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Sécurité alimentaire en milieu rural Formations professionnelles novatrices Contre les pires formes de travail des enfants Marche de l'espoir terre des hommes suisse n° 119 septembre 2015 Spécial Burkina Faso

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- Enjeux et présence de Terre des Hommes Suisse au Burkina Faso - Lutter contre le travail des enfants dans les zones d'extraction d'or - Sécurité alimentaire en milieu rural - Formations professionnelles originales pour les filles - Les femmes assurent le respect des droits de leurs enfant - La parole à Rovane - Ça vous intéresse! Quelques chiffres clés - Marche de l'espoir le 11 octobre 2015

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Sécuritéalimentaire en milieu rural

Formations professionnelles novatrices

Contre les pires formes de travail des enfants

Marche de l'espoir

terre des hommes suissen° 119 septembre 2015

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Rédactrices responsablesSouad von AllmenDoris Charollais

Ont participé à ce numéroFrédéric MonneratElena Sartorius

GraphismeSophie Marteau

ImpressionImprimerie Genevoise SA

Tirage : 27 200 exs.

Terre des Hommes Suisse est une organisation de coopération au développement qui s'engage pour l'enfance et un développe-ment solidaire. Elle travaille avec ses partenaires dans 10 pays du Sud et sensibilise le public suisse aux réalités Nord-Sud. Elle fait notamment partie de Terre des Hommes Fédération Internatio-nale et de la Fédération genevoise de coopération.

TdH est membre du bureau central des œuvres de bienfaisance (ZEWO) depuis 1988.

Journal Terre des Hommes Suisse31, ch. Frank-Thomas1223 Cologny - Genèvetél. 022 736 36 36fax 022 736 15 10secretariat@terredeshommessuisse.chwww.terredeshommessuisse.chfacebook.com / terredeshommes.suisse

ccp 12-12176-2compte bancaireCH56 0483 5036 4896 2102 2crédit suisse 1211 Genève 70

Edito par Léa Kaboré 3

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Sommaire

La jeunesse burkinabé constitue la première richesse du pays. Avant la démission de Blaise Compaoré en 2014, cette génération n'avait connu sa vie durant qu'un seul président, au pouvoir depuis 27 ans. Elle avait besoin d'un réel changement pour rêver de len-demains meilleurs. Le chômage, la désillusion, le manque d'opportunités tant dans le secteur agricole qu'industriel font que cette jeunesse est mal dans sa peau ; elle est aussi toujours confrontée à des problèmes de déscolarisation, de délinquance, de mariage forcé, aux pires formes de travail, etc.Le sous-sol burkinabé réputé pauvre en ressources minières a révélé la présence d'or depuis quelques décennies. Cette richesse crée une véritable chasse au métal jaune. Une situation qui influence négati-vement les conditions de vie des enfants. Le chemin de l'école n'est plus garant d'un avenir et nombre d'enfants s'astreignent au travail sur les sites d'or-paillage.Le Burkina est aussi riche en cultures traditionnelles : il compte plus d'une soixantaine d'ethnies différentes et la « parenté à plaisanterie » permet de maintenir une cohésion sociale. Le pays est aussi reconnu pour ses compétences artistiques et cinématographiques.Le Burkina Faso s'est fixé comme objectif de se hisser au rang des pays émergents à l'horizon 2025. Malgré certaines avancées, de nouveaux défis se dressent et les tendances n'encouragent pas à l'optimisme. L'insécurité alimentaire, les conditions de vie de plus en plus difficile des enfants nécessitent des appuis multiformes, dont celui d'organisations internatio-nales comme Terre des Hommes Suisse.

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Vue d'ensembleEnjeux et présence de Terre des Hommes Suisse au Burkina Faso.

Lutter contre le travail des enfants dans les zones d'extraction d'or

Sécurité alimentaire en milieu rural

Formations professionnelles originales pour les filles

Les femmes assurent le respect des droits de leurs enfants

La parole à Rovane

Actions de soutien

Infos

Ça vous intéresse ! Quelques chiffres clés.

Marche de l'espoir le 11 octobre 2015

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Les richesses du pays des hommes intègres

Un grand MERCI à l'imprimeur qui contribue à cette publication.

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Introduction 4

Dimanche 11 octobre 2015, alors que des milliers d'enfants genevois seront en train de parcourir des kilo-mètres dans le cadre de la Marche de l'espoir en faveur du Burkina Faso, le peuple burkinabé sera appelé aux urnes pour un vote qui s'annonce historique.À la fin de l'année 2014, suite à un soulèvement populaire, l 'ancien président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, avait pré-senté sa démission. La population avait en effet refusé sa tentative de modification de la Constitution qui lui aurait permis de se porter candidat pour un nouveau mandat. Son abdication et la prise de pouvoir par l'armée avaient donné lieu à une courte période d'incertitude, qui s'est cependant résolue de manière assez rapide et paisible avec la nomi-nation d'un président de transition, Michel Kafando, la mise en place d'un conseil national de transition dans lequel les organisations de la société civile sont représentées et la désignation d'un gouvernement ad interim, dont la mission principale

est d'organiser des élections libres et démocratiques. Le prochain gouvernement devra faire face à de nombreux défis pour ne pas décevoir les attentes et les espoirs de change-ment du peuple burkinabé, et de la jeunesse en particulier.Comme organisation active dans le pays, Terre des Hommes Suisse se sent naturellement concernée par ce tournant majeur dans l'his-toire du Burkina Faso. En effet, de nombreux chantiers sur lesquels le nouveau gouvernement est attendu concernent également les domaines d'intervention de nos partenaires locaux.

