juridique

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Ethique & Santé 2007; 4: 169-173 • © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 171 LU, VU, ENTENDU F. Sironi ancre sa théorie dans la continuité de l ethnopsychiatrie et ouvre sa théorie d autres champs d application contemporains (comme les questions de transsexualité ). Pour conclure, elle en appelle la construction d une éthique de la multiplicité. Le mérite de l ouvrage est de bien poser la question de la connais- sance du politique et d en tenir compte quand thérapeute, on est conduit prendre en charge des personnes qui ont subi des tortures ou d autres sortes de violences liées une situation contextuelle in- dépendamment de leur propre vouloir. Autre chose intéressante, c est la position de Sironi d anticiper sur la question de la vengean- ce : si on veut sortir de la violence répétitive, il faut se pencher sur le sort des anciens bourreaux. Ce n est qu ainsi que l on sortira du cycle infernal de la violence aussi vieux que le monde de l humanité est vieux. L essai de F. Sironi se place dans la continuité de son premier ouvra- ge sur « Bourreaux et victimes, psychologie de la torture » paru chez le même éditeur en 1999. Brigitte Tison Anthropologie Paroles magiques, secrets de guérisseurs Camus D., éditions Imago, 2007, 209 p. Si la magie est toujours reconnue dans d autres pays (on pense, en particulier, l Afrique), elle n a pas disparu de nos sociétés et il n est pour s en convaincre que de lire cette étude de D. Camus, ethnolo- gue travaillant sur ce monde, du c té de chez nous. Il existe peu de recherches dites scientifiques sur la question. Le livre de J. Favret-Saada « Les mots, la mort, les sorts » avait en son temps attiré toute l attention des chercheurs. Elle était partie la rencontre des « sorciers » dans la région de l Orne et du bocage normand en particulier. L étude de D. Camus nous introduit l intérieur du monde des leveurs de maux dans le pays rennais, autrement dit au c ur de la Bretagne. Les maux sont répertoriés : zona, verrues, brûlures, maux d estomac L on découvre travers la lecture du livre que la trans- mission des secrets des leveurs de maux n a jamais cessé de fonction- ner, transmission qui se fait le plus souvent au sein des familles. Aucun profit financier n est recherché. L acte doit être gratuit et les gens du village ou d ailleurs connaissent ceux ou celles qui prati- quent. Le bouche oreille fonctionne bien. D. Camus nous décrit la démarche du leveur de maux : rituels, paro- les magiques, et nous montre en quoi cette démarche s inscrit dans une dimension plus globale de l histoire de la santé et d une considé- ration de celle-ci qui n a jamais disparu même si elle a été occultée par la médecine dite scientifique et officielle. Le livre a le mérite d être clair, pas trop long, ce qui en facilite la lec- ture. L on n est jamais dans l ésotérisme. D. Camus demeure dans son approche ethnologique tout au long de cette étude. Ce qui en fait le mérite et l intérêt pour toute personne qui cherche mieux comprendre ce monde-l , pour toute personne qui n a aucune idée sur la question et qui sera surprise de découvrir la dimension histori- que de ces traditions et une approche du corps différente de celle la- quelle nous nous sommes habitués depuis tous les progrès médicaux et qui s appuie sur la preuve des faits (méthode