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www.jeuneafrique.com HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51 e ANNÉE • N° 2613•du 6 au 12 février 2011 CÔTE D’IVOIRE DÉSUNION AFRICAINE Bye bye Pharaon Sur un dessin placardé au mur, les manifestants ont écrit: « Va-t’en, pour le bien du pays. Tu coules! » ÉGYPTE TUNISIE ET MAINTENANT ? HOMMAGE GLISSANT : MORT D’UN GÉANT BIENS MAL ACQUIS LA FIN DU PARADIS SUISSE Cet exemplaire vous est offert et ne peut être vendu. | Not for sale.

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JA 2613 DU 6 AU 12 FEVRIER 2011 AVEC LA PLUS KATANGA

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www.jeuneafrique.comHEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT•51e ANNÉE • N° 2613•du 6 au 12 février 2011

CÔTE D’IVOIRE DÉSUNION AFRICAINE

Bye bye Pharaon

Sur un dessin placardé au mur, les manifestants ont écrit : « Va-t’en, pour le bien du pays. Tu coules! »

ÉGYPTE

TUNISIEET MAINTENANT?

HOMMAGE GLISSANT:MORT D’UN GÉANT

BIENS MAL ACQUISLA FIN DU PARADIS SUISSE

Cet exemplaire vous est offert et ne peut être vendu. | Not for sale.

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La Qualité au service du Particulier et de l’Entreprise

www.rawbank.cd - République Démocratique du Congo -

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LE PLUSDE JEUNE AFRIQUE MINES

KatangaNouvel eldoradoducuivreSon sous-sol fait du plateau katangaisune terre de prédilection pour lesminiers de la planète. Après desdécennies demonopole, lʼouvertureà la concurrence a attiré des dizainesdʼopérateurs privés et entraînéun véritable boom de la production.

Nouvelle usine decuivre et de cobaltde Ruashi Mining(coentreprisecontrôlée parle sud-africainMetorex), prèsde Lubumbashi.

7-10FÉV.2011

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An Affiliate of Freeport-McMoRan Copper & Gold

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Direction: Danielle Ben Yahmedet Marwane Ben Yahmed

Rédaction en chef: Cécile Manciaux

Rédaction: Muriel Devey, envoyée spéciale,Tshitenge Lubabu M.K. et Arthur Malu-Malu

Coordination: Nisrine BatataDifcom – 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 ParisTél.: + 33 1 44301960 – Fax: + 33 1 45200823

PANORAMALe réveil dʼun géant p. 58

REPORTAGEKolwezi en pleinecroissance p. 64

ENTREPRISELa Gécaminesen sursis? p. 68

ÉCONOMIELesaffaires reprennentp. 72

AGRICULTUREVers davantagedʼautonomiep. 74

PORTRAITSCulturedu risquep. 77

SOCIÉTÉMelting-jackpotdʼexpatriésp. 78

FOOTBALLTPMazembe, le dieudes stadesp. 79

LOISIRSLes incontournablesde « Lshi »p. 80

EN CE DÉBUT DE FÉVRIER 2011, deux ans après son effondrement, le cours ducuivre atteint un record historique. Il caracole à quelque 10000 dollars la tonnesur le London Metal Exchange. Cette tendance durable ne fait plus seulement rêverle Katanga. Elle transforme son potentiel en réalité.

La fameuse copperbelt (ceinture de cuivre) katangaise, qui relie les villes deLubumbashi, Likasi et Kolwezi, recèle en effet 10 % des réserves mondiales decuivre et, « accessoirement », 34 % de celles de cobalt. Ces ressources désormaisprouvées ont, depuis des siècles, rendu célèbre la province la plus méridionale dela RD Congo, située le long de la frontière zambienne, et n’ont pas manqué, de-puis tout aussi longtemps, d’attirer les explorateurs et opérateurs étrangers. Riende nouveau, direz-vous. Pourtant, ce territoire – plus étendu que le Cameroun etpresque autant que la France – pourrait rapidement changer la donne sur le marchémondial du cuivre.

Que vaut au Katanga cette reprise semble-t-il pérenne des activités d’explorationet de production, alors que la planète minière est à peine sortie de la crise inter-nationale qui l’a ébranlée? Crise qui ne l’a d’ailleurs pas épargné puisque, d’aprèsles chiffres du ministère provincial des Mines, une quarantaine d’opérateurs surles quatre-vingts recensés ont cessé leurs activités.

Passées ces turbulences et à l’issue de la revisitation des contrats miniers, leKatanga s’est ouvert à de nouveaux partenaires, majors et juniors, entraînant unregain des investissements, en amont comme en aval de la filière. La montée enpuissance de la production de métal rouge a suivi : celle-ci a frôlé les 400000 ten 2010 (+ 30 % en un an) et devrait dépasser 1,8 million de tonnes en 2015. LeKatanga peut donc désormais rivaliser, sinon avec le Chili – qui détient à lui seul38 % des réserves mondiales connues de cuivre et est le principal producteurdu minerai primaire avec plus de 5 millions de tonnes –, tout au moins avec seschallengers immédiats, parmi lesquels les États-Unis et le Pérou (environ 8 %chacun du marché mondial) ou encore la Zambie voisine (3,5 %), qu’elle pourraitrattraper dès cette année. La production des autres minerais qu’abrite le Katanga(cassitérite, coltan, manganèse, or, zinc…) suit la même tendance haussière, àcommencer par celle de cobalt.

Dans le sillage des miniers, des paraminiers et de leurs sous-traitants, l’économiekatangaise tout entière s’ébranle, du BTP aux services. Des groupes financiersétrangers, notamment indiens et sud-africains, se sont installés et renforcent leurprésence via l’ouverture d’agences bancaires dans les différentes villes de la pro-vince (autrefois réservée aux banques locales). Portés par la réhabilitation des voiesde communication avec la Zambie, la Tanzanie et l’Angola voisins, les échangesrégionaux sont redynamisés. Enfin, depuis deux ans, les opérateurs miniers sem-blent s’être engagés « pour de bon », et au-delà des besoins de leur activité propre,dans le développement socio-économique du territoire : investissement dans lacréation de fermes mécanisées, la construction d’établissements d’enseignement,d’hôpitaux… De quoi changer, pour les Katangais, le visage de la mine. ■

PRÉLUDE

PromesseskatangaisesCÉCILE MANCIAUX

LE PLUSDE JEUNE AFRIQUE MINES

KatangaNouvel eldoradoducuivre

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Depuis quelques mois,la plus méridionaledes provinces congo-laises – qui doit sonnom à Katanga, unchef local du milieu

du XIXe siècle – est régulièrement sousles feux de la rampe. L’an dernier, alorsque son chef-lieu, Lubumbashi, fêtaitses 100 ans et abritait la seconde édi-tion de la biennale Picha – « image »,en swahili –, son équipe de football,le Tout-Puissant Mazembe (lire p. 79),remportait, mi-novembre, la Ligue deschampions de la Confédération africai-ne de football (CAF), avant de se classerdeuxième de la Coupe du monde desClubs. Et de s’imposer en finale de laSuper Coupe Orange, le 29 janvier der-nier, devant les officiels de la CAF réu-nis à Lubumbashi, où ils ont dévoilé laliste des futurs hôtes de la Coupe d’Afri-que des nations – le Maroc en 2015 etl’Afrique du Sud en 2017.

L’année 2010 a surtout été marquéepar la reprise du secteur minier. Les gise-ments de cuivre et de cobalt bruissent ànouveau du brouhaha des pelleteuses etautres engins chargés d’extraire de leursentrailles puis de transformer les mine-rais que s’arrache le monde entier.

40 % À 60 % DU PIB DU PAYSDe tout temps, sa richesse minière a

fait de ce plateau, presque aussi grandque la France et dont l’altitude moyen-ne dépasse les 1000 m, une provinceconvoitée. Dès la conquête coloniales’y sont affrontés Britanniques et Bel-ges. Ces derniers, qui l’emporteront, y

établiront l’Union minière du Haut-Ka-tanga (UMHK), dont la nationalisationfin 1966 donnera naissance en 1967 àla Générale des carrières et des mines(Gécamines, lire pp. 68-69). Jusqu’àl’indépendance, le 30 juin 1960, laprovince – dont la capitale est Élisa-bethville (l’actuelle Lubumbashi) – auraun statut particulier, ses gouverneurs etvice-gouverneurs traitant directement

avec Bruxelles et non Léopoldville(aujourd’hui Kinshasa). Le 11 juillet1960, aidés des Américains, les Belges,qui ne voulaient pas renoncer à un siriche filon, soutiendront la sécession deMoïse Tshombé (lire p. 61), à laquellel’intervention des Nations unies mettraun terme en 1963. En 1971, le prési-dent Mobutu Sese Seko rebaptisera laprovince Shaba (« cuivre », en swahili),

L̓année 2010 a étémarquéepar la relance du secteurminier, dont la productiondoit quadrupler dʼici à 2015.Une dynamique qui permetà la province demoderniserses infrastructures et dediversifier son économie.Un vaste chantier.

MURIEL DEVEY, envoyée spéciale

PANORAMALERÉVEIL DLERÉVEIL DʼUNGÉANTB

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Le chef-lieu, Lubumbashi, compte2 millions d’habitants.

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un nom qu’elle gardera jusqu’à la chutedu Léopard, en 1997. Aujourd’hui, leKatanga est une zone d’affrontementgéopolitique et économique entre Occi-dentaux et Asiatiques.

Grâce à son secteur minier, qui abénéficié d’environ 9 milliards d’eurosd’investissements ces dernières années,la province représente entre 40 % et60 % du PIB de la RD Congo. Après des

décennies de monopole – de l’UMHKpuis de la Gécamines –, ce sont désor-mais des dizaines de sociétés privées,dominées par des étrangers, qui tien-nent le haut du pavé.

UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉMalgré sa taille, le Katanga ne compte

que 10 millions d’habitants, en partieconcentrés dans les villes (voir « Repè-

res ») de son Sud minier. Les groupesdominants y sont les Balubakat, lesArunds (Lundas et Tchokwes) et lesBembas. Plus quelques tribus, dont lesSangas. Si chaque communauté a sonidiome, le swahili s’est imposé à tous.Outre le français – langue officielle dela RD Congo –, l’anglais a fait une per-cée remarquée, liée à la présence desociétés anglo-saxonnes et asiatiques

L DʼUNGÉANTLERÉVEIL DʼUNGÉANTLE KATANGA EN BREF

2e plus grande province de RD Congopar sa superficie (après la ProvinceOrientale) avec 496877 km2, soitplus de 21 % de la RD Congo. Elleest à elle seule plus étendue que laplupart des grands pays du continent(comme le Cameroun: 475440 km2).

