issn 0299 - 0342 - studiocine.com · À la merveille de terrence malick ... la city la finance en...

21
ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°310 • mars 2013

Upload: vuthien

Post on 16-Sep-2018

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

ISSN

029

9 - 03

42

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°310 • mars 2013

du 27 février au 5 mars 20131semaine

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 20 au 26 mars 20134semaine

MÖBIUSde Éric Rochant

MONSTRES…PAS SI MONSTRUEUX !

de divers réalisateurs

WEEK-END ROYALde Roger Michell

CAMILLE CLAUDEL1915

de Bruno Dumont

KÉRITYLA MAISON DES CONTES

de Dominique Monfery

1h37’

1h35’

1h43’

41’

L’ARTISTEET SON MODÈLE

de Fernando Trueba

1h45’

Le film imprévuwww.studiocine.com

À LA MERVEILLEde Terrence Malick

1h20’

19h30sauf jeudi

17h45

21h45

17h30

21h30

17h30saufjeudilundi

mercredisamedi

dimanche16h15

17h45

21h45

1h52’

mercredisamedi

dimanche14h15

JOURS D’HIVERde divers réalisateurs

1h05’ VF

19h30LA RELIGIEUSEde Guillaume Nicloux

LA BAIE DES ANGESde Jacques Demy

THE PLACEBEYOND THE PINES

de Derek Cianfrance

QUEENOF MONTREUIL

de Solveig Anspach

1h27’

2h20’

1h54’

1h22’

LES COQUILLETTESde Sophie Letourneur

1h15’

AU BOUTDU CONTE

de Agnès Jaoui

1h52

SPRINGBREAKERSde Harmony Korine

1h32’

14h0016h4519h1521h45

14h15

19h30

14h30

21h30

vendredi18h00

lundi19h30

14h30

19h45

CNPjeudi20h00

14h30

19h45sauf lundi

samedi : 14h15C I N É M A T H È Q U E

Débat en présence de M.-F. Beaufils

S’affranchir de la domination financière :des expériences au SudLA CITY

LA FINANCE EN EAU TROUBLEde Mathieu Verboud

2h07’

Rencontre avec Gérard Kawka

Les précurseurs du cinéma

14h1517h0019h1521h30 À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

Atelier : mercredi

ROSE ET VIOLETTEde divers réalisateurs

MAISON SUCRÉEJARDIN SALÉde divers réalisateurs

ANTIVIRALde Brandon Cronenberg

LOREde Cate Shortland

1h48’

1h48’

41’ VF

ELEFANTEBLANCOde Pablo Trapero

1h45’

Le film imprévuwww.studiocine.com

LES CHEVAUXDE DIEUde Nabil Ayouch

17h15

21h45

17h45

21h45

17h15

21h15

16h00

17h30

14h15

16h15

21h15

1h55’

PINOCCHIOde Enzo d’Alo

1h20’ VF

16h15

50’ VF

AS IF I AMNOT THERE

de Juanita Wilson

SYNGUÉ SABOURPIERRE DE PATIENCE

de Atiq Rahimi

MÖBIUSde Éric Rochant

WEEK-END ROYALde Roger Michell

LES ÉQUILIBRISTESde Ivano de Matteo

PSYCHOSEde Alfred Hitchcock

ZERO DARK THIRTYde Kathryn Bigelow

1h49’

1h40’

1h35’

1h43’

1h49’

1h42’

2h27’

14h30

19h15

14h15

19h45

14h30

19h15

lundi19h30

14h1517h1519h1521h15

14h3017h3019h3021h30

19h00

C I N É M A T H È Q U E

LES STUDIOFÊTENT LEURS 50 ANS

voir page 5

du 6 au 12 mars 20132semaine

du 13 au 19 mars 20133semaine

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

MAISON SUCRÉEJARDIN SALÉde divers réalisateurs

JASONET LES ARGONAUTES

de Don Chaffey

LES TEMPS MODERNESde Charles Chaplin

SYNGUÉ SABOURPIERRE DE PATIENCE

de Atiq Rahimi

1h42’

1h25’ sans paroles

41’ VF

1h45’ VF

LES ÉQUILIBRISTESde Ivano de Matteo

1h40’

Le film imprévuwww.studiocine.com

PINOCCHIOde Enzo d’Alo

17h15

21h15

mercredisamedi

dimanche16h15

mercredisamedi

dimanche16h15

mercredisamedi

dimanche14h15

21h15

1h20’ VF

ROSE ET VIOLETTEde divers réalisateurs

50’ VF

mercredisamedi

dimanche16h15

NOde Pablo Larrain

PINOCCHIOde Enzo d’Alo

MÖBIUSde Éric Rochant

LA MORT EN DIRECTde Bertrand Tavernier

MONSTRES…PAS SI MONSTRUEUX !

de divers réalisateurs+ COURTS DE FÊTE (mercredi)

2h08’

1h43’

1h20’ VF

UN WEEK-ENDEN FAMILLE

de Hans-Christian Schmid

1h24’

Le film imprévuwww.studiocine.com

WEEK-END ROYALde Roger Michell

41’

17h45

19h30

19h15

17h15

21h45

mercredi20h00

17h30saufjeudilundi

21h30

1h35’

mercredisamedi

dimanche14h15

et16h15

Soirée Libres CourtsCOURTS MÉTRAGESDES ANNÉES 60

17h30

21h30MÖBIUSde Éric Rochant

LE JEUDIde Dino Risi

SPRINGBREAKERSde Harmony Korine

NOde Pablo Larrain

1h55’

1h32’

1h43’

1h45’

WEEK-END ROYALde Roger Michell

1h35’

À LA MERVEILLEde Terrence Malick

1h52’

AU BOUTDU CONTE

de Agnès Jaoui

1h52’

LES CHEVAUXDE DIEUde Nabil Ayouch

1h55’

14h3017h4519h4521h45

14h15

19h45

14h1517h1519h15

14h1517h1519h3021h30

lundi19h30

14h1517h1519h15

14h3019h3021h30

17h45

LES STUDIOFÊTENT LEURS 50 ANS

voir page 5

C I N É M A T H È Q U E

Partenariat Studio /

À LA MERVEILLEde Terrence Malick

SPRINGBREAKERSde Harmony Korine

AU BOUTDU CONTE

de Agnès Jaoui

LINCOLNde Steven Spielberg

CAMILLE CLAUDEL1915

de Bruno Dumont

LA GRANDE CITÉde Satyajit Ray

L’ARTISTEET SON MODÈLE

de Fernando Trueba

Cinéma engagé, cinéma militant

93 LA BELLE REBELLEde Jean-Pierre Thorn

Débat en présence du réalisateur

2h11’

73’

1h37’

2h29’

1h52’

1h52’

1h32’

1h45’

14h1517h3019h30

14h3017h3021h30

14h1517h1521h30

lundi19h30

CNPjeudi20h00

14h15

19h00

14h1519h4521h45

14h30

19h30

C I N É M A T H È Q U E

1h55’

Goûter & atelier : mercredi

10’

Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00La bibliothèque est fermée

les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,avec la participation de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

AFCAEASSOCIATION

FRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATION

DES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENT

NATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATION

DES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTION

DU CINÉMA EUROPÉEN

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

1963-2013Les Studio fêtent leurs 50 ans . . . . . . . . 5

Animation Bibliothèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . 8

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Bande annonceEurope et démocratie… . . . . . . . . . . . . . . 18

à propos deUne histoire d’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

courts lettragesFoxfire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

rencontrePascal Mérigeau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

à propos deRenoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

interférencesL’Homme qui rit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

interférencesAlceste à bicyclette/Wadjda . . . . . . . . . 27

interférencesLa Conquête/Pater/Le Grand retournement . . 28

rencontreGérard Mordillat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS :QUEEN OF MONTREUIL . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . pages centrales

La cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Emars 2013

Le livre de Claude du Peyrat, Les Studio, 50 ans d’aventure, sera en vente auprix de 18 €, du 25 février au 9 mars dans le hall puis à la bibliothèque desStudio ainsi que à La Boite à Livres.Une façon simple de montrer votre attachement aux Studio.

3Les CARNETS du STUDIO n°310 – mars 2013

éditorial

En novembre 2012, le Petit Faucheux fêtait sesvingt-cinq ans de (programmation) jazz. Unalbum collectif magnifiquement illustré rendaitcompte de ce parcours musical d’exception.En mars 2013, c’est au tour des cinémas Stu-dio de fêter leurs cinquante années d’exis-tence. Un livre écrit par Claude du Peyratretrace lui aussi cette longue histoire cinéma-tographique.

Pourquoi avoir choisi dans l’un et l’autre cas,non seulement de marquer l’événement parune semaine festive assez exceptionnelle maisde jeter par écrit un regard en arrière sur lesétapes passées ? De la petite salle de80 mètres carré de la rue du Mûrier, le PetitFaucheux s’est affirmé au fil des ans comme laplus grande salle permanente de jazz deFrance. De la petite salle en faillite du Myriamcinéma aux sept salles modernes de la rue desUrsulines, les 50 ans de vie des Studio les ontconduits à devenir le plus important complexeindépendant d’art et essai de l’Hexagone avecplus de 25 000 abonnés et 350 000 entrées paran. Comment expliquer cette double réussiteplutôt surprenante pour une agglomérationsomme toute modeste (la 18e par la popula-tion) ? Est-elle due à la création d’un fort pôleassociatif dans le domaine culturel par oppo-sition à la longue hégémonie de l’ère Royer ?Je ne sais, mais il est passionnant de voir, àl’aide de ces deux ouvrages, comment cesréussites sont à la base des aventureshumaines, autour du duo Aimé-Audureaupour le Petit Faucheux et de Henri Fontainepour les Studio. C’est de ces personnalitésmarquantes que sont nés ces projets mais rienn’aurait pu être possible s’ils n’étaient deve-

nus, l’un et l’autre, des histoires éminemmentcollectives.Bien sûr, les deux structures culturelles tou-rangelles sont très différentes. En s’installantdans le théâtre Jean Vilar, avec une nouvelleéquipe, tout en maintenant une originalité deprogrammation remarquable, le Petit Faucheuxest devenu obligatoirement plus institutionnel.Les Studio ont réussi quant à eux à pérenniserleur indépendance, à la fois au niveau de leurprogrammation mais aussi de leurs financespuisqu’ils ne reçoivent aucune subvention defonctionnement.* Fêter les anniversaires, c’est bien sûr se pen-cher vers le passé (espérant ne pas trop ver-ser dans l’autosatisfaction) mais c’est aussi seprojeter dans le futur. Parti prenant d’un sec-teur culturel non concurrentiel, celui du PetitFaucheux semble sans difficultés avérées(même si les diminutions des subventionspeuvent modifier la donne, comme on l’a vuavec la suppression des festivals de Saint-Cosme et de Loches). Comme tous les ciné-mas d’art et essai de France, les Studio sontdans un domaine culturel où la concurrences’amplifie d’année en année. Les puissantsmultiplexes attaquent désormais ce secteur del’exception culturelle française jusque-là rela-tivement préservé. Les Studio auront-ils unpublic suffisamment fidèle et un accès auxfilms porteurs suffisant pour l’attirer dans sessalles, pour continuer à porter devant le plusgrand nombre l’offre culturelle la plus richepossible qui est la sienne ? DP

* Les Studio sont subventionnés par la communauté d’ag-glomération, le conseil général, le conseil régional, leministère de la culture uniquement pour des actions cul-turelles particulières (festivals, festivités…)

Anniversaires

5Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 20134

Le CNP, la bibliothèque des Studio, la Ligue desDroitsde l’Homme, France Palestine Solidarité, le Col-lectif Palestine 37 et le Centre d’information sur lesDroits des Femmes et des Familles, proposent :

Cinéma engagé, cinéma militant

Le cinéma militant est-il mort ? A-t-il pro-fondément changé ? Voué dès sa naissance au rôle de porte-voix des luttes ouvrières, il met en imagel’exploitation, la misère, les grèves, lessans-papiers, la répression. Le cinéma engagé tend aujourd’hui à sediversifier : il aborde les domaines cultu-rels, économiques et sociaux en s’éman-cipant des structures partisanes. Affirmantson indépendance, il reste fidèle à savocation première : apporter une voix dif-férente et contradictoire aux idées conve-nues… Mais avec quels moyens ? L’échange por-tera aussi sur la réalisation, la distribution,et la place que les exploitants réservent àce type de films.

