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La Revue Semestrielle de l’Association Paléontologique Française Numéro spécial : les résumés du Congrès 2018 de l'APF à Bruxelles. J J o o u u r r n n a a l l d d e e l l ' ' A A P P F F n n ° ° 7 7 4 4 J J u u i i l l l l e e t t 2 2 0 0 1 1 8 8

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Page 1: JJoouurrnnaall ddee ll''AAPPFFl’architecture de la ville et a fait avec brio le lien entre paléontologie et architecture. Le retour à Bruxelles a eu lieu en début de soirée et

La Revue Semestrielle de l’Association Paléontologique Française

Numéro spécial :

les résumés duCongrès 2018de l'APF à Bruxelles.

JJoouurrnnaall ddee ll ''AAPPFFnn°°7744 JJuuii ll lleett 22001188

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Secrétariat :

Nathalie Bardet

Muséum National d'Histoire Naturelle

Département Histoire de la Terre

Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et

les Paléoenvironnements (CR2P)

UMR 7207 du CNRS

8, rue Buffon CP 38

75005 Paris

Tel. : (+33) 1 40 79 34 55

FAX : (+33) 1 40 79 35 80

e­mail : [email protected]

Cotisation :

1 an : 16 euros, 2 ans : 30 euros, 5 ans : 70 euros

Chèque au Nom de :

Association Paléontologique Française

A adresser à :

Laurent Londeix

UMR CNRS 5805 EPOC ­ OASU

Université de Bordeaux, Site de Talence ­

Bâtiment B18

Allée Geoffroy Saint­Hilaire

CS 50023, 33615 PESSAC CEDEX

Tel. : (+33) 5 40 00 88 66

FAX : (+33) 5 40 00 33 16

laurent.londeix@u­bordeaux.fr

L'Association Paléontologique Française

Eric Buffetaut(CNRS)

Président

Nathalie Bardet(CNRS)

Secrétaire

Laurent Londeix(Univ. Bordeaux)

Trésorier

Le bureau

Damien Germain(MNHN)

Conseiller

Thierry Tortosa(Conseil départemental

des Bouches du

Rhône)

Conseiller

Claude Monnet(Univ. Lille)

Conseiller

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Editorial .......................................................................... 4

Compte­rendu du congrès

de l'Association Paléontologique Française 2018 ........ 5

Excursion post congrès .................................................. 7

Prix de l'APF 2018 .......................................................... 9

Résumés du congrès ....................................................... 11

Journal de l'APF n°74 ­ SOMMAIRE

Couverture : "Montage d'un premier iguanodon". tableau de Léon Becker (1884) exposé au

Museum d'Histoire Naturelle de Bruxelles.

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Chers membres de l'APF,

Ce numéro est consacré principalement au

congrès 2018 de l'APF, qui, pour la deuxième fois

après Bâle en 2015, s'est tenu hors de France,

cette fois dans le cadre prestigieux de l'Institut

royal des Sciences naturelles de Belgique, où

Floréal Solé et Sébastien Olive ont très bien fait

les choses pour assurer une réunion d'un haut

niveau scientifique dans une ambiance très

conviviale ! Outre le compte­rendu du congrès et

de l'excursion qui lui a fait suite, vous trouverez

aussi l'ensemble des résumés des communications

orales et posters qui y ont été présentés. Je

rappelle d'ailleurs que le Journal de l'APF est une

publication scientifique en bonne et due forme,

avec un numéro d'ISSN, et que les résumés qui y

sont publiés peuvent donc très bien être cités

comme tels, ils n'appartiennent pas aux limbes de

la « littérature grise ».

La question du lieu de notre prochaine

réunion annuelle a fait l'objet de discussions

animées. Il m'est désormais possible d'annoncer

que l'édition 2019 se tiendra à Aix­en­Provence

du 16 au 19 avril, organisée par Yves Dutour et

Thierry Tortosa. La première circulaire donnera

tous les détails nécessaires. Je rappelle d'ailleurs

que toutes les suggestions sont bienvenues pour

les prix Cuvier (qui couronne une carrière de

paléontologue) et Saporta (qui récompense

l'activité d'un paléontologue non­professionnel,

ou d'une association). J'ajoute qu'une partie du

Conseil de l'APF doit être renouvelée, après appel

à candidatures, lors du congrès de 2019.

La possibilité d'organiser la réunion

annuelle de l'APF dans le cadre très plaisant du

château du Fontenil, dans l'Orne, évoquée par

Michel Laurin, a dû être écartée pour des raisons

pratiques, le château ne pouvant accueillir le

nombre de personnes qui participent

habituellement à notre congrès. Cependant, nous

envisageons d'organiser au château une table

ronde sur un thème qui est en cours de définition,

avec un nombre limité de participants. Des

précisions vous seront fournies dès que possible.

Bonne lecture !

Eric Buffetaut

Président de l'APF

EDITORIAL

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Pour la deuxième fois de son histoire

récente, le congrès de l’Association

Paléontologue Française s’exporte chez nos

voisins, et cette fois­ci en Belgique, au très

prestigieux Institut Royal des Sciences Naturelles

de Belgique à Bruxelles. Situé à deux pas du

Parlement européen, l’Institut est une imposante

bâtisse devant laquelle pose fièrement le fameux

Iguanodon­toboggan très prisé par la jeunesse

bruxelloise. C’est donc dans une salle située au

beau milieu du musée que se sont tenues les

présentations.

Accueillis par nos zélés organisateurs

Floréal Solé et Sébastien Olive, la première

journée à débuté par les habituelles retrouvailles

autour d’un café suivies par les discours

d’ouverture de la directrive de l'Institut Royal des

Sciences Naturelles de Belgique, Camille Pisani,

et du directeur de la direction opérationnelle Terre

et Histoire de la Vie du musée, Pascal Godefroit.

Les communications se sont ensuite enchaînées

avec des thématiques variées alternant entre

découvertes paléontologiques, avancées en

systématique, en évolution, avec notamment les

présentations de six candidats au prix Depéret,

mais également en histoire des sciences et histoire

des collections et de spécimens. Jérémy Anquetin

a profité de l’opportunité pour promouvoir une

plateforme de peer­review communautaire dédiée

à la paléontologie, gratuite et ouverte pour la

paléontologie : PCI Palaeo. L’après midi s’est

poursuivie par la visite libre du musée et une

visite guidée des collections par notre hôte

Annelise Folie, conservatrice des collections de

paléontologie. Ce fut l’occasion d’admirer les

fameux iguanodons de Bernissart dont de

nombreux squelettes sont exposés, mais

également d’avoir un aperçu des très riches

collections du Muséum. La journée s’est achevée

par un cocktail de bienvenue avec, cela va sans

dire, dégustation de bières belges, et pas qu’une

fois!

La deuxième journée de communications

dont une partie étaient présentées par les six

candidats au prix d’Orbigny nous a transportés

dans les mondes fossiles aquatiques du

Paléozoïque canadien aux environnements

terrestres du Crétacé de Sibérie en passant par le

Tertiaire d’Amérique du Sud. La mouture 2018 du

congrès de l’APF avait en effet pour thème la

paléontologie “out of Europe” qui a été plutôt

bien suivi. La journée s’est terminée par le

dîner de gala dans la brasserie belge “le Volle

Gas” au cachet traditionnel et décorations

Congrès de l'Association Paléontologique Française

Bruxelles, 4 ­ 6 avril 2018

Ils sont concentrés nos G. O.

Face aux portes des collections, on se sent... petits!

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d’antan.

La troisième journée était dédiée à la

remise des différents prix de l’APF récompensant

une carrière de chercheur (prix Cuvier), le travail

d’un paléontologue “non académique” (prix

Saporta), la présentation d’une thèse récemment

défendue (prix D’Orbigny) et le prix de la

meilleur présentation d’étudiant (prix Depéret).

Cette année, le jury n’ayant pu se prononcer entre

deux candidats, le prix d’Orbigny a été partagé

(voir page 10). Les récipiendaires des prix Cuvier

et Saporta, cette année Alain Blieck et Marc

Bosselaers, ont ensuite eu tout le loisir de nous

présenter leurs œuvres et leur passion de la

recherche pendant le reste de la matinée. Les

communication scientifiques ont repris l’après­

midi, faisant la part belle aux dinosaures,

ammonites, rongeurs, radiolaires, stromatopores,

mais également à une tortue dont le nom

assurerait la victoire à un joueur de scrabble, si

les noms latins étaient autorisés :

Nanhsiungchelys wuchingensis. La journée s’est

poursuivie par l’événement qui ruine les jeunes

papas et les dinos­geek, mais alimente les prix de

l’APF : la vente aux enchères des goodies et

ouvrages. Une fois encore les participants ont été

généreux, et le commissaire­priseur joué par notre

président (Eric, pas Emmanuel…) était dans une

forme digne de celle des meilleurs représentants

d’antiquités “vraies” du souk d’Erfoud. Enfin,

l’assemblée générale a été l’occasion de faire le

point des activités de l’association, de l’état du

site web et de la page Facebook, de confirmer le

lieu de la tenue du prochain congrès APF et de

réfléchir à la création de journées “ateliers”

scientifiques sous un format devant être discuté.

Les participants se sont enfin quittés en se

donnant rendez­vous en 2019 dans le sud, sauf

pour ceux qui ont poursuivi l’expérience

paléontologique belge avec l’excursion dans la

contrée des iguanodons...

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Au dîner de gala, certains n'ont pas attendu pour trinquer... A votre santé les jeunes !

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C’est un large convoi de 43

paléontologues (environ 2/3 des participants au

congrès) qui s’est déplacé dans la région de Mons

pour l’excursion post­congrès.

Nous avons été reçus en matinée au musée de

l’iguanodon à Bernissart.

La localité d’âge crétacé de Bernissart est

célèbre pour les squelettes complets d’iguanodons

qu’elle a délivrés mais cette dernière a également

fourni de nombreux restes d’actinoptérygiens, de

crocodiles, quelques restes d’amphibiens, des

insectes, des coprolithes et une flore bien

diversifiée. Tous ces restes ont été trouvés dans

une argile lacustre d’âge Barrémien/Aptien. Le

musée de l’iguanodon retrace l’histoire des

fouilles à Bernissart et présente de nombreux

fossiles collectés là­bas.

Après un gourmand petit­déjeuner sur

place et une visite du musée, une présentation du

projet ColdCase a été donnée par Koen Stein

(VUB), Jean­Marc Baele (UMons), Pascal

Godefroit, Cyrille Prestianni et Sébastien Olive

(IRSNB). Ce projet a pour but de comprendre ce

qui a mené à l’accumulation massive de tant de

squelettes d’iguanodons. S’en est suivi un pique­

nique à la belge, dans le jardin du musée,

composé de fromages, charcuterie et bien sûr de

bières du pays.

Excursion post congrès

7 avril 2018

Bien reçus au musée de l’iguanodon à Bernissart !

Le musée recèle de trésors…

… en tout genre!

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Le premier arrêt de l’après­midi s’est

déroulé, ou plutôt aurait dû se dérouler, à l’endroit

où se situait l’entrée de la mine de Bernissart (le

puit Sainte­Barbe). Malheureusement cette

dernière se trouve désormais dans un jardin

privatif et notre commémoration n’a pas pu avoir

lieu.

Nous nous sommes alors rendus aux

carrières souterraines de la Malogne, qui ont été

exploitées au début du 20ème siècle pour le

phosphate. D’âge Maastrichtien, ces carrières

exposent encore en place des fossiles de

mosasaures, tortues et bélemnites notamment.

Notre visite a été faite par Thierry Mortier de

l’ASBL Malogne (UMons) qui a su rendre le

voyage souterrain passionnant. Nous nous

sommes ensuite rendus à Binche (ville wallonne)

où le même Thierry Mortier nous a commenté

l’architecture de la ville et a fait avec brio le lien

entre paléontologie et architecture. Le retour à

Bruxelles a eu lieu en début de soirée et chacun a

pu retrouver son hôtel/train/avion respectif.

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Des paléontologues au centre de la Terre

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Le Prix Cuvier 2018 a été remis à Alain Blieck,

Directeur de Recherche émérite au CNRS. Comme il

nous l'a rappelé dans une conférence aussi originale que

brillante, la carrière scientifique d'Alain est fortement liée

à la région lilloise, dont il est originaire, et où il a passé le

plus clair de sa vie professionnelle, à l'exception d'un

épisode parisien de quelques années, correspondant à la

préparation de ses thèses (de 3e cycle, sur les

hétérostracés du Dévonien inférieur du Spitsberg, et

d'état, une vaste synthèse sur les hétérostracés

ptéraspidiformes) au MNHN. Ses travaux sur les

vertébrés paléozoïques, dont il est un spécialiste

incontesté, l'ont donc mené à s'intéresser à des fossiles

provenant de contrées bien éloignées de sa Flandre natale,

de l'Arctique canadien à la Russie en passant par le

Svalbard. Outre ses nombreuses publications

scientifiques, l'implication d'Alain Blieck dans le milieu

associatif, entre autres à la Société géologique du Nord,

qu'il a largement contribué à revivifier, mérite aussi d'être

signalée. Comme il l'a annoncé au cours du congrès, Alain est actuellement fort impliqué dans la rédaction

du "Handbook of Paleoichthyology" consacré aux agnathes. L'APF lui souhaite tous les succès dans cette

entreprise et dans ses autres projets de recherche.

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Remise des prix de l'APF

Bruxelles, 6 avril 2018

Alain Blieck reçevant le prix Cuvier

Mark Bosselaers reçevant le prix Saporta

Le Prix Saporta 2018 a été remis à Mark

Bosselaers qui, tout en menant une carrière dans

l'enseignement artistique, s'est passionné pour les

vertébrés fossiles du Néogène marin de la région

d'Anvers, tant en Belgique qu'aux Pays­Bas, où il a

collecté des spécimens aussi abondants que précieux –

comme il l'a raconté dans une conférence pleine

d'humour. Ses recherches l'ont conduit à collaborer avec

de nombreux chercheurs, notamment de l'Institut royal

des Sciences naturelles de Belgique, sur des sujets

paléontologiques variés, avec une prédilection pour les

cétacés, mais aussi, entre autres, les tortues marines. De

ces travaux ont résulté de nombreuses publications

scientifiques, portant sur des sujets très variés et parfois

aussi inattendus que d'une grande ingéniosité

scientifique, tels qu'une étude sur les balanes fossiles

comme indicateurs de la diversité des cétacés

méditerranéens au Pléistocène. Mark Bosselaers n'est

pas un paléontologue « professionnel » au sens étroit du

terme, mais la qualité de ses travaux le place

indéniablement parmi les spécialistes éminents de notre

discipline.

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Marion Chevrinais et Jean Goedert reçevant le Prix D'Orbigny

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Kévin Le Verger reçevant le prix Depéret

Le prix d'Orbigny (prix de thèse) a été

partagé entre

Marion Chevrinais (Université de Nantes) pour sa

thèse, Perspectives phylo­évo­dévo de la

diversification des vertébrés du Paléozoïque,

soutenue en 2016 à l'Université du Québec à

Rimouski,

et Jean Goedert (Université de Bordeaux) pour sa

thèse, Ecologie des premiers tétrapodes dévoilée

par la composition isotopique du soufre (34S/32S)

de leurs squelettes, soutenue en 2017 à

l'Université Claude Bernard Lyon 1.

Le prix Depéret, décerné à l'auteur de la

meilleure présentation par un étudiant, a été

décerné à Kévin Le Verger (MNHN), pour sa

communication Anatomie crânienne de

Cynodictis (Mammalia, Carnivora), le plus

ancien Amphicyonidae d’Europe : implications

sur la radiation des Caniformia et la

paléoécologie au passage de la Grande­

Coupure.

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Résumés du Congrès

Communications orales

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La radiation initiale des ammonoïdes au Dévonien : richesse taxonomique et évolution faunique

Ninon Allaire1, Claude Monnet1, Catherine Crônier1

1Univ. Lille, CNRS, UMR 8198 – Evo­Eco­Paleo, F­59000 Lille, France ([email protected]­lille1.fr ; Claude.Monnet@univ­lille.fr ; Catherine.Cronier@univ­lille.fr)

Les ammonoïdes constituent un des groupes fossiles d’invertébrés marins les plus abondants et prolifiques du Phanérozoïque. Ces céphalopodes à coquille externe sont apparus au Dévonien inférieur et se sont diversifiés dans le contexte de la « Révolution dévonienne du Necton » avec un développement de tendances morphologiques macroévolutives particulières. La fin du Dévonien (crise Frasnien–Famennien) marque aussi le premier goulot d'étranglement majeur de l'histoire évolutive des ammonoïdes. Afin de mieux comprendre l'établissement de cette « Révolution dévonienne du Necton » et les événements d'extinction du Dévonien, le présent travail concerne une analyse des fluctuations de la biodiversité caractérisant l'évolution des ammonoïdes à travers le Dévonien. Dans ce contexte, nous concentrons nos investigations sur la zone représentative des ammonoïdes du Maroc (Afrique du Nord), sur la composante taxonomique de la biodiversité (richesse taxonomique, composition et similitudes), et sur deux échelles temporelles (14 sous­étages et 67 biozones à ammonoïdes). Ces analyses sont effectuées sur une base de données construite à partir des informations issues des publications les plus récentes (afin d’avoir une taxonomie et une biostratigraphie homogène et la plus précise possible). Ce jeu de données contient 1810 occurrences d'ammonoïdes, réparties de l'Emsien jusqu'au Famennien, et provenant de 64 localités différentes. Ces occurrences comprennent 444 espèces (57 de l'Emsien, 71 de l'Eifélien, 129 du Givétien, 40 du Frasnien et 170 du Famennien), 146 genres, 45 familles et 19 superfamilles. Dans cette étude, la richesse taxonomique et la composition des ammonoïdes du Dévonien marocain sont analysées au niveau du genre et de l'espèce en utilisant des données d'incidence (présence) ; les données d'abondance sont rarement disponibles et n'étaient présentes que dans quelques publications.L’enregistrement fossile étant imparfait et biaisé, les fluctuations de richesse taxonomique ont été analysées avec différents indices, et différentes méthodes classiques (indices de diversité brute échantillonnée et de diversité normalisée ; taux de Foote ; poly­cohortes) et plus récentes (indice de dé­discrétisation par ré­échantillonnage), et de manière similaire pour l’évolution comparée de la composition taxonomique (distinction taxonomique, faunes évolutives factorielles), afin de corriger au mieux ces imperfections. Les résultats suggèrent d'importantes variations de la richesse taxonomique, associées à des valeurs particulièrement élevées à l'Eifélien supérieur, au Givétien moyen et au Famennien terminal (périodes de biodiversification), et à des valeurs très faibles au début de l'Eifélien inférieur, au Frasnien inférieur et supérieur, et au Famennien inférieur et moyen. Les analyses réalisées à l'échelle de la biozone révèlent des variations de plus haute résolution, non observable en considérant les variations au niveau de l'étage ou du sous­étage. Des phases de diminution drastique de la richesse taxonomique sont observées entre le Givétien et le Frasnien, et à la fin du Famennien. Des phases de diminution importante sont également constatées au niveau des limites Emsien/Eifélien et Eifélien/Givétien, et au cours du Famennien terminal. Certaines de ces fluctuations peuvent être reliées à des évènements d'extinction connus au Dévonien, avec notamment une forte influence des variations climatiques et des événements anoxiques.

