intérêt de la pliométrie et de l’agilité sur la stabilité

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IFPEK Rennes Institut de Formation en Masso - Kinésithérapie Intérêt de la pliométrie et de l’agilité sur la stabilité de cheville chez le footballeur Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie Travail Ecrit de Fin d’Etudes En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Clémence LE GALL Année scolaire 2016 2017

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Intérêt de la pliométrie et de l’agilité sur la
stabilité de cheville chez le footballeur
Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie
Travail Ecrit de Fin d’Etudes
En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute
Clémence LE GALL
Année scolaire 2016 – 2017
Remerciements Je tiens à remercier Alban Plantin, mon directeur de mémoire, pour son aide et sa disponibilité lors de
la conception de mon travail de fin d’étude.
Je remercie le Centre de Formation du Stade Brestois 29, ses joueurs ainsi que Yvan Bourgis pour la
mise en place de ce protocole, l’intérêt porté à celui-ci ainsi que son expérience.
Je remercie Axelle Quéré et Maëlle Lucas pour la relecture, la correction et la traduction de ce travail.
Je tiens à remercier particulièrement Maëlys Le Roy, Dodie Giraud et Louise Offredo pour leur soutien
au cours de ces années d’étude et pour leur implication tout au long de ce travail.
Je remercie mes parents pour leur soutien tout au long de mes études.
Je tiens également à remercier Adèle Lefeuvre, Marine Mayali, Béatrice Le Gall, Noémie Cotonéa et
Nathalie Guennou.
Résumé
Contexte
Les joueurs de football sont fortement exposés aux risques de traumatismes en particulier au niveau des
chevilles lors de leur pratique. L’entorse de cheville est l’un des traumatismes sportifs les plus fréquents,
elle entraîne souvent des séquelles fonctionnelles même après une longue rééducation. La littérature a
démontré que la pliométrie permettait d’améliorer le contrôle moteur, l’équilibre et les qualités
musculaires chez le footballeur.
Objet de l’étude
L’objectif de ce travail écrit est d’évaluer, par le biais d’une étude expérimentale, l’intérêt d’inclure dans
un programme d’entraînement de football des exercices pliométriques associé à de l’agilité en vue
d’améliorer la stabilité de cheville des sujets.
Méthode
Un essai clinique randomisé a été mis en place sur cinq semaines à raison de deux séances de pliométrie
associée à de l’agilité de dix à quinze minutes par séance. Dix- sept footballeurs amateurs âgés de 17 à
21 ans ont pris part à cette étude, répartis en deux groupes : un groupe contrôle (n=8) et un groupe
expérimental (n=9). Le groupe expérimental réalisait des exercices pliométrie associés à de l’agilité
inclue dans l’entraînement classique, au même moment le groupe contrôle réalisait des exercices de
renforcement du tronc et des membres supérieurs. La stabilité objective de cheville a été mesuré par le
Y Star Excursion Balance Test et la stabilité subjective a été mesuré par une traduction française du
questionnaire Cumberland Ankle Instability Tool.
Résultats
Les moyennes initiales du score composite du Y SEBT pour le groupe expérimental et le groupe témoin
sont respectivement de 100,8 9,7 et de 100 10,7 pour le pied droit, et de 102,3 8,7 et de 102,8
12,1 pour le pied gauche. Lors de l’évaluation finale les moyennes du score composite du Y SEBT du
pied droit sont de 101,7 9 pour le groupe expérimental et de 100,7 9 pour le groupe témoin et
concernant le pied gauche les moyennes sont respectivement de 102,6 8,6 et de 101,4 7,6. Les
moyennes initiales du score CAIT du pied droit sont de 24,3 6 pour le groupe expérimental et de 26,3
2 pour le groupe témoin. Concernant le pied gauche les moyennes sont respectivement de 25,7 5,7
et de 26,1 2,3. Les moyennes finales du score CAIT du pied droit pour le groupe expérimental et le
groupe témoin sont respectivement de 26,2 4,7 et de 26,6 5,3. Concernant le pied gauche les
moyennes sont respectivement de 26,7 4,9 et de 26,5 5,2.
Discussion
L’analyse statistique des résultats n’a pas permis d’obtenir de différences significatives entre les deux
groupes mais il est important de considérer les biais et les limites de cette étude dominée par une faible
taille de l’échantillon de sujets, un temps d’application du protocole trop court et une faiblesse du point
de vu de la rigueur méthodologique lors de l’évaluation.
Conclusion
L’analyse des résultats montre une tendance non significative à l’augmentation de la stabilité objective
et subjective de la cheville qui est intéressante du point de vue de la prévention des blessures dans
laquelle le masseur-kinésithérapeute occupe une place de plus en plus importante. Ces résultats peuvent
mettre en évidence l’intérêt de l’utilisation de ces exercices en fin de rééducation afin d’appréhender le
retour aux activités de la vie quotidienne mais aussi le retour sur le terrain pour les sujets sportifs.
Mots – clés
Abstract Context
Football payers are highly exposed to trauma risks when they train, especially regarding their ankles.
One of the most common trauma for sports players is a twisted ankle, which often leads to functional
after-effects even with a long physiotherapy. Scientific literature has proven that plyometrics could help
improving the footballers' motor control, equilibrium and their muscles' qualities.
Object of the study
Through an experimental study, this work aims at assessing the interest of including plyometrics
combined with agility exercises in a football training program to improve the stability of the subjects'
ankles.
Method
For five weeks, a randomised clinical trial has been set up at a rate of two sessions a week of plyometrics
combined with agility exercises of ten to fifteen minutes per session. Seventeen non-professional
footballers aged from seventeen to twenty-one took part in this study. They were distributed into two
groups. One of the groups was a control sample (n=8) and the other was an experimental sample (n=9).
The second sample did plyometrics combined with agility added to the regular training, while the control
sample was exercising to strengthen their trunk and their upper limbs. The ankle's objective stability
was measured by the Y Star Excursion Balance Test and the subjective stability was measured by the
Cumberland Ankle Instability Tool questionnaire translated into french.
