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[Islam et Finance ] Dialogues N°49 - Juillet 2005 L E JOURNAL DINFORMATION DE L’UNION DE BANQUES ARABES ET FRANÇAISES D epuis une trentaine d’années, on assiste à un développement rapide des banques islamiques, en parallèle avec le regain que connaît la religion. Avant de décrire les caractéristiques de ces banques, les raisons de leur développement et les conditions de leur intégration dans le monde de la finance internationale, cet article rappelle comment l’islam appréhende l’activité économique et les activités de prêt. LES SOURCES DE L’ISLAM L’islam, troisième religion monothéiste du monde, a la même origine que le judaïsme et le christianisme. L’islam est un code de conduite basé sur les relations entre l’homme et son créateur, Dieu, qui est aussi le créateur de tout l’univers. L’islam remplit une mission à la fois objective et subjective : tout au long de sa vie, le Musulman doit s’astreindre à gérer son existence suivant les droits et les devoirs révélés par Dieu, qu’ils soient d’ordre physique, moral ou spirituel. L’islam le guide et l’incite à faire le bien et à éviter le mal dans toutes ses actions et paroles, et ce, dans sa vie personnelle, familiale et sociale. Il harmonise donc la nature humaine à son environnement. L’homme doit, en toutes circonstances et dans toutes les activités de sa vie, pratiquer les enseignements de l’islam pour s’assurer une vie de paix et de tranquillité. L’islam est un mot arabe qui signifie : soumission à Dieu. Cette soumission se traduit par un code de conduite décidé par Dieu pour le bien de l’humanité, tel que révélé dans son livre, le Coran, et dans la Sunna 1 . Le Coran est le livre saint des Musulmans. Il est divisé en textes (sourates) ou chapitres, chacun contenant un certain nombre de versets (ayats) ou phrases. Le Coran comporte trois thèmes principaux : - l’unicité de Dieu (qui est à la base de l’islam) ; - les récits sur les prophètes antérieurs à l’islam ; - les règles et les lois à suivre. La Sunna représente l’ensemble des actes et dires (hadiths) du Prophète (571-632 après Jésus-Christ) qui viennent confirmer, expliquer, parfois même compléter, le Coran, et donc indiquer aux Musulmans l’exemple de l’attitude à suivre dans la vie. Le message transmis à travers ces deux sources constitue la base de la jurisprudence islamique (charia’a). La charia’a se compose donc des lois et principes émanant du Coran et de la Sunna. Ce n’est pas une loi écrite, mais elle résulte d’une interprétation continue (ijtihad) de la doctrine religieuse élaborée par les docteurs de la loi (oulemas). Dans l’hypothèse où un cas précis ne serait pas traité par ces deux sources, il reviendrait aux oulemas de trouver une interprétation par analogie avec un cas similaire, le quias. Dans la mesure où un consensus serait trouvé, le cas ferait jurisprudence (fiqh). La charia’a couvre deux aspects essentiels : - les lois ayant trait aux questions de dévotion (charia’a al ibadat) qui s’appuient sur les principes qui régissent la croyance et la foi (al akida) ; - les lois ayant trait aux activités politiques, économiques et sociales (charia’a al mu’amalat) qui se basent sur le code éthique de la conduite individuelle (al akhlak). On distingue, de ce fait : - fiqh al ibadat qui concerne les cinq piliers de l’islam : la déclaration d’unicité, la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage à La Mecque ; - fiqh al mu’amalat qui concerne en particulier les règles afférentes aux droits de propriété, au travail et à la production, à l’allocation des ressources, à la consommation, au fonctionnement des marchés, à la distribution du revenu et de la richesse, et au rôle de l’argent. par MAHMOUD ABDEL WAHAB 1 Editorial En ce début d’été, nous vous proposons une édition spéciale consacrée à l’Islam et la Finance, fruit du travail de notre collègue Mahmoud Abdel Wahab, Responsable des financements islamiques à l’U.B.A.F. Il vous conduira des sources de l’islam à la lecture du bilan d’une banque islamique. Cet article est extrait du « Rapport Moral sur l’Argent dans le Monde 2005 »* ouvrage publié par l’Association d’économie financière avec le soutien de la Caisse des Dépôts. Le rapport fournit chaque année une synthèse des débats qui ont traversé le monde de la finance au cours de l’année écoulée. Nous tenons à remercier Mahmoud, pour son aimable concours à ce numéro spécial ainsi que l’Association d’Economie Financière. Le Comité Editorial * disponible à la Documentation

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[ Is la m e t Fi na n c e ]

Dialogues N°49 - Juillet 2005

LE JOURNAL D’INFORMATION DE L’UNION DE BANQUES ARABES ET FRANÇAISES

Depuis une trentaine d’années, on assiste à undéveloppement rapide des banques islamiques,en parallèle avec le regain que connaît la religion.

Avant de décrire les caractéristiques de ces banques, les raisons de leur développement et les conditions de leurintégration dans le monde de la finance internationale, cet article rappelle comment l’islam appréhende l’activitééconomique et les activités de prêt.

LES SOURCES DE L’ISLAM

L’islam, troisième religion monothéiste du monde, a lamême origine que le judaïsme et le christianisme.

L’islam est un code de conduite basé sur les relationsentre l’homme et son créateur, Dieu, qui est aussi lecréateur de tout l’univers. L’islam remplit une mission àla fois objective et subjective : tout au long de sa vie, le Musulman doit s’astreindre à gérer son existencesuivant les droits et les devoirs révélés par Dieu, qu’ilssoient d’ordre physique, moral ou spirituel. L’islam leguide et l’incite à faire le bien et à éviter le mal danstoutes ses actions et paroles, et ce, dans sa viepersonnelle, familiale et sociale. Il harmonise donc lanature humaine à son environnement. L’homme doit, entoutes circonstances et dans toutes les activités de sa vie,pratiquer les enseignements de l’islam pour s’assurerune vie de paix et de tranquillité.

L’islam est un mot arabe qui signifie : soumission àDieu. Cette soumission se traduit par un code deconduite décidé par Dieu pour le bien de l’humanité, telque révélé dans son livre, le Coran, et dans la Sunna 1.

Le Coran est le livre saint des Musulmans. Il est diviséen textes (sourates) ou chapitres, chacun contenant uncertain nombre de versets (ayats) ou phrases.

Le Coran comporte trois thèmes principaux :

- l’unicité de Dieu (qui est à la base de l’islam) ; - les récits sur les prophètes antérieurs à l’islam ; - les règles et les lois à suivre.

La Sunna représente l’ensemble des actes et dires(hadiths) du Prophète (571-632 après Jésus-Christ)qui viennent confirmer, expliquer, parfois mêmecompléter, le Coran, et donc indiquer aux Musulmansl’exemple de l’attitude à suivre dans la vie.

Le message transmis à travers ces deux sourcesconstitue la base de la jurisprudence islamique(charia’a).

La charia’a se compose donc des lois et principesémanant du Coran et de la Sunna. Ce n’est pas une loiécrite, mais elle résulte d’une interprétation continue(ijtihad) de la doctrine religieuse élaborée par lesdocteurs de la loi (oulemas).

Dans l’hypothèse où un cas précis ne serait pas traitépar ces deux sources, il reviendrait aux oulemas detrouver une interprétation par analogie avec un cassimilaire, le quias. Dans la mesure où un consensusserait trouvé, le cas ferait jurisprudence (fiqh).

La charia’a couvre deux aspects essentiels :

- les lois ayant trait aux questions de dévotion(charia’a al ibadat) qui s’appuient sur les principesqui régissent la croyance et la foi (al akida) ;

- les lois ayant trait aux activités politiques,économiques et sociales (charia’a al mu’amalat) quise basent sur le code éthique de la conduiteindividuelle (al akhlak).

On distingue, de ce fait :

- fiqh al ibadat qui concerne les cinq piliers de l’islam :la déclaration d’unicité, la prière, le jeûne, l’aumôneet le pèlerinage à La Mecque ;

- fiqh al mu’amalat qui concerne en particulier les règles afférentes aux droits de propriété, autravail et à la production, à l’allocation desressources, à la consommation, au fonctionnementdes marchés, à la distribution du revenu et de larichesse, et au rôle de l’argent.

par MAHMOUD ABDEL WAHAB

1

Editorial

En ce début d’été, nous vous proposonsune édition spéciale consacrée à l’Islamet la Finance, fruit du travail de notrecollègue Mahmoud Abdel Wahab,Responsable des financementsislamiques à l’U.B.A.F.

Il vous conduira des sources de l’islam àla lecture du bilan d’une banqueislamique.

Cet article est extrait du « RapportMoral sur l’Argent dans le Monde 2005 »*ouvrage publié par l’Associationd’économie financière avec le soutiende la Caisse des Dépôts. Le rapportfournit chaque année une synthèse desdébats qui ont traversé le monde de lafinance au cours de l’année écoulée.

Nous tenons à remercier Mahmoud,pour son aimable concours à ce numérospécial ainsi que l’Associationd’Economie Financière.

Le Comité Editorial

* disponible à la Documentation

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LES PRINCIPES ÉCONOMIQUES ENISLAM

La jurisprudence, fiqh al mu’amalat, traite etinterprète un certain nombre de principes quiorganisent l’activité économique.

Richesse et propriété en islam Dieu est le créateur de cette terre et de ses ressources,il en est donc le véritable propriétaire 2. En créantl’homme, il décide de lui léguer cette richesse afinnon seulement de la faire fructifier à son profit, maiségalement d’en faire bénéficier la société 3. L’hommene serait que l’usufruitier de ce bien. Il en est le « possesseur » plus que le « propriétaire », et nul nepeut lui retirer cette possession. La richesse et la propriété privée sont donc sacrées en islam.

