C’était donc il y aura bientôt vingt ans : le 15 septembre 1986, le 11 bis de la rue de Vézelay ouvraitses portes aux premiers lecteurs de la “ Bibliothèque Musicale Gustav Mahler ”, devenue depuis

Médiathèque Musicale Mahler. Initiative bienvenue, qui comblait le vide auquel se confrontaitun lectorat en mal d’un lieu capable d’offrir des fonds d’une telle ampleur, dans des conditions

d’accès immédiat. Initiative également généreuse, issue de la volonté de deux hommes qui ont souhaité mettre en commun leurs collections pour les offrir à ceux qui en ont besoin : Maurice Fleuret

et Henry-Louis de La Grange. Vingt ans après, les trésors se sont multipliés, grâce àdes soutiens publics et privés, qui ont fait de leur fidélité une vertu. Elle permet aujourd’hui

à la MMM de poser le regard rétrospectif proposé ici et d’envisager l’avenir qui s’ouvre devant elle.

PRESIDENT D’HONNEUR_Henry-Louis de La Grange

PRESIDENT_Pierre BergéVICE-PRESIDENT_Jacques LonchamptTRÉSORIER_François TripetSECRETAIRE GÉNÉRAL_Laurent Bayle

DIRECTEUR_Alain GalliariDOCUMENTALISTES_Christiane David, Alena ParthonnaudBIBLIOTHÉCAIRE_Sonia Popoff

_comité artistiqueClaudio Abbado, Luciano Berio , Pierre Boulez, Alfred Brendel, Elliott Carter, Riccardo Chailly, Henri Dutilleux,Dietrich Fischer-Dieskau, Thomas Hampson, Eliahu Inbal, Christa Ludwig, Zubin Mehta, Riccardo Muti, Jessye Norman, Seiji Ozawa, Murray Perahia, Simon Rattle, Iannis Xenakis .

_conditions d’accès_du mardi au samedi, de 10 h à 17 h ou 18 h._carte annuelle ou laisser-passer trois jours._sur demande écrite (lettre, fax, e-mail)._tarif à la séance ou carnet de dix séances._tarifs sur demande.

La Médiathèque Musicale Mahler reçoit le soutiendu Ministère de la Culture et de la Communication,de la Mairie de Paris, de la Fondation de France, de la SACEM et de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.

HEURES D’OUVERTURES

DROITS D’INSCRIPTION

CONSULTATION DES ARCHIVES

RÉSERVATION DU STUDIO DE PIANO

RECHERCHE DOCUMENTAIRE

janvier 2006

_01 Médiathèque MusicaleMahler 1986 - 200620 années au service dela documentation musicale _02 Regardsur la 19e année _03 Un nouveau fondsClaude Helffer

11 bis, rue de Vézelay Paris 75008tél. 01 53 89 09 10 fax 01 43 59 70 22www.mediathequemahler.orgISSN : 1266-6793

_01 Médiathèque Musicale Mahler 1986 - 2006 20 années au service de la connaissance de la musique

_1986

[28 mai] Inauguration de la Bibliothèque Musicale Gustav Mahler.

[15 septembre] Ouverture au public.

L’association fut fondée un an avant par Henry-Louisde La Grange (président), Maurice Fleuret (vice-président), Jacques Lonchampt (vice-président), François Tripet (trésorier) et Michel Fontès (secrétaire général).Le fonds initial de la “ BMGM ” est formé par la réuniondes bibliothèques personnelles d’Henry-Louis de La Grangeet de Maurice Fleuret, qui ont souhaité mettre leurs collections à la disposition du public, en y incluant la bibliothèque musicale d’Alfred Cortot, acquise précédemment.Livres, revues, partitions, disques... Les fonds couvrent d’emblée l’histoire de la musique. Ils incluent également l’ensemble de la documentation sur la musique contemporaine accumulée par Maurice Fleuret et des archives mahlériennes mises à disposition par Henry-Louis de La Grange.

_1987

Aménagement des locaux du rez-de-chausséeet réalisation en sous-sol d’une chambre forte vouéeà la protection des documents les plus précieux.

Accueil des premiers fonds d’archives : ceuxdes pianistes Yvonne Lefébure et Reine Gianoli etdu chef d’orchestre Sylvain Dupuis.

