l.-c. de saint-martin - l'homme de désir

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  • 8/8/2019 L.-C. de Saint-Martin - L'homme de dsir

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    L'HOMME DE DESIR

    L.-C. de Saint-Martin

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    1. Les merveilles du seigneur semblent jetes sans ordre et sansdessein dans le champ de l'immensit. Elles brillent parses comme cesfleurs innombrables dont le printemps maille nos prairies. Ne cherchonspas un plan plus rgulier pour les dcrire. Principes des tres, tous tiennent

    toi. C'est leur liaison secrte avec toi, qui fait leur valeur, quelle que soitla place et le rang qu'ils occupent. J'oserai lever mes regards jusqu'autrne de ta gloire. Mes penses se vivifieront en considrant ton amourpour les hommes, et la sagesse qui rgne dans tes ouvrages. Ta parole s'estsubdivise lors de l'origine, comme un torrent qui du haut des montagnesse prcipite sur des roches aigus. Je le vois rejaillir en nuages de vapeurs ;et chaque goutte d'eau qu'il envoie dans les airs, rflchit mes yeux lalumire de l'astre du jour. Ainsi tous les rayons de ta parole font briller aux

    yeux du sage ta lumire vivante et sacre ; il voit ton action produire etanimer tout l'univers. Objets sublimes de mes cantiques, je serai souventforc de dtourner ma vue de dessus vous. L'homme s'est cru mortel parcequ'il a trouv quelque chose de mortel en lui ; et mme celui qui donne lavie tous les tres, l'homme l'a regard comme n'ayant ni la vie, nil'existence. Et toi, Jrusalem, quels reproches n'ont pas te faire lesprophtes du seigneur. Tu as pris ce qui servait te parer, dit le seigneur,et qui tait fait de mon or et de mon argent, que je t'avais donns ; tu en as

    form des images d'hommes auxquelles tu t'es prostitue. Cris de ladouleur, mlez-vous mes chants d'allgresse ; la joie pure n'est plus faitepour le triste sjour de l'homme. Des preuves irrsistibles sur les vritspremires, n'ont-elles pas dj t manifestes aux nations ? S'il vous restedes doutes, allez vous purifier dans ces sources. Puis vous reviendrez unirvotre voix la mienne ; et nous clbrerons ensemble les joies de l'hommede dsir, qui aura eu le bonheur de pleurer pour la vrit.

    2. Sois bnie, lumire brillante, splendeur visible de la lumireternelle, d'o ma pense a reu l'existence. Si ma pense n'tait une de testincelles, je n'aurais pas le pouvoir de te contempler.

    Je ne pourrais tre saisi d'admiration pour ta grandeur, si tu n'avouassemer en moi quelques lments de ta mesure. Hommes clbres, ne ditesplus : la lumire d'un flambeau se communique d'autres flambeaux sansdcrotre, et c'est ainsi que les esprits sont produits par Dieu. Nedshonorez plus la lumire visible en ne nous parlant que de son

    mcanisme matriel. Le flambeau peint la vie d'entretien, et non pas la loide gnration. Ne faut-il pas une substance hors de ce flambeau pour qu'il

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    lui communique la lumire visible ? Mais notre Dieu est lui-mme lalumire ; il tire de son propre sein la substance lumineuse de l'esprit. Toutest complet sortant des mains du principe de tout. Il a voulu que lasensation de la lumire visible tnt la vie de mon corps. Il a voulu que le

    soleil rveillt dans mes yeux cette sensation de la lumire visible. Mais ila voulu rveiller lui-mme dans mon me la sensation de la lumireinvisible ; parce que lui-mme a puis dans cette lumire le germe sacrdont me de l'homme est anime. Des rameaux ne sortent-ils pas duchandelier vivant, et leur sve n'est-elle pas l'huile sainte qui nourrit enmoi la lumire ? N'est-elle pas cette huile qui se consume toujours et netarit jamais ? Que la vie s'unisse ma vie, et qu'elle rgnre en moi la viequ'elle y a produite.

    Que ma croissance immortelle et divine soit continue comme celle demon ternelle source. C'est en pntrant dans les tres que Dieu leur faitsentir leur vie ; ils sont dans la mort ds qu'ils ne sont plus en communionavec lui. Vous tous, habitants de la terre, tressaillez de joie, vous pouvezcontribuer la communion universelle. Vous pouvez, comme autant devestales, entretenir le feu sacr, et le faire briller dans toutes les parties del'univers. Pourquoi les sages et les prudents chrissent-ils la lumire ? C'estqu'ils savent que la lumire et me de l'homme sont deux flambeaux qui ne

    pourront jamais s'teindre. Et toi, agent suprme, pourquoi ne peux-tucesser de tout pntrer, de tout voir et de porter partout ta clart ? C'est quel'huile sainte puise dans ta source est dissmine dans toutes les rgions,et que ta lumire trouve partout un aliment qui lui est propre.

    3. J'ai promen mes regards sur la nature. Fleuves, o courez-vousavec tant d'imptuosit ? Nous allons aider combler l'abyme, et ensevelir l'iniquit sous les eaux. Nous allons teindre ces volcans, ces

    tisons fumants qui sont comme les restes du grand incendie. Quand nousaurons accompli cette uvre, nos sources s'arrteront. Le limon s'amasseradans les gouffres.

    Des plaines fertiles s'lveront la place des prcipices. Les troupeauxpatront en paix dans les lieux o nageaient les poissons voraces ; et leshabitants paisibles vivront heureux au milieu de leurs champs fertiles, lo autrefois les vagues de la mer taient agites par des temptes.L'homme insouciant et inattentif traverse ce monde sans ouvrir les yeux deson esprit. Les diffrentes scnes de la nature se succdent devant lui sansque son intrt se rveille, et sans que sa pense s'agrandisse. Il n'tait

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    venu dans ce monde que pour embrasser l'univers par son intelligence, et illaisse continuellement engloutir son intelligence par les moindres objetsdont il est environn. Faut-il que les catastrophes de la nature serenouvellent pour te rveiller de ton assoupissement ? Si tu n'es pas exerc,

    elles t'effraieraient et elles ne t'instruiraient pas. La face de la terre prsenteles traces de trois lois qui ont dirig ses rvolutions. Tous les lmentsagits, qui ont mis le globe en convulsion et ont produit les montagnessecondaires et les volcans : voil le feu et le nombre. Les ondulationslentes et successives des vagues qui ont produit les monticules et lesvalles : voil l'eau et la mesure. Et la gravit paisible et tranquille qui aproduit les plaines : voil la terre et le poids. La vie s'efforce partout de semontrer ; tous les dsordres taient trangers la nature.

    L'me de l'homme annonce partout de la fertilit ; elle annonce partoutqu'elle est faite pour la vie. Elle a aussi en elles des traces des horriblesconvulsions qu'elle a souffertes. Mais elle peut, comme la flamme desvolcans, s'lever au dessus de ces gouffres, et voguer dans les rgionspures de l'atmosphre.

    4. Homme, voudrais-tu affliger ton ami ? Ne voudrais-tu pas renoncer faire souffrir ton ami ? Il souffre cependant, tant que l'homme ne cherche

    pas connatre ce que c'est que l'uvre du seigneur. Qui pourrait doncconcevoir ce que les prvaricateurs doivent faire souffrir Dieu, quand ilsportent leurs carts jusqu' agir contre lui ? Non homme, tu ne soutiendrais pas la vue d'un tableau si accablant. Quel autre que Dieu en aurait laforce ? Aussi il n'y a que lui qui pardonne, et ce n'est que de lui que nousapprenons la charit. Fraie chaque jour les sentiers de cette cole, si tuveux apprendre ce que c'est que l'uvre du seigneur. Que le matre qui ydonne des enseignements, trouve en toi le plus assidu de ses auditeurs. Tes

    ptiments intrieurs causs par la charit, peux-tu les croire inutiles tonami ?

    Ce n'est pas trop de dire qu'ils te rapprochent de Dieu, qu'ils font plaisir Dieu, en ce qu'ils t'associent avec lui, et qu'ils te rendentsemblable son amour. Voil uvre ; voil le premier degr de l'uvre.Que toutes les nations m'entendent. Qu'elles deviennent assez pures poursentir les ptiments intrieurs de la charit. Je vois deux mots crits sur cetarbre de vie : pe et amour. Par l'pe de la parole je soumettrai tous lesennemis de mon Dieu, je les lierai, et je les empcherai de faire de la peine mon Dieu. Par l'amour je le supplierai avec zle de verser en moi un

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    rayon de sa charit ; et de faire que je le soulage en me chargeant dequelques-uns des ptiments de son amour. Ne t'offense pas, mon Dieu,de la hauteur de cette ide, c'est toi qui l'as fait natre dans mon cur ; etelle est si vive que j'y crois voir tracs les plus beaux titres de ma

    destination primitive. Ce sont nos liens terrestres qui voilent pour nouscette antique et divine destination. Elle ne peut manquer de se faireconnatre naturellement ceux dont me la force de soulever ses fers.

    5. Vous n'aviez produit aucun tre, sagesse profonde, sans lui donnerune mesure de dsir et de force pour se conserver.

    Vous aviez fond tous les tres sur cette base, parce qu'ils sont tous unreflet de votre puissance, et que vous aimez vous produire dans toutes

    vos uvres. Vous aviez donn l'homme la plus abondante mesure de cepouvoir. Eh ! D'o lui viendrait cet art de multiplier ses jouissances ; cetteindustrie repousser de lui les maux, et les gurir ? Si ce n'est d'unemesure suprme de ce dsir conservateur et de cet instinct que vous avezdparti tous les tres ! Et seul il joint la mesure suprme de ce dsirconservateur, la mesure suprme de la puissance oppose ! Et seul il peutcombattre et touffer cet instinct vivace, plus imprieux en lui que dansaucun autre tre ! Et seul enfin il peut se tuer ! Seul il peut combiner et

    choisir les moyens de se donner la mort !... doctrine de mensonge,applaudis-toi de ton triomphe, tu as compltement aveugl l'homme. Tu nelui as fait voir dans ces deux extrmes, qu'un seul et mme principe : tu luifais vouloir, que le seul et mme agent se conserve et se dtruise : tu luifais croire que la mort et la vie, la production et la destructionappartiennent au mme germe. En vain tu cherches de quoi te justifier dansles exemples des animaux, tu n'y trouves rien qui diminue aux yeux de lapense cette effroyable contradiction.

    6. S'il est dit : dent pour dent, il pour il, dans les rigueurs de l'ordrematriel ; pourquoi dans l'ordre bienfaisant de l'esprit, cette vrit n'aurait-elle pas un emploi qui ft notre avantage ? Donne de ta vie, si tu veuxrecevoir de la vie. Donne de ta vie sans rserve, si tu veux que la vie sedonne toi dans la plnitude de son unit. Tant que tu as languir dans tesdsirs, ou mme tant que tu t'arrtes contempler tes jouissances, la vien'est pas encore en toi dans la plnitude de son unit. Quand ce terme seraarriv pour toi, tu n'auras plus calmer ton trouble par des sacrifices, ni te prcautionner contre tes saintes satisfactions. L'esprit de vrit tepressera ; il te tourmentera, il te poussera dans le dsert ; et tu diras aux

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    nations : rendez droites les voies du seigneur. Puissances clestes,puissances terrestres, puissances universelles, respectez l'me humaine : leseigneur vient de renouveler son alliance avec elle, il l'a lie lui par unnouveau trait de paix. Il lui a ouvert les archives divines ; elle y a admir

    tous les trsors prpars pour l'homme de paix. Elle y a contempl lesflambeaux de l'intelligence, toujours allums, et les sources vivantes del'amour, qui n'interrompent jamais leur cours. Elle y a parcouru les livresde vie, o sont puises les lois des nations.

