jaggi e schär - 2009 - le peuple de dieu est de toutes les couleurs

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Le peuple de Dieu est de toutes les couleurs Les Eglises de migrants: défi et chance pour les Eglises réformées Berne–Jura–Soleure Reformierte Kirchen Bern–Jura–Solothurn Eglises reformées Berne–Jura–Soleure

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Jaggi e Schär - 2009 - Le Peuple de Dieu Est de Toutes Les Couleurs

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  • Le peuple de Dieu est de toutes les couleurs

    Les Eglises de migrants: dfi et chance pour les Eglises rformes BerneJuraSoleure

    Reformierte Kirchen BernJuraSolothurn

    Eglises reformesBerneJuraSoleure

  • Sommaire

    Prface: un nouveau dfi cumnique 3

    1. Les Nouvelles Eglises de migrants 4

    2. La religion: une manire de s'intgrer 8

    3. Une relation cumnique d'un genre particulier 11

    4. Mission et vanglisation 14

    5. Conseils pratiques l'usage des paroisses 16

    6. Bibliographie complmentaire, sites Internet et documentation 19

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    ImpressumLe peuple de Dieu est de toutes les couleurs Les Eglises de migrants, dfi et chance pourles Eglises rformes BerneJuraSoleureEditeur: Service Migration des Eglises rformes BerneJuraSoleure,www.refbejuso.ch/migration Auteurs: Sabine Jaggi et Benz H. R. SchrVersion franaise: Bertrand Baumann, service de traduction des Eglises rformesBerneJuraSoleureMise en page: Atelier Hanspeter Bisig, SurseeSources des textes bibliques: La Bible, Traduction cumnique, dition intgrale, TOB, 3e dition, 989Photos: Chapitre : Valrie Chtelat; chapitre 2: Tobias Gasser; chapitre 3: Matthias Baumann;chapitre 4: Eglise corenne de Berne; chapitre 5: Felisa Burgdorfer Impression: SWS Medien AG Print, SurseePrix et commande: merci de joindre Fr. 4. en timbres-poste dans une enveloppe pradresse, envoyer : Service Migration, Speichergasse 29, 30 Berne. Auch auf Deutsch erhltlich: Gottes Volk hat viele Farben Migrationskirchen alsHerausforderung und Chance fr die Reformierten Kirchen BernJuraSolothurn.

    2009, Eglises rformes BerneJuraSoleure, service Migration, Berne

  • Prface: un nouveau dfi cumnique

    En effet, prenons une comparaison: le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres: mais tous les membres du corps, malgr leur nombre, ne forment qu'un seul corps: il en est de mme du Christ..Cor. 2,2

    Migrer est la norme, la sdentarit une exception, nous disent les historiens. Pour-quoi l'Eglise ne serait-elle pas concerne par cette ralit? Il devient aussi toujoursplus vident combien la rencontre des cultures a t l'origine de l'Eglise et de la thologie et combien elle a t un moteur de son dveloppement jusqu' aujourd'hui.

    Les rgions qui constituent les Eglises rformes BerneJuraSoleure ne font pasexception la rgle. Elles sont elles aussi pleinement concernes par les manifesta-tions de plus en plus visibles de la mondialisation: le phnomne de la migration fuite de la violence et de la misre qui a marqu ces dernires dcennies, a appor-t nos Eglises un voisinage nouveau. Au dbut, nous pouvions encore nous dire quece phnomne nous concernait peu, dans la mesure o les nouveaux arrivants, pourla plupart originaires du sud de l'Europe, taient majoritairement catholiques. La ra-lit est aujourd'hui diffrente: Autour de nous ont apparu un grand nombre de ce quel'on appelle les Nouvelles Eglises de migrants, qui relvent de la mouvance rfor-me au sens large. Ces Eglises vivent nanmoins la foi dans des formes trs diffren-tes des ntres et qui parfois nous dstabilisent. Nanmoins, elles sont bel et bienanimes de surs et frres chrtiens, qui viennent notre rencontre et qui souhaitentaussi cette rencontre. Au-del de cette ralit rgionale, si nous analysons la situation l'chelon national et mondial, nous nous apercevons bien vite que dans un contexted'cumnisme universel, ces Eglises de migrants sont bien moins exotiques qu'il n'yparat et que c'est peut-tre nous-mmes qui constituons l'exception. En d'autres termes: nous tous avons beaucoup apprendre dans cette mission cumnique pourtre Eglise ensemble qui tait le titre d'une premire publication de notre part,publie en 2005, plus gnrale sur le sujet (v. plus bas bibliographie complmentai-re).

    Dans la prsente publication que vous avez en mains, nous souhaitons entrer dansune dimension plus concrte, prsenter les facettes de cette mission cumniquecomme elle se prsente nous et mettre en vidence la manire dont nous (paroisses,Synodes d'arrondissement, services ecclsiaux etc.) pouvons et devons agir. NotreSynode a dcid, pour la fin 2009, de clarifier pour sa part ses relations avec lesEglises de migrants, et de dire o et comment il convient d'agir. A ce niveau aussi,cette brochure souhaite indiquer des pistes.

    Pia Grossholz, Conseillre synodale, dpartement TN-Migration

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  • . Les Nouvelles Eglises de migrants

    Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle? Parthes, Mdes et Elamites, habitants de la Msopotamie, de la Jude et de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie, de la Phrygie et dela Pamphylie, de l'Egypte et de la Lybie cyrrnaque, ceux de Rome enrsidence ici, tous, tant Juifs que proslytes, Crtois et Arabes nous lesentendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu. Ac. 2,7ss

    Le peuple de Dieu est de toutes les couleurs. Cette affirmation se vrifie particu-lirement dans le kaldoscope des Eglises de migrants sur notre territoire. Il y aparmi elles des Eglises nouvelles et des Eglises anciennes, des Eglises qui viennentde natre et d'autres qui sont implantes depuis longtemps. Certaines sont tabliessur des bases solides et stables, dautres se divisent voire disparaissent parce que leur pasteur est parti ou parce quun membre dissident a cr un nouveaugroupe.