Ce principe vise ainsi à concilier la liberté depossession individuelle 4 avec la nécessaire protectioncontre l’égoïsme social et les tendances aux dérives etabus de toute sorte, en rendant l’homme responsablede la croissance et des moyens utilisés pour fairefructifier cette richesse pour son bien et le bien desautres individus.

Le travail et la production en islam Afin de subvenir à ses besoins, l’homme doit exploiterles biens qui lui sont légués. Dès lors, le travail devientune obligation que l’islam élève au plus haut rang. LeProphète nous enseigne, à cet égard, que « le travailest adoration ». L’exploitation des ressources doit s’effectuer selon des règles qui s’inscrivent dans uncadre moral et social en harmonie avec les principesde l’islam. Le travail mérite, par ailleurs, une compensation juste et équitable.

Il ne se limite pas à des activités productives tellesque l’agriculture, l’élevage et l’industrie. Ladistribution, le commerce, les services et toute autreprestation utile qui satisfait un besoin humain sontreconnus comme activité économique.

L’islam, par conséquent, incite l’homme à travailleret à produire, ainsi que le souligne ce verset : « Oeuvrez, car Allah va voir votre oeuvre de mêmeque son messager et les croyants »5. Par contre, nuln’a le droit de vivre uniquement du travail des autres 6,ainsi que le rappelle le Prophète : « Maudit celui quipose sa charge sur les autres ».

La distribution de la richesse L’islam admet la disparité innée intellectuelle,physique et matérielle des êtres humains, disparitéqui entraîne, par conséquent, un produitéconomique inégal selon les individus 7. Mais àl’instar des autres religions qui prônent la justicesociale, il incite tant l’individu que l’État àdistribuer cette richesse de manière équitable à travers un certain nombre de moyens.

Au niveau de l’individu Les dépenses L’islam appelle avec insistance à dépenser ce que leMusulman gagne pour satisfaire en priorité et raisonnablement ses besoins et ceux de sa famille, lesolde étant de droit destiné au bien-être de la société.

D’une manière générale, le Coran recommande uneattitude équilibrée entre l’avarice et la prodigalité.De plus, il attire l’attention sur un certain nombre

de dépenses de solidarité : - les oeuvres charitables ; - les parents et les proches parents ; - les orphelins, les nécessiteux et les voyageurs ; - tous ceux qui sont incapables d’assurer leur moyen

de subsistance.

Cette exigence de solidarité trouve une illustrationparticulière dans cette citation du Prophète : « Celuiqui dort rassasié alors que son voisin a faim n’est pasmusulman » 8 ; de même qu’elle conduit l’islam àconsidérer qu’une société où existent des nantis et desdépossédés n’est pas une véritable société islamique.À ce titre, l’islam condamne sévèrement lathésaurisation des richesses et la prohibe : « Annonceun châtiment douloureux à celui qui thésaurise l’or etl’argent sans rien dépenser dans le chemin d’Allah » 9.

L’aumône La zakat 10 est une contribution perçue à l’origine surla monnaie, quelle qu’en soit sa nature (or, argent et,aujourd’hui, billets de banque et monnaiescripturale), les produits ayant une valeur marchande,les matières premières, les trésors trouvés enfouis dansle sol, les bovins et certains produits agricoles.

Le taux d’imposition varie selon la nature du bienimposable. Un seuil d’imposition est établi par lacharia’a pour chaque produit. À titre d’exemple 11, àpartir de 84 grammes d’or et 150 grammes d’argentou l’équivalent en billets de banque, un tauxd’imposition de 2,5 % s’applique à condition quel’individu les détienne pour une période de 1 an.

Le paiement de la zakat est l’un des cinqcommandements 12 religieux auxquels les Musulmansdoivent se soumettre. Les particuliers peuvent laverser directement aux nécessiteux ou à desinstitutions spécialisées dans la redistribution de cesfonds. Certains pays, comme le Pakistan et le Soudan,légifèrent officiellement sur cette aumône.

Au niveau de l’État Historiquement, les préceptes de l’islam ont conduitles États à limiter leurs responsabilités aux deuxdomaines suivants : - subvenir aux besoins des plus nécessiteux et assurer

la solidarité sociale ; - gérer la distribution de la richesse à travers les

dépenses publiques.

Ces deux tâches étaient assurées par l’État à travers leTrésor public (beit el mal ) dont les ressources incluaient,entre autres : - le kharjh qui représentait une part des revenus des

terrains concédés par l’État au secteur privé pourl’exploitation ;

- les revenus des exploitations des biens des personnesdécédées sans laisser d’héritiers ;

- le 1/5ème khoms : impôt qui représentait 20 % durevenu individuel après déduction des dépensespersonnelles familiales et professionnelles.

Dans un souci de redistribution équitable, l’Étatutilisait ces ressources dans les domaines suivants : - l’établissement et l’entretien des institutions

d’éducation et de santé ;- les allocations pour les classes les plus défavorisées

de la société ; - le paiement des salaires du secteur gouvernemental ; - l’investissement dans les infrastructures indispensables

au bon fonctionnement de l’économie.

Le rôle de la monnaie Dans la doctrine islamique, l’argent en soi estimproductif et ne sert que d’instrument de mesure dela valeur des biens. Il ne peut donc être considérécomme un bien en soi, dont le prix serait fixé parl’offre et la demande. Par conséquent, le riba 13

(expression désignant à la fois l’usure et l’intérêt) quireflète ce prix est interdit dans la religion musulmane :

-« Ô, vous qui croyez, craignez Dieu. Renoncez, sivous êtes croyants, à ce qui vous reste des profits del’usure. Si vous vous repentez, votre capital vousrestera. Ne lésez personne et vous ne serez pas lésé » 14 ;-« Ce que vous avez prêté à intérêt pour qu’il semultiplie aux dépens des biens des gens ne semultipliera guère auprès de Dieu » 15.

Cette interdiction n’est pas propre à l’islam. Ainsi,dans le Pentateuque de l’Ancien Testament, qui est laTorah des Juifs 16, la pratique de l’usure estcondamnée. « Les Juifs dans leur interdiction dutarbit (usure) furent plus sélectifs que les Musulmans :le tarbit était interdit entre Juifs, mais permis entreJuifs et non Juifs »17.

Les Chrétiens ont aussi condamné l’usure et le prêt àintérêt se basant sur la tradition aristotélicienne etl’Évangile selon Saint Luc 18. En 1312, les évêques deFrance, réunis en concile, menacèrent mêmed’excommunication ceux qui prêtaient à intérêt.

L’injustice sociale est le fondement commun de cetteinterdiction pour les trois religions monothéistes.D’autres raisons d’ordre économique, en accord avecles principes de l’islam, sont à l’origine de celle-ci.

En effet, l’économie musulmane du VIIème sièclereposait sur des Cités-États marchandes vivant dansun environnement hostile. Elles souffraient le plussouvent, du fait de leur isolement, d’un manque deliquidités ; ce qui favorisait l’usure et la thésaurisation.Les principes et préceptes islamiques visèrent àrefréner ces deux phénomènes indésirables considéréscomme un obstacle au libre-échange et au commerce.

Cette position se trouve également confortée par desanalyses plus récentes 19 dénonçant le riba en tant quefacteur favorisant la hausse des prix (l’inflation), lamauvaise allocation des ressources économiques etl’aggravation du chômage. Cependant, ces effetsnégatifs sont imputables à une conception de la valeurdu capital différente de celle défendue par l’islam.

En effet, pour l’islam, le capital (l’argent) n’est qu’unemesure de la richesse, mais non la richesse elle-même.Il ne le devient que grâce à son association avec le tra-vail de l’homme. Par conséquent, l’intérêt commeprix de l’argent épargné n’est pas justifié. Une telle

Dialogues N°49 - Juillet 2005

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Dialogues N°49 - Juillet 2005

justification n’existerait que si cette épargne étaitinvestie en vue de créer plus de richesses.

Selon les économistes musulmans, les fondsdisponibles dans les systèmes non islamiques sontsouvent susceptibles d’être alloués à des emploispurement spéculatifs et ne profitent pasnécessairement aux projets les plus productifs ; ce quiconduit à une mauvaise allocation des ressources etreprésente une entrave à l’emploi. De même,l’intégration du prix de l’argent dans la valeur desbiens induit l’inflation dans la société. L’ensembleaffecte la croissance économique et le bien-être de lasociété civile.

Cependant, il convient de noter qu’il existe différentesinterprétations concernant l’application du riba et deson assimilation à l’intérêt. Les « modernistes » 20

optent pour une interprétation nouvelle de l’islam liéeà l’esprit et non à la lettre. Ils évoquent que seul estinterdit l’intérêt abusif imposé aux nécessiteux et non pascelui qui est perçu sur l’activité économique productive.

Mais la majorité des économistes islamiquesmaintiennent que tout intérêt reste interdit mêmepour les crédits productifs, puisque le mot riba enarabe signifie augmentation et que, par conséquent,tout remboursement au-delà du montant originald’un prêt est illicite. De plus, cette interdiction a étéimposée historiquement dans une société islamiquemarquée par une grande solidarité et dont l’activitéétait essentiellement marchande.

Les banques islamiques ont donc logiquement étéétablies sur la base de ces principes qui sont reflétésdans leurs modes de fonctionnement et dansl’ensemble des produits qu’ils sont amenés à offrir.

LES BANQUES ISLAMIQUES

Développement des banques islamiquesMis à part quelques tentatives et études pourl’installation de banques islamiques en Malaisie aumilieu des années 1940, et au Pakistan à la fin desannées 1950, la première banque fonctionnant surla base de la charia’a voit le jour en 1963 enÉgypte, la Mit Ghamr Savings Bank 21, devenue parla suite la Nasser Social Bank.