Les soutiens financiers La Médiathèque a bénéficié dès sa fondation du soutien de la Société Yves Saint Laurent (poursuivi aujourd’hui par la Fondation Pierre BergéYves Saint Laurent). Le Ministère de la Culture lui a attribuédès 1987 une subvention de fonctionnement (Direction dela Musique et Direction du Livre et de la Lecture) et compte depuis au nombre de ses plus fidèles soutiens, avec la SACEM et la Ville de Paris (depuis 1992), et avec la Fondation de France (depuis 1994). Henry-Louis de La Grange et Pierre Bergé demeurent les deux principaux mécènes privés de l’association.

_1988

Accueil de quatre nouveaux fonds d’archives(Claude Debussy, Camille Saint-Saëns, André Schaeffner, Xavier Perreau), ainsi que de plusieurs manuscrits musicaux de compositeurs contemporains (Dutilleux, Xenakis, Lenot).

Expositions in situDe 1987 à 1993, la Médiathèque a organisé plusieurs expositions dans ses locaux : Yvonne Lefébure (1987), Alfred Cortot (1988),

Gustav Mahler (1989), Gioacchino Rossini (1992),Selma Kurz (1992), “ le regard du musicien ” (1993).

_1989

Intégrale Mahler au théâtre du châtelet : partenaire du projet, la “ bmgm ” réalise plusieurs activités parallèlement aux concerts (exposition, cycle de conférences, livre-programme).

Collaboration avec le Théâtre du Châtelet Depuis 1989, la Médiathèque entretient avec le Châtelet

des relations de proximité qui se sont manifestées notamment dans l’organisation de plusieurs expositions présentées au

Théâtre : Bartok et R. Strauss en 1993 ; Schoenberg en 1995 ; Stravinsky en 1996 ; Busoni en 2000 ; Verdi en 2001 ;

Janacek en 2003 ; Wagner en 2005.

Acquisition des fonds Paul Le Flem et Selma Kurz.

La documentation mahlérienne Les archives de la soprano Selma Kurz ont apporté un complément substantiel à l’ensemble du fonds Mahler mis à disposition par Henry-Louis de La Grange (manuscrits, photographies, programmes originaux, partitions, livres, enregistrements, articles de presse...). Achats et dons n’ont cessé depuis lors d’amplifier la collection, à laquelle d’autres fonds d’archives ont aussi apporté des pièces complémentaires (fonds Sylvain Dupuis et Guillaume de Lallemand).

_1990

Décès de Maurice Fleuret.

Alain Surrans est élu secrétaire général adjoint.Pierre Bergé entre au conseil d’administration.

Acquisition des esquisses de la troisième symphoniede Mahler et de documents mahlériens donnés parLotte Klemperer.

Développement du fonds iconographique dela Médiathèque, à partir de documents originaux issus des différents fonds d’archives.

Première participation aux journées d’étudesannuelles de l’aibm (Association Internationaledes Bibliothèques Musicales).

Collaborations documentairesLa Médiathèque collabore régulièrement avec les réseaux

bibliothécaires, participant à des rencontres ou des forumsde réflexion et de travail. Elle contribue notammentà la publication de guides de ressources (Répertoire

des bibliothèques et institutions françaises conservantdes collections musicales) et au Catalogue Collectif National

des Publications en Série.

_1991

Inauguration du “ Centre de Documentation Musicale Maurice Fleuret ”.

Depuis 1991, le CDM propose un service d’aide documentaire “ sur mesures ” à une trentaine d’institutions musicales françaises (festivals, orchestres, salles de concerts, sociétés de production...).

Accueil des fonds Marguerite Long etGuillaume de Lallemand.

_1992

Arrivée des fonds Gioacchino Rossini, Émile Vuillermoz, Paul-Marie Masson et Jacques Charvériat.

_1993

Expositions Béla Bartok et Arnold Schoenbergau Théâtre du Châtelet.

Expositions “ hors les murs ” Depuis la première exposition Mahler présentée au Châtelet en 1989, la Médiathèque a réalisé de nombreuses expositions pour des salles de concerts, des théâtres lyriques, des conservatoires ou des centres culturels. Citons : La Collection d’un voyageur (Lille, 1990), Schoenberg (Châtelet, 1995), Varèse (Lyon, 1996), Stravinski (Châtelet, 1996), Falla (Nancy, 1997), Webern (Lyon, 1998), Le Flem (Lézardrieux, 1998), Ravel (Lyon, 1999), Busoni (Châtelet, 2000), Verdi (Châtelet et Montfermeil, 2001), nouvelle exposition Mahler (Strasbourg, 2002, Budapest, 2005), Janacek (Châtelet, 2003, Genève, 2004, Lyon, 2005), les premiers chefs mahlériens (Théâtre desChamps-Elysées, 2005), Wagner (Châtelet, 2005).

