ja 2643 du 4 au 10 septembre 2011 plus rwanda

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ÉDITION CÔTE D’IVOIRE HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51 e année • N° 2643 • du 4 au 10 septembre 2011 jeuneafrique.com KADDAFI L’AFRIQUE LIBÉRÉE SPÉCIAL 10 PAGES France 3,50 • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 • Autriche 4,50 • Belgique 3,50 • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 Espagne 4 • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 • Grèce 4,50 • Italie 4 • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 Portugal cont. 4 • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285 OUATTARA Les 100 jours Réconciliation, sécurité, relance de l’économie, vie politique, diplomatie… Plus de trois mois après son investiture, enquête sur les premiers pas du nouveau chef de l’État.

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JA 2643 DE 2011 AVEC LE PLUS RWANDA

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Page 1: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

ÉDITION CÔTE D’IVOIRE

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année • N° 2643 • du 4 au 10 septembre 2011 jeuneafrique.com

KADDAFI L’AFRIQUE LIBÉRÉE SPÉCIAL 10 PAGES

France 3,50 € • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

OUATTARALes 100 joursRéconciliation, sécurité, relance de l’économie, vie politique, diplomatie…Plus de trois mois après son investiture, enquête sur les premiers pas

du nouveau chef de l’État.

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LE PLUSde Jeune Afrique

PANORAMA L’envol du phénix

SOCIÉTÉ Signes extérieurs de croissance

ÉNERGIE Comment apprivoiser le méthane du lac Kivu

REPORTAGE Big bang à Kigali

Il a toutd’un grand

RWANDA

Il ne laisse pas d’étonner par sa capacité à se reconstruireet à changer. Et par ses performances économiques.

Voyage au cœur du petit pays des Mille Collines.

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

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NIN

BORGEA

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POURJ.A.

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n.fr

UNE CROISSANCE FORTE :• 8,8 % en moyenne depuis 2005• Un taux de croissance, entre 2001 et 2010, parmi les 10 premiers aumonde, selon le classement FMI de janvier 2011

STABILITÉ ET BONNE GOUVERNANCE :• Une vision claire du développement à travers l’investissement privé dans le cadre de la Roadmap 2020 miseen place par le président Kagamé• Une stabilité et un bon fonctionnement des institutions dans le respect des lois (tolérance zéro face à lacorruption)

UN CLIMAT D’AFFAIRES FAVORABLE :• Classé les 2 dernières années parmi les deux meilleurs réformateurs au monde• Le meilleur climat des affaires en Afrique de l’Est & 6e en Afrique (WEF Global Competitiveness Report)• Notation financière du pays augmentée à B par Fitch• Un des 3 meilleurs pays africains en termes de connectivité internet• Une fiscalité simple et la création d’une nouvelle zone franche

UN ACCÈS AU MARCHÉ :• Un marché de 10 millions d’habitants avec un développement rapide du pouvoir d’achat de la classe moyenne• Une situation géographique centrale et porte d’entrée en Afrique de l’Est, membre du marché commun EAC,au potentiel de plus de 125 millions de consommateurs

DES OPPORTUNITÉS D’INVESTISSEMENT DANS TOUS LES SECTEURS :• Infrastructures, agriculture, énergie, tourisme, TIC(secteur prioritaire dans la Roadmap 2020), bâtiment, exploitation desressources minières et services financiers...

Rwanda Development Board (RDB) coordonne les partenariats public-privé et offre auxinvestisseurs étrangers & locaux un accompagnement personnalisé.

• Informer sur les dispositifs et réglementations locales• Aider à identifier les opportunités d’investissement

• Apporter un support dans le montage et la création de leur entreprise• Aider à promouvoir leurs produits & services et à dynamiser leur croissance

5 RAISONS D’INVESTIR AU RWANDA

ACCOMPAGNECHAQUE INVESTISSEUR

POUR TRANSFORMERSON POTENTIEL

EN RÉALITÉ

MESSAGE

INVESTIR AU RWANDALE PAYS AUX MILLE COLLINES ET AUX MILLE OPPORTUNITÉS

RDBBP 6239 - Kigali - RwandaFax : (+250) 252 580 388

[email protected]

Page 5: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

PANORAMAL’envol du phénix

p. 62

CONFIDENCES DEPierre RwanyindoRuzirabwoba,directeur de l’IRDP p. 64

CONSOMMATIONFièvre acheteuse p. 66

STRATÉGIEPragmatique, maispas trop… p. 70

URBANISMEBig bang à Kigali p. 72

HYDROCARBURESKibuye Powerjoue avec le feu p. 75

AGRICULTUREVivrier ou export,faut-il choisir? p. 76

INTERNATIONALPartenariats à géographievariable p. 80

INTERVIEWLaurent Contini,ambassadeur de Franceà Kigali p. 82

ENSEIGNEMENTL’école de la gagne p. 86

MÉDIASAlbert Rudatsimburwa,un patron touche-à-tout

p. 88

BUSINESSLa fine fleur etla jeune pousse p. 89

DU 12 AU 13 SEPTEMBRE, PaulKagaméeffectuera sa premièrevisite officielle à Paris depuisson accession au pouvoir. Si

le président rwandais dirigeait un payscomme les autres, ce déplacement dansla capitale française ne serait pas en soiun événement. Tout juste remarque-rait-on qu’il met un terme à une sorted’anomalie.

Lesdeuxprécédents séjours enFrancede cet ancien chef de guerreparvenu à lagouvernancesuprêmesur lesdécombresd’un épouvantable génocide se sonten effet mal déroulés. Le premier, enpleine lutte armée, sous la présidenced’un certain François Mitterrand alorsouvertement hostile à la rébellion tut-sie, valut à l’intéressé d’être interpellépar la police puis quasiexpulsé du territoire. Lesecond, lors du som-met franco-africain defévrier 2003, se soldaparune rencontre glacialede dix minutes avec un Jacques Chiracpeu disposé à l’écouter.

Ce voyage de Paul Kagamé, voulu,voire imposé à une partie de ses colla-borateurs, parNicolas Sarkozy –qui s’estlui-même rendu à Kigali – remet doncles choses à leur place. Reste que, entrela France et le Rwanda, la tranquillenormalité d’une relation banale ne serasans doute jamais de mise.

Lescomptesetmécomptesdupassé,et notamment le rôle trouble que jouaParis avant, pendant et après le géno-cide de 1994, sont loin d’être réglés.Circonstance aggravante : la relationde cet épisode tragique vu de Kigali

met directement en cause une demi-douzaine de personnalités politiquesfrançaises toujours en activité, ainsiqu’une belle brochette de hauts gradésde l’armée. C’est ce cocktail détonantqui, alimenté par une enquête judiciairebâclée, menée entièrement à chargecontre Kagamé et ses proches, expliquepourquoi les deux pays ont unmomentrompu leurs relations diplomatiques.

D’un commun accord, NicolasSarkozy et Paul Kagamé ont décidé demettre ce contentieux entre parenthèses– mais il demeure réactivable à toutmoment. Le Rwandais, qui n’est pasnon plus un président africain commeles autres, est unpragmatique sans étatsd’âme. Anglophone, dénué de toute

attache sentimentale avec la France,tourné vers l’Afrique de l’Est et les dra-gons asiatiques, proche des États-Unis,cet adeptedudéveloppementautoritaireet de la démocratie surveillée ne vientpas à Paris en position de demandeur,même s’il entend bien vanter auprèsdes investisseurs les mérites de l’unedes économies les plus performantes etles mieux dirigées du continent.

Absente du Rwanda dans tous lesdomaines – économique, culturel, édu-catif etmêmediplomatique, endépit desefforts méritoires de sa micro-ambas-sade –, la France a depuis longtempslaissé la place àd’autres.À elle de savoirréagir. ●

LE PLUSde Jeune Afrique

Il a toutd’un grand

RWANDA

Un Rwandais à Paris

PréludeFrançois Soudan

Le Plus de Jeune Afrique

« Entre les deux pays, la tranquillenormalité d’une relation banalene sera sans doute jamais de mise. »

61

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

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1er juillet 1962

Indépendance

5 juillet 1973

Putsch de JuvénalHabyarimana

6 avril 1994

Habyarimanameurt dans un

attentat. Début dugénocide, qui tueraplus de 10 % de la

population

17 juillet 1994

Victoire du Frontpatriotique rwandais,

qui proclame la finde la guerre civile

17 avril 2000

Paul Kagamé estélu président

par l’Assembléenationale. Il est

réélu au suffrageuniversel direct

le 25 août 2003 etle 9 août 2010

On ne peut qu’être séduit par sesreliefs verdoyants, plongeantdans le majestueux lac Kivu, etsapetite capitale (1milliond’ha-bitants tout de même) propreet ordonnée, enveloppée dans

une chaleur agréable. Mais la véritable beautédu Rwanda est ailleurs. Elle se trouve dans lesbras des paysans qui cultivent leurs terrasses àflanc de colline, dans les jambes des femmes quiarpentent, balaià lamain, les trottoirsdeKigali aupetitmatin, dans le souriredes expatriés croisés à l’aé-roport, qui reviennentpourdebon…Sa richesse résidedans la détermination iné-branlablede l’ensembledesRwandais.Alorsqu’ausortirdu génocide, il y a dix-sept ans, le pays, foudroyé,inspirait compassion et pitié, il force désormaisl’admiration de la communauté internationale.

Portés par une croissance économique remar-quable et une jeunesse avide d’apprendre etde s’ouvrir au monde, les Rwandais ont reprisconfiance en l’avenir. Ils adoptent massivementl’anglais, semettentaux technologiesde l’informa-tionet de la communication (TIC) et construisentà tour de bras.

L’envol duL’envol du

phénixphénixPANORAMA

Objet de curiosité et d’analyse pour les économisteset sociologues, dix-sept ans après le génocide, le paysétonne par ses performances. Il invente un modèle.

Le pays fait preuve d’une singulière facultéd’adaptationetd’intégration,notamment, depuis2004, au sein du Marché commun de l’Afriqueorientale et australe (Comesa), le plus grand blocéconomiquerégionalducontinent,et,depuis2007,de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC).Tout en continuant à accroître la productivité deson agriculture, activité qui représente 32 % desonPIB (lire pp. 76-77), le Rwandadéveloppe sonsecteurtertiaireetserêvedésormais leaderrégionaldes services à haute valeur ajoutée (finance, TIC,commerce, transport aérien, loisirs, tourisme), telun Singapour africain.

PARANGONDERIGUEUR.Riendetoutcelan’auraitété possible sans l’engagement et la discipline deses habitants.ÀKigali, on porte le casque àmoto,on met sa ceinture en voiture, on garde les ruespropres et on sevantededénonceràdes forcesdel’ordreomniprésentesquiconquecontreviendraitàcesrèglescommunes.Appliquéeà l’appareild’État,cette rigueur faitmerveille. La corruption est rare(le pays arrive huitième du continent et premier

d’Afrique de l’Est dans leclassementdeTransparencyInternational),chaquecorpsadministratif doitmettreenœuvredesobjectifsprécisetest soumisàuneévaluationdes plus strictes.

Il faut aumoins cela pour bien gérer l’impres-sionnant flux d’aides que reçoit le Rwanda, et quireprésente près de 40 % de son budget. En dépitde sa volontéd’autonomie,Kigali nepeutpas s’enpasserpour l’instant.Sanscompterquesastratégiededéveloppement repose engrandepartie sur sacapacité à attirer les investissements étrangers(lire pp. 80-81). L’image du pays est à cet égardun enjeu stratégique, notamment vis-à-vis desbailleurs. Selon la Banque mondiale, Kigali doit

PIERRE BOISSELET, envoyé spécial

Le Rwanda se rêve enSingapour africain, leaderrégional des servicesà forte valeur ajoutée.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus deJeune Afrique

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ANTO

NIN

BORGEAUD

POUR

J.A.

doncprendreencompte lescritiquesémises sur lalimitationdes libertésetde l’espacedémocratiqueliée à l’application des lois contre l’idéologie dugénocide. Le gouvernement reconnaît d’ailleursqu’il est peut-être temps de les modifier.

IlestaussidesRwandaisquiattendentdavantaged’efforts de leur gouvernement : lesplusdémunis.Lepaysprogressedans la réalisationdesObjectifsdumillénairepour ledéveloppementmais accusedes retards sur les plans de la réduction de lapauvreté et de la santé maternelle. Sa perfor-mance, mesurée par l’indice de développementhumain (IDH) duProgrammedesNations unies

pour le développement (Pnud), a considérable-ment progressé grâce aux avancées en matièrede santé (90 % des habitants sont couverts parune assurance maladie) et d’éducation (le tauxde scolarisation au primaire dépasse 95 %). Et lerythme de croissance du PIB, supérieur à 7% enmoyenneentre 2006et 2010, devrait, s’il estmain-tenu, permettre de réduire la pauvreté extrêmede 20 % d’ici à 2015.

Mais les inégalités de revenus restent fortes.Elles sont susceptibles d’entraver les avancéeset de raviver les tensions sociales. Le programmeVision2020ambitionnedeporter lePIBparhabi-tantà900dollars (620 euros) d’iciàdix ans, cequisemble réaliste (il est passéde220dollars en2000à 540 dollars en 2010). Toutefois, dix ans aprèsle lancement de ce plan, plus de la moitié de lapopulation ne vit qu’avec 0,43 dollar par jour.