Le principal signal est donné par l’Organisation dela conférence islamique (OCI), créée en 1970, quidécide, au Sommet de Lahore en 1975, d’installer àJeddah la Banque islamique du développement(BID) dont le statut est établi à l’image de la Banquemondiale pour le monde musulman.

Cette même année voit la prolifération des banquesislamiques commerciales avec, en premier lieu, laDubai Islamic Bank (DIB), la Kuwait Finance House(KFH) et la Bahrain Islamic Bank (BIB).

En 1979, le Pakistan devient le premier pays àdécréter l’islamisation de l’ensemble du secteurbancaire. Il est suivi en 1983 par le Soudan et l’Iran.En mars 1981, se crée une association d’investisseursmusulmans qui forment une holding sous le nom deDar Al Mal Al Islami (DMI) qui fixe son siège àGenève et multiplie rapidement ses implantationsdans plusieurs pays du monde.

La vague touche l’Asie du Sud-Est en 1973 avec lacréation de la Philippine Ammarrah Bank, puiss’étend à la Malaisie à partir de 1983, et plus

tardivement à l’Indonésie en 1998.

Aujourd’hui, différents chiffres circulent quant à lataille de l’industrie bancaire islamique et au nombred’institutions qui la composent.

Ce nombre varie d’une étude à l’autre : - pour les uns, il a évolué de 34 en 1983 à 195 en

1997, puis 200 en 2000 22 ; - selon d’autres estimations, il atteindrait 270, sociétés

d’investissement 23 comprises, et représente un totald’actifs de 300 milliards de dollars. La plupart desstatistiques indiquent que ces institutions connaissentun taux de croissance annuel entre 12 et 15 % et quela majorité de celles-ci se trouve concentrée dans larégion du Golfe et en particulier à Bahreïn.

Alors que les banques islamiques de la région duGolfe et du Moyen-Orient ne représentent que 27 %du nombre total de ces établissements dans le monde,leur part dans la situation financière globale de l’ensemble des banques islamiques se situe à desniveaux importants :

- 74 % des fonds propres ; - 70 % du total des actifs ; - 73 % des dépôts ; - 56 % des réserves ; - 69 % des profits nets.

Facteurs favorisant ce développement Le premier facteur concerne sans aucun doute le regaind’intérêt qu’a connu la religion au début des années1970 dans les pays à majorité musulmane. Ce réveil deconscience religieuse résulte de la déception engendréepar l’incapacité des modèles de développement despays industrialisés à répondre aux problèmes écono-miques et sociaux du monde musulman.

Le deuxième facteur associé au premier peut êtreattribué aux chocs pétroliers qui ont suivi la guerrede 1973 24 et ont généré des excédents importants depétrodollars surtout pour les monarchies du Golfe,excédents publics et privés dont une partie devaitêtre recyclée dans la région.

Le troisième facteur, non moins important, associéaux précédents, est imputable à quelques visionnairesqui ont réussi à identifier des besoins non exprimés,mais inhérents à la foi musulmane. Ces pionniers ontsu concilier leur connaissance approfondie des tech-niques bancaires et les enseignements de la doctrineislamique.

Aujourd’hui, au-delà des facteurs proprementreligieux, la performance et la productivité de cesinstitutions constituent le moteur déterminant deleur développement.

Quelques analystes évoquent également d’autresfacteurs tels que 25 : - la vague d’innovations financières due à la déré-

glementation qui a rendu possible la conceptionet l’acceptation des produits islamiques ;

- ou encore, l’essor des banques d’investissement et dessociétés de capital-risque, ainsi que le rapprochementfinance/industrie.

Fonctionnement et caractéristiquedes banques islamiques Afin de faciliter la compréhension du mode de fonction-nement des institutions financières islamiques, il est pré-férable de définir préalablement ses principaux produits.

Contrats et produits financiers islamiques Opérations de type participatif Le concept historique de base dont sont issus lesproduits décrits ci-après, repose sur l’associationcapital-travail dans des opérations de typeparticipatif pour contourner l’interdiction du prêt àintérêt.

Mudaraba Ce terme désigne le contrat conclu entre un ou desinvestisseurs qui fournissent le capital (rab el mal )et un entrepreneur qui assure le travail nécessairepour utiliser ces fonds (mudareb).

Suivant cette définition, la banque islamique peutintervenir, soit en tant que mudareb si son rôleconsiste à placer les capitaux pour le compte desinvestisseurs, soit en tant que rab el mal si elle vient àparticiper à une opération organisée par une autrebanque exerçant la fonction de mudareb. Dans lecadre du premier rôle ci-dessus mentionné,l’intervention de la banque mudareb s’effectue sansrecours sur elle (excepté en cas de négligence), lerisque étant supporté par les investisseurs et le profitpartagé entre ceux-ci et le mudareb selon une formulepré-agréée.

Ces contrats de mudaraba se présentent sous deux formes : - limitée, dans la mesure où le contrat porte sur une

opération précise ; - illimitée, au cas où le mudareb n’est pas tenu

d’informer les investisseurs des projets qu’il entreprend.

Musharaka La musharaka (partenariat actif) est un contrat entredeux parties (ou plus) pour le financement d’unprojet. Pertes et profits sont distribués au prorata descontributions respectives au capital. Ce produitconcerne notamment des activités commerciales oude production à long terme.

Ijara/ijara waiktinaa L’ijara/ijara waiktinaa (crédit bail/ leasing) est uncontrat de leasing financier à moyen et long terme. Ilimplique l’achat par la banque d’un actif qu’elle loueà une entreprise pour une période déterminée. Le coûtde la location est échelonné sur la période. À terme, le locataire peut exercer une option pour acquérir le bien. Ce produit concerne surtout les secteurs detransports routiers et aériens, mais aussi l’immobilieret la machinerie.

Financement d’opérations commerciales L’association de produits bancaires classiques appli-qués au financement de transactions commercialesavec les principes de la charia’a a donné lieu au développement d’autres produits, indiqués ci-après.

Morabaha La morabaha est un contrat de vente au prix derevient majoré d’une marge connue et convenueentre l’acheteur et le vendeur. Le contrat peut être :- simple : entre acheteur et vendeur ; - triangulaire : entre un acheteur final (donneur

d’ordre), un vendeur (fournisseur) et un intermédiaire(exécuteur d’ordre, généralement une banque).

Dans ce dernier cas, l’intermédiaire achète la mar-chandise du fournisseur, la lui paye comptant, puisrevend à l’acheteur final la même marchandise moyen-nant une marge avec un paiement différé.

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Dialogues N°49 - Juillet 2005

Bai al salam Le bai al salam est un contrat de vente à livraisondifférée. L’acheteur paie comptant au vendeur leprix négocié avec promesse du vendeur de livrer lebien à terme. Ce contrat s’applique sur les biensagricoles ou manufacturés dont les quantités et lesqualités peuvent être spécifiées et sans ambiguïté.

Istisna’a L’istisna’a est un contrat de financement du fonds deroulement d’une entreprise par une banqueislamique. Il s’agit particulièrement du financementde travaux d’ingénierie et de matières premières quiinterviennent dans la fabrication des produits destinésà la vente. Ce contrat peut également concerner lefinancement de biens, tels que l’électricité et le gaz,qui ne peuvent être pris en compte par des contratsde leasing (ijara).

Sukuk Les sukuk sont des obligations émises par une banqueislamique en vue de financer un projet donné. Cesdernières années ont vu l’émission d’un grand nombrede ces obligations, soit par des États comme leBahreïn et la Malaisie, soit par des grandesentreprises, destinées au financement de projetspublics et privés sous forme de leasing.

Quard hassan Occasionnellement, une banque peut accorder à sonclient des prêts ou recevoir un dépôt sans intérêt. Ence qui concerne les crédits personnels, ils sontaccordés selon des considérations sociales.

Fonctionnement et caractéristiques Les banques islamiques exercent l’ensemble desactivités bancaires à l’exception des opérationscontraires aux principes de la charia’a (telles que lesprêts et emprunts avec intérêt). Elles sont constituéessous forme de société anonyme dont le capital estsouscrit en majorité par les membres fondateurs 26

(cf. bilan en annexe).

Répartition de l’activité Établies sur la base du rapport annuel d’un échan-tillon de 13 banques islamiques localisées dans larégion du Golfe et du Moyen-Orient, les ventilationsobtenues (moyenne des pourcentages) sont décritesdans les tableaux 1 et 2.

Tableau 1Répartition de l’activité (en %) par produit et par secteur

1. Les opérations de morabaha à court terme représentent lamajeure partie des emplois ; ce qui assure à ces banquesune liquidité importante.

2. Les activités de production (industrie) et de services(commerce) se situent au premier rang, suivies du secteurfinancier ; ce qui reflète la place relativement importantedes opérations interbancaires.

Tableau 2Répartition de l’activité (en %) par profil géographique des ressourceset des emplois

Organisation et comité de contrôle En plus des organes d’une banque conventionnelle,chaque banque islamique a son propre comité decharia’a que l’on peut définir comme « une entitéindépendante de conseillers spécialisés dans lajurisprudence islamique (fiqh al mu’amalat) chargéede passer en revue et de superviser les activités de labanque islamique pour assurer leur conformité avecles principes de la charia’a » 27.

Alors que, les premières années, la performance de cesbanques était affectée par le manque de communicationentre les membres de ces comités, d’une part, et lesDirections commerciales de ces banques, d’autre part,on assiste actuellement à une coopération plus étroite.En dépit de certaines divergences liées à l’appartenancede ces différents comités à diverses écoles, il existe unebase commune à partir de laquelle, au cas par cas, les opérations islamiques peuvent être valablementstructurées.

