l romaineddata.over-blog.com/xxxyyy/1/98/99/81/fichiers-pdf/erets-israel... · entraîne en...

23
LE PEUPLE JUIF EN TERRE D ' ISRAËL DEPUIS L ' ÉPOQUE ROMAINE ENTRE CONTINUITÉ ET TRADITION

Upload: hadien

Post on 14-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

LE PEUPLE JUIF EN TERRE D'ISRAËLDEPUIS L'ÉPOQUE ROMAINEENTRE CONTINUITÉ ET TRADITION

V

LA TERRE D'ISRAËL AU XIXE SIÈCLE :JERUSALEM VILLE JUIVEET LA FIN DE LA DOMINATION OTTOMANEAdapté d'un cours du Professeur Neher

Conception, édition, mise en page, traductions de Sacha Bergheim

Nos remerciements à Elinor Guez et à Israël Boccara

pour leur précieux concours

Téléchargement et diffusion libre sous réserve de la mention de la sourcecontrecourant, danilette, aschkel.info , lessakele

➢ Le XIXème siècle : un siècle de renouveauL'expédition de Napoléon en Egypte et en Palestine laisse des traces profondes dans l'histoire. Au début du XIXème siècle, les voyages en Orient deviennent une mode littéraire en monde Chrétien.Chez les Juifs, l'alyah s’intensifie. Le premier groupe des disciples du Gaon de Vilna (mitnagdim) arrive en Erets en 1808, avec Menahem Mendl de Shklov, qui s'installe d'abord a Safed, puis à Jérusalem. Il est rejoint par Israël de Sbklov, dont la forte personnalité impose ses normes a la communauté juive ashkenaze de Safed puis à celle de Jérusalem. Ce sont alors les deux plus importants centres de vie juive.Le tremblement de terre de Safed en 1837 (2 000 victimes juives) amène les rescapés à Jérusalem. A partir des années 1845, les Juifs forment la majorité de la population de Jérusalem (environ 15 000 habitants en tout dont 8000 Juifs). Ce repeuplement est surtout citadin. Ashkenazim et sépharadim vivent séparés. Les ashkenazim pratiquent peu de métiers et vivent presque exclusivement de la Halouka (argent collecté en Europe et partagé). Cependant, peu à peu, des écoles professionnelles et l'artisanat se développent, sous l'influence notamment de Moses Montefiore et d'autres philanthropes juifs d'Europe, à l'image du moulin Montefiore à Jérusalem.

Les sépharadim sont mieux intégrés dans la société environnante : ils sont artisans, commerçants et établissent souvent des relations commerciales avec les régions voisines (Syrie, Liban, Egypte). Certains s'enrichissent et forment ainsi la classe la plus aisée du vieux Yishuv, qui, dans l'ensemble, vit misérablement.En 1840, l'alyah de Rabbi Samuel Salant (1816-1909) provoque un épanouissement de la Communauté Ashkénaze de Jérusalem dont il devient le Grand-Rabbin en 1878. Il prône l'introduction de l'hébreu comme langue d'enseignement dans les écoles et s'oppose au fanatisme de certains adversaires acharnés de tout modernisme. D'un autre côté, le missionarisme chrétien se développe au milieu de ce siècle et entraîne en réponse une intensification des œuvres juives d'entraide. Des hôpitaux juifs apparaissent (l'hôpital Rothschild est fondé dès 1854).

Mont Sion – photo Bonfils.Jérusalem devient, dans les années 1870, un grand centre de vie intellectuelle juive. Israël Dov Frumkin fonde, en 1869, le premier journal en hébreu (haHavatséla qui attirera à Jérusalem Eliezer ben Yehouda).

Tout ce mouvement de renaissance bouillonne d'initiatives nouvelles comme la fondation de Mikvé Israël (1870) et de Petah-Tikva (1878).Ce que on appelle communément la première alyah (1882) est simplement la première de type haloutsique (pionnière) et agricole. Ce n'est de loin pas la première fois que des Juifs rentrent sur leur terre ancestrale mais c'est .la première fois qu'en groupes constitués, ils viennent avec l'idéologie précise de l'amour de la terre nourricière et du devoir de la fertiliser à nouveau. Cette idéologie oriente de manière définitive le mouvement sioniste qui prend forme et programme avec Herzl en 1897.➢ La Palestine au milieu du XIXe siècle

