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Transformer les économies arabes Transforming Arab Economies: Traveling the Knowledge and Innovation Road �OVERVIEW

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Transformer les économies arabes

Transforming Arab Economies:

Traveling the Knowledge and Innovation Road

�OVERVIEW

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Transformer les économies arabes :

La voie de la connaissance et de l’innovation

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Note au lecteur

Le rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation » a été préparé par le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Organisation Islamique pour l’Éducation, la Science et la Culture (ISESCO). Une version détaillée de l’étude est disponible sur le site du CMI : www.cmimarseille.org/ke.

La version détaillée comprend neuf chapitres répartis en trois grandes parties. La partie 1 présente les raisons et les voies de la transition vers une économie fondée sur la connaissance et l’innovation. La partie 2 décrit les politiques à mettre en œuvre dans les piliers de l’économie de la connaissance : la gouvernance, l’éducation, l’innovation et les technologies de l’information et de la communication. La partie 3 présente les initiatives de diversification économique qui peuvent aider les pays à tirer le meilleur parti de leurs investissements dans l’économie fondée sur la connaissance.

© 2013 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / La Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433, États-Unis Téléphone : +1 202-473-1000 Site internet : www.worldbank.org

Ce rapport est le résultat du travail du personnel de la Banque mondiale et de contributions externes. Les résultats, interprétations et conclu-sions qui y sont présentés ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent.

La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire ni l’approbation ou l’acceptation de ces frontières.

Droits et autorisations

Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourage la diffusion de ses connaissances, ce rapport peut donc être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée.

Pour tout renseignement sur les droits et autorisations, y compris les droits subsidiaires, veuillez envoyer votre demande à l’adresse suivante : Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; télécopie : +1 202-522-2422 ; courriel : [email protected].

Production CMI : Loraine Falconetti Création graphique : Emmanuelle Dezanet pour Dynamic Creative, France

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Transformer les économies arabes :

La voie de la connaissance et de l’innovation

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Avant-propos ........................................................................................................................................... vii

Remerciements ....................................................................................................................................... viii

Acronymes et abréviations ...................................................................................................................... x

Principaux messages ............................................................................................................................... xi

Introduction : Retour aux fondamentaux ................................................................................................. 1

Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? ........................................................................................................................................

3

Le monde arabe fait face à des défis considérables, principalement le chômage ................................................................................ 4

De plus en plus de pays dans le monde se tournent vers des stratégies de croissance fondées sur la connaissance 5

Le monde arabe a sous-investi dans l’économie de la connaissance ............................................................................................................. 8

Des efforts accrus dans l’économie fondée sur la connaissance contribueraient de manière significative à la création d’emplois .......................................................................................................................................................................................................................

12

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? ............ 17Les piliers de l’économie de la connaissance ................................................................................................................................................................... 18

Adopter des réformes favorables aux entreprises et améliorer la gouvernance ............................................................................. 18

Pourvoir à une meilleure éducation et pour le plus grand nombre .............................................................................................................. 20

Stimuler l’innovation et la modernisation technologiques .................................................................................................................................. 23

Développer une société de l’information ............................................................................................................................................................................ 26

La diversification sectorielle et spatiale fondée sur l’économie de la connaissance ......................................................................... 29

Faciliter le développement de secteurs prometteurs .............................................................................................................................................. 29

Développer des sites et des lieux dynamiques .............................................................................................................................................................. 31

Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? ........................................................................................................................................

33

Chaque pays est unique et doit définir sa propre voie ................................................................................................................................................ 34

Conduire des politiques ambitieuses ...................................................................................................................................................................................... 35

Coordonner les actions au plus haut niveau du gouvernement .......................................................................................................................... 36

Mobiliser la population à travers une approche participative .............................................................................................................................. 37

Adapter le modèle au niveau de développement du pays et des capacités du gouvernement .................................................... 38

Concevoir un changement progressif allant des micro-initiatives aux changements macro-économiques ..................... 38

Stimuler l’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée ....................................................................... 41

Références et bibliographie ..................................................................................................................... 44

IV

able des matières

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V

Annexe 1 Résumé de l’étude complète ............................................................................................... 47

Annexe 2 Connaissance, innovation et croissance économique .......................................................... 51

Annexe 3 Données sur l’économie fondée sur la connaissance dans le monde arabe ........................ 55

Liste des encadrésEncadré 1. La connaissance : Clé de la productivité et de l’innovation ............................................................................................................ 6

Encadré 2. Comment la préparation d’un pays à l’économie de la connaissance est-elle mesurée ? .................................. 7

Encadré 3. Le chemin déjà parcouru : les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et l’économie de la connaissance à ce jour ...........................................................................................................................................................................................

9

Encadré 4. Le programme de réforme de l’éducation pour l’économie du savoir en Jordanie (ERfKE) ............................... 22

Encadré 5. Faire le lien entre l’éducation et l’emploi ..................................................................................................................................................... 23

Encadré 6. Kafalat, une institution libanaise fournissant des financements par capital-risque ................................................. 25

Encadré 7. Promouvoir des projets collaboratifs de R&D entre les universités et l’industrie en Égypte ............................ 25

Encadré 8. YESSER et e-gouvernement en Arabie saoudite ..................................................................................................................................... 28

Encadré 9. La diversification sectorielle et spatiale de l’économie : l’exemple marocain ............................................................... 30

Encadré 10. Le ratio emploi-efficacité : Combien d’emplois vont rapporter 1 million € ? .................................................................. 31

Encadré 11. Les conditions de la réussite : les leçons d’expériences nationales exemplaires ...................................................... 35

Encadré 12. Les principaux organes de coordination des stratégies de développement basées sur la connaissance et l’innovation en République de Corée et en Finlande .....................................................................................................................

36

Encadré 13. L’Initiative Nabni 2012 : 100 mesures proposées par la diaspora pour une Algérie nouvelle ........................... 37

Encadré 14. Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée .......................................................................................................................................... 42

Listes des figuresFigure 1. Une triple transition dans le monde arabe .................................................................................................................................................. 1

Figure 2. Taux de chômage des jeunes par région ....................................................................................................................................................... 5

Figure 3. Taux de participation des femmes à la population active, par région, 2008 ..................................................................... 5

Figure 4. Les liens étroits entre la connaissance et la croissance ................................................................................................................. 8

Figure 5. Scores régionaux pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2012 ......................................... 10

Figure 6. Scores par pays pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2000 et 2012 .......................... 10

Figure 7. Classements des pays pour le GCI, 2010–11 et 2012–13 .................................................................................................................. 11

Figure 8. Performances des pays pour le KEI 2012 comparées à l’Indice mondial de la compétitivité 2011–12 ...... 11

Figure 9. Performances pour le KEI et l’indice du REI pour la région MENA et d’autres régions et groupes de pays, 2009 ........................................................................................................................................................................................................................

12

Figure 10. Estimer les effets de la connaissance sur l’emploi .............................................................................................................................. 13

Figure 11. Élasticité de l’emploi par rapport au KEI dans les pays MENA, 1995-2008 ...................................................................... 13

Figure 12. Pourcentage d’entreprises identifiant le manque de compétences comme une contrainte .............................. 15

Figure 13. L’emploi dans le secteur public dans la région MENA et les pays sélectionnés, moyennes au cours des années 2000 ..........................................................................................................................................................................................................................

16

Transformer les économies arabes

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VI

Figure 14. Le système des politiques de la connaissance et l’innovation .................................................................................................... 18

Figure 15. Les obstacles aux affaires dans le monde arabe ................................................................................................................................... 19

Figure 16. Densité moyenne de création d’entreprises pour certaines économies émergentes, 2004-09 ....................... 19

Figure 17. Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur, par région du monde, 1990 et 2010 ............................................................................................................................................................................................................................

20

Figure 18. Qualité de l’éducation mesurée par TIMSS, 2011 ................................................................................................................................... 21

Figure 19. L’approche « des compétences au service de l’emploi et de la productivité » (STEP) ............................................ 21

Figure 20. Dépenses brutes de R&D en pourcentage du PIB pour quelques pays arabes et comparateurs ........................... 23

Figure 21. Demandes de dépôt de brevet émanant des résidents par rapport à des non-résidents (moyenne annuelle 2000-10) ...................................................................................................................................................................................

24

Figure 22. Exportations totales par catégorie de technologie, Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2005-09 ..................... 24

Figure 23. Le positionnement de la politique de l’innovation ................................................................................................................................. 24

Figure 24. Abonnements de téléphonie mobile dans les pays MENA, 2011 ............................................................................................... 26

Figure 25. Le classement des pays de la région pour l’indice de préparation au numérique (NRI) pour 2010-11 et 2012 .....................................................................................................................................................................................................

27

Figure 26. Nombre d’utilisateurs d’Internet dans les pays MENA, 2011 ....................................................................................................... 27

Figure 27. Comparaison de la pénétration du mobile et du haut débit dans la région MENA et pour l’OCDE ................ 28

Figure 28. Développement de la technopole de El Gazala (Tunis) : nombre et répartition des employés, 2010 ........... 31

Figure 29. Un agenda pragmatique : Des micro réformes à des changements majeurs ................................................................ 39

Listes des tableauxTableau 1. Les quatre piliers des stratégies de l’économie fondée sur la connaissance ................................................................ 6

Tableau 2. Taux de croissance de l’emploi dans les pays arabes, 2000–09 ................................................................................................. 14

Tableau 3. Actions nécessaires pour promouvoir la croissance dans des secteurs nouveaux et établis ........................... 29

Tableau 4. Actions nécessaires pour construire des sites dynamiques et innovateurs .................................................................... 32

Tableau 5. Hétérogénéité des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ........................................................................................... 34

Tableau 6. Actions appropriées pour différents stades d’avancement vers l’économie de la connaissance ................... 39

Tableau 7. Objectifs et actions nécessaires pour faire avancer l’intégration régionale .................................................................... 41

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Transformer les économies arabes VII

Les récents événements dans le monde arabe ont montré l’importance capitale pour les pays de s’engager dans un développement de grande envergure, continu, et inclusif. Aujourd’hui, le principal défi dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord est de créer un grand nombre d’emplois et de meilleure qualité. De nombreux jeunes sans emploi ou sous-employés, hommes et femmes, attendent à présent des transformations concrètes, au niveau national et régional, débouchant sur la création rapide d’emplois décents. Si les aspirations et les forces créatrices de la jeunesse arabe peuvent être exploitées, alors le potentiel de la région en matière de crois-sance, stabilité, justice sociale et épanouissement humain sera immense.

L’ampleur du changement dépendra en grande partie de la façon dont l’économie de la connais-sance s’enracinera dans toute la région. Créer des emplois implique d’investir davantage dans les secteurs liés à la connaissance et de mettre l’accent sur le développement d’économies compétitives, productives et durables. Les pays de la région doivent tirer parti de la révolution des connaissances en cours pour développer des économies en réseau, flexibles et en progrès constant. Le secteur privé doit être mis à contribution pour forger une culture entrepreneuriale et créer les emplois nécessaires. Une telle approche est essentielle pour faire face au chômage et ouvrir la voie à une croissance durable et au développement économique.

Le rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation » place un modèle économique axé sur la connaissance et l’innovation au cœur des nouvelles stratégies de développement dans la région. Il montre comment cette approche peut aider les pays arabes à diversifier leurs économies et à innover, en créant de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois. L’étude réunit ces questions dans un cadre d’action intégratif : il s’agit de développer des économies plus ouvertes, avec plus d’esprit d’entreprise, de préparer une popula-tion mieux instruite et plus qualifiée, d’améliorer les capacités d’innovation et de recherche, et de diffuser les technologies de l’information et de la communication ainsi que leurs applications. Elle exhorte les décideurs à adopter de nouveaux agendas politiques et un nouvel état d’esprit qui puisse conduire à la création de plus d’emplois à plus forte valeur dans un environnement connecté en permanence aux réseaux mondiaux. Compte tenu de la diversité du monde arabe, l’étude ne propose pas une approche toute faite et uniforme, mais offre plutôt des exemples provenant de la région, ainsi que de pays à travers le monde qui ont mis en place des stratégies efficaces pour tirer parti de la connaissance, de l’innovation et de la technologie. Patience et détermination seront nécessaires, parce qu’il se peut que les investissements en question ne commencent à porter leurs fruits que dans quelques années.

Pour mettre en œuvre ce type d’approche, il faut une vision et une stratégie propre à chaque pays dans la région. Encourager une plus grande intégration au sein du monde arabe et autour de la Méditerranée permettrait de progresser beaucoup plus rapidement. C’est là que le Centre pour l’Intégration en Méditerranée peut apporter une valeur ajoutée. Le CMI est un lieu de dialogue, où toutes les parties prenantes des gouvernements, des universités, du secteur privé et de la société civile, peuvent échanger ouvertement sur la façon de parvenir à une transition efficace vers l’économie basée sur la connaissance.

Compte tenu des événements du « printemps arabe », il n’y a pas de temps à perdre et pas de place pour l’autosatisfaction. Les pays se doivent d’être pragmatiques et de profiter des opportunités lorsqu’elles se présentent. J’espère que cet ouvrage pourra être utile et donner un aperçu de la façon dont les pays du monde arabe peuvent développer des stratégies adaptées aux défis et aux opportunités de notre époque.

—Mats Karlsson, Directeur, Centre pour l’Intégration en Méditerranée

Avant-propos

vant-propos

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L’étude présentée dans ce rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connais-sance et de l’innovation » a été préparée par une équipe constituée de plusieurs partenaires et dirigée par Anuja Utz (responsable de projet) et Jean-Eric Aubert (conseiller principal), avec l’aide de Latifa Belarbi, Sophie Muller et Tamer El Sayed Taha, et avec les conseils et la supervision de Mats Karlsson, directeur du Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI). Ce rapport a été élaboré avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI), et l’Organisation Islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ISESCO). Ce document est une version condensée du rapport analytique détaillé qui est résumé dans l’appendice 1. Ce rapport est disponible sur le site du CMI (www.cmimarseille.org/ke).

L’équipe a bénéficié du précieux soutien de Simon Bell (chef de secteur, Développement du secteur privé et financier, Région Moyen Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale), Mourad Ezzine (chef de secteur, Développement humain, Région Moyen Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale), Jacques van der Meer (conseiller, BEI), et du Dr Mukhtar Ahmed (ancien directeur général adjoint, ISESCO).

Les personnels de la Banque mondiale cités ci-dessous ont rédigé les premières ébauches de différents chapitres : Jean-Eric Aubert, Latifa Belarbi, Derek H. C. Chen, Ndiamé Diop, Marjo Koivisto, Yevgeny Kuznetsov, Samia Melhem, Sophie Muller, Kurt Larsen, Ismail Radwan, Pierre Strauss, Tamer Taha, Anuja Utz, et Zeine Ould Zeidane. Une mention particulière doit être faite aux autres contributeurs qui ont préparé des rapports de fond, à savoir, Carl Dahlman (Université de Georgetown), Benedict de Saint Laurent (ANIMA), Abdelkader Djeflat (Université de Lille), Patrick Dubarle, Laila El Saedy, Guy Fleuret, Philippe Guinet, Jussi Hätönen, Kristian Uppenberg, et Jacques van der Meer (BEI), Flavia Tsang, Ohid Yaqub, Desiree Van Welsum, Tony Thompson-Starkey, et Joanna Chataway (Rand Europe).

L’orientation générale du rapport, et de ses ébauches, a été donnée par deux ateliers régionaux auxquels ont participé des experts venant de l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, et la Tunisie, et qui se sont tenus au CMI en novembre 2011 et au siège de l’ISESCO à Rabat en juin 2012, ainsi que par le biais de consultations nationales et de la participation à des événements dans la région. Maha Merezak (ISESCO) a été particulièrement efficace pour organiser ces événe-ments et synthétiser leurs apports. L’équipe tient à remercier les personnes suivantes pour leurs précieuses contributions : Nabeel Al-Fayoumi (Royal Scientific Society, Jordanie), Youcef Aklouf (Agence Nationale pour la Promotion et le Développement des Parcs Technologiques, Algérie), Rigas Arvanitis (Institut de Recherche pour le développement), Ahmed Benghazi (Axis Capital, Inc, Tunisie), Rachid Benmokhtar (Observatoire National de Développement Humain, Maroc), Shéhérazade Berrehouma (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, UTICA), Fadi Daou (Multilane Inc., Liban), Pavel Dvorak et Constantinos Shiatis (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), Ghaith Fariz (PNUD, Arab Knowledge Report), Hamid

VIII

Remerciements

emerciements

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El-Zoheiry (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Égypte), Jean-Louis Reiffers (Forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences Économiques), Henry Roux-Alezais (Institut de la Méditerranée), Amir Wassef (Université Égypte - Japon des sciences et technologies), et Cheonsik Woo (Institut coréen de développement).

Carlos Braga (Banque mondiale) et Carl Dahlman (Université de Georgetown) ont été les exami-nateurs de la note présentant le concept de l’étude, qui a bénéficié aussi des commentaires de Caroline Freund, Jonathan Walters, Janette Uhlmann, et Carlo M. Rossotto (tous de la Banque mondiale). Le projet de rapport a été examiné à la Banque mondiale en octobre 2012. Les examinateurs comprenaient Jamal al-Kibbi et Robin S. Horm. Caroline Freund, Bob Rijkers, Kevin Carey, Omer Karasapan, Randa Akeel, Peter McConaghy, Hnin Hnin Pyne, Kurt Larsen, Pinki Chaudhri, Carlo M. Rossotto, Cecilia M. Paradi-Guilford, Joulan Abdoul-Khalek, Isabelle Huynh, Murat Seker, Esperanza Lasagabaster (tous de la Banque mondiale) et Bruno Lanvin (INSEAD) ont prodigué des commentaires constructifs. D’utiles contributions ont été reçues au cours du processus de rédaction de la part de Adriana Jaramillo, Olivier Lavinal, Juan Manuel Moreno, Eavan O’Halloran, Gilles Pipien, Najet Tenoutit, Simon Thacker, et Jeffrey Waite (tous de la Banque mondiale), et Thomas Andersson (International Organisation for Knowledge Economy and Enterprise Development).

Des membres du Comité de supervision du CMI, Nawel Ben Romdhane Dhrif (Ministère de l’Investissement et de la Coopération internationale, Tunisie), Mohamed Chafiki (Ministère de l’Economie et des Finances, Maroc), et Mahmoud El-Said (Centre d’évaluation de projets et d’analyse macroéconomique, Égypte), ont prodigué des conseils utiles au cours du processus de rédaction.

Ce rapport a été enrichi par les travaux effectués dans le cadre du Rapport sur le commerce et l’investissement étranger pour le partenariat de Deauville, qui a été coordonné par le CMI, et par les informations recueillies lors des ateliers « D’une transition à l’autre » organisés par le CMI et la BERD au Maroc et en Tunisie. Le projet de synthèse du rapport a également été présenté lors des « Rencontres Valmer » du CMI le 18 octobre et le 12 décembre 2012.

Finalement, il convient de souligner la contribution importante de l’ISESCO à ce travail, par-ticulièrement pour le soutien apporté à l’organisation des consultations nationales au Maroc et en Tunisie, ainsi que pour l’accueil de la conférence à haut niveau visant à disséminer les principaux messages du rapport. L’ISESCO doit également être remercié pour la production du rapport en trois langues - anglais, français et arabe, ainsi que pour la traduction en français de la version longue du rapport.

Steven B. Kennedy a édité la version anglaise du rapport. Anne Verinaud en a assuré la traduction en français. Michelle Lemaire a fourni un soutien administratif essentiel.

IX

Remerciements

Transformer les économies arabes

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Acronymes et abréviations

X

BPO business-process outsourcingCCG Conseil de Coopération du GolfeEFE Projet de l’Éducation pour l’EmploiERfKE La réforme de l’éducation pour l’économie du savoir (Jordanie)ETFP Enseignement technique et formation professionnelleFEM Forum économique mondial GCI Indice mondial de la compétitivité IED Investissements Étrangers Directs ITES Services reposant sur les technologies de l’informationKAM Méthode d’évaluation des connaissances KEI Indice de l’économie fondé sur la connaissanceMENA Moyen-Orient et Afrique du NordOCDE Organisation de coopération et de développement économiquesPGF Productivité globale des facteurs PIB Produit Intérieur BrutPME Petites et Moyennes EntreprisesR&D Recherche et développementTIC Technologies de l’Information et de la communicationUE Union européenneUSAID Agence des États-Unis pour le développement internationalUSPTO Bureau américain des brevets et marques

cronymes et abréviations

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Transformer les économies arabes XI

Messages principaux

Message 1. Pour faire face à des défis considérables, notamment la nécessité de créer des millions d’emplois, les pays du monde arabe devraient résolument adopter un modèle de croissance économique basé sur la connaissance et l’innovation, suivant ainsi une transition mondiale vers « l’économie fondée sur la connaissance ». Au cours de la dernière décennie, certains pays arabes ont déjà pris des mesures dans cette direction pour stimuler leur croissance et améliorer leur compétitivité. Ces efforts devraient être intensifiés dans toute la région. Cela permettrait de générer de façon significative les emplois productifs nécessaires à l’insertion des populations, et plus particulièrement des jeunes, dans l’économie.

Message 2. Avancer sur cette voie, signifie élargir et approfondir les réformes dans les piliers de l’Economie de la connaissance : développer des économies plus ouvertes et avec plus d’esprit d’entreprise, préparer une population mieux instruite et plus qualifiée, améliorer les capacités d’innovation et de recherche, et diffuser les technologies de l’information et de la communication et leurs applications. Le succès d’une stratégie de l’économie de la con-naissance dépend des progrès coordonnés sur tous ces fronts. Les gouvernements de la région auraient intérêt à poursuivre simultanément ces différentes lignes de réformes.

Message 3. En plus des actions et des réformes concernant l’ensemble de l’économie, les gouvernements devraient déployer des efforts ciblés pour créer les conditions appropriées pour le développement de secteurs spécifiques et de sites particuliers qui sont sources de nouvelles activités et d’emplois. Il existe dans les pays arabes de nombreuses possibilités de diversification sectorielle et spatiale. Le développement de « spots de croissance » dynamiques contribuerait à l’instauration d’un climat de confiance autour du nouveau modèle économique, facilitant ainsi le processus global de changement et de réforme.

Message 4. La mise en œuvre d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation nécessite une vision nationale, une forte coordination au plus haut niveau du gouvernement, et une approche participative pour mobiliser la population afin de soutenir les réformes nécessaires. Une forte coordination au plus haut niveau du gouvernement est requise en raison de la nature transversale et interministérielle de la stratégie. Une approche participative est nécessaire pour catalyser les idées, l’énergie, les intérêts et les ressources des agents de changement et de la population dans son ensemble autour de cette approche. Des efforts soutenus sont essentiels pour obtenir des résultats tangibles et ancrer les nouvelles pratiques dans la durée à moyen et à long terme.

Message 5. Des politiques actives d’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée permettraient d’accélérer les évolutions nécessaires. Les processus d’intégration régionale sont essentiels pour accroître les échanges, développer les marchés du travail et bénéficier des synergies dans les investissements et les compétences qui sont essentielles à la réussite des projets. Il existe des possibilités considérables dans le contexte euro-méditerranéen pour stimuler les réseaux de collaboration à travers des plateformes conjointes de R&D, des fonds de soutien à l’innovation, des programmes d’éducation et la mobilisation de la diaspora. Les organisations internationales et les accords bilatéraux ont un rôle clé à jouer dans le processus d’intégration.

BPO business-process outsourcingCCG Conseil de Coopération du GolfeEFE Projet de l’Éducation pour l’EmploiERfKE La réforme de l’éducation pour l’économie du savoir (Jordanie)ETFP Enseignement technique et formation professionnelleFEM Forum économique mondial GCI Indice mondial de la compétitivité IED Investissements Étrangers Directs ITES Services reposant sur les technologies de l’informationKAM Méthode d’évaluation des connaissances KEI Indice de l’économie fondé sur la connaissanceMENA Moyen-Orient et Afrique du NordOCDE Organisation de coopération et de développement économiquesPGF Productivité globale des facteurs PIB Produit Intérieur BrutPME Petites et Moyennes EntreprisesR&D Recherche et développementTIC Technologies de l’Information et de la communicationUE Union européenneUSAID Agence des États-Unis pour le développement internationalUSPTO Bureau américain des brevets et marques

essages principaux

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Transformer les économies arabes 1

Introduction

La connaissance a toujours été au cœur du développement. Il y a mille ans, la civilisation arabe guidait le monde dans la voie de la connaissance, de la prospérité et du développement. La science et la technologie arabes, ainsi que le libre com-merce et la tolérance religieuse, ont été la clé de voûte de ce développement. Il est temps de rétablir ces traditions fondées sur la connaissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Les effets simultanés de la mondialisation et du progrès technologique apportent aux pays du monde entier de nou-velles possibilités de développement économique et social. Grâce à l’évolution de l’Internet et à une variété de nouvelles technologies de l’information et de la communication, la con-naissance est désormais véritablement mondiale, accessible, et démocratisée. Cette avancée technologique spectaculaire a été accompagnée de la mondialisation des économies, avec l’intensification de la concurrence et l’émergence de chaînes de valeur plus sophistiquées dans les processus de production. Les impacts de ce changement de paradigme sont visibles tout autour de nous. Aussi, partout dans le monde, les dirigeants clairvoyants sont à la recherche de nouvelles idées et stratégies pour affronter une réalité nouvelle. De petits pays comme la Finlande et Singapour, d’autres de taille moyenne, comme la République de Corée, et des grands comme la Chine et l’Inde, ont été en mesure d’exploiter la puissance du changement technique, de devenir compétitifs dans l’économie mondiale et d’offrir des emplois à leur population de plus en plus qualifiée.

