constructions de ponts, inventait de nouvelles machines. Afin de trouver des régularités dans la nature, il développait une nouvelle méthode scientifique en partant des expériences systémati-ques dont il analysait les résultats.

Les cartes célestes d’Albrecht Dürer (1471-1528) sont les première cartes cé-lestes imprimées. Elles servaient comme modèle pour toutes les cartes céles-tes jusqu’au 18e siècle.

La preuve du système planétaire héliocentrique provoqua un changement profond de la conscience dont la portée se manifestait seulement plus tard. On voyait la terre en mouve-ment, elle avait perdu sa stabilité et n’était plus au centre de la création divine, mais un sa-tellite du soleil parmi d’autres. Depuis, les scientifiques se sont mis à la recherche des lois naturelles en s’écartant de plus en plus de l’idée d’un Dieu créateur et d’un ordre harmonieux.

Martin Luther ne s’intéressait pas beaucoup aux explorations des astronomes. Par contre, Philipp Melanchthon, jeune ami de Luther, défenseur de sa théologie contre le clergé tra-ditionaliste et son collègue à Wittenberg, lui était d’autant un scientifique et prenait part à ces bouleversements.

Philipp Melanchthon (1497-1560) fit connaissance de Martin Luther à l’occasion de la Disputatio de Heidelberg en 1518. Peu après, il était nommé professeur des langues anciennes à Wittenberg. Il enseignait aux deux facultés philosophique et théologique. Les sujets étaient

multiples: de la poésie et écritures anciennes, la grammaire, rhétorique, logique et l’exégèse biblique aux sujets des sciences naturelles comme l’astronomie, la physique et la théorie de l’âme. Il était un collaborateur étroit et indispensable pour la théologie de Martin Luther. Ses Loci communes rerum theologicarum dont la première édition parut en 1521, présentent une première dogmatique de la nouvelle théologie évangélique avec les sujets clé de la doctrine, en premier lieu la question du libre arbitre (De hominibus viribus adeoque de libero arbitrio).

En reconnaissant leurs propre faillibilité, les érudits scientifiques de l’époque ne consul-taient pas seulement les sources des traditions mais développaient aussi la méthodes des expériences répétées pour pouvoir vérifier les résultats. C’est par leur précision et la possibilité d’une vérification que leurs résultats s’avéraient plus fiables que les interpré-tations souvent contradictoires des théologiens. C’est dans ce contexte que la théologie de Martin Luther renvoyant au texte biblique comme source de la voie vers Dieu, sans clergé ni saints, offrait une nouvelle croyance à l’homme autonome.

11

naissance d’une croyance autonomeLe chrétien croyant est maître de toutes les choses.

Martin Luther, 1520Tant que l’on ne peut me convaincre par l’Ecriture ou par d’autres arguments

sincères et raisonnables, je me sentirai vaincu par les textes bibliques que j’ai cités, et ma conscience restera prisonnière de la parole de Dieu.

Martin Luther, 1521

Au 16e siècle, l’unité de l’Europe occidentale sous le règne symbolique du pape et de la culture latine était détruite en raison de controverses fondamentales concernant le pou-voir donné par Dieu mais à exercer par l’homme ici-bas et encore, plus généralement, la signification de l’homme. La division en régions catholiques et protestantes a marqué des mentalités et habitudes différente Cette critique était provoquée pars jusqu’à nos jours.

A la fin du 15e siècle, l’unité de l’Europe était même visible même au panorama urbain. Depuis la province de Brabant jusqu’à la Toscane, depui la mer Baltique jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, on voyait

de loin les clochers saillants de leur environnement. Le panorama urbain était symbole pour l’importance de l’Eglise, et il était l’expression d’une communauté des valeurs à laquelle appartenaient les peuples en Irlande autant qu’en Pologne, en Finlande autant qu’en Sicilie. Les deux reproductions de panorama urbain de l’époque servent d’exem-ples pour le monde qui entourait la vie de Martin Luther: C’est un rempart que notre Dieu…

Pendant que le mouvement des humanistes revendiquait l’autonomie, un mouvement laïc de dévotion chrétienne, se répandait rapidement dans toutes les régions de langue allemande les Frères de la Vie Commune. Conformément au livre de Thomas von Kempen, les adhérents s’engageaient à vivre dans l’imi-

tation de Jesus Christ. On dit qu’à la fin du Moyen Age, le livre l’Imitation de Jesus-Christ était presque aussi bien connu que la bible. Il a vu trois mille éditions jusqu’aujourd’hui.

Les narrations du jugement dernier, du purgatoire et de la délivrance exitaient l’imagination des artistes. Nombre de représentations fantas-magoriques témoignent des craintes et terreurs de l’époque. Les ta-bleaux appartenaient au monde qui entourait la vie de Martin Luther.

La culture chrétienne garant de l’unité de l’Europe était, pourtant, mar-quée par divers mouvements de dévotion extrémistes et séparatistes. L’inquisition les poursuivait avec dureté et avec plus ou moins de suc-cès. Le mouvement défendu des flagellants, p.e., perdurait en Thuringe

jusqu’à la fin du 16e siècle.

En Italie à Florence, le dominicain Girolamo Savonarola (1442-1498), un pré-dicateur et critique intransigeant contre le luxe et les excès de l’Eglise, incita les masses aux iconoclastes et au bûcher des vanités où disparurent de nombreux livres et de nombreuses œuvres d’art. Il mourut au bûcher à Rome en 1498.

12

C’était la vente des indulgences en faveur d’une nouvelle construction de la basilique St. Pierre à Rome nécessitant une rénovation, qui incita Martin Luther à une critique fon-damentale de l’institution des indulgences. Cette critique

était provoquée par la campagne illégale menée par Johann Tetzel au nom d’Albrecht de Brandenbourg (1490-1545), archevêque de Mayence et Magdebourg et administrateur de la diocèse de Halberstadt ainsi que prince électeur et chancelier de l’Empire. Au cumul des fonctions et à l’accumulation du pouvoir, Martin Luther oppose la doctrine des deux royaumes temporel et spirituel: C’est pourquoi il ne faut pas mêler et mélanger les deux règnes, le spirituel et le temporel. Il rejette la doctrine des deux glaives de la bulle Unam Sanctam en insistant que le royaume spirituel n’est gouverné que par la parole et le sacrement.