Restauration d'une communauté Juive à Jaffa (Première moitié du XIXe siècle - Témoignages recueillis en 1838 par S. Ben-Zion, et Mémoires du Rishon-le-Zion Jacob Sain Elyashar - 1817-1906).Le premier Juif à se réinstaller, au XIXe siècle, à Jaffa, a été Senior Yeshaya Agiman. Monté de Constantinople à Jérusalem en 1820, il veut éviter aux Juifs débarquant à Jaffa de loger chez des Arabes, en attendant que, de Jérusalem, on vienne les prendre pour les y amener, sous bonne garde, à dos de mulet. Désormais il y a à Jaffa une demeure juive, dont l'une des salles sert de synagogue de rite sefardi, et autour de laquelle se groupe un noyau minuscule de ce qui sera, plus tard, en 1835, la première communauté, grâce à l'arrivée d'une importante Alya de Juifs du Maroc.Ces Juifs avaient quitté le Maroc avec l'intention de s'établir en Galilée, où, pensaient-ils, leurs aptitudes au commerce pouvaient trouver leur emploi. Mais une terrible tempête les surprit en rade de Haïfa. Douze d'entre eux périrent dans les flots. Les rescapés virent dans ce malheur un signe du ciel. Ils décidèrent d'annuler leur projet de Galilée et restèrent d'abord à Haïfa même, à l'ombre du Prophète Elie. Mais Haïfa n'était alors qu'un tout petit village, au pied de son Carmel inhabité.Impossible d'y faire du commerce. Ils essayèrent alors d'aller à Sichem, où

reposent les ossements de Joseph. Nouvelle déception. Dès lors, on se décida pour Jérusalem. Toutefois, dans cette Ville Sainte, personne ne songeait à commercer. Tout le monde vivait de la Haloukka et n'en demandait pas plus. Nos Marocains entendirent alors parler de Jaffa, de son port, de ses champs cultivés, de ses orangeraies. Ils s'y rendirent, s'y plurent, furent accueillis avec empressement par Senior Agiman et le Rabbin Juda Halévi, qui y avaient pris résidence quelques années auparavant. Leur commerce d'exportation de produits d'Erets Israël vers la Diaspora y prospéra rapidement. Des habitants de Jérusalem vinrent se joindre à eux et bientôt Jaffa compta une importante communauté, entièrement séfarade.En 1839, un groupe de Juifs achkenaz débarqua à Jaffa. Empêchés de monter tout de suite à Jérusalem, qui était bloquée par une épidémie. Certains d'entre eux décidèrent de rester à demeure à Jaffa. Au début, ces Achkenazim firent partie intégrante de la communauté sefardite, et les prières se disaient en commun dans la même synagogue. La communauté s’agrandit après la Guerre de Crimée, en 1856, et la nomination de M. Amzalag riche négociant, comme vice-consul d'Angleterre, attira à Jaffa plus de Juifs encore, parmi lesquels, en 1866, des Achkenazim de Jérusalem. Ceux-ci se séparèrent à ce moment des Sefardim et créèrent à Jaffa une communauté achkenaze encore modeste, mais indépendante.Une expérience agricole précoce : Israel Bek en GaliléeIsrael Bek est originaire de Berdichtchev en Ukraine. Il s'installe en 1832 à Safed où il tient une imprimerie pendant cinq ans, avant de rejoindre Jerusalem en 1840 où il fondera la première imprimerie qu'il dirigea jusqu'à son décès en 1874. En 1872, il relate son expérience à propos des premières expériences agricoles : Je suis venu à Safed vers la fin 1831 car c'était là que j'avais choisi de m'établir. Peu après, Ibrahum Pacha d'Egypte est arrivé dans notre pays comme un torrent et l'a conquis. Il partit d'Acre pour atteindre Jerusalem. Le Seigneur m'a permis d'obtenir une faveur de ce prince et il n'a rien refusé de

ce que je lui avais demandé. En 1834, Safed était saccagée [par un pogrom] et nous sommes restés sans rien. Je suis alors retourné voir le Pacha à Acre et j'ai plaidé en faveur des miens. Il a eu de la compassion et m'a donné un petit village appelé Jarmak [au pied de la montagne Atsmon à l'ouest de Safed]. Il y a des sources autour et c'est à une demi-heure du village de Meron [où se trouve la tombe de Rabbi Shimon bar Yo'hai]. Le village avait des jardins, disait-on, mais à cette époque, il n'y avait que des arbres, et de la végération jusqu'entre les rochers. En janvier 1837 survint le grand tremblement de terre, et je fus contraint de quitter le village donné par le Pasha. J'ai alors construit des maisons, défriché, cultivé les champs et dès la fin de cette année, je pouvais pleinement goûter les fruits de la terre. L'année suivante, j'achetais du bétail, des moutons et des chèvres, et avec l'aide de D., j'observais toutes les prescriptions du Shabbat et de la terre, et la porte de ma maison est grande ouverte. Les bénédictions de D. étaient dans chacune de mes actions, dans ma maisons, dans mes champs. Bien qu'il y ait beaucoup de pierres et que les champs ne furent guère propice au labourage, je l'ai fait et D. m'a fait prospéré. Toutefois, les nombreux événements qui nous frappèrent en 1839 dûs à la guerre entre le Sultan et le Pacha d'Egypte, j'ai été forcé d'abandonner mon village et d'aller à Jerusalem où je suis aujourd'hui heureux.Le système de Haluka (soutien aux étudiants en hala'ha). Les Perushim (c'est-à-dire ceux qui n'étaient pas des Hassidim) qui vivaient à Jerusalem, Hébron, Safed et Tibériade constituaient une communauté connue sous le nom de Kolel Vilna car c'est de cette ville (en Lituanie) que les collectes étaient rassemblées. Le fond appelé fond Rabbi Meir Baal Haness, établissait une série de doncs en fonction de la liste établir par l'administration à Jerusalem. Les dons étaient versés sur la base du nombre de membres dans les famille, auxquels furent ajouté des dons supplémentaire selon le lignage et pour les études du chef de la famille. Ne disposant pas de service postale, l'aide était apportée une fois par an, un message partait de Vilna jusqu'à Istanbul, où l'attendait un émissaire de la communauté en Israel. Les pièces russes étaient alors

