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Le réseau JPL 2. Les livres et leur accueil Les livres suivants correspondent aux envois 14 et 15 effectués en 1994 et 1996. Pour chaque livre, une "Présentation JPL " - description "neutre" du livre pour ceux qui ne le connaissent pas - suivie de "Ce qu'en disent les bibliothèques afri- caines " - synthèse des courriers reçus. Cette synthèse tente de dégager les lignes générales et l'essentiel des courriers le plus fidèlement possible, sans ajouter commentaires ou opinions de notre part. Les avis coïncident ou divergent mais permettent toujours une meilleure connaissance des livres et des enfants. Les livres d'images 14.1 LAPIDOU RENCONTRE FANTO Patrick Vee - fceui 1-a derrière [0 r journal?" ^ ^7 1 r r<_ 1 1 1 i r X 1 '- ~** 1 bai 1 ''^ 1 A_-o • "••• Présentation JPL Lapidou, un petit lapin rougissant, et Fanto, une jeune "éléphante" tout aussi rougissante, ne se connaissent que par courrier. Ils se donnent finalement rendez-vous à la gare avec, comme signe de reconnaissan- ce, une fleur rouge à la boutonnière. Comme convenu, le jour dit, Lapidou va chercher son amie. Mais avant de la retrouver dissimulée derrière une porte, il rencontre plusieurs personnages dont le visage est caché par un gros bouquet, un journal ou encore un panier de fruits. A chaque double page, la surprise est à son comble : "Es-tu Fanto sous ce long manteau?", "Non" répond un monsieur pingouin après que le lecteur ait rabattu le volet en carton qui recouvre l'animal. Ces interrogations répétées et le système de fenêtres rabattables entre- tiennent le suspense. L'ensemble constitue un album animé aux cou- leurs vives, aux pages résistantes et au graphisme très parlant, bien que réduit à quelques éléments essentiels, bien visible de loin. Niveau de langue : base Ce qu'en disent les bibliothèques africaines L'album, présenté à une tranche d'âge assez large (3-12 ans) a fait l'unanimité. Son système de collage ou de "camouflage" a donné lieu à un "jeu culturel" amusant et captivant qui a charmé les petits. Excités par la répéti- tion des interrogations et par le jeu de cache-cache des animaux, les enfants ont dévoré le livre dans une ani- mation grandissante à tel point que "tout le monde disait "non!" à la question posée par Fanto". Pris par le rythme du récit, les petits se sont identifiés au héros. A Kinkala au Congo, l'effet de surprise et d'identification a été extrême : "...cette animation que suscite le livre auprès des enfants (...) soulève l'engouement de tous (...). A l'unisson, tous les enfants ont poussé un grand cri de joie pour manifester leur soulagement de connaître et de rencontrer Fanto en même temps que Lapidou. En fait, (...) nous étions tous dans la peau de Lapidou, nous partagions "Livre très intéressant qui vous met dans une certai- ne attitude d'impatience et vous pousse à vite tour- ner la page, d'autant plus que le texte est bref, joli- ment illustré au goût des enfants, avec quelques pages à manipuler. " tous sa fièvre..." Le livre ter- miné et la tension quelque peu retombée, il a été relu de nombreuses fois. Il a pu notamment apprendre aux petits à poser des questions, à reconnaître les couleurs et à développer leur curiosité. Au Bénin, il a suscité une réflexion sur le sens de l'hospitalité, "la droiture et l'accueil" que l'on doit offrir à un ami. Les illustrations jugées tantôt grossières tantôt claires et nettes, ont été dans l'en- semble appréciées. Certains les ont même trouvées "cap- tivantes et impressionnantes". Solide et amusant, cet album a fait l'objet d'un véritable enthousiasme. Jean-Claude Maléla, Bibliothèque mate du Pool, Kinkala, Congo. "C'est un album animé intéressant pour les petits qui aiment toucher. Le vocabulaire est répétitif et permet aux petits d'ap- prendre àposer des ques- tions. " ' Armelle Diallo, 10ans, Lycée fran- çais Albert Camus, Conakry, Guinée,

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Page 1: Jà - BnF

Le réseau JPL

2. Les livres et leur accueil

Les livres suivants correspondent aux envois 14 et 15 effectués en 1994 et 1996.Pour chaque livre, une "Présentation JPL " - description "neutre" du livre pourceux qui ne le connaissent pas - suivie de "Ce qu'en disent les bibliothèques afri-caines " - synthèse des courriers reçus. Cette synthèse tente de dégager les lignesgénérales et l'essentiel des courriers le plus fidèlement possible, sans ajoutercommentaires ou opinions de notre part. Les avis coïncident ou divergent maispermettent toujours une meilleure connaissance des livres et des enfants.

Les livres d'images

14.1 LAPIDOU RENCONTRE FANTOPatrick Vee

- fceui 1-aderrière

[0

r journal?" ^

Jà^7 1 r r<_ 1 1 1 i r

X 1 ' - ~** 1 bai1''̂ 1

A_-o • " • • •

Présentation JPLLapidou, un petit lapin rougissant, et Fanto, une jeune "éléphante" toutaussi rougissante, ne se connaissent que par courrier. Ils se donnentfinalement rendez-vous à la gare avec, comme signe de reconnaissan-ce, une fleur rouge à la boutonnière. Comme convenu, le jour dit,Lapidou va chercher son amie. Mais avant de la retrouver dissimuléederrière une porte, il rencontre plusieurs personnages dont le visageest caché par un gros bouquet, un journal ou encore un panier defruits. A chaque double page, la surprise est à son comble : "Es-tuFanto sous ce long manteau?", "Non" répond un monsieur pingouinaprès que le lecteur ait rabattu le volet en carton qui recouvre l'animal.Ces interrogations répétées et le système de fenêtres rabattables entre-tiennent le suspense. L'ensemble constitue un album animé aux cou-leurs vives, aux pages résistantes et au graphisme très parlant, bien queréduit à quelques éléments essentiels, bien visible de loin.Niveau de langue : base

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesL'album, présenté à une tranche d'âge assez large (3-12ans) a fait l'unanimité. Son système de collage ou de

"camouflage" a donné lieu à un "jeu culturel" amusant etcaptivant qui a charmé les petits. Excités par la répéti-tion des interrogations et par le jeu de cache-cache desanimaux, les enfants ont dévoré le livre dans une ani-mation grandissante à tel point que "tout le mondedisait "non!" à la question posée par Fanto". Pris par lerythme du récit, les petits se sont identifiés au héros. AKinkala au Congo, l'effet de surprise et d'identification aété extrême : "...cette animation que suscite le livreauprès des enfants (...) soulève l'engouement de tous(...). A l'unisson, tous les enfants ont poussé un grandcri de joie pour manifester leur soulagement deconnaître et de rencontrer Fanto en même temps queLapidou. En fait, (...) nous étions tous dans la peau deLapidou, nous partagions