Le printemps arabe a montré que les pays dans le monde arabe ne peuvent plus se reposer sur des paradigmes de croissance étroits et étatistes. Dans le sud de la Méditerranée, des années de régime autocratique, caractérisé par la répres-sion des libertés politiques et de la justice, et un « capitalisme de connivence » ont été rejetés dans nombre de pays par des mouvements populaires d’aspiration au changement. Le défi pour ces pays est de mettre en place un système qui soit libre, juste, inclusif, créatif et dynamique. Rétablir la confiance et améliorer la gouvernance sont les besoins les plus urgents, mais les nouveaux gouvernements de la région devront égale-ment rapidement assurer la croissance et l’emploi avant que les populations désabusées ne soient poussées à nouveau à se révolter. Bien que les pays exportateurs de pétrole semblent avoir mieux résisté à la tempête, leurs régimes doivent égale-

ment agir rapidement et intervenir davantage pour diversi-fier leurs économies et ne plus compter exclusivement que sur leurs ressources naturelles. L’époque où les ressources naturelles dominaient l’économie a cédé la place à une époque où les ressources cognitives sont primordiales.

Plus généralement, le monde arabe connaît actuellement une transition dans trois domaines : (i) une transition politique, qui vise à remplacer les pouvoirs autoritaires par d’autres plus démocratiques, (ii) une transition sociale dans laquelle des programmes équitables destinés à protéger les pauvres vont se substituer à des politiques inefficaces favorisant l’emploi par l’expansion du secteur public et subventionnant les march-andises de base, et (iii) une transition économique en faveur de régimes économiques plus compétitifs et productifs. Ces trois transitions sont intimement liées et se renforcent mutu-ellement (figure 1).

ntroduction :Retour aux fondamentaux

1

FIguRE 1 une triple transition dans le monde arabe

Politiquevers plus de démocratie

Economiquevers l’économie

fondée sur la connaissance

Socialevers des

politiques axées sur les pauvres

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Ce rapport, tout comme l’étude détaillée sur laquelle il se base, met l’accent sur l’aspect économique de cette transi-tion. Sur quels domaines doivent se concentrer les dirigeants des pays arabes1 afin de stimuler la croissance, créer des emplois, restaurer la confiance, et apporter espoir et prospérité à leurs peuples? Ce rapport tente de répondre à certaines de ces questions dans un cadre intégré qui donne aux politiques liées à la connaissance et à l’innovation une place centrale. L’intégration de la connaissance et de l’innovation, entendue comme technologies et pratiques qui sont nouvelles dans un contexte donné, est essentielle pour renforcer la compétitivité et la productivité des économies. La mise en œuvre de ce type d’approche requiert une vision, une stratégie qui la développe, la coordination de nombreux ministères, la participation active du secteur privé et des acteurs de la société civile, et, le cas échéant, l’implication des partenaires du développement. 2

Ce rapport porte sur trois questions clés : Pourquoi ? Quoi ? Comment ? Pourquoi les pays du monde arabe devraient-ils s’engager dans une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Quelles politiques mettre en œuvre pour réaliser cette transition ? Et comment cette transition peut-elle être effectuée ? Pour répondre à ces questions, le rapport propose des principes de caractère général ; ceux-ci sont illustrés par de bonnes pratiques pour la plupart issues de la région, mais aussi d’autres pays à travers le monde qui constituent d’utiles sources d’inspiration.

1. Cette étude (Banque mondiale 2013 à paraître) couvre tous les pays arabes, à l’exception des Comores, de la Mauritanie, de la Somalie et du Soudan. Il est souvent fait référence au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord (MENA) en tant que région géographique. La région MENA à la Banque mondiale se compose de l’Algérie, Bahreïn, Djibouti, la République arabe d’Égypte, la République islamique d’Iran, l’Irak, Israël, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, Malte, le Maroc, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, la République arabe de Syrie, la Tunisie, les Émirats arabes unis, la Cisjordanie et la bande de Gaza et la République arabe du Yémen.

2. L’approche proposée dans cette étude englobe un ensemble d’orientations de politiques qui ont été fournies par la Banque mondiale dans une série de rapports importants liés à l’emploi, l’éducation, le développement du secteur privé et des technologies de l’information et de la communication (voir la liste de référence pour les publications de la Banque mondiale au cours des dernières années), ainsi que par plusieurs organisations.

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Dans ce chapitre

°± Le monde arabe fait face à des défis considérables, principalement le chômage

°± De plus en plus de pays dans le monde se tournent vers des stratégies de crois-sance fondées sur la connaissance

°± Le monde arabe a sous-investi dans l’économie de la connaissance

°± Des efforts accrus dans l’économie fondée sur la connaissance contribueraient de manière significative à la création d’emplois

Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Le monde arabe fait face à des défis considérables, principalement le chômage

Le taux de chômage est incontestablement le principal défi des pays arabes. La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) se caractérise par un nombre de jeunes très élevé comparativement aux autres régions du monde, et elle pâtit du taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde. À environ 25 pour cent, ce taux est le double de la moyenne mondiale (figure 2) et il atteint 40 pour cent dans des pays comme l’Égypte et la Tunisie, notamment parmi les diplômés de l’enseignement supérieur. Plus de 100 millions de per-sonnes ont entre 15 et 29 ans, ce qui constitue 30 pour cent de la population totale de la région et environ 47 pour cent de la population en âge de travailler. Plus de 10 millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année, mais trois femmes sur quatre en âge de travailler ne participent pas à la population active (figure 3). On estime que pour intégrer ces jeunes gens et éviter une nouvelle hausse du chômage dans la région, environ 40 millions d’emplois doivent être créés dans la région au cours de la prochaine décennie.

Le déficit d’emplois est la conséquence de l’inefficacité des systèmes économiques, dont beaucoup sont encore en place, même si un changement est perceptible. La pénurie d’emplois résulte de multiples facteurs, allant de la mauvaise perfor-mance du système éducatif à la faiblesse du secteur privé et au disfonctionnement global du système de gouvernance. De ce point de vue, le « printemps arabe » a ouvert des possibili-tés sans précédent en provoquant l’effondrement du modèle de « marchandage autoritaire » (authoritarian bargain) qui avait prévalu dans la plupart des pays de la région depuis des décennies. Ce modèle consistait à fournir des emplois à travers un large secteur public, tout en subventionnant les besoins fondamentaux de la population. Ce « modèle de développe-ment » s’est révélé intenable parce qu’il est économique-ment inefficace et socialement injuste. La région doit donc lancer son propre « miracle de l’emploi », et mettre en place des politiques pour développer des économies compétitives, productives et durables.

Outre celui de l’emploi, les pays arabes font face à de nom-breux défis :

• L’insuffisance des politiques de protection sociale exac-erbe les inégalités. Dans la plupart des pays, 2 personnes sur 3 dans le quintile le plus pauvre ne reçoivent pas de

soutien pour leur revenu. Les systèmes de protection sociale ont diminué sous la pression de mauvais systèmes de gestion des ressources. Le pays moyen de la région MENA dépense 5,7 pour cent du PIB pour des subven-tions alimentaires et pour les carburants. Toutefois, dans certains pays de la région, les personnes appartenant au quintile le plus riche profitent davantage des subven-tions que ceux des quintiles les plus pauvres. Des lacunes dans la couverture sociale laissent aussi les travailleurs informels et ruraux sans protection.

• La sécurité alimentaire reste une préoccupation impor-tante pour les ménages les plus pauvres de la région. La productivité des céréales est d’environ la moitié de celle du reste du monde (1,5 contre 3 millions de tonnes par hectare). Pourtant, 40 à 60 pour cent des terres irriguées sont dédiés à la culture de céréales. La région importe 30 pour cent du blé vendu dans le monde, un chiffre qui devrait passer à 55 pour cent en 2030 ; ce qui rend la région par-ticulièrement vulnérable à la hausse des prix alimentaires.

• L’urbanisation va poser d’autres problèmes sociaux. 58 pour cent de la population vit déjà dans des zones urba-ines et ce chiffre devrait passer à 65 pour cent en 2030. La question est de savoir comment gérer les « bénéfices d’agglomération » générateurs de croissance, tout en minimisant les dommages causés à l’environnement et les menaces pour la santé publique liées à la pollution, à un mauvais système d’assainissement, et à d’autres causes. Il s’agit également de savoir comment empêcher une croissance urbaine non planifiée et l’expansion des établissements informels, tout en améliorant l’accès aux services de base, tels que les transports publics, l’eau potable, etc.

• Le changement climatique va constituer une difficulté supplémentaire. Le changement climatique va accentuer la pénurie d’eau dans une région qui est déjà la plus aride au monde. Il pourrait constituer une grave menace pour la sécurité alimentaire, par la fluctuation des rende-ments et la vulnérabilité liée à l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Les plus durement touchés seront les pauvres de la région, qui consacrent de 35 à 65 pour cent de leur revenu à l’alimentation. Un réchauf-fement climatique plus intense pourrait aussi contribuer à une nouvelle hausse du niveau des mers, exposant des millions de personnes à des inondations côtières.

Le déficit d’emplois et les autres grands enjeux décrits ci-dessus étant étroitement liés, une approche intégrée est indispensable pour y faire face. Un nouveau type de modèle économique, basé sur la connaissance et l’innovation, pour-rait répondre directement et simultanément aux différents défis mentionnés ci-dessus.

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

De plus en plus de pays dans le monde se tournent vers des stratégies de croissance fondées sur la connaissance

Bien que les systèmes politiques des pays arabes soient très différents, de nombreux gouvernements ressentent à présent l’urgente nécessité d’ajuster et de redéfinir les règles du jeu. Avec l’avènement du « printemps arabe », les pays de la région revoient leurs stratégies de croissance et de développement, avec pour objectif principal la réduction du chômage. Pour réussir la grande transition qui se présente à eux, les pays devront se doter d’économies plus productives et compétitives, alimentées par la connaissance et l’innovation. Seules de telles économies pourront créer des emplois en nombre suffisant et cela de manière durable. En l’état actuel des structures économiques (avec les taux de création d’emplois associés), il a été estimé qu’un taux de croissance économique de 7 pour cent par an serait nécessaire pour éviter une nouvelle

détérioration de la situation de l’emploi. Comme ces taux de croissance sont inatteignables dans l’état actuel de l’économie mondiale et dans un avenir prévisible, les pays arabes n’ont d’autre choix que de réorienter leurs structures économiques en faveur de nouveaux dispositifs capables de fournir davantage d’emplois, et d’augmenter la productivité et l’innovation dans tous les secteurs de l’économie et de la société, y compris les segments les plus pauvres.

une économie fondée sur la connaissance, comme l’a observé l’Organisation de coopération et de développe-ment économiques (OCDE 1996)3 et telle que définie par la Banque mondiale (2007a), est organisée de telle sorte que les connaissances sont systématiquement acquises, créées, diffusées et utilisées pour favoriser le développe-ment économique. Pour opérer la transition vers une écono-mie de la connaissance, il n’est pas suffisant de développer les industries de haute technologie, d’investir dans les tech-nologies de l’information et de la communication (TIC), ou d’utiliser de nouvelles technologies dans une frange étroite de l’économie. Il est indispensable de procéder à un changement systémique du fonctionnement global de l’économie, dans lequel la connaissance (nouvelle et existante) et l’innovation (le développement et la commercialisation de produits et de procédés qui sont nouveaux pour l’entreprise, le marché, ou dans le monde) pénètrent dans tous les secteurs d’activité. Ce faisant, l’économie accroît sa productivité et génère de nouveaux biens et services (encadré 1).

3. Comme le fait observer l’OCDE en 1996, « les économies de l’OCDE sont de plus en plus fondées sur la connaissance et l’information. La connaissance est main-tenant reconnue comme le moteur de la productivité et de la croissance économique, ce qui conduit à se concentrer sur le rôle de l’information, la technologie et l’apprentissage dans les performances économiques ». Le terme « d’économie fondée sur la connaissance » découle de cette reconnaissance plus complète de la place de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes de l’OCDE. Voir aussi l’étude de la Banque mondiale (2007a).

FIguRE 2 Taux de chômage des jeunes par région

FIguRE 3 Taux de participation des femmes à la population active, par région, 2008

Source : Gatti et al. 2013. Source : Gatti et al. 2013.

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

une stratégie de développement basée sur l’économie de la connaissance devrait se concentrer sur un ensemble de domaines d’ action clé : l’éducation (fondement de l’économie de la connaissance), l’innovation (source de renouvellement des économies et des sociétés), les technologies de l’information et des télécommunications (infrastructures essentielles de l’ère du numérique), et plus largement, le cadre économique et institutionnel, qui détermine l’efficacité globale et l’impact des investissements réalisés dans les trois autres domaines. Ces éléments constituent les quatre piliers de l’économie fondée sur la connaissance, tels que définis par la Banque mondiale (tableau 1). La transition vers une économie fondée sur la con-naissance implique d’adopter une approche holistique, ainsi que des mesures efficaces (réforme, investissement et coor-dination) dans chacun de ces quatre domaines de politiques.

ENCADRé 1

La connaissance : clé de la productivité et de l’innovation

Nous savons que la source de la richesse est quelque chose de spécifiquement humain : la connaissance.

Si nous l’appliquons à des tâches que nous savons déjà faire, nous l’appelons « productivité ».

Si nous l’appliquons à des tâches qui sont nouvelles et différentes, nous l’appelons « innovation ».

Seule la connaissance nous permet d’atteindre ces deux objectifs.

Source : Peter Drucker, Managing for the Future, 1992.

Régime économique et institutionnel éducation et compétences éducation et compétences Infrastructures de l’information

et de la communication

Le régime économique et insti-tutionnel du pays doit fournir des incitations pour une utilisation effi-cace des connaissances existan-tes, l’acquisition de nouvelles connaissances et l’application de ces deux dernières à l’activité économique, pour améliorer la productivité, augmenter la qualité, innover et lancer de nouvelles entreprises.

Les habitants d’un pays ont besoin d’une éducation et de compétences qui leur permettent de créer et de partager des connaissances, et de bien les utiliser.

Le système d’innovation du pays (entreprises, centres de recher-che, universités, groupes de réflexion, consultants et autres organisations), doit être capable de tirer profit du volume croissant de la connaissance mondiale et de l’adapter aux besoins locaux, ainsi que de créer de nouveaux produits et procédés qui puissent rivaliser sur les marchés d’exportation et répondre aux besoins nationaux.

Des infrastructures d’information dynamiques sont nécessaires pour faciliter la communication, la diffu-sion et le traitement des informa-tions de manière efficace.

TABLEAu 1 Les quatre piliers des stratégies de l’économie fondée sur la connaissance

La Banque mondiale a mis au point une méthode d’évaluation (KAM – Knowledge Assesment Methodology), un outil de référence mondial pour évaluer la préparation d’un pays à l’économie de la connaissance. Il se base sur les quatre piliers tels que décrits dans le tableau 1. L’encadré 2 montre que la région MENA a besoin d’intensifier ses efforts pour égaler la performance des deux régions de comparaison: Europe (de l’Est) et Asie centrale et Amérique latine et Caraïbes.

Il existe des liens étroits entre la connaissance et la crois-sance. Ceci se vérifie par la forte corrélation entre la per-formance économique, telle que mesurée dans le revenu national brut par habitant, et la préparation à l’économie fondée sur la connaissance, telle que mesurée par le KEI (figure 4). Cependant, corrélation ne signifie pas causalité, les pays riches peuvent en effet investir davantage dans les bases de l’économie de la connaissance. Néanmoins, il est impossible pour une économie de croître et devenir com-pétitive sans un investissement dans les actifs intangibles

qui sont au cœur du modèle de l’économie de la connais-sance. Les impacts économiques de ces actifs intangibles sont relevés par la productivité globale des facteurs (PGF) qui mesure la contribution à la croissance des facteurs autres que l’augmentation du travail et du capital. Ainsi, l’approche basée sur la connaissance et l’innovation se concentre sur le développement des moteurs de la croissance, c’est-à-dire, l’amélioration de la qualité du capital humain et physique et, en particulier, sur l’augmentation de la PGF. Pour les pays à revenu faible et intermédiaire, une abondante documentation empirique montre que le capital est le principal déterminant de la croissance, suivi de loin par le travail et la PGF4. Mais la croissance des pays à revenu intermédiaire et de ceux à revenu élevé découle plus des gains de la PGF. Les chercheurs s’accordent sur le fait que, sur le long terme, la croissance est fonction de la PGF. L’annexe 1 résume les résultats de la recherche économique sur l’influence positive de la connais-sance, l’innovation, l’éducation et des TIC sur la croissance économique, la productivité et l’emploi.

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Comment mesurer l’état de préparation d’un pays à l’économie de la connaissance ?

Le cadre des quatre piliers du tableau 1 peut être utilisé pour mesurer les efforts des pays dans l’économie de la connaissance dans un contexte mondial et pour mettre en lumière les progrès relatifs réalisés au fil du temps. La méthode d’évaluation de la Banque mondiale (KAM, www.worldbank.org/kam) est un outil basé sur le Web. Les efforts et les investissements des pays dans l’économie de la connaissance sont continus, et tous les pays font de tels efforts. Par conséquent, ils sont comme dans une rivière qui coule en permanence. Mais certains pays avancent plus rapidement que d’autres. La KAM tente de saisir ces différences de vitesse entre pays dans une perspective globale, en cartographiant leurs progrès dans les quatre piliers et avec les indices combinés.

La KAM compare 146 pays sur la base de 148 variables structurelles et qualitatives qui servent d’indicateurs pour mesurer les progrès réalisés dans les quatre piliers. Le tableau de scores de base est composé de trois variables clés qui servent d’indicateurs pour chacun de ces piliers. L’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI) est basé sur la moyenne de tous les scores normalisés sur les 12 variables du tableau de scores de base, il mesure l’état de préparation global d’un pays ou d’une région à l’économie fondée sur la connaissance.

La figure ci-dessous donne un aperçu de la performance la plus récente de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) par comparaison avec deux autres régions du monde: Europe (de l’Est) et Asie centrale et Amérique latine et Caraïbes. Elle révèle que la région MENA dans son ensemble pourrait faire davantage, notamment sur la dimension éducative.

La performance de la région MENA pour l’économie fondée sur la connaissance dans une perspective comparative, 2012

Moyen-Orient et Afriche du Nord, Europe et Asie centrale, Amérique latine

Source : Méthode d’évaluation des connaissances (www.worldbank.org/kam, World Bank 2012a).

Note : En raison d’un manque de données pour la région MENA dans son ensemble, les variables sur les barrières tarifaires et non tarifaires (faisant partie du tableau de scores de base de la KAM) n’ont pas été répertoriées dans la figure ci-dessus.

5

10

0

Qualité de la réglementation

État de droit

Paiements des redevances et recettes ($US/pop.)

Nombre d’articles de revues scientifiques et d’ingénierie / Mil. Pers

Brevets accordés par l’USPTO / Mil. Pers

Nombre moyen d’années de scolarité

Taux brut de scolarisation dans le secondaire

Taux brut de scolarisation dans le supérieur

Nombre total de téléphones pour 1000 personnes

Ordinateurs pour 1000 personnes

Utilisateurs d’Internet pour 1000 personnes

4. Yusuf (dans Nallari et al. 2011) souligne que la PGF a longtemps été constituée d’un amalgame d’autres facteurs, dont la mesure et les contributions individu-elles se sont révélées difficiles à cerner. Parmi une longue liste, six facteurs sont les plus propices à l’action des pouvoirs publics : le capital humain mesuré de diverses façons, et sa qualité; la capacité technologique et l’innovation ; les compétences de gestion, l’efficacité organisationnelle ; les institutions qui affectent les incitations, la concurrence; l’efficacité des allocations et la gouvernance ; et les caractéristiques de l’urbanisation. En règle générale, tous les six affectent la production et l’utilisation des connaissances, l’allocation des ressources et son utilisation productive.

ENCADRé 2

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

FIguRE 4 Les liens étroits entre la connaissance et la croissance

Source : Calculs des auteurs.

Note : L’indice (KEI) mesure l’état de préparation global d’un pays ou d’une région à l’économie de la connaissance, et est basé sur la moyenne de tous les scores normalisés pour les quatre piliers : le régime économique et institutionnel, l’éducation, l’innovation et les TIC. www.worldbank.org/kam.

RNB = revenu national brut ; PPA = parité de pouvoir d’achat.

RN

B p

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010

PPA

($ in

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KEI 2012

Le monde arabe a sous investi dans l’économie de la connaissance

Certains pays arabes se sont déjà lancés sur la voie de l’économie de la connaissance, en valorisant leurs ressources humaines par des progrès dans le domaine de l’éducation,

ce qui a sensiblement augmenté la capacité de la région à absorber de nouvelles technologies et savoir-faire, en investis-sant dans l’infrastructure des TIC et la logistique nécessaires pour se connecter à l’économie mondiale, en construisant des structures de recherche et de développement, et en améliorant leur environnement économique. Ceci est particulièrement vrai pour les pays riches en pétrole du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui visent à transformer certaines de leurs villes en pôles d’innovation mondiaux. Parmi les pays pauvres en ressources, plusieurs ont fait des efforts notables pour organ-iser leurs stratégies de développement autour d’initiatives d’économie de la connaissance à travers des plans sectoriels ou nationaux (encadré 3).

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Le chemin déjà parcouru : les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et l’économie de la connaissance

En Algérie, le Conseil national économique et social (CNES) a organisé des conférences nationales sur l’économie de la connaissance pour sensibiliser sur les questions clés. Le gouvernement a entrepris des réformes dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) et a initié le développement de parcs technologiques. Il a récemment présenté un plan visant à augmenter les dépenses nationales de recherche et développement de près de 3 pour cent du produit intérieur brut d’ici 2015.

La Jordanie a entrepris un effort majeur pour réformer le système d’éducation au niveau de la petite enfance, au niveau de l’enseignement de base et de l’enseignement secondaire afin de former des diplômés possédant les compétences nécessaires pour l’économie de la connaissance. Elle a pris des mesures pour devenir un centre régional de dével-oppement des TIC. Les partenariats avec Microsoft et Cisco devraient offrir des possibilités d’emploi plus attrayantes pour les jeunes diplômés hautement qualifiés. Ces dernières années, la Jordanie a pris des mesures pour améliorer le climat de l’innovation avec la création d’un Conseil national pour la compétitivité et l’innovation, entre autres. Elle s’est également lancée dans l’élaboration d’une stratégie 2012-2016 pour la Science, la Technologie et l’Industrie.

Le Royaume d’Arabie saoudite a adopté une stratégie pour passer à une économie de la connaissance en 2025 et a mis en place une série de réformes de l’éducation. Il investit dans le développement de nouvelles universités, pour soutenir spécialement le domaine des sciences et de la technologie, et il s’est lancé dans un vaste plan de développement de villes dites « du savoir », y compris la ville sainte de Médine. Ce concept vise à positionner le pays dans les industries fondées sur la connaissance et à attirer et développer les talents de partout dans le monde.

Le Liban progresse sur le plan de l’innovation. En 2011, le gouvernement a demandé l’appui de la Banque mondiale pour un projet visant à soutenir des activités innovantes dans le secteur privé. Le projet proposé pourrait inclure un fonds d’investissement pilote visant à fournir une combinaison de financement en subventions et par capitaux propres pour favoriser les idées novatrices et soutenir des start-ups et d’autres entreprises dans leurs premiers stades de croissance.

Le Maroc a été un pionnier des réformes réglementaires dans le secteur de la téléphonie mobile à la fin des années 1990, ce qui en fait l’un des pays à la plus forte télédensité dans la région. Il a également lancé la construction d’un certain nombre de parcs technologiques et de zones industrielles technologiques qui ont attiré des investissements étrangers directs (IED) et des fabrications de pointe. Il a développé une série de plans nationaux dans plusieurs domaines comme l’industrie, l’agriculture, la pêche, les TIC et le tourisme, directement inspirés par une volonté de suivre une voie de développement fondée sur la connaissance.

À Oman, la combinaison de politiques favorables à l’emploi, l’accès à la propriété foncière, la facilitation de l’accès à des produits de consommation abordables et disponibles gratuitement, des services de santé et d’éducation universels, a soutenu l’amélioration des conditions de vie. Un Conseil de recherche a été mis en place pour donner une haute priorité à la recherche et à l’innovation, notamment le lancement de subventions pour la recherche en coopération.

Le Qatar a cherché à élargir son modèle de développement pour passer d’un modèle basé sur le pétrole et le gaz naturel vers une économie fondée sur la connaissance. Une réforme de l’éducation adoptée en 2001 a tenté de briser le moule de l’apprentissage par cœur. Le développement de la Cité de l’éducation par la Fondation du Qatar pour l’éducation, la science et le développement des communautés vise à faire de Doha un centre d’excellence en éduca-tion au Moyen-Orient. Le Qatar a lancé et accueille le Sommet mondial annuel de l’innovation pour l’éducation (WISE) à Doha depuis 2009.