Results
At the beginning of the experiment, for the right foot, the averages of the composite score at the Y SEBT
are 100,8 9,7 for the experimental sample and 100 10,7 for the control sample. For the left foot, the
averages are respectively 102,3 8,7 and 102,8 12,1. In the final assessment, for the right foot, the
averages of the composite score at the Y SEBT are 101,7 9 for the experimental sample and 100,7
9 for the control sample. For the left foot, the averages are respectively 102,6 8,6 and 101,4 7,6. At
the beginning of the experiment, for the right foot, the averages of the CAIT score are 24,3 6 for the
experimental sample and 26,3 2 for the control sample. For the left foot, the averages are respectively
26,2 4,7 and 26,6 5,3. In the final assessment, for the right foot, the averages of the CAIT score are
26,2 4,7 for the experimental sample and 26,6 5,3 for the control sample. For the left foot, the
averages are respectively 26,7 4,9 and 26,5 5,2.
Argument
The statistical analysis of the results could not evidence relevant diferences between the two groups but
it is important to consider the bias and limits of this study because the sample was small, the time was
short and the rigor regarding the method was weak during the assessment.
Conclusion
The analysis of the results evidences a slight improvment of the ankle's objective and subjective stability.
They may help the masseur-physiotherapist playing a greater part in preventing injuries. These results
may evidence the interest of using these exercises at the end of the therapy to apprehend the subject's
come back to regular activities and also to training for athletes.
Key-words
Table des matières
1.1 L’instabilité de cheville ............................................................................................................... 2 1.1.1 Epidémiologie ........................................................................................................................ 2
1.1.2 Définition ............................................................................................................................... 2
1.1.4 Biomécanique de la cheville .................................................................................................. 5
1.1.5 Le contrôle neuro-musculaire de la cheville .......................................................................... 5
1.1.6 Physiopathologie.................................................................................................................... 6
1.1.8 Prévention de l’entorse de cheville ........................................................................................ 8
1.2 Pliométrie et agilité ..................................................................................................................... 9 1.2.1 Définition et histoire de la pliométrie .................................................................................... 9
1.2.2 Physiologie de la pliométrie .................................................................................................. 9
1.2.3 L’entraînement en pliométrie............................................................................................... 12
1.2.5 Définition de l’agilité ........................................................................................................... 14
1.2.6 L’agilité dans les sports collectifs ........................................................................................ 14
1.2.7 Intérêt du travail de l’agilité sur la physiologie ................................................................... 15
1.2.8 Lien entre pliométrie et agilité ............................................................................................. 15
1.2.9 Pliométrie, agilité et contrôle postural ................................................................................. 15
1.3 Les contraintes physiologiques du footballeur ....................................................................... 16
Partie 2 : Etude expérimentale ........................................................................................................... 17
2.1 Synthèse de littérature, problématique, hypothèse et objectifs de recherche ...................... 17 2.1.1. Synthèse de la littérature ..................................................................................................... 17
2.1.2 Problématique ...................................................................................................................... 18
2.2 Finalité de l’étude ...................................................................................................................... 18
2.3 Méthode ..................................................................................................................................... 18 2.3.1 Population ............................................................................................................................ 18
2.3.2 Outils de mesures ................................................................................................................. 19
2.3.3 Protocole .............................................................................................................................. 20
2.4.2 Outils statistiques ................................................................................................................. 22
2.4.4 Description des résultats inter-groupes ................................................................................ 23
2.4.5 Description des résultats intra-groupes ................................................................................ 25
Partie 3 : Discussion ............................................................................................................................ 26
3.1 Analyse statistique ..................................................................................................................... 26
3.2 Validité interne .......................................................................................................................... 26
3.3 Cohérence externe ..................................................................................................................... 27
3.4 Pertinence clinique .................................................................................................................... 28
CER : Cycle étirement – raccourcissement
LTFA : Ligament Tibio-Fibulaire Antérieur
SACP : Suro – achilléo-calcanéo- plantaire
Y SEBT : Y Star Excursion Balance Test
Illustrations
Figure 1 : Ostéologie des articulations talo-crurale et tibiofibulaire inférieure, selon M. Dufour (2006)
Figure 2 : Rapport entre le talus et les muscles de la cheville, selon A.I. Kapandji (2009)
Figure 3 : Variation de tension maximale et longueur du sarcomère lors d’un saut selon Fukunaga et al.
(2002)
Figure 4 : Relation entre force, vitesse et longueur du sarcomère lors de la contraction pliométrique
(Schéma issu de Cometti et al. 2012, p24)
Figure 5 : Evaluation de la stabilité objective de cheville
Figure 6 : Evaluation de la stabilité objective de cheville par le Y SEBT
Figure 7 : Algorithme de la chronologie des interventions
Figure 8 : Histogramme des moyennes au Y SEBT du pied droit
Figure 9 : Histogramme des moyennes au Y SEBT du pied gauche
Figure 10 : Histogramme des moyennes au CAIT du pied droit
Figure 11 : Histogramme des moyennes au CAIT du pied gauche
Tableaux
Tableau 1 : Caractéristique de la population d’étude
Tableau 2 : Résultats obtenus au Y SEBT – Comparaison de moyenne intergroupe
Tableau 3 : Résultats obtenus au CAIT – Comparaison de moyenne intergroupe
1
Introduction
La survenue d’une blessure est souvent perçue par le sportif et le monde médical comme une
fatalité. L’entorse de cheville est l’une des lésions sportives les plus fréquentes, aussi bien dans
le monde professionnel qu’amateur ; elle est fréquemment rencontrée dans les sports où les
courses et les sauts se succèdent. En plus de la douleur et de l’œdème, elle peut entraîner une
diminution de l’amplitude articulaire et un déficit fonctionnel important. Malgré un traitement
adapté, les récidives sont courantes et peuvent aboutir à un arrêt total de la pratique sportive. De
plus, un nombre important de personnes ayant subi une entorse de cheville ne suivent pas de
programme de réhabilitation, ce qui questionne l’efficacité de la prise en charge. Les
conséquences de cette entorse ne sont donc pas négligeables, aussi bien du point de vue personnel
qu’économique, en particulier dans le cadre du sport de haut niveau. Le masseur-kinésithérapeute
prend en charge un grand nombre de patients avec une entorse latérale de cheville, il a un rôle
essentiel dans leur prise en charge. Il doit apporter aux patients un traitement fonctionnel efficace
et préparer leur retour, aux activités de la vie quotidienne comme sur le terrain.