"Livre très intéressant quivous met dans une certai-ne attitude d'impatienceet vous pousse à vite tour-ner la page, d'autant plusque le texte est bref, joli-ment illustré au goût desenfants, avec quelquespages à manipuler. "

tous sa fièvre..." Le livre ter-miné et la tension quelquepeu retombée, il a été relude nombreuses fois. Il a punotamment apprendre auxpetits à poser des questions,à reconnaître les couleurs età développer leur curiosité.Au Bénin, il a suscité uneréflexion sur le sens del'hospitalité, "la droiture etl'accueil" que l'on doit offrirà un ami.Les illustrations jugées tantôtgrossières tantôt claires etnettes, ont été dans l'en-semble appréciées. Certainsles ont même trouvées "cap-tivantes et impressionnantes".Solide et amusant, cet albuma fait l'objet d'un véritableenthousiasme.

Jean-Claude Maléla, Bibliothèquemate du Pool, Kinkala, Congo.

"C'est un album animéintéressant pour les petitsqui aiment toucher. Levocabulaire est répétitif etpermet aux petits d'ap-prendre à poser des ques-tions. "

•'• Armelle Diallo, 10 ans, Lycée fran-çais Albert Camus, Conakry,Guinée,

Page 2: Jà - BnF

14.2 JAFTA

H u g h L e w i n , i l l . L i s a K o p p e r '••,...' • . . • . . . .,"-'._

Origine ; Grande Bretagne (auteur sud-africain)

Présentation JPLCet album réunit trois histoires publiées séparément dans l'éditionanglaise initiale. Deux avaient déjà été traduites et publiées en France.La présente édition se découpe donc en trois parties, reliées par le per-sonnage central du petit garçon Jafta. Celui-ci commence tout d'abordpar se présenter : il se compare aux différents animaux de la jungle; ildit alors "taper du pied comme un éléphant" ou "ronronner comme unlionceau". Puis il nous présente sa Maman; son ton devient alors pluspoétique et plus tendre. Enfin, il nous raconte le retour de son Papa,parti travailler pendant un long temps à la ville. En évoquant cetteabsence prolongée de son père, il perd son rire et devient plus cha-grin. Les aquarelles aux teintes marrons sur un épais papier de couleurivoire illustrent les différentes humeurs de Jafta. Elles reproduisent lagrâce de ses mouvements et décrivent la douceur de ses expressions.Elles privilégient les gros plans sur les visages, traduisant ainsi les senti-ments très forts qui lient Jafta aux siens. L'ensemble, texte et illustra-tions, offre un album plein d'émotions.Niveau de langue : base

Je vouJau lui n c M B t des nues

pouvoir comprcndie. Je voulaisk seul à pouvnû m'cKpliqucr. fpourquoi i l (allait qu' i l travaille

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCet ouvrage, présenté à des enfants de 6-10 ans, a donnélieu à des avis partagés. En Côte d'Ivoire, il n'a pas connuun franc succès. Les illustrations monochromes et la tech-nique du dessin "qui fait des tâches" sur la peau des per-sonnages ont dérangé les lecteurs. L'histoire également n'apas été appréciée. Le manque d'action et le ton descriptifdu récit n'ont pas plu aux enfants : "II nous montre safamille, tout ce qu'il veut faire; il n'est pas intéressant". AuBénin et au Congo, le livre a été perçu différemment. Il aété salué comme un album typiquement africain à rappro-cher de ... Mamadou etBinéta. Les enfants ont aimécomment Jafta présente safamille en "comparant samère aux bonnes choses" eten parlant "des bonnesmanières de son père". Enlisant ces pages, ils ont "res-senti l'amour maternel" etl'extrême satisfaction deretrouver le père. Un institu-teur y a vu "la joie qu'éprouve un enfant dans la liberté deson être : liberté dans les loisirs et dans les expressions". Ily a vu "également" la place qu'occupent le père et la mère(domaine affectif, protection et épanouissement) dans lavie de l'enfant". Des réserves cependant sur l'efficacité decette présentation de la vie familiale : pas assez de détailssur le mode de vie de la femme africaine et de celle deson enfant. Un manque de clarté et de logique égalementdans le cours de l'histoire. Un lecteur aurait préféré undéroulement chronologique plutôt que thématique.

"les reines de Jafta ontintéressé les enfants de9-W ans car ils réalisentles mêmes rêves. "

jimadoum, Centre de lectu-re et d'animation culturelle "LeSoleil", N'Djaména, Tchad.

14.3 OÙ EST CHARLIE?Martin HandfordGrund, 1987. 22 pages.Origine : Grande Bretagne

Présentation JPLCharlie est un voyageur et, surtout, un correspondant invétéré. De cha-cun des endroits qu'il visite (un zoo, un musée, un aéroport, une sta

tion de ski...), il envoie au lecteur une carte postale un peu particulière :en quelques mots, il donne une série d'indices (un athlète qui a cassésa perche, une île déserte qui chavire, une vache échappée d'un four-gon...) qui permettent de le retrouver parmi une ribambelle de person-nages et de situations incongaies.Le lecteur doit alors, non pas lire etdéchiffrer un texte, mais scruter etobserver le plus minutieusementpossible les illustrations qui s'éta-lent sur doubles pages : des mil-liers de minuscules bonshommescolorés se coudoient dans destableaux où régnent un désordre etune pagaille joyeux. Lorsque labalade guidée de Charlie s'achève,le jeu reprend : il faut chercher lesobjets que le voyageur a perdus

"C'est un bon livre.Les images font beaucouprire. Des indices permet-tent de retrouver Charliemais il faut savoir lire.Les personnages dessinéssont amusants. Ce livredéveloppe le sens de lavision. "

Ange Olivier Nhadanwe, Lycée fran-çais Albert Camus, Conakry,Guinée.

tout au long de son itinéraire etremplir les grilles présentées à lafin du livre (avec par exemple dansla grille "A la plage", les indices àretrouver "Une serviette trouée"...).Un ouvrage grand format, ludique et humoristique, qui fait appel aisens de l'observation.