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Climat et stratégies de reproduction aux hautes latitudes ; le cas des dinosaures du Crétacé Supérieur de Sibérie orientale

Romain Amiot1, Lina B. Golovneva2, Pascal Godefroit3, Jean Goedert1, Géraldine Garcia4, Christophe Lécuyer1

1CNRS UMR 5276 LGL­TPE, Université Claude Bernard Lyon 1 and Ecole Normale Supérieure de Lyon, 2, Rue Raphaël Dubois, 69622 Villeurbanne Cedex, France. Romain.amiot@univ­lyon1.fr; jean.goedert@ens­lyon.fr;christophe.lecuyer@univ­lyon1.fr2V.L. Komarov Botanical Institute, Russian Academy of Sciences, St. Petersburg, Russia. [email protected] ‘Earth and History of Life’, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, rue Vautier 29, B­1000 Brussels, [email protected], UMR CNRS 7262, Université de Poitiers, UFR SFA, Bat. B35, 6 rue M. Brunet, TSA 51106, 86073 Poitiers cedex 9, France.geraldine.garcia@univ­poitiers.fr

Les coquilles fossilisées d’œufs de deux oofamilles de dinosaures découvertes dans un gisement Maastrichtien de Sibérie constituent la trace la plus septentrionale de reproduction de ce groupe (Godefroit et al., 2009). La haute paléolatitude du gisement (environ 70 à 75°N) associée à des conditions climatiques aux températures relativement basses estimées par les données paléobotaniques (Golovneva, 2000) posent la question des stratégies de reproduction adoptées par ces dinosaures afin d’incuber leurs oeufs et de prendre soin de leurs nouveaux­nés. Afin d’aborder cette question d’un point de vue climatique et saisonnier, nous avons analysé les compositions isotopiques de l’oxygène (δ18Odent) et du carbone (δ13Cdent) de l’apatite de dents de théropodes, d’hadrosaures et d’ankylosaures, d’écailles de lépisostéidés et du carbonate de coquilles d’oeufs (δ18Ooeuf et δ13Coeuf) collectées dans le gisement Maastrichtien de Kakanaut. A l’aide des équations de fractionnement isotopique établies entre l’eau environnementale et le carbonate des coquilles d’oeufs (Lazzerini et al., 2016), ainsi qu’avec le phosphate de l’apatite (Amiot et al., 2017), les compositions isotopiques de l’oxygène des eaux ingérées par les dinosaures de Kakanaut ont été calculées et converties en températures grâce à une relations existantes entre leδ18Oeau moyen des eaux météoriques et la température moyenne de l’air (Lécuyer, 2014). La température calculée de 9±7°C correspond à celle d’environ 10°C estimée à partir d’une analyse CLAMP (Golovneva, 2000), et correspond aujourd’hui à la température moyenne observée aux moyennes latitudes soumises à des climats tempérés frais. En considérant que la variabilité des valeurs de δ18Odent des dents de dinosaures reflète au moins partiellement la variabilité annuelle du δ18Oeau des eaux de pluies locales ingérées, alors les valeurs très basses de δ18Oeau des eaux calculées à partir du δ18Ooeuf des coquilles d’œuf suggèrent que ces dinosaures ont pondu au début du printemps. Comme pour de nombreuses espèces vivant aujourd’hui aux moyennes et hautes latitudes, cette stratégie de ponte au printemps a permis aux dinosaures de Sibérie de profiter des températures douces et de l’abondance croissante de nourriture pour élever leurs nouveaux­nés et les faire suffisamment grandir pour supporter l’hiver suivant.

Amiot, R. et al. 2017. Sci. Nat., 104, 47. DOI: 10.1007/s00114­017­1468­2Godefroit, P. et al. 2009. Naturwissenschaften, 96, 495–501. DOI: 10.1007/s00114­008­0499­0Golovneva, L.B., 2000. Geol. Soc. Lond. Spec. Publ., 181, 43–54. DOI : 10.1144/GSL.SP.2000.181.01.05Lazzerini, N. et al. 2016. Sci. Nat., 103, 81. DOI : 10.1007/s00114­016­1404­xLécuyer, C., 2014. Wiley­ISTE, London 272pp.

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Page 14: JJoouurrnnaall ddee ll''AAPPFFl’architecture de la ville et a fait avec brio le lien entre paléontologie et architecture. Le retour à Bruxelles a eu lieu en début de soirée et

Peer Community in Paleontology (PCI Paleo) : une plateforme de peer­review communautaire, gratuite et ouverte pour la paléontologie

Jérémy Anquetin1,2, Guillaume Billet3

1Jurassica Museum, Porrentruy, Suisse ([email protected])2Département des Géosciences – Université de Fribourg, Suisse3CR2P, UMR CNRS 7207 – MNHN, Sorbonne Université ([email protected])

Le système de publication scientifique devient de plus en plus couteux pour les institutions, pour les utilisateurs et au final pour le contribuable. De profonds changements sont en cours, notamment une poussée en faveur du libre accès (Open Access). Cependant, la transition progressive d’un modèle où le lecteur paie (journaux avec abonnement) à celui où les auteurs paient (Gold Open Access ou Hybrid) ne réduira certainement pas de manière significative le coût global de la publication scientifique. Par ailleurs, le système actuel manque fondamentalement de transparence et reste relativement lent. Un système de publication plus rapide, plus transparent, complètement ouvert et gratuit est désormais possible grâce aux nouvelles technologies, et ce pour seulement une fraction du coût actuel. Il suffit simplement de mettre en place ces outils pour les sciences biologiques. Les preprints (manuscrits publiés en ligne avant relecture par les pairs) sont utilisés avec un certain succès depuis plus de 25 ans par les physiciens, les mathématiciens, les astronomes et les informaticiens comme un moyen de diffuser rapidement les résultats de recherche et de permettre une évaluation plus large et immédiate. Les preprints sont apparus plus récemment dans le champ des sciences biologiques et certains critiquent, probablement à juste titre, la diffusion de résultats non­validés par les pairs. Par chance, la validation par les pairs (peer­review) est déjà un système auto­organisé fourni par la communauté et peut très simplement être mise en place pour l’évaluation des preprints. Le projet Peer Community In (PCI) appelle à la création de communautés de chercheurs pour évaluer les articles disponibles sur les serveurs de preprints. PCI Evolutionary Biology, la première de ces communautés, compte désormais plus de 350 scientifiques qui évaluent des preprints dans leur discipline. Lancée début 2018, Peer Community in Paleontology (PCI Paleo) est portée par un directoire international et par un nombre grandissant de recommandeurs (= éditeurs). Il s’agit de la troisième communauté du projet PCI. Le fonctionnement de PCI Paleo est très similaire à celui d’un journal conventionnel, sauf qu’il est entièrement gratuit et transparent. Les manuscrits sont postés en ligne sous forme de preprints et soumis à PCI Paleo pour peer­review. Ils sont ensuite évalués par au moins deux rapporteurs extérieurs. Les versions révisées sont alors postées sur le serveur de preprints après chaque série de peer­review. Si le papier est finalement accepté, une version finale est postée sur le serveur et liée de manière permanente à un texte de recommandation (rédigé par l’éditeur) et aux rapports d’évaluation publiés par PCI Paleo. Les articles recommandés par PCI Paleo sont donc évalués (peer­reviewed) de manière transparente, entièrement citables (DOI) et libres d’accès, rendant ainsi caduque leur publication dans des journaux conventionnels (bien que cela reste une possibilité).

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Page 15: JJoouurrnnaall ddee ll''AAPPFFl’architecture de la ville et a fait avec brio le lien entre paléontologie et architecture. Le retour à Bruxelles a eu lieu en début de soirée et

Homologie sérielle, évolution corrélée et signal phylogénétique des molaires chez les placentaires

Jérémie Bardin1, Guillaume Billet1

1Sorbonne Universités, CR2P, UMR 7207, CNRS, Université Paris 06, Museum national d'Histoire naturelle, Paris, France.

Modéliser la complexité de l’évolution est crucial autant pour la reconstruction phylogénétique que pour tester des scénarios évolutifs. Parmi les problèmes majeurs rencontrés se dresse le cas de l’intégration morphologique et le problème de la prise en compte de la covariation entre les caractères. Par exemple, l’intensité et les conséquences des corrélations entre les structures sujettes à l’homologie sérielle comme les dents ont été largement discuté mais ont rarement été investigué à une large échelle phylogénétique. Dans ce travail, nous avons analysé les patrons de présence de cingulum sur les molaires (M1, M2, M3) de 274 espèces de placentaires replacés dans leur contexte phylogénétique. Les analyses de co­distributions phylogénétiques tout comme des analyses de maximum de vraisemblance démontrent que l’évolution de la présence de ces structures sur les trois molaires est fortement corrélée. Ces caractères n’étant pas indépendants, ils ne doivent pas être codés séparément dans une analyse phylogénétique. Les analyses de maximum de vraisemblance montrent que ces traits morphologiques ont intérêts à être codé en un seul caractère composite avec des transitions contraintes. Nos résultats sont, par ailleurs, en accord avec les connaissances actuelles sur les mécanismes moléculaires et développementaux menant à la formation des cingulum. Cet exemple démontre la nécessité de comprendre les patrons d’intégration entre les traits morphologiques.

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Charophytes du Jurassique Supérieur ­ Crétacé Inférieur du nord du bassin d’Aquitaine (SO France)

Roch­Alexandre Benoit1,2, Didier Néraudeau1, Carles Martín­Closas2

1Université Rennes 1, Géosciences, CNRS UMR 6118, campus de Beaulieu bât. 15, 263 avenue du général Leclerc, 35042 Rennes cedex, France2Departament de dinàmica de la Terra i l’Oceà, Facultat de Geologia, Universitat de Barcelona­UB, Marti i Franques s/n, 08028 Barcelona, Catalonia, Spain

Trois assemblages de Charophytes du Jurassique Supérieur ­ Crétacé Inférieur de la partie septentrionale du Bassin d’Aquitaine (SO France) ont été étudiés. Cela a permis de comprendre les caractéristiques paléoécologiques, paléobiogéographiques et biostratigraphiques de cette région au cours de cette période. En effet, le Crétacé Inférieur n’y est que très peu représenté, en comparaison aux autres bassins européens. La présence de Latochara latitruncata (PECK, 1937) MÄDLER, 1955 au sein des dépôts de Chassiron représente l’occurrence la plus méridionale de ce genre au cours du Jurassique Supérieur. La présence de Nodosoclavator bradleyi (HARRIS, 1939) GRAMBAST, 1969 est notée pour la première fois dans l’assemblage de Chassiron et a permis l’observation des caractéristiques de la couche structurée de l’utricule. La présence de Porocharacées, en association avec des Clavatoracées et des Characées à Cherves­de­Cognac et à Angeac­Charente est en accord avec l’hypothèse d’environnements saumâtres. L’association de Charophytes avec des spécimens abrasés de taxons marins (i.e. Bryozoaires) dans les couches An2­SA et An1­SA à Angeac­Charente est similaire à certains faciès de deltas estuariens observés dans les bassins ibériques (Espagne). La présence de Clavator grovesii var. grovesii (HARRIS, 1939) MARTÍN­CLOSAS, 1996, associée à C. grovesii var. discordis (SHAIKIN, 1976) MARTÍN­CLOSAS, 1996, et des intermédiaires entre ces deux variétés dans les populations de Cherves­de­Cognac et Angeac­Charente représente un intérêt stratigraphique important. En effet, ces deux variétés sont comprises dans les biozones (à Charophytes) Maillardii, Incrassatus et Nurrensis, qui représentent l’ensemble du Berriasien. Dans le cas d’Angeac­Charente, ce résultat diffère de l’étude précédente qui lui attribuait un âge hauterivien­barrémien, et considérant le matériel charophytique comme remanié. Ce résultat est également pertinent pour l’étude de l’histoire sédimentaire de la partie septentrionale du bassin d’Aquitaine puisque aucun dépôt compris entre le Berriasien Tardif et l’Albien Tardif ne semble avoir été découvert dans la région jusqu’à présent.

Grambast, L. 1969. La symétrie de l’utricule chez les Clavatoracées et sa signification phylogénétique. Comptes­Rendus de l’Académie des Sciences [Paris], 269, 878–881.Harris, T. M. 1939. British Purbeck Charophyta. Londres: British Museum (N. H.), 119p.Mädler, K. 1955. Zur Taxonomie der tertiären Charophyten. Geologisches Jahrbuch, 70, 265–328.Martín­Closas, C. 1996. A phylogenetic system of Clavatoraceae (Charophyta). Review of Palaeobotany and Palynology, 94, 259–293.Peck, R. E. 1937. Morrison Charophyta from Wyoming. Journal of Paleontology, vol. 11, part. 2, 83–90.Shaïkin, I. M. 1976. New data on the biostratigraphy of the Jurassic and Cretaceous of the Fore­Dobrogean Trough. Geol. Zh., 36, T2, 77–86.

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La flore de Bernissart revisitée

Candela Blanco1, Lea de Brito2, Cyrille Prestianni2

1Departamento de Biología – Facultad de Ciencias, Universidad Autónoma de Madrid ([email protected]).2DO Terre et Histoire de la Vie – Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique ([email protected], [email protected]).

Le nom de Bernissart est célèbre mondialement pour la découverte entre 1878 et 1881 de nombreux squelettes d’Iguanodon quasiment complets. Dans la foulée, c’est tout un environnement fossile qui a été mis au jour (crocodiles, amphibiens, poissons, plantes,…). Jusqu’à présent ce sont les restes des vertébrés terrestres qui ont reçu la plus grande attention. Poissons et plantes ont quant à eux été relativement peu étudiés. Effectivement, les plantes n’ont fait l’objet que de deux publications. La première, dès 1878, consiste en une simple liste sans illustration (Dupont, 1878). La seconde, plus détaillée, est abondamment illustrée et correspond à un inventaire « exhaustif » de l’assemblage floristique (Seward, 1900). Ici, nous vous présenterons une révision complète de la flore de Bernissart tant d’un point de vue taxonomique que quantitatif. La flore de Bernissart a été récoltée dans les faciès Wealdien du bassin de Mons au sein de la Formation de Sainte­Barbe. Ces niveaux argileux ont été datés palynologiquement de la fin du Barrémien (Yans et al., 2009). Les restes végétaux sont très fragmentaires et quasi systématiquement carbonisés. Weichselia reticulata représente approximativement 90% de l’assemblage. Le reste se partage entre 9% de filicophytes et moins de 1 % de plantes autres (gymnospermes, …). Ce sont donc les fougères qui dominent très largement l’assemblage. Une approche quantitative nous a permis de définir plus finement les relations existant entre ces plantes. L’assemblage révisé est comparé aux résultats obtenus dans les localités voisines de Baudour et Hautrage. Ces dernières apportent des résultats complémentaires permettant une reconstitution plus fine de l’environnement. Une comparaison à plus grande échelle sera aussi proposée avec les localités anglaises, espagnoles (Las Hoyas) et allemandes.

Dupont, E. 1878. Sur la découverte d'ossements d'Iguanodons, de poissons et de végétaux dans la fosse de Sainte­Barbe du charbonage de Bernissart. Bulletin de l'Académie Royale des sciences de Belgique, XLVI, 387.Seward, A.C. 1900. La flore wealdienne de Bernissart. Extraits des mémoires du Musée Royale d'Histoire Naturelle de Belgique, T1, 1–37.Yans, J., Dejax, J., Schnyder, J. 2012. On the age of the Bernissart Iguanodons. In Godefroit, P. (ed.), Bernissart Dinosaurs and Early Cretaceous Terrestrial Ecosystems. Indiana University Press, Indiana, 79–82.

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Handbook of Paleoichthyology, vol. IA, « Agnatha » I: H.­P. Schultze ed., Dr Friedrich Pfeil publ., München (FRG) — State­of­the­art

Alain Blieck1, Philippe Janvier2, David K. Elliott3, Susan Turner4, Vadim Glinskiy5, Gai Zhikun6

1CNRS UMR 8198 EvoEcoPaléo, c/o ULille, Fac. des Sciences et technologies, F­59655 Villeneuve d’Ascq cedex, France (alain.blieck@univ­lille1.fr)2MNHN : Dépt. Histoire de la Terre, Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P) : UMR 7207 du CNRS, CP 38, 8 rue Buffon, F­75231 PARIS cedex 05, France ([email protected])3Northern Arizona University, Geology Program, SESES, FLAGSTAFF, Arizona 86011­4099, U.S.A ([email protected])4Geoscience Consultant, 69 Kilkivan Avenue, KENMORE Qld. 4069, Australia ; [email protected] of Paleontology, Institute of Earth Sciences, St Petersburg University, 7/9 Universitetskaya nab., 199034 ST PETERSBURG, Rossiyskaya Federatsiya ([email protected])6Academia Sinica: I.V.P.P., Xizhimenwai Dajie 142, P.O. Box 643, BEIJING 100044, People Republic of China ([email protected])

This project was initiated a very long time ago and mostly delayed because of the first author here. Part Thelodonti (« Agnatha » II) was published on 2007 by three of our colleagues, viz., Tiiu Märss (Tallinn, Estonia), Susan Turner (Brisbane, Australia) and Valentina Karatajute­Talimaa (Vilnius, Lithuania). Here we present the state­of­art of part « Agnatha » I. The following contents were collectively decided :

INTRODUCTIONThe ‘conovert’ theoryThe calcichordate theoryCHORDATAGeneral MorphologyHabitat and adaptationsPhylogeny/relationshipsSystematics: Tunicata (Urochordata), Cephalochordata, The case of Ainiktozoon, The anatolepid problem, Fossils falsely attributed to chordates, Pikaianot a chordate. , Tullimonstrum, Etc.BiodiversityCRANIATA / VERTEBRATACyclostomata: General Morphology, Habitat and adaptations, Stratigraphic and geographic distributions, Biodiversity, Phylogeny/relationshipsSystematics: Basal craniates / vertebrates, Basal hagfishes, Myxinoidea , Basal lampreys, Petromyzontida, Fossils falsely attributed to craniates /vertebrates « NODE X »Haikouichthys, Metaspriggina, MyllokunmingiaEUVERTEBRATAEuphanerops, Jamoytius

« NODE XXX »IntroductionAnaspida : General Morphology, Histology, Habitat and adaptations, Stratigraphic and geographic distributions, Biodiversity, Phylogeny/relationships, SystematicsThelodonti ­> MÄRSS, TURNER & KARATAJUTE­TALIMAA 2007 : Handbook vol. 1BPteraspidomorphiGeneral morphology, Histology, Biomechanics , Habitat and adaptations, Stratigraphic and geographic distributions, Biodiversity, Phylogeny, Systematics OsteostraciGeneral morphology, Histology, Habitat and adaptations, Stratigraphic and geographic distributions, Biodiversity, Phylogeny, Systematics GaleaspidaIbidemPituriaspidaIbidemPERSPECTIVESREFERENCES AND BIBLIOGRAPHY

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Diversification initiale des Hystricognathes du Nouveau Monde (Caviomorpha, Rodentia)

Candidate au prix d’Orbigny

Myriam Boivin1

1UMR 5554 Laboratoire de Paléontologie, Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier – Université de Montpellier, CNRS, IRD, EPHE ([email protected])

Les rongeurs caviomorphes constituent l’un des groupes de mammifères placentaires les plus diversifiés d’Amérique du Sud. L’Amazonie, situées dans les basses latitudes des Néotropiques, est l’une des zones géographiques qui de nos jours concentrent le maximum de la richesse spécifique des caviomorphes. Malgré leur grande diversité actuelle et un riche registre néogène, les premières phases de l’histoire évolutive du groupe n’étaient, il y a peu, documentées que par quelques localités, majoritairement situées aux moyennes et hautes latitudes du continent sud­américain. Des recherches paléontologiques récentes menées en Amazonie péruvienne ont permis la découverte de 18 localités éocènes et oligocènes, livrant de nombreux restes dentaires de caviomorphes inédits. L’étude de ces fossiles a conduit à la description et à la comparaison de 52 taxons distincts, dont 11 nouveaux genres et 17 nouvelles espèces. Une riche diversité alpha­taxonomique des caviomorphes en Amazonie péruvienne a pu ainsi être mise en évidence à la fin de l’Éocène moyen, mais surtout à l’Oligocène inférieur et à l’Oligocène supérieur. Une analyse cladistique incluant un grand nombre de taxons (107), dont plusieurs nouvelles espèces amazoniennes, a été réalisée. Pour la première fois, les quatre super­familles y ont été représentées avec toutes les familles actuelles, elles­mêmes documentées par plusieurs représentants fossiles et/ou actuels. Une matrice de 513 caractères morphologiques, essentiellement dentaires (432) mais aussi crâniens/mandibulaires (81), a été assemblée. Les résultats révèlent l’existence de trois phases successives de diversifications majeures au cours du Paléogène et du Miocène inférieur. La radiation initiale du groupe aurait lieu à la fin de l’Éocène moyen, suivie à la transition Éocène–Oligocène par l’émergence des quatre super­familles actuelles.Enfin, ces super­familles se diversifieraient principalement autour de la limite Oligocène–Miocène. Ces phases semblent coïncider avec des évènements climatiques globaux (optimum climatique de la fin de l’Éocène moyen ; refroidissement de la transition Éocène–Oligocène ; refroidissement de la transition Oligocène–Miocène) et des périodes intenses de surrection andine. Les régions de basses latitudes du continent sud­américain paraissent être le lieu de la première phase de diversification des caviomorphes. L’origine géographique des super­familles reste quelque peu ambiguë, excepté pour les chinchilloïdes qui émergeraient dans les régions de basses latitudes.