Desombresau tableau rwandaisquinedoiventpasmasquer l’essentiel. Après le cauchemar desannées 1990, le pays a su se remettre sur pieden une décennie. Tant et si bien que, pour laprochaine, tous les rêves de grandeur lui sontpermis. ●

LacKivu Kigali

Gisenyi

Kibuye

Butare

RÉP.DÉM.DU

CONGO

OUGANDA

BURUNDI

TANZANIE

RWANDA

50 km

LacKivuKivKiv

En bref

● Superficie 26340 km2

● Population 10,7millionsd’habitants

● Indice de développementhumain (IDH) 0,385(152e rang sur 169 pays classés)

�À KIGALI, CAPITALEEN MUTATION quis’est dotée d’unplan directeurd’aménagementcourant jusqu’en2050 (lirepp. 72-73).

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Il a tout d’un grand 63

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JEUNE AFRIQUE : Quelle est, selonvous, l’évolution la plus marquantedepuis le génocide de 1994?

P. RWANYINDO RUZIRABWOBA :C’est celledesmentalitésdesRwandais:leurmanière de penser, d’agir et de secomporter les uns envers les autres.L’andernier, nousavons fait un sondagesur la cohésion sociale. Parmi les deuxmille personnes interrogées, quivenaient de toutes les provinces dupays, 53%ont jugé que la cohabitationse passait bien ou très bien. Pour 41%,elle était assez bonne. Seuls 6 % affir-ment que cela n’allait pas. C’est dû àl’éducation: la duréede l’enseignementde base est passée de six à neuf ans,et nous prévoyons de la porter à douzeans. Laplupart desRwandais sont doncen passe d’être lettrés.

L’évolution des technologies d’infor-mation et de communication a égale-ment été considérable (lire aussi p. 67).Le téléphone mobile concerne désor-mais toutes les couches de la popula-tion. Il y a aussi eu des changementsphysiques : l’amélioration des infra-structures routières, et le développe-ment de l’industrie et des exportationsqui permettent aux paysans d’avoir del’argent.Mais, j’insiste, leplus importantchangement est dans les têtes.

Désormais, quels sont les principauxdéfis du pays?

La cohésion sociale desethnies reste l’un d’eux. Leprocessus est amorcé,maisnousn’ysommespasencoretotalement.Unautre défi estd’harmoniser le taux de croissanceéconomique avec la démographie.

Le Rwanda a-t-il vu l’avènement d’unevéritable démocratie?

Nous sommes dans l’apprentissagede la démocratie. Comme dans tousles pays, elle doit être adaptée. Nousavons toujours la hantise du génocideet si certains principes démocratiques

ne sont parfois pas exactement trans-posés, c’est pour éviter le retour desconflits. Prenez le partage du pouvoir,par exemple. Il se fait en fonction d’unobjectif : réconcilier les Rwandais.Ainsi, un parti politique ne peut pasobtenir plus de 50%des postesminis-tériels. De plus, il est interdit pour lespartis de discriminer, ou de ressusciter

les idéologies qui ont mené augénocide.

Quantà la libertéd’expression,depuisla création de l’Institut de recherche etde dialogue pour la paix (IRDP), il y adix ans, personne n’a été inquiété pouravoir exprimé poliment – je dis bienpoliment – ce qu’il pensait du pouvoir.L’essentiel estde le fairedansdes termescourtois et dans un sens constructif.

L’évolution de certains pays africainsvous inquiète-t-elle?

Oui, car les conflits ont changé denature. Pendant longtemps, lesAfricainsont lutté pour l’indépendance. Ensuite,il y a eu des luttes entre pays, notam-ment lors du démantèlement desanciens empires coloniaux. Maisaujourd’hui, les conflits sont internes:ce sont les composantes de la sociétéqui se battent pour les richesses ou lepouvoir. Nous avons assisté à une sériede conflits postélectoraux, notammenten Côte d’Ivoire, au Kenya et auZimbabwe.Dans ces pays, le problèmedes individusaété réglémais les causesde conflit perdurent. C’est inquiétant.

Pour autant, je reste optimiste carnotre jeunesse est instruite et a accèsà la technologie. Je compte sur ellepour transformer la société africaine,ce qui devrait réduire les tensions àl’intérieur de chaque pays. ●

Propos recueillis à Kigali

par PIERRE BOISSELET

Ð L’Institut de recherche et de dialogue pour la paix (IRDP), à Kigali, associe chercheurs et acteurs sociaux

Ð Son directeur souligne le changement survenu dans les mentalités de ses compatriotes

« La cohésion sociale reste un défi »

Je suis optimiste, jecompte sur la jeunesse

pour transformer la société.

CONFIDENCES DE | Pierre Rwanyindo Ruzirabwoba

PIERREBOISSE

LET/J.A.

� CET ENSEIGNANT DE L’UNIVERSITÉ NATIONALE DU RWANDA note les effets positifsde l’allongement de la scolarité obligatoire, passée de six à neuf ans.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Rwanda64

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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De l’enseignement de baseà la préparation de la vie activeEn cinq ans, le Rwanda a quasiment doublé le nombre de sesenfants scolarisés. Prochain objectif : les former selon les be-soins du pays, en termes d’emploi, de façon à en faire le véritablemoteur du développement national. Le ministre de l’Éducation,Pierre Damien Habumuremyi, explique comment.

Le Rwanda a réalisé depuis dix ans des progrès consi-dérables dans l’accès des enfants à l’école élémentaire.Comment ?Le ministère rwandais de l’Éducation a pour mission detransformer le citoyen rwandais de façon à lui permettre departiciper au développement économique et social du payset à lui-même s’émanciper. Notre système éducatif se veutéquitable en matière de qualité et d’accès. Il souhaite parailleurs particulièrement faire la promotion des sciences etde la technologie. Sa réhabilitation a commencé en 1994 parsa revue et son harmonisation. En 2006, nous avons adoptéun programme important mis en place deux ans plus tard,celui de « l’Éducation de base de neuf ans » : six ans pourle primaire et trois ans pour le secondaire. Durant ce cyclede neuf ans, l’enseignement est gratuit et obligatoire. Danssa première phase, 3 072 salles de classe et 9 175 latrinesont été construites en cinq mois. Pour cela, il a fallu adopterune méthode non conventionnelle en impliquant les commu-nautés locales, la police, l’armée, mais aussi les institutionspubliques et privées. Les locaux sont en matériaux durableset respectent les standards de l’Unicef au Rwanda. Dans ladeuxième phase de l’année scolaire suivante, 2 936 sallesde classe et 5 714 latrines ont été construites. Au cours del’année scolaire 2012 commencera « l’Éducation de base dedouze ans », cela permettra aux jeunes Rwandais de termi-ner leur scolarité gratuitement. Dans cette troisième phase,il est prévu la construction de 2 679 salles de classe dont lestravaux prendront fin vers la mi-janvier 2012, c’est-à-dire audébut de l’année scolaire. Grâce à nos efforts, le taux de sco-larisation a atteint 95 % en 2010.

Avec quels moyens et quels partenaires principaux leRwanda parvient-il à relever ces défis ?Pour appliquer le « Plan d’action en matière d’éducationpour tous », le système éducatif rwandais bénéficie de plu-sieurs appuis, dont le plus important est celui de Fast TrackInitiative (initiative multilatérale lancée en 2002 pour per-mettre l’accès de tous les enfants à l’éducation). Plusieurspolitiques ont étémises sur pied, notamment la politique sec-torielle de l’éducation, la politique de l’enseignement supé-rieur, la politique de l’éducation spécialisée, la politique desTIC, la politique de l’alphabétisation ou encore la politiquede la vocation professionnelle (« TVET », Technical and Vo-cational Education and Training).

Quelles sont les priorités actuelles du ministère ?L’enseignement rwandais voudrait mettre un accent par-ticulier sur les métiers et l’enseignement professionnel.Une politique à cet effet a été développée en 2008 et sonapplication effective se réalisera avec l’Enseignement debase de douze ans. En 2009, il a été créé un organe, WDA(Workforce Development Authority), qui s’occupe déjà dela régulation et de la qualité dans ces écoles techniques etprofessionnelles. L’enseignement supérieur se développeconsidérablement : de 6 institutions scolarisant 3 000 étu-diants en 1994, nous sommes passés à 30 institutions(17 publiques et 13 privées) et plus de 31 500 étudiants aucours de l’année académique 2010.

Ministère de l’Éducation - BP 622 -.Kigali - RwandaTél. : +250 252 583 051 - www.mineduc.gov.rw

www.justinecreation.fr/PhotoD.R.

MESSAGE

MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION

RÉPUBLIQUE DU RWANDA

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P atrickKnippingestundirecteurheureux. Ce Belge à la che-velure grisonnante, ancienresponsable du célèbre Hôtel

des Mille Collines, gère désormais leLemigoHotel. Depuis son ouverture, enoctobre 2010, il fait le plein. Les touristesaméricains, hommes d’affaires ougan-dais ou kényans, mais aussi rwandais,se pressent dans ses restaurants, dirigéspar un chef français. « La nourriture etles boissons nous rapportent presqueautant que les chambres, note PatrickKnipping. Beaucoupde clients consom-ment enmarge des conférences,mais ily en a aussi qui viennent juste pour unrepas et pour découvrirl’hôtel.LesRwandaisaiment beaucoupla nouveauté ! »

Ap r è s u n edé c enn i e decroissanceécono-mique soutenue,Kigali compte de

plusenplusdeconsommateurscapablesde s’offrir des repas à10000 francs rwan-dais (près de 12 euros) par personne.

Les grands groupes hôteliers inter-nationaux estiment que la tendance vas’accentuer. Radisson Blu, Marriott ouencoreHiltonprévoientainsid’ouvrirdesétablissementsdans lacapitalerwandaisedans les prochaines années.

SurlemontRebero,collinesurplombantKigali, unquartierde loisirs est enprojet.Il doit accueillirunparcd’attractions,desbars, restaurants et cinémas capablesd’aimanter cette classe aisée naissante.

CENTRES COMMERCIAUX.On la croisedéjà dans les allées de l’Union TradeCenter (UTC) de Kigali, scotchée à sonsmartphoneconnectéà internet.Danscecentre commercial de6étages, on trouve70 boutiques (tous les emplacementsont trouvé preneur) et un supermarchéde la chaîne kényane Nakumatt, ouvertvingt-quatre heures sur vingt-quatre.« L’exploitation n’est pas encore ren-table la nuit, concède Paul Mutunga,le directeur adjoint du magasin. Maisnous sommes en train d’y habituer lesRwandais. »Pour cette enseigne, quipra-tiquepourtant desprix élevés (laplupartdesproduits sont importés), le succès estau rendez-vous: elleprévoit déjàd’ouvrirundeuxièmesupermarchéavec lemêmeconcept dans la futureKigali City Tower,qui se construit à deux pas.

« Il y a les entrepreneurs, les fonction-nairesde l’État, les employésdesgrandesentreprises…Onvoit vraimentuneclassemoyennesedessiner», remarqueCharles

CONSOMMATION

Fièvre acheteuseRestauration, distribution, high-tech, loisirs… La nouvelle classemoyenne urbaine ne lésine pas sur les moyens pour se faireplaisir. Stimulant l’économie mais creusant les inégalités sociales.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

� OUVERT VINGT-QUATRE HEURES SUR VINGT-QUATRE, Nakumatt propose nombrede produits importés. Malgré les prix élevés, c’est un succès.

ais

de

*SOURCES: U

IT, R

URA. 6

millionsd’habitants seront

abonnés à latéléphonie mobileen 2015, selon les

prévisions*

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Mporanyi.Leprésidentdugrouped’assu-rancesSorasestbienplacépourobserverla tendance.Flairant l’émergencedecettedemande solvable, il a lancé lespremierscontrats d’assurance maladie privée en2006.«C’estce typedeproduitquiconnaîtla croissance la plus forte. Il est déjà endeuxièmepositionderrière lesassurancesautomobiles ! » s’étonne-t-il.

Ce succès est d’autant plus significatifque le pays dispose en parallèle d’as-surances maladie publiques très bonmarché : les mutuelles de santé. Avecdes cotisations de 1000 francs rwandaispar personne et par an, elles couvraient90% de la population fin 2010, selon leschiffres du gouvernement. L’immensemajorité des Rwandais a donc mainte-nant accès aux hôpitaux, qui seront àterme installés dans chacun des trentedistrictsdupays.Mais le systèmeestentrédansunenouvelle phase : les cotisationsdoiventaugmenterpouratteindre3000à7000 francs rwandais, en fonction desrevenus, tandisque la gratuité est instau-rée pour lesménages les plusmodestes.Ces derniers bénéficient aussi sans fraisde l’école primaire obligatoire.

PAUVRETÉPERSISTANTE.Pour l’instant,cette ébauchedeprotection socialen’estpas parvenue à effacer le point noir dumodèle de développement rwandais : lapauvreté, qui reste le lot communde seshabitants, en particulier dans les cam-pagnes. « Selon les dernières donnéesque nous avons, 56,9 % de la popula-tion vivait encore en dessous du seuilde pauvreté en 2006 », indique NicolasSchmids, économisteauProgrammedesNations unies pour le développement(Pnud) à Kigali.

Danscedomaine, leRwandaaredressélabarrepar rapportauxstatistiquescatas-trophiques de l’après-génocide (ellesétaient alors les pires aumonde).Mais iln’apasencore retrouvé leniveauquiétaitle sienà la findes années 1980. «Avec lesefforts du gouvernement, on s’attend àune amélioration lors de la prochaineenquête, anticipeNicolas Schmids.Maisonsaitdéjàque lesObjectifsdumillénairepour le développement ne seront pasatteints sur ce point en 2015. »

Entre une classe aisée qui émerge etentre de plain-pied dans la société deconsommation, et lamajoritéde lapopu-lationqui en reste enmarge, le fossén’estpas encore près de se refermer. ●

PIERRE BOISSELET

K igaliafaitdudéveloppementdestechnologiesde l’informationetde lacommunication(TIC)une

priorité. Leur ministère est d’ailleursrattaché directement à la présidence.L’objectifdutroisièmeplanquinquennalconsacré aux TIC (2011-2015) est d’ac-célérer leurutilisationdans tous lessec-teurs.Et les chosesvontbon traingrâceau réseau haut débit mobile (3G), quicouvreunegrandepartieduterritoire,etaumaillagede2300kmdefibreoptique,achevé enmars, qu’exploitent les troisopérateursde téléphoniemobileMTN,Rwandatel et Tigo.

