l impact de l activité perceptive sur la motricité d un ... · visions différentes : la notion...
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L’impact de l’activité perceptive sur la motricité d’un athlète d’arts
martiaux lors d’un combat – kung fu wushu – (sanda)
Approche thermodynamique
Ayoub HACEINI
Thème(s) : perception, biomécanique
Mots-clés : perception, thermodynamique, modélisation de style
La plateforme théorique
Le sport comme tout autre domaine, a connu l’impact des théories cognitives
modernes sur son champ d’application.
Dans notre recherche présente on s’est appliqué à étudier notre problématique avec
une seule vision, « l’approche dynamique » qui, d’après nous, était la plus adaptée à nos
objectifs de recherche.
L’approche dynamique a surgi comme une controverse de l’approche cognitive
classique qui avait du mal à donner des explications à certaines notions comme : le
contexte, la construction de sens et le couplage situation/sujet. Reste , que pour bien
comprendre la nouvelle vision de cette approche, il est impératif de faire un tour
d’horizon sur les principales théories qui l’ont succédé qui sont : l’approche
computationnelle classique et l’approche néo- cognitive.
De la place donnée au contexte est née cette controverse : le contexte est donneur
de sens, qu’il soit préétabli ou construit selon le couplage. Le tableau ci-dessous éclairci
les différences entre ces approches.
Cognitive classique Néo-cognitive Couplage
Contexte Préétabli Donneur de sens aux
actions
Donneur de sens aux actions
Situation Expérimentale Conçu dans le cadre
d’interaction
Local
Principes - But
- Contraintes
- Variables contrôlées
- Reproductible
- Interaction
- Englobe
- Singulière
- Contingente
- Evolutif
- Incertitude
- Temporalité
- Contrôle
- Transformation en permanence
- Perception
- La globalité
- L’interdisciplinarité
- La participation
Concept
d’action
Inhérent Conduite en
perception et
réalisation
- Dirigé vers un but
- L’action guide la perception
- Attiré par la nouveauté
L’expert Performance élevée dans
un domaine donné grâce à
des compétences
préalables
Réalise des actions
acceptables pour lui et
adaptées au milieu
- Expert du couplage
- Donne de sens au contexte et
agit de façon acceptable sur
l’environnement
Ce voyage au cœur de la théorie nous a permis d’envisager différents courants de
recherches sur l’expert, avec leurs limites. La première approche étudiée (cognitive
classique) s’est centrée sur un ou plusieurs aspects de la cognition, pour essayer
d’expliquer l’action en situation standardisée. Elle a testé les compétences de l ’expert
dans son domaine d’expertise, avec réduction des degrés de liberté, afin de contrôler les
différentes variables en jeu. Ce qui a contribué à élaborer une théorie des tâches. Mais
cette voie de recherche ne nous est pas apparue qualifiée pour étudier l’activité de
l’expert dans son milieu naturel.
L’absence ou la faible prise en compte du contexte dans l’approche cognitive
classique a généré une controverse, qui a conduit à concevoir le contexte selon deux
visions différentes : la notion de situation et le couplage entre l’individu et
l’environnement. Dans la première, on s’est intéressé aux composantes liées à la
temporalité, l’incertitude et le contrôle. Tandis que dans le second cas, on s’est focalisé
sur l’inscription temporelle de la cognition, sur la nature de l’interprétation directement
liée au couplage à un instant, à l’intentionnalité de l’acteur qui donne des significations
à la situation et enfin, à l’action. Ces conceptions du contexte ont considéré que l’individu
est engagé dans des situations qui évoluent pertinemment. Donc l’acteur est pris en
compte dans sa globalité et dans sa relation avec l’environnement dynamique, c’est-à-
dire qu’ils sont unis.