échangées contre des monnaies turques. À son retour en terre sainte, l'émissaire distribuait l'argent selon les villes. ➢ Un témoin de premier ordre : Sir Moses MontefioreMoïse Montefiore fit, en Terre Sainte, sept voyages successifs, en 1827, 1839, 1849, 1855, 1857, 1866, 1875. Il en rapporta des comptes rendus détaillés et passionnants, notés dans son journal par ses soins ou par ceux de son fidèle compagnon L. Loewe. Point d’hôtels ni d’auberges dans le pays. Nos voyageurs dorment en campement sous la tente et circulent à dos de mulet. Le premier projet d’une route carrossable entre Jaffa et Jérusalem est mis en route par Montefiore en 1860. C'est lui aussi qui donnera une Impulsion décisive aux œuvres philanthropiques. Mais, en attendant, la misère est aggravée par les épidémies et les fléaux qui s'abattent fréquemment sur le pays. Voici quelques passages du Journal nous montrant leur fréquence et leur gravité.

Témoignage : le journal de Montefiore

2 juin 1839 LA PESTEQuittant Tibériade, ...nous plantons nos tentes à Eyn Louba. Tard dans la soirée, un messager arriva de Caïffa [Haifa] apportant à Sir Moses une lettre de Beyrouth. …La peste a éclaté à Damas et la région entre cette ville et Beyrouth est complètement bouleversée. Tous les navires en provenance d'Alexandrie sont soumis à une quarantaine ; la plupart des villages de Palestine sont envahis par la peste.[Ils sont en route vers Jérusalem.]Apprenant que la peste sévis encore dans la Ville Sainte, Sir Moses jugea préférable de ne pas y pénétrer. Nous longeâmes donc les murs et montâmes au Mont des Oliviers, où nous plantâmes nos tentes en un endroit d'où la vue était merveilleuse sur la Ville Sainte...

Mars 1866 INVASION DE SAUTERELLESNous étions souvent interrompus par l'apparition sur nos fenêtres de sauterelles vertes, dont on nous dit qu'elles étaient les annonciatrices d'une nouvelle mauvaise saison. Très souvent le matin, bien avant le lever du soleil, nous entendions le roulement du tambour réveillant les habitants de Jaffa pour qu'ils accomplissent leur devoir : ramasser chacun une mesure de sauterelles avant l'aube, afin d'écarter le fléau, car l'apparition des sauterelles est terriblement redoutée, d'autant plus qu'on raconte qu'elles apportent toujours une maladie épidémique.[Au cours de ce voyage de 1866, un des compagnons de Moise Montefiore, le Dr

Hodgkin, mourut terrassé par le choléra. De terribles épidémies de choléra ont

éclaté au Moyen-Orient au XIXe siècle. En voici quelques échos.]

Les environs de Jericho – photo Bonfils

8 juillet 1875 LE CHOLERA[Moise Montefiore fait escale à Alexandrie, en vue de son 7ème voyage en Terre

Sainte]Le Rev. Haham Bashi et les représentants de la Communauté montèrent à bord pour me souhaiter la bienvenue. Ils me souhaitèrent ensuite une bonne continuation de mon voyage, non sans cacher leur crainte : en raison de l'extension de l'épidémie de choléra le long de la côte syrienne, il est fort probable qu'on ne laissera même pas notre navire entrer dans le port de Jaffa. Leur intention bienveillante était de me dissuader de continuer mon voyage à cause du danger. Je leur répétai ma résolution, ajoutant que si le navire ne pouvait aborder à Jaffa, j'irais jusqu'à Beyrouth, ou bien je tâcherais de me faire un chemin par Haïfa.Personnage quasi légendaire, qui vécut plus que centenaire (1784-1885), Montefiore suscita toute sa vie et dans les années qui suivirent sa mort une véritable dévotion.Dans presque toutes les familles juives d'Europe et d'Afrique du Nord, même les plus humbles, on trouvait dans les années 1890 un portrait de Moïse Montefiore : souvent ce portrait tenait lieu de « Mizrah », indiquant la direction de Jérusalem vers laquelle on se tournait pour prier. Car Montefiore avait réalisé ce qu'aucun Juif de sa génération n'avait encore accompli : sept voyages en Terre Sainte, échelonnés entre 1827 et 1875. Et lors du dernier, qu'il fit à quatre-vingt-onze ans, il put mesurer la réussite des efforts qu'il avait entrepris pour l'amélioration des conditions de vie des Juifs en Palestine.Trop oublié aujourd'hui, éclipsé par Herzl dont on a tendance à faire trop exclusivement le père du sionisme, Montefiore et sa femme Judith incarnent au milieu du XXe siècle l'« Amour de Sion » en même temps que la Défense du peuple juif. De Saint-Pétersbourg à Tanger et Mogador, de Damas à Bucarest, inlassablement, Montefiore essaie d'intervenir en faveur des Juifs partout où ils sont victimes de persécutions.Une étonnante carrière et une extraordinaire réputation lui donnent en tous lieux du