Pour répondre à lademandecroissanted’ac-cès internet à haut débit,des télécentres reliés auréseaudefibreoptiquefontleur apparition. Quant à la téléphoniemobile, selon l’Union internationaledes télécommunications, si le nom-bre d’abonnés n’était en 2010 que de3,5 millions (33 % de la population),il devrait passer à 6 millions en 2015.Parmi lesprincipaux freins, le retardduréseauélectrique, auquel seuls 8%desRwandais sont raccordés. Pour palliercettelacune, lesopérateursinstallentdescentresoù leursclientspeuvent rechar-ger les batteries de leurs appareils.

Enmatièred’applications, l’adminis-trationdonnel’exemple.OnpeututilisercelleduministèredesTransports pour

prendre rendez-vouspour l’examendupermisdeconduireet recevoir les résul-tats par simple SMS. Une applicationsimilaireest reliéeà labasededonnéesnationale des cartes d’identité pourl’inscription sur les listes électorales.

SANTÉ EN LIGNE. Géré par le Centrede traitement et de recherche sur lesida,TracNet recueilleet traite les infor-mations concernant les patients et ladistributiondemédicaments contre leVIH. Le pays a par ailleursmis à l’essai(avec le Ghana, le Kenya et le Nigeria)

unsystèmedecontrôle,MPedigree,pourlutter contre la contrefaçondemédica-ments. L’utilisateur envoieuncodeparSMSet reçoitunmessage indiquantsi letraitement répond aux normes.

Les éleveurs et cultivateurs peuventaussi s’informer des cours des produitsagricoles grâce à eSoko (« eMarché »),un programme accessible par SMS etinternet qui élimine les intermédiaireset leurpermetd’augmenter leurmarge.Enfin,début2011,MTNs’estassociéaveclaBanquecommercialeduRwandapourlancerunserviced’opérationsbancairespar téléphonemobile. ● P.B. et C.M.

Tout pour la technologieLes réseaux de fibre optique et de téléphonie mobilesont en place. Objectif : développer les applications.

Æ Les cybercafés sont essentiels: SEULS 8 % DES RWANDAIS ONT ACCÈS À L’ÉLECTRICITÉ.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

On peut s’inscrire au permisde conduire ou sur les listesélectorales par simple SMS.

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Il a tout d’un grand 67

Page 12: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

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AVIATION

Page 13: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

NOTRE MÉTIER : PRODUIRE LE MEILLEUR THÉRwanda Mountain Tea SARL, société privée, a vu le jour en Août 2006, suite à la volonté

politique de privatisation des entreprises théicoles en vue de les rendre plus performantes

et de mobiliser les ressources financières nécessaires à leur développement. Rwanda

Mountain Tea a progressivement acquis des actions dans plusieurs unités, dont notamment

Rubaya et Nyabihu en 2006, Kitabi en 2009, Mata et Gisakura en 2010.

Nos objectifs, en accord avec la vision du Gouvernement Rwandais, sont d’accroitre la

capacité de transformation des usines théicoles, d’augmenter la zone de plantation du thé à

travers des pratiques culturales garantissant une meilleur rentabilité de l’hectare, de fournir

un encadrement technique aux théiculteurs villageois et de produire un thé de la meilleure

des qualités.

A cet effet Rwanda Mountain Tea a :

- respectivement doublé et triplé la capacité de transformation des usines de Rubaya et

Nyabihu en augmentant leur taille pour l’installation de machines plus performantes

- lancé un processus d’expansion des plantations théicoles et des forêts attenantes

productrices de bois de chauffe, avec le recours à l’expertise nationale et internationale

pour le développement de pratiques culturales améliorant le rendement par hectare et

protégeant l’environnement

- aidé les théiculteurs villageois à améliorer leurs performances par le biais d’encadrements

techniques ponctuels et de dispositifs de prêts pour l’achat de différents intrants agricoles

- investi dans le conditionnement et la création d’une société chargée de la production et de

la commercialisation de boites de thé.

Rwanda Mountain Tea s’est aussi attelé à répondre aux normes internationales de

production et de commercialisation des produits alimentaires et a souscrit aux certifications

internationales pour les unités théicoles (Iso 22000 et Rain Forest Alliance). Ses produits

ont été souvent primés durant les conventions théicoles et expositions nationales et

internationales auxquelles la société participe régulièrement.

Dans un avenir proche, RwandaMountain Tea procédera à l’installation d’un barrage hydro électrique pilote àGiciye (un cours d’eau

en aval de Rubaya), en vue de permettre un accès à l’électricité propre et à moindre coût à ses usines de Rubaya de Nyabihu et aux

populations environnantes. Rwanda Mountain Tea a également répondu à l’appel du Gouvernement Rwandais afin d’éradiquer la

pauvreté dans les zones environnant ses usines à thé en offrant un meilleur accès des travailleurs à la sécurité sociale et médicale,

en aidant à la réhabilitation des écoles et en souscrivant au programme d’apprentissage des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans.

NOTRE DÉTERMINATION : CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT DU PAYS.Rwanda Mountain Tea Ltd - Avenue des Poids Lourds - BP 1576 - Kigali - Rwanda

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www.justinecreation.fr/PhotosD.R.

Page 14: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

D epuis l’engagement de sastratégie Vision 2020, en2001, l’économie rwandaisecontinuedeprogresser.Outre

l’accroissement de la productivité, cesuccèsestdûaux investissementspublicssoutenus dans les transports aériens,et désormais routiers (lire p. 71), dansle développement des technologies del’information et de la communication(lire p. 67) – notamment appliquées àl’administration en ligne – et dans l’amé-lioration des capacités de productiond’électricité (lire p. 75).

Aprèsune insolentecroissanceen2008(plus de 11 %), et passé les turbulencesliées à la crise financière et économiquemondiale qui l’ont fait retomber à 4,1 %en2009, l’économie rwandaise s’est rapi-dement redressée, progressant de 7,4 %en 2010. Et les perspectives à court etmoyen termes (6,5%pour2011, 7%pour2012) s’annoncent solides, portées parl’augmentationdes investissementsdansles secteurs clés.

Ce rapide rebond s’appuie sur ledéve-loppement continu du secteur agricole,la reprise soutenue des secteurs de

l’industrie et de la construction, l’expan-siondesactivitésdeservices,notammentdans la finance et les télécommunica-tions, ainsi que sur l’accroissement desexportations.

SERVICES ENTÊTE.Banqueet assuran-ces,nouvelles technologies, commerce…Cesontdésormais les servicesqui contri-buent le plus fortement au PIB du pays(47 %). Ils ont enregistré une croissancede 10 % en 2010, notamment grâce à larelance du secteur de la finance et desassurances (dont les activités affichentunehaussede24%,aprèsunreculde4%en 2009), du transport et de la logistique(enhaussede9%),ducommercedegroset de détail (8 %).

La part de l’agriculture dans le PIB dupays reste centrale (32 %). Elle a enre-gistré un taux de croissance de 5 % en2010 (5 % dans la production vivrièreet 14 % dans les cultures d’exportation,qui avaient accusé un déclin de 15% en2009). Toutefois, le secteur peine encoreà trouver les capitaux d’investissementet manque de produits diversifiés pourl’exportation.

Enfin, lesactivités industriellesontaug-mentéde8%en2010,portées surtoutparla haussedes activités dans le secteur del’électricité et de l’eau (15%, contre 14%en 2009), de l’industrie agroalimentaire(9%)etde laconstruction(9%,contre1%en 2009). En revanche, les exportationsminières continuentdechuter (–11%en2010 et – 18 % en 2009).

Dans lemêmetemps, l’inflationapour-suivisachute,avecunemoyenneannuelleétablie à 2,3 % en 2010, contre 10,3 % en2009, quand lesprix alimentaires avaientaugmentédeplus de 20%dans le sillagede la crise alimentaire mondiale. Elledevrait légèrement repartirà lahausseen2011 (aux alentours de 3%selon les esti-mations), compte tenude l’augmentationdes coursmondiaux du pétrole.

INITIATIVE PRIVÉE. Lancée en 2001, lastratégie du Rwanda a connu un coupd’accélérateur en 2007 grâce à l’aboutis-sement de ses réformes structurelles. Lepays seplaceen58eposition sur 183paysclassés (il occupait le 70e rang en 2010)dans le classement « Doing Business »2011 de la Banque mondiale. Premier

STRATÉGIE

Pragmatique, mais pas trop…Les réformes engagées au début des années 2000 ont amélioré la productivitéet le climat des affaires. L’économie rwandaise est en excellente santé. Sa dépendanceà l’égard de l’aide et des investissements étrangers reste cependant son talon d’Achille.

2006 2007 2008 2009 2010* 2011*

2006 2007 2008 2009 2010* 2011** Estimations

MONNAIEFranc rwandais (FRW)Parité au 31.8.2011 :1 euro = 853,311 FRW1 dollar = 589,804 FRW

PIB PAR HABITANT540 dollars

PIB5,7 milliards de dollarsdont primaire 32 %,secondaire 15 %,tertiaire 47 %,ajustements (servicesbancaires et taxes) 6%

TAUX D’INFLATION2,3 %

INVESTISSEMENTSDIRECTS ÉTRANGERS118,7 millions de dollars

EXPORTATIONS193 millions de dollars

IMPORTATIONS1,2 milliard de dollars

CLIMAT DES AFFAIRES58e rangsur 183 pays classésdans le rapport« Doing Business » 2011

0

2

4

6

8

2011*2010* 2012009 2012008 2002007 2002006 200

CROISSANCE(en %, en prix constants)

0

2

4

6

8

10

12CROISSANCE(en %, en prix constants)

3,13,8

4,75,2

5,7 6,1

4,1

11,2

ÉVOLUTION DU PIB(en milliards de dollars,en prix courants)

SOURCES

:PNUD,B

AD,O

CDE,

MINEC

OFIN,N

ISR,M

ARS20

11

INDICATEURS

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Rwanda70

Page 15: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

paysréformateurenmatièredeclimatdesaffaires en 2010, il prend cette année ladeuxième place dans ce domaine.

Parmi les principales réformes tou-chant les entreprises : la réduction dudélai requis pour créer une société àvingt-quatre heures (c’est le plus courtau monde), pour un coût équivalent à8,9%durevenuparhabitant(contre223%en 2005), et celle du délai pour obtenirun permis de construire à trente jours(contre deux cent trente en 2005).

Résultats : dans les différentes filières,de nombreuses entreprises privées sesontdéveloppéesetontétécréées.Quantaux fluxd’investissements directs étran-gers (IDE), ils ont été plus que décuplésentre 2004 et 2009, passant de 10,9 mil-lions à 118,7 millions de dollars (de 8 à83millions d’euros d’alors).

FRAGILITÉS.Enpleine croissance, l’éco-nomierwandaiseestcependant fragile,enraisondesafortedépendanceà l’extérieur:lamajoritédes investisseurs est d’origineétrangère et l’aide internationale repré-sente encore un cinquième des revenusdu pays. Pour 2011-2012, cette dernièredevrait s’éleverà455,5milliardsde francsrwandais (plusde517millionsd’euros,enhausse de 22,3%par rapport à l’exercice

précédent).Et, tantqu’iln’estpasparvenuà diversifier son offre à l’exportation, leRwanda reste dépendantde lademandemondiale : le thé et le café assurent lamoitié de ses recettes à l’export.

Le pays peut cependant s’enorgueillird’avoir l’undesplus faiblesniveauxd’en-dettement en Afrique subsaharienne,notamment grâce à l’allègement d’unegrandepartiede sadetteen2005 (deprèsde 1,5 milliard de dollars), suivi d’unegestion rigoureuse. Selon le rapport«PerspectiveséconomiquesenAfrique»,publié par la Banque africaine de déve-loppement (BAD) et l’Organisation decoopération et de développement éco-nomiques (OCDE), la dette extérieuredupays représentaitmoinsde5%duPIBen2010, contreunemoyennede23%enAfrique subsaharienne et de 26 % dansles pays de la Communauté de l’Afriquede l’Est. ● CÉCILE MANCIAUX

Kigali peut s’enorgueillirde sa faible detteextérieure: moins de 5 %du PIB en 2010.

Q uarantepourcent…AuRwanda,c’est la proportion exorbitanteque peut atteindre le coût du

transport dans le prix des produitsimportés. Conséquence de l’enclave-mentdupays et de son relief accidenté(il faut tout faire venir du Kenya ou delaTanzaniepardes routespas toujoursdirectes), ce surcoût pèse lourdementsur son économie.

L’améliorationdes infrastructuresestdonc une priorité. Au cours de la pro-chainedécennie, lepaysdevraitainsi sedoterdesapremière lignedechemindefer,quirelieraKigali,ainsiqueMusongati,auBurundi,auréseau ferroviaire tanza-nienetdoncauport deDar es-Salaam.Le coût de l’ouvrage est estimé à prèsde4milliardsdedollars(2,8 milliards d’euros),plus 1 milliard pourréhabiliter les lignes enTanzanie.«Nousrecher-chons un partenariatpublic-privé pour le financer, indiqueAlexis Nzahabwanimana, secrétaired’État chargé des Transports. Si on nele trouve pas, les États s’en chargerontseuls : c’est indispensable. » Les étudesdétailléesontcommencéet les travaux,qui pourraient durer cinq ans, doiventdébuter en 2013.