    Elle y a lu l'histoire des peuples passs, prsents et futurs. Elle y arespir la douce vapeur des baumes employs journellement gurir lesplaies des mortels. Elle y a vu les armes terribles destines renverser lesennemis de la patrie. L'me de l'homme peut aujourd'hui entrer son gr

    dans ces divers dpts, selon ses besoins et ceux de ses frres. Ame del'homme, monte vers ton Dieu par l'humilit et la pnitence. Ce sont l lesroutes qui conduisent l'amour et la lumire. Tu redescendras ensuiteremplie de tendresse pour tes frres, et tu viendras partager avec eux lestrsors de ton Dieu. Vous ouvrez vos trsors pcuniaires au pauvre, maissongez-vous plus encore aux besoins de son esprit qu' ceux de sonenveloppe passagre ? Dsirez-vous par ces secours, qu'il recouvre une partie de sa libert et de son activit, qui lui sont tes par sa misre ?

    Dsirez-vous qu'il recouvre par cette libert le moyen de louer plusfacilement et plus constamment son Dieu, et de s'enrichir par la prire ?Voil le vrai but de l'aumne ; voil comment l'aumne peut avancerl'oeuvre de Dieu. Dieu est esprit ; il veut que tout ce que vous oprez soitspiritualis. Si en faisant votre aumne vous vous contentez de dire au pauvre de prier pour vous, vous lui demandez plus que vous ne luidonnez ; vous songez plus vous qu' lui : et cependant il est moins libreque vous pour se livrer la prire. Spiritualisez uvres si vous voulez

    qu'elles soient en tout point selon la justice.

    7. Interprtes de la mythologie, pourquoi dites-vous qu'elle ne voilaitque la marche des astres, et les lois de la nature matrielle et corruptible ?Quelle proportion y aurait-il l, entre la figure et la chose figure ?L'allgorie n'est-elle pas inutile quand elle est suprieure son objet ? Necesse-t-elle pas d'tre allgorie ? Oui, alors elle est puissance, et elle agit force ouverte. Encore si vous vous tiez levs jusqu'aux principes actifs

    de la nature, dont la connaissance et l'emploi doivent rester ignors duvulgaire ! Mais un nouvel obstacle s'lve : la mythologie et la physiqueseraient en litige. La mythologie, pour tre admissible, devrait au moins se

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    reposer sur les principes actifs de la nature ; et la physique ne veut point deces principes ; et elle veut tout former par des agrgats. Tandis que s'il n'ya qu'une unit, avec quoi parviendrait-on l'agrger ? Mythologie,physique, vous ne pourrez vous concilier qu'en abandonnant chacune votre

    systme, et en vous levant ensemble un degr plus simple, o voustrouveriez chacune la clef de votre temple. Quand vous l'aurez trouve,usez-en encore avec prudence. Toutes les altrations tiennent la sourceputrfie : toutes les rectifications tiennent la source pure. Sans le coupd'il suprieur, comment appliquerez-vous donc vos principes ? Quefaites-vous, doctes ignorants, quand vous nous peignez les lois de laformation du monde ? C'est avec la mort que vous composez la vie ; vousprenez toute votre physique dans les cimetires. De quoi vos cabinets descience sont-ils remplis ? De squelettes et de cadavres, dont vous avez soinde bien conserver la forme et les couleurs, mais dont le principe et la viesont spars. Votre pense ne vous dit-elle pas, qu'il y a une physiquemeilleure que celle-l ; et que c'est celle o on ne s'occupe que desprincipes, et d'o les corps morts sont loigns ? Mais non, vous avez portce coup d'il mort et destructeur, sur tous les objets de vos spculations.Vous l'avez port sur la base du rectangle isocle que vous avez cherch connatre, parce que vous avez trouv des rapports matriels entre sesrsultats et les rsultats de ses cts ; tandis que le nombre et le vrairapport de cette base ne nous seront jamais confis, attendu que si nous lesconnaissions, nous pourrions crer des esprits. Ne vous suffit-il pas decalculer la base deux centres qui a os tenter de l'imiter, et qui ouvre lafois une source inpuisable vos larmes, votre intelligence et votreadmiration ? Vous l'avez port, ce coup d'il destructeur, sur un sujet bienplus prs de vous, puisque vous l'avez port jusques sur la parole.

    Facult suprme et distinctive, tu n'es plus pour eux que le fruit de

    l'accumulation des signes sensibles. Les langues ne sont plus pour euxqu'un agrgat, au lieu d'tre l'expression et le fruit de la vie mme. Aussin'en cherchent-ils pas l'origine ailleurs que dans nos rapportslmentaires ; tandis qu'on leur a enseign hautement que la parole avaitt ncessaire pour l'institution de la parole. Tandis qu'ils voient par quellevoie les enfants apprennent les langues, et qu'il n'y a qu'une loi qui se prteet se mesure tous les besoins et tous les ges. Matire, matire, quelfuneste voile tu as rpandu sur la vrit ! La parole n'est venue sur la terre

    que comme par renaissance ; elle avait d'abord t rduite pour nous. Ellene pouvait renatre que par semence comme les vgtations ; mais il fallait

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    qu'elle et fourni d'abord son propre germe, pour pouvoir ensuite produireses fruits parmi l'espce humaine. croulez-vous, chafaudages dessciences abusives ; rduisez-vous en poussire : vous ne pouvez tenircontre le moindre principe lumineux.

    8. La vraie manire de demander le secours, n'est-elle pas d'allercourageusement le chercher o il est ? Et n'est-ce pas par l'action que laforce se nourrit ?

    Aussi il n'y a de grand que celui qui sait combattre, parce que c'est leseul moyen de savoir jouir ; et que le premier secret pour tre lev audessus de nos tnbres et de nos fautes, c'est de nous y lever nous-mmes.C'est pour les preuves que Dieu nous envoie, que nous avons droit de le

    prier, et non pas pour les torts que nous nous faisons par notre lchet.Quand ton cur est plein de Dieu, emploie la prire verbale, qui sera alorsl'expression de l'esprit, comme elle devrait toujours l'tre. Quand ton cursera sec et vide, emploie la prire muette et concentre ; c'est elle quidonnera ton cur le temps et le moyen de se rchauffer et de se remplir.Tu apprendras bientt connatre par ces secrets simples, quels sont lesdroits de l'me de l'homme, quand des mains vivantes l'ont comprimepour en exprimer la corruption, et qu'elle reprend ensuite sa libre tendue

    par son lasticit naturelle. Tu apprendras bientt connatre quelle est sonautorit sur l'air, sur le son, sur la lumire et sur les tnbres Veille, veilletant que tu seras au milieu des fils de la violence. Ils te persuaderaientqu'ils peuvent quelque chose, et ils ne peuvent rien. Comment feraient-ilsles amis de la vrit, tandis que les comparaisons qu'ils nous prsententsont toujours fausses ? Dans les tres apparents, il ne reste nulleimpression de l'action des tres vrais ; voil pourquoi les tnbres nepeuvent comprendre la lumire.

    Si tu veux la comprendre, cette lumire, ne la compare rien de ceque tu connais. Purifie-toi, demande, reois, agis : toute l'uvre est dansces quatre temps. Se purifier n'est-ce pas prier, puisque c'est combattre ? Etquel homme oserait marcher sans se purifier, puisqu'il ne peut faire un passans porter le pied sur les marches de l'autel ? Ce n'est point assez de nepas douter de la puissance du seigneur, il faut encore ne pas douter de latienne. Car il t'en a donn une, puisqu'il t'a donn un nom, et il ne demande pas mieux que tu t'en serves. Ne laisse donc point l'uvre entire lacharge de ton Dieu, puisqu'il a voulu te laisser quelque chose faire. Il estprt sans cesse verser dans toi tous les biens ; il ne te demande que de

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    veiller sur les maux qui t'environnent, et de ne pas te laisser surprendre.Son amour a chass pour toi ces maux hors du temple ; ton ingratitudeirait-elle jusqu' les y laisser rentrer ? Homme, homme, o trouver unedestine qui surpasse la tienne, puisque tu es appel fraterniser avec ton

    Dieu, et travailler de concert avec lui !9. Qui donnera l'homme l'intelligence pour comprendre la marche de

    la parole ? Dieu a dit par la bouche de ses prophtes : voici quoi vousconnatrez si celui qui prophtise est vritable, ou s'il ne parle pas par unesprit de mensonge : quand ce qu'il aura dit arrivera, vous croirez alors lavrit du prophte.

    Mais n'a-t-il pas consomm toute la loi ? Et depuis le grand signe, tous

    les anciens signes ne sont-ils pas devenus fragiles ? Ne doit-il pas paratredes prophtes d'erreur et de mensonge, qui auront le pouvoir de sduire leslus mme ? Je les vois faire des uvres merveilleuses ; je les voisannoncer des vnements qui arriveront. Je les vois, comme lie, fairetomber le feu du ciel. Malheur au temps futur, o le mensonge pourra sibien ressembler la vrit ! En tout temps prcautionnez-vous contre lesimitateurs. Depuis que l'homme a t vendu pour tre assujetti au pch, lepch se sert de lui, aussi bien que la sagesse. Il faudra donc que l'homme

    creuse plus profondment en lui-mme, pour y trouver de nouveauxsignes. Le prophte est-il humble et doux ? Prche-t-il pour le rgne deDieu, et non pour le sien ? Montre-t-il par ses larmes et ses sanglots leslans de la charit ? Est-il prt donner sa vie pour ses frres ? Joint-il ces vertus une doctrine sre et l'preuve ? Tournez-vous vers lui, suivezses pas, attachez-vous son esprit ; la charit du cur et la sret dans ladoctrine, sont des dons qui ne se peuvent pas feindre. Fussiez-vous aumilieu de la confusion et des tnbres, un cercle lumineux vous

    environnera, et vous en tiendra spars. Plus le temps avance vers lecomplment de son dsordre, plus l'homme devra s'avancer vers son termede lumire. Comment s'y pourra-t-il avancer, si ce n'est en se laissantpntrer de l'esprit de vie, et se portant avec ardeur vers lui, comme s'il ytait pouss par une faim dvorante ? Non, il n'y a pas de joie qui soitcomparable celle de marcher dans les sentiers de la sagesse et de lavrit.

    10. Les uvres de Dieu se manifestent paisiblement, et leur principedemeure invisible. Prends ce modle dans ta sagesse, ne la fais connatreque par la douceur de ses fruits ; les voies douces sont les voies caches. Si

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    l'air tait visible comme les substances qui composent les corps, tiendrait-ilun rang si merveilleux dans la nature ? Quels rapports y a-t-il entre la viede l'esprit, et la mort de cet univers extra lign ? L'homme promet plusqu'il ne donne, l'esprit donnera un jour plus qu'il ne promet. Le seigneur a

    conduit son peuple par une voie obscure, afin que ses desseinss'accomplissent. Il a parl son peuple en paraboles ; sans cela les juifsn'auraient pu mconnatre le salut des nations, et alors ils auraient pu treexcusables de l'avoir sacrifi, et s'ils ne l'avaient pas sacrifi, les nationsn'auraient pas reu l'hritage. Voiles des prophties, favorisez l'ignorancede la fille de mon peuple, c'est par-l que la porte de misricorde lui resteouverte. Dieu voulait suspendre les juifs, et non pas les rprouver. Eh !Quel sang ont-ils demand qui retombt sur eux et sur leurs enfants ? Cesang tait esprit et vie, pouvait-il jamais leur donner la mort ?L'industrieuse charit de mon Dieu, ne s'occupe que des moyens depouvoir sauver ses enfants. L'ignorance des peuples, est la ressource qu'ilse mnage sans cesse pour leur pardonner. Quel abyme que la sagesse, la puissance et l'amour de notre Dieu ! Hommes, vous condamnez vossemblables des supplices, quand ils sont coupables selon vos lois : ne lesommes-nous pas bien davantage selon les lois du seigneur ? Et cependantnous pouvons satisfaire sa justice avec une prire Nous le pouvons avecun lan secret, opr dans la profondeur de notre tre : et plus cet lan seraconcentr, plus il aura d'efficacit et de puissance ; parce qu'il tiendradavantage du caractre de l'unit, de l'invincible et irrsistible unit.