La Tunisie, suite à la préparation et à la publication de rapports annuels sur l’économie fondée sur la connaissance, a développé une stratégie inspirée de cette dernière dans le cadre de ses plans quinquennaux pour faire face à un chômage élevé, surtout chez les jeunes. Elle a initié une série de technopoles pour renouveler et élargir sa base économique. Le Plan de développement de la Tunisie pour 2007-11 a été développé autour des piliers de l’économie de la connaissance. Le plan actuel (2011-14) s’inscrit dans cette perspective.

Aux Emirats arabes unis, depuis deux décennies, Dubaï fonde son développement sur une stratégie de connaissance et d’innovation. La construction d’une plateforme logistique et de transport (centrée sur un port d’envergure mondiale) a donné ensuite naissance à une industrie touristique prospère. En outre, les Émirats arabes unis ont développé des compétences essentielles en matière de technologie, médias et télécommunications.

Ces exemples ont été rassemblés lors de la conférence de 2009 sur l’économie fondée sur la connaissance, qui s’est tenue sous l’égide de l’ISESCO et du Gouvernement de Tunisie, avec l’appui de la Banque mondiale. La conférence a débouché sur la Déclaration de Tunis : http://info.worldbank.org/etools/docs/library/252535/TunisKEDeclaration.pdf.

Source : Les auteurs.

ENCADRé 3

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Mais ces mesures, bien que louables, n’ont pas suivi la cadence du reste du monde. Parmi les régions en développement, la région MENA obtient un score moyen pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI) (figure 5).

L’analyse des tendances des résultats au cours de la dernière décennie (figure 6) montre clairement que les pays du CCG ont tendance à faire mieux que les autres pays arabes. Par ailleurs, les hausses du KEI indiquent qu’ils ont relativement bien progressé au cours de la dernière décennie5.

une autre mesure intéressante est celle de la com-pétitivité. Le Forum Économique Mondial (FEM) a développé un indicateur bien connu, l’indice mondial de la compétitivité (GCI), qui distingue trois types d’économies : suivant qu’elles sont fondées sur (i) la primauté des facteurs de production (ii) la pri-mauté de l’efficacité productive, et (ii) la primauté de l’innovation. Dans cette série, la connaissance et l’innovation jouent un rôle croissant6.

Les pays du GCC sont très bien placés dans le classement des pays pour le GCI (figure 7). Certains pays, comme la Tunisie et le Maroc, affichent des résultats relativement meilleurs pour cet indice de compétitivité que sur le KEI, qui, contrairement au GCI, ne tient pas compte d’un ensemble plus vaste et plus complexe de paramètres affectant le micro-niveau de performance. Les changements dans le

5. Les résultats pour le KEI ne reflètent pas les facteurs sociaux et politiques tels que le statut restrictif de la femme et l’exercice autoritaire du pouvoir qui carac-térisent la plupart des pays du CCG. Ceux-ci peuvent être considérés comme des obstacles dans le processus global de modernisation.

6. Le GCI est la méthode utilisée par le Forum économique mondial dans ses évaluations de la compétitivité (Forum économique mondial 2011). Le modèle repose sur l’idée que les déterminants de la compétitivité sont nombreux et interagissent de manière complexe. Le GCI révèle ces interactions par le biais d’une moyenne pondérée de 12 piliers de compétitivité. Les quatre exigences de base pour les économies axées sur les facteurs classiques de production sont les institutions, l’infrastructure, l’environnement macroéconomique, la santé et l’éducation primaire. Les six facteurs essentiels d’amélioration de l’efficacité pour des économies axées sur l’efficacité comprennent l’enseignement supérieur et la formation, l’efficacité du marchés des biens, l’efficacité du marché du travail, le développement du marché financier, l’aptitude à intégrer la technologie, et la taille du marché. La complexité du secteur des entreprises, le degré de sophistication des marchés et l’innovation sont les facteurs déterminants du troisième type d’économie axée sur l’innovation.

FIguRE 5 Scores régionaux pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2012

Source : Méthode d’évaluation des connaissances KAM (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2012a).

2012

FIguRE 6 Scores par pays pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2000 et 2012

Source : Méthode d’évaluation des connaissances KAM (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2012a).

2000 2012

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

FIguRE 8 Performances des pays pour le KEI 2012 comparées à l’Indice mondial de la compétitivité 2011–12

Source : Indice mondial de la compétitivité 2011–12 (Forum économique mondial 2011) ; Banque mondiale (2012a).

KEI

FIguRE 7 Classements des pays pour le gCI, 2010–11 et 2012–13

Ranking 2010-2011 Ranking 2012-2013

Source : Forum économique mondial 2010, 2011, 2012.

Note : Les classements pour la Tunisie sont pour 2010–11 et 2011–12.

classement des pays pour le GCI entre 2011 et 2013 peuvent être un indicateur qui reflète comment les différents pays ont été touchés par les événements du « printemps arabe ».

Les pays de la région MENA semblent présenter ce qu’on pourrait appeler « une compétitivité faible en connaissance ». Lorsque la performance du pays pour le KEI est comparée à

celle du GCI, on remarque que la compétitivité des pays arabes émane de facteurs autres que ceux liés à la connaissance (figure 8). La majeure partie des économies dans le monde arabe sont mues par les facteurs de production traditionnels. Des changements importants sont donc nécessaires pour les convertir à des économies axées sur l’efficacité et l’innovation.

GCI

Pays individuels (exceptés les pays arabes)

Pays arabes

Linéaire (le monde, exceptés les pays arabes)

Linéaire (pays arabes)

y = 0.3395x + 2.6999 R² = 0.7885

y = 0.2159x + 3.0784 R² = 0.7191

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Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

L’impact du régime économique et institu-tionnel, et son effet sur le climat général des affaires, est primordial. Une mauvaise gou-vernance , qui entraîne un climat des affaires défavorable, est l’obstacle le plus important au développement économique et social de la région, et plus particulièrement au développe-ment basé sur la connaissance, sauf dans les pays du CCG, dont les résultats pour l’indice du régime économique et institutionnel (REI) sont relativement bons (figure 9) et où les insuffisances relatives à la connaissance et l’innovation constituent les principaux freins au développement. L’instabilité politique et économique, en particulier dans un passé récent, a également tiré le KEI vers le bas en affaiblissant le régime économique et institu-tionnel dans son ensemble. Les événements actuels offrent cependant l’opportunité de rendre la gouvernance économique plus trans-parente et plus efficace, afin de développer le potentiel considérable de la région.

Des efforts accrus dans l’économie fondée sur la connaissance contribueraient de manière significative à la création d’emplois

Il est difficile d’estimer avec précision l’impact sur la croissance et l’emploi d’un modèle économique axé sur l’innovation et la connaissance, même si l’amélioration de la performance des individus, des entreprises et d’autres groupes peut être liée ou expliquée par certains aspects de l’accroissement de la con-

naissance ou l’innovation. Néanmoins, les estimations écono-métriques et les considérations exposées ci-après donnent à penser qu’un effort soutenu dans l’économie de la connaissance sur une période suffisamment longue peut être une source importante d’emplois dans la région arabe, à condition que les marchés du travail fonctionnent bien et que l’inadéquation des compétences soit nettement réduite.

Le KEI constitue la base d’un modèle qui peut être utilisé pour mesurer l’impact sur l’emploi de l’effort pour la connaissance des pays. Le modèle, illustré schématiquement sur la figure 10 et décrit en détail dans l’annexe 1 du rapport principal (Banque mondiale, 2013 à paraître), a permis d’estimer la contribution des efforts dans l’économie de la connaissance à la croissance et l’emploi dans les pays MENA pour la période 1995-2008, avec deux sous-périodes : 1995-99 et 2000-08. Dans le modèle, l’élasticité de l’emploi par rapport à l’augmentation des inves-tissements dans la connaissance d’un pays donné est fonction de l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance dans ce pays.

FIguRE 9 Performances pour le KEI et l’indice du REI pour la région MENA et d’autres régions et groupes de pays, 2009

Indice de régime économique

KEI

Source : Méthode d’évaluation des connaissances (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2009b). Note : Moyenne pondérée tirée de la KAM et calculs des auteurs, sauf lorsque les données ne sont pas disponibles (Irak, Libye et Palestine).

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Transformer les économies arabes 13

Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Les effets sur l’emploi des efforts dans l’économie de la con-naissance dans la région MENA au cours de la dernière décen-nie sont perceptibles. Les conclusions suivantes peuvent être tirées du modèle :

• Dans les pays MENA, comme dans d’autres régions du monde, un score plus élevé pour le KEI est associé à des taux de croissance plus élevés. En fait, l’impact du KEI était plus important dans la région MENA que dans les autres régions au cours de la période 2000-05, alors qu’il était plutôt limité durant la période 1995-99. Une augmenta-tion d’une unité dans le KEI représente un gain d’environ 15 places dans le classement, car il y a 146 pays dans la KAM de la Banque mondiale et le KEI va de 0 à 10. Dans la région MENA, une augmentation d’une unité pour le KEI

en 1995 tendait à augmenter le taux de croissance moyen du PIB réel de 0,28 point de pourcentage par travailleur pour la période 1996-2000, tandis qu’une augmentation d’une unité pour le KEI en 2000 a augmenté le taux de croissance moyen du PIB réel de 0,89 point de pourcent-age par travailleur pour 2001-05.

• L’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance dans la région MENA, s’est située en moyenne autour de 0,80 sur la période 1991-2009, ce qui signifie qu’une augmen-tation d’un point de pourcentage du PIB était associée à une augmentation moyenne de l’emploi de 0,8 point de pourcentage pour les trois années suivantes.

• L’élasticité de l’emploi par rapport à l’investissement dans la connaissance (telle que mesurée par le KEI) résultant de la combinaison de ces coefficients, calculés au niveau de chaque pays, allait de 0,2 au Koweït à 1,3 au Qatar, pour la période 2000-09. La valeur du coefficient de 1,3 signifie qu’une augmentation d’une unité pour le KEI pour l’année 2000 a produit une augmentation annuelle moyenne de l’emploi de 1,3 point de pourcentage au Qatar au cours de la période 2000-08. L’élasticité moyenne de l’emploi par rapport à l’investissement dans la connaissance pour la région MENA dans son ensemble était proche de 0,7 pour la période 2000-08, contre seulement 0,23 pour la période 1995-99. En d’autres termes, une augmentation d’une unité pour le KEI pour l’année 2000 a produit une augmentation annuelle moyenne de l’emploi de 0,7 points de pourcentage dans la région MENA dans son ensemble au cours de la période 2000-08 (figure 11).

Connaissance Croissance économique

Effet sur l’emploi (via la croissance économique)

Croissance de l’emploi

FIguRE 10 Estimer les effets de la connaissance sur l’emploi

FIguRE 11 élasticité de l’emploi par rapport au KEI dans les pays MENA, 1995-2008

1995-99

2000-08

Source : Chen, Diop, et Muller 2012 ; Banque mondiale, 2013 à paraître (annexe 1).

exportateurs de pétrole, développés

exportateurs de pétrole, en développement

importateurs de pétrole en développement

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14

Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Le tableau de l’impact de l’économie de la connaissance en matière d’emploi est donc positif et encourageant. Les esti-mations ci-dessus doivent également être comparées au taux observé de croissance de l’emploi pour les pays de la région au cours de la période 2000-09 (tableau 2). Les pays aux petites économies et riches en ressources, dont les taux de croissance de l’emploi sont relativement élevés, sont aussi ceux qui ont

connu la progression la plus significative du KEI depuis une dizaine d’années. De même, les pays qui présentent un taux de croissance de l’emploi faible sont, en général, ceux qui ont connu soit peu de progrès, soit une régression dans leur classement de KEI. Cela confirme la contribution positive de l’effort de l’économie de la connaissance dans le processus de création d’emplois.

Cependant, la contribution de l’économie de la connaissance a été insuffisante à ce jour pour réduire sensiblement le chômage, sauf dans les petites économies du CCg. Les efforts futurs peuvent contribuer à la croissance économique et à la création d’emplois de trois façons :

• En intensifiant les efforts de l’économie de la connaissance. En général, les pays MENA ont accomplis des efforts inféri-eurs à la moyenne mondiale. Pour avoir un véritable impact, les efforts devraient être importants, comme le montrent les résultats présentés ci-dessus. L’augmentation du KEI d’un pays, même d’une seule unité, représente un défi de taille. Comme mentionné précédemment, il équivaut à gagner environ 15 places dans le classement du KEI. Mais ce degré d’avancement est possible avec un effort soutenu. Plusieurs années sont généralement nécessaires, dans la mesure où les variables liées à l’éducation et à l’innovation ne progressent pas rapidement (contrairement à celles liées à l’environnement des affaires et des TIC, où les progrès peuvent être rapides).

• En réduisant l’inadéquation des compétences. Dans la plupart des pays, il existe un décalage important entre les compétences demandées par les employeurs et

celles présentées par les demandeurs d’emploi. Près de 40 pour cent des entreprises interrogées par les évalu-ations du climat d’investissement dans la région MENA ont rapporté que la faible disponibilité de main-d’œuvre qualifiée est une contrainte majeure pour les entreprises (figure 12). Cette inadéquation atténue l’ajustement positif de l’emploi aux augmentations du KEI. Lorsque la main-d’œuvre possède les compétences requises, comme au Qatar (grâce à l’attraction en masse d’expatriés qualifiés), les investissements dans l’économie de la connaissance ont eu un impact significatif sur l’emploi. La plupart des pays MENA ont une abondance de travailleurs hautement qualifiés, mais leurs compétences ne sont pas adaptées aux exigences de l’économie. Des ajustements importants sont donc nécessaires dans les systèmes d’éducation et de formation de la région afin d’assurer une meilleure adéqua-tion entre les compétences des diplômés et les exigences des employeurs. Dans l’intervalle, des mesures à court terme de reconversion des travailleurs pour leur fournir une formation supplémentaire afin de répondre aux demandes de travail clairement identifiées peuvent avoir un impact certain sur la réduction de l’écart entre l’offre et la demande liées aux compétences.

TABLEAu 2 Taux de croissance de l’emploi dans les pays arabes, 2000–09Population active

Pays 2000 2009 Taux de croissance annuel composé (%)

Algérie 7,772,217 13,195,310 6.06

Rép. arabe d’Égypte 19,254,668 23,980,516 2.47

Libye 1,624,133 2,103,832 2.92

Maroc 8,819,170 10,758,452 2.23

Tunisie 2,711,153 3,271,820 2.11

Bahreïn 200,000 400,000 8.01

Koweït 1,200,000 2,100,000 6.42

Oman 700,000 1,100,000 5.15

Arabie saoudite 6,000,000 8,100,000 3.39

Émirats arabes unis 1,700,000 3,500,000 8.35

Conseil de coopération du golfe 9,800,000 15,200,000 5.00

Non-CCG 53,202,748 69,935,998 3.09

Total 63,002,748 85,135,998 3.40

Source : Auteurs.

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Transformer les économies arabes 15

Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

• En orientant les économies vers des secteurs plus com-pétitifs. Les structures économiques influencent l’effet d’une forte croissance sur l’emploi, en particulier les emplois qualifiés. Dans la région, le principal pourvoy-eur d’emplois qualifiés a été le gouvernement. En fait, les pays MENA emploient une part beaucoup plus importante de personnes dans le secteur public (entre 14 et 40 pour cent) que dans les pays de comparaison (figure 13). Il est nécessaire d’orienter l’économie vers des secteurs où la croissance est plus susceptible de créer des emplois. Il y a peu à espérer en termes de croissance et d’emploi des secteurs qui sont exposés à la concurrence étrangère. Mais il existe des possibilités pour les biens et services non exportés, dans les secteurs où les pays MENA pos-sèdent des avantages comparatifs uniques en raison de la géographie et d’autres facteurs, et dans les activités liées à l’environnement et aux infrastructures.

Avec des efforts soutenus, il devrait donc être possible d’augmenter significativement la contribution de l’économie de la connaissance à la création d’emplois dans la région

dans un délai acceptable7. En se basant sur les estimations et les chiffres fournis ci-dessus, on peut raisonnablement s’attendre à une augmentation des efforts dans l’économie de la connaissance dans la région d’une ampleur suffisante pour stimuler le taux annuel de croissance de l’emploi d’un point de pourcentage par rapport au taux enregistré au cours de la décennie 2000-098. Sur une décennie, une telle augmentation, si elle se produit, créerait, par exemple, quelque 300 000 nouveaux emplois en Tunisie, environ 1,5 millions de nouveaux emplois en Égypte, et quelque 700 000 nouveaux emplois en Arabie saoudite (en plus des emplois qui devraient être générés en vertu des trajectoires actu-elles). Comme indiqué plus haut, la plupart des pays arabes ont une certaine marge de manœuvre, parce que jusqu’à présent, ils n’ont pas suffisamment investi dans les piliers de l’économie de la connaissance (par rapport aux pays de même niveau de développement). Bâtir une économie de la connaissance exige un engagement exigeant à long terme, mais cela reste le meilleur choix pour une croissance économique durable accompagnée d’un niveau suffisam-ment élevé de création d’emplois.

7. Cette période peut varier d’un pays à l’autre. Cinq à dix ans sont généralement nécessaires pour constater les bénéfices des efforts, des réformes et des initia-tives dans les différents piliers de l’économie de la connaissance.

8. Les estimations proposées ici découlent des données présentées ci-dessus sur l’élasticité de l’emploi par rapport au KEI. Pour la période 2000-09, la région dans son ensemble affichait une élasticité de 0,7 pour cent pour 15 positions gagnées dans le KEI. Ce gain semble raisonnable compte tenu du sous-investisse-ment relatif de la région dans les différents piliers de l’économie de la connaissance. En outre, on peut envisager qu’une meilleure intégration dans l’économie mondiale induira une réduction significative de l’inadéquation des compétences et une meilleure élasticité de l’emploi par rapport à la croissance économique. Compte tenu de tous ces facteurs, on peut penser que des efforts plus importants et meilleurs dans l’économie de la connaissance induiront une augmentation d’un point de pourcentage du taux de croissance annuel de l’emploi.

FIguRE 12 Pourcentage d’entreprises signalant le manque de compétences comme une contrainte

Source : Enquêtes de la Banque mondiale sur le climat d’investissement, 2006-10.

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16

Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ?

FIguRE 13 L’emploi dans le secteur public dans la région MENA et les pays choisis à fins de comparaison -- moyennes au cours des années 2000

Source : Gatti et al. 2013.

a. Pays MENA b. Pays comparateurs

³ ° ³

La partie 1 a exposé les raisons de s’orienter vers une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation. La partie 2 examine les types de politiques nécessaires à la construction de telles économies.

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Transformer les économies arabes 17

Dans ce chapitre

°± Les piliers de l’économie de la connaissance

°± La diversification sectorielle et spatiale axée sur l’économie de la connaissance

Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Transformer les économies arabes

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Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Les éléments de base comprennent : l’amélioration de l’environnement des affaires et de la gouvernance, la mise en place d’un système éducatif et de formation de qualité, l’établissement d’un climat propice à l’innovation, et la réali-sation d’une société de l’information dynamique. En outre, il est important de stimuler l’émergence de secteurs et de sites porteurs de croissance, dans l’intérêt de la diversification économique. Tout cela aurait un impact plus conséquent si cela était réalisé dans une stratégie plus large de coopération internationale et d’intégration régionale. La figure 14 présente cet ensemble d’actions coordonnées.

Les piliers de l’économie de la connaissance

Adopter des réformes favorables aux entreprises et améliorer la gouvernance

Des politiques macroéconomiques saines, une bonne gou-vernance d’ensemble et un environnement favorable aux entreprises constituent la base de stratégies fondées sur la connaissance, comme pour presque toutes les stratégies de développement. Il est nécessaire de poursuivre l’amélioration du climat des affaires afin de stimuler la création d’entreprises et d’attirer les investissements étrangers, qui, ensemble, favo-risent la croissance et la compétitivité. Plusieurs pays arabes

ont fait des progrès considérables au cours de la dernière décennie, comme on le constate dans les enquêtes Doing Business de la Banque mondiale, sous la pression des milieux d’affaires et avec l’aide des institutions internationales. Dans certains cas, les événements déclenchés par le « printemps arabe » ont ralenti le rythme des réformes, même dans des pays exempts de troubles politiques ou de guerre civile. Les réformes nécessaires devraient être reprises et approfondies dès que possible La figure 15 montre que les trois facteurs ayant le plus d’impact sur l’environnement des affaires dans le monde arabe sont le manque d’accès au financement, une réglementation du travail restrictive et une bureaucratie gou-vernementale inefficace.

Améliorer le climat entrepreneurial. La région se caractérise par l’un des taux les plus bas de création d’entreprises (les nouvelles entreprises nationales ainsi que les entreprises étrangères) dans le monde (figure 16). Un taux élevé de créa-tion d’entreprises est un signe de dynamisme économique et de renouveau. Un faible taux de création d’entreprises, une croissance lente et une capacité limitée à générer des emplois sont liés à la qualité globale de l’environnement des affaires. Les gouvernements de la région auraient intérêt à mettre en œuvre des politiques visant à améliorer le climat entrepreneurial en réduisant la bureaucratie, en éliminant les réglementations qui étouffent les initiatives et en supprimant les privilèges injustifiés des groupes proches des pouvoirs en place. Il est également vital d’éliminer les disparités entre les agents économiques, en simplifiant les procédures adminis-tratives, en réduisant les barrières des marchés protégés, et en augmentant la concurrence des banques pour l’accord des crédits aux entreprises. L’accroissement des sources de financement, y compris la finance islamique, résoudrait une partie de l’équation (Banque mondiale, 2009a).

Faciliter le commerce et l’investissement étranger. Pour compléter les changements évoqués ci-dessus, les circuits commerciaux doivent être élargis, les barrières douanières réduites et les échanges de technologie facilités (Chauffour 2013). Les plateformes logistiques doivent être améliorées et développées, comme cela a été fait, par exemple, par le Maroc au port de Tanger. Grâce à la mise en place de zones industrielles spécialisées, il est possible d’attirer des entre-prises étrangères et de promouvoir les exportations grâce à des incitations diverses. Ces zones sont d’autant plus justifiées si elles stimulent l’économie locale grâce à la création de liens de sous-traitance et aux retombées sur les entreprises envi-ronnantes. Elles ne doivent, cependant, pas servir de prétexte pour éviter des réformes nationales, qui sont essentielles.

Réformer les marchés du travail. Étant donné qu’une part importante de la population, soit ne participe pas à une activité économique, soit en tire peu de profits en raison du faible nombre d’emplois à haute valeur ajoutée disponibles, l’équilibre de fonctionnement des marchés du travail dans la région est basé sur une faible productivité. En outre, la répartition des talents est déviée vers le secteur public, qui a une productivité limitée dans l’ensemble, mais qui offre des conditions relativement enviables pour les travailleurs individuels. Cet équilibre est à la fois inefficace et inéquitable (Gatti et al.2013). La rigidité des marchés du travail perpétue une situation injuste entre ceux qui sont « dedans » et ceux qui

FIguRE 14 Le système des politiques de la connaissance et l’innovation

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Transformer les économies arabes 19

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Source : Gatti et al. 2013.

FIguRE 16 Densité moyenne de création d’entreprises pour certaines économies émergentes, 2004-09

Pays MENA

Pays comparateurs

Den

sité

de

créa

tion

d’en

trep

rise

sont « en dehors » (les personnes déconnectées des réseaux et celles qui sont employées dans l’économie informelle, en particulier les jeunes et les femmes). Elle entretient égale-ment les lacunes de compétences et de savoir-faire au sein de l’économie, un problème majeur qui empêche les pays de tirer profit pleinement des efforts dans l’économie de la connaissance. Les obstacles à l’amélioration des marchés

du travail ne disparaîtront pas du jour au lendemain car ils proviennent d’un environnement réglementaire qui renforce le statu quo, qui est affecté par une protection de l’emploi rigide, un secteur public qui distord les préférences des acteurs, et des systèmes d’éducation inadaptés basés sur le statut plutôt que les résultats. De profonds changements réglementaires et culturels sont donc nécessaires.

FIguRE 15 Les obstacles aux affaires dans le monde arabe

Source : Forum économique mondial et OCDE 2011.

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20

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Pourvoir à une meilleure éducation et pour le plus grand nombre

L’éducation est la base d’une économie fondée sur la con-naissance et l’innovation. Des progrès considérables ont été réalisés dans le monde arabe ces dernières années pour élargir l’accès à l’éducation (figure 17). Mais même si les pays ont investi une part importante de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’éducation, ces efforts n’ont pas donné les résultats escomptés en termes de qualité. Dans la plupart des pays arabes, plus d’éducation n’a pas été synonyme de plus d’apprentissage, et le lien entre l’éducation et l’emploi n’a pas encore été établi. Des efforts sont nécessaires pour prodiguer aux élèves des compétences pratiques de la vie quo-tidienne leur permettant d’agir efficacement en tant qu’acteurs économiques productifs et citoyens responsables.