Le portrait de Martin Luther, issu de l‘atelier de Lukas Cranach, a su captu-rer, en entier, la légende de Luther: C‘est le jeune Luther en habit de moine, le regard fixé vers l‘intérieur, la main droite sur le coeur en pose de serment, la main gauche, celle qui vient du coeur, posée sur la Bible indiquant, ainsi, le fondement de son être. Sola fide, sola gratia, sola scriptura – est la formule latine

par laquelle la confession et l‘enseignement de la Réforme sont résumés: Nous enseignons aussi que nous ne pouvons pas obtenir la rémission des péchés et la justice de-vant Dieu par notre propre mérite, par nos oeuvres ou par nos satisfactions, mais que nous obte-nons la rémission des péchés et que nous sommes justifiés devant Dieu par pure grâce, à cause de Jésus-Christ et par la foi […] (Confession d‘Augsbourg, Article 4: De la justification)

C’était la critique du principe des indulgences de Luther qui déclencha la grande controver-se décisive du 16e siècle à l’intérieur de l’Eglise aboutissant bientôt au schisme définitif de la chrétienté occidentale et au développement appelé, aujourd’hui, les Lumières de l’Europe.

Le 31 octobre 1517, Martin Luther adressa une plainte et pétition écrite à l’archevêque Albrecht de Brandenbourg en désignant les conséquence ca-tastrophiques de la campagne des indulgences de Tetzel et faisant appel à la responsabilité du prince de l’Eglise. Il avait ajouté 95 thèses prévues à servir comme base d’une disputatio académique concernant

la question des indulgences. Au même temps, il avait distribué des copies à ses amis ce qui garantissait une prompte diffusion. Il appuyait cette dé-marche au droit et au devoir d’un professeur de théologie de disputer en public des problèmes reconnus mais pas encore décidés par le Magistère de l’Eglise. Néanmoins, des mesures contre Martin Luther étaient prises d’office par les autorités ecclésiastiques..

Les 95 thèses de Martin Luther abordent déjà tous les thèmes importants de la théolo-gie de Luther développée au cours des disputes avec l’Eglise. L’homme pécheur y est au centre avec ses luttes contre le péché et son espoir de la délivrance qui ne peut être accordée par aucune pénitence mais seulement par la grâce de Dieu. La querelle des in-dulgences s’avère très vite une mise en question fondamentale concernant la légitimité de l’autorité ecclésiastique.

13

aufkLärung aLs erbe und auftrag für die Zukunft europas

Das nächste Jahrhundert wird von Tag zu Tag mehr erleuchtet sein; im Vergleich dazu werden alle vergangenen Jahrhunderte als eine Zeit der Finsternis gelten.

Pierre Bayle, 1697

Aufklärung in Deutschland, Illuminismo in Italie, Enlightenment in England:

Seit der ersten Hälfte des 18. Jahrhunderts tauchen überall in Europa neue Ideen auf, die sich der Metapher vom Licht bedienen und eine Bewegung für Gedanken- und Hand-lungsfreiheit auslösen, fort von allem Obskurantismus und statt dessen von der Ver-nunft geleitet, die allen Menschen auf Erden gleichermaßen zur Verfügung steht.

Pierre Bayle (1647 – 1716), Literat von unvergleichlicher Gelehrsamkeit, gro-ßer Skeptiker und Kämpfer für Gedankenfreiheit, ist einer der Vorläufer des Rationalismus. Als Verbannter in Rotterdam, dem Refugium der Hugenotten, übernahm er sehr wirksam die Rolle eines Vermittlers von Texten und Ideen in ganz Europa. Er war der Überzeugung, dass niemand für sich allein die

Wahrheit beanspruchen und anderen gewaltsam aufzwingen könne, und wurde damit zu einem Apostel der Toleranz. Seine Werke, vor allem sein Dictionnaire Historique et critique, inspirierten die Philoso-phen des 18. Jahrhunderts und kündigten bereits die Aufklärung an.

Im europäischen Bewusstsein spielt die Zeit der Aufklärung eine grundle-gende Rolle. Sie ist der wichtigste Beitrag Europas zur Geschichte der Kul-turen. Denn zum ersten Mal wurde Europa nicht als einheitlicher Block – religiöser oder machtpolitischer Art – gedacht, sondern in seiner Vielfalt. Es war diese Vielfalt, die das unabhängige und konstruktive kritische Denken der Auf-klärung erst ermöglichte: Ihre wichtigsten Akteure profitierten davon, dass sie fremde Sitten kennenlernten und dadurch ihre eigenen Institutionen und Bräuche besser durch-schauten; sie suchten die Unterstützung anderer Europäer, um sich die Richtigkeit ihrer eigenen Sicht bestätigen zu lassen.

Das Europa der Aufklärung ist ein gleichzeitig geeinter und vielgestal-tiger Raum, in dem die Ideen frei zirkulieren – ebenso wie einige mutige Individualisten, entfernte Vorfahren der Europäer von heute.

Die Philosophen der Aufklärung sind Nachkommen von Galileo, Pascal und Leibniz. Sie unterscheiden sich von Descartes darin, dass sie, in Nachfolge von Locke, davon ausgehen, dass Erkenntnis nicht angeboren ist, sondern aus Erfahrung gewonnen wird. Sie vertiefen sich in die Ideen, die im Laufe der Jahrhunderte seit der Antike entstanden sind, prüfen sie erneut, stellen sie in Frage und setzen sie neu zusammen.

14

Zu ihrer Erkenntnissuche gehört zunächst einmal der Zweifel an den über-kommenen Lehren, weiterhin die Öffnung für alle möglichen Wissensge-biete mit einer Vorliebe für die exakten Wissenschaften und schließlich ein unerschütterlicher Glaube an die Macht der Vernunft. In ihren Augen ist die exakte Naturwissenschaft das Mittel, die Menschen von Aberglauben und

Fortschrittsfeindlichkeit zu befreien. So unterwerfen sie ihr Denken nicht mehr dem al-leinigen Maßstab und Gedankengebäude einer christlichen Sicht auf das Universum.

Wahlspruch der Aufklärung ist der Satz von Kant in seinem Werk Was ist Aufklärung?: Wage zu wissen! Habe den Mut, dich deines eigenen Verstandes zu bedienen!

Die Frage Was ist Aufklärung wurde von Pfarrer Zöllner, Mitglied in einem Berliner Freundeskreis von Aufklärern, der sog. Mittwochsgesellschaft, in deren Zeitschrift Berlinische Monatsschrift im Dezember 1783 gestellt. Moses Mendelssohn antwortete im September 1784, indem er die wichtigen Begriffe Kultur und Bildung definierte, sich aber gleichzeitig gegen Miss-

brauch wendet und betont, dass der aufgeklärte Verstand des Menschen mit dem des Bürgers in Konflikt geraten kann.

In der berühmt gewordenen Antwort, die er im Dezember 1784 in Berlin ver-öffentlichte, bezeichnet Immanuel Kant seinerseits die Aufklärung als Eman-zipation des Menschen durch Erkenntnis, da für ihn die Menschenwürde durch intellektuelle Selbstbestimmung gekennzeichnet ist.