Niveau de langue : moyen •

n°6

Page 3: Jà - BnF

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesVéritable vedette dans toutes les bibliothèques, cetouvrage a donné lieu à des séances de "lecture" collecti-ve. Amusés et excités par ce jeu de piste, les enfants de7 à 15 ans se sont rassemblés en petits comités pourparticiper à ce "jeu de groupe", comme on l'a qualifiéau Mali. Les lecteurs ont surtout aimé la "règle" du livre,le fait de chercher, comme pour les devinettes ou lesénigmes à résoudre, les différents indices éparpillésdans la foule grouillante des images touffues. Ils ontégalement apprécié l'humour et la bizarrerie des objetsou des personnages à retrouver. Au Congo, l'excitationa atteint des sommets avec l'homonymie de Charlie etdu responsable du Club de lecture : stimulés par cettecoïncidence, les enfants ont fait durer leur plaisir plu-

sieurs jours, s'enthousias-mant de devoir recommen-cer à chaque fois le jeu.Nouveau "sport cérébral",cet ouvrage a également étéapprécié par les bibliothé-caires. Ils ont aimé laconcentration et l'attentionque nécessitaient les règlesd'un tel jeu. Deux petitescritiques cependant sont ànoter : une confusion decouleurs vives qui donnentmal aux yeux et l'absencede pagination.

v I/J ndeà Charlie estun album très amusant.Il permet à l'enfant de

•r à la recherche.Ce qui est encore plus

î, c'est queut deviner ou

itruire des textesà partir des images. Il estbeaucoup empruntéparce qu'il est comique. "

Marguerite Igroi, Bibliothèqueenfantine du Centre CulturelFrançais, Abidjan, Côte d'Ivoire.

15.1 1, 2, 3Kate Green, ill. Chrisîopher WormetlLa Joie de Lire, 1994. [24 pages],

Présentation JPLUn grand album cartonné, au format carré, pour apprendre à compterjusqu'à dix et pour connaître les animaux de la ferme. Un petit poussins'est perdu. Désemparé, il fait le tour de la ferme et à chaque nouvelanimal qu'il rencontre, il demande immanquablement : "Avez-vous vuma maman?". Ce sont ainsi deux chevaux, puis trois vaches, quatre din-dons... et encore huit canards, neuf cochons qui daignent ou non luirépondre jusqu'à ce qu'il retrouve ses neuf frères et soeurs pour formerun groupe de dix poussins... Le nombre d'animaux (1, 2, 3.), le nomde l'animal (vache, oie...), sa représentation (en double, triple, qua-druple... exemplaires selon le nombre affiché au-dessus) et lesquelques phrases de texte occupent la page de gauche tandis que lesquatre, cinq, six... animaux sont comme encadrés dans la page de droi-

te par un trait noir qui les cerne. Les illustrations, elles aussi cernées denoir, réalistes, font penser au graphisme des vieux livres d'images. Lepapier jauni contribue également à cette impression. Le texte (rythméen trois phrases) signale les caractéristiques de chaque animal (les che-vaux hénissent, les vaches ruminent...) et imitent leurs cris ("Bêêê..."bêlent les chèvres, "Coin! Coin! Coin!" cancanent les canards...). Enfin,les deux dernières pages récapitulent la leçon.

Niveau de langue : base

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesL'ouvrage a été reconnu comme un bon outil pourapprendre à lire et à compter. Présenté à des enfants àpartir de 5 ans, il a permisune "véritable initiation aucalcul". Certains l'ont trouvéamusant, instructif et beau(belles illustrations); d'autresont vu en lui un livre deconseils suggérant que"l'enfant ne doit pas s'éloi-gner de ses parents pour nepas se perdre". Quelquesreproches cependant ontété formulés : le titre est confus, la trop grande variétéd'animaux complique la lisibilité, les couleurs ne reflètentpas tout à fait le quotidien et certains mots ("étable", "hen-nir", "patauger") sont difficiles. Enfin, les bibliothèques ontapprécié la bonne reliure et la couverture légèrementplastifiée (donc lavable) de ce livre d'images.

"Certains enfants disentque c'est un livre deconseil : "L'enfant nedoit pas s'éloigner deses parents pour ne passe perdre. "

Bibliothèque de la Maison de laCulture AÎbarka Tchibou, Tahoua,

15.2 TRÈS, TRÈS FORT!Trish Cooke, ill. Helen OxenburyFlammarion (Père Castor), 1995. [40 pages].Origine : Grande Bretagne

Présentation JPLPeu d'action et pourtant beaucoup d'animation et de chaleur dans cetalbum anglais qui a reçu un des Prix Sorcières 1996 de l'ABF(Association des Bibliothécaires Français). Maman et Petit Homme nefont rien de spécial. Assis sur le canapé, le dos tourné au lecteur endirection de la fenêtre, ils attendent. Qui? Tante Béa, Oncle Tony,Mamie, Cousin Dan... tous les membres de cette famille nombreuse qui

viennent fêter l'anniversaire de Papa. Tous, en arrivant, se penchentvers Petit Homme et le serrent très très fort. Le bébé passe de mains enmains, virevolte, chante, danse... Chaque double page (avec d'un côtéquelques phrases de texte et de l'autre l'illustration, réalisée par uneillustratrice célèbre) correspond à un "instantané familier", tel unephoto prise sur le vif qui restitue l'exubérance et l'affection de cettefamille jamaïcaine. De grand format, cartonné, ce livre d'images est touten couleurs (les formes rondes et très colorées de Grand Ma et TanteBéa) et en mouvements (Petit Homme est décrit dans toutes les atti-tudes : en suçant son pouce, en jouant avec ses pieds, en s'endormantavec sa peluche...).

Niveau de langue : base ^

Page 4: Jà - BnF

Alors Papa caresse de sa barbela joutf de Petit Homme,

et Maman apporte â table!es bonnes chosesqu'elle a préparées...

Ef c'est la fête à U maison \

^ ^

••

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCe livre, devenu "la chasse gardée des enfants", a connul'unanimité des bibliothèques. Toutes l'ont apprécié pourla gaieté et l'extrême vivacité qu'il dégage. Elles ont égale-ment aimé cette présentation d'une famille africaine, trèsproche de la réalité. Une famille africaine non plus tradi-tionelle qui vit dans un village mais une famille modernequi, pour autant, n'a rien perdu de sa chaleur et des liens

très forts qui unissent sesdifférents membres. Lesenfants se sont donc retrou-vés dans ce contexte d'unefamille qu'ils connaissent. Ilsont également salué la sim-plicité de l'histoire, la narra-tion itérative ("une histoire àplusieurs couches") et lestyle simple qui permettentune lecture facile, et la beau-té des illustrations qualifiéesd'originales. Seules petitescritiques : le titre de l'ouvra-ge (une bibliothèque auraitpréféré un titre plus explicitecomme, par exemple, "l'amour parental"); une autrebibliothécaire a remarqué que le mot "spécial" répété àplusieurs reprises ne se comprend pas facilement. Sur unplan technique, les bibliothécaires ont noté la solidité del'ouvrage et, sur un plan moral, l'un d'entre eux a vu unmessage contre les méfaits de l'isolement et de la solitude.L'album, présenté aux enfants âgés de 7 à 13 ans, a étél'un des plus appréciés de ce réseau 15.