Entre-temps,leréseauroutierasphalté,qui pour l’heure relie essentiellementKigali aux principales villes du pays,

devrait s’étofferdenouvelles liaisonsquifavoriserontlestrajetsprovince-provinceet les flux internationaux.Une routeestdéjàenconstruction le longdu lacKivuentreGisenyi (ville frontalièredeGomaen RD Congo) et Ruzizi, carrefour surle chemin de Bukavu (RD Congo) etBujumbura (Burundi).

HUB RÉGIONAL. Le Rwanda prévoitenfindeconstruireunnouvel aéroportinternationalàBugesera(àunequaran-tainedekilomètresausuddelacapitale)pour pallier l’engorgement de celui deKigali. C’est un projet stratégique: sonambitiondedevenirunhubrégionaldesservices et une destination touristiques’appuieessentiellementsur le transport

aérien. L’aéroport de Bugesera devraitcomporter à terme deux pistes dotéesdevoiesdecirculation,mais il pourraitvoir le jour endeux temps pour allégerla facture (estimée à 635 millions dedollars).RwandAir, lacompagniepubli-que, accompagnedéjà lemouvement :elle s’est fait livrer, le 26août, lepremierappareilneufdesonhistoire,unBoeing737-800, et en attend un second avantla fin de l’année. ● PIERRE BOISSELET

Mille collines à traverserEnclavé, le pays pâtit de son relief accidenté. De nouveaux projetsd’infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires sonten cours de développement.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

Ð LES TRAJETS ENTRE

PROVINCES seront deplus en plus faciles.

Le coût du transport peutreprésenter jusqu’à 40 % du prixdes produits importés.

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Il a tout d’un grand 71

Page 16: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

A u premier abord, Kigali res-sembleàunebelleendormie.Une jolie ville posée sur lescollines, sage et modeste,

avec ses boulevards plantés de palmierset ses pelouses tondues de frais.Mais lesapparences sont trompeuses. Lacapitalerwandaise seprépareenréalitéàunbou-leversement. Sous l’effet de sacroissanceéconomique, de l’exode rural et d’unedémographie vigoureuse, elle devraitatteindre les 2millionsd’habitants avantla fin de la décennie, soit deux fois plusqu’aujourd’hui.

Çà et là, de grands chantiers rendentdéjàcechangementvisible.CommeceluiduKigaliConventionCenter,uncomplexed’un coût de 200 millions d’euros quidevrait regrouper dès 2012 une salle deconférences de 2600 places, un centrecommercial,unhôteldeprèsde300cham-bres (opéréparTheRezidorHotelGroup,baséàBruxelles),unmuséeetdesbureaux.Dans lequartierdesaffaires, laKigaliCityTower, en construction, semble encorebien isolée. Plus pour longtemps. «D’iciàquatreans, unevingtained’immeubles

de 15 à 30 étages seront construits dansle central business district », explique lemaire, Fidèle Ndayisaba, qui a pris sesfonctions en mars. « Et je ne parle quedes projets déjà approuvés… »

« RATIONALISER L’ESPACE ». S’il peutêtre aussi sûr de la hauteur des futursbâtiments, c’estque lespromoteursn’ontpas le choix : la villea adopté en 2008un plan directeurqui doit organiserson développe-ment jusqu’à l’ho-rizon 2050. Celui-cidécoupe Kigali enzones, au sein des-quelles l’ensembledesimmeublesdevrarépondre à certainscritères.Danslefuturquartierhôtelier, toutproche du centred’affaires, lahauteurminimale a ainsi étéfixée à 8 étages. Le

but? «Rationaliser l’espaceendensifiantla ville », répond le maire. Du coup, lamodélisation3Ddu futurvisagedeKigalidonne le tournis : immeubles élancés,espaces vertsbordéspardes coursd’eau,quartiers commerçants survolés par despasserelles piétonnes…

Les petites échoppes qui prospèrentautour du rond-point du centre-villedevrontdonc laisserplaceàdesconstruc-tionsplusambitieuses.Leurspropriétairesactuels, s’ils ne veulent pas s’impliquerdans un nouveau projet, seront expro-priés moyennant dédommagement.« La plupart des commerçants sont

enthousiastes,affirmeFidèle Ndayisaba. Ilsse mettent en com-mun pour atteindrela surface minimumrequise, et nous lesaccompagnons. »

Mais il arrive quecela se passe moinsbien, comme danscertains quartiersrésidentiels. Invitésà s’exprimer sur cethème lors d’unforumde l’Institutderechercheetdedialo-gue pour la paix, enmars,deshabitantsde

URBANISME

Big bang à KigaliAfin de faire face au doublement de la population de la capitaled’ici à 2020 et de la rendre plus attractive pour les investisseurs,l’État et la municipalité ont adopté un plan directeurambitieux. Et ne reculent devant rien pour le mettre en œuvre.

� La ville est calme maisLES CHANTIERS SONT PARTOUT.

1515 88

Toujoursplus haut

Nombre d’étagesminimal des

nouveaux immeubles

Quartier hôtelier

ANTO

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POURJ.A.

Quartier des affairesNo 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

72

Page 17: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

Kigali ont ainsi estimé que « les intérêtsdesexpropriésnesontpasprisencompte,surtout en ce qui concerne leur reloge-ment » – les locataires ne se voient pasproposer de solution –, ou encore que lavaleurdonnéeauxterrainsnecorrespondpasauprixdumarché. «Cen’estpas tou-jours facile, concèdeFidèleNdayisaba. Ilfaut lespréparerpsychologiquement, lesconvaincre.Mais c’est pour le bien com-mun: cela crée une activité économiquedont ils sont aussi bénéficiaires. »

LAC ARTIFICIEL. C’est aussi pour favo-riser la croissance que la municipalité,qui prévoit de recevoir de plus en plusd’étrangers, veut créer un quartier desloisirs sur lemontRebero,qui surplombelaville.Le12août, elleaconcluunaccordavec des investisseurs pour la cessiondetrois parcelles. Celles-ci accueilleront laKigali Tower (un projet de 8,7 millionsd’eurosmenéparKigaliRealEstate), l’Ap-partement Hôtel (10,3 millions d’euros,Génimmo)et leChicShoppingComplex(28,4 millions d’euros, Chic ChampionInvestment Corporation).

Plusambitieuxencore: lacréationd’unlac artificiel est à l’étude pour accueillirdes activités nautiques. Mais l’Officerwandais de gestionde l’environnementest déjà ventdebout contre leprojet. «Ceserait de l’eau stagnante, s’inquiète sadirectrice, Rose Mukankomeje. Or lesdéchets sortent de partout et cette villen’apasdesystèmedetraitementdeseauxusées ! Les concepteurs ont voulu nousmettre devant le fait accompli sans faireles études d’impact obligatoires. Nousnous y sommes donc opposés. »

Pas de quoi entamer la déterminationde lamairie. Pourmontrer l’exemple, ellea fait raser son ancien hôtel de ville pourconstruire un nouveau city hall. Réfugiéau dernier étage d’un vieux bâtimentadministratif adjacent, FidèleNdayisabaprévient : « Si le terrain sur lequel noussommes installés intéresse quelqu’un,je n’hésiterai pas à aller sous une tentepour permettre de lancer les travaux auplus vite. » ●

PIERRE BOISSELET

L e nouveau maire de Kigali n’aqu’une obsession : construirepour faire faceàunedemandequi

paraît insatiable. « En ce qui concerneles bureaux, les immeubles construitsdanslecentre-villesontoccupésà100%,indique Fidèle Ndayisaba. Et ceux quisontencoursdeconstructionsontdéjàentièrement vendus. »À tel point que,selon les professionnels du secteur, lessurfaces commerciales les mieux pla-céespeuvent se louer jusqu’à25dollars(17,30 euros) par moisle mètre carré.

« Les prix restentglobalement raisonna-bles, estime toutefois lemaire. L’inflation n’estpas beaucoup plus forte dans l’immo-bilier qu’ailleurs. » Elle est en tout cassuffisante pour attirer les investisse-mentsdans le secteur: selon leRwandaDevelopmentBoard,ceux-cisontpassésde 80 millions à 335 millions d’eurosentre 2003 et 2009.

DESMAISONS PARCENTAINES.Avecle retour de la diaspora et l’apparitiond’une classe aisée (lire pp. 66-67), lademandeenlogementsaugmenteaussi.Le plan directeur de Kigali prévoit laconstructionprochained’appartementsdegrandstandingdans lazonehôtelière

et incite à construire en hauteur danscertainsquartiers. LaGénéralede l’im-mobilier (Génimmo) vient ainsi d’ac-quériruneparcelle auprèsde lavilledeKigali pour construire l’AppartementHôtel, d’un coût estimé à 10,3millionsd’euros.

Mais ce n’est pas le créneau que lasociété souhaite privilégier. « La plu-part desRwandais préfèrent les petitesmaisons individuelles, confie un deses responsables. En appartement, on

est obligé de cuire à l’électrique : lesgens n’en ont pas l’habitude et c’estextrêmement coûteux. » Du coup, lasociété prévoit de se lancer dans laconstruction de lotissements de 100à 200 maisons individuelles, ce quidevrait luipermettrede lesvendreàdesprix très compétitifs. « Nos études demarchénousmontrentque lademandeest làpourcegenredebiens », poursuitle promoteur. Sa seule crainten’est pasque lesmaisonsnesevendentpas,maisque ses concurrents commencent àprofiter du boom avant lui. ●

P.B.

Des mètres carrés très prisésLe marché de l’immobilier – résidentiel et commercial – a le venten poupe. Et les prix montent.

Avec le retour de la diaspora etl’apparition d’une classe aisée, lademande en logements augmente.

Æ Les Rwandais préfèrent LES PAVILLONS INDIVIDUELS (ici sur la colline de Gacuriro).

« Je n’hésiterai pasà aller sous une tentepour permettre de lancerles travaux au plus vite! »

FIDÈLE NDAYISABA, maire de Kigali

ANTO

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POURJ.A.

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Il a tout d’un grand 73

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Page 19: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

D epuis les collines duRwanda,le bleu du lac Kivu s’étend àperte de vue. Difficile d’ima-giner qu’une énergie à la fois

fabuleuse et monstrueuse sommeilledans lesprofondeursde cette immensitépaisible. Saufpeut-êtreàGisenyi, prèsdela frontière avec la RDCongo. Depuis larive, on s’interroge sur cette formebleueet jaune qui émerge des flots. Àmesureque leZodiacs’enapproche,unevéritableusineàgaz sedessine.C’est laplateformeflottante Kibuye Power 1 (KP1) : deuximposants réservoirs, reliés entre euxpardes pompes et tuyaux, sont surmontésd’une torchère et reliés par un gazoducà la rive, où trois générateurs produisentde l’électricité.

Sous lespiedsdes techniciens, un tubes’enfonce pour pomper l’eau 300mplusbas.Dioxyde de carbone (CO

2), diazote,

hydrogène sulfuré et, surtout,méthane :à cette profondeur, les eaux du lac sontchargéesd’uncocktaildegazpiégépar lesfortespressionsquis’exercent.Onytrouveaussi les bactéries, uniques aumonde, àl’originedece trésor.Elles s’attaquentauxsédiments reposantau fondet accélèrentune réaction chimique qui produit du

méthane àpartir duCO2issude l’activité

volcanique de la région. On estime que300milliardsdem3deCO

2et 60milliards

dem3deméthane, remontés dans le lacKivupar des cheminées volcaniques, s’ysont accumulés au fil des siècles.

MANNEÉNERGÉTIQUE.Unemannepourle Rwanda, qui pourrait ainsi remédierà son déficit énergétique : seuls 8 % desRwandaisontaccèsà l’électricitéet lepaysa aujourd’hui une capacitéde 85 MW (un peu plus delamoitié de sa consomma-tion). Il s’est donné jusqu’à2017 pour porter ce chiffreà 1000MW.

Avec son projet pilote,dans lequel ont d’ores et déjà été investisplusde15millionsd’euros, la compagnienationaleKibuyePowerLtdproduitactuel-lement 3,6MWh. «Mais enexploitant lesréserves,nouspourrionsgénérer700MWpendant cinquante ans », calcule AlexisKabuto,directeurgénéraldelasociété.Àcerythme, lepaysdevraitparveniràcomblerlesbesoins croissantsde sapopulationetde son économie, et même exporter lesurplus dans la sous-région.

L’exploitation du méthane est aussiune question de sécurité. Le Kivu est,avec les lacs camerounais Monoun etNyos, l’un des trois « lacs explosifs » dela planète, les seuls à contenir une telleproportion de gaz…Et donc àprésenterun risque d’éruption, comme celle qui,en 1986, avait causé la mort de plus de1700 habitants des berges duNyos. Plusde 2 millions de personnes vivent aubord du Kivu : de quoi frémir.

MOINS DE RISQUES. « Exploité, ce gazest une richesse. Sinon, il devient unemenace », résume Majuné Laurent,ingénieur électronicien sur KP1. Ladangerosité duméthane pourrait doncaccélérer les projets rwandais. Plusieursinvestisseurs privés s’intéressent eneffet au potentiel du Kivu. L’américainContourGlobal a ainsi décroché uneconcessionàKibuye.SonprojetKivuwatt,d’unmontant de 140millions de dollars(96,5 millions d’euros), a été lancé le

25 août.À l’issue dela première phase,qui devrait êtreopérationnelle en2012, l’entrepriseprévoit de produire25 MW.