Aufklärung ist der Ausgang des Menschen aus seiner selbst verschuldeten Un-mündigkeit. Unmündigkeit ist das Unvermögen, sich seines Verstandes ohne Lei-tung eines andern zu bedienen. Selbst verschuldet ist diese Unmündigkeit, wenn die Ursache derselben nicht am Mangel des Verstandes, sondern der Entschlie-ßung und des Muthes liegt, sich seiner ohne Leitung eines andern zu bedienen. Sapere aude! Habe den Muth, dich deines eigenen Verstandes zu bedienen! […]Faulheit und Feigheit sind die Ursachen, warum ein so großer Teil der Menschen, nachdem sie die Natur längst von fremder Leitung frei gesprochen hat, dennoch gerne Zeitlebens unmündig bleiben; und warum es andern so leicht wird, sich zu deren Vormündern aufzuwerfen. Es ist so bequem, unmündig zu sein. […]

Wie steht es heute, angesichts der Globalisierung, mit dem Geist der Aufklärung, nachdem die Länder Europas nicht mehr durch Grenzen voneinander getrennt sind und demokra-tisch regiert werden? Was ist von diesem reichen Erbe übrig geblieben in den öffentlichen Debatten über Laizität, über Entartungen der Wissenschaft, Sitten, Solidarität … ?

Die Ausstellung Aufklärung will mit ihrem eigenen Blick auf die Vergangenheit unsere heutige Gegenwart befragen.

15

der geist der aufkLärungWer die Feder hat, hat auch den Krieg.

Diese Welt ist ein gewaltiger Tempel der Zwietracht.Voltaire, Brief an Marie-Louise Denis, 1752

Das aufklärerische Denken ist von vielen einzelnen Menschen getragen worden. Weit davon entfernt, sich untereinander ei-nig zu fühlen, verbrachten sie ihre Zeit mit hitzigen Diskussio-nen von einem Land zum anderen, aber auch im Inneren der

Länder. Europa ist der am meisten zerstückelte Kontinent, sagte David Hume, einer der größten Skeptiker unter den Philosophen. Die Aufklärung ist aus diesen Auseinan-dersetzungen entstanden.

Die neue Einheit Europas besteht gerade aus diesen Auseinandersetzun-gen, und nur so hat die Aufklärung entstehen können. Ohne die Existenz des europäischen Raumes, der gleichzeitig ein Ganzes bildet und vielfältig ist, hätte die Aufklärung nicht stattfinden können. Vorher bezog der Konti-nent seine Identität aus einer erzwungenen Einheit, als Römisches Reich, als christliches Abendland. Das Besondere im Europa der Aufklärung besteht darin, dass zu dieser Zeit die Unterschiede der verschiedenen Teile, aus denen es be-steht, anerkannt und wertgeschätzt wurden.

Mit seiner Abhandlung Über den Ursprung und die Grundlagen der Ungleich-heit unter den Menschen liefert Rousseau einen entscheidenden Beitrag zum Geist der Aufklärung und verändert die gesamte Landschaft der staats-

theoretischen Philosophie in seinem Jahrhunderts. Seiner Ansicht nach sei der Mensch ebenso wie das Tier dem Naturrecht unterworfen, aber anders als dem Tier stehe es ihm frei, dem nachzugeben oder zu widerstehen. Ur-sprung der Ungleichheit und Korruptheit unter den Menschen käme dage-gen durch eine Gesellschaftsordnung, die auf dem Eigentumsrecht basiere.

Die Zeit der Aufklärung lebt von öffentlich ausgetragenen Debatten und nicht so sehr von einem Konsens. Es entspricht den damaligen Sitten der Intellektuellen, dass der Text von Rousseau verbissene Kontroversen auslöste, vor allem von seiten Voltaires, der Meister literarischer Gefechte war. Gefährliche Vielfalt. Und dennoch gibt es einen ge-meinsamen Geist der Aufklärung.

Auf dem Bild malt Menzel eine typische Tischrunde am Hof des Königs von Preussen. Der König, gar nicht besonders herausgestellt, hat Wis-senschaftler, Künstler und Philosophen zum Essen eingeladen. Voltaire, links, spricht auf ihn ein, man hört ihm zu mit Interesse und Amüsement, andere diskutieren untereinander. Die Stimmung ist zwanglos, freund-schaftlich, lebhaft.

16

Der deutsche Maler Adolph von Menzel (1815-1905) hat das Leben des Preussenkönigs Friedrich II. mit der Genauigkeit eines Historikers aufgemalt. Friedrich II., der sich selbst der erste Diener seines Staates nannte, hat die Ideen der Aufklärung mitgetragen. Als Philosoph und Liebhaber französischer Literatur lud er Voltaire an seinen Hof. Trotz mancher Differenzen zeugt ihre umfangreiche Korrespondenz vom gegenseitigen Re-spekt bis zum Tode von Voltaire.

Die Grafik von Jean Huber (1721-1786) gibt eine Vorstellung davon, wie Voltaire Hof hielt. Nachdem ihm ein Aufenthalt in Versailles untersagt war und er sich dauerhaft bedroht fühlte, hatte er einen Landsitz erwor-ben, zwar noch in Frankreich, aber vor den Toren von Genf, wo er sich zum Gastgeber Europas entwickelte.

Die von Huber vorgestellte Szene ist erfunden: Diderot kam niemals nach Ferney, und die anderen Gäste weilten dort zu verschiedenen Zeiten. Dargestellt in der Runde um Voltaire sind: Vater Adam, der Abt Maury, d’Alembert, Condorcet, Diderot, La Harpe.

Drei Grundideen stehen im Zentrum der Aufklärung und ihrer zahlreichen Fort-entwicklungen: die Autonomie des Individuums, der Mensch als Zweck und Ziel unseres Handelns, und schließlich der Gedanke der Universalität.

17

ideaLe und prinZipienDer Austritt des Menschen aus dem Paradies […] ist nichts anderes als die Entwicklung der

primitiven Kreatur aus dem rein Animalischen in einen Zustand der Menschlichkeit.Immanuel Kant, 1786

Der Anspruch auf Autonomie verändert die politische Gesellschaft grundlegend; er vollzieht und be-siegelt die Trennung von zeitgebundenem Leben und zeitüberdauernder Spiritualität, die Trennung des Religiösen vom Politischen. Um selber denken zu können, braucht der Mensch vollständige Frei-heit, um zu prüfen, zu hinterfragen, zu kritisieren, in Zweifel zu ziehen. Für die Philosophen der Auf-klärung waren keine Dogmen, keine Institution mehr unantastbar.Die Bevormundung der Menschen vor der Aufklärung war vor allem religiöser Art. Daher wandte sich die Kritik der meisten Menschen vor allem gegen die Religion, mit dem Ziel, dass jeder Mensch sein Schicksal selber in die Hand nehmen könne. Es solle nicht länger die Vergangenheit sein, die das Leben der Menschen bestimmt, sondern die Gestaltung der Zukunft.