FILM : 93 La Belle rebelle de Jean-PierreThorn – 73’ - 2010DÉBAT en présence J-P Thorn, réalisateur,de Fabienne Hanclot, déléguée dénéralede l’Acid* ainsi que des animateurs desfestivals et de la programmation des Ciné-mas Studio.*Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion

jeudi 14 mars - 20h00Le CNP, Frères des hommes, l’Association ÉchangesDéveloppement et Convergences 37, proposent :

S’affranchir de la dominationfinancière :

des expériences au Sud

Les pays développés souffrent deséchanges de plus en plus mondialisés surle plan économique et commercial. Lesdifférences de salaires et de charges entreles pays riches et les PVD sont telles quede plus en plus d’usines, d’entreprises,ferment au Nord pour s’installer au Sud.Mais, dans le Sud où la pauvreté est endé-mique, des populations s’organisent pourproduire leur alimentation en marge, etmême à l’encontre, de l’ordre mondial.Elles ont l’espoir de pouvoir vivre mieux.C’est peut-être en regardant ce qui avanceau Sud que l’on trouvera les solutionspour sauver le Nord.

FILM : La City. La Finance en eau troublede Mathieu VerboudDÉBAT avec la participation de Mme Marie-France Beaufils, sénatrice, vice-prési-dente de la commission des finances, ainsique des représentants des associations.

À qui appartient la santé des FrançaisFILM : Les Médicamenteurs de StéphaneHorel – 54’. DÉBAT avec Helena Pasca – fon-dation Sciences citoyennes – et un médecin.

jeudi 28 mars - 20h00

jeudi 21 mars - 20h00

DES EXPOSIT IONSDu 26 février au 14 avril, trois expositionsexceptionnelles vous attendent au 2e étagedu Château de Tours. Avec Pour en finiravec les bobines ! 13 artistes plasticiensfêtent les 50 ans des Studio en recyclant,dans des œuvres créées spécialement pourl’occasion, de vieilles bobines de films etdes tickets d’entrée désormais obsolètes.Avec Les Ancêtres du cinéma, Bruno Bou-chard présente une collection de jouetsoptiques et de lanternes magiques. L’expo-sition 50 ans de cinéma, 50 ans de pas-sion… vous permet de retrouver les grandesétapes de l’histoire des Studio sur un murd’images et des panneaux synoptiques.Le vernissage de ces expositions aura lieu levendredi 1er mars à 18h30 en présencedes artistes et du collectionneur.

Samedi 2 mars de 15h à 19h présentationdu livre de Claude du Peyrat : CINÉMA STUDIODE TOURS, 50 ANS D’AVENTURE à La Boite à Livres.

UNE SEMAINE ANNIVERSAIRELundi 4 mars-19h30, la Cinéma-

thèque rend hommage à la naissance desStudio en projetant Psychose, le chefd’œuvre d’Alfred Hitchcock, tout premierfilm projeté dans l’unique salle des Studio,le 9 mars 1963. (tarifs habituels)

Mardi 5 mars-18h à 21hUne table ronde est organisée sur l’avenirdes salles indépendantes et du cinémaart et essai. Au moment où les multiplexesaccentuent leur pression économique enmultipliant les écrans et en essayant de pri-

ver les salles indépendantes de l’accès auxfilms porteurs, des personnalités du mondedu cinéma, des distributeurs, cinéastes,représentants du CNC, de l’Afcae, de l’Acor,de l’ACC, du GNCR, de Ciné-off, de Ciclicviennent porter le débat devant les specta-teurs des Studio et les élus invités.(entrée gratuite)

Mercredi 6 marsl’après-midi est essentiellement dédié aujeune public. À 14h15 sont annoncés les résultats deCourts de fête et les deux courts métragesprimés sont projetés sur grand écran, enavant-programme du célèbre film de 1963Jason et les Argonautes (lire page 34).À 16h30, un goûter anniversaire est offertaux jeunes spectateurs ainsi qu’un ateliereffets spéciaux où les enfants, devenusacteurs, sont projetés dans la magie desimages (séance aux tarifs habituels).À 18h30, soirée spéciale correspon-dants : relais indispensables avec nos abon-nés, les 210 correspondants sont conviés àune projection particulière de Psychose et àla présentation du livre Les Studio, 50 ansd’aventure de Claude du Peyrat. (sur invitation)

Jeudi 7 mars - 20h : après un rendez-vous manqué avec France Inter (mais la pro-messe de venir présenter le Masque et laPlume aux Studio en 2013), Radio Bétonreprend le flambeau et fait son Masque(émission en public et en direct aux Studio).Cette radio associative tourangelle incon-tournable avec laquelle nous partageonsbeaucoup d' engagements couvrira les 50ans (le jeudi et le vendredi sur 93.6).

1963-2013les cinémas Studio fêtent leurs 50 ans

Attention : pour toutes les soirées anniversaire – comme tout au long de l’année –, il n’y a pas de réservation possible.Jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 mars, les caisses ouvriront une heure avant le début des séances en question.

7Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 20136

Vendredi 8 marsC’est la soirée du public.Elle commence à 18h00 avec la remisedes prix du concours de nouvellesFenêtre sur courts. 58 personnes ontécrit une nouvelle dont l’une des scènes sepasse aux Studio. Le palmarès estproclamé par l ’écrivain Jean-MarieLaclavetine. Le dramaturge Bernard Pico faitensuite la lecture des nouvelles primées.À 19h30 est projeté La Leçon de Piano,Palme d’or de Jane Campion, film choisi parle public dans une liste de 50 films emblé-matiques.Après la projection, Thomas Lebrun et lesdanseurs du Centre Chorégraphique Natio-nal de Tours se livrent à des improvisationschorégraphiques dans un jeu interactif avecles spectateurs. Dans ce What you want !,le public choisit un danseur et une musiqueparmi une liste de célèbres bandes origi-nales de films. (soirée aux tarifs habituels)

Samedi 9 marsC’est le jour anniversaireA 14h00, le public est accueilli par la Com-pagnie Off.14h15 : entrée gratuite pour tous : 1 000places sont offertes dans nos 7 salles, pourles films de la programmation en cours.16h00 : la Compagnie Off conduit lesspectateurs jusqu’aux expositions du Châ-teau de Tours, dans une déambulation hauteen couleurs. Puis elle prend possession dela rue des Ursulines où elle met en scène unvrai-faux tournage avec le sens de la déme-sure dont elle a le secret. 18h00 : l’anniversaire officiel commence,présidé par le réalisateur Bertrand Taver-nier. (entrée libre, dans la limite des places dispos)20h00 : Bertrand Tavernier présente son filmcoup de cœur au titre emblématique : Quela fête commence !

Après la projection, le Carole Lebrun sex-tet a concocté un concert mêlant jazz etcinéma, alors qu’une animation musicale parla Compagnie Off se déroule en extérieur,dans la cour.(soirée aux tarifs habituels)

DES ÉCHOSTOUT AU LONG DU MOIS

La Cinémathèque poursuit son travail demémoire en projetant des films de l’année1963, tous les lundis du 11 mars au1er avril (voir le programme de la Cinéma-thèque disponible à l’accueil).

Mercredi 13 mars-20h00Une soirée Libres courts, en partenariat avecl’agence régionale Ciclic, vous invite àdécouvrir un florilège de courts métragesdes années 1960 (avec notamment des CMde Godard, Polanski, Lynch et Truffaut !)

Jeudi 14 mars-20h00Le CNP organise une soirée spéciale :Cinéma engagé, cinéma militant. Projec-tion et débat en hommage à l’une des spé-cificités des cinémas Studio depuis leurcréation.

Vendredi 22 mars 2013-18hRencontre à la bibliothèque des cinémasStudio : De l’image de Lascaux aux frèresLumière, ou les précurseurs du cinémaDe la simple capture de l’image fixe à la pro-jection d’images animées, nous parcourronsles siècles en compagnie de ceux qui, parleurs recherches, permirent la naissance ducinéma.Gérard Kawka, ancien Directeur de l’Asso-ciation artistique culturelle de Villemomble,partagera avec nous, à travers, des élémentsvisuels, ses réflexions sur le pré-cinéma.

PsychoseUSA – 1960 – 1h42,

de Alfred Hitchcock, avec Anthony Perkins, Janet Leigh…

Alors qu’elle s’est enfuie avec les 40 000 $qu’elle devait déposer à la banque, pani-quée et sous une pluie battante, MarionCrane s’arrête dans un motel perdu tenupar un sympathique gérant, loin desgrands axes routiers… Sans nouvelles deMarion, sa sœur et son amant partent à sarecherche quelques jours plus tard… Leplus gros succès de la filmographie dugrand Alfred est devenu un film culte oùle suspense et l’horreur tiennent le spec-tateur en haleine jusqu’au paroxysme de lascène où le mystérieux meurtrier est enfindémasqué.

La Leçon de pianoNouvelle-Zélande – 1993 – 2h01,

de Jane Campion, avec Holly Hunter, Harvey Keitel…

Au XIXe siècle, Ada, une jeune femmeécossaise est envoyée par son père enNouvelle-Zélande pour y épouser uncolon. Mutique depuis l’enfance, elle neparle que par le langage des signes. À sonarrivée, elle est obligée d’abandonner surla plage le piano qu’elle adore plus quetout. Le voisin de son mari, Baines, un ori-ginal qui vit au cœur de la nature et aumilieu des Maoris, récupère l’instrument.Commence alors une histoire passionnelle,

faite d’apprivoisements progressifs, oùAda récupère son instrument, toucheaprès touche, en cédant aux caresses deBaines… Un film magnifique, passionnel etbouleversant, sur la découverte du plaisiret l’amour de la musique. La 1re Palme d’ordu Festival de Cannes attribuée à une réa-lisatrice !

Que la fête commence !France – 1975 – 1h54, de Bertrand Tavernier,

avec Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle…

Au début du xVIIIe siècle, pendant la minoritéde Louis XV, la régence est assurée par le ducd’Orléans, jouisseur libre-penseur qui vit en-touré d’une cour de prostituées et de liber-tins. En Bretagne, le Marquis de Pontcallecprépare un complot visant à l’indépendance,que doit réprimer l’abbé Dubois, PremierMinistre manipulateur qui cherche à assouvirson goût du pouvoir… Chronique tragi-co-mique du pourrissement progressif de l’an-cien régime (crise morale et financière) le 2e

film de Bertrand Tavernier est une réussite to-tale, emportée par des dialogues jubilatoireset un trio magique (Noiret-Marielle-Roche-fort) au meilleur de son inspiration. Et sous lafête annoncée, on sent frémir les prémissesdes idées révolutionnaires… Et on peuts’amuser à y reconnaître de tout jeunes co-médiens : Nicole Garcia, Brigitte Roüan, Mi-chel Blanc, Christian Clavier, Thierry Lhermitte,Gérard Jugnot… DP

Les festivités des 50 ans des Studio n’auraient pu être organisées sans l’aide de la Ville de Tours, de Tours Plus, du Conseil

général d’Indre-et-Loire et de la Région Centre que nous tenons ici à remercier chaleureusement.

LES FILMS DU CINQUANTENAIRE

1963 - 2013les cinémas Studio fêtent leurs 50 ans

Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 20138 9Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013

À la Merveille – Le Mont-Saint-Michel – Neilet Marina, amoureux, se découvrent. Désor-mais, le couple, installé dans l’Oklahoma avecTatiana, la fille de Marina, est fragilisé. Danscette communauté américaine, la femmecherche conseil auprès de Quintana, unprêtre en plein doute spirituel…  Marinaretournant finalement en France, Neil seconsole avec Jane, mais reste écartelé. Lesdeux hommes semblent confrontés auxmêmes questionnements, aux mêmesluttes…The Tree of Life (2011, Palme d’or à Cannes),La Ligne rouge (1998, Ours d’or à Berlin), LesMoissons du Ciel (1978)… les films de T.Malick sont tous des chefs-d’œuvre ! Avecpoésie et une nature encensée, des thèmeschers au réalisateur se déclinent : la trans-cendance et l’amour. Qu’il questionne, crispeou ravisse, le cinéma de T. Malick poursuitsa quête mystique pour ne jamais laisserindifférent !

