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 L'ESFACNE

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  • L'ESFACNE

  • L'E s PAGN E

  • Presented to the

    LIBRARY ofthe

    UNTVERSITY OF TORONTOfrom

    the Library of

    Beverly A. Parker,

    Art Historian

    (1927 - 1998)

  • L'ESPAGNELES MONUMENTS LES PAYSAGES

    LES HABITANTS

    PAR

    KURT HIELSCHER

    LIBRAIRIE DES ARTS DECORATIFSA. CALAVAS, DITEUR, PARIS

  • ^BRaI^

    ,^ XT ^ 3 2002 ^,

  • A SA MAJESTE

    ALPHONSE XIII ROI D'ESPAGNE

    HOMMAGE DE PROFOND RESPECT

  • Digitized by the Internet Archive

    in 2010 with funding fromUniversity of Ottawa

    http://www.archive.org/details/lespagnelesmonumOOhiel

  • L'Espagne est un vaste muse sous le grand ciel, une terre unique en son genre, o sontaccumuls les trsors des civilisations les plus lointaines, les souvenirs de tous les peuples et detous les temps. Les murs de la grotte d'Altamira nous montrent encore l'image du taureau,vieille de plusieurs centaines de sicles, puisqu'elle date de la priode glaciaire, o les hommesvnraient cet animal symbolique, et, Barcelone, nous pouvons admirer les monumentstranges dans l'architecture desquels la fantaisie catalane moderne s'est donn libre cours.

    Le sol de l'Espagne fut souvent disput: les Celtes, les Ibres, les Romains, les Carthaginois,les Maures et les Goths se succdrent dans la possession de ce magnifique pays. Aussi sonhistoire est-elle tout entire crite sur ses difices, dont les pierres peuvent tre considres commeune chronique vivante, qui retrace les luttes acharnes d'aman et rappelle l'existence d'unecivihsation jamais disparue, l'clat brillant d'un merveilleux pass artistique. Mme au milieude la poussire des sicles et des ruines, ce qui reste forme aujourd'hui encore un pont gigan-tesque, par lequel, en revenant sur nos pas, il nous est donn de revivre des poques perduesdans la nuit des temps, et comme subitement ressuscites sous nos yeux.

    Ma bonne toile m'a conduit sous le beau ciel de l'Espagne, o j'ai pass cinq ans. J'aiemploy ce temps parcourir la pninsule ibrique jusque dans ses recoins les plus ignors,des pics aigus des Pyrnes la pointe de Tarifa, de la fort de palmiers d'Elche aux villagesperdus de l'Estrmadure. J'avais dans mes prgrinations solitaires un fidle et insparablecompagnon: mon appareil photographique Ica. Tous deux ensemble, nous avons parcouru45 000 kilomtres en Espagne, tous deux observateurs attentifs auxquels rien ne pouvaitchapper. Car ce que mon il humain ne distinguait pas toujours, l'il de verre de moncompagnon de voyage, plus sr et plus subtil, ne le laissait pas inaperu. Puis, alors que monil ne conservait du spectacle ou des objets entrevus qu'un souvenir fugitif, l'il de mon com-pagnon les fixait en une image ineffaable. Ces images, nous en avons ainsi recueilli plus de2000, au cours de nos excursions. Le prsent album n'en reproduit qu'un petit nombre,choisies parmi les meilleures.

    En parcourant l'Espagne, j'ai agi de mon propre gr, sans mission officielle, en touristeamateur la recherche des beauts du pays. Magnificences artistiques, singularits gogra-phiques, paysages enchanteurs, murs et coutumes particulirement intressantes, j'ai tout fixsur mes plaques photographiques. Je me suis inspir du mme principe dans la publicationde cet ouvrage.

    Mes clichs ont leur loquence propre. Ils en diront trs long quiconque saura lesinterroger. C'est pourquoi je me borne cette courte introduction, quelques indications,rapides, fil servant relier le connu l'inconnu, lueurs jetes sur le sentier parfois obscur quej'ai suivi moi-mme en parcourant l'Espagne.

    VII

  • Grenade! Ce nom seul rsonne comme un chant mlodieux! Granadal Que de beautsenfermes dans ces trois syllabes!

    Eternel printemps! Joie suprme de la vie!La ville semble noye dans un panouissement multicolore, une riante muraille de fleurs

    entoure l'Alhambra. Pendant combien de sicles dj le splendide difice a-t-il vu se renou-

    veler chaque anne cet hommage de la saison printanire? L sont venues jadis les femmes desMaures, aux yeux de feu, afin d'orner leur chevelure d'bne des fleurs roses de l'amandier.

    poque de splendeur disparue! Et pourtant, les murs du vieux palais mauresque rayonnentaujourd'hui encore de la magnificence d'une vgtation toujours aussi luxuriante qu'en cestemps lointains.

    mergeant de cet ocan fleuri, les tours de l'Alhambra dressent leur silhouette altire,semblables aux piliers d'un gigantesque autel de pourpre s'levant dans l'azur du ciel.*

    Quelles feriques merveilles peuvent bien cacher ces murs, vritable ouvrage de Cyclopes

    Le touriste, impatient et curieux, gravit la hauteur. A une antique porte de pierre, dcoredes fruits du grenadier, les bruits de la ville cessent tout coup. Un bocage d'ormes, de vieuxarbres sculaires qu'enlace une ceinture de lierre, des myrtes aux fleurs blanches, des flots dors

    de lumire travers les branches que secoue le frisson d'une brise lgre, des rossignols attendant

    la nuit, des hirondelles au vol rapide, la chute tapageuse d'une cascade, tels sont les spectacles

    qui saisissent maintenant la vue.Tant de splendeurs runies sous le ciel bleu de l'Espagne! Ds son entre, le visiteur se

    trouve subitement transport dans un autre monde.L'imposante porte de la Justice est franchie . . . une autre, invisible jusque l, s'ouvre

    pour donner accs la cour des Myrtes. Ici c'est l'atmosphre et comme le souffle de l'Orient.

    Des colonnes de jaspe et d'albtre, aux mille dcors, supportent les arceaux, suspendus commeune guirlande de dentelle, et courant d'une arcade l'autre.

    t'est un rve, une ferie, un blouissement! L'eau vert meraude de la fontaine jaillit

    soudain vers le ciel: spectacle grandiose et rjouissant la fois.Mais voici la cour des Lions, aux merveilles si souvent chantes, avec son pourtour de

    galeries dont les fines ciselures ralisent un idal inconnu de grce et de hardiesse. On nageen pleine fantaisie. Ici les pierres ont leur posie, car elles font retentir comme une mlodie

    rythme, une suave musique, qui ravit l'oreille. Et la musique n'est-elle pas en effet le seul

    art capable de rendre convenablement les impressions nes de ce dcor unique?

    Quelle richesse d'ornements! Les murs, aux couleurs blouissantes, rappellent les plusadmirables tapisseries de la Perse, les tissus les plus bizarrement bariols de Cachemire. Des

    inscriptions arabes parsment le labyrinthe des couloirs et des piliers, et clbrent en termes

    d'une loquence surabondante la ferique splendeur de ces lieux: Dieu m'a combl d'unetelle plnitude de beaut, que les constellations du ciel elles-mmes, merveilles, s'arrtent dansleur course pour me contempler.

    Du haut du "Sjour de l'admiration >\ nom donn par les Arabes au Mirador de Daraxa,le joyau de l'Alhambra, les jolies sultanes pouvaient admirer leurs pieds les beaux et riantsjardins, d'o montait vers elles, en les enveloppant, le parfum capiteux des roses, des jasmins etdes lauriers-roses, alternant dans un gracieux fouiUis avec les cyprs et les orangers. Au milieu,une fontaine au bassin admirable, dont les bords semblent couverts de brillants forms par les

    gouttes d'eau retombantes. Elle chante, la fontaine, elle chante elle aussi les jours pleins degloire des sicles passs!

    On sort de ce palais comme d'un songe des Mille et une nuits. Involontairement, leslvres murmurent ce vu d'un pome arabe, inscrit au-dessus d'une petite niche: Puisse la

    * Voir les gravures i 22 et 25. Les chiffres entre parenthse, figurant plus loin dans le texte, indiquent les gravures

    correspondantes auxq ucUcs on devra se reporter.

    VIII

  • bndiction du Ciel s'tendre sur ce palais, Aussi longtemps que les caravanes de plerinsiront visiter la sainte Caaba de la Mecque.

    Non: aussi longtemps qu'il existera des nuages au ciel, et sur la terre, des admirateurs dela beaut!

    C'est sous l'empire de ces impressions que le touriste monte maintenant vers le Gnralife,palais d't des rois maures.

    Une double range de cyprs lancs, d'un vert sombre, emblmes de recueillement etdu silence conduit au palais et nous en montre le chemin.

    Le Gnralife, au-dessus de jardins en terrasses, semble dominer un abme.Les jardins! La nature s'est plue y prodiguer ses richesses, y rpandre une profusion

    de couleurs chatoyantes. Le long des murs, la rose grimpante, la glycine, la vigne sauvage et

    le lierre; puis le magnolia, le laurier-rose, l'amandier, le laurier, le cyprs, l'araucaria, l'olivier,

    l'agave, le palmier et le mimosa; et encore des grenades rouges comme le feu, des roses, desmauves, des lis, des jasmins, des narcisses, des oranges: toute cette vgtation forme un vasteassemblage de tons qui rivalisent d'clat. Autour d'une petite fontaine, des arbustes aux ttes

    penches paraissent couter silencieusement le murmure argentin de la source qu'accompagne

    le joyeux ramage des oiseaux, seul orchestre digne de cet indescriptible chef d'uvre de la nature.Et au-dessus de toutes ces merveilles plane la paix, une paix profonde, une paix que lien

    ne saurait troubler!

    A travers les arbres, les galeries et les arcades, la vue s'tend sur l'Alhambra et sur lepanorama bigarr des maisons de la ville, sur le pittoresque Albaicin et sur le Sacromonte

    couvert de cactus, au milieu desquels apparaissent les habitations des Tziganes, puis, plus loin

    encore, sur la Sierra Nevada, au diadme dor, et enfin jusqu' la Vega, la plaine fertile en-toure d'une ceinture dentele de montagnes, et sillonne par le Genil qui y droule le rubanargent de ses eaux. Mais si pendant le jour, le spectacle de tant de splendeurs offre une imagevivante de la cration dans son imposante majest, il est encore surpass par la magnificence

    du soleil couchant, lorsque celui-ci tend son rseau d'or sur le pays. Alors les murs del'Alhambra, jadis tmoins de combats acharnes, revtent une coukur d'un rouge de sang. Al'horizon, le sommet des montagnes scintille, et les pentes neigeuses de la Sierra Nevada brillentde mille feux. Puis, peu peu, tout s'teint; l'tincellement des cimes succde l'obscunt

    qui envahit l'horizon et tombe comme une douche glace; au ciel, une une, apparaissentles toiles. Inoubliable tableau!

    L'Espagnol a rsum ces im.pressions dans ce fier dicton populaire: Quien no ha vistoGranada, no ha visto nada! . Qui n'a pas vu Grenade, n'a rien vu. Et moi j'ajouterai: Quia vu Grenade et son Alhambra la lumire d'une journe ensoleille de printemps, celui-lporte avec lui un talisman contre les amertumes des jours mme les plus tristes de sa vie, caril a got du moins une fois un bonheur dont le souvenir console de tout.