Le français Data Environnement, quidégaze déjà le Nyos et leMonoun dansunbut sécuritaire, a conçuune secondeplateforme expérimentale à Gisenyipour la sociétéprivéeRwandaElectricityCompany (REC). L’usine se trouve sousl’eau et utilise la pression ambiante pouréconomiser sur le pompage.

Mais la production est à l’arrêt du faitd’un défaut de conception ; l’ossature,incapable de résister aux vagues du lac

Kivu,doitêtrechangée.Malgrécecontre-temps, REC affirme que le procédé estau point. « La phase de recherche etdéveloppement est presque terminéeet nous n’attendons plus que les inves-tisseurs », indique Ivan Twagirishema,le directeur général de l’entreprise, quicherche donc quelque 136 millions dedollars pour atteindre une capacité de50 MW. ●

PIERRE BOISSELET

HYDROCARBURES

Kibuye Power joueavec le feuLe lac Kivu regorge de méthane, dont l’extraction pourraitcombler les besoins en électricité de la région. Un seul projet estentré en production, mais d’autres acteurs sont sur les rangs.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

Ý LA PLATEFORME

PILOTE KP1pompe l’eauà plus de 300 mde profondeur.

« Exploité, ce gaz est unerichesse. Sinon, il devientune menace. »

MAJUNÉ LAURENT, ingénieur pour Kibuye Power Ltd

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Il a tout d’un grand 75

Page 20: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

L edéfi sembleprochede la recher-che de la quadrature du cercle.Pays le plus densément peuplédu continent (407 habitants/

km2), le Rwanda garde en outre unecroissance démographique de 2,8 %,plus vigoureuse que lamoyenne subsa-harienne. Il se prépare donc à nourrir3 millions de bouches supplémentai-res d’ici à 2020 (il compte 10,7millionsd’habitants en 2011). Parallèlement,Kigali doit compenser le déficit de sabalance commerciale (lire pp. 70-71) enaugmentant le volumeet la valeurdesesexportations.Orsesmeilleuresventesà l’étrangerne sont autresque des produits agricoles : lethé et le café. Pour complétercette délicate équation, il faut

ajouter que le Rwanda n’a pas de terresen réserve pour accroître la surface agri-cole exploitée.

INTENSIFICATION. Pourtant, toutesles filières agricoles sont en hausse. Laproduction vivrière a augmenté de 5 %en 2010, année où le pays est parvenuà l’autosuffisance alimentaire pour lapremière fois, tandisque lesproductionsà l’exportation croissaient de 14%, aprèsune chute de 15% en 2009 liée à la crise

internationale.Depuis2007,Kigali amisenplaceunprogrammed’intensification descultures. Des ingé-nieurs agronomessont envoyés auxquatrecoinsdupays,à commencerpar leszones céréalières (riz,

maïs,blé…). «Lebutest

de former nos paysans à bien préparerleurs terres,àutiliser les semencesqu’onleur fournit et les engrais qu’on subven-tionne », détaille Raphaël Rurangwa,directeur de la planification au minis-tère de l’Agriculture. Dès 2008, l’effet estvisible : les rendements à l’hectare, déjàtraditionnellementforts,ontpresquedou-blépar rapport à 2004. Et l’effort se pour-suit. «Lapremière année, le programmeconcernait 27000ha. Aujourd’hui, nousen sommes à 500 000 ha, sur un totald’environ 1,3 million, poursuit RaphaëlRurangwa. Et nous sommes en train del’étendreàd’autres cultures:patatesdou-ces, haricots, bananes, manioc, etc. »

L’intensification a un autre avantage,celui d’amortir les effets du fractionne-ment des parcelles, un des problèmesstructurels de l’agriculture rwandaisequi empiredegénérationengénération:leur taille moyenne est passée sous labarre de 1 ha par foyer. Pour bénéficierde l’accompagnementdesagronomes, lesagriculteurs doivent s’unir et former desexploitations de 50 à 100ha. Ils réalisentainsi des économies d’échelle. En outre,pour les familles les plus démunies, legouvernement a lancé le programmeGirinka : « une vache par famille ». Enplus de sa forte valeur symbolique dans

AGRICULTURE

Vivrier ou export,faut-il choisir?Le pays parvient à nourrir sa population tout en augmentant saproduction pour l’étranger.Reste à savoir si ce miracle peut durer.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

POURJ.A.

32 % du PIB national estassuré par l’agriculture

� LES PLANTATIONS DE THÉ ne cessent de s’étendre.

ANTON INBO

RGEA

UD

POURJ.A

.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

76 Le Plus de J.A. Rwanda

Page 21: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

les campagnes, ce bétail fournit du lait,une force de traction précieuse et desengrais naturels.

ÉROSION. Tout n’est pas gagné pourautant. Le Rwanda est condamné àper-pétuellementaugmentersesrendements:les plantations de thé et de café s’éten-dent, tandis que l’érosion fait perdre descentaines demilliers d’hectares de terrechaque année. Par ailleurs, la préserva-tion de l’environnement est devenue

un objectif prioritaire pour le pays, quimise sur le tourisme écologique : pourrespecter lesObjectifsdumillénairepourle développement, il devrait rendre plusde 10 % de son territoire à la forêt d’icià 2015… Il n’y parviendra vraisembla-blement pas.

Mais les pistes d’intensification nemanquentpas.Legouvernementse lancedans la mécanisation, veut encouragerl’agricultureen terrasseset augmenter lessurfaces irriguées jusque sur les collines.«Celapeutêtre fait grâceàdes réservoirspour les eaux de pluie ou grâce à l’utili-sationde l’eau retenuepar lesbarrages »,indiqueRaphaëlRurangwa.Larévolutionverte n’est pas terminée. ●

PIERRE BOISSELET

Une croissance soutenue dans toutes les filières

(PIB agricole en milliards de francs rwandais, en prix courants)

0

220

440

660

880

1 100

2005 2006 2007 2008 2009 2010

Cultures vivrièresCultures d’exportationÉlevageSylviculturePêcheTotal agriculture

SOUR

CES:NISR,MAR

S2011

553

660

000

729

834

1 012

1 057

Kigali veut encourager la cultureen terrasses et accroître les surfacesirriguées jusque sur les collines.

Il a tout d’un grand

JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

Page 22: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

D.R

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D.R

.

MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES

MESSAGE

MINES :TROIS RAISONS D’INVESTIR AU RWANDAAu cœur de l’Afrique, le Rwanda, politiquement stable et sûr, possède un potentiel géolo-gique qui présente de grandes opportunités pour les groupes internationaux dans l’explo-ration et l’exploitation minières. Son fort développement économique offre de nombreuxdébouchés dans les activités à valeur ajoutée comme la construction et la transforma-tion de produits miniers. Le Rwanda dispose en outre des ressources hydrauliques etgéothermiques permettant de produire l’électricité qui sera nécessaire à ces nouvellesindustries.

Les autorités rwandaises ont résolument entrepris les réformes indispensables pour ga-rantir aux investisseurs un environnement juridique et financier efficace et transparent,en mesure de garantir la sécurité de leurs engagements.

RÉPUBLIQUE DU RWANDA

C DES MINEURS LAVANT DU WOLFRAM DANS LA MINE DE NYAKABINGO SITUÉE À18 KM DE LA VILLE DE KIGALI, CAPITALE DU RWANDA.

C CRIBLAGE INDUSTRIEL À LA MINE COLTANIFÈRE DE CYUBI, DANS LE CENTRE DU RWANDA.

Page 23: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

DIF

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w.ju

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n.fr

FORT POTENTIEL GÉOLOGIQUE

Le Rwanda repose largement sur les roches de l’oro-genèse kibarienne. Celle-ci consiste principalementen socle et en roches mésoprotérozoïques qui ont étéintrudées par plusieurs générations de roches gra-nitiques et mafiques. Elle forme une large provincemétallogénique qui contient de nombreux granites enrelation avec les minéralisations, qui sont riches enminerais tel que la cassitérite (SnO2), la wolframite(Fe, Mn, Mg)WO4, le colombo-tantalite/coltan (Fe,Mn) (Nb, Ta)2O6 et l’or (Au). Ces quatre minerais sontd’ores et déjà extraits sur plusieurs sites dans le pays,lesquels contiennent également des réserves impor-tantes d’autres minéraux parmi lesquels : lithium,thorium, phosphore, plomb et nickel. Ces minerais serencontrent sous plusieurs types de minéralisation, ilsapparaissent comme des dépôts primaires et/ou desdépôts alluviaux ou éluviaux.

En 2008, une exploration géophysique aéroportée(gravité et magnétisme) fut réalisée pour identifier denouvelles cibles potentielles de recherche. La compila-tion des données existantes et des nouvelles donnéesa permis d’identifier 21 nouvelles zones à fort potentielminier, les « Prospective Target Areas (PTA) ».

ENVIRONNEMENT FAVORABLEPOUR LES AFFAIRES

Pour rendre le secteur minier plus attractif aux yeuxdes investisseurs internationaux, le gouvernementrwandais a adopté une politique minière suivie parla révision du code minier qui a été promulgué enavril 2009 et par la mise en place des décrets minis-tériels d’application en septembre 2010 ; un régimefiscal approprié sera bientôt publié.Depuis sa privatisation, il y a cinq ans, le sec-teur minier du Rwanda a attiré de nombreux in-vestissements étrangers, tant dans l’explorationque dans l’exploitation de divers minerais. Parmiles nouveaux partenaires figurent des entreprisesd’Afrique du Sud, d’Allemagne, du Canada, desÉtats-Unis, de Chine et d’Inde, sans compter lesinvestisseurs nationaux. Le secteur minier est ainsidevenu le premier exportateur du pays, représen-tant près d’un tiers des recettes d’exportation.

TRANSPARENCE ET MODERNITÉ

Le Rwanda est l’un des rares pays à avoir mis enplace une autorité de régulation du secteur des mineset des ressources naturelles, la Rwanda Natural Re-sources Authority. En toute indépendance, elle exercedes missions d’arbitrage et de suivi. Pour renforcer latransparence du secteur minier, les autorités rwan-daises favorisent le regroupement des exploitationsartisanales en coopératives. À ce jour, une quaran-taine de coopératives ont été créées. Trente d’entreelles forment la Fédération nationale des mines (Na-tional Mining Federation), créée en 2009.

Enfin, le Rwanda est très attaché à la mise en œuvredes normes modernes de production minière, desbonnes pratiques et de la traçabilité. Le pays a notam-ment mis en place, en coopération avec l’Institut inter-national de recherche sur l’étain (Itri), un processusd’étiquetage systématique de la production. Les mine-rais extraits au Rwanda sont par conséquent conformesà la loi américaine « Conflict Minerals Trade Act » (loisur le commerce des minerais liés aux conflits). Ce quigarantit à tout exploitant de minerais au Rwanda quesa production peut être vendue dans le monde entier.

D.R

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MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLESBP 3502 - Kigali - RwandaTél. : (+250) 252 582 628www.minirena.gov.rw

AUTORITÉ DES RESSOURCES NATURELLESDépartement de géologie et des mines

www.ogmr.minirena.gov.rwE-mail : [email protected]

C LA MINE DE WOLFRAMITE DE GIFURWE DANS LE NORD DU RWANDA. LES FILONSMINÉRALISÉS SONT CLAIREMENT VISIBLES SUR LA PHOTO.

D.R.

Page 24: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

M arché commun de l’Afri-que orientale et l’Afriqueaustrale (Comesa, le plusgrand bloc économique

régionalducontinent)en2004, relancedelaCommunautééconomiquedespaysdesGrands Lacs (CEPGL) et, surtout, entréedans laCommunautéde l’Afriquede l’Est(EAC)en2007…Àdéfautdepouvoir fairevenir l’océan Indien aux pieds de sescollines, leRwandas’ouvreaumondeparun impressionnant activismeenmatièred’intégration sous-régionale.

De petite taille, enclavé, pourvu d’unrelief accidenté, il a longtemps été han-dicapé par sa géographie, qu’il s’évertuedésormais à transformer en avantage.Si ses frontières n’ont pas bougé, lepays, de plus en plus anglophone (lirep. 81), les regarde différemment. Il aquasi oublié celles qui le séparent del’Ouganda, de la Tanzanie, du Burundiet, au-delà, duKenya,membres commelui de l’EAC, un marché commun aveclibre circulationdesbienset services, despersonnes et des capitaux, qui prévoit

demettre enplace unemonnaie uniqueprochainement.

FRONTALIERS. Pour autant, le Rwandan’oublie pasqu’il conserveune frontièreavec la RD Congo, les nombreux rwan-dophones qui y vivent et ses immensesressources. Entre Gisenyi (au Rwanda)etGoma (enRDCongo), nombreux sontles frontaliers à faire le trajet quotidien-nement pour travailler. Et les échangesde marchandises se por-tentencoremieux:produitspétroliers en provenancedesportsde l’océan Indien,ou minerais congolais àdestination du reste dumonde,mêmesi les nouvelles exigencesen matière de traçabilité ont beaucoupralenti ce dernier commerce.

Mais le Rwanda veut aussi survolerla RD Congo – littéralement – pour serapprocher d’autres pays francophones.Depuis mars, la compagnie nationaleRwandair a ouvert des liaisons vers leCongo-Brazzaville et le Gabon. « Le vol

vers Libreville a enregistré des réserva-tions plus importantes que toutes lesautresdestinations lancéesdansunpassérécent », indiquait Rwandair peu aprèsl’ouverture de la liaison. Brazzaville aquant à elle accueilli une délégationd’hommes d’affaires rwandais au moisde juin. « Le ministre s’est déplacé, etnous avons constaté que le pays impor-tait de Francedenombreuxproduits surlesquelsnousvoulonsnouspositionner»,indique Jean-LouisUwitonze, directeurde laplanificationduministère rwandaisdu Commerce et de l’Industrie.