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Deux nouvelles espèces de périssodactyles (Mammalia) de l’Eocène inférieur du Quesnoy (Oise, France) et leurs relations phylogénétiques

Candidate au prix Depéret

Constance Bronnert1, Emmanuel Gheerbrant1, Marc Godinot2, Grégoire Métais1

1Sorbonne Université, CNRS, Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7207 Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P), 4 place Jussieu, Tour 56, 5ème étage, F­75005, Paris, France, ([email protected], [email protected], [email protected])2Ecole Pratique des Hautes Etudes, PSL, UMR 7207 CR2P, Paris, France, ([email protected])

Deux nouvelles espèces de périssodactyles ont été découvertes dans les Argiles à lignites du Soissonnais, sur le site du Quesnoy (Oise, France). Les périssodactyles, qui incluent aujourd’hui les chevaux, les rhinocéros et les tapirs, apparaissent lors de la transition Paléocène­Eocène, probablement en Asie, puis se dispersent rapidement dans tout l’hémisphère Nord. La découverte au Quesnoy de deux nouvelles espèces nous renseigne sur les chemins de dispersion de ce groupe. Le Quesnoy, qui se situe dans le niveau repère MP7, le plus ancien de l’Eocène, est ainsi le plus ancien gisement européen à avoir livré autant de fossiles bien préservés de périssodactyles. Le premier taxon, Pliolophus quesnoyensis, est un hippomorphe connu par du matériel dentaire et postcrânien. Il est proche des espèces anglaises de l’Eocène inférieur, et partage des caractéristiques avec les équidés nord­américains. Le second taxon, Chowliia sp. nov., connu par du matériel dentaire, est le plus ancien tapiromorphe d’Europe. Il est apparenté à des espèces asiatiques et indique une dispersion très tôt à l’Eocène des tapiromorphes de l’Asie vers l’Europe, et une disparition très rapide des isectolophidés en Europe. Une analyse phylogénétique préliminaire basée sur des caractères dentaires et un large panel de périssodactyles a été menée. Elle montre pour la première fois la monophylie des Isectolophidae, dont on supposait une relation sur la base de caractères anatomiques mais qui n’avait jamais été retrouvée dans les analyses phylogénétiques.

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Perspectives phylo­évo­dévo de la diversification des vertébrés du Paléozoïque : Cas d’un acanthodien du Dévonien supérieur de Miguasha (Canada)

Candidate au prix d’Orbigny

Marion Chevrinais1,2

1Laboratoire de Planétologie et Géodynamique, UMR 6112, Université de Nantes, France (marion.chevrinais@univ­nantes.fr)2Laboratoire de Paléontologie et Biologie Evolutive, Université du Québec à Rimouski, Canada

Une partie importante de l'histoire évolutive des vertébrés est inscrite dans le registre fossile. La compréhension de cette histoire passe par l'étude de l'évolution des traits anatomiques et des relations de parenté (i.e. phylogénie) entre les différents taxons de vertébrés. L'approche Evo­Dévo est utilisée afin de comprendre l'histoire évolutive des vertébrés et les interrelations au sein des vertébrés chez un taxon du Paléozoïque (Lagerstätte du Dévonien supérieur de Miguasha (Québec, Canada) (380 millions d'années): l'acanthodien Triazeugacanthus affinis. La préservation exceptionnelle des fossiles du Lagerstätte de Miguasha en fait de bons candidats pour améliorer la résolution de la phylogénie des vertébrés et comprendre les grandes modifications évolutives ayant eues lieu à la période de transition entre les agnathes et les gnathostomes. Des techniques d'histologie, de microscopie électronique, de spectrométrie à rayons X ainsi que des dessins de précision et des analyses phylogénétiques sont utilisés afin d'exploiter au maximum le potentiel de ces fossiles. La croissance de Triazeugacanthus, décrite à partir d'une série de taille de 178 individus, est continue et composée de trois stades ontogénétiques (larvaire, juvénile et adulte). Ces stades sont définis à partir 1) de l'étendue de l'écaillure (i.e. les écailles sont absentes chez les larves, elles sont en formation chez les juvéniles et l'écaillure est totale chez les adultes), et 2) de périodes de transitions déterminées par les alternances de paliers et de seuils de la trajectoire développementale. La progression de la minéralisation du squelette interne renseigne sur l'ossification d'éléments squelettiques cartilagineux (neurocrâne et éléments vertébraux) au cours de la croissance. En plus de l'ontogénie des spécimens complets, le développement d'éléments isolés a été étudié. Les taux de croissance des épines des nageoires différent entre les larves, juvéniles et adultes, ce qui indique que la croissance chez Triazeugacanthus est allométrique. La relation entre 1) la croissance des écailles et le patron de développement de l'écaillure, et 2) la croissance des spécimens complets indique que les écailles sont une bonne approximation de la croissance des individus et de l'espèce. Ce résultat est primordial étant donné que les séries de croissance sont rares dans le registre fossile (dû à la faible minéralisation du squelette des stades précoces) alors que les écailles sont abondantes. En effet, l'ajout de caractères développementaux aux caractères morphologiques déjà existants dans la littérature (rassemblés à partir de spécimens adultes le plus souvent), représente une solution pour une meilleure résolution de la phylogénie des vertébrés du Paléozoïque.

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La datation par radiochronologie et palynostratigraphie du site sibérien à restes du dinosaure ornithischien à plumes Kulindadromeus zabaikalicus

Candidate au prix d’Orbigny

Aude Cincotta1,2, Katerina B. Pestchevitskaya3, Sofia M. Sinitsa4, Valentina S. Markevich5, Vinciane Debaille6, Svetlana A. Reshetova4, Irina M. Mashchuk7, Andrei O. Frolov7, Axel Gerdes8, Johan Yans1, Pascal Godefroit2

1Département de Géologie, Université de Namur, Belgique ([email protected])2Directorat ‘Terre et Histoire de la Vie’, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique3Institute of Petroleum Geology and Geophysics. AA Trofimuk, Novosibirsk, Russia4Institute of Natural Resources, Ecology, and Cryology, Chita, Russia5Federal Scientific Center of the East Asia Terrestrial Biodiversity, Far East Branch of Russian Academy of Sciences, Vladivostok, Russia6Laboratoire G­Time, Université Libre de Bruxelles, Belgique7Institute of Earth's Crust SB RAS, Irkutsk, Russia8Institut für Geowissenschaften, Johann­Wolfgang­Goethe Universiteit, Frankfurt am Main, Germany

Des structures épidermiques ressemblant aux plumes de certains dinosaures théropodes (les ancêtres des oiseaux actuels) ont été trouvé associées à des restes d’un dinosaure ornithischien en Sibérie. Ces restes ont été fouillés dans la région du Transbaikal, à environ 220 kilomètres de la ville de Chita. Cette découverte suggère que les plumes n’ont pas évolué exclusivement dans la lignée des dinosaures théropodes, mais bien dans l’ensemble du clade des dinosaures. Dans cette optique, il est particulièrement important d’apporter un âge aux dépôts de Kulinda, afin de retracer l’évolution des plumes chez les dinosaures. Cet exposé présente pour la première fois des données relatives à la datation du site de Kulinda. Ces dernières ont été obtenues en combinant une méthode de datation absolue (U­Pb) ainsi que l’étude de palynomorphes. Les données obtenues par l’étude des isotopes radioactifs de l’uranium et du plomb dans des zircons et monazites indiquent que les dépôts ont un âge maximum de 172.8 ± 1.6 Ma, ce qui correspond à un âge Aalénien (Jurassique Moyen inférieur). L’assemblage palynologique collecté dans les dépôts de Kulinda est dominé par des grains de pollen de conifère (Pseudopicea) et des spores de bryophytes (Stereisporites). Cet assemblage contient des taxons qui ont une importance stratigraphique car ils sont caractéristiques de palynozones du Bathonien (Jurassique Moyen supérieur) de l’ouest sibérien. Les palynomorphes observés dans les sédiments de Kulinda reflètent l’assemblage floral au moment du dépôt des sédiments, et donc également au moment du dépôt des restes de dinosaures. Ces nouvelles données mettent donc en évidence un âge Bathonien – entre 168.3 ± 1.3 et 166. 1 ± 1.2 Ma pour Kulindadromeus zabaikalicus. Cet âge est plus ancien que celui avait été précédemment rapporté sur base de corrélations stratigraphiques locales, indiquant un âge Jurassique Supérieur à Crétacé Inférieur pour les dépôts de Kulinda. Un âge Bathonien est consistant avec la position phylogénétique de Kulindadromeus à la base du clade des néornithischiens. Kulindadromeus est, par conséquent, le dinosaure à plumes le plus ancien découvert à ce jour. Cependant, la présence de plumes à la fois chez les ornithischiens et les théropodes, suggère que leur origine pourrait remonter au Trias Moyen chez un ancêtre commun aux deux lignées.

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Dynamique de paléobiodiversité des radiolaires du Paléozoïque inférieur

Taniel Danelian1, Claude Monnet1

1Univ. Lille, CNRS, UMR 8198 – Evo­Eco­Paleo, F­59000 Lille, France (Taniel.Danelian@univ­lille.fr ; Claude.Monnet@univ­lille.fr)

Sur la base d’une étude exhaustive des occurrences de radiolaires du Cambrien supérieur au Silurien, la biodiversité des radiolaires est explorée avec des méthodes quantitatives (classiques et modernes) pour mettre en évidence les tendances de richesse et de composition taxonomique, ainsi que pour tester divers biais éventuels sur ces motifs. Les données sont compilées dans une base de données à partir de la littérature en sélectionnant toutes les études qui fournissent des informations chronostratigraphiques indépendantes ; celles­ci sont offertes dans la plupart des cas par des conodontes, des graptolites ou des datations absolues, permettant ainsi de calibrer les présences des espèces de radiolaires au niveau de l’étage. La base analysée est composée par des données de type incidence (présence) et comprend aussi les occurrences d’espèces en nomenclature ouverte (ex. “sp. A”) ou incertaines (ex. “cf.”). L’âge de certains échantillons a été révisé ou clarifié par rapport aux travaux d’origine quand une nouvelle datation est devenue disponible. Les attributions taxonomiques des espèces ont été révisées par rapport aux publications originales et les noms des espèces harmonisés afin d’éliminer les biais liés. La base de données analysée contient ainsi 168 espèces répertoriées au sein de 23 assemblages couvrant l’intervalle Cambrien supérieur à Ordovicien terminal, ainsi que 161 espèces siluriennes enregistrées dans 33 assemblages. Une vue synthétique de la distribution des assemblages de radiolaires connus actuellement montre que la majorité des données viennent des basses latitudes. La dynamique des changements de biodiversité a été estimée avec différentes méthodes : 1) les indices classiques de richesse taxonomique, d’apparition et d’extinction dans les intervalles chronostratigraphiques, les analyses de poly­cohortes ; 2) les indices de frontières (taux d’apparition et d’extinction de Foote) et les ratios temporels pour pallier au biais d’inégalité de durée des étages ; et 3) les nouveaux indices de dé­discrétisation par ré­échantillonnage de Gibert/Escarguel. Enfin, nous avons testé statistiquement le biais introduit éventuellement par des études monographiques et nous n’avons pas trouvé de corrélation. L’analyse des données de la base ainsi construite révèle quelques tendances intéressantes et nouvelles pour l’enregistrement des radiolaires du Paléozoïque inférieur, notamment un taux de diversité par million d’années deux fois plus important au Silurien que sur l’intervalle Cambrien–Ordovicien.

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Premier dinosaure thyréophore dans le Jurassique moyen (Bajocien) du Luxembourg

Dominique Delsate1, Xabier Pereda­Suberbiola2, Roland Felten1, Gilles Felten1

1Musée national d'Histoire naturelle de Luxembourg, Centre de Recherche Scientifique25, Rue Münster, L­2160 Luxembourg ([email protected])2Universidad del País Vasco/Euskal Herriko Unibertsitatea (UPV/EHU), Facultad de Ciencia y Tecnología, Departamento de Estratigrafía y Paleontología, Apartado 644, 48080 Bilbao, Spain ([email protected])

Un ostéoderme isolé de dinosaure a été trouvé dans la carrière d’Ottange­Rumelange (Cimalux, auparavant Intermoselle) du Grand­Duché du Luxembourg. Il provient des dépôts marno­calcaires des “Marnes Sableuses d’Audun­le­Tiche”, d’âge Jurassique moyen (Zone Humphresianum, Bajocien inférieur). Les dépôts correspondent à un environnement marin ouvert qui a fourni une faune abondante et variée, comprenant invertébrés, actinoptérygiens, hybodontes, néosélaciens, chimères et reptiles marins. L’ostéoderme, ovale et portant une quille basse, en forme de toit, est identifié comme étant un écusson dermique d’un thyréophore (groupe de dinosaures ornithischiens qui réunit les stégosaures, les ankylosaures et des formes basales). Il pourrait appartenir à un thyréophore basal ou, plus provisoirement, à un des premiers ankylosaures. Le spécimen provient probablement d’une carcasse flottante qui a dérivé sur une certaine distance depuis la terre ferme. L’écusson dermique de la carrière d’Ottange­Rumelange représente le deuxième dinosaure décrit jusqu’à présent au Luxembourg et le premier trouvé dans le Bajocien. D’autre part, il s’agit d’une des rares découvertes de dinosaures thyréophores non­stégosauriens dans le Jurassique moyen.

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Le squelette ostéosclérotique de Nanophoca vitulinoides, un phoque nain du Miocène de Belgique

Candidat au prix Depéret

Leonard Dewaele1,2*, Olivier Lambert2, Michel Laurin3, Tim De Kock4, Stephen Louwye1,Vivian de Buffrénil3

1Vakgroep Geologie, Universiteit Gent, Gand, Belgique2D.O. Terre et Histoire de la Vie, Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Bruxelles, Belgique3Département Origines et Evolution, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France4PProGRess, Vakgroep Geologie, Universiteit Gent, Gand, Belgique*Correspondance: [email protected]

Le registre fossile des tétrapodes indique que dans différentes lignées de tétrapodes secondairement aquatiques une densification initiale des os s'est développée lors des premières étapes de leur évolution. Des modes de locomotion aquatique plus efficaces se développent ensuite, avec des ossements devenant plus spongieux et légers. Bien que les structures internes des os longs de la plupart des tétrapodes secondairement aquatiques sont bien étudiées, aucune étude ne s'est concentrée sur l’évolution de la microanatomie et de l’ostéohistologie des phoques (Mammalia, Phocidae). Néanmoins, des observations préliminaires de Nanophoca vitulinoides, une espèce de phoque de très petite taille du Miocène d’Anvers (Belgique), ont suggéré que ce taxon montrait une spécialisation prononcée des structures internes de ses os longs, en comparaison avec les autres phoques. Une étude comparative de la microanatomie et de l’ostéohistologie des os longs de N. vitulinoides et d'autres mammifères semi­aquatiques, en particulier d'autres phoques fossiles (e.g. Callophoca obscura, Phocanella pumila) et des phoques actuels, se justifiait donc. L'analyse microanatomique des os longs de N. vitulinoides montre des valeurs de compacité des os de presque 100%. Ces valeurs sont bien plus élevées que les valeurs de compacité observées chez d'autres mammifères semi­aquatiques, pinnipèdes inclus. Les analyses ostéohistologiques montrent que les os sont pratiquement complètement remodelés et que la région médullaire est remplie par de l’os haversien. La compacité extrême des os de N. vitulinoides constitue le résultat d'un remplacement du tissu osseux tendant préférentiellement vers la reconstruction osseuse. La région corticale étant moins réorganisée, dans certains spécimens, le cortex montre clairement des marques de croissance, interprétées comme des lignes d'arrêt de croissance saisonnières. Ces lignes d'arrêt de croissance saisonnières indiquent que, malgré la petite taille de N. vitulinoides et la compacité extrême de ses os longs, la vitesse de croissance du cortex et de l’os en général, ne différait pas significativement des autres phoques. De plus, la compacité élevée des os de N. vitulinoides doit avoir augmenté la densité du corps des individus. Les conséquences physiologiques sont que la vitesse, les capacités d'accélération et la manœuvrabilité étaient réduites, en comparaison avec les phoques actuels. N. vitulinoides était très probablement un phoque qui vivait et se nourrissait sur le fond de la mer, en régions côtières. Ses préférences alimentaires devaient donc probablement se diriger vers des proies benthiques.

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Premier crâne partiel de l'espèce type de Hyaenodon, H. leptorhynchus (Mammalia, Hyaenodonta) ­ Réflexion sur la division des niches des mammifères carnassiers européens au cours du Paléogène

Morgane Dubied1,2, Floréal Solé3, Kévin Le Verger4, Bastien Mennecart5,6

1Université de Bourgogne, 6 boulevard Gabriel, 21000 Dijon, France2Natural History Museum Basel, Augustinergasse 2, 4001 Basel, Switzerland ([email protected])3D.O. Earth and History of Life, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, Rue Vautier 29, B–1000 Brussels, Belgium ([email protected])4CR2P–MNHN, CNRS, UPMC­Paris 6 (Sorbonne Universités) – Museum National d’Histoire Naturelle, CP 38, 8 rue Buffon, 75005 (kevin.le­[email protected])5Natural History Museum Vienna, Burgring 7, 1010 Vienna, Austria6Natural History Museum Basel, Augustinergasse 2, 4001 Basel, Switzerland ([email protected] )

Hyaenodon leptorhynchus est l’espèce type du genre Hyaenodon (Hyaenodonta). Cependant, le crâne de cette espèce demeurait inconnu des paléontologues. Ce genre hypercarnivore était très diversifié spécifiquement (29 espèces connues) et possédait une large distribution spatiale et temporelle, notamment en Europe où les 10 espèces reconnues se répartissent de la fin de l’Eocène moyen à la fin de l’Oligocène. Le crâne que nous avons étudié provient des gisements de Séon Saint­André (Marseille, France ; Oligocène, Chattien, MP26). Cette découverte est seulement la deuxième occurrence de cette espèce au Chattien inférieur, c’est­à­dire pour une période de 2,5 Ma (de MP25 à MP26) ; en effet une seule occurrence (Rigal­Jouet, MP25) a été signalée jusqu'à présent. Le crâne est conservé dans une marne rouge dense, ce qui ne permettait pas d’avoir accès à l’entièreté des structures du crâne. À l’aide la tomographie assistée par ordinateur, l’ensemble du spécimen a pu être reconstruit. La morphologie générale du crâne renforce l'idée d’une homogénéité morphologique unissant les différentes espèces de Hyaenodon, à l’exception du museau. Le fossile appartient à un juvénile : il présente des canines déciduales, et la P3 est presque entièrement éruptée. Ce modèle d'éruption dentaire représente le dernier stade de l’éruption dentaire chez Hyaenodon. En nous basant sur la masse corporelle et le plan corporel général de Hyaenodon, nous supposons fortement que H. leptorhynchus était un prédateur hypercarnivore adapté à la course, chassant de petites proies telles que les petits artiodactyles. Afin de comprendre l'évolution écologique du genre Hyaenodon en Europe, nous avons examiné sa diversité taxonomique au cours de l'Éocène et de l'Oligocène, ainsi que l’évolution de la masse corporelle de ses représentants. Nous avons comparé ces données avec celles des Amphicyonidae (Carnivora, Caniformia) apparus presque en même temps que Hyaenodon en Europe. Cette comparaison permet ainsi de mieux comprendre non seulement la structure écologique des mammifères carnassiers, mais également la dynamique de compétition entre ces deux groupes en Europe. Contrairement aux Hyaenodon, dont une certaine stabilité est observée tout au long de son existence en Europe, les amphicyonidés montrent une diversification écologique importante, surtout au cours du Chattien.

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Les collections de paléontologie de l’IRSNB : réelles et/ou virtuelles ?

Annelise Folie1, Ulysse Lefèvre1, Patrick Semal1

1Service Scientifique du Patrimoine, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ([email protected]; [email protected])

Dans la course contre la montre à qui rendra le plus accessible les collections des musées d’histoire naturelle, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique s’est doté d’outils maison « Open Source » afin de valoriser ses 38 millions de spécimens. Ceux­ci datent parfois d’époques reculées et demandent donc généralement une restauration et un reconditionnement physique (reboxing des Anglo­Saxons) ainsi que leur encodage dans des bases de données efficaces permettant à la fois l’inventaire et la géolocalisation dans les conservatoires où ils sont préservés. Dans ce cadre, la base de données Darwin « darwin.naturalsciences.be » (système de gestion PostgreSQL) stocke les données et métadonnées relatives aux spécimens des collections de l’IRSNB. La plateforme Virtual Collections «virtualcollections.naturalsciences.be» permet elle l’accès aux images et aux modèles 3D des spécimens types et figurés, bien nécessaire dans ce monde devenu (si) virtuel. Elle est divisée en six collections principales : entomologie, invertébrés récents, vertébrés récents, anthropologie­préhistoire, géologie et paléontologie. Cette dernière, bien que n’étant qu’au début du processus de numérisation de ses 42.000 types et figurés sur 3 millions de spécimens fossiles, n’en est pas la moins diversifiée au niveau des techniques de prises d’images. En effet, on y trouve déjà des photographies digitales à haute résolution prises en photostaking, d’autres au microscope électronique à balayage, sans compter des modèles tridimensionnels provenant d’acquisition par micro­tomographie ou photogrammétrie. Mais tout ceci n’aurait aucune valeur scientifique sans les données historiques et bibliographiques liées aux spécimens. Ce volet disponible via Collections « collections.naturalsciences.be » sera développé pour la paléontologie dans une troisième phase. Il inclura, outre les données historiques et bibliographiques, les articles numérisés au format pdf. S’il est clair que ces trois outils virtuels aident grandement à l’accessibilité rapide des collections paléontologiques et à leurs données, ils ne remplacent toutefois pas les spécimens de référence qui font partie d’un patrimoine mondial (One World Collection initiative) et restent accessibles aux globe­trotteurs que sont les chercheurs.