Cette perspective épistémologique inhérente à la cognition, à l ’action et au
contexte, nous a poussé à envisager deux approches ergonomiques pour étudier l’activité
de l’expert. L’une est cognitiviste moderne, alors que l’autre réfute la notion de
représentation. Dans l’une, les décisions sont totalement émergeantes, dans l’autre elles
le sont partiellement ou totalement, selon la nature de l’environnement. L’une a fait
l’objet d’études dans le domaine du sport, alors que dans l’autre, les recherches sont
balbutiantes.
Dans le domaine du sport les organes sensoriels sont aussi importants que les
muscles, que ferions-nous si on avait aucun contact avec le monde extérieur ou intérieur ?
Notre but dans ce chapitre est de faire un tour d’horizon sur tous ce qui concerne la
sensation et la perception externe et interne.
La psychologie nous a montré que la perception joue un rôle important dans sa
relation avec l’environnement, interne et externe. Notre regard passe par un filtre qui est
la perception, et donc, on a besoin d’une opération méthodique pour arriver à sélectionner
les informations qui nous parvient (relation sensation – perception) (Raymond
Vaillancourt, p63).
L’acquisition de bon développement des récepteurs sensitifs permet au sportif de
bien assimiler les informations interne et externe. Il s’appuie sur elles pour arriver à de
meilleures réponses gestuelles (performance).
Depuis son apparition sur, l’homme s’est beaucoup intéressé au mouvement des
animaux, Il a cherché à comprendre son fonctionnement. Avec le développement
technologique, on arrive maintenant à analyser ces mouvements perçus comme simples,
mais complexes en réalité.
L’utilisation de la cinématographie nous a aidées à mettre au point des
modélisations gestuelles
Pour diverses techniques sportives, c’est devenu d’une importance majeure pour
acquérir la haute performance.
Notre étude elle aussi, s’est basée sur cette méthode, afin d’essayer d’arriver à des
résultats scientifiques.
Hypothèses de recherche
Nos hypothèses de recherche ont été les suivantes :
Hypothèse générale
La perception du style de combat de l’adversaire affecte la stratégie du combat, ce
qui induit des réactions diverses aux attaques.
Hypothèses secondaires
1. On peut percevoir le style de combat d’un adversaire par des indicateurs visuels
dans la posture initiale.
2. La réaction aux attaques se diversifie selon la perception du style de combat de
l’adversaire.
Méthodologie de la recherche :
1. La méthode utilisée
Ce genre de recherche doit avoir une méthode très appropriée pour arriver à de bons
résultats, pour cela, nous avons choisi la méthode descriptive analytique, afin de mettre
au point une analyse détaillée de notre objet de recherche.
2. Les variables de recherche
L’activité perceptive
Le style de combat
La motricité du combattant
3. L’échantillon de recherche :
Les modalités de sélection d’échantillon
On a choisi 6 combattants selon les modalités suivantes :
Sexe : masculin
Catégorie : senior
Niveau : national
Entraînement : actif
Les modalités de construction des groupes
On a mis en place 2 groupes similaires contenants chacun un style de combat. Donc
chaque groupe possède : style boxe – style pied – style lutte.
Intervalle temporel de recherche
Théorique : Janvier 2012 – Novembre 2012.
Pratique : Novembre 2012 – Juin 2013.
Étude préliminaire
Elle s’est déroulée au mois de Mai 2012, par un test combat avec tous les outils de
recherches.
Ce test été un succès majeur, car on a eu des prises de vidéos de bonne qualité pour
le combat test.
Protocole expérimental de la recherche :
Matériels utilisés
2 caméscopes Sony DCR-HC52E (65x/
intelli-zoom)/50 Hz
1 caméscope Samsung hyper dis zoom
optique 40x, 1/6 "CCD, zoom numérique/
50 Hz 2000x
Laptop.
Programme d’analyse cinématographique Dart Fish 4.5.2.0
Matériels de protection de combat.
Salle omnisport équipé d’un tatami de combat dans les dimensions légales.
Ruban de mesure.
Personnels utilisés
Un arbitre national.