Lestatutdelanguesofficiellesdufrançaisetde l’anglais, enplusdukinyarwanda, serévèledoncunatoutpour leRwandadans

sonambitiondedevenir le Singapourdel’Afrique.Kigaliveuts’imposercommeuneplaque tournante des services (finance,commerce, technologies de l’informa-tion et de la communication, transportaérien, tourisme…) entre l’Atlantique etl’océan Indien.

Mais il lorgne aussi du côté des paysémergents, comme l’Inde, la Thaïlande

INTERNATIONAL

Partenariats à géographievariablePour devenir la première plateforme régionale de services, Kigalimultiplie ses échanges et diversifie ses relations. Avec sesvoisins, vers l’est et le sud du continent. Et bien au-delà.

PRAKASH

SINGH/A

FPPHOTO

� PAUL KAGAMÉ ET PRANAB MUKHERJEE (À G.),LE MINISTRE INDIEN DES FINANCES (alors auxAffaires étrangères), lors d’un sommetéconomique à New Delhi en 2009.

Les échanges avec la Chineexplosent. Ils ont augmentéde 89 % entre 2008 et 2010.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Rwanda80

Page 25: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

«H ello, I would like a coffee,please.–Sorry?–Vouspré-férezparler français?– Je le

comprends mieux. – Alors, un café s’ilvousplaît.–Okay.Doyouneedanythingelse? » La scène peut paraître incon-grue,mais, àKigali, rien de plus banal.Alors que le français reste très parlé auRwanda, dans la capitale, presque toutlemondes’évertueà s’exprimerdans lalanguedeShakespeare. Y compris faceà des francophones.

Dans l’administration, c’est encoreplusfrappant.Dumanagementintermé-diaireausommet, iln’yaquasimentquedesanglophones, souvent trentenaires,qui ont grandi et étudié à l’étranger. Leconstat se vérifie particulièrement auRwandaDevelopmentBoard–commesonnoml’indique–, où sontcentraliséstous lesguichetsnécessairespourcréeruneentreprise.Dansce templeducapi-talisme à la rwandaise, il n’y en a quepour l’anglais. «Bien sûr, c’est la languedubusiness! » lanceDianne,une jeuneemployée, formée au Canada.

LE FRANÇAIS SUPPLANTÉ. Autrefoisbastiondelafrancophonie,et longtempssoutenucommetelparParis, leRwandaaamorcésonvirageverslemondeanglo-phone au lendemain du génocide. Denombreuses familles réfugiéesdans lespays anglophones voisins (Ouganda,Tanzanie…),parfoisdepuis lespremierspogroms anti-Tutsis des années 1960,sont revenues. Les liens tissés avec cespays ont évidemment subsisté.

La rupture diplomatique avec laFrance, entre 2006 et 2009, n’a faitqu’accélérer le processus. Kigali a suc-cessivement adhéré à laCommunautéde l’Afrique de l’Est (EAC), majoritai-rement anglophone, en 2007, décidéque l’anglais remplacerait le françaisdans ses écoles publiques et intégréle Commonwealth en novembre 2009(toutenrestant,à l’instarduCameroun,membredel’Organisationinternationalede la Francophonie).

Pas étonnant, dès lors, que l’onretrouve les traits du monde anglo-saxon dans la gestion du pays. Ainsi,de l’énergie aux transports, en passantpar le logement et les télécoms, le gou-vernement fait systématiquementappelaux investisseurs privés pour dévelop-per les infrastructures et les services.L’organisation et le fonctionnementmêmes de l’État ne sont d’ailleurs passans rappeler ceux d’une entreprise,avec pour principal souci celui d’êtreperformant et d’évaluer ses employés.

«Chaque année, tous lesministèresmettent enplaceunpland’action, avecdesobjectifs chiffrés, validépar les ser-vices duPremierministre, expliqueunhaut fonctionnaire rwandais.À la findel’exercice,nousprésentonsnosrésultatspointparpoint.Maisçanes’arrêtepaslà:laprimatureet laprésidencesechargentde vérifier ce que nous déclarons. »

Bref : si, de passage à Kigali, vousentendez parler du chief ou du boss, ily a de fortes chances qu’il s’agisse duprésident. ● P.B.

Double cultureLe pays se tourne de plus en plus vers le monde anglophone.Un choix qui n’est pas sans conséquences sur la vie quotidienne.

et, enparticulier, laChine. Les échangesavec cette dernière explosent (+ 89 %entre2008et 2010), et elle estdevenueunpartenaire indispensablepourconstruireses infrastructures. Pour la seule année2009, les entreprises chinoisesont réalisédes projets pour près de 500millions dedollars (345millionsd’euros).Avec l’Inde,les échanges sontdavantage tournésversla formation, leRwandaespérantbénéfi-cier de son expertise dans les nouvellestechnologies : elle y envoiedes étudiantset y recrute des professeurs.

DÉSÉQUILIBRES.Cetteouverturen’estpassansconséquences.Depuis sonadhésionà l’EAC, en 2007, les exportations rwan-daisesont sensiblementaugmenté,maisles importationsont littéralementexplosé.Du coup, le déficit de la balance com-merciale a dépassé lemilliard de dollarsen 2010 (contre moins de 500 millionsen 2005). « Les autres pays membres del’EAC sont plus avancés que nous, doncnous savions qu’il y aurait des pertes audébut, assure Jean-LouisUwitonze.C’estunestratégiedelongterme:nousespéronsqu’il yauraconvergencedes technologieset de la connaissance. »

Undéséquilibreque l’on retrouvedansses relations avec les États-Unis. Éligibledès octobre 2000 à l’African Growth andOpportunity Act (Agoa), qui exonère dedroits de douane des produits venantd’unequarantainedepayssubsahariens,leRwandaaexporté7,4millionsdedollarsdemarchandisesverslesÉtats-Unisen2010…pourdes importationsde42,9millionsdedollars. Quant au Canada, s’il ne figurepas parmi les vingt premiers partenairescommerciaux duRwanda, il a noué aveclui de solides relations, notamment enmatière universitaire. ●

PIERRE BOISSELET

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Il a tout d’un grand 81

Page 26: JA 2643 DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 PLUS RWANDA

JEUNEAFRIQUE:Comment avez-vousétéaccueilli à votre arrivée, début 2010?

LAURENT CONTINI : Nous avons reçuun accueil comme j’en ai rarement vu.Dans la rue, comme lorsque nous som-mes allés évaluer les dégâts au Centred’échangesculturels franco-rwandais, lesgensétaientmanifestement très contentsde nous voir.

Je connais bien ce pays, et je nem’at-tendais pas à une réaction aussi posi-tive. D’autant que c’était pareil du côtédes autorités. À l’époque de la visitede Nicolas Sarkozy [en février 2010,NDLR], je n’avais que deux collabora-teurspour toutorganiser.Heureusement,les Rwandais m’ont aidé d’une façonremarquable : discrète et efficace. Demême, les autorités ont facilité le retourdeRadioFrance Internationale (RFI) surles ondes. C’est une radio très écoutée :les francophones restent plusnombreuxque les anglophones.

Dans les administrations, ce n’est pastoujours l’impression que l’on a…

Effectivement, parce qu’il y a eu unmot d’ordre de passer à l’anglais. Lesfonctionnaires sont encore inhibés surce sujet. Il faudrait que les autoritésdisent plus clairement qu’on peut aussibien utiliser le français.

Le passage à l’anglais dans l’enseigne-ment public a été décidé il y a mainte-nant trois ans. Où en est-on?

Lepassage au forceps à l’anglais sacri-fie une générationd’étudiants et de pro-fesseurs.Mais le bilinguisme coûte cher,et les autorités ont des priorités.

Si la France proposait une aide dequelques dizaines de millions d’eurospour l’enseignement, nous sauverionsle français. Aujourd’hui, il est en dangeret, si on ne fait rien, il deviendra unelangueétrangèredans les annéesà venir.ÀParis, certains semblent penser que lesRwandais ne veulent plus du français.Mais c’est faux.

Pourquoi est-ce important pourKigali ?

La richesse linguistique est un atoutpour le Rwanda dans son ambition dedevenir un hub régional se concen-trant sur le secteur des services. Or c’estla bonne stratégie : le pays a peu deressources naturelles, l’agriculture estquasiment aumaximumde ses capaci-tés et l’industrie peut difficilement être

développée. Il faut donc souhaiter qu’ilsréussissent. Et, pour l’instant, nous neles y aidons pas.

En avez-vous les moyens?Non, les moyens de l’ambassade de

France au Rwanda sont loin de ceuxdont elle aurait besoin. En2006, il y avaitcinquante personnes à temps plein ici.

Aujourd’hui, nous ne sommes qu’unequinzainealorsquenosattributionsn’ontpas changé. L’aide publique audévelop-pementestdemoinsde2millionsd’eurospar an, dont 1,2 million qui correspondaudésendettement duRwanda vis-à-visde la France. Nous comptons parmi leslanternes rougesdesdonateurs, derrièrel’Italie, l’Espagne ou le Luxembourg.

Et sur le plan économique, la Franceest-elle de retour?

Non, c’est encore trop tôt. En France,le Rwanda garde une image déplorablehéritée du génocide et de la caricatureque l’ony faitdurégime.Dans ledomainedes affaires, les liens sont rompus : il n’yaplusquecinqentreprises françaises ici.Pourtant, il y a des opportunités.

Une visite de patrons français étaitpourtant prévue dans la région au débutde l’année…

Justement, elle a été reportée à unedate inconnue faute d’entreprises

Laurent Contini« Au Rwanda, la Francepeut et doit mieux faire »Après trois ans de rupture diplomatique, les deux pays ont renouéfin 2009. L’ambassadeur de France à Kigali déplore cependantle manque d’investissement humain et financier de Paris.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

L’ORGANISATION INTERNATIONALE de la Francophonie (OIF) peine à ouvrirles six centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) prévus. L’OIF, quifournit le matériel, attend que les autorités locales créent un poste de gérantpour chacun d’eux. Un seul a été accordé à ce jour, à Nyamagabe, mais troisautres pourraient suivre d’ici à juin 2012.

Quant au Centre d’échanges culturels franco-rwandais, il est en sursis.Dans la zone où il est situé, la mairie impose la construction d’immeubles,sous peine d’expropriation. L’ambassade de France a mis sur pied un projetavec des investisseurs privés, mais Kigali ne propose qu’une concession detrente ans sur une partie des terrains, terrains pour lesquels la propriétéfrançaise n’a jamais été officialisée. « Les Français doivent construire etensuite ils obtiendront un véritable titre », explique-t-on à la mairie. ● P.B.

TRÈS DÉLICAT RETOUR DE LA FRANCOPHONIE

Dans le domaine des affaires, les lienssont rompus. Pourtant, il y a des opportunités.

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Rwanda82

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intéressées: seulesquatre s’étaientmani-festées, alors que le voyagedevait inclureaussi le Kenya et l’Ouganda. Il y a làunevéritableméconnaissance : l’Afrique del’Est est en train de décoller. Il faudraitnous inscrire dans cette dynamique.

La visite de Paul Kagamé à Paris pour-rait-elle changer la donne?

Il doit rencontrer leMedef [principaleorganisation patronale française]. C’estl’une de ses demandes : il ne veut passeulement le rétablissement des liensdiplomatiques,mais aussi le retour desinvestisseurs.

Ces derniers ne craignent-ils pas que lesrelations diplomatiques soient encoretrop fragiles?

Bien sûr, la propagandeantirwandaiseest telle qu’elle a sans doute des effets.Mais la diplomatie et les affaires sontdéconnectées.

Et puis la rupture des relations diplo-matiques était une bombe atomique. Jene pense pas que cela puisse se repro-duire, même s’il peut encore y avoirdes tensions.

La nomination auministère desAffairesétrangères d’Alain Juppé, qui était déjàà ce poste pendant le génocide de 1994,les a-t-elle ravivées?

Du point de vue des Rwandais, cen’était pas une bonne nouvelle. Ils ontpu penser que les lobbies antirwandaisétaient encore puissants à Paris. Maisils connaissent la politique françaiseet savent que ce choix n’était pas dirigécontre eux.

Qu’avez-vous pensé des déclarations deJuppé,disant qu’il n’avait pas l’intentionde serrer la main de Paul Kagamé?

Il est leministre. Il prend ses respon-sabilités. Je n’ai pas à commenter.

Vous donnez l’impression d’être assezindépendant de lui…

Non. Lamissionque le président de laRépubliquem’avait confiéeàmonarrivéeétait la normalisation des relations avecle Rwanda. Si je reçois un contrordre,j’aviserai. Pour l’instant, ce n’est pas lecas. ● Propos recueillis par PIERRE BOISSELET

Ý L’EX-CONSEILLER DE BERNARD KOUCHNER

à la cellule Afrique du Quai d’Orsay(2007-2008) était auparavant en posteà Harare, au Zimbabwe.