Après une succincte exploration de la littérature et des recommandations de la Haute Autorité
de Santé, il semble que le traitement fonctionnel soit le plus adapté, en particulier la
reprogrammation neuro-motrice. Cependant, ces techniques jouissent pour la plupart d’un faible
niveau de preuve, ce qui laisse envisager de mettre en place des recherches plus approfondies
dans ce domaine. L’exploration de la littérature montre un nombre important de bienfaits liés à la
l’utilisation de la pliométrie, mode de contraction musculaire utilisant la force élastique des
muscles associé au réflexe myotatique pour améliorer la puissance d’un muscle lors d’un effort
bref et rapide. Les recherches montrent également que la notion d’agilité caractérisant l’initiation
d’un mouvement, d’un changement de direction ou de rapide accélération ou décélération associé
à une composante cognitive, prend une place de plus en plus importante dans la recherche de
performance sportive mais aussi dans la prévention des blessures, en particulier celles ciblant le
membre inférieur. La question qui a initié ce travail est la suivante : Est-ce que les exercices
pliométriques et d’agilité des membres inférieurs permettent de renforcer l’équilibre dynamique
du membre inférieur chez le footballeur ?
Les objectifs de cette étude, à travers un essai clinique randomisé, sont de savoir si intégrer un
programme d’exercices pliométriques et d'agilité à l’entrainement des footballeurs améliore
l’équilibre dynamique des membres inférieurs, avec comme finalité l’évaluation de l’efficacité de
ce programme sur la stabilité de cheville. L’objectif est également de mettre en place un
programme d’entraînement qui soit facilement applicable et qui corresponde aux pratiques
actuellement utilisées sur le terrain.
La première partie de ce travail est une revue sur la stabilité de cheville dans laquelle seront
détaillées les notions d’épidémiologie, d’anatomie, de biomécanique, de physiopathologie et de
traitement fonctionnel. Il comprend ensuite une revue de littérature sur la pliométrie et l’agilité
par une description des phénomènes physiologiques lors de leurs applications et l’exposition de
leurs intérêts du point de vue clinique. Dans un second temps ce travail détaillera le déroulement
du protocole de recherche, l’évaluation des résultats obtenus et la discussion de ceux-ci.
La problématique de recherche de ce travail est la suivante : l’ajout d’un programme d’exercices
pliométriques et d’agilité à un programme d’entraînement classique influence-t-il la stabilité de
cheville chez le footballeur ?
1.1 L’instabilité de cheville
1.1.1 Epidémiologie
Les entorses de l’articulation talo-crurale représentent la lésion la plus fréquente au niveau de
l’articulation de la cheville, selon Barois et al. (2002), elles représentent 7% des consultations aux
urgences hospitalières, soit plus de 6 000 cas par jour en France. Les entorses de cheville sont à
l’origine de 25% des accidents sportifs. Selon D.E. Simpson (1991) ces chiffres sont sous-estimés,
car les cas d’automédication sont nombreux.
Tourné et al. (1999) décrivent qu’environ 15% des entorses sont graves, de plus « une mauvaise
appréciation de la gravité peut amener à une prise en charge inappropriée ou insuffisante,
préjudiciable à l’avenir fonctionnel de l’articulation ». Jusqu’à 40% des entorses de cheville
peuvent évoluer vers une instabilité chronique et développer une arthrose secondaire de
l’articulation, selon J.F. Kouvalchouk et al. (2008).
1.1.2 Définition
B.L Riemann et S. M Lephart (2002) décrivent la stabilité articulaire comme l’état d’une
articulation restant ou revenant rapidement à un alignement correct par une égalisation des forces.
M. Dufour et al. (2006) distinguent la stabilité passive, dépendant des os et des ligaments, de la
stabilité active dépendant des organes musculo-tendineux.
Selon J.K. Loudon et al. (2008), l’instabilité de cheville peut être d’origine mécanique ; elle est
alors définie par une amplitude articulaire supérieure à la portée normale de la cheville, pouvant
être causée par une laxité des ligaments, des anomalies anatomiques ou des processus
inflammatoires dégénératifs et chroniques. Les auteurs parlent également d’instabilité d’origine
fonctionnelle, qui est définie par une situation dans laquelle le patient a des entorses récurrentes
et/ou un sentiment régulier de cheville qui « roule ». M. Dufour et al. (2006) divisent les
instabilités en deux groupes : d'une part les instabilités subjectives ; définies par des sensations
de dérobement ou de manque de sécurité ressenties par le patient, provenant souvent d’une
défaillance proprioceptive, d’une mauvaise programmation gestuelle ou d’une insuffisance
musculaire ; d'autre part, les instabilités objectives, qui proviennent de troubles tels que des
luxations ou des subluxations reposant généralement sur des insuffisances des structures passives
causées par des dysplasies, des dysharmonies ou par une insuffisance ligamentaire.
1.1.3 Structures anatomiques de la cheville
a) Structures osseuses
Selon Kamina (2009), l’articulation de la cheville ou talo-crurale unit trois os : tibia, fibula et
talus. Le talus est l’os postero-supérieur de tarse, il est allongé sagittalement et possède une tête
antérieure, un col et un corps postérieur. Il est caractérisé par une volumineuse saillie dorsale,
formant un arc de 120° environ, qui s’articule avec les os de la jambe. Le talus est considéré par
Kapandji (2009) comme l’os « répartiteur du poids » du corps et des efforts sur l’ensemble du
3
pied. Le talus présente également des surfaces articulaires médiale et latérale correspondant aux
malléoles médiale et latérale. Le tibia et la fibula sont deux os longs formant la structure de la
jambe, ils sont solidaires et forment une mortaise à leur extrémité inférieure. Cette mortaise est
une pince plus large en avant qu’en arrière dans laquelle s’encastre la trochée du talus.
Figure 1 : Ostéologie des articulations talo-crurale et tibiofibulaire inférieure, selon M. Dufour
(2006)
b) Moyens d’union
La cheville est soutenue par un système ligamentaire riche, qui est divisé en deux systèmes
selon Kamina (2009) : les ligaments collatéraux médiaux et latéraux.