    11. Pourquoi toutes les eaux que le globe renferme, communiquent-elles les unes aux autres ? Pourquoi ne font-elles que circuler et passeralternativement par des gouffres infects, et par des filires pures qui lesclarifient ?

    Pourquoi l'air qui remplit l'atmosphre, suit-il la mme loi, ens'introduisant dans nos poumons et dans les canaux des plantes ? Pourquoitous les fluides de la nature ne font-ils que passer d'un lieu un autre, pourl'avantage de tout ce qui existe ? Pourquoi sont-ils comme si nous nous les prtions mutuellement, que nous bussions tous la mme liqueur, et quenous ne fissions que nous passer la coupe ? C'est pour nous apprendre quetelle est la loi de l'esprit sur nous ; et que toute l'atmosphre del'intelligence est contigu. Unit suprme et universelle, oui, nous

    participons tous la mme pense. Le mme esprit circule dans tous lestres pensants, nous puisons sans cesse la mme source. Nos esprits secommuniquent par notre nourriture intellectuelle, comme nos corps se

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    communiquent par la circulation des lments. Comment serions-nousdonc spars de la vie ? Tout est vivant. Comment aurions-nous del'inimiti pour les hommes ? Nous sommes tous assis la mme table, etnous buvons tous dans la coupe de la fraternit. Les hommes ne cherchent

    pas les uvres vives. Tout ce qu'ils font, tout ce qu'ils crivent, leursoccupations, leurs traits scientifiques, ne sont point dirigs vers la vie.Tandis qu'un seul instant d'activit pourrait les mettre en union avec levrai, pour ne jamais s'en sparer !

    Force naturelle de l'homme, tu te concentres, tu t'absorbes, mais tu nete dtruis pas par les accidents involontaires. L'orage pass, tu te trouves lamme, et tu as de plus les trsors de l'exprience. Tu soupires aprs la paixuniverselle ? Le pendule a t mis en mouvement depuis le crime. Ses

    oscillations ne peuvent diminuer que par progression. Il faut attendre la findes sicles, pour que le pendule marque son dernier battement, et que lestres rentrent dans le repos. Quelle surprise pour ceux qui, dans leur passage terrestre, auront cru qu'il n'y avait rien au-del, et qui aurontmconnu la circulation universelle ! Dieu serait-il si patient, s'il n'avait desmoyens d'tonner la postrit humaine, quand elle arrive la rgion de lavie et de la lumire ? Quand elle arrive cette rgion o elle peutcontempler ce fluide simple et fixe, principe et source de tous les

    mouvements, et portant partout la plnitude de la vie ? O prendre l'idedes lumires et des clarts qui accompagnent la naissance de l'homme ?Nous ne sommes ici bas que nageant sous une ombre, et dans atmosphredes images. Sagesse, tu dois tre si belle que le pervers lui-mmedeviendrait ton ami, s'il pouvait apercevoir le moindre de tes rayons.

    12. Ma vie sera un cantique continuel, puisque les puissances de monDieu sont sans borne.

    Je le louerai, parce qu'il a form me humaine de l'extrait de ses propres vertus. Je le louerai, puisque tous les tres pensants sont lestmoins vivants de son existence. Je le louerai, puisque me humaine semanifeste comme lui par la parole. Je le louerai, parce qu'il n'abandonnepas l'homme dans sa misre Je le louerai, parce qu'il le dirige comme unemre tendre dirige son enfant, et lui fait essayer ses premiers pas. Je lelouerai, parce qu'il a donn l'homme le pouvoir d'employer les animauxmme la culture de la terre. Hommes, cessez de ne prouver Dieu que parla nature matrielle. Vous ne prouvez par-l que le Dieu puissant etfcond. Et si cette nature matrielle avait dj accompli tous ses types, et

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    qu'elle n'existt plus, comment prouveriez-vous donc celui qui l'a forme ?Et si vous la rendez ternelle, donnez-lui donc aussi, comme votre Dieu,l'intelligence et la saintet. Annulez donc tous les types qu'elle doit offrir,et qui ds lors deviennent superflus. Et les dsordres vidents qu'elle

    annonce, comment les expliquerez-vous, si elle n'a ni la libert ni la pense ? Les cieux annoncent la gloire de Dieu ; mais son amour et sasagesse, c'est dans le cur de l'homme qu'en est crit le vritabletmoignage. C'est dans l'extension sans borne de notre tre immortel, quese trouve le signe parlant du Dieu saint et sacr, et du Dieu bienfaisant qui sont dus tous nos hommages. L'univers peut passer, les preuves demon Dieu n'en seront pas moins immuables, parce que l'me de l'hommesurnagera sur les dbris du monde. Si vous teignez l'me humaine, ou sivous la laissez se glacer par l'inaction, il n'y a plus de Dieu pour elle, il n'ya plus de Dieu pour l'univers. Je tiendrai mon me en activit, pour avoircontinuellement en moi la preuve de mon Dieu. Je la tiendrai occupe lamditation des lois du seigneur. Je la tiendrai occupe l'usage et l'habitude de toutes les vertus. Je la tiendrai occupe se rgnrer dansles sources vivifiantes. Je la tiendrai occupe chanter toutes lesmerveilles du seigneur, et l'immensit de sa tendresse pour l'homme. Quelsinstants pourront lui rester qui ne soient pas remplis par la prire ? Ma viesera un cantique continuel, puisque la puissance et l'amour de mon Dieusont sans borne. Ds que je m'approcherai du seigneur pour le louer, ilm'enverra le sanctificateur. Le sanctificateur m'enverra le consolateur. Leconsolateur m'enverra l'ami de l'ordre. L'ami de l'ordre m'enverra l'amourde la maison de mon Dieu. L'amour de la maison de mon Dieu, m'enverrala dlivrance : et les tnbres se spareront de moi, pour tre jamaisprcipites dans leurs abymes.

    13. Une coupe de cristal tombe terre et se brise. Tout lheure elle

    tait utile, vous pouviez l'approcher de vos lvres, et y puiser une liqueuragrable et fortifiante, prsent ses brisures tranchantes, ne peuventqu'ensanglanter la main. Une coupe de cristal tombe terre et se brise : telest le court intervalle de l'amiti d'un homme puissant sa colre.Tranquille et doux quand sa gloire n'est pas expose ; court-elle desrisques, il prendra les charbons de l'autel et vous les jettera au visage, plutt que de ne pas la dfendre. Il n'a pas besoin de sa raison pourl'emporter, ds qu'il a le moyen d'employer sa puissance. Malheur

    l'agneau, qui se trouvera plac sous son glaive ! Il l'gorgera, et il diraensuite que c'tait un tigre ; et sa parole sera reue comme vritable.

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    Consolez-vous, petits de ce monde. Les hommes puissants ont en eux-mmes deux tribunaux. Par l'un ils vous condamnent, lors mme que voustes innocents ; par l'autre, ils sont obligs de casser la sentence. Est-ceque la parole fausse et mchante peut avoir une demeure fixe et stable ?

    Elle sera errante, parce qu'il n'y a que l'oreille de l'homme lger et du oelle puisse mendier quelque asile.

    Vrit sainte, tu es encore comme ensevelie dans les spulcres ; maistu y as t enterre vive. Tu renatras de toutes les rgions de la terre, et tureplongeras la mort dans son tombeau, pour qu'elle s'y convertisse enpourriture. C'est le seigneur lui-mme qui te relvera, et qui fera flotter tesenseignes aux yeux des nations. Que vous a-t-il dit ? Toutes les armes quiauront t prpares pour vous blesser, ne porteront point contre vous ; et

    vous jugerez vous-mmes toutes les langues qui se seront leves contrevous, pour vous faire condamner. C'est l l'hritage des serviteurs duseigneur ; c'est ainsi qu'ils trouveront justice auprs de moi, dit le seigneur.Vous donc, tristes victimes des afflictions humaines, redoublez d'effortspour ne pas laisser teindre en vous le flambeau des consolations. Le trajetest court : vous voyez dj l'autre rive. Ne vous restt-il qu'une tincelle dela vivifiante esprance, conservez-la prcieusement. Quand vous arriverezdans les rgions de la vie, il ne vous faudra que cette tincelle pour les

    embraser toutes entires, et les rendre jamais toutes lumineuses pourvous. Parce que les substances qui les composent sont plus faciles enflammer que celles de la foudre mme, et plus mobiles que les clairs.

    14. Prends ta lyre et ne la quitte plus. Ne donne plus de repos tonesprit. Quand il aura atteint l'occident, qu'il retourne l'orient pourrecommencer un nouveau cours. Quand il aura frapp le nord, qu'ilretourne vers le midi. Que du fond de l'abyme il s'lve chaque jour ce

    foyer d'o dcoulent des flots de lumire Le seigneur pressera l'hommed'couter la vrit qui l'appelle. Il le troublera dans ses faux plaisirs, il lefrappera par de grands exemples. Il le vivifiera par l'attrait secret de lavertu. Il l'instruira par des songes lgers. C'est par-l que j'ai quelquefoisconduit mes prophtes. Hommes faibles et paresseux, si vous tiez tombsdans une eau fangeuse et d'une vaste tendue, ne faudrait-il pas vous agitervivement pour regagner le rivage ? C'est une action qui les a fait sortir deleur poste originel. Ce n'est que par une action qu'ils peuvent y remonter.

    Cherchez les villes de refuge, puisque vous tes dans une nuit si paisse,que vous n'tes peut-tre pas un instant sans verser involontairement lesang de vos frres. Leurs parents vous poursuivent sans cesse pour en tirer

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    vengeance. Vos jours sont en danger ; mais le seigneur veut vous sauver lavie. Volez, volez vers ces villes de refuge, dont sa misricorde a rempli laterre qu'il vous a donne. Dieu de paix, ressouviens-toi que tes lus ontdemand d'tre anathmes, pour le salut de leurs frres. C'tait pour toi, et

    non contre toi qu'ils formaient de pareils vux. Ton amour les suivra dansle dsert, et les y nourrira jusqu' ce que leurs frres en soient sortis. Ils serendent otages de la mort, tu les rachteras. La charit peut seule envisagerce sacrifice, la charit peut seule le comprendre. Ton immortel amour peutseul en diriger l'accomplissement.

