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CENTRE FRANCOGYPTIEN D’ÉTUDE DES TEMPLES DE KARNAK LOUQSOR GYPTE) USR 3172 du Cnrs Extrait des Cahiers de Karnak 9, 1993. Avec l’aimable autorisation de Éditions Recherche sur les Civilisations (Adpf/MAEE). Courtesy of Éditions Recherche sur les Civilisations (Adpf/MAEE)

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  • CENTRE FRANCO-GYPTIEN DTUDE DES TEMPLES DE KARNAK LOUQSOR (GYPTE) USR 3172 du Cnrs

    Extrait des Cahiers de Karnak 9, 1993.

    Avec laimable autorisation de ditions Recherche sur les Civilisations (Adpf/MAEE). Courtesy of ditions Recherche sur les Civilisations (Adpf/MAEE)

  • TROUVAILLES RCENTES FAITES KARNAK ET EN DEHORS DE L'ENCEINTE D'AMON

    Abd El-Hamid MAAROUF

    tre responsable pour l'Organisation des Antiquits gyptiennes des enceintes sacres de Karnak et de la zone les entourant, amne souvent faire des trouvailles fortuites en dehors de fouilles organises. Si les objets ne sont pas de l'ordre de ceux dcouverts dans la cachette aux statues de Louqsor, il nous a sembl toutefois important de les publier rapidement, pour qu'ils n'aillent pas injustement rejoindre les oubliettes que deviennent certaines rserves, et pour que nos collgues puissent tre informs de leur existence. Nous esprons qu'ainsi cette petite chronique permettra certains de replacer ces objets dans un contexte plus large, et peut-tre de dgager une importance qu'il n'est pas encore possible de leur donner.

    I. DEUX COLOSSES DE RAMSS II

    a) Oprations de dgagement

    Un habitant du village de Nag' et-Tawiel, situ l'est du mur d'enceinte du domaine d'Amon, informa l'inspectorat de Karnak que des travaux de nettoyage avaient mis au jour devant sa maison un bloc de grs. Ce dernier se trouvait une distance d' peu prs 250 m de la Porte de l'Est difie par Nectanbo 1 durant la xxxe dynastie, l'extrmit orientale de la zone fouille par Henri Chevrier la recherche des ruines du temple d'Akhnaton.

    Les autorits suprieures de l'O.A.E. pour la Haute-gypte nous ayant donn l'autorisation de faire les dgagements ncessaires, nous dbutmes le travail le 28 novembre 1985 pour savoir si la zone contenait des monuments susceptibles d'ajouter l'intrt de ce site relativement mal connu. La prsence continue d'une petite quipe d'ouvriers nous permit de dgager en quelques jours ce qui apparut comme un fragment de colosse royal, la moiti latrale d'un personnage debout (fig. 1, p. 218). Il se trouvait environ 0,70 m sous le niveau du sol, la tte et la moiti droite du colosse manquant. De l'paule au socle, la statue atteint malgr tout une hauteur de 4,85 m. Telle qu'elle fut dcouverte, le visage de la statue faisait face l'est. La main tient la reprsentation

  • 214 KARNAK IX

    classique de l'tui contenant l'imyt-per, ou hritage de Geb, sur lequel se trouvent deux cartouches royaux donnant les noms de Ramss II, Ousermatr Setepenr, Ramss Mry-Amon. Le dgagement du pilier dorsal permit de retrouver une partie de la mme titulature, ainsi que sur le ct gauche une reprsentation de la princesse Bent-Anat.

    Le travail ayant t tendu vers le sud, il fut possible de dcouvrir une seconde moiti de colosse de grs que nous pensions a priori avoir appartenu la mme statue. Il fallut cependant parvenir une autre conclusion, le second lment tant de taille lgrement infrieure la premire statue (4,80 m) alors que cette fois une partie de la tte tait conserve (fig. 2, p. 218). Le visage du colosse tait tourn vers le sud. Le colosse reprsente le roi revtu de la chendjyt et coiff du nms. Le pilier dorsal ne portait cette fois aucune inscription, alors que la base, haute de 0,53 m et profonde de 1,80 m, portait une seule ligne latrale de hiroglyphes donnant encore une fois les titres et noms de Ramss II. La face antrieure de la base montrait, quant elle, le nom d'Horus du roi et une inscription le nommant aim d'Amon-R, Matre des Trnes des Deux-Terres, marquant sa relation avec le domaine d'Amon. Il semblait donc s'agir de deux statues diffrentes, littralement rabotes par le passage des annes, gisant sur le ct.