In seinem Timaios beschreibt Plato die Erschaffung des Kosmos wie die Herstellung ei-ner harmonischen Ordnung aus einem ursprünglich undifferenzierten Zustand, mit der Vorstellung, dass die Schöpfung den höheren Prinzipien der Geometrie gehorche. Ent-sprechend dieser Annahme wurde im Mittelalter Gott als Geometer mit einem Zirkel

dargestellt, der die Schöpfung ordnet. In dem Maße, in dem sich das wissenschaftliche Denken formt, gewinnt im 18. Jahrhundert die Vorstellung einer auf mathematischer Grundlage beruhenden Schöp-fung an Genauigkeit: Mit den kosmologischen Modellen, die Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) in seiner Abhandlung über die Himmelsmechanik entwickelt, spart er den Schöpfer aus.

Die Aufhebung des Edikts von Nantes durch Ludwig XIV. entfachte erneut die Religionskämpfe, und ein Großteil der Protestanten musste ins Exil gehen. Diejenigen, die blieben, versammelten sich heim-lich, um ihre Gottesdienste zu feiern. 1724 verschärfte Ludwig XV. die Unterdrückung der geheimen Versammlungen in besonders krasser Weise: Die Frauen wurden in Klöster eingesperrt, die Männer auf Galeeren geschickt und die Pastoren hingerichtet. Die religiöse Intoleranz wütete unter dem Vor-wand, die verirrten Seelen retten zu wollen. Die Philosophen prangerten die Heuchelei an, hinter der nichts anderes als kurzfristige Interessen und eine übermäßige Macht der Kirche stecke. Ihre Kritik sparte auch gewisse Repräsentanten christlicher Kirchen nicht aus, seien es Jansenisten oder Jesuiten, Anglikaner oder Protestanten.In Toulouse wurde am 15. Oktober 1761 Marc-Antoine Calas erhängt in seinem Haus aufgefunden. Sein Vater, Jean Calas, Protestant und Tuchhändler, wird angeklagt, ihn er-mordet zu haben, um zu verhindern, dass er katholisch wird. Er wird vom Parlament von Toulouse verurteilt und im März 1762 bei lebendigem Leib gerädert. Voltaire, der von der Unschuld des Vaters überzeugt ist, trägt den Fall an die Öffentlichkeit, um eine Revision des Prozesses zu bewirken. Tatsächlich erreicht er eine erste Entscheidung zugunsten von Calas und nutzt die Ge-legenheit, um mit seiner Abhandlung über die Toleranz den Fanatismus anzuprangern (1763). Damit der Fall neu verhandelt werden kann, muss die Familie Calas in Paris ins Gefängnis gehen. Der Maler Carmontelle (1717-1806) engagiert sich rückhaltlos in dieser Affäre und erklärt sich bereit, eine Gra-fik anzufertigen, sie mit Hilfe von Diderot und dem Deutschen Friedrich Melchior von Grimm (1723-1807) zu verkaufen und den Erlös der Familie zu spenden. Calas wurde im März 1765 rehabilitiert.

Die Kritiker greifen die Kirche an, nicht den Glauben. Sie richten sich genau so gut gegen Frömmler wie gegen reine Materialisten.

William Hogarth (1697-1764) ist einer der ersten Maler, die auf realistische Weise den Alltag in London dargestellt haben, der damals größten Stadt Europas mit seinen 600 000 Einwoh-nern. Mit beißendem Humor kritisiert er heftig die Sitten seiner Zeitgenossen, angefangen von religiöser Heuchelei bis hin zu politischer Korruption. 1732 geht Hogarth zusammen mit Freunden auf Große Fahrt in Kent. Nach seiner Rückkehr verfertigt er die Grafik, mit der

er einen anglikanischen Pastor, der vor den eingeschlafenen Bauern predigt, lächerlich macht.

18

Am 1. November 1755 am Morgen um 9:30 Uhr wird die Stadt Lissabon von einem großen Erdbeben heimgesucht, dessen Erschütterungen bis nach Venedig reichen. Dabei wird eine Feuersbrunst ausgelöst, die beinahe sechs Tage lang dauert. Kurz nach den ersten Erdstößen bricht eine gewaltige Woge über dem Hafen ein, trägt Menschen und Häuser fort und zerstört schließlich die gesamte Unterstadt. Man zählt ungefähr 15 000 Tote. Die Stadt ist zu drei Vierteln zerstört. Das Erdbeben erschüttert Gelehrte und Philosophen in ganz Europa und eröffnet eine grundlegende Debatte über Unglück und Prädestination, die den Optimis-mus der Philosophen in Frage stellt. Voltaire schreibt sein Poème sur le désastre de Lisbonne ou Examen de cet axiome: Tout est bien (1756), in dem er über Vorsehung und die Existenz des Bösen raisonniert. In der Tat, wenn es das Böse gibt, dann kann es keine Vorsehung geben. Also, was soll man nun glauben?

Es ist nicht Absicht der Aufklärer, die Religion abzulehnen, sondern statt dessen wollen sie vielmehr zu Toleranz hinführen und die Gewissensfreiheit verteidigen, so wie es Voltaire im Fall Calas vorführt oder Lessing mit seinem Nathan der Weise.Lessing (1729-1781), Verkörperung eines kritischen Geistes, war der erste große Theaterdich-ter Deutschlands. Als Folge einer polemischen Auseinandersetzung mit einem intoleranten Hamburger Pfarrer beschließt er, ein Manifest für Toleranz und gute Werke zu schreiben. In seinem Stück Nathan der Weise stellt er Juden, Christen und Moslems im Jerusalem zur Zeit der Kreuzzüge einander gegenüber. Es ist der Jude Nathan, inspiriert durch seinen Freund Moses Mendelssohn, der die Weisheit verkörpert. Zentrum des Stücks ist die Ringparabel, mit der Na-than Antwort gibt auf die Frage Saladins, welche der drei Religionen denn die wahre sei: Es komme nicht so sehr auf die Richtigkeit der Grundüberzeugungen an, sonderndie höchste Glaubenswahrheit zeige sich in den guten Taten, die ein Leben in Harmonie mit Gott und den Menschen möglich machen. Seither ist das Stück eines der großen klassischen Werke des deutschen Theaters.

Die Philosophischen Schriften von Moses Mendelssohn, deren erste Ausgabe von 1761 stammt, sind eine Sammlung seiner seit 1755 veröffentlichten Untersuchungen über die Empfindungen. Es sind seine ersten Schriften über Ästhetik, kritische Abhandlungen oder Schriften zur Metaphysik, Betrachtungen über das Erhabene, die objektiven und die sub-jektiven Komponenten der Schönheit und ihrer Nachahmung. 1763, noch vor Kant, be-

kommt der jüdische Philosoph den ersten Preis der Akademie von Berlin für Erkenntnisphilosophie. Mit seinem Phaidon – Dialoge über die Unsterblichkeit der Seele – in dem er seine Wertschätzung für die Philosophie der Aufklärung mit treuem jüdischen Glauben verbindet, wird er international bekannt. 1783 veröffentlicht er seine Übersetzung des Pentateuch ins Deutsche, aber in hebräischer Schrift, um den Juden das Erlernen des Deutschen zu ermöglichen und damit die gesellschaftliche Integration zu erleichtern. Ein grundlegendes Werk und ein schönes Lehrstück von Toleranz, indem es Gewissens-freiheit und religiöse Neutralität des Staats proklamiert.