3 assistants pour contrôler les 3 caméras.
Un médecin.
2 assistants dans la gestion des combats.
Conditions expérimentales
Combattants en bonne santé.
Combattants toujours actif.
Combats réels.
Echauffement pendant 30 min.
Tenue officielle de combat afin de permettre de percevoir les articulations.
Déroulement de l’expérience
L’expérience c’est déroulé en 2 étapes.
1ère
étape
Prendre des mesures anthropométriques (longueur des segments).
Faire des vidéos des combats.
Analyser les vidéos avec le logiciel Dart Fish 4.5.2.0 en cherchant le kinogramme
initial (avant contact des combattants).
Faire sortir les coordonnées cartésiennes des articulations d’étude en prenant
l’articulation de la cheville droite comme centre du repère orthonormé (O, i, j, k).
Mettre au point une modélisation de cette posture pour chaque style de combat.
2e
étape
Faire des interviews avant le début des combats avec tous les combattants.
Faire des interviews après la fin des combats avec tous les combattants.
Les points étudiés
Analyse statistique :
On a utilisé le système ANOVA, afin de calculer les moyennes des données
cartésiennes des points, d’étude pour les deux combattants du même style.
Pour l’outillage, on a obtenu une erreur de mesure de % 0.1, avec une erreur de
calcul de 0,1 cm.
Projection et analyse des résultats obtenus
Exemple illustratif d’une posture initiale
Tableaux des données cartésiennes de tous les combattants :
Posture style boxe
coordonnées cartésiennes CHEVIL
LE
GENO
UE
HANC
HE
EPAUL
E
COUD
E
POIGN
ET 1 D G D G D G D G D G D G
X 0 46 5 5
1
0 40 5 5
1
1
6
5
7
13 35
Y 0 85 33 4
8
18 72 1
7
6
8
0 4
2
17 0
Z 0 -17 85 7
6
18
0
18
3
2
7
3
2
7
5
2
0
4
2
0
6
30
9
32
1 2
X 0 54 4 5
1
17 51 1
1
5
2
6 4
2
1 28
Y 0 59 15 5
1
59 34 6
8
1
1
6
8
2
6
6 43
Z 0 0 11
5
8
5
23
6
22
1
4
1
3
3
9
5
3
2
5
3
1
4
37
6
38
6
Posture style pied
coordonnées cartésiennes CHEVIL
LE
GENO
UE
HANC
HE
EPAUL
E
COUD
E
POIGN
ET 1 D G D G D G D G D G D G
X 0 39 0 22 12 17 25 14 2
7
3
1
18 16
Y 0 108 3
0
98 30 57 68 62 4
2
5
1
85 10
6 Z 0 11 7
0
80 19
7
19
9
28
0
28
5
2
0
8
2
1
8
25
2
22
5 2
X 0 32 8 22 0 30 12 27 9 3
5
20 20
Y 0 188 6
1
16
6
65 11
3
10
3
14
9
1
2
1
1
6
7
16
0
19
6 Z 0 0 5
5
65 13
4
13
4
20
5
19
8
1
5
4
1
5
1
17
9
17
9
Posture style lutte
coordonnées cartésiennes CHEVIL
LE
GENO
UE
HANC
HE
EPAUL
E
COUD
E
POIGN
ET 1 D G D G D G D G D G D G
X 0 28 1
1
34 12 20 1
0
1
3
3
1
2
6
42 35
Y 0 93 0 79 9 70 0 7
6
2
8
9
6
19 98
Z 0 0 8
3
79 20
6
21
7
3
2
3
3
2
3
2
4
5
2
3
2
30
2
28
3 2
X 0 16 1
5
8 14 17 2
0
2
0
2
7
3
0
12 12
Y 0 115 3
4
11
5
42 98 4
5
9
8
8
3
1
5
7
95 15
5 Z 0 21 8
3
10
4
20
4
20
6
2
9
7
3
0
4
2
2
7
2
5
1
29
1
29
5
Les schémas de modélisation des combattants selon les données cartésiennes obtenus
Figure 1. Style de boxe
Figure 2. Style de pied
Figure 3. Style de lutte
Méthode de calcul mathématique
L’appui :
tg α= Y/X
Flexion genou :
AB= √[(XB-XA)2+(YB-YA)
2+(ZB-ZA)
2]