Une éducation de qualitéAu cours des dix à quinze dernières années, la progression en terme d'accès à l'école a été remarquable. En effet si, au début du XXIe siècle, la moitié seulement des enfants était scolarisée, aujourd'hui leur pourcen-tage est passé à 63 %. Parallèlement, l'espérance de vie scolaire – c'est-à-dire le nombre d'années d'école escomptées pour un enfant qui entre

dans le système scolaire – a plus que doublé, passant de 3,5 à 7,5 années.Malheureusement, ce progrès sur le plan quantitatif n'a pas été accom-pagné d'une substantielle amélio-ration de la qualité de l'éducation. Les infrastructures sont toujours précaires et le matériel pédagogique à disposition des enseignants fort limité. Ces derniers sont par ailleurs confrontés à des effectifs nombreux, ce qui les empêche non seulement d'assurer un suivi individuel des élèves, mais également d'introduire des méthodologies d'enseignement plus participatives.La faible qualité de l'éducation et le manque de perspectives pour leur futur poussent de nombreux enfants à abandonner l'école bien avant d'obtenir le certificat d'études primaires. À cela s'ajoute la nécessité de pouvoir compter sur l'aide des enfants, notamment pour la réali-sation des travaux dans les champs, ce qui contribue au phénomène de déperdition scolaire qui touche près d'un élève sur trois.Si l'Etat reste le premier garant du

par Alessandra Genini et Léa Kaboré

Actions ciblées pour les droits de l'enfantLe programme mené par Terre des Hommes Suisse au Burkina Faso répond à un contexte socio-politique particulier.

La déperdition scolaire touche près d'un élève sur trois.

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droit à l'éducation, force est de consta-ter qu'un travail de sensibilisation de la population s'avère essentiel pour assurer non seulement l'inscription des enfants à l'école, mais également leur présence et leur assiduité. C'est dans ce cadre que s'inscrit le travail de l 'association Song Taaba de Kombissiri, partenaire de Terre des Hommes Suisse (voir p. 11). Obligée de jongler avec les contraintes liées aux faibles compétences de lecture et d'écriture des communautés pay-sannes, l'association a développé des méthodes pédagogiques adaptées pour sensibiliser les parents. Par le biais de séances de ciné-débat, de théâtre-forum ou de causeries éducatives, les parents prennent conscience de l 'importance de la scolarisation et se sentent mieux outillés pour jouer leur rôle dans le suivi des enfants à l'école.

Manger à sa faimL'agriculture représente la prin-cipale activ ité économique du pays et occupe environ 80 % de la population. Les aléas climatiques, la pression démographique et la dégradation des terres font de la sécurité alimentaire une préoccu-pation de premier plan. Ainsi, dans un pays où la plupart des habitants sont agriculteurs ou éleveurs, on ne mange pas à sa faim et les enfants âgés de moins de 5 ans sont parti-culièrement exposés aux risques liés à la malnutrition. L'insuffisance

pondérale ou le retard de croissance concernent 35 % d'entre eux et près de 15 % souffrent d'émaciation.Assurer une alimentation correcte et suffisante représente donc égale-ment un défi majeur, aussi bien pour l'Etat que pour nos partenaires sur le terrain. Par le biais du programme d'aide alimentaire de la Direction du développement et de la coopération de la Confédération suisse et de Terre des Hommes Suisse, une quinzaine de centres de récupération et d'édu-cation nutritionnelle (CREN) reçoit annuellement un stock de produits laitiers qui leur permet de prendre en charge les enfants affectés par la malnutrition. Cette aide s'avère pré-cieuse pour éviter des conséquences plus néfastes sur le développement des enfants. Cependant, tant pour nous que pour nos partenaires, il est clair que la distribution d'aliments représente une mesure d'urgence et que l'amélioration durable de la situation alimentaire des familles paysannes nécessite un véritable travail de fond.Elaborer des solutions qui prennent en compte les différentes facettes de cette problématique, voici la mission que s'est donnée un consortium de trois organisations burkinabés pour lutter contre l'insécurité alimentaire dans la province du Boulkiemdé, à l'ouest de la capitale Ouagadougou (voir pp. 8-9). L'augmentation de la production familiale à travers l'introduction de techniques agri-

coles améliorées constitue l'un des piliers de l'action qui couvre aussi l'amélioration des sources de reve-nus des femmes et le renforcement des connaissances en nutrition. Car c'est seulement par une approche intégrée qu'il est possible d'obtenir de véritables effets positifs sur l'ali-mentation des enfants.