Bernard Picart (1673-1733), Grafiker und Maler, katholischer Konvertit zum Protestantismus und seit 1710 in Amsterdam ansässig, veröffentlichte die Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Darin stellt er die verschiedenen Kulte und Religionen der Menschen als vollkommen gleich-wertig nebeneinander. Dieses monumentale Werk hatte großen Erfolg, vor allem wegen der Qualität der beinahe 600 Radierungen und Grafiken. Es sind originelle Kompositionen, in denen echte Volks-kunde mit reiner Phantasie vermischt wird, wobei eine Unterscheidung nicht immer möglich ist.Das Titelbild von 1772 zeigt eine friedliche Versammlung verschiedener Religionen: im Vordergrund erklärt der Islam den Koran; dahinter beschneidet die reformierte Religion mit einem Buschmesser die überflüssigen Zweige von Calvin und Luther an dem nahe stehenden Baum; Aufrecht, mit der Tiara gekleidet, erhebt sich die katholische Kirche über den Rabbi und über das Römische Reich, während ein griechischer Patriarch sich vor ihm verbeugt; im Hintergrund sieht man verschiedene Kulte der Welt.

Alle Glaubensformen werden in der Aufklärung wahrgenommen und beschrieben: die verwandten Religionen wie das Judentum und der Islam oder die entfernteren Religionen in Indien und China, aber auch die der heidnischen Naturvölker in Ozeanien, Schwarzafrika oder Amerika.

19

emanZipation und autonomieDie Menschen sind von Natur aus gleich, weil sie unter den gleichen naturgegebenen

Bedingungen geboren werden. Diese Gleichheit ist Prinzip und Grundlage aller Freiheit.John Locke, 1690

Damit ein Einzelner seine Freiheit ergreifen kann, muss er selbständig sein. An erster Stelle wird Selbständigkeit durch Erkenntnis erworben. Dabei gilt das Prinzip, dass keinerlei Autorität, sei sie noch so anerkannt und ausgezeichnet, vor Kritik sicher ist. Es ist die Vernunft, die als Werkzeug der Erkenntnisgewinnung herausgestellt wird. Nachdem das alte Joch abgeworfen ist, werden die Menschen ihre neuen Gesetze und

Normen nur noch nach auf den Menschen orientierten Gesichtspunkten festsetzen – Magie und Erleuchtung haben keinen Platz mehr. Die Erkundung des Diesseits soll jedem einzelnen erlau-ben, Herr seiner selbst und seines Lebens zu werden.

Der interessefreie Blick von außen kann zu einem hellsichtigeren Urteil führen als der auf die eigenen Landsleute. Reisen und Aufenthalte in fremden Ländern sehen die aufgeklärten Menschen im 18. Jahrhundert als ausgezeichnete Geistesbildung: sie überwinden ihre eige-nen Grenzen durch Anschauung. Es gibt zahlreiche und verschiedenartige Religionen auf der Welt, bestätigen die Reiseberichte der Zeit; systematische Darstellungen werden geschrieben: Muselmanen und Juden, Inder und Chinesen, Naturvölker Afrikas und Amerikas sind Ziel der der Neugier. Man muss jedem Land die Wahl seiner Glaubensrichtung und jedem Einzelnen seine Gewissensfreiheit selbst überlassen. Das Bedürfnis, die anderen zu bekehren, muss der Toleranz weichen, nicht nur zwischen Katholiken und Protestanten, sondern auch zwischen Christen und Nicht-Christen oder Gläubigen und Ungläubigen.

Im 18. Jahrhundert wird Toleranz neu definiert. Ihre passive Haltung, oft genug mit Geduld oder Gleichgültigkeit gepaart, wird mit der Zeit als ein positiver Wert wahrgenommen. Diese Verände-rung findet zur Zeit der Aufklärung in einem Umfeld statt, das von der Religionsfrage beherrscht wird. Ganz Europa erholt sich von den lang andauernden Religionskriegen, vor allem in Frank-reich aber werden die Debatten durch die Entscheidung des Königs Ludwig XIV., das Edikt von Nantes aufzuheben, angeheizt. Ein neues Glaubenskonzept rechtfertigt die Pflicht zur Toleranz: Gott hat dem Menschen die Vernunft gegeben, um ihm, ohne Vermittlung der Kirche, Zugang zu sei-nem Gewissen zu eröffnen, zur Botschaft des Evangeliums und zum Seelenheil. Jedem Gewissen steht ein Recht auf Irrtum zu, und das Recht des Herrschers endet dort, wo das Gewissen regiert.

Die Gesellschaft Jesu vereinigt bei sich alles, was die Philosophen der Aufklärung bekämpfen: sie wird als ein religiöser Orden mit undurchsichtigen Regeln gesehen,

heuchlerisch, intrigant, Anstifter zum Königsmord, dessen Mitglieder sich streng einer Hierar-chie unterwerfen, die nicht im eigenen Land, sondern von außerhalb gesteuert wird, sie spielen eine wichtige Rolle in der Erziehung, und ihre Funktion als Beichtvater der Könige macht alles nur noch schlimmer. Der Hass auf die Jesuiten ist in Europa weit verbreitet. Dies ist der Kon-text, in dem diese Grafik gesehen werden muss. Sie zeigt die Jesuiten, mit Dolchen bewaffnet und gierig nach Geldgewinn, wie sie schließlich von einem Ungeheuer fortgetragen werden.

Seit das Edikt von Nantes aufgehoben wurde, ist der protestantische Gottesdienst verboten, und die Kirchen wurden zerstört. Viele Gläubige werden verfolgt und

fliehen ins Exil. Trotzdem finden immer noch heimliche Versammlungen statt, vor allem in den Cevennen, wo die Repression einen regelrechten Bürgerkrieg hervorgeruft, der sich dau-erhaft ins Gedächtnis eingeschrieben hat. Diese Versammlungen werden „Wüste“ genannt in Anspielung an die Wüstenzeit der Hebräer (Exodus), die vierzig Jahre umher irrten, ehe sie das

20

Gelobte Land fanden. Damals entstand die Kampagne für Toleranz, die dann im November 1787 zu dem Edikt führte, das den Nicht-Katholiken die Staatsbürgerschaft zuerkannte und damit eine legale Existenz ermöglichte.