"L'histoire est simple,gaie et surtout actuelle.Les enfants se sontretrouvés dans leurcontexte. C'est la vie enfamille telle qu'ils laconnaissent. Cela nouschange de l'Afrique desvillages que l'on trouvele plus souvent dans les

Claudine Pitty, Les Colibris,

15.3 MATIKÈ L'ENFANT DE LA RUEDésiré OnanaAkoma Mfaa, 1995, 24 pages.Origine : Cameroun

Papa avait maintenant pris l'habitude d'aller irèj loin vera InfrontiÈre cotre le Cameroun cl le Nigeria pour faire ses achats àmoindre prix. A son retour, il manquait encore de 1"argent.Ce wir iiï, je fus privé de noutriuire.

Ce n'était pas la première fois <iue je devais allrr au lii san*manger, mais cela arrivait souvent quand je n'avais pasvraiment faim, fa n'urriviiis pas. il liumiir. A certains inoraenis.j'avais l'impression de m'êvanoinr.

Présentation PLBattu par son père, Matikè décide de quitter la maison familiale. Livré àlui-même, il erre pendant plusieurs semaines dans les mes de la villeavant de rencontrer "un papa", un Père, qui lui apprend à cultiver laterre, à lire et à écrire. Matikè vivra sept mois dans ce foyer jusqu'à ceque son père - son vrai père -, repenti, le découvre et l'accueille à brasouverts. Le récit est inspiré d'une enquête réalisée à Yaoundé sur lesenfants de la rue. Matikè raconte son expérience avec ses mots et sasensibilité d'enfant. Les phrases (quatre phrases en bas de page sanscadre qui les délimite) sont courtes, simples, épurées. Elles vont droit àl'essentiel, sans épanchement, sans sombrer dans le dolorisme. Pourtantla douleur est bien là, toute contenue. Les illustrations, originales,pochoirs noirs sur fond blanc, traduisent par leur stylisation cettepudeur des sentiments. Un album réalisé par un jeune auteur-illustra-teur camerounais pour les jeunes enfants.

Niveau de langue : base

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCet album a suscité des réactions très fortes et trèscontrastées. Ces réactions ont porté sur deux points précis :le thème choisi par l'auteur (un enfant qui, parce qu'il estbattu par son père, décide de quitter sa famille et de vivredans la rue) et les illustrations en noir et blanc aupochoir.Le thème tout d'abord a été jugé par certains comme trèsintéressant car d'actualité. D'autres, au contraire, ontconsidéré qu'il était trop "engagé", trop sombre, peu por-teur de rêve et d'évasion pour les enfants. Des jeunes lec-teurs en ont tiré des conclusions ("il ne faut pas toujourscompter sur ses parents"); des adultes y ont lu un messa-ge optimiste ("l'enfant de la rue peut être récupéré enapprenant un métier") ou négatif ("ce livre n'est pas bonpour l'éducation des enfants à cause de l'abandon dudomicile et plus encore de la désobéissance"). Le désac-cord des bibliothèques a ensuite porté sur les illustrations.Beaucoup les ont trouvées très sombres (les dessins ennoir et blanc), trop stylisées et peu réalistes. D'autres lec-teurs, par contre, les ont appréciées pour leur simplicité,une simplicité qui reflète bienla tragédie vécue par Matikè.

Au Cameroun, les enfants ontété heureux de reconnaîtrecertains lieux de leur ville.Notons également que labrièveté de l'histoire et lasimplicité du vocabulaire ontété apppréciées et, enfin,que la couverture a étéjugée fragile mais le papiertrès bon.

"La présentation tropsombre n'a pas plu. Lesenfants auraient préférédes images un peu plusréalistes. Le thème estintéressant vu le nombrecroissant d'enfants qui seretrouvent à la rue"

Claudine Pitty, Les Colibris,Libreville, Gabon.

Page 5: Jà - BnF

AllerL'EccOnqi

Présentation JPLCe grand album à la couverture cartonnée peut se lire comme l'onregarde un album de photographies. Au fil des pages, on revoit l'histoi-re familiale, ses moments de bonheur et ses malheurs. On voit la viequi passe avec une photo du grand-père jeune, une autre où il se trou-ve avec ses enfants et puis une autre où il a les cheveux blancs... Lenarrateur du Voyage de grand-père refait ainsi le parcours de son aïeul :le départ pour le Nouveau Monde, la découverte des paysages contras-tés des Etats-Unis, son mariage, puis son retour au Japon avec la guer-re qui efface tout et, enfin, la vieillesse. Et toujours, la même insatisfac-tion, le même tiraillement entre un pays d'adoption que l'on aime et lepays natal où sont restés tous les vieux amis. Le texte est très court.Les phrases correspondent à autant de légendes placées sous les illus-trations encadrées... comme s'il s'agissait réellement de vieilles photos :

portraits sépia, paysages (coucher de soleil sur l'océan, vue panora-mique des montagnes) et poses dans les teintes subtiles de l'aquarelle(jeunes mariés dans une barque, famille sur le bateau du retour). Lespersonnages sont figés, jettent parfois un regard à l'appareil.L'ensemble dégage un parfum de nostalgie, une nostalgie née dutemps qui passe, des générations qui se suivent et de l'immigration.

Niveau de langue : moyen

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCet ouvrage qui a été présenté à des enfants de 6-14ans, a été dans l'ensemble bien apprécié. Les lecteursont noté l'universalité decette histoire qui présenteune famille japonaise maisqui pourrait être tout aussibien africaine ou européen-ne. Ils ont également relevéce partage entre l'amour dela terre natale et celui de laterre d'accueil. Une jeunelectrice a vu un message dechauvinisme, une leçonpour aimer son pays.D'autres y ont vu un élogede la vie, du voyage et de

la liberté. Certains ont aimé les "images-tableaux" ou"fenêtres", les illustrations parlantes qui accompagnent letexte. D'autres, au contraire, les ont trouvées trop mono-tones. Le texte a été jugé tantôt très clair, sans difficultéparticulière, tantôt trop court, pas assez détaillé (pasassez de texte), très loin des réalités africaines et difficiled'accès (emploi du passé simple). Des avis donc contras-tés mais qui, en majorité, saluent cet album.

n à la découver-te, aux voyages et aux

la nonchalancepermanente empreintede nostalgie touche la

ilité des jeunesirs, particulièrement

des jeunes lectrices."