Le ligament collatéral médial est un ligament résistant et triangulaire, formé de deux couches, qui
prend son insertion sur la face médiale de l’apex de la malléole médiale et composé de :
- La couche superficielle, comprenant le ligament tibio-naviculaire, qui s’insère sur la tubérosité
naviculaire, et le ligament tibio-calcanéen qui se fixe sur le ligament calcanéo-naviculaire et le
sustentaculum sali.
- La couche profonde, comprenant le ligament tibio-talaire antérieur, qui s'insère sur la face
médiale du col du talus, et le ligament tibio-talaire postérieur qui s’insère sur la face médiale
du corps du talus.
Le ligament collatéral latéral est formé de trois faisceaux convergeant vers la malléole latérale,
comprenant :
- Le ligament talo-fibulaire antérieur qui se dirige en bas et médialement et se termine sur la face
latérale du col du talus.
- Le ligament talo-fibulaire postérieur qui se dirige horizontalement et médialement pour se
terminer sur le tubercule latéral du talus.
4
- Le ligament calcanéo-fibulaire qui se dirige en bas et postérieurement pour se terminer sur la
face latérale du calcanéus.
L’articulation tibio-fibulaire distale est renforcée par le ligament tibio-fibulaire antérieur (LTFA)
qui naît du bord de l’incisure fibulaire et se termine sur la malléole latérale, par le ligament tibio-
fibulaire postérieur qui prend insertion au niveau de la fosse de la malléole latérale et se termine
sur le bord postérieur de l’incisure fibulaire. Cette articulation est également renforcée par le
ligament interosseux tendu entre les deux surfaces articulaires (P. Kamina, 2009).
La cheville est également renforcée par une capsule articulaire s’insérant sur le pourtour du
cartilage, sauf en avant où elle s’insère en retrait du bord antérieur du tibia et sur la crête
transversale du col du talus. Celle-ci est lâche sagittalement et tendue sur les côtés. Elle comporte
des culs-de-sac tractés par les fibres des muscles voisins (Dufour, 2015).
c) Structures musculaires
Les muscles de la cheville sont répartis en deux groupes : les fléchisseurs et les extenseurs,
agissant par rapport à l’axe du mouvement qui est transversal et oblique latéralement et en arrière
(P. Kamina, 2009). Tous les muscles situés en avant de l’axe transversal sont fléchisseurs de la
cheville, on retrouve le long extenseur de l’hallux, le muscle tibial antérieur, le long extenseur des
orteils et le troisième fibulaire. Ils sont maintenus contre le squelette par le rétinaculum du cou
du pied. Les muscles extenseurs de la cheville sont situés en arrière de cet axe, on retrouve le
triceps sural composé de trois corps musculaire (gastrocnémien médial, gastrocnémien latéral et
soléaire) possédant un tendon terminal commun : le tendon calcanéen. On retrouve également le
court fibulaire, le long fibulaire, le tibial postérieur, le long fléchisseur des orteils et de l’hallux
qui passent par les gouttières rétromalléolaires. Selon A.I. Kapandji (2012) « en pratique, seul le
triceps sural est efficace ».
Figure 2 : Rapport entre le talus et les muscles de la cheville, selon A.I. Kapandji (2009)
5
1.1.4 Biomécanique de la cheville
Du point de vue anatomique, la cheville est une articulation trochléaire (A.I. Kapandji, 2009),
elle ne possède donc qu’un seul degré de liberté, permettant la flexion/extension. P. Kamina
(2009) décrit alors une mobilité de 20 à 30° de flexion et de 30 à 60° d’extension à partir de la
position anatomique de référence.
Du point de vue fonctionnel, la cheville fait partie du complexe articulaire de l’arrière-pied,
comprenant l’articulation tibio-fibulaire distale et l’articulation subtalaire. Selon A.I. Kapandji
(2009), cet ensemble articulaire, aidé par la rotation du genou, réalise l’équivalent d’une
articulation à trois degrés qui permet l’orientation de la voûte plantaire dans toutes les directions
pour l’adapter aux accidents du terrain. Selon l’auteur, la cheville est « une articulation très serrée,
très emboîtée qui subit des contraintes extrêmement importantes, puisqu’en appui unipodal, elle
supporte la totalité du poids du corps encore augmenté par l’énergie cinétique lorsque le pied
prend contact avec le sol ». M. Bouysset (Bouysset et al., 2014) nous rappelle que lors de la
marche ou de la course, ce complexe passe de manière graduelle de l’état d’éversion adaptative,
lors de laquelle il y a un emmagasinement d’énergie, à l’état d’inversion propulsive avec un
relargage de cette énergie.
La cheville est formée par l’encastrement de la trochlée du talus entre les deux malléoles qui
forme la pince bi-malléolaire. Lors de la flexion dorsale du pied, la partie large du talus vient se
placer entre les deux os et provoque l’écartement de cette pince, le mouvement inverse
accompagne la flexion plantaire, le talus se loge alors dans la pince et peut même être
insuffisamment tenu lorsqu’il existe un défaut de serrage en cas d’instabilité de cheville (M.
Dufour, 2015).
Concernant la stabilité de la cheville, A.I. Kapandji (2009) explique que la stabilité antéro-
postérieure est assurée en partie par la coaptation passive, dont elle bénéficie grâce à la pesanteur,
et à la coaptation active obtenue grâce aux muscles, il développe :
- La flexion est limitée par la butée du col du talus contre le bord antérieur de la surface
tibiale, la tension développée sur la partie postérieure de la capsule et la résistance tonique
du triceps sural.
- L’extension est limitée par les tubercules du talus, la tension développée sur la partie
antérieure de la capsule et les faisceaux antérieurs des ligaments collatéraux ainsi que la
résistance des muscles fléchisseurs.
- L’abduction et l’adduction sont limités par l’encastrement osseux formant la pince bi-
malléolaire, le ligament interosseux ainsi que par les ligaments collatéraux.