    l'est du colosse mridional fut dcouverte une partie de la double couronne dcore de l'uraeus (fig. 3, p. 218) qui tait, semble-t-il, rapporte au-dessus du nms royal. C'est sur cet lment que furent remarqus les restes d'une inscription protocolaire donnant le dbut de la titulature de Ramss II, liant clairement la coiffure l'une des statues dgages peu de distance. Cette dcouverte nous encouragea agrandir la fouille sur une surface couvrant un peu plus de 100 m2 autour des statues ainsi dgages. Ceci permit de dterminer que les restes des deux statues taient littralement pied pied, et de dgager dans le mme temps les restes d'une petite structure de briques dont l'une tait inscrite au nom du Grand-Prtre d'Amon Menkhperr.

    b) Restauration et consolidation des colosses Les statues ainsi mises au jour de faon accidentelle taient vrai dire dans un tat

    dplorable. De tout temps en contact avec la surface du sol, elles avaient subi des cycles continus d'humidification-dessication qui avaient rendu le grs trs pulvrulent, en faisant disparatre le ciment naturel de la pierre de sable. C'est sans doute ce qui amena la destruction des moitis suprieures des colosses. Il tait alors impossible de les laisser dans cet tat, qui interdisait tout dplacement. La dtrioration des colosses nous amena envisager une intervention minimale pour solidifier les statues sans en dnaturer la surface dcore. Il fallut accrocher la surface latrale de chacun des colosses une grille de tiges mtalliques par le biais d'une rsine poxy avant de couler une lgre dalle de bton. Cette intervention, bien que lourde, permit de redonner solidit et cohsion chacune des statues avant de les ramener l'intrieur de l'enceinte du domaine d'Amon, o elles seront mieux protges, avant de les prsenter dans le Muse de Plein Air . Ces oprations n'auraient pu avoir lieu sans l'aide du Centre Franco-gyptien, en la personne de Daniel Le Fur, pour la restauration et consolidation des colosses, et de Jean Larronde qui se chargea des aspects techniques de la restauration et du transfert.

    Si cette dcouverte ne rvolutionne pas notre connaissance de la statuaire ramesside, elle permet d'envisager sous une nouvelle perspective ce secteur oriental de Karnak encore assez mal connu. La prsence de deux colosses de Ramss II, hauts de plus de 5 m, permet d'envisager normalement l'existence d'une porte monumentale, leve cet endroit alors qu'il ne devait contenir que les vestiges du temple d'Akhenaton dvast l'poque d'Horemheb avant que ses pierres ne servent de remploi dans la construction des Ile et IXe Pylnes de Karnak. Aucune structure importante n'a encore t dgage lors du nettoyage. Il faudrait envisager titre d'hypothse une appropriation au nom d'Amon du

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    terrain occup auparavant par le temple du souverain et du dieu onnis par Sthi 1 et Ramss II, en en marquant l'extrmit orientale par l'rection de deux colosses du roi qui se voulait dieu.

    Il. UNE STATUETTE OSIRIAQUE EN BRONZE

    Cet objet, d'une qualit artistique remarquable, a t dcouvert au sud-ouest de la Grande Cour du temple d'Amon de Karnak, lors de travaux de mise en valeur visant l'ensemble des sphinx rangs en cet endroit et le rangement de certains blocs sur des banquettes (fig. 4, p. 219). Il s'agit d'une statuette de bronze creuse, visiblement coule suivant la technique de la cire perdue. Haute de 17 cm et large de 5,5 cm, elle est dpourvue de tte, et deux importantes fissures apparaissent la hauteur des omoplates et de la partie arrire gauche. Le corps de la figurine est reprsent debout, pieds joints, revtu d'une gaine momiforme. L'allure gnrale en est assez lance. Les avant-bras sont croiss sur la poitrine (droit sur gauche), et les mains tenaient deux objets dont on aperoit encore l'extrmit infrieure sous les poignets. Les jambes, serres l'une contre l'autre, sont fines et lances. Malgr l'apparence de statuette gaine, l'artisan a su apporter tout son art rendre prcisment, mais par des volumes simplifis, l'anatomie du corps dont les masses musculaires et osseuses semblent jouer travers le tissu, notamment au niveau des genoux et du dos. Un tenon de fixation, de section carre, visiblement rapport, est soud sous la plante des pieds. L'ensemble de la statuette a pu tre trait au moyen d'une microabrasion qui a permis de la dbarrasser de certaines concrtions salines et de mettre en valeur son bon tat de conservation gnral, malgr son caractre fragmentaire.