Population 10 millions d’habitants.

3 villes principales Lubumbashi(chef-lieu, 2 millions d’habitants),Kolwezi (1,5 million d’hab.)et Likasi (480000 hab.).

5 districts et 22 territoires (enplus des territoires urbains deLubumbashi, Kolwezi et Likasi) :• District du Haut-Katanga:Kambove, Kasenga, Kipushi,Mitwaba, Pweto, Sakania• District urbanorural de Kolwezi :Lubudi, Mutshatsha• District du Lualaba: Dilolo,Kapanga, Sandoa• District du Haut-Lomami : Bukama,Kabongo, Kamina, Kaniama,Malemba-Nkulu• District du Tanganyika :Kabalo, Kalemie, Kongolo,Manono, Moba, Nyunzu

Représentation nationale auParlement 69 députés, 4 sénateurs.

Gouvernement provincial Legouverneur (Moïse KatumbiChapwe) et le vice-gouverneur(Guibert Yav Tshibal) ont étéélus en 2007 par les députésprovinciaux pour cinq ans. Legouvernement compte 10 ministres.

Assemblée provinciale Composéede 103 députés, dont 44 élusau suffrage universel direct,elle est présidée par GabrielKyungu wa Kumwanza.

Langues Français (officielle), swahiliet plusieurs langues locales

Monnaie Franc congolais(CDF). Parité au 01/02/2011 :1 euro = 1239,25 CDF;1 dollar = 904,024 CDF.

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et à la proximité de pays anglophones.Les mines katangaises attirent aussi desétrangers et des ressortissants d’autresrégions congolaises (lire p. 78), en par-ticulier des deux Kasaïs. Une présenceque les politiciens locaux ne se priventpas de fustiger, surtout en période decrise économique. Dans les années1990, des milliers de Kasaïens ont ainsiété chassés du Katanga. Un terrible épi-sode, qui a laissé des traces.

Kinshasa a longtemps été accuséde profiter trop largement des fruitsde la riche province. L’arrivée, enmai 1997, à la tête du pays du Katan-gais Laurent-Désiré Kabila, remplacéen janvier 2001 par son fils Joseph,a changé la donne. Cependant, alorsque l’économie provinciale semblerepartir, des tensions existent entreKatangais du Nord (Balubakat), dontKabila père reste la référence et qui sesentent délaissés, et Katangais du Sudminier.

DES ÉCHANGES TOURNÉSVERS LE SUD ET L’EST

Porte d’entrée en Afrique australe,la province semble tourner le dos àl’Atlantique et à Kinshasa. Il n’en futpas toujours ainsi.

Quand la ligne angolaise du cheminde fer de Benguela (CFB) fonctionnaitencore et que les infrastructures detransport – ferroviaires, fluviales et rou-tières – de la RD Congo étaient en bonétat, c’est par la façade atlantique, viales ports de Lobito (Angola) et Matadi(RD Congo), que transitaient nombre deproduits importés destinés au Katanga

et qu’éta itévacué l’essen-

tiel des produits miniers. À partir desannées 1980, avec le délabrement destransports nationaux et l’arrêt du CFB,les flux commerciaux et économiques sesont déplacés vers l’Afrique australe etorientale et l’océan Indien. Un bascu-lement favorisé par le bon réseau rou-tier de ces régions ainsi que par l’inter-connexion du réseau sud de la Société

nationale des chemins de fer du Congoavec ceux des pays voisins. Et confortépar la place grandissante prise par l’Asiedans le commerce avec la RD Congo. Laréouverture du CFB pourrait réactiverl’axe angolais. Le géant sud-africain enprendra-t-il ombrage?

Car, de tous les pays du continent,c’est l’Afrique du Sud qui domine dansles échanges extérieurs du Katanga etqui investit le plus dans la province.

KASAÏOCCIDENTAL

LUALABA

HAUT-LOMAMI

TANGANYIKA

HAUT-KATANGA

KOLWESI

KASAÏORIENTAL

ZAMBIE

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LacMoero

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180 km

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BukamaKamina

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KanangaNyunzu Kalemie

Sakania

TANZANIE

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et qu’éta itévacué l’essen-

180 km

Voie ferrée

RN1

La TRUST MERCHANT BANK vous remercie

pour la confiance que vous lui témoignez

depuis le démarrage de ses activités en 20048

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Merci de continuer à nous porter vers l’excellence.

Votre équipe TMB

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60 LE PLUS KATANGA

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Une importance qui s’explique parsa puissance économique et les lienspolitiques qu’elle entretient avec laRD Congo, ainsi que par la présenced’un grand nombre de Congolais enAfrique du Sud.

Fort de ses mines, le Katanga n’enreste pas moins une province à l’écono-mie fragile. Malgré ses potentialités, lesecteur rural – agriculture, élevage etpêche – y tient une place marginale, etl’expertise minière n’a guère été valori-

sée à l’extérieur. L’actuel gouvernementprovincial s’emploie à diversifier l’éco-nomie et à mettre sur pied un réseaud’instituts supérieurs chargés de for-mer des ingénieurs et des spécialistesminiers. Il est temps. ■

SI UN KATANGAIS A MARQUÉ l’histoire contemporaine dela province et du pays, c’est Moïse Kapenda Tshombé.Né en 1919 à Musumba, cet homme d’affaires entre en poli-tique et prend la tête de la Convention nationale du Katanga(Conakat), un parti fédéraliste fondé en 1958. Après l’in-dépendance du pays, opposé au Premier ministre PatriceLumumba, Tshombé proclame la sécession de la province le11 juillet 1960 et, le mois suivant, est élu président de l’Étatdu Katanga. C’est à lui que Lumumba est livré le 17 janvier1961; il assiste à son exécution. Lorsque les Casques bleusdes Nations unies écrasent lasécession, en 1963, Tshombés’exile en Espagne. Ren-tré au Congo en 1964 pourdevenir Premier ministre dugouvernement de coalition,il est révoqué un an plustard par le président JosephKasa-Vubu alors qu’il vientde remporter les législatives.Nouvel exil. Le 30 juin 1967,Tshombé reprend le chemindu pays lorsque son avion estdétourné vers Alger, où il estincarcéré et où il meurt le30 juin 1969.

Autre personnalité mar-quante, Jason Sendwe,leader du parti Balubakat.Allié de Lumumba, il s’op-posa fermement à la sécession en lançant une rébellion. Éluprésident de la province du Nord-Katanga en 1963, il futassassiné en 1964.

Godefroid Munongo (1925-1992), numéro deux de laConakat et bras droit de Tshombé, fut son ministre de l’Inté-rieur durant la sécession du Katanga puis, en 1964, au seindu gouvernement central. Ministre des Affaires étrangèresdu Katanga sécessionniste, Évariste Kimba fut quant àlui nommé Premier ministre par Joseph Kasa-Vubu en octo-bre 1965, après le limogeage de Tshombé. Il ne resta enfonction qu’un mois, l’armée ayant pris le pouvoir. Kimba estresté dans la mémoire des Congolais pour avoir été le premierhomme politique pendu sur la place publique (avec deux de sescompagnons), sous Mobutu, pour tentative de coup d’État.

Neveu de Tshombé, Nguz a Karl-i-Bond (1938-2003) futplusieurs fois ministre des Affaires étrangères (1972, 1976-1977, 1979-1980) et Premier ministre (1980-1981 et 1991-1992) de Mobutu Sese Seko. Lors de l’ouverture démocrati-que d’avril 1990, il avait créé un parti d’opposition, l’Uniondes fédéralistes et républicains indépendants (Uferi), avantde se rapprocher à nouveau du chef de l’État.

Le Lushois Frédéric Kibassa Maliba (1939-2006), entréau gouvernement en tant que ministre de la Jeunesse et desSports (1967-1968, puis 1988), fut l’un des treize parlementai-res (dont Étienne Tshisekedi) qui défièrent Mobutu en 1982,au temps du parti unique, en fondant l’Union pour la démocra-tie et le progrès social (UDPS). Il a également détenu le porte-feuille des Mines sous Laurent-Désiré Kabila (1998-1999).

Enfin, parmi les personnalités politiques katangaisesd’aujourd’hui, citons Vincent de Paul Lunda Bululu.Professeur de droit, Premier ministre pendant la transition

(1990-1991), il s’est présenté àla présidentielle de 2006 pourle Rassemblement des forcessociales et fédéralistes (RSF,opposition) et, à 68 ans, estactuellement sénateur.

SONS ET LUMIÈRESHomme d’affaires – notam-

ment dans l’aviation et leshydrocarbures – et homme poli-tique – il fut deux fois ministrede Laurent-Désiré Kabila etsera ministre d’État sans porte-feuille de Joseph Kabila, avantde prendre ses distances –,Pierre-Victor Mpoyo, ditMpoy, 76 ans, est avant tout unartiste peintre de renomméeinternationale, exposé dansles plus grands musées et qui afréquenté les maîtres des artset des lettres (Picasso, Dali,Chagall, Cocteau, Malraux…).Parmi ses confrères qui ont fait

rayonner l’école de Lubumbashi, citons Pili-Pili Mulongoy(1914-2007) et Mwenze Kibwanga (1925-1999).

Côté musique, le chanteur et guitariste acoustique JeanBosco Mwenda (1930-1990) a séduit l’Afrique anglophoned’expression swahili, où ses titres racontant la vie quotidienneétaient aussi populaires que dans le Katanga. Ils n’ont cepen-dant pas conquis les Kinois, parce qu’il ne chantait qu’enswahili. Ses participations au Newport Folk Festival le firentconnaître des musiciens de jazz en Europe et aux États-Unis.

Enfin, le Katanga est également le berceau d’hommes demédias connus, à l’instar de Kibambi Shintwa (62 ans),directeur de la chaîne de télévision Numerica TV, à Kinshasa,de Kabulo Mwana Kabulo (56 ans), journaliste sportif à latélévision nationale et correspondant de Radio France Interna-tionale (RFI), et de son confrère Kasongo Mwema YambaYamba (60 ans), journaliste à RFI. ■ TSHITENGE LUBABU M.K.