En ce qui concerne le contrôle interne et externe deces banques, la plupart ont adopté les normes interna-tionales de contrôle en matière de comptabilité etd’audit. En fait, les règles applicables à l’activité bancaire islamique ont été établies par l’Organisationde comptabilité et d’audit des institutions financièresislamiques (Ocaif) sur des bases largement inspiréesdes normes internationales.

Les banques centrales des pays qui accueillent cesinstitutions exercent toutes un contrôle en réglementantleurs activités 28. La Bahrain Monetary Agency (BMA)ainsi que la Banque centrale malaise sont les plus exigeantes à cet égard. Enfin, plusieurs pays, commela Malaisie, ont créé des sociétés de rating spécifiquesà ces banques.

BANQUES CONVENTIONNELLES ETBANQUES ISLAMIQUES

Durant la décennie 1980-1990, la plupart des banquesinternationales ont maintenu une attitude très réservéeà l’égard des banques islamiques. Seule, une minoritéa cru au développement de ces institutions au sein delaquelle Citicorp a initié, dès 1987, une offre de services bancaires islamiques et a établi 15 ans plustard, à Bahreïn, une filiale totalement dédiée à cetype d’activité. Cette ligne a été suivie récemmentpar un certain nombre de banques européennes. Ainsi, en 1998, HSBC a implanté Amanah Finance à Dubaï et, en 2002, Noriba Bank, une filiale dugroupe UBS, a été établie à Bahreïn.

En juin 2003, BNP Paribas a créé une unité debanque islamique consacrant, de ce fait, une présenceactive dans ce secteur à travers le développement

Exemples de financements mixtes

En 1996, un prêt de 1,2 milliard de dollars, dont 200 millions de dollars de trancheislamique, a été monté pour le financement du projet Equate au Koweït.

Plus récemment, la société Alba (aluminium à Bahreïn) a été financée par un prêt mixte de1,5 milliard de dollars, dont 250 millions de dollars de tranche islamique.

Le financement de la centrale électrique d’Al Hidd à Bahreïn de 255 millions de dollarsmonté par BNP Parisbas et HSBC comporte une tranche islamique de 55 millions dedollars.

Activité %

Par produit Morabaha 1 (trade finance) 57,7 Mudaraba/Musharaka (investissements) 17,4 Ijara (leasing) 9,3 Istisna’a (fonds de roulement) 2,4 Divers 13,2 Total 100,0

Par secteur Industrie et commerce 2 24,55 Banques et institutions financières 23,14 Construction 14,99 Investissements secteur public 5,82 Autres 31,50 Total 100,00

Régions Actif Passif

Golfe et Moyen-Orient 79,1 95,9 Amérique du Nord 9,8 0,3 Europe 9,3 2,5 Autres 1,8 1,3 Total 100,0 100,0

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Dialogues N°49 - Juillet 2005

d’opérations de morabaha depuis 1985 et laréalisation du premier equity fund en faveur d’uneinstitution islamique à Bahreïn.

Les banques conventionnelles arabes et internationalesont institué au sein de leur établissement undépartement dédié à cette activité, parmi lesquelleson peut citer : Standard Chartered & Co., GoldmanSachs, Dersden Bank AG, ABN Amro, Barclays,Société générale et, très récemment, Calyon.

Ce développement a été bénéfique aussi bien pour lacroissance des institutions islamiques que pour lesbanques traditionnelles. D’une part, ces dernières onteu ainsi accès à un nouveau marché (un grand nombred’opérations de morabaha/mudaraba ou leasing ont étémontées par ces banques pour des clients de la régiondu Golfe et du Moyen-Orient), d’autre part, les banquesislamiques ont bénéficié de l’apport technique desbanques conventionnelles pour le développement desproduits financiers islamiques (ijara, sukuk). Cettecoopération a également permis l’émergence de finan-cements mixtes (tranche conventionnelle et trancheislamique) pour de grands projets dans des domainesdivers (industrie, aéronautique, naval, télécommuni-cations et infrastructures). Nous en indiquons quelquesexemples parmi beaucoup d’autres dans l’encadré ci-contre.

Nous constatons donc que malgré les spécificitéspropres à chacun de ces deux modes de financement,une certaine complémentarité a été réalisée entre labanque conventionnelle et la banque islamique,complémentarité issue de leurs différences de moyenset leurs similitudes de métier.

Fondamentalement, les deux types de banquepoursuivent le même objectif : à savoir satisfaire lesbesoins financiers de leurs clients, mais utilisent desméthodes différentes pour y parvenir.

Le point central de divergence réside dans lasubstitution du taux d’intérêt prohibé par un tauxde rendement sur des activités réelles.

Ainsi, pour une banque conventionnelle, les dépôtsconstituent un passif dont le remboursement et larémunération à un taux prédéterminé constituentun engagement inconditionnel assumé sur ses fondspropres. Son profit résulte principalement dudifférentiel entre intérêts créditeurs servis auxdéposants et intérêts débiteurs perçus sur lesplacements ou les opérations de crédit.

Pour une banque islamique, au niveau de la collectedes ressources (individus ou institutions), le déposantn’est pas un créancier de la banque, mais unpartenaire/investisseur qui autorise celle-ci à gérer sesfonds pour son compte contre des frais de gestion.Son dépôt, fondé sur le principe du partenariat,implique ainsi le partage des pertes ou des profitsgénérés par les diverses utilisations de ces ressources(placement dans un fonds d’investissement,financement commercial ou de projets).

La banque ne contracte, de ce fait, aucune obligationd’assurer un rendement déterminé, ni même derembourser le capital. En revanche, ces banques ontla possibilité de répercuter la garantie, généralementinhérente aux investissements, dans les fondsproposés par d’autres institutions.

En ce qui concerne les emplois, à travers la gamme desproduits offerts, l’intervention de la banque porte, soit

sur le financement direct de transactions commerciales(morabaha, ijara, istisna’a, bai al salam...), soit sur desopérations de type participatif sur lesquelles les profitset pertes sont partagés entre les parties engagées (mudaraba, musharaka).

Cette divergence de fond entre ces deux types d’établis-sements entraîne, au niveau des bilans, certaines différences, dont les plus visibles sont : - les fonds propres d’une banque conventionnelle

incluent le capital, les réserves et les prêts participatifs.Pour une banque islamique, compte tenu de la naturespécifique des comptes (mudaraba), certains analystesn’hésitent pas à les intégrer aux fonds propres ;

- les profits de la banque classique sont attribués auxactionnaires sous forme de dividendes ; alors que dans leschéma islamique, ils sont destinés à une distributionplus large qui comprend les dépôts (mudaraba) ;

- la répartition des emplois révèle généralement dansles portefeuilles islamiques une allocation plus impor-tante aux transactions commerciales et économiquesque celle réalisée par les banques classiques qui orientent une proportion plus élevée de leurs ressourcesvers des placements purement monétaires et financiersplus sûrs.

D’une manière générale, comparées à une fonctiond’intermédiation financière et de transformation dedépôts en prêts qui domine l’activité bancaire clas-sique, les interventions des établissements islamiquesse caractérisent par une approche de partenariat plusmarquée et une priorité donnée au financement directde transactions commerciales et industrielles.

Avenir et perspectives La banque islamique n’est ni une mode passagère, niun phénomène sans lendemain appelé à disparaître.Mais son développement futur et son intégration dansle monde de la finance internationale dépendront de sacapacité à relever les défis auxquels elle est confrontée,ainsi que du renforcement de la coopération avec lacommunauté bancaire internationale, tâche nécessitantque cette dernière acquière les connaissances indispen-sables pour développer les complémentarités utiles avecle secteur bancaire islamique. Les défis sont de deuxordres.

Le premier défi est lié à la structure et à l’organisationdes banques islamiques : - le nombre relativement élevé d’institutions à faiblecapitalisation qui appelle à des fusions, afin de baisserles coûts d’exploitation et d’atteindre la compétitivitérequise pour affronter la concurrence des banques classiques ; - la formation et le développement des ressourceshumaines en vue de faire face à la complexité technique

que requièrent de nouveaux produits répondant auxexigences de la charia’a ; - la recherche d’une standardisation des avis des diverscomités de charia’a. À cet égard, la création d’unorganisme centralisateur de ces comités pourrait êtreenvisagée (unicité de doctrine) ; - le renforcement des mesures de contrôle interne etexterne et des dispositions visant une transparenceaccrue 29.

Le second défi est relatif à leur activité : - les statistiques mentionnées précédemment indiquentque les financements commerciaux à court termereprésentent aujourd’hui, à travers les morabaha, lamajeure partie de l’activité bancaire islamique ; - afin d’assurer un meilleur équilibre par rapport aurôle de partenaire d’affaires que ces institutions devraientjouer, un objectif s’impose à elles: celui de favoriser lesproduits financiers à moyen et long terme avec partagedes pertes et profits. La réussite de cette politique passecependant par le développement d’un marché secondaire,auquel les opérations de titrisation récentes sous formede sukuk 30 n’apportent qu’une réponse limitée ; - cette absence de profondeur du marché actuelcontraint les banques islamiques à maintenir un niveaude liquidité plus élevé que les autres institutions etaffecte leur compétitivité et productivité.

En ce qui concerne l’intégration des institutions bancaires islamiques dans les pays occidentaux, et plusparticulièrement européens, l’ensemble des administra-tions, banques et cabinets de conseil qui ont déjà pénétréce secteur (création de filiales spécialisées, départe-ments dédiés, structuration d’opérations, financementde projets mixte...) devrait permettre, en apportant desinformations précises, de faire largement connaître lemonde de la finance islamique et contribuer à fairetomber les éventuels préjugés et amalgames. Ceci placerait les économies européennes dans une situationfavorable pour bénéficier d’une diversification utile etsûre qu’appellent les investissements de l’importantréservoir de l’épargne islamique.