,:ou, Bibliothèque fran-cog.jinéertne, Conakry, Guinée,

L'ALBUM MAGIQUETom Baccei, N.E. Thing EntreprisesPère Castor Flammarion, 1995. 36 pages,Origine Etats Unis d'Amenque

Présentation JPLLes albums magiques sont à lamode depuis deux ou trois ans.Celui-ci offre une trentaine detableaux très colorés qui, au pre-mier abord, ne représentent rien.On observe juste quelques formesplus ou moins psychédéliquesavec, en légende, quelques motsénigmatiques : "Des bois... dans lesbois.", "Carrément!", "Superbe etmajestueux"... Mais lorsque l'ons'approche de ces tableaux et quel'on se livre à un exercice optiquerelativement difficile, des formescommencent à se dessiner. Onobserve alors, en trois dimensions,un lion, des poissons, une locomo-tive... Les petites phrases en sous-titre mettent le lecteur sur la voie.Les solutions sont présentées à lafin de l'ouvrage. Cet album de "sté-réogrammes" (nom de ce typed'images) peut être décrypté à tousles âges.

Niveau de langue : base •

"Cet ouvrage permetexcellent exercice

de concentration, unapprentissage del'abstraction. Ce n'estqu'après plusieurs essaisque certains ont pudécouvrir l'image dansl'image. Tout le mondevoulait l'essayer. Le livrea fait ie tour du centre.Même les manoeuvres etles gardiens ont tenté et vul'image magique :"Us sont vraiment fortsceux qui ont imaginé ça "a dit l'un d'entre eux."C'est vraiment de lamagie"".

Henriette Bankolé, Bibliothèque duCulturel Oumarou Ganda,

. Niamey, Niger.

v '::- - " " •

Page 6: Jà - BnF

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesEn ce qui concerne cet ouvrage, deux cas de figure sontà retenir. Pour les lecteurs qui ne sont pas parvenus à"déchiffrer" les images, l'album est resté un ouvrageesthétique qui livre aux enfants des couleurs pêle-mêlesans grand intérêt. Pour ceux qui ont réussi à découvrirl'image dans l'image, l'enthousiasme a été au contrairetotal. L'album magique s'est révélé être véritablementmagique! "Génial" ont dit les uns, "très fort" ont dit lesautres ("Ils sont vraiment forts ceux qui ont imaginé ça.C'est vraiment de la magie".). Au Burkina-Faso, on aconsidéré la lecture de ce livre comme un "voyage à tra-vers le prisme des couleurs et le relief des formes".

D'autres bibliothécaires yont vu un excellent exercicede concentration et decuriosité. Un "bon passe-temps" pour les initiés quiparviennent à "s'approprierles images". Seul regret d'unlecteur : les "solutions" pré-sentées à la fin de l'ouvragesous forme de vignettesauraient gagné à être repro-duites en plus grand et encouleur.

"C'est un livre génial,extraordinaire etsurtout amusant pourceux qui arrivent àdétecter les images.Cet album enseigne laconcentration. "

: Dan Tawaye,Bibliothèque de la Culture Albarka

'noua, Niger.

15.19 R O N D CARRÉ :'; '...._Kveta PacovskaSeuil Jeunesse (Livre anime), 1994. [28 pages].Origine : Allemagne (auteur-illustratrice tchèque)

Présentation 3PLPrésenté sous la forme d'un cahier à spirales au papier très épais, celivre animé grand format joue avec les formes, les couleurs, l'abstrac-tion et... l'art. Sur un fond blanc, l'auteur dispose plusieurs figures géo-métriques dans des couleurs primaires auxquelles s'ajoutent l'argent(triangle, cercle, carré...) et qui, chacune, correspondent à un animal,un objet ou une chose particulière (lion, chat, maison, arbre, crayon...).Les formes s'emboîtent, en cachent d'autres qui se découvrent à lapage suivante. La "lecture" (jeu) peut se faire à différents niveaux : ilfaut rechercher dans cette composition de couleurs, de collages, d'évi-demens, de volets à soulever et de "dessins d'enfants" des notionsconcrètes ou abstraites (un son dans une sonate). Cette lecture n'estpas linéaire; elle se fait au gré d'une mise en page inventive où lesmots n'ont pas une place définie sur la page, où ils adoptent des corpsdifférents. L'enfant est interpelé ("Je suis une ville où tu peux vivre"),incité à poursuivre la réflexion avec, à la fin du livre, une invitation àse définir à partir de certains adjectifs (anguleux, tacheté, étendu,obtus...) et à poursuivre son activité par un jeu de vignettes déta-chables à réintroduire où il le pense. Kveta Pacovska est une artistetchèque dont l'oeuvre résolument moderne, aux frontières de l'abstrac-tion, est consacrée internationalement dans le monde de l'édition dejeunesse

Niveau de langue : base

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesAu Cameroun, les tout-petits "sont tombés comme des sou-ris" sur cet ouvrage. C'est dire qu'il a été littéralement dévo-ré par les jeunes lecteurs! En fait ce sont surtout les cou-

Je suis le conteur aux ananas.

leurs qui les ont émerveillés.Une débauche de couleurstrès vives qui attirent l'atten-tion sur des formes puis,dans un second temps, surleurs noms. Les lecteurs ontéprouvé beaucoup de plaisirà décrypter les images gaies,la foule de petits détails et lescaractères facilement lisiblesau sein d'une mise en pagejugée originale. L'aspectludique n'a fait qu'amplifiercet enthousiasme. Non pluslivre, cet ouvrage est qualifiéde "jeu passionnant" et amu-sant, notamment à la derniè-re page lorsqu'il est demandéau lecteur : "Et toi, commentes-ai?". Les bibliothécaires,également conquis, parlentd'un bon outil pédagogique àexploiter dans les animations,d'un "livre d'initation à lapeinture, à l'art en général,aux constructions de figuresgéométriques"... Mais qui ditlivre original, dit livre quel'on adore ou que l'on détes-te. A côté de l'enthousiasmede la majorité, une minoritéde lecteurs (deux biblio-thèques) n'a pas apprécié cetouvrage animé : pour eux, lamise en page ne permet pasune lecture aisée et le texteest incompréhensible.L'ensemble du livre n'est pascommun, très loin - étranger -de ce que les enfants ontl'habitude de lire. D'où cette

difficulté à "rentrer" dans l'ouvrage. D'où l'aide d'un biblio-thécaire pour que l'enfant devienne "acteur et dialogueavec les couleurs et les reflets". Enfin, d'un point de vuetechnique, le livre permet une manipulation facile tout enétant fragile (les pages se détachent).