Tout ce qui brille n'est pas orL'Organisation Internationale du Travail estime qu'environ 40 % des enfants burkinabés âgés de 5 à 15 ans sont économiquement actifs, dont une majorité travaille dans le secteur agro-pastoral. Terre des Hommes Suisse et ses partenaires concentrent leurs efforts sur la problématique des pires formes de travail des enfants car, malgré la ratification de la Convention 182 concernant l'interdiction de ces pires formes, beaucoup reste à faire au Burkina Faso pour éradiquer ce fléau.C'est ainsi que l'association Songda, avec le soutien d'une ONG locale et de Terre des Hommes Suisse, a entrepris un important travail de sen-sibilisation pour abolir le travail des enfants sur les sites d'orpaillage (voir pp. 6-7). Par la mise en scène d'une pièce de théâtre jouée par des enfants eux-mêmes, l'organisation essaie de faire passer un message simple, mais capital : les enfants devraient fréquenter une seule mine d'or, celle que l'on appelle « école ».

Un enfant scolarisé aura plus de chance de trouver un emploi.

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Songda – protection de l'enfance

6par Michel Vacheron

« Sanem toubou pa kamba tumd yé ! * » Sur les sites d'extraction d'or, des milliers d'enfants travaillent dans des conditions effroyables. Comment sensibiliser les jeunes et leur famille et promouvoir la scolarisation ?

On estime à plus de 100 000 le nombre d'enfants qui travaillent sur ce type de site au Burkina Faso. Quels que soient les travaux qu'ils y effectuent, les organismes internatio-naux estiment qu'ils font partie des pires formes de travail des enfants et doivent de ce fait être vigoureusement combattus. Le gouvernement n'ayant pas les moyens de lutter efficacement contre ce fléau, de nombreuses ONG se sont investies dans ce domaine.Terre des Hommes Suisse et ses partenaires interviennent dans différents domaines pour améliorer les conditions de vie des familles et leur permettre d'offrir un autre avenir à leurs enfants : actions de prévention (notamment à travers des pièces de théâtre dans les villages pour sensi-biliser les populations aux dangers de l'extraction aurifère), formations professionnelles de qualité comme alternative à la fréquentation des sites miniers, activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes ou diversification des cultures. *« L'orpaillage n'est pas un travail pour les enfants ! », en mooré.

Au Burkina Faso, 80% de la popula-tion vit de l'agriculture. Les pluies, qui ne tombent que trois à quatre mois par année, deviennent de plus en plus irrégulières et incertaines, si bien que les récoltes ne suffisent souvent pas à couvrir les besoins en nourriture. Cette situation, liée à une pauvreté endémique, conduit de nombreuses familles à rechercher des sources de revenu complémentaires. De ce fait, dès qu'un site d'orpaillage s'ouvre, on assiste à une véritable ruée de personnes qui rêvent d'un avenir meilleur grâce à l'argent de l'or. Mais le rêve se transforme rarement en réalité. Les conditions de travail inhumaines, le manque complet de mesures de sécurité, la présence de produits dangereux et de poussières toxiques, l'usage répandu de drogues, d'alcool frelaté, la prostitution, le manque d'hygiène portent rapide-ment de graves atteintes à la santé. De plus, le fait de fréquenter un tel site conduit nombre d'enfants à quitter l'école, avec peu de perspectives d'y retourner par la suite.

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Les communautés paysannes se réunissent régulièrement pour des causeries. C'est l'occasion de faire circuler les nouvelles, mais aussi de discuter des petites et grandes affaires de la vie quotidienne. Aujourd'hui, la communauté est réunie pour discuter de la présence des enfants sur les sites d'orpaillage. Quelques témoignages recueillis.

« Quand je vais sur le site d'orpaillage, je dois emmener mes enfants avec moi. Je sais que c'est dangereux pour eux, mais je n'ai pas le choix. »

« Un jeune qui ne gagne pas d'argent peut devenir braqueur. Avec sa bande, il arrête les voitures sur les routes et rançonne les passagers. »

« Mon grand frère est très malade. Il passait toutes ses journées au fond des puits, en respirant la poussière. Il a attrapé la tuberculose. Il utilisait aussi des drogues et de l'alcool frelaté pour tenir le coup. »

Les femmes qui travaillent sur le site demandent un centre d'alphabétisation et la création d'activités génératrices de revenus pour les aider à s'occuper elles-mêmes de leurs enfants dans de bonnes conditions.

