jeannin. oeuvres complétes de saint chrysostome. 1887. volume 2

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    Digitized by the Internet Archivein 2011 with funding from

    University of Toronto

    http://www.archive.org/details/oeuvrescomplt02johnh)

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    TRADUCTION FRANAISEDES UVRES COMPLETES

    DE

    AINT JEAN CHRYSOSTOMETOME DEUXIKME

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    AVIS IMPORTANT

    J'ai seul le droit de joindre aux OEuvres compltes la vie de saint Jean Chrijsostme parlabb Martin ; je suis seul propritaire de cette traduction franaise : toute reproductionpartielle ou totale , contrefaon ou imitation , sera poursuivie rigoiireusement, conformmentaux lois.

    SUEUR-CHARRUEY,KlHTF.ru.

    1c

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    SAINT JEAN

    CHRYSOSTOMEOEUVRES COMPLETES

    TKADUITES l'OlK LA PREMIRE FOIS EN FRANAIS

    sous la Direction

    DE M. JEANNINLicenci s-lettres, professeur de rhtorique au collge de riminacule-Gonception de Saiiit-Dizier

    TOME DEUXIEME

    Vie monastique. Componction. Providence. Cohibitions illicites. Virginit. Vidnit.Contre les Anomens. Divinit de Jsus-Christ. Contre les Juifs. Sur ranalhme. Contre les trennes. Sur Lazare. Homlies sur les statues.

    ARR A SSUEUR-CHARRUEY, Imprimeur-Libraire-diteurPetite-Place, 20 et 22

    1887

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    THE iNSTiTUTE CF KEDIAEVAL STUDlES^ 10 ELMSLEY PLACE

    TOfiOI>iTO 5, CANADA.

    /

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    TRADUCTION FRANAISE08

    SAINT JEAN CHRYSOSTOME.APOLOGIE DE LA VIE MONASTIQUE.

    (Voyez tom I, cbap. Ti, p. 41.)

    LIVRE PREMIER.CONTRE LES ENNEMIS DE LA VIE MONASTIQUE.

    ANALYSE.

    Ceux qui dclarent la guerre Dieu soot punis infaillibletneat.

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    2 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.interrompirent, pour un temps, lareconstruc- les compare, tant pour la dure que pour lation du temple de Dieu. Cette victoire, dontils rigueur, ceux quiles attendaient dans l'autreauraient d se frapper la poitrine, les remplit monde. Mille ans, dix mille ans, ce n'est rien ;de joie et d'orgueil. Leur complot injuste et doux ou trois fois autant, toujours rien ; c'estimpie avaitrupsi, ils s'en applaudirent comme durant un nombre infini de sicles que, dansd'un grand succs. (II Esdras, iv.) leurs mes et dans leurs corps runis jamaisOr c'tait l le prlude et le commencement pour leur mallieur, ils souffriront des maux

    des maux qui allaient bientt fondre sur eux. inous, d'innarrables douleurs. Le saint pro-- En effet, l'ouvrage avanait de jour en jour, phte Isae connaissait cette double punition ;il s'achevait glorieusement; et ces misrables et Ezchiel, trouv digne de contempler lesapprirent, et par eux tout le monde, que c'est plus merveilleuses visions, ne l'ignorait pascombattre contre Dieu que d'attaquer ses ado- non plus ; eux deux ils ont dcrit tous lesrateurs, et que Mithridate * lui faisait alors chtiments de ces hommes : l'un, ceux de laune guerre impie, comme la lui font tous ses vie prsente, l'autre,ceux de la vie future,semblables, lorsqu'ils perscutent ceux qui 2. Ce n'est pas sans raison que j'ai rappeltravaillent pour sa gloire et se consacrent ces exemples. Je viens d'apprendre une nou-on service. On ne s'attaque pas Dieu im- velle, pleine d'amertume, fcheuse, et dontpunnient. Si le chtiment se fait parfois at- l'outrage va jusqu' Dieu mme : il se trouvetendre, c'est un dlai que la Bont souveraine aujourd'hui des impies qui ont l'audace et laaccorde l'homme tmraire pour l'exciter tmrit de ces barbares, etqui poussentmmeau repentir, et lui donner le temps de revenir plus loin leur mchancet et leur inj ustice. Lescomme de son ivresse. S'il persiste dans son zlateurs de la vie monastique sont l'objetgarement, et qu'il ne profite pas de la pa- d'une perscution acharne ; on leur interdit,tience divine, il sera du moins utile aux non sans de graves menaces, d'ouvrirla boucheautres hommes : il leur apprendra par l'exem- pour parler de ce genre de vie, et pour l'ensei-ple de son invitable punition ne pas s'aven- gner qui que ce soit. Je me rcriai de toutestiirrr dans une lutte contre Dieu, aux mains mes forces cette trange nouvelle, vingt foisinvincibles e qui nul ne saurait chapper. j'interrompis celui qui me la racontait pour

    Ces ennemis du peuple de Dieu furent acca- lui demander s'il ne plaisantait pas. Plai-blfts de tant de misres et de calamits si gran- santer! rpondait-il, plaisanter sur une pareilledes.qu'ellesubscurcissentetqu'ellessurpassent matire 1 sachez donc que loin d'inventer detout ce que l'on a vu de sanglantetde tragique pareilles choses pour le plaisir de les racon-dans l'univers. Dans les massacres et les bou- ter, je voudrais de tout mon cur et pour toutchries que firent les mains victorieuses de au monde, ne les pas connatre, n'en avoir pasce peuple religieux, injustement perscut, entendu parler, maintenant qu'elles sont tropla terre fut si abreuve du sang des impies, relles.qu'elle se couvrit partout d'une boue ensan- Alors, soupirant plus amrement : Oui, dis-glante. Au milieu de ces cadavres de chevaux, je, tout ce que Mithridate et ses complices ontde ces cadavres d'hommes jets en un affreux fait contre les Juifs n'approche pas de ces excsple-mle et tout labours de plaies, pullula impies,dontrnormitestd'autantplusgrandebientt une telle quantit de vers, que les que le temple spirituel qu'ils empchent decorps disparaissaient dessous, comme la terre construire est incomparablement plus augustesous les corps morts. A voir ce champ de car- que celui de Jrusalem. Mais, dites-moi, jenage, on ne l'et pas dit jonch de cadavres, vous prie, qui sont ces hommes? d'o viennent-mais sem de sources innombrables, vomis- ils? pourquoi? pour quel sujet commettent-sant flots cette espce d'insectes. Pas d'inon- ils toutes ces violences? qu'ont-ils en vue pourdation comparable ce dbordement de pour- jeter des pierres, lancer des dards contre leriture et de vers. Et cela dura non pas dix ciel, et faire enfin la guerre au Seigneur, quiou vmgt jours, mais plusieurs annes. Tels est le Dieu de la paix?Samas et les Pha-furenl dj les chtiments qu'ils essuyrent rathens, et les princes des Assyriens, eten cette vie, chtiments qui ne sont rien si on tant d'autres taient des barbares, comme on

    ' Un de ceux oui Acrivir,>r,f . r. A . . u . P

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    APOLOGIE DE LA VIE MONASTIQUE. - LIVRE PREMIER. 3Juives; ils ne voulaient point voir se nnil- et pour le saint de tons les hommes. Pouptiplicr (les voisins, dont l'agrandissement leur moi, je nie cliarp:e de iiendre votre livre, etsemblait une menace pour leur propre puis- de le metln; entre les mains de ces maladessance. Ouest-ce que reux-ci peuvent allguer pour leur servir de remde et de contre-poison,de pareil? Leur lil)^;l est-elle en danger et II y en a plusieurs qui sorvl de mes amis, jeleur indpendance compromise? Ces barbares leur ferai lire votre ouvrage une fois et deuxdont ils imitent la conduite, trouvaient au fois et plus encore, s'il est nccr^saire, et je suismoinsdansles rois de Perse, des princes tout certain qu'ils seront bientt guris,disposs seconder leurs vues. Tandis qu'il Sans doute, lui dis je, vous mesurez monn'y a rien de commun, j'aime le croire, talent votre amiti; mais je n'ai aucuneentre nos pieux empereurs et les sacrilges loquence, et celle que je parais avoir, je rou-ennemis de Dieu. Aussi suis-je au comble de girais de l'employer pour un pareil sujet ; jela sur[trise, quand vous me dites que, sous craindrais de dvoiler nos misres aux yeuxdes empereurs pieux, de Iris attentais se com- de tous les paens, eux, que j'attaque sansmettent au nnlieu des villes. O en serez- cesse pour leur indiffrence religieuse et lavous, me dit-il, si je vous apprends encore licence de leur vie. S'ils venaient savoirquelque chose de plus trange? Les auleurs qu'il y a parmi les Chrtiens des hommesde ces impits veulent passer pour gens d'une qui sont les ennemis dclares de toutes lesdvotion consomme. Ils se disent Chrtiens vertus, des hommes qui non-seulement nesincorts, et mme |)lusiems d'entre eux sept prennent pas la peine de devenir sages, maisinitis aux saints mystres. Il y en a un qui, qui ne peuvent mme souffrir qu'on parle de l'mstigation du diable, a os dire de sa sagesse; des insenss qui vont jusqu' faire lalangue insolente, ce mot excrable, qu'il re- guerre, une guerre outrance ceux qui pra-noncerait la Foi, et qu'il sacrifierait aux d- tiquent et font pratiquer la vie parfaite; si,mons, parce qu'il crve de dpit de voir des dis-je, ils venaient savoir cela, je crain-hommes d'une condition libre, d'une nais- drais qu'ils ne nous regardassent plus commesance illustre, et qui pourraient vivre dans les des hommes, mais comme des btes et desdlices, embrasser un genre de vie si dur et si monstres- forme humaine, comme des gniesaustre. Ces dernires paroles me percrent pernicieux et ennemis de la commune nature :jusqu'au cur, et prvoyant tous les maux ce qu'il y a de plus fcheux, c'est qu'au lieu dequi sortiraient de l, je me pris pleurer sur porter ce jugement sur les seuls coupables, ilsla terre entire et je dis Dieu : Arrachez mon retendront toute notre religion,me de mon corps, affranchissez-moi de mes Plaisante raison, me rpondit en souriantncessits et dlivrez-moi de cette vie prissa- mon ami ; craignez-vous de divulguer par vosble; transportez-moi dans un lieu o per- discours ce que des faits scandaleux ont apprissonne ne me dira plus, o je n'entendrai plus tout le monde? Ces vnements sont dansjamais de telles horreurs 1 il est vrai qu'en toutes les bouches, ils font le sujet de toutessortant de ce monde, je trouverai les tnbres les conversations ; on dirait qu'un esprit malinextrieures, o il n'y a que pleurs et grince- a souffl dans toutes les mes. Allez sur lamenls de dents; mais les grincements de dents place, dans les boutiques des pharmaciens, etme seront moins dsagrables que de telles sur tous les points de la ville, o se rassem-paroles. blent les oisifs, vous serez tmoin de la joieAlors me voyant abm dans ma douleur : folle qui clate dans tous les cercles. Or, lo

    Ces lamentations, me dit-il, sont hors de sai- sujet de cette gaiet, c'est le rcit des pers-son. Vous ne sauverez point par vos pleurs les cutions diriges contre les saints. De mme,mes qui se perdent en ce moment, ni celles en effet, que certains hommes d'armes, victo-qui se perdront encore, car je n'imagine pas rieux en beaucoup de combats, et qui ontque le mal finisse si tt. Il faut voir comment rig des trophes de leurs victoires, aimentnous teindrons l'incendie, comment nous ar- raconter leurs exploits ; de mme ces bravesrterons le flau; voil notre mission; et, si d'un nouveau genre s'enorgueillissentde leursvous vouliez m'en croire, vous composeriez attentats. Vous entendrez dire l'un : C'estun discours pour donner ces malades, ces moi, qui le premier ai mis la main sur telrvolts, des conseils pour leur propre salut moine et l'ai accabl de cQups,,.. A l'autra