Ils ont fait leKatanga... et leCongoIlsont fait leKatanga... et leCongo

Ci-dessus: Moïse Tshombé,alors Premier ministre, en1965. Ci-contre: Vincent dePaul Lunda Bululu en 1980;il est aujourd’hui sénateur.

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Créée en 2001, MCK TRUCKS Sprl est à ce jourl’une de grande entreprise de sous-traitance mi-nière en République Démocratique du Congo,dont le siège social est à Lubumbashi dans la richeprovince du Katanga.

Ses fondateurs : Messieurs MOISE KATUMBI CHAPWEet KENNETH MACLEOD

Moïse Katumbi s’est retiré de l’Entreprise au regardde ses obligations politiques, car il est l’actuel gou-verneur élu du KATANGA.

Ambitieuse, la société emploie plus d’un millier detravailleurs ,aussi bien locaux, qu’expatriés.

Elle s’occupe essentiellement de la vente de servi-ces dans le domaine minier, d’excavations principa-lement (forage, minage, chargement,...) avec unemoyenne annuelle de 15 million de m3, grâce à unegamme d’équipements classés parmi les plus impor-tants du pays, des pelles (allant jusqu’à 19 Tonnes),des camions benne de 25 à 100 tonnes, des sondeu-ses appuyées par des engins de terrassement com-prenant des niveleuses, des bulldozers, des char-geuses, des tractopelles et des arroseuses

Un investissement évalué à plusieurs millions de dol-lars américains. MCK TRUCKS SPRL, s’occupe égale-ment de travaux de génie civil, tels que la construc-tion de bassins de rejet d’usines, la construction etla réparation des plates-formes, l’entretien de rou-tes d’intérêt général et de desserte agricole.

Au registre de ses plus grands projets peuvent êtresignalés l’OPEN CAST MINE, KAMOTO mine souter-raine, KAKONTWE (CCC) aggregate and lime quarry,Kanfundwe mine à ciel ouvert, Kamoya pour lecompte de la Gécamines, de 2000 à 2008. La Minede diamant de Mbuji mayi pour le compte de ORYX

MCK TRUCKS SPRLPortrait d’un géant

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

Mine a ciel ouvert de Kinsevere ou la Société MCKs’occupe de l’excavation.

Engin en pleine maintenance.

Mr Moise katumbi.

Mr Kenneth Macleod.

Mr Paul Kaponda, Directeur Financier.

Mr Guy Kiluba, Directeur des Mines.

Une pelle en plein travail d’excavation.

Benne B40D transportant les minerais de la minevers le stock.

Une sondeuse Pantera 1500.

Une chargeuse alimentant le crusher.

Vue d’un bassin de décantation réalise par MCKTrucks au site de Ruashi Mining.

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Natural Ressources de 2003 à 2004. Dikulushi CopperMine pour le compte de Anvil Mining company Limi-ted de 2004 à 2007, Ruashi Mining pour le comptede Metorex, le projet Tenke Fungurume Mining pourFreeport McMoran, Chemaf pour le compte de ShalinaGroup entre autre.

Actuellement, elle continue de s’occuper de la sous-traitance minière et des travaux de génie civil dansplusieurs entreprises leader en RDC.

Reconnue pour son implicationsociale auprès des populationslocales, elle a construit des hô-pitaux, des écoles et foré despuits d’eau en milieux ruraux,avec également un soutienconséquent au domaine agri-cole local. Présente aussi dans

le domaine sportif, elle est notamment le sponsor duTP Mazembe, l’actuel vice champion du monde desclubs.

Pleine de promesses, cette entreprise de droit congo-lais poursuit son ascension avec pour priorité le bienêtre et la sécurité de ses travailleurs selon les normesinternationales admises dans le domaine, des rela-tions privilégiées avec sa clientèle, et le respect deses engagements envers les populations locales dansle respect de la protection de l’environnement.

En fait d’une appropriation locale du projet, la ges-tion courante de l’entreprise est actuellement assu-rée à 60 % par des cadres Congolais.

Propos recueillis par Nono N’Landu

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

SPRLMining Company KatangaTRUCKS

Pelle en pleine action.

Mr Kenneth au milieu avec le personnel.

La gente féminine de la direction.

Personnel de maintenance etdes approvisionnements.

Pelle en train de charger une benne Euclid100 tonnes.

des approvisionnements.

Euclid 100 tonnes allant au chargement des minerais.

Personnel du service informatique.

Dennis Collins,Directeur de la maintenance.

Eben, Directeur de la chainede commande.

Personnel du service des finances.

Équipe de TP Mazembe sponsoriséepar MCK Trucks.

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D epuis l’avion – un petit por-teur d’une vingtaine de pla-ces –, la vue est grandiose. Àl’est, la majestueuse rivière

Lualaba – qui prendra le nom de Congoà Kisangani – ondule à travers champs,tel un gros serpent repu. Et nous arri-vons à Kolwezi. Sur le trajet depuis l’aé-roport, hormis quelques camions et busjaunes « made in USA » qui sillonnentune route tout juste réhabilitée, rienn’indique que l’on se trouve dans le plusgrand centre minier de la RD Congo.Pas plus qu’en centre-ville, dans lacoquette commune de Manika, comme

endormie à l’ombre de ses arbres touf-fus. Seules les villas des anciens cadresde la Gécamines (lire pp. 68-69) rap-pellent le temps glorieux de l’ex-géantminier.

Il faut pousser jusqu’à l’ouest ducentre-ville et franchir la barrière d’ac-cès de la concession que la Gécami-nes partage avec ses partenaires pourréaliser que l’on est bien dans l’antredes « mangeurs de cuivre », comme lerappelle une pancarte rouillée. Devantnous, un paysage lunaire, parsemé detouffes de verdure. Sur plusieurs kilo-mètres, ce ne sont que mines souterrai-

nes et carrières à ciel ouvert – vastesgradins circulaires de pierre et de terrerouge, parfois envahis d’eaux bleutées –,remblais grisâtres, amas poudreux oli-vâtres, pylônes, usines… Le tout baignéde nuages de poussière et de fumée. Aulointain, on distingue des creuseurs,souvent très jeunes, et quelques femmeset négociants, « petits poucets » perdusdans l’immensité des lieux.

UNE CITÉ INTERNATIONALEL’empire minier de Kolwezi s’étend

bien au-delà de cette concession. Ilcouvre l’ensemble du district (formédes communes urbaines de Manika etde Dilala, et des territoires ruraux deLubudi et de Mutshatsha). L’un des plusgrands projets y est mené par KamotoCopper Company (KCC), un partenariat

REPORTAGE

Kolwezi enpleinecroissanceKolwezi enpleinecroissanceC e̓st dans lʼarc cuprifère, dont le district est le centre nerveux,que se concentrent les plus grandsgisements. Voyageau cœurdʼune ville qui grandit aumilieudes concessions.

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entre Katanga Mining, filiale du suisseGlencore, et la Gécamines. Sa fusionavec DRC Copper and Cobalt Project apermis à KCC de mettre la main sur lesimportants gisements de Kamoto et deKov. Glencore est aussi actionnaire deMutanda Mining, via sa filiale Samref,qui a confié l’exploitation de sa carrièrede Kisanfu au libanais Bazano. Glenco-re gère quant à lui l’usine, dont la pro-duction de 20000 tonnes de cathodesdoit tripler d’ici à 2012, grâce à deuxnouvelles unités d’électrolyse.

L’autre grande concession est confiéeà Tenke Fungurume Mining, contrôlépar l’américain Freeport-McMoRanCopper & Gold, aux côtés de son com-patriote Lundin et de la Gécamines: unroyaume d’une centaine de collines, àl’est de Kolwezi, formant les mines deKwatebala et de Tenke-Sefu-Fwaulu,auxquelles s’ajoutent deux usines detransformation du cuivre et du cobalt.

Parmi les poids lourds figure aussiMetalkol, dont l’actionnaire majo-ritaire, le kazakh Eurasian Natural

Resources Corp. (ENRC), a récupéréles riches rejets de Kingamyambo,autrefois attribués à KingamyamboMusonoi Tailings, une filiale du cana-dien First Quantum Minerals – dont lelitige avec l’État congolais sur ce dossierest actuellement soumis à un arbitrageinternational. ENRC a également pris lecontrôle de Boss Mining,qui exploite la mine deMukondo, à Kakanda, etdispose de deux concen-trateurs et d’une usinehydrométallurgique.

Des projets de pluspetite envergure, enphase d’exploration, sont menés parla Société d’exploitation des gisementsde Kalukundi, détenue par l’australienAfrico Resources, ainsi que par la Socié-té minière de Deziwa et Ecaille C, unefiliale de Platmin Congo. Les Indienssont présents également, via KisanfuMining, une coentreprise associantAurum, la Société minière du Katangaet Mineral Mining Resources.

Enfin, parmi les compagnies chinoisesopérant dans la province, la plus célè-bre est la Sino-Congolaise des mines(Sicomines), un partenariat entre ChinaRailway, Sino Hydro et la Gécamines.La Sicomines a hérité des gisementsde Dikuluwe, Mashamba, Jonction Det Cuvette Dima, mais leur explorationest retardée, la carrière étant noyée. LesChinois se rattrapent via la Compagnieminière de Musonoï (Western Mining)et la Minière de Kalumbwe Myunga(China Overseas Engineering Corp.), enphase d’exploration. Quant à la CongoDong Fang International Mining, ellepourrait reprendre l’exploration, actuel-lement à l’arrêt, des rejets de la mine deMutoshi, détenue par la Société minièrede Kolwezi (joint-venture entre AnvilMining et la Gécamines).

RESPONSABILITÉS SOCIALESForage, prospection, construction

de mines, production, réhabilitation etréalisation de concentrateurs et d’usi-nes métallurgiques… Les sites sont devéritables ruches. Certains sont aussipourvus de logements pour les ouvriersrecrutés aux quatre coins du monde.Les travailleurs congolais, eux, logenten ville, notamment dans les citésminières – Musonoï, Kapata et Luilu –construites par la Gécamines.