Sources : dossier de presse, rfi.fr, lemonde.fr.

Il s’appelle Cronenberg, il est fils de et il res-pecte l’adage «  Les chiens ne font pas deschats ». Donc, pour sa première réalisation,Brandon Cronenberg se lance dans une his-

À la merveilleUSA – 2012 – 1h52, de Terrence Malick,

avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Javier Bardem…

AntiviralCanada – 2012 – 1h44, de Brandon Cronenberg,

avec Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcolm McDowell…

toire de virus. Soit une époque où l’obses-sion narcissique et le culte de la célébritérégissent le quotidien et où la communiondes fans avec leurs idoles ne connaît plus delimites. Syd March est employé d’une cliniquespécialisée dans la vente et l’injection de virusayant infecté des célébrités. Mais il vend aussices échantillons, pour son propre compte, àde puissantes organisations criminelles. Saméthode pour déjouer les contrôles de la cli-nique : s’injecter les virus à lui-même…Sous influence paternelle, peut-être, maiscapable de trouver sa voie. Cet Antiviral a sapropre personnalité, celle d’un film entrethriller et réflexion sociologique, une œuvrequi pourra marquer par la force de sesimages et la peur qu’il diffuse.

Sources : dossier de presse.

Été 1943, dans la France occupée, non loinde la frontière espagnole. Marc Cros, célèbresculpteur, vit avec sa femme Léa qui a long-temps été son modèle. Fatigue de la vie etde la folie des hommes, il est a la recherched’une inspiration nouvelle, mais rien nesemble le sortir de la monotonie ambiante.Léa repère Merce, une jeune espagnoleéchappée d’un camp de réfugiés, et lui pro-pose de poser pour son mari. Le vieil artistedécouvre alors une nouvelle muse et s’attellea sa dernière œuvre.

L’Artiste et son modèleEspagne – 2013 – 1h45, de Fernando Trueba,

avec Jean Rochefort, Aïda Folch, Claudia Cardinale…

Réalisateur de Mientras el cuerpo aguante(1982), Grossel (1983), Belle époque (1992),Two Much (1995), La Fille de tes rêves (1998),Calle 54 (2000), L’Envoûtement de Shanghai(2004), Le Miracle de Candeal (2005), Chico &Rita (2010), Trueba filme en noir et blanc,une histoire, écrite avec le scénariste Jean-Claude Carrière, qui raconte le conflit inté-rieur de Marc Cros, artiste de renom, ins-piré de la vie de l’artiste Aristide Maillol. Unfilm qui a ému le festival de Saint-Sébastien.

Sources : www.nouvelobs.com

Jeune enseignante, Samira est nommée dansun petit village non loin de Sarajevo, justeavant le début de la guerre. Le village occupépar les forces serbes, les hommes sont tuéset les femmes transformées en esclavessexuels soumis aux traitements les plusdégradants. Mais Samira décide qu’on nepourra plus lui prendre son humanité par laforce et entreprend de négocier ses « ser-vices »…Pour son premier long métrage, cette jeuneréalisatrice irlandaise a choisi d’aborder sonsujet de manière très frontale et très peupsychologisante. Peu de dialogues, peu d’ac-cès aux pensées des personnages, tout estfait pour que le spectateur reste seul face àl’inacceptable…

Sources : eyeforfilml.co.uk, bonjourtristesse.net

Les contes commencent toujours par Il étaitune fois… Il était une fois une jeune fille quicroyait au grand amour, une femme quirêvait d’être comédienne, un jeune hommequi croyait en son talent de compositeur sanscroire en lui-même, une petite fille qui

As If I’m Not ThereSerbie-Croatie – 2010 – 1h49, de Juanita Wilson,

avec Natasha Petrovic, Fedja Stukan, Stellan Skarsgård…

Au bout du conteFrance – 2013 – 1h52, de et avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri,

Agathe Bonitzer, Benjamin Biolay…

croyait en Dieu, un homme qui ne croyait enrien mais qui finit par croire la voyante quilui donna la date de sa mort…Longtemps actrice et scénariste renommée(avec son complice J.-P. Bacri) pour CédricKlapisch (Un air de famille, en 96) ou AlainResnais (Smoking-No smoking, en 93 et Onconnaît la chanson, en 97), Agnès Jaoui estdevenue une réalisatrice talentueuse quiarrive à concilier – et ce n’est pas si fré-quent – succès critique et succès public (sestrois films ont fait entre 1 et 3 millions d’en-trées) avec Le Goût des autres (2000), Commeune image (04) et Parlez-moi de la pluie (08),primé au Festival de Cannes. Après s’êtrepassionnée pour la chanson (avec deuxalbums remarqués), on a eu le plaisir de larevoir dernièrement en mère possessivedans le formidable Du vent dans mes mollets.Elle revient devant et derrière la caméra avecune nouvelle comédie qui « utilise les grandesfigures du conte pour faire un portrait de groupeoù chaque personnage cherche un sens à sa vie,de manière plus ou moins rationnelle ». Il étaitune fois ; on peut le parier… un grand plai-sir à venir.

Sources : dossier de presse

Hiver 1915. Internée par sa famille, CamilleClaudel est emmenée dans un asile du sudde la France – là où elle ne sculptera plus. Lefilm est la chronique des trente dernièresannées de sa vie de recluse, surveillée jouret nuit comme une criminelle et dans l’at-tente d’une visite de son frère, Paul Claudel...On connaît le cinéaste exigeant et atypique,B. Dumont, pour sa radicalité, le refus desconventions et le rejet des comédiens expé-rimentés. Après La Vie de Jésus (1996), L’Hu-manité (1999), Flandres (2005) et Hors Satan(2011), le réalisateur fait appel pour la pre-

Camille Claudel 1915France – 2011 – 1h37, de Bruno Dumont,

avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Robert Leroy…

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

avant leS filmS, danS leS SalleS, au moiS de marS 2013 :• A Very New Organ Trio de The Best Lines (studio 1-2-4-5-6) • Don’t Cry For No Hipster de Ben Sidran (studio 3 et 7).

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

w w w . s t u d i o c i n e . c o mSur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez

des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

A

C

11Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201310

mière fois à une professionnelle, JulietteBinoche. Celle ci interprète Camille Claudel,24 ans après Isabelle Adjani dans le film deBruno Nuytten, romance tumultueuse avecl’artiste Rodin et son destin tragique. Le film pose ici la question de la création etde l’internement.Camille Claudel en compétition au festival deBerlin 2013 portera les couleurs de la France.

Sources : dossier de presse.

Yachine a dix ans. Il vit avec sa famille dansle bidonville de Sidi Moumen à Casablanca etson quotidien est fait de violence, de misèreet de drogue. Un jour, l’un de ses frèresainés, Hamid, se retrouve en prison. Quandil en sort quelques années plus tard, il achangé. Devenu islamiste radical, il persuadeYachine et ses amis de rejoindre leurs frères.Une longue préparation physique et mentaleauprès d’un chef spirituel commence alors.Un jour on leur annonce qu’ils ont été choi-sis pour devenir des martyrs…Inspiré par les attentats de Casablanca du 16mai 2003, Les Chevaux de Dieu peut être misen parallèle avec La Désintégration, de PhilippeFaucon, au sujet très proche. Mais le traite-ment n’est pas le même, Nabil Ayouch estmoins distancié et son film touche plusimmédiatement. Cette très belle réussite àla réflexion sociale profonde va bien au-delàdu contexte marocain. Fluide et nerveuse lamise en scène nous attache aux personnageset nous tient en haleine. Pas une comédie,c’est sûr, mais l’assurance tout de même devoir un beau film. JF

Les Chevaux de DieuMaroc – 2012 – 1h55, de Nabil Ayouch,

avec Rachid Abdelhakin, Hamza Souidek, Rachid Abdelilah…

Trois jeunes femmes dissemblables, dontSophie Letourneur, sont conviées au festivalde Locarno, ce qui va leur servir de prétextepour explorer leurs petits désordres amou-reux et se confronter à leur rêve de grandamour contrarié. Sophie tente de séduire unacteur sexy (Louis Garrel, hilarant), Caroleprétend ne chercher qu’une aventure char-nelle, Camille penche vers le romantisme…Bref, cette comédie explore les aventuresglamour et burlesques de trois filles en pleinerégression affective. Cette histoire seraconte en voix off, ce qui rajoute unedimension volontairement artificielle au récit.

Sources : dossier de presse.

Au cœur du bidonville de la Vierge, dans labanlieue de Buenos Aires, l’éléphant blanc estle nom d’un hôpital jamais fini où deuxprêtres tiers-mondistes luttent contre la cor-ruption, la pauvreté et les narcotrafiquantsqui gangrènent la vie du quartier. Leur mis-sion les amène à s’opposer aussi bien auxpouvoirs policiers et mafieux qu’à la hiérar-chie ecclésiastique…Caméra au poing, dans de longs plansséquences, avec un travail d’orfèvre sur lalumière, et trois interprètes magnifiques,Pablo Trapero nous plonge avec émotiondans la misère d’un monde livré à la violence.Dans ce film foisonnant, en suivant ceux quis’attachent à préserver le tissu social, il necède jamais au désespoir. « Je crois qu’il fautse retourner en permanence sur son passé etl’utiliser comme un miroir. Ce que l’on peut reti-

Elefante blancoArgentine – 2012 – 2h, de Pablo Trapero,

avec Ricardo Darin, Jérémie Renier, Martina Gusman…

Les CoquillettesFrance – 2013 – 1h15, de Sophie Letourneur,

avec Sophie Letourneur, Camille Genaud, Carole le Page…

rer d’une situation traumatisante, c’est qu’il fautla garder en mémoire pour améliorer l’avenir, »déclarait Pablo Trapero à Cannes. Il nousprouve une nouvelle fois après les films deCarlos Sorin, Pablo Giorgelli, Maria VictoriaMenis, l’excellente santé du cinéma argentin.

Sources : agoravox.fr – laterna-magica.fr – dossier depresse

Filmographie : Mundo grua (99) – El Bonaerense (02)– Leonora (08) – Carancho (10)

Giulio a quarante ans et une vie bien instal-lée : un travail, deux enfants et une femme,Elena, qu’il aime. Mais il la trompe un soir. Ledépart de son épouse va faire basculer la viede Giulio et lui faire découvrir la frontièreinfime entre l’aisance et la pauvreté…Ivano de Matteo est un jeune réalisateur ita-lien à suivre. Son précédent film, La Bellagente, les gens biens avait su se faire remar-quer. C’est à nouveau avec Valentina Ferlan(sa femme avec qui il a fondé la compagnie IlCantiere dans les années 90), qu’il a écrit lescénario. Toujours dans la même lignesociale qui ausculte les rapports de classe, depouvoir et d’argent, il offre avec Les Équili-bristes une œuvre qui a, semble-t-il, particu-lièrement touché ceux qui ont déjà eu lachance de le voir.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public.

Les ÉquilibristesItalie – 2012 – 1h53, de Ivano de Matteo,

avec Valério Mastandrea, Barbara Bobuleva…

Jason et les Argonautes

Jours d’hiver

Kérity, la maison des contes

Le film raconte les derniers mois tumultueuxdu seizième – légendaire – président desÉtats-Unis. Alors que la nation est déchiréepar la guerre civile et secouée par le vent duchangement, Lincoln, d’une détermination etd’un courage moral exceptionnels, va toutmettre en œuvre pour résoudre le conflit,réunifier le pays et convaincre la Chambredes Représentants de voter le treizièmeamendement qui vise à interdire l’escla-vage…Le film met les projecteurs sur les coulissesde la politique américaine à un moment cléde son histoire. Daniel Day Lewis donne lit-téralement vie à Lincoln et chacun desacteurs nous livre une excellente perfor-mance. Lincoln a été porté aux nues par la cri-tique américaine. Courons voir ce filmaux quatre prix et 32 nominations dans lesfestivals !

