jean luc lagarce [14/02/57 - 30/09/95] · jean-luc lagarce est inscrit, dès 1975, en philosophie...

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On célèbre les noces d’or après cinquante années d’heureuse union. N’aurait-elle pas été heureuse‚ cinquante années‚ on célèbre tout de même. Le temps a couronné les époux que nous avons vus‚ une première fois‚ rayonnants de jeunesse et de bonheur ; puis‚ une autre fois‚ pleins de maturité et de force‚ entourés d’amour‚ de respect‚ d’estime‚ ayant lutté‚ ayant souffert‚ car lutte et souffrance et le contraire qui m’étonnerait‚ mais heureux car ils s’aiment comme au premier jour‚ mieux peut-être. Bien des douleurs les ont visités‚ leurs enfants sont partis‚ pour fonder‚ à leur tour‚ d’heureuses familles. D’autres sont morts‚ déjà‚ logique‚ probable. Ils sont seuls‚ comme au commencement de leur vie à deux et ils se serrent l’un contre l’autre pour se tenir lieu de tout. Leurs fils et leurs filles – ceux qui ne les ont pas devancés là-haut – accourent autour d’eux‚ avec les enfants de leurs enfants ; trois générations au moins les entourent. La fête est la même que celle des noces d’argent. Mais avec une intimité plus grande‚ pour ménager les héros du jour‚ car ils le sont‚ dont la vie est devenue fragile. On prend garde à ne pas transformer ce jour de fête en jour de deuil. Chacun leur a apporté son présent‚ jusqu’à l’arrière-petit-fils de deux mois‚ qui tient une fleur‚ pour eux‚ entre ses petits doigts inconscients. Le grand repas est suivi d’un bal ou d’une sauterie. Les deux aïeuls l’ouvrent avec deux de leurs petits-enfants s’ils peuvent. S’ils ne peuvent pas danser‚ ils regardent. C’est bien. La fête ne se prolonge jamais au-delà de minuit. Alors‚ laissés à eux-mêmes‚ abandonnés‚ car abandon‚ on ne va pas se raconter d’histoire‚ les vieux époux tombent dans les bras l’un de l’autre‚ et se promettent que‚ s’ils recommençaient la vie‚ ils se choisiraient encore‚ des choses comme cela qu’on dit et qu’on croit

# Extrait de texte

Jean Luc Lagarce [14/02/57 - 30/09/95]

Ce fils d’ouvriers dans les usines Peugeot grandit dans le Doubs. Jean-Luc Lagarce est inscrit, dès 1975, en philosophie à l’Université de Besançon, tout en suivant les cours du Conservatoire d’art dramatique. En 1977, il fonde le théâtre de la Roulotte, une compagnie de théâtre amateur. Deux ans plus tard, son texte Carthage, encore, est diffusé sur les ondes de France Culture. En 1980, il soutient sa maîtrise sur le thème « théâtre et pouvoir en Occident ». En 1981, son Théâtre de la Roulotte devient professionnelle.En 1988, l’auteur-metteur en scène apprend sa séropositivité. La maladie et la mort sont déjà des thèmes très présents dans ses œuvres, mais il refuse de porter l’étiquette d’ «auteur du sida », assurant que, selon lui, ce n’est pas un sujet. Autres thèmes récurrents, la famille, l’amour, le deuil, la vie et la mort.« Proust, comme Tchekhov, comme Lagarce, sont des écrivains qui se savent condamnés. D’où leur attachement à la vie et leur absolue nécessité de nous restituer l’essence avant qu’il ne soit trop tard », écrit Rodolphe Dana, metteur en scène du Pays lointain. En 1992, Jean-Luc Lagarce et François Berreur créent au sein de la Roulotte, la maison d’édition Les Solitaires intempestifs. Une décision qu’ils prennent pour défendre des écritures contemporaines, et notamment celle d’Olivier Py qui, à l’époque, ne trouve pas d'éditeur. Après la mort de Lagarce et la mise en liquidation judiciaire du Théâtre de la Roulotte, une nouvelle association, la compagnie les Solitaires Intempestifs, est fondée en 1996 et rachète le fonds éditorial. Entre 1981 et 1995, Jean-Luc Lagarce a écrit 24 pièces, trois récits, un livret d’opéra et signé 20 mises en scène. Parmi les plus emblématiques de ses œuvres Derniers remords avant l’oubli (1987), Juste la fin du monde (1990), Les règles du savoir-vivre dans la société moderne (1993), J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne (1994).