Les tests internationaux sur les acquis tels que TIMSS et PISA révèlent que les étudiants dans les pays arabes demeurent à la traine comparés à de nombreux autres pays au niveau de développement comparable pour l’acquisition des connais-sances de base (figure 18). La qualité de l’apprentissage dans les pays arabes est encore en dessous du niveau escompté, compte tenu de leur développement économique, tel que mesuré par le PIB par habitant.

Les gouvernements doivent prendre des mesures pour réformer le système éducatif dans son ensemble afin que l’éducation soit plus étroitement liée à l’emploi. Pour forger ce lien il faut commencer dès le développement de la petite enfance et l’éducation de base, puis passer à l’enseignement secondaire et supérieur qui dispensent les compétences fondamentales requises pour une pensée créative et critique (y compris à travers l’enseignement technique et la formation

FIguRE 17 Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur, par région du monde, 1990 et 2010

a. Taux bruts de scolarisation dans

l’enseignement secondaire, 1990 et 2010

b. Taux bruts de scolarisation dans

l’enseignement supérieur, 1990 et 2010

1990

2010

1990

2010

Source : UNESCO 2012.

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Transformer les économies arabes 21

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

professionnelle, ETFP), et terminer par l’élaboration d’un système efficace d’apprentissage tout au long de la vie. L’approche  « des compétences au service de l’emploi et de la productivité » (Skills Toward Employment and Productivity - STEP) offre un moyen simple mais complet pour penser le développement des compétences comme une aide à la création de plus d’emplois et plus de productivité (figure 19).

Tout en reconnaissant que chaque pays est unique et doit tracer sa propre voie, les pays de la région auraient

intérêt à poursuivre les réformes dans plusieurs domaines clés. Il s’agit notamment d’améliorer l’enseignement de l’éducation de base, de développer l’ETFP et d’augmenter les liens éducation-emploi, et de réorienter le système d’enseignement supérieur davantage vers les sciences et l’ingénierie plutôt que les sciences sociales et humaines. Dans l’ensemble, les pays doivent ajuster la gouvernance, la gestion, le financement et les incitations liées à la per-formance de leurs systèmes éducatifs afin de produire de meilleures conditions d’apprentissage.

Source : Banque mondiale 2010a.

FIguRE 19 L’approche « des compétences au service de l’emploi et de la productivité » (STEP)

Faire prendre aux enfants

un bon départ

Investir tôt

S’assurer que tous les élèves

apprennent

Investir dans la qualité &

équitablement

Renforcer les compétences

utiles pour l’emploi

Rester à l’écoute du marché

Encourager l’entrepreneuriat

et l’innovation

Faciliter la mobilité de la main-d’œuvre et l’adéquation

entre l’offre et la demande d’emplois

PRODuCTIVITé & CROISSANCE

1 2 3 4 5

Source : Gatti et al. 2013.

FIguRE 18 Qualité de l’éducation mesurée par TIMSS, 2011

Scor

es T

IMSS

en

mat

hém

atiq

ues,

201

14è

me

anné

e

log du PIB par habitant

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22

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Améliorer la qualité de l’éducation de base. Investir davan-tage dans le développement de la petite enfance pourrait contribuer à donner aux enfants arabes un bon départ et une base d’apprentissage. La réforme de l’enseignement et de l’apprentissage est d’une importance primordiale. Il serait utile de revoir les méthodes pédagogiques qui restent fondées sur l’apprentissage par cœur. La qualité du matériel péda-gogique pourrait être améliorée et les qualifications des ensei-gnants pourraient être accrues9. Certains pays, notamment la Jordanie, ont mis en place des programmes ambitieux qui ont apporté des améliorations dans les résultats scolaires (encadré 4).

Développer l’enseignement technique et professionnel. Il existe un décalage manifeste entre les compétences nécessaires pour s’intégrer dans l’économie et les apports du système éducatif et de formation. Dans toute la région, l’enseignement technique et professionnel a besoin d’être

revu. Il est nécessaire d’améliorer la gouvernance de l’ETFP et d’introduire la participation, la responsabilisation et la décentralisation dans l’offre de ce service public. De nouvelles sources de financement, y compris du secteur privé, sont nécessaires pour assurer une offre diversifiée de services d’ETFP de qualité supérieure. Les programmes d’éducation coopérative proposés en partenariat avec les employeurs semblent bien fonctionner, comme l’a démontré l’expérience internationale, y compris un certain nombre de programmes pilotes dans des pays tels que la Tunisie (externalisation des processus d’affaires et des technologies de l’information (BPO et ITO)) et le Maroc (le programme des compétences de l’Office Chérifien des Phosphates pour reconvertir 15 000 jeunes). De nouvelles pistes pour relier l’éducation à l’emploi doivent être explorées, telles que l’initiative multinationale de l’Éducation pour l’Emploi (EFE) qui fonctionne actuelle-ment dans plusieurs pays de la région et devrait être élargie (encadré 5).

9. Dans ce contexte, le projet de la Banque mondiale de système d’évaluation et d’analyse comparative des résultats de l’éducation (SABER) donne un bon aperçu des moyens d’améliorer les politiques d’enseignement dans plusieurs pays MENA (Banque mondiale 2012C).

Le programme de réforme de l’éducation pour l’économie du savoir en Jordanie (ERfKE)

La réforme de l’éducation pour l’économie du savoir (ERfKE) en Jordanie est un programme sur 10 ans, à donateurs multiples et visant à proposer une réforme globale de l’éducation. La première phase ERfKE I (2003 - 09) était centrée sur les grandes réformes du système éducatif général. ERfKE II (2006 - 10) était axée sur l’augmentation du niveau des compétences nécessaires pour participer à l’économie du savoir à tous les niveaux de l’éducation. En parallèle, l’Initiative jordanienne en faveur de l’Éducation a été lancée en 2003 sous l’égide du Forum économique mondial (FEM), en partenariat multipartite intégrant les technologies de l’information et de la communication (TIC) comme un outil pour l’enseignement et l’apprentissage de la 1ère à la 12ème année.

Les résultats des réformes sont tangibles. En 2010, la Jordanie a enregistré le taux le plus élevé d’alphabétisation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les taux bruts de scolarisation aux niveaux primaire et secondaire ont respectivement atteint 98 et 97 pour cent en 2006; jusqu’à 3 000 écoles étaient connectées à des portails d’apprentissage en ligne, avec 80 pour cent des écoles connectées à l’Internet, et on a noté une augmentation de 37 pour cent d’enseignants de maternelle qualifiés avec un diplôme de licence et une certification. L’objectif de former 50 000 enseignants dans les compétences de base en TIC a été dépassé dans la mesure où plus de 85 000 enseignants ont été formés et 55 000 certifiés, par rapport au niveau de référence de 5 000 enseignants formés aux TIC en 2003. De nouveaux programmes et méthodes d’enseignement qui mettent l’accent sur des capacités supérieures de réflexion, la pensée critique, l’apprentissage centré sur l’apprenant et d’autres aspects importants ont été développés.

Les évaluations montrent des améliorations dues aux nouveaux programmes, au matériel d’apprentissage et à la for-mation des enseignants. Les résultats de l’évaluation nationale de 2008 pour l’économie du savoir ont montré une nette amélioration des performances en mathématiques, en sciences et en lecture. Les résultats TIMSS de 2007 ont montré une amélioration significative des performances. En sciences, la Jordanie a amélioré son classement régional et international. Entre 2003 et 2007, la Jordanie a progressé dans le classement international TIMSS passant de 25 à 20 en sciences et de 32 à 31 en mathématiques.

Les résultats ont été obtenus grâce à des mesures cohérentes qui ont commencé par un vaste processus de consultation. A partir de ce processus, une stratégie nationale a été élaborée afin de guider le ministère de l’Éducation. Un système d’aide à la décision a été créé pour fournir des informations à jour sur les activités relatives à l’éducation. 90 pour cent des décideurs et des chercheurs utilisaient ce système en 2008. Des améliorations constantes ont été apportées aux programmes d’études, aux environnements d’apprentissage, et aux connexions à haut débit, grâce à la coopération de l’industrie mondiale des technologies de l’information.

Source : Banque mondiale 2010b, 2011c ; Bannayan et al. 2012.

ENCADRé 4

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Transformer les économies arabes 23

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Promouvoir la science et la technologie dans l’enseignement supérieur. Dans l’enseignement supérieur, la grande majorité des étudiants choisit de s’orienter vers les sciences humaines et sociales, et de nombreux diplômés ont des difficultés à trouver un emploi. En 2009, moins d’un quart des étudiants universitaires en Algérie, au Liban et en Arabie saoudite se sont spécialisés en sciences, technologie ou ingénierie. A titre de comparaison, la proportion était de plus de deux cinquièmes dans les pays de l’Asie de l’Est tels que la Chine, la Corée et la Malaisie (Banque mondiale 2012b). Le moyen le plus efficace pour modifier cette situation est d’améliorer la qualité de l’enseignement scientifique et technique en amont, à l’école secondaire et même primaire. La création de nouvelles universités en partenariat avec des institutions étrangères prestigieuses a déjà commencé à renforcer les capacités scientifiques et technologiques dans plusieurs pays, tout en améliorant leur position concurrentielle inter-nationale. Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (comme Dubaï, l’Arabie saoudite et le Qatar) et le Maroc, avec de nouvelles universités privées, montrent la voie. Plus généralement, la création d’universités privées devrait être encouragée lorsque le système public est rigide, à condition que les programmes d’aide aux étudiants (sous forme de bourses et de prêts) puissent être mis en place pour com-penser les inégalités sociales.

Tous les pays arabes, quelles que soient leurs conditions initiales, ont besoin de passer de la gestion des intrants

éducatifs à l’ingénierie du système éducatif afin d’obtenir de meilleurs résultats. Plutôt que de contrôler l’allocation des intrants éducatifs et des ressources, les gouvernements arabes devraient définir clairement les objectifs en terme d’apprentissage et d’acquisition des compétences (tels que mesurés par les résultats aux tests, notamment les tests internationaux, et par l’amélioration de l’employabilité), afin de mettre en place des incitations pour encourager un grand nombre d’acteurs publics et privés à poursuivre ces objec-tifs, et de coordonner les mesures prises. L’approche doit se concentrer non seulement sur l’amélioration des relations techniques entre les intrants (inputs) et les extrants (outputs) de l’éducation (ingénierie de l’éducation), mais aussi sur les incitations auxquelles sont confrontées les acteurs concernés (enseignants, écoles) et sur la responsabilité des décideurs publics envers les citoyens.

Stimuler l’innovation et la modernisation technologiques

L’innovation stimule et renouvelle les bases productives des économies et des sociétés. L’innovation doit être envisagée comme le développement et la diffusion de produits et de procé-dés nouveaux pour une économie et une société données (plutôt que nouveaux dans le monde). L’innovation résulte de l’action des entrepreneurs qui exploitent les opportunités technologiques ou scientifiques pour satisfaire les besoins ou les marchés qu’ils ont identifiés. Les efforts de recherche et développement (R&D) peuvent contribuer à l’innovation, mais l’innovation ne découle pas uniquement et directement de la recherche.

L’effort d’innovation dans les pays arabes a jusqu’à présent été relativement modeste, comme en témoigne le faible niveau des dépenses de R&D (figure 20), qui, sont, de plus, en grande partie financées par l’État et non par le secteur des entreprises. Les brevets déposés par les résidents sont également faibles (figure 21). La part des exportations de haute et moyenne tech-nologie dans les exportations manufacturières totales est modeste, mais en légère augmentation (figure 22).

Faire le lien entre l’éducation et l’emploi

Le taux de chômage élevé des jeunes Arabes a été attribué à l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché. Le projet multinational de l’Éducation pour l’Emploi (EFE) met l’accent sur le rôle que le secteur privé peut jouer pour réduire ce décalage. Le projet comprend un réseau d’organisations sans but lucratif, gérées localement, qui offrent aux jeunes des emplois effectifs, plutôt qu’une formation sans réelle perspective de travail. Les projets EFE sont actuellement basés en Egypte, en Jordanie, au Maroc, en Palestine, en Tunisie et au Yémen. L’EFE repère les domaines de l’économie qui offrent un fort potentiel de croissance et de création d’emplois mais qui manquent de personnel qualifié. Les entreprises locales acceptent d’embaucher un certain nombre de diplômés du programme, de fournir des fonds et d’offrir des contribu-tions en nature (telles que des bureaux et du personnel administratif). Ils encouragent les autres chefs d’entreprise à embaucher des diplômés et à présenter l’EFE aux chefs de gouvernement et autres décideurs. L’EFE met égale-ment en œuvre un nouveau programme d’entrepreneuriat pour aider les nouveaux jeunes aspirants entrepreneurs à démarrer leur propre entreprise. Durant ses cinq pre-mières années d’exploitation (2006-11), le réseau EFE a formé et trouvé un emploi à plus de 2300 jeunes défavorisés à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Environ 50 pour cent des diplômés étaient des femmes. Un nombre similaire de personnes devrait avoir été formé en 2012. Il faudrait trouver les moyens d’amplifier rapidement de tels programmes.

Source : L’Éducation pour l’Emploi (http://www.efefoundation.org).

ENCADRé 5

FIguRE 20 Dépenses brutes de R&D en pourcentage du PIB pour certains pays arabes et comparateurs

DIRD en pourcentage du PIB

Source : Banque mondiale 2012d ; UNESCO 2012.

Note : DIRD = dépenses intérieures brutes en recherche et développement.

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24

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

FIguRE 23 Le positionnement de la politique de l’innovation

FIguRE 22 Total des exportations par catégorie de technologie en MENA, 2005-2009

Source : ONUDI 2011.

FIguRE 21 Demandes de dépôt de brevet émanant des résidents par rapport aux non-résidents (moyenne annuelle 2000-10)

Source : Indicateurs du développement dans le monde, Banque mondiale.

résident

non résident

exportations basées sur les ressources naturelles

exportations de moyenne intensité technologique

exportations à faible intensité technologique

exportations de haute-technologie

pour

cent

age

du to

tal d

es e

xpor

tatio

nss

man

ufac

turé

es économie fondée sur la connaissance

Politique d’innovation

Politique de S&T

recherche

commerce

autres

éducation

finance

industrie

politique d’innovation

Source : Banque mondiale 2010c.

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Transformer les économies arabes 25

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Au-delà des politiques scientifiques et technologiques. Comme dans de nombreux pays, les décideurs arabes, estimant que l’innovation émergerait naturellement d’un effort de R&D supplémentaire, ont investi massivement dans la recherche académique, dans des structures de R&D et des laboratoires publics. Puis, lorsque les résultats de ces investissements se sont révélés décevants, inspirés par les tendances mondiales alors à la mode, ils ont commencé à consacrer des ressources considérables à la construction de sites d’innovation sous la forme d’incubateurs et de parcs technologiques. Cette tendance s’est développée au cours de la dernière décennie, se concen-trant sur les entreprises de technologie de l’information, qui représentent environ la moitié des entreprises et des emplois créés dans ces sites. Plus récemment, en s’appuyant sur les tendances internationales, les décideurs ont développé et perfectionné leurs instruments d’intervention, comme par exemple, pour stimuler la coopération université-industrie ou pour mobiliser du capital-risque. La nécessité d’élargir le concept d’innovation, et de la politique propre à la stimuler, doit être réaffirmée avec force (figure 23). Les décideurs de la région devraient prioritairement : soutenir les innovateurs, adapter les structures de recherche en les mettant au service de l’économie, renforcer les liens entre universités et entreprises, et organiser la façon de tirer profit des connaissances mondiales.

Soutenir les innovateurs. La politique d’innovation devrait com-mencer par la mise en place de mécanismes pour soutenir les innovateurs : un soutien technique, commercial, juridique et financier apporté par des structures telles que des incubateurs opérant au plus près des innovateurs. Les incubateurs se sont multipliés dans les pays arabes, comme ailleurs, mais ils ont obtenu des résultats inégaux dans la région, souvent parce

qu’ils souffrent d’un manque de professionnalisme, de gestion appropriée, de connexions adéquates aux réseaux techniques ou commerciaux et de liens avec des apporteurs de capital-risque. Certains pays, comme le Liban, ont été en mesure de trouver des moyens de mobiliser du capital en utilisant des garanties publiques (encadré 6). Les innovateurs ont également besoin d’un accès libre et facile aux services technologiques pour tester leurs idées et leurs inventions. De plus, l’environnement dans lequel ils opèrent doit offrir des normes efficaces, des équipe-ments de mesure, et les infrastructures connexes.

Mettre les structures de recherche au service de l’économie et de la société. Les structures de recherche publiques et universitaires de la région devraient être systématiquement évaluées. Un critère d’excellence strict devrait être appliqué lors de l’évaluation des efforts de recherche fondamentale, alors que des critères liés à la pertinence économique, sociale et environnementale sont plus appropriés pour l’évaluation de la recherche appliquée. La coopération entre les universités et le monde des affaires est essentielle pour le processus d’innovation. Des incitations gouvernementales efficaces, comme en témoigne l’expérience de nombreuses économies avancées et émergentes, stimulent la coopération pour des projets spécifiques par le biais de fonds de contrepartie (matching funds) qui augmentent les contributions du secteur des entreprises. Plusieurs pays, comme l’Égypte, ont mis en place des programmes bien conçus dans ce domaine (encadré 7). Il est également nécessaire d’éliminer systématiquement toute une série d’obstacles réglementaires qui empêchent la coopération université-industrie, tels que des systèmes de rémunération ou d’indemnisation excessivement restrictifs pour les chercheurs ou les professeurs qui collaborent, les mécanismes de transfert de pension et autres.

Promouvoir des projets collaboratifs de R&D entre l’université et l’industrie en égypte

Le Fonds d’innovation a constitué la composante principale du Programme de recherche, de développement et d’innovation en Égypte (fonctionnant avec des ressources fournies par l’Union européenne). Lorsqu’il était actif, le Fonds soutenait des projets transversaux liés aux défis industriels et aux pri-orités nationales. Les projets étaient lancés et gérés en col-laboration entre les organismes de recherche et l’industrie. Des subventions étaient accordées sur une base concurren-tielle à des consortiums menant des projets de collaboration provenant des universités, des instituts de recherche et de l’industrie. À partir d’un grand nombre de propositions de haute qualité qui indiquaient clairement une demande des milieux de la recherche et des affaires, le Fonds d’innovation a pu sélectionner 51 projets en vue d’un financement avant de rencontrer des restrictions budgétaires. Près de 43 pour cent des 134 bénéficiaires du fonds provenaient de l’industrie et ont contribué à environ 1,6 million € (en tant que cofinancement) pour les dépenses de R&D de l’Égypte, ce qui reflète claire-ment un intérêt pour la R&D basée sur la recherche appliquée et la demande du marché. Grâce au soutien du Fonds pour la collaboration internationale, plus de 26 partenaires européens et méditerranéens ont participé à des projets qui ont conduit à un échange de connaissances et de savoir-faire avec leurs homologues égyptiens. Sept collaborations ont permis de dével-opper de nouveaux produits et services qui devraient générer environ 40,4 millions € en retour sur investissement d’ici à 2014.

Source : www.rdi.eg.net.

ENCADRé 7

Kafalat, une institution libanaise fournissant du capital-risque

Kafalat, une société libanaise créée en 1999, fournit des garanties de prêt aux petites et moyennes entreprises (PME) sur la base de plans d’affaires et d’études de faisabilité. Elle s’adresse aux start-ups innovantes et aux PME dans les secteurs de l’industrie, l’agriculture, le tourisme, l’artisanat traditionnel et la haute technologie. Les prêts garantis par Kafalat bénéficient de bonifications de taux d’intérêt financées par le Trésor libanais et administrées par la Banque centrale du Liban. Kafalat aide les emprunteurs en utilisant ses études de faisabilité pour inciter les prêteurs à exiger une garantie inférieure. Kafalat sert également l’intérêt du prêteur en réduisant les risques de crédit. Les prêts garantis par Kafalat en livres libanaises sont exempts de la nécessité d’assurer des réserves obligatoires décidées par la Banque centrale du Liban. Cela réduit le coût du capital de la banque prêteuse et lui permet d’accorder des prêts à des taux d’intérêt moindres. Le système de garantie du crédit Kafalat encourage la création d’entreprises et a fait progresser les investissements nationaux, les rendements et les emplois. Actuellement, le montant maximal du prêt garanti Kafalat Innovation est de 300 millions de livres libanaises (environ 200 000 US$).

Source : Auteurs, sur la base de www.kafalat.com.lb

ENCADRé 6

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26

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Aider à tirer profit des connaissances et des technologies mondiales. L’une des façons les plus importantes d’améliorer la technologie nationale est d’exploiter et d’utiliser la tech-nologie étrangère qui est disponible en abondance à travers une variété de canaux. Les entreprises multinationales qui opèrent dans le pays sont une source primordiale de trans-ferts de connaissances et de technologie. Plusieurs initiatives dans la région, y compris celles du Maroc dans les industries automobile et aéronautique, et en Jordanie dans les technolo-gies de l’information, montrent la voie dans ce domaine. La technologie est également accessible via les réseaux de la diaspora qui ont l’avantage supplémentaire d’apporter des capacités financières et de gestion cruciales, comme au Liban, et qui peuvent être mobilisées avec des systèmes appropriés, comme l’ont démontré par exemple l’Ecosse, le Chili et la Chine.

Développer une société de l’information

Dans le monde actuel, basé sur la connaissance et marqué par les extraordinaires progrès des technologies de la communication, les pays doivent se transformer en socié-tés de l’information dynamiques10. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont l’épine dorsale des économies d’aujourd’hui, comme l’étaient le

transport et l’électricité au siècle dernier. Les pays arabes ont investi massivement dans les TIC au cours des 15 dernières années. La téléphonie mobile a connu une forte croissance dans la région, comme dans la plupart des pays du monde (figure 24).

Les pays dans le monde arabe en sont à divers stades de l’économie numérique. Le Global Information Technology Report 2012 du Forum économique mondial (FEM) couvre 142 économies et comprend un Indice de préparation au numérique (Networked Readiness Index (NRI)), qui indique le degré auquel des économies maîtrisent les TIC11. Les pays du CCG figurent à nouveau en bonne place pour leurs classements dans les deux compilations de l’indice de 2010-11 (138 économies) et 2012 (figure 25), avec 3 pays dans le top 30 (Bahreïn, le Qatar et les EAU) grâce à leur environnement propice à l’entrepreneuriat et à l’innovation, doublé d’une bonne préparation aux TIC (infra-structures, accessibilité financière et compétences).

Des progrès ont également été réalisés dans la pénétra-tion d’Internet. Entre 2000 et 2010, le nombre d’utilisateurs d’Internet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) a décuplé pour atteindre plus de 100 millions. A la fin de la période, la pénétration variait selon les pays, allant de 12 utilisateurs pour 100 habitants en Algérie à 85 pour 100 au Qatar (figure 26). La pénétration d’Internet peut avoir des effets bénéfiques sur l’économie. Une augmentation d’un

10. Lors du Sommet mondial de 2003 sur la société de l’information organisé par l’Union internationale des télécommunications, les dirigeants mondiaux ont pro-clamé leur « volonté et leur détermination communes d’édifier une société de l’information à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement, une société dans laquelle chacun ait la possibilité de créer, d’obtenir, d’utiliser et de partager l’information et le savoir, et dans laquelle les individus, les communautés et les peuples puissent ainsi mettre en œuvre toutes leurs potentialités en favorisant leur développement durable et en améliorant leur qualité de vie » (www.itu.int/wsis/basic/faqs.asp).

11. Le cadre du NRI 2012 mesure le degré auquel le marché et le cadre réglementaire d’un pays soutiennent des niveaux élevés d’utilisation des TIC, le degré de préparation de la société à faire bon usage d’une infrastructure de TIC abordable, les efforts des individus, des entreprises et des gouvernements pour accroître leur capacité à utiliser les TIC, ainsi que l’utilisation effective des TIC dans leurs activités quotidiennes et les répercussions économiques et sociales générales découlant des TIC et la transformation d’un pays vers une économie et une société maîtrisant les TIC et la technologie.

FIguRE 24 Abonnements de téléphonie mobile dans les pays MENA, 2011

Source : Banque mondiale 2012d.

abonnés à la téléphonie mobile (pour 100 personnes)

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Transformer les économies arabes 27

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

FIguRE 25 Le classement des pays de la région pour l’indice de préparation au numérique (NRI) pour 2010-11 et 2012

Source : FEM et INSEAD, 2011 et 2012.

NRI 2012

NRI 2010-11

FIguRE 26 Nombre d’utilisateurs d’Internet dans les pays MENA, 2011

Source : Banque mondiale 2012d.

Utilisateurs d’Internet (pour 100 personnes)

point de pourcentage dans le nombre d’utilisateurs d’Internet est corrélée à une augmentation des exportations de 4,3 points de pourcentage des pays à faible revenu et de 3,8 points de pourcentage pour les pays à revenu élevé (Qiang, Rossotto, et Kimura 2009). Mais la diffusion d’Internet dans de nombreux pays a été entravée par le manque d’accès au haut débit et à la bande passante internationale, laissant ces pays loin derrière de nombreux concurrents potentiels. En 2009, la bande pas-sante Internet disponible par habitant était de 18 à 20 fois plus

élevée en Bulgarie qu’en Tunisie, au Maroc et en Jordanie. Le prix par mégabit en Bulgarie était trois fois inférieur à celui du Maroc et cinq fois inférieur à celui de la Tunisie (Chauffour 2013).