poids et une influence souvent décisive. Après des débuts modestes, la réussite sociale et politique vint bientôt, accompagnée de succès financiers. Elu shérif de Londres en 1837, il est, la même année, fait « chevalier » par la reine Victoria dont il devient un familier, et qui l'autorisera à rehausser son blason après son remarquable succès lors de l'affaire de Damas. Par son mariage en 1812, il est devenu le beau-frère de Nathan Meyer Rothschild, le fondateur de la « branche anglaise » de cette célèbre famille. Tout cela lui permet en 1824, à quarante ans, de se retirer des affaires et de consacrer son dynamisme, son temps et son argent au service de ses frères.Mais s'il fut pour les Juifs de son époque celui en qui on mettait toute confiance, ce n'est pas uniquement à cause de sa bonté et de sa richesse, mais parce qu'on le savait profondément attaché à la fois à la terre d'Israël et aux traditions religieuses juives. A ceux qui s'étonnaient de voir un homme parvenu à de si hauts honneurs s'attacher aux détails de la pratique juive traditionnelle, il répondait : Ce que les autres font et disent à cet égard m'est absolument égal. Dieu a donné à l'homme une volonté capable de choisir librement ce qui lui semble le meilleur. Pour ma part, je suis l'enseignement donné dans la Bible et je choisis de faire ce qui y est enseigné.L'amour de Jérusalem habitait en lui d'une manière intense. Au-dessus de son lit, sous le baldaquin de rigueur alors pour un couple riche, un cadre contenait, écrit en hébreu, le verset du Psaume 137: « Si je t'oublie, Jérusalem, que ma main se paralyse ». Et sur les armoiries que lui autorisa le reine Victoria il fit tracer deux bannières tenues par des animaux héraldiques ; et sur chacune d'elles, en hébreu, le nom de Jérusalem.

Un rêve se réaliseDès son second voyage en Palestine, en 1839, cet homme d'action transpose l'attachement mystique en projets concrets. Il note dans son Journal : D'après tous les renseignements que j'ai pu obtenir, la terre, dans cette région (Tibériade), semble particulièrement propice au développement agricole. La terre pourrait produire de tout en abondance avec un minimum d'habileté et d'effort. Je suis sûr que si les projets que j'ai en tête réussissent, ce sera le moyen d'introduire le bonheur et la prospérité en Terre Sainte. Mais les Juifs n'ont pas, en Palestine, le droit d'acheter des terres : cette législation d'exception qui les frappa dans l'Europe médiévale et les voua à des métiers de commerce puisque la propriété du sol leur était refusée, fut abolie avec l'émancipation à partir de la Révolution française. Cependant, elle est toujours en vigueur dans la Palestine du XIXème siècle, sous domination turque, même quand à la suite de la première guerre de Syrie (1832-1833) elle passe aux mains du pacha d'Egypte Méhémet-Ali, en révolte contre le sultan.Montefiore songe à s'adresser au pacha auquel il avait été présenté en 1827, lors de son premier voyage en Terre Sainte :Tout d'abord, je vais m'adresser à Méhémet-Ali pour qu'il me loue un terrain pour cinquante ans1 ; cela fera cent ou deux cents villages.Il ne songe pas à un achat de terres qui risque de lui être refusé : il n'est pas encore, en 1839, l'homme connu qu'il sera par la suite et, d'autre part, sa richesse personnelle ne lui permet pas d'envisager un achat de pareille importance.Puis Montefiore poursuit son :Ceci obtenu – c'est-à-dire le bail de Méhémet-Ali –, je vais, s'il plaît à Dieu, à mon retour en Angleterre, fonder une société pour la culture du pays et pour 1*1 Ce chiffre de cinquante ans est une référence au texte biblique du Levitique 25, 10-15, qui institue la règle du Jubile pour les terres le propriétaire ne peut s'en dessaisir pour plus de quarante-neuf ans. A la cinquantième année, elle doit lui être rendue par son locataire. Ce sera aussi la dure des baux affermes par le K.K.L. — Keren Kayémet Laierai' (Pond national luit) — organisation que le mouvement sioniste créera en 1901 pour acheter des terres, les affermer à bail et éviter ainsi la capitalisation du sol.