    La Mosque de Coroue. Un peuple s'lana un jour pour soumettre le monde sa croyance;son cri de ralliement dans cette guerre sainte tait: Allah akbar! Dieu est le plus grand!Il marcha de victoire en victoire, jusqu'au jour o son fanatisme religieux vint se briser contrele rempart de la foi de son adversaire. Le flot envahisseur recula, et la croix de Jsus-Christ

    triompha du croissant de Mahomet.Mais cette lutte gigantesque d'une croyance contre l'autre, d'un continent contre l'autre,

    a laiss des traces ineffaables sur le sol qui en fut jadis le thtre.La guerre avait eu Dieu lui^'mme pour cause. Le vainqueur s'empressa donc d'en con-

    sacrer le caractre par des monuments religieux. Sur les ruines des mosques s'levrent lesmagnifiques cathdrales que le monde admire aujourd'hui.

    Ces combats acharns pour la foi ont imprim l'Espagne un cachet que jamais ellen'aurait eu sans cela.

    IX

  • Le joyau des cits maures de l'Occident tait Cordoue, dont la splendeur rejetait dansl'ombre celle des villes surs de l'Orient, Damas et Bagdad. L se dployaient touce la richesse,toute la magnificence de la domination des Maures. Cordoue, ville d'un million d'habitants,tait le sige de l'art et de la science arabes, et le centre de la vie religieuse. Du haut de3000 minarets, la voix du muezzin appelait les fidles croyants la prire. Rivale de laMecque, Cordoue dtournait vers l'Occident le flot press des plerins.

    Qu'est devenue aujourd'hui cette cit jadis universelle? Un fantme!Toutefois, en parcourant les rues de la ville, on pourrait se croire encore dans la Cordoue

    d'il y a mille ans. Le pav de grs, ingal, est peut-tre le mme qu'alors, et les maisons auxfentres grilles ont bien pu abriter les beauts de quelque harem. C'est un croisement in-extricable de petites ruelles, troites, tortueuses, irrgulires. et l, au-dessus des murs baset d'une blancheur blouissante, un palmier passe la tte; les portes ouvertes laissent voir des

    cours ensoleilles.

    Au milieu de ce fouillis enchevtr et scintillant de maisons blanches, apparat laMesquita, la mosque, tel un rocher battu par les vagues au milieu de l'Ocan.

    Un portail admirable donne accs la cour des Orangers, dont les fruits et les fleursrpandent dans l'air leur enivrant parfum. De grands palmiers dressent vers le ciel leurs cimesaltires. Des fontaines coulent . . . Que de plerins couverts de la poussire du voyage, harassssous leurs burnous, venus de pays lointains, pour rendre hommage leur Dieu, y tanchrentjadis leur soif brlante! Dans ces bassins, ils firent leurs ablutions, pour laver leur corps avantde purifier leur me dans la maison d'Allah! Aujourd'hui, autour des mmes fontaines, lesjeunes filles de la ville, accourues pour puiser de l'eau, caquettent joyeusement avant de remplirla cruche d'argile qu'elles emporteront ensuite la maison.

    L'impression ressentie en pntrant dans la mosque, au milieu d'une vritable fort decolonnes et de piliers, est saisissante, en raison de l'imprvu du spectacle. On se croirait trans-port soudainement au cur d'une plantation de palmiers ptrifis. Serait-ce une allgorie, uneimage symbolique de l'infini de Dieu? Entre toutes ces colonnes rgne un demi-jour pleinde mystre. On se sent effectivement comme en prsence de l'infini, de l'ternit, la voixdevient muette, fige dans le gosier par la stupeur et l'admiration.

    Ce sera l'immortel titre de gloire des Chrtiens victorieux de ne pas s'tre laiss entranerpar la fureur de la destruction, et d'avoir su respecter cet admirable sanctuaire de l'Islam.

    Il est profondment regrettable que leurs descendants aient si mal suivi leur exemple.La mosque fut transforme en glise. Sous les votes o avait retenti pendant des sicles

    le cri de: Allah illah Allah! pouss par des milliers de voix musulmanes, clata dsormais lejoyeux Allluia chrtien.

    Au dbut, on se contenta d'lever des autels. Mais il fallut ensuite abattre environ 70 co-lonnes, afin d'installer le chur et le matre-autel. Charles-Quint ne donna pas de bon grson consentement cette nouvelle transformation. Lors de son sjour Cordoue, il s'cria,indign la vue de la dvastation accomplie: Vous allez difier quelque chose que l'on peut

    voir partout dans le monde, et vous avez dtruit ce qui n'existait nulle part ailleurs! *

    Non loin du tabernacle du matre-autel de l'glise chrtienne, dans la demi-obscurit dujour, demeur intact dans sa splendeur primitive, se trouve le Mihrab, niche o se conservaitle Coran. C'est une des merveilles de l'art mauresque. Alors que les autres colonnes de la

    mosque sont surmontes d'arcs en fer cheval, rays de rouge et de blanc, ici des denteluresfinement ciseles s'lancent en une coupole dont la beaut le dispute la hardiesse. Le socle

    * Cordoue fut conquise aprs la bataille de Xrs (711). Abd-ur-Rahman 1", fondateur de la dynastie des Ommiades,commena la construction de la mosque en 785. Les colonnes (dont le nombre oscillait primitivement entre 1400 et 1500)proviennent de monuments de tous les autres pays: de Byzance, de Rome, de Cartilage, de Nimcs, de Narbonnc, etc. De

    l la diversit de leurs formes et la varit de leur matire (marbre, porphyre, jaspe, albtre). Les chrtiens s'emparrent de Cordoue

    en 1235; la construction du choeur fut entreprise en 1523.

    X

  • mural de la niche est une merveilleuse dentelle de marbre blanc, au-dessus de laquelle les cou-leurs les plus diverses se mlent en un magnifique concert: le rouge vif, le brun rougetre, leviolet-bleu fonc, alternent avec l'clat cleste de l'or. Quel effet ferique devait produire sur lamosaque des murs orns d'inscriptions, la lumire des milliers de lampes en argent, jamaisteintes, suspendues au-dessus de l'enceinte un peu sombre? Durant six sicles, ce lieu demeuracach aux regards, le Saint des samts islamique ayant t mur avant que les Chrtiens nes'emparassent de Cordoue. Il fut dcouvert seulement en 1815.

    Le touriste errant travers le labyrinthe des innombrables colonnes, se sent attir malgrlui toujours plus en avant, saisi, transport, par le langage impressionnant et potique la foisde cette puissante merveille de pierre.

    En se retrouvant dans les rues de la paisible cit, jadis un des plus prcieux joyaux de laterre, ombre aujourd'hui de sa gloire passe, on croit sortir d'un rve, rve fantastique, maispourtant rel et vcu! (50 60.)

    Vestiges de temps lointains. Une chaude journe du mois d'aot. L'air scintille et paratembras sous les rayons d'un soleil tornde, dans une rgion dserte et sans ombre. Depuis delongues heures, je marche en laissant le vide derrire moi. Un mirage frappe soudain mesregards. Un mirage? Sans doute quelque reflet de la cte marocaine. Mais non! c'est bienune ralit, car l'illusion, loin de s'effacer mesure que j'approche, prend corps au contraire.Sur la pente de la montagne, des maisons s'grnent comme autant de ds jets et l par unemain inconnue.

    Quel est le nom de cette trange localit? Le garon auquel je m'adresse passe son cheminsans rpondre, comme effray. Je consulte ma carte; elle est muette sur le nom cherch. Finale-ment, j'arrive savoir que je me trouve dans la muy noble y leal ciudad Mochagar, Uave yamparo del reino de Granada. Est-ce possible! Comment! cet affreux nid perch flanc demontagne, se proclamerait: la cl et la protection du royaume de Grenade ? Je hoche la tteen signe de doute. Mais oui, me rpte-t-on, seulement ce royaume-l a disparu il y a mainte-nant 500 ans, lorsque les Maures furent chasss de Grenade.

    Le miraculeux ici est que le temps est demeur fig. On se croirait en pleine priodemauresque. La plupart des maisons, sans fentres, aux toits plats, dont la superposition tageindique la sparation des rues, offrent partout la mme terrasse. Et dans la rue, les femmes, surla tte desquelles a pourtant coul l'eau du baptme, marchent le visage voil selon la coutumemauresque. Serres dans leur ceinture, les jambes nues, une amphore pleine d'eau sur l'paule,elles reviennent de la fontaine, et gravissent d'un pied lger la pente escarpe des ruelles. J'aviseune de ces femmes voiles, et je la prie de se laisser photographier. Elle me regarde sans com-prendre. Un appareil photographique est un objet inconnu en cet endroit recul. Je montreune photographie en expliquant mon dsir d'obtenir une reproduction analogue. J'essuie unrefus catgorique. Enfin, une petite fille semble dispose se soumettre l'opration; mais unevieille femme survient, qui roue de coups l'enfant assez dvergonde pour avoir voulu se prosti-tuer de la sorte! Ainsi, dans ce pays, chrtien pourtant, le visage de la femme ne doit tre vude personne, et la dfense de Mahomet, interdisant tout mortel de se faire reprsenter en image,est encore observe dans toute sa rigueur.

    J'en exprime mon tonnement un vieillard, qui me fournit l'explication suivante: Cheznous, si une jeune fille ne se voile plus le visage, mais par contre cache ses jambes, elle n'a plusrien perdre!

    Ma rsolution tait fermement prise de ne pas quitter l'endroit sans photographier unefemme voile. Je russis enfin m'entendre avec la mre d'une jeune fille et mettre monprojet excution. Mon appareil Ica fil trs consciencieusement son devoir, et j'immortalisaiainsi la jeune indigne de Mochagar. Pour la remercier, je voulus lui prendre la main en signed'adieu, mais elle parut choque, se recula vivement et mit ses mains derrire son dos. Vous

    XI

  • pouvez bien me donner la main, lui dis-je pour l'encourager, je ne suis pas un mchant homme. La mre intervint alors pour excuser sa fille: Ce n'est pas qu'elle vous croie mchant, seule-ment ici, jamais une jeune fille ne donne la main un homme avant le mariage.

    Ce fut pour moi une rvlation, et je comprends maintenant l'origine de la formule dontse servent les prtendants: J'ai l'honneur de vous demander la main de Mademoiselle votrefille. (90.)

    La fort de palmiers d'Elcbe (ici 103) est la seule fort de ce genre existant en Europe:elle comprend plus de 115 000 palmiers. Encore un hritage des Maures, qui la plantrent.Ils dtournrent l'eau 5 kilomtres de l, afin de crer dans ce dsert une vritable oasis, avecsa s^tiia. Les environs d'Elche sont d'ailleurs rests tels qu'ils taient alors, un Sahara en

    miniature. Le palmier, pour vivre, demande avoir la tte dans le feu et les pieds dans l'eau.Des annes se passent ici sans qu'une seule goutte d'eau tombe du ciel.

    Au-dessus des toits de la ville, couronns comme d'un baldaquin par les ttes retombantesdes palmiers, se dresse le clocher de l'glise. Coup d'il trange. Cet lot de paix est entourpar le sable gris jauntre de la plaine dserte, tandis qu'au loin la mer aux flots d'azur tendsa majestueuse immensit. La vie et la mort semblent cohabiter sur cet troit espace.

    Ftes de Pques Sville. Notre train se dirige vers le sud en traversant le haut plateau

    dsert de la Cas tille, dnud en t comme un crne chauve. La Manche, au froid aspect,sans arbres, revt timidement sa modeste parure printanire. Une verdure tendre scintille dansle lointain. Joie de courte dure! Dans quelques semaines, un linceul gristre recouvrira denouveau le sol grill par le soleil.