"C'est un véritable livred'initiation au dessin, à lapeinture... Les enfantssont tombés dessuscomme les souris. C'est undocumentaire ô combienattrayant pour les tout-petits avec ses couleursvives. II attire aussi par sescaractères facilementlisibles et ses textes trèsbrefs. C'est un apprentis-sage à l'art, la construc-tion de figures géomé-triques. C'est en fin decompte un document quidéveloppe le sens de l'ob-servation, de la curiositéconstructive. Mais la sou-plesse de la couverturerend dangereuse lamanipulation desenfants. "

Adolphe Mog-Mog, B.C.D. desJeunes de Massoumbou, Douala,Cameroun,

"Le jeune lecteur "caresseles couleurs", gratte lesformes, touche et triturel'ohjet-livre mais s'agiteavant d'abandonner assezrapidement la lecture.Lors d'une lectureencadrée par un adulte,le livre prend vie et l'en-fant lit les formes. "

Laurent Bardou, Bibliothèque fran-co-guinéenne, Conakry, Guinée.

TAKAMTIKOU n°

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15,6 LILASYvan PommauxL'école des loisirs, 1995. 33 pages.Origine : France

. • ' . • . . . : : •

Présentation JPLLe détectective Chatterton - un beau chat noir en imperméable - mèneune nouvelle enquête (après John Chatterton détective, Yvan Pommaux,L'école des loisirs, 1994) : une femme jalouse de la beauté de sa belle-fille - Lilas -, demande à Chatterton de la retrouver pour la tuer.Chatterton part à la recherche de la jeune fille à "la peau blanchecomme le lilas"... L'ouvrage se présente un peu comme une bande des-sinée tout en longueur : des planches pleine page alternent avec desimages-séquence tandis que les paroles des personnages apparaissentcomme dans des "bulles". Les couleurs, froides, dans les teintes grises,marrons et vertes, les ombres, traduisent la solitude du héros(Chatterton) et l'atmosphère des vieux films policiers. Les personnages(hormis Lilas), aux attitudes et aux sentiments très humains, ont desvisages d'animaux : la belle-mère est une féline racée et moderne, l'amide Lilas est un chien mécanicien au regard triste... L'ensemble, pourtantdépouillé (texte et illustrations réduits à l'essentiel) porte la marque duréalisme, de l'esthétisme. L'intrigue, tout en mystère et en suspense,n'est pas exempte de références : référence à tout un héritage policier

v/to/re à suspenseiarla victoire des

forces de l'amour sur'S de la haine est très

•te. l e thème uti-st très courant dans

africains. Ce quimire accessible

,is en dépit deété du genre "détec-

tive ". l'interpénétration

m et deshommes est égalementcourante dans les histoiresen AfriqueWam

Ousmane Diarra, Centre Culturelfrançais, Bamako, Mali.

et référence à Blanche-Neige avec,au début, la fameuse phrase de labelle-mère : "Dites-moi, Georges,suis-je la plus belle?"...

Niveau de langue : moyen

Ce qu'en disent lesbibliothèques africainesCet ouvrage a été très appré-cié par les bibliothèques. Lacouverture, très solide etlavable, a d'abord attiré lesenfants. Puis, pour certains,ce sont les illustrations quiont suscité l'enthousiasme etles rires. Les enfants onttrouvé très comique "l'huma-nisation" des animaux ("Lapersonnification des animauxet leurs costumes font de ce

livre un chef-d'oeuvre enfantin."). Ils ont ensuite appréciél'intrigue elle-même. Une intrigue qui met en scène unehistoire de "marâtre" (une sorte de démon) jalouse de la"splendide beauté dont jouit sa belle fille Lilas". Uneintrigue "très proche des contes africains" et dont on peuttirer une morale : "il ne faut pas maltraiter les enfantssous prétexte qu'ils ne sont pas les nôtres car cela nousentraîne dans un gouffre profond". En plus de cette res-semblance avec les textes africains, les lecteurs ont égale-ment noté la parenté avec Blanche-Neige ("C'est l'histoirede Blanche-Neige avec des personnages qui sont des ani-maux, ce qui en fait son originalité".). En marge, lesbibliothèques ont apprécié les illustrations. Seule critique :quelques lacunes dans le texte qui ont posé des pro-blèmes (comment des animaux peuvent donner le jour àune jeune-fille? Pourquoi Lila n'a pas voulu dire à sonpère que sa belle-mère a tenté de la tuer?).

Histoires illustrées

14.6 L'ÉNORME CROCODILERoald Dahl, ill. Quentin BlakeGallimard (Les bottes de 7 lieues), 1989. 46 pages.Origine : Grande Bretagne

14.7 L'ÉNORME CROCODILE(cassette audio)Roald Dahl; lu par Roger Carel, Perrette PradierGallimard Jeunesse, 1984, 18 minutes.Origine : Grande Bretagne

Présentation JPLDans la rivière la plus boueuse d'Afrique, un énorme crocodile déclarefièrement qu'il a trouvé des plans subtils pour "remplir son ventre affa-

mé et creux". Il raconte à qui veut l'entendre qu'il est "d'sortie pourtrouver/ un gosse à croquer./ Tends l'oreille et t'entendras les os cra-quer". Mais, au fil des pages, ses différentes aises échouent grâce auconcours des différents animaux de la jungle et il termine propulsé dansl'espace, "grillé comme une saucisse" au contact du "soleil brûlant"...Dans ce petit récit très illustré au grand format, Roald Dahl et QuentinBlake - deux très grands messieurs de la littérature et de l'illustrationpour les enfants - jouent sur tous les tableaux pour offrir un condenséd'humour noir, typiquement anglais : jeu avec les noms des person-nages, les sonorités, la typographie, les registres de langue, les rythmesde narration et les illustrations (caricaturales, sur le mode du dessin depresse). L'ensemble dans une version géante (35 x 45 cm).Une cassette audio reprend le texte de l'ouvrage. Les voix tour à tourgouailleuses, profondes et chantonnantes des animaux font écho à lavoix-off féminine. Le tout est rythmé par quelques phrases musicales(beaucoup de cuivres) qui entretiennent le suspense.