Pour nourr i r et soigner leursemployés et s’acquitter de leurs respon-sabilités sociales vis-à-vis des villagessitués dans leurs périmètres, les com-pagnies investissent dans l’agriculture(lire p. 74), forent des puits, construi-sent des hôpitaux, des écoles… Desréalisations auxquelles elles consacrentun pourcentage des droits superficiai-res et de la redevance minière; la partqui leur est demandée, selon elles.

Pourtant, certains exigent la mise enplace d’un organe tripartite – pouvoirspublics (État et province), société civileet représentants des miniers – chargéde contrôler la mise en œuvre effective,par les entreprises, de leurs responsa-bilités sociales.

Mais ce sont surtout l’approvisionne-ment énergétique et les transports quipréoccupent les miniers. Bien qu’assu-

Sur plusieurs kilomètres, ce nesont que mines souterraines

et carrières à ciel ouvert.

Espace urbain etzone minière se côtoient.

LacTanganyika

Katanga

Maniema

KasaïOriental

KasaïOccidental

Sud-Kivu

Lubumbashi

LikasiKolwezi

ZAMBIE

ANGOLA

TANZANIE

BURUNDIBURUNDI

Lubumb

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wezi LikLikLikLik

Cuivre et cobalt ManganèseCharbonUranium

CuivreÉtain

LubLub

èseèseèse

L’ELDORADO SE TROUVE AU SUD

CUIVRE

10%des réservesmondiales399935tproduitesen2010 (contre279000 t en 2007) et une prévision de1,8 million de tonnes en 2015

COBALT

34%des réservesmondiales39327 tproduites en 2010 (41000 ten 2007) et une prévision de 137800 ten 2015S

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rée par les centrales hydroélectriquesde Nseke et Nzilo, par la connexionaux lignes à haute tension de la cen-trale d’Inga (dans la province du Bas-Congo) et par des groupes électrogènes,l’offre en énergie est très insuffisante.Tous attendent donc l’achèvement de lacentrale de Busenga, sur la Lualaba, à50 km de Kolwezi.

Autre chantier suivi de près : lareconstruction du chemin de fer ango-lais de Benguela (CFB), détruit par la

guerre civile dans ce pays (1975-2002).L’État angolais, qui a confié les travauxà des entreprises chinoises, annonceque ce réseau de 1350 km devrait êtreopérationnel en 2012. Il permettrad’évacuer dans de meilleures condi-tions les minerais katangais depuisDilolo, le tout proche poste frontalier,et d’acheminer les équipements indus-triels lourds depuis le port angolais deLobito, sur la côte atlantique. D’ici là, letransport s’effectue surtout par la route,

avec ses aléas, en particulier sur le tron-çon Kolwezi-Likasi, en cours – enfin –de bitumage.

Implantation d’agences bancaires, demagasins, d’hôtels et de restaurants,amélioration de la voirie (en partiefinancée par les miniers)… Avec lareprise, Kolwezi s’équipe progressive-ment.

LE REVERS DE LA MÉDAILLEDe quoi réjouir Mme la maire, ex-ca-

dre de la Gécamines, qui fut bourgmes-tre de la populaire commune de Dilala.Mais la médaille a son revers. L’affluxde migrants venus d’autres districts duKatanga, des provinces voisines (Kasaïet Maniema), voire des pays limitro-phes, a fait exploser la population de

Kolwezi. « Nous avons 1,5 ou 2 millionsd’habitants, je ne sais pas… Ce que jeconstate, c’est que la ville s’étend de plusen plus vers le fleuve et que les familless’entassent dans une même pièce »,explique Charlotte Cime, « Maman »pour ses administrés.

Une urbanisation accélérée qui posedes problèmes, aussi bien en ce quiconcerne l’aménagement et les servi-ces urbains (logement, assainissement,eau, électricité…) que le civisme, lasécurité ou même l’alimentation. « Ilfaut remettre nos populations auxchamps », martèle l’élue, inquiète dudéficit de produits agricoles. Au premierrang de ses préoccupations figurentégalement la santé – avec des projetsde nouveaux hôpitaux, centres de santéet cliniques mobiles – et l’éducation. Lascolarisation primaire, notamment, esten forte baisse depuis la fermeture desécoles de la Gécamines. « Nous devonsrouvrir des écoles publiques, réhabi-liter notre université et nos institutssupérieurs, les doter en matériel, etconstruire des logements d’étudiantspour que Kolwezi redevienne le carre-four universitaire qu’il était autrefois »,martèle Mme la maire, qui imagine lemieux pour sa ville. Le cœur cuprifèrede la RD Congo le vaut bien. ■

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PLUS DE 1 200 PERMIS DE RECHERCHE, quelque 130 permis d’ex-ploitation… La province est un eldorado du cuivre. Et c’est dans l’arccuprifère, entre Kolwezi et Sakania, que se trouvent les gisementsles plus juteux. Donc les grandes sociétés, particulièrement les joint-ventures impliquant la Gécamines.

Dans la zone de Likasi, les poids lourds sont la Société d’exploita-tion de Kipoi (filiale de l’australien Tiger Resources, qui explore aussile gisement de Lupoto), Ruashi Mining (contrôlé par le sud-africainMetorex), la Compagnie minière du Sud-Katanga (groupe Forrest)et le libanais Bazano. Les Chinois sont notamment présents via laCompagnie minière de Luisha (China Overseas Engineering Corp.et China Railway Engineering Corp. – ou Crec) et l’important projetShituru Mining Corp. (East China Capital Holding).

Dans les zones de Lubumbashi et de Sakania, les grands projetssont menés par la Compagnie minière du Sud-Katanga (Forrest),qui dispose du nouveau concentrateur de Kipushi, la Société pourle traitement du terril de Lubumbashi (un partenariat entre Forrestet le finlandais OMG Kokkola Chemicals Holding BV), Ruashi Mininget Crec, qui traite la production de Comilu. Citons encore le projetde Chemaf (groupe indien Shalina Resources), celui de la Sociétéminière du Katanga (coentreprise entre des Indiens et la Gécamines)et, l’un des plus grands projets de la zone, Anvil Mining Kulu Concen-trate Kinsevere (AMSK), contrôlé par l’australien Anvil Mining.

Tout au Sud, l’exploration mobilise l’indien Aurum en partenariatavec Tiger Resources et la Sodifor, une coentreprise entre le sud-coréen Fortune et la Sodimico, qui a repris les titres miniers de Fron-tier et de Comisa (filiales de First Quantum). ■ M.D.

MAJORS ET JUNIORS S’ACTIVENT

La centrale électriquede Busenga,

sur la rivière Lualaba,est très attendue.

La concession de la Gécamineset de ses partenaires à Kolwezi.

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F in décembre 2010, la Générale des carrières etdes mines (Gécamines) est devenue une sociétécommerciale. Une mesure qui s’inscrit dans lecadre de la réforme des entreprises publiques du

pays. Mission de ses nouveaux dirigeants, Albert YumaMulimbi, président du conseil d’administration, et KalejNkand, administrateur délégué général (lire encadré) :permettre à la Gécamines de redevenir un opérateurminier à part entière, de nouveau capable de déployerune activité propre.

Un vrai défi, car l’ex-entreprise publique, née en 1967sur les cendres de l’Union minière du Haut-Katanga(UMHK), s’est effondrée sous l’effet cumulé d’une mau-vaise gestion, des troubles sociopolitiques des années1990, des affrontements de 1998-2003 et du gel desfinancements internationaux qui s’est ensuivi.

Trop exsangue pour payer les droits superficiaires (destaxes instituées par le code minier de 2002) comme pourrelancer l’outil de production ou l’exploration, la Gécami-nes a dû « libérer » nombre de ses permis et les concéderà des sociétés privées, sous forme de joint-ventures. Uneoption facilitée par l’ouverture du secteur à la concur-rence. Au total, trente-cinq contrats ont été signés, parmi

lesquels une trentaine ont été renégociés. Aujourd’hui,sept d’entre eux sont en production.

L’ex-géant minier ne possède désormais plus qu’une poi-gnée de gisements en propre, dont une partie sans réservescertifiées. S’y ajoutent quelques unités industrielles (concen-trateur de Kambove, usine de zinc et four Felco à Kolwezi,usines pyrométallurgiques de Lubumbashi et de Shituru,fonderie de Panda à Likasi, usine d’électrolyse de Luilu…) oùsont traités les minerais provenant des remblais de Mukineet des rares mines exploitées par la Gécamines (dont cellede Kilamusembu), ceux de certains joint-ventures, et ceuxlivrés par des coopératives de creuseurs en échange de leuraccès aux mines. Soit une production propre de 20000 ton-nes de cuivre et de cobalt par an. Très loin des 450000 t de

ENTREPRISE

LaGécaminesLaGécaminesen sursis?en sursis?Contrats renégociés, réorganisationen profondeur, changement de statutet de direction... En 2011, lʼex-sociétépublique prend un nouveau départ,maisest loin dʼavoir tous les atouts enmain.

NOMMÉS LE 20 NOVEMBRE 2010PAR LE CHEF DE L’ÉTAT, JosephKabila, les nouveaux dirigeants dela Gécamines sont tous deux katan-gais et proches du gouverneur dela Banque centrale du Congo (BCC),Jean-Claude Masangu Mulongo. Lenouveau président du conseil d’ad-ministration, Albert Yuma Mulimbi,également proche du président, estune figure bien connue du milieudes affaires. Depuis 2005, il présidela puissante Fédération des entre-prises du Congo (FEC). À 55 ans, cethomme à poigne, originaire du norddu Katanga, ancien étudiant de

l’Université catholique de Louvain(en Belgique), cumule les casquet-tes. Outre les fonctions de directeurgénéral adjoint d’Utexafrica (filialede la société financière et de ges-tion Texaf), qu’il a rejoint en 1983,il est administrateur de plusieurssociétés congolaises et de diver-ses institutions – dont la Chambrede commerce belgo-congolaise –,vice-président pour l’Afrique cen-trale de la Conférence permanentedes chambres consulaires africai-nes et francophones et, depuis2003, administrateur et présidentdu comité d’audit de la BCC.

Né à Likasi le 19 novembre 1960,économiste de formation (optiongestion financière) et diplômé del’Université de Kinshasa, KalejNkand a quant à lui fait l’essentielde sa carrière à la BCC. D’abord audépartement études, ensuite entant que directeur de la banqueau Katanga (2001-2009) et, enfin,comme directeur de la trésorerie.Avec un interlude de deux ans augouvernorat du Katanga, où il offi-cia comme conseiller économiqued’Augustin Katumba Mwanke, quifut gouverneur de la province de1998 à 2001. ■ M.D.