La poursuite du développement de la société de l’information dans les pays arabes nécessite d’agir sur plusieurs fronts : augmenter la pénétration du haut débit, utiliser les appli-cations des TIC de manière plus efficace, et améliorer les compétences en TIC.

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Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Augmenter la pénétration du haut débit. L’accès au haut débit dans la région MENA est restreint, malgré une vaste demande inexploitée (figure 27). Ceci est principalement la conséquence de l’absence de concurrence dans le marché du haut débit. Cette situation doit être corrigée car des gains potentiels sur l’emploi (estimés entre 2,5 et 4 emplois supplémentaires pour chaque emploi dans les activités liées au haut débit) pourraient en résulter (Kelly et Rossotto 2012). Les progrès en matière de connectivité au haut débit sont doublement importants car ils permettent à de nouveaux services d’émerger et à des services existants, comme l’externalisation des processus d’affaires (BPO), de se développer.

utiliser les applications des TIC de manière plus efficace, y compris pour les services publics. Les applications du numéri-que dans l’administration (e-government) ne sont pas encore suf-fisamment développées dans la région pour induire une meilleure productivité, mais on a pu relever des efforts notables (encadré 8). S’engager dans cette direction nécessite une série d’actions complémentaires les unes des autres : accroître la transparence des données publiques, ce qui rend possible l’approvisionnement électronique (e-procurement), et promouvoir la participation des citoyens à l’amélioration de la redevabilité. Le Maroc a été le

premier pays de la région MENA à mettre en ligne au moins une partie de ses données publiques. En Tunisie, dans le cadre de sa nouvelle politique de responsabilisation sociale qui a bénéficié en 2011 du soutien de la Banque mondiale, le Cabinet du Premier ministre a créé un système de « fiche de notation citoyenne », surnommé le « Baromètre des services publics » et conçu pour renforcer la responsabilité sociale et la bonne gouvernance dans les services publics. Le vaste potentiel des TIC devrait également être exploité dans les domaines de l’éducation, de la santé, des affaires et d’autres activités économiques, en collaboration avec le secteur privé. Les gouvernements peuvent apporter leur aide en augmentant les dépenses pour les TIC, par la promotion des connaissances en TIC dans les écoles, le développement de ser-vices gouvernementaux en ligne, et, au besoin, en subventionnant la formation en TI au sein de l’administration.

Améliorer les compétences des travailleurs en TI pour accroî-tre la productivité et l’employabilité. Les TIC façonnent les tendances de l’emploi et favorisent de nouvelles possibilités comme le micro travail, les contrats faisant appel aux TIC, les emplois liés aux jeux en ligne, et la croissance de l’économie des  applications. Une approche multiforme sera nécessaire dans le monde arabe pour introduire les TIC dans tous les niveaux du système éducatif, pour développer les contenus numériques et augmenter la connaissance des TIC de la popu-lation. Les TIC peuvent créer de nouveaux emplois pour les travailleurs ayant tout type de compétences, contourner cer-taines des rigidités du marché du travail, et favoriser l’esprit d’entreprise et l’innovation. Les services reposant sur les technologies de l’information (ITES) et l’externalisation des processus d’affaires (BPO) sont d’autres sources d’emplois qui répondent à la demande de services des pays européens subis-sant une réduction de leur main d’œuvre. Le développement des services logiciels faciles à utiliser peut considérablement réduire les obstacles à l’emploi en permettant la délégation de micro tâches (microtasking) et l’externalisation ouverte (crowd-sourcing). Il est particulièrement important d’encourager le développement des contenus Web en arabe pour la diffusion des avantages des TIC. Une approche globale de la réforme de la réglementation en matière de TIC devrait inclure une légis-lation qui garantisse la liberté d’information et d’expression, qui soutienne le pluralisme et l’indépendance des médias, et favorise le libre accès aux données gouvernementales.

YESSER et e-gouvernement en Arabie saoudite

Le programme national d’e-gouvernement d’Arabie saoudite, connu sous le nom de YESSER, est conçu pour fournir des services publics de meilleure qualité et améliorer l’efficience et l’efficacité dans le secteur public. Des actions réglementaires et politiques complémentaires visent à favoriser la compétitivité et la création d’un environnement d’affaires favorable aux TIC. Durant ses cinq premières années d’exploitation, YESSER a accompli des progrès dans deux domaines importants : (i) la mise en œuvre de services partagés fiables qui assurent des flux d’information du gouvernement sécurisés et la fourniture de services en ligne sécurisés, et (ii) l’offre d’une infrastructure organisationnelle pour aider les organismes gouvernementaux à développer et mettre en œuvre leurs plans de transition vers l’e-gouvernement, dans lesquels des services traditionnels sont placés en ligne, avec des avantages en termes de commodité, rapidité et des coûts inférieurs.

Le programme national d’e-gouvernement saoudien entre à présent dans sa deuxième phase quinquennale, dans laquelle l’accent est à nouveau mis sur la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. En prenant en compte et en soutenant l’e-gouvernement (pas seulement comme un ensemble de mesures dont l’objectif est d’offrir plus de services publics en ligne, mais comme un outil de transformation pour améliorer la relation entre le gouvernement, les entreprises et les citoyens), YESSER a développé des politiques de ressources humaines et des moyens novateurs pour attirer et retenir les talents. Aujourd’hui, l’expérience acquise par l’Arabie saoudite avec YESSER peut aider d’autres secteurs de l’administration publique, ainsi que d’autres pays.

Source : FEM 2010.

ENCADRé 8

FIguRE 27 Comparaison de la pénétration du mobile et du haut débit dans la région MENA et pour l’OCDE

Source : Rossotto et al.2011.

MENA

OCDE

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Transformer les économies arabes 29

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

La diversification sectorielle et spatiale fondée sur l’économie de la connaissance

Faciliter le développement de secteurs prometteurs

Cette étude a mis en évidence un ensemble de réformes à entreprendre à l’échelle de l’économie toute entière. Mais il

sera également important de consacrer des efforts particuli-ers à des secteurs qui offrent un fort potentiel de croissance et de création d’emplois. Progresser dans la chaîne de valeur en adoptant les meilleures pratiques pourrait transformer les avantages comparatifs existants dans le monde arabe en avantages compétitifs. En plus des niches dans les industries des TIC, des opportunités peuvent se trouver dans plusieurs secteurs prometteurs comme les activités liées au tourisme médical et de santé, les industries créatives et la croissance verte (tableau 3). Les secteurs établis ont aussi un rôle majeur à jouer. Ces secteurs (l’agro-industrie, les textiles et les produ-its chimiques), nécessitent généralement beaucoup de main d’œuvre et représentent la majorité des emplois industriels dans la région. En outre, les industries à forte intensité de technologie, comme les composants automobile et aéronau-tiques, peuvent être attrayantes pour certains pays.

Secteurs Actions nécessaires

Secteurs établis (tels que l’agroalimentaire, et le textile)

Optimiser la chaîne de valeur afin de renforcer les liens verticaux.

Concevoir des politiques de soutien pour promouvoir la R & D notamment dans les produits de niche.

Mettre en place une stratégie pour lutter contre la dualité de ces secteurs (entreprises informelles à faible niveau de technologie par opposition aux multinationales à moyenne et haute intensité de technologie).

Secteurs liés aux TIC

Créer des plateformes afin faire se rencontrer l’offre et la demande de travail.

Encourager les services électroniques et de transfert d’argent par téléphone portable et le financement participatif (crowdfunding).

Créer des plateformes de microtasking et de crowdsourcing, et développer l’externalisation des processus d’affaires (BPO) en milieu rural pour la main-d’œuvre peu qualifiée.

Développer du BPO haut de gamme, renforcer les liens entre les entreprises et les universités (incubateurs pour les entrepreneurs de TIC, plateformes de co-création, etc.).

Industries créatives

Stimuler les investissements dans le secteur des médias et du divertissement et ajouter de la valeur aux productions.

Exploiter le potentiel des nouvelles technologies pour répondre à la demande dans le domaine des biens culturels (par ex. : les industries du livre, de la musique et du cinéma) qui reflètent les valeurs de clients arabes.

Faire progresser le cadre juridique traitant des taxes et des droits de propriété intellectuelle.

Améliorer les qualifications éducatives, administratives et techniques pour améliorer la productivité et augmenter le nombre de start-ups

Tourisme de santé

Améliorer les stratégies de promotion pour gagner des parts de marché en améliorant l’accueil et en combinant d’excellents services médicaux avec des activités touristiques.

Entreprendre la certification des établissements de santé qui répondent aux normes de qualité internationales.

Réévaluer les mécanismes réglementaires des soins de santé en considérant les objectifs de santé nationaux et les objectifs du commerce extérieur.

Secteurs de croissance verte

Soutenir le créneau des nouvelles industries vertes et les entrepreneurs pour accélérer la création d’emplois verts.

Développer des stratégies nationales pour la protection de l’environnement, les économies d’énergie et les énergies alternatives grâce à des programmes qui combinent, lorsque cela est nécessaire, des efforts de R&D, les marchés publics, la certification de la qualité et la formation.

Faire progresser la coopération internationale en suivant des modèles d’activité qui correspondent aux avantages comparatifs de la région.

TABLEAu 3 Actions nécessaires pour promouvoir la croissance dans des secteurs nouveaux et établis

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30

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Le développement de chaque secteur nécessite des mesures coordonnées sur les différents piliers de l’économie de la connaissance. Cela implique un climat d’affaires attrayant, des programmes de formation adéquats, la mise à niveau de la technologie et la capacité d’innover, et une bonne infrastruc-ture, à la fois pour les TIC et dans les domaines conventionnels tels que le transport. Les secteurs doivent être bien position-

nés dans les chaînes de valeur internationales et ils doivent exploiter pleinement les avantages comparatifs résultant des conditions naturelles ou des conditions et compétences créées. Les réussites, comme celles du textile en Tunisie12 et des TIC en Jordanie13 montrent la voie à suivre. Les différents plans sectoriels du Maroc constituent un cadre d’action qui peut inspirer d’autres pays (encadré 9).

La diversification sectorielle et spatiale de l’économie : l’exemple marocain

Une série de plans et programmes destinés à stimuler la croissance économique sont au cœur de la nouvelle vision nationale du Maroc. Ces plans peuvent être divisés en trois catégories : (i) les plans « fonctionnels » axés directement sur un ou plusieurs des piliers de l’économie de la connaissance, (ii) des plans sectoriels ayant des composants intégrés à l’économie de la connaissance, et (iii) des plans régionaux qui représentent l’extension d’un précédent plan à une zone spécifique du pays. Parmi les exemples décrits ci-dessous, le Plan Azur est le seul dont les résultats sont disponibles, les autres sont trop récents pour avoir produit des résultats mesurables.

Le Pacte National pour l’Emergence Industrielle couvre six grands secteurs : l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique et l’espace, l’électronique, le textile et le cuir, et l’agroalimentaire. Cette stratégie industrielle sur 10 ans combine des actions pour soutenir l’investissement, la formation, les exportations, etc. Elle vise à augmenter le produit intérieur brut du pays (PIB) de 91 milliards de dirhams marocains, à créer jusqu’à 440 000 emplois, à réduire le déficit commercial de 50 pour cent, et augmenter le taux de croissance du pays de 1,6 pour cent. Ce plan devrait également aider les secteurs exportateurs en difficulté.

Le Plan Vert réorganise les producteurs agricoles au sein de structures intégrées pour faciliter la commercialisation et l’exportation. Le programme reflète l’importance de l’agriculture pour l’économie et la société du Maroc. Le plan com-prend une nouvelle politique foncière, l’amélioration de la gestion des ressources en eau et un ensemble d’incitations fiscales. Le plan vise un secteur qui contribue pour 19 pour cent du produit national brut du Maroc (15 pour cent pour l’agriculture et 4 pour cent pour l’agroalimentaire). Le secteur emploie plus de quatre millions d’habitants en milieu rural et a créé environ 100 000 emplois dans l’agroalimentaire, tout en assurant la sécurité alimentaire de 30 millions de consommateurs. Le plan devrait permettre de créer 1 à 1,5 million d’emplois d’ici 2020.

Le plan Halieutis a permis la création de plaques tournantes pour la transformation de la pêche régionale à travers le développement de la pêche pélagique et des produits congelés à forte valeur ajoutée. Le but ultime est de transformer le secteur de la pêche en un véritable facteur de croissance économique d’ici 2020 en doublant la part du secteur dans le PIB et en faisant passer le nombre d’emplois de 61 650 actuellement à 115 000 emplois directs et 510 200 emplois indirects.

Le Plan Azur initial visait à créer six stations balnéaires pour attirer 10 millions de touristes d’ici 2010. Cependant, le plan a été réajusté en 2007. Le nouveau Plan Azur 2020 vise à tirer profit des enseignements apportés par l’ancien plan et à créer 470 000 nouveaux emplois, à doubler le nombre de touristes et à augmenter la part du tourisme dans le PIB de 2 points de pourcentage en 2020.

L’initiative Maroc Innovation fixe des objectifs ambitieux pour les brevets et les start-ups innovantes, en améliorant l’image du Maroc en tant que site de recherche et développement, en particulier dans les biotechnologies, les TIC, les matériaux, les nanosciences et les nanotechnologies. Les priorités comprennent une compétitivité axée sur l’innovation, la production de technologie et l’exploitation de la capacité de R&D des universités. L’objectif est aussi d’attirer les talents afin d’établir une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat. D’autres mesures comprennent la création de cités de l’innovation, la collaboration avec des programmes d’innovation de l’UE, et l’élévation du niveau de financement de la R&D à 2 pour cent du PIB en 2020, avec 25 pour cent provenant de sources privées.

Source : Ministère marocain de l’Économie et des Finances 2011.

ENCADRé 9

12. La Tunisie a réussi à améliorer la qualité de sa production grâce à la confection, la finition et la co-production de vêtements. Le secteur textile a fait un saut qualitatif en s’appuyant sur des actifs non conventionnels : la créativité, l’innovation, le marketing, et l’investissement dans les nouvelles technologies. Sur le plan local, plusieurs laboratoires et unités de recherche, pour la plupart situés à l’université de Monastir, ont été impliqués. Le passage à des activités à plus forte valeur ajoutée et innovantes a sauvé au moins 200 000 emplois et 40 pour cent des exportations industrielles de la Tunisie (MEDIBTIKAR et EuroMed 2009).

13. Les TIC représentent jusqu’à 15 pour cent du PIB en Jordanie. Une des réussites du secteur des TIC de la Jordanie a été le développement de Maktoob, le plus grand portail arabe, puis son acquisition par Yahoo!, le portail Internet mondial et moteur de recherche. La Jordanie a également pris des mesures pour devenir un centre régional de développement des TIC, par le biais de partenariats avec Microsoft et Cisco, afin d’offrir des possibilités d’emploi plus attrayantes pour les jeunes diplômés hautement qualifiés.

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Transformer les économies arabes 31

Le ratio emploi-efficacité des investisse-ments : Combien d’emplois vont rapporter 1 million € ?

Estimations du nombre d’emplois créés par million d’euros investis, basées sur l’analyse de plus de 5 000 projets d’investissements étrangers directs, 1 500 études de faisabilité des investissements, 1 600 partenariats d’entreprises, et 20 000 communiqués de presse d’entreprises sur la période 2003-10 :299 : centre d’appel (quel que soit le secteur)211 : centre R&D (technologies de l’information et de l’automobile)196 : confection textile 136 : services de conseils et services aux entreprises103 : logiciels (services) 103 : fabrication de composants électroniques 77 : agro-industrie63 : production automobile et aéronautique 39 : « technologies vertes »

Source : ANIMA 2011.

ENCADRé 10

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Divers créneaux porteurs peuvent être développés. Certains créneaux porteurs identifiés par des investisseurs étrang-ers au cours de la dernière décennie sont détaillés dans l’encadré 10. Ils comprennent des activités de services tels que les centres d’appels, le développement de logiciels, les services de conseil et d’affaires et les centres de R&D et les activités de fabrication telles que le textile, l’automobile, les composants électroniques, et l’agro-industrie. Le ratio emploi-efficacité, qui exprime le nombre d’emplois créés par million d’euros investis, varie d’environ 40 à pas moins de 300. On remarque que la R&D est un domaine attrac-tif, qui, avec 211 emplois créés par million d’euros investis, affiche un potentiel intéressant, jusqu’ici sous-exploité dans les pays arabes. Étonnamment, des secteurs tels que les travaux publics, l’immobilier, les services publics, le tourisme, et des domaines tels que les franchises, la logistique, les sièges et les centres administratifs, présentent des résultats plutôt faibles en termes de coût/efficacité pour l’emploi. De manière générale, les emplois créés par les investissements étrangers directs (IED) sont trop coûteux pour se permettre d’espérer que les IED soient la solution aux problèmes de l’emploi dans les pays arabes, du moins pas dans le Sud de la Méditerranée. C’est pourquoi les sources nationales de l’emploi, soutenues par une approche efficace de l’économie de la connaissance, sont cruciales, sans négliger les apports en technologie, gestion, et autres bénéfices des IED.

FIguRE 28 Développement de la technopole d’El gazala (Tunis) : nombre et répartition des employés, 2010

Ingénieurs 72%

Autres 5%Cadres

10%

Techniciens 13%

Source : Auteurs.

Développer des sites et des lieux dynamiques

Les économies modernes se développent autour de sites dynamiques où une masse critique de personnes talentueuses et compétentes, des employeurs, des entrepreneurs, des scientifiques et des financiers se côtoient. Les gouverne-ments s’efforcent de créer de tels sites sous la forme de parcs

scientifiques et technologiques, souvent situés dans des zones économiques spéciales dans lesquelles des politiques régle-mentaires ou fiscales exceptionnelles sont appliquées. De tels sites parrainés par le gouvernement ont proliféré dans le monde arabe, qui compte actuellement quelque 50 parcs technologiques. Certains ont atteint une taille importante, employant une main-d’œuvre hautement qualifiée, comme en témoigne le site tunisien d’El Gazala, créé il y a une dizaine d’années (figure 28).

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32

Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Cependant, nombre de ces parcs scientifiques et tech-nologiques ne fonctionnent pas comme pôles d’innovation, mais restent, pour l’essentiel, des opérations immobilières. Il s’agit à présent de s’assurer que ces sites se développent effectivement, que la coopération entreprise-université est active, et que les entrepreneurs sont en mesure de trouver les réseaux et les autres formes de soutien dont ils ont besoin. Une évaluation rigoureuse des efforts déployés à ce jour dans le monde arabe permettrait de tirer les enseignements des réussites et d’adopter des mesures pour améliorer le fonc-tionnement des sites établis. Il est également important de tirer le maximum de profit de la prolifération des zones industrielles spéciales et des zones franches d’exportation en reliant les entreprises multinationales qui y opèrent aux industries locales pour faciliter le transfert de technologie et de compétences de gestion (comme prévu à Tanger suite à des partenariats avec Renault-Nissan).

Le développement des villes, établies ou nouvelles, peut être une source importante d’innovation et d’emplois haute-ment qualifiés. La modernisation des villes (la rénovation des centres historiques des villes (médinas), l’adaptation des sys-tèmes de transport, la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments, etc.) offre des opportunités considérables pour stimuler l’innovation via les marchés publics, à condition qu’ils soient bien administrés et ouverts à une concurrence

loyale, avec une partie réservée aux petites entreprises locales compétentes. Comme dans les pays du CCG, la construction de nouvelles villes peut stimuler significativement l’innovation technologique et sociale, ainsi que la création d’emplois.

La connaissance et l’innovation peuvent être utiles dans les efforts visant à diversifier les activités économiques dans les zones rurales. Le développement des zones rurales nécessite des investissements dans les infrastructures, l’organisation de coopératives de producteurs, la formation technique et de gestion, et, éventuellement, la création de pôles (par exemple, dans l’industrie agroalimentaire) qui réunissent en un seul lieu des installations et des infrastructures pour la recherche et le développement, la fabrication, la commercialisation et la logistique, le tout permettant d’aider les producteurs ruraux à progresser dans la chaîne de valeur.

Le tableau 4 résume les actions nécessaires pour construire des sites dynamiques et novateurs à différents niveaux. Il convient de noter que le soutien étranger est un facteur souvent déterminant dans la réussite du développement de ces sites, quels que soient ses formes et ses canaux : IED, centres de recherche communs, actions de coopération bila-térales, participation de la diaspora hautement qualifiée et autres14. Cela devrait être systématiquement pris en compte dans les politiques.

14. Comme le montrent les parcs technologiques de Rabat et Casablanca au Maroc, El Gazala en Tunisie, le pôle de TI de Amman en Jordanie, et Berytech et d’autres incubateurs au Liban, entre autres.

Parcs scientifiques et technologiques

Développer des parcs S&T gérés de manière efficace (avec la participation du secteur privé), tout en favorisant des infrastructures éducatives et de recherche solides et des incitations à la coopération entre les différents acteurs du processus d’innovation (entrepreneurs, chercheurs, investisseurs en capital-risque, etc.

Zones d’investissements et d’exportations spéciales

Faire le meilleur usage des zones industrielles et d’exportation afin de faciliter les liens entre les industries locales et les investisseurs étrangers et faciliter le transfert de technologie et de compétences de gestion.

Pôles industriels et agroalimentaires

Faciliter la coopération entre les entreprises et mettre en place des réseaux de commerce et d’exportation, des services de certification de la qualité et des programmes de soutien financier.

Villes nouvelles

Créer une infrastructure appropriée pour la connaissance (éducation, R&D) et établir des incitations efficaces pour attirer les investisseurs et partenaires étrangers talentueux et faire des villes nouvelles des centres de l’innovation mondiale. Utiliser à grande échelle les programmes de développement des infrastructures (transport, construction, et ainsi de suite) pour stimuler l’innovation dans les entreprises locales.

Développement rural

Déployer des ensembles de mesures (pour des programmes de formation, des mesures incitatives pour les entreprises, un support technique, des infrastructures routières et pour les TIC), afin de faciliter l’exploitation des avantages comparatifs locaux (par exemple, dans l’agriculture), pour fixer les populations dans leur milieu et éviter une urbanisation excessive.

TABLEAu 4 Actions nécessaires pour construire des sites dynamiques et innovateurs

³ ° ³

La partie 2 a présenté les éléments de base d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation. La question la plus difficile est de savoir comment mettre en œuvre des politiques et des actions adaptées aux caractéristiques et à la situation de chaque pays. Cette question est traitée dans la partie 3.

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Dans ce chapitre

°± Chaque pays est unique et dois définir sa propre voie

°± Conduire des politiques ambitieuses

°± Coordonner les actions au plus haut niveau du gouvernement

°± Mobiliser la population à travers une approche participative

°± Adapter le modèle au niveau de développement du pays et des capacités du gouvernement

°± Concevoir un changement progressif allant des micro-initiatives aux change-ments macro-économiques

°± Stimuler l’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée

Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Transformer les économies arabes

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Chaque pays est unique et doit définir sa propre voie

Toute stratégie de développement doit être adaptée au contexte spécifique de chaque pays. Le monde arabe est très diversifié et comprend des pays ayant des caractéristiques très différentes (tableau 5). Néanmoins, il est possible de présenter un ensemble de principes généraux pour guider les décideurs dans la mise en œuvre de la stratégie propo-

sée dans le contexte de l’économie politique de la période actuelle de transition. Ces principes sont : (i) prendre des mesures ambitieuses, (ii) coordonner les actions de réforme au plus haut niveau, (iii) mobiliser la population par un pro-cessus participatif, (iv) adapter le modèle aux capacités du pays, et (v) concevoir un changement progressif (allant des micro-initiatives aux réformes macroéconomiques). En outre, les processus d’intégration régionale dans le monde arabe et dans la zone méditerranéenne joueront un rôle crucial dans la transition globale. Les questions abordées ci-dessous concernent ce qui est parfois appelé le « cinquième pilier » de l’économie de la connaissance, et qui se rattache à un processus qui crée un climat de confiance autour de la nouvelle stratégie.

Disponibilité de la main d’œuvre

Main d’œuvre abondantea

Pays riches en ressourcesb

Pays pauvres en ressources

Pays importateurs de main d’œuvrec et riches en ressources

Algérie, République islamique d’Iran, Irak, République arabe syrienne, République du Yémen

Djibouti, République arabe d’Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Cisjordanie et Gaza

Bahreïn, Koweït, Libye, Oman, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis

Taille de la population

Granded

Petite

Algérie, République arabe d’Égypte, République islamique d’Iran, Irak, Maroc, Arabie saoudite

Bahreïn, Djibouti, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Oman, Qatar, Tunisie, Émirats arabes unis, Cisjordanie et Gaza, République du Yémen

Revenus

Faible revenu

Revenu moyen inférieur

Revenu moyen supérieur

Revenu élevé

Djibouti, République du Yémen

République arabe d’Égypte, Irak, Maroc, République arabe syrienne, Tunisie

Algérie, République islamique d’Iran

Koweït, Oman, Arabie saoudite, Émirats arabes unis

géographie ou héritage colonial

Maghreb

Mashreq

Membres du Conseil de Coopération du Golfe

Algérie, Libye, Maroc, Tunisie

République arabe d’Égypte, Irak, Jordanie, Liban, République arabe syrienne, Cisjordanie et Gaza

Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Émirats arabes unis

TABLEAu 5 Hétérogénéité des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord

a. Fait référence aux rentrées nettes de fonds des travailleurs.

b. Tels que définis par la Banque mondiale (2004), « les pays riches en ressources » sont ceux dont les industries extractives représentent, ou sont censés bientôt représenter plus de 50 pourcent des recettes du gouvernement.

c. Fait référence aux sorties nettes de fonds des travailleurs.

d. Population supérieure à 20 millions.