_1994

Accueil du fonds Joseph Kosma.

Les Donateurs Les fonds d’archives conservés rue de Vézelay sont d’abord le résultat de la volonté de donateurs oude déposants soucieux d’offrir un lieu d’accueil aux archives en leur possession. Doivent être notamment cités et remerciés ici : Mmes Maïmé Arnodin [fonds Rossini], Christine Jolivet-Erlih [fonds Jolivet], Gaby Pasquier-Monduit [fonds M. Long],Jeanne Green-Le Flem [fonds Le Flem], Denise Paulme-Schaeffner [fonds Schaeffner], Claudine Rosenthal [fonds Rosenthal], Jacqueline Roskam [fonds Dupuis], Mme Madeleine Li-Koechlin et M. Yves Koechlin [fonds Koechlin], Mme Odile Budan etMM. Jacques et Gérard Brunschwig [fonds Lefébure-Goldbeck] ; MM. Bernard Goué [fonds Goué], Gérard Pellier [fonds Kosma], Jean Raindre [fonds de Lallemand],

Jean-Manuel de Scarano [fonds Debussy et Saint-Saëns], Jacques Vautrin [fonds Vuillermoz].D’autres donateurs ont contribué à l’enrichissement des collections par des apports substantiels : Mmes Martine Cadieu, Jeanne Chevalier, Charlotte Eisler, Madeleine Gagnard, Victoire Gavoty, Irène Kamerling, Lotte Klemperer ou Dorlé Soria ; MM. Claude-Armand Bandieri, Jacques Lonchampt ou Alain Pâris.

_1995

Participation à la publication de The Mahler Album et de Gustav Mahler: The World Listens (pour la Mahler-Feest d’Amsterdam).

PublicationsLa Médiathèque a initié ou participé à divers projets

éditoriaux. Outre les deux cités : Revue Mahler (1987),Jeux de massacre (1988), La Collection d’un voyageur (1990),

Le Regard du musicien (1993), Musiques en France (1995), Guide de l’édition musicale (1998), Neue Mahleriana (1997),

Répertoire des bibliothèques (2001), Livre-programmedu Cycle Mahler donné par l’Orchestre Philharmonique

de Radio France (2004).

_1996

Dixième anniversaire : la bmgm devient “ Centre de Documentation Musicale – Bibliothèque Gustav Mahler ” et organise le 15 mars un récital Mahler donné au Théâtre du Châtelet par Thomas Hampson (avec Wolfram Rieger).

Pierre Bergé est élu vice-président de l’association.

_1997

Accueil de trois nouveaux fonds d’archives : André Jolivet, Charles Koechlin et Max Deutsch.

Les bénévoles Le classement et l’inventaire des fonds d’archives est en grande partie l’œuvre de bénévoles qui ont décidé de consacrer un peu de leur temps à la mission documentaire de la Médiathèque. Une pensée toute particulière pour Jeannine Sonolet (arrivée dès 1987 et décédée en 2005), pour Gisèle Benmussa (qui nous est fidèle depuis 1991 !) et pour Marie-Joe Blavette, bibliothécaire “ historique ” de la Médiathèque, qui poursuit son œuvre en profitant d’une retraite méritée. Mais aussi : Anne-Marie Cala, Simon-Pierre Perret, Martine Cadieu, Paulette Verneray et Marie-Thérèse Join. Leur fidélité et leur mérite valaient que leurs noms soient cités ici.

_1998

Câblage du bâtiment et début de l’informatisation du catalogue (sous logiciel Loris).

Accueil du fonds Emile Goué.

Accueil des premiers stagiaires bibliothécaires ou documentalistes.

_1999

Réalisation du site Internet de la Médiathèque.

[9 novembre] Concert de soutien donné par Pierre Boulez et Thomas Hampson au Théâtre du Châtelet,avec l’Orchestre de Paris.

accueil de l’ancienne bibliothèque de partitionsde l’École Normale de Musique de Paris.