Sources : dossier de presse.

En 1945, à la fin de la guerre, Lore – unejeune adolescente, fille d’un haut dignitairenazi – traverse l’Allemagne avec ses frères etsœurs. Livrés à eux-mêmes, au milieu duchaos, leur chemin croise celui de Thomas,un jeune rescapé juif. Pour survivre, Lore n’ad’autre choix que de faire confiance à celuiqu’on lui a toujours désigné comme sonennemi…D’après la nouvelle La Chambre Noire deRachel Seiffert, par l’une des meilleures réa-lisatrices australiennes actuelles, qui a déjàréalisé Somersault (2003). Prix du public àLocarno et remarqué au festival de Toronto,

LoreAllemagne/Australie/UK – 2013 – 1h48, de Cate Shortland,

avec Saskia Rosendahl, Kai Malina, Ursina Lardi…

LincolnUSA – 2012 – 2h29, de Steven Spielberg,

avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn…L

E

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201312 13Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013

entre autres, ce film australien a été tournéen langue allemande. Un film sur la perte del’innocence à l’adolescence, une réflexion surl’identité et la découverte de la sexualité.

Sources : dossier de presse.

Lioubov, un officier des services secretsrusses, est expédié en mission à Monacopour y espionner un homme d’affaires. Sonéquipe recrute alors une jeune femmeexperte en finances mais il la soupçonne vitede jouer un double jeu. Pour en avoir le cœurnet, il lui faudra entrer en contact avec elle,entamant ainsi une liaison très peu profes-sionnelle qui risque fort de mettre en périlbien plus que la seule mission pour laquelleil a été envoyé là.Eric Rochant qui avait commencé très fortavec Un monde sans pitié (dans lequel il révé-lait simultanément H. Girardot et Y. Attal !)nous avait ensuite donné quelques bellesréussites (Les Patriotes) mais semblait som-noler un peu depuis quelques années. Levoici de retour aux commandes d’un film deluxe avec un casting impressionnant et uneintrigue assez balisée dont on peut lui faireconfiance pour tirer le meilleur avec unegrande élégance.

Sources : dossier de presse.

Katherine, qui n’a plus que trois semainesà vivre, s’enfuit pour « mourir libre » loindes médias qui la traquent. Elle ignorequ’elle est aidée dans sa fuite par celui-làmême qui la filme par l’intermédiaire d’unecaméra greffée dans son cerveau.Tavernier l’éclectique s’est donc essayé à

La Mort en directGrande Bretagne,/Allemagne/France – 1980 (ressortie 2013) – 2h08, de Bertrand

Tavernier, avec Romy Schneider, Harvey Keitel, Harry Dean Stanton…

MöbiusFrance – 2012 – de Eric Rochant,

avec A. Gorbunov, C. De France, J. Dujardin, E. Dequenne, T. Roth…

la science fiction il y a plus de 30 ans, etson film, tourné en Ecosse dans des décorssobres et sans les gadgets habituellementréservés à ce type de production, est à lafois intemporel et prémonitoire. Ildénonce avant qu’elles n’aient connu lesuccès que l’on sait, la manipulation et levoyeurisme malsain des émissions de télé-réalité. Et comme plus c’est dramatique,plus l’audience est à son comble, offrir uneagonie en pâture aux téléspectateurs estun spectacle de choix ! Romy Schneiderest bouleversante et Harvey Keitel tout endélicatesse. La Mort en direct est un filmfort et troublant à (re)découvrir. SB

Voir pages jeune public

Sous la pression de la communauté interna-tionale, le dictateur Pinochet finit par orga-niser un référendum en 1988. Pendant 27jours, chaque camp disposera des mêmesquinze minutes d’antenne. Personne ne croitpossible la défaite de Pinochet mais un jeunepublicitaire, René Saavedra, pur produitimmature de la société de consommation,décide de mener la campagne du Non en lavidant de son contenu politique : logo enforme d’arc en ciel, jingle et la joie commemot d’ordre…Pablo Larrain confirme son talent à part avecce troisième volet sur la dictature chilienne.Après Tony Manero (centré sur un sosie chi-lien de John Travolta) et Santiago 73, postmortem (qui racontait le quotidien d’un scri-

Maison sucrée, jardin salé

Monstres… pas si monstrueux !

NoChili – 2012 – 1h55, de Pablo Larrain,

avec Gabriel Garcia Bernal, Alfredo Castro…

bouillard travaillant dans la morgue de San-tiago pendant le coup d’état), il a été lon-guement applaudi lors de la Quinzaine des réa-lisateurs du dernier festival de Cannes (prixCicae). Il a choisi de filmer avec la caméraqu’utilisaient les publicitaires en 1983 et quidonne une texture métallique aux images etpermet de mélanger images de fiction etarchives. Porté par deux acteurs subtils,Gabriel Garcia Bernal et son acteur féticheAlfredo Castro, son propos déborde le caschilien pour interroger les sociétés capita-listes modernes et le devenir publicitaire dela politique : ces images « aux antipodes del’esthétique vintage et du chantage à la nostal-gie qu’elle impose. Décapant le vernis sucré dela pub, elles en révèlent la logique nihiliste, pure-ment prédatrice. »

Sources : le monde.fr – critikart.fr – laterna-magica.fr

Voir Carnets de février

Film du mois, voir au dos des Carnets

À seize ans, Suzanne aurait bien aimé vivresa vie mais se retrouve contrainte d’entrerdans les ordres. Confrontée à une hiérarchiereligieuse intraitable, Suzanne s’y trouve desappuis, les perd, s’affronte à une mère supé-rieure encore plus intraitable (Louise Bour-goin !) tente un procès…Guillaume Nicloux, amateur d’ambiancespolar souvent poisseuses (La Clef, Une affaireprivée, Le Poulpe), signe donc ici une nouvelleadaptation du roman de Diderot, 47 ans

Pinocchio

Queen of Montreuil

La ReligieuseFrance – 2012 – 1h40, de Guillaume Nicloux, avec Pauline Etienne, Isabelle Huppert, Marc Barbé, Pascal Bongard, Agathe Bonitzer, Louise Bourgoin…

après Rivette, son scandale et sa censure.Il se défend d’avoir tenté une charge anticlé-ricale et se dit plus intéressé par l’« ode à laliberté » qu’il a sentie chez Diderot… le toutemballé dans un travail d’images très soigné,des éclairages aux cadrages en passant parles costumes et les décors.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Pour financer leur Spring Break (vacancesdélurées et alcoolisées propres aux étudiantsaméricains), quatre filles aussi fauchées quesexy décident de braquer un fast-food. Et cen’est que le début… Lors d’une fête dans unechambre de motel, la soirée dérape et lesfilles sont embarquées par la police. En bikiniet avec une gueule de bois d’enfer, elles seretrouvent devant le juge, mais contre touteattente leur caution est payée par Alien, unmalfrat local qui les prend sous son aile…Scénariste de Larry Clark (Kids, 1995, KenPark, 2003), Harmony Korine a réalisé sonpremier film : Gummo, en 1997, devenu cultedepuis, puis – entre autres – Julien Donkey-Boy (1999), adoptant le style du dogme deLars Von Trier, et Mister Lonely (2007). Pré-senté à la Mostra de Venise 2012, son der-nier film renoue avec les charmes du cinémaindépendant américain.

Sources : dossier de presse.

Au pied des montagnes de Kaboul, uneguerre fratricide déchire la ville. Une femme

Syngué Sabour-Pierre de patienceFrance/Allemagne/Afghanistan – 2013 – 1h42, de Atiq Rahimi,avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan, Hassina Burgan…

Rose et Violette

Spring BreakersUSA – 2013 – 1h32, de Harmony Korine,

avec Ashley Benson, Vanessa Hudgens, Selena Gomez…S

R

Q

PN

M

15Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201314

veille son mari dans le coma et prie pour leramener à la vie. Après avoir mis ses enfantsà l’abri, elle retourne seule au chevet dugisant qui devient malgré lui, sa syngué sabour,sa pierre de patience – une pierre magiqueque l’on pose devant soi pour lui soufflertous ses secrets, ses malheurs, ses souf-frances… Peu à peu, dans un long mono-logue, elle se révèle, prend conscience deson corps, libère sa parole pour confier àl’homme qui ne l’a jamais aimée et encoremoins comprise ses souvenirs, ses peines, sesdésirs les plus intimes… jusqu’aux plusinavouables. Adapté de son roman éponyme(prix Goncourt 2008) avec la complicité deJean-Claude Carrière, Atiq Rahimi a réaliséun film d’une force inouïe. Magistralementinterprété par Golshifteh Farahani – actricerévélée dans À propos d’Elly – ce qui pourraitn’être qu’une litanie de souffrances devientpresque un thriller. On est suspendu à sesparoles qui mettent fin à des années desilence et d’hypocrisie, ébloui par sessourires, ému par ses larmes et par la forceavec laquelle elle déjoue, un par un, les piègesauxquels la condamne sa destinée de femmedans un pays qui les nie et les avilie. Boulever-sant, magnifique, lumineux, Syngué Sabour n’apas fini de vous hanter. SB

Voir pages Jeune Public

Cascadeur à moto, Luke fait un show de villeen ville dans une Boule de la mort. Alors qu’ilpasse dans une petite ville près de New-York, il découvre qu’il est père d’un enfantqu’il a eu avec un de ses anciens amours, labelle Romina. Pour subvenir aux besoins desa nouvelle famille, il décide de se poser et

Les Temps modernes

The Place Beyong The PinesUSA – 2013 – 2h30 – de Derek Cianfrance,

avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes…

devient mécanicien dans le garage de Robin.Quand ce dernier découvre les talents depilote de Luke, il lui propose de s’en servirpour braquer des banques. Un ancien poli-cier devenu politicien se lance alors sur sestraces. Si l’on ajoute un jeune flic ambitieux,confronté à un service de police largementcorrompu, tous les ingrédients d’un thrillersont réunis, servi, qui plus est, par desacteurs de premier choix.

Sources : Dossier de presse.

Tableau d’une famille où tout ce qui ne s’estjamais dit explose brutalement et se dénouede façon inattendue, lorsque la mère, Gitte,annonce à tous qu’elle a cessé de prendre lesmédicaments qui lui permettaient de semaintenir psychologiquement, lors d’unweek-end de retrouvailles organisé par elle.Regard, comme toujours acéré, d’un réalisa-teur sur la société occidentale, auteur de Auloin les lumières, Requiem et La Révélation.

Sources: dossier de presse.

Juin 1939. Le Président Franklin D. Roose-velt attend la visite du roi George VI et deson épouse Elizabeth, invités à passer leweek-end dans sa propriété à Hyde Park onHudson. C’est la première visite d’unmonarque britannique aux États-Unis etl’étrange mode de vie du président étonneles souverains. La Grande-Bretagne, qui seprépare à entrer en guerre contre l’Alle-magne, a besoin du soutien de l’Amérique.Mais lors de ce Week-End Royal, Roosevelt,marié, se montre plus attiré par sa relationavec sa cousine Daisy que par les affairesinternationales…

Week-end RoyalGB – 2013 – 1h35, de Roger Michell,

avec Bill Murray, Laura Linney, Samuel West…

Un week-end en familleAllemagne – 2013 – 1h28, de Hans Christian Schmid,

avec Lars Eidinger, Corinna Harfouch, Sebastien Zimmier…

Le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill(1988) s’inspire pour cette comédie de faitsréels dont Daisy Suckley a été le témoin pri-vilégié. Sa correspondance avec le présidentet ses journaux intimes inédits sont à l’ori-gine du film.

Sources : dossier de presse.