Claude Bernard). Il existe donc d autres approches qui peuvent être complémentaires, encore faut-il mieux conna tre le contexte de leurs évolutions dans le temps. La lecture de ce livre peut être recommandée toute personne qui s intéresse aux différentes approches du corps, toute personne qui s intéresse l ethnopsychiatrie, aux cultures (personnel des soins ). Brigitte Tison Juridique Crime, science et identité. Anthologie des textes fondateurs de la criminalistique européenne (1860-1930) N. Quinche (textes choisis et annotés par), Genève : éditions Slatkine Genève, 2006, 368 p Nous entrons directement dans l histoire de l enquête criminalisti- que, fort documentée et riche d informations inaccessibles tout un chacun N. Quinche a choisi de nous présenter tous les grands noms de la po- lice scientifique et technique partir d un choix de textes qui mon- trent l évolution des méthodes d identification des grands criminels aux XIX e et XX e siècles. Nous avons une certaine connaissance de la criminologie mais non des techniques utilisées pour déterminer l identité des assassins, leur personnalité. C est chose faite avec cette étude très dense et véritable « Bible » de la criminalistique. Nous voyons l évolution de l appro- che des corps et du regard porté sur cette approche qui renvoie tou- jours plus de rationalité et qui oblige perfectionner les méthodes d identification. Nous réalisons également au cours de cette lecture combien le corps social est une construction sociale qui évolue en fonction des époques. Cet ouvrage doit être recommandé aux historiens, aux juristes et toux ceux qui travaillent de loin ou de près dans ce champ. Il peut aussi être recommandé tout amateur de romans policiers car l ana- lyse et l identification font entrer dans la véritable enquête de terrain et dévoilent plein d indications rassemblées ici avec beaucoup de précision et de démarche scientifique. Brigitte Tison Justice, éthique et dignité Gaboriau Simone, Pauliat Hélène, et coll. Limoges, PULIM, 2006, 380 p. Voici les actes des 5 es entretiens d Aguesseau de novembre 2004 sur ce thème si prégnant dans toutes nos réflexions. Les juristes qui ont participé cette réunion soulignent tous que la dignité est au c ur de tous les débats désormais. Le colloque ne reprend pas les significa- tions d une dignité vue comme haute fonction ou comme pudeur réserve mais ouvre tous les débats sur la dignité de la personne humaine. Comme le droit est au c ur de la société pour que ses membres se sentent reconnus, entourés, sauvegardés, riche comme pauvre, en bonne santé ou vulnérable ; les juristes abordent ce thème sans réserve. La dignité est rentrée réellement dans le droit surtout depuis la Shoah et la déclaration universelle des droits de l homme du 10 dé- cembre 1948 le rappelle en préambule « Tous les hommes naissent égaux en dignité et en droits ». Il est étonnant de voir combien ce concept s érige en principe qui semble même être placé en méta ana- lyse, au-dessus des autres principes tels que l égalité ou la liberté. En effet, alors que le principe dignité est assez imprécis, il permet en cas de litiges, de dilemmes de rechercher la meilleure réponse. Les exemples ne manquent plus pour constater cela. Le droit au loge- ment (conseil constitutionnel 19/1/95) est lié au principe de dignité de vivre décemment mais est-ce au risque de perte de liberté pour