    15. Ne dites point, mortels ! Que votre soif de la vrit ne vous estdonne que pour votre supplice. La vrit ne punit point, elle amliore et perfectionne. La sagesse ne punit point, elle instruit. L'amour ne punit

    point, il prpare doucement les voies. Comment l'amour pourrait-il punir ?Voil cependant, mortels, ce qui constitue l'essence de votre Dieu. Lasagesse ne laisserait point entrer en vous des dsirs vrais, si elle n'y avaitmis aussi des moyens srs pour les satisfaire. Elle est la mesure mme, etn'agit avec vous que dans cette mesure. Mais vous, juges imprudents etinsenss, vous troublez cette mesure dans les faibles mortels ! Si vouscommencez trop tt vous faire matres, vous ne leur offrez que des fruitsprcoces ou drobs, qui finissent par vous laisser tomber en confusion. Si

    vous exaltez trop leurs ides, vous leur donnez des dsirs anticips etdangereux. Si vous courbez leur esprit sur les choses composes, vous leurfaites natre des difficults qui les garent.

    Sagesse, sagesse, toi seule fais diriger l'homme sans fatigue et sansdanger, dans les paisibles gradations de la lumire et de la vrit. Tu aspris le temps pour ton organe et ton mdiateur ; il enseigne tout, commetoi, d'une manire douce, insensible, et en gardant continuellement le

    silence ; tandis que les hommes ne nous apprennent rien avec lacontinuelle et excessive abondance de leurs paroles. Le seigneur s'avancecomme un feu vivant ; il s'empare de toutes les portions de feu qui sontrpandues dans les tres. Il allume ses flambeaux devant l'me humaine, ill'accompagne lui-mme pour la faire arriver plus en sret jusqu'aux portesde l'amour. homme ! Combien tu gmiras un jour, quand avec lesinfluences du dsordre dont tu te seras rempli, tu t'approcheras de la rgionde l'ordre ! Comment, avec les merveilles dont la sagesse vivante avaient

    form mon existence, ai-je pu me rendre le mercenaire et le fabricateur del'illusion ? Comment ai-je pu accuser d'injustice la main qui ne s'taitoccupe qu' me combler de ses faveurs ? La parole n'avait vaincu le

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    temps, elle n'tait entre dans l'homme, elle ne s'tait grave en lui, elle nese faisait entendre continuellement en lui, qu'afin qu'il en fasse retentir audehors les sons harmonieux, et qu'il clbrt les louanges de l'universellemisricorde.

    16. Non, seigneur, il n'est pas permis l'homme de possder ici bastous les biens que sa pense lui fait entrevoir. Tu veux bien ne pas lui enrefuser l'espoir, de peur qu'il ne se dcourage ; mais la justice ne peutencore lui en accorder l'entire jouissance, il ne pourrait la supporter. Oh !Combien la ralit du monde futur sera belle nos yeux, puisque l'illusionde ce monde actuel, passager et apparent, est si imposante et simagnifique ! Dans la rgion de la vie, l'acte de l'esprit est perptuel.L'homme rgnr y promne ses regards sans interruption sur les tres

    vivants et purs, dont l'aspect le sanctifie. Tous ces mobiles frappentsuccessivement sur lui, et ne lui laissent pas une facult qui ne soitremplie. Quand est-ce que le temps sera prcipit et qu'il ne drobera plus l'homme la jouissance et les droits de son tre ? Pendant le temps nous ne pouvons que chercher pniblement la sagesse et la vrit. Au dessus dutemps on les possde. Au dessous du temps on vomit des injures contreelles. Rgions saintes, ces maldictions ne prvaudront jamais contre vous.Le sang de la terre ne montera plus par dessus sa tte ; l'ternel l'a terrass

    par la voix de son triple tonnerre, et l'a fait rentrer dans ses canaux. Il a liles cieux la terre, en semant dans l'me de ses lus le germe de l'esprit devrit. Il a li la terre aux cieux, en faisant fructifier dans l'me de cesmmes lus ce germe divin.

    Que tous les tres, dans le temps pass, dans le temps prsent, et dansle temps futur, bnissent son nom. C'est par la recherche de son nom et lalouange de son nom, que je parviendrai tromper le temps. Nations de la

    terre, gnrations futures, mettez profit mes secrets. Le temps sera prcipit au dessous de vous, vous obtiendrez la joie et le repos de vosmes. Voil la rcompense et les bndictions qui descendront sur mescantiques. Les hommes voudraient vous mener Dieu par des labyrinthes,quelques-uns vous feraient mme un crime de le chercher. Mystres duroyaume de Dieu, vous tes moins inexplicables que les mystres duroyaume des hommes.

    17. Qui osera dire que le mal soit autre chose qu'une dviation dubien ? Qui osera la regarder comme une stagnation dans la ligne directe ?Il n'y a de stagnations qu' ct du lit des fleuves, il ne peut y en avoir dans

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    les courants. Dans la rgion de la vie, cette ligne est un grand et ternelcourant, qui par sa rapidit entrane tout dans son cours, et attire tout ce quise trouve sur ses bords. O seraient ses bords, puisqu'il agit partout ? Est-ilrien qui dans la rgion de la vie puisse rsister son impulsion ? Ici bas

    cette ligne procde galement sans se dranger de son cours ; elle agit sanscesse sur le mal mme, pour en redresser la dviation.

    Mais elle ne procde que dans des courants partiels et attnus, et lemal a le pouvoir de s'opposer leur action. Principe du mal, tu t'es dpravvolontairement dans tes facults, parce qu'elles ne sont pas fixes ; tu ne pourras jamais te dpraver dans ton essence, qui est imprissable. C'esttre peu rflchi que de chercher en toi une clef plus positive, et une autreorigine ton existence. Si la vie est, la mort ne peut pas tre, car il y aurait

    deux choses. Tu ne tires ton origine dprave que de ton attache auximages de l'tre. N'est-ce pas pour t'tre contempl, toi qui n'tais qu'imagede Dieu, que tu es tomb dans les tnbres ? N'est-ce pas le mme crimequi s'est rpt universellement ? Et dans nos arts, dans nos passions, etdans nos superstitions populaires et matrielles ne voyons-nous pas partoutla contemplation des signes et des images, au lieu du culte des principes etdes modles ? L'homme, en s'approchant du mal, engendre une image deson action fausse, qui devient son tourment quand il lve et qu'il la

    contemple. En s'approchant du bien, il engendre une oeuvre vive quidevient sa consolation de tous les moments. Consultez donc vos deuxsubstances, et il n'y aura rien parmi les causes finales ou les raisons deschoses, qui ne puisse vous tre dvoil. Seigneur, vous avez mis dans lesgermes toutes les proprits abrges de leur principe ; puisque vous tesvous-mme notre principe, toutes les lumires et toutes les vertus peuventbriller en nous. Mais, infortuns mortels, combien avez-vous jet de fangesur ce flambeau, au lieu de le dgager sans cesse de ses enveloppes, et

    ensuite vous vous tes plaints de ne le plus voir !

    18. Ce n'est plus le temps de dire, comme David : seigneur, j'ai crivers vous le jour et la nuit, et vous ne m'avez point cout. Les portes dutemple n'taient point encore ouvertes, les peuples se tenaient assis sur lesmarches du parvis. Ils attendaient, les mains enveloppes dans leursvtements, que l'aurore part, et que les portiers appels par l'heurepropice, vinssent donner accs la prire Le jour est venu, nous pouvons

    nous avancer jusqu' l'autel. Nous n'avons plus besoin, prophtes ! Decrier comme vous, jusqu' nous rompre les reins, pour tre entendus. Noussommes prs du grand prtre, d'un coup d'il il juge si notre foi est

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    sincre, et si notre offrande est pure. L'amour anime-t-il vos yeux, et lesremplit-il de douces larmes ? Voil votre demande, voil votre prire.Vous tes exaucs ; le grand sacrificateur est d'intelligence avec vous.Retournez dans vos maisons, combls de biens.

    Chaque jour, renouvelez les mmes demandes avec la mme sincrit,et vous recevrez les mmes bndictions. Les patriarches ont dfrich lechamp de la vie ; les prophtes ont sem ; le sauveur a donn la maturit :nous pouvons tout moment recueillir la moisson la plus abondante. N'a-t-il pas vaincu l'ennemi ? Il n'a point t tent dans ses sens et dans samatire, parce que son corps tait form d'lments purs, et que c'tait lavoie de l'amour et non la voie du pch, qui l'avait plac dans la rgion descorps. Il n'a point t tent dans ses sens et dans sa matire, parce que ce

    n'est point par les sens et par la matire que le crime de l'homme avaitcommenc. Il n'a t tent qu' l'occasion de sa matire, parce que lamatire est la voie du dsordre et du mensonge. Mais il a t tent dans sonamour et dans sa fidlit, parce que l'esprit l'avait conduit dans le dsert.Parce que l'amour lui avait fait quitter le sjour de sa gloire, pour seplonger dans nos abymes ; parce qu'tant sorti de sa place pour approcherdu dsordre, il ne pouvait viter de sentir le choc de ses vnneusesinfluences ; parce que lui seul, comme source de la puissance, pouvait

    apporter l'homme la force et les moyens de vaincre l'ennemi ; et parceque, quand l'me a vaincu l'ennemi dans l'esprit, il ne peut plus la tenter, nidans sa matire ni par sa matire.

    Mais par quelles armes a-t-il vaincu l'ennemi ? Par quelles rponses a-t-il fait taire le tentateur ? C'est par trois passages tirs des critures ; et lescritures vous paratraient encore indignes de votre attention.

    19.

    Aussi imptueuse que les aquilons dchans, aussi ardente que lesfeux de l'Etna, aussi persvrante que le mouvement des astres : telle doittre la prire de l'homme ; elle ne doit pas plus connatre le repos etl'interruption, que l'ternit ne connat le temps et les intervalles. J'imiteraiJacob, je ne te quitterai point que l'ange ne m'ait bni. Mon me languit pour toi. Bnis-moi de la bndiction terrestre. Bnis-moi de labndiction cleste. Bnis-moi de la bndiction divine. Bnis-moi de la bndiction du sanctuaire. Bnis-moi de la bndiction de la force, del'intelligence et de l'amour. Et je clbrerai l'immensit de ta misricorde etde ta puissance, et j'humilierai tes ennemis ! Dieu me donnera un otage decette alliance, et cet otage ne me quittera plus. Il posera des gardes fidles

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    sur toute ma personne ; mon corps, mon me et mon esprit seront gardspar les sentinelles du seigneur. Ma parole s'est lance vers mon Dieu, elleest monte vers son sige, elle a frapp les sources de la vie.

    Je les sens descendre en moi. Elles cherchent partout en moi ce quileur appartient. Elles sont la vie. Tout ce qui vit en moi est leur proprebien. Elles sont la paix, la joie, la flicit : comment tout ne finirait-il paspar des cantiques ! Mose, Dbora, Zacharie, tous les saints de Dieu ontcomplt leurs uvres par des actions de grce l'ternel. La fin del'uvre sera un concert universel. Les cantiques sont continuels dans largion suprieure. Est-ce au sein de la vie que l'assoupissement peut sefaire connatre ? Isral, tu fus choisi pour tre le chantre de la terre.N'interromps jamais tes concerts, et que la terre ne languisse plus dans le

    sommeil.

    20. Quel emploi peut se comparer celui d'tre baptis pour lesmorts ? De laver continuellement par nos souffrances les taches que leshommes se sont faites, celles qu'ils se font, celles qu'ils se feront, et desupporter toutes les douleurs effroyables qui en sont les suites ? Quelquepart que cet homme aille, quelque chose qu'il fasse, son uvre le poursuit,et l'amertume de la coupe fermente en lui. Il n'est occup, il n'est

    tourment que du dsir de la gurison de la grande plaie. Oh ! Dieu depaix, si parmi mes frres il en est qui agissent comme ne se souvenant pasde toi, n'agis point leur gard comme envers ceux dont tu ne te souviensplus.