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A la recherche des milieux de vie des premiers tétrapodes : une histoire de delta ?

Candidat au prix d’Orbigny

Jean Goedert1, Christophe Lécuyer1,†, Romain Amiot1, Florent Arnaud­Godet1, Xu Wang2, Linlin Cui2, Gilles Cuny1, Guillaume Douay3, François Fourel4, Gérard Panczer5, Laurent Simon4, J.­Sébastien Steyer6, Min Zhu7

1Univ Lyon, Université Lyon 1, Ens de Lyon, CNRS, UMR 5276 LGL­TPE, 69622 Villeurbanne, France (jean.goedert@ens­lyon.fr; christophe.lecuyer@univ­lyon1.fr)2Key Laboratory of Cenozoic Geology and Environment, Institute of Geology and Geophysics, Chinese Academy of Sciences, Beijing 100029, China3Zoo de Lyon, Mairie de Lyon, 69205 Lyon cedex 01, France4UMR 5023 LEHNA, Université de Lyon, CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENTPE, F­69622 Villeurbanne, France5Institut Lumière Matière, UMR5306, Université Claude Bernard Lyon1­CNRS, Université de Lyon, Villeurbanne, France6Centre de Recherches en Paléoenvironnements et Paléobiodiversité, UMR 7207 CNRS­MNHN­UPMC, Muséum national d’Histoire naturelle, Galerie de Paléontologie, CP38, 8 rue Buffon, Paris 75005, France7Key Laboratory of Vertebrate Evolution and Human Origins of Chinese Academy of Sciences, Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology, Chinese Academy of Sciences, PO Box 643, Beijing 100044, China† également à l’Institut Universitaire de France

Les tétrapodes regroupent l’ensemble des vertébrés possédant (ou dont les ancêtres ont possédé) quatre membres locomoteurs chiridiens, c’est­à­dire munis de doigts. Le registre fossile témoigne de leur apparition au Dévonien supérieur (≈375 Ma) et possiblement dès le Dévonien moyen (≈395 Ma). Plusieurs études anatomiques révèlent que les premières formes du Dévonien supérieur étaient encore fortement inféodées aux milieux aquatiques. Ce n’est que des millions d’années plus tard, au Carbonifère inférieur, que le registre fossile atteste de formes en partie adaptées à la vie en milieu terrestre. L’une des grandes questions qui subsiste au regard de cette transition écologique majeure concerne les environnements de vie que fréquentaient les premiers tétrapodes : aquatiques, certes, mais lesquels ? Historiquement, les premières espèces de tétrapodes du Dévonien Supérieur (Ichthyostega, Acanthostega) furent découvertes dans les sédiments du Vieux Grès Rouge (Old Red Sandstone, en anglais) de l’Est du Groenland. Dès le milieu du 19ème siècle, ces sédiments étaient déjà interprétés comme ayant été déposés en milieu d’eau douce, instaurant le paradigme selon lequel les premiers tétrapodes vivaient en milieu d’eau douce. Toutefois, depuis quelques décennies, le registre fossile s’est considérablement étoffé et de nombreux restes ou traces de premiers tétrapodes ont été découverts dans des dépôts sédimentaires du monde entier, interprétés comme ayant été déposés en milieu marin, saumâtre ou d’eau douce. Ces diverses interprétations ont plus que jamais relancé la question de l’environnement de vie des premiers tétrapodes et de leur faune associée… sans pour autant apporter de réel consensus compte tenu du manque de marqueur environnemental direct permettant de tracer les milieux de vie d’espèces éteintes. Dans cette étude, nous avons analysé les compositions isotopiques stables du carbone, de l’oxygène et du soufre (δ13C, δ18O, δ34S) des restes fossiles de premiers tétrapodes et de leur faune associée afin de tracer directement leur milieu de vie.

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Les résultats démontrent que ces vertébrés évoluaient dans des environnements aquatiques de transition, sujet à d’importants et rapides changements de salinité, tels les estuaires ou les deltas ; et étaient donc euryhalins, c’est à dire capable de supporter une large gamme de salinité. Dans un contexte plus globale, ces résultats suggèrent que de nombreuses espèces de vertébrés du Dévonien supérieur étaient euryhalines et que les sédiments du Vieux Grès Rouge étaient probablement soumis à une influence marine plus importante que ce que l’on pensait initialement. Cette hypothèse permet en tout cas de résoudre de nombreuses incohérences entre les registres fossiles et sédimentaires.

Etude taphonomique d'une carapace de tortue pleurosternidé du Crétacé inférieur d'Angeac­Charente (sud­ouest de la France)

Jordan Gônet1, Lee Rozada1, Ronan Allain1, Renaud Bourgeais2

1Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (UMR 7207 CR2P) ­ Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) ([email protected], [email protected], [email protected])212 résidence du Clos des Ormes, 91820 Vayres­sur­Essonne ([email protected])

Le comportement alimentaire des crocodiliens, en plus des traces caractéristiques qu'il laisse sur les os, conduit à la formation d'assemblages particuliers par accumulation de carcasses sur le fond ou sur le bord des points d'eau, faisant des crocodiliens d'importants agents taphonomiques. Nous rapportons ici le cas d'une carapace de tortue pleurosternidé, Pleurosternon bullockii (Owen, 1842), découverte en 2014 sur le site paléontologique d'Angeac­Charente dans le sud­ouest de la France. Cette dernière porte de nombreuses traces (259 traces) dont l'origine est attribuable à un crocodyliforme. Le travail de cette étude consista principalement en l'observation minutieuse, le relevé et l'identification de toutes les modifications osseuses à la surface du fossile. Nous avons observé les faces ventrale et dorsale de chaque plaque de la dossière et du plastron à l'aide d'une loupe binoculaire et d'une lumière rasante. La carapace présente un éventail de traces laissées par un crocodyliforme (accrocs bissectés, marques en crochet, etc.). Plusieurs éléments désignent Goniopholis comme étant l'auteur de ces traces et soutiennent l'utilisation de la technique "nutcracker" (Milàn et al., 2010). L'aspect de certaines traces indique qu'elles ont cicatrisé ou suggère une infection bactérienne ou fongique. De nombreuses autres plaques isolées de tortue et quelques ossements de dinosaure ornithomimosaure portent également les traces d'une attaque par un crocodyliforme indiquant que le site d'Angeac­Charente était le décor d'une intense activité de prédation.

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La mort des ammonites, délice turc : quatre nouveaux sites de la limite Crétacé/Tertiaire documentant deux faunes d'ammonoïdes fin­maastrichtiennes très différentes et contemporaines du volcanisme du Deccan

Stijn Goolaerts1, Johan Vellekoop2,3, Sanem Acikalin4, Ali Uygar Karabeyoglu5, Ismail Omer Yilmaz5, Jan Smit6

1OD Earth & History of Life, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, Belgium ([email protected]) 2Department Earth & Environmental Sciences, KU Leuven, Belgium3Vrije Universiteit Brussel, Belgium4School of Natural and Environmental Sciences, Newcastle University, United Kingdom5Department of Geological Engineering, Middle East Technical University, Turkey 6Department of Sedimentology and Marine Geology, Vrije Universiteit Amsterdam, The Netherlands

Quatre nouveaux sites à ammonoïdes de la limite Crétacé/Tertiaire de la région de Sarkaya, Anatolie centrale, Turquie sont présentés ici : Cayraz dans le bassin d'Haymana, Okçular, Goynuk West et Dedeler dans le bassin de Mudurnu­Göynük. Bien que seulement 180 km séparent ces localités, elles permettent de documenter deux faunes d'ammonoïdes très différentes. Alors que dans la première localité la faune est dominée par Lytoceratina et Ammonitina, dans les trois autres elle est dominée par des scaphitides (Ancyloceratina). Bien que l’échantillonnage (certains spécimens collectés 1 cm en dessous de la couche d'impact de Chicxulub) soit encore réduit, il permet de mieux comprendre les schémas de distribution des ammonoïdes dans les derniers 0,5 Ma du Crétacé. De tous les sites connus à cet intervalle de temps, ces quatre sites turcs sont parmi les plus proches du volcanisme du Deccan contemporain.

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D'une collection privée à l'université : l'histoire du spécimen type d'Aepisaurus elephantinus, le premier dinosaure sauropode français

Suzanne Jiquel1, Eric Buffetaut2, Thierry Tortosa3

1Equipe Paléontologie, CC 064, Institut des Sciences de l'Évolution, Université de Montpellier, Place Eugène Bataillon, F­34095 Montpellier Cedex 5 2CNRS, UMR 8538, Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, PSL Research University, 24 rue Lhomond, F­75231 Paris Cedex 053Réserve Naturelle de Sainte­Victoire/CD13, Hôtel du Département, 52 av. Saint­Just, F­13256 Marseille

Aepisaurus elephantinus, le premier dinosaure sauropode à avoir été signalé en France, fut décrit en 1852 par Paul Gervais (1816­1879), alors professeur d'anatomie comparée à l'université de Montpellier, sur la base d'un grand humérus, en deux morceaux, qui a récemment été retrouvé dans les collections de l'université de Montpellier. Le spécimen, provenant d'un grès vert d'âge albien, avait été découvert en surface près du village de Bédoin (Vaucluse, Provence) par Joseph­Prosper Renaux (1793­1852), architecte, archéologue et paléontologue amateur. D'après une étiquette sur le spécimen, la découverte eut probablement lieu en 1841. Apparemment il fut signalé brièvement pour la première fois en 1844 par le zoologue Jean Crespon (1797­1857), qui l'attribua à un cétacé. En 1848, Gervais, un des premiers paléontologues français à faire usage du mot « dinosaure », reconnut dans un article général sur les reptiles qu'il appartenait à ce groupe, notant que Renaux en avait donné un « modèle » en plâtre à la faculté des sciences de l'université de Montpellier (où il n'a pas pu être retrouvé). Une description plus poussée fut donnée par Gervais dans son livre Zoologie et paléontologie françaises, publié de 1848 à 1852. Il y note que le spécimen se trouve dans la collection de feu M. Reynaux [sic], ce qui montre la date de publication d'Aepisaurus elephantinus est clairement 1852, puisque Renaux décéda cette année­là. Le catalogue des spécimens zoologiques de la faculté des sciences de Montpellier indique que la collection Renaux, y compris l'humérus de Bédoin, fut achetée pour la faculté par le Conseil général de l'Hérault en 1856 (donc après la mort de Renaux). Un moulage de cet os est exposé dans la galerie de paléontologie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. Une entrée de catalogue (relevée par Claire Sagne) indique qu'il s'agit d'un legs d'Etienne Serres (1796­1868) en 1868, l'année où Gervais succéda à ce dernier comme professeur d'anatomie au MNHN. On ignore comment Serres avait acquis ce moulage, il peut avoir été fourni par Renaux, ou éventuellement par Gervais. Le cas de l'humérus d'Aepisaurus elephantinus illustre les relations entre paléontologues amateurs et professionnels, l'importance de la diffusion de moulages de spécimens et le rôle d'administrations locales dans l'acquisition de collections paléontologiques pour des universités vers le milieu du XIXe siècle.

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Anatomie comparée d’un singulier téléostéen d’eau douce des Kem Kem (Crétacé supérieur, Maroc)

Bouziane Khalloufi1,2, Didier B. Dutheil3, Paulo M. Brito2, Pierre Guériau4

1Laboratoire Informatique et Systématique, UMR 7205, Université Pierre et Marie Curie, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, France. [email protected] de Zoologia, Universidade do Estado do Rio de Janeiro, Brésil3Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements, UMR 7207, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, France4IPANEMA, Université Paris–Saclay, F­91192 Gif­sur­Yvette, France

Le registre fossile des téléostéens connait à la base du Crétacé supérieur un pic de diversification, qui se traduit par l’émergence d’une grande partie des clades suprafamiliaux actuels. Bien attesté en milieu marin, cet épisode de diversification reste encore peu documenté en milieu d’eau douce, en raison du plus faible nombre de gisements continentaux au Cénomanien et au Turonien. Au Maroc, les Kem Kem forment un vaste dépôt détritique continental, daté du Cénomanien et reconstitué comme un milieu deltaïque. Surtout connu pour l’abondance de crocodiles et dinosaures théropodes, le site a également fourni une ichthyofaune variée formée de restes désarticulés d’actinoptérygiens, de dipneustes, de cœlacanthes et de sélaciens. Au sein de la deuxième unité des Kem Kem, une petite lentille d’argilites nommée OT1 (pour Jbel Oum Tkout) renferme un écosystème particulier formé d’actinoptérygiens, de sélaciens, d'unionides, d'isopodes, de crustacés décapodes, de larves d'insectes (odonates et éphémères) et de nombreuses plantes. L'excellente préservation des fossiles et la présence d'individus quasiment complets indiquent l'absence de déplacement post­mortem ainsi qu'un enfouissement rapide. Ces indices suggèrent un milieu de dépôt très calme, dulçaquicole, limité dans l’espace et probablement sujet à des épisodes d'assèchement réguliers comme en attestent les nombreuses fentes de dessiccation. Parmi la faune d’actinoptérygiens, un taxon de petite taille est représenté par quelques individus, caractérisés par un corps discoïde, une mâchoire bien développée, la présence de deux séries d'écussons ainsi qu'une mystérieuse quille osseuse située au niveau de la ceinture pectorale. La préparation mécanique des spécimens étant très délicate, le matériel a été observé sous lumière naturelle et UV, par imagerie par tomographie à rayons X et fluorescence X. A l'exception de la présence d'un prémaxillaire mobile, qui le rattache au clade des téléostéens, aucune synapomorphie permettant de préciser les relations phylogénétiques de ce taxon n'a pu être observée. De nombreux autres caractères restent cependant informatifs ; ils sont comparés à des caractères ou complexes de caractères connus chez d'autres téléostéens. Différentes hypothèses sont émises sur la nature de la quille osseuse sans qu’elle ne puisse être formellement identifiée. Ce taxon reste considéré comme un Teleostei incertae sedis et s'ajoute à la liste faunique des vertébrés d'OT1, où un actinoptérygien indéterminé, Diplospondichthtys moreaui, un acanthomorphe, Spinocaudichthys oumtkoutensis, et un polyptère, Serenoichthys kemkemensis, ont déjà été décrits. Comme ces trois espèces, il ne présente aucune forme contemporaine apparentée, probablement en raison de l’absence d’environnements équivalents à OT1 à la base du Crétacé supérieur.

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Position systématique des mésosaures et phylogénie des amniotes, ou l'origine vagabonde des tortues

Michel Laurin1, Graciela Piñeiro2

1CR2P, UMR 7207, CNRS/MNHN/UPMC­ Sorbonne Université, Muséum national d’Histoire naturelle, case postale 48, 43 rue Buffon, 75005 Paris ([email protected])2Departamento de Paleontología, Facultad de Ciencias, University of the Republic, Montevideo, Uruguay ([email protected])

La position des tortues a longtemps été débattue. Diverses hypothèses sur l'identité de leur groupe­frère dans le registre fossile se sont succédées : le parareptile Eunotosaurus (années 1910 à 1960; Watson, 1914), captorhinidés (années 1970 et 1980; Clark & Carroll, 1973), procolophonidés ou pareiasaures parmi les parareptiles (années 1990 et 2000; Laurin & Reisz 1995), sauroptérygiens (années 1990; deBraga & Rieppel, 1997), puis Eunotosaurus à nouveau (années 2010; Lyson et al., 2010). L'hypothèse d'une origine près des sauroptérygiens implique la perte des fenêtres temporales chez les tortues, ce qui a longtemps posé problème, en l'absence de tortues possédant des fenêtres temporales, problème potentiellement résolu par la récente description de Pappochelys, probable tortue­souche du Trias moyen possédant de telles fenêtres. Reste le problème de deux signaux apparemment contradictoires suggérant des affinités avec les diapsides ou les parareptiles, longtemps considérés comme fondamentalement anapsides. Or, plusieurs études récentes ont démontré la présence d'une fenêtre temporale inférieure chez de nombreux parareptiles, et nos travaux sur les mésoaures, dont la position systématique est débattue (sauropsides basaux ou parareptiles basaux), suggèrent également la présence de la fenêtre chez ce taxon. Ces découvertes soulèvement même la possibilité que la fenêtre temporale inférieure soit une synapomorphie des amniotes (Piñeiro et al., 2012). Dans ce contexte, nous avons analysé la position systématique des mésosaures à l'aide d'une matrice de données incluant également tortues, parareptiles et eureptiles (Laurin & Piñeiro, 2017). Nos résultats suggèrent une nouvelle hypothèse sur l'origine des tortues, qui seraient bien des parareptiles, mais ces derniers pourraient être des diapsides ayant perdu une ou deux fenêtres temporales (dépendant des taxons). Ce résultat suggère que les hypothèses d'une origine des tortues au sein des diapsides ou au sein des parareptiles ne sont pas mutuellement exclusives, contrairement à ce qu'on avait toujours pensé.

Clark, J, Carroll, RL. 1973. Romeriid Reptiles from the Lower Permian. Bull. Mus. comp. Zool., 144, 353­407.deBraga, M, Rieppel, O. 1997. Reptile phylogeny and the interrelationships of turtles. Zool. J. Linn. Soc., 120, 281–354.Laurin, M, Piñeiro, G. 2017. A Reassessment of the Taxonomic Position of Mesosaurs, and a Surprising Phylogeny of Early Amniotes. Frontiers in Earth Science, 5, 1–13.Laurin, M, Reisz, RR. 1995. A reevaluation of early amniote phylogeny. Zool. J. Linn. Soc., 113, 165­223.Lyson, TR, Bever, GS, Bhullar, B­AS, Joyce, WG, Gauthier, JA. 2010. Transitional fossils and the origin of turtles. Biology Letters, 6, 830–833.Piñeiro, G, Ferigolo, J, Ramos, A, Laurin, M. 2012. Cranial morphology of the Early Permian mesosaurid Mesosaurus tenuidens and the evolution of the lower temporal fenestration reassessed. C. R. Palevol, 11, 379–391.Watson, D. 1914. Eunotosaurus africanus Seeley, and the ancestry of the Chelonia. Proc. zool. Soc. Lond., 11, 1011­1020.

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Anatomie crânienne de Cynodictis (Mammalia, Carnivora), le plus ancien Amphicyonidae d’Europe : implications sur la radiation des Caniformia et la paléoécologie au passage de la Grande­Coupure

Candidat au prix Depéret

Kévin Le Verger1, Sandrine Ladevèze1, Floréal Solé2, Stéphane Peigné1†

1Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P, UMR 7207), Sorbonne Universités MNHN CNRS UPMC­Paris6, Muséum national d'Histoire naturelle, 57 rue Cuvier CP 38, F­75005 Paris, France. (kevin.le­[email protected], [email protected])2D.O. Earth and History of Life, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, Rue Vautier 29, B–1000 Brussels, Belgium ([email protected]) †Décédé le 4 décembre 2017

Un grand nombre de gisements paléogènes appartenant à un gigantesque système karstique ont été découverts lors d’exploitations minières réalisées dans le sud­ouest de la France, notamment au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ces gisements, regroupés sous le terme générique de « Phosphorites du Quercy », correspondent à des poches de phosphates extrêmement fossilifères. Pendant près de 150 ans, cette formation géologique a livré un nombre considérable de fossiles dont certains présentent une préservation exceptionnelle. Parmi eux et provenant de la localité d’Aubrelong 3 (France, Lot, MP21, Rupélien, Oligocène), se trouve un crâne subcomplet attribué à l’amphicyonidé Cynodictis lacustris. Le genre Cynodictis présente un intérêt tout particulier car, longtemps considéré comme un Canidae, il correspond en réalité à la plus ancienne occurrence des Amphicyonidae – et plus largement des Carnivora – en Europe. Il est connu dès le Priabonien (37,8 Ma à 33,9 Ma) par des restes fossiles provenant du gisement de La Débruge (France ; MP18). En outre et bien que crucial dans l’histoire évolutive et biogéographique des Amphicyonidae, il demeure mal documenté et sa systématique mal établie. Cynodictis n’étant essentiellement décrit que par des restes dentaires, l’étude de ce crâne nous a permis de réaliser une description anatomique complète du crâne et de la denture de ce taxon, et d’en reconstruire en partie les patrons nerveux, vasculaire et musculaire. Ces données inédites sur l’anatomie crânienne de Cynodictis et d’autres carnivores de comparaison de l’Oligocène d’Europe ont été intégrées à une matrice morphologique modifiée d’après Wesley­Hunt & Flynn (2005) et comprenant 252 caractères ostéologiques et 46 espèces de Carnivoraformes. Les amphicyonidés européens n’avaient jamais été intégrés dans des analyses phylogénétiques, et cette étude permet de conforter l’hypothèse selon laquelle cette famille serait groupe­frère de tous les autres Caniformia.Du fait de la présence de Cynodictis au Priabonien, les amphicyonidés apparaissent comme un groupe de mammifères prédateurs traversant avec succès la Grande­Coupure, période marquée par un bouleversement faunistique majeur à la transition Eocène/Oligocène. Une analyse à large échelle de la masse corporelle et du régime alimentaire des amphicyonidés montre que ces prédateurs, plutôt mésocarnivores, ne se sont pas cantonnés à leurs niches écologiques originelles, mais en ont conquis plusieurs autres durant les 36 millions d’années de leur existence, notamment dans la seconde partie de l’Oligocène. Ils ont ainsi représenté un élément important des faunes, notamment européennes, de l’Eocène supérieur au Miocène.