    Il reste nanmoins dfinir plus clairement le type de statue dont il s'agit, l'objet tant malheureusement totalement anpigraphe. Trois types de figurines bien connus peuvent prsenter cette iconographie: les ouchebtis, les statuettes du dieu Osiris, les figurines royales osiriaques. Le premier type ne semble pas devoir tre retenu, surtout si l'on considre la prsence d'un tenon de fixation. Les figurines d'Osiris, extrmement courantes durant l'poque tardive, montrent souvent le dieu dans cette position, coiff de la couronne-ale! et tenant contre sa poitrine les regalia, le sceptre-heka et le flagellum-nekhakha. Des statuettes de ce type ont dj t trouves en grand nombre Karnak, au nord-est de l'enceinte et dans la grande cachette ptolmaque de la cour du VIle Pylne. Nanmoins, rien ne rapproche stylistiquement notre statuette de cette srie, et une rserve peut tre faite contre une telle attribution: les extrmits des objets tenus par le personnage sont assez courtes et tombent verticalement, ce qui semble interdire d'y voir les insignes du pouvoir tenus gnralement par Osiris. Plutt qu' la crosse et au flagellum, elles semblent appartenir des objets de petites tailles, tel que le nud-lyl ou la croix anse.

    Dans ce cas, la figurine serait rapprocher des colosses osiriaques qui arborent gnralement deux croix-ankh sur la poitrine. Mme s'il existe de rares exemples de ces statues reprsentant des particuliers, nous serions plutt ici en prsence de la rduction d'un des nombreux colosses osiriaques royaux qui ornaient le temple de Karnak et les autres monuments thbains. Il s'agirait d'une reprsentation assez rare, que l'lgance de ses lignes semble par ailleurs rattacher plus au Nouvel Empire (fin XVIIIe Dynastie-dbut XIXe) qu' la priode tardive, poque o le culte autonome d'Osiris ne semble gure attest Karnak. Ce fait semble par ailleurs tre un argument supplmentaire pour y voir une reprsentation de colosse osiriaque.

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    III. TTE MASCULINE EN GRS

    L'objet est une tte masculine en grs siliceux, de forte granulomtrie et de couleur jaune, autrefois enduit d'un apprt couleur crme qui subsiste dans les creux (fig. 5, p. 220). Elle est brise la hauteur du cou et la partie gauche manque au-del du nez. L'objet est de petite taille (H : 13 cm; 1 : 6 cm; prof. 12 cm). Malgr son tat incomplet, l'tude de cet objet permet de dgager des lments stylistiques de datation importants.

    La statue semble avoir t pourvue d'un pilier dorsal tronqu. La coiffure, courte, est constitue de ranges de mches descendant de manire concentrique depuis le sommet du crne: quatre rangs au-dessus du bandeau, deux en dessous. Elle est dcore d'un bandeau ou diadme, portant grav un dcor en chevron, nou derrire la tte. L'oreille droite qui, seule, subsiste, est trs finement dtaille. Le visage, quant lui, est un peu rond, dlicat, et relve, malgr un style tardif, de la tradition pharaonique. L'il est figur en gravure lgre par-dessus l'arrondi du globe oculaire, alors que le nez court est droit. La bouche est petite et droite, mais le creux marqu de la commissure des lvres lui donne un aspect souriant. Un petit menton rond, lgrement en retrait et suivi d'une lgre courbe termine ce visage bonhomme.

    Si ce type de physionomie, apparaissant dj dans les portraits ornant les sphinx de Nectanbo 1 Louqsor, rattache l'uvre l'poque grecque, certains lments iconographiques semblent permettre d'affiner quelque peu cette datation.

    La disposition des boucles de la perruque en ranges concentriques, si elle relve de la tradition pharaonique, fut aussi connue de l'poque ptolmaque. On la retrouve sur certaines ttes de statues 1. Le bandeau, gnralement muni de rosettes, est l'apanage des grands administrateurs de l'poque grecque. On trouve en revanche quelques exemples de bandeau ou de diadme ne prsentant aucune dcoration 2 Pour terminer, si l'oblisque-pilier dorsal apparat la XVIII" dynastie, sa forme ne devient tronque qu' partir du milieu de l'poque ptolmaque 3 .

    Les parallles iconographiques semblent donc permettre de dater cette pice du milieu du le, sicle avant notre re. Elle appartenait probablement un notable de la rgion de Louqsor, le port du bandeau ou du diadme tant frquent chez les gouverneurs de l'poque. Il est difficile de prsumer de l'aspect de la partie basse de la statue mais un rapprochement avec la pice du Muse du Caire pourrait tre intressant4 .

    1. Ainsi les pices Oaks Research Library, Harvard University, Washington no 37.13, Brooklyn Museum no 54.117 et Caire JE. 33266. On verra Egyptian Sculpture oJ the Late Period, Brooklyn 1960, pl. 112, fig. 301-302, no 121, pl. 127, fig. 338-339, no 135; S. Bianchi, The Striding Draped Male Figure of Ptolemaic Egypt , dans Das Ptolemasche Agypten, Mainz, 1978, fig. 54.