    Est-ce que le zle de la maison du seigneur n'est pas li avec l'amourde l'homme ? Est-ce que l'homme n'est pas l'objet de l'uvre et de l'amourdu seigneur ? Tu avais promis Isral de donner des peuples et des

    royaumes pour lui ; mais tu as donn plus encore pour les peuples et lesroyaumes, puisque tu t'es donn pour eux. Le seigneur est une infinieprogression de mystres, il a des clarts et des lumires pour tous les ges.Il nous a donn dans le premier solide une preuve matrielle que son nomdemeure sur la terre. Il nous a dmontr par-l l'universelle activit de ses puissances, et comment son action remplit toutes les rgions et tous lesdegrs du temps. Il nous a appris qu' son image nous devons remplirl'univers de sa justice distributrice, et jusqu'aux lieux o sa justice s'esttablie. Voil le fardeau que doit porter l'homme de douleur ; il doit secharger mme du fardeau de ses frres, si la lchet les arrte. Il doit porterce poids accablant au travers des rudes sentiers du temps, au travers des

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    ronces et des pines, malgr les grles et les frimas, jusqu'au lieu de sadestination. Action nulle, tu peux sans doute troubler l'harmonie. Combienl'action fausse ou blmable ne doit-elle pas la troubler davantage ! Rien nese perd : ne faut-il pas qu'un jour la moisson se manifeste, et que vos

    crimes produisent la lumire les fruits qu'ils sment aujourd'hui dansl'ombre ?

    Pour ne pas frissonner de l'tat futur, il faudrait en avoir la mesure.Mais comment l'tat actuel nous servirait-il de base ? Voyez si la lignecirculaire n'est pas au moins neutre par rapport la spiritualit, puisqu'elleest ou de forme, ou mauvaise ? Et apprenez d'o viennent les douleurs desprophtes, et les ptiments o la grande plaie tient tous les tres.

    21. vous, qui sigez sur des trnes de lumire, pourquoi les hommestrouvent-ils tant de difficults concilier leurs systmes ? N'est-ce paspour qu'ils soient obligs tous de plier sous le joug divin, et de reconnatrel'unique souverain des tres, pour le seul savant et le seul matre. Quandme tendrez-vous une main secourable pour me placer vos pieds, sur lesmarches de votre trne ? De ce point d'lvation, je contemplerais avecl'il de l'intelligence, les merveilles de tous les univers. Je sentiraisvivement et fixement dans mon cur cet aiguillon immortel de vie divine,

    qui devrait rgler et sanctifier tout mon tre ! Par vous je participerais cette unit qui seule peut concilier tous les mortels. Tant que le serpentconserve sa peau racornie par le froid de l'hiver, peut-il recevoir lesinfluences bnignes du printemps ? Et comment obtient-il cette peaunouvelle que la vie va pntrer ?

    C'est en se froissant douloureusement contre les pines ; c'est enpassant au travers des ronces ferres et piquantes, qu'il dtache de lui sa

    dpouille, et qu'il devient lisse et agile comme aux premiers jours de sajeunesse. Toutes les violences de l'ennemi sont comme le tamis o le grainse trie et se spare. Toutes les pines qu'il me fera sentir, dtacheront chaque froissement un pli de mon ancienne robe. Alors ils traceront surmoi les signes de notre coternelle alliance ; ils me serreront la main, ilsserreront la main de mon me en tmoignage de notre union ; ils aurontordre de la sceller du sceau sacr. Raison naturelle, prudente observation,vous pouvez nous clairer sur notre tat primitif. La rgnration seule, etle renouvellement de tout notre tre, peuvent nous le faire sentir. Quel estmme l'objet des deux lois ? Ne se borne-t-il pas nous rendre la puret del'tat secondaire ? Aussi vous tous, lus du seigneur, vous vous tes

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    occups de cette oeuvre, et vous nous avez peu instruits sur le premier tat.Les traditions sacres dvoient tre remplies des faits de l'esprit, et non pasdes spculations de l'intelligence. Oh ! Monde, oh ! Monde, pourquoin'tais-tu pas digne qu'il se dveloppt devant les disciples d'Emmas ?

    Quelles merveilles il et pu leur apprendre, puisque dans le moment o illeur parlait, il n'tait dj plus dans le sjour de la mort.

    22. Une mre perd-elle de vue le fils qu'elle punit pour les lgresfautes de son ge enfantin ? Elle l'loigne d'elle de quelques pas, elle lui prescrit une enceinte sous ses yeux, et dans le mme lieu qu'elle habite.C'est ainsi que Dieu en agit avec l'homme coupable. Enfant, si tuconnaissais le cur de ta mre ! Ce ne seront point les cris de la colre quila toucheront. Elle attend que tu fasses entendre ceux de l'amiti et du

    repentir. Elle envoie mme secrtement vers toi des amis fidles, quisemblent te suggrer ton insu d'implorer sa misricorde. Tu suis ceconseil salutaire ! Viens, enfant chri, il n'y a plus de barrire pour toi, iln'y a plus de distance entre nous, et nous pouvons nous embrasser. Dieu de paix, tu n'attends, comme cette mre tendre, que l'humilit du cur del'homme, et le retour de ses regards vers toi, pour le tirer de sa captivit. Iln'ose plus t'appeler son pre, parce qu'il s'en est t le droit par sesoffenses et ses souillures. Mais tu l'appelles toujours ton fils, parce que tu

    lui pardonnes, et que tu ne te souviens plus de ses crimes. Et l'esprit del'homme se croit abandonner quand il est puni ! Il se croit dans le nantquand il n'est plus dans l'abondance de la vie ! Comme si l'amourn'accompagnait pas partout la justice ! Comme si les simples souverains dela terre ne fournissaient pas eux-mmes le ncessaire aux illustrescoupables qui ils sont forcs de retrancher l'opulence et la libert ! Oui,oui, le seigneur trempe quelquefois l'univers dans l'abyme, mais il ne veutpas l'y prcipiter demeure. Du haut de son trne, il entend les cris des

    hbreux dans la terre d'Egypte. Ces cris font descendre son propre nom, cenom qui n'avait pas mme t donner Abraham, Isaac et Jacob. Parceque plus nos maux sont extrmes, plus le bienfaisant auteur de notre vies'empresse de nous envoyer des secours efficaces.

    23. Un homme a t envoy en tmoignage pour attester l'empire de lavrit sur l'erreur, et de la ralit sur le nant. Il est devenu un homme dedouleur, ne trouvant nulle part o reposer la tte de son intelligence. Dieu

    avait dit : je rassemblerai les dispersions d'Isral. Ils ont dit : divisons lescongrgations d'Isral. Une branche tomba de l'arbre. Les insenss l'ontramasse ; mais l'ont-ils observe pour connatre la nature de l'arbre ? Ils

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    l'ont leve contre cet arbre ; ils l'en ont frapp pour le mutiler, et endfigurer tous les fruits. Mortels, sachez que ceux qui auront t taills enfaux, seront remis la forge et sur l'enclume, avant de redevenir des socsde charrue.

    Les puissances du temps taillent les pierres pour l'difice futur. Elles prparent les mtaux pour orner le temple de l'ternel ; elles les jettentdans la fournaise pour qu'ils s'y purifient de leurs scories. Ce sont leshommes les plus ductiles et les plus doux que l'on fait souffrir davantage. l'image de l'or, on peut les faire passer par la filire la plus troite sansles casser. Les mtaux aigres ne rsistent pas cette preuve. Qu'est-ce quipourra dtacher l'homme de la divinit, quand il y tiendra par l'amour etpar la douleur ? La porte de l'amour a t ouverte, l'homme a deux sentiers

    aujourd'hui. Il n'avait autrefois que celui de son nom, ainsi que le pervers.S'il s'unit l'amour ds ce monde, s'il y prend Dieu pour son uniquematre, et l'me de l'homme pour son pouse la plus chrie, il deviendraimpeccable au rgne venir. Gloire primitive de l'homme, tu devaiscrotre, et tu as t en diminuant. Les lois temporelles de l'esprit sontvenues son secours dans le degr d'infriorit o il tait descendu. Etelles doivent le ramener cette ligne de croissance infinie qui lui taitdestine par son origine. Le vtement de la charit ne s'est-il pas tendu sur

    la plaie pour la couvrir ? Le baume n'y a-t-il pas pntr pour la gurir ? Laplaie, le vtement et le baume, quel champ pour l'tude de la parole et pourla consolation de l'homme ! Seigneur, seigneur, il est vrai que l'homme ne peut se drober tes yeux, puisque ton esprit et ton amour remplissenttoute la terre. Mais puisque ton esprit et ton amour remplissent toute laterre, il est galement vrai que tu ne peux te drober aux yeux de l'hommequi te dsire et qui te cherche. Homme de dsir, ne laisse donc plusbranler ta confiance par les injustices de tes semblables.

    24. Faisons en sorte qu' notre dernire heure, il n'y ait que noshritiers lgitimes qui aient part nos dpouilles. Voici comment sedistribuera notre hritage. Les agents purs de la nature hriteront de nossubstances lmentaires. Les hommes de bien dans tous les ges hriterontde nos salutaires influences. Les sicles hriteront de notre mmoire. Leslus de Dieu hriteront des uvres vives que nous aurons opres sur laterre. Les ministres du conseil hriteront de notre quit et de notre

    jugement. Les anges de lumire hriteront des dcouvertes et des vritsque nous aurons introduites dans le commerce de la pense. La femmepure hritera de nos vertus et de notre respect pour les lois de la nature.

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    L'esprit hritera de notre zle et de notre dvouement. Le divin rparateurhritera de notre amour.

    Le souverain des tres hritera de notre saintet. Il ne restera rien pourles voleurs et pour les gens processifs. Mais que faut-il faire pour obtenirune pareille grce ? Il faut maintenir un ordre parfait dans toutes nospossessions. Il faudra, lors de l'vnement, supplier le grand juge de venirlui-mme apposer son scell et son nom sur tout ce qui nous appartient ;afin que l'effroi et le respect qu'imprime ce grand nom, fassent reculer tousceux qui se prsenteraient dans la maison avec de mauvais desseins.

    25. Le bois est descendu dans les eaux amres pour les adoucir et lesrendre fertiles ; il est remont vers sa terre naturelle. Il a envoy des

    rejetons qui ont trouv les eaux prpares. Ils ont pris racines et ont produitdes fruits. Rejetons puissants, vous embrasserez les faibles plantes, vousleur servirez d'appui comme une jeune vigne. Torrent de la vie, ouvrez-vous un cours jusqu' la racine du cur de l'homme. Entranez tout ce quela circoncision du fer tranchant aura coup d'htrogne, et remplissez lescampagnes arides de vos eaux aussi limpides que le diamant. Est-ce moiqui puis aller votre rencontre ? Li la terre comme l'herbe des champs,ne suis-je pas condamn comme elle toute l'aridit de l'hiver ?

    Ne me faut-il pas attendre que la douce chaleur du printemps viennefondre les eaux salutaires suspendues en durs glaons sur les montagnes, etles fasse couler abondamment pour dsaltrer l'humble plaine ? Vous avezfait faire un grand deuil au jour o je suis tomb ; vous m'avez couvert del'abyme. Vous avez arrt les fleuves qui m'arrosaient, vous avez retenu lesgrandes eaux. Mais les arbres d'den sont descendus avec moi jusqu'auxlieux les plus profonds de la terre. Ils me ramneront la rgion de l'air

    libre et pur. Ce ne sera pas moi qui mettrai les ennemis en fuite, quigurirai les maux de mes frres, et qui commanderai mes sujets. Ce nesera pas moi qui prendrai les clefs de la mort et de la vie, pour ouvrir lesarchives o sont dposs les secrets et les volonts du seigneur. La fvedes arbres d'den oprera pour moi toutes ces merveilles. Elle est lalumire, elle est la vie. Elle mettra sous mes yeux tous les tableaux del'histoire naturelle de l'homme ; et elle m'apprendra quelles sont lesfonctions que j'aurai remplir pour concourir au grand uvre de notreDieu.