    Et mme si ces chrtiennes et chrtiens originaires dAfrique, dAmrique latine etdAsie partagent la mme religion avec les Suissesses et Suisses, nous ne les per-cevons pas comme tels mais nous les voyons de prime abord comme des trangers.Ceci va l'encontre de la manire dont les chrtiennes et chrtiens migrants sou-haiteraient tre perus: les fidles de ces Eglises ne souhaitent pas tre vus commeun groupuscule ethnique ou national mais comme membres part entire de lEgliseau sens large, laquelle nous-mmes appartenons.

    Doit-on parler d'Eglises, de paroisses ou uniquement de communauts? En Grande-Bretagne, o le dbat a commenc bien plus tt, les controversesautour de cette question sont particulirement vives. Dans ce pays comme dans lespays anglophones, c'est le terme de Black and migrant Churches qui revient fr-quemment dans le dbat cumnique. Le terme de Migrant churches serait erro-n puisque certaines de ces Eglises ont dj une longue histoire en Europe et que lesfidles ne se voient pas comme des migrantes et des migrants mais comme descitoyennes et citoyens, dtentrices et dtenteurs depuis des gnrations du passeportbritannique. En nous dsignant ainsi comme migrants, n'est-ce pas une forme deracisme?, demandent les noirs en Grande-Bretagne. N'est-ce pas une manirepour vous de dire qu' vos yeux nous n'avons aucune raison d'tre l? L'adjectifblack est donc ajout sans connotation raciste mais se borne dsigner les Eglisesdes milieux afro-caribens.

    Il existe aussi des Eglises de migrants chinoises, philippines, corennes, etc. Cesdernires se montrent trs rserves par rapport la dnomination de noirs. Mais en tout cas dans le monde anglophone elles s'identifient quand mme cettecatgorie des Black et migrant Churches.

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  • S'agit-il d' Eglises ethniques? Mais alors: Pourquoi devons-nous tre 'ethni-ques'?, s'interrogent les personnes concernes. N'est-ce pas une nouvelle fois dis-criminatoire? Vous aussi tes 'ethniques': par exemple cossais ou rtho-roman! S'agit-il d'Eglises des minorits? Cette notion est trop floue: les MinorityChurches engloberaient aussi par exemple les Eglises d'homosexuels etc. Ou s'agit-il finalement non pas d'Eglises, mais plutt de paroisses ou decommunauts? Cette dernire dnomination reflterait effectivement le carac-tre paroissial, qui s'applique de nombreux rassemblements de migrantes etmigrants chrtiens et serait aussi plus pertinente dans une conception rforme etpropre une Eglise nationale, mais elle ne correspondrait pas la manire dont cesEglises se conoivent ni l'interprtation du Nouveau Testament, selon laquelle unecommunaut locale peut se comprendre comme une Eglise (cf. Ap. 2ss).

    Il semble qu'aucune des dsignations ne soit vraiment adapte. Nous devonsnanmoins bien en choisir une et avons opt non sans certaines rserves dansles pages qui suivent pour celle d'Eglises de migrants qui est aussi la plus em-ploye dans le dbat cumnique et dans les approches thologiques et sociologi-ques de l'espace anglo-saxon et qui est utilise aussi bien par la Fdration desEglises protestantes de Suisse que par les autres Eglises cantonales.

    Par Eglises de migrants, nous comprenons en premier lieu les NouvellesEglises de migrants (cf. p. 6).

    Les Eglises de migrants n'ont pas d'organisation paroissiale: les territoires qu'ellesdesservent sont bien plus tendus que ceux d'une paroisse rforme habituelle enSuisse. Les personnes qui assistent au culte de l'Eglise africaine La Vigne Bernene se limitent pas Berne. Les fidles font le dplacement depuis Bienne, Konolfin-gen ou Belp. Certaines Eglises de migrants attirent mme des fidles de toute laSuisse voire en dehors de nos frontires.

    A linverse des paroisses rformes, en rgle gnrale, les Eglises de migrants nedisposent pas de collaboratrices et collaborateurs salaris. Elles nont pas la possi-bilit de verser un salaire leurs responsables, lesquels nont, en gnral, quune for-mation thologique sommaire. Paralllement leur travail pour lEglise, ils doiventgagner leur vie en dehors de l'Eglise et se heurtent rapidement leurs limites.

    Les Eglises de migrants vivent presque exclusivement de l'engagement bnvolede leurs membres. Cette ralit fait d'elles des entits particulirement vivantes, maisaussi trs vulnrables. A titre d'exemple, si, pour une paroisse rforme, le rempla-cement d'un membre du corps pastoral peut tre matris sans problme, dans uneEglise de migrants, le dpart d'une personne qui a conduit la communaut peutbranler cette dernire jusque dans ses fondements, notamment lorsque la succes-sion n'a pas t organise et lorsque la structure mme de l'Eglise est fragile. Le videqui en rsulte peut dclencher un conflit de pouvoir voire mme entraner la dispari-tion de l'Eglise.

    Contrairement aux paroisses rformes, les Eglises de migrants ne sont pas pro-pritaires. Pour la grande majorit d'entre elles, trouver des locaux appropris etabordables financirement pour clbrer le culte est source de grande proccupation.

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  • Les exceptions confirment la rgle: La Philadelphia Missionary Church tamoule aachet par exemple un grand local en ville de Berne dans le quartier de Sulgenau.