Source : Gatti et al. 2013.

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Transformer les économies arabes 35

Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Conduire des politiques ambitieuses

Les dirigeants et les décideurs nationaux devraient s’inspirer de l’expérience des pays qui se sont engagés résolument dans des stratégies basée sur la connaissance et l’innovation pour accélérer la croissance économique, rompant avec les stratégies traditionnelles. L’approche devrait être animée par l’ambition, la vitesse et la mobilisation de la population autour de la nouvelle vision, comme le montrent les exemples de plusieurs pays (encadré 11).

Les conditions de la réussite : les leçons d’expériences nationales exemplaires

Un processus durable et fiable est essentiel. Telle est la leçon tirée d’études de plusieurs pays qui ont poursuivi une crois-sance fondée sur la connaissance et l’innovation, parmi eux se trouvent la Finlande, la République de Corée, la Malaisie, Singapour et l’Irlande (malgré la crise récente qui l’a affectée) (Banque mondiale, 2007a). Les mêmes études suggèrent qu’un processus multipartite conduisant à un engagement national clairement défini, entraîne des niveaux de croissance plus élevés que les processus habituels.

Contenu : Les piliers de l’économie de la connaissance

Les gouvernements des pays qui ont réussi ont concentré leurs efforts sur les quatre piliers de l’économie de la connais-sance, en mettant en œuvre des réformes ambitieuses sur tous les fronts :

• Ils ont amélioré la qualité de leur système d’éducation (de l’éducation de la petite enfance jusqu’aux systèmes d’apprentissage tout au long de la vie), en fixant par là même souvent la norme pour le reste du monde (Finlande, Corée, Singapour).

• Ils ont pris des mesures audacieuses pour développer une « écologie de l’innovation » dynamique, en utilisant diverses voies d’accès (la relance de la recherche et développement (R&D) pour la Finlande et des investissements étrangers directs (IED) dans la haute technologie pour l’Irlande).

• Ils ont amélioré le climat des affaires en réduisant les coûts de transaction, grâce à la promotion de l’esprit d’entreprise et ils ont parfois même transformé leurs villes en véritables aimants à talents en assurant des conditions de vie et de travail attrayantes. En fait, ils ont transformé leur économie en un point d’attraction dynamique pour les entreprises de partout dans le monde, des multinationales aux start-ups (Irlande, Luxembourg, Singapour).

• Ils ont fait des investissements importants dans les infrastructures des TIC et des applications catalytiques tels que l’administration numérique (Estonie, Corée, Malaisie, États nordiques).

Processus : ambition, vitesse et mobilisation• Ambition. Le gouvernement a lui-même proposé une vision audacieuse, il est devenu le premier acteur du changement

et a mobilisé toute la nation autour d’un effort national ambitieux, en commençant par quelques mesures stratégiques clés. La Finlande a considérablement accru ses dépenses publiques de R&D lorsque l’austérité budgétaire aurait normalement été conseillée. L’Irlande a diminué le taux d’imposition des sociétés et a attiré les IED qui stimulent l’économie de la connaissance. La Corée a rapidement augmenté la densité et l’utilisation du haut débit à tel point qu’elle est aujourd’hui un leader mondial sur ces indicateurs.

• Vitesse. Dans chaque cas, le processus adopté par les gouvernements des pays qui ont réussi a mis en avant l’action immédiate, ce qui contraste avec l’approche plus traditionnelle consistant à rédiger des rapports volumineux ou des schémas directeurs en espérant que cela conduise d’une manière ou d’une autre aux changements nécessaires sur le terrain.

• Mobilisation. De nombreux pays qui ont réussi ont mis en place un mécanisme permettant de mobiliser les parties prenantes concernées et les acteurs du changement.

Source : Rischard 2009.

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Coordonner les actions au plus haut niveau du gouvernement

une stratégie de l’économie fondée sur la connaissance est une stratégie fondamentalement transversale, dans laquelle les principales politiques sont mises en œuvre dans un cadre cohérent et intégré. Les pays qui ont poussé cette logique jusqu’à ses limites ont particulièrement bien réussi à accélérer leur développement et leur transformation. La Corée et la Finlande (encadré 12) offrent deux exemples mar-quants d’un intérêt particulier pour le monde arabe, car leur approche intégrée a été entreprise en réponse à une crise : en Corée dans les années 1990 (la crise financière asiatique), et en Finlande au début des années 1990 (après l’éclatement de l’Union soviétique, un partenaire commercial important).

Les principaux organes de coordination des stratégies de développement basées sur la connaissance et l’innovation en République de Corée et en Finlande

La République de CoréeEn 1998, suite à la crise financière asiatique, la Corée a lancé une stratégie nationale visant à progresser vers une économie de la connaissance. L’impulsion initiale est venue du journal Maeil Business qui a mis en avant son Projet « Vision Corée » dans une campagne nationale en février 1997 et a développé le premier Rapport « Vision Corée ». Le ministère de l’Économie et des Finances a défendu l’agenda politique de l’économie de la connaissance. L’Institut du développement coréen (KDI), sorte d’ « intégrateur de systèmes », a coordonné le travail d’une douzaine de groupes de réflexion. Un rapport commun de la Banque mondiale et de l’OCDE en 2000 a fourni un cadre aux réformes dans différents domaines politiques. La stratégie de la connaissance de la Corée d’avril 2000 s’est transformée en un plan d’action sur trois ans. Pour mettre en œuvre le plan d’action, le gouvernement a créé cinq groupes de travail (impliquant 19 ministères et 17 instituts de recher-che). Le ministère de l’Économie et des Finances en était le coordinateur. Chaque ministre a présenté un rapport trimestriel d’auto-surveillance au ministère de l’Économie et des Finances, qui à son tour a publié un rapport intégré détaillant les progrès. Les résultats à moyen terme et les ajustements du plan d’action sur trois ans ont été régulièrement mis en œuvre.

La Corée dispose à présent d’un ministère de l’Économie de la connaissance, qui rassemble les actions en faveur des industries traditionnelles, la recherche et développement, et les appuis aux entreprises. Ce ministère comprend les anciens ministères de l’Information et de la Communication, des Sciences et de la technologie, et du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie. Cette combinaison rassemble une vaste gamme d’experts et de mesures dans le but de créer des synergies, de stimuler l’innovation et d’améliorer l’économie du pays. Le ministère encourage également le développement de nouveaux moteurs de crois-sance en soutenant les TIC et l’industrie haut de gamme.

La FinlandeL’accent a été davantage mis sur le pilier de l’innovation que sur le cadre d’ensemble de l’économie de la connaissance, mais la philosophie reste la même. Pour faire face aux défis de la fin des années 1980, un Conseil de la politique scientifique et technologique a été créé en 1990, présidé par le Premier ministre et composé de ministres clés, y compris le ministre des Finances, et de hauts représentants de la communauté des affaires et des syndicats. C’était le premier organe au monde à adopter explicitement la notion de système national d’innovation pour définir et analyser les politiques. Le conseil a été rebaptisé Conseil de la politique de l’innovation au début des années 2000. Au même moment, le parlement finlandais a créé un Comité pour l’Avenir qui a lancé un large débat public sur les tendances et les défis à venir, en particulier ceux liés à la technologie. SITRA, un organisme parlementaire mis en place dans les années 1960 pour promouvoir les initiatives innovantes en faveur de l’économie et de la société, a développé à grande échelle des sessions de formation de haut niveau en matière de politique économique pour les parlementaires et les décideurs clés (comme les chefs d’entreprise et les leaders syndicaux), favorisant ainsi une plus grande compréhension de ce qui contribuait à un développement économique sain. Le gouvernement a également mis en place une puissante agence de l’innovation, TEKES, pour soutenir de nouvelles entreprises à vocation technologique et pour stimuler la R&D innovante, notamment en incitant les universités et l’industrie à travailler ensemble sur des projets spécifiques par le biais de fonds de contrepartie.

Source : Auteurs.

ENCADRé 12

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Transformer les économies arabes 37

Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Mobiliser la population à travers une approche participative

La façon dont les stratégies de développement basées sur la connaissance sont mobilisatrices est cruciale pour leur succès. La réussite de la transition dépend de la participation de la population à tous les niveaux et provenant de toutes les couches de la société. Ce programme ne peut pas et ne doit pas être seulement celui du gouvernement; au contraire, il exige la consultation et la participation des parties prenantes du secteur privé et de la société civile, y compris les univer-sités, les groupes de réflexion et surtout, les médias. Il est nécessaire de travailler sur les quatre piliers grâce à une combinaison de réformes « top-down » (provenant du sommet) et d’initiatives « bottom-up » (partant de la base), renforcées par une bonne communication. La participation active de la population à travers des engagements partant de la base est une composante essentielle d’un nouveau contrat social qui doit être mis en place pour la réussite des transitions dans le monde arabe15.

L’énergie de la population doit être canalisée vers de nou-velles activités économiques créatrices de richesses et d’emplois, en s’appuyant sur des groupes de réformateurs, d’agents de changement, et d’autres partisans d’une trans-formation durable. L’impératif de soutenir ce processus vital de renouveau social montre l’importance des politiques effi-caces de décentralisation ou de déconcentration du pouvoir (qui pourraient être inspirées par celles adoptées récemment au Maroc). Ceci permet d’entretenir une dynamique de change-ment dans la société, tout en développant une masse critique de nouvelles initiatives. Ces effets combinés améliorent le climat de réformes (figure 28).

Parmi les agents qui sont capables de catalyser ces change-ments se trouvent les membres de la diaspora, en particulier ceux possédant des qualifications avancées (scientifiques, entrepreneuriales, ou autres), qui ont un rôle clé à jouer en apportant leur soutien commercial, financier et technique. Dans la région, c’est au Liban que ce rôle est particulière-ment évident. Les membres de la diaspora peuvent aussi con-tribuer utilement au dialogue national sur l’amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, comme on l’observe aujourd’hui en Algérie (encadré 13).

La question du statut et du rôle des femmes est essentielle. La modernisation des sociétés et l’engagement actif dans l’économie de la connaissance nécessitent les talents de l’ensemble du pays. Dans plusieurs pays de la région, le niveau d’instruction des femmes dépasse celui des hommes. Si elles entraient pleinement et librement sur le marché du travail, cela contribuerait beaucoup à l’économie de chaque pays, tout en renforçant le statut des femmes dans la vie économique et dans la société.

Le rôle des médias ne doit pas être négligé. Les réseaux de télévision qui couvrent la région arabe ont un rôle important à jouer pour stimuler la fierté et l’intérêt pour le développe-ment innovant des villes, des entreprises, des écoles et des laboratoires qui contribuent à créer des emplois, améliorer les conditions de vie et protéger l’environnement. Les médias sociaux sont en train de devenir un outil très puissant pour propager de telles informations, notamment chez les jeunes.

Apprendre de l’expérience d’autres pays. À la lumière des réformes récentes et en cours dans la région et de ses aspira-tions, il est important pour les dirigeants et les parties pre-nantes intéressées de chaque pays d’évaluer où ils en sont dans leur parcours et comment ils peuvent profiter au maximum des expériences d’autres pays. Singapour, la Finlande, la République de Corée et d’autres réussites (y compris dans la région elle-même), ont progressé en forgeant un consen-sus autour de leurs stratégies économiques ; en apprenant constamment des évolutions mondiales, et en exploitant la puissance des réseaux des villes créatives et autres lieux principaux de la transformation de l’économie mondiale. Il est important de rester ouvert à de telles expériences et d’en tirer des enseignements, compte tenu du dynamisme de ces économies sur la scène mondiale comme sources de connais-sances, de technologies, d’investissements et de marchés.

15. Voir les contributions apportées à la Rencontre Valmer du CMI, 27 novembre 2012 (http://cmimarseille.org/E-letter_18-6.php).

L’Initiative Nabni 2012 : 100 mesures proposées par la diaspora pour une Algérie nouvelle

Nabni est un think-thank basé sur le Web et créé en avril 2011 pour préparer un plan d’action pour une Algérie nouvelle, publié le 5 juillet 2012, marquant le 50e anniversaire de l’indépendance de l’ancienne colonie française. Nabni est soutenue par des dizaines de membres de la société civile algérienne, y compris des membres de la diaspora algérienne.

Nabni a proposé 100 mesures, réalisables à court terme, visant à améliorer la vie quotidienne des citoyens, rétablir la confiance et préparer l’avenir. Les mesures couvrent un ensemble varié de thèmes: l’accès aux services publics, le développement du domaine social et de la santé, les conditions de vie des étudiants et des jeunes, les entreprises et l’emploi, l’accès au financement, l’accès au logement, l’aménagement du territoire, l’éducation et la recherche, les infrastructures et la gouvernance et la réforme.

Plus de la moitié des mesures proposées concernent directe-ment les piliers de l’économie de la connaissance. On trouve par exemple les propositions suivantes : simplifier le processus de démarrage d’une entreprise, réduire les obstacles bureau-cratiques, accorder des bourses aux étudiants afin de facili-ter la mobilité et les stages, récompenser l’excellence dans la recherche, octroyer quatre licences 3G mobiles, établir un libre accès à l’information gouvernementale, et ainsi de suite. Une fiche récapitulative est disponible pour chacune des 100 mesures proposées, y compris la justification de la mesure, des détails sur les points clés, et l’identification des institutions gouvernementales les mieux placées pour mettre en œuvre les mesures.

Source : Nabni2012.org.

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Adapter le modèle au niveau de développement du pays et des capacités du gouvernement

Tout en adoptant pleinement le principe de vitesse d’exécution et d’ambition, les décideurs politiques arabes doivent se con-centrer sur ce qui est réalisable et bien adapté aux besoins et aux capacités de leur pays. Plusieurs pays arabes font face soit à des conditions difficiles de gouvernance, soit à un niveau relativement faible de développement économique et de l’économie de la connaissance en particulier. Dans de tels contextes, une approche progressive est appropriée, comme le montre l’exemple des pays à faible et moyen revenu qui se sont lancés avec succès dans des régimes de forte croissance durables16. Dans les pays à faible revenu ayant des capacités gouvernementales limitées, les réformes de l’environnement des affaires, par exemple, ne peuvent généralement pas être mises en œuvre sur tous les fronts. En effet, elles peuvent même se limiter à des domaines spécifiques, tels que les zones économiques spéciales. Sur le front de l’éducation, dans les pays à un stade précoce de développement ou avec d’importantes lacunes dans les fondements de l’éducation, il sera important de donner la priorité à l’alphabétisation de base et à la formation professionnelle et technique, complétés par des efforts ciblés dans l’enseignement supérieur. Sur le plan de l’innovation, il sera nécessaire de se concentrer sur le profit qu’il est possible de tirer des connaissances et de la technologie mondiale et leur adaptation aux besoins locaux, plutôt que sur la construc-tion de structures de pointe pour la recherche et développe-ment (R&D). Pour le pilier des technologies de l’information et de la communication (TIC), il sera nécessaire de généraliser l’accès à Internet et de promouvoir son utilisation à travers des applications et des services bon marché et conviviaux pour les citoyens, pour les petites entreprises, et d’autres, tout en développant les connaissances et compétences afférentes. Que l’effort de l’économie de la connaissance soit restreint ou non, il demeure essentiel de démontrer la volonté nationale de faire de ce nouveau modèle de développement une réussite.

Les pays du monde arabe se situent à des étapes diverses sur la voie de l’économie de la connaissance, et les politiques doivent être adaptées en conséquence. Certains pays ont déjà bien progressé, tandis que d’autres ne s’y sont pas encore engagés. Une démarche composée de trois étapes, chacune d’une durée approximative de trois à cinq ans, est proposé dans le tableau 6. À chaque étape, des actions clés sont mises en évidence pour chacun des piliers, y compris la promotion des secteurs de croissance. Le tableau reflète l’impératif régional de la créa-tion d’emplois, en fournissant des indications approximatives de l’impact (direct et indirect) des actions mises en œuvre pour chaque pilier, si elles sont menées avec succès. Il est impossible de donner des chiffres précis de l’impact sur l’emploi consécutif aux actions qui sont conduites. Sur la base des estimations

approximatives fournies dans la partie 1 un « impact modéré » porterait sur un maximum de 20 pour cent de la population active, et un « impact élevé » sur plus de 20 pour cent.

Les pays riches en ressources sont évidemment en meilleure position pour s’engager dans des projets audacieux développés à un rythme rapide (comme l’ont fait certains pays du Conseil de coopération du golfe (CCg) avec un certain succès). Le point essentiel, toutefois, est d’ajuster les ambitions et les engage-ments à ce que le pays est en mesure de fournir. De ce point de vue, la plupart des pays arabes, même ceux riches en res-sources, font face à des limites et des contraintes. Excepté pour les petits États du CCG, la Tunisie et le Maroc, qui ont de bons antécédents dans la conception et la mise en œuvre des straté-gies de l’économie de la connaissance, des efforts substantiels sont nécessaires pour renforcer les capacités administratives et de gestion dans la plupart des pays arabes pour mener à bien les plans de l’économie fondée sur la connaissance.

Concevoir un changement progressif allant de micro-initiatives aux changements macro-économiques

une approche graduelle menant des réformes micro à des changements macro peut aider à mettre en œuvre la stratégie d’ensemble. L’objectif dans les premières phases du processus de réforme est de changer les mentalités et les comportements. Comme mentionné précédemment, des réformes importantes et des effets sur l’emploi ne peuvent pas être espérés à court terme. La première phase ou la phase pilote doit donc inclure des microprojets viables et convaincants qui ont valeur de démonstration (c.-à-d. qui ont des effets visibles rapides, en particulier pour la création d’emplois, comme des programmes de formation pour une nouvelle industrie en demande, des struc-tures d’incubation dynamiques pour les entreprises en crois-sance rapide, des centres de recherche qui sont engagés par des entreprises étrangères pour des travaux de développement, etc. La deuxième phase consiste en une série de projets de ce type organisés en programmes bien conçus, avec une masse critique. C’est dans cette phase que la perspective globale de la communauté des décideurs et de la population commence à évoluer, les préparant, dans la troisième phase, à des réformes plus larges et plus profondes qui peuvent conduire à des change-ments majeurs à l’échelle nationale. L’ensemble du processus peut prendre une décennie ou plus, mais une stratégie nationale efficace, bien gérée avec une véritable vision de transformation à long terme, a de fortes chances de réussir (figure 29). Un certain nombre de pays arabes sont prêts pour cette troisième étape de réformes et de changements institutionnels majeurs.

16. Pour plus d’informations, voir l’étude complète en annexe 2 (Banque mondiale 2013 à paraître).d’autres incubateurs au Liban, entre autres.

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Transformer les économies arabes 39

étape I : Débutants étape II : Engagés étape III : Avancés

Faible indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI) ; politique de l’économie de la connaissance

embryonnaire)

KEI moyen, évolution vers une économie fondée sur la connaissance et des

réformes à grande échelle

KEI élevé, avec des lacunes

Développer des activités de niche basées sur les avantages comparatifs, notamment dans les services non marchands

Développer des programmes sectoriels en abordant des activités plus compétitives (chaînes de valeur plus complexes)

Diversifier d’autres secteurs concurrentiels et en construire de nouveaux (services) pour devenir des leaders mondiaux

Améliorer le régime économique et institutionnel (REI) dans des enclaves ou dans des domaines de politique particuliers (par ex. la création d’entreprise) et commencer des réformes de gouvernance fondamentales.

Étendre les réformes du régime économique et institutionnel et consolider les réformes de gouvernance; revoir les accords commerciaux

Revoir la gouvernance; renforcer les capacités de gestion autochtones; éliminer les barrières commerciales.

Rendre les TIC aussi largement disponibles que possible et réaliser des projets pilotes (pour les petites entreprises, les services communautaires, etc.)

Créer des services TIC et promouvoir les activités basées sur les TIC (business process outsourcing); accélérer la réalisation du haut débit au niveau national

Construire une société de l’information et des connaissances qui serve de modèle à l’ensemble de la communauté arabe

Renforcer les capacités d’innovation en s’appuyant sur les connaissances étrangères; mener des projets de démonstration au niveau micro

Développer des structures de R&D et construire des systèmes d’innovation sur les compétences autochtones

Construire des structures de R&D haut de gamme systématiquement connectées aux réseaux mondiaux

Procéder à des réformes fondamentales dans les systèmes éducatifs et introduire des changements sélectifs dans l’enseignement supérieur.

Poursuivre les réformes des systèmes d’éducation, en généraliser les progrès à tous les niveaux

Développer des structures d’éducation de haut niveau comme des plateformes mondiales

TABLEAu 6 Actions appropriées pour différents stades d’avancement vers l’économie de la connaissanceImpacts probables sur l’emploi indiqués par la zone grisée (voir note)

Source : Auteurs.

Note : Les zones blanches indiquent peu ou aucun impact sur l’emploi. Les zones bleu pâle indiquent un impact modéré en termes de nouveaux emplois créés ou d’emplois existants sauvegardés. Les zones bleu foncé indiquent un fort impact sur l’emploi.

Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Source : Banque mondiale 2007a.

Projets pilotes

Agenda immédiat

Agenda à moyen terme

Agenda à long terme

Augmentation progressive

Masse critique de projets

Initiatives “top-down”

Initiatives “bottom-up”

Progression à plein régime

Adoption de réformes

importantes & changements institutionnels

FIguRE 29 un agenda pragmatique : Des micro réformes à des changements majeurs

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Les exemples des cinq pays arabes membres du CMI montrent comment la stratégie de développement de l’économie de la connaissance peut être adaptée au contexte national.

• Le Maroc est allé assez loin dans la mise en place d’une série de plans nationaux visant à stimuler la diversifica-tion sectorielle et spatiale de l’économie (voir encadré 9). Ces plans ont mobilisé différents secteurs du gouverne-ment et aussi des pouvoirs locaux. Leur mise en œuvre et leur impact sur les activités économiques, la création d’emplois, etc., doivent être évalués de près. Il convient aussi d’assurer une meilleure coordination au plus haut niveau du gouvernement, et d’élargir la communauté des agents de changement au-delà du noyau initial des réfor-mateurs et des organismes gouvernementaux qui ont initié les plans. Une large mobilisation de toute la population (via des « intermédiaires » tels que les associations profes-sionnelles, les syndicats et le monde de l’enseignement) devrait susciter une participation plus coordonnée dans la voie d’un développement basée sur la connaissance et l’innovation. Elle devrait plus particulièrement faciliter les progrès qui sont encore nécessaires dans l’environnement général des affaires et de la gouvernance afin de créer un climat de confiance. Une étude de fond sur l’économie fondée sur la connaissance au Maroc a également été préparée par le CMI (Djeflat 2012).

• La Tunisie connaît une évolution difficile vers un régime démocratique après avoir inspiré les révoltes du « print-emps arabe ». Ceci est combiné à une réduction importante de l’activité économique, notamment en raison de la chute des échanges commerciaux et des flux touristiques. La création d’emplois est la priorité économique et sociale, avec quelque 650 000 personnes sans emploi, dont 215 000 ayant eu une éducation postsecondaire. La Tunisie bénéficie d’une solide expérience dans la conception de politiques fondées sur l’économie de la connaissance dans le cadre de ses anciens plans quinquennaux nation-aux démarrés en 2007. Le pays dispose également d’un cadre de fonctionnaires informés et efficaces, et d’une communauté d’entreprises ayant des capacités compé-titives reconnues, même dans des secteurs hautement concurrentiels tels que le textile et les vêtements. Ce sont des atouts considérables sur lesquels s’appuyer, notamment en réalisant des plans qui ont été mis en place pour développer des pôles technologiques et industriels dans divers domaines et en tirant profit de niches généra-trices d’emplois, par exemple dans les technologies de l’information (BPO, centres d’appels, etc.) avec des pro-grammes appropriés pour la formation et l’investissement.

• L’égypte fait également face à une transition politique difficile, avec la mise en place d’une nouvelle consti-tution et de nouveaux cadres institutionnels. Par le passé, le pays a engagé des réformes significatives de l’environnement des affaires, comme le montrent les évaluations de la Banque mondiale (Banque mondiale, 2007b). Le secteur des entreprises a obtenu de bons résultats dans plusieurs domaines, notamment ceux liés à la technologie de l’information. Les universités et les centres de recherche disposent également d’une certaine capacité de R&D qui peut être mobilisée dans le cadre de programmes efficaces (encadré 7). Il est crucial de parvenir à générer un choc des « mentalités » d’une ampleur suffisante et dans un délai relativement court afin de mettre le pays sur la voie d’un nouveau développement17.