UN TANDEM FINANCIER AUX COMMANDES

Le groupe a dû former des joint-ventures, commela Société pour le traitement du terril de Lubumbashi.

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1986, l’année record. Le niveau de production espéré par lanouvelle Gécamines est de 35000 t de cuivre et de cobalten 2011 et de 75000 t en 2015.

L’URGENCE: CERTIFIER LES RÉSERVESLa stratégie de l’entreprise tient en deux points. Il s’agit

tout d’abord de relancer la prospection et la recherche afinde confirmer les réserves de ses gisements. Il lui faut ensuiteinvestir dans la réhabilitation et la modernisation des usi-nes existantes, ainsi que dans la construction d’une usined’extraction par solvant – enveloppe nécessaire pour la seuleannée 2011 : 150 millions de dollars (110 millions d’euros).

Mais comment lever des fonds alors que la dette de laGécamines s’élève à 1,6 milliard de dollars et que son acti-vité de production ne rapporte que de 50 à 100 millionsde dollars par an? La solution ne se trouve pas du côté despartenariats : les pas-de-porte dus par les sociétés contrac-tantes n’ont pas été entièrement réglés et les royalties nesont pas énormes. Quant aux dividendes que la Gécaminespeut espérer tirer de ces accords, il va falloir attendre, beau-coup de projets étant en phase d’investissement. Impossibleaussi, pour le moment, de faire entrer des investisseurs pri-vés dans le capital de la nouvelle entité – détenue à 100 %par l’État –, faute de « biscuits » à leur proposer. Tout estsuspendu à la certification des réserves.

Outre l’établissement de règles de gestion rigoureuses afinde dégager plus de bénéfices, la nouvelle direction misesur l’allègement de la dette de la Gécamines : « On doit sedéfaire d’un passif que l’entreprise ne pourrait pas assu-mer », explique Kalej Nkand. Autre cible : la réduction de lamasse salariale, avec la mise en retraite ou en préretraitede 3500 à 4000 employés, soit près de la moitié de l’effectifactuel, pour un coût d’environ 20 millions de dollars. ■

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Chemaf SPRL est un leader dans la production duCuivre et du Cobalt en République démocratiquedu Congo (RDC) ; Chemaf est une société de droitcongolais, enregistrée au nouveau registre de com-merce de Lubumbashi.

À partir de la mine de L’Étoile la productionannuelle est de :

◆Mine de l’étoile : 1,5 Million de tonnes de mineraisa 3,1% Cu et 0,5% Co.◆ Usines hydrométallurgie d’USOKE : 18 000 tonnesde Cathodes de Cuivre à 99,999% et 3 000 tonnes deCobalt sous forme de Carbonate à 20 % Co.

Réserves Géologiques :

En dehors de la mine de l’Étoile, actuellement enexploitation ayant près de 15 millions de tonnesde minerais contenant 540 000 tonnes de Cuivre et100 000 tonnes de Cobalt, Chemaf détient près de42 permis de recherche, principalement aux alen-tours de Kolwezi, à coté des grands gisements etmines de la ceinture du Cuivre.

Métallurgie de pointe pour des résultatsexceptionnels :

◗ Concentration en Milieu denseLe traitement de minerais à CHEMAF SPRL commen-ce par une concentration en milieu dense des tout-venant de la mine de L’Étoile - Le concentrateur aune capacité de traitement de 8 000 tonnes sèchespar jour à 0,6 % Co et 3 % Cu, pour produire près

de 700 tonnes sèches de concentré par jour à 10 %Cuivre et 1% Co ;

◗ Concassage, broyage et lixiviationLe concentré est ensuite acheminé vers l’atelier deconcassage et broyage humide ; la pulpe issue dubroyage est ensuite épaissie sur un filtre à bandehorizontale qui en extrait l’eau ; le gâteau épais-sie est ainsi repulpé avec le raffinat provenant del’unité d’extraction par solvant Cuivre tandis quel’eau extraite est recyclée au broyeur ; la lixiviationdu cuivre et du cobalt se fait par addition d’acide etdu dioxyde de soufre ; la séparation solide liquideaprès lixiviation se fait sur une série des décanteurslaveurs, filtres presses et filtre à bande horizontalepour générer la liqueur mère qui est pompée au cir-cuit d’extraction par solvant du Cuivre.

◗ Extraction par solvant du CuivreLe cuivre est extrait de la liqueur mère par un sol-vant organique sélectif pour générer le raffinat quiest envoyé à l’étape de récupération du cobalt. Laphase organique chargée en cuivre est régénéréeaprès stripage puis recyclée en tête d’extractiontandis que la phase aqueuse chargée en cuivre estenvoyée à l’électrolyse d’extraction.

◗ Électro- extraction du CuivreLa solution riche en cuivre débarrassée de la phaseorganique est ensuite pompée dans un tank de recir-culation où elle circule dans des cellules d’électro-lyse où le cuivre est déposé sous forme métallique.Les cathodes de cuivre obtenues ont une pureté del’ordre de 99,999 % Cu.

CHEMAF : L’expertise

CHEMAF

www.chemaf.com

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◗ Extraction du CobaltAvant extraction du cobalt la saignée de raffinat estsoumise à une étape de purification dans laquelle lecuivre résiduel, le fer, l’aluminium et le manganèsesont éliminés ; le filtrat provenant de cette étapede purification est pompé dans des cuves placéesen cascades pour précipiter le Cobalt sous formede carbonate ; la pulpe après réaction est épaissieet filtrée sur des filtres presses pour obtenir un gâ-teau humide qui sera ensuite séché pour obtenir lecarbonate de cobalt en poudre titrant 20-30 % Co.La précipitation bien que récupérant avec succès lecobalt , n’élimine pas pour autant toute les impure-tés telles que le Manganèse, le magnésium, le Zinc,le Nickel... Aussi Chemaf a-t-il décidé d’utiliser enplus de la précipitation, l’extraction par solvant etl’électrolyse du cobalt pour produire du cobalt dehaute pureté ; pour ce faire, un circuit d’extractionpar solvant et électrolyse du cobalt d’une capacitéde 6 600 tonnes par ans et en cours de constructionet sa mise en service est prévue pour le deuxièmesemestre de l’année 2012.

Responsabilités sociale et développementcommunautaire

◗ Domaine de l’infrastructure- Construction des routes asphaltées dansla commune Kampemba,

- Construction des ponts dans la ville de Kolwezi- Réhabilitation des locaux des écoles locales,- Contribution a l’amélioration de la desserte eneau et l’électricité au Katanga.

◗ Domaine de la santé et du sport- Soins médicaux gratuits pour les travailleurset leurs familles,

- Don de médicaments et soutien aux hôpitauxet centre de santé locaux,

- Sponsoring des équipes sportives locales.

◗ Domaine de l’éducation- Attribution des bourses et soutien à l’universitéde Lubumbashi,

- Formation continue pour les travailleurs.

Chemaf Emploie plus de 3 000 employéset contribue à leur bien être.

◗ Projets d’extension- Augmentation de la capacité de l’usine d’USOKEpour produire ≥30000 tonnes Cuivre cathodiqueet ≥ 3000 Cobalt sous forme de carbonate - 2012,

- Construction d’une usine de flottation à la minede l’Étoile pour le traitement des minerais mixteet sulfurés - 2013,

- Construction d’une usine d’extraction par solvantet électrolyse cuivre à la mine de l’étoile - 2014,

- Construction d’un concentrateur en milieu denseà Kapamba (Kolwezi) - 2014.

Shiraz VirjiChairman

de Chemaf-SPRL

www.chemaf.com

Siège social : 144 Avenue USOKE,Quartier Industriel, Commune de Kampemba,

Lubumbashi / Province du KatangaRépublique Démocratique du Congo

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L’ un des premiers bénéficiai-res de la reprise économiquekatangaise est le secteurbancaire. Outre les acteurs

anciennement implantés – Banquecommerciale du Congo (BCDC) etBanque internationale pour l’Afri-que au Congo (Biac) – et la Trust

Merchant Bank, dont le siège est àLubumbashi (créée en 2004, elleest déjà l’une des plus importantesbanques congolaises), de nouveauxétablissements ouvrent des agencesdans le chef-lieu de province et lesautres villes du bassin minier, dontla Banque internationale de crédit etRawbank. L’objectif : engranger lesdépôts des particuliers, des PME et,surtout, des grands comptes, notam-ment des miniers, « censés rapatrier

40 % de leurs recettes d’exportationdans les banques locales », indiqueDidier Tilman, directeur de Rawbankdans le Katanga.

En matière de transports, la Sociéténationale des chemins de fer du Congo(SNCC), dont les voies et le matérielroulant sont très dégradés, n’est pas

la mieux placée pourrépondre aux besoinsdu s e c t eu r m i n ie r,en pleine expansion.D’autant que « le trafic,qui est actuellement de8 000 à 10 000 tonnespar mois, doit passer à

40 000 t par mois en 2015 », indiquele directeur commercial de la SNCC,Ir Wassa Wa Gombele. Le lancement,en 2011, du projet de transport mul-timodal (PTM), qui prévoit, entreautres, le renouvellement de 200 kmet la restauration de 490 km de voies,ainsi que l’achat de matériel roulant,devrait améliorer la situation… Maispas avant trois ans – au moins.

Le déclin du chemin de fer a pro-fité aux transporteurs routiers. L’es-

sentiel du trafic se fait en effet par laroute, les exportations minières et lesimportations de marchandises diver-ses (dont les intrants pour l’industrieminière) mobilisant chaque mois 600à 900 camions, qui font la jonctionentre la province et les ports de Tan-zanie, de Namibie et d’Afrique duSud. Une manne, vue du péage rou-

ÉCONOMIE

Les affairesLes affairesreprennentreprennentAvec la relance de lʼactivité minière, lʼembellieprofite en premier lieu aux secteurs de la banque,des transports, du BTP et des services.