    Certaines communauts peuvent utiliser des Eglises ou autres locaux de l'Egliserforme; d'autres encore sont hberges par certaines Eglises libres. L'Eglise afri-caine L'Arbre de Vie se runit dans un btiment industriel aux portesd'Ostermundigen. L'Eglise La Vigne se runit dans un sous-sol de la Ngeligasseen ville de Berne, qui sert pendant la semaine de cantine une cole.

    Etant donn qu'elles clbrent leurs cultes souvent dans des endroits o personnene s'attend vraiment trouver une Eglise, la plupart des Eglises de migrants sontrestes invisibles. Ce fait explique pourquoi outre les mutations rapides qui lestouchent il est difficile de procder leur recensement exact dans les rgions duressort territorial des Eglises BerneJuraSoleure. (La carte virtuelle des Eglises demigrants sur le site www.refbejuso.ch/migration montre toute la diversit de cesEglises dans les rgions du ressort territorial des Eglises rformes BerneJuraSoleure.)

    Les membres d'une nouvelle Eglise de migrants sont plus homognes que ne lesont ceux d'une paroisse rforme: outre le partage de la foi et de l'identit culturel-le et linguistique, des expriences communes et des conditions de vie semblables lesrapprochent: ainsi, la majorit des membres de l'Eglise rythro-thiopienne BereanEvangelical Church tait, encore rcemment, des requrants d'asile. Aucun n'taitvraiment assur de pouvoir rester en Suisse. L'exprience du dpart du pays d'origineet de la migration, la dtresse matrielle et la peur de l'avenir ont marqu leur quotidien, leurs prires et leur foi.

    Les caractristiques des Eglises de migrants

    Les Nouvelles Eglises de migrants... ont des membres qui ont (encore) un lien direct avec la migration sont de cration rcente dans le pays d'accueil se ressentent comme une Eglise de diaspora (cohsion dans la dispersion) etvivent dans un rseau relationnel qui dpasse les frontires de la Suisse et remontejusqu'au pays d'origine. Les langues utilises dans l'Eglise sont le plus souvent cel-les du pays d'origine ont une vie ecclsiale qui reste marque par le pays ou la rgion d'origine mmesi elles appartiennent une confession qui nous est connue revtent souvent un caractre charismatique, vanglique voire fondamentaliste.Elles sont souvent animes d'un esprit missionnaire notre gard.

    Les anciennes Eglises de migrants... ont des dnominations qui les rattachent aux grandes Eglises du pays d'accueil.Exemples: La Chiesa evangelica di lingua italiana rforme, l'Eglise orthodoxeserbe, l'Eglise rforme hongroise, les anglicans, voire mme la paroisse franaise Berne, qui existe depuis la fin du 7e sicle mais dont les liens avec l'hritage dela migration la fuite des Huguenots est tellement lointain que l'on ne peut plusparler d'une Eglise de migrants.

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  • Nanmoins, les frontires sont fluctuantes: une mission amricaine a fait desmules parmi les tamouls et une Eglise est en passe d'tre fonde: s'agit-il d'uneEglise de migrants? Les orthodoxes thiopiens sont clairement les descendants del'une des Eglises au berceau de la chrtient. Mais ils vivent ici en exil et comme cou-ps de leur terreau d'origine. A cet gard, ils sont assimilables une Nouvelle Eglisede migrants.

    Face une ralit o c'est la communaut de destin et le partage d'une mme exi-stence qui unissent les membres d'une mme Eglise de migrants, il n'est pas ton-nant que l'appartenance confessionnelle n'ait pas beaucoup d'importance. Dans sonnouveau pays la Suisse que l'on soit baptiste, rform ou catholique n'est plusdterminant. De nombreuses Eglises de migrants sont donc supra- ou transconfes-sionnelles; certaines n'ont mme aucun lien avec l'une des Eglises de l'ventail cu-mnique. Une majorit parmi les Eglises de migrants est plutt de tendance charis-matique-pentectiste, ce qui, dans le contact avec l'Eglise nationale rforme, peutsusciter la surprise voire le dsarroi.

    La joie et la dvotion qui se manifestent souvent dans les clbrations des Eglisesde migrants les rendent attrayantes aussi pour des fidles qui viennent de l'extrieur(donc aussi pour nous). A cela s'ajoute le fait que les communauts se composent enpriorit d'lments jeunes, de familles et d'enfants et qui expriment dans les cl-brations l'esprance et la confiance en dpit de situations difficiles.

    La Philadelphia Missionary Church tamoule

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  • 2. La religion: une manire de sintgrer

    Voil comment nous sommes alls Rome. Depuis cette ville, les frres qui avaient appris notre arrive, sont venus notre rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux Trois Tavernes. Quand il les a vus, Paul a rendu grce Dieu: il avait repris confiance.Ac. 28,14s

    Arriver dans un pays que l'on ne connat pas, c'est tre dans une situation d'excep-tion. Presque tout est inconnu, l'avenir est incertain. C'est d'autant plus vrai pourcelui ou celle qui dpose une demande d'asile ou qui vit en Suisse sans autorisationde sjour valable.

    Dans une telle situation, la religion vient au secours de la personne en lui appor-tant un soutien. C'est la raison pour laquelle les communauts religieuses (musul-manes, hindoues, etc.) ou justement les Eglises de migrants reprsentent des lieuxd'accueil importants pour les nouveaux arrivants.

    En tant que lieux d'une foi vivante, les Eglises de migrants apportent leurs fid-les un soutien leur permettant de prendre pied et de crer des racines: des lieux ol'on se retrouve soi-mme, des lieux rassurants face aux incertitudes de la vie, deslieux o l'on peut, pas pas, s'habituer son nouvel environnement. Elles permet-tent aux fidles de vivre l'ouverture, de recrer des liens avec le pays d'origine et d'encrer de nouveaux avec le pays d'accueil.