« On ne va pas sur le site par plaisir. Si on pouvait suivre une formation professionnelle et avoir un bon métier, on pourrait quitter le site. »

« Nos terres sont épuisées. Les pluies sont de plus en plus incertaines. Nos réserves ne sont plus suffisantes pour nourrir nos familles toute l'année. »

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« C'est très difficile pour une fille d'échapper à la sexualité. Si elle se retrouve enceinte, elle est rejetée par sa famille et doit élever seule l'enfant. »

« Nous devons marcher cinq kilomètres pour aller à l'école. C'est fatigant. Certains de mes camarades préfèrent aller travailler sur le site d'orpaillage. »

« Si on disposait d'un point d'eau, on pourrait cultiver pendant la saison sèche. Cela nous permettrait de nourrir correctement notre famille et de vendre le surplus au marché. »

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8par Alessandra GeniniPasab

Un monde rural à la mode féminineContrecarrer le phénomène de la malnutrition nécessite une approche intégrée. Dans la province du Boulkiemdé, un consortium de trois organisations coordonne ses efforts pour plus d'efficacité.

Terre des Hommes Suisse soutient depuis plusieurs années le pro-gramme d'appui à la sécurité alimen-taire dans le Boulkiemdé (Pasab1), mené par Promo-Femmes, Gascode et Ocades, qui permet de lutter contre la dénutrition des enfants.Même s'il est réducteur de penser que la problématique de la sous-ali-mentation puisse être résolue uni-quement à travers une augmentation de la production, il est indéniable qu'une amélioration des techniques agricoles joue un rôle important. Ceci est d'autant plus vrai dans le contexte actuel de variabilité sai-sonnière et de changements clima-tiques ; les poches de sécheresse en saison des pluies occasionnent une dramatique diminution des récoltes pour les petits paysans qui ne dis-posent pas de système d'irrigation d'appoint.

Nouvelles pratiques agricolesDans l'optique d'améliorer la pro-duction agricole, l'équipe de Pasab, association partenaire de Terre des Hommes Suisse a formé une équipe d'animateurs et d'animatrices com-munautaires dont le rôle est de diffuser au sein des villages des pra-tiques agricoles améliorées, comme, par exemple, la technique du zaï2, une forme particulière de culture en poquet qui favorise la rétention d'eau. C'est également dans ce cadre que de nombreux bénéficiaires ont construit, à côté de leurs maisons, des fosses pour le compost. Cet engrais naturel leur permet de réhabiliter des parcelles jusqu'alors inutilisées, en raison de la dégradation du sol.

Dynamiques entre femmesUn coup d'œil suffit pour se rendre compte que Madame Wambi Jeanne Ouedraogo Segbo est une femme dynamique. Elle nous attend sur la porte de sa concession pour nous montrer son éle-vage de porcs. Elle est impliquée dans le projet Pasab depuis 2009. À l'époque, elle a reçu un prêt de 37'250 francs CFA (environ 55 francs suisses) pour l'achat du premier animal. Grâce à l'encadrement des animateurs du projet, son activité d'entrepreneuse s'est rapidement développée et dans l'enceinte construite avec sa famille, on compte aujourd'hui plusieurs porcs bien portants qui se vendront facilement.Aujourd'hui, Mme Ouedraogo continue d'être active dans le projet comme animatrice communautaire. Elle « dynamise » un groupe de cinq femmes dans la réalisation d'activités génératrices de revenus. Au sein de ce groupe, elle constitue une référence non seulement pour tout ce qui a trait aux questions économiques, mais ses conseils sont aussi sollicités en cas de soucis familiaux ou conjugaux.Sur le point de partir, nous souhaitons encore connaître son point de vue sur l'amélioration de ses conditions de vie. Paisiblement, elle nous répond : « En arrivant, vous n'avez pas vu ma fille ? Elle était sur le pas de porte avec moi. Elle est en forme, souriante et bien habil-lée ! Et comme tous mes autres enfants, elle est inscrite à l'école. C'est ça, être une femme dynamique. »Nous nous éloignons avec la conviction que le renforcement du rôle social et économique des femmes est définitivement l'une des meil-leures garanties du bien-être des enfants !

Le riz est lavé puis séché au soleil avant d'être décortiqué. Préparation d'une bouillie enrichie.

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Droit à l'alimentation 9

Diversité : un maître-motLes céréales telles que le mil et le sor-gho constituent l'aliment de base des familles paysannes du Burkina Faso. Cependant, la croissance et le déve-loppement des enfants nécessitent un régime alimentaire plus diversifié et l'apport complémentaire de pro-téines et de vitamines. Les pratiques du maraîchage, de l'élevage à petite échelle et de l'aviculture permettent ainsi d'enrichir les repas familiaux. Ces activités, pratiquées essentiel-lement par les femmes, constituent aussi une source de revenus qui per-met aux familles de faire face aux