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Ethique & Santé 2007; 4: 169-173 • © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 171

LU, VU, ENTENDU

F. Sironi ancre sa théorie dans la continuité de l’ethnopsychiatrie etouvre sa théorie à d’autres champs d’application contemporains(comme les questions de transsexualité…).Pour conclure, elle en appelle à la construction d’une éthique de lamultiplicité.Le mérite de l’ouvrage est de bien poser la question de la connais-sance du politique et d’en tenir compte quand thérapeute, on estconduit à prendre en charge des personnes qui ont subi des torturesou d’autres sortes de violences liées à une situation contextuelle in-dépendamment de leur propre vouloir. Autre chose intéressante,c’est la position de Sironi d’anticiper sur la question de la vengean-ce : si on veut sortir de la violence répétitive, il faut se pencher surle sort des anciens bourreaux. Ce n’est qu’ainsi que l’on sortira ducycle infernal de la violence aussi vieux que le monde de l’humanitéest vieux.L’essai de F. Sironi se place dans la continuité de son premier ouvra-ge sur « Bourreaux et victimes, psychologie de la torture » paru chezle même éditeur en 1999.

Brigitte Tison

Anthropologie

Paroles magiques, secrets de guérisseursCamus D., éditions Imago, 2007, 209 p.

Si la magie est toujours reconnue dans d’autres pays (on pense, enparticulier, à l’Afrique), elle n’a pas disparu de nos sociétés et il n’estpour s’en convaincre que de lire cette étude de D. Camus, ethnolo-gue travaillant sur ce monde, du côté de chez nous.Il existe peu de recherches dites scientifiques sur la question. Le livrede J. Favret-Saada « Les mots, la mort, les sorts » avait en son tempsattiré toute l’attention des chercheurs. Elle était partie à la rencontredes « sorciers » dans la région de l’Orne et du bocage normand enparticulier.L’étude de D. Camus nous introduit à l’intérieur du monde desleveurs de maux dans le pays rennais, autrement dit au cœur de laBretagne. Les maux sont répertoriés : zona, verrues, brûlures, mauxd’estomac… L’on découvre à travers la lecture du livre que la trans-mission des secrets des leveurs de maux n’a jamais cessé de fonction-ner, transmission qui se fait le plus souvent au sein des familles.Aucun profit financier n’est recherché. L’acte doit être gratuit et lesgens du village ou d’ailleurs connaissent ceux ou celles qui prati-quent. Le bouche à oreille fonctionne bien.D. Camus nous décrit la démarche du leveur de maux : rituels, paro-les magiques, et nous montre en quoi cette démarche s’inscrit dansune dimension plus globale de l’histoire de la santé et d’une considé-ration de celle-ci qui n’a jamais disparu même si elle a été occultéepar la médecine dite scientifique et officielle.Le livre a le mérite d’être clair, pas trop long, ce qui en facilite la lec-ture. L’on n’est jamais dans l’ésotérisme. D. Camus demeure dansson approche ethnologique tout au long de cette étude. Ce qui en faitle mérite et l’intérêt pour toute personne qui cherche à mieuxcomprendre ce monde-là, pour toute personne qui n’a aucune idéesur la question et qui sera surprise de découvrir la dimension histori-que de ces traditions et une approche du corps différente de celle à la-quelle nous nous sommes habitués depuis tous les progrès médicauxet qui s’appuie sur la preuve des faits (méthode Claude Bernard).Il existe donc d’autres approches qui peuvent être complémentaires,encore faut-il mieux connaître le contexte de leurs évolutions dans letemps.

La lecture de ce livre peut être recommandée à toute personne quis’intéresse aux différentes approches du corps, à toute personne quis’intéresse à l’ethnopsychiatrie, aux cultures (personnel des soins…).

Brigitte Tison

Juridique

Crime, science et identité. Anthologie des textes fondateurs de la criminalistique européenne (1860-1930)N. Quinche (textes choisis et annotés par), Genève : éditions SlatkineGenève, 2006, 368 p

Nous entrons directement dans l’histoire de l’enquête criminalisti-que, fort documentée et riche d’informations inaccessibles à tout unchacunN. Quinche a choisi de nous présenter tous les grands noms de la po-lice scientifique et technique à partir d’un choix de textes qui mon-trent l’évolution des méthodes d’identification des grands criminelsaux XIXe et XXe siècles.Nous avons une certaine connaissance de la criminologie mais nondes techniques utilisées pour déterminer l’identité des assassins, leurpersonnalité. C’est chose faite avec cette étude très dense et véritable« Bible » de la criminalistique. Nous voyons l’évolution de l’appro-che des corps et du regard porté sur cette approche qui renvoie à tou-jours plus de rationalité… et qui oblige à perfectionner les méthodesd’identification.Nous réalisons également au cours de cette lecture combien le corpssocial est une construction sociale qui évolue en fonction des époques.Cet ouvrage doit être recommandé aux historiens, aux juristes et àtoux ceux qui travaillent de loin ou de près dans ce champ. Il peutaussi être recommandé à tout amateur de romans policiers car l’ana-lyse et l’identification font entrer dans la véritable enquête de terrainet dévoilent plein d’indications rassemblées ici avec beaucoup deprécision et de démarche scientifique.

Brigitte Tison

Justice, éthique et dignitéGaboriau Simone, Pauliat Hélène, et coll. Limoges, PULIM, 2006, 380 p.