    Prenons l'exemple d'une requrante d'asile congolaise qui frquente le culted'une Eglise de migrants d'Afrique de l'Ouest Bienne. D'emble, de nombreuseschoses vont lui tre familires. Elle connat la manire dont on fait le culte et les prires. Elle rencontre des compatriotes, qui sont dans une situation comparable elle et d'autres qui sont l depuis plus longtemps. Ces changes lui sont trs pr-cieux car beaucoup connaissent la vie ici; on lui donne de bonnes adresses et destuyaux pour s'en sortir en Suisse. Cette chrtienne congolaise y gagne de l'assu-rance; elle se sent moins seule; elle trouve mme dans cette vie d'Eglise un lieu d'accueil rassurant. Elle retrouve un peu ce qu'elle a laiss derrire elle dans sonpays d'origine. Dans le pire des cas notre congolaise va chercher refuge dans cequi lui est familier et n'voluera que dans le cercle des personnes connues ce replila conduisant dans une impasse. Dans le meilleur des cas c'est la rgle gnrale grce cet appui que lui apporte son Eglise, elle va relever le dfi de sa nouvellevie en Suisse.

    Les lectures bibliques au sein de la communaut et la discussion constituent unmoment important dans la qute de repres. L'approche de la Bible est centrale, quece soit dans le culte ou dans la vie quotidienne chez soi. Nombreux sont celles etceux pour qui cette lecture de la Bible est synonyme de rconfort. L'tude conjointede la Bible est en outre un outil important d'analyse et d'interprtation de la situation

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  • de chacun et de la socit en gnral. Elle permet d'aborder des questions existen-tielles de fond dans le cadre de discussions souvent passionnes, qu'il s'agisse parexemple de l'assimilation de l'exprience de l'asile ou des dfis qui se posent enSuisse comme pays d'accueil, qu'il s'agisse aussi du rle et des tches de la femme,laquelle, souvent, travaille dans sa nouvelle patrie ce qui lui donne une certaine conscience de sa valeur (et donc par consquent aussi du rle du mari, qui se voittout coup confront la ncessit de devenir un partenaire dans la tenue du mna-ge). Les nouveaux arrivants sont frapps par la dynamique qui rsulte de cette red-finition des normes et rles traditionnels. Du coup, ils peroivent leurs compatriotesdj tablis comme des individus qui ont rompu avec la tradition et qui se trou-vent mille lieues de leur origine. La rfrence commune la Bible peut contribuer vivre ces changements non pas comme une rupture mais comme une volution,comme une tape qui ne doit pas effrayer mais par laquelle toutes celles et tous ceuxqui vivent ici doivent passer.

    Il arrive frquemment que le sjour en Suisse fasse l'objet d'une nouvelle inter-prtation notamment sous l'angle religieux. Si le dpart vers l'Europe tait en premierlieu expliqu comme une fuite devant la guerre ou la pauvret, il est souvent perurtrospectivement comme la manifestation de la volont de Dieu ou comme le fruitd'une mission confie par Dieu: Dieu a voulu que je ramne la foi aux descendantsde ces Suissesses et Suisses qui nous ont apport l'vangile. Cette conscience d'undevoir missionnaire caractrise nombre de chrtiennes et chrtiens originaires de lamigration.

    La plupart des individus qui quittent leur patrie perdent aussi leur position co-nomique, sociale et professionnelle. S'ils taient auparavant quelqu'un, ds qu'ilsposent le pied sur le sol suisse, ils ne sont plus rien. Leurs diplmes n'ont plus devaleur; les perspectives professionnelles sont quasi-inexistantes. Ils se retrouvent enmarge de la socit, dans le meilleur des cas, tolrs. Il s'agit d'une exprience dou-loureuse qui touche l'amour-propre. Celle ou celui qui, comme dcrit plus haut, areu des mains de Dieu la mission de rapporter le christianisme en Europe, se retrou-ve porteur d'une mission importante. Il apporte une rponse dterminante la pertede statut et la dmoralisation conscutives la migration.

    Les Eglises de migrants sont des lieux de soutien spirituel, mais aussi psycholo-gique et motionnel. L'amour-propre des fidles s'en trouve consolid. Durant les cul-tes, il est frquent d'entendre des injonctions comme: Dieu t'aime! Tu es un enfantde Dieu! Tu es quelque chose de particulier, tu es lu! La communaut vcue enEglise est rconfortante. Lorsque la communaut runie soutient par la prire lademande de l'un de ses membres, ce dernier se sent particulirement port. La pri-re est un remde l'impuissance, vritable tourment pour celles et ceux qui sont parexemple soumis une procdure d'asile l'issue incertaine ou qui sjournent sansautorisation valable. Lorsque dans la prire, la communaut demande des autorisa-tions de sjour et des dcisions positives d'asile, les croyants sont alors actifs. Ils nesont pas condamns la passivit mais peuvent faire quelque chose de concret,mme dans des situations en apparence sans espoir.

    Les Eglises de migrants sont des rseaux porteurs mais qui engagent leurs mem-bres. Au travers des cultes, des groupes de prires, des visites aux malades, elles

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  • vhiculent des messages de foi clairs et structurent le quotidien. Elles soulagent ainsile sentiment d'amertume et de solitude. Elles prviennent aussi la perte d'espoir et,certainement aussi, la drive vers la criminalit.

    Lexemple de Nzaba du Congo Lorsque Nzaba a trouv refuge en Suisse en l'an 2000, il ne connaissait personne etse sentait trs seul. Au centre d'accueil, il a rencontr des compatriotes qui l'ontamen au culte de l'Eglise africaine La Vigne. Il s'y est senti rapidement l'aise:Je m'y suis fait des amis, se souvient Nzaba. Ces derniers l'ont aid se familia-riser avec la vie en Suisse. Et j'y ai mme rencontr des gens qui sont devenus unpeu comme un pre ou une mre. Ce sont eux qui l'ont consol lorsque son preest dcd en Afrique.