Dans cet effort de reconnaissance et d’ouverture, l’implication des autorités monétaires nous paraîtnécessaire, voire indispensable.

L’expérience anglaise 31 mérite, à cet égard, une réflexion.En septembre 2004, après de longues discussions avecla Financial Services Authority (FSA), la Bank of Englanda accordé une licence pour la première banque islamique en Europe, la British Islamic Bank. Le siègese trouve à Birmingham et sa première agence s’estinstallée à Edgware Road (coeur du quartier arabe aiséde Londres). La banque envisage d’ouvrir prochaine-ment cinq agences en Angleterre avant fin 2005 et al’intention, en tant que banque de détail, de servir aussibien la communauté musulmane que non musulmane.

Des pays comme la France et l’Allemagne, dont lesgrandes banques ont participé à la croissance et au déve-loppement de ce marché, doivent s’inspirer de cetteexpérience en tenant compte de la spécificité des besoinsde leurs minorités musulmanes (maghrébine en France,turque en Allemagne).

Dans une Europe qui compte 15 millions deMusulmans, avec une perspective réelle de l’entrée dela Turquie, le développement de ces institutionsapparaît incontournable. Leur intégration dans le cadreéconomique européen, telle que le montre l’expérienceanglaise, reste possible, réalisable, voire utile.

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Dialogues N°49 - Juillet 2005

D i a l o g u e s

À l’actif Les produits présentés plus haut peuventêtre répartis en fonction de leur finalitééconomique en trois catégories :

- les financements du commerce international ;- les financements à moyen terme ; - les financements de capital

(equity finance).

1. Lachemi Siagh, L’islam et le monde des affaires,éditions d’Organisations, 2003, pp. 21-24.

2. Sourat Al Najm, 53:31.

3. Sourat Al Bakara, 2:30.

4. Die Derik Van Schaik, Islamic Banking, article parudans The Islamic Banking Review, vol. 3, n° 1, avril2001.

5. Sourat Al Thouba, 9:104.

6. Die Derik Van Schaik, op.cit., p. 46.

7. Behechti et Bâhonar, Philosophie de l’islam, traduit del’anglais par Abbas Ahmad Al-Bostani, publicationséminaire islamique, juin 1990, p. 417.

8. Behechti et Bâhonar, op.cit., p. 412.

9. Sourat Al Tawba, 9:34.

10. Pour plus de détail sur la zakat, voir Badawi M.-A.et Zaki, Zakat and the Social Justice,The MuslimWorld and the Future Order, Islamic Council ofEurope, Londres, 1979.

11. Aboubaker Djaber Eldjazairi, Minhaj El Moslim,traduit en français par les éditions Maison d’Ennour,1996, pp. 146-150.

12. « Prélèvent de leur bien une aumône pour les purifier etles rendre meilleurs », Al Toubah (9:103).

13. Veut dire augmentation non justifiée des montants prêtés ;pour plus de détails : voir l’article d’Abdel RahmanYousri, Riba, its Economic Rationale and Implications,Institute of Islamic Banking and Insurance,

www.islamic-banking.com/shariah/ar_yousri.php.

14. Sourat Albakara, 1 ; 278-279.

15. Sourat Alroom, 30:39.

16. En particulier, l’Exode (chapitre 22, verset 25) et leLévitique (chapitre 25, verset 34 à 46).

17. Martens André, Le financement islamique : fondementet réalité, CRDC, université de Montréal, 2000-2001, p. 7.

18. Chapitre 6, versets 34 et 35.

19. Taqi Usmani Mohammad, The Adverse Effects ofInterest on Society, Shariah Ruling, The Institute of Islamic Banking and Insurance, juin 2004.

20. Zafar Said, Le rôle de la banque islamique, Principeset concepts juridiques, 23 août 2004

www.finances-islamiques.joueb.com.

21. Verna G. et Chauick A., Étude sur le fonctionnementdes banques islamiques, département de management,université de Laval, Québec, juin 1989.

22. Journal Al Hayat, 5 décembre 1999.

23. General Council for Islamic Bank and Institutions,report 2001.

24. Lachemi Siagh, op.cit., p. 49.

25. Technical Review Middle East, article du 5 octobre2004, www.zawya.com.

26. Mabid Al-Jarhi et Iqbal Munawar, Banquesislamiques - Réponses à des questions fréquemmentposées, BID, Institut de recherche et de formation,document périodique n° 3, 2001, p. 25.

27. Umer Chapra et Tariquallah Khan, Réglementation etcontrôle des banques islamiques, BID, Institut derecherche et de formation, document périodique, n° 3,2001, pp. 40-43.

28. Umer Chapra et Tariquallah Khan, op.cit., pp. 40-43.

29. En novembre 2002, l’Islamic Financial Service Board(FISB) a été créé en Malaisie pour fournir les règlesjuridiques légales et comptables pour le bonfonctionnement des institutions islamiques. Il est le fruitd’une collaboration entre le Fonds monétaireinternational (FMI), la BID et les banques centralesdes pays à majorité musulmane. En octobre 2002, suiteà la coopération entre le gouvernement saoudien,koweïtien et des sociétés malaises de rating, The IslamicRating Company (TIRC) a vu le jour à Bahreïn.

30. En 2001, la BMA a émis des obligationsgouvernementales islamiques à Bahreïn (sukuk alsalam), en s’inspirant de l’expérience de la BanqueNegara (banque centrale malaise). La BID lança la même année 300 millions de dollars de sukuk dedéveloppement . En 2002, la Dubai Islamic Bank, la Bahrain Islamic Bank et la Kuwait Finance Housecréent le Liquidity Management Center (LMC), dansle but de développer les produits islamiques de trésorerieet de créer un marché secondaire actif.

31. Taylor Andrew, Banking and Faith, article paru dansGulf Business, 24 octobre 2004.

[ No te s ]

[ A n nexe ]Bilan classique d’une banque islamique

Le schéma d’un bilan classique comporte les éléments décrits ci-après.

Directeur de la publication : P. Legait

Rédacteur en chef : F. Debray

Comité Editorial : M.BernardA.Camus

avec la participation de : J. Autié H. Petit

(Stagiaire) L. Hella

Conception : WF Création

6

Au passif En plus du capital, les ressources peuvent être regroupées en troiscatégories :

- les comptes courants (quard hassan) : dépôts sans intérêt équivalentsà ceux des banques conventionnelles en échange du service deschèques et du privilège de découvert. Le capital est garanti ;

- les dépôts d’épargne (mudaraba) : • rémunération (non garantie) par le profit de la banque ; • capital non garanti ; • allocation principalement à des opérations à court terme et à faible

risque. - les dépôts d’investissement (mudaraba et musharaka) : • partage du profit (ou de la perte) ; • capital non garanti.

Mudaraba

Musharaka

ijarawaiktinaa

Morabaha

Sukuk

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[ Is la m a nd Fi na n c e ]

Dialogues N°49 - July 2005

THE NEWSLETTER OF UNION DE BANQUES ARABES ET FRANÇAISES

For the past 30 years, the rapid growth in thenumber of Islamic banks has mirrored therenewal of the religion. This article presents a

brief overview of Islamic principles regardingeconomic and lending activities and describes thecharacteristics of these banks, the reasons for theirdevelopment and the conditions for their integrationinto the world of international finance.

SOURCES OF ISLAM

Islam, the world’s third monotheistic religion, has thesame origins as Judaism and Christianity.

Islam is a code of conduct based on the relationshipbetween man and God, his creator, who is also thecreator of the entire universe. Islam fulfills a missionthat is both objective and subjective. Throughout hisentire life, the Muslim must strive to manage hisexistence in accordance with the rights andresponsibilities revealed by God, whether physical,moral or spiritual. Islam guides him and incites him todo the good and avoid the bad in all his actions andwords within his personal, family and social life. Thusit brings human nature into harmony with theenvironment. Man must, in all circumstances andactivities of his life, practice the lessons of Islam inorder to ensure a life of peace and tranquility.

Islam is an Arab word that signifies submission to God.This submission is translated into a code of conductconstructed by God for the good of humanity, and isrevealed in his book, the Koran, and in the Sunna 1.

The Koran is the sacred book of Muslims. It is dividedinto texts (sourates) or chapters, each containing acertain number of verses (ayats) or sentences.

The Koran consists of three principal themes:

- the oneness of God (which is the basis of Islam);- the stories of the prophets prior to Islam;- the rules and laws to follow.

The Sunna represents the entirety of the deeds andwords (hadiths) of the Prophet (571-632 A.D.). Itconfirms, explains and in some cases even completesthe Koran. For Muslims, it provides an example ofthe way to lead life.

The message conveyed by these two sources forms thebasis for Islamic jurisprudence (sharia).

The sharia is thus composed of the laws andprinciples arising out of the Koran and Sunna.Therefore it is not a written law, but the result of a continuous interpretation (ijtihad) of the religiousdoctrine proclaimed by the religious authorities(ulemas) who interpret the laws of Islam.

In cases that cannot be directly addressed by thesetwo sources, the ulemas must find an interpretationby analogy with a similar case (quias). In the eventthat a consensus is reached, the case becomes law(fiqh).

The sharia covers two essential aspects:

- laws relating to questions of devotion (sharia alibadat), which encompass the principles that governbelief and faith (al akida);

- laws relating to political, economic and socialactivities (sharia al mu’amalat), which are based onthe ethical code of individual conduct (al akhlak).

Within the sharia, we can thus distinguish between:

- fiqh al ibadat, which encompasses the five pillars ofIslam: the declaration of the oneness of God, dailyprayer, fasting, the giving of alms, and thepilgrimage to Mecca.

- fiqh al mu’amalat, which is more concerned withthe rules pertaining to property rights, work,production, allocation of resources, consumption,functioning of markets, distribution of income andwealth and the role of money.