Voici les actes des 5es entretiens d’Aguesseau de novembre 2004 surce thème si prégnant dans toutes nos réflexions. Les juristes qui ontparticipé à cette réunion soulignent tous que la dignité est au cœur detous les débats désormais. Le colloque ne reprend pas les significa-tions d’une dignité vue comme haute fonction ou comme pudeur –réserve mais ouvre tous les débats sur la dignité de la personnehumaine. Comme le droit est au cœur de la société pour que sesmembres se sentent reconnus, entourés, sauvegardés, riche commepauvre, en bonne santé ou vulnérable ; les juristes abordent ce thèmesans réserve.La dignité est rentrée réellement dans le droit – surtout depuis laShoah – et la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 dé-cembre 1948 le rappelle en préambule « Tous les hommes naissentégaux en dignité et en droits ». Il est étonnant de voir combien ceconcept s’érige en principe qui semble même être placé en méta ana-lyse, au-dessus des autres principes tels que l’égalité ou la liberté. Eneffet, alors que le principe dignité est assez imprécis, il permet en casde litiges, de dilemmes de rechercher la meilleure réponse. Lesexemples ne manquent plus pour constater cela. Le droit au loge-ment (conseil constitutionnel 19/1/95) est lié au principe de dignitéde vivre décemment mais est-ce au risque de perte de liberté pour

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ceux qui ne veulent pas louer leur appartement ? Le lancer de nainest contraire à la dignité humaine quand le nain vivait de cette trac-tion (arrêt conseil d’état du 27.10.95)…etc.La première partie s’intitule variations sur la dignité et est pour unnon-juriste plus facile à lire et précise différentes représentations dumot dignité. La seconde partie est consacrée à des textes juridiques.Certes plus ardue pour un non initié, elle est cependant très riched’exemples qui aident à mieux comprendre les enjeux du droit et decette notion si transversale et permanente dans les débats.Excellent livre de recueils d’articles qui amène le lecteur à prendreson temps pour apprécier toutes les facettes et la difficulté de saisir leconcept ou le principe de dignité dans son entièreté.

Alain de Broca

Naissances handicapées et responsabilité. Recherches sur l’impact de l’arrêt « Perruche » sur la jurisprudence et sur les pratiques en matière d’assurance médicale ?Catherine Labrusse-Riou (dir.), 2005, 282 p. http://www.amih.org/Handisp/H41/perruche.pdf

Ce rapport, sous la direction de Catherine Labrusse-Riou, est le fruitd’un travail répondant à un appel d’offres de la mission de recherchedroit et justice sur le thème de l’impact des décisions de justice. Ils’agit d’analyser les conséquences de l’arrêt Perruche rendu par laCour de cassation le 17 novembre 2000, tant sur le plan juridiqueque sur le plan économique et médiatique ; les conséquences socio-logiques de cet arrêt ayant fait l’objet d’un rapport réalisé par la so-ciologue Nicole Diederich et la philosophe Danièle Moyse, issud’une enquête auprès des gynécologues obstétriciens.Il faut relever qu’il s’agit d’un impact inhabituel pour une affaire ci-vile dans la mesure où elle posait des questions de principe et mettaiten cause le sort des personnes handicapées. Ce rapport a le mérited’éclairer la situation et de démêler le dédale de publications tantdans les médias que dans la littérature juridique.Trois cibles d’impact sont étudiées : l’opinion publique, les pouvoirspublics, les assurances et organismes sociaux. L’intérêt majeur de cerapport est d’envisager une vision globale des conséquences d’unedécision judiciaire de cette ampleur dans un vocabulaire précis et ac-cessible au grand public et non seulement aux initiés du code civil.Les auteurs nous expliquent clairement les tenants et les aboutissantsde l’histoire de Nicolas Perruche né lourdement handicapé suite à larubéole contractée par sa mère au premier trimestre de sa grossesse.Une erreur de diagnostic et d’interprétation des résultats biologi-ques a empêché la mère d’interrompre sa grossesse selon son souhaitexprimé au moment du doute.La nouveauté réside dans le fait, pour la cour de cassation, d’avoiraccueilli l’action de l’enfant afin d’obtenir réparation du préjudicesubi, consécutif à sa naissance. Ce procès posait donc le problème del’atteinte à la dignité humaine puisque les juges de la haute juridic-tion venaient sous-entendre que la mort prénatale était préférable àla vie handicapée avec les charges financières qu’elle représente.Beaucoup se sont alors indignés de voir les juges s’immiscer dansl’intimité des justiciables pour apprécier les vies qui valent la peined’être vécues ou pas.Les auteurs de ce rapport mettent en évidence les paradoxes desréactions des associations de personnes handicapées à la fois hostilesà la jurisprudence et à la loi. Aussi analysent-ils la manipulation mé-diatique dont cette affaire a fait l’objet avec une sorte de scandale an-noncé bien avant la parution de la solution de la cour de cassation.On a assisté à une « dérive émotionnelle » qui a conduit les pouvoirspublics à légiférer dans l’urgence sans prendre gare à la dimensionéconomique de telles dispositions. Tout le processus législatif est ici