encourager nos frères d'Europe à retourner en Terre Sainte. Beaucoup de Juifs émigrent actuellement en Nouvelle-Galles du Sud, au Canada, etc ; mais, en Terre Sainte, ils obtiendraient la réussite avec bien plus de certitude ; ils y trouveraient des puits déjà forés, de la vigne et les oliviers déjà plantés, et un pays qui exigera d'eux peu de main-d'œuvre. J'espère faire venir peu à peu un millier de nos frères dans la Terre d'Israël. Je suis sûr qu'ils -y seront heureux, en y observant notre sainte religion avec une plénitude qu'il est impossible de réaliser en Europe.Mais Tibériade est une région privilégiée. L'ensemble du pays est pauvre, Montefiore en est particulièrement frappé en arrivant vers la Ville Sainte. Toujours au cours de ce même voyage de 1839, il note : Pendant deux heures avant l'arrivée à Jérusalem, la route que nous suivons est pierreuse et désertique. Pas un brin d'herbe, pas un arbre. Je prie avec ferveur, pour que le dénuement de Sion se transforme à nouveau en Paradis, et que son désert redevienne le jardin du Seigneur.Ses projets restèrent quinze ans à l'état de rêve, car les guerres de Syrie ont abouti à l'échec de Méhémet-Ali, et à la restitution au sultan de la Syro-Palestine. Les espoirs fondés par Montefiore sur une coopération avec Méhémet-Ali, qui passait pour un prince « éclairé », s'écroulent du même coup ; pour tout ce qui concerne la Palestine, il faut de nouveau passer par Constantinople.En 1854, deux éléments nouveaux et simultanés permettent à Montefiore de reprendre ses plans sous une autre forme et d'en envisager même l'extension.Des lettres venues de Palestine lui font part d'une misère terrible. Aussi, sous son impulsion, une vaste collecte est-elle organisée parmi les communautés juives d'Angleterre et d'Amérique : c'est l'Appeal Fund, premier organe de collecte rationnelle et efficace en faveur du développement de la Palestine. L'Appeal Fund, dont la gestion échut à Montefiore et au grand rabbin d'Angleterre, ne limita pas la collecte à une année, mais, régulièrement, amena des fonds aux institutions fondées par Montefiore.La même année 1854, un autre apport de fonds permit aux rêves de Montefiore de prendre définitivement forme dans la réalité : c'est le legs impressionnant du premier

grand philanthrope juif américain d'envergure : Judah Touro. Car Judah Touro de La Nouvelle-Orléans (1775-1854) est presque autant que Montefiore un « amant de Sion ».Voici les vingt-sixième et vingt-septième rubriques de son impressionnant testament.26. Je donne et lègue dix mille dollars à l'Association nord-américaine de secours aux Juifs indigents de Jérusalem, Sir Moise Montefiore de Londres en est l'animateur.27. Etant donné que mon plus cher désir est de coopérer avec le susdit Sir Moïse Montefiore de Londres pour l'amélioration du sort de nos frères juifs de Terre Sainte, afin de leur assurer l’inestimable privilège de pouvoir prier le Tout-Puissant selon notre religion et sans être victime de molestations, je lègue en conséquence la somme de cinquante mille dollars qui devront être payés par mes exécuteurs testamentaires à Sir Moïse Montefiore pour le but susdit.Achat de terres en Palestine, constructions d'habitations, d'écoles ou d'hôpitaux, tout devient possible. Encore faut-il une autorisation que seul le sultan peut délivrer. Aussi les Montefiore préparent-ils leur troisième voyage en Terre Sainte pour l'été 1855 en prévoyant un crochet par Constantinople, où l'autorisation d'acheter des terres leur sera effectivement donnée.

➢ La renaissance de l'hébreu : le pacte d'Eliezer ben Yehuda.La nuit de Hoshana Rabba (Septième jour de la fête de Soukkot) [en 1882] fut, en vérité, une grande nuit, grande pour ma propre personne et grande pour tout notre mouvement de résurrection nationale. Vers le soir, nous allâmes, ma femme et moi, dans la demeure de M. et Mme Pinès, où nous fûmes reçus avec des marques exceptionnelles d'affection et d'amitié. Après la priere du soir à la Synagogue et après l'excellent repas servi par Mme

Pinès, j'engageai la conversation avec J.M. Pinès et l'orientai vers le problème de la résurrection de l'hébreu comme langue parlée. Immédiatement Pinès fut d'accord avec moi. C'est alors qu'en nous serrant fortement les mains et pleins d'une émotion solennelle, nous nous engageâmes réciproquement à ne plus parler qu'hébreu, non seulement entre nous deux, mes avec quiconque savait l'hébreu ; nous nous engageâmes, à faire de l'hébreu la langue courante au sein de nos loyers et à tendre tous nos efforts vers la diffusion du parler hébraïque parmi toutes les couches de la population juive en Erets Israël. Nous promîmes de ne nous laisser arrêter par aucun obstacle d'aucune sorte.Pinès, il est vrai, devenu rapidement un objet de risée et de moquerie pour son entourage, ne peut pas tenir sa promesse et l'on continue à parler yiddish dans son foyer. La famille d'Eliézer ben Yehouda sera donc pour quelques années encore le seul foyer juif où l'on parle exclusivement l'hébreu.