MAHMOUD ABDEL WAHAB

1

Editorial

It is summer time and we are pleased tooffer you a special report on Islam andFinance written by our colleagueMahmoud Abdel Wahab, in charge ofIslamic Banking at Head Office.

He will show you the way from theorigin of Islam to the understanding ofan Assets and Liabilities account of anIslamic bank.

This report is part of a book headed“Rapport Moral sur l’Argent dans leMonde 2005”(2005 Moral report onmoney Worldwide) which is edited bythe Association d’Economie Financière(Financial Economic Association) withthe support of the French Caisse desDépôts. The report goes over the mainevents and debates that occurred in thefinancial sphere the previous year

We wish to sincerely thank Mahmoudfor his kind contribution to this Specialissue of Dialogues as well as theFinancial Economic Association.

The Editorial Committee

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THE ECONOMIC PRINCIPLES OF ISLAM

Islamic jurisprudence, fiqh al mu’amalat, examinesand interprets a number of principles that organizeeconomic activity.

Wealth and Property in IslamAs the creator of the land and its resources, God is itsreal owner. 2 In creating man, he decides to bequeathto him this wealth not only for his own profit butalso to benefit society as a whole. 3 Man is only thetrusted beneficiary of this good. He is more of apossessor than an owner, and nothing can remove hisright of possession. Wealth and private property aretherefore sacred within Islam.

By making man responsible for the growth of wealthand the means employed for using this wealth tobenefit both himself and others, this principle aimsat reconciling the liberty of individual possession 4

with the necessary protection against socialselfishness and the tendency toward various kinds ofabuse.

Work and Production in IslamIn order to satisfy his needs, man must takeadvantage of the goods that are bequeathed to him.In this sense, work becomes an obligation that Islamraises to the highest level. The Prophet teaches usthat “work is adoration”. These resources must beused in a manner that is in harmony with the moraland social framework of Islam. Moreover, workdeserves fair and equitable compensation.

Economic activity is not limited to productiveactivities such as agriculture, animal husbandry andindustry. It also encompasses distribution, commerceand all other useful services that satisfy human needs.

Islam, as a result, encourages man to work and toproduce, as exemplified by this verse: “Work, becauseAllah is going to see your work as he sees hismessenger and the believers.” 5 Conversely, no one hasthe right to live solely from the work of others, 6 asthe Prophet describes: “Cursed be he who imposes hisburden on others”.

Wealth distribution Islam acknowledges that there is an innateintellectual, physical and material disparitybetween human beings that results in economicinequality among individuals. 7 But like otherreligions that extol social justice, Islam encourageseach individual as well as the State to distributethis wealth equitably through several means.

At the individual level SpendingIslam insists that the Muslim spends what he earnsin order to satisfy his own needs and those of hisfamily, with the balance used to benefit the well-being of society.

In general, the Koran suggests a balanced approachbetween greed and extravagance. Moreover, itpoints to several solidarity-based expenditures:

- charitable works;

- parents and their close friends;

- orphans, the needy and travelers;

- all those who are not able to provide for their ownsubsistence.

This requirement for solidarity is reflected inparticular in these words of the Prophet: “He whosleeps restfully while his neighbor is hungry is nota Muslim.” 8 It also leads Islam to conclude that asociety where the well-off coexist with thedispossessed is not a true Islamic society. In thatcontext, Islam severely condemns and prohibits thehoarding of wealth: “A painful punishment will beinflicted upon anyone who hoards gold or silverwithout spending anything along the path toAllah.” 9.

AlmsThe zakat 10 is a levy at the source of money, whetherit be gold, silver or, today, bank notes and depositmoney, tradeable goods, commodities, buriedtreasure, cattle and some agricultural products.

The tax rate varies along with the nature of the goodsbeing taxed. The sharia establishes a threshold oftaxation for each product. For example, 11 a 2.5% taxrate applies when someone owns, for a period of oneyear, 84 grams of gold, 150 grams of silver or theequivalent cash amount.

The payment of the zakat is one of the five religiouscommandments 12 to which all Muslims must adhere.The individuals may pay it directly to the needy or toinstitutions that will redistribute these funds. Certaincountries, such as Pakistan and Sudan, have officialalms-giving legislation.

At the Level of the StateHistorically, Islamic principles have led States tofocus their responsibilities on the following twoareas: - to help those who are the most in need and

promote social solidarity;- to manage the distribution of wealth through

public spending.

These two tasks were performed by the Statethrough the public treasury (beit el mal), whoseresources included the following:

- the kharjh, that represented a portion of theproperty revenues from the land leased by theState for the use by the private sector;

- the operating revenues on property owned bypeople who have died without heirs;

- the 1/5 khoms tax that comprised 20% of theindividual’s revenue after deducting personal,family and professional expenses.

In an effort toward equitable redistribution, theState used these resources in the following areas:

- the establishment and maintenance of educationaland health care institutions;

- allocations to society’s most needy people;

- salaries for government workers;

- infrastructure investments to maintain theeconomy.

The Role of MoneyAccording to Islamic doctrine, money in itself is notproductive and serves only as an instrument tomeasure the value of goods. It cannot be considered asa good by itself, whose price could be fixed by supplyand demand. Consequently, Islam prohibits the riba, 13

which designates both usury and interest:

- “Oh, you who believe, fear God. Renounce, if youare believers, that which you keep as profits of usury.If you repent, your capital will stay with you. Do notwrong anyone and you will not be wronged” 14;

- “That which you have lent with interest so that itmultiplies at the expense of men will never bemultiplied before God”. 15

This prohibition is not exclusive to Islam. Thepractice of usury is also condemned in the Pentateuchof the Old Testament, the Torah of the Jewishreligion 16 . “In their prohibition of tarbit (usury),Jews were more selective than Muslims; usury wasforbidden between Jews, but allowed between Jewsand non-Jews.” 17

Historically, Christians have also condemned usuryand lending for interest, as demonstrated by theAristotelian tradition and the Gospel according toSaint Luke. 18 In 1312, the bishops of France eventhreatened to excommunicate those who lent moneyfor interest.

The common purpose of this prohibition within thethree monotheistic religions is to prevent socialinjustice. In Islam, there are economic reasons as well.

The Muslim economy of the 7th century was based onCity-State traders living in a hostile environment.Most often, due to their geographical isolation, theysuffered from a lack of liquidity — a situation thatled to usury and hoarding. The precepts of Islam wereaimed at stopping these undesirable practices, whichwere considered an obstacle to free trade andcommerce.

This situation is supported by recent analyses 19 thatdenounce the riba as a factor behind rising prices(inflation), poor allocation of economic resources andincreased unemployment. However, these negativeeffects are attributable to a conception of the value ofcapital that is not consistent with Islam.

In effect, for Islam, money is only one measure ofwealth, but not wealth itself. Man’s labor is whatgives money its value. Thus, interest as the price ofmoney placed in savings is not justified. Such a

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Dialogues N°49 - July 2005

justification would be made only if the savings wereto be invested in order to create more wealth.

According to Muslim economists, capital within non-Islamic systems is often susceptible to being used forspeculative purposes and not for more productiveprojects. This leads to poor allocation of resources andhinders their use. Similarly, the integration of theprice of money into the value of goods causesinflation in the society. This combination affectseconomic development and the well-being of civilsociety.

It is useful to note that there are differinginterpretations concerning the application of the ribaand its classification as interest. The “modernists” 20

prefer a newer interpretation of Islam that emphasizesthe spirit over the letter. They believe that only theneedy should never have to pay interest, but that it isacceptable to charge interest for other productiveeconomic activity.

But the majority of Islamic economists maintain thatall interest should stay prohibited, even forproductive loans.

The Arab word, riba, means increase, and as a resultany repayment above the original loan amount isillegal. Moreover, this prohibition has been imposedhistorically in an Islamic society that is defined by itsstrong solidarity and emphasis on trading activity.

Islamic banks have thus logically been established onthe basis of these principles, which are reflected intheir operating methods and in the range of productsthat they offer.

ISLAMIC BANKING

Development of Islamic BanksAside from a few efforts toward creating Islamicbanks in Malaysiain the 1940s, and in Pakistan atthe end of the 1950s, the first bank that was basedon the sharia came to life in Egypt in 1963 as theMit Ghamr Savings Bank, 21 which eventuallybecame the Nasser Social Bank.

The Organization of the Islamic Conference (OIC),created in 1970, decided at the Lahore Summit in1975 to create the Islamic Development Bank(IDB) in Jeddah. This bank’s statutes were modeledon the World Bank for the Muslim world.

The same year saw the proliferation of commercialIslamic banks such as Dubai Islamic Bank (DIB),Kuwait Finance House (KFH) and Bahrain IslamicBank (BIB).

In 1979, Pakistan was the first country to order theIslamification of the entire banking sector. Sudanand Iran followed suit in 1983. In March 1981, agroup of Muslim investors formed a holdingcompany, Dar Al Mal Al Islami (DMI), based inGeneva, and rapidly expanded into several othercountries.

The trend reached South-East Asia in 1973 withthe creation of the Philippine Ammarrah Bank,then spread to Malaysia in 1983 and subsequentlyto Indonesia in 1998.

Today there are varying estimates about the sizeand the number of institutions that make up theIslamic banking industry.

The estimates vary by study:

- Some have the number increasing from 34 in1983 to 195 in 1997 to 200 in 2000; 22

- According to others, the number has reached 270investment companies, 23 representing total assetsof $300 billion. Most statistics indicate that theannual growth rate for these companies is between12% and 15%, and that they are locatedprimarily in the Gulf region, especially Bahrain.