    Des cimes de la Sierra de Guadarrama, couronnes de neige, une bise glaciale souffleencore. Mais peine le train a-t-il franchi les gorges sauvages de la Sierra Morena, que le prin-temps semble ouvrir sa porte. C'est comme si, par la fentre d'une serre bien chaude, un airbienfaisant se manifestait tout coup.

    Peu aprs, autour de nous, les prairies s'panouissent en un vaste jardin fleuri, o le rougepavot dispute la primevre la suprmatie de la couleur. et l, une localit, enfouie dansune floraison luxuriante, apparat comme une Belle au Bois dormant. Les agaves et les cactusbordent la voie ferre sur tout le parcours. Enfin nous pressentons l'approche de Sville: jardinsde roses, parterres d'orangers, dont les feuilles laissent apercevoir les magnifiques fruits d'or.Un vieil amandier noueux, qui ne peut se dcider mourir au milieu de cette vie quil'entoure nous tend une branche couverte de fleurs roses. Des palmiers lancs, la tte aliire,

    semblent s'incliner vers nous comme en un salut amical de bienvenue; sans cesse de nouveaux

    enfants de Flore se pressent de plus en plus sur notre route. Sville et son dlicieux printempsse sont mis en fte pour nous recevoir.

    Le train, peu soucieux de cette magnificence, passe devant l'amas serr des maisons blanchesde la ville, domines par la Giralda, qui donne Sville son cachet tout particulier (31).Puis nous entrons enfin en gare.

    Mais qu'est-ce donc? Pourquoi ce silence impressionnant devant le btiment d'arrive?Pas un portier d'htel pour accueillir les voyageurs, pas une voiture pour les emmener; les

    tramways lectriques ne font point entendre leur sifflet strident, les cornes d'appel des autos

    restent muettes. A cette heure peu avance de l'aprs-midi, la vaste place semble morte. La Semana santa , la Semaine sainte, a opr cette transformation, en tendant sur la cit un voilede recueillement et de silence. La voix d'airain des cloches s'est tue galement en signe dedeuil, et le son mat, enrou, trs sec, d'une crcelle de bois, les remplace pour annoncer l'heure

    des offices religieux.

    XII

  • En pntrant cependant dans rintrieur de la ville, le silence perd sa troublante solennit.Tout Sville, caquetant et riant, se dirige vers la cathdrale pour voir la procession. Impossibled'avancer plus loin: la foule serre forme un mur impntrable. Devant elle dfile un singuliercortge, qui voque les souvenirs lointains de l'poque mdivale. Des pnitents revtus de lacagoule passent lentement. Apparition saisissante. J'en avais bien vu souvent en images,mais jamais en chair et en os. Tout le corps disparat sous le noir vtement qui l'enveloppe,et la tte est surmonte d'une immense bonnet conique, de presque un mtre de hauteur.De l, couvrant le visage et tombant trs bas sur la poitrine, descend un drap galementnoir, dans lequel sont seulement percs deux trous pour les yeux. Une corde noeudsserre les hanches des pnitents. Ils tiennent dans leurs mains de grossires croix de boisde la hauteur d'un homme, ou des btons de mtal. D'autres portent un brancard sur lequeltrne une statue de la Vierge Marie, de grandeur naturelle, tout tincelante sous son vtementd'or et de pierreries.

    Le cortge s'arrte un nistant. Le brancard est dpos terre. Une jeune femme sort dela foule, lve les yeux vers la reine du Ciel et entonne un cantique en son honneur.

    Mais les 20 ou 30 porteurs du brancard, cachs sous le long voile qui l'entoure et tombejusqu' terre, se sont, sans doute, suffisamment reposs. A un signal donn, un lan cadencreplace le brancard sur leurs paules, et le cortge se remet en marche. Les confrries se suc-cdent sans interruption, chacune avec ses insignes spciaux et son costume, dont les couleursprsentent les bigarrures les plus varies: cape bleue et habit blanc, ou violet, ou bien encore

    blanc et brun, etc. Souvent, prs du pre, marche le fils, g de dix ans, mais portant le mmecostume. On remarque mme dans le cortge des pnitents encore plus jeunes.

    Les confrries rivalisent entre elles pour la somptuosit des pasos (brancards) et mettentleur amour-propre se surpasser mutuellement. Les brancards font dfiler sous nos yeux toutel'histoire de la Passion du Sauveur, depuis sa lutte intrieure et sa prire dans le jardin deGethsman, jusqu' sa mise au tombeau.

    Naturellement, tout le clerg figure en grande pompe, ainsi que les autorits municipaleset les fonctionnaires du gouvernement. De temps autre, apparaissent dans le cortge deslgionnaires romains du temps de Jsus-Christ, puis des anges, et aussi Sainte Vronique, por-teuse du voile o s'est imprime la Sainte Face. Des musiques jouent sans discontinuer lamme marche.

    Les diverses confrries de la procession sont salues solennellement par l'alcade sur la placede la Constitution. La place a revtu l'aspect d'une salle de thtre. Les chaises installesl en ranges sont loues jusqu' la dernire, et aux balcons des maisons qui entourent la place,les occupants se pressent l'un contre l'autre.

    Mais l'heure avance. La nuit tombe peu peu; sur les brancards s'allument maintenantdes centaines de bougies, et chaque pnitent porte la main un gigantesque cierge allum.Ce flot de lumires sans fin, trs beau, avec quelque chose de mystique, gagne la cathdrale,en traverse les nefs magnifiques, et ressort dans la rue par un autre portail.

    A l'occasion de la Semaine sainte, la cathdrale a ouvert ses trsors et dploie tout son luxe,toute sa magnificence. Le matre-autel est clair par le clbre Tenebrario (gigantesque can-dlabre en airain) et par des cierges normes, du poids de sept quintaux. Dans la nef princi-pale, s'lve un imposant tombeau du Christ, qui sert de tabernacle au Saint-Sacrement pen-dant les jours de la Semaine sainte. Des centaines de lampes et de cierges rayonnent tout autourde ce tombeau, blanc et or, quatre tages, haut de plus de 30 mtres, et surmont d'une aurolelumineuse d'une rare splendeur.

    Pendant la nuit du Vendredi saint, la cathdrale, on chante le clbre Miserere d'Eslava.Malheureusement, il est assez difficile de goiiter comme il convient la beaut de cette musique, cause du bavardage continuel des assistants. Les plus fatigus s'assoient sur les marches deschapelles latrales ou autour du tombeau de Christophe Colomb. Une mre allaite son

    XIII

  • enfant qui crie, plus loin un mendiant en haillons est tendu et dort profondment; le remousde la foule, les pousses, les bousculades ne cessent pas.

    Pourtant, il ne faudrait pas juger ces crmonies religieuses, un peu frivoles au premieraspect, sur le caractre plus grave qu'elles revtent dans les pays du nord. On risquerait fortde tomber dans un excs de svrit injuste. En effet on se trouve ici en prsence d'une formede pit en quelque sorte rituelle. N'oublions pas une chose: l'Espagne a conserv jusqu'au-jourd'hui, inconsciemment sans doute, beaucoup de la mentalit des Maures sous certains rap-ports. La mosque n'tait-elle pas souvent, en dehors de sa destination religieuse, un lieu derunion profane et mme une Universit; Quoi qu'il en soit, le culte de Dieu et de la ViergeMarie est pour les Espagnols une joie de la vie, leurs penses aiment s'lever vers les chosesdu Ciel, et le manifestent, soit la procession de la Fte-Dieu, soit aux jours qui nous rap-pellent la Passion et la mort du Rdempteur.

    Jamais de ma vie je n'oublierai l'mouvante impression ressentie pendant les ftes dePques, une heure matinale du jour de la grande solennit chrtienne. Je me trouvais surla Giralda, la tour de la cathdrale, chef d'uvre d'architecture mauresque et le plus beau desminarets. Mes regards s'tendaient sur l'ocan des maisons de la ville, claire par un magnifiqueet radieux soleil. La vote du ciel, d'un bleu d'azur superbe, semblait protger de son dmeimmense toute la rgion en fte. Au-dessous de moi, je percevais les sons touffs de l'orgueaccompagnant la messe, lorsque soudain l'air fut branl et sembla tressaillir. Toutes lescloches de la tour, depuis trois jours muettes, envoyaient au loin leur chant sonore, le cri de laRsurrection et du triomphe. Et les cloches des autres glises, faisant immdiatement chorus,allaient porter dans tout le pays la joyeuse nouvelle, l'unisson comme en un admirable etcleste concert.

    Le Patio (40, 42 49). Sville jouit de la rputation d'tre la ville des cours intrieures,de ces cours qui donnent la maison son cachet particulier de gaiet. La maison svillane,ou pour mieux dire, la maison andalouse, n'est pas comme la ntre un difice tourn vers ledehors, mais vers l'intrieur. La faade sur la rue ne dit et ne signifie rien: toutes les picesdonnent sur la cour intrieure. Extrieurement, les maisons dnues de tout ornement, souventpresque sans fentres, demeurent un mystre pour le passant. Toute la beaut de la constructionest rserve pour la cour: le riche y tale son luxe, le pauvre la dcore de son mieux. Une grilleferme la cour du ct de l'troit passage, le za^tiari, donnant accs la rue. Des colonnes sup-portent la galerie dans laquelle dbouche l'escalier qui conduit aux appartements, situs l'tage suprieur. Au milieu de la cour, une fontaine entoure de palmiers, d'araucarias, delauriers, d'orangers, de lauriers-roses et de pots de fleurs, est destine procurer de la fracheur.Les murs sont lambrisss de carreaux de faence aux couleurs barioles. Des meubles rem-bourrs, des chaises, quelquefois un piano, dans un coin, une guitare. Souvent tout le pour-tour de la cour est tapiss de plantes.

    L se passe presque toute la vie de famille: rception d'amis, joyeuses causeries, musique,chants, et mme Sevillanas, danses gracieuses par excellence.

    Est-on seul; On se plat alors couter le gai murmure de la fontaine ou pier les jeuxde lumire que le caprice du soleil produit sur les murs tout blancs, moins qu'on ne prfrerver d'hier, d'aujourd'hui, de demain, les yeux fixs sur l'azur immacul du ciel! La cour, Sville, c'est l'me de la demeure!

    Les villes espagnoles manquent de cet aspect de vie active qui caractrise les ntres; la plupartont conserv leur cachet particulier, que ni l'ge, ni le temps n'ont effac. Beaucoup ont suc-comb sous le poids des ans; d'autres sont mortes, mais d'une mort qui Ic^ laisse dans touteleur beaut , Leurs difices religieux, les faades somptueuses de leurs palais aujourd'huiabandonns, parlent encore de leur gloire passe, avec le langage loquent des sicles.

    XIV

  • Tolde est la ville espagnole par excellence. L battait jadis le cur du pays, l se droulaen rythmes grandioses toute une poque de l'histoire du monde. Le cur ne bat plus, l'histoiredroule ailleurs son ternelle tragdie.

    L'amas gris-jauntre des maisons, qui semble surgir d'un rocher, couvre la pente granitiqueabrupte dominant la valle profondment encaisse du Tage. Deux ponts gigantesques donnentpassage d'une rive l'autre; partout des rues pic, tortueuses, sombres; ascension et des-cente continuelles. La ville entire semble comme prte soutenir un combat: portes impo-santes, tours puissantes, maisons donnant l'impression de petites forteresses, des clous normesaux portes. De fait, peu de villes offrent un pass aussi riche en luttes piques. L'histoire del'Espagne a longtemps march de pair avec le sort de Tolde. Qu'en reste-t-il aujourd'hui;Des murs crevs, des vestiges pars, le silence! Des sicles ont pass, ne laissant derrire euxque le souvenir! (139 148.)