    Pendant plus de cinq ans, Nzaba ne savait pas s'il pouvait ou non rester enSuisse. C'est justement pendant cette priode que tout le soutien et le rconfort qu'ila trouvs parmi les membres de l'Eglise ont t trs importants pour lui. Aller l'Eglise, c'est pour moi comme aller chez le garagiste. J'y vais pour recharger les batteries, plaisante Nzaba.

    Accueil des nouveaux arrivants au culte du Dimanche de La Vigne

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  • 3. Une relation cumnique d'un genre particulier

    Et qui est mon prochain? Celui vers lequel je vais.cf. Lc. 0

    La proximit avec les Eglises de migrants cette ralit qui s'impose de plus en plus nous reprsente un dfi cumnique particulier.

    Il s'agit bien d'un dfi cumnique car nous sommes en prsence d'Eglises chr-tiennes l'gard desquelles nous devons dfinir nos relations. Elles appartiennent enpartie aux grandes familles confessionnelles classiques et ont, par exemple, un baga-ge presbytrien (rform) ou relvent des mouvances mthodistes, baptistes ouanglicanes. C'est tout l'hritage de la mission qui se reflte dans ces obdiencesdiverses. Il revient particulirement aux Eglises africaines d'avoir dvelopp, partirde l'influence europenne, une vie ecclsiale nouvelle et riche. En outre, l'influencedes mouvements charismatiques s'est fait sentir autant sur les Eglises traditionnellesque sur les Eglises nouvelles.

    Les migrantes et migrants ont apport toutes ces formes de religiosit en Europeet les vivent comme un hritage de leur pays d'origine dans leur nouvelle patrie. Leurvie ecclsiale a souvent un caractre transnational. En d'autres termes, le maintiendes liens avec le pays d'origine et avec la diaspora dans les autres pays joue ungrand rle. Cette dimension n'est pas importante uniquement pour les nouveaux arrivants. Pour les personnes rsidentes depuis plus longtemps et mme pour lesgnrations postrieures, elle peut permettre le maintien des liens avec le pays d'origine.

    Il s'agit donc pour nous Eglises de migrants et Eglises d'ici d'instaurer desrelations entre partenaires, autonomes et conscients de leur identit. En d'autres termes, et comme c'est le cas avec d'autres partenaires cumniques, cela signifie que nous ne pouvons cohabiter dans l'indiffrence les uns des autres: nousdevons apprendre nous connatre et nous entraider (He. 3,6) qu'au del de nos diffrences, nous avons une origine commune et nous som-mes dtermins par un avenir commun (Ac. 2,32ss) que vis--vis de ce monde et de la socit, nous avons une mission commune laquelle nous devons, dans la mesure du possible, rpondre ensemble pour desraisons de crdibilit (Jn. 7,20) que nous sommes tenus d'apporter de l'aide, l o elle est ncessaire. Cette aidepeut prendre la forme de la mise disposition de locaux. Elle peut concerner la for-mation continue des ecclsiastiques. Elle peut aussi, le cas chant, prendre laforme d'une assistance financire (Ga. 6,2; Rm. 5,26ss).

  • Notre relation avec les Eglises de migrants se dfinit comme une relation cumni-que d'un genre particulier, car les Eglises de migrants sont, de nombreux points de vue, difficilement comparables aux ntres. Elles seprsentent rarement comme des organisations structures. Elles nous font tout auplus penser aux premires communauts chrtiennes nes dans les traces del'Aptre Paul: il existe certaines fonctions dirigeantes, d'autres plutt diaconales; ellescomptent surtout quelques figures de proue charismatiques s'apparentent davantage un mouvement qu' une organisation et restent fragi-les. Comme dans la chrtient originale, il y a souvent des dissidences et des nou-velles Eglises qui se crent (cf. .Cor.) ne connaissent pas vraiment les frontires de l'appartenance confessionnelle. Laculture ecclsiale charismatique qui les caractrise efface les appartenances; vivredans un environnement tranger constitue une force rassembleuse ont jusqu'ici une assise de fidles qui n'est pas trs stable. Certaines d'entre ellescomptent de nombreux sans-papiers et requrants d'asile, dont le sjour n'est pasassur manquent le plus souvent cruellement de moyens. Elles sont la plupart du tempshberges dans des locaux qui ne leur appartiennent pas. Obtenir ne serais-ce qu'une adresse postale fixe est souvent dj problmatique reprsentent un dfi thologique pour nous, car, au travers d'elles, nous sommesconfronts notre propre identit (le christianisme), qui se manifeste dans une formequi nous est culturellement trangre, alors que dans le mme temps ce qui esttranger (par exemple des personnes originaires d'Asie avec leur culture) se prsen-te nous dans une apparence qui nous est familire (comme Eglise chrtienne) nous confrontent notre propre pass: il y a cent ans, nos grands-parents de lamouvance pitiste se sont engags dans la Mission de Ble et ont mis toute leur fer-veur dans la cration d'Eglises au Cameroun. Leurs descendants spirituels nousreviennent avec l'lan de jeunes chrtiens. Ils dcouvrent la vieille Europe, sesEglises vieillissantes et qui perdent leurs membres. Reconnatre en elles cet hritage,c'est nous retrouver face des ralits qui parfois nous dplaisent. Nous sommestout coup confronts des conceptions qui appartiennent pour nous un passrvolu (comme par exemple l'interdiction de prcher faite aux femmes), mais aussi des ralits enfouies ou occultes (comme par exemple la foi qui gurit) se rapprochent, au niveau thologique et de leur vie paroissiale, des Eglises libres.Entrer en relation avec les Eglises de migrants, c'est au pralable se poser la questionde sa propre attitude vis--vis des Eglises libres. Nous ne pouvons simplement tol-rer certaines positions voire succomber une certaine fascination face leur carac-tre exotiques, alors que nous les rejetterions si elles avaient cours dans nos pro-pres Eglises. Dans les deux cas, faire preuve d'esprit critique et de clairvoyance s'im-pose. peuvent susciter des attentes dmesures comme l'espoir de voir l'Eglise sergnrer et se renouveler, se laisser inspirer par un sang nouveau, adopter unemusique d'Eglise nouvelle et entranante. Ces espoirs sont souvent trompeurs. Nousne pouvons certainement nous limiter prendre que ce qui nous arrange. Faire acte