• La Jordanie a mis au point une série de réformes inspirées par l’économie de la connaissance au cours de la dernière décennie, notamment dans l’éducation et l’environnement des affaires. Celles-ci ont commencé à porter leurs fruits, comme en témoigne la croissance d’un secteur des TI dynamique. Les débats politiques, ainsi qu’un contexte administratif complexe avec de nombreux organismes qui se chevauchent, semblent faire obstacle à d’autres changements. Dans un tel con-texte, il est préférable de se concentrer sur la libération du potentiel d’innovation de quelques secteurs dans lesquels le pays dispose d’un avantage concurrentiel. Le gouvernement a mis en place un Conseil national de l’innovation et de la compétitivité qui envisage de procéder à une série d’audits détaillés des potentiels d’innovation sectoriels18.

• Le Liban, à l’épicentre des tensions géopolitiques, est également confronté à un contexte très difficile. Un secteur privé dynamique, soutenu par une solide infra-structure de l’éducation et une diaspora fort active, a contribué à maintenir le développement économique et social. Toutes mesures qui peuvent exploiter davantage ou consolider le potentiel d’innovation du pays sont les bienvenues. Dans cette perspective, un programme de la Banque mondiale a été mis en place pour soutenir les start-ups innovantes et la mobilisation de capital-risque (Bell 2011). Un autre programme clé se concentre sur les applications des TIC, en particulier les applications mobiles. Lorsque la situation politique se stabilisera, le pays devrait être en mesure de mener des réformes plus larges et une stratégie nationale de développement basée sur l’économie de la connaissance.

17. Conformément à cette approche, certains réformateurs égyptiens, tels que ceux en charge du Plan « Renaissance » et qui conseillent le président égyptien, ont proposé les mesures suivantes : (i) des réformes majeures pour briser la concentration des pouvoirs économiques actuellement détenus par quelques groupes, (ii) la création d’une série de zones économiques spéciales pour attirer les entreprises étrangères, et (iii) un effort considérable pour développer la formation technique et professionnelle. (Session lors du 8ème Rendez-vous de la Méditerranée organisé par l’Institut de la Méditerranée et le Cercle des économistes dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée à Marseille, le 20 octobre 2012.)

18. Suite à une mission de conseil de la Banque mondiale en 2010-12. Le Conseil national de l’innovation et de la compétitivité (NICC) a élargi sa composition à huit ministres et secrétaires généraux et 27 membres non ministériels sous la présidence du Premier ministre. Le conseil se compose de six sous-comités sectoriels pour la logistique, les services médicaux et pharmaceutiques, le tourisme, les énergies propres, les TIC, et l’industrie manufacturière qui correspondent aux secteurs à fort potentiel identifiés dans le programme de l’USAID sur les pôles d’innovation. On y trouve aussi un sous-comité « Innovation et Développement » se concentrant sur des réformes transversales non sectorielles.

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

Stimuler l’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée

Plus d’intégration économique et politique dans le monde arabe faciliterait considérablement la transition vers le nouveau modèle économique. Elle apaiserait les tensions sur l’emploi grâce à des marchés du travail régionaux plus intégrés, elle permettrait l’élargissement des marchés pour les produits et services, elle relierait l’éducation, les ressources scientifiques et technologiques à des entreprises créatives, et elle assurerait le financement de grands projets d’infrastructure. Une pleine inté-gration dans la région arabe demeure un objectif lointain. Mais réaliser une sorte d’« Agenda de Lisbonne », semblable à celui que l’Europe a adopté, serait une étape symbolique importante.

une stratégie de développement fondée sur la connaissance tire profit de la réduction spectaculaire du coût des échanges et du commerce des biens et services, de la finance et de l’information. Les pays arabes devront faire davantage dans les domaines de l’intégration régionale et de la coopération interna-tionale. En effet, l’intégration économique par le biais d’échanges et d’investissements étrangers directs (IED) accrus peut être la meilleure façon de mettre les pays de la région sur la voie d’une croissance plus rapide et plus durable, et de plus d’emplois.

L’absence d’un marché unifié limite le commerce dans la région, qui est trois fois plus faible que le commerce entre les pays en développement d’Asie. Ainsi, même des petits pas vers une intégration commerciale seraient bénéfiques. En ce qui concerne

l’éducation, la recherche et l’innovation, des programmes con-joints permettraient aux pays arabes d’utiliser et d’atteindre plus facilement les masses critiques nécessaires. Dans les infrastruc-tures, des grands projets de coopération dans le secteur de l’eau, des transports et d’autres secteurs permettraient l’introduction d’innovations, tout en créant de nombreux emplois.

une intégration plus poussée au sein de l’espace méditer-ranéen permettrait d’accélérer le développement du monde arabe et serait bénéfique pour l’Europe. Une plus grande intégration pan-méditerranéenne faciliterait le transfert de technologies entre les deux rives, par la création d’un espace commun de recherche et d’innovation, et en aidant les dias-poras à se rallier à des projets innovants. Elle stimulerait la création de projets d’envergure, tels que ceux qui sont déjà en cours dans l’énergie solaire et la logistique. Elle créerait, plus généralement, un potentiel de croissance, dont les deux rives de la Méditerranée ont tant besoin. Comme indiqué ci-dessus (partie II, section sur les initiatives locales), les apports étrang-ers, tels que le soutien de la diaspora et les IED, se sont révélés être décisifs dans la formation, le développement et le succès de pôles technologiques et industriels dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

L’intégration au sein du bassin méditerranéen apporterait des avantages considérables pour les pays des rives méridionales et orientales en élargissant les possibilités de croissance du marché et de l’emploi dans le nord. Plusieurs projets ambitieux ont déjà commencé, comme le projet d’énergie solaire Desertec ; d’autres initiatives intéressantes devraient être étudiées et appuyées. On peut aussi accomplir beaucoup grâce à la con-solidation des réseaux régionaux existants d’universitaires, d’entrepreneurs, de financiers, de responsables municipaux, et d’autres -- réseaux qui ont engendré un large éventail d’initiatives sous la forme de projets de R&D, d’innovation, ainsi que dans les activités conjointes d’éducation (tableau 7).

Objectifs Actions

Renforcer l’intégration dans l’éducation

Développer des qualifications conjointes et des mécanismes de certificationIntensifier les programmes de bourses d’études (ERASMUS)Développer les réseaux d’écoles d’ingénieurs et de gestionDévelopper les mécanismes d’apprentissage et d’évaluation pour la gestion universitaire (gouvernance), les programmes de formation, etc.

Construire l’espace d’innovation et de recherche Euro-Med

Mobiliser les acteurs par le biais des groupes de travail sectoriels et des plateformes en ligneDévelopper des réseaux de gestionnaires d’incubateurs, d’investisseurs providentiels (business angels), et de responsables de programmes de R&D pour partager les bonnes pratiquesÉtablir des plateformes de R&D et des programmes multinationaux à partenaires multiples à travers la co-conception et la copropriété entre les partenaires des rives du nord et du sud de la MéditerranéeStimuler l’IED et renforcer les liens de transfert de technologie, les pratiques de gestion d’entreprise, etc.Mobiliser les diasporas à travers des réseaux et des pratiques efficaces de bonnes politiques inspirées par l’expérience internationale

Promouvoir la société de l’information en Méditerranée

Coopérer pour développer des applications TIC (e-gouvernement, e-business, etc.)Contribuer aux efforts de libéralisation des marchés des télécommunications et améliorer les cadres réglementaires

Promouvoir le développement techno-industriel et local en Méditerranée

Renforcer la coopération dans le développement des secteurs de croissance par le biais de projets communs (énergie solaire, économies d’énergie, gestion de l’eau, transports, etc.)Stimuler les réseaux des villes pour les échanges de bonnes pratiques et l’assistance mutuelle en matière de développement urbain novateur et des mesures politiques connexes (parcs technologiques, planification urbaine, villes intelligentes, etc.)

TABLEAu 7 Objectifs et actions nécessaires pour faire avancer l’intégration régionale

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

La coopération euro-méditerranéenne est particulièrement importante pour soutenir la modernisation de l’enseignement, la recherche et la technologie dans le monde arabe. Certains pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Liban et l’Égypte ont adopté le schéma LMD (licence, maîtrise, doctorat) selon laquelle les programmes et diplômes universitaires euro-péens ont été normalisés. Sur le plan de la recherche uni-versitaire, les plateformes de R&D multinationales au service d’objectifs communs, prises en charge par des fonds de l’UE ont prouvé leur utilité, tout comme les programmes inter-nationaux financés par les pays arabes. Ces derniers ont été particulièrement utiles pour la promotion de projets innovants impliquant la recherche, les incubateurs technologiques, et le capital-risque. Des efforts régionaux en matière de TIC peuvent également renforcer la coopération dans le développement des infrastructures de télécommunication.

Les organisations régionales et internationales ont également un rôle à jouer. Des organisations telles que la Banque euro-péenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement, la Commission européenne, le Programme des Nations Unies pour le Développement, et la Banque mondiale, par exemple, ont un rôle crucial à jouer pour accélérer la mise en œuvre des stratégies de développement fondées sur la connaissance dans les pays arabes et dans le processus d’intégration dans la région méditerranéenne. Dans le même ordre d’esprit, les organisations régionales telles que la Banque islamique de développement, l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture, et la Banque africaine de développement peuvent faire beaucoup pour faciliter le progrès des stratégies d’économie fondée sur la connaissance dans la région. Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI), basé à Marseille, est également appelé à jouer un rôle de catalyseur important dans le processus d’intégration et les initiatives de réforme (encadré 14).

Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée

Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) a été créé par un groupe de gouvernements méditerranéens : l’Égypte, la France, la Jordanie, le Liban, le Maroc, et la Tunisie, ainsi que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque mondiale. Il soutient le développement et l’intégration des pratiques dans la région méditerranéenne en : (i) offrant un espace pour le dialogue politique fondé sur l’expérience, (ii) produisant et diffusant des documents d’analyse et information (rapports, site web, etc.), et (iii) en soutenant les efforts régionaux intersectoriels et à partenaires multiples. Inauguré le 9 octobre 2009, le CMI a pour objectif de contribuer à la construction d’un nouveau modèle de développement économique et social qui reflète les attentes des mouvements démocratiques dans les pays arabes. Ses programmes sont organisés autour de trois thèmes interdépendants:

• Des économies intégrées. L’augmentation de l’emploi est l’objectif économique primordial dans la région. Accroître la productivité, instaurer des réformes basées sur la connaissance et l’innovation, et exploiter les réseaux à travers le commerce, l’investissement et les infrastructures sont des éléments communs aux débats en cours visant à l’élaboration de nouveaux modèles économiques et de processus de réforme.

• Une croissance durable. La région de la Méditerranée, inégalement riche en ressources énergétiques, généralement pauvre en ressources en eau, et en permanence vulnérable face aux risques environnementaux, ne peut pas se per-mettre, même dans une période socio-économique difficile, de renoncer à l’ajout d’une forte dimension écologique à ses stratégies de croissance et de développement.

• Une gouvernance participative. L’aspiration des citoyens à un processus continu de transformation visant une gouver-nance économique et politique participative est au cœur des changements radicaux dans la région.

Les actions du CMI, la mise en réseau, la sensibilisation et le plaidoyer en faveur des réformes, impliquent un ensemble d’intervenants des secteurs public et privé et de la société civile. Le Centre encourage le dialogue entre le gouvernement et les professionnels indépendants en :

• Développant les connaissances sous la forme d’études, de notes politiques et d’outils pour un travail sectoriel aux niveaux régional, national et local et en proposant une analyse fondée sur des preuves pour faciliter le débat public sur les politiques.

• Offrant un lieu où les nouveaux dirigeants, les décideurs et les professionnels à travers la Méditerranée peuvent se réunir lors de conférences, ateliers et dialogues politiques pour discuter des questions urgentes, réfléchir avec leurs pairs, examiner les meilleures pratiques et les leçons apprises et mesurer les progrès réalisés.

• Développant une plateforme sur le site Web du CMI pour diffuser les connaissances et créer des espaces de rencontre virtuels pour les communautés de pratique et l’intérêt mutuel.

Source : Auteurs. Pour plus d’informations, aller sur www.cmimarseille.org

ENCADRé 14

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Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?

³ ° ³

Cette étude a présenté une évaluation de la situation du monde arabe dans l’économie fondée sur la connaissance. La mise en place d’un modèle de développement fondé sur la connaissance et l’innovation implique que le gouvernement, le secteur privé et la société civile dans les pays à travers le monde arabe travaillent ensemble en dehors de leurs « silos » d’une manière plus intégrée et cohérente. La création d’un climat d’innovation dynamique, l’amélioration des systèmes d’éducation, et la construction d’une économie concurrentielle nécessitent la création d’un nouveau partenariat entre les secteurs public et privé et la société civile avec une perspective de réformes qui porteront leurs fruits à moyen ou à long terme. Pour concrétiser ce projet, le gouvernement doit jouer un nouveau rôle, non pas en tant que maître d’œuvre de ce nouveau modèle, des initiatives et investissements afférents, mais comme architecte et facilitateur de la nouvelle voie de développement et comme garant de l’état de droit. Le secteur privé a besoin de passer du système de privilèges dans lequel il a fonctionné pendant de nombreuses années à un système concurrentiel. Un secteur privé plus actif contribuera également à une intégration économique accrue de la région. La société civile, y compris les jeunes et les médias, ont aussi un rôle clé à jouer. Le « printemps arabe », facilité par la révolution des TIC, a clairement démontré la demande populaire, surtout parmi les jeunes, pour plus de justice et de dignité. Il est important d’intégrer les jeunes au débat national. Les médias devraient être libres et mobilisés autour d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation, et ils devraient mettre en valeur de façon responsable les succès qui ont lieu aux niveaux national, régional et local. C’est ainsi, que le consensus pourra se construire autour des réformes et que leur crédibilité et leur efficacité seront renforcées.

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Résumé de l’étude complète

Transformer les économies arabes

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Annexe 1

Le rapport général « Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation » comporte trois parties.

La Partie 1 aborde trois questions fondamentales liées au modèle de développement proposé basé sur la connaissance et l’innovation : (i) Pourquoi faire la transition vers une écono-mie axée sur la connaissance et l’innovation (chapitre 1) ? (ii) Qu’implique cette transition (chapitre 2) ? et (iii) Comment faut-il procéder (chapitre 3) ?

La Partie 2 traite des politiques relatives à l’ensemble du régime économique et de la gouvernance (chapitre 4), l’éducation (chapitre 5), l’innovation (chapitre 6), et les tech-nologies de l’information et de la communication (TIC, chapitre 7), et les types de réformes et d’initiatives qui pourraient être nécessaires dans chaque domaine.

La Partie 3 traite de la promotion des secteurs porteurs de croissance (chapitre 8) et la gestion du développement local et régional (chapitre 9) en tant qu’éléments clés de la diver-sification économique.

Partie 1. Principales questions : Pourquoi, quoi et comment ?

Chapitre 1. utiliser les connaissances et l’innovation pour transformer les économies arabes. Ce chapitre aborde les limites atteintes par les systèmes économiques et les régimes politiques qui ont précédé le « printemps arabe ». Il montre comment une économie axée sur la connaissance et l’innovation répond aux défis liés à l’emploi auxquels sont con-frontés les pays arabes. Il fournit des estimations de l’impact sur l’emploi qu’une telle économie de la connaissance pourrait avoir, ces estimations étant basées sur les tendances passées dans les pays arabes eux-mêmes. Ces effets pourraient être grandement augmentés en redoublant d’efforts dans l’économie de la connaissance, en réduisant l’inadéquation des qualifications grâce à une meilleure éducation et forma-tion, et en créant des structures économiques qui produisent plus d’emplois engendrés par la croissance économique. Les effets sur l’emploi d’une économie axée sur la connaissance et l’innovation seraient particulièrement importants dans les pays importateurs de pétrole (aux ressources limitées).

Chapitre 2. Rattraper les tendances mondiales de l’économie de la connaissance. Une économie de la connaissance repose sur quatre piliers fondamentaux : le bon fonctionnement du régime économique et institutionnel, une main d’œuvre bien

formée et qualifiée, un système d’innovation efficace, et une infrastructure numérique dynamique. Grâce à des indicateurs standards utilisés pour mesurer les progrès accomplis par les pays arabes sur ces piliers, et en les comparant dans plus de 140 pays, le chapitre montre que le monde arabe a besoin d’accroître ses efforts dans l’économie de la connaissance pour correspondre à ceux de ses concurrents proches et des pays comparateurs, tels que les pays d’Europe orientale, d’Asie centrale et d’Amérique latine. Le chapitre examine la per-formance des différents pays arabes sur chacun des quatre piliers. Des différences importantes dans les performances et les réalisations peuvent être décelées entre les pays riches ou ceux pauvres en ressources naturelles. Bien que la nature des réformes à entreprendre ne soit pas fondamentalement différente, l’ampleur des moyens qui peuvent être mobilisés pour les investissements concernés (qu’ils soient en matière d’éducation, de recherche ou d’infrastructures d’information) diffèrent considérablement.

Chapitre 3. élaborer de nouvelles stratégies de développe-ment pour les pays arabes. La mise en place du nouveau modèle économique nécessite des initiatives audacieuses et rapides, tout en tenant compte en même temps des spécificités des pays (en d’autres termes, le chemin déjà parcouru par chaque pays vers l’économie de la connaissance) notamment en termes de capacité d’action du gouvernement. Ce chapitre aborde la nécessité de rattacher à un nouveau contrat social la mise en œuvre d’une stratégie de croissance et d’emploi basée sur l’approche axée sur la connaissance et l’innovation. Il indique la nature des politiques nécessaires pour mener à bien les réformes et créer des emplois en relation avec le niveau de développement économique du pays. Enfin, il insiste sur le besoin d’intégration au sein du monde arabe, de l’espace européen, et de l’économie mondiale, ainsi que sur le rôle décisif que la communauté internationale pourrait jouer.

Partie 2. Les piliers de l’économie de la connaissance

Chapitre 4. Améliorer la gouvernance et le climat des affaires. Le succès de la stratégie de l’économie de la connaissance dans un pays donné dépend du régime économique et institu-tionnel de ce pays, parce que ce régime influe sur l’efficience et l’efficacité des investissements réalisés dans les autres piliers (éducation, innovation et information). Ce chapitre aborde plu-sieurs questions essentielles : la nécessité d’élaborer et de surveiller les nouvelles stratégies à travers des processus véritablement participatifs ; les questions liées à l’état de

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Annexe 1

droit, la liberté d’expression, la redevabilité, l’ouverture des sociétés, notamment en faveur des jeunes et des femmes, et l’amélioration de l’environnement des affaires et des rela-tions commerciales. Les indicateurs de performance relative vis-à-vis des pays concurrents et des pays de comparaison permettent de mesurer les progrès accomplis.

Chapitre 5. éduquer pour de meilleurs emplois dans une nouvelle économie. Augmenter les aptitudes et les compé-tences des populations nécessite de profonds changements dans le système d’éducation à tous les niveaux. Les pays arabes ont fait d’immenses progrès en matière d’accès équitable à l’éducation formelle, dans la lutte contre l’analphabétisme, et dans la réduction des disparités entre les sexes. Ces réalisa-tions quantitatives impressionnantes ont amélioré la qualité de vie des citoyens par une espérance de vie plus longue et des taux de fécondité et de mortalité infantile plus faibles. Cependant, malgré ces succès (et les ressources considérables investies dans l’éducation), les réformes de l’éducation n’ont pas encore pleinement rempli leur promesse. Le lien entre éducation et croissance économique est resté faible, le fossé entre l’éducation et l’emploi n’a pas été comblé, et la qualité de l’éducation continue d’être décevante. Cela implique de renforcer la gouvernance du système éducatif et de faire converger sa gestion, son financement et ses mécanismes d’incitation à la performance afin de produire de meilleurs résultats d’apprentissage. Chaque pays de la région a égale-ment besoin d’adopter des normes nationales de performance et de contrôler en permanence les résultats d’apprentissage. Ce chapitre fournit des exemples d’initiatives modèles menées par les pays arabes.

Chapitre 6. Favoriser l’innovation et la modernisation tech-nologique. La promotion de l’innovation, comme le montre l’expérience des pays développés, est une tâche qui exige des actions de la part de nombreux organismes gouvernementaux et ministères, en se focalisant sur des objectifs très précis. Il y a, entre autres, la nécessité de soutenir les innovateurs dans les domaines techniques, commerciaux et financiers ; d’améliorer le fonctionnement des structures de recher-che et développement (R&D), notamment en développant des liens plus étroits entre les universités et l’industrie; de tirer profit efficacement des stocks mondiaux de connais-sances et de technologies, en tirant parti des leviers tels que l’investissement étranger direct et en mobilisant les diasporas ; et aussi de mettre en place et de faciliter le développement de sites d’innovation tels que les parcs technologiques et les pôles industriels. Plusieurs pays de la région ont déjà mené plusieurs expériences significatives dans de tels programmes et offrent des exemples intéressants qui peuvent être imités dans toute la région.

Chapitre 7. Accélérer la mise en place de la société de l’information. Les pays arabes ont fait de grands progrès dans la diffusion des TIC depuis le milieu des années 1990,

grâce à une série de réformes de libéralisation et le dével-oppement mondial des TIC, qui ont fait baisser les coûts et rendu l’accès plus facile. En raison de la libéralisation accélérée au cours des 10 dernières années, le monde arabe a connu un taux de croissance élevé des services de télé-communications. Ceci, avec le développement de l’Internet, a encouragé et permis à la population dans certains pays de se mobiliser pour le changement politique. C’est l’occasion de poursuivre la réforme du secteur des TIC, d’accroître la concurrence entre fournisseurs de services et opérateurs, d’éliminer les restrictions d’utilisation d’Internet, et d’offrir de nouvelles possibilités pour accroître l’emploi, favoriser l’esprit d’entreprise, et permettre une meilleure transpar-ence et gouvernance en utilisant les applications des TIC. Enfin une utilisation accrue de la langue arabe sur le Web pourrait avoir des conséquences importantes sur les progrès de l’économie de la connaissance dans la région.

Partie 3. Les Initiatives de diversification dans l’économie de la connaissance

Chapitre 8. Promouvoir les secteurs porteurs de croissance. Suivant l’exemple des pays qui ont poursuivi des politiques industrielles actives et efficaces pour stimuler leur transition vers un modèle de développement basé sur la connaissance, et bénéficier facilement des retombées en termes de créa-tion d’emplois et de richesses, ce chapitre fournit quelques suggestions de politiques qui pourraient être mises en œuvre dans une série de secteurs en exploitant les avantages com-paratifs de la région. Il s’agit notamment, dans les secteurs établis, de l’agroalimentaire et de l’industrie textile, qui ont besoin d’améliorer leurs chaînes de valeur; des industries liées aux TIC, qui ont besoin d’accroître leur succès dans la délocalisation des activités ; du tourisme, où le tourisme médical et le tourisme de santé sont particulièrement prom-etteurs ; des industries créatives et des médias ; et de la crois-sance verte, y compris l’efficacité énergétique et la gestion de l’environnement. Dans tous les secteurs, des programmes efficaces combinent des mesures réglementaires, une mobili-sation financière, des programmes de formation, des efforts de R&D, et des campagnes de promotion des exportations, entre autres choses. Le rôle du gouvernement n’est pas d’entreprendre toutes ces tâches, mais de créer les condi-tions adéquates pour que le secteur privé puisse intervenir, le gouvernement agissant comme facilitateur et catalyseur.

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Annexe 1

Chapitre 9. Stimuler le développement local et régional. Les économies modernes se développent là où se trouvent une accumulation de talents, de connaissances et un esprit d’entreprise. En suivant les tendances mondiales, les gou-vernements arabes ont tenté de faciliter l’émergence et la croissance de ces sites innovants par des mesures telles que les parcs scientifiques et technologiques, les zones industri-elles et d’exportation, et les villes nouvelles (dans les pays riches en ressources naturelles). Le chapitre examine ces efforts et fournit des orientations politiques accompagnées d’exemples illustratifs. Il aborde également les questions de développement rural et les politiques afférentes. Une diver-sification spatiale efficace nécessite un plan d’aménagement du territoire à long terme et des mesures efficaces de décen-tralisation et de transfert du pouvoir -- un défi pour la plupart des pays de la région.

Annexes

L’annexe 1 passe en revue la documentation sur la rela-tion entre l’économie de la connaissance, la croissance et l’emploi et développe une approche méthodologique pour relier l’économie de la connaissance à la création d’emplois dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

L’annexe 2 fournit un aperçu sur une série d’expériences de pays choisis dans différentes régions du monde qui se sont engagés dans des stratégies de développement fondées sur la connaissance.

L’annexe 3 aborde les questions liées à l’économie de la con-naissance dans une série de pays arabes et esquisse les initia-tives stratégiques qui paraissent adaptées aux circonstances propres à chaque pays.