VICTOR NGEZAYOPrésident du groupe Ngezayo

L̓HÔTELLERIE COMME SECONDE NATURETOUT COMMENCE EN 1974, quandVictor Ngezayo crée Tour Hôtel,une chaîne d’ampleur nationale,avec des partenaires étrangers etcongolais. De cette aventure naîtrontquelques hôtels célèbres implantésdans l’est de la RD Congo – d’où lamère de Ngezayo est originaire – et àKinshasa. En 1981, il rachète le ParkHôtel, l’ex-Léo-II, fondé en 1929, uneinstitution du centre-ville de Lubum-bashi. « Le projet était porteur, car àl’époque, l’économie était soutenue

par la Gécamines. » Tout baignejusqu’en 1998, lorsqu’éclate la guerre.L’hôtel sera occupé jusqu’en 2003.Des déboires qui ne découragent pasNgezayo. Pas plus que la baisse dutaux d’occupation en 2008-2009, liéeà l’effondrement du secteur minier.Depuis, l’activité est repartie. Aprèsun changement de direction et l’arri-vée d’un nouveau chef de cuisine, desinvestissements sont engagés pourrénover le Park Hôtel et accueillir uneclientèle appelée à croître. ■ M.D.

Le déclin du chemin de fer aprofité aux transporteurs

routiers, surtout sud-africains.M

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tier entre Kolwezi et le poste douanierde Kasumbalesa, mais une surchargecatastrophique pour les routes.

Près de 80 % du marché du trans-port routier est occupé par des Tanza-niens et, surtout, des Sud-Africains.Les transporteurs congolais sont peunombreux. À l’exception de la sociétéHakuna Matata, leurs moyens leurpermettent rarement de s’acquitterdu dépôt de garantie demandé pourlever les marchandises dans les portsde la sous-région.

SOUS-TRAITANCE LOCALELe transport aérien a aussi pris de

la hauteur. Luano, l’aéroport interna-tional de Lubumbashi, est desservitant par des compagnies provincia-les (qui assurent les liaisons avecl’hinterland minier), que nationales(dont, prochainement, Korongo Air-lines, fruit d’un partenariat entre lebelge Brussels Airlines et l’Entreprisegénérale Malta Forrest, berceau dugroupe George Forrest Internatio-nal) et internationales (South Afri-can Airways, Ethiopian Airlines etZambezi Airlines). Le dynamisme des

échanges bénéficie bien entendu auxdivers transitaires internationaux,comme Gecotrans et SDV.

Toujou r s pou r répond re au xbesoins et à la demande des miniers,d’autres activités se développent :restauration collective, logistique,t ravaux de géolog ie , d ’ana ly se

minérale, fourniture de matérielset d’intrants… De quoi favoriser lasous-traitance locale. Cependant,« beaucoup de miniers ont leur pro-pre circuit d’approvisionnement etleurs sous-traitants habituels, quisont à l’extérieur. Ils se débrouillentdonc seuls », explique Félicien Tshi-

bangu Yamba, le président de la sec-tion katangaise de la Fédération desentreprises du Congo (FEC).

Dynamisés par les besoins en usi-nes, en bureaux et en logementsdes miniers, ainsi que par les pro-grammes routiers ou les projets deréhabilitation et de constructionde centrales hydroélectriques, leschantiers d’infrastructures et de BTPmobilisent des sociétés locales (Safri-cas, Forrest…) et étrangères (dont lesud-africain Group Five et la ChinaRailway Engineering Corporation).Misant sur ces marchés porteurs, legroupe Forrest compte, d’une part,investir dans l’hydroélectricité enpartenariat avec des Sud-Coréens et,d’autre part, relancer la productionde ses deux cimenteries, Interlacs etCimenkat, en s’associant avec l’alle-mand HeidelbergCement. ■

MURIEL DEVEY

PARCS NATIONAUX DE L’UPEMBA ET DES KUNDELUNGU, lacs naturels– dont le vaste Tanganyika –, chutes de la Lofoï, source du fleuve Congo,villes historiques rappelant l’aventure minière… Le Katanga a de quoiattirer les visiteurs de tout poil. En particulier la nouvelle générationdes écotouristes. Toutefois, en dehors des villes minières, qui abritentl’essentiel des hôtels, et du parc animalier Muyambo Park, près deLubumbashi, peu de sites ont été aménagés pour le moment.Par ailleurs, si le Sud minier est doté d’un assez bon réseau routier,le reste de la province n’est guère facile à parcourir. La rare clientèletouristique se compose pour l’heure de visiteurs locaux (expatriés etCongolais aisés) et de quelques hommes d’affaires étrangers de pas-sage. Pour développer un marché qu’ils savent porteur, certains acteursprivés, comme la société congolaise Number One, investissent dans lareconstitution de réserves de faune et la création de lodges. D’autrespréparent des projets d’aménagement de sites lacustres, propices auxsports nautiques et à la pêche sportive. ■ M.D.

MILLE ET UNE POSSIBILITÉSPOUR L’ÉCOTOURISME

Le groupe Forrestcompte investir dans

l’hydroélectricité avecdes Sud-Coréens.

Les établissements financiers (ici à Lubumbashi)sont les premiers bénéficiaires de la reprise. M

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M algré leur potentiel agro-pastoral et piscicole, lescampagnes katangaisesne nourrissent pas la pro-

vince, contrainte d’importer une grandepart de son alimentation. « La moitiéde nos besoins en maïs, soit environ500000 tonnes par an, est couverte pardes importations venant de Zambie, duMalawi et d’Afrique du Sud », expliquele ministre provincial de l’Agriculture,Barthélemy Mumba Gama. De même,une grande partie du poisson et de laviande consommés localement vient deNamibie et du Zimbabwe. Sans compterle blé, le riz, le sucre, l’huile de tableet autres produits qui arrivent du Bré-sil, du Moyen-Orient, de Chine et deThaïlande.

CERCLE INFERNALTant et si bien que le montant consacré

aux importations alimentaires est troisfois plus élevé que celui provenant de laredevance minière. Un cercle infernal,particulièrement dangereux en périodede crise alimentaire mondiale et dans lecadre d’une économie extravertie car,comme le précise Barthélemy MumbaGama, « les exportations minières et les

importations alimentaires du Katangasont, les unes et les autres, très dépen-dantes des cours mondiaux ».

Cette situation trouve son originedans les faibles rendements de l’agricul-ture villageoise, qui produit pour uneconsommation locale mais ne couvrepas les besoins urbains, et dans la préé-minence du secteur minier, qui mobilisel’espace et les énergies.

Pour inverser la tendance, le gou-vernement provincial s’est donné troispriorités. La premièreest d’inciter les petitsexploitants à se regrou-per en coopératives etde leur fournir desintrants et des outilsagricoles plus perfor-mants, notamment depetits tracteurs. Il s’agit également desécuriser le foncier face aux sociétésminières, afin d’éviter que les cultiva-teurs soient délogés de leurs terres lors-que les concessions entrent en phased’exploitation, et, enfin, d’encourager lacréation de grandes sociétés agricoles.

Une stratégie qui commence à porterses fruits puisque la plupart des entre-prises minières ont aujourd’hui déve-

loppé des activités dans le secteur. « Oncompte déjà 36 fermes émergentes, noteMumba, dont les superficies variententre 1000 et 3000 ha. »

Ces fermes mécanisées s’ajoutent auxgrands domaines et ranchs existants– Grelka (Forrest), Number One, Kifitaet Mangombo à Kolwezi – ainsi qu’à desfermes plus petites, aménagées à l’épo-que coloniale dans la ceinture cuprifère.Reprises en majorité par des Congolaispratiquant une culture vivrière, ces der-

nières sont tournées vers le maraîchageet la production de semences, en plusd’un petit élevage.

Malgré ces premiers efforts, beaucoupreste à faire. Notamment dans l’ouest etle nord de la province, terres de maïset de manioc, où bien des villages sontencore enclavés et les techniques cultu-rales rudimentaires. ■

MURIEL DEVEY

AGRICULTURE

Vers davantage dʼautonomieVers davantage dʼautonomieLargement sous-exploité, le potentiel de la province commence, enfin, à êtremisen valeur. Objectif : sʼémanciper de la dépendance aux importations alimentaires.

La plupart des sociétés minièresont investi dans la création degrandes fermes mécanisées.

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Plantation de riz près de Kashobwe,dans l’est du Katanga.

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LE GROUPE FORRESTINTERNATIONAL :UN PILIER INDUSTRIELDE LA R.D.CONGO

GroupeForrest International est un groupe de sociétés appartenant à George Arthur FORREST oùdans lesquelles, il détient une participation. La naissance duGroupeForrest International remonte à1922, année au cours de laquelleMalta FORREST créa sa société dans la province duKatanga. En 1986, sonfils, George Arthur FORREST, prit seul, la direction de l’entreprise familiale et lui donna un nouvel essor.

Par la diversification de ses activités, le Groupe Forrest International s’est érigé en un opérateuréconomique incontournable de la République Démocratique du Congo. Il en est aujourd’hui un desprincipaux investisseurs et employeurs privés. Le Groupe est actif dans le secteur minier, l’industrie duciment, les travaux publics et de génie civil, l’énergie renouvelable, le domaine aéronautique, le montageindustriel, la santé et l’agroalimentaire. L’activité de ses sociétés procure un emploi à prés de 15 000personnes.

Parallèlement à ses activités économiques et compte tenudu contexte socio-économiquede laRépubliqueDémocratique du Congo, leGroupeForrest International est particulièrement impliqué dans desprojets sociaux. Notamment via la Fondation Rachel Forrest, qui elle, finance des initiatives dans lesdomaines de l’enseignement, la santé, le sport, l’agriculture ou encore l’environnement.

Malgré les conflits qui ont ravagé lepayspendantprèsdehuit années, leGroupeForrestInternationalest l’une des rares entreprises a n’avoir jamais suspendu ses activités, ni ne s’être détournée du pays et de lapopulation congolaise. Elle a au contraire continué à y investir, entraînant dans son sillon des investisseursoccidentaux de premier plan.

GeorgeArthur FORREST, président duGroupe estConsul honoraire deFrance àLubumbashi. Enmars2007, il a été nommé Président d’Honneur de la Chaire UNESCO pour l’Afrique centrale et les pays dela SADC. Fervent promoteur de la transparence dans le secteur minier, il est également, depuis octobre2007, membre du Comité de Pilotage de l’Initiative pour la Transparence dans la gestion des IndustriesExtractives (ITIE) en RépubliqueDémocratique du Congo.