1.1.5 Le contrôle neuro-musculaire de la cheville
J.C. Chanussot et al. (2012) mettent en avant plusieurs mécanismes de protection de la cheville,
ils reprennent ainsi l’hypothèse de M.A. Freeman (1965) selon laquelle la protection de la cheville
est assurée par une boucle de rétroaction d’origine proprioceptive : les informations provenant de
mécanorécepteurs situés dans la capsule et les ligaments tibio-tarsiens sont capables de créer des
réactions réflexes de protection. Cependant, J.L. Thonard (1988) prouve que le temps nécessaire
pour induire une lésion ligamentaire de la cheville (moins de 30ms) est inférieur aux temps de
réflexe (60ms) des muscles fibulaires et du tibial postérieur, ce qui montre que les réactions
réflexes de protection n’ont pas le temps de se mettre en place. Ces observations poussent les
auteurs à se tourner vers les phénomènes d’anticipation. Ainsi au niveau central, les auteurs
6
parlent de « standards de référence » qui sont constitués au cours de l’apprentissage
psychomoteur et qui permettent d’envoyer des ordres moteurs préprogrammés en périphérie et de
comparer les afférences rétroactives qu’il reçoit afin de corriger les ordres moteurs envoyés. Lors
d’un saut programmé, les auteurs montrent que des phénomènes automatiques d’anticipation se
mettent en place : ceux-ci dépendent des apprentissages antérieurs et des informations
périphériques et permettent de mettre en place un état de pré-tension qui « améliore la raideur
musculaire active et protège l’articulation en attendant la survenue des réflexes de courte (50ms),
de moyenne (100ms) et de longue latence (150ms) ».
1.1.6 Physiopathologie
a) Généralités
La lésion du ligament collatéral latéral est la lésion la plus courante au niveau de l’articulation
talo-crurale : elle se fait habituellement au cours d’un mouvement forcé d’inversion de la cheville,
associant une flexion plantaire, une adduction et une supination. M. Julia (2002) distingue deux
phases lors d’une entorse de cheville : la position d’inversion forcée et l’application d’une force
compressive sur l’articulation. M. Bendahou et al. (2013) nous rappellent que « les conditions
dans lesquelles peut survenir cette entorse sont extrêmement variées : du simple faux pas en
marchant à la réception au sol d’un saut. »
Le mouvement d’inversion forcé de la cheville peut faire effet sur un, deux ou trois
ligaments collatéraux latéraux entraînant des entorses de gravité croissante selon le nombre de
ligaments touchés. La classification des entorses de cheville la plus utilisée est celle tenant compte
de la gravité lésionnelle, réalisée par De Lecluse et al. (2003), décrivant ceci :
- Grade 1 : entorse bénigne. Présence d’une élongation sans rupture de ligaments. La
marche n’est pas altérée, le gonflement latéral est modéré, le tiroir antérieur est indolore
mais le varus passif et la palpation du ligament tibio-fibulaire antérieur (LTFA) sont
sensibles.
- Grade 2 : entorse moyenne. Rupture partielle du LTFA. Présence d’une boiterie lors de
la marche, d’un gonflement antéro-latéral et d’une ecchymose. Le tiroir antérieur, le varus
passif ainsi que la palpation du LTFA sont douloureux.
- Grade 3 : entorse grave. Rupture totale d’au moins un des faisceaux ligamentaires.
Présence d’un craquement initial accompagné de vives douleurs, d’un gonflement global
et d’une ecchymose. La marche est difficile voire impossible.
b) Facteurs de risque
Selon B.D. Beynnon et al. (2002) la littérature est imprécise quant à la détermination exacte des
facteurs de risque d’entorse de cheville, les auteurs divisent ces facteurs de risques en deux
catégories : intrinsèques et extrinsèques. Concernant les facteurs intrinsèques, qui dépendent des
caractéristiques morphologiques du sujet, les auteurs mettent en évidence que la laxité
ligamentaire et le type de pied (pronateur, neutre ou supinateur) n’ont pas d’incidence. Ils mettent
en avant qu’un antécédent d’entorse latérale de cheville représente le facteur de risque le plus
important et qu’une augmentation du varus de la cheville augmente également ce risque. T.M.
7
Willems et al. (2005) ont mis en évidence que les sujets présentant une vitesse de course, des
qualités d’endurance, d’équilibre et de contrôle directionnel peu développées ainsi qu’une force
de dorsiflexion de cheville faible présentent un risque plus élevé d’entorse de cheville. J. Witchalls
et al. (2012) montrent qu’une altération du ratio éverseur / inverseurs de la cheville et un déficit
du contrôle postural augmente le risque de blessure. Selon J.K Loudon et al. (2008) une
insuffisance de proprioception peut entraîner une réponse retardée des muscles de la cheville à
résister à un mouvement d’inversion sous condition de charge, amenant à des situations
d’entorses. C. Doherty et al. (2013) montrent que les femmes et les enfants sont plus exposés au
risque d’entorse de cheville. Concernant les facteurs extrinsèques, qui dépendent de facteurs
extérieurs au sujet, M. Beynnon et al. (2002) mettent en évidence que le risque d’entorse de
cheville augmente de manière proportionnelle avec le temps de pratique et l’intensité du sport
pratiqué. Le revêtement du sol influence également le risque d’entorse, ainsi les sujets qui
pratiquent un sport en intérieur ou un sport de court sont particulièrement exposés au risque
d’entorse (C. Doherty, 2003).
Concernant le football, M. Beynnon et al. (2000) rapportent qu’un terrain sec augmenterait le
risque d’entorse de cheville. F. Le Gall (2005) met en avant l’augmentation du risque lésionnel
en cas de mouvement de frappe contrarié, ainsi une frappe de balle contrée ou une frappe du bout
du pied peuvent entraîner des lésions ligamentaires de la cheville, le plus souvent localisées au
niveau de la capsule antérieure, du plan ligamentaire interne et de lésions ostéo-articulaires par
conflit.
c) Conséquences
Selon S.Fabri et al. (2009), le retentissement économique des entorses de cheville s’élève à 1,2
millions d’euros par jour en France. Du point de vue sportif, les conséquences peuvent être
importantes : de 15 jours de repos pour une entorse légère à 8 semaines pour une entorse grave,
ces délais entraînent une absence du joueur ainsi qu’un phénomène de désentraînement, impactant
le retour du sujet sur le terrain.
Au-delà des phénomènes de douleur et d’œdème post-traumatique, J.F. Kouvalchock et al.