On est pas là pour se faire engueuler est née en 2006 de la rencontre de Laetitia Mazzoleni et de Noam Cadestin. Tous deux comédiens de formation mais aux parcours très différents, ils se retrouvent dans l'idée que le théâtre est le vecteur des pensées et qu'il faut créer les auteurs, et donc la parole, d'aujourd'hui.L'Âmonyme est le “bébé” de la compagnie, créé en 2007. Un texte écrit par Laetitia Mazzoleni pour un homme et une femme qui ne sont pas fait pour se rencontrer, sous forme de différents monologues qui s'entremêlent. « En allant chercher au plus profond des êtres, nous découvrons la noirceur de l'âme humaine et comprenons ses dérives ». Elle est pureté et pourtant elle va pousser l'Homme Sombre a commettre l'irréparable.En 2008, deuxième création: Le Cas Gaspard Meyer de Jean-Yves Picq. Texte on ne peut plus actuel, fable politique sur la “main-finance” qui gouverne le monde; un enfant que l'on a cru autiste jusque là sort de son silence pour répandre la sage parole indienne et dénoncer les agissements de son père, dirigeant d'un grand groupe financier international, dans les pays en voie de développement.Troisième création en 2009. La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour de Matéï Visniec. Dans la lignée de la compagnie, toujours un texte d'auteur contemporain, mais cette fois-ci, une comédie. Une pièce plus légère, au rythme plus enlevé, qui reste une critique ouverte du monde du théâtre, De l'écriture à la représentation, chaque intervenant au processus de création est passé à la moulinette, même le public.Virage en 2010, Noam Cadestin signe sa première mise en scène pour la compagnie avec un texte de Jean-Luc Lagarce, Les règles du savoir vivre dans la société moderne. En 2011/2012, la compagnie travaillera sur un texte de Laetitia Mazzoleni, Tout au bord, mêlant texte, vidéo et musique. Le tout soutenu par une exposition photo/performance.Chaque création est l'occasion de plusieurs rencontres avec le public lors de lectures, répétitions ouvertes au public ou encore discussions à la fin de certaines représentations. Les thèmes des créations ne sont pas faciles à proposer aux scolaires, néanmoins plusieurs classes suivent le travail de la compagnie.Parallèlement à cela, nous nous inscrivons dans une recherche d'ouverture, de rencontre et de formation du public par le biais de lectures en présence des auteurs, suivies de discussions, de stages de théâtre et d'écriture.

Noam Cadestin – Metteur en scèneIl rencontre Laetitia Mazzoleni au Ring – Cie Salieri Pagès avec qui il crée la Cie On est pas là pour se faire engueuler. Depuis la création de la compagnie, il co-dirige des ateliers en direction des amateurs. En 2006, il participe à la réalisation de Petits Suicides Entre Amis où il travaille en collaboration avec le collectif de la compagnie en tant que auteur, metteur en scène et comédien. Il joue dans les deux premières créations de la compagnie, L'Âmonyme de Laetitia Mazzoleni en 2007 et Le Cas Gaspard Meyer de Jean-Yves Picq en 2008. En 2009, il crée la scénographie de La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour de Matéï Visniec au Théâtre du Chien qui Fume – Scène d'Avignon. En 2010, il signe la mise en scène des règles du savoir vivre dans la société moderne de Jean-Luc lagarce au Théâtre du Balcon – Scène d'Avignon. En 2011,il participe en tant que comédien et metteur en scène au projet Tout au bord, création importante de la compagnie, mêlant texte, vidéo et musique...Laetitia Mazzoleni – Comédienne Après sa formation au Conservatoire d’Avignon et à l’Université (I.R.I.A.S.) puis au Collège Artistique du Worcestershire (Kidderminster, Angleterre), elle crée la Compagnie A Titre Provisoire et joue dans Clinique de Pascal Nordmann, Les enfants de la Truie de Gisèle Salin et Marie-Hélène Gagnon et Sofa d’après Le Sopha de Crébillon fils. En 2002, elle rejoint l’équipe artistique de la Cie Salieri-Pages et joue dans Attention aux Vieilles Dames Rongées par la Solitude. Depuis 2006, elle travaille avec la Cie Mises en Scène pour Comédiens à l’hôpital. Elle crée, avec Noam Cadestin, la Cie On est pas là pour se faire engueuler et écrit et joue dans L'Âmonyme en 2007 et met en scène Le Cas Gaspard Meyer de Jean-Yves Picq. En 2009, toujours avec la Cie On est pas là pour se faire engueuler, elle met en scène La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour de Matéï Visniec au Théâtre du Chien qui Fume – Scène d'Avignon, repris au Festival Off d'Avignon 2009 au Petit Chien. Elle joue en mai 2010, sous la direction de Noam Cadestin, Les règles du savoir vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce au Théâtre du Balcon – Scène d'Avignon. En 2011,elle participe en tant que comédienne et metteur en scène au projet Tout au bord, création importante de la compagnie, mêlant texte, vidéo et musique...Sébastien Piron – Créateur lumièreIl fait ses premiers pas dans la technique du spectacle auprès du Nada Théâtre, de la Cie Jean-Louis Hourdin et la Cie du Cercle avant d'intégrer le Théâtre de Feu dont il reste le régisseur général pendant 4 ans. Formé à Scaenica et à l'ISTS, il travaille désormais avec différentes compagnies pour lesquelles il crée les lumières (théâtre, danse, marionnettes, conte...)