CONTOURGLOBAL, dont le siège est à New York, est une société internationale spécialiséedans la production d’électricité, présente dans 20 pays et qui possède 3250 MW decapacité de production d’électricité en fonctionnement ou en construction.Avec plus de 1500 personnes sur quatre continents, ContourGlobal développe et exploitedes centrales produisant de l’électricité de toutes origines (gaz naturel, hydraulique,éolien, solaire, biomasse, fioul lourd et diesel).Ciblant surtout les marchés sous-desservis à forte croissance ou les créneaux innovantsdans les marchés développés, ContourGlobal a installé en Afrique des centrales dansles pays souffrant de pénurie chronique comme le Togo (100 MW – tri-fuel), le Nigeria

(trois centrales tri-fuel pour Coca Cola Hellenic) et leRwanda (usine intégrée de 100 MW pour l’extractiondu gaz dissous dans le lac Kivu et son utilisation pourproduire de l’énergie électrique).En Afrique, ContourGlobal a développé et financédepuis deux ans des projets d’électricité pour unmontant de 500 millions de dollars (USD).

CONTOURGLOBAL spécialisée internationale société une est York, New à est siège le dont ,

www.contourglobal.com❝ NEWYORK – USA (Siège social)650MadisonAvenue, 22nd FloorNewYork, NY 10022 - USATél. [email protected]

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Il a tout d’un grand 83

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message

MINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES

RéPUBLIQUE DU RWANDA

NOTRE VISION : la réalIsatIOn Des OBJeCtIFsDe la FeuIlle De rOute 2020

NOTRE MISSION : releVer le CHallengeDu DéVelOppeMent éCOnOMIque

dix-sept ans après le génocide qui a détruit le peu d’infrastructures existant au rwanda,notre gouvernement est en train de réussir le défi que represente la satisfaction des besoinscroissants en infrastructures urbanistiques, météorologiques, en transports terrestre et aé-rien, en ressources énergétiques et hydrauliques. cela a requis d’importantes injectionsd’investissements. Le gouvernement du rwanda en appelle aujourd’hui à la participationdu secteur privé aux développements de ces différentes infrastructures. en 2010, l’organi-sation du ministère des Infrastructures a été modifiée pour lui permettre, en collaborationavec d’autres agences gouvernementales, de gérer le développement de 5 sous-secteurs :

éNERGIE : UNE FORCE AU SERVICE DELA PRODUCTION ET DU DéVELOPPEMENTAyant connu une situation d’urgence en 2004 avecde sévères manques en capacité de productionénergétique, notre pays a fourni des efforts pouraugmenter les taux d’accès et de production d’éner-gie, ce qui permet aujourd’hui de soutenir le dé-veloppement des activités de production aussi bienrurale qu’industrielle.

En 2017, l’objectif est d’avoir une capacité de pro-duction de 1 000 MW et de pourvoir l’accès de 50 %de la population rwandaise à l’électricité. Dans cetteperspective, diverses sources d’énergie sont en traind’être développées, notamment le gaz méthane, lagéothermie, le solaire, l’hydroélectrique, le biogazet la tourbe...

EAU & ASSAINISSEMENT

Un programme de réalisations d’infrastructures sa-nitaires, telles que des latrines décentes et la dis-tribution d’eau en eau potable, a été mis en placepour permettre d’atteindre en 2015 un taux de 100% de couverture du service. Une approche intégraleet plus fine est en cours pour donner accès à des la-trines décentes à 100 % de la population dès 2012.

TRANSPORTS : RELIER LE RWANDA AURESTE DU MONDE EN RéDUISANT DéLAISET COÛTS D’ACHEMINEMENTNotre pays est enclavé au cœur de l’Afrique, le portle plus proche est à 1 400 km de Kigali.Le transport terrestre est le moyen essentiel de dé-placement des personnes et marchandises entrantet sortant du Rwanda, la densité du réseau actuel sesitue autour de 14 000 km.L’actuel aéroport international est en coursd’agrandissement en vue de faire face à l’ex-plosion du nombre de voyageurs et à l’arrivéechaque année à Kigali de nouvelles compagnies

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ministère des infrastructuresBP 24 - Kigali - Rwanda

Tél. : (+250) 252 582 619Fax : (+250) 252 582 621www.mininfra.gov.rw

aériennes, en attendant la livraison en 2015 dunouvel aéroport international de Bugesera et desix autres aérodromes. L’acquisition de nouveauxappareils a permis également à Rwandair d’accé-lérer l’ouverture de nouvelles dessertes. Le trans-port fluvial est limité pour le moment au lac Kivu.Afin de réduire les délais et le coût du transportdes marchandises dans la région, le Rwanda etles pays voisins (la République démocratique duCongo, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie) réa-lisent ensemble un projet de chemin de fer ré-gional, Isaka-Kigali/Keza-Gitega-Musongati, quidevrait finir avant 2020. Kigali se situe à deuxheures de vol des côtes de l’Afrique de l’Est etde l’Ouest. Cette situation géographique au centredu continent permettra, grâce à la réalisation deces projets d’infrastructures des transports, defaire du Rwanda un hub régional, plateforme detransit au cœur de l’Afrique.

HABITAT & URBANISME : UNE EXPLOSIONDE LA DEMANDE AUX CONSéQUENCESMICRO & MACROéCONOMIQUESFace au développement de l’urbanisation du pays,le ministère des Infrastructures a formulé les poli-tiques et mis en place les instruments nécessairesà la promotion et à l’encadrement de l’industrie dubâtiment. Une politique est aussi en cours de prépa-ration pour promouvoir les maisons à prix abordable

et permettre ainsi à une majorité de la populationd’accéder à la propriété. L’objectif du gouvernementest de tripler le taux d’accès à la propriété.Nous veillons à la gestion et à l’organisation de l’ur-banisme, la réglementation de l’industrie du bâti-ment et le développement de son professionnalisme.Plus de 300 000 logements ont été construits entre1995 et 2010 dans le cadre des programmes delutte contre l’habitat précaire et non réglementé.D’ici à 2020, plus de 70 % des populations ruralesseront relogées dans des villages groupés, les 30 %restants vivront dans les villes.

MéTéOROLOGIE : AU-DELà DESINFORMATIONS CLIMATIQUES,DES SERVICES DE POINTE AUX ENTREPRISESDes investissements substantiels en capital tech-nique et humain ont été réalisés et nos efforts sepoursuivront pour garantir à nos prestations météo-rologiques le label qualité le plus élevé.La situation géographique centrale du Rwanda,combinée à notre savoir-faire et à nos moyens,nous permet de nous positionner comme une plate-forme régionale de service météorologique et aérienen Afrique de l’Est, à destination des opérateurs pri-vés et publics.

C Maquette De l’aérOpOrt InternatIOnal De Bugesera.

C Vue nOCturne De la VIlle De KIgalI.D.r

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L esommetde lacollinedeKiyovu,àKigali, estuneallégoriede l’évo-lutionduRwandaces

deuxdernièresdécennies.Cevaste espace dégagé, situé àproximitéde la résidencepré-sidentielle, était encore unecaserneaumilieudesannées1990. Aujourd’hui, les treillisont laissé place aux tenuesde footing des étudiants etaux uniformes des chrétiensévangéliques en route pourla chorale.

DUCAMPAUCAMPUS.Horsquelques bâtiments vieillots,le lieu rappelle les campusdes filmsaméricains: grandespelouses, dortoirs, infirmerie, restau-rant, accès à l’internet sans fil…Cela faitd’ailleursbienlongtempsquel’Institutdessciences et technologies deKigali (Kist),quioccupedepuis1997cevillageaucœurde la capitale, est passéà l’enseignementenanglais. Cesdernières années, le gou-vernementn’apas lésiné sur lesmoyens.

L’Institut a pu investir dans denouvellesinfrastructures (comme le trèshigh-techbâtiment 4et ses salles lumineuses équi-pées demicroscopes dernier cri).

L’établissement a largement recrutéau-delà des frontières : un quart desenseignants est étranger. Les nombreuxétudiants sud-soudanais, burundais, et

depuispeu,haïtiensachèventde luidonnerunespritmulti-culturel et pionnier.

C’est ici que sont formésles architectes, les ingénieurset techniciens enagronomie,génie civil, informatique, ouencore électronique, dont lepaysabesoinpourdévelopperson ambitieuse économiedela connaissance. « Au niveaunational, le Rwandamanquede compétences, constatePaulMugemangango, seniormanager chezMTNRwanda,lepremieropérateur télécomdumarché.Mais leKistestunebonne école : nous recrutonsdes ingénieursdans chacunede ses promotions. »

PRIX FORT. Les opportuni-tés d’embauche à la sortie del’Institut sont nettementplusnombreuses–etalléchantes–quedans lesautresuniversitésrwandaises.Desperspectivesqui se paient au prix fort. Carpour accéder à cet établis-sement, il faudra dès la pro-chaine rentrée universitaire

débourser 1,2millionde francs rwandaispar an (1370 euros environ), soit deuxfoisplusqu’en2010, alorsque lesboursesmensuelles de 25000 francs rwandaisserontparallèlement supprimées. «Nousvoulonsamenerprogressivementchaqueétablissement à s’autofinancer, expliqueEmmanuelKaviziya, conseillerduminis-trede l’Éducation.Doncnous leur avonscoupéunepartie des fonds, ce qu’ils ontdû compenser. »

Certains étudiants ont profité de lavenue de Paul Kagamé, en avril dernier,pours’en inquiéter.Si leprésidentaassuréque lesplusnécessiteuxobtiendraientunsoutienmatériel, il a écarté la possibilitéde revenir sur la décision de supprimerles bourses. « On peut vous aider à uti-liser votre temps libre ou vos vacancespour travailler, a-t-il déclaré.Vouspouvezgagner votreargentplutôt qued’attendrede le recevoir. » L’arméeest partie depuisbien longtemps, mais, au Kist, la disci-pline et l’effort continuent de régner. ●

PIERRE BOISSELET

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’école de la gagneL’Institut des scienceset technologies de Kigaliforme des ingénieurset des architectes. Cefleuron du systèmeuniversitaire nationalattire bien au-delàdes frontières.

VINCEN

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� LES ÉTUDIANTS S’INQUIÈTENT DE LA SUPPRESSION DES BOURSES

et de l’augmentation du coût des cursus à la rentrée prochaine.

Des unités de recherche

et développement, une pépinière d’entreprises

dans le secteur de la technologie…

1 centrede langues

3 facultés : ingénierie, sciencesappliquées, architecture et planification

environnementale

3 003étudiantsen 2010(209 en 1997)

Des frais de scolarité

de 1100à 1800€

par an

Le Kist en bref

Le Plus de J.A. Rwanda86

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Comment le Rwanda s’y est-il pris pour améliorer son système de santé ?Mme Agnes Binagwaho : Notre première richesse au Rwanda est la population. Notre plan de santépublique est donc né avec l’objectif de faire de chaque individu un être en bonne santé, économiquementautonome et à même de participer au développement du pays. Depuis 1994, notre politique vise à ap-porter les soins aux individus jusque dans leurs communautés, afin que 80 % des problèmes de santépuissent y être réglés. Pour cela, nous avons demandé à chacun des 15 000 villages du Rwanda d’éliretrois agents de santé communautaires. Ce ne sont pas des professionnels, mais ils doivent avoir un ni-veau minimum d’éducation afin d’être formés aux problèmes de santé de base tels que le paludisme, latuberculose, le VIH ou encore les problèmes digestifs. S’ils perçoivent des signes aggravants d’une pa-thologie, ils décident eux-mêmes d’un transfert. Et les personnes malades n’attendent plus pour consul-ter. Pour compléter ce dispositif, nous avons créé une assurance santé pour les communautés, pourles fonctionnaires, et nous avons favorisé les assurances privées. 98 % des Rwandais sont aujourd’huiassurés. Nous modulons la contribution des assurés selon leurs revenus. Pour ceux qui ne peuvent réel-lement pas payer, l’État le fait.

Quels résultats sont les plus visibles ?Notre espérance de vie a augmenté. Autrefois, huit femmes mouraient chaque jour durant la grossesseou l’accouchement, contre moins d’une femme aujourd’hui. La mortalité et la malnutrition ont diminuéde 50 %. Tout n’est pas parfait, mais nous essayons de répartir les opportunités de façon équitable danstout le pays, ce qui n’était pas le cas avant 1994. Toutes les personnes atteintes du sida sont traitées.Notre but est de pouvoir traiter les personnes porteuses du VIH qui n’ont pas encore déclaré de maladie.La contamination mère-enfant atteint 2 %, contre 30 % à 50 % lorsque rien n’est fait.

Avec quels moyens le Rwanda parvient-il à mener cette politique ?Le ministère de la Santé reçoit environ 17 % du budget national. Notre principal partenaire étranger, lesÉtats-Unis, contribue à lui seul plus que tous les autres réunis (Belgique, Suisse, Allemagne, Grande-Bretagne, Luxembourg, Chine…). L’appui budgétaire est selon nous la meilleure façon de nous aider, carnous l’utilisons selon nos besoins et de façon flexible, y compris dans l’adduction d’eau, l’électricité et lesinfrastructures, qui servent la santé de la population. Dans certains pays, les partenaires passent par lasociété civile. Or nous avons constaté que pour une durabilité des opérations il faut passer par le gouver-nement. Cela est plus efficace que d’emprunter des canaux qui engloutissent jusqu’à 40 % de l’aide audéveloppement.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ

MESSAGE

MINISTÈRE DE LA SANTÉBP 84 - Kigali - Rwanda

Tél. : (+250) 252 577 458www.moh.gov.rw

LA SANTÉ :POUR TOUS, PARTOUTLe Rwanda a réalisé des progrès sanitaires remarquables en menant une politique de dé-centralisation des soins jusque dans la plus petite unité villageoise. Mme Agnes Binagwaho,ministre de la Santé, trace les grandes lignes de cette politique.