Après Les Démineurs, le nouveau film deKathryn Bigelow a déjà énormément fait par-ler de lui. On sait de quoi il s’agit : les dixannées que dura la traque de Oussama Ben

Zero Dark ThirtyUSA – 2012 – 2h29, de Kathryn Bigelow,

avec Jessica Chastain, Reda Kateb, Joel Edgerton, Chris Patt…

Laden vues au travers du regard obstiné deMaya, agent de la CIA, persuadée que toutle monde se trompe sur l’endroit où se cachele chef d’Al Qaida. Seule, poussée par laconviction d’avoir raison, elle va devoir résis-ter à tous…On connaît aussi la polémique qui entoure lefilm : apologie de la torture ou non ? grandfilm ou simple thriller gonflé à la testosté-rone (avec tout de même un personnageféminin dans le rôle principal…) ? Une choseest sûre  : il n’est pas besoin d’être trèscurieux pour être piqué d’une envie d’allerse faire sa propre idée.

Sources : imdb.com

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

08 92 68 37 01studiocine.com

lundi 4 marsdanS le cadre du cinquantième

anniverSaire deS cinémaS Studio19h30

lundi 11 mars

19h30

Soirée préSentée par louiS d'orazio.

Psychosede Alfred Hitchcock (1960) USA Noir et blanc 1h49

Le jeudide Dino Risi (1963) It. Noir et blanc 1h45

lundi 18 mars

19h30

lundi 25 mars

19h30

La Grande citéde Satyajit Ray (1963) Inde Noir et blanc 2h11

Le Corbeaude Roger Corman. USA, 1963, couleurs, 86 minutes

Z

W

U

T

LES CARNETS DU STUDIO – n°310 mars 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

FILM DU MOIS

Agathe est complètement perdue.Elle vient de récupérer les cendres

de son mari, mort brutalement d’un stu-pide accident de moto en Thaïlande. Deretour chez elle, à Montreuil, elle essaiede se raccrocher à ce qu’elle connaît etaime, son métier de réalisatrice. Maiscomment faire pour tenir debout ? Ellene parvient pas à ne pas transporter, par-tout avec elle, l’urne funéraire, et à déter-miner ce qu’elle doit faire des cendres.Mais, même quand on touche le fond, lavie peut réserver des rebondissements.Ainsi, un couple d’Islandais en transit,entre la Jamaïque et leur île nordique ;une otarie dépressive et son gardienmoustachu ; un grutier sympathique etun voisin jusque-là ignoré… vont faireirruption dans sa vie. Et un raton laveur ?En tous les cas, cette drôle d’énuméra-tion va être à l’origine pour Agathe, si cen’est d’un nouveau départ, au moinsd’une nouvelle façon d’appréhender savie. Après une quinzaine de documentaireset trois longs métrages de fiction, Solveig

Anspach, avec ce Queen of Montreuil,renoue d’une certaine façon avec laveine du réalisme poétique chère aucinéma français des années 30/40, touten signant une comédie d’aujourd’hui :en effet, elle s’ancre dans la réalité de lacrise, du chômage, filme une ville debanlieue, Montreuil (cadre qu’elleconnaît bien, puisqu’elle y réside), unmelting-pot de cultures, des person-nages délirants, avec à la fois douceur,réalisme et loufoquerie, et crée un uni-vers digne du trio belge Abel, Gordonet Romy (il y a pire comme référence !).En optimiste qu’elle demeure, envers etcontre tout, la réalisatrice rappelle que sipour sortir de l’impasse, on ne peutcompter que sur soi, savoir saisir lesmains tendues, c’est aussi vivre. De telsmessages, par les temps qui courent,sont forcément bons à prendre !

Sources : dossier de presse, première.fr, christoblog.net, pariscinema.org

FILMOGRAPHIE SUCCINCTE : Haut les cœurs ! (1999), Stormy Weather (2003), Les Européens (2004),Back Soon (2007)

QUEEN OF MONTREUILFrance – 2011 – 1h27 de Solveig Anspach, avec FlorenceLoiret-Caille, Didda Jónsdóttir, Eric Caruso, Samir Guesmi…

17Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201316

plusà écrire de romanset décide de mettre sa plume auservice de commanditaires pour desoraisons funèbres. Quand une jeune veuve luidemande de mettre en mots la vie de son défunt maripour son petit garçon, Paul se rendra compte que les motsont un pouvoir qu’il ne soupçonnait pas… Les Âmes de papiersera interprété par Nicolas Bedos (Populaire), Laura Smet et Jona-than Zaccaï et réalisé par Vincent Lanoo. (Au nom du fils).

et ailleurs. . .

` la raiSon du pluS flouAprès le récent et fort bien accueilli À perdre la raison, Joachim Lafosse va de nou-veau s’appuyer sur un fait ayant réellement eu lieu pour son prochain projet : ladésastreuse affaire de l’Arche de Zoé fomentée au Tchad en 2007. Les Chevaliers blancsreviendra sur le projet (sincère, délirant ou malhonnête) de cette association huma-nitaire ayant organisé le départ d’une centaine d’enfants prétendument orphelins, pourles faire adopter en France. Peu d’informations circulent actuellement sur le sujet, maison peut compter sur l’esprit incisif et sans concessions du réalisateur belge.

` Gentlemen camBrioleurSExcusez du peu, Louis Leterrier (Le Choc des Titans), réussit la prouesse de réunir sur lamême affiche les noms de Woody Harrelson, Morgan Freeman, Michael Caine (un habi-tué des rôles de voleur et de magicien), Mark Ruffalo, Mélanie Laurent et José Garciapour Insaisissables : une histoire de magiciens, surnommés Les Quatre Cavaliers, maîtresès illusion et larcins de haute voltige, distribuant le fruit de leurs exploits au public. Enpasse d’atteindre le tour ultime de leurs braquages, tout en narguant les forces del’ordre, ils vont devoir compter avec Interpol et le FBI et surtout un certain Thaddeus,éminent expert en magie, engagé pour mettre fin à leurs exactions. Suspense garanti !

` famille nomBreuSeDans l’échelle de la vie chez Wes Anderson, Mathieu Amalric commença par êtreun renard ; enfin pas n’importe lequel et pas n’importe comment puisqu’il prêtasa voix au Fantastic Mister Fox. The Grand Budapest Hotel va lui permettre degravir un nouveau degré de cette échelle, en intégrant la grande et atypiquefamille de comédiens du réalisateur, et rejoindre : les piliers comme BillMurray, Jason Schwartzman et Owen Wilson ; les habitués : AdrienBrody, Tilda Swinton (LA femme selon Anderson ?), Edward Nor-ton, Harvey Keitel Willem Dafoe et Jeff Goldblum; mais aussid’autres nouveaux venus tels que Jude Law, Ralph Fienneset F. Murray Abraham  ! Quant au thème de cettegrande réunion de famille, c’est un peu plus flou ;on sait juste que cela se passera entre lesdeux guerres. IG

Ici. . .

` l’ÂGe de raiSonC’est LE réalisateur français capable du meilleur

(si, si par exemple La Bonne année, Itinéraire d’un enfantgâté) comme du pire (ses dix derniers films n’ont pas laissé

un souvenir impérissable), et sa personnalité, autant que soncinéma peuvent provoquer des allergies, néanmoins Claude

Lelouch, envers et contre tous ses détracteurs, continue de fairetourner sa caméra. Avec Salaud, on t’aime !, il retrouvera Johnny Hally-

day, quarante après L’Aventure c’est l’aventure. Le chanteur devra inter-préter Jacques Kaminsky, photographe de guerre, qui aura préféré son

métier à ses enfants, et qui, en vieillissant, finira par le regretter. Des nou-veaux venus dans l’univers Lelouchien lui donneront la réplique : Eddy Mitchell,

Sandrine Bonnaire, Christa Théret (Renoir), Irène Jacob et Valérie Kaprisky ! Debon augure pour classer ce film dans la liste des réussites du réalisateur ?

` l’acmé de l’acnéTout individu, plus ou moins précocement, entre dans l’adolescence et subit avec plus

ou moins de bonheur les transformations et autres pics hormonaux caractéristiquesde cette période. Tout le monde sauf Arnaud Mustier, sémillant avocat ET philosophede 34 ans qui n’a jamais eu à subir les affres de l’âge ingrat ; enfin, jusqu’au jour où entrepoussées d’acné et pulsions inconnues, il décide d’aller consulter un médecin et découvrequ’il est atteint de Late Teen Crisis Disorder, maladie rare, à l’origine chez les hommesd’une crise de puberté tardive. C’est Laurent Lafitte (dont le talent singulier est enfinconsidéré à sa juste démesure depuis ses prestations comme présentateur de la Nuitdes Molières et comme médecin du « corps » sur France Inter dans À votre écoute,coûte que coûte) qui sera L’Adulescent emporté par ce tourbillon hormonal sous l’œilbienveillant de Tristan Séguéla.

` l’Homme moBileFrançois Cluzet fait partie des rares comédiens sachant allier quantité et qualité !

Il peut tout jouer : jaloux morbide (L’Enfer), imbécile touchant (Quatre Étoiles),ex-taulard en proie à ses démons (Les Liens du sang), escroc magistral et pathé-

tique (À l’origine), alcoolique en rémission (Le Dernier pour la route) ou tétra-plégique (Intouchables), pour ne citer que quelques unes des prestations les

plus marquantes du comédien. Mais pas d’inquiétude, il n’a pas utilisétoutes les cordes de son arc puisqu’on le verra prochainement dans

l’uniforme de Toni Musulin, le convoyeur de fonds ayant détournéla bagatelle d’un peu plus de onze millions d’euros ; puis arbo-

rant ciré et barbe de loup de mer pour participer au Ven-dée Globe, dans En solitaire de Christophe Offenstein.

` prÊte-moi ta plume,pour écrire… auX mortS

Suite à un drame personnel,Paul ne parvient

En bref…

19Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201318

l’opacité : c’est ce qui caractérise danscette période la gouvernance de l’Europe,dont les décisions ne permettent pas à ladémocratie et aux peuples de se faireentendre.Les décisions prises fin septembre 2012 parle parlement européen sur les propositionslégislatives de gouvernance économique dela Commission européenne («six pack»), enlien avec le Pacte pour l´euro, sont un véri-table déni de démocratie en accor-dant de nouveaux pouvoirs à la Commissionet au Conseil pour sanctionner les Étatsmembres qui appliqueraient trop timidementces mesures. Des règles et institutionsbureaucratiques décideront de l’avenir desservices publics, des retraites, des salaires...Ces propositions sont d´autant plus injustesque les acteurs financiers (notamment lesbanques) et les contribuables les plus riches,qui ont largement bénéficié des interventionsdes États pendant la crise financière, seronttout simplement dispensés de payer les coûtsde la crise : elle rend nécessaire une réponsecommune. Mais une telle coordination doit mettreles intérêts des habitants de l’eu-rope, des salarié-e-s, et  la protec-tion de l´environnement au cœur

des décisions. Au lieu de cela, ce sont desmesures néo-libérales encore plus radicalesqui sont aujourd’hui prises au service desintérêts financiers. Ces mesures conduisentdans tous les pays à l’aggravation de la situa-tion économique, à la montée du chômage,à la mise en cause des acquis sociaux (ser-vices publics, protection sociale, droits dessalariés,...).

Le risque est de voir l’Europe basculer dansdes dérives nationalistes et xénophobes, avecun repli sur des positions qui n’iront certai-nement pas vers plus de solidarité et deluttes contre les inégalités: les signes en sonttangibles, en l’absence de perspectives poli-tiques qui offrent de véritables alternatives àla cupidité des marchés.

Il faut d’urgence réformer les traitéseuropéens pour réduire l’importance desmarchés financiers, desserrer l’étreinte qu’ilsfont peser sur les peuples et construireune véritable solidarité entre lespays, qui repose sur la coopérationet l’harmonisation pour des poli-tiques de progrès social.

Thierry Foullon pour ATTAC

à propos deUne histoire d’amour

Bande annonce

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

Un homme, riche et puissant financier.Une femme, belle, peut-être vénale.