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Connaissance, innovation et croissance économique

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Annexe 2

Un modèle néoclassique de croissance économique à long terme a été développé par Robert Solow dans un article fon-dateur de 1956, « Une contribution à la théorie de la croissance économique », dans lequel le progrès technologique a été con-sidéré comme un facteur exogène. La critique majeure qui peut être émise est que la théorie est basée sur des rendements d’échelle décroissants (c’est-à-dire qu’une augmentation des facteurs de production se traduira par une augmentation de la production proportionnellement inférieure). Mais on n’observe pas toujours un déclin du rendement, en particulier dans les secteurs à forte intensité de connaissances. En réponse, les économistes ont cherché à endogénéiser le progrès tech-nologique (également appelé productivité globale des facteurs) dans leurs modèles de croissance économique. Dans cette perspective, le progrès n’est plus considéré comme un phé-nomène naturel stimulé par le comportement des agents et des incitations extra-économiques, mais comme un phénomène d’ordre économique sujet à des choix spécifiques. Cela remet également en question la baisse de la productivité margi-nale des facteurs de production, principalement en raison des externalités positives qui peuvent résulter de l’interaction des entreprises (ou des biens publics mis à leur disposition). Dans le modèle canonique de Paul Romer de 1986, les externalités apparaissent parce que les investissements des entreprises bénéficient non seulement aux agents spécifiques, mais elles améliorent aussi la productivité globale en augmentant le niveau de développement technologique de l’économie dans son ensemble. En introduisant la notion de capital humain, en 1988, Robert Lucas a souligné les externalités positives qui pourraient résulter de la simple interaction d’agents qualifiés et de leurs homologues compétents. Grossman et Helpman (1993) ont également souligné l’importance des incitations à l’innovation pour la croissance et aussi l’offre endogène du capital humain et l’offre résiduelle de travail non qualifié.

éducation et croissance. Des études récentes sur les dif-férences internationales de la production par travailleur et des taux de croissance économique ont mis l’accent sur le rôle du capital humain dans le développement économique. En effet, la plupart des études transnationales empiriques sur la croissance à long terme incluent à présent une mesure du capital humain. Barro (1991), en utilisant des données pour 98 pays pour la période 1960-1985 et les taux de scolarisation aux niveaux primaire et secondaire en 1960 comme indica-teurs pour le capital humain initial, a constaté que les taux de scolarisation avaient statistiquement des effets positifs significatifs sur la croissance du PIB réel par habitant. De même, Cohen et Soto (2001), à l’aide de séries de données chronologiques transnationales sur le degré d’instruction (ou le nombre moyen d’années d’études) ont constaté que l’éducation avait statistiquement des effets positifs significatifs sur la crois-

sance économique. Hanushek et Kimko (2000) ont étudié de près les effets de la qualité de l’éducation sur la croissance économique. A l’aide des résultats de tests internationaux comme indicateurs de la qualité des systèmes éducatifs, ils ont constaté que la qualité de l’éducation avait un effet positif sur la croissance économique. Une étude portant sur 92 pays entre 1960 et 2000 par Chen et Dahlman (2004) a montré qu’une augmentation de 20 pour cent du nombre moyen d’années de scolarité de la population tend à augmenter la croissance économique annuelle moyenne de 0,15 point de pourcentage. Sur une étude transnationale macro-économique réalisée par Barro (2000), le rendement de l’éducation est estimé à 0,44 point de pourcentage supplémentaire de la croissance du PIB par habitant du pays pour chaque année supplémentaire de scolarité achevée.

Recherche et développement (R&D) et croissance. Diverses études ont montré que l’innovation et la production des con-naissances techniques ont des effets positifs importants sur la croissance économique et la croissance de la productivité. Par exemple, Lederman et Maloney (2003), en utilisant les régres-sions des panels de données des moyennes sur cinq ans entre 1975 et 2000 pour 53 pays, ont révélé qu’une augmentation de 1 point de pourcentage du ratio du total des dépenses de R&D par rapport au PIB a augmenté le taux de croissance du PIB de 0,78 point de pourcentage. Dans l’étude déjà mentionnée, Chen et Dahlman (2004) ont démontré qu’une augmentation de 20 pour cent du nombre annuel de brevets délivrés par le Bureau américain des brevets et marques (USPTO) a été associée à une augmentation de 3,8 points de pourcentage de la croissance économique annuelle. Cincera et van Pottelsberghe (2001) ont étudié les effets à long terme des différents types de R&D sur la croissance de la productivité multifactorielle, en utilisant des données de panel de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la période 1980-9819. Ils ont constaté que la R&D publique des entreprises, et de l’étranger avait toujours statistiquement des effets positifs significatifs sur la croissance de la productivité. Adams (1990), en utilisant des chiffres d’articles scientifiques universitaires dans divers domaines scientifiques comme indicateurs du stock de connaissances, a constaté que les connaissances ont contribué de manière significative à la croissance de la productivité globale des facteurs des industries manufactur-ières américaines pour la période 1953-198020. Les données montrent également que la R&D, notamment dans le secteur des entreprises, peut stimuler la croissance économique. Khan et Luintel (2006) montrent que la force de ce lien varie dans l’OCDE, et ils indiquent plusieurs déterminants (comme le capital humain, les infrastructures, les investissements étrangers directs et les exportations et importations de haute technologie) qui ont des effets importants sur la productivité,

19. Cincera et van Pottelsberghe (2001) définissent la R&D publique comme celle réalisée par les administrations et le secteur de l’enseignement supérieur, et la R&D étrangère comme la R&D des entreprises réalisée dans les autres pays de l’OCDE.

20. Adams (1990) utilise des comptes annuels de publications du monde entier dans neuf domaines scientifiques : l’agriculture, la biologie, la chimie, l’informa-tique, l’ingénierie, la géologie, les mathématiques et les statistiques, la médecine et la physique.

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Transformer les économies arabes 53

21. Mesurés par les dépenses en R&D en termes réels.

22. Brésil, Chili, Chine, République tchèque, Estonie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Inde, Indonésie, Irlande, Mexique, Pologne, Portugal, Fédération de Russie, Slovaquie, Slovénie, Afrique du Sud, Corée du Sud, Espagne et Turquie.

Annexe 2

spécifiques à chaque pays. Les stocks de connaissances du secteur privé21 en particulier, permettent davantage que ceux du secteur public, d’absorber les technologies internationales et de créer des retombées des connaissances.

Technologies de l’information et de la communication et croissance. Un nombre croissant de preuves montre que les technologies de l’information et de la communication con-tribuent à la croissance économique globale d’un pays. La Banque mondiale a indiqué en 2009 que dans les pays à faible et moyen revenu, chaque augmentation de 10 points de pourcent-age de la pénétration du haut débit accélérait la croissance économique de 1,38 point de pourcentage. L’étude a également révélé que l’impact du haut débit sur le développement était plus conséquent dans les économies émergentes que dans les pays à revenu élevé, qui « bénéficiaient d’une augmentation de 1,21 point de pourcentage de croissance du PIB par habitant » pour chaque augmentation de 10 pour cent de la pénétration du haut débit (Banque mondiale, 2009). L’étude a également démontré que le haut débit avait un effet sur la croissance potentiellement plus important que les autres TIC, y compris la téléphonie fixe, la téléphonie mobile et l’Internet (Kelly et Rossotto 2012). D’autres études appuient ces conclusions. McKinsey & Company a estimé qu’« une augmentation de 10 pour cent du taux de pénétration du haut débit des ménages fait progresser le PIB d’un pays de 0,1 pour cent à 1,4 pour cent » (Buttkereit et al. 2009). En outre, une étude sur les pays de l’OCDE par Booz & Company a révélé, dans les pays à revenu élevé, une forte corrélation entre la croissance annuelle moyenne du PIB et la pénétration du haut débit, tandis que « les pays de la tranche supérieure de pénétration du haut débit ont aussi affiché 2 pour cent de plus de croissance du PIB que les pays de la tranche inférieure de pénétration du haut débit » (Friedrich et al. 2009). En même temps, un rapport sur les TIC et la croissance économique dans les économies en transi-tion indique clairement que les TIC contribuent grandement à la productivité, la rentabilité et la croissance au niveau de l’entreprise (infoDev 2006).

Innovation et productivité. Comme indiqué dans un rapport de la Banque mondiale (2012), « une documentation empirique considérable confirme l’importance des changements struc-turels et de l’innovation pour la croissance de la productivité ». Van Ark, O’Mahony et Timmer (2008) ont décomposé la crois-sance économique aux États-Unis et en Europe pour analyser la contribution de plusieurs facteurs afin de comprendre l’écart de productivité entre les États-Unis et l’UE-15 depuis 1995. Les auteurs constatent que le facteur clé est la différence du taux de croissance de la productivité multifactorielle dans les services marchands, tels que le commerce de détail, la finance et les affaires. Jorgenson et Timmer (2011) démontrent encore

que les Etats-Unis ont bénéficié d’une croissance beaucoup plus rapide de la PGF dans la distribution et les services per-sonnels que l’Union européenne. Alors que la contribution des différents taux d’investissement dans les TIC a été faible, les changements organisationnels et les processus d’innovation de produits et de services (plutôt que l’augmentation du capital suite à l’introduction des TIC) expliquent la disparité des per-formances entre les États-Unis et l’Europe. En somme, la productivité des États-Unis est plus accélérée par les TIC que celle de l’Europe.

En outre, bon nombre d’études empiriques analysent le rôle que joue l’innovation dans la productivité et la croissance dans les entreprises ou les secteurs de l’économie. Hall, Mairesse et Mohnen (2009) et Hall (2011) évaluent le rendement des inves-tissements en R&D qui relient l’innovation à la croissance de la productivité grâce à des mesures qualitatives des produits et processus de l’innovation. La distinction est importante parce que les mesures des investissements dans l’innovation, tels que les dépenses de R&D, ne rendent pas forcément pleine-ment compte de la nature de l’innovation dans les industries de services comme la distribution ou la finance, qui ont joué un rôle important dans les différences de croissance de pro-ductivité entre l’Europe et les Etats-Unis. La conclusion de ces nombreuses études empiriques confirme l’intuition induite par la documentation sur la croissance endogène récente: l’innovation est positivement associée à une productivité et une croissance plus élevée des entreprises, et le taux de ren-dement social de l’innovation dépasse le taux de rendement privé en raison des retombées positives de la croissance dans le stock des connaissances disponibles.

Innovation et emploi. En utilisant un ensemble de données de 14 313 établissements manufacturiers provenant de 21 pays (OCDE, « engagement renforcé », et pays en développe-ment22), Dutz et al. (2011) montrent que l’innovation des entre-prises est un facteur positif très fort pour la croissance de l’emploi, pour les produits et processus de l’innovation, et pour la croissance de la productivité globale des facteurs. Dans l’ensemble de l’échantillon, on relève de nombreuses et significatives corrélations avec la croissance de l’emploi: l’innovation, les activités d’exportation, le capital investisse-ment des banques commerciales, l’utilisation commerciale de l’Internet, la certification ISO, les programmes de formation formels, et aucun financement gouvernemental de plus de 10 pour cent. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une étude de Stone et Badawi (2011) a montré que les petites et moyennes entreprises innovantes se développaient le plus rapidement. Les caractéristiques de cette innovation comprennent une offre de formation formelle pour les travailleurs et l’obtention d’une certification internationale de qualité.

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54

Annexe 2

Références et bibliographie

Adams, James D. 1990. “Fundamental Stocks of Knowledge and Productivity Growth.” Journal of Political Economy 98 (4): 673–703.

Barro, Robert J. 1991. “Economic Growth in a Cross Section of Countries.” NBER Working Paper 3120, National Bureau of Economic Research, Cambridge, MA.

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Buttkereit, Soren, Luis Enriquez, Ferry grijpink, Suraj Moraje, Wim Torfs, et Tanja Vaheri-Delmulle. 2009. “Mobile Broadband for the Masses: Regulatory Levers to Make It Happen.” McKinsey and Company, London, février.

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Banque mondiale. 2009. Information and Communications for Development 2009: Extending Reach and Increasing Impact. Washington, DC: Banque mondiale.

∤ 2012. Golden Growth: Restoring the Lustre of the European Economic Model. Washington, DC.

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55

Note : Les données contenues dans cette annexe proviennent de sources diverses, y compris la méthodologie d’évaluation des connaissances 2012 (KAM, www.world-bank.org/kam) et les indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale pour 2012. Les sources complètes des données sont fournies dans la liste des références statistiques qui suivent les tableaux.

Données sur l’économie fondée sur la connaissance dans le monde arabe

Transformer les économies arabes

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Annexe 3

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Transformer les économies arabes 57

Annexe 3

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58

Annexe 3

TABLEAu A3 Innovation et recherche scientifique  Paiement des

redevances et recettes ($US/

pop.)

Articles de revues

scientifiques et techniques

Brevets accordés par l’USPTO / million de personnes

Dépenses de recherche et développement (% de PIB)

Exportations des produits de haute technologie (%

d’exportations de produits manufacturés)

 

2010 2009 2005–09 2007–09 2004–06 2010 2005

Pays arabes              

Algérie 2.74 607 0.01 — 0.12 0.50 1.48

Arabie saoudite — 710 0.92 0.06 0.05 0.73 0.67

Bahreïn — 36 0 — — 0.11 0.07

Cisjordanie et Gaza 0.3 — — — — — —

Djibouti — 2 0 — — — —

Émirats arabes unis — 265 1.6 — — — 1.87

Iraq — 70 — — — — —

Jordanie — 383 0.14 0.42 — 2.86 1.39

Koweït — 214 3.55 0.09 0.11 — —

Liban 3.4 256 0.77 — — 12.80 2.83

Libye — 34 — — — — —

Maroc 1.3 391 0.08 — 0.64 7.69 9.64

Oman — 114 0.51 — — 0.58 0.28

Qatar — 64 1.29 — — — 0.01

Rép. arabe d’Égypte 3.12 2,247 0.07 0.24 0.26 0.88 0.40

Rép. arabe syrienne 2.05 72 0.04 — — — 2.08

Rép. du Yémen 0.46 25 — — — — 0.24

Tunisie 1.79 1,022 0.1 1.12 1.03 4.89 4.51

Comparateurs              

Finlande 245 4,949 138.1 3.72 3.47 10.80 25.06

Chine 10.34 74,019 1.05 1.43 1.31 27.51 30.84

Inde 2.37 19,917 0.51 0.76 0.76 7.18 5.80

Rép. de Corée 183.2 22,271 151.18 3.29 2.83 — 32.48

Régions

Le monde arabe a 1.54 6,578 — — — — 1.44

Europe de l’Est & Asie centrale 116.7 29,089 31.44 b 0.89 0.81 6.70 6.07

Amérique latine et Caraïbes 11.2 23,968 0.63 b 0.65 0.61 10.92 12.41

Moyen-Orient & Afrique du Nord 4.1 11,421 3.66 b — — 3.21 2.66

Source : Calculs des auteurs basés sur la Banque mondiale 2012 (colonne 1) ; KAM 2012 (colonne 2) ; National Science Foundation 2012 (colonne 3) ; L’Institut de statistique de l’UNESCO 2012 (colonne 4) ; Nations unies 2012 (colonne 5).

USPTO = Bureau américain des brevets et marques

a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org.

b. Tous niveaux de revenus.

— Donnée non disponible.

Page 73: Ke arabeconomies overview fr 0

Transformer les économies arabes 59

Annexe 3

Chômage des jeunes

Chômage global

Stock de main d’œuvre

émigrée (% main d’œuvre)

Nombre moyen

d’années d’études

Taux brut de scolarisation

dans l’enseignement

secondaire

Taux brut de scolarisation

dans l’enseignement

supérieur

Dernières données

Dernières données

Dernières données 2010 2009 2009

Pays arabes            

Algérie 46 10 10 7.7 96.48 30.62

Arabie saoudite 26 5 0 8.48 96.81 32.78

Bahreïn 21 5 2 9.59 96.43 51.21

Cisjordanie et Gaza 33 25 2 — — —

Djibouti 38 41 2 — 30.46 3.47

Émirats arabes unis 6 2 1 9.5 95.2 30.4

Iraq 45 30 5 — — —

Jordanie 39 11 4 9.23 88.22 40.65

Koweït 23 3 3 6.29 89.89 17.56

Liban 21 12 31 — 82.14 52.52

Libye 27 7 3 — — —

Maroc 16 10 17 5 55.85 12.88

Oman 20 7 0 — 91.32 26.44

Qatar 17 1 0 7.45 85.22 10.24

Rép. arabe d’Égypte 26 8 9 7.08 67.2 28.45

Rép. arabe syrienne 20 21 15 5.28 74.74 —

Rép. du Yémen — — 16 3.68 45.61 10.23

Tunisie 27 14 15 7.32 90.21 34.44

Comparateurs            

Finlande 20 8.40 — 9.97 108.96 90.92

Chine — 4.30 — 8.17 78.19 24.53

Inde — — — 5.12 60.02 13.48

Rép. de Corée 9.8 3.70 — 11.85 97.22 100.02

Régions            

Le monde arabe a — 9.60 — — — —

Europe de l’Est & Asie centrale 18.27 9.65 — — — —

Amérique latine et Caraïbes 14.83 7.97 — — — —

Moyen-Orient & Afrique du Nord 22.55 10.64 — — — —

Source : OIT 2011 (colonnes 1 et 2) ; Chaaban 2010 (colonne 3) ; Barro et Lee 2010 (colonne 4) ; UNESCO 2012 (colonne 5 et 6).

a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org.

— Donnée non disponible.

TABLEAu A4 Education and Labor Market

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60

Annexe 3

Indice de préparation aux TIC

(classement sur 142)

Nombre total de téléphones pour 1

000 personnesOrdinateurs pour 1

000 personnes

Utilisateurs d’Internet pour 1 000

personnes

2012 2009 2008 2009

Pays arabes        

Algérie 118 1,010 100 130

Arabie saoudite 34 1,930 690 390

Bahreïn 27 2,290 750 820

Cisjordanie et Gaza — — — —

Djibouti — 170 40 30

Émirats arabes unis 30 2,660 330 820

Iraq — — — —

Jordanie 47 1,090 80 290

Koweït 62 1,270 340 390

Liban 95 540 100 240

Libye — — — —

Maroc 91 900 60 320

Oman 40 1,510 170 430

Qatar 28 1,950 160 280

Rép. arabe d’Égypte 79 790 40 200

Rép. arabe syrienne 129 640 90 190

Rép. du Yémen 141 210 30 20

Tunisie 50 1,050 100 340

Comparateurs        

Finlande 3 1,710 790 840

Chine 51 800 60 290

Inde 69 480 30 50

Rép. de Corée 12 1,380 580 810

Régions        

Le monde arabe a — — — —

Europe de l’Est & Asie centrale — — — —

Amérique latine et Caraïbes — — — —Moyen-Orient & Afrique du Nord — — — —

Source : Forum économique mondial et INSEAD 2012 (colonne 1) ; KAM 2012 (colonnes 2–4).

a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org.

— Donnée non disponible.

TABLEAu 5 Technologies de l’information et de la communication

Page 75: Ke arabeconomies overview fr 0

Transformer les économies arabes 61

Annexe 3

Références statistiques

Banque mondiale. 2011. World Governance Indicators. Banque mondiale, Washington, DC. http://info.worldbank.org/governance/wgi/index.asp. Consulté le 5 septembre.

∤ 2012. World Development Indicators database. Washington, DC. http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators. Consulté le 15 décembre.

Barro, R. J., et J. W. Lee. 2010. “A New Data Set of Educational Attainment in the World, 1950–2010.” NBER Working Paper 15902. Cambridge, MA: National Bureau of Economic Research. www.nber.org/papers/w15902.

Chaaban, Jad. 2010. “Job Creation in the Arab Economies: Navigating Through Difficult Waters.” Arab Human Development Report Research Paper Series, PNUD Bureau regional pour les États arabes. http://www.arab-hdr.org/publications/other/ahdrps/paper03-en.pdf.

Economist Intelligence unit. 2011. Indice de démocratie de l’EIU. https://www.eiu.com/public/topical_report.aspx?campaignid=DemocracyIndex2011. Consulté 21 janvier, 2013.

Fondation Heritage. 2012. 2012 Index of Economic Freedom. Washington, DC: Fondation Heritage. http://www.heritage.org/index. Consulté le 5 septembre.

Forum économique mondial et INSEAD. 2012. Global Information Technology Report 2012. Genève: Forum économique mondial.

KAM (Méthode d’évaluation des connaissances). 2012. Banque mondiale, Washington, DC. http://www.worldbank.org/kam. Consulté le 15 octobre.

National Science Foundation. 2012. Science and Engineering Indicators. http://www.nsf.gov/statistics/. Consulté en septembre

Nations unies. 2012. United Nations Commodity Trade Statistics Database. http://comtrade.un.org/db/. Consulté le 10 septembre.

OIT (Organisation internationale du travail). 2011. Key Indicators on the Labour Market, 7th edition. Genève. http://kilm.ilo.org/KILMnetBeta/default2.asp. Consulté le 10 septembre.

PNuD (Programme des Nations unies pour le développe-ment). 2011. Human Development Report 2011: Sustainability and Equity: A Better Future for All. New York.

uNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) Institut de statistique. 2012. UNESCO Institut de statistique : Centre de données. http://stats.uis.unesco.org. Consulté le 15 septembre.

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Notes

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ContactCentre pour l’Intégration en Méditerranée Villa Valmer 271 Corniche Kennedy 13007 – France Phone: + 33 (0)4 91 99 24 51 /56 Fax: + 33 (0)4 91 99 24 79 www.cmimarseille.org

CMILe Centre pour l’Intégration en Méditerranée est une plateforme multi-partenariale de coopération pour faciliter l’accès aux connaissances de pointe et les meilleures pratiques, tout en générant un appui auprès des institutions publiques et privées pour accroître la coopération, favoriser le dével-oppement durable et des politiques intégrées dans la région méditerranéenne. Les programmes du CMI s’efforcent de fournir des apports solides pour des choix politiques fondés sur des données et, ce faisant, contribuer à améliorer les stratégies et les actions des gouvernements, augmenter le niveau d’activités innovantes et des investissements dans la région, et de stimuler la coopération entre les pays du pourtour méditerranéen.

Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation

La nécessité de créer des millions d’emplois de qualité est le premier des nombreux défis de taille auxquels est confronté le monde arabe. Pour le relever, les pays arabes auraient intérêt à adopter un modèle de croissance s’appuyant sur l’économie fondée sur la connaissance, modèle qui se généralise au niveau mondial.

Au cours de la dernière décennie, certains pays de la région ont relancé leur croissance et amélioré leur compétitivité en s’engageant sur la voie de l’économie de la connaissance. Cependant, pour aller plus loin, les sociétés arabes doivent renforcer leurs réformes dans quatre domaines clés : le développement d’économies plus ouvertes et avec plus d’esprit d’entreprise, la préparation d’une population mieux éduquée et plus qualifiée, l’amélioration de leurs capacités d’innovation et de recherche, et la promo-tion des technologies de l’information et de la communication et de leurs applications. Le succès dépend des progrès réalisés de manière coordonnée sur ces quatre fronts, au moyen d’approches audacieuses adaptées aux défis et aux possibilités de chaque pays.

« Les récents événements qui se sont déroulés dans le monde arabe ont affirmé la nécessité de parvenir à plus de d’égalité, et de dignité pour tous. Les gouvernements de la région affrontent le défi de la création d’emplois, des emplois pour les jeunes et les femmes en particulier. Transformer les économies arabes : la voie de la connaissance et de l’innovation offre aux pays du monde arabe une nouvelle approche des stratégies de développement qui peuvent les aider à parvenir à une croissance durable et à créer des emplois, essentiels pour garantir l’inclusion sociale et économique. Ce rapport s’adresse aux membres du gouvernement, des entreprises et de la société civile dans le monde arabe qui aspirent à travailler d’une manière nouvelle et différente, en utilisant les connaissances, l’innovation et la technologie comme facteurs clés pour déterminer une voie de croissance plus inclusive et un avenir meilleur. » Inger Andersen, Vice-présidente pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale

« Il faut saluer ce travail à la fois osé et opportun du CMI, parler du futur au moment où les protagonistes des révolutions arabes sont surtout concernés par le présent est une gageure. La création de richesse et d’emplois exigent des inflexions sérieuses dans le domaine politique vers plus de démocratie, dans la recherche de la justice sociale avec des politiques inclusives ainsi qu’une rupture au niveau économique, en allant vers l’économie de la connaissance. Les diversités observées montrent égale-ment que la marche vers l’économie de la connaissance passe aussi par l’exploitation des complémentarités entre les pays du Golfe, du Maghreb et du Mashrek. Cet important travail devrait trouver écho auprès des gouvernements du monde arabe. » Rachid Benmokhtar Benabdallah, Président de l’Observatoire National du Développement Humain et membre de l’Académie des sciences et de la technologie, Maroc

« Transformer les économies arabes plaide non seulement avec force et arguments pour l’adoption d’un scénario de croissance axé sur la connaissance et sur l’innovation pour le monde arabe, mais il souligne également l’importance de suivre une vision claire pour mener les profondes réformes nécessaires pour y arriver, réformes qui outrepassent les silos sectoriels et ministériels. Une telle vision devrait garantir que les réformes sont formulées sur un mode participatif qui assure un large soutien pour leur mise en œuvre. Le rapport fait également ressortir l’idée de « points de croissance » qui faciliteraient l’adoption du nouveau modèle économique. Il s’agit d’un rapport opportun et très important que tous les décideurs et tous les citoyens concernés dans le monde arabe devraient lire. Notre avenir est façonné en ce moment par les mesures que nous prenons pour que l’avenir se plie à nos rêves. » Ismail Serageldin, Directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie, ancien vice-président de la Banque mondiale