Mais Eliézer Ben Yehouda, tient à souligner l'importance de ce « pacte » conclu avec Pinès.L'accord que Pinés m'avait donné et le pacte conclu entre nous eurent à longue portée des conséquences énormes. Car, le soir même de la conclusion se ce pacte entre Pinès et moi, nous n'étions pas seuls. Beaucoup de connaissances de Pinès furent témoins de la scène et, dès le lendemain

matin, la nouvelle de ce qui s'était passé la veille s'était répandue dans tout Jérusalem. C'était l'événement du jour, et comme M. Pinès était à l'époque la personnalité la plus éminente et la plus écoutée au sein de la population Juive de Jérusalem son geste fut considéré comme un événement très sérieux. Personne n'aurait eu l'audace de penser qu'une poignée de mains aussi solennelle n'était qu'un fait divers puéril. Tous avaient l'intuition que quelque chose de décisif s'était passé, qu'en cette nuit de Hoschana Rabba une page nouvelle avait été ouverte dans le grand livre de l'histoire du peuple juif sur la terre de ses ancêtres. La résurrection de la langue hébraïque comme langue vivante parlée par toute une société humaine avait commencé en cette nuit, en cette nuit de Hoschana Rabba de l'An 5642 (1882), dans la maison de Monsieur J.M. Pinès. Son accord public et l'aide qu'il m'apportait ainsi, tout spécialement à l'instant où ma tâche ne faisait que commencer, m'insufflèrent énormément de courage et me soutinrent sur la route hérissée de difficultés que j'allais suivre maintenant.Souvenirs d'Eliézer Ben Yehouda, recueillis dans Abraham Yaari : Zikronot Erets Israël, Anthologie de Souvenirs et de Mémoires rédigés par les Juifs en Palestine depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, 2 vol., Jérusalem, 1947, vol. I, p. 354-356 (trad. A. Neher)➢ Les grandes puissances et la Palestine au milieu du XIXe siècle

Méhémet Ali contre le Sultan : l'annonce de la fin de la domination turque.Méhémet Ali (d'origine albanaise, 1769-1849) veut imiter Napoléon et traverser la Palestine pour conquérir l'Empire ottoman car le Sultan lui avait promis la province de Syrie en récompense de ses services dans la guerre contre l'indépendance de la Grèce.Quand le Sultan veut remplacer la Syrie par la Crète, Méhémet Ali décide de prendre par la force ce dont on l'avait privé.Son fils Ibrahim conquiert Acre en mai 1832 et l'armée égyptienne traverse, sans

rencontrer grande résistance, la Syrie et l'Anatolie jusqu'aux portes de Constantinople. Ils conquièrent et soumettent au passage les tribus de Transjordanie qui depuis des siècles maraudaient dans la région sans que les Ottomans leur prêtent attention.L'Angleterre pressent un danger pour ses intérêts si un dominateur trop puissant s'installe en Turquie; elle soutient la Russie et l'Autriche pour stopper la carrière du conquérant égyptien. L'Amiral Napier en 1841 obtient une promesse de Méhémet Ali à Alexandrie : il renoncera à la Syrie et rendra la flotte ottomane aux Turcs, à la condition que les grandes puissances lui garantissent le pashalicat héréditaire en Egypte.Pendant un temps, la Palestine se trouve entre les mains tee grandes puissances, pour savoir à qui elle serait attribuée. Divers projets furent avancés, comme en anticipation de près d'un siècle du Mandat.Les Français proposent d'établir une enclave écclésiastique pour Jérusalem et la région, gouvernée par une municipalité chrétienne sous la domination d'un état chrétien. La Prusse propose un Protectorat européen sur les cités saintes de Jérusalem, de Bethlehem et Nazareth. Certains en Angleterre proposent de rendre la Palestine au peuple juif. Lord Shaftesbury soutient que « un établissement juif amènera un grand développement de la fertilité du pays qui s'étend de l'Euphrate à la Méditerranée. » Un tel établissement devrait être favorisé par un accord des pays d'Europe. Le Français Laharanne propose un état juif indépendant. Les Russes rejettent tous ces projets comme absurdes.Finalement, les grandes puissances rendent la Syrie et la Palestine à la Turquie sans condition, sauf une : la promesse d'une égalité des droits accordée à la population chrétienne.Avec l'aide de l'Angleterre, la Turquie restaure sa domination sur la Palestine, avec comme voisin une Egypte semi-indépendante. L'Angleterre et la France ont été à deux doigts d'une guerre sur la question d'Orient. La France soutenait le pouvoir fort en Egypte, l'Angleterre soutenait la faible Turquie. La France depuis Napoléon se considérait comme la puissance particulièrement attachée à l'Egypte. Cependant Louis-Philippe ne se sentait pas assez fort pour risquer son prestige dans une guerre et accepte le compromis qui laisse son protégé vice-roi d'Egypte.