Centre de récupération et d'éducation nutritionelleSœur Hélène gère un centre de récupération et d'éducation nutrition-nelle (Cren). Un nom bien long pour une toute petite structure. Outre la responsable, dans le centre travaillent une ancienne infirmière à la retraite et deux animatrices santé. L'infrastructure est très simple : deux constructions en briques, un mobilier de base et un équipement réduit à l'essentiel. Pourtant, ce Cren assure un rôle capital dans la promotion de la santé des enfants en bas âge et représente une référence pour toutes les femmes des villages environnants.Sœur Hélène nous fait visiter les lieux. Dans la première salle, sept ou huit femmes assistent, avec leurs bébés dans les bras, à une séance sur la nutrition infantile. À l'aide de quelques posters imagés, une animatrice santé leur explique les règles à respecter, insistant tout particulièrement sur l'importance de l'allaitement maternel.Une fois la formation terminée, chaque enfant est pesé et ses don-nées sont systématiquement inscrites sur un petit carnet individuel qui permet d'évaluer la croissance. Dans la salle d'à côté, l'infirmière reçoit les femmes pour une consultation individuelle. Si la prise de poids du nouveau-né est trop lente, un complément alimentaire sous forme de lait en poudre est donné à la mère.Une boîte en bois avec quelques médicaments de base fait office de pharmacie, elle permet uniquement la prise en charge des mala-dies simples. Pour toute complication, les mères doivent s'adresser à l'hôpital régional, mais elles ne disposent pas toujours des res-sources nécessaires pour s'y rendre...Malgré les moyens limités et les difficultés quotidiennes, Sœur Hélène nous parle avec fierté des résultats du travail de son équipe et nous montre le carnet d'un petit patient dont le poids n'atteignait même pas deux kilos lors de sa première pesée. « Il a rattrapé le retard et aujourd'hui c'est un enfant bien portant. C'est ce genre de petits miracles que l'on fait ici », conclut-elle.

frais récurrents, comme ceux liés à la scolarité des enfants, ainsi qu'aux dépenses imprévues, par exemple en cas de soucis de santé. Enfin, la préparation d'un repas équilibré nécessite aussi des connaissances pré-alables. C'est ainsi que les femmes se retrouvent régulièrement pour des démonstrations culinaires. Avec les conseils d'une animatrice formée, elles apprennent les bases de la nutri-tion et cuisinent ensemble.

1 Avec le soutien de la Fondation Medicor.2 Le zaï est une forme particulière de culture qui

permet de concentrer l'eau et la fumure dans des trous de 30 cm où les graines sont semées.

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Une formation pour l'avenir des filles !Un apprentissage professionnel offre l'espoir d'un travail digne à des jeunes filles issues de milieux modestes. L'originalité du projet ? Former des jeunes femmes à des métiers habituellement réservés aux hommes et combattre les préjugés.

par Anne-Céline MachetATTous – formationprofessionnelle

« Renforcer l'estime de soi de ces jeunes filles est essentiel »

« Quand une jeune fille arrive dans notre centre de formation, le premier travail consiste à changer la per-ception qu'elle a du métier choisi, et la persuader qu'il n'est pas uniquement réservé aux hommes. Souvent, l'entourage joue un rôle démotivant en dénigrant ce choix de formation atypique. Notre rôle consiste alors à rehausser l'estime de ces jeunes filles et à leur redonner confiance en elles-mêmes. Un travail de sensibilisation contre ces préjugés est également fait dans les familles et les communautés, notamment au travers de clips musicaux1.Ensuite, au-delà des apprentissages techniques, l'objec-tif de nos équipes est d'accompagner et de soutenir les jeunes apprenantes tout au long de leur parcours de formation qui dure trois ans. Une jeune fille sur trois n'arrivera en effet pas au bout de sa formation, essentiel-lement pour des raisons de pauvreté, d'éloignement du

centre par rapport à son domicile, de grossesse précoce.Nous avons mis en place des ateliers de sensibilisation sur les grossesses non désirées et les MST et prêtons des vélos aux jeunes filles qui habitent loin du centre (parfois plus de sept kilomètres). Nous souhaitons éga-lement créer une cantine scolaire et une petite crèche afin d'accueillir les jeunes enfants de nos apprenantes.Le dernier défi pour ATTous est d'accompagner les jeunes filles diplômées dans l'obtention d'un emploi : trouver un stage avec opportunité d'engagement, proposer un micro-crédit pour s'installer à son propre compte, se former à la gestion d'une entreprise ou aux techniques de recherche d'emploi. Et ça marche ! Nous sommes fiers de dire que, malgré les nombreux défis qu'elles ont à relever, 75 % des diplômées ont aujourd'hui un emploi rémunéré, à leur compte ou dans un atelier-patron. »

M. Zongo, Directeur de ATTous et M. Soudouemba Bouba Séverin, enseignant en électricité automobile.

1 Voir l'interview en p. 12.

Noélie, une jeune apprenante de 21 ans en électricité automobile, a le regard qui pétille quand elle nous parle de sa formation dans l'un des centres créés par ATTous. Son rêve : ouvrir un jour son propre garage, avec d'autres filles du centre.

TdH : Comment vous est venue l'idée de suivre cette formation ?Noélie : J 'ai entendu parler de ATTous à la télévision et par l'une de nos voisines, dont la nièce suivait la formation. J'ai choisi électricité auto car j'ai toujours été curieuse de savoir ce qu'il y a à l'intérieur d'une voiture. C'est un domaine qui me passionne ! Je suis maintenant en 3e année et j'apprends encore tous les jours.