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    4 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.C'est moi qui ai dcouvert sa cellule. Moi, est grande : elle clate, elle se pme de rire,dira un troisime, j'ai su, mieux que les au- Mais qu' force de frapper toujours plus fort,trs, irriter le juge contre lui. Un autre se l'enfant vienne se blesser, que sa main aitvante, comme d'un titre d'honneur, d'avoir rencontr l'aiguille attache la robe de safait jeter en prison et fait maltraiter les soli- mre vers la ceinture, ou la navette fixe surtaires, de les avoir trans sur la place pu- son sein; alors, cessant de rire, la mre prouvebiique, et ainsi du reste. Tous ces rcits sont plus de douleur que l'enfant bless ; aussittelleassaisonnsdegrandsclatsderire.Voilce qui soigne la blessure, et dornavant elle lui d-se passe dans les runions des Chrtiens 1 Les fend avec menaces de frapper encore l'avenir,Paens se moquent et des rieurs et des victimes, pour qu'il ne lui arrive plus rien de semblable,des uns pour ce qu'ils ont fait, des autres pour J'eusse tait de mme, si je n'avais pas vu quece qu'ils ont souffert. En un mot, c'est une vri- cette espce d'emportement puril de Chr-table guerre civile, ou quelque chose de plus tiens, frappant l'Eglise, leur mre, tait ca-atroce encore. Car ceux qui ont combattu dans pable d'attirer sur eux les plus grands maux,une guerre civile ne se la rappellentjamais sans Comme bientt, quoiqu'ils ne s'en doutent pas,en maudirelesauteurs,etsansattribuerquel- domins qu'ils sont maintenant par la colre,que mauvais gnie tout ce qui s'y est fait de comme bientt ils doivent pleurer, gmir etmal. Plus on y a pris part, plus on en rougit, pousser des lamentations, non pas des lamen-Ceux-ci au contraire se glorifient de leurs for- tations d'enfants, mais celles qu'on entendfaits. Ce qui rend encore celte guerre-ci plus 4fins les tnbres extrieures et dans le feucriminelle qu'une guerre civile, c'est qu'elle ternel, j'agirai encore comme font les mres,est dirige contre des innocents, contre des avec cette seule diffrence que je parlerai saints, contre des hommes incapables de nuire ces hommes, qui sont de vrais enfants, non pas qui que ce soit et ne sachant que souffrir. avec des reproches et des menaces, mais avec

    3. Grce, lui dis-je, grce 1 c'est bien assez une grande modration et une tendre con-pour moi de ces dtails, si vous ne voulez pas descendance. Quant aux saints solitaires, ceme faire mourir tout fait : laissez-moi par- n'est pas pour eux que j'cris, puisque cestir tandis qu'il me reste encore un peu de vexations, loin de leur nuire, ne font qu'affer-force. Ce que vous avez command se fera; mir leur confiance et qu'augmenter leur gloireseulement, n'ajoutez rien votre rcit, mais future.priez, en parlant, pour que le nuage de dou- Perscuteurs de l'Eglise de Dieu, je vousleur qui offusque mon me se dissipe, et que ferais envisager les biens et les maux de l'au-je reoive du Dieu qu'on attaque quelque bonne tre vie, si je ne savais que votre coutume estinspiration pour la gurison des malheureux d'en plaisanter et d'en rire; mais quoiquequi lui font la guerre. Il m'en accordera sans vous fassiez profession de vous railler de tout,doute, lui qui est si clment et qui ne veut je trouverai dans les exemples de la vie pr-point la mort du pcheur, mais qu'il se con- sente de quoi vous rendre srieux. Nous feronsvertisse et qu'il vive. parler les vnements et leur voix couvriraAyant ainsi pris cong de lui, je mis la main votre rire,

    ce travail. Bien certainement, si le mal se Vous connaissez sans doute Nron , cetbornait aux mauvais traitements qu'endurent homme fameux par sa dbauche, qui fit voirmaintenant les saints de Dieu, ces hommes sur le trne des murs d'une dissolution,admirables que l'on arrache de leurs cellules, d'une infamie que le monde ne connais-que l'on trane devant les tribunaux pour les sait pas et qu'il n'a point revue. Ce Nronmaltraiter et leur faire souffrir tout ce que je porta contre saint Paul, qui vivait la mmeracontais tout l'heure; si, de cette perse- po(jue,-les mmes accusations que vous di-culion, il ne rejaillissait aucun prjudice sur rigez contre ces saints du dsert. L'Aptrela tte des perscuteurs, loin de gmir de ccqui avait gagn la Foi une concubine que l'em-s'est pass, je m'en rjouirais de tout mon pereur aimait passionnment; il l'avait decur. Lorscju'un petit enfant bat sa mre sans plus amene rompre cette liaison coupable,danger pour lui, les coups que celle-ci reoit Nron reprocha celte bonne action saintne foril que l'exciter rire ; et plus le petit en- Paul ; il l'app, la sducteur, vagabond ; il luiiujil y met de colre, plus la joie de la mre donna (t^us les nomsque vous prodigue* vous-

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    APOLOGIE DE \A VIE MONASTIQUE. - LIVRE PREMIER. 5m^^me? aux moines. Ille jeta ensuite on pri- lonan{?es pnMique? dans toute la Grce, et con-soa, et comme le saint A|tlie contiiuiailiras- siilrrs comme les protecteurs de la patrie,sister la jeune lille de ses conseils, le tyran le Mais ces choses vous sont peut-tre inconnues,fit mourir. vous qui ne vous appliquez (|u' rire et

    Je vous demande maintenant quel dom- vivre dans les dlices. Cependant si des paensmape en est rsult pour la victime, et quel qui, en gnral, n'avaient pas de saines idesprofil pour le meurtrier? oti plutt, quel avan- des choses, se sont guids par ces vuesde jus-lage n'en a pas retir saint Paul mis mort, et lice, et ces sentiments de reconnaissance dansquel prjudice n'en est pas retomb sur Nron les honneurs qu'ils dcernaient aux hommeyqui le (il mourir? L'un n'est-il pas glorifie par qui n'avaient rendu la patrie d'autre servicetoute la terre comme un ange (je ne parleque que de mourir pour elle; combien |)Ius fortedu prsent), et l'autre, excr de tous comme raison Jsus-Christ Notre-Seigneur, ce princeun dbaucli et un aflreux dmon? si riche et si magnifique, ne rcompensera-t-il

    4. Quant aux chtiments de l'autre vie, dus- pas les serviteurs fidles, morts pour la gloire6iez vous n'y pas croire, j'en dois parler pour de son nom, aprs avoir affront toutes sortesles fidles. El cependant par ce qui tombe sous de dangers et de travaux,vos yeux, vous devriez ajouter foi ce que Car ce n'est pas seulement pour les pers-vous ne voyez pas. Du reste, quelles que soient entions, pour les coups, pour les prisons, la cet gard vos dispositions, je parlerai, sans torture et la mort, qu'il propose des cou-rien dguiser, de ces mystres redoutables. Les ronnes, c'est encore pour avoir souffert une in-rles seront bien changs alors. D'un ct on jure, ou quelque parole oulrageuse. Voustesverra l'infortun prince accabl demauxetde heureux, dit-il, si les hommes vous has-misres, sale et abattu, couvert de confusion et sent, vous rebutent et vous insultent, et s'ilsde tnbres, les yeux baisss, tran dans ces rejettent votre nom commeodieux, causedulieux de gne et de supplices, o le ver ne a Filsde l'homme : rjouissez-vous en ce jourmeurt point, o le feu brle toujours; de a et tressaillez d'allgresse, car voici qu'unel'autre, saint Paul se tiendra deboutauprsdu grandercompense vousattenddansleCiel.trne de son Roi, plein de confiance et de li- (Luc, vi, 22, 28.) Empcher ces outrages et cesbert, brillant d'un clat admirable, revtu injures, c'est donc rendre service non aux vic-d'une gloire qui n'aura rien envier celle times dont ils augmentent la recompense,des anges, ni celle des archanges, et jouis- mais aux perscuteurs dont ils aggravent lesant de la rcompense que mrite l'homme qui chtiment. On te ainsi aux saints la matirelivre son corps et son me pour accomplir la de leur triomphe et la plus belle perle deleurvolont de Dieu. couronne. Dans leur intrt je devrais donc

    Tel est l'ordre de la justice. Ceux qui auront garder le silence et laisser un libre cours cefaitlebien ici-bas, recevrontl-hautuneample qui ne fait qu'accrotre la source deleursm-rcompense, etd'autanl plus abondante, qu'ils rites, et leur donner plus de confiance pourauront, en le faisant, couru plus de dangers et paratre devant le souverain Juge. Mais noussupport de plus grands maux. Car une bonne sommes tous membres les uns des autres, et,action, pour tre la mme en deux personnes, dussent les solitaires refuser un secours plusdont l'une aura souffert, etl'autre non, ne sera nuisible qu'utile pour eux, il ne serait paspassuivie des mmes rcompenses; la gloire et juste de ne pourvoir qu' leurs intrts en n-la couronne seront ingales selon l'ingalit des gligeant ceux des autres. Quand mme ilspeines et des travaux. De mme la guerre, manqueraient cette bonne occasion de souffrir,on donne une couronne celui qui dresse un ces saints personnages sauront trouver d'autrestrophe des dpouilles de l'ennemi, mais une moyens d'exercer leur vertu : tandis que leursplus riche et une plus belle celui qui mon- perscuteOrs ne peuvent que se perdre s'ils netre les blessures auxquelles il doit sa victoire, renoncent pas celte guerre impie qu'ils leurJe parle des vivants et j'ai l'exemple des morts, font.Ceux mmes qui n'ont point donn d'autres Ainsi,laissantde ct l'intrtdes solitaires;marques de valeur que de mourir dans la m- je m'attache exclusivement au vtre, vous per-.le, sans tre utiles d'ailleurs leurs conci- scuteurs, et je vous prie et vous conjure avectoyens, sont nanmoins honors par des toutes les instances possibles de vous laisser