La brève domination de l'Egypte sur la Palestine (1831-1840) a balayé un certain nombre de chefs féodaux et de problèmes de rivalité qui empoisonnaient le pays. L'intérêt porté au pays par des états européens contribue aussi à réfréner certains abus. Méhémet Ali encourage l'introduction d'idées occidentales. C'est durant cette période qu'en 1838 le premier consulat européen (consulat anglais) est installé à Jérusalem. Une partie de ses fonctions est de protéger tous les Juifs de quelque pays d'origine qu'ils soient.Avec ce souffle nouveau, beaucoup de Juifs arrivent dans le pays. Montefiore négocie avec Ibrahim pour un développement agricole par les Juifs.Mais ces brillants espoirs sont vite évanouis par le départ d'Ibrahim, causé par l'Angleterre, et le retour de la Palestine à la Turquie.Les principales puissances européennes suivent l'exemple de l'Angleterre et nomment des consuls à Jérusalem : la France et la Prusse en 1843, l'Autriche en 1849; la Russie après la guerre de Crimée.La querelle des Lieux Saints et la Guerre de Crimée.1854-1856.Sous la pression de la France, la Turquie confie au clergé latin les clefs de l'Eglise de la Nativité et de la crypte de la Crèche. L'Église latine ressuscite en 1848 le poste de Patriarche Latin qui avait disparu depuis les Croisades. Il y a même un projet que le Pape, menacé en Italie, vienne s'installer à Jérusalem.La Russie orthodoxe sent ses positions menacées en Orient et veut en profiter pour attaquer les Turcs. Cette fois, la Turquie est soutenue par l'Angleterre et la France. Cela aboutit à la Guerre de Crimée.Le Traité de Paris qui y met fin (30 mars 1856) ne résout pas les problèmes religieux des Lieux Saints et le "statu quo" est maintenu. Mais la Guerre de Crimée apporte un renouveau d'intérêt à la Terre Sainte. Des voyageurs illustres s'y rendent, tels que le duc et la duchesse de Brabant, le roi et la reine de Belgique, l'archiduc Maximilien d'Autriche. Ils reçoivent le droit exceptionnel pour des « infidèles » d'entrer sur l'esplanade de la Mosquée Haram el Shérif de Jérusalem.

En 1855, Montefiore obtient le même privilège, et la même année obtient du Sultan le droit d'acheter des terres pour les Juifs.En 1867, un groupe de Chrétiens allemands, cornus sous le nom de Templiers, émigrent en Palestine venant du Wurtemberg dans l'attente de la Parousie (deuxième venue du Rédempteur). Ils s'installent aussi près de Haïfa et Jaffa. Ils introduisent des méthodes modernes européennes dans le commerce et l'agriculture. Leur tentative est bientôt suivie par les Juifs avec la fondation de l'école agricole de Mikvé Israël en 1870 par Charles Netter et l'Alliance israélite universelle.Page suivante : carte du renouveau juif et chrétien à Jérusalem (milieu 19e)

De l'ouverture du Canal de Suez (1869) à la fin de la domination ottomane.En 1869, après dix ans de travail, le canal de Suez fut officiellement ouvert au trafic maritime. Sa construction par l'ingénieur et explorateur français Ferdinand de Lesseps, qui en obtint la concession du vice-roi (khédive) d'Égypte, parut- être un triomphe de la science, de la finance et de la politique françaises. Ce fait fut souligné par la présence

de l'impératrice Eugénie aux impressionnantes cérémonies d'inauguration, pour lesquelles Verdi composa son opéra Aida. Les intérêts français en Égypte, qui avaient pris corps durant le règne de Mohammed Ali, risquaient de nouveau de barrer la route de l'Inde, vitale pour les Anglais. Des événements suivirent cependant, qui changèrent radicalement la situation. En 1870, la France subit en Europe une lourde défaite quand Napoléon fut battu par la Prusse à Sedan ; les Allemands apparurent comme la puissance dominante sur le continent. Cinq-ans plus tard, le khédive Ismaël d'Égypte fit banqueroute et ses [176602 parts du canal furent rachetées pour 4 000 000 de livres par le gouvernement de Disraéli, ce qui faisait de l'Angleterre le plus grand détenteur d'actions du canal]. La situation de la Palestine à proximité de la zone du canal ajoutait à son importance internationale. Le vide politique créé par l'affaiblissement de la puissance militaire de la France en Europe fut ressenti aussi bien en Syrie qu'en Palestine, et particulièrement par les chrétiens du Liban, où la France avait des intérêts traditionnels. Ce vide fut rempli par l'Angleterre et, en partie, par la Prusse.A la fin du dix-neuvième siècle, l'Empire ottoman fut de plus en plus sous l'influence de l'Allemagne. L'empereur Guillaume II publiait des déclarations d'amitié à l'égard du sultan, comme à l'égard de tous les musulmans, et il se rendit même en visite officielle en Turquie et en Palestine, en 1898. Les intérêts allemands dans l'Empire, et en particulier en Palestine, étaient alors considérables. Des colonies allemandes furent fondées à Jérusalem, à Jaffa, à Haïfa dans la seconde moitié du siècle, et ces centres attirèrent d'autres Allemands. Des villages furent construits et entièrement peuplés par des Allemands. Allemands encore étaient les officiers et les experts militaires qui entrainaient l'armée ottomane, et l'ambassade d'Allemagne à Istanbul devint la plus influente dans la capitale ottomane. Quand la Première Guerre mondiale éclata en 1914, les Turcs se joignirent aux Allemands et méritèrent ainsi le jugement du Premier ministre anglais, déclarant que l'Empire ottoman se suicidait après avoir creusé sa propre tombe. Les Anglais étaient solidement installés en Égypte, qu'ils avaient occupée en 1882. Durant les premiers épisodes de la guerre, les Turcs et les Allemands essayèrent d'attaquer la zone du canal de Suez, mais ils furent repoussés. Le 28 juin 1917, le