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    26. Il faut que les hommes soient bien loin de toi, vrit ! Puisque tusupportes leur ignorance, leurs erreurs et leurs crimes.

    Ils ne connaissent pas mme encore l'origine de leurs droits politiqueset terrestres ; cependant ils ne s'empressent pas moins de se prescrire deslois qu'ils croient justes, ds que les voix sont comptes. Est-ce aux enfants tracer la loi des familles ? Est-ce l'homme tre lgislateur ? Et n'est-ilpas par sa nature le simple ministre d'une loi qui ne peut lui tre suprieurequ'autant qu'elle ne vient pas de lui ? Et ils voudraient rendre l'usage decette puissance si parfait, que leur existence politique ft immortelle, leur bonheur immanquable, et leur tranquillit hors de toute atteinte et couvert de tous les dsordres ! Imprudents, votre faible nature et la rgionde tnbres que vous habitez, s'opposeront toujours vos esprances ; et

    malgr toutes vos prcautions, la providence ne fera cesser pour vous niles besoins ni les dangers, de peur que vous ne preniez ce monde pourvotre lieu de repos. Elle vous aime trop pour ne pas vous laisser desoccasions de la prier et de l'appeler votre secours. Rflchissez ensuite l'exercice de ce droit problmatique que vous vous crez. Voyez-le s'armerde la cruaut, de l'injustice et de l'iniquit, diriges par la fourberie, lacupidit ou la vengeance. Quel poids d'accumulations abominables dans la balance de l'ide humaine ! Comment ne verrait-elle pas la masse

    contraire, qui doit ncessairement faire le contrepoids ? N'est-il pas plusque sr, que tout esprit rassis sera entran par le sentiment de cettencessit ?

    Si cet esprit n'est pas pntrant, il ne verra d'abord les deux bassins dela balance, que comme tant au niveau : telle tait la mesure desmanichens. Mais qu'il poursuive, il verra bientt lequel des deux poidsdoit l'emporter. Il verra en outre qu'une main ncessaire, et ncessairement

    ternelle, soutient la balance et la suspend, et que c'est l seulement o setrouve la source vraie du pouvoir et des lois sociales. Il verra qu'une puissance suprme, en suspendant cette balance, laisse un mouvementlibre ses deux bassins. Mais qui comprendra ces vrits, s'il ne s'lve jusqu'au centre de la pense de l'homme ? Oh ! Homme, jusqu' quandresteras-tu courb sous le poids de tes mprises et de tes jugementsprcipits ? Quand est-ce que ton me connatra les douleurs de l'hommede dsir, et qu'elle apprendra par-l juger de ses propres illusions, et de

    son pouvantable scurit ?

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    27. Vous parlez, et l'on vous lve des difices ! Vous parlez, et vosarmes s'assemblent et renversent vos ennemis ! Vous parlez, et lessciences et les connaissances se transmettent dans l'esprit de ceux qui vouscoutent ! Vous parlez, et les blessures et les douleurs des malades se

    gurissent, les passions se calment, et font place dans le cur de l'homme la lumire de la vrit ! Vous parlez, et vos alliances se forment, et vousassurez vos gnrations tous les droits et tous les honneurs qu'ellespeuvent attendre. Votre parole est un mobile de ncessit absolue, et lesuvres que l'homme opre dans l'univers entier, ne sont et ne peuvent treque le fruit de votre parole. Il n'y a qu'une loi : si une parole n'avait agi,comment l'difice du monde aurait-il donc reu l'tre ? Si une parolen'avait agi, comment l'homme aurait-il senti sa sublime destination ?Quelle difficult que la mme parole agisse encore pour lui offrir desconsolations dans ses abymes, et pour lui aider en sortir ? Ds qu'ilexiste, la parole est toujours sur lui ; elle ne fait que varier son langage etses modulations. Mortels, vous ne pouvez croire la parole qui entretienttout, et vous tes forcs de croire la parole qui a tout cr. Sachez qu'ilfallait traverser l'apparence neuvaire par la pense, pour lire sa gnration.Ne s'est-il pas comme ananti en descendant au-dessous de ce nombre ?Mais pouvait-il perdre ses titres ? Et vous-mmes, avez-vous perdu lesvtres en vous plongeant dans le prcipice ? La parole est ternelle, parcequ'elle est la vie : cherchez la vie, vous la sentirez, vous la goterez ; vousserez assurs qu'elle est par elle-mme. Si vous parvenez sentir la vie,vous ne vous demanderez pas plus de compte de ce qu'elle est, que vous nevous en demandez de ce que c'est qu'une jouissance pour votre me et unaxiome pour votre esprit.

    Vous sentirez que la vie et la parole sont par elles-mmes, et qu'ellesne peuvent pas ne pas tre. Les axiomes que vous connaissez peuvent-ils

    prir, peuvent-ils s'altrer ? Ne vous semblent-ils pas ternels ? Cependantils ne sont que les corollaires d'un axiome unique et suprme ; aussi votreesprit peut mesurer la justice mme, et votre cur goter la vie. Raisonhumaine, funeste instrument dont nous abusons, sers donc rapprocherl'homme de la vie, aprs avoir tant servi l'en loigner ! Elle est devenue,cette raison, comme un prcipice au milieu d'une plaine fertile. Ce n'estqu'en le fuyant que le voyageur peut marcher d'un pas ferme, et ne pas sebriser dans sa chute.

    28. Prierez-vous Dieu, et lui demanderez-vous ses dons et ses faveursavant de vous tre purifis, et d'avoir tabli en vous toutes les vertus ? Ce

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    serait lui proposer de se prostituer. qui les souverains de la terredonnent-ils les places et les emplois ? ceux qui sont censs, par leurstravaux et par leur zle, s'en tre rendus capables. Ne prenez pas non pluspour des ordres d'en haut, ni pour une rcompense, ce qui n'est que le fruit

    de la grande tolrance de l'esprit. Ah ! Mes frres, si l'homme connaissaitson influence, vous verriez combien le sentier de la vie est obscur pourceux qui ne s'lvent pas jusqu' la grande lumire ! Ne nous donnons point de relche que nous n'ayons prpar les voies du seigneur, et quenous n'ayons couvert de fleurs et de branches d'arbres les rues deJrusalem. C'est du sommet des rgions clestes que notre tre a tprcipit. Le nom du seigneur nous a suivi. Mais combien il faut de temps pour que cette racine sacre s'lve avec nous jusqu' ses puissances !Entrez dans la carrire de la vrit, l'ennemi va vous tenter d'abord par ledcouragement, ensuite par l'apparence de vos succs et par des lueurs dela vie, que vous prenez pour la vie mme. Mais au moins si l'impur peutprendre la forme humaine, il ne peut prendre la substance de cette forme,parce qu'il serait dlivr. Le pur, au contraire, peut prendre et l'apparenceet la substance de la forme humaine, et cependant tenir toujours la rgionde la vie, puisqu'il vient pour nous la donner. Souvenez-vous d'Azarias ;souvenez-vous du sauveur, avant et aprs sa rsurrection ; souvenez-vousen outre de son ascension, et vous connatrez les trois degrs de l'hommede dsir. Homme, frmis de crainte pendant ta carrire de mort et decorruption, et veille sans cesse contre l'affadissement de l'esprit. Maissouviens-toi que l'ennemi ne connat jamais que ce qu'on lui montre.Quand le sauveur n'agissait encore que comme esprit, l'ennemi s'y trompa,et il osa converser avec lui, il osa le tenter. Depuis que le sauveur eutdvelopp son caractre, et qu' la suite de ses quarante jours de prires,les anges clestes se furent prsents pour le servir, l'ennemi ne le connutplus sur la terre que par l'organe des mes humaines dans lesquelles il avaittabli sa demeure de corruption. Ce n'est que par ce moyen qu'il en avouala divinit, parce que l'me de l'homme en est le vritable intermde, etparce que sans cet intermde l'iniquit de l'ennemi et t trop distante del'ineffable divinit. Aussi ce ne fut que dans ces circonstances que lesauveur lui imposa silence, pour que la saintet ne ft pas souille par sabouche impure.

    29. Lorsque la plaie s'est forme, un rayon s'est propag, et chaque

    portion de ce rayon participe la vie selon sa mesure. C'est en divisant sonamour que l'homme est descendu dans le crime et dans les tnbres. Mais

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    toi, ternel ! C'est en multipliant ton amour et les moyens de t'unir l'homme, que tu parviens le dlivrer, sans compromettre ta saintesublimit. Le temps terrestre n'a-t-il pas t tabli par la sagesse, pour tueren nous ce ver solitaire qui dvore tous nos aliments ? Postrit humaine,

    pourquoi semblez-vous agir comme si vous tiez spare et abandonne votre seule action.

    Sans le sel les agents du dehors auraient trop de prise ; sans l'huile, lesel vous corroderait : c'est pour cela que l'un et l'autre sont l'enveloppe etvous prservent. Et d'ailleurs l'enfance ne s'annonce-t-elle pas par larectitude du jugement et le sentiment vif de la justice ? Si cette tendreplante tait mieux cultive, la jeunesse ne serait-elle pas pour elle le pleinexercice de cette vertu ? L'ge mr, celui des vastes et profondes

    connaissances ? La vieillesse, celui de l'indulgence et de l'amour ? Hlas,dans quel ordre suit-il ces progressions ! Quelles seront donc lesressources de l'homme, si le temps mme lui est donn en vain ? Le tempstait la voie douce ; il ne lui restera que la voie de rigueur ou la voie sanstemps. Sors de cet assoupissement qui finirait par transformer tout ton treen un spulcre. lance-toi vers la lumire sans songer mme auxcontrarits qui t'assigent. Il est un temps pour la douleur. Mais une foisque le feu de l'esprit s'allume, il ne faut plus songer qu' ne pas l'teindre.

    Le principe de la vie temporelle est doux comme l'enfance de l'homme. Leprincipe de la vie spirituelle est doux comme la vrit. Mais pour connatreet sentir la douceur du principe de la vie divine, il faut tre ressuscit dutemps.

    Aussi lorsque tu lves ton esprit vers le seigneur, prends garde queton cur ne reste sur la terre. Quand tu lves ton cur vers les cieux, faisen sorte qu'il y vole sur les ailes de ton esprit. Par ce moyen tu rapporteras

    la fois dans toi-mme les trsors de l'amour et de la lumire ; et tuprendras quelque ide des perfections de ce grand tre qui est au-del dutemps, et dans qui tous ces divins attributs sont ternels comme lui, parcequ'ils n'existent et n'agissent que dans sa sainte et sublime unit.