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    lilADUCTIOxN FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.vaincre par mes prires et de vous rendre coups, d'outrages et de calomnies, les faisantmes exhortations, de ne plus tourner l'pe passer pour des imposteurs et des sducteurs,contre vous-mmes et de ne plus regimber Aussi furent-ils frapps d'un tel chtiment quecontre l'aiguillon, et, sous prtexte de tour- jamais calamit ne put se comparer la leur.monter des hommes, de ne plus contrister Jamais auparavant, jamais depuis, le soleill'Esprit de Dieu. Je suis certain que vous re- n'claira un dsastre comparable leur d-connalrez l'utilit de mes conseils sinon pr- sastre. Jsus-Christ lui-mme nous l'assure,sentement, du moins plus tard. Je dsire nan- quand il dit : a II y aura une grande dsola-moins que ce soit prsentement, pour que tion, telle qu'il n'y en eut jamais depuis levous ne le fassiez pas inutilement aprs le commencement du monde jusqu' prsent,temps de cette vie. Vous avez l'exemple du tellequ'il n'y en aura jamais . (Matth.,xxiv,mauvais riche : pendant qu'il tait sur la terre, 21.) Le temps nous manque, sans doute, pourla loi, les oracles divins, et les avertissements dcrire en dtail toutes ces souffrances; mais ildes Prophtes passaient dans son esprit pour faut choisir quelques traits dans cet immensedes fables et des niaiseries. Il ne fut pas plus tt tableau. Vous entendrez, non pas mon rcit,dans l'autre monde qu'il s'aperut combien il mais celui d'un Juif quia racont cette histoires'tait tromp ; alors son estime pour les vri- exactement. Aprs avoir rapport l'incendie duts de la religion gala son mpris d'autrefois, temple, Josphe continue ainsi :mais hlas 1 il n'tait plus temps pour lui d'en 5. Voil ce qui se passait dans le temple;profiter. C'est pourquoi il pria le patriarche mais, le nombre de ceux qui succombaientAbraham d'envoyer quelqu'un d'entre les dans la ville, consums parla faim, tait incal-morts pour annoncer aux vivants tout ce qui culable, et il arrivait des malheurs qui ne sese passe dans l'enfer; il voulait leur faire vi- peuvent raconter. En chaque maison, si l'onter le malheur qu'il avait eu, lui, de se moquer apercevaitquelque ombre de nourriture, c'taitdes saintes Ecritures, pour se voir contrainlde la guerre, et les plus chers amis en venaientles respecterdans les flammeslernelles, quand aux mains ensemble pour s'arracher lesmis-il ne servirait plus rien de le faire. rbles soutiensde leur existence. On ne croyaitCependant ce riche fut moins coupable que pas mme au dnuement des morts, et les

    vous ne l'tes. Il ne donna rien au pauvre La- brigands fouillaient ceux qui expiraient, dezare, c'est tout son crime ; il n'empcha pas, peur que quelqu'un ne feignt d'tre mortcomme vous, les autres de faire le bien qu'il pour cacher dans son sein quelques vivres,ne voulait pas faire lui-mme. Ce n'est pas seu- Les voleurs affams couraient comme deslement par celte insensibilit, c'est par autre chiens enrags, la gueule bante, heurtaientchose encore que vous l'avez surpass. Le aux portes comme des gens ivres, et, sans sa-crime n'est pas gal de ne pas faire le bien voir ce qu'ils faisaient, rentraient aux mmessoi-mme ou de l'entraver chez les autres : maisons deux ou trois fois dans une heure. Laajoutez qu'il y a moins de mal priver quel- ncessit leur mettait tout sous la dent, et ra-qu'undela nourriture corporelle, qued'carter massant ce qu'eussent ddaign les plus im-des sources de la sagesse une me qui a soif mondes animaux, ils n'hsitaient pas le man-de s'instruire. Ainsi vous avez doublement gcr. Ils n'pargnrent ni leurs ceintures, ni lesdpass ce riche insensibleen empchant ceux courroies de leurs sandales; ils arrachaientqui pouvaient rassasier les affams, de le faire, aussi le cuir de leurs boucliers, et ils le d-et en exerant votre cruaut non plus contre voraient. On mangeait des restes de vieuxles corps, mais contre les mes. foin, on en ramassait, aux portes des maisons.

    Autrefois les Juifs commirent le mme les moindres brins dont une petite quantitcrime : ils empchaient les Aptres d'annon- se vendait quatre drachmes attiques '. Maiscer aux hommes la parole du salut. Votre m- qu'est-il besoin de dcrire la faim aux priseschancet est encore plus grande. Eux du avec les tres inanims? Je vais raconter unmoins taient des ennemis dclars, ils pre- fait qui n'a pas son pareil ni chez les Grecs ninaient ouvertement ce rle, et agissaient en chez les Barbares, fait horrible dire, incroya-cette qualit, tandis que vous, vous couvrant ble entendre. La crainte de passer pour undu masque de l'amiti, vous agissez en enne- imposteur, aux yeux de la postrit, m'auraitmis. Les Juifs accablrent les saints Aptres de u drchm valait aviion o tt. s . a* noti* monoais.

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    APOLOCIE UE LA VIE MONASTIQUE. LIVRE PUESllEn. 7port omeltre une telle monstruosit, si je blants, branls enfin par une telle atrocit, etn'en avaisile nombreux tmoins, et si, dans les laissant la mre ce seul aliment. La villomaux de ma patrie, ce nVlail |)our elle une aussitt rolcnlitde cet horrible vnement, etfaible consolation d'en supprimer la mmoire, chacun, en son^^eant cette action horrible,Une femme des bords du Jourdain, nom- frissonnait comme s'il en et t coupable.

    me Marie, flile d'Elazar, du bourg de B- Les plus alTams couraient la mort ; on van-Ihzob, c'est--dire Maison d'Iiysope, dislin- tait le bonheur de ceux qui avaient succomb,gue par son bien et par sa naissance, s'tait avant de voir et d'entendre de tels malheurs,rfugie avec les autres dans Jrusalem, et y Les Homains apprirent bientt celte all'reusesubissait les rigueurs du sige. Les brigands nouvelle ; (|uel(jues-uns n'y pouvaient croire;lui prirent tout ce qu'elle avait apport del d'autres taient touchs de compassion; laPre, et enfin le reste de ses joyaux, etjuscju' plupart en prouvaient une haine plus grandela nourriture qu'elle pouvait tiouver de jour contre les Juifs .en jour. Une violente indignation s'empara de 6. Tous ces malheurs et beaucoup d'autrescette faible femme; elle se mit injurier les furent envoys aux Juifs pour les punir non-voleurs, les charger d'imprcations, es[)rant seulement d'avoir crucifi Jsus-dhrist, maisqu'ils lui feraient la grce de la tuer. Mais encore d'avoirentrav la prdicationdel'Evan-voyant qu'elle n'excitait pas plus leur colre gile et perscut les Aptres. C'est ce queque leur piti, et qu'elle ne pouvait plus trou- leur reprochait saint Paul quand il leur an-ver de vivres nulle part, presse par la faim nona tous ces maux en disant: a La colre dedont les tortures dchiraient ses entrailles et Dieu contre eux est monte jusqu'au couible.pntraient juscju' la moelle de ses os, et sur- (I Thess., !i, iO.) Que nous importe, dites-tout conseille |)ar sa fureur et son dsespoir, vous, nous ne nous op[)Osons, ni la foi, ni elle prend une rsolution qui fait horreur la prdication? Eh! dites-moi, quel fruitla nature. Elle saisit son enfant qu'elle nour- retirez-vous de la foi sans la puret de la vie?rissait de son lait: Pauvre petit, dit-elle. Mais peut-tre ignorez-vous encore la ncessitau milieu de la guerre, de la famine et d'unevie sans tache, vousqui tes si trangersde la sdition, pour qui te conserverai-je? loutenotrereIigion?JevousrappelleraidonclesChez les Romains nous attend la servitude, oracles de Jsus Christ. Remarquez bien si lessi toutefois ils nous laissent la vie; aprs la menaces qu'il fait ne regardent que les pchsfamine, l'esclavage nous attend, et pires que contre la foi, voyez si les mauvaises mursces deux maux, les sditieux nous menacent, n'ont pas leur part de chtiments.Allons, sois pour ta mre un aliment, pour les Lorsque Jsus fut arriv sur la montagne,factieux un remords vengeur, pour le monde ayant a|)eru une foule nombreuse qui se pres-une fable : il ne manquait plus que cela aux sait autour de lui, aprs d'autres avertisse-malheurs des Juifs ! Et disantces mots, elle tue ments, il leur disait: Tousceuxquimedisent:son enfant, le fait rtir et en mange la moiti; Seigneur! Seigneur! n'entreront pas danspuis elle cache le reste pour le conserver. Atti- le royaume des cieux, mais celui qui fait lars par l'odeur de cette viande, les soldats arri- a volont de mon Pre . Et : Beaucoup mevent aussitt ; ils menacent cette femme de T- diront en ce jour : N'avons-nous pas proph-gorger, si elle ne leur montre le mets qu'elle tis en votre nom? N'avons- nous pas chassvient d'apprter. Je vous ai gard votre part, a les dmons en votre nom ? N'avons-nous pasleur rpond-elle, et elle leur montre ce qui fait de nombreux miracles en votre nom? Etreste de son enfant. Ils furent saisis d'horreur, je leur rpondrai: Retirez-vous de moi, vouset, regardant fixement, ils demeuraient im- a qui commettez l'injustice ; je ne vous con-mobiles et hors d'eux-mmes. Vous voyez l, a nais pas . (Matth., vu, 21-25.) Jsus dit en-reprend la mre, vous voyez mon propre fils, core que celui qui entend sa parole sans laje l'ai tu; mangez, j'en ai bien mang, moi. pratiquer est semblable un insens btissantNe soyez pas plus dlicats qu'une femme, ni sur le sable une maison qui doit tre dtruiteplus compatissants qu'une mre. Si la religion par les fleuves, les pluies et les vents. Dans unvous arrte, si vous abhorrez mon sacrifice, autre endroit, parlant au peuple: De mmej'en ai mang la moiti ; je mangerai encore a que les pcheurs , dit-il, a quand ils ontle reste. Ces hommes s'en allrent tout trem- a retir leurs filets, rejettent les mauvais pois^

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    C TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.sons de mme en sera-t-il en ce jour o les lion de ces lois et le rgne de l'injustice, pen-

    a anges jetteront tous les pcheurs dans la dant que la solitude produit en abondance les fournaise .(Malth., XIII, 47.) Parlant des d- fruits sacrs de la plus haute vertu, ds lorsbauchs et des impudiques, il disait: Ils s'en ne vous en prenez plus nous. N'accusez pasa iront o les attend le ver qui ne meurt pas ceux qui retirent les autres du milieu dest et le feu qui ne s'teint jamais .(Matth., ix, orages o ils sont exposs prir, n'accusez pasi2.) Et ailleurs : a Un roi , dit-il, fit les ceux qui conduisent au port les navigateursc noces de son fils, et ayant vu un homme battus par les vagues furieuses ; accusez ceuxrevtu d'habits sales, il lui dit : Mon ami, qui font du monde une mer o l'on ne voit

    a comment tes-vous venu ici n'ayant pas que temptes et naufrages, en un mot ceuxa l'habit nuptial ? Et il ne rpondit rien. Alors qui rendent la ville inhabitable pour la vertu: le roi dit ses ministres : Liez-lui les pieds et ce sont eux qui nous obligent fuir dans les

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    APOLOGIE DE \A VIE MONASTIOI'E. LIVHE PREMIER.at((*n(lre de ces mchants dt'Miions, dont Vin- an di-sert et Iinbilcnt les sommets des monla-fernale fureur convoite si anlcnimenl noire gnes? Esl-ce l ce (jue vous nous ordonnez,perte et noire dslionnenr. Aprs l'avoir

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    APOLOGIE DE LA VIE MONASTIQUE.

    LIVRE DEUXIE3IE.A UN PRE CHRTIEN,

    ANALYSE.