Die jüdischen Gemeinschaften, die man im 18. Jahrhundert in Europa antrifft, leben unter sehr verschiedenartigen Bedingungen: einige reiche und gebildete Familien

gibt es in Berlin, dem gegenüber gibt es zum Beispiel die Masse der Völker aus Osteuropa, die nur Jiddisch sprechen. Die Zeit der Aufklärung ist dadurch gekennzeichnet, dass die Gemein-den aus der Isolierung innerhalb der Gesellschaft heraustreten. Die Emanzipationsbewegung, oder genauer die soziale und politische Integration kommt mit Moses Mendelssohn zunächst in Preussen in den Jahren 1780 in Gang und findet sofort ein Echo in Frankreich, wo die Revo-lution den Juden gleiches politisches Recht zugesteht.

Für die Denker der Aufklärung sind alle Menschen Teil ein und derselben Natur: Alles, was innig mit der menschlichen Natur verbunden ist, gleicht sich auf Erden von einem Ende bis zum anderen.

(Voltaire)

Geschichte und Geographie reichen aus, um die Unterschiede zwischen den Menschen zu erklären: An erster Stelle bin ich Mensch, Franzose nur durch Zufall. (Montesquieu)

Der Kampf um die Gewissensfreiheit, die jedem die Wahl seiner Religion überlässt, setzt sich fort in einer Forderung nach freier Meinungsäußerung in der Rede und in Veröffentlichungen. Man fängt an, die Freiheit des Individuums gegenüber jeder staatlichen Macht, legitim oder illegitim, in den Grenzen seiner eigenen Sphäre zu kultivieren.

Den Menschen mit seiner eigenen Gesetzlichkeit zu sehen, bedeutet auch, ihn in seiner Ganzheit zu akzeptieren, so wie er ist, und nicht so, wie er sein sollte. Nämlich bestehend aus Körper und Geist, Gefühl und Vernunft, sinnlich und nachdenklich. Die Menschheit ist unendlich vielgestaltig – was man auf Reisen von einem Land zum anderen sehen kann, aber auch von einer Person zur anderen. Die Eigenständigkeit des Individuums zeigt sich sowohl in seinem Lebensrahmen als auch in seinen Werken.

Joshua Reynolds (1723-1792) ist einer der Mitbegründer der Royal Academy und ihr erster Präsident. 1784 wird er offizieller Maler am königlichen Hof. Er gilt als das Oberhaupt der englischen Schule. Im 18. Jahrhundert zeigt die steigende Nachfrage nach Porträts, vor allem in England, eine Ausbreitung kulturellen Interesses. Mit den

Porträts versteht es Reynold, Bilder für die Öffentlichkeit von seinen Modellen herzustellen.

Alle Verwaltungsbereiche der Gesellschaft haben die Tendenz zu verweltlichen, auch wenn die einzelnen Menschen gläubig bleiben. Diese Entwicklung betrifft nicht nur die politische Macht, sondern auch die Rechtsprechung: einzig die Straftat, die der Gesellschaft Schaden zufügt, muss unterbunden werden, im Unterschied zur Sünde, einem lediglich moralischen Vergehen im Hinblick auf eine Tradition. Gerade in den großen Städten wird die Freiheit des Einzelnen begünstigt und gibt es gleichzeitig Gelegenheit für Versammlungen und gemeinsame Debatten. Außerdem gibt es die regelmäßig erscheinende Presse, die öffentlichen Debatten Platz bietet.

Linguet, ein angesehener Publizist, stürzt sich in den Journalismus, nachdem er von der Anwaltskammer in Paris ausgeschlossen worden war. Seine Zeitung wird sowohl von der königlichen Familie als auch vom einfachen Pariser Volk gelesen. Die Grafik nimmt den Sturm auf die Bastille vorweg. Auf der zerstörten Mauer steht ein Satz aus der königlichen Deklaration von 1780, der gemäß neue, etwas menschenwürdigere Gefängnisse eingerichtet werden sollen.

21

die WeLt verstehenDurch die sichtbaren Übel der Welt, diese Flecken auf einer Sonne, von der wir nur einen Strahl erblicken, wird ihre Schönheit nicht im entferntesten vermindert, sondern gerade hervorgehoben.

Gottfried Wilhelm Leibniz, 1710

Die Vorstellung von der Natur im 18. Jahrhundert umfasst zahlreiche Bedeutungsfelder. Philo-sophie, Religion, Wissenschaft – mit der Frage nach der Rolle der Natur wird vieles aufs Spiel gesetzt, sowohl die Bedeutung Gottes in der Natur als auch die Rolle des Menschen. Das ver-nunftorientierte Vorgehen der Menschen zur Zeit der Aufklärung ist darauf aus, die die mate-rielle Welt beherrschenden Gesetze durch empirische Untersuchungen herauszufinden. An die Stelle der einen göttlichen Gewissheit tritt eine Vielzahl von Welterklärungen.

Die bestimmende Figur des Jahrhunderts ist Newton, der gelehrte Wissenschaftler, dem es gelang, die Bewegung der Himmelskörper und die der Gegenstände auf Er-den auf ein einheitliches Prinzip zurückzuführen. Er ist Initiator der Experimental-physik und formuliert das Gravitationsgesetz. Seine Bedeutung für das Jahrhundert der Aufklärung ist vergleichbar mit der Bedeutung Darwins für die nachfolgenden

Jahrhunderte. In den Principia Mathematica erklärt er die Himmelserscheinungen und die des Meeres durch Einführung der Anziehungskraft, der Gravitation, aller-dings behauptet er an keiner Stelle, er könne den Ursprung dieser Kraft erklären. Diese gewollte Beschränkung auf Beobachtungen und erforschte Fakten führt zu Kontroversen mit dem herausragenden Philosophen Leibniz, der die Überzeugung vertritt, die Physik ließe sich nicht von der Metaphysik trennen.

Leonhard Euler mit seinen Arbeiten über das gesamte Gebiet der Mathematik, der Himmelsmechanik und der Physik beherrschte die Wissenschaft des 18. Jahrhun-derts. In Basel geboren und Schüler von Bernoulli, kommt er 1727 an die Akademie der Wissenschaften von Sankt-Petersburg. 1741 dann beruft ihn Friedrich II an die

Akademie von Berlin, wo er die mathematische und physikalische Abteilung leitet. Dort ver-öffentlicht er 1744 seine grundlegende Arbeit zur Berechnung der Planetenbahnen und legt die Basis für eine analytische Mechanik, die Joseph Louis Lagrange im Jahre 1788 vollendet. Voltaire gehörte ebenfalls zu dem Gelehrtenkreis am Hofe Friedrichs II. Euler, ein einfacher, religiöser Mann und verbissener Arbeiter, war in vielerlei Hinsicht das Gegenteil von Voltaire, der ihn oft genug zum Ziel seines geistreichen Spotts machte. Emanuel Handmann, ein schweizer Porträ-tist mit sehr gutem Ruf, in Basel geboren wie Euler, ist ein unerbittlicher Realist, wie man an die-ser Darstellung erkennen kann: Euler war tatsächlich auf seinem rechten Auge beinahe blind.