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  • de respect cumnique, c'est respecter le caractre d'tranget de l'autre. Il s'agitde relation, d'approche et d'ouverture rciproques, trois dimensions qui sont poten-tiellement porteuses de renouvellement. S'il y a quelque chose apprendre les unsdes autres, ce doit tre rciproque, car cela voudrait dire sinon que nous ne sommespas convaincus par notre crdibilit en tant que partenaire cumnique.

    Le partenariat, source de moments partags entre l'Eglise thiopienne orthodoxe Tewahedo et la paroisse bernoise Petrus

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  • 4. Mission et vanglisation

    Soyez toujours prts justifier votre esprance devant ceux qui vous en demandent compte.. P. 3,5

    Comme dit plus haut, les Eglises de migrants sont souvent animes d'une intensefibre missionnaire. Une attitude qui nous fait froncer les sourcils voire suscite notrerprobation. Une attitude qui ne rend pas justice ces Eglises nous semble-t-il. Nonpas que nous soyons de l'avis que cette fibre missionnaire soit en tout plan exem-plaire. Nous pensons simplement qu'il convient de dpasser cette premire ractionngative de notre part. Cette manire dont les Eglises comprennent la mission mri-terait au bnfice des deux parties d'tre analyse plus en profondeur. D'un pointde vue biblique et thologique, la mission ne rpond pas un concept unique et uni-versellement valable. La Bible parle en effet de mission comme d'vanglisation. Le principe: une foiconsciente est ncessaire pour tre sauv. La dimension spirituelle et la dimensionhumaine et quotidienne sont en situation de conflit. Les objectifs: familiariser le plusgrand nombre avec le message chrtien, les convertir et les prparer ainsi la vie ter-nelle. La stratgie: l'envoi de missionnaires. La majorit des missionnaires europensenvoys outre-mer taient nourris par cette conviction. Aujourd'hui, elle est pluttreprsente dans les communauts religieuses, les Eglises libres et justement aussi les Eglises de migrants. Tmoignages bibliques: Mc.6,5s; Mt. 28,16ss. D'un point de vue biblique et thologique, la mission peut tre comprisecomme libration et volution. Le principe: le salut est li tre entier (shalom)ici et maintenant dans notre vie, et pas seulement avec ce qui vient aprs. Les objec-tifs: librer les individus de l'exploitation, de l'esclavage, de l'humiliation. La stratgie:convertir les chrtiens se consacrer l'autre, permettre celui qui est opprim d'tre acteur de sa libration et de vivre dans la dignit et selon ce pour quoi il estappel. Les reprsentants de cette comprhension de la mission: des communautspauvres dans les pays du sud et des groupements dans le nord (mme des socitsde mission), qui partagent leur existence ou qui sont leurs cts dans leur lutte con-tre la misre et la dtresse. Tmoignages bibliques: Mt. 25,3ss, Lc. 4,7ss, Lc.7,22s. Il y a aussi la mission comprise comme solidarit inter-ecclsiale. Ses principes:l'poque des Eglises missionnaires est rvolue. Il y a des Eglises au sud et desEglises au nord, qui, selon les circonstances, sont confrontes des tches diversesrelevant de l'assistance spirituelle, de la diaconie et la proclamation de la parole etqui sont appeles s'entraider. Partagent cette approche les jeunes Eglises du sudet les socits de mission, comme mission 2, qui (dans le prolongement d'une po-

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  • que prcdente marque par l'vanglisation) sont engages dans des relations long terme avec des Eglises partenaires. La communaut des Eglises de la CEVAA,qui rassemble des Eglises du nord et du sud, en est aussi un bon exemple. (cf.www.cevaa.org et www.mission-21.org.). Les objectifs de ce type de mission: partici-pation et solidarit des Eglises sur les six continents. Stratgie: coopration, chan-ges de collaborateurs et d'quipes spcialises. Tmoignages bibliques: Ac. 6,9 (eten gnral la vie des premires Eglises, comme elle est dcrite dans les Actes desaptres). Enfin, la mission peut tre aussi comprise comme accomplissement. Le prin-cipe: le Christ n'est pas venu pour fonder une nouvelle religion mais pour permettreaux religions existantes jusqu'alors de s'accomplir. Il ne s'agit pas de nouveaux prin-cipes de foi mais d'une rvlation qui permet l'esprit humain de s'ouvrir la vri-t divine. Les conversions dans une autre religion existent mais elles ne sont pas prio-ritaires. Les reprsentants de cette comprhension: certains pres de l'Eglise, desdirigeants d'Eglises indiennes, quelques spcialistes occidentaux en thologie fonda-mentale du 20e sicle. Stratgie: un dialogue ouvert, dans lequel les deux partiesfont part avec transparence de leurs relations avec Dieu. Tmoignages bibliques: Mt. 3,5; Mt. 3,33; Mt. 5,3s.

    Cette liste suscite les remarques suivantes. Elle prsente le risque de dresser descatgories trop tranches. La mission, dans la manire dont elle tait pratiqueautrefois et dont elle existe aujourd'hui, est sans doute le rsultat d'un mlangeentre les diffrentes traditions voques ci-dessus. Et ceci devrait favoriser le dialo-gue entre les diffrentes comprhensions! La strophe suivante tire d'un cantique deNikolaus von Zinzendorf, un reprsentant du courant pitiste au 8 sicle, est lafois droutante et clairante sur cette question: Que Dieu soit seul parmi nous, nousne le pensons pas en vrit. Que d'autres lumires clairent d'autres lieux, cette vri-t saute aux yeux. Pour autant, nous ne la refusons pas; au contraire elle nourritnotre joie, celle d'tre ses seuls serviteurs, notre Seigneur unique et grand.