Il est finalement un ardent défenseur de l’art contemporain congolais, notamment via l’ASBLDialoguesqu’il financeentièrement.Celle-ci soutient les artistes congolais etpromeut leursœuvrespardes expositionstant en RépubliqueDémocratique du Congo qu’en Europe et dans le reste de l’Afrique.

GROUPE FORRESTINTERNATIONAL

Avenue USOKE 359 LubumbashiKatanga – RDCTél. : +243 99 534 00 00 /

+243 81 558 10 10Fax : +243 (0) 23 42 223E-mail : [email protected]

www.forrestgroup.com DIFCOM/D.F._PHOTOS:D.R.

•De gauche à droite :mine de Luiswishi exploitéeparCMSK, sous-traitanceminière par EGMF, pontà peser pour poids-lourdsréalisé par EGMF, couléedemétal dans l’usine STL.

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Ruashi Mining Sprl est situé dans les périphéries de Lubumbashi, dans la province du Katanga, qui est le berceau minéralde la République Démocratique du Congo.

Ruashi Holding Ltd (Pty), est une filiale de Metorex Ltd enregistrée en Afrique du Sud, et a 75 % d’actions dans RuashiMining, une société à responsabilité limitée anonyme privée enregistrée en RDC. L’autre 25 % de Ruashi Mining est tenupar la Générale des Carrières et des Mines « Gécamines » une société d’État en RDC.Metorex Ltd est une société minière publique incorporée en République Sud-Africaine et coté en bourse sur le JSE.

Jusqu’ici, des activités minières à la Mine de Ruashi ont été effectuées en deux phases. La construction de l’usine deconcentrateur de la phase I de Ruashi (« Phase I ») qui a débuté en mai 2005, et a constitué une usine de concentrateurd’oxyde pour traiter les réserves des minerais d’oxyde laissées par Union Minière du Haut Katanga (UMHK) et Gécami-nes. Le premier concentré a été produit en septembre 2006.

Le concentrateur de la phase I a été placé sous le soin et l`entretien en 2008 comme la production de l’usine hydrometal-lurgical de la phase II de Ruashi (« Phase II ») commençait . L’usine de la phase II a constitué un processus hydrometal-lurgical qui incorpore la lixiviation-décantation, l’extraction par solvants/l’électrolyse (« SX-EW ») et les opérations deprécipitation de cobalt.

La construction de l’usine de la phase II a débutée en mars 2007 et a été suivie de près du début des travaux dans la mineà ciel ouvert en octobre 2007. L’usine de la phase II a été construite et commissionnée étapes par étapes pour permettrela production « du cuivre de premier jet -sans extraction par solvent- » (cuivre direct d’Électrolyse-EW- à l’exclusion deSX). Le cuivre de premier jet a été produit la première fois en mars 2008 avec le circuit de cuivre complet (SX de incor-poration) commissionné en octobre 2008. L’installation de cobalt a été mise en service en février 2009. Les sections delixiviation et de décantation de l’usine ont atteint la capacité de conception (1.44mtpa), tandis que les sections d`aval (SX-EW) sont toujours en chemin pour attendre la capacité de conception, principalement à cause des teneurs d’alimentationobtenues qui étaient plus faible que celles prévues lors de la commission.

Pendant que Ruashi réalise maintenant uniformément ses nombres visés de production, elle a également développé despolitiques de sécurité de travail, de santé, de environnementales et de communauté de niveau international, et exécute dedivers programmes sociaux, dont certains sont montrés sur cette page. C’est la devise de Ruashi d’ajouter la valeur à tousles parties prenantes affectées.

WE ADD VALUE - ALLONS DE L’AVANT

Une usine Moderne

Approvisionnement en eau

Production du Cuivre

Approvisionnement en électricité Promotion de l’enseignement

Produits fins de cuivre 99 %

Produits fins de cuivre 99 %

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PORTRAITS

CulturedurisqueCulturedurisqueIssus dʼautres secteurs, ils ontmisé sur ledéveloppement des filières agroalimentaires.Itinéraires particuliers dʼexploitants et dʼindustriels.

LEILA KATEBEDirectrice de KTB

LA FONCEUSEBien qu’issue d’une familled’entrepreneurs, elle n’a riend’une fille à papa. Diplôméeen management de l’Écolepratique des hautes étudescommerciales de Bruxelles,Leila Katebe rentre au paysen 2004, bien décidée à faire

cavalier seul. Après avoir créé KTB, une société spécialisée dansl’importation de produits alimentaires (poisson et viande conge-lés, produits secs), dont elle est directrice, elle investit dans lesinfrastructures (magasins, locaux industriels) et dans une flottede camions pour ravitailler l’intérieur de la province. Elle poursuitla diversification de ses activités en créant une boulangerie indus-trielle et une pâtisserie à Lubumbashi, ainsi qu’une ferme à Likasi,qui produit du maïs. Ses projets: développer ses activités agrico-les et se lancer dans la pêche industrielle. Pour approvisionner leKatanga, puis d’autres provinces de la RD Congo. « L’agricultureest notre richesse. On ne peut pas vivre que d’importations »,martèle cette trentenaire au sourire éclatant. ■ MURIEL DEVEY

MUKALAY NSENGA SONKUEPDG de Mukalay et Frères

DU COMMERCE AU MOULINAprès avoir été initié par son aîné, en 1986,Mukalay Nsenga Sonkue – fort du petitpécule que son frère lui accorde – se lancedans le commerce en créant Mukalay etFrères. En 2008, après un bref intermèdeminier, il opte pour l’agroalimentaire etlance une minoterie à Lubumbashi, quiproduit du son pour bétail et, surtout, de lafarine de maïs pour la fabrication du foufou,aliment de base des Katangais. « J’ai choisicette activité car la population consacrel’essentiel de ses revenus à l’alimentation »,explique-t-il. Alors que sa première machinelui permettait de traiter entre 5 et 10 tonnesde maïs par jour, la toute nouvelle, importéed’Afrique du Sud, a une capacité quotidien-ne de 55 t. Pour faire tourner son moulin,Mukalay doit importer chaque mois plusde 1500 t de maïs de Zambie, la productionlocale étant insuffisante, et garde en perma-nence un stock de sécurité de 4500 t. ■ M.D.

VICTOR MULONGO MUKALAYExploitant de la ferme Nsenga Lutanga

GENTLEMAN-FARMERIl y a longtemps que cet ancien haut fonctionnaire a compris que« sans l’agriculture, la RD Congo ne [valait] pas un penny ». Or sison statut ne l’autorisait pas à exercer des activités lucratives, ilne lui interdisait pas celle-ci. En 1978, Victor Mulongo Mukalayrachète donc une ferme avicole, à 12 km de Lubumbashi, que sonancien propriétaire n’avait pas récupérée après la restitution desbiens « zaïrianisés ». Il la rebaptise Nsenga Lutanga, du nom deson grand-père maternel, et en confie la gestion à son frère. Unefois à la retraite, il en reprend les rênes.Aujourd’hui, outre l’élevage de canardset de lapins, la ferme produit quelque2000 poulets de chair, 5000 œufs et100 porcs par mois, vendus sur les mar-chés de Lubumbashi, ainsi que du maïs(cultivé sur 100 ha), et des semences(maïs, soja et haricots). Mulongo a dûfaire une croix sur le maraîchage, « enraison de la pollution de la rivière Kafubupar les industries minières ». ■ M.D.

AGNÈS KILUMEPrésidente et gérante de la ferme SafariInternational-SOD

MADAME SÈMECette ex-cadre de laGécamines, qui fêterases 60 ans cetteannée, a toujours euune passion pourl’agriculture. En 1998,tout en assumantses fonctions dedirectrice commer-ciale, elle achète uneferme dans la vallée de la Lufira. « Nousconsacrons 218 ha à des cultures vivrières,notamment du maïs, et 8 ha de bas-fondsau maraîchage. On fait aussi un peu d’éleva-ge et de pisciculture. » Agnès Kilume vendsa production à des sociétés minières.En 2009, constatant que la région man-que de semences vivrières de qualité, ellese tourne vers cette production, qui estaujourd’hui devenue son activité principale.Elle y consacre une centaine d’hectares,dont 20 aux semences de maïs et 10 auxboutures de manioc. En 2010, elle a ajoutéune nouvelle corde à son arc en se lançantdans la production de semences maraîchè-res (gombo), en partenariat avec le belgeSomers Seeds, qui lui fournit les intrants,et le congolais MaPhartech, qui assure lacommercialisation. ■ M.D.

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B elges, Grecs, Italiens, Portugais… Ils étaientquelque 30 000 dans la province en 1960.Aujourd’hui, les ressort issants européens,descendants d’ex-cadres de l’Union minière

du Haut-Katanga et de la Gécamines ou de familles decolons, sont environ 1 300, concentrés à Lubumbashi,Likasi et Kolwezi. Parmi eux, quelquesentrepreneurs de premier plan.

En tête des Belges, le groupe GeorgeForrest International, né de l’Entreprisegénérale Malta Forrest (EGMF, créée dansle Katanga en 1922), est de loin le plusdiversifié (BTP, mines, agrobusiness, ciment, banque…). Ilest suivi de Number One (élevage, abattoir, charcuterie etcatering), de Demimpex Afrique (distribution automobile)et d’une kyrielle de PME. Les principaux représentants dela communauté italienne sont Edile Construction et Scor-pion (transports), et les Grecs restent présents à travers

Psaromatis (supermarchés, commerce de gros, distributionde carburant, agroalimentaire), Evangelatos (ferme agri-cole et import-export) et Relacom (biscuiterie).

Au fil des ans, d’autres nationalités sont venues occuperla place laissée vacante par les Européens qui ont fui lestroubles qu’a connus la province après l’indépendance.

Certaines ont consolidé leurs positions, en particulier lesIndiens, principalement des Ismaéliens, qui, dès l’époquecoloniale, ont prospéré dans l’import-export. Cette com-munauté, grossie depuis les années 1990 de nouveauxarrivants, hindous ou musulmans, occupe de solides posi-tions dans le commerce de gros, la distribution (supermar-chés Jambo Mart et Ma Maison), la banque, les mines etl’industrie légère.

Arrivés dans les années 1970 et 1980, les Libanais ontquant à eux d’abord fait fortune dans le commerce de dia-mants avec le Kasaï. Aujourd’hui, ils sont actifs dans lecommerce général (textile, électroménager…), l’industrielégère et le secteur minier.