770 élèves formées dont 170 en cours de formation. Cinq filières profession-nelles (mécanique deux roues, électri-cité automobile, électronique orientée vers la maintenance audiovisuelle, tôle-rie peinture/carrosserie, coupe-couture).

TdH : Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous devez faire face ?Noélie : Au début, je n'avais pas le soutien de ma famille et c'était très dur à vivre. Pendant mon stage dans un garage, j'ai dû aussi subir les moqueries de certains employés qui me repoussaient car j'étais une fille. Ils disaient que ma place n'était pas dans un garage. Des clients étaient curieux de savoir pourquoi j'avais choisi de faire un métier d'hommes et certains refusaient que j'inter-vienne sur leur véhicule ! Mais le patron était très compréhensif et nous étions plusieurs jeunes filles de ATTous, donc ça s'est finalement bien passé. À présent, tout va pour le mieux avec ma famille.

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Les femmes assurent le respect des droits de leurs enfantsSous l'arbre à palabres, l'association Song Taaba nous accueille pour une journée riche en rencontres et en émotions !

par Anne-Céline Machet 11Song Taaba – groupement de femmes

Song Taaba veut dire « aidez-vous » en mooré, la langue de la région. Cette association, dirigée par des femmes, a pour objectif la promotion des femmes dans les communautés rurales de la province. L'enjeu ? L'amélioration des conditions de vie, d'alimentation et de scolarisation de leurs enfants.Concrètement, Song Taaba appuie des groupements de femmes dans treize villages. Après des cours d'al-phabétisation, chaque groupe béné-ficie d'une dotation qui permet de démarrer des activités génératrices de revenus pour les femmes : éle-vage, petit commerce, maraîchage. Depuis 2014, une sensibilisation aux droits de l'enfant est également faite au sein de ces groupes.Nous rencontrons un premier groupe de femmes dans le village de Konlobwandé : à l'ombre de l'arbre à palabre, les femmes du village nous accueillent par des chants et des danses de bienvenue. Quel honneur !

Accéder à l'école malgré la précaritéToutes les femmes du village se rassemblent ensuite pour nous parler de leurs conditions de vie et des bénéfices qu'elles retirent de leur participation au groupe d'échanges. Petite causerie amicale en mooré. Très attentifs et légèrement impres-sionnés, les jeunes enfants sont collés à leurs mamans.Entre fous rires et expressions d'af-firmation de leurs droits, les femmes nous expliquent la précarité extrême des conditions de vie dans ce milieu rural, qui dépend entièrement de la saison des pluies, très aléatoire, qui s'étend de juin à septembre.Elevage de chèvres, de moutons et conservation du niébé, un haricot local, telles sont les activités qui permettent à ces femmes de dégager un petit revenu. Qu'en font-elles? Elles nous racontent avec fierté qu'elles peuvent ainsi envoyer tous leurs enfants à l'école et assurer les frais de santé. Mais tout dépend de la pluie et des récoltes...

Au rythme des chants, nous quit-tons ce village pour nous diriger vers Kamsandin. Mêmes chants et danses de bienvenue de femmes et d'enfants très enthousiastes !

L'ensemble du village profite des bénéficesDans ce groupement, les femmes ont choisi de cultiver des parcelles d'oignons et d'élever des chèvres. Malheureusement les puits sont presque à sec et bientôt les oignons devront être ramassés avant leur complète maturité.Dans une société encore fortement partriarcale, les femmes ont souvent besoin de l'accord de leur mari pour participer à ces groupes d'entraide, mais les conjoints présents recon-naissent la valeur de ces mouvements qui profitent à l'ensemble du village. Outre l'amélioration des revenus, une solidarité et une fraternité se sont établies entre les femmes, grâce aux causeries régulières où l'on partage les problèmes et on recherche des solutions ensemble. Les femmes – et leurs maris – sont maintenant plei-nement convaincus de l'importance de scolariser leurs enfants et de leur apporter une nourriture équilibrée.Nous quittons ces groupes de femmes déterminées, remplis d'espoir pour l'avenir de leurs enfants.

« Je peux envoyer tous mes enfants à l'école et assurer

leurs frais de santé. »

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Interview 12

La parole à RovaneL'artiste musicienne burkinabé Rovane a écrit deux chansons intitulées « Egalité professionnelle » et « Défis de femme ». Elle entend ainsi convaincre les femmes que leur épanouissement passe par une solide formation professionnelle.

TdH : Vous avez créé une chan-son pour ATTous, partenaire de Terre des Hommes Suisse ?R. : En 2010, j'ai effectivement écrit une chanson qui parle d'égalité professionnelle.ATTous Yennenga (voir p. 10) est une structure de formation

professionnelle qui a pour objectif l'éducation, la for-mation, l'aide et la promotion de femmes et de jeunes filles, afin de leur permettre de pouvoir exercer un métier digne et d'être financièrement autonomes. C'est un noble combat qui épouse parfaitement ma vision et les objectifs que je me suis fixés depuis le début de ma carrière.