    30. Suis-je pour une autre fin que pour rechercher l'alliance duseigneur ? Je prendrai de solennels engagements pour que cette fin nes'efface jamais de mon cur et de mon esprit. Venez tous, ministres pursde mon Dieu, venez assister au pacte immuable et irrvocable que je veuxfaire avec mon Dieu. Que toutes les puissances manes de lui, etembrases du zle de sa gloire se rassemblent et ouvrent l'oreille mes

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    paroles. Je me lie de cur, d'esprit et d'intention l'alliance ternelle demon Dieu avec la postrit de l'homme. Je mets vos pieds tout mon tre,toutes mes affections, comme les premiers chrtiens apportaient tous leurs biens aux pieds des aptres. Je me dvoue, grce l'infinie assistance

    divine, ne vivre, penser et mourir que pour mon Dieu.Faites-moi chaque jour de ma vie renouveler devant vous cette

    authentique obligation. Faites que je ne sois jamais assez malheureux etassez indigne pour l'oublier : ou bien levez-vous tous contre moi,tmoignez tous contre moi ; et forcez-moi payer, sans dlai, le tribut delouanges et d'hommages que je dois votre matre et au mien. Et toi, principe ternel et vivifiant de tout ce qui est, veille toi-mme surl'engagement que je viens de prendre, sois-en le premier appui et le

    premier protecteur. Toutes les nations ennemies de ta gloire ont les yeuxouverts sur ma prire. Si tu ne l'exauais pas, elles diraient que tu es undieu que l'on invoque en vain, et elles s'en feraient un triomphe. Qu'il n'yait jamais qu'un seul triomphe sur la terre, et qu'il soit rserv l'hommede paix ! C'est de sentir qu'il n'y a pas de joie semblable celle de reposerdans le seigneur, et d'tre comme port par la main du seigneur. Espritsaint, c'est toi qui procures l'homme ce bonheur, parce que l'esprit saintest le mouvement universel. Parce qu'il est la fois racine et puissance,

    puisque sa puissance est quadruple comme sa racine. Parce que rien sanslui ne peut connatre ni terme ni plnitude. Parce qu'il lie le verbe etl'ouvrage des six jours, et qu'il aide l'un et l'autre sparer l'apparenced'avec l'iniquit.

    Parce qu'il est la dernire veine de la vie divine, et qu'il touche laveine premire de la vie de l'homme.

    31.

    Suspens, Dieu suprme,... donne-moi le temps de me prosterner tes pieds pour me prparer tes faveurs, et pour en devenir moinsindigne... je viens de me prosterner aux pieds de l'ternel ; tais-toi, monme, et adore... au lieu de me laisser livr mon humiliation, Dieu mecherchait, Dieu me poursuivait. Devant moi tait le divin librateur deshumains, prostern lui-mme aux pieds de la suprme sagesse. L il sedpouillait de sa gloire, et ne rservait de sa propre divinit, que le foyerinextinguible de son amour. Il soulevait le poids de la justice qui, s'tantrassemble toute entire sur le tribunal redoutable du Trs-Haut, menaaitl'homme coupable. Elle lanait des regards de vengeance sur l'abyme dutemps, elle tait prte d'craser l'univers. Mais cet hroque et magnifique

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    rparateur formait comme un vaste ocan d'amour et de charit, o tous lesfleuves de la vie venaient apporter leurs eaux salutaires. Leur massesurpassait celle de la justice comme les clarts runies des innombrablesflambeaux clestes effacent les crpuscules de notre globe tnbreux. Il

    entranait avec effort le poids de la balance, et la faisait pencher en faveurde ma malheureuse postrit.

    Je sentais son influence divine pntrer tout mon tre, en dissoudretoutes les souillures par son feu, et les plonger comme dans un torrentvivifiant et rgnrateur. Voil donc, Dieu suprme, comme tu te conduisenvers ton infirme crature ! Tu l'accables de tes grces avant mmequ'elle ait rien fait pour les mriter. Je me suis relev, je tais plus le mmehomme. Tous les liens qui auparavant me tenaient la tte courbe vers la

    terre, s'taient rompus. Toutes les sductions qui m'avaient empoisonn,taient disparues ; des sources actives sortaient librement de mon cur.Elles portaient leurs cours, sans rencontrer aucun obstacle, vers les rgionsdu monde, pour y contempler l'ordre et les lois du grand architecte ; versl'abyme, pour y contempler sa justice, et vers son sjour sacr, ma premire demeure, pour y trouver le terme de toutes les fatigues desmortels.

    32. Marchez sur la voie des prophtes, et vous rencontrerez l'esprit des prophtes Ont-ils connu les froideurs du lac ? Ils n'ont connu que lestourments de la charit. Certainement leur me n'tait pas toujours assezlibre pour chanter les joies du seigneur. Comment auraient-ils chant les joies du seigneur, pendant que leur me tait dans la tristesse, et qu'ilspleuraient sur les maux de leurs frres ? Ils vous louaient, mon Dieu ! Endclarant aux nations, qu'elles n'taient esclaves et fugitives que parcequ'elles s'taient loignes du seigneur. Ce n'taient point leurs propres

    crimes ni leurs propres souillures qui les empchaient de chanter descantiques d'allgresse ; ce n'est point sur eux qu'ils pleuraient Votre espritles avait environns ds le sein de leur mre ; ils taient purs dans leursgnrations comme No. Ils taient chastes comme votre disciple chri.C'est pour cela que vous les avez choisis pour tre les ministres de votreparole, et pour sauver les nations. Mais nous qui ne sommes qu'iniquit,quels cantiques pourrions-nous chanter ? Seront-ce des cantiques de joie ?Nous sommes trop loin de la ville sainte. Si nous avions des lyres, nous les

    suspendrions, comme faisaient les hbreux, aux saules des fleuves deBabylone. Heureux qui n'a pas approch les confins de la mort et du nant,et qui n'a point laisser entrer la glace de l'hiver dans son cur ! Il pourra

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    esprer la renaissance du printemps ! Heureux qui avant de se livrer auxtableaux sduisants de son esprit, cherche chasser de son cur toutes lesfaiblesses et toute la lchet ! Il reconnatra bientt s'ils sont vrais, s'ils luisont salutaires ou funestes, parce qu'il loignera par cette prcaution les

    enchanteurs ; et il se prservera ainsi de la froide horreur de l'abyme, decette froide horreur qui est le partage du timide et du paresseux.Tourmente-nous du feu de ton zle, et que nous puissions dire du fond ducur : nous ne sommes point sans notre Dieu.

    33. Il vous presse continuellement de faire votre pacte et votre allianceavec la vrit. Il vous traite comme le seigneur traitait Isae ; il vous ouvrel'oreille tous les matins, il vous enseigne comme un matre. Laissez-l tousles moyens mcaniques que les hommes plus curieux que sages ont

    ramasss parmi les dbris de la science. Ces hommes imprudentsprtendraient transmettre la puissance, et ils emploient autre chose que laracine. Le seigneur seul enseigne ses lus les moyens qui sontncessaires son uvre. Est-ce que vous pourriez vous nourrir d'un espritqui ne serait qu'artificiel et que l'uvre de vos mains, comme les idoles ?Laissez agir doucement sur vous celui qui vous cherche ; laissez-les'attacher vous par l'analogie naturelle et la rptition de ses actes purs et bienfaisants. Qui atteindra la sublimit de l'uvre de la renaissance de

    l'homme ? Ne lui comparons point la cration de l'univers. Ne luicomparons pas mme l'manation de tous les tres pensants. Pour oprertoutes ces merveilles, il a suffi que la sagesse dveloppt ses puissances ;et ce dveloppement est la vritable loi qui lui est propre. Pour rgnrerl'homme, il a fallu qu'elle les concentrt, il a fallu qu'elle s'anantt etqu'elle se suspendt, pour ainsi dire, elle-mme.

    Il a fallu qu'elle s'assimilt la rgion du silence et du nant, afin que

    la rgion du silence et du nant ne ft ni trouble ni blouie par sa prsence. Homme d'iniquit, suspens tes mouvements turbulents etinquiets, et ne fuis pas la main de l'esprit qui cherche te saisir. Il ne tedemande que de t'arrter, parce que tous les mouvements qui viennent detoi, lui sont contraires. O est la place de l'action de l'esprit ? Tout n'est-ilpas plein des mouvements de l'homme ? O est-il, celui qui est rgnrdans les mouvements de l'esprit ? O est celui qui aura travers et comme pulvris toutes les enveloppes corrosives qui l'environnent. Ne serait-il

    pas comme l'agneau abandonn dans les forts, au milieu de tous lesanimaux carnassiers ? Que l'univers entier se convertisse en un grandocan ; qu'un vaisseau soit lanc sur cette immense plage, et que toutes les

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    temptes rassembles viennent sans cesse en tourmenter les flots : tel serale juste au milieu des hommes, tel sera celui qui sera rgnr dans lesmouvements de l'esprit.

    34. Un seul instant de suspension de Dieu et de l'esprit, laisse notre principe de vie comme dans la mort ; et cette mortelle paralysie qu'ilprouve, se fait connatre aux yeux de l'observateur intelligent. C'est uneblessure, c'est une plaie que nous avons laiss faire notre pense, et nousparaissons des tres difformes ceux qui sont rguliers.

    J'annoncerai tous les mondes mes iniquits. Il faut que l'universentier me purifie, il faut que je sois ml toutes ses terres, lav danstoutes ses eaux, et sch par tous ses feux. Que tout ce qui forme l'univers,

    entende les cris de mes douleurs. Je ne me permettrai aucun repos jusqu'ce que mes cris l'aient rempli ; jusqu' ce qu'ils l'aient fait clater, et qu'ilssoient parvenus la rgion de la vie. Ne sont-ce pas mes injustices quil'ont fait s'crouler sur moi ? Ne dois-je pas en supporter tout le poids, et lesoulever pniblement jusqu' ce que je me sois fait jour au travers de sesruines, et que j'aie recouvr la libert ? Pleurez avec moi, puissances de lanature, soyez les chantres lugubres des funrailles de l'homme. Il a perdusa force, ses jours se sont teints, et c'est vous qu'il a charges de lui

    creuser un tombeau, et de l'ensevelir. Venez renverser vos flambeaux danssa tombe. Ne la couvrez point de fleurs, comme celle des jeunes hommes,comme celle des vierges qui sont mortes dans l'innocence. Il est mort dansle crime. L'infection s'est rpandue dans tous ses membres. Ensevelissez-lepromptement, ensevelissez-le profondment dans la terre, de peur qu'il necorrompe toutes vos contres.

    35. Qui me renversera dsormais ? Un signe crateur a t grav sur

    moi. Il a rtabli ma primitive alliance avec le foyer divin. Il me faitparticiper sa chaleur, son ternelle impassivit. La rgion de l'illusions'est comme affaisse sous mes pieds ; mon me a got l'activit, elle asenti en elle la gnration du seigneur. Mortels, vous connatriez lagnration du seigneur, vous sentiriez se rpter en vous ce qui s'est passlors de l'origine des choses, si vous aviez le courage de vous lever vers leprincipe de la vie. Car le principe de la vie vous cre toujours, lors mmeque vous ne vous en apercevez pas. Ne vous crerait-il pas galement sivous fixiez sur lui votre attention et vos regards ? Qu'es-tu, tnbreusephilosophie ? Tu es pour moi comme les cris des insectes rampants dansles cachots, et qui voudraient prononcer sur les sages dlibrations qui se

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    passent dans les conseils des rois. Tu compares ton obscurit, tonnant, la gloire et la majest des trnes ; et parce que cette gloire ne brillepas dans ton enceinte, tu te prtends autoriser en nier l'existence. Je diraiaux prestiges qui sduisent journellement les humains : en vain vous

    m'offrirez toutes les jouissances ; en vain vous voudriez les mettre enparallle avec ce que j'prouve. Mon Dieu est plus grand que vous ; monDieu est tout. O trouverai-je un autre tre qui me ft aussi doux que monDieu ?