[1][2] [3]

[4] [5] [6]

[7][8]

_2000

[31 janvier] Inauguration du pavillon cortot(3e salle de lecture de la bibliothèque) et des réserves aménagées en sous-sol.

[20 avril] Renouvellement du bureau de l’association. Henry-Louis de la Grange devient président d’honneur. Pierre Bergé est élu président et Laurent Bayle secrétaire général. Jacques Lonchampt demeure vice-président et François Tripet trésorier.

_2001

Installation dans le Pavillon Cortot d’un piano droit mis à la disposition des lecteurs.

_2002

Changement de nom : le “ Centre de Documentation Musicale – Bibliothèque Gustav Mahler ” devient Médiathèque Musicale Mahler et se dote d’une nouvelle charte graphique.

[11/14 novembre] Cours d’interprétation de Thomas Hampsonsur les Lieder de Mahler, donnés Salle Cortot en partenariat avec l’École Normale de Musique de Paris, après sélection de 18 jeunes artistes venus du monde entier. Le 13 novembre maître et élèves donnent un récital au Théâtre du Châtelet.

La Fête de la MusiqueDepuis sa fondation, la Médiathèque célèbre la Fête

de la Musique instaurée par Maurice Fleuret, en organisant chaque 21 juin un concert dans ses locaux ou chez un hôte

(SCAM, Mairie du 8e, Théâtre de l’Athénée).Se sont notamment produits sous son égide la Maîtrise

de Paris, les pianistes Dana Ciocarlie et Idil Biret, le pianiste et compositeur Alain Kremski, les violoncellistes

Christophe Roy et Jesus Castro-Balbi, ainsi que plusieurs ensembles de musique de chambre (Quatuors Arpeggione, Mosaïques, Renoir, Rosamonde, Ysaÿe, Sextuor Brahms,

Trio Transparences).

_2003

Ravalement de la façade de l’immeuble de la ruede Vézelay.

Arrivée du fonds Manuel Rosenthal.

Migration de la base de données sous le logiciel Agate.

_2004

Partenariat avec radio france à l’occasion du cycle Mahler de l’Orchestre Philharmonique de Radio France : conférence, activités pédagogiques, conception du livre-programme du cycle.

_2005

[9 novembre] Concert de soutien donné par Pierre Boulez au Théâtre du Châtelet, avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France.

Rénovation du hall d’entrée de l’immeuble de la ruede Vézelay.

Accueil du fonds Claude Helffer.

[1] Fête de la musique dans la courde la Médiathèque (Maîtrise de Paris, 1995).

© Photo MMM

[2] Le Centre de Documentation Musicale.© Photo MMM

[3] Maurice Fleuret et Henry-Louis de La Grange.© Photo Françoise Viard

[4] Inauguration (28 mai 1986).© Photo Marion Kalter

[5] Exposition Varèse à Lyon (1996). © Photo Guy Vivien

[6] Réserves en sous-sol.© Photo MMM

[7] Entrée de la MMM.© Photo Guy Vivien

[8] Thomas Hampson et Pierre Boulezau Théâtre du Châtelet (novembre 1999).

