JEAN-SÉBASTIEN HUOTSUIE

LES HERBES ROUGES / POÉSIE

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Comment évoquer une image – toile, dessin, photogra-phie ? Par son titre, une description, en retraçant l’effet qu’elle a eu sur nous ? Collages de vers et de discours variés, ces poèmes s’inspirent d’œuvres littéraires autant que picturales. Ils questionnent le rapport à l’image d’une humanité qui s’abîme, « se faisande, suspendue à des crochets ». Plutôt que de s’arrêter à cette gangrène, Jean-Sébastien Huot la dissèque jusqu’à y trouver une force.

« Visage vrai / Que je découpe avec des ciseaux. // Les polaroïds de ces pages pleurent : cire, urine, cendre. » Livre bricolé avec le vide, le plein, notre clarté et notre noirceur, Suie offre les résidus d’un feu qui nous consume.

Jean-Sébastien Huot est né à Québec en 1971. Son plus récent livre, Un bus pour Tokyo, paru aux Herbes rouges, est un roman. Il enseigne la littérature au Cégep de Sherbrooke.

SUIE

DU MÊME AUTEUR

chez le même éditeur

Élévation, poésie, 1993.

Un bus pour Tokyo, roman, 2015.

chez d’autres éditeurs

Raw T.V., poésie, Éditions du Chêne, 1990.

Chasseur de primes, poésie, Écrits des Forges, 1992.

Satoris Industriels, poésie, Gaz Moutarde, no 12, collection « Admiral 69 », 1992.

Le portrait craché de mon père, récit, L’Hexagone, 2001.

JEAN-SÉBASTIEN HUOT

LES HERBES ROUGES

Suiepoésie

© 2017 Éditions Les Herbes rougesDépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2017ISBN : 978-2-89419-590-1

Les Herbes rouges remercient le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec pour leur soutien financier.

Les Herbes rouges bénéficient également du Programme de crédit d’im pôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

L’auteure remercie le Conseil des arts du Canada ainsi que l’Union des écrivaines et des écrivains québécois, qui lui a attribué la bourse d’écriture Jean-Pierre Guay – Caisse de la Culture, pour leur soutien à l’écriture de ce livre.

Financé par le gouvernement

du Canada.

Il ne dégradera pas les tons sur la joue pour trouver le naturel, une belle expression qui fait songer. Il la flanquera d’une lumière crue, un éclairage violent qui lui mange la barbe et lui descend jusqu’au cou. Il voudra que l’on regarde à l’intérieur de la bouche ouverte, l’ombre plus grande que le ciel, que l’on ne voie qu’elle, même s’il a mis une chandelle sur le côté parce qu’il est doué pour ça, on lui reconnaît ce talent, une chandelle et un beau papier qui laisse passer la lumière, comme le font les mots lorsqu’on les écrit vraiment.

Guy Walter

Outre mesure

Bricolage de cigales

11

Nos paupières fardées de sel se froisseront comme un papier kraft. Les poignards étoileront nos pupilles. Nos bouches trouées de sphinx tête-de-mort absorberont la lumière, le vent, les villes, les bungalows poussiéreux.

12

Nous ferons avec nos lèvres un pain pour la nuit. Nous quitterons chemises et cartes du monde. Nous dirons à la cime abusée que les princes n’ont point d’yeux*. Nos âmes cousues, crayonnées nerveusement sur deux cartons en lambeaux, s’embraseront derrière nos masques de paille.

* Théodore Agrippa d’Aubigné, Les tragiques.

13

Feutres sanguine. Scalpels. Papiers Arches.

Notre peau fondue dans le Cosmetic World pleure les brouillons d’écoliers fauchés par une arme à répétition. Quand voudrons-nous prouver notre soif, nous anéantir parmi les figures peintes des poupées russes ?

14

Un trou noir. Un jeu. Nos yeux sont une passerelle. Jadis les salamandres aspiraient le feu. Nous formions chair au-dessus des souches bien avant le soir. Nos narines se nourrissaient : encre et tapisseries. Nous savions qu’un incendie rouge minium s’annonçait là-bas.

15

Nos visages chiffonnés n’ont plus rien à voir avec cette paysanne revenant du puits*.

Les champs d’Anselm Kiefer se referment. Ce qui reste de nous disparaît, fendu sous la hache sans poids des chiens de ferme éventrés.

J’ai tâché de faire qu’on ne puisse la prendre ni pour une porteuse d’eau, ni pour une servante*.

* Titre d’un dessin de Jean-François Millet et propos du peintre sur son modèle.

Éditions Les Herbes rougesC. P. 48880, succ. OutremontMontréal (Québec) H2V 4V3

Téléphone : 514 279-4546Site Web : www.lesherbesrouges.com

Document de couverture : Sean Rudman, Crâne, huile sur toile, 61 cm x 40,5 cm, 2013

Distribution : Diffusion Dimedia539, boulevard Lebeau

Montréal (Québec) H4N 1S2Téléphone : 514 336-3941

Diffusion en Europe : Librairie du Québec30, rue Gay-Lussac

75005 Paris (France)Téléphone : (01) 43-54-49-02

Télécopieur : (01) 43-54-39-15

Cet ouvrage a été achevé d’imprimersur les presses de Marquis imprimeur

à Montmagny en septembre 2017pour le compte des

Éditions Les Herbes rouges

Imprimé au Québec (Canada)

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LES HERBES ROUGES / POÉSIE

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Comment évoquer une image – toile, dessin, photogra-phie ? Par son titre, une description, en retraçant l’effet qu’elle a eu sur nous ? Collages de vers et de discours variés, ces poèmes s’inspirent d’œuvres littéraires autant que picturales. Ils questionnent le rapport à l’image d’une humanité qui s’abîme, « se faisande, suspendue à des crochets ». Plutôt que de s’arrêter à cette gangrène, Jean-Sébastien Huot la dissèque jusqu’à y trouver une force.

« Visage vrai / Que je découpe avec des ciseaux. // Les polaroïds de ces pages pleurent : cire, urine, cendre. » Livre bricolé avec le vide, le plein, notre clarté et notre noirceur, Suie offre les résidus d’un feu qui nous consume.

Jean-Sébastien Huot est né à Québec en 1971. Son plus récent livre, Un bus pour Tokyo, paru aux Herbes rouges, est un roman. Il enseigne la littérature au Cégep de Sherbrooke.