Ils sont amants, à moins qu’il ne soit sonclient… Elle se révèle vite assez douée dansle rôle de la dominatrice, mais, en définitive,c’est tout de même lui qui tire les ficelles etqui, peut-être, domine leur relation de bouten bout, mais nous ne saurons jamais grand-chose de plus sur eux ou sur leur relation, sice n’est qu’elle finit par le tuer. On voit bien qu’il y a là tout ce qu’il faut pourfaire un très mauvais film racoleur : du sexe(« du sexe pervers » de surcroît), de la mort,de la violence et de l’argent. Tout ce qu’il fautpour coincer le spectateur dans une positionde voyeur, sommé d’assister aux turpitudesd’un (très) grand bourgeois aux mœurssomme toute quelque peu différentes de lamajorité.Ce film, Une histoire d’amour, a souverai-nement déplu à une grande partie de la cri-tique et les invités du Masque ont été, jecrois, unanimes à le fusiller, formulant cer-taines critiques qui m’ont laissé très per-plexe. Examinons-en deux.Les plus remarquables d’entre elles portaientsur le fait que Une histoire d’amour ne sentepas le soufre, le stupre ou je ne sais quoid’autre, tandis qu’une autre regrettait que lespersonnages ne portent pas de nom (jus-qu’au générique, où Laetitia Casta et BenoîtPoelvoorde, sont nommés comme « Lafemme » et « L’homme ».Si, pour sa première réalisation cinémato-graphique, Hélène Fillières a choisi d’adapterl’affaire Stern qui défraya la chronique en2005, elle a délibérément refusé le sensa-tionnel pour un sujet qui risquait pourtant de

bien s’y prêter. Pour ce faire, elle a adoptéun point de vue presque clinique, structurantson récit éclaté autour de plans extrême-ment soignés, à la fois glacés et glaçants,jouant de l’obscurité et du flou avec virtuo-sité. Les personnages n’ont donc pas de nom ! Labelle affaire ! Ils en ont effectivement moinsd’existence à quoi le spectateur pourraits’identifier, sont ainsi tenus à bonne distancede nos affects, pour mieux nous permettrede les observer.De là découle également la seconde critique :l’absence de soufre ou de stupre. Mais cechoix est ici parfaitement logique et s’inscrittotalement dans cette idée décrite plus hautque ce récit nous tienne à distance, pourmieux nous laisser le temps de nous inter-roger ; car c’est précisément cela qui ressortdu visionnement de Une histoire d’amour :nous repartons avec des questions bien plusque des réponses. Et, là encore, cela est tota-lement cohérent avec cette entrée de plain-pied dans l’univers de ces personnages qui,peut-être, ne vivent pas leur relation commeune chose spécialement sulfureuse mais toutbonnement comme une histoire d’amour pasforcément plus « tordue » qu’une autre.En effet, aucune forme de moralisation ici,les mécanismes de la domination et d’unecertaine forme de jalousie sont mis à nu sansaucune manière de jugement. Nous l’avonsdéjà dit : le spectateur repart avec pas malde travail à faire pour s’efforcer de recons-tituer les tenants et les aboutissants de l’his-toire, une histoire qui risque de rester pré-sente dans sa mémoire un certaintemps… ER

Europe et démocratie :entre bureaucratie et dictature financière

Bande annonce

21Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201320

Souvent jubilatoire, jamais ennuyeux,toujours très bien filmé, Foxfire continue àexplorer l’un des thèmes préférés : les fonc-tionnements et dysfonctionnements desgroupes. Ici, il y ajoute une solide dosed’énergie et d’humour, même si l’espoir n’estpas encore vraiment au rendez-vous. ER

Ce nouveau film de Laurent Cantetm’a surpris. Après Entre les murs, je m’at-tendais à un opus consensuel sur les jeunes,les filles, la société, avec toute la morale decirconstance. Et puis non : le film est sobre,maîtrisé, se refuse à moraliser ou à insisterlourdement. Comme les jeunes héroïnes, ilreste léger, malgré la gravité du sujet. Lesactrices sont remarquables de spontanéitétout en jouant très juste, on est vite conquis.Une belle réussite ! CdP

Laurent Cantet raconte que, dans lesrencontres qu’il a faites avec son public, lesfemmes sont souvent enthousiastes, leshommes gênés. Et pourtant, quelle jubilationde suivre la magnétique Legs quand elle enmet plein la tête aux machos, majeurs oumineurs, violents ou violeurs ! Bien sûr, onsait la violence sans issue et c’est sans doutele destin des utopies de finir, hélas, dans uncul de sac et/ou dans le sang. DP

Elles sont jeunes et en révolte contrel’Amérique blanche et machiste des années50. Après Entre les murs, Laurent Cantet dis-sèque une nouvelle fois la dynamique d’ungroupe d’ados en but à une société hostile.Le contexte et les protagonistes ont beauêtre éloignés, l’efficacité est toujours demise. SB

Changement de pays et de langue pourLaurent Cantet mais toujours le collectif etle dépassement des intérêts individuels pourun projet commun. Mais où le film est pas-sionnant, c’est pour les questions qu’il poseet les réponses que ni les personnages, ni leréalisateur ne donnent. À savoir, le rapportà la sexualité de ce groupe de jeunes filles quichoisissent de vivre ensemble en n’acceptantaucun homme parmi elles. JF

Laurent Cantet filme la marginalisationde jeunes adolescentes exclues du système.Tel un entomologiste, il nous les montre sansles juger dans leur dérive sectaire (même sileur attitude est justifiée au départ) et leurdescente aux enfers, victimes de leurspropres aspirations, dans cette grande tradi-tion du cinéma naturaliste français. EC

Un gang ? Non, enfin pas au début,mais des filles insoumises, volontaires, idéa-listes, qui ont précocement conscience quesi elles veulent une place, il leur faudra laprendre  : combat toujours d’actualitésoixante après pour certaines femmes. C’estquand elles appliqueront à la lettre l’adage :« La fin justifie les moyens », qu’elles se per-dront, dans tous les sens du terme. Si cescomédiennes non professionnelles sonttoutes bluffantes, la magnétique Legs/RavenAdamson mérite une mention spéciale. IG

Ces adolescentes contestataires m’onttouché au cœur. Leur rébellion contre lemachisme et l’injustice sociale dans l’universfictionnel des années 50 est toujours mal-heureusement d’actualité. Ces « sœurs desang » sont aussi les miennes. MS

Courts lettragesFoxfire

de Laurent Cantet

23Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201322

Ceux qui ont osé affronter le frimas, en ce 18 jan-

vier glissant et frigorifiant, se sont réchauffés en

écoutant, avant et après la projection de La Règle du

jeu, Pascal Mérigeau, conteur intarissable, critique de

cinéma au Nouvel Observateur et écrivain, auteur de

ce qui semble bien être la biographie définitive sur

Jean Renoir. Cet ouvrage qui a nécessité plus de cinq

années de travail, l’analyse d’une centaine de boîtes

d’archives dont certaines totalement inédites, la ren-

contre avec les derniers témoins de la vie du Patron,

ne constitue pas une énième hagiographie du

Maître, mais dresse avec lucidité et affection, le por-

trait d’un homme pétri de contradictions et de men-

songes, qui appliqua à la lettre la théorie de son

Auguste de père : « Il faut se laisser porter dans la vie

tel le bouchon au fil de l’eau ». Comme le souligne

Pascal Mérigeau, si les films de Renoir sont ce qu’ils

sont c’est que l’homme était ce qu’il était !

UN CAMÉLÉON SUR UNE

COUVERTURE ÉCOSSAISE OU

COMMENTL’IDÉED’UNEBIO-GRAPHIE SUR JEAN RENOIR

VINT ÀPASCALMÉRIGEAU« Tous les portraits dessinés de luisont séduisants mais quand on lesrapproche, ça ne colle pas du tout.Quel était le bonhomme qui a faitdes films si différents les uns desautres ? Il existe, concernant JeanRenoir, un fond d‘archives très impor-tant, pratiquement pas exploité, etfinalement beaucoup de choses àdécouvrir, car il a tout le temps mentiet ceux qui ont jusque-là écrit sur lui,se sont appuyés sur ses erreurs et sesmensonges. Son fils unique, Alain,décédé en 2008, s’étonnait que sonpère puisse déjeuner avec MauriceThorez, puis dîner avec ses amis desCroix de Feu ! Vouloir être d’accordavec tout le monde, c’est ne pas avoird’opinions. »

MONUMENTALISATION« Renoir a vécu avec trois femmes. Seule ladernière l’a connu vedette : elle en a tout gardou presque. Grâce aux brouillons desmémoires de Renoir, on voit ce qu’on lui a faitcouper, comme Truffaut, la phrase concernantle fait que Renoir cédait aux producteurs, auxacteurs, au public. Cette affirmation allaitcontre la politique de l’auteur défendue parles Cahiers du Cinéma. Renoir et Truffaut serencontrent en 1954 : Renoir est au sommet,Truffaut n’est rien ; en 1973, c’est l’inverse.Truffaut est comme un second fils pour Renoir.Il veut se faire une place dans le cinéma.Renoir est toujours d’accord avec son interlo-cuteur. Pour des jeunes loups, c’est extraordi-naire. La profession considérait que Renoiravait été grand dans les années 30 (cf LaChienne, Toni, Le Crime de monsieurLange, La Grande Illusion, La Bêtehumaine, La Règle du jeu, ses chefs d’œuvreont tous été tournés pendant cette décennie)mais pas depuis son installation aux Etats-Unis. Les Cahiers vont dire le contraire. Il étaitprêt à tourner avec n’importe quel acteur etn’importe quel sujet, ce qui est à l’inverse del’image que l’on a de l’auteur de cinéma. Per-sonne ne le dit car cela ne servait pas les inté-rêts de l’époque. »

DUVRAI À PARTIR DU FAUX

ETDU FAUXÀ PARTIR DUVRAI« Jean Renoir a fabriqué toutes les anec-dotes de sa vie. contrairement à ceque veulent faire croire ses admi-rateurs, il n’a jamais eu la double natio-nalité. Moins de six mois après son arrivéeaux États-Unis, il parle de la France comme

rencontrePascal Mérigeau

son ex-pays. Il a découvert le cinéma parle cinéma américain (Chaplin, Griffith,Stroheim) et n’aime pas le cinéma euro-péen. En 1940, il veut partir pour Holly-wood mais écrit à Alfred Greven, respon-sable du cinéma pour le Reich, et dénonceviolemment les producteurs juifs. Quandaprès la guerre, il expliquera les raisonsson départ, il se calera sur la version deFritz Lang et racontera qu’il est parti parceque les propositions des Allemands lui fai-saient peur.Un réalisateur est un opportuniste, Renoirest le plus grand des opportunistes doncle plus grand des réalisateurs. Il faisait fairece qu’il voulait aux acteurs, en appliquantce que son père pensait des chevaux: « Tules laisses faire ce qu’ils veulent, comme cela,ils font ce que tu veux ! »Jean aurait voulu être acteur, il va

donc construire un personnage dans

sa vie et devenir l’acteur de sa vie. »

LARÈGLEDUJEU«  C’est un des plusgrands films de l’his-toire du cinéma. Àmaints points de vue,il repose sur des men-songes : le film n’a pasété démoli à sa sortieet s’il y a eu écheccommercial, c’estparce qu’il est sorti enjuillet 1939 ! Quand Jean Renoir s’est renducompte, lors des premières projections, queles spectateurs détestaient son jeu dans le rôled’Octave, il a fait couper le film de dix à quinze

avecPascal MÉRIGEAU

auteur duPORTRAIT

SANS CALFATAGE*D’UN CAMÉLÉON

Pasc

al M

érig

eau

aux

Stud

io©

Dan

ièle

laga

illar

de

* Cf L’Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz : Mme Muir (Gene Tierney) écrit les mémoires d’unvieux loup de mer dont le fantôme qui hante sa maison l’exhorte à le faire « sans calfatage ». Gene Tierney etMankiewicz ont chacun fait l’objet d’une biographie de Pascal Mérigeau.

Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201324 25Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013

rencontreJacques et Lou Doillon

minutes, ce qui l’a rendu incompréhensible. Cequi n’a pas plu non plus, c’est le côté « confes-sions intimes » du film : Renoir parle de sonmonde pour la première fois, celui de l’aristo-cratie dans lequel Octave évolue mais dont iln’est pas issu. Il était très fier d’avoir engagéune vraie princesse pour le rôle de la marquisede la Chesnaye. Fils de famille nantie, il n’avaitpas besoin de travailler et menait une vie mon-daine : ses fréquentations renforceront sesidées d’extrême droite. Renoir, comme dansLa Grande illusion, déplore la fin d’unmonde, celui du XIXe siècle. Le malentendu,c’est d’en faire un homme moderne.

Ce film est aussi un bon descriptif de la sociétéde l’époque : on continue à danser, alors queça brûle ! Les personnages ne sont plus quedes ombres sur les murs du château. Il parlede l’insouciance de cette société juste avant laguerre, ce qui n’est pas sans rappeler l’atti-

tude de la noblesse avant la Révolution ! La séquence de la fête, du point de vue de lamise en scène, relève de la virtuosité. Elle aété tournée en quinze jours, ce qui est pro-prement ahurissant. On a l’illusion de l’im-provisation alors que tout était écrit.»

S’il n’est pas possible de rendre comptedans ces pages de l’intégralité des proposde Pascal Mérigeau, on peut néanmoinsécouter la captation de la première partiede son intervention, sur l’  «  espace  »Bibliothèque de notre site. Ces Ren-contres depuis leur création, nous per-mettent de partager la passion de journa-listes, critiques de cinéma, mais aussi dedécouvrir des affiches, des photos, deslivres et autres documents savamment misen évidence par l’équipe de la Biblio-thèque ! IG

Éblouissement de la lumière méditerra-néenne. Ivresse des couleurs. C’est ce

qui saute aux yeux au premier abord : labeauté des images. Des femmes. De cehavre de paix, gynécée hors du temps, oùdébarque Andrée un beau jour. Elle estradieuse sur sa bicyclette, dans ses longuesrobes rouges. Nue, dans l’insolente beautéde son corps plein, de ses seins arrogants.Elle sera le modèle du vieux peintre Renoiret l’égérie du fils Jean qui cherche encorece que pourrait être sa vie. L’arrivée audomaine de la belle Andrée donne le tondu film : dans l’insolence de ses vingt ans,elle se dit recommandée par la femme deRenoir… qui est morte depuis plusieursannées. Eros et Thanatos. L’ombre et lalumière. Le corps somptueux des femmesjeunes et celui, cacochyme, du vieillard quiles peint, tremblotant, dans la lumièredorée du jour et qui, la nuit, plonge dansl’horreur de sa prison de chairs déforméespar l’arthrose. (« La chair, il n’y a que ça ! Situ ne comprend pas, tu ne comprendrasjamais rien ! » dit le vieil homme à son fils).La douceur de vivre dans une propriétéhors du temps et des contingences où levieillard pavane dans son trône portée parquatre femmes altières comme le chefd’une tribu ignorée et l’horreur de la pre-mière guerre mondiale, en arrière plan

monstrueux, avec ses soldats jetés sur lesroutes, ses cohortes d’éclopés, ses dispa-rus, ses monceaux de cadavres pourrissantdans la boue d’un nord lointain. Les forcesde la création contre celles de la destruc-tion. Chacune des apparitions de ChristaThéret est une illumination. Michel Bou-quet est forcément parfait dans son rôlede patriarche bourru, accroché à son pin-ceau comme une vigie à son gouvernail.Vincent Rottiers, est subtil, en jeunehomme démobilisé, que l’amour peu à peuremobilise. Pourquoi alors cette impres-sion vague d’ennui persistant ? Parce quele récit manque singulièrement et para-doxalement de corps, d’affects, de nœudsnarratifs ? Qu’une fois mis en place ce petitmonde finissant, il ne se passe pratique-ment rien  ? Que le seul événementnotable, la disparition d’Andrée, retrouvéepar Jean au fond d’un lupanar, donne unescène qui manque pour le moins d’inten-sité dramatique (qu’on pense à la forcevénéneuse des salons convoqués par Ber-trand Bonello dans son Apollonide). Malgréles antinomies qui structurent le film, il serévèle plutôt lisse et assez plat. « Ma pein-ture ne s’explique pas, elle se regarde ! » s’ex-clame Auguste. Mais il faut bien avouer queje déteste sa peinture, ses natures, sesnus. DP

à propos deRenoir

Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201326 27Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013

Dans l’histoiredu cinéma, le

vélo a toujours étésynonyme deliberté. Souventanecdotique, ildevient parfois unélément capital dufilm  : qu’il soit laclé de l’intrigue –

Le voleur de bicyclette –, le principal ressortcomique – Jour de fête –, ou qu’il représente lebien le plus précieux au monde – Le gamin auvélo –…Deux films très récents mettent à nouveau levélo à l’honneur : Wadjda et Alceste à bicyclette. Superbe image dès les premières minutes deWadjda que celle de ce vélo vert flambant neuffilant en haut d’un mur. La jeune adolescentecourt et poursuit la voiture porteuse sur sontoit de l’objet de ses rêves. Mais dans unesociété où une femme ne saurait faire du vélo– son honneur et sa vertu le lui interdisent –elle devra tout mettre en œuvre pour satisfaireson désir, qui n’est autre que celui de laconquête de sa liberté. Avec quelle détermina-tion touchante elle s’entraine, chute et recom-mence sur la bicyclette de son jeune camaradeAbdullah, à l’abri des regards adultes  ! Ellegagnera même, grâce à sa formidable obstina-tion, le concours de psalmodie du coran, livrequi selon l’interprétation qu’en fait la sociétédans laquelle elle vit, lui interdit précisément defaire du vélo.C’est également dés le début du film de PhilippeLe Guay, qu’apparait juché sur un vélo, Serge,le reclus de l’île de Ré. Fabrice Lucchini incarneun comédien de théâtre classique, perfection-niste, fatigué du milieu complaisant du spec-tacle. C’est le vélo qui lui permet de fuir sacolère, sa lassitude, son ennui… et ses pro-blèmes de tuyauterie !

Quand débarque Gauthier, vedette cathodiqueadulée, pour proposer à Serge de reprendre LeMisanthrope, ce ne sont pas seulement deuxgrands acteurs qui s’opposent dans des joutesverbales en alexandrins. Malgré la légèretéapparente des balades à bicyclette, la confron-tation est aussi cycliste. Dans un premiertemps, Serge est Alceste. Il s’attribue le bonvélo, celui qui a des freins, et tente de surpas-ser son rival sur les voies cyclables de l’île deRé. Mais quand les rôles s’inversent, Gauthierdevenu Alceste revendique de changer de mon-ture. Cette fois, c’est Serge qui termine sacourse dans l’eau, qui plus est sous les yeux dela belle Francesca. Indissociables de cet universde coups bas, voire de sadisme, ces scènesprennent valeur de symbole. Elles témoignentde la férocité avec laquelle chacun successive-ment tente de prendre le pouvoir. Gauthiers’est donc vengé, mais sa jubilation sera decourte durée puisqu’incapable d’assumer sahaine, il s’écroulera de son incapacité à dire sontexte devant un parterre de première… EtSerge reprendra son vélo pour dire «  l’ef-froyable » face à la mer.C’est bien également, non seulement de libertémais aussi de revanche dont il s’agit dans le filmde Haifaa Al mansour. La dernière image fur-tive montre Wadjda rayonnante sur son véloen train de doubler Abdullah dans la coursequi les oppose. Elle s’est vengée de sa directricequi « a donné à la Palestine » l’argent du vélo sidurement acquis, del’humiliation subie par samère et au-delà detoutes celles dont lesfemmes de son payssont victimes. Même sitout laisse supposer quecette victoire sera,comme celle de Gau-thier, éphémère. SB

interférencesL’Homme qui rit

Si on ne peut que comprendre l’envie force-née de Jean-Pierre Améris de procéder à

une nouvelle adaptation du grand œuvre deVictor Hugo, L’Homme qui rit, on a davantagede difficulté à comprendre ce que sa lecture etses choix esthétiques en ont fait. S’il revendiqueavoir voulu traiter l’histoire de Gwynplainecomme un conte gothique à la Tim Burton, leprocédé ne fonctionne pas. Pourtant les images,les décors, les costumes sont beaux, maiscontrairement à Edward aux mains d’argent ouà Batman : Le Défi, Jean-Pierre Améris ne par-vient pas à provoquer l’émotion, à nous faireéprouver de l’empathie pour sa créature  ;constat d’autant plus étonnant et regrettable,que c’est le même réalisateur qui est l’auteurdes si sensibles C’est la vie ou Les Émotifs ano-nymes. Pourquoi au lieu de nous prendre auxtripes comme le Gwynplaine de Conrad Veidtdans la version muette de Paul Leni, en 1928,et faire réfléchir à la question, universelle, de lamonstruosité, comme Freaks de Browning ouKing-Kong de Cooper et Schoedsack, on enreste à l’anecdotique, au beau livre d’images,froides, plates, sans âme ? Est-ce le traitementnumérique de la photo, lesmouvements de camérarappelant ceux du Pacte desloups de Gans ou du Vidocqde Pitof, la musique tropprésente de S. Moucha (qui,par son inspiration « Elfma-nienne », renforce, et pas àl’avantage du film, la réfé-

rence à l’univers de Bur-ton) ? Un peu de tout celasans doute, mais il mesemble que la raison véri-table relève de la volontéde ne pas trop défigurerMarc-André Grondin, etde passer à côté de la

figure emblématique de l’Homme qui rit, ausens propre du terme ! Certes ce Gwynplaine-là arbore une cicatrice prolongeant la commis-sure de ses lèvres, mais il reste beau, à peinedéformé. En conséquence, le grotesque de sonvisage n’est pas manifeste, et les moqueries, lerejet sous toutes ses formes ne sont pas cré-dibles ; il devient juste une sorte de poupée quel’on anime, maquille, coiffe, désire. Il ne s’agitpas ici de remettre en cause le talent du comé-dien : il fait avec ce qu’on lui donne à jouer !Mais il est vrai, aussi, que lorsque l’on a vu laprestation de Veidt, il semble difficile voireimpossible de l’égaler. Il y a quelque chose dansson regard, ses expressions qui est au delà dela performance d’un comédien  : il devientl’image de la Souffrance, de l’Injustice, incarnele mythe de l’Innocence bafouée ! Ah les larmesdans les yeux de Gwynplaine et cette bouchequi continue à afficher cet insupportable sou-rire ! On souffre avec lui, comme on souffriraavec Elephant Man/John Hurt. L’humanité dansle film d’Améris nous est heureusement offertesans compter par Depardieu/Ursus et ChristaThéret/Déa, et cela fait du bien ! IG

interférencesWadjda/Alceste à bicyclette

29Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201328

Weber dans le mystérieux Fais-moi plaisird’Emmanuel Mouret). C’est au tour dupolitiquement jamais correct Gérard Mor-dillat avec Le Grand retournement de nousdonner à voir sa comédie du pouvoir. Pou-voir politique intimement lié au pouvoiréconomique dans une mise en scène déca-pante. Dans le décor changeant d’uneusine désaffectée pour cause de délocali-sation, un petit monde s’agite : un quatuorde banquiers, un actionnaire, un trader,des conseillers, un président. Le proposest à la farce et le ton est féroce mais lim-pide, la démonstration, en alexandrins,grand détournement de la langue de la bour-geoisie. A quoi ça rime ? La crise enrichitles riches et ruine les pauvres. Pourquoifilmer le pouvoir en action(s) ? Mordillatpourrait reprendre les propos des Pinçon-Charlot  : « La suprématie aérienne de lahaute finance, bien au-dessus de l’économieréelle, empêche d’identifier l’ennemi, puissantmais insaisissable. Ce sont les marchés qui

attaquent. Mais qui sont les marchés ? Laforce de frappe est impressionnante, mais onne sait d’où vient le coup. Ce combat incertainexige que soient dévoilés les moyens et lesméthodes de l’adversaire. Pour le vaincre, nefaut-il pas le connaître ? »2. La fascinationpour les intrigues des palais est peut-êtreaussi le symptôme du gouffre grandissantentre le peuple et ceux qui le représentedont il nous parlait dernièrement.3

Cette exploration des figures du pouvoirne va pas s’arrêter là puisque BertrandTavernier, le talentueux réalisateur quinous fera l’honneur de parrainer les 50 ansdes Studio vient de finir de tourner Quaid’Orsay, adaptation d’une bande dessinéede Blain et Lanzac. Le ministre des affairesétrangères y aura les traits de ThierryLhermitte. DP

1 Slate.fr2 Le Président des riches (La Découverte – 2011).3 Voir la rencontre avec G. Mordillat pages 30-31

lité de l’élection de Nicolas Sarkozy ; mal-gré la très convaincante composition deDenis Podalydès, le film de Xavier Dur-ringer s’est avéré particulièrement déce-vant, sans doute parce qu’il refuse deprendre parti et que, enfilant les petitesphrases dont les média se nourrissent, ilfinit par devenir une sorte de variation sen-timentale sur la solitude au sommet de l’É-tat. L’excellente surprise venait dudeuxième long-métrage de Pierre Schoel-ler, lui aussi sur la Croisette ; L’Exercice del’État, un brillant exercice de style menésur un rythme de polar et où Olivier Gour-met, en ministre des transports, nous fai-sait pénétrer tout en subtilité dans lesarcanes du pouvoir. Ou comment il fautabandonner une à une ses convictions suc-cessives pour arriver enfin tout en haut. Laséance initiale, hypnotique, restera long-temps dans les mémoires des spectateurscitoyens : une jeune femme arrive nue sousles ors de la République puis s’avance, àquatre pattes, vers la bouche ouverte d’uncrocodile.