    Ct taient pas eulement des lratig(>rs, mais les amis elles pres eux-mmes quidloiimniont leurs enfaiifs de la profession mo-tiistique : et ce dsordre lait gal parmi les clirliens et parmi les paens. Saint Clirysoslonie s'adresse d'aboi d unre iutid61e, qu'il suppose outr de douleur de voir son (ils engag dans celte profession. Dans la peinture qu'il fait de l'tatde ce personnage suppos, il rassemble tous les motifs qui font ordinairement qu'un p'-e dplore devoir son fils embrasser la viemonasiique. Il est riche et noble, il n'a qu'un (ils et ne peut esprer d'on avoir d'autres. De son ct, le fils est doii detoutes les qualits ncessaires pour tre en droit d'a?pirer ce qu'il y a de plus f.'ranil dans le monde, mais il a entendu parlerde la religion chriienne et il a tout quitt pour s'enfnire dans les montagnes. Queliiue ju.stes sujets que ce [re paraisseavoir de se pl.indre de la rsolution de son fils, saint Ciirysostomesouiienl que c'est tort qu'il dplore son changement de vie,parce que le pauvre volontaire est plus heureux que le riche toujours touimentile la passion rie l'aigenl; parce que le soli-taire, tout en ue possdant rien en propre, disijose, pour le bien dos pauvres, de la bourse de toutes les personnes de piet.Comme le pre est p;ilen, saint Chrysostome n'employant que des raisonnements et des exemples sa porte, lui cite l'exemplede Crilon qui met tout son bien la disposition de Sociale, son matre de philosophie. Cilalion d'un passage du dialoguede Platon, le Crilon. Autre exemple de Diogne refusant l.;s offres d'.^lexandre.

    Si le pre veut parler de la gloire que son lils aurait acquise dans le monde, saint Chrysostome lui rpond que la gloire suit lavertu encore plus que la puissance. Platon est plus illustre que Denys, tyran de Syracuse; Socrate qu'Archlaiis; Aristidequ'Alcibia ie. Alexandre port.i envie Diogiie. Saint Chrysostome va plus loin et fait voir que ce fils, devenu solitaire,est plus puissant que s'il ft rest dans le monde. r,ar, dit-il, il y a trois degrs de puissance, dont le premier est de pouvoirse veuger des injures; le second, de se gurir soi-mme, quelque blessure que l'on ait reue ; le troisime, de se mettiedansun tat o personne ne puisse nuire. C'est ce dernier degr dont jouit le solitaire. Personne ne peut lui nuire; dvelop-pement de cette pense.

    De l, saint Chrysostome passe ce qui regarde personnellement le pre de ce solitaire, et montre que jamais fils n'a eu tant derespects et d'gatds pour son pre : lev quelque haute dignit dans le monde, il n'aurait peut-tre eu que du mpris pourl'auteur de ses jours ; restant dans le sicle, il aurait peut-tre t jusqu' souhaiter la mort de son pre par l'esprance d'uneriche succession ; rer dans la solitude il prie Dieu, au contraire, qu'il lui accorde une longue vie. Rsum des motifs. Rfutdtion des objections. Exemple d'un fait rcent : Pre paen qui, aprs avoir tout fait pour retirer son fils de la professionmonastique, finit par se laisser vaincre et convertir par lui.Comme nous en avons dj fait la remarque propos da sacerdoce, saint Chrysostoaie prend dans ce trait la marche et le tonoratoire, il se transporte par la pense devaat un tribuaal et il plaide une cause. ->0a U seutirait au style, quand il aa ledirait pas lui-maie en propres termes.

    I. Oui, ce que l'on a vu dans le livre pr- tement dsintresses dans la question, quicdent est bien propre causer de l'tonn- s'indignent et se courroucent contre les ma-ment et de l'efTroi, et l'on est en droit de dire trs de la vie asctique ; hclas les proches etavec le prophte : a Le ciel a t frapp de les parents eux-mmes ont pris l'habitude dea stupeur cette vue, la terre en a trembl se laisser aller ces coupables colres. Je n'ia jusque dans ses profondeurs; la frayeur et l'- gnore pas qu'un grand nombre s'tonnent peupouvante sont venues sur la terre. (Jrem., de voir des parents agir ainsi ; seulement ilsII, 42, et v, 30.) Voici ce qui me parat le plus crvent de dpit quand il voient des gens quifcheux : ce ne sont pas seulement des lran- ne sont ni pres, ni amis, ni parents, ni allisgers, des personnes qu'aucun lien ne rattache d'aucune faon, qui souvent mme sont in-aux solitaires ni leurs disciples, et compl- connus de ceux qui se vouent la vie asc-^

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    12 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.V\(]uc, se donner plus de peine et de mouve- fants, ou plutt qui n'en avez pas autant quement que les parents mmes, blmer, attaquer, tous en devriez avoir, coutez ce que j'ai accuser avec plus de violence que peFSonne les vous dire. La premire grce que je vous de-zlateurs de la vie monastique. Pour moi, c'est mande, c'estde ne point vous offenser si je pr-le contraire qui me semble tonnant. tends connatre mieux que vous ce qui con-Pour ceux qu'aucun lien , ni de parent vient vos enfants.

    ni d'amiti, n'oblige et ne retient, il n'est La paternit est sans doute un titre puis-pas trange qu'ils souffrent du bien d'autrui, sant l'affection du fils ; mais pour lui don-soit que l'envie les pousse, soit qu'ils trou- ner une avantageuse et complte ducation,vent dans le malheur des autres une bonne la paternit ni l'amour, ne sauraient suffire ;fortune pour leur propre mchancet, sen- ce n'est pas assez d'tre pre pour connatretiment regrettable sans doute et malheureux, ce qu'il y a de plus utile pour son fils. La g-mais trop rel et trop frquent ; mais que nration n'entrane pas ncessairement cettedes pres qui, aprs avoir lev leurs en- science; l'affection paternelle ne la donne pasfants le mieux qu'ils ont pu , ne dsirent davantage. Les pres eux-mmes avouent parrien tant que de les voir plus considrs et leurs actes qu'ils ne possdent pas cette con-plus heureux qu'eux-mmes, qui font tout naissance, puisqu'ils confient leurs enfants et souffrent tout pour atteindre ce but ; que des matres, des prcepteurs, puisqu'ils pren-ces hommes, pris tout coup d'une sorte de nent conseil sur le genre de vie qu'il convientvertige, changent de ton et se lamentent de leur faire suivre. Ce qui est encore plus fort,parce que leurs enfants se destinent la vie c'est que souvent, aprs avoir consult, ilsasctique : voil ce que je trouve de plus ton- abandonnent leurs vues personnelles et adop-nant; voil ce qui, selon moi, suffit prouver tent celles des autres. Qu'ils ne s'emportentque tout est perdu et que la corruption ett donc pas contre nous, si nous leur disons quegnrale. nousconnaissons mieux qu'eux cequi convientOn ne saurait dire que rien de ?emb1able leurs fils ; mais qu'ils attendent notre d-soit arriv dans les sicles passs, mme lors- monstration, etsiellene lesconvainc pas, alors

    quel'erreur tend parloutsonempire. Une fois qu'ils nous accusent, qu'ils nous dnoncentcependant quelque chose d'approchant s'est comme des imposteurs, des sducteurs et desvu dans une ville grecque, mais asservie par ennemis de toute la nature,les tyrans. Encore n'tait-ce point, comme 2. Comment donc prouverons-nous ce quemaintenant, des parents qui taient les auleuis nous avanons? Je crois savoir mieux quevousde ce fait trange; les tyrans qui occupaient ce qui convient vos enfants ; vous prtendezl'Acropole en furent seuls coupables , encore le contraire : o est la vrit? comment la d-pas tous: il n'y en eut qu'un, le plus mchant couvrirons-nous? Ce sera en rapportant lesde tous, qui fit venir Socrate et lui ordonna de raisons pour et contre; en faisant, de partrenoncer l'enseignement de la philosophie, et d'autre , descendre nos raisonnements ,Observez que celui qui se porta cet excs tait comme des athltes dans l'arne ; en les met-un tyran, un infidle, un homme pervers qui tant aux prises et en laissant des juges im-cherchait par toutes sortes de moyens, ruiner partiaux la dcision du combat. La loi dula rpublique, un homme qui se repaissait du combat nous met aux prises avec le chr-malheur des autres et qui savait que rien tien, c'est contre lui seul qu'il nous ordonnen'est capable comme une telle mesure de bou- de lutter. Elle ne nous demande rien autreleverserle meilleur des tats ; ici, au contraire, chose. Car, dit saint Paul, qu'ai-je besoin dece sont des fidles, habitant des cits bien poli- juger ceux du dehors? (I Cor., v, 42.) Maisces, voulant le bien de leurs enfants, qui puisqu'il se trouve beaucoup d'infidles parmiosent sans rougir, faire entendre les mmes les pres de ceux qui sont attirs vers le Ciel,menaces qu'un despote ses esclaves. bien que la loi du combat nous exempte deLa conduite de ces pres me surprend plus lutter contre eux, c'est eux cependant queque celle des trangers. Je ne m'occupe donc nous aurons tout d'abord affaire. Et plt

    point de ceux-ci, c'est ceux-l que je vais par- Dieu que nous n'eussions lutter que contre1er avec toute la douceur et la modration pos- eux, bien que le combat soit plus difficileBibles. Pres, qui avez quelque soin de vos en- et offre plus de prises contre nous 1 Car

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    APOLOGIE DE LA VIE MONASTIQUE. LIVRE DEUXIME. 43c l'homme animal ne peroit point les choses maigre et ple, on ne le reconnat pins; il portea qui sont de l'esprit d. Dieu: elles lui parais- des vAlcni'^pls p'u ffrossiers (jue les esclavessent une folie. (ICor.,fi,1-i.) Je sais bien que de son j.oro.

    j'aurai la mme difficult vaincre que s'il Avons-nous donn assez de prise notres'agissait de faire dsirer la dignit royale accusateur, et avons-nous suffisamment armquelqu'un qui ne voudrait pas mr'me croire notre ailversaire? Si cela ne suffit pas encore,qu'il existe rieti de tel ; et cependant, mme nous lui donnerons de nouveaux moyens d'at-daiis un champ si resserr, je voudrais n'avoir tacjue. Qu'avec cela le pre mette tout en combattre que contre les infidles. uvre pour ramener son fils, et tout cela inu-

    jaurais, il est vrai, contre le chrtien, des tilement, l'enfant restant immobile et fermearguments nombreux, des armuressres, mais contre sessollicilations, comme le rocher con-l'excs de la honte tiouble la joie que pourrait tre la violence des fleuves, des pluies et desme causer l'abondance des preuves : je rougis vents ; qu'il se lamente, qu'il verse des larmes,d'tre oblig de discuter avec lui sur un tel pour allumer plus de haines contre nous, etsujet: c'est mme la seule objection srieuse qu'il nous accuse de tous ces attentats devantque puisse m'opposer le paen ; dans tout le tous ceux qu'il rencontre chaque instant:reste, je le vaincrai facilement avec la grce de C'est mon fils, je l'ai lev, je me suis donnDieu ; et pour peu qu'il veuille tre de bonne mille peines pendant son enfance, faisant etfoi, je l'amnerai vite, non-seulement l'a- souffrant tout ce que l'on est oblig de fairemour de la vie asctique, mais au dsir mme et de souffrir pour lever les enfants ; j'avaisde la vrit chrtienne dans laquelle cette vie de belles esprances ; je me suis entendu avectrouve sa raison d'tre et son origine. Tant des prcepteurs, j'ai fait venir des matres; j'ais'en faut donc que jeredoutele combat contre dpens beaucoup d'argent, j'ai pass bien desl'infidle, qu'au contraire je n'aborderai la veilles rver son entretien, son ducation,lutte qu'aprs avoir rendu l'adversaire aussi afin qu'il ne restt au-dessous d'aucun de sesfort que possible par mes concessions. anctres, afin qu'il les effat tous un jour par