    Le culte du dimanche l'Eglise corenne de Berne

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  • 5. Conseils pratiques l'usage des paroisses

    Soyez solidaires des Saints dans le besoin, exercez l'hospitalit avec empressement.Rn. 2,3

    Etablir une relation avec nos nouveaux partenaires cumniques et la vivre dans uneforme qui nous engage les uns envers les autres. Montrer de l'intrt pour l'autre,l'associer et si ncessaire l'aider sont les principes essentiels qui doivent guidercette relation.

    Nos propositions d'action visent servir cet objectif et montrer ce que peuventfaire les paroisses et les paroisses gnrales.

    Pratiquer l'hospitalitIl arrive frquemment que les Eglises de migrants prennent contact avec les parois-ses rformes, parce qu'elles sont la recherche d'un local o elles puissent cl-brer le culte. Montrez-vous hospitaliers! Cherchez le dialogue, rassemblez au prala-ble quelques informations sur l'Eglise de migrants qui prend contact avec vous et quevous souhaitez hberger dans vos locaux. Dans votre dcision, ne vous laissez pasenvahir par des peurs et des rserves, mais osez la rencontre, peut-tre l'essaidans un premier temps, sous la forme d'une hospitalit limite dans le temps. Lesdeux parties se donnent ainsi le temps de mieux se connatre et ainsi de rviser oude confirmer leurs premires impressions.

    Il est important que le contact soit maintenu continuellement entre l'Eglise qui h-berge et celle qui est hberge et qu'il n'y ait pas de rupture des contacts. Pour cefaire, il existe la possibilit de conclure un contrat de partenariat qui rgle les questionspratiques et les possibilits d'changes entre les deux partenaires. C'est ce qu'ont faitla paroisse de Petrus en ville de Berne et l'Eglise thiopienne-orthodoxe Tewahedo.

    Lorsqu'une paroisse entend conclure un accord avec une Eglise de migrants con-cernant l'utilisation des locaux, nous recommandons d'utiliser la documentation et lesmodles de contrats utiliss par l'Eglise zurichoise (cf. chapitre Bibliographie com-plmentaire, sites Internet et documentation). Compte tenu du fait que les Eglises demigrants ont peu d'argent et que, dans une situation d'hospitalit, il ne peut tre ques-tion d'une location selon les tarifs commerciaux habituels, il convient d'envisager desformes de locations alternatives: les membres de l'Eglise hberge seront peut-tred'accord d'assurer le service du caf lors de la rencontre mensuelle des personnesges ou de la garderie du matin. Il peut tre galement envisag de leur confier demenus travaux dans la maison de paroisse et aux alentours. Ceci permet de jeter lesbases d'une relation quilibre dans laquelle les deux partenaires se sentent l'aise.

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  • Lorsqu'une Eglise de migrants bnficie de l'hospitalit d'une paroisse rforme,cette relation ne se rduit pas une cohabitation rgle sur le papier. Il est facile decrer de toutes pices des manifestations qui rassemblent les communauts. Descultes clbrs sporadiquement ensemble, en particulier lorsqu'ils sont vraiment pr-pars avec des reprsentantes et reprsentants des Eglises de migrants, peuvent treune exprience rellement gratifiante. Les deux parties peuvent ainsi amener leursapports spcifiques, et aucune n'est accapare par l'autre. Certes, une telle dmar-che requiert un plus grand travail de prparation mais elle permet d'viter que lesEglises de migrants ne soient rien d'autre qu'un intermde exotique lors du culterform du dimanche.

    La participation des chrtiennes et chrtiens d'Asie, d'Afrique et d'Amrique lati-ne lors de la catchse, des soupes de carme ou de la campagne Pain pour le pro-chain, fait dsormais partie des traditions. Les membres des Eglises de migrantsconnaissent mieux que personne la situation dans les pays du Sud. Pour beaucoupd'entre eux, les thmes abords par les uvres d'entraide ecclsiales durant leurcampagne, font cho des situations vcues chaque jour dans leur vie quotidiennedans leur pays d'origine.

    Relations de bon voisinage / partenariatIl ne faut pas forcment partager des locaux pour que les paroisses locales et lesEglises de migrants entrent en relation: Rcemment, l'Eglise africaine Ministre lenom puissant et glorieux de Jsus-Christ Moutier et la paroisse rforme localeont conclu des accords pour entretenir les questions de voisinage.

    Depuis 2004 dj, la paroisse de Wohlen et l'Eglise La Vigne ont tabli un par-tenariat. Les deux Eglises clbrent parfois le culte ensemble et s'invitent rcipro-quement. Il arrive que les paroissiens de La Vigne participent aux manifestationsde la paroisse et aux ateliers scolaires. En contrepartie, la paroisse rforme soutientl'Eglise de migrants avec une contribution financire.Si votre paroisse envisage de conclure un partenariat avec une Eglise de migrants dela rgion, le service Migration vous apporte trs volontiers un soutien: nous pouvonsvous mettre en contact avec des paroisses qui sont en relation avec des Eglises demigrants et vous donner des conseils utiles.