    Je dirai l'impit : essaierais-tu encore de vouloir tablir dans monesprit ton rgne, aux dpens de celui qui se fait sentir en moi ? Commentpourrais-je blasphmer contre la source exclusive et gnratrice de la vie ?Pour nier cet tre, ne me faudrait-il pas employer l'organe de la voix et de

    la parole qu'il m'a donne lui-mme ? Et le nier ainsi, ne serait-ce pas leprouver ? Je dirai ta matire : cesse de sduire mes yeux par l'image de lafeinte ralit. Plus tu agis, plus tu te divises, jusqu' ce que cette division teconduise au nant. L'esprit au contraire, plus il croit et lve, plus il sesimplifie ; et sa rgion ne connat, ni division, ni diffrence. Joie pure, joiedivine, vous ne serez point strile en moi. Trop plein de vous pour vouscontenir, je veux que tout ce qui existe en soit tmoin. Semblable la lyresacre que l'ternel a choisie de tout temps pour exprimer ses mlodieux

    cantiques, je chanterai la prsence de mon Dieu, la gloire de mon Dieu, etson ineffable sagesse. Les cieux me prteront leurs accords, l'univers seflicitera de ce qu'un homme de plus s'unit aux concerts de son Dieu, etl'abyme frmira de ne pouvoir en troubler l'harmonie.

    36. Heureuses les mes qui s'humilient devant la vrit, et quisupportent en paix la lenteur de la rose salutaire ! Croiras-tu gurir taplaie par l'impatience ? Et enlevant trop tt l'appareil, ne la feras-tu pas

    s'envenimer davantage ? Gmis, prie et attends. Regarde combien lesastres sont au dessus de la terre ; le trne de l'ternel est si loin au-del deces sphres, que tu n'as plus de nombre pour en exprimer l'lvation. C'estl que naissent les eaux bienfaisantes qui seules peuvent fertiliser tademeure terrestre. L elles sont pures, subtiles, imperceptibles aux sens dela pense humaine. mesure qu'elles descendent, elles ne perdent pointleurs qualits vivifiantes ; mais elles se condensent pour s'approprier notre nature. Leur dernier degr de condensation est encore si limpide, que

    l'il de l'homme n'en pourrait soutenir l'clat, s'il n'a acquis sa force et samaturit. Tant qu'il est priv de cet air vivant et crateur, comme l'enfantdans le sein de sa mre est priv de l'air naturel, toutes ses facults sont

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    dans l'inaction. Voil la vie qui le pntre ! Voyez son me aspirer etrespirer la vie. Voyez-le entrer en relation avec son atmosphre primitive,et commencer avec elle le commerce qui ne cessera point, comme doiventcesser un jour, et la vie de son corps, et le flux et reflux de la nature.

    Non, mortels, non, tres privilgis, il ne cessera point pour vous :mais ne peut-il avoir encore des suspensions ? Aprs avoir connu les joiesclestes, ne pouvez-vous pas descendre jusqu' la vase du lac de la mort ?Ne pouvez-vous pas tomber en proie aux illusions de cet tre trompeur quisouffle sans cesse aux hommes des plans au dessus de leurs moyens, afinqu'ils soient couverts de honte et d'humiliation ? Sagesse, sagesse, tu agitesquelquefois l'homme avec un bras puissant, tu lves aux rgionssuprmes, tu le plonges dans l'abyme. Tu lui fais sentir, tantt les glaces du

    nord, tantt la chaleur dvorante du midi, afin qu'il sache que toi seule esle seigneur, et afin qu'il ne se glorifie, ni ne se dcourage. L'esprance etl'humilit, voil les lments dont tu veux composer en lui la charitdivine, cette vertu qui sera son seul titre pour tre admis dans le sjour dela paix, de la jouissance et de l'amour.

    37. Ma joie personnelle est comme assure, ds que j'ai t touch duzle de la maison du seigneur. Ma joie est assure, ds que je pleure, et que

    je suis comme si j'avais t baptis pour les morts. Qui m'empchera deporter jusqu'au tombeau l'ide consolante que le seigneur m'a donne delui ? Hlas ! L'me de l'homme est un crible qui devait empcher le mal depasser avec le bien : elle a corrompu ses voies, elle n'a servi que de cribleau mal, et elle a empch le bien de passer. Il faudra de nouveau qu'elleserve de crible au mal, pour que le bien puisse passer pur. Quelle douleurpeut se comparer ma douleur ! Hommes puissants, fourbes et superbes,vos injustices ne me paraissent plus rien auprs de ma douleur. En vain

    vous avez fait lever de la terre un serpent qui est venu porter ses dentsmeurtrires jusques dans mon cur. En vain vous m'avez rduit endvorer une portion chaque jour de ma vie, puisqu'il embrasse tout l'espacequ'il y a depuis mon cur jusqu' ma tombe. En vain vous l'avez renducomme le dnombrement de mes jours, et vous avez fait que je ne l'auraidvor en entier qu'au moment o je rentrerai dans la poussire L'amourque je ressens pour me humaine laisse tomber, comme au dessous de moi,tous les maux qui me viennent de vous. Parce qu'en m'approchant du

    seigneur, j'implorerai son amour pour vous, je lui demanderai que vosinjustices vous soient pardonnes ; et je ne sortirai plus de la joie duseigneur, de cette joie qui se nourrit de larmes, et qui ne connat que le zle

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    de la maison du seigneur. Il a agi avec moi comme une matresse jalouse,il a tout dispos soigneusement de peur que je n'aimasse autre chose quelui.

    Tantt il m'a consol au moment o j'allais recevoir des tribulations,tantt il m'a envoy des tribulations dont il n'y avait que lui qui pt meconsoler ; afin de me forcer par-l de recourir lui seul, et de ne me jeterque dans ses bras : et je quitterais mon Dieu ! Et je pourrais prfrerquelque chose mon Dieu ! Et je pourrais me reposer sur une autrepuissance que celle de mon Dieu ! Lui seul est puissant et juste, lui seulfera descendre la justice au milieu des jugements des hommes. L'toile deJacob, le lion de la tribu de Juda, n'a t vaincu par aucune preuve. Il taitla force et la lumire ; il trouvait en lui de quoi rsister tous ses ennemis.

    Il pouvait mme donner la vie ceux qui lui donnaient la mort. Aussi luiseul peut dsaltrer celui qui a soif, et lui laisser cependant la douceur dudsir, en le gurissant de la douleur du besoin. Parce que les eaux de cettesource pure, en mme temps qu'elles sont intarissables, sont imprgnes dusel de la sagesse, afin de rveiller sans cesse le got et le dsir de l'hommede vrit.

    38. Prends garde, homme ! De faire la prire du lche, et de vouloir

    tout obtenir sans travail. Quelle autre prire que l'action, que celle quiattire l'action et qui s'unit l'action ? Ange terrestre, gouverne l'homme,attache sur lui les actions pures et salutaires. Prserve-le, dirige-le,surveille-le, sois son gardien et son mentor. Prends soin de sa mmoire etde son instruction pour son passage. Voil ta tche, voil ton uvre.L'homme n'est point encore ici dans la rgion sainte et sanctifiante, o iln'aura qu' jouir et n'aura rien redouter ; o il n'aura qu' admirercontinuellement, et o il n'aura pas besoin de se ressouvenir, puisque rien

    ne passera et que tout lui sera toujours prsent ; o il n'aura pas besoin dejugement, puisque rien n'y sera confus, et que son intelligence comprendratoujours. Ici, il est comme les hbreux dans la servitude. Ils allaientchercher leur pain au milieu des pes nues. Chez les hbreux, le nom du pain et celui de la guerre ne viennent-ils pas de la mme racine ? Icil'homme est sous la loi de l'enfance, o c'est la purilit qui domine etattire en bas la raison mme et toutes les facults des gens mrs. Ici il estdans une loi inverse, puisque tout se prcipite et va en descendant dans le

    nant, tandis que tout devrait crotre et s'lever dans la rgion de la lumireet de la vie. Dvore le temps, dissous le temps, glisse-toi au travers desinterstices et des crevasses de cet difice qui a t branl jusques dans ses

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    fondements. Tu dcouvriras quelques crpuscules de l'aurore naissante ; ettel que les envoys de Josu, tu pourras raconter tes concitoyens lesmerveilles de la terre promise.

    Mesure l'espace et la dure de l'iniquit sur la terre. Rapproche cinq etquatorze de soixante-dix. Rapproche cinq et neuf de quarante-cinq. C'est ll'origine des formes, leur fin, et les bornes de la proprit du quinaire.L'arbre ne se connat-il pas au fruit ? tudiez la feuille de la vigne. Vousvous affligez, mortels, des maux et des malheurs de ce monde. Lesmaladies vous dcouragent, l'infortune vous abat ; les troubles politiquesvous effraient, les rvolutions de la nature vous glacent d'pouvante.Portez votre pense sur les vrais maux qui vous assigent, et que vous aveztous supporter, et tous ces malheurs ne vous affecteront plus. Qu'est-ce

    qu'une lgre incommodit aux yeux de celui qui est tourment pard'horribles souffrances, et qui est sous le flau des derniers supplices ? Nefaites pas un seul pas sans couter votre ami, sans consulter votre ami,soyez dans sa main comme les enfants que l'on promne ; ils ne vont point,on les fait marcher. Si vous aviez la prudence de ne pas repousser sessecours, vous n'auriez seulement pas besoin de le prier, vous n'auriezd'autres soins que de l'admirer et de l'aimer. Car il remplirait lui-mmetous les emplois dont il vous charge, et vous sentiriez que ce serait lui, et

    non pas vous qui prierait en vous. Mais, oh mortels ! Le bonheur beauvous poursuivre continuellement, vous vous conduisez avec lui commeavec votre ennemi, et vous ne veillez que pour l'empcher de vous aborder.

    39. Mon me s'est leve jusqu' la montagne de Sion. Que ne puis-jey faire ternellement ma demeure ! C'est l o elle puise les eaux dans leursource. C'est l qu'elle est vivifie par un air pur. Je vois un feu actif,s'tendre en un clin d'il jusqu'aux distances les plus loignes. Ainsi, le

    feu divin va parcourir toutes les rgions de mon tre ; mon me va luiservir comme de canal et d'organe, pour le faire arriver jusqu'auxextrmits de tous les mondes. Le coup est frapp, l'tincelle a brill, etsuprieure toutes les flammes corruptibles, cette flamme cleste nes'teindra plus dans mes veines. Et mes jours de deuil et de tristesse neseraient pas changs en jours de joie et de jubilation ! Les temps et lespoques seront-ils encore observer, pour offrir mes vux l'ternel ? Mavie entire sera occupe et remplie d'un seul acte, et cet acte sera le

    dveloppement des trsors qui sont renferms dans me de l'homme. Est-ce que le soleil peut cesser de circuler dans l'univers ? N'est-il pas pressd'un feu qui l'excite et qui lui interdit le repos ? L'ternel s'est rserv le

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    droit de crer les tres. Il a donn la nature le pouvoir de crer les formesou les ombres. Il a donn l'homme le pouvoir sublime de crer en foi lavertu, parce que l'ternel a voulu que chacune de ses productions attesttqu'il est le crateur, en laissant ces mmes productions le droit d'agir

    chacune dans leur mesure, son image et sa ressemblance. Mortels, sil'homme n'est subjugu par vos occupations frivoles, vous le croyez nul etsans travail. Apprenez que plus l'homme lve, plus il trouve de jouissances goter, et d'actions remplir. tes-vous nuls et oisifs auxyeux de vos enfants, pour avoir abandonn les jeux de leur ge ?

    40. Puis-je tre insensible aux immenses difficults