    Supposez donc que non-seulement ce pre son clat. Je comptais qu'il m'aiderait porterest paen, mais encore le plus riche des le fardeau de la vieillesse; et comme le tempshommes, comme le plus considr et le plus marchait toujours, je songeais lui procurerlev en crdit et en puissance : qu'il possde une pouse, je rvais pour lui alliance, charge,beaucoup de terres, beaucoup de maisons et puissance. Et voil que tout coup un oura-d'immenses trsors; qu'il soit en outre citoyen gan, la foudre, tombant je ne sais d'o surde la ville la plus illustre de l'univers et de la mon vaisseau qui revenait charg d'innom-fan)ille la plus noble ; qu'il n'ait qu'un enfant, brables richesses, qui avait affront tant deet qu'il n'espre plus en avoir, que toutes ses mers, navigu par un vent si favorable et quiesprances ne reposent que sur une seule tte, dsormais allait tre en sret, l'a fait sombrerCe fils lui-mme offre les plus belles esp- l'entre mme du port; et j'en suis redou-rances, il fait prsager qu'il s'lvera bientt ter non-seulement une extrme pauvret, maisau niveau et mme au-dessus de son pre, une mort et une ruine lamentable, qui, danset qu'il l'effacera parla carrire plus avan- cettetempte,peuvents'appesantirtout couptageuse et plus brillante qu'il doit parcourir, sur une tte comble jusqu'ici de tant de ri-Au beau milieu de ces esprances, il vient chesses et de prosprits,quelqu'un qui converse avec lui touchant la Voil ce qui m'est arriv. Des sclrats, desvie asctique, et lui persuade de fouler aux imposteurs, des vagabonds (qu'il nous donnepieds tous ces faux biens, de revtir un habit tous ces noms, peu nous importel) sont venusgrossier, et, disant adieu la ville, de se rfu- me ravir mon fils unique, celui qui devaitgier dans la montagne ; d'y planter, d'y arro- nourrir son vieux pre ; ils ont moissonnser, d'y porter de l'eau et de s'y astreindre toutes mes esprances ; ils l'ont emmen danstoutes les autres occupations des moines qui leur repaire comme des chefs de brigands, etsemblent viles et mprisables ; il marche pieds tellement fascin par leurs enchantements,nus, couch sur la terre ; ce beau jeune homme qu'il choisirait d'affronter sans crainte et le ferlev parmi dtelles dlices et tanld'honneurs, et le feu, les btes froces ou tout autre en-qui avait devant lui un si bel avenir, devient nemi, plutt que de revenir son premir

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    U TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.bonheur. Et ce qu'il y a de plus terrible, c'est pour ce vieillard; je leur dmontrerai ensuitequ'aprs l'avoir entran une telle vie, ils que le fils qu'il pleure si amrement, loinprtendent voir mieux que nous son intrt. d'tre malheureux, jouit au contraire de grandsNos maisons sont dsertes, nos champs d- et inapprciables biens,

    soles ; nos laboureurs sont remplis d'abatte- Aprs cela, si ce pre s'obstine pleurer, siment et de honte, nos serviteurs aussi; mes le bonheur de son fils est tellement au-dessusennemis se rjouissent de mes malheurs, et de lui qu'il ne puisse le comprendre, alors jemes amis en rougissent. Pour moi, je ne sais laisserai les juges prendre compassion de lui,plus quel parti m'arrter; j'irais volon- car il sera rellement digne de piti,tiers allumer l'incendie et consumer tout, les Par o commencerons-nous notre plaidoyer?maisons et les champs, les tables de bufs et Par l'endroit qui le tient le plus au cur, parles parcs de brebis. A quoi me serviront les richesses ; en effet, ce que l'on dplore ledsormais tous ces biens, ds lors que celui plus dans le monde, ce qui semble tous lequi devait en jouir n'est plus, ds lors qu'il comble du malheur, c'est de voir des jeunesest captif et qu'il subit chez des barbares sans gens riches s'engager dans la vie monastique,piti une servitude plus terrible que la mort? Dites-moi, lequel des deux appellerons-nousJ'ai revtu tous mes serviteurs d'habits de heureux, lequel des deux jugerons-nous dignedeuil, j'ai couvert leur tte de cendre, j'ai fait d'envie, de celui qui est toujours tourmentvenir des churs de pleureuses, et je leur ai par la soif; qui, avant d'avoir puis unecommand de se frapper le sein plus fortement coupe, en rclame une autre, et qui est tou-que si elles voyaient mon fils inanim. Par- jours ainsi consum ; ou de celui qui, lev au-donnez-moi ces actions; mon deuil est plus dessus de ces ncessits misrables, demeuregrand que si mon fils tait dans la tombe. Il toujours tranger la soif, et ne ressent ja-me semble dsormais que la lumire m'est mais le besoin d'en tre soulag ? L'un est sem-charge ; je ne puis supporter les rayons du so- blable un fivreux toujours tourment d'unleil, quand mon imagination me reprsente feu intrieur qui le dvore et qui continue del'tat de ce malheureux enfant, quand je le le brler mme auprs des sources inta-vois vtu plus pauvrement que les paysans les rissables o il puise son aise, tandis queplus grossiers, et envoy aux travaux les plus l'autre est libre de la vritable libert, sainhumiliants. Et lorsque je songea son inflexible de la vritable sant, et lev bien au-dessusrsolution, je suis brl, je suis dchir, mon de la nature humaine. Voici deux hommes :cur se fend. l'un est pris d'une ardente passion pour une

    3. Pendant qu'il se lamente ainsi, ce pre femme, le commercecontinuel qu'il entretientafflig se roule aux pieds de ses auditeurs, il avec elle ne fait qu'accrotre sa flamme; l'autre,rpand la cendre sur sa tte, il souille de au contraire, compltement tranger cettepoussire son visage, il les invite tous lui espce de folie, n'en prouve pas mme enprter secours , et il arrache ses cheveux songe les funestes atteintes ; lequel des deuxblancs. Notre accusateur est, je prsume, en est digne d'envie? lequel heureux? N'est-cemesure d'enflammer tous ses auditeurs; il point ce dernier? Lequel est malheureux?leur persuadera aisment de jeter dans un lequel misrable? N'est-ce point celui quiprcipice ceux qui ont caus de tels malheurs, souffre ce vain amour que rien ne peut tein-j'ai voulu tendre mon discours jusqu'aux dre, et que tous les remdes imaginables nedernires limites de toutes les accusations pos- font qu'exciter davantage ?Bibles, afin qu'il ne reste plus aucune raison Mais si, outre cela, il se flicite de sa mala-nos autres adversaires aprs que celui-ci, qui die, s'il ne veut pas tre dlivr de cette servi-tait si bien muni et quip, aura t vaincu tude et plaint ceux qui sont affranchis de cettepar nous, avec la grce de Dieu. Quand nous passion, ne vous semblera-t-il pas d'autantaurons rduit au silence un antagoniste si bien plus digne de piti et plus misrable quearm pour se dfendre, un moins favoris nous non-seulement il est malade, mais qu'il ignoreabandonnera facilement la victoire. Lorsque sa maladie, qu'il ne veut pas tre guri etnotre accusateur aura fait valoir tous ces griefs plaint ceux qui ne sont pas malades ? Appli-et beaucoup d'autres encore, je conjurerai nos quons cet exemple la possession des riches-juges diSUfpeodre un instant leur compassion se

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    APOLOGIE DE LA VIE MONASTIUI'E. LIVRE DEUXIEME. 45De tous les amours, celui des richesses est genre? Si donc nous vous montrons que votre

    le plus violent et le plus voisin de l;i folie. Car fils eu est l, (|u'il est maintenant plus richeil est capable de faire soulTiir davantage; non- que jamais, cesserez-vous de vous plaindre etseulement parce qu'il renferme une ILimme de vous lamenter si amrement? Qu'il soitplus pntrante, mais encore parce qu'il se dlivr des soucis et de tous les autres mauxrefuse toutes les consolations imaginmes et attachs aux richesses, c'est ce que vous ne mese montre plus rebelle que tous les autres, contesterez pas; nous n'avons donc pas besoinCeux qui aiment le vin et les femmes satisfont d'aborder avec vous ce sujet ; mais vous dsi-leur passion et sont rassasis ; un homme qui rez apprendre comment il est plus riche queaime l'argent est insatiable. "vous, qui possdez de si grands biens. C'est ceVous pleurez donc votre fils parce qu'il est que nous vous apprendrons, et nous vous

    affranchi de celte passion et de ses embarras, montrerons, si vous voulez bien vous comparerparce qu'il n'aime pas d'un insatiable amour lui, que celte extrme pauvret laquelledes biens fragiles et prissables, parce qu'il vous le croyez rduit, c'est vous-mme quis'est plac en dehors de cette guerre, de ce l'prouvez et la soulTrez.combat qui se livre dans le monde? Mais, me A. Et n'allez pas vous imaginer que nousdirez-vous, il n'et pas prouv celte passion, vous parlons des biens du ciel, des biens quiil n'et pas dsir possder davantage : la doivent succder notre dpart d'ici-bas; nousjouissance de ce qu'il avait lui et suffi ! Ce prendrons nos preuves dans les objets que vousque vous dites l est ce qu'on peut imaginer avez actuellement sous la main. Vous, vousde plus contraire la nature, j'ose le dire, tes matres de vos biens seulement, tandisNanmoins supposons; je vous accorde qu'il que votre fils l'est de ceux qui sont sur toutene veuille rien ajouter ces biens actuels, la terre. Si vous en doutez, permettez quequ'il ne connaisse mme point un tel dsir; nous vous conduisions vers lui et que nous l'en-je vous montrerai malgr cela qu'il jouit main- gagions descendre de la montagne ; non, qu'iltenant d'une plus grande tranquillit et d'un y demeure: qu'il mande seulement quelqueplus grand bonheur. personne galement riche des biens du sicleEn quoi consiste le bonheur? A vivre atta- et de ceux del grce de lui envoyer tellech comme avec une chane des trsors que quantit d'or que vous voudrez, ou plutt,l'on tremble de perdre? Ou bien rester af- comme il ne voudrait pas le recevoir lui-franchi de cette espce de servitude? Suppo- mme, qu'il commande de le donner tels ou^ons que votre fils ne dsire point des ri- tels dont il connat l'indigence, et vous verrezchesses plus considrables , il n'en est pas ce riche porter lui-mme son or avec plusmoins bien prfrable encore de mpriser d'empressement que vos conomes ne porte-celles que l'on a. Et si vous accordez que le raient le vtre. Vos intendants deviennentcomble du bonheur, c'est de ne rien rver au- tristes et chagrins quand vous leur ordonnezdel de ce qu'on possde, c'est encore un bon- de faire des dpenses; au lieu que cette per-heur plus complet de n'en avoir pas besoin, sonne charitable n'est jamais plus heureuseCet homme tranger la soif, tranger l'a- que quand elle trouve l'occasion de donner. Etmour (rien ne nous empche de revenir aux je puis vous en citer beaucoup, non parmi lesmmes comparaisons), nousvous avons montr solitaires illustres, mais parmi les plus hum-qu'il est plus heureux non-seulement que ceux bles qui ont un tel crdit. De plus, si vos inten-qui sont toujours altrs, toujours asservis par dants viennent dpenser ce que vous leurl'amour, mais mme que ceux qui onlprouv avez confi, vous n'avez plus personne quipour un temps ce tourment et satisfait ce demander: mais aussitt, par suite de leurdsir; et cela, parce que jamais il n'a t r- mauvaise gestion, vous tombez de l'opulenceduit sentir un tel besoin. Je vous deman- dans la pauvret; pour votre fils, au contraire,derai encore ceci : s'il tait possible tout la rien de pareil craindre : celui qui lui don-fois de surpasser tous les hommes en richesses nait devient-il pauvre, il n'a qu' s'adresser et d'tre affranchi des maux qu'elles causent, un autre; et si celui-ci prouve un malheurne choisiricz-vous pas cent fois cet heureux semblable au premier, il se retournera verstat pour chapiier et a l'envie, et la calom- un troisime, et il est croire que les fon-ne, et aux soucis, t toutes les peines de ce taines tariront plutt que la libralit de ceux