Après notre dernière création, un texte de Mateï Visniec, nous cherchions un monologue pour changer de forme.J'ai beaucoup consulté d'ouvrages à la maison Jean Vilar et à la chartreuse de Villeneuve-les-Avignon. Je suis tombé par hasard sur ce monologue pour personnage féminin de Jean Luc Lagarce.Je connaissais déjà l'écriture de cet auteur à travers d'autres publications mais pas ce monologue, et j'ai été séduit une fois de plus par le verbe.En effet, dès la première lecture, j'ai senti le décalage entre la réalité des convenances et l'absurdité qu'elles peuvent engendrer dans notre société actuelle. Le ton est solennel dans le descriptif des cérémonies mais le non-dit est cinglant. La naissance d'un enfant, la délivrance pour une mère, est un moment merveilleux.A cette minute, le monde s'arrête pour les heureux parents qui comprennent la charge qui leur revient dans les bons comme dans les mauvais moments...Pour ce petit être, c'est là, que commence les épreuves...Dans tous les moments importants de sa vie, il sera confronté aux règles du savoir- vivre qui le guideront dans sa recherche du bonheur.

Que ce soit lors de son enfance, ses fiançailles, son mariage ou même sa cérémonie mortuaire, il devra s'adapter aux convenances de notre belle société. Il passera par tous les états, dans une consternation des plus béante devant les rigueurs impitoyables de la bienséance.

Question : les règles du savoir vivre de notre société (passée, présente ou avenir) seraient elles un canevas ou plutôt un carcan?

A vous de venir vous faire votre propre opinion à travers ce voyage qui vous évoquera, j'en suis sûr, une part de votre propre vécu.

Ce texte que l’ auteur a écrit environ un an avant sa mort sonne comme le bilan qu’il tire de ses nombreuses années passées au contact de notre société. A travers ces règles de vie, il suit tout au long de la pièce un être de sa naissance à sa mort en prenant bien soin de lui signifier ce à quoi il doit se plier. Les règles de la bienséance en vigueur depuis des siècles se heurtent à la réalité de notre société moderne.On pourrait croire que le décalage soit un gouffre mais en fait il n’en ai rien…Jean-Luc Lagarce se veut taquin, appuyant là où ça fait mal, avec beaucoup de recul et surtout une bonne dose d’humour (très souvent noir !)

Le parallèle avec de nombreuses coutumes des différentes communautés actuelles sont saisissantes et l’on comprend rapidement que l’on peut, après avoir entendu ce texte, débattre de nombreux sujets de notre société actuelle.

Noam Cadestin

ZIBELINE

LA PROVENCE

LE DAUPHINE

VAUCLUSE MATIN LE COMTADIN

Les règles du savoir-vivre dans la société moderne

Jean Luc Lagarce

Création 2010

Mise en scène Noam Cadestin Avec Laetitia Mazzoleni Création lumière Sébastien Piron

Cie On est pas là pour se faire engueulercompagnie permanente d'Avignon

26 rue des teinturiers – maison IV de Chiffre84000 Avignon

04 86 81 79 29 / [email protected]

Contact diffuseur / 06 82 32 47 71