mis en exergue ainsi que les conséquences de l’arrêt sur les pratiquesen matière d’assurance.Cette équipe de recherche examine par ailleurs les effets à plus longterme de cette décision en étudiant l’impact de l’arrêt sur la prise encharge du handicap et les nouvelles dispositions législatives issues dela loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances,la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.En conclusion, ce rapport démontre que cet arrêt a eu des consé-quences importantes tant sur le plan éthique et philosophique qued’un point de vue juridique et économique.Il aura en tous cas eu le mérite de provoquer un débat de fond sur laquestion du handicap et du diagnostic prénatal et de mettre en placedes mesures nécessaires notamment en matière d’encadrement despratiques en matière d’échographie. Nous soulignerons, avec lesauteurs, que les dispositions législatives laissent subsister bien des si-tuations injustes socialement et financièrement et qu’il reste encorebeaucoup de travail à accomplir pour faire accepter que l’autre puisseêtre différent.

Dominique Decamps-Mini

Pédagogie

Sciences, éthique et sociétéBouaziz Pascal, Paris, Bréal, coll. Thèmes débats et société, 2006, 125 p.

Petit livre à orientation pédagogique, il veut aider à comprendre lesenjeux des biotechnologies tant sur les domaines de l’agronomie, dela biologie que de la santé humaine.Le livre est par force synthétique ce qui empêche de bien décrire tousles enjeux que l’auteur veut mettre en exergue. De ce fait, de nom-breuses ambiguïtés traversent le livre. Si par visée pédagogique,l’auteur tache de présenter un texte non partial, la plupart des dé-monstrations sont en fait basées sur l’a priori que la science doitpourvoir au bien de l’homme et que le progrès ne doit pas être em-pêché ni par une réflexion humaniste, ni anthropologique ni politi-que. Qu’il est dur de faire un document de vulgarisation scientifiquepourrions-nous reprendre avec l’auteur comme il le dit indirecte-ment dans son livre (p. 109) et pourtant celle-ci est si indispensablevue la complexité des questions.L’auteur a du mal à exposer toute la complexité des dialectiques quis’opposent le rendant parfois un peu difficile à le suivre.Dans le chapitre 3 par exemple sur le chapitre principe de précaution(p. 46) l’auteur écrit « l’acte de création, d’innovation est antinomique àcelui de prévention et de précaution » (p. 50). Cela n’est probablementpas aussi simple que cela. Les propos tenus ensuite contre Greenpea-ce ou les faucheurs anti OGM sont aussi trop rapides dans ces pagespour que le lecteur comprenne réellement les enjeux. Les tensionsréelles du principe de précaution ne sont pas suffisamment bien rap-pelées. Alors qu’Hans Jonas est à peine cité, le principe de précautionn’est plus présenté que comme un simple paravent politique pour seprémunir de revendications d’une « population qui aspire au progrèsmais n’est pas prête à assumer certains risques » (p. 55). Certes le princi-pe de précaution amène à refréner certaines ardeurs scientifiques quine sont pas nommées comme scientistes mais rien n’est souligné surle fait que ce principe doit amener la communauté scientifique à re-doubler de recherches pour mieux prévenir les désordres que les mu-tations technologiques peuvent engendrer. Des phrases comme « lamise en place de délais qu’on appelle également des moratoires pour l’appli-cation de certains résultats de la recherche incite à penser qu’on veut inter-dire la science » pourraient amener le lecteur à se sentir coupable deréfléchir à la destinée du progrès technologique si joliment présenté.