Although the Islamic banks in the Gulf region andMiddle East represent only 27% of the totalnumber of such Middle Eastern banks worldwide,they play the largest role in Islamic globalfinancing:

- 74% of equity capital;

- 70% of total assets;

- 73% of deposits;

- 56% of reserves;

- 69% of net profits.

Factors Supporting This Development The renewed interest in Islam in the beginning of the1970s is without a doubt the primary reason for thedevelopment of Islamic Banks. The re-awakening ofreligious consciousness in the Muslim world resultedfrom the disappointment over the inability of thedevelopment models of industrialized nations toaddress the economic and social concerns.

The second factor that is consistent with the first canbe attributed to the oil crisis that followed the 1973war 24, which generated significant petrodollarsurpluses, primarily for the Gulf monarchies. Aportion of these public- and private-sector surplusesneeded to be recycled in the region.

The third factor, no less important, concerns somepioneering visionaries who were able to identify theunspoken but inherent needs of the Muslim religion.They know how to reconcile their detailed knowledgeof the banking techniques with the teachings ofIslamic doctrine.

Today, aside from exclusively religious factors, theperformance and productivity of these institutions isdriving their growth.

Other factors that have been cited as contributing tothe development of Islamic banks are the following: 25

- the wave of financial innovations as a result ofderegulation that made it possible to design andgain acceptance for Islamic banking products;

- the expansion of investment banks and venturecapital companies along with the increasedcooperation between finance and industry.

Functions and Characteristics ofIslamic BanksIn order to understand how Islamic financialinstitutions operate, it is important to define theirprincipal products.

Islamic Contracts and Financial Products Participatory TransactionsThe historical basis for the products describedbelow rests on the association of capital and laborin participatory transactions in order to circumventthe ban on interest-based lending.

Mudaraba This term refers to the contract agreed uponbetween one or more investors who provide capital(rab el mal) and an entrepreneur who performs thework necessary for using these funds (mudareb).

According to this definition, the Islamic bank canact as mudareb if its role consists of investingcapital on behalf of investors, or as rab el mal if itparticipates in a transaction organized by anotherbank acting as mudareb. In the former case, theaction of the mudareb bank occurs withoutrecourse, except in case of negligence. The risk isborne by the investors and the profit is sharedbetween the investors and the mudareb accordingto a predetermined formula.

The mudaraba contracts exist in two forms:

- limited, such that the contract refers to a precisetransaction;

- unlimited, as in the case where the mudareb isnot required to inform the investors aboutprojects that it undertakes.

Musharaka The musharaka (active partnership) is a contractbetween two or more parties for the financing of aproject. Profits and losses are distributed pro-ratabased on the respective capital contributions. Thisproduct involves mainly commercial and long-termproduction activities.

Ijara/ijara waiktinaa The ijara/ijara waiktinaa (leasing) is a medium- tolong-term financial leasing contract. The bankpurchases an asset that it leases to a business for acertain period of time. The cost of the lease is spreadout during this period. At the end, the lessee canexercise an option to purchase the asset. This productconcerns mainly the road and air transportationsectors, as well as real estate and machinery.

Financing of commercial transactionsThe association of traditional banking productsused to finance commercial transactions, consistentwith the sharia, has resulted in the development ofother products, as indicated below.

Morabaha The morabaha is a sale contract at breakeven costwith an agreed-upon margin by the buyer and theseller. The contract can be:

- simple: between buyer and seller

- triangular: between the end-buyer (who gives theorder), the seller (who furnishes the goods), andan intermediary (who executes the order, usually abank).

In the latter case, the intermediary pays cash for themerchandise from the supplier and then resells it tothe end-buyer in return for a margin with adeferred payment.

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Dialogues N°49 - July 2005

Bai al salam The bai al salam is a contract of sale with deferreddelivery. The buyer pays the seller in cash at anagreed upon price with the promise that the sellerwill deliver the goods in the future. This contractapplies to agricultural goods and manufacturedproducts, whose quality and quantity may beclearly specified.

Istisna’a

The istisna’a is a contract where an Islamic bankfinances the working capital of a business, especiallythe financing of engineering work and raw materialsused for the manufacture of products to be sold. Thiscontract can also include the financing of goods suchas electricity and gas, which are not taken intoaccount by the leasing (ijara) contracts.

Sukuk

The sukuk are bonds issued by an Islamic bank inorder to finance a given project. The last few yearshave seen a large number of such bonds,issued eitherby countries such as Bahrain and Malaysia or by largecorporations, designed to finance public- and private-sector projects in the form of leasing.

Quard hassan

Occasionally, a bank can make a loan to a client orreceive a deposit without any interest. Personalcredits are awarded according to social considerations.

Functioning and characteristics Islamic banks perform the full range of bankingactivities, with the exception of those that conflictwith the principles of the sharia, such as interest-based lending and borrowing.

The banks are established as corporations, whosecapital is subscribed mainly by the foundingmembers 26 (see balance sheet in the appendix).

Breakdown of activities

A sample of the annual reports of 13 Islamic bankslocated in the Gulf region and Middle East producedthe following breakdown of activities (averagepercentages) in Tables 1 and 2.

Table 1Breakdown of activity by productand by sector

1. Short-term morabaha transactions account for the majorpart oftheir use, which provides these banks withsubstantial liquidity.

2. Production activities (industry) and services (trade) rankhighest, followed by the financial sector; this indicates therelative major role of interbank transactions.

Table 2Breakdown of activity (as a %) bygeographic region by assets andliabilities

Organization and Control CommitteeIn addition to the boards of a traditional bank, eachIslamic bank has its own sharia committee, which wecan define as a board of independent advisorsspecializing in Islamic law (fiqh al mu’amalat) andresponsible for reviewing and supervising bankingactivities to ensure that they conform with theprinciples of the sharia. 27

In the early years, the performance of these banks wasaffected by a lack of communication between themembers of these committees on the one hand andthe bank’s commercial departments on the other.Currently, these two groups are working more closelytogether. In spite of certain discrepancies between thevarious schools of thought followed by these differentcommittees, there exists a common base from whichIslamic banking transactions can be viably structuredon a case by case basis.

In terms of their internal and external control, mostIslamic banks have adopted international controllingstandards in terms of accounting and auditing. Infact, the rules governing Islamic banking wereestablished by the Accounting and AuditingOrganization for Islamic Financial Institutions(AAOIFI) and were largely based on internationalstandards.

The central banks of the countries that host theseinstitutions all exercise control by regulating theiractivities. 28 The Bahrain Monetary Agency (BMA) aswell as the Central Bank of Malaysia are the mostdemanding in this regard. Finally, many countries,such as Malaysia, have created specialized ratings forthese banks.

TRADITIONAL BANKS AND ISLAMIC BANKS

In the 1980s, most of the international banksmaintained a very cautious attitude with respect toIslamic banks. Only a minority believed in thedevelopment of these Islamic banking institutions,including Citibank, which in 1987 developed arange of Islamic banking services. Fifteen years laterin Bahrain, it established a subsidiary totallydedicated to this type of activity. A number ofEuropean banks have recently followed suit. In1998, HSBC established Amanah Finance in Dubai.

In 2002, Noriba Bank, a subsidiary of UBS Group,was established in Bahrain.

In June 2003, BNP Paribas created an Islamicbanking unit, thereby establishing an active presencein this sector through the development of morabaha

Examples of mixed financing

In 1996, Project Equate in Kuwait was financed through a $1.2 billion loan, of which $200million through the Islamic tranche.

More recently, Alba (Aluminum Bahrain) was financed by a combined $1.5 billion loan, of which $250 million through the Islamic tranche.

BNP Paribas and HSBC financed Al Hidd, the power plant in Bahrain, for $255 million, of which $55 million through the Islamic tranche.

Activity %

By productMorabaha 1 (trade finance) 57.7 Mudaraba/Musharaka (investments) 17.4 Ijara (leasing) 9.3 Istisna’a (working capital) 2.4 Other 13.2 Total 100.0

By sectorIndustry and commerce 2 24.55 Banks and financial institutions 23.14 Construction 14.99 Public-sector investments 5.82 Other 31.50 Total 100.00

Regions Assets Liabilities

Gulf and Middle East 79.1 95.9 North America 9.8 0.3 Europe 9.3 2.5 Other 1.8 1.3 Total 100.0 100.0

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Dialogues N°49 - July 2005

transactions since 1985 and the establishment of thefirst equity fund on behalf of an Islamic institutionin Bahrain.

Traditional Arab and international banks haveinstituted Islamic banking departments within theirorganizations. Among them are Standard Charteredand Co., Goldman Sachs, Dresdner Bank AG, ABNAmro, Barclays, Société Générale, and very recently,Calyon.

This development has benefited the growth ofIslamic banking institutions and the traditionalbanks. The traditional banks have gained access to new markets (a large number ofmorabaha/mudaraba, or leasing, transactions havebeen structured by these banks for clients in theGulf region and the Middle East). Similarly,Islamic banks have benefited from the technicalcontribution of traditional banks in order todevelop Islamic financial products (ijara,sukuk).This cooperation has also allowed the emergence ofmixed financing (conventional tranche and Islamictranche for large-scale projects in such diverse areas as industry, aerospace, shipbuilding,telecommunications and infrastructure. Severalexamples are listed in the box above.

Although these two financing methods each havetheir own particularities, a certain degree of synergyhas emerged between traditional and Islamic banks,which stems from their differences in terms ofresources and similarities in terms of business.

Fundamentally, the two types of bank share thesame goal, namely to satisfy the financial needs oftheir clients. The differences lie in their use ofmethods to achieve this goal.

The main difference resides in the substitution of ayield on real activity for the prohibited interestrate.

Thus for a conventional bank, deposits are aliability whose redemption and remuneration at apredetermined rate represent an unconditionalcommitment on the bank’s capital. Its profit resultsmainly from the difference in interest paid todepositors and interest received on lending orcredit transactions.