© Photo Sigrid Colomyès

Tout a (re)commencé au matin du vendredi 14 janvier,pour la seconde séance “ Jeune Public ” de l’orchestre, dévouée à la présentation de la Cinquième Symphoniede Mahler – après la Première, examinée à l’automne. Ils étaient plus de six cents jeunes et enfants à occuper ce matin-là les fauteuils échelonnés de la Salle Olivier Messiaen de la Maison de la Radio. Face à eux : l’Orchestre Philharmonique au grand complet, avec son directeur musical, Myung-Whun Chung, et avec la participation d’Alain Galliari, directeur dela Médiathèque Musicale Mahler, venu réaliser sur le vif le scénario de présentation de l’œuvre, préparé en commun par les deux équipes – une petite dose de commentaire pour une grande dose de musique. Que la puissance émotionnelle de la musique ait fait son œuvre, c’est peu dire : le grand silence réclamé par le fameux Adagietto aura été pleinement observé par les jeunes, saisis par l’intensité expressive d’une musique qu’ils n’ont sans doute pour la plupart guère l’habitude d’écouter, ni même d’entendre. Bel exemple d’attention, réitéré au cours des semaines et des mois suivants par l’égal intérêt qu’ont montré les élèves des classes reçues successivement rue de Vézelay, pour une présentation documentaire autour de Mahler. L’évidente attention des enfants et leurs interventions spontanées ont révélé à chaque foisun intérêt et un plaisir manifestes, et apporté aussila preuve que les œuvres immortelles trouvent toujours l’entrée des cœurs, y compris ceux réputés imprenables... 1er avril : non un poisson, mais l’amorce de la seconde partie du cycle, avec l’audition au Théâtre des Champs Elysées d’une mémorable Sixième. La Médiathèque Musicale Mahler a préparé pour l’occasion une nouvelle mouture de l’exposition “ Mon temps viendra ” présentée à l’automne, centrée cette fois-ci sur les premiers grands chefs mahlériens.Encore peu investi, malgré son grand intérêt, ce thèmepresque marginal de la recherche mahlérienne se résume dans bien des commentaires aux seuls – et il est vrai illustres – premiers défenseurs ou disciples du maître : Willem Mengelberg, Oskar Fried, et plus encore Bruno Walter et Otto Klemperer. L’exposition aura ramené à la lumière les noms moins immédiats de ceux qui ont pourtant œuvré avec ardeur à la défensede l’œuvre de Mahler durant l’entre-deux-guerres : Zemlinsky, Webern, Scherchen, Mitropoulos, Horenstein,mais aussi une kyrielle de chefs moins attendus encore (de Josef Krips à Hans Rosbaud, Clemens Kraussou Carl Schuricht) et aussi moins connus (Eugen Szenkar,Paul von Klenau, Anton Konrath, Martin Spörr ou Hidemaro Konoye).

On ne le dira jamais assez : l’alliance d’une bibliothèquede recherche et d’une grande phalange orchestrale

n’est pas seulement affaire de “ communication ”. Certes, l’association est importante à ce titre également. Elle vise pourtant un but qui est de beaucoup supérieur à l’effi cacité médiatique : celui de la musique elle-même, défendue par ceux qui ne vivent pas un jour sans elle – musiciens exécutants, mais aussi chercheurs, musicologues ou... documentalistes. Dans le silence des salles de lecture, l’auscultation scrupuleuse des documents, qui enrichit pas à pas la connaissance des œuvres,

contribue à préciser sans fi n leur éclairage. La lumière n’étant pas à l’usage exclusif des initiés, mais pour être redonnée à chacun, il entre dans les missions d’une bibliothèque de recherche d’œuvrer à cette diffusion du savoir à quoi on donne le vilain mot de vulgarisation, pour désigner un salutaire mouvement d’élévation collective.

Un orchestre joue et se produit ; une médiathèque engrange et thésaurise. L’un est incessamment sous les feux braqués des projecteurs ; l’autre vit de la vie secrète des vieux papiers. La Médiathèque Musicale Mahler, qui offre tant à ses visiteurs, n’a en revancherien à vendre. Organisme privé sous forme associative,elle mène depuis vingt ans une mission de service public qui coûte sans rapporter. Riche en matière, elle est humble en denier, vivant d’abord de la générosité de ceux – organismes publics ou donateurs privés – qui ont à cœur d’aider son entreprise. Pierre Boulez en ce sens a souhaité faire en 2005 ce qu’il a déjà faiten 1999 : donner un grand concert au bénéfi ce de notre institution, pour l’aider à récolter un surcroît fi nancier indispensable à la modernisation de ses moyens– et préparer aussi un anniversaire dont parlent les pages précédentes. Le maître s’est d’ailleurs clairement expliqué sur les raisons de son engagement, écrivant : “ La Médiathèque Musicale Mahler propose à ses utilisateurs un large champ d’investigation concernant non seulement le compositeur sous le patronage duquel elle s’est placée, mais beaucoup d’autres compositeurs venus d’horizons divers. Une telle action mérite d’être soutenue, car elle suppose des dépenses sans cesse renouvelées. Voilà le pourquoi de ma participation à ce concert ”. Chacun l’aura dès lors suivi dans ce projet sans paillette, voué à œuvrer pour la seule musique : Radio France et ses musiciens (orchestre et chœur mêlés), qui nous ont aussitôt assurés de