    Sgovie, la ville sur de Tolde, offre le mme aspect. Btie sur un roc escarp, commeplante au milieu de la plaine, Sgovie s'lve, domine par la tour majestueuse de la cath-drale, l'ombre de l'Alcazar, gracieux difice voquant le souvenir romanesque d'un chteaudes contes de fes. Au-dessus de la valle, le magnifique aqueduc romain dresse sa silhouettemajestueuse. Merveille de construction, monument imprissable du temps o l'EmpereurAuguste publia un dit qui ordonnait de faire le dnombrement des habitants de toute laterre . Mais Sgovie est par ailleurs l'antipode de Tolde: cit riante, entoure de verdure un Nuremberg espagnol (157 164).

    Puis c'est toute une srie de villes rappelant les luttes sculaires d'antan: Avila, ceinte demurailles (165 169), Cuenca et Albarracin, aux maisons suspendues au-dessus de l'abmecomme des nids d'hirondelle (120, 121, 192 194), Daroca, protge par deux montagnes,au-dessus desquelles serpente le mur de dfense (195 197), Alquezar, dans les Pyrnes, autre-fois point d'appui le plus septentrional des Maures d'Espagne (210 212), puis Siguenza,Jerica, Trujillo, Caceres, Niebla, Carmona, Martos, Antequera et combien encore d'innom-brables castillos (chteaux-forts).

    Une des villes les plus trangement situes d'Espagne est Ronde, assise sur un plateauqu'environne une vaste ceinture de montagnes (62, 63). Au miUeu du plateau lui-mme,s'ouvre un gouffre bant, une gorge profonde, comme si quelque Titan, d'un formidable coupde taille, avait fendu le roc en deux tronons.

    Avec un bruit de tonnerre, les eaux tombent sur les blocs de rocher, les frappent furieuse-ment et font jaillir des milliers de perles en une poussire liquide tincelante, pour reprendreensuite le tourbillon de leur course imptueuse. Par un contraste trange avec le fracas assour-dissant de la masse des eaux tombantes, les parois du rocher dressent leur inbranlable rempart,tmoin silencieux et muet, mais tmoin ternel, du spectacle qui se droule ses pieds.

    Mais en prsence de toute cette grandiose nature, uvre de la main de Dieu, les hommesont voulu aussi taler leur gnie. Ils ont bti un pont, une hauteur prodigieuse, hardimentsuspendu au-dessus de l'abme grondant. Ainsi sont relis les deux tronons du rocher et com-muniquent les deux parties de la ville.

    Laissons maintenant ces villes, o respire encore comme une belliqueuse atmosphre,pour jouir d'un tableau plus riant, en visitant une cit au bord de la mer, dans un site d'unebeaut incomparable, et d'ailleurs clbre dans le monde entier: j'ai nomm Saint-Sbastien(286 290).

    Rien de magnifique comme le coup d'il qu'offre la ville du haut du Mont Ulia, sortede gardien plac l'entre de cet Eden pyrnen.

    Ici la nature semble avoir pris plaisir rpandre profusion ses trsors et ses charmes.Par deux baies admirablement dcoupes, la mer se marie la terre. Ses flots d'un bleu sombreviennent mourir sur la plage en une cume blanche et cadence. Tout le pays s'tend en unvaste jardin dont la luxuriante parure en fait un vritable paradis terrestre. Involontairement,

    XV

  • les regards se portent au loin, sur l'infini de la mer, vers cet horizon lointain o le ciel et l'eause confondent, o notre monde semble en quelque sorte ferm par un voile lger de brumeet d'ther.

    Hahitations tro^lodytiques existence modeste .'f sans besoins. Ce jour-ln, j'avais dcid d'errer l'aventure >\ Le hasard seul devait me servir de guide, et, comme il arrive souvent en pareilcas, je m'en suis parfaitement trouv.

    Je m'tais mis en route avant l'aurore. Un lger frisson agitait les branches des palmiers,lorsqu' la lueur du demi-jour naissant, je me trouvai en prsence d'un singulier tableau: unpaysage de rochers, au milieu desquels de larges crevasses ressemblaient autant d'yeux im-mobiles, dirigs vers l'est.

    Mais, loin d'offrir le vide et le dsert, ces rochers cachaient la vie. De leurs flancs sortaientdes tres humains, heureux de saluer l'aurore du nouveau jour.

    Je dcouvris une srie tonnante d'habitations troglodyiiques: elles se succdaient l'une l'autre, et mme se superposaient, car j'en comptai jusqu' cinq tages, tous accessibles dudehors. (92.) Le roc tant trop escarp, on va se nicher plus haut, et ainsi s'lvent des maisonstages avec des judas sur l'extrieur, et mme des balcons suspendus dans le vide.

    Des tunnels percs travers les parois plus tendres font communiquer facilement entreelles les sries d'habitations voisines.

    Des enfants sautent, courent et jouent, n'ayant d'autre costume que celui dont Dieu lesa pars. Pourtant, voyageur gar dans ces rgions, ne va pas te croire au milieu de sauvagesrebelles toute culture, d'hommes primitifs tels que nos anctres de l'ge de pierre. Lve lesyeux sur la paroi du rocher, lis et sois tonn; car en normes lettres visibles de trs loin se d-tachent ces deux mots sur le fond blanc: EL RETIRO.

    Chaque Espagnol connat, au moins de nom., le clbre parc du mme nom, qui fait lagloire de Madrid. L'inscription subitement reproduite ici une telle hauteur, sur le roc mena-ant le ciel, a quelque chose de plaisant. L'explication est pourtant simple. Le propritaired'une des habitations troglodytiques, homme entreprenant sans doute, a eu l'ide d'aplanir sonrocher et d'en faire ainsi une terrasse, o l'on peut venir converser comme au club, jouer auxboules, et mme se livrer au plaisir joyeux de la danse. De l l'appel de cette htellerie im-provise tous ceux que leur toile amne en ces lieux. Sur un autre rocher, se lisent encoretrois mots suffisamment loquents dans leur laconisme: DIOS, PAN Y CULTURA (Dieu,pain et culture). (92 95.)

    Mais je n'tais pas au bout de mes surprises. Au cours d'une seconde excursion, j'aperusdevant moi, dans le lointain, des fumes s'chappant du sol sur la pente d'un terrain mon-tagneux.

    Vulcain aurait-il tabli quelque part ici ses forges? C'est peu probable. En approchantplus prs, je vois des formes humaines se mouvoir entre les colonnes de fume. Quelle n'estpas ma surprise, lorsque je constate que ce sont l autant de chemines, ressemblant quant la forme des bouchons de Champagne, et surgissant de terre! Encore des habitations dans lerocher! On se croirait transport au sicle d'Homre. Les valles servent ici de rues, les paroisdu rocher forment la faade des maisons, et leurs cimes abritent des familles entires; de gigan-tesques cactus noueux et des agaves figurent et l une sorte de jardin l'extrieur.

    Je sjourne longtemps dans cet trange endroit, grimpant et descendant tour tour lespentes abruptes, seules voies d'accs de ce coin perdu, enfoui dans un isolement digne des toutpremiers ges du monde. (96 99.)

    Mon salut est accueilli par une rponse amicale; on m'invite pntrer dans une de cesfraches cavernes, on m'offre de l'eau pour tancher ma soif, on me montre les seuls objets mo-biliers du mnage: un lit sur la terre, un fourneau sur lequel chauffe une bouilloire en cuivre,une cruche de grs, un escabeau, une lampe huile et une image sainte.

    XVI

  • Si nous travaillons; Oui, mais pas beaucoup. Tout ce dont nous avons besoin, nousle trouvons l en bas dans le lit de la rivire. Nous fabriquons des briques pour les gens de laville, ces gens qui habitent dans des maisons.

    Est-il possible de rver une plus admirable simplicit de vie? L'esprit de Diogne n'estpas mort, et les natures comme celles du clbre citoyen de Sinope se retrouvent en Espagne etn'y constituent nullement une raret. Devant la gare d'une petite station, un jeune garon faitla sieste et dort profondment. L'endroit est dsert; personne pour porter mon bagage jusqu'la localit. J'veille le dormeur en le priant de me rendre ce service. Nonchalamment, ils'tire, fouille dans sa poche, me montre quelques menues pices de monnaie, et, d'un airparfaitement heureux, se contente de rpondre: J'ai dj gagn 25 centimes aujourd'hui; jen'en demande pas plus. Ceci dit, il se tourne de l'autre ct, et reprend son voyage inter-rompu au pays des songes.

    Pensif, je continue mon chemin, en me remmorant la sentence d'un philosophe hindoudont le sens est peu prs celui-ci: N'avoir pas de besoins, c'est tre l'gal de Dieu!

    Qu'on ne se hte pas trop de hausser les paules. L'activit laborieuse et le bonheur sontdes conceptions relatives. Les plus pauvres des Espagnols comprennent justement d'une magis-trale faon l'art difficile pour d'autres de se sentir heureux en vivant de rien. En t, un peud'ombre, en hiver, un bain de soleil; puis un morceau de pain, une tomate, et une gorge de

    vin. Comme chambre coucher, le grand air, et pour baldaquin, l'azur du ciel; la rue pourchamp de travail. Cette existence, ils ne la changeraient aucun prix: ils sont leur proprematre, libres de leur temps, libres de leurs actes. Qu'on rflchisse bien ce que cela signifie.

    Celui que Dieu protge va plus loin que s'il s'tait lev de grand matin , dit un proverbeespagnol.

    Et l'Evangile: Considrez les oiseaux du ciel: ils ne sment point, ils ne moissonnentpoint . . . cependant votre Pre cleste les nourrit.

    Fte Sepiiheda une course de taureaux. Seplveda (172, 173), petite ville antique, loindu bruit du monde, loin de tout chemin de fer, car celui-ci passe prs de 100 kilomtres del, Seplveda est en fte: c'est la feria, le jour de l'anne solennel par excellence.

    Des alentours, c'est un afflux de gens, hommes et femmes, accourus les uns cheval, lesautres sur un bourriquet: tous friands de participer aux rjouissances, mais plus friands encorede l'attraction principale qui les attend: la course de taureaux.

    La course de taureaux! Depuis des semaines dj, elle fait l'unique sujet des conversations,non seulement dans Seplveda mme, mais aussi plusieurs lieues la ronde.

    La modeste cit ne possdant pas d'arne, la place du march sera transforme de manire en tenir lieu. Du matin au soir, les coups de marteau retentissent sans interruption. Lesfentres de l'htel de ville, vieil et pittoresque difice, semblent s'clairer d'un rayon de clartnouveau: enfin, elles vont voir quelque chose d'inou, elles seront enfin rveilles de leur longsommeil qui dure depuis l'anne prcdente!

    Devant la ville, sont gards les taureaux destins la course; chacun se presse pour lesadmirer, tandis qu'ils circulent sur la lande o des gardiens les surveillent.

    Le grand jour venu, tout le monde est sur pied ds l'aube, pour assister l'arrive destaureaux: l'motion est son comble. Les plus hardis, dsireux d'afficher leur courage, seportent la rencontre du cortge.

    Un nuage de poussire grise, soulev sur la route poudreuse, annonce l'approche des ani-maux. D'abord un cavalier arm d'une lance prcde le groupe des taureaux de combat, en-cadrs eux-mmes par d'autres taureaux apprivoiss, puis derrire, un second cavalier, gale-ment porteur d'une lance, ferme la marche. Ce bizarre cortge traverse les rues troites de lapetite ville pour arriver la place du March.