Die Gravitationstheorie von Newton wird in Frankreich nur langsam angenommen. Mauper-tuis, Mathematiker, Astronom und Physiker hat als erster eine Abhandlung über Newton ge-schrieben. In seiner anderen Arbeit Diskurs über die Sternbilder stellt er sich der Methode von Descartes entgegen, die auf Annahmen der Metaphysik beruhe. Induktive Logik und Experi-ment seien die alleinigen Grundlagen der neuen analytischen Methode.

Maupertuis hat als erster eine Abhandlung über Newton in der Akademie der Wis-senschaften von Paris vorgestellt. Nach einem Englandaufenthalt schreibt er 1732 die Arbeit über die Gesetze der Anziehungskraft, in der er die Thesen von New-ton vorstellt und vorführt, inwiefern die allgemeine Gravitation ein physikalisches Prinzip ist, das keine Ausnahme zulässt.

22

1738 unternimmt Maupertuis eine Expedition nach Lappland, um den Cartesianern zu bewei-sen, dass die Erde an ihren Polen abgeflacht ist. 1741 bittet er den Maler Daullé, von ihm eine Grafik anzufertigen, auf der er in der Tracht der Lappländer zu sehen ist und die Hand auf den Pol legt.

Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, verheiratet mit Florent Claude, Marquis Du Châtelet, ist eine wahrhaft passionierte Wissenschaftlerin der Physik. Sie erhielt Un-terricht in Mathematik bei dem großen Gelehrten Moreau de Maupertuis und dann bei dem Mathematiker und Physiker Alexis Claude Clairaut (1713-1765), der in ganz

Europa durch seine Theorie der Erdgestalt bekannt wurde, in der er die Gesetze der Himmels-mechanik, die Newton noch mit Hilfe der Geometrie dargestellt hatte, mathematisch umsetzte.

Voltaire, der sich bei seinem Englandaufenthalt von den neuen Ideen Bacons, Newtons und Lockes überwältigen ließ, hatte gerade seine Philosophischen Briefe veröffentlicht, die den Tri-umph des Newton’schen Systems gegenüber der Physik von Descartes ankündigen. Diese fünf-undzwanzig Briefe stellen eine regelrechte Reportage über England und seine politischen und ökonomischen Institutionen und das intellektuelle und religiöse Leben dar und eine indirek-te Verurteilung der französischen Monarchie mit allen ihren veralteten Regeln und Verboten. 1735 wird Voltaire polizeilich so unter Druck gesetzt, dass er Paris überstürzt verlassen muss.

Madame Du Châtelet bietet ihm Zuflucht auf ihrem Schloss de Cirey, in der Lorraine, wo sie ein phy-sikalisches Labor eingerichtet hatte. Dorthin lädt sie Anhänger Newtons ein, Maupertuis, Clairaut, Bernoulli, und nimmt, angetrieben von dem vordringlichen Wunsch, die Welt zu verstehen, an den großen Debatten teil. Nie gab es eine Frau von größerer Gelehrsamkeit als sie, und keine Frau hätte weniger

verdient, eine gelehrte Frau genannt zu werden. Sie sprach nur mit denen über Wissenschaft, von denen sie etwas zu lernen hoffte, und sie sprach niemals, um sich hervorzutun. (Voltaire)Ende 1744 beschloss Émilie Du Châtelet, die Principia von Newton zu übersetzen: sie verbrachte damit vier Jahre, ehe sie dann einen Kommentar zu dem dritten Absatz The system of the world in Angriff nahm.

Francesco Algarotti wurde für einige Monate nach Cirey eingeladen, wo er seine er-folgreiche Arbeit Newton für die Dame entwarf. Die Unterhaltungen mit Voltaire und Madame Du Châtelet dienten als Modell für die Dialoge seines Buchs, mit deren Hil-fe er Newtons Erklärungen zum Licht und den Farben in Form galanter Unterhaltun-gen darlegt.

Newtons Ideen auch den Nicht-Spezialisten zugänglich zu machen, war ein Kraftakt, den Voltaire vollführte, obwohl er weder Mathematiker noch Physiker war. Fünfzig Jahre nach den Principia veröffentlicht er seine Elemente und führt den überwiegend cartesianisch denkenden Franzosen das grundlegende Gesetz der Gravitation vor. Seit dem allgemeinen Exposé zur Physik Newtons in den Philosophischen Briefen von 1734 hat Voltaire an der Seite von Madame Du Châtelet und Algarotti in Cirey viel dazugelernt. Aber, weit entfernt von all jenen, die New-ton rein materialistisch interpretieren, findet Voltaire bei ihm gerade die Begründung für sei-nen Gottesglauben (Deismus): An der Uhr erkennt man den Uhrmacher.

23

beherrschung der naturEin erfinderischer Geist ist immer unzufrieden mit seinen Fortschritten, denn er sieht über sie hinaus.

Jean Baptiste le Rond d’Alembert, 1751

Die Natur ist nicht mehr eine okkulte Macht, der man mit Vernunft nicht beikommen kann; sie ist vielmehr durch Gesetze zusammengefügt, die die Welt auf geordnete und erkennbare Weise regieren. Außer dass einige wissenschaftliche Fortschritte zu verzeichnen sind, besteht der größ-te Ertrag in einer allgemeinen Verbreitung des wissenschaftlichen Denkens, in der Befreiung der Forschung und im Nachdenken über Behinderungen durch Religion und der Metaphysik.

Buffon (1707-1788) ist ein Denker, der sich allen Gebieten der Naturgeschichte zu-gewandt hat unter Vermeidung von religiösen Sehweisen oder metaphysischen Überlegungen. Er ist ein Beispiel für jemanden, der die Vorstellung, die Natur sei der Spiegel einer transzendenten Ordnung, in Frage stellt und statt dessen die wis-senschaftliche Bestimmung der erkennbaren, quantifizierbaren physikalischen Na-

turgesetze fördert. Als Intendant des Königlichen Gartens, seit 1739, verwandelt er ihn in ein Forschungszentrum und ein Museum, die ihm als Basis für sein monumentales Projekts einer Allgemeinen Naturgeschichte dienten, die noch zu seinen Lebzeiten in 36 Bänden erschien. In seinem Werk setzt er den Menschen neben den Affen, und indem er eine mögliche Verwandt-schaft zwischen beiden aufzeigt, bereitet er die Idee der Evolution schon vor. Einer seiner gro-ßen Verdienste ist, das Interesse an wissenschaftlichen Studien weithin verbreitet zu haben.

Die Illustrationen waren ihm wichtig. Für die Vierbeiner wurden sie von Jacques de Sève (1742-1788) verantwortet. Tatsächlich sind beinahe 2000 Grafiken in dem Gesamt-werk zu finden, sie stellen die Tiere mit sehr viel Kunstverstand und anatomischen Kenntnissen dar in zauberhaften und mythologischen Dekors, was viel zu dem enor-men Erfolg der Ausgaben beigetragen hat.