(2008) recensent un grand nombre de séquelles directement imputables à l’entorse de cheville tels
que : des fibroses péries articulaires, un conflit astragalien antérieur, un syndrome du sinus du
tarse, des ossification para-articulaires, des lésions des tendons fibulaires ou encore des lésions
ostéochondrales. Le principal risque lié aux entorses de cheville est celui du passage à la
chronicité. L’instabilité chronique de cheville est définie par E. Delahunt et al. (2010) comme la
présence de symptômes résiduels plus d’un an après le traumatisme initial. Elle est caractérisée
selon J. Munn et al. (2008) par un manque de contrôle postural.
J.F. Kouvalchock et al. (2008) soulignent l’importance des troubles neurologiques pouvant être
sensitifs ou moteurs selon le tronc nerveux intéressé, le mécanisme lésionnel peut venir soit d’un
étirement lors du mouvement d’inversion soir par la compression d’un nerf au niveau d’une
traversée aponévrotique. S’intéressant aux conséquences somatiques de l’entorse de cheville, Mc
Keon & Hertel (2008) montrent que l’atteinte ligamentaire entraîne une laxité articulaire associée
à des perturbations proprioceptives induisant une altération du sens de position articulaire, une
augmentation du temps de réaction des muscles fibulaires lors du mouvement d’inversion de la
cheville, une vitesse de conduction diminuée, une sensibilité cutanée perturbée et un déficit de
force en flexion. La Haute Autorité de Santé (HAS, 2000) décrit deux principales incapacités
découlant de l’entorse de cheville, à savoir une diminution du recrutement musculaire et une
altération de la stabilité fonctionnelle due à une modification de l’information proprioceptive.
8
Selon M. Boudahou et al. (2013) il faudrait « compter environ une année pour que le tissus
originel (ligamentaire, osseux) retrouve ses propriétés physiologiques et biomécaniques. »
1.1.7 Traitement fonctionnel de l’instabilité de cheville
Quel que soit la gravité, le traitement fonctionnel est le traitement de référence de l’entorse de
cheville. La HAS recommande ainsi l’application du protocole « RICE » en phase de pré-
diagnostique (repos, glace, compression et élévation) et ensuite une reprise d’activité rapide
accompagnée d’une immobilisation relative par contention adhésive ou orthèse semi-rigide et
d’une mobilisation précoce, en utilisant les critères de suivi suivants : la douleur, l’œdème, la
mobilité, la force, la stabilité fonctionnelle et les activités de la vie quotidienne. Les quatre
objectifs principaux sont l’indolence, la restauration des amplitudes articulaires, le renforcement
musculaire et la reprogrammation neuromusculaire. M. Bouysset et al. (2015) préconisent
également une modification du geste technique et une adaptation du chaussage.
Du point de vue fonctionnel, J.K Loudon et al. (2008) ont réalisé une revue systématique de
l’efficacité des différents traitements de l’instabilité de cheville, selon eux : le renforcement
musculaire des muscles de la cheville et le travail de l’équilibre bénéficient d’un grade de
recommandation « B » selon la classification de Butler & Campbell, ils correspondent alors à un
petit essai randomisé comportant un risque modéré d’erreur. Le travail de la proprioception
bénéficie selon les auteurs d’un grade de recommandation « C » qui correspond au plus faible
grade de recommandation.
1.1.8 Prévention de l’entorse de cheville
La prévention des blessures prend une place de plus en plus importante dans l’entraînement
sportif, cependant la littérature la concernant est peu fournie. P. Rochcongar et al. (2013) nous
rappellent que celle-ci est multifactorielle. Concernant les lésions ligamentaires les auteurs
mettent en avant l’importance de l’échauffement associé aux étirements, à la pliométrie et aux
courses avec déplacements latéraux. J.B. Taylor et al. (2015) par leur revue systématique mettent
en évidence que des programmes d’entraînement neuromusculaire permettent de réduire le risque
de blessure de cheville en améliorant le contrôle de l’équilibre et le sens de la position articulaire.
Mc Keon et al. (2008) s’intéressent plus précisément au rôle de l’équilibre dans l’entorse de
cheville et rapportent que l’entraînement proprioceptif réduit le risque de subir une première
entorse de cheville, permet de réduire le taux de récidive et améliore la qualité de vie des sujets
ayant subis une entorse.
Concernant les supports de cheville externes (strapping ou orthèse semi-rigide), les études
montrent une réduction du risque de blessure à court terme par une diminution de l’amplitude
articulaire en inversion et une augmentation de l’activation et de l’excitabilité musculaire.
L’utilisation de ces supports est débattue car les muscles environnants pourraient s’affaiblir et/ou
perdre de leur capacité de répondre à la perturbation (P. Rochcongar et al., 2013 ; J.B. Taylor et
al., 2015).
1.2.1 Définition et histoire de la pliométrie
La pliométrie est un mode de contraction musculaire à part entière, elle caractérise un muscle se
trouvant dans un état de tension tel qu’il est soumis en un temps très court à l’enchaînement de
son allongement (phase excentrique) et de son raccourcissement (phase concentrique). On utilise
également les termes de « Cycle Etirement – Raccourcissement » (CER) ou «Stretch – Shortening
– Cycle ». La pliométrie se définit comme l’utilisation de l’énergie emmagasinée par les éléments
élastiques des muscles lors de la phase de contraction excentrique dans le but de la restituer lors
d’un saut par exemple. Combinant force musculaire et vitesse, la pliométrie est utilisée pour
améliorer la puissance lors de la préparation physique. Selon Y.C. Wang et al. (2016) une
contraction pliométrique se décompose en trois phases : une première phase d’allongement
musculaire rapide, une seconde période de repos courte appelée phase d’amortissement et enfin
une phase explosive de raccourcissement du muscle.
La pliométrie est utilisée dès les années 1950 pour améliorer les qualités explosives des joueurs,
c’est à dire la capacité à développer un maximum de force dans un temps très court. Des
entraîneurs d’équipes internationales de football des pays nordiques avaient recourt de manière
empirique à l’utilisation de petites haies rudimentaires pour réaliser des séries de rebonds
successifs. Elle est ensuite utilisée dans les années 1960 par Verkhoshansky dans l’entraînement
des triple sauteurs : l’entraîneur ayant constaté l’importance du travail excentrique lors de
l’impulsion dans l’augmentation de la tension en phase d’amortissement, il introduit ensuite les
sauts en contrebas en 1967. La pliométrie est introduite aux États-Unis en 1975 par Fred Wilt et
en Europe dans les années 1980 par Carmelo Bosco, elle connaît ensuite une évolution importante
dans ses méthodes d’utilisation et dans ses applications (G. Cometti, 2012).