BC= √[(XC-XB)2+(YC-YB)
2+(ZC-ZB)
2]
AC= √[(XC-XA)2+(YC-YA)
2+(ZC-ZA)
2] :AC < AB+BC flexion du
genou
Quand AC diminue y a flexion du genou
Position du bassin :
Comparaison latérale (X, Y)
boxe pied lutte
Y X Y X Y X
bassin D 18 0 30 12 9 12
G 72 40 57 17 70 20
Position du centre de gravité :
C milieu [AB] XC= (XA+XB)/2 YC= (YA+YB)/2
C ةعطقال صفتنم [AB]
XC= (XA+XB)/2
YC= (YA+YB)/2
On cherche si : C = C
Torsion du buste :
= BB/AA
AA= √[(XA-XA)2+(YA-YA)
2]
Plus AAest grand, plus y a de torsion
Flexion du coude et protection des côtes :
AC= √[(XC-XA)2+(YC-YA)
2+(ZC-ZA)
2]
BD= √[(XD-XB)2+(YD-YB)
2+(ZD-ZB)
2]
AC < AB+BC y a une flexion plus AC diminue y a une flexion
Plus BD augmente y a meilleure protection des cotes (coude plus proche des cotes).
Protection du visage :
AC= √[(XC-XA)2+(YC-YA)
2+(ZC-ZA)
2]
Plus AC diminue plus le poignet est proche de la tête. Si ZC
ZA donc les poignets sont au-dessous du niveau des épaules.
Discussion des hypothèses
Pour la 1ère
sous-hypothèse, et selon les résultats obtenus, on peut confirmer cette
sous-hypothèse. On est arrivé à mettre au point le tableau suivant :
posture boxe pied lutte
appuis Environ 45 ͦ Moins de 45 ͦ Moins de 45 ͦ
abaissement faible grand moyen
hanche Décalage d’un coté Décalage d’un coté Pas de décalage
latéralité Non existante existante Non existante
Torsion buste Non existante existante Non existante
Protection des cotes bonne moyenne faible
Protection du visage bonne faible moyenne
Pour la 2e
sous-hypothèse, après analyse des interviews, la totalité des combattants
ont affirmé que la réaction aux attaques adverses et leurs stratégies de combats changent
selon le style de combat de l’adversaire, et donc notre sous-hypothèse est correcte. Et
sera confirmée dans le futur par d’autres méthodes.
Finalement, notre hypothèse générale s’est révélée être correcte, et donc la
perception des indicateurs visuels de style de combat peut nous donner des informations
cruciales pour aider à prendre des décisions corrections sur les réactions optimales et les
meilleures stratégies de combat à appliquer.
Cette recherche nous a poussé à nous poser de nouvelles questions qui sont :
Y a-t-il une relation entre ces indicateurs visuels et le temps de réaction ?
Est-t-il possible d’influencer la perception de ces indicateurs visuels par un
entraînement mental ?
Conclusion
Notre recherche se compte parmi les rares recherches de biomécanique sportive
dans notre pays. On a essayé, malgré le manque de matériel adéquat à la recherche, de
mettre de la lumière sur cette discipline. Notre recherche été fructueuse par ces résultats
obtenus, visant dans le futur proche de continuer cette recherche en approfondissant les
analyses avec du matériel high-tech, et aussi en augmentant l’échantillon de recherche.
Cela dit, les nouvelles questions posées, pourront nous amener à créer des liens à
une autre discipline, les Neurosciences.