    XVII

  • Un seul et formidable cri sort l'instant de toutes les poitrines:
  • Dj pendant la route, j'eus le pressentiment de m' tre embarqu dans une entreprise assezdifficile, car immdiatement derrire Panes, la route franchit une valle profondment encaisse,le Desfiladero de la Hermida.

    L'accueil tait peu engageant. De chaque ct du dfil, les rochers servant de gardiensau passage semblaient me jeter de fixes et sombres regards, et le ciel m'envoyait de temps entemps sur la tte une douche froide.

    A Potes, le manteau de nuages, s'abaissant encore, enveloppa compltement la montagneavec laquelle je devais me mesurer le lendemain. Mais le charme grandiose des lieux me retintcaptif sur place, et je me consolai autrement de ne pas voir le panorama espr.

    Potes est une petite ville dont l'antiquit remonte sans doute aux sicles de la chevalerie,comme il appert des nombreuses armoiries de la noblesse espagnole graves sur les maisons.Autres temps, autres moeurs! Aux grands d'Espagne en escarpins boucle, l'pe au ct,a succd le paysan misrable. La gnration actuelle se soucie certainement fort peu du cadrepittoresque qui l'entoure. Des ponts hardiment jets franchissent le ravin. Sur le bord piccourt un sentier formant berceau, sjour favori des hirondelles, qui y suspendent leurs nids;les arceaux y succdent aux arceaux, chacun offrant l'il merveill une dcouverte nouvelle,et tout cela autour d'une sorte de donjon qu'on dirait tre le protecteur de ces endroits peufrquentes.

    Le lendemain, j'tais en route dj avant le lever du soleil. Un ciel charg de sombresnuages s'tendait sur tout le pays; mais soudain, autour des pointes des Picos, le voile se dchira,et les sommets apparurent inonds des fiots clatants de la lumire de l'astre du jour. Derriremoi, la nuit sombre et pesante, devant moi, la clart triomphante; plus d'hsitation possiblequant la rsolution de marcher de l'avant.

    A Espinama, m'attendait le guide que j'avais demand: tte grisonnante; aux pieds dessandales de cuir, sous le bras un parapluie antdiluvien, un bon sourire dans les yeux, un visageo la rigueur de la vie au grand air a laiss des traces profondes. Nous convenons rapidementdu plan de campagne. Aprs nous tre munis de provisions, nous nous mettons en routepour Puerto de Aliva. Le cur plein d'allgresse, je chante intrieurement un hymne labeaut du site qui m'environne, au soleil qui chasse les soucis, la joie de vivre!

    Les petites maisons du village deviennent de plus en plus minuscules. Les derniers arbresdisparaissent derrire nous; le pied gravit la pente o l'herbe crot encore, verte et parfume,jusqu'au moment o celle-ci est recouverte par les dbris rocailleux amoncels.

    Juste au bas de la pente de la Pena t/ieja, se trouve une maison de chasse, o le roi d'Espagnevient presque chaque anne passer quelques jours pour chasser le chamois.

    Le jour touche son dclin. Autour de la Peiia vieja flottent de gros nuages; de plesfantmes semblent parcourir le ciel par instants, puis le spectacle change: on dirait une vastetoile d'araigne tendue d'un bout l'autre de l'horizon, et finalement une sorte de bouillonne-ment, d'un blanc gristre, monte et descend tour tour. Le rideau des nuages, comme unmanteau sinistre, nous enveloppe de plus en plus, lorsque nous arrivons l'auberge de Lloroza,qui sert de cabaret aux ouvriers mineurs. Un surveillant nous invite passer la nuit dans sacabane. Nous acceptons l'offre avec reconnaissance. Certes l'intrieur du logis et le mobiliersemblaient plutt appartenir l'poque intermdiaire entre l'homme primitif et ses premiersessais encore timides des civilisation. Mais n'importe: nous avions un gte et nous tions satis-faits. Sur le sol dur de la cabane, la nuit fut ncessairement quelque peu agite. Aussi le journaissant, en nous arrachant notre lit improvis, fut-il salu avec joie.

    Nous marchions. Soudain, un spectacle surprenant s'offrit nous: les nuages qui la veilleau soir nous voilaient la vue, se trouvaient maintenant nos pieds dans la valle. Les sommetsde montagne, mergeant de la masse nuageuse, apparaissaient comme des lots au milieu dela mer. La lutte mystrieuse entre la nuit et le jour approchait. Dans le bleu sombre du ciel, l'ouest, la pleine lune montrait encore son disque brillant et l'est l'toile du matin luttait

    XIX

  • aussi contre la lumire du jour peu peu victorieuse. La victoire est complte lorsque l'astresolaire, en paraissant enfin dans tout son clat, chasse du ciel ses ples mules. L'horizons'embrase d'une aurole rouge sang, les fentres clestes s'ouvrent l'une aprs l'autre pour laisserchapper des torrents de lumire, et le soleil dore prsent les crtes, entoure de ses feux lespics lancs, et inonde la paroi de rocher laquelle s'appuie notre cabane.

    Le silence, un silence profond, impressionnant, ajoute la majest du tableau.Plus loin, toujours plus loin! semble crier le nouveau jour naissant.Nous suivons pendant quelque temps encore le sentier fray conduisant l'endroit o le

    roi se poste l'afft des chamois. Puis tout chemin cesse, et l'ascension continue travers lesrochers, les boulcments du roc, les champs de neige, au milieu du fouillis de pierres et d'obstaclesinnombrables, toujours renouvels.

    Un troupeau de chamois, sans se laisser troubler dans sa quitude, nous regarde avec desyeux de surprise. Quels sont , semblent se demander les gracieux htes de la montagne, cesintrus parvenus jusqu' nous?

    La solitude s'accentue de plus en plus autour de nous, une sorte de mlancolie sauvageplane et nous accable, plus troublante d'instant en instant. D'normes rochers, qu'on diraitforgs par quelque Titan, sont les tmoins immuables, sous un ciel embras, de cette gigantesquedsolation.

    Malheur au touriste assez tmraire pour affronter seul ces rgions de la mort: car celle-ciest partout, guettant sa proie, qu'elle laisse bien rarement chapper.

    Finalement, nous nous arrtons en prsence du dominateur qui rgne en matre absoludans cette immense Empire. Son trne est fait de neige ternelle, sur sa tte blonde, superbe-ment alticre, brille un diadme d'or et de soleil. Tous, depuis la valle la plus ignore desmontagnes jusqu'aux rivages o mugit le ressac de la mer, tous connaissent son image, tousadmirent sa beaut, tous prononcent son nom avec un sentiment de crainte et de respect:haranjo de Bulnes.

    Ce rocher colossal, formant une pyramide quadrangulaire de 600 mtres de hauteur, dpassetout son entourage. Ses parois verticales ne montrent pour ainsi dire aucune fissure. Et pour-

    tant, chose peine croyable, mais vraie, un hardi ascensioniste, le marquis de Villaviciosa deAsturia, a dompt la fiert du gant.

    Nous faisons le tour du fameux rocher. On se sent si loin des bruits de la terre et del'agitation des hommes, dans cette solitude o rien ne pntre des affaires du monde!

    Nous montons maintenant vers la tour Ceredo. Les rochers deviennent tranchants commedes couteaux, et de mme les masses boules.

    Des profondeurs au-dessous de nous, les nuages semblables des fantmes commencent s'lever, et excutent autour de nous de sinistres sarabandes. Il est 5 heures, et l'on n'aperoitencore rien du Carestal avec Gain, but de notre ascension.

    Je demande mon guide : Est-ce encore bien loin, Severo Encore deux heures. > C'est toute la rponse.Le brouillard se fait toujours plus pais, et ce terrible ennemi du touriste, le plus dangereux

    peut-tre, nous enveloppe tel point que bientt nous ne pouvons plus gure distinguer 20 pas. Sentiment d'inscurit effrayant! Grimper devant soi avec ce gigantesque bandeausur les yeux!

    Severo, trouverons-nous en chemin un gte quelconque? Je ne crois pas.

    Nous continuons notre marche sans changer un mot, toujours ttonnant dans le brouillard.Nous sommes du moins sortis de la rgion pierreuse. Voici une saillie de rocher, mais o

    aboutit-elle ? Impossible de rien voir, absolument impossible. Il est dj 7 heures moins un quart.A l'abri d'une paroi de rocher, quelques huttes en pierres, trs basses, destines abriter

    les moutons qui viennent patre l, s'offrent nos regards. Je respire.

    XX

  • Mon guide fait mine de passer outre. Je l'arrte et je lui demande:
  • L'excellent indigne ne connat qu'une seule forme de la conversation, le tutoiement, carpour lui tous les hommes sont frres et il les considre bien comme tels.

    De suite nous devenons de vieux amis. Mon nouveau compagnon me propose de m'ac-compagner jusqu'au prochain village.

    Impossible d'exprimer le charme que je ressentais rpondre aux mille questions de cevrai fils de la nature. Lire, crire et compter taient pour lui autant de conceptions inconnues;il n'avait encore jamais vu un chemin de fer, n'tait jamais soni du cercle de son village natal.Et pourtant, il m'interrogeait sur tant de choses; il voulait tout savoir!

    Un second ptre apparat tout coup au loin sur la pente de la hauteur. Mon compagnonde route lui crie: Miguel, viens ici, descends!

    Pour quoi faire; Je veux te montrer quelque chose.L'autre dgringole rapidement en bas, et nous lions connaissance, aprs que le premier

    ptre lui a exliqu qui je suis, d'o je viens et combien je sais raconter de choses. Nous nousdirigeons tous les trois vers le village, rejoints en route par de nouveaux arrivants, car c'estaujourd'hui dimanche, et l'on vient fter ce jour de repos.

    Je suis maintenant accompagn d'un vritable cortge, avec lequel je fais dans le villageune entre triomphale. Aprs ma longue course, un verre de vin pour me rconforter me sembletout fait de circonstance. Nous entrons dans un cabaret.

    Au dpart, je veux acquitter mon cot. Le cabaretier me fait signe: C'est pay.Vous vous trompez , lui dis-je, je n'ai pas encore rgl. Non, non, vous ne me devez rien; Pepa a tout pay.

    Je cours mon nouvel ami, et d'un ton de reproche:

    Je ne souffrirai pas que tu paies pour moi; tu sais, ce n'est pas juste. Mais si, mais si; d'ailleurs tu es l'hte de notre pays, tu es aussi mon hte moi.Et l'on parle de notre civilisation!!Tout mu de cette cordiale, franche et simple courtoisie, je tends la main mon mier-

    locuteur, en ajoutant: Non, mon cher, je n'accepte pas; toi et tes camarades, vous avez toustrinqu ma sant les premiers; alors c'est moi de vous traiter comme mes htes; j'en ai le droit.

    Enfin, aprs bien des objections et des pourparlers, on se rend mes arguments, mais une condition toutefois: c'est qu' mon retour je leur ferai l'honneur d'accepter leur hospitalit.

    Nous changeons de vigoureuses poignes de main et les vux de tous m'accompagnentpour le reste de mon voyage. Je me remets en route d'un cur lger et joyeux.

    Je me trouvais devant la porte du monastre, qui venait de s'ouvrir pour livrer passage l'abb, vieillard barbe blanche, mont sur un petit ne, et tenant en main une ombrelle verte.

    J'adressai mes salutations au vnrable abb en lui demandant la permission de passerla nuit au monastre.