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    46 - TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.dont il fait les intendants de sa charit, bien pensez-vous qu'Alexandre et donn de

    Si vous professiez notre croyance, je pour- richesses Diogne s'il et voulu en accepter?rais vous apporter beaucoup d'excellentes Mais il ne voulut pas, et Alexandre fut jalouxpreuves. Mais puisque vous suivez les doctrines de lui, et fit tout au monde pour arriver lades Grecs, les Grecs me fourniront des exem- richesse du philosophe.pies. Ecoutez ce que dit Criton Socrate : Je 5. Voulez-vous voir d'un autre point de vuemets ta disposition mes biens qui, je crois, encore votre pauvret et l'opulence de votresont suffisants; si, par intrt pour moi, tu fils? Allez, enlevez-lui son vtement, le seulfais quelque difficult d'en user, nous avons qu'il possde, chassez-le de sa demeure, ren-ici des trangers tout prts fournir ce dont versez sa cellule, et vous ne le verrez pour celanous avons besoin :1e seul Simmias de Thbes ni chagrin ni afflig; il vous saura gr dea apport la somme suffisante ; Cbs est tout toutes ces perscutions, parce que vous le pous- notre disposition, et beaucoup d'autres en- sez plus loin dans la perfection ; tandis que, sicore. Ainsi, comme je te le disais, que cette l'on venait seulement vous voler dix drach-crainte ne te fasse pas perdre l'envie de te sau- mes, vous ne cesseriez de vous plaindre et dever; ne songe pas non plus ce que tu disais pleurer. Quel est donc le plus riche des deux,au tribunal, que, quand mme tu chapperais, de celui qui s'abat pour si peu, ou de celui quitu ne saurais que faire de ta personne. Quel- mprise tous les biens de la terre ? Ne vous enque part que tu terfugies,mme l'tranger, tenez pas l ; chasscz-Ie de pays en pays, et vouson t'aimera. Si tu veux aller en Thessalie, j'ai le verrez rire de cela comme de jeux d'enfant.l des htes qui t'honoreront comme tu le Mais vous, si l'on vous chassait seulement demrites, qui te donneront un sr asile; crois- votre patrie, vous prouveriez la plus vive dou-moi, tu ne manqueras de rien dans ce pays, leur et vous ne pourriez supporter ce malheur,(Platon, le Criton.). Votre fils, comme si toute la terre et la mer

    Quoi de plus agrable que de pouvoir dispo- taient lui, passera aussi gament et sansser de tant de richesses sans rien possder en plus de peine de ces lieux d'autres, que vous,propre? Ce raisonnement est la porte du quand vous vous promenez dans vos terres;premier venu. Si nous voulions tudier ici encore mme le fera-t-il plus facilement. Car,plus philosophiquement la richesse, peut-tre s'il vous est facile de vous promener sur vosne pourriez-vous pas comprendre nos paroles; terres, il vous faut ncessairement passer quel-nanmoins, pour nos juges, il est ncessaire quefois sur celles des autres; lui, il marcheque nous le fassions. Le trsor de la vertu est partout hardiment, et en quelque endroit de lasi grand, si dlicieux et si suprieuraux vtres, terre qu'il mette le pied, il le fait comme surque jamais ceux qui le possdent ne consenti- son hritage. Les marais, les fleuves et lesfon-raient l'changer contre la terre entire, taines lui fournissent une abondante boisson;quand elle serait d'or avec ses montagnes, avec il trouve sa nourriture dans les lgumes et lesla mer et avec les fleuves. Si vous aviez pu en plantes, et partout du pain. Je ne veux pas vousfaire l'exprience, vous sauriez que ce ne sont dire encore qu'il mprise toute la terre, ayantpas l des paroles exagres, mais que ceux qui le ciel pour patrie.ont trouv ce trsor de la vertu, le meilleur de Et s'il lui faut mourir, il trouvera plus detous les trsors, n'ont plus que du mpris pour douceur dans la mort que vous dans vos plai-les richesses, et qu'ils ne voudraient jamais sirs : il mourra plus paisiblement dans sonchanger leur vertu contre de l'or. Et que dis- exil que vous, dans votre patrie et sur votreje, changer ? Ils ne voudraient pas mme les couche. Ainsi l'exil, le vagabond, le banni,possder ensemble. Et cependant si quelqu'un c'est celui qui habite une ville et possde unevous offrait le trsor de la vertu avec les ri- maison ; tandis que personne ne saurait don-chesses, vous recevriez le tout mains ou- ner ce nom celui qui est dlivr de tout cela,vertes : vous avouez ainsi le grand prix que En effet, vous ne pourrez le bannir de sa pa-vons attachez la vertu. Eh bien ! ceux-l n'ac- trie, moins que vous ne le chassiez de toutecepteraient pas votre richesse avec la leur, tant la terre. Encore je parle ainsi par condescen-jls savent que c'est chose mprisable !Je ferai dance, et la vrit est que vous ne l'en-ressorlir encore davantage l'vidence de cette verrez jamais si bien dans sa patrie quevrit par des exemples pris chez vous. Corn- quand vous l'aurez exil de la terre. Mais je

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    APOLOGlfc: DE LA VIK iMUNASTlQUE. LIVUE DEUXIKME. 7ne puis tenir ce langage riiomme qui ne lions. Eu i (Tel, lorsqu'aprs le longs travaux,connat rien au-del des choses visibles. Vous vous dliez vous abandonner au repos, vouane |)ourrez le di)ouiller, tant (ju'il sera cou- quittez vos palais, et c'est la campagne que\ert des vlements de la vertu ; vous ne le vous allez chercher le dlassement,ferez pas mourir de faim, tant qu'il connatra Mais peut-tre regrettez-vous la gloire, sila vritable nourriture, la sagesse. Les riches facile recueillir dans vos palais, si rare ausont faciles prendre de tous ces cts; on dsert ? Comparant vos fastueux difices lune se tromperait pas en les appelant sous ce solitude, et vos esprances celles des moines,rapport pauvres et mendiants, les sages sont vous vous imaginez que votre fils est commeles vrais riclws. Celui qui peut se procurer tomb du ciel. Apprenez d'abord que ce n'estpartout nourriture et boisson, habitation et pas le dsert qui dshonore, ni les palais quirepos, qui, loin de se plaindre de son tat, y illustrent et ennoblissent; et avant d'en venirvit plus agrabliment que vous dans le vtre, aux raisonnements, je ferai cesser votre incer-est videmment plus heureux que tous les titude cet gard par des exemples choisis nonriches connue vous, qui ne peuvent vivre dans nos annales, mais dans les vtres. Vousque dans leur maison. Comment le solitaire connaissez sans doute Denys, tyran de Sicile;se plaindrait-il de sa pauvret ? il possde la vous connaissez aussi Platon, fils d'Ariston.meilleure richesse, la plus abondante, la plus Dites-moi lequel est le plus illustre des deux ?agrable, la plus l'abri des voleurs, une lequel est le plus clbr par la renomme ?richesse qui ne peut ni dgnrer en pauvret, Quel est celui dont le nom est le plus dansni tre soumise aux incertitudes de l'avenir, toutes les bouches ? N'est-ce pas le philosopheni connatre lis soucis, ni prter l'envie, plutt que le tyran ? Cependant l'un rgnaitune richesse qui lui procure l'admiration, sur toute la Sicile, vivait dans les dlices : ill'estime et la louange des hommes. Pour vous, passa toute sa vie au sein de la richesse, es-c'est tout le contraire; vos richesses ne vous cortdesatelliles, environn detoute la pompefont pas aimer relies font mme qu'on vous royale; l'autre, au contraire, vivait dans lehait, qu'on vous porte envie, que l'on com- jardin de l'Acadmie, arrosant, plantant, maa-plote contre vous. Lui, la vraie richesse qu'il gant des olives, ne prenant qu'une nourri-possde lui attire l'admiralion et carte l'envie ture frugale : en un mot, loin de tout ce pom-et les embches. peux appareil des rois. Bien plus, devenu

    Sa sant est excellente. Le solitaire est fort esclave, il ne perdit rien, mme en cet tat, deet vigoureux de corps comme les animaux sa supriorit sur le tyran qui Pavait vendu,sauvages, il jouit d'un air pur, il a des fon- Telle est la vertu : elle commande lalaines salutaires, des fleurs, des prairies, de gloire, et si elle ne dfend pas toujours sessuaves parfums; tandis que le riche, couch sectateurs contre la souffrance, du moinspour ainsi dire dans la fange des plaisirs, est elle ne permet gure qu'ils restent ensevelisplus dlicat et plus maladif. Lequel est le plus dans les ombres de l'oubli. Que dirai-je deheureux ? C'est videmment celui dont la sant Socrate, le matre de Platon ? Combien il l'em-est meilleure. Le lit du solitaire, c'est un pais porta en gloire sur Archlas ! Cependantgazon; il se repose prs d'une source limpide, Pun tait roi et vivait au sein de Populence;sous l'ombre d'un feuillage touffu, les yeux l'autre passait sa vie au Lyce, il ne poss-irjouis du spectacle de la nature, l'me plus dait qu'un habit qu'il portait toujours en hi-transparente et plus pure que Pazur du ciel; vercomme en t, toutes les saisons de Pan-loin du trouble et du tumulte du monde; est- ne. Il allait toujours pieds nus, restait jeunil moins heureux que le riche qui n'ose sortir une journe entire et ne mangeait que dude son palais ? Le marbre n'est certes pas plus pain pour toute nourriture et tout assaison-pur que Pair, ni l'ombre d'un plafond plus d- nement. Encore ne trouvait-il pas cette tablelicieuse que celle des arbres, ni la pierre des chez lui, mais chez les autres; tant il vivaitmosaques plus brillante que le sol maill dans la pauvret I Avec tout cela, il tait plusde fleurs. Vous m'en tes tmoins, vous, illustre que le roi, et malgr Pinvitation plu-riches, qui souvent prfrez les arbres, les sieurs fois ritre de celui-ci, il ne voulutombrages des bois, et les riantes prairies pas quitter le Lyce pour les splendeurs d'uuevos lambris dors, vos somptueuses habita- demeura royale.