    2. Oaks Research Library, Harvard University, Washington no 37.13, Brooklyn Museum no 54.117, Detroit, Institute of Arts 51.83 et New York Metropolitan Museum of Art 65.119. Egyptian Sculpture oJthe Late Period, Brooklyn, 1960, pl. 112, fig. 301-302, no 121, pl. 127, fig. 338-339, no 135 et p. 157; S. Bianchi, op. cil., fig. 55-57.

    3. Egyptian Sculpture oJ the Late Period, Brooklyn, 1960, pl. 125, fig. 332-333, 335, no 133 (Los Angeles County Museum no A6425.53.9; pl. 128, fig. 341, no 136 (Detroit 51.83).

    4. Voir S. Bianchi, op. cil., fig. 54.

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    IV. UNE COLONNETTE DCOUVERTE AU NORD DE L'ENCEINTE D'AMON

    Une colonnette de grs rose fut dcouverte lors de travaux de terrassement 250 m au nord-ouest de l'enceinte de Montou, prs d'une maison du village proche de Malqata (fig. 6, p. 221). Dot de huit pans, l'lment architectural portait des inscriptions hiroglyphiques sur trois d'entre eux. Les signes gravs de faon peu soigne taient emplis d'un pltre de nuance bleutre dont la couleur ressort clairement sur le fond rose du grs.

    Les inscriptions ont beaucoup souffert du passage du temps et de martelages assez systmatiques. Il est cependant encore possible de lire le contenu de deux proscynmes. Une premire colonne concerne les souverains Amnophis lef et Ahms-Nfertari. Bien qu'incompltement conserv, ce court texte montre un balancement habituel entre ce qui est donn, ici des adorations , et ce qui doit tre donn, une tombe parfaite . On notera que ce dernier souhait, mis en relation avec la reine Ahms-Nfertari, semble mettre ce monument dans un contexte connotation funraire. La seconde colonne de texte est un proscynme en l'honneur de Khonsou qui rside Karnak. Les deux dernires colonnes ont souffert des destructions dues un martelage quasi systmatique.

    Les martelages, premire vue, se distribuent de faon gnreuse sur l'ensemble du monument, touchant mme les quatre faces de la colonnette qui ne semble jamais avoir reu de dcoration. En revanche, il est clair que les martelages les plus profonds concernent le nom d'Amon, que ce soit dans une liste de divinits ou l'intrieur mme du cartouche d'Amnophis P f

    Nous serions donc en prsence de martelages d'poque amarnienne, ce qui nous donnerait une date limite pour cette colonnette qui remonterait la XVIIIe Dynastie. Les cartouches royaux ne doivent cependant pas nous induire en erreur. Amnophis p f et Ahms-Nfertari sont ici nomms, comme bien souvent dans la rgion thbaine, en tant qu'intercesseurs privilgis auprs des dieux. La mention de la tombe parfaite montre clairement qu'il s'agit ici des souverains diviniss recevant un culte populaire trs rpandu sur la rive occidentale de Thbes. Il faut donc faire remonter ce petit monument qui semble d'origine prive, une poque o ce culte tait dj bien implant, la seconde moiti de la XVIIIe Dynastie.

    Cette colonnette de grs rose vient s'ajouter la longue liste des monuments du culte d'Amnophis lef et d'Ahms-Nfertari 5. En revanche, elle met en valeur la prsence moins bien connue de ce culte sur la rive orientale de Thbes. Lie d'autres trouvailles faites Karnak-Nord 6 , elle dmontre qu'un lieu de culte privilgi a pu exister au nord de l'enceinte d'Amon, sans qu'il soit encore possible d'en dfinir l'importance.

    5. J. Cerny, Le culte d'Amnophis 1" chez les ouvriers de la ncropole thbaine, BIFAO 26, 1926, p. 159-203.

    M. Gitton, L'pouse du Dieu Ahms Nfertari, Besanon, 1975, p. 45 sq. 6. J. Jacquet, dans BIFAO 71, 1972, p. 155.

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    Fig. 1. Deml-oolossc de gris (h _ 4,85 ml.

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    Fig. 2. Demi-oolossc de grs (h _ 4,80 ml.

    Fig. J . - Fragment de la doubk couronne dcore de rur.u:us.

    Colosses de Ramss Il

  • TROUVAILLES RCENTES FAITES KARNAK 219

    Fig. 4. - Statuette osiriaque en bronze, ereuse.

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    Fig.. 5. - Tte Tnasculme en glU.

  • TROUVA ILLES R~CENTES FA ITES KARNAK 12 1

    Fig. 6. Colonnette decouverte au nord de ["enceinte d"Amon.