Niveau de langue : moyen ^.

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Plus vite...De plus en plus vite...

Toujours plus vile..On ne vit bientôt plus de l'Énorme Crocodilequ'une forme tourbillonnanteau-dessus de la tête de Trompette.

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesL'histoire de L'énorme crocodile a plu aux enfants desbibliothèques âgés de 6 à 12 ans. Elle a d'autant pluqu'elle se termine bien ("C'était bien parce qu'il n'a pasmangé les enfants") et que les animaux mis en scènefont écho au bestiaire africain. On y apprend, et c'est

"La présentation engrand format (livre

t) permet auxenfants de vivredirectement ce qu'ilslisent. "

k;inde, Bibliothèque•irentale du Borgou,

Parâkou, Bénin.

important, que "les animauxpeuvent aider les êtreshumains". Le récit, joyeux etdynamique, est qualifié deconte fantastique envoûtantet plein de suspense. Il amême inspiré certains petitsdessinateurs et donné desidées de jeux de rôles. Letexte par contre, a poséquelques problèmes. Trufféd'un ensemble de locutionstriviales, de mots difficiles et d'une multitude d'accordsde temps, il a nécessité l'aide d'un adulte. Mais les illus-trations, jugées tantôt remarquables tantôt horribles, sontvenues pallier ces difficultés. Le format, quant à lui, aété l'objet de quelques controverses. Sa taille gigan-tesque le rend peu pratique à manipuler et à transporter.Il permet cependant une lecture collective et de réaliserqu'en effet, "le crocodile est vraiment un animal de gran-de taille"!La cassette audio, fidèle au texte, a contribué à unemeilleure compréhension de l'ouvrage.

15.14 SZMIRPatrick Vendamme, ill. Sophia GrégoriouFlammarion (Castor Poche Cadet), 1995.Origine : France :

Présentation JPLDans "un pays de sable, de soleil et de ciel bleu" Izmir, un jeune ber-ger est contraint par la sécheresse à s'exiler en ville. Là, il trouve l'ami-tié et la protection de l'aveugle Kadar, et du travail chez Youssouf, unpotier. Enfin, un jour, la fortune vient, modestement, mais avec justice,lui offrir une existence tranquille de retour dans son village. Une his-

Un matin, alors que la prière du muez-zin s'élevait du minaret vers le cielcomme une fumée invisible, Izmir enten-dit une plainte. Inquiet, il alla frapper à lachambre de son maître. Aucune réponsene lui parvint. N'y tenant plus, il poussala porte. Youssouf gisait hors de son lit,les yeux clos.

Comme un fou. "* -r-*^I*le garçon sortit de la boutique et appelal'aide. En un instant, l'atelier fut plein uvoisins. On recoucha le vieil homme, otâcha de le l'aire boire un peu, en vain

ssouf mourut ie soir, a ! 'heure de lme prière. ; .•; ,.,:

toire racontée de manière simple et sobre, abondamment illustrée pardes aquarelles précises, donnant beaucoup à voir.

Niveau de langue : base / moyen

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCet ouvrage au format pratique (poche) qui dispense uneleçon de courage et d'espoir a été apprécié par tous.Plein d'amour et d'amitié, il

"Les illustrations du paysdésertique concrétisentles éléments essentielsdu texte. Certains enfantsont fait la comparaison

raconte une aventure extra-ordinaire qui s'appuie sur labonté de Dieu ("C'est le bonDieu qui a récompenséIzmir en lui faisant découvrirde l'or dans les sabots deson âne. C'est un bonlivre".). C'est également unedécouverte du mondemusulman et d'un métier,celui de la poterie ("il n'y apas de sot métier"). Et, plusque tout, c'est une invitationau voyage et à l'aventure: "La beauté des illustrations,leur clarté, la justesse du paysage et la simplicité dutexte, tout cela ajouté à la fin merveilleuse de l'histoireouvre la porte au rêve et l'espoir". Les dessins "bien faits"et pittoresques font écho au texte dépouillé. Seule petiteremarque : certains mots difficiles ont dû être recherchésdans le dictionnaire.

entre la poteriemaghrébine et cellede chez nous (Mali). "

Augustine Konaté, Bibliothèquedes Enfants, Bamako, Mali

n°6

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Syros (Multicultures), 1994 38 pages.

Présentation JPLCe texte reprend un passage du premier tome des mémoires d'AmadouHampaté Bâ, Amkoullel l'enfant peut, paru aux éditions Actes Sud.D'une narration limpide, il n'a pas été choisi au hasard. A en croirel'écrivain malien lui-même, c'est à partir de cet événement qu'il "prendpleinement conscience et de (son) expérience et du monde qui (Dentoure". Depuis la naissance de son petit frère, sa "mémoire s'est miseen marche, et depuis elle ne s'est plus arrêtée...". En écrivant ses sou-venirs, il ressent la même inquiétude pour sa mère en proie aux dou-leurs de l'accouchement, la même angoisse à la sortie du dieu Komodans le village, la même amitié pour Bamoussa, le fils du chef du villa-ge qui les a si gentiment accueillis, sa mère et lui. Les nombreuses

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illustrations du camerounais Christian Kingué Epanya, très présentes,dans des couleurs chaudes, complètent ce récit nostalgique : lesfemmes graciles au long cou, au visage d'une grande douceur, et lepetit village en terre avec ses habitations coniques traduisent l'impres-sion de bonheur que dégage le texte. La collection "Multicultures" pro-pose dans une forme inédite et luxueuse (grande dimension, beaupapier épais, graphisme raffiné), des extraits de texte tirés de livrespour adultes écrits par des auteurs du monde entier (4 titres).