général Allenby était nommé commandant de l'armée britannique au Moyen-Orient, et il déclencha une offensive visant à briser les lignes turques en Palestine et en Syrie pour atteindre leurs arrières en Anatolie. Le 31 octobre 1917, il s'empara de Béer-Shéba et avança vers le nord pendant que les Allemands et les Turcs essayaient de maintenir une faible défense autour de Jérusalem ; Allenby poussa rapidement vers le nord avec deux colonnes, traversant le désert de Judée. Il engagea avec l'armée germano-turque une féroce bataille qui se déroula à l'ouest de Jérusalem les 8 et 9 décembre 1917, et, victorieux, s'approcha à cheval de la cité, descendit de sa monture et entra à pied dans la Ville sainte, où les habitants l'accueillirent avec des manifestations de bienvenue. En septembre 1918, les autres parties de la Palestine furent occupées.Une ère nouvelle commençait pour la Palestine. Sortant de la domination ottomane, elle passa sous mandat britannique pour une période qui allait durer trente ans.➢ Témoignage : 1856 – Rencontre à Jaffa entre l'écrivain autrichien

L.A. Frankl et Albert Cohn de France, délégué par James de

RothschildDe retour à Jaffa, je pris logis chez Monsieur Platner et j'eus la joie de saluer Monsieur Albert Cohn, qui, de retour d'Egypte, s'apprêtait juste à aller à Jérusalem.Ce furent des entretiens très graves et sérieux que nous menâmes sur la situation des Juifs dans la Ville Sainte et dans tout l'Orient.Cet homme enthousiaste (Albert Cohn) dit ceci :"Nous semons des grains de semence dans les sillons des âmes et des esprits de nos coreligionnaires "obscurcis" de l'Orient. Dans les champs aussi, il y a des grains qui ne mûrissent pas. Il faut les tempêtes, la pluie et les rayons du soleil de Dieu, leur souffle et leur lumière, pour faire mûrir la bénédiction, le fruit d'or. Il nous faut tendre à ces pauvres un pain double, afin de les nourrir physiquement et spirituellement. Cette Palestine n'est-elle pas, de nos jours encore, un Pays de miracles ? Dans la même décennie, la même pensée prend

naissance dans les cœurs de trois hommes dans trois grands Empires, séparés par des mers : apaiser la faim physique de leurs coreligionnaires à Jérusalem, et éveiller leur faim spirituelle d'étude et de culture. De même que les trois Anges vinrent apporter un beau message à la tente d'Abraham à Hébron, de même vient à la vieille Jérusalem une bénédiction spirituelle de la part de trois hommes nobles : d'Angleterre, de France et d'Autriche ! Et il est difficile d'imaginer qu'il y ait eu dans la lointaine Bohême ou dans la lointaine Hongrie une mère qui ait pu prévoir et chanter en guise de berceuse à son bébé, cette rencontre entre nous deux, pour mettre en commun nos idées et nos projets. Le même récit de voyage donne les indications démographiques suivantes :Jérusalem 5 700Safed 2 100Tibériade 1 514Hébron 400Jaffa 400Saïda 150Saint Jean 120Haifa 100Schafamer 60Pekyin 50Nablus 40Ramle 5Total Palestine géographique 10 639Damas 5 000Beirut 180Deir el 100Chasbeia 100Tripolis 40Total Syrie géographique 5 420

Il ajoute une liste détaillée de 130 personnes juives converties au protestantisme et vivant à Jérusalem (une vingtaine de Sephardim environ 110 Ashkenazim).

Quelques années auparavant en 1945, le consul de Prusse à Jérusalem, Dr Schultze, estimait ainsi la population de Jérusalem (population juive 44%, population musulmane 30%) : Juifs 7 120Musulmans 5 000Chrétiens 3 390Soldats turcs 800Européens 100Population totale 16 410

L'Almanach de Jérusalem de 1868 évalue la population de Jérusalem de la façon suivante (population juive 50%, population musulmane 27%) :Juifs 9 000Musulmans 5 000Chrétiens 4 000Population totale 18 00021 synagogues 11 mosquées 21 couvents

En 1889, on estime que la population juive y était largement majoritaire (64%) : Juifs 25 000Chrétiens 7 175Musulmans 7 000Total 39 175