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Recherche du rythme de croissance et caractérisation de dimensions temporelles sur des stromatopores du Crétacé aquitain

Laurent Londeix1, Badr Bennani1, Thierry Corrège1, Luc Feuillerat1, Pierre Gratier2, Vincent Hanquiez1, Meriadec Le Pabic1

1Université de Bordeaux, UMR EPOC (laurent.londeix@u­bordeaux.fr, badr.bennani­[email protected]­bordeaux.fr, [email protected]­bordeaux.fr, thierry.correge@u­bordeaux.fr, meriadec.le­[email protected]­bordeaux.fr)2Université de Bordeaux, Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux (pierre.gratier@u­bordeaux.fr)

L’étude de la variabilité interannuelle des paramètres climatiques lors de périodes géologiques chaudes peut permettre de mieux anticiper les conséquences de la tendance climatique actuelle. À ce titre, le Crétacé est une période cible, dite “greenhouse”, car particulièrement chaude. Certains organismes à croissance continue, comme les coraux, enregistrent ces variations et constituent de véritables archives paléoclimatiques. Il semble que ce soit également le cas du stromatoporoïdé Actinostromaria stellata. En effet, les spécimens récoltés dans le Cénomanien marin de l’île Madame (Charente­Maritime) s’avèrent particulièrement bien préservés et présentent des bandes de couleurs, d’épaisseur millimétrique, parallèles à leurs planchers (latilaminae) et perpendiculaires à la direction de croissance. Les rapports molaires Mg/Ca et Sr/Ca mesurés par ICP­AES sur trois transects perpendiculaires au sens de croissance d’A. stellata montrent des variations cycliques, nombreuses, la plupart concordantes avec les bandes de couleur. Ces rapports élémentaires sont des proxies de la température de l’eau ambiante et attestent de l’enregistrement de paramètres environnementaux par ces organismes. Les stromatoporoïdés sont aujourd’hui éteints et leur rythme de croissance demeure inconnu. Pour identifier la récurrence temporelle des cycles géochimiques (paléoclimatiques) que nous avons décelés sur ces organismes, il fallait déterminer la durée de ces cycles. L’espacement moyen des latilaminae est de 150 à 180 µm et on en dénombre approximativement 20 à 30 par cycle de couleurs, les bandes sombres correspondant à des zones à latilaminae plus épaisses et plus lâches. À partir d’un scan très haute résolution (HR ; R ≈ 8 µm) de la section polie de chacun des trois spécimens, les latilaminae ont été positionnées sur un axe de croissance synthétique et dénombrées : par comptage direct sur le scan HR et par analyse d’image du même scan. Des transformées de Fourier et des tests d’autocorrélation (logiciel PYTHON) ont été réalisés sur deux types de données : la cote des latilaminae le long de l’axe de croissance de l’axe de croissance de chaque spécimen et les variations des nuances de gris le long de chaque axe. Les seules fréquences fondamentales qui ressortent de l’analyse de ces signaux sont la récurrence des latilaminae et celle des bandes de couleurs (env. 4,6 mm). Pour l’instant aucune fréquence reliant les bandes de couleurs et le nombre des latilaminae n’a pu être clairement mise en évidence. Seule une cyclicité d’une période équivalente à 400 latilaminae a été observée. Si la constitution des latilaminae s’avère journalière, cela impliquerait un taux de croissance particulièrement rapide (~6,2 cm/an) et des cycles géochimiques ± mensuels. Selon Meyer (1981) la constitution des latilaminae des stromatopores est annuelle. Ceci impliquerait une période pluri­décennale pour les cycles géochimiques observés chez A. stellata. Si ces cycles géochimiques sont annuels, la croissance des latilaminae ne serait ni journalière, ni annuelle.

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Quelques idées pas si moches sur l'origine des Moschidae (Mammalia, Ruminantia)

Bastien Mennecart1,2, Manuela Aiglstorfer3, Gudrun Daxner­Höck1

1Naturhistorisches Museum Wien, Burgring 7, 1010 Vienne, Autriche ([email protected])2Naturhistorisches Museum Basel, Augustinergasse 2, 4001 Bâle, Suisse3Staatliches Museum für Naturkunde Stuttgart, Rosenstein 1, 70191 Stuttgart, Allemagne

Les Moschidae sont la famille de ruminants actuellement monogénérique comprenant le cerf porte­musc. Ceux­ci ne vivent actuellement qu’en Asie. La position phylogénétique de ce groupe au sein des ruminants a longtemps été débattue. Étant inerme et possédant des dents de sabre, ces animaux ont été considérés comme étant à la base des ruminants dérivés possédants des appendices frontaux : les Pécora (Giraffidae, Bovidae, Antilocapridae, et Cervidae). Cependant, grâce à l’avènement de la phylogénie moléculaire, une position en tant que groupe frère de Bovidae est de plus en plus soutenue. Il est maintenant admis que l’origine des crown Pecora (en y incluant les Moschidae) est autour de 24 millions d’années et celle des Moschide est à regarder vers 20 millions d’années. De nombreux fossiles européens (par exemple Dremotherium, Amphitragulus, Pomelomeryx) et nord­américains (les Blastomerycinae) ont été considérés comme de bons candidats pour être à l’origine des Moschidae. Il est maintenant reconnu que ces taxons appartiennent à différentes familles, aucun n’étant un Moschidae. Les potentiels plus anciens Moschidae connus (Micromeryx sp.) datent de MN4 (environ 16.5 millions d’années) et ont été retrouvés en Chine et Serbie. A partir de MN5 (environ 15 millions d’années) une radiation des Moschidae est observée à l’échelle de l’Eurasie. Nous rapportons ici des données sur les plus anciens Moschidae mongoles connus et de nouveaux spécimens de Moschidae français datant de MN5. Les spécimens français (attribué à Micromeryx) présentent des caractéristiques dentaires les plus basales connues au sein de cette famille, rappelant les conditions observées au sein des Cervidae (dents légèrement plus bunodontes et couronne moins élevée). Les Moschidae mongoles sont quant à eux très dérivés, retrouvés dans une faune comportant également des Bovidae caractéristiques d’un milieu aride. Plusieurs espèces de Moschidae sont distinguées au sein de cette communauté mongole. Cependant, le matériel trop fragmentaire ne nous permet pas définir une diagnose efficace pour ces nouvelles espèces. Néanmoins, certains spécimens possèdent une couronne haute caractéristique du genre Hispanomeryx et ces animaux sont plus gros que les espèces européennes. Il s’agit de la plus ancienne occurrence connue du genre Hispanomeryx avec celle de Pasalar (Turquie), Belometchetskaya (Géorgie) et quelques localités chinoises, confirmant une origine asiatique pour ce genre. La découverte de ces taxons nous permet de mieux appréhender l’histoire évolutive de cette famille. Les seuls Moschidae européens avant MN5 sont localisés au sud de la Paratéthys. La situation paléogéographique à l’Est et le centre de la Paratéthys a probablement joué un rôle important dans la limitation des dispersions fauniques à cette époque. Lors de son retrait durant MN5, permettant un passage entre la région balkanique et l’Europe occidentale, les Moschidae se sont diversifiés en Europe de l’Ouest au cours du Mid­Miocene Climatic Optimum. Les Hispanomeryx, quant à eux, déjà présents en Asie à MN5, feront partie d’une seconde vague de dispersion des Moschidae vers l’Europe deux millions d’années plus tard.

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Evolution des assemblages à brachiopodes à la limite Dévonien­Carbonifère dans les faciès de bassin du SE de la Thuringe (Allemagne)

Bernard Mottequin1, Konrad Bartzsch2, Eric Simon1†, Dieter Weyer3

1D.O. Terre et Histoire de la Vie – Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ([email protected])2Stauffenberg­Strasse 68, D­07318 Saalfeld, Allemagne3Museum of Natural History (Leibniz Institute) – Humboldt University (dieter.weyer@t­online.de)†Décédé le 11 février 2018

A l’échelle mondiale, les brachiopodes du Dévonien terminal (Famennien tardif) et de la base du Carbonifère (Tournaisien basal), qui vivaient dans les zones aphotiques, restent peu connus ou sont totalement délaissés dans bien des cas. Les travaux paléontologiques de Reinhard Richter, relatifs à la coupe classique de Bolhen près de la ville de Saalfeld dans le SE de la Thuringe (Allemagne), furent publiés au mitan du 19ème siècle et figurent parmi les premières études concernant ces faunes particulières de brachiopodes. Dans cette région, les couches datées de l’intervalle Famennien terminal­Tournaisien basal (Formation de Gleitsch) affleurent dans quelques coupes situées dans la vallée de la Saale, au SE de Saalfeld (Anticlinal de Schwarzburg). Il s’agit de shales comportant des niveaux de calcaire nodulaire qui, outre les brachiopodes, recèlent une faune pélagique et benthique diversifiée (e.g. bivalves, trilobites, céphalopodes). Ces shales traduisent un environnement de bassin généralement calme mais qui enregistre toutefois quelques périodes d’agitation et l’influence de courants de fond. Au moins dix espèces de brachiopodes sont reconnues au sein du Membre de Breternitz (base de la Formation de Gleitsch ; Famennien supérieur et terminal). Les Rhynchonellida lisses ou peu ornementés (e.g. Hadyrhyncha, Novaplatirostrum, Rozmanaria) y prédominent nettement (40 % de l’assemblage) à l’instar de ce qui s’observe ailleurs dans les faciès similaires et contemporains de la marge méridionale de la Laurussia et en bordure septentrionale du Gondwana. Par contre, les brachiopodes à lophophore spirolophe (Athyridida, Spiriferida) y sont exceptionnels. Bien que les Terebratulida soient tout aussi rares que les précédents, leur présence mérite d’être signalée en raison de leur absence quasiment généralisée au Famennien terminal. Le début de la crise Hangenberg se singularise par le développement d’un horizon de shales noirs anoxiques tout au sommet du Membre de Breternitz qui est surmonté par les grès turbiditiques du Membre d’Obernitz ; ces deux horizons n’ont pas livré de brachiopodes. Le Membre de Pfaffenberg (Tournaisien basal) a livré au moins 15 espèces de brachiopodes de taille inférieure à celles du Membre de Breternitz (largeur rarement supérieure à 10 mm). Les Productida et les Spiriferida représentent près de 50 % de l’assemblage alors que les Rhynchonellida sont réduits à la portion congrue. En Thuringe, un renouvellement vraisemblablement total est enregistré à la base de l’Hastarien chez les brachiopodes rhynchonelliformes avec une reconquête post­Hangenberg incluant des espèces appartenant à des genres préexistants ou nouveaux. La disponibilité des nutriments, l’oxygénation des eaux et la profondeur sont probablement les facteurs biologiques et physicochimiques qui contrôlèrent le plus activement la taille des brachiopodes dans les environnements profonds de Thuringe. La faible taille des espèces tournaisiennes traduit des conditions environnementales aussi stressantes durant les premières étapes de la reconquête post­Hangenberg que précédemment et résulterait de processus hétérochroniques. Cependant ces environnements aphotiques sont dorénavant colonisés par un panel plus diversifié de brachiopodes suite au déclin drastique des Rhynchonellida pourtant si abondants au Dévonien supérieur.

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De nouvelles données paléontologiques sur le Dévonien du nord­est de la Colombie

Sébastien Olive1, Alan Pradel2, Philippe Janvier2, Carlos Martinez Perez3, Hector Botella3

1Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Rue Vautier 29, B­1000 Brussels, Belgium ([email protected])2UMR 7207 CR2P ­ Muséum National d’Histoire Naturelle, CNRS, Sorbonne Université, 57 rue Cuvier, F­75231 Paris, France ([email protected])3Cavanilles Institute of Biodiversity and Evolutionary Biology, University of Valencia, Paterna, Spain; (Carlos.Martinez­[email protected], [email protected])

Le Dévonien de Colombie a été prospecté et étudié pour ses restes de vertébrés, principalement par P. Janvier et collaborateurs (Janvier & Villaroel, 2000 ; Burrow et al., 2003 ; Janvier & Maisey, 2010), dans les années 90 et au début des années 2000. Ces derniers ont mis au jour et décrit des restes de placodermes (Bothriolepis, Asterolepis ?, Arthrodira indet.), de chondrichthyens (Antarctilamna ?), d’actinoptérygiens (Stegotrachelidae indet.), de sarcoptérygiens (Holoptychius, Osteolepididae indet., Strepsodus ?) et d’acanthodiens (Nostolepis et Florestacanthus), tous issus de la Cuche Formation (Frasnien). Cet assemblage, étonnamment très ressemblant aux assemblages d’Europe et d’Amérique du Nord de la fin du Dévonien (présence d’Asterolepis, de Strepsodus et d’Holoptychius), a dès lors plaidé pour une proximité des deux masses continentales de l’époque (certains de ces taxons étant de mauvais nageurs et/ou inféodés aux milieux marginaux). Une nouvelle campagne de fouilles a récemment été réalisée (mai 2017) par une équipe internationale (Espagne, Colombie, France et Belgique). Cette dernière a permis la collecte de matériel complémentaire d’invertébrés (1ère occurrence d’un euryptéride en Colombie) et de vertébrés. La présence de Bothriolepis, de Florestacanthus et d’Holoptychius est confirmée. Le taxon décrit par Janvier & Villaroel (2000) comme un Arthrodira indet. se révèle être un Groenlandaspididae comme suggéré par Janvier & Maisey (2010). Du matériel supplémentaire de Stegostrachelidae permet de décrire plus précisément ce taxon en Colombie, sans pour autant arriver à une identification taxonomique plus précise. Enfin, la présence de l’antiarche Asterolepis dans le Dévonien de Colombie est remise en question car du matériel complémentaire (et notamment une plaque antéro­médiane dorsale) permet l’attribution de tous les restes d’antiarches à un nouveau genre. La présence d’Asterolepis, genre typiquement euraméricain, en Colombie était l’un des arguments plaidant pour la proximité des deux masses continentales. Sa remise en cause ici relance le débat paléo(bio)géographique.

Burrow, C, Janvier, P, Villarroel, C. 2003. Late Devonian acanthodians from Colombia. Journal of South American Earth Sciences, 16, 155­161.Janvier, P, Maisey, J. 2010. The Devonian vertebrates of South America and their biogeographical relationships. Morphology, Phylogeny and Paleobiogeography of Fossil Fishes, 431–459.Janvier, P, Villarroel, C. 2000. Devonian vertebrates from Colombia. Palaeontology, 43, 729–763.

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Changements de contraintes fonctionnelles entre les prosauropodes et les sauropodes : aperçu des changements morphologiques des os du stylopode

Romain Pintore1,2,3, Raphaël Cornette1, Ronan Allain2, Alexandra Houssaye3

1UMR 7205 Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité ­ ISYEB ­ CNRS, MNHN, UPMC, EPHE, Muséum National d’Histoire Naturelle, Sorbonne Universités, 57 rue Cuvier, CP50, F­75005, Paris, France ([email protected]; [email protected])2UMR 7207 Centre de Recherches sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements ­ CR2P ­ CNRS, MNHN, UPMC, Muséum National d’Histoire Naturelle, Sorbonne Universités, 57 rue Cuvier, CP38, F­75005, Paris, France ([email protected])3UMR 7179 Département Adaptations du Vivant ­ MECADEV ­ CNRS, MNHN, Muséum National d’Histoire Naturelle, 57 rue Cuvier, CP55, F­75005, Paris, France ([email protected])

Les sauropodomorphes sont des dinosaures saurischiens herbivores ayant vécu entre le Trias supérieur (220 Ma) et le Crétacé supérieur (65 Ma). Ce groupe est bien connu en raison de l’existence de formes quadrupèdes géantes présentant un allongement important du cou et de la queue. En effet, les dinosaures sauropodes sont les plus grands organismes terrestres ayant existé et leur squelette appendiculaire montre des adaptations au soutien d’un corps très massif. Cependant, les prosauropodes, généralement considérés comme des formes ancestrales des sauropodes au sein des dinosaures sauropodomorphes, sont des animaux bipèdes obligatoires ou facultatifs de taille plus réduite avec, pour certains, des membres antérieurs adaptés à la préhension. La transition posturale entre les prosauropodes et les sauropodes est donc accompagnée à la fois par des changements de proportions osseuses liés à l’augmentation de la masse corporelle mais également par des changements de fonction du membre antérieur. L’objectif de cette étude est de mettre qualitativement et quantitativement en évidence ces changements au niveau des os du stylopode, le premier segment du membre appendiculaire, à l’aide de méthodes d’analyses morphologiques. Les données ont été acquises par photogrammétrie puis analysées grâce à la morphométrie géométrique 2D et 3D avec des landmarks anatomiques et des sliding semi­landmarks, permettant ainsi de décrire correctement la complexité géométrique des objets biologiques étudiés. Les analyses en composantes principales permettent de constater que la plupart de la variabilité morphologique concerne la forme de la diaphyse, la largeur de l’épiphyse distale et la taille des surfaces d’attaches musculaires qui sont le 4e trochanter pour les fémurs et la crête deltopectorale pour les humérus. Malgré les biais taphonomiques qui doivent être pris en compte et discutés, les résultats montrent que les deux approches permettent de visualiser la transition posturale entre les prosauropodes bipèdes et les sauropodes quadrupèdes.

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Décrypter un signal écologique à l’intérieur des os : un exemple à partir des travées humérales de reptiles actuels

Candidat au prix Depéret

Martial Plasse1,2, Quentin Grimal2 et& Damien Germain1

1UMR 7207 – CR2P ­ CNRS­MNHN­Sorbonne Université, Muséum national d'Histoire naturelle, 8 rue Buffon, 75005 Paris ([email protected], [email protected])2UMR CNRS 7371 – INSERM U1146 – Sorbonne Université, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale, 15 rue de l'école de médecine, 75006 Paris ([email protected])

Le mode de vie des tétrapodes fossiles est souvent difficile à déterminer sans des adaptations évidentes, telles que les palettes natatoires. Par exemple, l’anatomie externe d’une salamandre ne peut apporter aucune information précise sur son mode de vie. Selon la loi de Wolff, le réseau de travées osseuses tend à s’orienter préférentiellement selon les lignes de contraintes principales induites par les forces extérieures. Cette hypothèse a été largement étudiée chez les mammifères et les oiseaux, mais très peu chez les reptiles et les amphibiens. Ces deux groupes à posture transversale, semblable à celle des premiers tétrapodes, arborent tout un éventail de modes de vie : aquatique, amphibie, terrestre généraliste, fouisseur ou grimpeur (arboricole et saxicole). L’échantillonnage est composé de 15 squamates, 8 tortues et 2 crocodiliens. Leurs humérus ont été scannés sur le plateau technique de tomographie à rayons X (AST­RX) du Muséum national d'Histoire naturelle. Nous avons sélectionné différents volumes d’intérêt (VOI) : le compartiment trabéculaire entier (divisé en VOIs métaphysaire et épiphysaire chez les spécimens subadultes) et des VOIs sphériques placés au centre des métaphyses. Nous avons analysé plusieurs paramètres trabéculaires : espacement (Tb.Sp), épaisseur (Tb.Th), nombre par mm (Tb.N), degré d’anisotropie (DA), longueur moyenne des branches (Av.Br.Len), volume osseux (BV), volume total (TV), facteur ellipsoïde (EF) et connectivité (Conn.D). L’espacement, l’épaisseur et la longueur moyenne des branches montrent une corrélation allométrique positive. Le nombre de travées et leur connectivité indiquent une corrélation allométrique négative. Le degré d’anisotropie, le rapport BV/TV et le facteur ellipsoïde sont indépendants de la taille. Le degré d’anisotropie est plutôt lié à l’ontogénie et dans une moindre mesure au mode de vie. Le rapport BV/TV montre un gradient corrélé au mode de vie, sans discrimination claire entre toutes les écologies (leurs catégories ne peuvent pas être nettement discrétisées) : en moyenne, le plus élevé chez les amphibies (0.346), intermédiaires chez les fouisseurs (0.282) et les terrestres (0.253), et le plus faible chez les grimpeurs (0.225). Le facteur ellipsoïde indique une composition trabéculaire très équilibrée entre plateaux et tiges chez les reptiles les plus grands (Alligator, Varanus, Geochelone, Amblyrynchus). Ces différentes corrélations allométriques ont été précédemment soulignées chez les mammifères et les oiseaux. Elles peuvent également englober les autres tétrapodes. Le rapport BV/TV semble être un signal fiable pour différencier les écologies, mais il faudrait un échantillonnage plus conséquent pour le confirmer. D’autres tétrapodes à posture transversale, comme des monotrèmes et des urodèles, seront prochainement ajoutés. Enfin, dans l’idéal, cette étude permettra de déterminer plus précisément les écologies douteuses de certains fossiles.