    Impossible. Mais o aller, mon Rvrend Pre? Je viens de Navalmoral, et j'ai fait 50 kilomtres. A pied i Mais oui. J'ai tenu venir ici pour visiter les lieux o Charles-Quint, aprs avoir

    dpos ses couronnes, se retira du monde et o il ferma les yeux. Oh! alors, naturellement, vous ne pouvez pas aller plus loin.'J'ai reu au monastre des soins touchants.Le monastre a beaucoup souffert des injures des sicles, mais sur les ruines encore visibles,

    la nature triomphe quand mme, et son ternel renouveau attnue les malheurs du pass.Pourtant, on ne saurait imaginer un sjour plus propice au renoncement toute flicit

    terrestre.

    Sous les arceaux de ce clotre, erra jadis le grand Empereur, volontairement retranch dece monde dont il avait t jadis le matre tout puissant.

    XXII

  • Au souper, je m'assis la table des moines, dont je n'oublierai jamais la fraternelle solli-citude mon gard.

    Le lendemain, je fus veill longtemps, bien longtemps avant le lever du soleil.La sparation fut empreinte de la plus franche cordialit. Un frre lai, muni d'une lan-

    terne, me conduisit travers le parc aux arbres sculaires. La porte du monastre grina surses gonds. Je me trouvai de nouveau seul, sous les rayons argents d'un magnifique clair delune. Je m'arrtai un instant pour couter le tintement de la cloche du monastre qui, en cemoment mme, appelait les religieux l'office du matin.

    Heureux sont-ils, l'abri du fracas et des temptes du monde!

    Le Dpart. J'ai got en Espagne les joies les plus douces de ma vie. L'Espagne taitdevenue pour moi une seconde patrie. Aussi mon cur se serra-t-il en la quittant. Sous lesoleil plus froid de mon pays, sous la pleur des toiles des nuits du Nord, mon souvenir s'en-vole vers les jours passs au pays du soleil d'or et des nuits de diamant. Et je crois revivre unrve ferique!

    Le dpart! Par une de ces soires splendides o la lune brille en tout son merveilleuxclat, le petit vapeur espagnol sur lequel je m'tais embarqu, quitta lentement le port de Ferrol.

    Sur la mer, les reflets de l'astre des nuits jetaient une nappe argente; et je repassais dansma mmoire les nombreuses nuits o ce mme astre m'avait servi de guide dans les sentiersde l'Espagne inconnue.

    Les feux du phare de la cte m'accompagnrent encore longtemps d'un salut d'adieu toutpaternel, jusqu'au moment o leurs yeux se fermrent. Puis le petit navire, entre l'infini deseaux et l'infini du ciel, balanc par lchant des vagues, au rythme ternel, poursuivit tranquille-ment sa route tandis que, rveur, je laissais errer ma pense vers le pays que j'allais revoir.

    L, pendant des jours, des semaines, le ciel reste couvert d'un voile uniformment gris denuages, le soleil ne se montre pas, ou n'apparat que par intervalles et comme regret. Alorsla nostalgie de l'Espagne s'empare de moi. C'est en mme temps la nostalgie du soleil.

    Dans ces moments-l, je prends l'album o sont recueillis mes souvenirs de voyage, et,tout en le feuilletant, je revis les jours passs, les longues courses du touriste sous le ciel toutensoleill de l'Espagne.

    Ces souvenirs, j'ai voulu y faire participer galement tout ceux qui feuillteront cetouvrage. Puissent ces vivantes images faire rayonner aussi le soleil dans leurs coeurs! Puissent-elles veiller chez eux cet amour que j'prouve moi-mme pour l'Espagne, dont le peuplechevaleresque et l'hopitalit grandiose m'ont inspir ce modeste, mais profondment sincretribut de reconnaissance.

    XXIII

  • TABLE DES NOMS CITESAlbarracin 19^ 194

    Albufera 116

    Alcala de Guadaira 71

    Aldeanueva de la Vera 154

    Algatocin 76

    Alhambra i 16, 11

    Almazan 227

    Alquezar 210 212

    Andjar 44, 115Antequera 64 66

    Aranjuez 136 138

    Arcos de la Frontera 48, 49, 7^

    Arranda de Duero 240

    Autol 224, 225

    Avila 165 169

    Barcelona 200

    Batuecas 260, 261, 263

    Bielsa 213

    Bilbao 284

    Burgo de Osma 226

    Burgos 234 238

    Butron 277

    Caceres 83, 84

    Cadix 100

    Candelario 252, 253

    Cangas de Onis 274

    Carmona 43, 70

    Castellb 208

    Castellfullit 204

    Cenaruza 282

    Cepeda 155

    Chorro 73

    Ciudad Rodrigo 250, 251

    Coca 184 187

    Cordoba 50 60

    Cuenca 120, 121

    Daroca 195 197

    Durango 279, 283

    Elorrio 285

    Escurial 129 135

    Fontarabia 29S

    Gerona 202, 203

    Grenade i 25

    Cuadalajara 178 181

    Guadalest n8Gejar-Sierra 77

    Habitations troglodytiques 92 99

    Hermida 266

    Hurdes 259

    Jativa III 113

    Javea 108

    Jerez de la Frontera 67

    Jerica 191

    La Alberca 254, 256, 257

    Lac Brachimana 216

    Lagartera 150, 151

    Madrid 126 128

    Maladeta 219

    Manaria 278

    Manzanera 42

    Martos 74, 75

    Medinaceli 176, 177

    Mochagar 91

    Mogarraz 258

    Mombeltran 183

    Monte Agudo 119

    Montserrat 201

    Niebla 80, 81

    Nuria 206

    Ondarroa 276

    Orihuela 104 107

    Ovicdo 264, 265

    Pcnafiel 182

    Pena Montanesa 214

    Pic de Aneto 217, 218

    Pic du midi 216

    Picos de Europa 266 274

    Pontevedra 301

    Potes 270 273

    Pyrnes 205 219

    Ronda 62, 65

    Sagonte 109, 1 10

    S' Jacques de Compostelle 300

    Saint-Sbastien 286 290

    Salamanque 246 249

    San Esteban de Gormaz 229, 230

    San Juan de Plan 209

    Santander 275

    Sarragosse 220, 221

    Sgovie 157 164

    Seplveda 172 175

    Sville 28 41

    Sierra Nevada 79

    Sigenza 188 190

    Soria 228

    Tarifa 45, 46

    Tarazona 223

    Tarragone 198, 199

    Tolde 139 148

    Toro 244

    Trujillo 85 87

    Turrgano 170, 171

    Valence 114, 117

    Valladolid 241 243

    Valle de Debotes 207

    Valle de la Sgre 205

    Vigo 303

    Yuste 153

    Ecija 68, 69

    Elche ICI 103

    Pancorbo 231 233

    Pasages 291 296, 304

    Zafra 82

    Zamora 245

    XXIV

  • Vues de villes: i, 4, 16, 21, 28, 62 64, 72, 74, 80, 91 99, 120, 128, 139, 157, 166, 172,

    191, 192, 195, 202, 204, 210, 223, 226, 227, 232, 246, 276, 286, 287, 290, 293.

    Portes, tours, murs de dfense: 5, 29, 75, 80, 81, 85 87, 143, 167 169, 186 188, 193, I9.

    Rues, places: 24, 2$, 31, 60, 65, 66, 75 77, 83, 85, 86, 147, 148, 154, 155, 163, 170, 173,

    174, 175, 176, 189, 190, 193. 197. 198, 203, 208, 209, 211 213, 231 233, 247,

    251, 253, 270 273, 278, 295, 296.

    Eglises, monastres, chapelles, cimetires, etc.: 23, 31, 41, 50 59, 66, 67, 86, 108,

    146, 147, 152, 153, 158, 164, 165, 169, 177, 199, 220, 221, 228, 229, 234 241,

    244 246, 260 262, 264, 265, 282 285, 300.

    Palais, difices publics, maisons remarquables: 6 15, 17321, 30, 32, 33, 36^40, 68,

    69, 114, 116, 117, 126, 127, 129, 130, 132, 134 137, 144, 162, 178 181, 250,

    279, 280, 298.

    Cours (Patios) et jardins: 6 8, 12 15, 17, 34, 35, 37, 40, 42 49 58, 69, 82, 90, 131,

    138, 145, 179 181, 200, 238, 242, 243, 249, 298.

    Escaliers et grilles de fentres: 39, 68, 115, 144, 200, 203, 248.

    Fontaines: 9, 12 15, 20, 37, 49, 60, 197, 232.

    Ponts: 63, 140 143, 268, 270, 274, 276.

    Chateaux'forts (Castillos): l 5, 22, 70, 71, iio 112, 118, 119, 141, 161, 170, 171,182 186, 277.

    Paysages: 2 4, 21, 62, 63, 72, 73, 79, 88, 92 99, loi 107, 113, 116, 194, 2or, 204 207,

    214 219, 224, 225, 230, 260, 263, 266 269, 274, 275, 286 289, 291, 292,

    294. 299, 301 304.

    Costumes nationaux, types du pays, scnes populaires : 26,27,61,78,84,90, 122 a 125,

    149, 150, 151, 155, 156, 160, 174, 175, 222, 252, 254 259, 2.62, 281, 296, 297-

    XXV

  • IMPRIMERIE ERNST WASMUTH. BERLIN

  • G ranaJa-AJhawhra

    1* Spanien

  • Oc ^

    -c -^

    C

    ^

  • c

    5 2

    a 0^

  • Granada-A \h amh r a

  • Torrcs de la Alhumbru

    I lorrioni dell Ataruhra

    G r an a d a

    Alhambratrmi;The lhambra Towers

    Les lours de l Alhambra

  • Paiio Je los Arraywies

    La corlc dei mirii

    CranaJu-Alhambru

    Myrtenhof

    The Myrtie Court

    La cour des myrles

    6

  • Palio de los Arrayanes

    La corte dei mirli

    G T a n a d a - A l h a mh r a

    Myrlenhoj

    The Myrlie Court

    La COUT dei, myrtei

  • Patio de los Leones

    La corte dei leoni

    Granada-Alhamhra

    LwenhofThe Court oj ihc Lions

    La cour des Lions

  • La fuenle en el patio de los Leones

    La fonlana dei leoni nella Corteomonima

    Granada-Alhambra

    Der Lwenbrunnen im LwenhoJThe Ltoij Fountain in the Court of Lions

    La fontaine avec le bassindans la cour des Liom

  • Sala de la Justicia

    La sala dlia Giusiizia

    Cranada-Alhambra

    Gericlitshalle

    Courl 0/ Juslke

    La salle de Justice

    ^0

  • Mirador de Daraxa

    Il padiglione di Daraxa

    Granada-Alhambra

    Erker der Daraxa

    Bay Windows oj the Daraxa

    Le pavillon de la Daraxa

  • Palio de Daraxa

    Il giardino di Daraxa

    Granada-Alhambra

    Garlenlwf dcr Daraxa

    The Daraxa Court

    Un coin du jardin de la Daraxa

    12

  • Patio de Daraxa

    Il girjino di Daraxa

    Granada-Alhambra

    Gartenhof der Daraxa

    The Daraxa Court

    Un coin du jardin de la Daraxa

    13

  • Palio de Daraxa

    fl ^iarJino i Darax

    GronaJa-Alhamhra

    Im Gorlen ilei Dnraxa

    In ihc Dnraxa Garien

    Dan^ le jardin de la Daraxa

    M

  • Palio de lo^ ciprcses^

    Il CQriilr dei riprcssi

    G r a n a a - :\ l h il jn h 1 1

    ZvprcKScnhnf

    The Cyprcss Cour'.