SUD-AFRICAINS, LA NOUVELLE GÉNÉRATIONAprès les Ouest-Africains et les Zambiens, pour la plu-

part petits commerçants ou transporteurs installés depuislongtemps dans le Katanga, la nouvelle génération de res-sortissants du continent est surtout constituée de Sud-Afri-cains (mines, BTP, transports et agriculture). Le minierAmari Holdings, par exemple, projette la construction deLuano City, un grand complexe intégré sur 380 ha (loge-ments, bureaux, écoles, commerces, loisirs), aux abords del’aéroport international de la Luano, à Lubumbashi.

Arrivés plus récemment, les Chinois opèrent quant àeux principalement dans les mines et le BTP, où règne lapuissante China Railway Engineering Corporation, et fontune percée dans la restauration.

Côté nouveaux « expats » occidentaux, Américains, Aus-traliens et Canadiens dominent. Ils ont amené dans leursillage des Philippins, des Indonésiens et des Péruvienspour construire mines et usines. Les Britanniques font leurapparition avec le groupe Lonrho, chargé de la réhabili-tation et de la gestion du Grand Karavia Hôtel, un cinq-étoiles lushois qui a rouvert ses portes en juin 2010.

Enfin, de nouvelles PME belges devraient s’implanterdans la province pour sceller des partenariats avec leurshomologues congolais dans la sous-traitance minière. ■

MURIEL DEVEY

SOCIÉTÉ

Melting-jackpot d e̓xpatriésMelting-jackpot d e̓xpatriésIls étaient 30000 en 1960, un peu plus de unmillier aujourdʼhui.Si les ressortissants européens sont désormais peu nombreux dans la province,la plupart y ont de gros intérêts. Et dʼautres nationalités les rejoignent.

Les Anglo-Saxons ont amené dans leur sillagedes Philippins, des Indonésiens, des Péruviens…

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I l n’y a pas photo. Depuis unedécennie, le Tout-Puissant Mazem-be est (re)devenu la meilleureéquipe congolaise, supplantant

ses lointains concurrents de Kinshasa(l’AS V.Club et le DC Motema Pembe) etson frère ennemi katangais, le FC Saint-Éloi Lupopo, fondé, comme lui, en 1939.Alors que les derbys entre les deux for-mations se concluaient jadis par des sco-res serrés, leurs récentes confrontationsen championnat national montrent bienle gouffre qui les sépare désormais :lors de la phase qualificative, les « Cor-beaux » ont humilié les « Lumpas » duFC Saint-Éloi, battus à plate couture àl’aller (5-0) comme au retour (1-7) – lesscores en phase finale ont toutefois étéplus serrés.

Qui aurait cru que le FC Saint-Georges, créé par des missionnairesbénédictins, rebaptisé Saint-Paul FCen 1944, puis FC Englebert et, finale-ment, TP Mazembe, écrirait à nouveaules plus belles pages de l’histoire dufootball congolais?

Car le succès du Tout-Puissant dépas-se désormais de loin les frontières pro-vinciales et nationales. En témoigne lenombre de trophées récoltés ces der-nières années. Dernier en date : celuimarquant sa deuxième victoire consé-cutive en finale de la Super CoupeOrange, cette fois face au FUS Rabat,

le 29 janvier. Un sacre venu conforterla première place du club sur la scèneafricaine, après son succès en Ligue deschampions de la CAF, en 2009 et 2010– il a battu, le 13 novembre dernier,l’Espérance de Tunis. Cerise sur legâteau: en décembre, le TP Mazembeest devenu la première équipe africaineà avoir joué – et perdu – une finale deCoupe du monde des clubs. C’était àAbou Dhabi, face à l’Inter de Milan.

Finie, donc, la longue traversée dudésert pour le club katangais, qui, de1981 à sa victoire en 2009, était ren-tré bredouille de toutes ses campagnesafricaines. De quoi déses-pérer ses supporteurs, quiévoquaient non sans nos-talgie les succès passés deleur équipe préférée : en1967 et en 1968, elle avaitgagné la Ligue des cham-pions et, en 1980, la Couped’Afrique des vainqueurs de coupes– compétition aujourd’hui disparue.

DES SALAIRES ATTRAYANTSActuellement entraîné par le Séné-

galais Lamine Ndiaye, le TP Mazembes’est profondément métamorphosédepuis que Moïse Katumbi Chapwe,homme d’affaires prospère et gouver-neur du Katanga, en a pris les comman-des, en 1998.

Doté d’un budget important dans lecontexte africain (10 millions de dol-lars en 2010, soit 7,3 millions d’euros)et d’un centre de formation moderne,le club offre des salaires attrayants(jusqu’à 25000 dollars par mois, horsprimes) et attire des talents étrangers.Et alors qu’aucun autre club congolaisne dispose de ses propres installationssportives, le TP Mazembe aura bientôtson stade (18000 places) dans la com-mune de Kamalondo, à Lubumbashi.

Le club a abandonné ses oripeauxd’association pour se muer en unesociété à responsabilité limitée, ce qui

a impliqué l’entrée dans le capital deMoïse Katumbi, de la société MiningCompany Katanga et de plusieurs autrespetits actionnaires. Une grande premiè-re en RD Congo, où la gestion du foot-ball reste plutôt archaïque. L’entrepriseentend trouver de nouvelles sources derevenus, notamment en développantla vente de produits dérivés – un filonquasi inexploité dans le pays. ■

ARTHUR MALU-MALU

FOOTBALL

TPMazembe, ledieudes stadesTPMazembe, ledieudes stadesIl vient de remporter pour la seconde fois consécutive la Super CoupeOrange:le Tout-Puissant est lʼidole de la province. Retour sur une légende désormais internationale.

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/AFP

Quart de finale de la Coupe du monde des clubs, à Abou Dhabi, le 11 décembre 2009.

Le club a quitté ses oripeauxd’association pour se muer

en véritable entreprise.

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À Lubumbashi, « Lshi » pourles init iés, le gourmet,l’amateur de Simba (la bièrelocale) et celui qui aime

se trémousser seront servis. Depuisquelques années, restaurants, boîtesde nuit, bars, hôtels et guest housespoussent comme des champignons. Ily en a pour toutes les bourses et pourtous les goûts.

Au passage, la géographie des lieuxde loisirs s’est modifiée, avec l’appa-rition de nouveaux quartiers in, dontcelui du Lac-Kipopo, où, en mars 2010,a été inauguré un complexe commer-cial, à deux pas du Grand KaraviaHôtel, le cinq-étoiles local, entière-ment rénové. Ces nouveaux pointschauds n’ont cependant pas détrôné,en termes de réputation, les commu-nes de Kamalondo, de Kenya – fiefdes orchestres de « karindula », lamusique des mineurs –, de Ruashi etde Lubumbashi, qui ont conservé leurattractivité.

En centre-ville, le Patio du ParkHôtel, animé par un orchestre en débutde soirée, reste un lieu incontournableoù se rencontrent les politiques, leshommes d’affaires… et les couplesd’amoureux. Les vieux Lushois aimentaussi se retrouver chez Mukubwa Denis,avenue de la Révolution,une autre institution dela ville, plus populaire,où ils ne se lassent pasd’écouter les tubes indé-modables de leurs starspréférées : Franco, TabuLey, Mbilia Bel…

Les amateurs de danse ont l’em-barras du choix. Les fans de musiquecongolaise et plus généralement afri-caine se trémoussent chez Ntemba(« secret », en swahili), une chaînecréée par un Congolais installé enAfrique du Sud, ainsi qu’au Godfather,à l’O2 (Oxygène) ou au Ngwasuma.Les mordus de musique occidentalepréféreront le Blue Tooth, une boîte

de nuit ouverte récemment, avenuede la Révolution, pour une clientèle« d’un certain âge ». De leur côté, lesétudiants fréquentent volontiers leTwenty One, avenue Kamalondo, ou leSodome et Gomorrhe, près de la gare,et vont refaire la RD Congo en prenantune bière au Village Bonta.

LA PALETTE EST LARGEEn matière de restaurants, la palette

est également large. Les plus chics,fréquentés par les « expats » et leshommes d’affaires de passage, sont laBonne Table du Grand Karavia Hôtel,Planet Hollybum (qui est aussi unhôtel et une boîte), le Kalubwe Lodge(le restaurant du golf), Les Artistes ouencore le Safari Grill du Park Hôtel.Pour déguster un bon steak made inKatanga, il n’y a toutefois pas mieuxque le Bush Camp, et pour manger surle pouce rendez-vous à La Brioche,sorte de snack-bar en centre-ville.

Lubumbashi regorge aussi de restos-bars belges (Cercle wallon), grecs (Cer-cle hellénique), italiens (Casa degliItaliani), libanais (La Perle d’Orient),indiens (Royal India) et chinois, dontcertains font office de clubs. La jeu-nesse dorée et gourmande raffole desglaces du Miga Gelato et des pâtisse-ries de Vanille & Chocolat, tandis queles aînés prennent un verre au Café duLac en regardant le coucher du soleilsur le lac Kipopo.

Musée, galerie d’art contempo-rain, Halle de l’Étoile (centre culturelfrançais), espace Picha (consacré àl’image), golf, cercle hippique, piscinesdes hôtels, plage du lac et son terrainde volley, parc animalier (MuyamboPark)… Le chef-lieu du Katanga offre unlarge éventail aux férus d’expositions,

de concerts et de théâtre, comme auxsportifs et aux amoureux de la nature.Moins aux mordus du shopping, car ilest chiche en magasins. Quelques bou-tiques d’artisanat et de vêtements chics,trois ou quatre supermarchés. C’esttout. La construction, en projet, d’ungrand complexe intégré près de l’aéro-port pourrait changer la donne. ■

ARTHUR MALU-MALU

LOISIRS

Les incontournablesLes incontournablesde«Lshi »de«Lshi »

Expositions, restaurants, night-clubs... La géographiede lʼambiance lushoise a-t-elle changé avec le regainde lʼactivité minière et lʼarrivée de nouveaux expatriés?Revue des lieux où il fait bon sortir.

Fête, culture, sport et nature…Seuls les mordus du

shopping seront déçus.

Chez Ntemba, une boîte de nuit pour fans de musique congolaise. GW

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