For an Islamic bank, in terms of deposits byindividuals and institutions, the depositor is not acreditor of the bank, but a partner/investor whoauthorizes the bank to use its funds on its behalf inexchange for management fees. His deposit, basedon the principle of partnership, implies thus thesharing of losses or profits generated by the varioususes of these resources (allocation to an investmentfund, commercial or project financing).

Therefore, the bank is not obligated to guarantee aspecific return or even to redeem the capital.However, the bank does have the possibility to passon the guarantee generally inherent in theinvestments to funds offered by other institutions.

As for the use of funds in the various products,banks may be involved in direct financing ofcommercial transactions (morabaha, ijara,istisna’a,bai al salam, etc.) as well as participatory

transactions in which profits and losses are sharedbetween the respective parties (mudaraba,musharaka).

The fundamental difference between the two typesof banking institutions leads to certain differencesat the level of balance sheet, of which the mostvisible include:

- the capital of a conventional bank consists ofshareholders’ equity, reserves and participatoryloans. For an Islamic bank, given the specific natureof the deposits (mudaraba), some analysts readilyinclude them as capital;

- in traditional banks, profits are granted toshareholders in the form of dividends; in theIslamic banking system, profits become part of alarger distribution that includes deposits(mudaraba).

- In terms of their uses, Islamic banks tend toallocate more of their funds toward commercial andeconomic transactions than do traditional banks,which allocate a greater portion of their resourcestoward strictly more secure monetary and financialinvestments.

In general, whereas traditional banks functionpredominantly as financial intermediaries thattransform deposits into loans, Islamic banks take onmore of a partnership approach that is characterizedby direct financing of commercial and industrialactivities.

Future and outlook

Islamic banking is here to stay. Its futuredevelopment and integration into the world ofinternational finance will depend on its capacity toconfront the challenges ahead. It must alsocontinue to cooperate with the internationalbanking community, which in turn must becomefamiliar with the Islamic banking world in orderfor the two sides to develop useful synergies. Thechallenges are twofold in nature.

The first challenge relates to the structure andorganization of Islamic banks:

- the relatively high number of poorly capitalizedinstitutions, which leads to the need for mergers tolower operating costs and be able to compete withtraditional banks;

- personnel training and development with the aim ofaddressing the technical complexities required for

new products compatible with the sharia.

- the development of standardized interpretations bythe various sharia committees. In this regard, thecreation of a centralizing organization for thesecommittees may be needed (uniformity of doctrine);

- the reinforcement of internal and external controlmeasures, with a goal of increased transparency. 29

The second challenge relates to the Islamic bankingactivities.

- the statistics mentioned above indicate that short-term commercial financing, through the morabaha,currently account for the bulk of Islamic banking;

- in order to establish a better equilibrium withbanks playing the role of business partner, they needto favor medium- and long-term financial productswhere profits and losses are shared. The success of thisapproach, however, will require the development of asecondary market. The recent securitizationtransactions in the form sukuk 30 offer only a partialresponse.

- this lack of depth in the current market forces Islamicbanks to maintain greater liquidity than otherinstitutions and negatively affects their ability to becompetitive and productive.

With respect to the integration of Islamic bankinginstitutions in Western countries, especially Europe,the combined initiatives of governments, banks andconsulting firms (creation of specialized subsidiaries,transaction structuring, mixed project financing, etc.)already active in this sector should make it possible forthe Islamic banking world to become widelyunderstood and accepted. That would put theEuropean economies in a favorable position to benefitfrom useful and safe diversification into investmentsbacked by the substantial reservoir of Islamic savings.

In this effort of recognition and opening, theparticipation of the monetary authorities seems to us tobe necessary, perhaps even indispensable.

In this regard, the British experience deserves a closerlook. In September 2004, after lengthy discussionswith the Financial Services Authority (FSA), the Bankof England issued a license for the first Islamic bank inEurope, the British Islamic Bank. This bank’sheadquarters are located in Birmingham, and its firstbranch was opened on Edgeware Road (in the heart ofLondon’s upscale Arab neighborhood). The bank plansto open five branches in England before the end of2005, and to serve both the Islamic and non-Islamiccommunities as a retail bank.

Countries such as France and Germany, whose largebanks participated in the development and growth ofthis market, should emulate this experience whilefactoring in the specific needs of their Muslimminorities (North African in France, Turkish inGermany).

In a Europe that comprises 15 million Muslims, andwith the real possibility of Turkey entering theEuropean Union, the development of Islamic bankinginstitutions would appear to be irreversible. Theirintegration into European economic affairs, as is nowhappening in England, seems not only possible, butprobable and beneficial.

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Dialogues N°49 - July 2005

D i a l o g u e s

AssetsThe products presented above may bebroken down according to their end-useas follows:

- international trade financing;

- medium-term financing;

- equity finance

1. Lachemi Siagh, L’islam et le monde des affaires,éditions d’Organisations, 2003, p. 21-24.

2. Sourat Al Najm, 53:31.

3. Sourat Al Bakara, 2:30.

4. Die Derik Van Schaik, Islamic Banking, articleappeared in The Islamic Banking Review, vol. 3, n° 1,April 2001.

5. Sourat Al Thouba, 9:104.

6. Die Derik Van Schaik, op.cit., p. 46.

7. Behechti et Bâhonar, Philosophie de l’Islam, translatedfrom English by Abbas Ahmad Al-Bostani, Publicationof Séminaire Islamique, June 1990, p. 417.

8. Behechti et Bâhonar, op.cit., p. 412.

9. Sourat Al Tawba, 9:34.

10. For more information on the zakat, see Badawi M.-A.et Zaki, Zakat and Social Justice, The Muslim Worldand the Future Order, Islamic Council of Europe,London, 1979.

11. Aboubaker Djaber Eldjazairi, Minhaj El Moslim,translated in French by Maison d’Ennour, 1996, pp.146-150.

12. «Take from their money a charity to purify them andsanctify them», Al Taubah (9:103).

13. Refers to a unjustified increase in amounts loaned; formore details, see the article by Abdel Rahman Yousri:“Riba, Its Economic Rationale and Implications”,Institute of Islamic Banking and Insurance,

www.islamic-banking.com/shariah/ar_yousri.php.

14. Sourat Albakara, 1 ; 278-279.

15. Sourat Alroom, 30:39.

16. In particular, Exodus (chapter 22, verse 25) andLeviticus (chapter 25, verse 34 to 46).

17. Martens André, Le financement islamique : fondementet réalité, CRDC, Université de Montréal, 2000-2001, p. 7.

18. Chapter 6, verses 34 and 35.

19. Taqi Usmani Mohammad, The Adverse Effects ofInterest on Society, Shariah Ruling, The Institute ofIslamic Banking and Insurance, June 2004.

20. Zafar Said, Le rôle de la banque islamique, Principeset concepts juridiques, August 23, 2004,

www.finances-islamiques.joueb.com.

21. Verna G. and Chauick A., Étude sur le fonctionnementdes banques islamiques, département de management,Université de Laval, Québec, June 1989.

22. Al Hayat newspaper, December 5, 1999.

23. General Council for Islamic Bank and Institutions,2001 report.

24. Lachemi Siagh, op.cit., p. 49.

25. Technical Review Middle East, article from October 5,2004, www.zawya.com.

26. Mabid Al-Jarhi et Iqbal Munawar, Banquesislamiques - Réponses à des questions fréquemmentposées, BID, Institut de recherche et de formation,document périodique n° 3, 2001, p. 25.

27. Umer Chapra et Tariquallah Khan, Réglementation etcontrôle des banques islamiques, BID, Institut derecherche et de formation, document périodique, n° 3,2001, pp. 40-43.

28. Umer Chapra et Tariquallah Khan, op.cit., pp. 40-43.

29. In November 2002, The Islamic Financial ServiceBoard (IFSB) was formed in Malaysia in order toestablish legal rules and responsibilities for the smoothfunctioning of Islamic institutions. It was formedthrough collaboration between the InternationalMonetary Fund (IMF), the IDB, and the centralbanks of predominantly Muslim countries. In October2002, following cooperation between the Saudi andKuwaiti governments and Malaysian ratingscompanies, The Islamic Rating Company (TIRC) wasformed in Bahrain.

30. In 2001, the BMA issued Islamic government bonds toBahrain (sukuk al salam), based on the model of thecentral Malaysian bank, Bank Negara. That sameyear, the IDB gave out $300 million in sukuk fordevelopment. In 2002, the Liquidity ManagementCenter (LMC) was created by the Dubai IslamicBank, the Bahrain Islamic Bank, and the KuwaitFinance House for the purpose of developing Islamicliquidity products and creating an active secondarymarket.

31. Taylor Andrew, Banking and Faith, article appearedin Gulf Business, October 24, 2004.

[ No te s ]

[ A ppend i x ]Typical balance sheet of an Islamic Bank

A typical Islamic bank’s balance sheet includes the following items:

Editing Director: P. Legait

Editor: F. Debray

Editorial Commitee: M.BernardA.Camus

with the contribution of: J. Autié H. Petit

(Trainee) L. Hella

Design: WF Création

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LiabilitiesIn addition to capital, resources can be broken down into threecategories:

- current accounts (quard hasard): deposits without interest equivalentto those offered by traditional banks that have free checks andoverdraft protection. The capital is guaranteed.

- savings deposits (mudaraba)• remuneration (not guaranteed) by profits from the bank.• non-guaranteed capital• allocation mainly to short-term, low-risk activities.

- investment deposits (mudaraba and musharaka)• profit (or loss) sharing• non-guaranteed capital

Mudaraba

Musharaka

ijarawaiktinaa

Morabaha

Sukuk