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    18 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.Par la gloire qui survit maintenant ces en ce moment descendu du ciel. La gloire

    noms, on voit auxquels appartient la premire vous semble-t-elleautre chose? Non-seulementplace.' Les uns sont connus d'un grand nom- il sera plus remarqu que ceux qui viventbre, les autres entirement oublis. Et cet dans les palais, mais encore avec ses habitsautre philosophe, Diogne de Sinope, quels simples et fatigus, il effacera celui qui a ceintrois ne surpassait-il pas en richesse sous les le diadme et revtu la pourpre. 11 serait moinshaillons qu'il portait ? Dans l'entrevue qu'il admir s'il se montrait charg d'or, vtu deeut avec Alexandre de Macdoine il se montra pourpre, la tte orne de la couronne, assis surplus riche que ce conqurant, puisque celui-ci des coussins de soie, tran par des mules blan-avait besoin de l'empire de l'Asie, tandis que chcs et escort de satellitesliacelanls d'or, quele philosophe n'avait besoin de rien ? Ces exem- maintenant avec ses habits ngligs, poudreuxpies vous suffisent-ils, ou voulez-vous que je et grossiers, quand il parat sans escorte et nu-vous en rappelle d'autres encore? Quels cour- pieds. Toute cette pompe des rois est dter-tisans, quels rois ont brill sur le thtre du mine par des lois, rgle par la coutume;monde, autant que ces philosophes au sein et si quelque personne nave nous disait avecd'une vie prive, tranquille et trangre aux admiiation que le roi est vtu d'un habitaffaires ? dor, non-seulement nous ne serions pas ton-Mme dans l'administration de l'Etat, vous ns, mais nous ririons de cette parole qui neremarquerez que les illustres ne sont pas ceux nous apprend rien de nouveau. Qu'on viennequi ont vcu dans la richesse, les dlices et les dire, au contraire, de votre enfant qu'il s'esthonneurs, mais bien dans la simplicit d'une ri de la richesse de son pre, qu'il a foul auxvie pauvre et sans fasle. Comparez, chez les pieds les pompes du sicle, qu'il s'est placAthniens, cet Aristide qui mourut si pauvre au-dessus des esprances du monde, s'est re-qu'il fallut que l'Etat ft les frais de ses fun- tir au dsert et a revtu un habit humble etrailles, comparez-le avec Alcibiade qui l'em- grossier, fous aussitt accourront, l'admirerontportaitsurtoussesconcitoyensparles richesses, et applaudiront sa grandeur d'me. Loin depar la naissance, par le luxe, par l'loquence faire ;:dmirer les rois, la pourpre qui les couvrecomme par la force et la beaut du corps, en un ne les dfend pas mme contre les traits de lamot, partons les dons de la nature et de la for- mdisance et de l'envie,tune; vous verrez que la gloire du premier sur- Le moine, au contraire, trouve dans ses hapasse autant celle de l'autre qu'un grand philo- bits des titres l'admiration : ils le rehaus-sophe l'emporte sur un simple enfant. A Th- sent et le distinguent mieux que le manteaubes, Epaminondas, mand dans l'assemble, royal ne distingue le prince. La pourpre n'at-et ne pouvant s'y rendre parce qu'il avait donn tire au roi aucune admiration, pendant que blanchir son unique vtement, n'en resta la bure dsigne le moine l'admiration depas moins le plus illustre de tous les gnraux tom h)s hommes. Que m'importent, direz-ns dans cette ville. Ne me parlez donc plus vous^ l'opinion et les louanges du vulgaire?ni de solitude, ni de palais. Ce n'est ni dans Mais la gloire n'est pas autre chose. les lieux, ni dans les habits, ni dans les di- Je ne recherche pas la gloire, dites-vous ; jegnits, ni dans la puissance, que rsident l'clat ne veux que la puissance et l'honneur. et la gloire; c'est dans la vertu de l'me et Je rponds que si votre fils possde la gloire,dans la sagesse. il possdera plus forte raison l'honneur.

    6. Mais des exemples ne sauraient trancher Vous voulez de la puissance et du crdit ?la question; tudions-la dans votre fils lui- Nous trouverons tout cela non moins que lesmme. Je ne crains pas d'avancer que sa consi- autres avantages. Nous pourrions vous ledration et sa gloire s'accroissent parles choses prouver encore par des exemples ; mais pourmmes que vous supposez capables de l'avilir vous consoler , en mme temps que nouset de le dshonorer. Voulez-vous qu'aprs vous convaincrons, nous dmontrerons cettel'avoir engag descendre de la montagne, vrit non par des trangers, mais par votrenous le pressions encore de venir sur la place propre fils.publique : vous verrez toute la ville en mouve- Quelle est la marque dislinctive de la plusment, et tous les habitants le montrer, l'ad- grande puissance? N'est-ce pas de pouvoir pu-mirer et s'merveiller, comme si un ange tait iiirceux qui nous nuisent et rcompenser ceux

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    APOLOGIE DE LA VIE MONASTIQUE. - LIVRE DEUXIME. ioqui nous font du bien? Cependant, vous ne Or, quoi de |dus divin qu'une vie dans l.i-Yerrez jamais dans la main d'un roi toute celle quelle personne ne voudra lui faire du tort,puissance. Car il a bien dos gens qui l'ofTensent dans la(|uelle personne ne le pourra, sup-sans qu'il puisse leur nuire, et beaucoup de poserqu'ille veuille? surtout quand un si rarebienfaiteurs qu'il ne saurait facilement rcom- avantage prend sa source, non |)as dans l'iin-penser. Dans la guerre, par exemple, il trouve puissance de nuire, comme il arrive souvent,souvent des ennemis ijui rincommodentet lui niaisdansrimpossibilitdetrouveraucun pr-font mille maux; il dsirerait les punir, et il texte. S'il n'yavait(iue cette raisonje veux direne le peut. II a, d'un autre tt, des amis qui l'impuissance, ce ne serait pas si grande mer-lui ont donn mille preuves de bravoure et veille ; car une grande liaine natrait dans lede dvouement, et il ne peut leur tmoigner cur de ceux qui voudraient faire du mal,sa reconnaissance, parce qu'ils ont t enlevs sans pouvoir atteindre leur but. C'est donc l,avant d'avoir t rcompenss, tant tombs vous l'avouerez, un genre de bonheur quisur le champ de bataille. Faut-il maintenant n'est point ddaigner,vous montrer que votre fils possde une autre Examinons d'abord attentivement cette si-puissance bien plus grande que celle qui est tuation privilgie du moine, si vous le voulezrefuseauxroiscomme je viens de le prouver? bien. Qui donc, dites-moi, voudrait attaquerQue personne au moins ne s'imagine que celui qui n'a rien de commum avec les hom-nous voulons parler des biens du Ciel auxquels mes, ni pactes, ni terres, ni argent, ni alaires,vous ne croyez point; nous n'oublions pas ce ni quoi que ce soit? Pour quel hritage, pourpoint nos promesses: nous puiserons nos preu- quels esclaves, pour quel point d'honneur,ves dans les choses prsentes. Si c'est dj une pour quelle charge, pourrait-on lui faire unetrs-grande puissance de pouvoir se venger de injuste querelle? Quelle crainte, quel ressen-ses ennemis, il y en a bien plus encore trou- liment inspire-t-il, pour qu'on veuille luiver une condition de vie telle que personne nuire? La haine, la crainte, la colre, tellesne puisse nous nuire, quand mme il le vou- sont les raisons qui nous portent faire du maldrait. En recourant une nouvelle comparai- aux autres. Mais votre fils, le plus royal desson, nous vous prouverons et nous mettrons hommes, est lev bien au-dessus de touteshors de doute que cet tat est prfrable au ces passions. Comment porter envie celui quipremier. Dites-moi lequel est prfrable de sa- se rit de tous les biens pour lesquels tant d'au-Toir si parfaitement faire la guerre que nul, trs se peinent et s'empressent? Comment seaprs nous avoir blesss, ne puisse, son tour, fcher sans avoir reu aucune injure? Queviter nos coups, ou bien d'tre invulnrables? craindre d'un homme dont la vie est si sainteIl est vident pour tous que ce dernier (at est qu'elle exclut mme les soupons? Il est doncplus grand, plusuivinquele premier. Ce n'est certain que personne ne voudra lui nuire, etpas tout encore; il y a quelque chose de bien il n'est pas moins vident que, quand mn\osuprieur. Quoi donc? C'est de connatre des on le voudrait, on ne le pourrait faire. Ilremdes capables de gurir toutes les bls- n'offre ni prtexte ni prise aux attaques; ilsures. Voil donc trois degrs de puissance : est comme l'aigle qui, planant dans les hau-l'un dans lequel on peut se venger de ses enne- leurs, ne saurait tre pris au pige destin aumis; l'autre suprieur, o l'on peut gurir ses passereau. De quel ct pourrait-on l'attaquer,propres blessures; le troisime enfin o l'on par quel endroit l'atteindre? par la perte dene donne prise aucun homme : celui-ci est sa fortune? il ne possde rien. Par le bannis-un degr auijuel ne saurait arriver la nature sment? il n'a point de patrie. Par ledshon-humaine abandonne ses seules forces; or, neur et l'infamie? il ne cherche point la gloirenous prouverons que votre fils y est par- du sicle. Il ne reste plus qu'une chose, lavenu. mort; encore, loin de pouvoir lui nuire par

    7. Pour vous dmontrer que ces paroles ne l, on lui rendra le plus grand service. Onsont point un vain bruit, voici que la rflexion l'enverra une autre vie aprs laquelle ilnous a fait dcouvrir une autre puissance plus soupire, et pour laquelle il fait tout et metgrande encore : le solitaire est plus qu'invul- tout en uvre ; la mort est pour lui, non unnrable, personne n'a mme la volont de le chtiment, mais la cessation des travaux, lblesser i de l, double sret pour votre fils, relche et le repos aprs les fatigues.

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    20 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CIIRVSOSTOME.Voulez-vous connaUre un autre genre de sont ceux qui se sont placs en dehors de

    puissance qu'il possde, et qui est bien plus toutes les choses de la terre. A qui l'homme'spcialement l'apanage de la sagesse? Quand qui est au pouvoir, l'hle des demeures royaleson lui ferait subir tous les maux imaginables, cdera-t-il, obira-t-il plutt : est-ce vous,quand on le frapperait, quand on l'enchane- qui tes riche, et qu'il souponne de travaillerrait, son corps en souffrirait, tant passible vous enrichir encore, ou bien celui qu'ilpar sa nature, mais son me resterait invul- sait n'avoir qu'un seul mobile de toutes senrable, grce la sagesse. Il ne se laisse point actions, sa charit pour ses frres ? A qui ac-saisir la colre, ni dominer l'envie, ni cordera-t-il des gards et du respect? N'est-cepossder la haine. Chose plus admirable en- pas l'homme en qui il ne peut souponnercore, il chrit comme des bienfaiteurs et des aucun sentiment bas, plutt qu' celui qu'ilprotecteurs ceux qui lui font ces injures, et il estime moins que ses serviteurs? Je dis ses ser-souhaite que tous les vnements de leur vie viteurs, parce qu'il leur demande conseil autournent leur bonheur. Lui auriez-vous pro- moins pour les dpenses faire, pour les se-cur un tel privilge si vous l'aviez tabli roi cours adonner, faveur qu'il ne daignerait pasde toute la terre, et si vous aviez tendu son vous accorder vous.rgne des millions d'annes ? Quelle pompe, 8. Allons plus loin, et montrons le bien quequel empire, quelle gloire pourrait approcher notre solitaire peut oprer lorsqu'il agit seulde ce bien? Un pareil tat de l'me ne mrite- et qu'il est rduit ses propres forces. Voici unrait-il pas d'tre achet au prix des plus grands homme qui a t rudement prouv par lesacrifices? Les hommes les plus attachs la malheur; il avait un fils unique, et il l'amatire dsireraient une pareille vie. Voulez- perdu la fleur de l'ge : qu'on vous le pr-vous que nous vous fassions voir encore une sente vous, qu'on le prsente un person-autre puissance du solitaire, puissance plus nage des plus considrables de l'Etat, au sou-merveilleuse et trs-agrable, prise, il est verain lui-mme, vous ne lui serez utiles vrai, du ct le plus humble de l'homme, du rien, ni les uns ni les autres ; vous ne lui don-ct du corps, mais qui ne laissera pas de vous nerez rien qui le console de ce qu'il a perdu,charmer extrmement? Au contraire, amenons-le votre fils, notreWous venons de voir qu'il ne peut tre bless solitaire, et voyons ce qu'il fera : son visage,