1.2.2 Physiologie de la pliométrie
a) Physiologie de la contraction musculaire
Les muscles squelettiques ont pour fonction de transformer l’énergie chimique en énergie
mécanique afin de réaliser un mouvement : la contraction musculaire. L’élément de base des
fibres musculaires est la myofibrille. Cet élément contractile est constitué de filaments fins et de
filaments épais allant d’un bout à l’autre de la fibre musculaire en se divisant en sarcomères. Les
filaments épais sont formés d’un assemblage de protéines de myosine, tandis que les filaments
fins sont constitués d’actine. Ces filaments se lient pour former des ponts d’union. A chaque
extrémité du sarcomère se trouvent des protéines de titine qui ont pour rôle de stabiliser la position
des filaments épais et fins en agissant comme un ressort, elles contribuent alors à l’élasticité du
muscle (cf. Annexe 4). Chaque muscle est innervé par plusieurs motoneurones. Les motoneurones
innervent plusieurs fibres musculaires au sein d’un même muscle. Quand un motoneurone est
activé, toutes les fibres sur lesquelles il se termine se contractent simultanément. L’ensemble
constitué par un motoneurone et toutes les fibres qu’il innerve constitue une unité motrice.
Selon L. Sherwood (2015), la contraction est initiée par la stimulation d’une unité motrice créant
un potentiel d’action circulant jusqu’au niveau de la jonction neuromusculaire qui sépare le
motoneurone de la fibre musculaire. Ce potentiel d’action va induire une libération
d’acétylcholine qui va déclencher un second potentiel le long de la fibre musculaire. Ce potentiel
10
d’action va se propager le long de la surface membranaire et dans la fibre musculaire induisant
une libération de calcium. Les sites de liaison de l’actine vont se démasquer et permettre la
formation des ponts d’actine- myosine. Une flexion des ponts d’union de la myosine va tirer le
filament fin sur le filament épais, le ramenant vers le centre du sarcomère. L’énergie de ce travail
est fournie par l’adénosine triphosphate (ATP), à la fin de celui-ci les ponts d’union se détachent
de l’actine. Lorsque le potentiel d’action s’arrête, le calcium est recapté et les sites de liaison se
masquent. La contraction prend fin et les filaments fins retrouvent passivement leur position de
base. Toutefois la contraction n’est pas toujours suivie de raccourcissement du muscle, on
distingue en effet les contractions isotoniques, au cours desquelles la longueur du muscle varie,
en diminuant (concentrique) ou en augmentant (excentrique), des contractions isométriques au
cours desquelles la longueur des muscles ne varie pas.
b) Relation force - longueur
Depuis les travaux de Gordon et al. (1966) on sait que la force produite par un sarcomère varie
en fonction de sa longueur. En position courte, les filaments d’actine-myosine se chevauchent de
manière trop importante, réduisant la force musculaire ; de même lorsque les filaments
s’éloignent, leur zone de contact diminue. Ils nous montrent alors que la position intermédiaire
est celle développant le plus de force grâce à un nombre maximal de ponts d’actine-myosine.
Fukunaga et al. (2002) ont récemment réalisé un travail d’analyse du complexe muscle-tendon
par images à ultrasons au cours de plusieurs activités dont le saut, ils confirment que lors d’un
effort pliométrique la zone de tension musculaire maximale se trouve dans la zone intermédiaire
de la longueur du sarcomère qui forme un plateau (cf. Figure 3).
Figure 3 : Variation de tension maximale et longueur du sarcomère lors d’un saut selon
Fukunaga et al. (2002)
c) Relation force – vitesse
La relation force-vitesse est une notion importante lorsque l’on parle de pliométrie, en effet au
niveau musculaire la production de force varie en fonction de la vitesse de contraction, et la force
diminue avec la vitesse. Pour G. Cometti (2012) « plus le mouvement est rapide plus la fibre a du
mal à produire une force importante ». Cette diminution de la force en fonction de la vitesse
11
s’explique selon R. Lieber (2002) par une diminution du nombre de ponts d’actine-myosine, il
faut en effet un certain temps pour créer ces ponts : quand la vitesse est importante le nombre de
pont créés est peu important.
d) Cycle étirement- raccourcissement
Lors d’une situation pliométrique les deux relations étudiées précédemment sont appliquées de
manière simultanée car celle-ci met en jeu les variations de vitesse et de longueur des sarcomères.
R. Lieber (2002) propose une illustration de cette équation (cf. figure 4) :
Figure 4 : Relation entre force, vitesse et longueur du sarcomère lors de la contraction
pliométrique (Schéma issu de Cometti et al. 2012, p24)
Plusieurs facteurs expliquent le phénomène de cycle d’étirement-raccourcissement (CER) : les
facteurs nerveux, l’élasticité du système « tendon-muscle » et l’intervention du réflexe
d’étirement. G. Cometti et al. (2012) distinguent trois types de facteurs nerveux intervenant lors
d’efforts dynamiques ou explosifs : un meilleur recrutement spatial des unités motrices, un
meilleur recrutement temporel des unités motrices ainsi qu’une meilleure synchronisation de
celles-ci.
Au niveau de la structure musculaire, deux phénomènes peuvent être mis en avant : les ponts
d’actine-myosine et la titine. M. Linari et al. (2000) mettent en évidence une augmentation du
nombre de ponts d’actine-myosine formés lors d’une action excentrique de l’ordre de 1,8 fois
supérieure à celui d’une contraction isométrique permettant une d’augmentation de la force au
niveau du sarcomère. Selon Herzog (2003) et Schmidtbleicher et al. (1986) la titine, protéine
destinée à ramener le sarcomère à sa position de base à la suite d’un allongement, tient un rôle
important dans la production de force lors de la phase excentrique du CER. T. Fukunaga et al.