    Partage bibliqueLa Bible est le fondement de la Chrtient. La lecture commune de la Bible offre uneoccasion de rencontres par exemple dans le cadre d'un Partage biblique. Elle estfacile mettre en uvre et peut aussi parfaitement tre organise l'initiative d'uneparoisse rforme: sur une priode plus ou moins longue, fidles d'ici et issus de lamigration se rencontrent rgulirement pour une lecture et un partage bibliques.Comme chacune et chacun d'entre nous est conditionn par ses expriences de viedans sa lecture de la Bible, les textes vont nous parler diffremment selon notrehumeur du moment, notre situation familiale, notre bagage culturel ou notre situa-tion de vie. Pour une chrtienne qui vient d'un pays dvast par la guerre ou pourune personne qui vit comme sans-papier en Suisse, certains passages bibliques vontprendre une autre rsonnance que celle qu'ils pourraient avoir pour un membre

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  • d'une paroisse rforme dans nos rgions. La diversit des approches ne peut trequ'un enrichissement. Elle permet de toucher la profondeur des textes bibliques.

    Dans le cadre du partage biblique, il peut s'agir de textes librement choisis (pr-sentation de ses histoires bibliques prfres). Il peut se concevoir aussi selon deschoix thmatiques (rcits de migration ou d'exode: Ruth, l'exode en Egypte, les histoi-res de Joseph, l'appel d'Abraham, la lettre de Jrmie aux exils, le psaume 37, lelivre de Daniel, etc.).

    Caf littraireMettez sur pied un Caf littraire autour de textes bibliques! Il ne s'agit pas uni-quement de dbattre sur les textes, mais aussi de se rencontrer, d'changer autourd'un caf et d'une ptisserie ou de quelques gourmandises venues d'ailleurs. Vousallez rapidement constater qu'au-del de la Bible, vous avez beaucoup de choses encommun avec vos interlocuteurs. Vous avez les mmes soucis concernant l'duca-tion des enfants ou encore la maladie d'une proche. En approfondissant les liensavec des chrtiennes et chrtiens issus de la migration, vous allez aussi apprendre mieux connatre une ralit de vie diffrente de la vtre, ce que cela veut dire quittersa famille et ses amis pour recommencer une nouvelle vie dans un autre pays, ouencore ce que l'on ressent lorsque l'on est dans une procdure d'asile et que l'on nesait pas vraiment ce que l'avenir nous rserve.

    Cours de langue avec la Bible pour enfantsPour s'entretenir sur la Bible, la foi et la vie quotidienne, il faut trouver une languecommune. En Allemagne, la paroisse rforme de Rottenburg sur Neckar a mis surpied un cours spcial pour les Russes allemands rapatris, qui sont certes rfor-ms mais qui ne connaissent pas vraiment les origines de leur religion. Depuis main-tenant 2 ans est organis le cours de langue avec la Bible. Ce cours mobilise denombreux animateurs; il consiste dans la lecture en petits groupes de la Bible pourenfants, qui prsente l'avantage d'tre facile-ment comprhensible et qui constitue donc un support linguistique particulirement adapt. Une ide qui pourra peut-tre en gnrer d'autres pour engager une collaboration avec les Eglises de migrants.

    Partage biblique

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  • Bibliographie complmentaire, sites Internet et documentation

    BibliographieArchives de sciences sociales des religions 2008 (juillet-septembre): Christianismes du Sud l'preuve de l'Europe. Paris: ditions de l'cole des Hautes tudes en Sciences Sociales. (cf. som-maire et rsums d'articles: http://assr.revues.org/index6273.html). Eglises rformes Berne-Jura-Soleure. Service Migration 2006: tre Eglise ensemble. Le dfi pospar les glises des migrants. 2e dition, Berne.Fdration des Eglises protestantes de Suisse FEPS (Simon Rthlisberger, Matthias Wthrich),2009: Les Nouvelles Eglises de migrants en Suisse. Berne: Editions FEPS. (titre provisoire, encours d'impression).Jaggi, Sabine 2005: Yesu azali awa. Untersuchung einer afrikanischen, frankophonen Migrant-Innenkirche in Bern. Lizentiatsarbeit am Institut fr Ethnologie, Bern (en allemand). John Knox Series 2003: Tmoigner ensemble Genve. Genve: Centre John Knox.Spindler, Marc (Ed.) 2000: Chrtiens d'outre-mer en Europe: un autre visage de l'immigration.Paris: ditions Karthala.Ter Haar, Gerrie 998: Halfway to Paradise. African Christians in Europe. Cardiff: Cardiff AcademicPress.

    Sites Internet (y comp. documentation)www.refbejuso.ch/migration sur la page Internet du service Migration, vous trouverez une listede documents tlcharger ainsi que le lien vers la carte virtuelle des Eglises de migrants pr-sentes dans les rgions du ressort territorial des Eglises rformes Berne-Jura-Soleure. www.agik.ch Agik, plate-forme pour la collaboration interculturelle de l'Alliance vanglique suisse, a labor sur son site Internet un rpertoire des Eglises, groupes et cellules religieuses delangue trangre dans toute la Suisse. www.zh.ref.ch L'Eglise rforme du canton de Zurich a dvelopp depuis des annes rflexionset activits en relation avec les Eglises de migrants. Depuis la fin 2008, elle gre en collaborationavec l'Association des paroisses de la ville de Zurich un centre pour les Eglises de migrants au seinde la maison de paroisse de Zurich-Wipkingen. Sur le site Internet de l'Eglise rforme zurichoise,sous le thme Migrationskirchen, vous trouverez un modle de contrat de location avec lesEglises de migrants et des recommandations pour les paroisses tlcharger. www.ceasuisse.com, www.copeis.ch et www.ceaf.fr les sites Internet de la Confrence des EglisesAfricaines en Suisse (www.ceasuisse.com), de la communaut des pasteures et pasteurs et gui-des spirituels latino-amricains en Suisse (www.copeis.ch) et de la Communaut des Eglisesd'Expressions Africaines de France (www.ceaf.fr) donnent un aperu de leurs activits respectives.

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  • Et qui est mon prochain? Celui vers lequel je vais.cf. Lc. 10