    La cour des cyprs

    15

  • Granada-A l h a m h r a

    Vista desde el Peinador de la Reina sobre el Alhaicin View of the Albaicin from the Queens Boudoir

    Blick, aus dem Putzzimmer der Konigin nach dem Albaicin

    Veiuia di Albaicin presa dalla spogliatois dlia regina Vue sur l Albaicin, prise du boudoir de la reine

    16

  • Palacio del Generatije

    Palazzo del Generalije

    G T an a d a

    GeneraUfepalast

    Palace oj the Generalife

    Palais de Gnralife

    2' Spanien

  • Entrada del Gmeralife

    Ingrcsso nel Generalije

    G r an a d a

    Eintrittshalle im Generalife

    EntTance-Hall of the Generalife

    Entre du Generalife

    ie

  • En el Generalife

    Colonnato nel Generalife

    G r an a d a

    Sulenhalle im GeneralifeColonnade in the Generalife

    Colonnade dans le Generalife

    19

  • En el jardin del Generalife

    Giardino del Generalife

    G r an a d a

    Generalifegarlen

    In ihe Garden of ihe Generalife

    Un jardin du Generalife

    20

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    I

    21

  • G r a n a d al'ista desde el Mirador del Generalije View oj Alhambra from the Outlooh

    sohre la Alhambra Tower oj ihe Generalife

    Blkk ans dem Aussichislurm des Generalije auj die AlhambraVedula dell'Alhambra dalla terre Vue iur l'Alhambra. prise du

    del Generalife belvdre du Generalije

    22

  • G r an a da

    La Catedral-Capilla real-En la reja la The Calhejral-The Royal Chapcl-in thePasin de Jesucristo Raing the Passion

    Kathedrale-Capilla real-im Gitter die Leidensgeschichie Christi

    Cattedrale-Capella Reale-Nel cancello rafjigurata la A la Cathdrale -La Chapelle royale. Au haut de la grillepassione di Cristo sont reprsentes les scnes de la Passion de Jsus-Christ

    23

  • Calle del Darro

    Calle del Darro

    G r a n a d a

    Strajie arri Darro

    Sireet on the Darro

    Rue longeant le Darro

    24

  • '#^^^^^;^> '*

    En el Albaicin

    Nell 'Albaicin

    G r an a d a

    Im Albaicin

    In the Albaicin

    L Albaicin

    25

  • Gitana hailando

    Zin^ara damante

    Tamende ZigeunerinGypsy dancing

    Danseuse Gitane

    26

  • :^'-:.'>~_^ >'

    Con la guilarra

    Con la chitarraMit der Guilarre

    Playing ihe Guilar

    Une joueuse de guitare

    27

  • Vista gnerai, tomada desde la Giralda

    S e V i II a

    General View of the Town jrom ihe GiraldaTowtr of the Cathedral

    Blick vom Turm der Kalhedrale (der Giralda) her die StadlVeduta dalla cilla dalla torre (la Giralda) J/ue anmU nr/c. A ] r- ]}

    dlia Catiedrale ^"' nZ Jl ,1 J 9^^^"(tour de la cathdrale)

    28

  • s ev ill a

    La torre de Oro y la Catedral

    Der Goldturm und die Kathedrale

    La torre dell'ora e la Cattedrale La tour d'or et la cathdrale

    The Golden Tower and the Cathedral

    29

  • Dtails de la jachada del Ayuntamiento

    Dettaglio dlia facciata del Municipio

    S e vil la

    Teilstiick der Ralhausfassade

    Dtails of the City-Hall Faade

    Dtail de la faade de l'htel de ville

    30

  • s ev i 1 1 a

    La Giralda The Giralda (Cathedral Tower)Die Giralda (Turm der Koihedrale)

    La Giralda (la iorre dlia Cattedrale) La Giralda (Tour de la cathdrale)

  • Sala de Emhajadores

    La Sala degli Ambasciatori

    S evilla-Alc zar

    Gesandtensaal

    The AmbassadoTS Hall

    Salle des ambassadeurs

    32

  • Palio Je las Mufiecas

    L

  • En el jardin del Alczar

    Nel giardino deU'Alcdzar

    S c li 1 1 a

    Jm AlczargarlenIn the Alcdzar Garden

    Au jardin de l'Alcdzar

    34

  • En el jardin del Alcdzar

    Nel giardino deU'Akzar

    S e r i 1 1 a

    Im AknzargartenIn the Alcdzar Garden

    Au jardin de l'Alczar

    35

  • Casa de Pilato

    La Casa di Pilalo

    S e c i l la

    Pilatushaus

    Pilale's House

    La maison de Pilote

    36

  • a: a.

    Cj

    t/2

    3

    a;

    o-5

    37

  • Portada de la Casa de Pilato

    Parla di accesso alla Corle dlia Casa di Pilalo

    S ev i l la

    Tiir zum Hof des PilalushausesCourt Gates. Pdate's House

    Entre de la cour de la maison de Pilote

    38

  • Casa de Pilato-Reja

    Casa di Pilato. Fineslra con grata

    S ev il la

    Pilatushaus-Fenstergiiter

    Pilale's House-Grille

    Fentre grille de la maison de Pilate

    39

  • Patio en d palacio del duquc de Alhn

    La corle nel Corlile del Duca d'Alba

    S ev i 1 1 a

    Hof im Palasl des Heizosis AlhaCourt in Duke Alba's Palace

    Cour intrieure du palais du duc d'Albe

    40

  • ~ o^

    '~o

    a .

    3 t/2

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    1 I

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    41

  • En Manzanera

    A ManzaneraIn Manzanera

    la Manzanera

    Dans la Manzanera

    42

  • Patio en Carmona

    Il corlile in una casa di CarmonaHof in Carmona

    Court in Carmona

    Une cour de maison Carmona

    43

  • Patio en Andjar

    Il cortile in una casa di AndjarHo} in Andjar

    Court in Andjar

    Une cour de maison Andjar

    AA

  • *

    aMiT^/^^^ 4

    Pa/i'o en Tarifa

    Il cortile in una ca^a di Tarifa

    Hof in TarifaCourt in Tarifa

    Une cour de maison Tarifa

    45

  • Palio en Tarija

    H cortile in iina casa di TarifaHof in Tarifa

    Court in Tarifa

    Une cour de maison Tarifa

    46

  • Palio en Vejer

    Il corlile in una ca'.a di Vejer

    Hoj in VejerCourt in Vejer

    Une cour de maison l ejer

    47

  • Patio en Arcos de la Fronlera

    Il corlile in una casa di Arco!. de la Fronlera

    Hoj in Arcos de la FronleraCourt in Arcos de la Fronlera

    Une cour de maison Arcos de la Fronlera

    48

  • 4 -2 -S

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    .c

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    4* Spnin

    49

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  • Iu

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    ^

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    51

  • Mezquila Mihrah

    La Moschea : Mihrah (santuatio)

    C r ob a

    Mouche Mihrah (Allerheiligsles)

    Mihtah Masque (Holy oj Holies)

    La Mnsque : le Mihrah (sanctuaire)

    52

  • En la Mtzqiiita

    L'interno dlia Moschea

    C r dob a

    Moschee-Inneres

    Interior 0/ ihe Masque

    Intrieur de la mosque

    53

  • Mezquila Vista iel aliar mayor

    La Moxhea : veduta dell'altar maggiore

    C T dob a

    Moschee Blicli zum Hochaliar

    Masque View of the High Altar

    La Mosque : vue du mailre-autel

    54

  • Mezquita Vista desde el Coro

    La Moschea : veduta del Coro

    C or do b a

    Moschee Blick aus dem Choreinbau

    Masque View from ihe Choir

    La Mosque vue de choeur

    55

  • Mezquita Capilla de S. Fernando

    La Moschea : Cappella di S. Ferdinando

    C or d oh a

    Moschee Kapelle S. Fernando

    Masque Capilla de Si. Fernando

    La Mosque : chapelle de Saint Ferdinand

    56

  • Mequita Capilla de S. Fernando

    La Moschea : Cappella di S. Ferdinando

    C r do b a :

    Moschee Kapelle S. FernandoMasque Capilla de St. Fernando

    La Mosque : chapelle de Saint Ferdinand

    57

  • Mezquita Palio de las Naranjas

    La Moschea : La corte degli aranci

    C r do h a

    Moscbee Orangenhof

    Masque The Court oj Oranges

    La Mosque : cour des orangers

    58

  • Ermita

    Eremo

    C r d b a

    Einsiedelei

    Hermitage

    L'Ermitage

    59

  • :S

    cc302

    I I

    60

  • c3

    a,

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    '.'S:

    o* -t:

    u

    61

  • Rond a

  • Ro n da

    63

  • c64

  • a5* Spanie

    65

  • Capilla de la Virgen del Socorro

    Cappella dlia Madonna del Buon soccorso

    Anlequera

    Kapelle der hilfespendenden Jungfrau

    Chapel of the Virgin oj Succout

    Chapelle de Notre-Dame de Bon Secours.

    66

  • Cartuja Patio de los cipreses

    Cartuja : Il cortile dei cipressi

    Jerez de la Fronlera

    Cartuja-ZypressenhofCartuja Cypress Court

    Cartuja : la cour des cyprs

    67

  • EcijaPatio en el palacio
  • Ecij aEscalera en el palacio del Marqus de Penajlor Siaircase in the Marquis of Penaflor's Palace

    Treppenaujgang im Palast des Marqus de Penajlor

    Scala nel palazzo del Marchese de Penajlor Cage d'escalier au palais du marquis de Penajlor

    69

  • C a T mo n a C a s t i 1 1 c

    70

  • A l cala de G uadai r a Castillo

    71

  • A rcoi de la F r ont sr a

    72

  • El C hoT T

    73

  • M ar t os

    74

  • Ma T l os

    75

  • A Ig at oci n

    76

  • G ii ej a r Sierra (Sierra Nevada)

    77

  • En una posada (Sierra Nevada)

    In una Iralleria. Sierra Nevada

    In einer Wegschenke (Sierra Nevada)

    In a Wayside inn (Sierra Nevada)

    Intrieur d'une posada (auberge)de la Sierra Nevada

    78

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  • Niebla

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  • Niebla

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    81

  • Patio en el hospilal de S. Miguel

    Ospedale di S. Michle. Il cortile

    Z af T a

    Ho} im Hospilal S. Miguel

    Court in St. Miguel's Hospilal

    Cour de l'hpital Saint-Michel

    82

  • C cer e 5

    83

  • Mujeres con jarros de agua

    PoTlalrici d'acqua

    C oc e r e s

    Wasserlrgerinnen

    Water-Carriers

    Porteuses d'eau

    84

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    85

  • Puerla de Santiago

    La porta di Santiago

    Sonliago Gte

    La porte Saint-Jacques

    86

  • Puerto antigua

    Un'antica porta dlia citt

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    Altei Sladttor

    OU Town-Gaie

    Vieille porte d'entre

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  • Mujer en Mochagar-Vejer liecandn lacar
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    Cuevas en las rocas. fProv. de Almeria) Cave Dwellings (Province o{ Almeria). None oj ihe caves shownin this book are prehisloric. They are slill escavaled and inhahiled

    Hhlenjels (Prov. Almeria). .Aile in diesem Werk wiedereegebenen Hohlensind nichl vorgeschichtlich ; sie irerden noch jelzt gegraben und heii'ohnt