    ni mme attaqu par personne. Est-il vrai qu'il son habit, son habitation, produiront dj unpeut en outre protger les autres et les faire effet merveilleux sur cet infortun qui se rel-participer la scurit dont il jouit? Ce qu'il vera bientt de son abattement, et se convain-pourrait faire de mieux pour cela, ce serait cra du mpris que l'on doit faire des chosesvidemment de leur communiquer ses senti- humaines. Que votre fils y joigne la force dements, ses gots et sa force, en les initiant ses discours, et le nuage de douleur qui of-son genre de vie. Je suppose qu'il ait affaire fusque cette me afflige se dissipera au soufflequelqu'un qui ne veuille pas entrer dans cette de sa parole. Au contraire, il ne remporteravoie parfaite ; je vous montrerai, mme dans de chez vous qu'un plus grand chagrin. Quandce cas, qu'un homme qui ne possde rien est, il verra votre maison exempte de maux, pleinepar cela mme qu'il ne possde rien, plus de prosprits, assure d'un hritier, il n'enpuissant que vous avec toutes vos richesses, sera que plus douloureusement affect, tan-S'il s'agit, par exemple, de faire des reprsen- dis qu'il sortira du dsert plus calme et plustalions l'empereur, qui de vous deux lui enclin la sagesse. Car en voyant votre filsparlera avec plus de libert? Est-ce vous, qui mpriser une telle fortune, une telle gloirepossdez de si grands biens, par lesquels vous et un tel clat, il pleurera moins amre-dpendez mme des esclaves du prince, qui ment celui qu'il a perdu. Comment, en effet,tremblez pour toutes vos richesses, qui seriez pourra-t-il tre sensible la perte d'un hri-vulnrable par tant d'endroits, si dans un lier, quand il en verra un autre ddaignermouvement de colre il voulait vous frapper tous les biens de la terre? 11 sera plus disposinjustement, ou bien ce pauvre, qui est tabli couter les enseignements de la sagesse dedans une rgion trop haute pour que la main la bouche de celui qui les appuie de ses u-d'un roi puisse y atteindre? Les hommes qui vres. Mais vous, si vous osez seulement ou-parlent aux rois avec la plus grande libert vrir la bouche, vous le remplirez de tris-

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    APOLOGIE DE I A VIE MONASTIQUE. LIVRE DEUXIME. 2itessc, parce que vous raisonnerez sur des mal- levs en dignit no ddaij,MU'nt [>as de venirlieurs lui vous sont trangers. Votre lils leurs cellules, do prendre part leurs eii-l'in?trui

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    22 TRADUCTION FRANAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.aura plus de respect pour lui que s'il exerait n'est-ce point comme une fable? comme unequelque emploi dans le monde. Elev une ombre qui s'vanouit en un clin d'il ? Main-charge brillante, qui sait s'il n'aurait pas m- tenant, au contraire, ses honneurs durerontpris son pre? tandis que dans la vie qu'il a jusqu' sa mort ; bien plus, mme aprs sachoisie, vie qui l'lve au-dessus des rois, il mort, ils ne feront qu'augmenter, et nul nesera devant vous le plus soumis des enfants, lui pourra ravir sa puissance, parce qu'il neTelle est notre religion, elle runit dans une la tient pas des hommes, mais de la vertumme me ce qui parat le plus oppos, la elle-mme. Vous vouliez le voir richementmodestie et l'lvation des seniiments.iDans le vtu, mont sur un cheval, escort d'une foulemonde, ilet peut-tre dsir les richesses, et d'esclaves et nourrissant des parasites et despour cela souhait votre mort; maintenant, flatteurs? Pourquoi le vouliez-vous? N'-au contraire, il demande Dieu que votre tait-ce pas pour lui procurer du plaisir parvie se prolonge pendant de longues annes, tous ces moyens ? Eh bien ! si vous l'enten-afin de se procurer encore par l de brillan- diez dire qu'il estime sa vie beaucoup plustes couronnes, car une magnifique rcom- heureuse que celle des hommes qui viventpense est rserve ceux qui honorent leurs dans les dlices et la dbauche, parmi les mu-parents ; il nous est command de les regar- siciens, les parasites, les flatteurs, et toutder comme des matres, et de les servir et de l'appareil des volupts mondaines, tellementparole et d'action, toutes les fois que nous le qu'il choisirait mille fois la mort si l'onve-pouvons sans nuire la religion. Que leur nait lui commander de renoncer ce bonheurrendrez-vous, nous disent nos Ecritures, pour embrasser vos dlices, que diriez-vous ?pour tout ce qu'ils vous ont donn? Figurez- Ne savez-vous pas quelles jouissances reclevous donc un homme qui se soit lev entre une vie exempte de soucis ? Et quel hommetous les autres au sommet de la perfection ; le sait, quel est celui qui en a got pleine-avec quel surcrot de zle pouvez- vous croire ment ? Mais lorsqu'on a la gloire, lorsqu'on yqu'il s'acquittera de ce devoir ! Quand mme joint deux choses rarement runies, lascu-il lui faudrait donner sa vie pour sauver la rite et la considration, que peut-on trouvervtre, il ne s'y refuserait pas, parce que de prfrable une telle vie ?non-seulement il vous sert et vous honore Que me parlez-vous de cela, direz-vous,pour obir la loi de la nature, mais avant moi qui suis tranger votre religion ? tout pour obir Dieu, pour qui il a tout Pourquoi empchez-vous votre fils d'y entrer?mpris. C'est bien assez que vous ayez, vous, le mal-

    Puis donc qu'il est maintenant plus consi- heur d'en tre loign. N'est-ce pas un granddr, plus riche, plus puissant et plus libre ; malheur pour vous autres paens de vieillir,puisque, du reste, il vous sert mieux qu'au- et d'tre rduits maudire la vieillesse, aprsparavant et avec un si gnreux dvouement, que votre jeunesse s'est coule sans cueillirpourquoi vous plaignez-vous, dites-moi ? Est- aucun fruit de vrai bonheur ? Mais, direz-ce parce que vous n'avez pas trembler cha- vous, si nous maudissons la vieillesse, c'estque jour qu'il ne succombe la guerre, qu'il prcisment parce que la jeunesse nous avaitno mcontente l'empereur, qu'il n'encoure procur de grands biens. Quels sont cesl'envie de ses compagnons d'armes? Est-ce grands biens? Montrez-nous un vieillardque les parents de tous ceux qui se sont fait qui les possde. S'il les avait eus et qu'il lesune rputation, n'ont pas redouter ces m- et conservs, il ne se plaindrait pas d'en trecomptes, ces malheurs et bien d'autres en- compltement frustr. Mais s'ils se sont dissi-core ? De mme que ceux qui ont plac un ps et vanouis, qu'est-ce alors que ces grandspetit enfant sur un lieu lev craignent n- biens sitt teints ?cessairement qu'il ne tombe, ainsi en est-il de Votre fils, au contraire, n'prouvera pointceux qui ont pu lever leurs fils une haute cette privation ; si jamais il vient une longuecharge. Mais le baudrier d'or, mais la chla- vieillesse, vous ne le verrez point chagrinmyde militaire, mais la voix d'un hraut ont comme vous, mais joyeux, content et dansluen quelque churmo ? Et combien tout l'allgresse; car c'est alors surtout que sesceladurera-t-il?Trcntejours?centjours?deux avantages sont dans tout leur lustre et danscentb?El aprs? N 'est-ce poiutcomme un songe? toute leur maturit ; tandis que votre opulence

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    APOLOGIE DE lA VIE MONASTIQUE. -^ LIVUE DEl XIME. 23concentre dans le premier fige tous les biens penses inulilcs? Que de rcriminations, qaoqu'elle possde. Il n'en est pas ainsi de celle de complots, que de calomnies germent dansde votre lils; elle subsiste mme pendant la ces festins 1vieillesse et le suit encore aprs la mort. Aussi Mais entretenir commerce avec des courti-vous,qui voyez dans votre vieillesse votre for- sanes, voil un bonheur !... Et quel bonheurtune accrue, vous qui avez mille occasions pourriez-vous associer une telle turpitude ?d'acqurir la gloire et d'accumuler les dlices, Ne nous arrtons pas encore cela mainte-vous tes chagrin de ce que votre vie ne suffit nant; laissons l les querelles des amants, lespas pour en savourer la jouissance; et l'ap- disputes entre rivaux et les accusations. Sup-|)roche de la mort vous frissonnez, et vous posons un homme jouissant en toute libertdites que vous tes plus digne de pili que de son libertinage ; qu'il n'ait pas de rival,tous les autres, parce que vous tiez dans qu'il ne soit point ddaign de sa matresscil'opulence. Pour voire fils, il se reposera, sur- qu'il puise les richesses comme des sourcestout lorsipi'il sera vieux, parce qu'il se verra intarissables; supposition impossible, puisquesur le point d'entrer au port, parce qu'il aura, ces choses ne peuvent se trouver runies, etdans le ciel, une jeunesse sans cesse renais- qu'il faut de toute ncessit ou que celui quisant, et qui ne saurait aboutir la vieillesse, ne veut point avoir de rival puise toute sa Mais vous vouliez que votre fils vct dans fortune pour surpasser tous les autres en pro-des dlices dont il se serait mille fois repenti digalil; ou que celui qui ne veut pas seet qu'il et dplores dans sa vieillesse. Ah ! ruiner soit ddaign et rejet par sa matresse;que Dieu garde mme vos ennemis de goter quoi qu'il en soit, je veux qu'il vite ces inconrjaniaisdetellesdlices! Etqueparl-jede vieil- vnients;que tout lui russisse souhait. Alesse? Vos plaisirs s'vanouissent en un seul quoi se rduit, je vous le demande, ce tristejour; ou plutt non pas en un jour, non pas plaisir? La passion assouvie, o est la joujs-cn une heure, mais en un fugilf et insai- sance? Il y a beaucoup d'amertume, au fondsissable moment. Qu'est-ce donc que le bon- de cette coupe enivrante. Mais ne soulevonsheur? ce n'est point se remplir le ventre, pas le voile qui recouvre ces turpitudes,vivre des tables de sybarites, ni entretenir Pour nous, telle n'est point notre jouis-commerce avec de belles femmes, en se vau- sance ; Dieu ne plaise I mais elle entretienttrant comme des pourceaux dans la fange du l'me dans un calme perptuel ; elle ne produitvice. ni trouble ni agitation, mais une joie pure,

    10. Mais nousn'en sommes pas encore l. Exa- entire, sincre et sans fin, une joie bien plusminons pour le moment ces plaisirs, voyons forte et plus abondante que la vtre. Il ests'ils ne sont pas froids et mprisables ; et, si hors de doute que la ntre offre plus d'agr-vousvoulez, commenons par celui qui semble ments. Caria crainte peut dissiper la vtre,le plus agrable, par celui de la table. Mon- Que l'empereur lance un dcret qui menacetrez-nous donc sa dure? Ces plaisirs... celui de la mort, la plupart des hommes renonce-de la table. Si longtemps vraiment qu'on ne ront ces jouissances. Pour les ntres, aupeut s'en apercevoir ! Sitt en effet que quel- contraire, quand on nous prsenterait millequ'un s'est rassassi, il a teint ce plaisir, qui morts devant les yeux, loin de nous persuaderpasse plus vite qu'un torrent, disparat au d'y renoncer, on ne ferait que provoquer notregosier, et ne peut suivre les aliments. Ds ddain pour la menace : tant nos flicitsqu'il a dpass la langue, il a mouss sa l'emportent sur les vtres en puissance commepointe. Je passe sous silence tous les maux en douceur, et se refusent toute compa-qui suivent et quelle tempte occasionne cette raison avec elles! Ainsi ne blmez pas votrepassagre jouissance. Non-seulement il est plus fils d'avoir quitt des biens phmres, de fauxheureux celui qui se prive de ce plaisir, mais biens, pour des biens rels et permanents. Neil est encore plus lger, et il reposera bien pleurez point celui qui mrite d'tre flicit;plus agrablement que l