TdH : Quel est le message véhiculé ?R. : Vous pouvez acquérir toutes les compétences nécessaires pour exercer un métier traditionnelle-ment réservé aux hommes ! Faites confiance à ATTous Yennenga et à son école de formation professionnelle. Elargissez l'éventail de choix pour votre futur métier. Pensez aussi aux métiers considérés comme étant habituellement réservés aux hommes, même si vous n'avez pas eu la chance d'atteindre un niveau très élevé à l'école. À travers mes chansons, je peux sen-sibiliser, motiver, conscientiser et encourager les femmes et les jeunes filles burkinabé.

TdH : Quelle importance donnez-vous aux droits des jeunes filles ?R. : Les droits des jeunes filles et des femmes me tiennent vraiment à cœur. Chaque année, je réalise des tournées afin de sensibiliser la population aux problématiques de l'excision, de la non-scolarisation des jeunes filles, des mariages forcés, des mariages précoces, des grossesses non voulues en milieu sco-laire et de la santé de la reproduction. Les femmes sont un formidable atout de développement d'un pays. Au Burkina Faso, les femmes constituent plus de la moitié de la population et elles débordent de talents. Pour que leurs destinées changent complètement, il suffit de leur tendre la main et de leur laisser des chances. Il ne faut pas oublier qu'une femme épa-nouie fait le bonheur de toute une famille et même de toute une communauté.

propos recueillispar Léa Kaboré

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Visionner les clips sur www.terredeshommessuisse.ch/attous

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RENDEZ-VOUS LE 11 OCTOBRE POUR LA

Inscriptions : à l'avance sur le site internet www.marchedelespoir.ch ou par téléphone au 022 736 36 36. Les inscriptions sont encore possibles sur place le jour-même dès 9h30. Cherchez d'ores et déjà vos marraines etparrains dans votre entourage !

Le parcours : il débute à la Rotonde du quai du Mont-Blanc et se prolonge jusqu'au Jardin botanique : une boucle de 6 kilomètres.

Départ : 11h - départ symbolique avec lâcher de ballons, mais la Marche peut être initiée tout au long de l'après-midi.

Déroulement : l'ambiance sera festive. Animations pour les enfants et délices culinaires du Burkina Faso. Tout marcheur reçoit un souvenir et une collation.

Clôture : les kilomètres sont comptabilisés jusqu'à 17h30.

Attention ! La Marche a lieu par tous les temps, et pour des raisons de sécurité, les vélos, trot-tinettes et patins à roulettes sont interdits.

Eau potable : des fontaines d'eau sont mises à disposition sur le parcours. Emportez avec vous une gourde !

Plus sur le web : les participant-e-s ont la possibilité de créer une page personnelle de collecte en ligne sous www.marchedelespoir.ch/collecte et de voir tous les projets de Terre des Hommes Suisse au Burkina Faso et ailleurs sur www.terredeshommessuisse.ch

Participez ou soutenez les participant-e-s à la Marche de l'espoir !Le concept de la Marche de l'espoir est simple : les enfants d'ici, sensibilisés aux dures réalités de la vie d'enfants des milieux les plus précaires des pays du Sud, s'engagent concrètement en parcourant des kilomètres, sponsorisés par des « marraines » et des « parrains » qu'ils auront cher-chés dans leur entourage. Chaque pas permet de faire la différence, et chaque pas rapporte ! En 2014, 4677 jeunes ont marché en faveur de projets d'éducation différenciée pour les enfants d'Amazonie brésilienne et pour les droits des peuples autochtones. Ils ont récolté près de 400'000 francs.

Cette année, la mobilisation des marcheurs permettra à Terre des Hommes Suisse de lutter notamment contre le travail des enfants dans les zones d'extraction d'or au Burkina Faso (voir pp. 6-7). La Marche, c'est avant tout une fête solidaire, un moment de bonne humeur et surtout d'espoir de construire un monde meilleur.

www.facebook.com/genevahopechallenge ou www.genevahopechallenge.ch

Nouveauté à la Marche de l'espoir !

Vous avez entre 15 et 25 ans ? Vous avez envie de bouger pour une cause solidaire ? Zumba et crossfit au programme aux Bains des Pâquis

le dimanche 11 octobre de 13h à 17h30.

Geneva Hope Challenge

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Initiative pour des multinationales responsablesL'initiative pour des multinationales responsables vise l'obligation pour les entreprises suisses de respecter les droits humains et l'environnement dans toutes leurs relations d'affaires, aussi à l'étranger. Au Burkina Faso par exemple, une firme suisse active dans l'extraction ou le raffinement d'or impliquée dans des violations devrait avoir à répondre devant un tribunal helvétique. Trois mois après le lancement de l'initiative, la moitié des signatures était déjà récoltée. Mais le pari n'est pas gagné d'avance et nous avons besoin de vous ! Téléchargez, signez et faites signer l'initiative : www.terredeshommessuisse.ch/initiative-multinationales

La Marche de l'espoir à l'électricité écologiqueDepuis plusieurs années, la Marche de l'espoir a choisi « Electricité Vitale Vert » des Services Industriels de Genève (SIG) pour alimenter la manifestation : un geste concret pour Genève et son environnement, car cette électricité est 100 % écologique – solaire et hydraulique – et, depuis cette année, produite 100 % localement par plus de 600 installations solaires sur le canton ainsi que par les barrages du Seujet, de Vessy et de Chancy-Pougny. Par ailleurs, chaque kilowattheure Vitale Vert acheté participe au financement de mesures pour préserver la nature genevoise et de projets de recherche dans le domaine de l'énergie.