In seiner Abhandlung De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle schreibt Georges-Lou-is Leclerc de Buffon, der berühmte Naturforscher, Universalgelehrte und Schriftsteller: Wenn es einem gelungen ist, Proben von allem, was die Erde bevölkert, zusammen zu tragen, wenn man all das, was sich im Überfluss auf Erden befindet, unter vielen Mühen in einem Raum versammelt hat und dann zum ersten Mal auf dieses Lagerhaus voller neuartiger und seltsamer Dinge blickt, dann ist die erste Empfindung, die einen ergreift, ein Erstaunen gemischt mit Bewunderung, und die erste Überlegung, die daraus folgt, führt uns voller Demut zu uns selbst zurück. Aus der Königlichen Naturkundesamm-lung macht er die größte Sammlung Europas, eine wissenschaftliche Fundgrube, aus der spä-ter die Galerien des heutigen Museums entstehen. Aber er hält nichts von Klassifikation und stellt sich damit in Gegensatz zu Carl von Linné, der mit seinem Systema naturæ Ordnung in die verwirrenden Erscheinungen der Natur bringt, indem er die Mineralien, Pflanzen und Tiere in Klassen, Ordnungen, Gattungen, Arten und Varietäten unterteilt.

1735 veröffentlicht der Schwede Carl von Linné den ersten Versuch einer systematischen Klassifizierung der drei Naturbereiche Mineralien, Pflanzen und Tiere. In seinem Syste-ma naturæ unterteilt er die Tierwelt in sechs Gruppen (Vierfüßler, Vögel, Amphibien, Fi-sche, Insekten und Würmer), die durch spezifische Organe gekennzeichnet sind: Zähne, Schnäbel, Flossen oder Flügel. Für die zehnte Ausgabe von 1758 verwendet er in einer verallgemeinerten Form das System der binären Nomenklatur (eine zweiteilige lateinische Bezeich-nung für jede Spezies, bestehend aus dem Namen der Gattung und einem Kennzeichen der Art).

Illustrationen zu seinem System waren Linné nicht wichtig. Der unbekannte Besit-zer des hier abgebildeten Exemplars hat die Insekten, die er identifizieren konnte, selber gezeichnet und dazu sorgfältig seine Quellen angegeben.

24

Die Systematische Nomenklatur hat sich bald allgemein in den Naturwissenschaften durchgesetzt. Im Laufe des Jahrhunderts wurde Linné zum Vorbild für andere Wissenschaftler, die ihrerseits Klassifikationen entwickelten, die dann grundlegend für die Fortentwicklung auf ihren Gebie-ten wurden. Lavoisier (1743-1794) entwickelt mit dem modernen System die heute gebräuchliche chemische Nomenklatur, die er in seiner Méthode de nomenclature chimique (1787) beschreibt, außer-dem ein Traité élémentaire de chimie (1789), das als das erste Handbuch der modernen Chemie gilt.

Die Abbildung gehört zu einer Serie von fünfzehn Illustrationen zu dem Cours complet d’anatomie, gezeichnet und gemalt in Naturfarben von A.-E. Gautier d’Agoty und erklärt von M. Jadelot, Professor der Anatomie in Nancy. Arnaud-Eloi, zweiter Sohn des berühm-ten Jacques-Fabien Gautier-d’Agoty (1711-1785), fertigte seine Farbstiche nach einem von

seinem Vater perfektionierten Verfahren an, das sich mit seinen feinen Nuancen besonders für den Druck von Abbildungen in Naturgeschichte, Anatomie, Zoologie und Botanik eignete.

Die Encyclopédie räumt den Bildern besonders viel Platz ein: mit 2885 Abbildungen wird dem von Diderot aufgestellten Prinzip entsprochen, nach dem ein Blick auf das Objekt oder auf seine Darstellung mehr mitteilt als eine ganze Seite Text. Alle Abbildungen der Encyclopédie sind nach dem gleichen Schema aufgebaut: oben rechts die Num-mer der Abbildung, unten in der Mitte der Titel der Abbildung, links der Name des Künstlers, rechts der des Grafikers. Die Abbildungen können einzeln sein, zwei- oder dreifach geteilt; eine einzige ist vierfach geteilt.

Mit den Errungenschaften der Wissenschaft gehen technische Fortschritte einher, sei es in der Geographie oder Kartographie, der Medizin oder der Chirurgie, der Elektrizität oder dem Blitzableiter, Beobachtungen mit dem Teleskop oder dem Mikroskop und dann die modernen Erfindungen wie die Dampfmaschine oder die Montgolfiere.

Joseph Wright aus Derby, malte Porträts, Sittengemälde, Historiengemälde, Land-schaften in England und Italien. Gleichzeitig interessierte er sich für die Fortschritte in den Wissenschaften und nahm häufig an Experimenten teil. Davon zeugen zwei Gemälde: Ein Philosoph hält einen Vortrag über das Planetarium (1766) im Museum von Derby und Ein Philosoph zeigt das Experiment mit der Luftpumpe (1768), das in der Tate Gallery von London aufbewahrt ist. Letzteres erinnert an den Schotten James Watt (1736-1819), der die Antriebskraft vom Wasserdampf nutzbar machte, indem der die Idee von Denis Papin (1647-1712) weiter verfolgte, der 1690 seine Erfindung des dampfgetriebenen Druckzylinders vorgestellt hatte.

Am Ende des Jahrhunderts der Aufklärung ist der Himmel Europas von Ballons übersät. Die Aufstiege sind eindrucksvolle Schauspiele. Sie geben Anlass für Volks-vergnügungen, geraten zu Siegeszeichen für die Beherrschung der Natur durch Willen und Kenntnis, und sie leiten die Eroberung einer neuen Freiheit für die Menschen ein. 1783 ist das Jahr, in dem die Brüder Montgolfier ihre Experimente vervielfachen und in dem die ersten Flüge von Menschen stattfinden. Die Abbildung hat den Titel: Ansicht und Perspektive vom Garten des Papierfabrikanten Mr. Reveillon, fauxbourg St. Antoine, beim alten Hotel von Thou, wo im Sommer 1783 von den Brüdern Montgolfier Versuche mit der Aérostatik-Maschine gemacht wurden, zur Zufriedenheit einer gewaltigen Ansammlung von Bewunderern. Sie zeigt damit auch noch einen anderen Aufstieg, nämlich diesmal den sozialen Aufstieg von Jean-Baptiste Réveillon, der als Lehrling im Papiergeschäft begonnen hatte und zu einem bedeutenden Tapetenfabrikant wurde.

Wenn man alles wissen kann, könnte man dann nicht auch die Welt nach seinem eigenen Willen umgestalten? Einige systematisch denkende Köpfe begeistern sich für Utopien und erfinden eine ideale Gesellschaft, perfekte Städte, einen neuen Menschen. Diese Wissen-schaftsgläubigkeit aber führt fort vom Geist der Aufklärung.