leur participation gracieuse, ainsi que le Théâtre du Châtelet et la Mairie de Paris (le premier pour avoir proposé de mettre la salle à notre disposition, la seconde pour l’avoir autorisé). Ainsi a pu se tenir le concert donné au Châtelet, ce soir du mercredi 9 novembre 2005, qui est venu apporter un éclat triomphal au partenariat mené depuis un an avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Le choix du programme “ français ” expressément retenu par Pierre Boulez avait tout d’ailleurs pour donner à

l’événement l’allure d’une fête musicale, avec, en première partie, Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel etles Trois Nocturnes de Claude Debussy, et en seconde partie, la version intégrale du premier ballet

d’Igor Stravinski, L’Oiseau de feu. L’ovation que Pierre Boulez et les musiciens de l’orchestre ont recueillie suffi t à exprimer l’émerveillement que ce programme a suscité, en plus d’offrir une juste réponse à l’excellence d’une interprétation tout en charme et en éclat. Au petit comité fi nalement réuni à ses côtés pour lui témoigner remerciements et admiration, Pierre Boulez donnera après coup la clef du programme qu’il a lui-même imaginé : avec trois pièces écrites entre les années 1890 (Trois Nocturnes) et 1910 (L’Oiseau de feu et Ma Mère l’Oye), c’est-à-dire durant la période créative de Gustav Mahler, il s’agissait d’offrir en creux le pendant français à l’art tout autre du maître viennois. Manière de souligner la gamme infi nie des richesses artistiques dont le talent humain est capable – chacun selon sa tradition.

_02 Regard sur la 19e année…Concerts, expositions, activités pédagogiques... De janvier à juillet, la Médiathèque Musicale Mahler a donc poursuivi avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France un partenariat entamé à l’automne, qui a couru d’un bout à l’autre de la saison.

L’alliance d’une bibliothèque de recherche et d’une grande phalange orchestrale vise un but qui est de beaucoup supérieurà l’effi cacité médiatique : celui de la musique elle-même, défendue par ceux qui ne vivent pas un jour sans elle – musiciens exécutants, mais aussi chercheurs, musicologuesou... documentalistes.

_03 Un nouveau fonds : Claude HelfferLa Médiathèque Musicale Mahler a accueilli en 2005 l’ensemble des archives du pianiste Claude Helffer,don généreux et spontané de Mme Mireille Helffer. On ne présente pas Claude Helffer, dont chacun connaît la passion qui l’anima toujours pour la musique de ses contemporains. C’est naturellement cette actionen faveur de la création dont témoignent tout particulièrement les archives désormais disponibles à la Médiathèque Musicale Mahler, où l’on retrouve les noms de Messiaen, Xenakis, Boulez, Barraqué, Berio, Stockhausen, Maderna, Ligeti, Carter, Schnittke, Denisov, Boucourechliev, Nigg, Méfano, Jolas, Nunes, Manoury, Jarrell et de bien d’autres. Constituées en grande partie de partitions jouées par le pianiste(ou reçues ou étudiées par lui), les archives recèlent également tout un ensemble de pièces complémentaires : correspondance, enregistrements, affi ches, programmes, ainsi que plusieurs textes ou trames que Claude Helffer a rédigés pour diverses occasions (cours, conférences ou émissions de radio). Un fonds au refl et d’une vie consacrée à la musique et aux musiciens de son temps.

Séance “ Jeune Public ” à Radio Franceavec l’Orchestre Philharmonique

_ Lettre de Pierre BoulezPourquoi ai-je accepté, dès que la proposition m’en a été faite, de donner un concert au bénéfi ce de la Médiathèque Musicale Mahler ? Puis-je d’abord citer Baudelaire ? “ Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée ”. Manière admirable pour dire que les grandes œuvres protègent leur mystère et résistent à l’investigation. Il est d’autant plus nécessaire de s’en approcher grâce à des documents de première main.La Médiathèque Musicale Mahler propose à ses utilisateurs un large champ d’investigation concernant non seulement le compositeur sous le patronage duquel elle s’est placée, mais beaucoup d’autres compositeurs venus d’horizons divers. Une telle action mérite d’être soutenue, car elle suppose des dépenses sans cesse renouvelées. Voilà le pourquoi de ma participation à ce concert, dans l’espoir que beaucoup répondront à l’appel que l’on fait à leur générosité.que beaucoup répondront à l’appel que l’on fait à leur générosité.