Puis la galerie de figures présidentielles acontinué du côté de la comédie avec lepeu attendu Jean d’Ormesson dans LesSaveurs du palais de Christian Vincent(après un non moins surprenant Jacques

Deux nouveaux présidents seront surles écrans américains cet automne, un

Abraham Lincoln (par Spielberg) et unFranklin Roosevelt (joué par Bill Murray).Il faut dire que le cinéma made in USA atoujours eu un amour particulier pour lespersonnages présidentiels  : plus de 650films depuis le début de l’histoire de sonseptième art ! En tête, Lincoln avec 130apparitions, suivi de Washington 70,Grant 47, Jefferson 46… les deux dernierstotalisant déjà 36 apparitions pour GeorgeBush Jr et 26 pour Barack Obama !1

Pendant longtemps, la fonction présiden-tielle n’a pas semblé intéresser la fictionhexagonale. Il aura peut-être fallu attendrel’hyper présidentialisation de l’ère Sarkozypour voir en 2011 deux films aussi diffé-rents que La Conquête de Xavier Durrin-ger et Pater de Alain Cavalier – tous lesdeux en compétition officielle au Festival deCannes – convoquer comme figure cen-trale celle du président de la Républiquefrançaise. Le film de Cavalier est une sorted’Ovni, répétition d’un film qui ne se ferajamais entre le réalisateur/président et l’ac-teur/premier ministre et une réflexionenjouée sur le pouvoir, sur la représenta-tion (politique et de la réalité). La Conquêtevoulait retranscrire au plus près de la réa-

interférencesLa conquête/Pater/L’Exercice de l’État/

Les Saveurs du palais/Le Grand retournement

Les zoomsdu président

oo

31Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 2013Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201330

pourquoi avoir cHoiSi touS ceS

aleXandrinS pour parler de la

criSe, deS BanquierS SouverainS ?Pour une raison très profonde selonGérard Mordillat, une idée empruntée àFrédéric Lordon (Son ami économiste quia écrit la pièce de départ) : « Nous vivonsdans la prison du langage qu’a imposé le sys-tème néo-libéral. Une novlangue digne d’Or-well : un plan de licenciement devient un planpour sauver l’emploi, on parle de coût dutravail comme si le travail ne rapportait rien,les responsables syndicaux sont devenus des“partenaires sociaux” ! Nous vivons dans laréalité d’un langage imposé par les média etqui nous étouffe. Clausewitz le disait déjà : ilne faut jamais parler avec la langue de l’ad-versaire. Toute révolution invente son langage.

était-ce une volonté

d’Être pédaGoGique ?« Une des vertus de l’alexandrinest que nous le comprenonsmais nous ne le parlons pas. Leléger décalage affute notreécoute. Pour mieux comprendre,il fallait rendre la chose la plussouple et la plus élégante pos-sible. La matière de Lordon étaitmagnifique, un coffre aux trésorsdans lequel nous pouvions pui-ser. »

avez-vouS eu BeSoin

d’emprunter auX Ban-quierS ?« C’est la première fois que laproductrice, Véra Belmont, ainvesti son propre argent. Noussavions qu’aucune filiale télévi-suelle n’investirait dans ce film.Il y avait là une adhésion à la foispolitique et artistique. Le films’est fait avec un tout petit budgetde 450 000 €. Tous les acteurs ont tournéavec le minimum syndical. Ils étaient prêts àtravailler pour rien… J’ai été touché par vosapplaudissements car une nouvelle aventurecommence : nous ne sommes soutenus parpersonne. C’est un film de combat avec del’humour. »

eSt-ce que l’uSine en ruineS S’eSt

impoSée d’emBlée ?G. Mordillat avait pensé à une tourmoderne, brillante, par exemple à laDéfense, mais cela le rendait très dépen-dant des conditions météos alors qu’il vou-lait donner tout le temps aux acteurs.« L’usine en ruines fonctionnait sur le plan

métaphorique mais ce décor permettait éga-lement de maîtriser l’esthétique du film… Ilmontrait aussi le vase clos du monde de lapolitique et de la finance. Du gouffre qui s’élar-git sans cesse entre le peuple et ses repré-sentants. »

un Spectateur S’eSt dit jouer leS

trouBle-fÊte face au plaiSir priS

devant le froid cyniSme de ce

monde d’enfoiréS :« Ce qui m’intéresse, c’est de filmer les res-ponsables de la misère sur laquelle se pen-chent les documentaires et qui les enfermentdans une économie de misère. Mon premierfilm avec Nicolas Philibert s’appelait La Voix

Utiliser l’alexandrin permet de retourner lalangue de la bourgeoisie pour se donner desarmes. Aucun des nombreux écrits de Frédé-ric Lordon n’avait la force de ce léger déca-lage. Je l’ai lu avant qu’il soit publié et je lui aidit tout de suite qu’aucun sagouin ne feraitl’adaptation pour le cinéma, sauf moi ! Il étaitégalement extrêmement tentant de prendrequelque chose d’aussi peu cinématogra-phique… il faut alors forcément s’en échap-per, réinventer ! La forme de départ était faitepour être lue avec de très longs monologues.J’ai fait une adaptation avec des rôles puis j’airetravaillé avec les acteurs pour retrouver leurparole. Il fallait que ce soit un plaisir d’acteurspour devenir un plaisir de spectateurs. Commetoujours avec moi, il y a eu de nombreuses lec-tures, de nombreuses répétitions. »

RencontreGérard Mordillat

Ce samedi 12 janvier, le Studio 7 était plein :

qui eût cru qu’un film en alexandrins puisse ainsidéplacer un tel public ? Le réalisateur, en tout cas,n’a pas boudé son plaisir, précisant que,si c’était la première fois qu’il venait aux Studio,ce ne serait certainement pas la dernière.Puis il a souhaité aux nombreux spectateurs unebonne année et que 2013 puisse rimer avec (17)93 !

Après avoir lu une introduction versifiée (en parlant d’ « un humourqui raillait les puissants de la thune »), il nous a souhaitéune bonne projection, précisant que tout le débat qui suivrait devrait avoir lieu… en alexandrins !

Gérard Mordillat aux Studio © Nicole Joulin

de son maître et interrogeait 12 dirigeantsd’entreprises. La vertu des films qui s’occupentdu pouvoir, c’est qu’ils permettent aux spec-tateurs d’exercer leur esprit critique. Lecinéma sur les exclus devient vite compas-sionnel ; soit on pense qu’on a de la chance,soit on se sent coupable. Face aux banquiers,face au pouvoir politique, chacun de nous estsommé de prendre position. Si cela advient,j’ai réussi mon coup. »

comment avez-vouS fait pour

cHoiSir leS acteurS ?Le critère fondamental était de savoir diredes alexandrins (ce qui n’est pas donné àtout le monde !) Mais c’était avant tout un

engagement artistique, intellectuel, poli-tique : « Tous ensemble, comme on dit dansles manifestations. » Et quelle manifestation :Weber, Morel, Baer, Mille, Murillo !Avant d’aller signer son tout dernierroman : Ce que savait Jennie, boire un verredans le hall (le Fouquet’s a brûlé devant lesémeutiers !), Gérard Mordillat a donné laréponse à cette devinette qu’il avait pro-posée à tous les spectateurs en début desoirée : trouver l’alexandrin boiteux… deonze pieds et qui est bien… de lui ! Per-sonne n’a trouvé : c’était le tout début desvœux présidentiels présents dans le film :« Française, français, coucou me revoilà. »

DP

33Les CARNETS du STUDIO n°310 mars 201332

le roi du curlinGde Ole Endresen

Burlesque et loufoque, filmé au grandangle, c’est bien de commencer l’année parune franche rigolade qui ne sera pas for-cément du («bon») goût de tout le monde.Monsieur HR

populaire de Régis Roinsard

J’ai adoré ce petit bijou de cinémaplein de fraicheur et de finesse avec uneDéborah François éblouissante et unRomain Duris excellent. […] NT

Le film joue allégrement avec les sté-réotypes de l’époque et rend aussi hom-mage à la modernité de la société d’après-guerre. […]

Populaire est un film qui enchante : parsa reconstitution des années 60, sa légè-reté, sa justesse dans les rapports humains(de pouvoir, d’influence, de force, de cou-rage, de tendresse, d’ambigüité amou-reuse… ). […] Tristan

leS BÊteS du Sud SauvaGede Benh Zeitlin

Un film surprenant, déroutant, on setrouve en permanence à surfer sur desvagues d’ennui et des ondes de bonheur.Cette enfance plongée dans la dureté del’existence et sa perpétuelle insécuritéheurte la sensibilité de chacun. Trop faci-lement à mon goût. On a parlé de Ter-rence Malick à son sujet, pas d’accord, lelyrisme de l’américain est bien plus por-teur. Au final, plutôt déçu mais content del’avoir vu… Gugalène

Vos critiques

On se laisse emporter par ce «conte».Les personnages sont épatants. On nousparle d’amour, d’amitié, de la vie et de lamort, d’écologie… en mêlant émotions,poésie, fantaisie. Atmosphère un peu sur-réaliste avec une musique envoûtante. CP

tHe maSter de Paul Thomas Anderson

Merci à Paul Thomas Anderson denous avoir épargné une énième reconsti-tution biographique en faisant l’économied’une explication sociologique et histo-rique. Sa mise en scène, seule suffit à nousfaire voir et ressentir cette relationambigüe qui sous-tend tout le film: nonréduite à une simple relation maître-dis-ciple, celle-ci se révèle éminemment pluscomplexe au sein d’une secte dont on nouslaisse finalement peu voir hormis à traversle regard des deux hommes qui retiennenttoute l’attention. A cet égard, JoaquinPhoenix et Philip Seymour Hoffman (aussi!) crèvent tous deux l’écran et c’est lors-qu’ils se partagent la réplique que le filmatteint une intensité rare (cf. la scène de«l’interrogatoire»). Les deux personnages,qui tour à tour se déchirent ou s’attirent,restent finalement en proie à une profondesolitude : l’un à cause de sa névrose etl’autre de sa mégalomanie. Il est difficile desavoir alors lequel des deux domine l’autreou s’ils ne l’ont jamais été. LN

Des scènes longues, des scènesincommodantes, des scènes inutiles (ouobscures) et des scènes longues, incom-modantes et inutiles. Beaucoup trop longpour le peu qui y est dit. Gros travail deJoaquin Phoenix, néanmoins.

Rubrique réalisée par RS

RencontreGérard Mordillat