Fiche pédagogique dès 7 ansLudique et interactif ! Commandez la fiche pédagogique spécialement conçue pour les enfants dès 7 ans.À disposition gratuitement, notamment des parents et des enseignants, sur www.marchedelespoir.ch

Carnet de route Burkina FasoEn novembre 2014, une équipe de Terre des Hommes Suisse partait sur le terrain au Burkina Faso. Une visite bousculée par les derniers événements politiques que rencontrait le pays. Un carnet de route retrace les ren-contres avec les partenaires et les bénéficiaires des projets : témoignages, émotions et images.À lire sous www.terredeshommessuisse.ch/carnet-de-route-burkina-2014

Infos

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15Ça vous intéresse !

Quelques chiffres sur le Burkina FasoDes chiffres fiables sont souvent très difficiles à obtenir. Parfois contradictoires, ils permettent malgré tout de se faire une idée de la réalité Burkinabé.

Education

Le Burkina reste l'un des pays où le taux d'alphabéti-sation – 28,6 %. – est parmi le plus faible du monde. Le taux net de scolarisation est passé à 65,2 % pour les garçons et 61,1 % pour les filles. Plus d'un mil-lion d'enfants de 6 à 11 ans n'ont toujours pas accès à l'éducation !

Origine du nom Burkina Faso signifie « pays des hommes intègres ». Du mot Burkina de la langue mooré qui signifie « homme intègre » et de Faso du dioula qui veut dire « patrie » ou « pays ».

Population Le Burkina Faso est l'un des pays les plus peuplés de l'Afrique de l'Ouest. C'est un pays enclavé avec une superficie de 274 220 km2.Sa population, estimée à 18 365 000 habitants, est composée de groupes ethniques Mossi (48,6 %), Peul (7,8 %), Gourmantché (7 %), Bobo (6,8 %), Bisa-Samo (6,5 %), Gourounsi (6 %) Dagari-Lobi (4,3 %), Bwamu (3 %), Sénoufo-Marka-Dioula (2,2 %) et autres (7,8 %). Une population jeune : 45,4 % a moins de 15 ans. Et 38 % des enfants de 5 à 14 ans travaillent, soit près d'1,3 millions !La mortalité infantile est de 76,8 ‰ ; l'espérance de vie de 55 ans.

Economie

Selon l'Indice de développement humain, le Burkina Faso est classé 181e sur 187 pays. 44,6 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

L'économie du Burkina Faso repose essentiellement sur :

Les mines. 4e pays producteur d'or d'Afrique, le pays connaît ces dernières années un boom minier.L'exploitation industrielle de l'or a rapporté plus de 190 milliards de francs CFA (302 millions de francs suisses), pour une production de 32 tonnes. Près de 800 sites traditionnels sont ouverts où tra-vaillent notamment des enfants (voir pp. 6-7) ! Autres ressources minières : le zinc et le plomb.

L'agriculture. Pratiquée par les trois-quarts de la popu-lation, elle est principalement pluviale et de type exten-sive. Les exploitations concernent seulement 40 % des terres cultivables, soit environ 4 millions d'hectares ; l 'agriculture représente 40 % du PIB. Pourtant la malnutrition affecte 31,5 % des enfants de moins de 5 ans, soit plus d'un million d'enfants ! Les cultures de

rente et produits d'exportation se composent de coton, canne à sucre, sésame, amande de karité, noix de cajou, gomme arabique, etc. Le Burkina Faso est le premier pays producteur de coton en Afrique sub-saharienne.

L'élevage. Il constitue le deuxième secteur important de l'économie après le coton. Il participe pour 12 % du PIB et 19 % des exportations du pays. Le bétail est exporté vivant vers les pays de la sous-région, notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigéria.

L'artisanat, l'industrie culturelle et touristique. Ce secteur contribue à 20 % du PIB et emploie actuelle-ment près d'un million de personnes, dont plus de la moitié est constituée de femmes (teinture, vannerie, tissage, poterie, couture, esthétique et coiffure, etc.).Le pays a su développer des événements culturels de renommée internationale qui constituent des vitrines importantes pour la culture et l'artisanat africain, par exemple le FESPACO (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou) ou le SIAO (Salon international de l'artisanat de Ouagadougou).

Sources : Statistiques-mondiales, PNUD, UNICEF, PNUD, SCADD, FAO, TdH. La plupart des chiffres sont de 2014.

par Léa Kaboré

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