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W eek-endoblige, les locauxdeContactFMsontpres-que vides.Mais des riress’échappent du bureau

du directeur général. La décontractiond’Albert Rudatsimburwa ne le laissepas deviner, mais l’un de ses présen-tateurs étant absent, il se prépare àanimer lui-même, en direct, Crossfire,le talk-show phare hebdomadaire de lastation. Derrière lui, une grande affichedu boxeur Mohamed Ali frappée de laphrase « I move fast » (« Je bouge vite »).Ce pourrait être sa devise.

Musicien et producteur en Belgique,où la famille de ce métis vivait en exil,Albert Rudatsimburwa revient auRwanda en 1994. Pendant quatre ans,il mène une carrière de journalisteindépendant, couvrant notamment lapremière guerre du Congo. « Avant ça,je n’avais eu aucune expérience dans lapresse », raconte-t-il. Quatre ans plus

tard, il devient marketing and brandmanager chez l’opérateur de télépho-nie mobile MTN RwandaCell. Touten continuant la musique et la pro-duction. Arrive la libéralisation desondes rwandaises, début 2004, et AlbertRudatsimburwa décide de quitter sonposte pour monter Contact FM. Il luifaudra moins d’un an.

JOLIS COUPS. Un peu àl’image de son patron,la radio mélange décon-traction, flexibilité et unerelative liberté de ton, inédite dans lesmédias rwandais. Sans oublier quelquesjolis coups. Comme lorsqu’il fait venir leprésident Paul Kagamé sur son plateau.« La première fois, c’était en 2005. Àl’époque, personne n’avait essayé, sesouvient-il. Nous lui avons juste écritune lettre et il a dit oui. Ça nous a vrai-ment boostés. » Depuis, Contact FM

est devenue l’une des premières radiosprivées du pays : elle revendique entre1,5 million et 2 millions d’auditeursquotidiens.

L’identité de son cofondateur, JeanMutsar, beau-frère duprésident, a-t-ellejouéun rôle dans cette réussite? «Pasdutout, se défend Albert Rudatsimburwa.C’est un ami d’enfance. On a toujourstout fait ensemble et ça ne date pas del’élection de Paul Kagamé. » Il préciseensuite : « J’ai un soutien moral desautorités, parce qu’elles veulent voirl’éclosion d’un véritable secteur privé. »Et de ce point de vue, elles ne peuventqu’être séduitespar lamultiplicationdesinitiatives de l’homme d’affaires.

«À LABERLUSCONI ».Alorsque la radion’apas encore toutà fait atteint sonéqui-libre financier, Albert Rudatsimburwavient de reprendre le Rayon SportsFootball Club, pour une concessionde sept ans renouvelable. «Ce club, c’est8 millions de supporteurs ! » s’enthou-siasme le nouveau président.Même s’ila perdu de sa superbe et que le cham-pionnat est dominé depuis plusieursannéespar le clubde l’Arméepatriotiquerwandaise, le Rayon Sports FC ne laissepas, en effet, d’attirer les foules.

La saison devait débuter en sep-tembre, mais Albert Rudatsimburwaespère obtenir un report d’un mois.C’est le temps que ce touche-à-toutestimenécessaire pour finaliser unautreprojet : Contact TV devrait devenir lapremière chaîne de télévision privéeau Rwanda.

Il prévoit de filmer tous les matchsdu championnat et de retransmettreles plus importants – dont ceux de sonéquipe – en direct. « L’idée, c’est decréer une collaboration entremédias etsport pour générer des revenus jusqu’ici

inexistants au Rwanda. C’est un plan àla Berlusconi ou à la Bernard Tapie ! »s’amuse-t-il.

L’appétit d’Albert Rudatsimburwapourrait-il le conduire, lui aussi, à unecarrière politique ? « Non, ça ne m’in-téresse pas du tout ! Ce serait la piredes choses à faire. Je préfère largementrester dans la société civile. » ● P.B.

MÉDIAS

Albert Rudatsimburwa,un patron touche-à-toutLe très décontracté directeur de la radio Contact FM vientd’acquérir le club de football le plus populaire du pays. Et s’apprêteà créer la première chaîne de télévision privée.

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� MUSICIEN, PRODUCTEUR, JOURNALISTE… L’homme d’affaires multiplie les initiatives.

« La politique? Ce serait la piredes choses à faire! Je préfèrerester dans la société civile. »

No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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D ans lemonde des affaires rwan-dais, Charles Mporanyi est unemémoire vivante. Il a survécu à

tous les changements politiques.Quandil commence sa carrière dans la coo-pération rwando-suisse, en 1971, c’estGrégoire Kayibanda qui est au pouvoir.Lorsqu’il lance sa première affaire –uneimprimerie –, en 1982, le pays est dirigépar Juvénal Habyarimana, qui déciderad’ouvrir le secteur des assurances à laconcurrencedeux ansplus tard. CharlesMporanyi crée alors la Société rwan-daise d’assurances (Soras), premièreentreprise privée du secteur, avec desassociés rwandais et l’Union des assu-rances de Paris.

DIVERSIFIÉ. Le génocide et le change-ment d’administration provoqueront leretrait des Français en 1995.Mais notrehomme reste dans l’entreprise et endevientmême l’actionnairemajoritaire.À l’époque, ces transitions sans accrocs

sont rares. « En général, les entreprisesprivées ont changé demains après 1994car elles étaient gérées par des gens durégime, explique-t-il. Quant aux sociétésd’État, elles ont souvent été reprisesavant d’être privatisées. »

C’est au cours de la dernière décennieque la Soras aura été le plus florissante.Elle a créé des filiales dans l’assurancevie, lamicrofinance (banque Agaseke),l’immobilier (Génimmo).Mporanyimiseégalement dans Rwanda InvestmentGroup (l’entreprise la plus capitaliséedu pays), dont il a pris la présidence.Sans compter ses multiples investisse-ments à titre personnel – sur lesquels ilne préfère pas s’étendre.

L’année dernière, la Soras a ravi laplace de numéro un des assurancesà la Sonarwa, l’ancienne entreprisepublique, privatisée il y a trois ans. Etla croissance du secteur (près de 30 %par an) promet encore de belles annéesà son président. ● PIERRE BOISSELET

E napparence, c’est tout le contraired’une femmepressée. Plutôt dis-crète, NadiaUwamahoromarche

d’un pas tranquille sous l’élégant voilequ’elle porte pendant le ramadan.Maisses deux téléphones portables ne luilaissent aucun répit.À 24 ans, cette étu-diante a déjà fondé trois entreprises :une agence d’organisation de maria-ges, un restaurant et une start-up, DataSystems.

Créée il y a deux ans, cette dernière,spécialisée dans la création de logi-ciels de gestion d’entreprises (stationsessence, supermarchés, hôpitaux…)compte déjà quatre employés, et desclients jusqu’enRDCongoetauBurundi.« Au départ, ma jeunesse m’a posé desproblèmes, se souvient-elle. Les clientsn’ont pas l’habitude d’avoir affaire à

des Rwandais et encore moins à desétudiants pour ce genredeproduit.Maisheureusement, ici tout lemonde s’inté-resse aux nouvelles technologies. »

CONVAINCANTE. C’est sans doutecette conviction qui l’a poussée à selancer aussi dans la presse en ligne,en créant imvano.com (« la source »,en kinyarwanda), un site d’informa-tion pour lequel elle vient de décrocherses premiers annonceurs : le RwandaDevelopment Board et la compagnieaérienne publique RwandAir.

Depuis quelques mois, elle connaîtmême le président rwandais en per-sonne pour l’avoir croisé dans la rueavant d’engager la discussion. Depuis,il l’a citée en exemple lors d’un discoursdiffusé à la télévision. ● P.B.

BUSINESS

La fine fleur et la jeune pousseLe premier dirige depuis vingt ans l’un des plus grands groupes du pays. La seconde, encore étudiante,fait une entrée remarquée dans le secteur des nouvelles technologies. Portraits.

Charles MporanyiAssureur multirisque

Nadia Uwamahoro Serial entrepreneuse

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JEUNE AFRIQUE No 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

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MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES ANIMALES

LA TRANSFORMATION AGRICOLE :GARANTIR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRESitué au cœur de l’Afrique, le Rwanda est sorti d’un conflit dévastateur en 1994 pour devenirunmodèle de développement agricole dans la région. Le Rwanda est unmicrocosme des dé-fis agricoles du XXIe siècle - un univers dans lequel les pays doivent maintenir tout à la foisla production alimentaire et les revenus stables face à la décroissance des terres arables, auprix du carburant en hausse, à une population croissante et à un climat instable.

La sécurité alimentaire a été un élément essentielpour atteindre un climat politique et économiquestable. Le programme gouvernemental d’intensifi-cation des cultures cible des zones de production« grenier à blé », pour des cultures commerciali-sables ayant une valeur nutritive. Par le biais dedistributeurs privés, le programme a fourni des se-mences améliorées et de l’engrais aux agriculteurset aux coopératives dans tout le pays. Depuis lamise en place du programme en 2007, la produc-tion agricole a augmenté de façon spectaculaire(voir graphique). Il en résulte une diminution im-portante de la malnutrition. Étant donné l’instabi-lité climatique (en témoigne la crise actuelle quetraverse la Corne de l’Afrique) et la topographienon favorable du Rwanda, la gestion des terres etdes infrastructures de collecte d’eau ont été orga-nisées afin de réduire les risques des agriculteurs.L’irrigation des collines et des marais a permis auxagriculteurs d’augmenter considérablement leurrendement grâce à l’appui d’institutions internatio-nales et privées. L’intégration d’élevage de bétaildans les systèmes agricoles augmente égalementla sécurité alimentaire et les revenus. Le « OneCow Programme », un projet de distribution d’unevache par foyer de plus de 0,7 hectare, a distribuéplus de 125 000 vaches à travers le pays jusqu’àla mi-août 2011. Cela accroît l’apport alimentaireen augmentant la production de lait et améliore lafertilisation et la productivité de la terre grâce aufumier produit.

La valorisation de la production agricole par latransformation, la commercialisation et la distribu-tion est essentielle à la modernisation de l’agricul-ture. 45 % des revenus d’exportation du pays sontgénérés par l’agriculture. Le gouvernement a faci-lité la diversification des exportations afin d’élargirla base de l’économie. Ces actions se reflètent dansl’augmentation des vols quotidiens, régionaux etinternationaux, et dans un réseau routier efficacequi facilite le commerce.

Le thé, produit traditionnel de l’exportation rwan-daise, a été remis en valeur ces sept dernièresannées. Le secteur privé a joué un rôle importantdans la production du thé, largement privatisée. Laqualité du thé a augmenté et sa production a étédiversifiée pour introduire des thés verts et nontraditionnels répondant aux demandes des mar-chés haut de gamme. Les revenus ont augmentéde 163 % ces sept dernières années.

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ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION ALIMENTAIRE

Racines et tubercules Céréales et féculents

Racines et tubercules Céréales (blé et maïs) Féculents

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En juillet 2011, la Gisovu Tea Company a rem-porté le premier prix parmi les 35 entreprises pro-ductrices de thé de la région lors de la premièreconvention africaine pour le thé à Mombasa, Kitabiarrivant 3e. Le café rwandais s’est répandu dans lemonde. Tout en consolidant des partenariats exis-tants avec Starbucks et d’autres entreprises amé-ricaines, le café rwandais a pénétré de nouveauxmarchés comme la Chine, le Japon et l’Australie.La qualité du café rwandais s’est beaucoup amé-liorée, ainsi que le reflète son prix qui a augmentéde 51 % entre 2006 et 2010. L’augmentation de laproduction de café transformé a joué un rôle clé,atteignant 150 % ces deux dernières années. Leprogramme rwandais « Cup of Excellence » attirel’attention du monde entier, faisant ainsi connaîtrela qualité du café rwandais.

Les pluies abondantes, le climat tempéré et le solvolcanique riche du Rwanda offrent des conditionsidéales pour la culture de nombreux fruits et lé-gumes. Ce n’est que récemment que cette richessea été exploitée. Une production de grande qualitéest maintenant en cours, visant les marchés exté-rieurs. Les produits ciblés sont les ananas, les man-gues, les avocats, les prunes japonaises, les fruitsde la Passion et les noix de macadamia. Grâce àla promotion d’accès des terres aux investisseursprivés, qui peuvent potentiellement en augmenter

la valeur, le secteur se développe rapidement. Afind’attirer les investisseurs étrangers et d’organiserle commerce régional, un marché de gros est ac-tuellement en construction à Kigali, comprenantdes entrepôts frigorifiques afin d’accroître le mar-ché des produits horticoles.Le Rwanda a priorisé le secteur agricole pour at-teindre la sécurité alimentaire. De plus, le gou-vernement devant faire face au défi de l’agricul-ture moderne, le Rwanda se tourne vers l’avenir,en formulant une stratégie nationale se basantsur le changement de climat et le développe-ment à faible émission de carbone. Le Rwandaest en position de recevoir les premiers fondsd’adaptation au changement de climat. De plus,le président est leader dans les politiques agri-coles menées dans la région, comme le NouveauPartenariat pour le développement de l’Afrique(Nepad). Le Rwanda améliore l’agroalimentaire,l’entreposage et travaille sans répit afin que lesinvestissements du secteur privé entraînent lafuture croissance du Rwanda. Avec la demandeaccrue pour des produits rwandais et la sécuritéalimentaire soutenue, le Rwanda est un symboled’espoir pour l’Afrique subsaharienne.

MINISTÈRE DE L’AGRICULTUREET DES RESSOURCES ANIMALES

BP 621 - Kigali - RwandaTél. : (+250) 788 518 580www.minagri.gov.rw

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