    Caverne nella roccia (Provincia d'.Almeria). Tutte le Cavernes dans le roc. (Province d'Almeria). Toutes

    caverne riprodolle in ques^opra non sono di jormazione ces cavernes ne sont pas des formations prhistoriques ;preistorica. ma si contina a scavarle anche al giorno d'oggi "n en creuse maintenant encore pour les

    habiter

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  • Cuevas en las rocas (Prov. de Aimeria)

    Caverne nella roccia (Provincia d'Almeria)

    Hhlenjeh (Prov. Almeria)Cave Dwellings (Province of Almeria)

    Cavernes dans le roc (Province d Almeria

    J

    94

  • Cuevas en lus rocas (Prov. de Almeria)

    Caverne nella roccia (Provincia d'Almeria)

    Hhlenfeh (Prov. Almeria)

    Cave Dwellings (Prooinceoj Alrrterio)

    Cavernes dans le roc (Province d'Almeria)

    95

  • PoUocion de cuevas (Sierra de Guadix). Se ver: Cave Town (Sierra de Guadix). The chimrteys

    las chimeneas de las cuevas. saliendo de Uerra of ihe dwellinos are seen projectmil oui of Ihe rocks

    Hhlenstadl (Sierra de Guadix). Aus der Erde ragen die Schornsteine der IVohnhdaser hervor

    Una citt di Caverne (Sierra de Guadix). Si Une ville souterraine (Sierra de Guadix). On nevedono sorgere dal suolo I camini delk caverne voit surgir de terre que les chemines des habitations

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  • Las palmeras de Elche

    Nel palmizio di Elche

    Im Palmtmoald von Elche

    In the Palm Forest oj Elche

    Elche : aux milieu des palmiers

    101

  • Las palmeras de Elche

    Nel palmizh Ji Elche (Sullapalma un uomo che coglie dalleri)

    , p, ,, ,,, '"'^'P^'"f''"">fElchc(AdatepichrinlhetTee.top)Im Palmenwald von Elche (im Baumwipfel ein Dallelpjliicker

    )

    Elche: la rcolte des dattes. (Lhomme grimp ausommet du palmier en dtachera les rgimes de fruits)

    102

  • Elche

    Cai'a la tarde Evening in the Palm Forest

    Abend im Palmenhain

    Il tramonio nel palmizio Effet de soir

    103

  • r ihaela

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    107

  • Iglaia del calvaria

    La chieselta del Calvario

    Javea (Dnia)

    Kalvarienbergkirche

    Church of Calvary

    L'glise du calvaire

    108

  • Puerto del calvario de Sagunlo

    La porta del Calvario presso Sagunto

    Galticay to ihe Mount oj Caliory. Sagunt

    Tor zum Kaliarienherg hei Sagunt

    Environ de Sagunlo: Accs et entre du Calvaire

    109

  • Sagunto, CastiUo romano

    Sagunio, Casiello romanoSagunl. Rmische Burg

    Sagunto. Rnman Casile

    Sagunio, la citadelle romaine

    110

  • Castillo

    Castello

    J at i V a

    Burg

    Castle

    Le Chteau-fort

    111

  • -^. .'^^'A^lUnk

    Visio Je/ Castillo

    I eJula del Castfllo

    J a t i V a

    Blick ^T Burg

    View nf ihe Castle

    I de uir le Chteau-forl

    112

  • El Calvario

    Il Calvario

    8* Spnien

    Am KalvarienbergOn Mount Calvanf

    Le Calvaire

    113

  • V a l e ne i a

    PoTtaia M Palacio del Marqus de Dos A^uas Gateway oj ihe Marquh de Dos Aguas PalacePortai des Palastes des Marges de Dos Aguas

    Portale del Palazzo del Marchese de Dos Aguas Portail dupalais du marquis de Dos Aguas

    114

  • Rcja

    Una jinesira con grata

    A n d j ar

    Fenstcrgiller

    Grille

    Fentre grille

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    117

  • C asi i llo G uada l e s I (Pioc. Alicanie)

    118

  • Monte Aguio (Prov. MurciaJ

    119

  • C uenc a

    120

  • C uen c a

    121

  • Ccn la wanlilla jerezana The Jerez mantilla

    Im Schmuck " Manlilla von Jerez

    Mantiglia Jerezana Sous la irxantille(Femme de Jerez)

    122

  • ,^y^^%>^'Mk:^^^'^im^:^?^mi^ r^'^^^mg^ea

    Con la mantilla

    Mantiglia a merlclti

    Im Schmuck der Spitzenmantilla lais Hiniergrund der Manton)IVith the mantilla

    En mantille de dentelle

    123

  • lLa Argentinita La Argentinita, Spain's most ceUhrateddancer wearing the Manlon (shaml)

    Argentinita. Spaniens heruhmteste Tanzerinim Schmuck des Manton (Schullerluch)

    Argentinita, la pi il clbre hallerina La Argentinita la plus clbredlia Spagna, con sulle spolie danseuse de l'Espagne avec la

    il caraiteristico Manton spagnole mante espagnole sur les paules

    124

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  • Sala del Trono en el Palacio Real

    La Sala del Trono nel Palazzo Reale

    Madrid

    Thronsaal des Koniglichen Schlosses

    The Throne-Room in the Roi/al Caslle

    La salle du trne au Chteau royal

    126

  • En el Pardo In ihe Rnyal Casile El Pardo near Madrid

    Im Koniglichen Schlofl El Pardo hei Madrid

    Nel Palazzo Reale El Pardo, presso Madrid Une salle du chteau r.oyal d'el Pardo prs de Madrid

    127

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    9' Spanien

    129

  • E s c r i al

    130

  • Palio de los Evangelistas

    La corle degli eranaelisli

    Escortai

    Evangeh'stenhof

    Court of the Ecangelisis

    Cour des evangelistes

  • Sala del Trono

    La Sala del Trono

    E SCO T i al

    Thronsaal

    Throne-Room

    La salle du trne

    132

    J

  • La hiblioleca

    La Bibliofeca

    Escortai

    Die Bibliothek

    The Lihrary

    La Bibliothque

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  • Sala de Plalino

    Sala del plalino

    Aranjuez Casa de Labrador

    Platinsaal

    The platinum Hall

    La salle de plalme

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    136

  • A r an j ue z Casa de Labrador

    137

  • Jardin Jul Pulacio

    Giardino del Palazzo

    A T a n j u e z

    Schlofigarlcn

    The Palace Gnrden

    Le jardin du palais

    138

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  • T l e d o

    Puenle Alcantara en A jondo el AIrazar Alcanlur,, BriJac uilh ihc l.'ru.'ur ir, lh

  • T o e d o

    Visia tomaJa de$Je la puerta dd puent^ Alawlara View ihrough ihi gateway of ihe Alcantara BndgeBlich duTch das Briickcntor der Akantarabrcke

    leduta del Ponle d'Alcanlara dal porlone del Ponte stesso Vue de la pnrie d'entre du pont d'Akantara

    143

  • Escalera Jel hospilal Je Sta. Ctuz

    Scala deU'ospedak Ji Santa Cruz

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    Treppe des Hospilah Sta. Cruz

    Staircase in Si. Cruz Hospital

    Escalier de l'hpital Santa-Cruz

    144

  • En el patio de la Casa dd Creco

    Cortile dlia Casa del Greco

    lu' Spanien

    Toledo

    Im Hof des Grecohauses

    In the court oj ihe Casa Greco

    Cour de la maison du Grec

    145

  • Claustro de S. Juan de los reyes

    Loggiatto del Chicstro di S. Juan de los reyes

    T oledo

    S. Juan de los reyes, Kreuzgang

    Cloister of St. Juan de los reyes

    Clotre de St. Jean de los reyes

    146

  • Torre de la Catedral

    Il campanile dlia Catiedrale

    Toledo

    Turm der Kathedrale

    Cathedral Spire

    Tour de la Cathdrale

    147

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    148

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  • Traje de Lagariera (Prov. de Toledo) ' Lagartera Costume (Prov. of Toleio)

    Tracht von Lagariera (Prov. Toledo)

    Costume di Lagartera (Prov. di Toledo I ]eur\e femme de Lagartera (Province de Tolde)

    150

  • Traje de hoda de Lagarlera (Prov. de ToledoJ Lagarlera Wedding Dress (Prov. ol Toledo)

    Hochzeitstracht vcn Lagarlera iProv. Toledo)

    l'esle nuziale di Lagarlera I Prov. de Toledo) Costume de noce de Lagarlera (Prov. de Tolde)

    151

  • Capillc en el hosque

    Capella silveslre

    ^VoUkapellc

    Chapelle champtre

    152

  • Ruinas del Claustra de Yiiste

    Rovine nel Chiostro di Yusk

    Riiinen des Kreuzganges im Kloster Yuste

    Ruins oj ihe Ooister in Yuste ConvenI

    Ruines du monastre de Yuste

    153

  • Aldeanueva de la Ver a

    154

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  • Pasior segoviann

    Paslnre ^egoviano

    Segovianifchcr Hirl

    Segovianian shepherd

    Un herger sgovien

    156

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    157

  • La Caledral

    La Cattedrale

    S eg V i a

    Kathedrale

    The Calhedral

    La Cathdrale

    158

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  • Aldeano segoviano, en el JondoAlczar de Segovia

    Segoi'ianiiin peasont, in Ihe hackgroundihe Segovia Alczar

    Segoi'ianischer Bauer. im Hintergrund dcr Alczar von Segovia

    Conladino segoviano e, in fondaVAlczar di Segovia

    Un paysan sgovien, A l'arrire-planrAlczar de Segovia

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  • 11 " Spanien

    Segovia-Alcdzar

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  • 3Segovia, Casa de lo s P icos

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  • Puerta de S. Vicenle

    La ftorla di S. Vicente

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    SlaJilor 5 Vicente

    Si. Vicenf Gaie

    La Porte Saini-Viceni

  • Apside Je la Caledral como torre mas juerteJe Jefensa con drcunvalacion

    de

    The Cathedra! apse. The strongest fortifieJ tower o/ ihetown with sheltered passages and mnchlcolations

    Apsis Jer KatheJrale ah slrksler VerteiJigimgslurm Jer Sladimauer mit Wehrg'ang und PechnasenL AhsiJe dlia Cnttejrale serve Ji patente torre Ji AbsiJe Je la cathJrale servant de principale tour Je

    difesn. mimiia J, cammino di ranJa dfense, avec chemin Je ronje et mchicoulis

    169

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  • Palacio del Injanlado

    Polazzo deli Injanlado

    Guadalaja r a

    Palast del Injanlado

    Palace oj ihe Injanlado

    Palais de injante

    176

  • Eilrada y visla del patio

    Irwresso e VeJula dlia corte

    Guadalajara-Palacio del I n fa n I a do

    Eintrittshalle und Blick in den HojEnirance-Hall and view of ihe Court

    Vcilihule d'entre et vue dans la cour

    179

  • En el palio Jel palacio dtl Infanlado

    Nella corle del palazzo deW Infantado

    Guadalajara

    Im Hoj des Palastes del InfanladoIn the court of the palace of the Infanlado

    Cour du palais de l'infante

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  • En el palio del palacio del Infanlado

    Nella corle del palazzo de Injaniado

    Cuadalajara

    Im Hoj des Palastcs del InjaniadoIn ihe court 0} ihe Palace 0} the Injaniado

    Cour du palais de l'injanle

    181

  • C asl i llo F enaj iel

    182

  • C a s t i llo Mombeltran

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  • 185

  • Pucrla M lorrc Jcl homenajc

    Purla d'inarcsso c lorrc

    C aslillo Coca

    Eingangslor imd Wariturm

    Gale and IValch ToWer

    Porte d'entre el donjon

    186

  • Puerla aniigua de la ciud