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La palynoflore continentale du Crétacé Inférieur du nord de la France: synthèse des connaissances et nouveaux résultats

Candidate au prix Depéret

France Polette1, David J. Batten2, Florence Quesnel3, Didier Néraudeau1

1UMR CNRS 6118 Géosciences, Université Rennes 1 (france.polette@univ­rennes1.fr; didier.neraudeau@univ­rennes1.fr)2School of Earth, Atmospheric and Environmental Sciences, University of Manchester, UK ([email protected])3Unité Géologie de l’Aménagement des Territoires, B.R.G.M, Orléans ([email protected])

S’appuyant sur les quelques travaux précurseurs publiés par Delcourt et Sprumont, Herngreen, et Koeniguer entre 1959 et 1980, deux campagnes de terrain ont été organisées en mars et juillet 2017 afin d’affiner les connaissances sur la palynoflore des dépôts continentaux du Crétacé Inférieur de l’Avesnois (Nord), du Boulonnais (Pas de Calais) et du Pays de Bray (Oise, Seine­Maritime). 29 échantillons argileux ont été récoltés dans les niveaux néocomiens du Pays de Bray et du Boulonnais, les anciennes carrières de l’Avesnois étant désormais toutes inaccessibles. Des 27 sites et anciennes carrières visitées au Pays de Bray, les échantillons provenant de la sablière de Cuy­Saint­Fiacre (Seine­Maritime) ont livré le contenu palynologique le plus diversifié, 48 espèces ayant pu être identifiées au niveau de la lentille argilo­ligniteuse à la base de la série. L’assemblage est taxonomiquement dominé par des spores de bryophytes, lycophytes et filicophytes fréquemment rencontrées au Crétacé Inférieur, appartenant aux genres Aequitriradites, Coronatispora, Trilobosporites, Ischyosporites, et Concavissimisporites, ainsi que d’autres spores dont la distribution temporelle est plus étendue, telles que Cyathiditesaustralis Couper, Densoisporitesmicrorugulatus Brenner, et Cicatricosisporites spp. Les grains de pollen de gymnospermes sont peu diversifiés mais abondants, en particulier Classopollistorosus (Reissinger) Couper, forme associée aux Cheirolepidiaceae, ainsi que de nombreux grains de pollen disaccates et inaperturés. La présence de Callialasporitesdampieri (Balme) Dev, et Taxodiaceaepolleniteshiatus (Potonié) Kremp est également notée. Un grain de pollen tricolpé a été rencontré, mais son état de préservation ne permet pas d’être catégorique quant à sa signification au sein de l’assemblage. Deux autres échantillons ont été prélevés dans des lentilles d’argile grise. Ils sont très riches en matière organique amorphe, mais ne contiennent que quelques spores. Les proportions respectives des spores verruquées et cicatricosées au sein de l’assemblage, ainsi que la potentielle présence d’Angiosperme, indiqueraient que l’âge de dépôt, jusqu’alors considéré comme Néocomien, semblerait plus jeune que Berriasien­Valanginien, possiblement Hauterivien. Trois sites ont été échantillonnés au Boulonnais, mais seuls les échantillons prélevés dans une lentille argileuse de l’ancienne carrière de Longueville ont été traités à ce jour. Le contenu palynologique est très similaire à celui de Cuy­Saint­Fiacre, différant cependant par l’augmentation de l’abondance et de la diversité des spores d’Anemiaceae Cicatricosisporites, et par la présence du grain de pollenmonoaperturé Clavatipollenites. Ces différences suggèreraient que les sédiments de la carrière de Longueville se sont déposés postérieurement à ceux de Cuy­Saint­Fiacre, possiblement au Barrémien comme suggéré auparavant par Herngreen.

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Un nouveau regard cladistique sur l’anatomie comparée, la phylogénie et la systématique des rudistes (Bivalvia, Hippuritida)

Candidat prix d’Orbigny

Valentin Rineau1, Jean­Pierre Masse2, Loïc Villier1

1Sorbonne Universités, UMR 7207 ­ CR2P, Muséum National d'Histoire Naturelle, 8 rue Buffon, CP 38, 75005 Paris, France.2CEREGE, Aix­Marseille Université, Centre Saint­Charles, 13331 Marseille Cedex 03, France

Les rudistes (ordre Hippuritida) forment un taxon d’animaux bivalves aujourd’hui éteint, caractérisé notamment par une charnière dite pachyodonte composée de seulement trois dents épaisses. Apparaissant au Jurassique (Oxfordien, 164 Ma), la diversification des rudistes se fait dans les mers chaudes et peu profondes, sur les plateformes carbonatées de l’époque de la Téthys et de l’Atlantique. Cette diversification est rythmée par le niveau de la mer ainsi que par les épisodes de crises tels que les Evènements Anoxiques Océaniques 1 et 2. La crise Crétacé/Paléogène (66 Ma) clôt leur histoire en entraînant leur disparition totale. L’histoire des rudistes s’étale sur près de 97 Ma et compte plus de 2000 espèces répertoriées. La phylogénie des rudistes est cependant très mal connue, une seule analyse cladistique complète ayant été produite à ce jour pour reconstruire les relations de parenté entre les familles. La problématique de notre travail a été d’apporter de nouveaux éléments à la compréhension de l’histoire des rudistes par l’application de nouvelles approches et le développement de nouvelles méthodes d’analyse phylogénétique. Dans le paradigme de la théorie cladistique, la réévaluation des hypothèses d’homologie basées sur des caractères morpho­anatomiques de la coquille nous a permis d’aboutir à la construction d’un nouveau schéma historique de la diversification des rudistes. La problématique de la reconstruction phylogénétique des rudistes a également été abordée dans ma thèse selon un axe à la fois théorique et méthodologique qui nous permet de répondre à des questions sur le sens des hypothèses cladistiques et la manière de les formuler d’un point de vue mathématique. La méthode de reconstruction phylogénétique utilisée ici est l’analyse à trois éléments, et les hypothèses cladistiques sont codées en arborescences. Cette méthode cladistique nous permet de reconstruire les relations de parenté des rudistes dans un cadre cladistique nouveau et formalisé. L’utilisation des triplets (assertions à trois taxons) nous a également permis de mettre au point une nouvelle métrique, l’indice de rétention nodal, que nous utilisons afin de décrire la phylogénie des rudistes. Grâce à de nouvelles études d’anatomie comparée, nous proposons une nouvelle phylogénie, ainsi qu’une nouvelle systématique des rudistes. Nous proposons 40 caractères, codés en hiérarchie et traités en analyse à trois éléments. La compréhension des canaux palléaux est complètement revue et implique neuf états dérivés, contre deux dans la précédente analyse. Cette nouvelle phylogénie refonde complètement les relations entre les grandes familles de rudistes. La grande famille des Hippuritidae est par exemple retrouvée groupe­frère des Radiolitidae, ce qui n’avait jamais été proposé jusque­là. Sur les treize familles de rudistes, seules quatre sont retrouvées monophylétiques, et aucune des deux superfamilles. Deux grands épisodes de diversification, à l’Hauterivien et à l’Albien, sont retrouvés. Ces premiers résultats sont un point de départ pour répondre à d’autres problématiques, et permettront par exemple de montrer si ces radiations sont adaptatives ou liées à des épisodes d’extension des plateformes carbonatées.

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L’oreille interne, un bon proxy pour déterminer la vie passée des fossiles ? Cas des mammifères souterrains

Candidate au prix d’Orbigny

Charlène Selva1,2, Sandrine Ladevèze1, Damien Germain1, Romain David3, Stéphane Peigné1,†

1UMR 7207 CR2P ­ MNHN ­ CNRS ­ UPMC ­ Sorbonne Universités –Paris ([email protected]; [email protected]; [email protected])2Department of Biology ­ Royal Museum for Central Africa – Bruxelles ([email protected])3Department of Human Evolution ­ Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology­ Leipzig ([email protected])†Décédé le 4 décembre 2017

Le mode de vie souterrain a potentiellement garanti la survie de certains mammifères et thérapsides au passage de grandes crises biologiques. Toutefois, les adaptations à ce mode de vie sont rarement documentées chez les animaux, du fait de la nature même des fossiles, souvent fragmentaires. Sans données taphonomiques et sans restes post­crâniens ou crâniens (selon la façon de creuser), identifier un comportement souterrain semble compromis. Les mammifères souterrains sont soumis à des contraintes mécaniques et à un environnement sensoriel restreint. Le système des canaux semicirculaires de l’oreille interne est l’organe sensoriel qui gère l’équilibre, les mouvements de la tête et l’orientation spatiale. Cet organe, logé dans la cavité osseuse de l’oreille interne, joue un rôle primordial dans le milieu souterrain et pourrait être un nouveau proxy efficace pour déduire le mode de vie des fossiles. Avant toute inférence aux fossiles, la relation entre la morphologie de l’oreille interne et le mode de vie souterrain doit être attestée chez les actuels. Fondées sur un échantillonnage représentant les différents clades de mammifères comprenant des mammifères souterrains (marsupiaux, xénarthres, eulipotyphles, afrothères, rongeurs), les études statistiques de la morphologie du système des canaux semicirculaires de l’oreille interne osseuse montrent qu’il n’y a pas de caractéristique anatomique liée au mode de vie souterrain. Des données inédites de la morphologie des tissus mous de l’oreille interne (canaux semicirculaires membraneux) issues de la lumière Synchrotron indiquent le même résultat. Seuls les paramètres fonctionnels de l’organe permettent de différencier les systèmes des canaux semicirculaires des mammifères souterrains des mammifères non­souterrains et de conclure que des morphologies différentes peuvent fournir les mêmes fonctions. Ce travail met en lumière une nouvelle adaptation convergente et fonctionnelle du système des canaux semicirculaires au mode de vie souterrain : les taupes ont une plus grande sensibilité de détection des mouvements de la tête et donc une meilleure orientation spatiale, ce qui compense la perte de la vue. A ce stade, l’inférence d’un mode de vie à un taxon fossile demeure impossible, en attendant de pouvoir leur attribuer des paramètres fonctionnels de l’oreille interne membraneuse, à partir des restes osseux dont nous disposons.

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Le Great Ordovician Biodiversification Event (GOBE) n’était pas un Event

Thomas Servais1

1Evo­Eco­Paléo, UMR 8198, CNRS­Université de Lille, F­59655 Villeneuve d’Ascq (Thomas.servais@univ­lille1.fr)

La biodiversification de l'Ordovicien a été reconnue depuis les années 1960. Appelé aussi radiation ordovicienne, le terme Grand événement de la biodiversité de l'Ordovicien (Great Ordovician Biodiversification Event), abrégé par beaucoup comme le «GOBE», est utilisé largement depuis les 20 dernières années. Le développement conceptuel et la terminologie appliquées à cet épisode crucial de la vie marine sont ici révisés. Le GOBE comprend des phases successives de biodiversité des faunes pélagiques et benthiques, qui sont probablement découplées. Dans une vue simplifiée, le GOBE peut être considéré comme une séquence de diversifications multiples des communautés planctoniques (Cambrien tardif ­ Ordovicien précoce), benthiques (Ordovicien précoce­moyen) et récifales (Ordovicien moyen­tardif), bien que les limites de ces «événements» soient diachroniques (comme pour tout le GOBE). Il est donc logique de supposer que ces communautés ont co­évolué et interagi. Le GOBE comprend également plusieurs événements d'immigration biotique (Biotic Immigration Events : BIME), tels que l'invasion de Richmond (Richmondian Invasion) et l'événement de Boda (Boda Event), illustrant la dispersion à grande échelle des taxons d'une zone biogéographique à une autre. Le GOBE est donc la somme des diversifications de tous les groupes fossiles individuels montrant des augmentations rapides, diachroniquement, à différents intervalles et à travers différentes régions. Il couvre ainsi tout l'Ordovicien, résumant la diversité totale croissante des organismes marins au cours de la période. Le GOBE n'est pas simplement un événement, mais la somme de nombreux événements successifs.

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Frugivastodon de l’Eocène inférieur de Vastan (Inde) est­il un étrange mammifère apatemyidé qui a perdu son chemin ?

Thierry Smith1, Eric De Bast1, Hélène Legendre2, Rajendra S. Rana3, Kishor Kumar4, Kenneth D. Rose5, Floréal Solé1

1Direction opérationnelle Terre et Histoire de la Vie – Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ([email protected]; [email protected]; [email protected])2UniLaSalle ­ Terre & Sciences ([email protected])3Department of Geology – H.N.B. Garhwal University, Uttarakhand, India ([email protected])4Wadia Institute of Himalayan Geology, Uttarakhand, India ([email protected])5Center for Functional Anatomy and Evolution – Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, MD, USA ([email protected])

Frugivastodon cristatus est un mammifère datant de l’Eocène inférieur, issu de la Formation de Cambay qui était exposée jusqu’en 2011 dans la mine de lignite de Vastan (Gujarat, Ouest de l’Inde). Nous présentons ici 18 nouveaux spécimens de ce seul mammifère apatemyidé connu en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Ce mammifère était précédemment représenté par une seule dent isolée, ce qui entravait l’établissement de ses relations phylogénétiques au sein des Apatotheria, un groupe de mammifère arboricole à la morphologie particulière similaire à celle du primate lémuroïde Daubentonia et du marsupial diprotodonte Dactylopsila. Les nouveaux fossiles indiquent que l’apatemyidé indien est unique et représente un nouveau morphotype au sein de sa famille. Il est notamment caractérisé par des molaires inférieures allongées antéropostérieurement exceptée la m3 qui au contraire est réduite, un hypocone de petite taille sur les molaires supérieures et une M1 plus élargie transversalement que chez les autres apatemyidés. Les nouvelles données soutiennent l’inclusion de l’énigmatique Aethomylos simplicidens du Bridgérien de Californie au sein des apatemyidés. Frugivastodon de l’Inde et Aethomylos d’Amérique du Nord pourraient représenter un clade distinct d’apatemyidés qui trouveraient leur origine aux alentours de la limite Paléocène­Eocène. L’analyse paléobiogéographique suggère que Frugivastodon se serait dispersé d’Europe en Inde durant l’Yprésien inférieur. Dans ce contexte, nous revoyons également les événements de dispersion qui caractérisent l’histoire des apatemyidés.

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CARNAGES – Une analyse critique du succès des Canivores (Mammalia)

Floréal Solé1, Kévin Le Verger2, Bastien Mennecart3,4, Valentin Fischer5, Robert Speijer6, Stéphane Peigné4†, Thierry Smith1

1D.O. Earth and History of Life, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, Rue Vautier 29, B–1000 Brussels, Belgium ([email protected]; [email protected])2CR2P–MNHN, CNRS, UPMC­Paris 6 (Sorbonne Universités) – Museum National d’Histoire Naturelle, CP 38, 8 rue Buffon, 750053Natural History Museum Vienna, Burgring 7, 1010 Vienna, Austria4Natural History Museum Basel, Augustinergasse 2, 4001 Basel, Switzerland ([email protected] )5Université de Liège, Département de Géologie, UR Geology. Quartier Agora, Bâtiment B18, Allée du six août, 14, B­4000 Liège ([email protected])6Katholieke Universiteit Leuven, Celestijnenlaan 200E, B­3001 Leuven­Heverlee, Belgium ([email protected])†Décédé le 4 décembre 2017

Pourquoi sommes­nous aujourd'hui entourés par un seul groupe de mammifères carnassiers (les Carnivora), alors qu'au moins trois autres groupes de mammifères placentaires (Hyaenodonta, Mesonychia, Oxyaenidae) étaient en compétition avec les carnivores il y a 50 millions d'années ? Ces quatre groupes de mammifères partagent une caractéristique importante: la présence de dents spécialisées dédiées à la « découpe » de la viande, les dents carnassières. Traditionnellement, leur présence/absence ainsi que leur position dans la mâchoire ont été considérées comme des caractéristiques cruciales pour discriminer les différents groupes de mammifères carnassiers. Depuis les années 1990, les paléontologues ont étudié en détail le succès des carnivores ainsi que leurs adaptations clés. Il est ainsi apparu que les Carnivora ont surpassé, en Amérique du Nord, les Hyaenodonta, les Mesonychia et les Oxyaenidae durant l'Éocène, en particulier aux alentours de 50 millions d'années, lorsque les carnivores ont augmenté en nombre et se sont diversifiés. Des études portant sur l'écomorphologie des mammifères carnassiers ont révélé que les carnivores ont vraisemblablement réussi grâce à la position antérieure des dents carnassières par rapport aux autres mammifères carnassiers. Il a en effet été suggéré que le succès de l'évolution des carnivores pouvait résulter de la vaste gamme d'adaptations dentaires (c'est­à­dire une grande variété de régimes) conférée par cette position particulière de leurs dents carnassières. Afin de tester cette hypothèse, nous avons analysé la richesse spécifique des mammifères carnassiers européens ainsi que l’évolution de leur masse corporelle durant le Paléogène. Étonnamment, notre enquête suggère que les résultats de cette compétition sont diamétralement opposés en Amérique du Nord et en Europe : les carnivores ne se sont pas « imposés » en Europe dès l'Éocène inférieur. Il ressort, en outre, que la « Grande Coupure de Stehlin » marque, en Europe, le début de la domination des carnivores sur les autres mammifères carnassiers.

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Histologie osseuse des hadrosaures de la fin du Crétacé de l’Extrême­Orient russe

Koen H.W. Stein1,2, Yuri Bolotski3, Ivan Bolotski3, Philippe Claeys1, Pascal Godefroit2

1AMGC, Vrije Universiteit Brussel ([email protected], [email protected])2IRSNB, Direction "Terre et Histoire de la Vie"([email protected]) 3Académie des Sciences de Russie, branche de l'Extrême­Orient ([email protected])

Les hadrosaures comme Olorotitan et Edmontosaurus étaient parmi les dinosaures crétacés les plus abondants et les plus prospères. Ils étaient répartis sur tous les continents et certains atteignaient des tailles rivalisant avec celles des sauropodes. Cependant, certains groupes d'hadrosaures ont disparu du continent nord­américain 5 à 6 millions d'années avant l'extinction Crétacé/Tertiaire, alors que ces mêmes groupes ont prospéré en Asie jusqu'à l'événement. Les communautés d'hadrosaures maastrichtiennes de la Russie extrême­orientale sont un excellent exemple pour étudier la biologie des hadrosaures lambeosaurine survivants. Les ‘bonebeds’ à partir desquels ces taxons ont été excavés montrent une grande diversité d'espèces et une grande abondance de divers éléments squelettiques, notamment des os longs. Nous avons échantillonné des os longs de différentes classes de taille des lambeosaurines Olorotitan et Amurosaurus. Les deux taxons montrent un os cortical fortement vascularisé constitué principalement d'un complexe fibrolamellaire avec une vascularisation plexiforme à laminaire, indiquant des taux de croissance élevés. Seules quelques lignes de croissance arrêtée (LAG) ont pu être observées même dans les plus gros spécimens (longueur du fémur ~ 1 m). On ne sait pas si cela indique une phase de croissance juvénile ininterrompue, ou si le taux de croissance était extrêmement élevé dans les premières années, mais la seconde hypothèse est en accord avec ce qui est observé chez les hadrosaures nord­américains (Maiasaura). Nous avons également échantillonné le tibia d'un grand théropode tyrannosauridé (longueur du fémur correspondante ~ 0,92 m) qui a été récupéré à partir des mêmes couches qu’Olorotitan, mais sa croissance contraste fortement avec celle des hadrosaures. La diaphyse du tibia proximal montre un complexe fibrolamellaire avec vascularisation plexiforme à laminaire, mais il montre aussi de nombreuses (> 15) LAG, indiquant une croissance moyenne beaucoup plus lente et des chances de survie plus élevées que pour les hadrosaures. Ces données ajoutent une perspective plus globale à la diversité et à l'écologie des faunes de dinosaures de la fin du Crétacé.

