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là où les marmottes osent Un… deux… plusieurs sifflements rompent le calme de la prairie alpine. La marmotte a lancé l’alerte ! C’est une présence commune entre 2 000 et 3 000 m d’altitude (mais aussi à des altitudes moins élevées), notamment sur les versants exposés au Sud (où au printemps la neige fond d’avance) et où les prairies alpines sont parsemées de pierrailles, de rochers isolés et de quelques arbrisseaux. Entendre le sifflement typique de la marmotte aide à la repérer visuellement : cherchez un rongeur de taille moyenne et robuste (avant l’hibernation elle pèse en moyenne 4,5 kg, après l’hibernation son poids diminue jusqu’à 3 kg), avec une fourrure dense et rugueuse, gris-brune sur le dos et jaune-roussâtre sur le ventre, des couleurs mimétiques qui la rendent moins visible, surtout si elle reste immobile. A l’aide des jumelles vous pouvez découvrir d’autres détails de son aspect comme les pattes courtes et robustes, munies d’ongles fortes et robustes, idéales pour creuser les terriers, les yeux situés latéralement sur le museau pour augmenter le champ visuel et les dents incisives très développées qui croissent toujours pour compenser l’usure provoquée par la mastication.

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Page 1: là où les marmottes osent · en présence d’un indicateur du changement climatique en cours: les habitudes de vie et les rythmes saisonniers des animaux et des plantes sont bouleversés

là où les marmottes osent

Un… deux… plusieurs sifflements rompent le calme de la prairie alpine. La marmotte

a lancé l’alerte !

C’est une présence commune entre 2 000 et 3 000 m d’altitude (mais aussi à des altitudes moins élevées),

notamment sur les versants exposés au Sud (où au printemps la neige fond d’avance) et où les prairies

alpines sont parsemées de pierrailles, de rochers isolés et de quelques arbrisseaux.

Entendre le sifflement typique de la marmotte aide à la repérer visuellement : cherchez un rongeur de taille

moyenne et robuste (avant l’hibernation elle pèse en moyenne 4,5 kg, après l’hibernation son poids diminue

jusqu’à 3 kg), avec une fourrure dense et rugueuse, gris-brune sur le dos et jaune-roussâtre sur le ventre, des

couleurs mimétiques qui la rendent moins visible, surtout si elle reste immobile.

A l’aide des jumelles vous pouvez découvrir d’autres détails de son aspect comme les

pattes courtes et robustes, munies d’ongles fortes et robustes, idéales pour creuser

les terriers, les yeux situés latéralement sur le museau pour augmenter le champ

visuel et les dents incisives très développées qui croissent toujours pour compenser

l’usure provoquée par la mastication.

Page 2: là où les marmottes osent · en présence d’un indicateur du changement climatique en cours: les habitudes de vie et les rythmes saisonniers des animaux et des plantes sont bouleversés

la survie en montagne demande mille astuces

Certains comportements de la marmotte sont des stratégies raffinées conçues pour

vivre dans un milieu difficile.

Elles creusent des terriers souterrains complexes, formés d’une ou plusieurs ouvertures qui mènent à des

galeries profondes même une dizaine de mètres où se trouvent plusieurs chambres. Ici, à l’abri des

intempéries et des prédateurs, les marmottes dorment, accouchent et s’occupent des petits, passent l’hiver.

Les terriers hivernaux sont beaucoup plus profonds que les terriers estivaux ; ils sont bien scellés avec terre,

pierres et herbe. A la belle saison il est possible d’apercevoir aisément l’entrée des galeries grâce à la terre

remuée par les mouvements incessants des marmottes.

Les marmottes passent l’hiver dans une hibernation profonde, qui alterne à de brefs réveils. Elles dorment

en groupes, serrées les unes contre les autres, dans la partie la plus large et profonde du terrier, revêtu

d’herbe sèche.

Pendant le sommeil la température du corps baisse de +35° à +5°, le cœur ralentit en passant de 130 à 15

battements par minute, la respiration devient à peine perceptible et les marmottes consomment peu à peu

les réserves de gras accumulées pendant l’été.

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les habitudes sociales sont déterminantes

Elles vivent en groupes de 15-20 individus formés d’un couple et des jeunes des 2 dernières années.

Certaines données montrent que les petits ont plus de possibilité de survivre à l’hiver s’ils vont en hibernation

avec leurs parents et leurs frères aînés, parce qu’ils n’ont pas assez de réserves de graisse et ils ont besoin

d’être chauffés par les autres membres de la famille.

Elles possèdent un système collectif de défense basé sur les sentinelles. Si vous voyez une marmotte toute

droite, bien campée sur ses pattes arrière, elle est en train de faire le guet !

En cas de menace, elles lancent des sifflements aigus d’alerte pour avertir du danger les autres marmottes.

En réalité, il s’agit de véritables cris codifiés, émis bouche ouverte, qui peuvent être

entendus à une grande distance : un seul sifflement indique une menace provenant

d’en haut (par exemple un aigle ou un homme qui descend d’une pente), une série de

sifflements signale que le danger vient de côté (par exemple un renard, un chien ou

un homme qui arrive latéralement). L'intensité du sifflement indique la distance du

prédateur.

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l’étrange cas de la marmotte cesira Le chaud anormal de l’hiver 2016 a poussé une marmotte du Parc National du Grand Paradis à interrompre

d’avance son hibernation et à sortir de son terrier en quête de nourriture.

Maigre, affaiblie, avec des disponibilités alimentaires très limitées, son sort est incertain.

Cesira, cependant, n’a pas été la seule marmotte à errer à travers les prairies en hiver. Nous sommes donc

en présence d’un indicateur du changement climatique en cours: les habitudes de vie et les rythmes

saisonniers des animaux et des plantes sont bouleversés.

Vivez un jour comme une marmotte. Voilà un petit jeu pour vous. Aidez la marmotte

à atteindre son terrier, mais faites attention, parce que le labyrinthe cache plusieurs

dangers. Evitez-les et trouvez la bonne route !

Un jeu dans le jeu : vous prenez la mauvaise route et vous rencontrez un prédateur ou une menace ; amusez-

vous à jouer le rôle de la marmotte sentinelle et lancez le signal d’alerte pour avertir le reste de la colonie.

Rappelez-vous que la marmotte ne siffle pas, mais elle crie. Faites-le vous aussi (à un volume

acceptable quand même !).

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� Aigle :

son système de chasse repose sur le repérage de la proie d’une position

dominante ou pendant qu’elle survole la zone et sur l’attaque en piqué ou en

plané (selon le type de proie) prête à saisir l’animal avec ses griffes.

� Homme :

un randonneur sur le sentier, même s’il se trouve à une grande distance, est signalé

par la première sentinelle qui aperçoit sa présence. La fuite précipitée vers le terrier

n’a lieu que si la distance de sécurité est dépassée.

� Chien :

à la montagne les chiens doivent toujours être tenus en laisse, car ils pourraient

rencontrer des animaux sauvages ; ces derniers, même s’ils ne subissent pas

une vraie attaque, peuvent subir un stress lié à la peur et à la fuite.

� Renard :

On sait bien que le renard aime tout manger : petits animaux (dont les

marmottes), insectes, oiseaux, œufs, fruits, baies. Le fait d’être omnivore est

une astuce qui lui permet de satisfaire sans trop de fatigue son besoin

journalier de nourriture.

� Loup :

Son odorat extraordinaire est un outil fondamental pour repérer ses

proies. L’odorat du loup est cent mille fois supérieur à celui de l’homme :

si le vent est favorable, il arrive à flairer une proie qui se trouve à une

distance de 3 km