Niveau de langue : moyen

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesCe livre a beaucou plu. L'idée de prendre un extrait dupremier tome des Mémoires d'Amadou Hampaté Bâ aenchanté certains lecteurs (les enfants ne peuvent pas lireles Mémoires dans leur intégralité car elles sont tropvolumineuses) et, c'est inévitable, en a frustré d'autres("Nous sommes un peu restés sur notre faim. On auraitaimé faire encore un petit bout de chemin avecAmkoullel et sa famille.") : lorsqu'on aime, on ne compteplus le nombre de pages... Le choix de l'extrait a égale-ment été applaudi par l'ensemble des bibliothèques : lethème de la naissance d'un petit frère intéresse énormé-ment les enfants. La sagesse qui ressort de ce passage àla narration jugée très claire et très simple a égalementmarqué ses lecteurs : à travers cet ouvrage, les enfantsrenouent avec les grandes vertus des sociétés tradition-nelles africaines comme l'hospitalité, la générosité et latolérance. Enfin, le public a adoré les illustrations, cesvéritables tableaux de scènes africaines en lesquels lestout-petits reconnaissent leur environnement familier.Notons tout de même qu'une bibliothèque a trouvé celivre peu intéressant et qu'une autre a regretté que cer-tains mots ne soient pas explicités. La couverture a égale-ment été jugée salissante.

Bandes dessinées

14.8 LE ROYAUME DU LÉOPARD(Jîmmy Tousseul 5)14.9 LA LOI DU SOLITAIRE(Jimmy Tousseul 6)Daniel Desorgher, ill. Stephen DesbergDupuis, 1991 et 1993, 48 pages.Origine : Belgique

Présentation JPLDeux aventures de Jimmy Tousseul et de ses amis Schatzy et Hermann,le lion apprivoisé. Dans Le Royaume du léopard, Jimmy qui a retrouvéson père doit affronter une bande d'hommes-léopards qui menacent demort les héros et mettent le feu à l'hôtel de Schatzy. Après une brèveenquête, Jimmy découvre que le chef et le responsable de cette

attaque des hommes léopards est son frère, un jeune homme métisseque son père a délaissé. Dans La loi du solitaire, Tousseul abandonneles dures lois de la brousse pour découvrir celles plus redoutables desrapports humains. Inscrit à une école mixte pour le dernier trimestrede l'année scolaire, Jimmy, amoureux de la belle Lana, s'oppose à sonrival, le play-boy prétentieux Valentin Makongo. La lutte entre les deuxjeunes hommes s'achèvera lors d'une chasse aux buffles pendantlaquelle Jimmy sauvera Makongo confronté à une vieille bête solitaire.Le tome 5, Le royaume du léopard, est plus complexe avec des retoursen arrière et des rêves. Son intrigue teintée d'humour et illustrée pardes dessins flamboyants gagne donc en épaisseur. La Loi du solitaire,lui, est plus léger : la scène d'ouverture (tentative de viol), le caractèredes personnages et les courses poursuites de voitures font penser àcertaines séries télé. Les deux tomes peuvent se lire indépendamment.Un graphisme de bande dessinée classique, "à la belge", bien lisible.

Niveau de langue : moyen

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Ce qu'en disent les bibliothèques africainesSi l'on en croit les fiches remplies ("Le livre que j'ai lemoins aimé", "Celui que j'ai préféré") en Côte d'Ivoire, cesont ces deux ouvrages que les enfants (à partir de 8 ans)ont préférés ou, du moins, le plus empruntés. Tous les ontdévorés pour leurs belles illustrations, leur ancrage dansun contexte africain et la facilité des textes. Mais c'est tout

de même La loi du solitaire quia remporté tous les honneurs.Parce que son scénario estmoins complexe que celui duRoyaume du léopard, les enfantsl'ont compris plus facilement. Ils 1ont également apprécié la mora-le de cette aventure où l'on voit 1un "paltoquet égoïste et libertin" 1se faire corriger par un Jimmy"malin et intelligent". Enrevanche, le deuxième album asuscité quelques controverses.Au niveau de la forme toutd'abord : les différentes sautsdans le temps ont brouillé la lec- Iture. Puis, au niveau de l'intrigue :l'origine des hommes léopardsn'a pas été comprise (qui sont-ils? quelle est leur histoire?), ni lecomportement du père (pour-quoi abandonne t-il ses deuxenfants? pourquoi n'aime t-il pas soncritiques qui ont fait préférer le tome

ti a beaucoup•etenu l'attention desecteurs, c'est le crime:ommis par le père deHmmy en abandonnantm enfant fait avecme négresse,.es lecteurs jeunes se;ont posés cette question :\i avoir un enfantwec une femme noire}st une honte,pourquoi coucherwec elle?"

.oumaye Damna, Bibliothèque dea Maison de la Culture, Bongor,

fils noir?)... Autant de5.

15.7 CARNET DE BROUSSE(GraindAzur 1)15.8 LA SECONDE DEFENSE(GraindAzur 2)Corbeyran, ill. FalqueDargaud, 1994. 60 pages. 'Origine : France / :

Présentation JPLGraindAzur, un châtelain fauché, poète à ses heures creuses, découvredans son grenier un mystérieux carnet de brousse qui a appartenu àson oncle Grosdeniers. Celui-ci raconte dans ce journal comment dechasseur sanguinaire qui traquait les éléphants en Afrique, il est deve-

nu un fervent défenseur des animaux... Mais le carnet possède égale-ment des zones d'ombre qu'il faut éclaircir... L'aventure mèneraGraindAzur et ses acolytes Bonnemain, le Pr Aigrefeuille et sa filleJayne dans la région de Kinshasa. Ces deux épisodes de GraindAzursont menés à un rythme d'enfer : déplacements entre la Sorbonne et leZaïre, nombreux rebondissements, quelques morts et, surtout, beau-coup de mystère. L'intrigue joue avec le temps : des retours en arrièrependant la lecture du carnet de brousse, des séquences parallèles avecdes scènes qui se déroulent simultanément. Le vocabulaire peut ne pasêtre évident avec des mots familiers ("marmouset"); les illustrationsjouent sur les perspectives et sur la représentation des personnages(petit corps et grosse tête typée). L'ensemble constitue une bande des-sinée complexe, parfois ambiguë.

Niveau de langue : moyen

Ce qu'en disent les bibliothèques africainesL'intrigue de cette bande dessinée a retenu l'attention deslecteurs de 12-15 ans. Le message écologique ("sauvons lafaune africaine") a été particulièrement apprécié. Les ado-lescents ont également aimé la forme policière adoptéepar les auteurs. En revanche, les petits caractères du texteet des expressions familières ont été un obstacle à la lec-ture. Heureusement, les illustrations qui, dans l'ensembleont plu aux enfants (couleurs très vives) ont permis unemeilleure compréhension (bonne adéquation entre letexte et les dessins). Quoique les enfants aient eu parfoisdu mal à se repérer : est-ce en Afrique ou en France? Unebande dessinée qui a rencontré un succès relatif par rap-port à l'enthousiasme que soulève d'habitude ce genred'ouvrages chez les lecteurs du réseau...

TAKAMTtKOU n-6