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Nouveau primate adapiforme de l’Eocène inférieur de Fournes (Bassin du Minervois, France)

Rodolphe Tabuce1, Eric Lopez2, Bernard Marandat1, Johan Yans3, Corentin Noiret3, Etienne Steurbaut4

1ISEM, Université de Montpellier, CNRS, IRD, EPHE, Place Bataillon, 34095 Montpellier, France ([email protected], [email protected])22 rue Pasteur, 21200 Beaune, France ([email protected])3Université de Namur, Département de Géologie, ILEE (Institute of Life, Earth and Environment), rue de Bruxelles, 61, 5000 Namur, Belgique ([email protected], [email protected])4DO Terre et Histoire de la Vie, Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique, rue Vautier 29, B­1000 Bruxelles & KU Leuven, Celestijnenlaan 200E, B­3001 Leuven, Belgique ([email protected])

Le gisement à mammifères de l’Eocène inférieur de Fournes (Bassin du Minervois, France) a récemment fait l’objet d’une étude bio­chémostratigraphique précisant son âge : il est positionné juste après l’ETM2 (second maximum thermique de l’Eocène) et assigné au biochron NP11 (zone de nannoplancton calcaire). Ainsi, selon l’échelle biochronologique mammalienne du Paléogène européen, Fournes se situe entre les niveaux­repères MP7 (Dormaal) et MP8+9 (Avenay), soit environ 2,5 Ma après la limite Paléocène/Eocène. Par là même, Fournes se corrèle avec la biozone mammalienne nord­américaine Wa­5. La précision de cette datation suscite un intérêt nouveau pour la faune de Fournes et l’évolution des faunes associées, d’autant que de récentes récoltes ont livré une nouvelle espèce de primate adapiforme. Celle­ci est documentée par une mandibule bien préservée portant p3­m3, l’alvéole de p1 et les racines de p2. Une série de caractères (p2 biradiculée, raccourcissement mesio­distal modéré de p3­4, métaconide de p4 élevé, bunodontie des molaires, taille et position relative du paraconide par rapport au métaconide de m1 à m3, allongement et étroitesse du troisième lobe de m3) indique une attribution au genre Cantius (Adapiformes, Notharctidae). En Europe, ce genre est documenté par les espèces Cantius eppsi (Formation Blackheath d’Abbey Wood, MP8+9), Cantius savagei (Avenay, Mutigny et Grauves, MP8+9 à MP10) et par trois espèces laissées en nomenclature ouverte : Cantius sp. (Le Quesnoy, MP7), Cantius aff. eppsi (Rians, MP7?) et Cantius cf. eppsi (Meudon, MP7?). L’espèce de Fournes se distingue de C. eppsi par des caractères dérivés (p3­4 plus courtes, au relief moins marqué, et trigonide de m2­3 plus comprimé) ; elle diffère également de C. eppsi et C. savagei par certains caractères jugés primitifs (petite taille et cristide oblique atteignant le sommet du metaconide sur m1). Seule l’espèce nord­américaine C. torresi (Wa­0), la plus ancienne du genre, est aussi petite que celle de Fournes. Mais cette dernière diffère par des prémolaires moins comprimées mesio­distalement et une p2 oblique. Ces caractères évoquent C. ralstoni (Wa­1/2) et Donrussellia, le plus ‘basal’ des adapiformes. En conclusion, le nouveau Cantius de Fournes complique notre vision de l’histoire évolutive du genre Cantius mais apparait d’un intérêt majeur pour déchiffrer la radiation euraméricaine des premiers primates adapiformes.

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Révision de l’holotype de Nanhsiungchelys wuchingensis Ye, 1966 (Testudines: Cryptodira: Nanhsiungchelyidae)

Haiyan Tong1,2, Lu Li2

1Palaeontological Research and Education Centre, Mahasarakham University, Kantarawichai, Mahasarakham 44150, Thailand2Key Laboratory of Vertebrate Evolution and Human Origins of Chinese Academy of Sciences, Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology, Chinese Academy of Sciences, Beijing 100044, China

La famille des Nanhsiungchelyidae constitue un groupe de tortues trionychoïdes présent dans les écosystèmes continentaux en Asie et en Amérique du Nord pendant le Crétacé. Nanhsiungchelys wuchingensis Ye, 1966, genre et espèce types de la famille, est une tortue aberrante provenant du Crétacé terminal de la province de Guangdong, Chine du Sud. L’holotype (IVPP V3106), le seul spécimen décrit, est un squelette partiel, comprenant le crâne, le cou, la carapace (dossière et plastron) incomplète, les ceintures et les membres antérieurs. Le spécimen a été inclus dans plusieurs analyses phylogénétiques, mais la description originale ainsi que la reconstitution de la carapace par la suite contiennent de nombreuses erreurs. Notre révision fournit un aperçu nouveau. Le crâne est hautement dérivé et présente une séries de caractères autapomorphiques : le museau est long et en forme de trompette ; les frontaux sont élargis et les pariétaux sont réduits ; les prémaxillaires sont fusionnés, formant un seul élément en forme de Y inversé et placé sous les maxillaires, qui constitue une grande partie de la surface triturante; les jugaux sont grands et contactent les prémaxillaires, excluant les maxillaires de la surface triturante et de sa crête labiale. La carapace est allongée et caractérisée par : une paire de forts processus qui se dirigent vers l’avant, formés par les premières périphériques ; de large plaques neurales et écussons vertébraux; la première vertébrale de forme triangulaire. Ces caractères de la carapace renforcent les affinités étroites entre Nanhsiungchelys et Anomalochelys du Crétacé supérieur du Japon. La morphologie des membres antérieurs, avec des doigts courts portant de grandes et larges phalanges terminales, et la présence d'une large plaque dermique au­dessus des pattes suggèrent que N. wuchingensis était une tortue terrestre.

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Étude de la variabilité intraspécifique d'un Lophiodontidae basal : Eolophiodon laboriense

Candidat au prix Depéret

Quentin Vautrin1, Yves Laurent², Rodolphe Tabuce1, Fabrice Lihoreau1

1Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier, Université Montpellier 2, CNRS, IRD, Cc 064; place Eugène Bataillon, 34095 Montpellier Cedex 5, France ([email protected],[email protected], [email protected] ).²Association Paléontologique du Sud­Ouest (APSO), 13 chemin des Telles, 31360 Roquefort­sur­Garonne et Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse, 35 allées Jules Guesde, 31000 Toulouse ([email protected] )

La famille des Lophiodontidae est un groupe de mammifères périssodactyles emblématique de l’Éocène européen. Leur grande richesse spécifique et leur abondance dans les gisements d'Europe de l'Ouest en font un marqueur biostratigraphique de choix de l'Yprésien au Bartonien (niveaux­repères MP7 à MP16). Cependant, après plus d'un siècle et demi d'étude, la systématique de ce groupe reste complexe et ambiguë. Les relations phylogénétiques des Lophiodontidae avec les autres familles de périssodactyles restent mal connues car la radiation basale des Lophiodontidae reste peu documentée. La découverte de plusieurs nouvelles espèces de Lophiodontidae basaux en cours d'étude améliorera à l'avenir notre connaissance sur cette radiation clef de leur histoire évolutive. La première étape de ce travail, ici présentée, consiste en l'étude de la variabilité du Lophiodontidae basal le mieux documenté : Eolophiodon laboriense. Depuis 2015, date de la description de l'holotype (unique spécimen connu) la localité­type (carrière de La Borie, commune de Saint Papoul, département de l’Aude), a livré de nombreux restes inédits de E. laboriense, constituant la plus grande collection de Lophiodontidae basal connue à ce jour. Cette collection permet pour la première fois d'étudier de façon exhaustive la variabilité intraspécifique d'un Lophiodontidae proche de la radiation initiale du groupe. La variabilité dentaire et mandibulaire de E. laboriense est forte. La dentition présente plus de 20 caractères discrets variables, notamment de nombreuses crêtes et conules supplémentaires. Une forte variabilité est aussi visible sur les mandibules, en grande partie due à un fort dimorphisme sexuel. Cette variation est comparée à celle des autres Lophiodontidae et le statut du genre Eolophiodon est validé. La description et la connaissance de cette variabilité est primordiale pour l'étude des Lophiodontidae. Cette étude sert de prémices à l'analyse de leurs relations phylogénétiques avec les autres périssodactyles.

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Les rongeurs Theridomorpha à l’Eocène inférieur : les débuts inattendus d’une radiation adaptative

Monique Vianey­Liaud1, Laurent Marivaux1

1Laboratoire de Paléontologie, Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (ISE­M, UMR 5554, UM/CNRS/IRD/EPHE), Université de Montpellier (monique.vianey­[email protected]; [email protected])

De nos jours, les rongeurs constituent le groupe de mammifères le plus divers, avec 2280 espèces environ. Cette grande diversité est le résultat de séquences de radiations adaptatives et de transformations évolutives, ponctuées d’épisodes d’extinctions, depuis leur origine à la fin du Paléocène (e.g. div. in Black & Dawson 1989 ; div. in Cox & Hautier 2015). Parmi les multiples radiations du passé, celle des Theridomorpha est particulièrement informative. En effet, sur la base de leurs abondants fossiles, on a pu constater qu’elle s’est déroulée sur un territoire restreint, l’Europe Occidentale et durant 25 millions d’années, de la fin l’Eocène inférieur jusqu’à la fin de l’Oligocène. Les rongeurs européens plus anciens étaient attribués à la superfamille EurAmericaine des Ischyromyoidea (e.g. Escarguel 1999). Parmi eux, le genre Hartenbergeromys Escarguel était considéré comme le genre­frère des Theridomorpha (Escarguel 1999 ; Marivaux & Vianey­Liaud 2004). Sur la base d’une analyse phylogénétique exhaustive, basée essentiellement sur les caractères dentaires, ce genre ainsi que Pantrogna Hartenberger ont été placés dans une superfamille indet. au sein des Theridomorpha, comme groupe frère des Theridomyoidea (Vianey­Liaud & Marivaux 2016). Partageant des apomorphies dentaires avec eux, ils auraient conservé une région infra­orbitaire (f.i.o.) plésiomorphe (i.e. protrogomorphie), tandis que les Theridomyoidea ont développé l’hystricomorphie. Par ailleurs, le genre Masillamys, défini par Tobien (1954) pour trois espèces de Messel (M. begeeri, M. krugi et M. parvus), n’avait pas été pris en compte dans notre analyse car ce genre était considéré comme « sciuromorphe » et placé dans la tribu des Microparamyini au sein des Ischyromyoidea (Escarguel 1999) ; les espèces krugi et begeeri étaient mises en synonymie et parvus attribué au genre Hartenbergeromys, sans qu’une analyse précise de leur morphologie dentaire n’ait été faite. Or, l’observation des squelettes récoltés à partir des années 1990 au Senckenberg Museum (Francfort) et au Hessisches Museum (Darmstadt), ainsi que les rangées dentaires types, nous permettent de ranger le genre Masillamys au sein des Theridomorpha, sur la base de leur f.i.o. hystricomorphe et de leurs caractères dentaires, ces derniers permettant aussi de maintenir les trois espèces.A partir de là, il nous est apparu important de reconsidérer les restes de la région infra­orbitaire mais aussi le matériel dentaire de Pantrogna marandati et Hartenbergeromys hautefeuillei de Prémontré. Ces deux espèces sont clairement hystricomorphes. L’espèce­type de Pantrogna est P. russelli (Michaux 1964) de la localité plus ancienne d’Avenay, mais pour cette espèce il n’y a pas de restes de la région infra­orbitaire ; par contre d’autres genres contemporains ou un peu plus anciens et considérés comme Ischyromyoides, tel le Pseudoparamys de Mutigny ou le Sparnacomys d’Abbey Wood, montrent également un large foramen infra­orbitaire, hystricomorphe. Finalement, c’est l’ensemble des caractères dentaires de ces genres que nous sommes en train de revoir, sur la base d’une terminologie commune et précise, qui permettent de les comparer concrètement, et in fine, d’évaluer leur positions respectives dans un contexte phylogénétique.

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Résumés du Congrès

Posters

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Un petit tour entre les éponges et les coraux du Lias

Simon Boivin1, Raphaël Vasseur2, Bernard Lathuilière2, Iuliana Lazar3, Christophe Durlet4, Rowan C. Martindale5, Khalid El Hmidi6, Rossana Martini1

1Université de Genève, Département des Sciences de la Terre ([email protected]; [email protected])2Université de Lorraine,UMR CNRS 7359 GeoRessources (raphael.vasseur@univ­lorraine.fr, bernard.lathuiliere@univ­lorraine.fr)3University of Bucharest, Faculty of Geology and Geophysics, Department of Geology and Paleontology ([email protected])4Université de Bourgogne Franche­Comté, UMR CNRS 6282 Biogéosciences (christophe.durlet@u­bourgogne.fr)5University of Texas at Austin, Department of Geological Sciences ([email protected])6Département de l'Energie et des Mines Direction de la Géologie, Maroc ([email protected])

Différencier un corail d’une éponge est une chose aisée lorsque l’on étudie des spécimens actuels où les tissus mous sont présents. Cette distinction devient beaucoup plus complexe lorsque l’on s’intéresse à des squelettes fossiles. Durant les dernières décennies, plusieurs taxa éteints ont été reclassés chez les coraux ou les éponges alors qu’ils avaient été originellement attribués à un autre taxon. Parmi ces exemples, nous pouvons citer les Archaeocyathes, les Tabulés, les Stromatopores mais également les Chaetétidés, qui font l’objet de ce travail. Les différentes études de ces dernières années sur les Chaetétidés ont mis en lumière des différences significatives entre la microstructure de leur squelette et celle du squelette des coraux. Néanmoins, différencier l’un de l’autre reste une question très épineuse en l’absence de microstructures préservées. Lors de l’étude des séries Hettangiennes­Pliensbachiennes qui affleurent dans la région d’Amellago (Haut Atlas Marocain) nous avons été confrontés à une question de ce type, lors de l’étude de spécimens dont l’identification était incertaine. Dans la littérature, ces spécimens ont été tour à tour décrits comme des coraux et des Chaetétidés. D’une part, Turnsek et al. (1975) ont interprété ces formes comme étant des coraux Amphiastreidés du genre Hispaniastraea. D’autre part, Fischer (1970) et Beauvais (1980) ont interprété ces formes comme appartenant au sous­genre Chaetetes (Pseudoseptifer). Notre étude se fondant sur tous les caractères macrostructuraux disponibles a permis d’établir deux groupes parmi nos individus : un premier possédant des caractères spécifiques aux coraux et un second possédant des caractères spécifiques aux Chaetétidés. Aussi, nous avons testé l’hypothèse d’une convergence morphologique entre Hispaniastraea et Chaetetes (Pseudoseptifer). À partir de l’étude des spécimens du Haut­Atlas et de nouveaux spécimens découverts dans le Moyen­Atlas et dans le Languedoc (sud de la France), il est rapidement apparu nécessaire de réviser la systématique de ces deux genres et d’établir des critères pour distinguer clairement l’un de l’autre, en l’absence de caractères microstructuraux préservés. En utilisant des approches biométriques et morphométriques, nous avons pu établir un ensemble de critères macrostructuraux distinctifs. En parallèle, l’utilisation de la tomographie (CT­scan) nous a permis une meilleure compréhension des différences morphologiques et ontogénétiques entre les deux genres. Les scans ainsi produits ont permis de visualiser les structures internes et des caractères clés, comme par exemple le mode de division fissipare caractéristique du sous­genre Chaetetes (Pseudoseptifer).

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La pyrite contre­attaque la collection Leriche de l’IRSNB

Cécilia Cousin1, Annelise Folie1

1Service Scientifique du Patrimoine, Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), Rue Vautier 29, 100 Bruxelles, Belgique ([email protected], [email protected])

Les fossiles des collections de paléontologie de l’IRSNB, tout comme ceux des autres musées d’histoire naturelle ne sont pas figés pour l’éternité et subissent des dégradations diverses depuis près de deux siècles. Ce fléau concerne généralement des spécimens fracturés par le temps et/ou suite à la dessiccation. Les différentes étapes de la restauration sont simples depuis le nettoyage et l’enlèvement des anciennes colles jusqu’au recouvrement final par des produits ayant prouvés leur efficacité comme le paraloïde B72. Ces spécimens nécessitent une consolidation plutôt simple, mais il n’en va pas de même des spécimens atteints par la dégradation de la pyrite. Si ce problème qui planait au­dessus des iguanodons de Bernissart a été temporairement vaincu au bout de deux ans d’efforts, la pyrite contre­attaque aujourd’hui la célèbre collection Leriche. Le traitement de cette dernière est en effet un vrai problème de conservation et la restauration de la collection Leriche représente le nouveau défi pour les gestionnaires de collections. Les cristaux de pyrite (FeS2) formés dans certains vertébrés fossiles entrent en réaction chimique avec l’Oxygène de l’air ou de l’eau pour former des cristaux de sulfate de Fer qui sont de plus grande taille que la pyrite de départ. Le spécimen se fracture ou éclate alors en petits morceaux difficiles à recoller. De l’acide sulfurique peut aussi être libéré lors de la réaction chimique et abime ou détruit les étiquettes et boîtes de rangement de ces spécimens pyriteux. La plupart des spécimens de l’Oligocène inférieur de la région de Boom (Rupélien de la province d’Anvers, Belgique), sont issus d’une argile très carbonatée et riche en matière organique, ayant magnifiquement préservé l’ichtyofaune fossile (poissons osseux et élasmobranches) mais malheureusement aussi la pyrite au sein des ossements. Une fois exposés à l’air libre, l’oxydation de la pyrite passe par différentes phases dont la formation des sels de fer hydratés de différentes couleurs (blanc, rose, jaune et vert). Malgré les consolidations antérieures, on constate que les spécimens continuent à se dégrader. Nous identifions donc d’abord les anciennes techniques de préparation et les traitements de consolidation (Gomme laque ou autres) avant de traiter en profondeur les spécimens à l’aide de gaz d’ammoniaque ou de thioglycolate d’éthanolamine. Même si certains spécimens sont en apparence composés d’une pyrite plus stable que d’autres, la seule méthode sûre semble actuellement de traiter toute pyrite comme étant potentiellement dégradable. Les perspectives de nouvelles techniques en cours d’élaboration permettent de garder l’espoir pour se débarrasser de ce fléau.

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Etude d’un crâne et d’une mandibule d’un Palaeotheriidae (Perissodactyla) des sables verts éocènes d’Anjou

Léa De Brito1, Constance Bronnert2, Guillaume Billet2, Benoît Mellier3, Grégoire Métais2

1Sorbonne Université, 4 Place Jussieu, 75005 Paris ([email protected])2UMR 7207 CR2P – MNHN, Sorbonne Université, CNRS, 8 rue Buffon, CP38, 75005 Paris, France ([email protected], [email protected], [email protected]) 3Musée d’Histoire Naturelle d’Angers, 43 Rue Jules Guitton, 49100 Angers ([email protected])

Les sables verts d’Anjou sont connus pour avoir livré une faune de vertébrés composée de crocodiles (Diplocynodon sp.), de chéloniens (Palaeochelys parisiensis), de mammifères carnivores (Hyaenodon requieni) et d’herbivores périssodactyles et artiodactyles. Un crâne et une mandibule de Palaeotheriidae (famille de périssodactyle apparentée aux équidés) provenant de cette formation sont décrits et identifiés ici. Ce matériel fossile fait partie des collections du Musée d’Histoire Naturelle d’Angers. Les fossiles sont rapportés au genre Palaeotherium et à l’espèce Palaeotherium crassum CUVIER, 1804 notamment grâce à des rapports métriques appliqués sur les rangées dentaires. Les caractères morphologiques ayant permis d’identifier cette espèce incluent la présence d’une échancrure nasale qui s’étend jusqu’à la 3ème prémolaire, des prémolaires bien molarisées, des cingulums nets et larges sur toutes les dents jugales, des parastyles proéminents, des dents très hypsodontes, la présence d’un mésostyle à partir de la 4ème prémolaire et une orbite avancée jusqu’à la première molaire. La formation des sables argileux verts d’Anjou qui a livré ces fossiles est généralement considérée d’âge Bartonien sur la base de sa faune de mollusques terrestres. La présence de P. crassum et de la faune de vertébrés associée suggère un âge plus récent pour cette formation, probablement proche de celui des gypses de Montmartre (Eocène supérieur, Priabonien, MP19).

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Palaeoecology of the Upper Tournaisian (Carboniferous) crinoidal limestones from South Belgium

Julien Denayer1, Laurent Debout1

1EDDy Lab – Université de Liège ([email protected])

The Tournaisian stage (lower Carboniferous) is considered as the golden age of crinoids. In S Belgium, upper Tournaisian crinoidal limestones, locally called «Petit Granit», are known in the Condroz area (Ourthe Formation) and in the Soignies area (Soignies Member) where tens of quarries expose the crinoidal facies. An isopachs map shows that the Ourthe Formation thins westwardsand northwards, possibly because of synsedimentary block faulting. Despite its apparent monotony, five crinoidal and peloidal microfacies are identified throughout the formation, and the size and preservation of the crinoid columnals vary vertically and laterally. The encrinite deposited as amalgamated tempestites that accumulated under the fair­weather wave base. An estimation of the carbonate production rate in both sedimentation areas was calculated and a value of c. 1200 cm³/m².y is proposed for the Ourthe Fm. The individuals density was lower in the HSA possibly due to its deeper situation. The analysis of disarticulated crinoid columnals reveals that the crinoidal meadows were diverse with several taxa following a vertical tiering model to maximise the captation of particles from the water column. Beside the crinoids, the fauna was dominated by suspension feeders (brachiopods, bryozoans, tabulate and rugose corals) adapted to a weakly­agitated environment and a relatively soft ground. Rare nektonic and benthic macrophages (holocephalan, actinoceratoids, palaechinids and trilobites) shows that the ecosystem was relatively complex despite a simple apparence. Moreover, it witnesses the recovery of the marine environment after the collapse of the reefal ecosystem at the end of the Devonian.

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Nouveau fossile d'Enoploclytia M'Coy, 1849 (Crustacea, Decapoda, Erymidae Van Straelen, 1925) : nouvelle illustration des lacunes du registre fossile chez les crustacés

Julien Devillez1, Sylvain Charbonnier1, Jean­Philippe Pezy2

1UMR 7207 CR2P CNRS – Muséum national d’Histoire naturelle, UPMC ([email protected], [email protected])2UMR 6143 M2C CNRS – Université de Caen (jean­[email protected])

Les Erymidae constituent une famille de « homards » aujourd’hui éteinte, mais ayant eu une répartition mondiale et une extension stratigraphique allant de la fin du Permien jusqu’au début de l’Éocène. Parmi les six genres assignés à cette famille et récemment révisés, Enoploclytia passait pour être apparu tardivement du fait de son absence avant la seconde moitié du Crétacé inférieur. Enoploclytia est important dans l’histoire des Erymidae car, du point de vue spécifique, il est le plus diversifié au Crétacé supérieur et les fossiles d’Erymidae les plus récents sont attribués à ce genre. Un nouveau fossile découvert dans les dépôts oxfordiens de Cricqueboeuf (Normandie) possède l’architecture des sillons de la carapace typique d’Enoploclytia. Ce fossile, identifié en tant qu’Enoploclytia sp., est donc le plus ancien représentant connu du genre et témoigne de sa présence dès le Jurassique supérieur. Il montre aussi que l’absence supposée d’Enoploclytia avant la Crétacé est en réalité due à un biais de récolte. Le hiatus d’environ 25 Ma dans le registre fossile de ce genre est un nouvel exemple des fortes discontinuités affectant le registre des Erymidae et rendant difficiles toute interprétation paléobiogéographique. Cependant, si la majorité des formes connues viennent d’Amérique du Nord, le fossile de l’Oxfordien ainsi que la seconde occurrence la plus ancienne, issue du Barrémien du Bassin de Paris, tendent à indiquer une origine européenne pour Enoploclytia.

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La locomotion des mammifères carnassiers (Mammalia : Carnivora et Créodonta) au passage de la Grande Coupure : apports paléoécologiques et phylogénétiques

Morgane Fournier1, Sandrine Ladevèze1, Floréal Solé2

1Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P, UMR 7207), Sorbonne Universités MNHN CNRS UPMC­Paris6, Muséum national d'Histoire naturelle, 57 rue Cuvier CP 38, F­75005 Paris, France. ([email protected]; [email protected])2D.O. Earth and History of Life, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, Rue Vautier 29, B–1000 Brussels, Belgium ([email protected])

Les mammifères anciens sont rarement connus par des squelettes complets, voire partiels. De ce fait, leur systématique et leur écologie reposent, bien souvent, uniquement sur les caractères dentaires. Le squelette postcrânien est, en comparaison, délaissé car son attribution systématique apparait, de prime abord, compliquée voire impossible hormis quand il est retrouvé en connexion avec des restes dentaires. En particulier, la locomotion des faunes mammaliennes de la transition Eocène­Oligocène (Grande Coupure) est extrêmement mal connue. Cela est, notamment, dû au fait que les éléments postcrâniens de cette époque proviennent de poches karstiques, et sont donc retrouvés séparés des éléments dentaires, ce qui gêne leur détermination. Notre étude a pour but de caractériser la locomotion des mammifères prédateurs de la Grande­Coupure, époque charnière marquée par un profond changement des milieux (i.e. réduction de la couverture forestière en Europe, mise en place de la calotte glaciaire au niveau du Pôle nord) et de la faune mammalienne. Cette période correspond, en outre, à la radiation des mammifères carnivores et à l’établissement en Europe des grands groupes connus aujourd’hui (Felidae, Mustelidae, Ursidae, etc.). Dans un premier temps, le matériel postcrânien issu des poches karstiques du Quercy (environ MP 19 à MP 30) a été trié et attribué à plusieurs morphotypes de carnassiers de cette époque. Dans un second temps, des analyses en Composantes Principales, réalisées à partir de mesures prises sur les calcanéums et astragales puis standardisées, ont permis de discriminer plusieurs groupes, dont un réunissant un grand nombre de spécimens. Afin de pouvoir assigner les os du tarse aux taxons connus par leurs restes dentaires, nous avons eu recours aux critères de taille, d’abondance relative et d’affinités phylogénétiques ; ces données ont été analysées en regard avec celles issues des restes dentaires. Par exemple, le taxon le plus abondant par ses restes crâniens et dentaires dans le Quercy étant la famille des Amphicyonidae (« Chien­ours »), il devait en être de même avec les os du tarse. Conjointement aux abondances relatives, les caractéristiques anatomiques des morphotypes ont permis une identification préliminaire au rang familial. Le but final de cette étude sera de compléter les matrices morphologiques existantes en renseignant les caractéristiques postcrâniennes des taxons du Quercy et de tenter de résoudre des relations phylogénétiques encore obscures, notamment à la base des Feliformia et des Caniformia. Enfin, dans un cadre évolutif et temporel établi, la reconstruction du mode de vie de ces animaux permettra de mieux comprendre les interactions faunistiques au passage de la Grande­Coupure ainsi que le remplacement des hyaenodontes (majoritaires à l’Eocène en Europe) par les carnivores.

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Présentation d’un gisement à fossilisation exceptionnelle du Carbonifère des Etats­Unis

Antoine Heurtel1, Alan Pradel1, Mizuki Rambert­Natsuaki1, Maëva Perroux1, Pierre Gueriau2, Damien Germain1, Isabelle Kruta1

1UMR 7207 CR2P ­ Muséum National d’Histoire Naturelle, CNRS, Sorbonne Université ([email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected])2USR3461 IPANEMA ­ Université Paris­Saclay (pierre.gueriau@synchrotron­soleil.fr)

Les sites de fossilisation exceptionnelle découverts dans le Carbonifère marin des Etats­Unis livrent régulièrement des fossiles clés pour les études évolutives (e.g. Mazon Creek, Bear Gulch). Ici nous présentons un gisement de la formation Coffeyville (Pennsylvanien, Missourien, environ 307 Ma) de l’Oklahoma (USA) où des nodules phosphatés affleurent dans des marnes noires. Ces nodules de petite taille abritent des fossiles préservés en trois dimensions dont les études anatomiques et taphonomiques ont récemment débuté. Parmi les vertébrés, la faune d’actinoptérygien est la mieux représentée avec un nombre important de neurocrânes de “paléonisciformes”. Quelques spécimens modélisés en trois dimensions sont montrés ici et nous renseignent sur l’évolution précoce des actinoptérygiens. Les chondrichthyens pour le moment identifiés appartiennent aux inioptérygiens (holocéphales) et au taxon énigmatique Listracanthus. Une étude histologique a été menée sur ce dernier et remettent en perspective la fonction de ces denticules. La faune des invertébrés marins comprend des céphalopodes (goniatites, nautiloïdés, coléoïdés) brachiopodes et arthropodes. Les études sur les goniatites ont révélé de nouveaux détails anatomiques sur les bulbes buccaux qui permettent de discuter de la polarité des caractères phylogénétiques. Des études préliminaires de microcaractérisation morphologique et chimique des nodules ont été menées afin d’étudier les modalités de fossilisation de ce gisement à préservation exceptionnelle. Il est montré que les nodules se sont formés par une croissance concentrique probablement due à une activité microbienne. L’étude de la répartition des éléments lourds dans les nodules révèle un processus complexe de reminéralisation avec une probable intervention des éléments de l’environnement de dépôt.

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Comparaison de deux populations de dinosaures hadrosauridés du Maastrichtien supérieur de Russie et de Chine

Pascaline Lauters1, Yuri L. Bolotsky², Pascal Godefroit1

1Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique ([email protected])²Geological and Nature Exploration Institute, Far Eastern Branche of the Russian Academy of Sciences

Depuis les années 2000, plusieurs localités ont été identifiées ou réétudiées dans les régions de l’Amur (Russie) et Heilongjiang (Chine). Ces localités sont datées du Maastrichtien supérieur et sont caractérisées par des lits d’ossements mono­dominants de dinosaures hadrosauridés. Nous comparons ici deux populations contemporaines de dinosaures. Les ossements d’hadrosauridés des deux localités ont été répertoriés et mesurés. Les os longs des membres et les dentaires ont été répartis dans des groupes en fonction de leur taille et un stade de croissance a été attribué à chaque groupe. Blagoveschensk est une localité fouillée de manière extensive depuis les années 1980 et qui a livré des ossements d’hadrosaures lambéosaurinés en abondance. 90% des éléments retrouvés appartiennent à Amurosaurus riabinini. Le gisement résulte d’une accumulation suite à une coulée de boue et les os représentés démontrent une grande variété de taille et d’état de préservation. Après analyse, il s’avère que la majorité des ossements appartiennent à des individus juvéniles âgés et quelques individus adultes. La distribution des os correspond à une mortalité attritionnelle. Cependant, aucun reste de très jeune individu n'a été découvert, suggérant qu'il y avait une ségrégation en fonction de l'âge des individus. Wulaga est une localité contemporaine distante de 350 km de Blagoveschensk. L’échantil lon disponible, quoique plus petit que celui de Blagoveschensk, montre un résultat très différent quant à la population de Sahaliyania elunchunorum. Bien que des juvéniles âgés soient présents, on y compte également plusieurs individus adultes. La structure de la population représentée correspond à une mortalité de masse.

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Etude du développement des nageoires pectorales et pelviennes du coelacanthe actuel et ses inférences possibles pour la terrestrialisation des vertébrés

Rohan Mansuit1,2, Marc Herbin2, Anthony Herrel2, Gaël Clément1

1UMR 7207 CR2P – Muséum National d’Histoire Naturelle, Sorbonne Université, CNRS ([email protected], [email protected]) 2UMR 7179 Mecadev – Muséum National d’Histoire Naturelle, CNRS ([email protected], [email protected], [email protected])

Les sarcoptérygiens, représentés aujourd’hui par les tétrapodes, les dipneustes et les coelacanthes, forment un clade de vertébrés caractérisés par une insertion monobasale de leurs membres pairs aux ceintures pectorale ou pelvienne. Il existe deux espèces de cœlacanthes actuels : Latimeria chalumnae dans le Canal du Mozambique et L. menadoensis au large de l’Indonésie. Notre projet de recherche s’inscrit dans l’étude de la terrestrialisation des vertébrés. En effet, les coelacanthes sont phylogénétiquement proches des tétrapodes et les éléments endosquelettiques proximaux des nageoires et des pattes sont homologues. Cela suggère que les coelacanthes peuvent être de bons modèle pour comprendre quelles ont été les premières étapes de la terrestrisalisation des vertébrés. L’étude en cours sur le développement des nageoires pectorales et pelviennes chez Latimeria chalumnae repose sur le traitement de données tomographiques d’une série unique de spécimens à différents stades de croissance. Les descriptions anatomiques virtuelles du squelette des nageoires, obtenue sur des spécimens trop précieux pour être disséqués, sera complétée par la dissection fine des nageoires de spécimens adultes. Les précédents travaux sur l’anatomie fonctionnelle de la mâchoire du coelacanthe (Dutel et al. 2013) ont montré que sa musculature était plus complexe que celle décrite par Millot et Anthony (1958). Il est donc indispensable de reconsidérer l’organisation musculaire des nageoires paires. Cette étude permettra d’aborder les séquences d’ossification, les modularités développementales et les potentielles croissances allométriques des nageoires paires des cœlacanthes actuels. La comparaison des éléments endosquelettiques proximaux des nageoires de sarcoptérygiens non tétrapodes avec les pattes des premiers tétrapodes du Dévonien­Carbonifère apportera de nouvelles informations sur les modalités de la terrestrialisation des vertébrés.

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Établissement des relations trophiques du gisement dévonien (Famennien supérieur) de Strud (province de Namur, Belgique)

Florian Noirit1,2, Sébastien Olive2, Marion Chevrinais3

1UMR CNRS 6118 Géosciences Rennes, Université de Rennes 1, Campus de Beaulieu, avenue du Général Leclerc, 35042 Rennes cedex, France ­ [email protected]­rennes1.fr2Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Direction Opérationnelle Terre et Histoire de la Vie, 29 rue Vautier, B­1000 Bruxelles, Belgique ­ [email protected] CNRS 6112, Laboratoire de Planétologie et Géodynamique, Université de Nantes, 2 rue de la Houssinière, 44322 Nantes Cedex 3, France ­ Marion.Chevrinais@univ­nantes.fr

Le gisement belge de Strud (Province de Namur, Belgique) a été découvert à la fin du XIXème siècle et étudié par le paléontologue liégeois Maximin Lohest. Depuis les années 2000 à l’initiative de Gaël Clément (MNHN), il fait l'objet d'une nouvelle et profonde réévaluation. Ce site daté du Famennien supérieur a délivré une flore et une faune riches : fougères, plantes à graines, placodermes, acanthodiens, actinoptérygiens, sarcoptérygiens (dont des tétrapodes), crustacés et euryptérides. Les études stratigraphiques ont mis en évidence pour les niveaux étudiés un milieu de dépôt se situant dans une plaine alluviale au sein d’une séquence de comblement de chenal. L’abondance de taxa, la présence de traces de prédation ainsi que celle de « régurgitas » constituent des éléments précieux pour la reconstitution des réseaux trophiques du chenal dévonien de Strud. Dans le cas présent, seules les relations prédateurs­proies ont été étudiées. De telles études ont déjà été mises en œuvre dans d’autres gisements dévoniens, comme par exemple à Rhynie (Écosse) grâce à l’étude des coprolithes ou récemment à Miguasha (Québec, Canada) à l’aide de contenus stomacaux bien préservés, absents à Strud. Ainsi, dans le cadre de ce travail, les relations trophiques sont principalement établies grâce à l’étude des caractères écotrophomorphologiques tels que la taille maximale estimée (en partant du principe que les prédateurs consomment en générale des proies d’une taille inférieure à la leur), la forme du corps de l’animal, les yeux (taille, position), la dentition, la disposition des nageoires… Ces caractères seront ensuite insérés dans une matrice où ils seront codés afin de réaliser une analyse de groupement permettant de répartir les taxa selon différents niveaux trophiques. D’autre part, une analyse en composantes principales (e.g. une NMDS) sera réalisée afin de visualiser au mieux la diversité écomorphologique. La présente étude s’inscrit ainsi dans un contexte de compréhension des écosystèmes du Dévonien supérieur, témoins de la terrestrialisation des tétrapodes basaux. L’établissement des relations trophiques dans le gisement de Strud, permettra donc de mieux comprendre les pressions biotiques qui pouvaient s’exercer sur les organismes dévoniens dans les milieux fluviatiles.

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Contribution des derniers brachiopodes d’Arménie à la biostratigraphie du Dévonien supérieur

Vahram Serobyan1,2, Araik Grigoryan1, Catherine Crônier2, Bernard Mottequin3, Taniel Danelian2

1Institute of Geological Sciences of the National Academy of Sciences of the Republic of Armenia– Yerevan, Arménie ([email protected])2UMR 8198 Evo­Eco­Paleo du CNRS – Université de Lille, France ([email protected], catherine.cronier@univ­lille.fr, taniel.danelian@univ­lille.fr)3Institut royal des Sciences naturelles de Belgique – Bruxelles, Belgique ([email protected])

Avec une histoire géologique complexe liée aux événements tectoniques majeurs de la mise en place du Caucase, l’Arménie offre des affleurements exceptionnels de séries sédimentaires du Dévonien supérieur. Celles­ci sont particulièrement riches en organismes, notamment en brachiopodes ; elles sont susceptibles de fournir de précieuses informations sur la compréhension des événements d’extinction de masse du Dévonien (par exemple, crise Hangenberg) mais demeurent relativement sous­explorées jusqu’à ce jour. Ces séries rencontrées principalement dans la partie méridionale de l’Arménie centrale au sein du bloc Sud­Arménien d’origine gondwanienne, correspondent à des dépôts marins peu profonds de séquences carbonatées/silicoclastiques mixtes. Dans la présente étude, nous avons concentré nos recherches sur la coupe de Sevakavan (province d’Ararat). Cette dernière offre l’opportunité d’observer une série de près de 400 m d’épaisseur composée d’alternances de sédiments terrigènes et carbonatés (Famennien terminal­Tournaisien). Elle est particulièrement riche en brachiopodes. A Sevakavan, les brachiopodes ont permis de reconnaître les deux biozones du Famennien terminal issues de la biozonation régionale de Rzhonsnitskaya & Mamedov (2000), à savoir celles à Paurogastroderhynchus nalivkini et à « Spinocarinifera nigra »­« Sphenospira julii ». Au­delà du simple inventaire faunique qui requiert de plus amples développements, l’objectif du présent travail est d’effectuer une étude précise de l’enregistrement stratigraphique et fossilifère afin d’explorer les fluctuations de la biodiversité notamment lors des crises biologiques survenues lors des limites Frasnien/Famennien et Dévonien/Carbonifère. Les résultats suggèrent d’importants changements fauniques le long de cette section, avec une raréfaction des brachiopodes à la limite Dévonien/Carbonifère.

Rzhonsnitskaya, M.A., Mamedov, A.B. 2000. Devonian stage boundaries in the southern Transcaucasus. Courier Forschungs­Institut Senckenberg, 225, 329–333.

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Utilisation du micro CT­scan pour la préparation virtuelle et mécanique d’un crâne de crocodilien du Paléocène de Chine

Nathan Vallée Gillette1, Ulysse Lefevre1, Thierry Smith1

1Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ([email protected], [email protected], [email protected])

Depuis plusieurs années, la micro­tomographie à rayons X calculée par ordinateur (CT­scan) a pris une place importante dans les laboratoires de paléontologie des vertébrés, jusqu’à remplacer dans certains cas les méthodes traditionnelles de préparation mécanique, pour l’étude de spécimens fossiles. Ces CT­scans permettent aux chercheurs d’étudier des caractères autrement impossibles à observer, tout en préservant au maximum le spécimen de toute technique intrusive. Cependant il est souvent nécessaire d’effectuer tout de même une préparation physique du fossile, combinant ainsi les techniques virtuelles et mécaniques afin d’améliorer l’étude d’un spécimen ou encore pour permettre l’exposition de ce dernier. Le crâne de crocodilien de cette étude provient du site paléocène moyen de Qianshan dans la province d’Anhui en Chine. Il a été découvert lors des expéditions sino­belges de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) qui ont eu lieues de 2008 à 2011. Seule la face ventrale du crâne a été dégagée, présentant un os très fin, fragile et fragmentaire, ainsi que quelques dents encore en position. La finesse de l’os, additionnée à des sutures très marquées suggère un individu juvénile. La face dorsale du crâne étant complètement recouverte par la matrice gréseuse, le spécimen a été scanné à l’aide du micro CT­scanner EasyTOM 150 de l’IRSNB, ceci afin de le manipuler virtuellement dans son entièreté, pouvoir l’étudier et aussi le visualiser avant sa préparation physique. En effet, la fragilité des os et le manque de visibilité de la face dorsale rendent la préparation très risquée et demandent un temps considérable. La segmentation virtuelle a été réalisée sur le logiciel Materialise Mimics 19,0 (x64) (Materialise NV, Leuven, Belgique) pour séparer l’os de la matrice puis pour modéliser le crâne en trois dimensions. Le contraste entre les os et la matrice est par endroit très faible (dû à un os très fin et une matrice siliceuse) et il a fallu environ une quinzaine d’heures de travail pour obtenir une reconstitutioncomplète du crâne. Au terme de cette segmentation, deux os périphériques au crâne se sont relevés appartenir à une mandibule (angulaire et surangulaire) montrant une large fenêtre mandibulaire. D’autres fragments d'os isolés du crâne ont aussi été identifiés virtuellement dans la matrice. La segmentation du crâne en lui­même a révéléun crâne relativement bien conservé, le côté droit étant fragmentaire. Les coupes tomographiques ont également mis en évidence de nombreuses fissures dans la roche, pour beaucoup traversant de part en part le crâne. Toutes ces informations récupérées en amont de la préparation ont permis de faire une analyse complète du travail physique à effectuer et de planifier la meilleure approche possible (localiser les caractères diagnostiques importants à dégager, les fractures dans l'os ou les fragments isolés, stabiliser les fissures ou encore tenir compte de l'épaisseur de l'os). Le tout facilite grandement la préparation et diminue les risques d’endommager le spécimen. Cette étude de cas montre déjà l’intérêt de telles technologies pour les chercheurs mais souligne à quel point cette nouvelle technique de préparation est utile dans la boite à outils déjà bien grande des préparateurs.

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