(1996) mettent en évidence l’importance du complexe tendon-muscle par l’analyse de la phase
excentrique lors d’un saut, ils montrent que 66% du travail est effectué par le tendon et les 34%
12
restant sont dus à la contraction musculaire. Lors de la phase de renvoi, 76% du travail est dû à
la restitution d’énergie par les tendons, la majeure partie de la puissance explosive est donc due à
l’emmagasinement de force par les structures tendineuses.
Pour expliquer les mécanismes physiologiques lors d’une contraction pliométrique, P. Komi et
al. (2003) montrent que le réflexe d’étirement y joue un rôle important : la boucle réflexe a un
délai de 40ms et la durée du temps d’appui varie de 90 à 250ms selon le type de course, la
potentialisation du réflexe arrive en fin de contraction excentrique. L’athlète entraîné prépare
alors son muscle avant le contact du pied au sol, le réflexe myotatique s’ajoute donc à cette activité
pour augmenter la force musculaire développée.
La mise en place de ces CER requiert trois conditions selon P.Komi (2003) et Gollhofer (1997),
à savoir : une bonne pré-activation des muscles avant la phase excentrique, une phase excentrique
courte et rapide ainsi qu’une transition immédiate entre la phase d’étirement (excentrique) et de
raccourcissement (concentrique). Selon Schmidtbleicher et al. (1986) il existe deux types
d’impulsion utilisant les CER:
- CER lents, caractérisés par de grands déplacements articulaires et une durée d’activation
de 300 à 500ms, utilisés lors des impulsions en volleyball ou en basketball par exemple.
- CER rapide, avec de petits déplacements articulaires et un temps de contact de 100 à 200
ms. Des sauts avec des CER rapides se rencontrent en course, en sauts en longueur ou en
hauteur ainsi que dans les sports collectifs présentant des bondissements.
J.C. Chanussot et al. (2012) mettent en avant le rôle central du système suro-achilléo-calcanéo-
plantaire (SACP) dans la pliométrie, il constitue en effet l’élément le plus important de la chaîne
propulsion du membre inférieur par ses fonctions posturale et propulsive.
1.2.3 L’entraînement en pliométrie
a) Principes
Pour Cometti et al. (2012), au cours d’un entraînement pliométrique, il est important de
multiplier et de varier les situations d’entraînement car « très vite l’athlète s’habitue à ces
exercices et on n'enregistre plus de progrès ». Il préconise alors de faire varier les placements, les
déplacements et les tensions musculaires.
Selon B. Grogeorge et al. (2016) plusieurs facteurs influencent la charge biomécanique lors des
sauts. Le poids de corps des sujets influencerait celle-ci, en effet les charges pliométriques sont
beaucoup plus agressives chez les sujets dont la masse corporelle est élevée. La maîtrise des sauts
profonds peut également avoir une influence par le biais d’un manque d’expérience ou d’une peur
de la chute pouvant être à l’origine d’un mauvais temps de couplage entre la contraction réflexe
à l’étirement des mollets et la contraction volontaire qui la succède. Au-delà de l’impact sur la
performance sportive, ces phénomènes vont augmenter l’impact sur les structures ostéo-
articulaires. En effet lors du contact avec le sol à la suite d’un saut, le temps de contact au sol, la
vitesse d’entrée dans le sol, la qualité des alignement segmentaires et la vitesse de sortie lorsque
le sujet quitte le sol ont un impact sur les structures ostéo-articulaire. Un entraînement
pliométrique peut alors permettre de prévenir ces phénomènes.
L’utilisation de la pliométrie nécessite de prendre des précautions en vue des risques de blessures
qu’elle peut entraîner, à savoir : développer en amont des prérequis suffisants en force maximale
13
et en gainage abdo-dorsolombaire, respecter une progressivité dans les exercices et dans le
volume de charge. La pliométrie doit être utilisée avec précaution. Selon P. Clarkson et S. Sayers
(1999) le recourt à celle-ci peut s’avérer dangereux en entraînant des lésions musculaires. Ainsi
au niveau cellulaire peuvent apparaître un dérangement de l’homéostasie du calcium, une réaction
inflammatoire ou un une mauvaise synthèse de protéines du stress, ces phénomènes sont
particulièrement liés à la phase excentrique de la contraction musculaire.
b) Moyens
L’utilisation de la pliométrie comprend une variété importante d'exercices. Cometti et al. (2012)
distinguent cinq types de séances, à savoir :
- Bondissements horizontaux composés d’enchaînements de déplacements d’appuis.
- Bondissements verticaux composés de sauts recherchant à atteindre la hauteur maximale.
- Séance mixte combinant les deux modalités de bondissements.
- Bondissements répétés visant à développer l’aptitude à résister à la fatigue en
bondissements, composé de bondissements horizontaux et verticaux, elle suit une règle
de construction tenant compte du temps de compétition du sujet.
- Méthode « Choc » de Verkhoshansky, composée d’une variété de sauts en contrebas. Ce
type de pliométrie est très intense.
1.2.4 Intérêt de la pliométrie dans la physiologie
La pliométrie est utilisée dans la préparation physique, même dans les sports où les qualités
pliométriques ne sont pas primordiales car elle permet l’amélioration des performances dans
plusieurs domaines. Ainsi P. Paavolainen et al. (1999) montrent que le travail de la pliométrie
permet d’augmenter la vitesse de course chez le coureur par une réduction de la fatigue liée à une
diminution de sa consommation d’oxygène et de glycogène musculaire à une vitesse donnée. Y.C.
Wang et al. (2016) ont mis en évidence que la pliométrie permet d’augmenter la force musculaire
des membres inférieurs, en particulier ceux du genou, d’augmenter la stabilité articulaire ainsi
que les performances aux sauts verticaux et en accélération. Ces gains sont intéressants dans le
foot, selon A. Dellal (2008) elles permettent d’améliorer l’explosivité du joueur, de réaliser une
économie de course de 5 à 10%, de jouir d’une meilleure tolérance des charges de travail,
d’améliorer la puissance de frappe d’un joueur, d’augmenter la résistance musculaire locale,
d’améliorer la coordination des mouvements et jouent un rôle prophylactique.
Au niveau neuro-musculaire, Duchateau et al. (2003) évoquent une activation plus rapide des
motoneurones, l’entraînement en pliométrie diminuerait le temps nécessaire pour que les unités
motrices atteignent leur force maximale de 9%, on parle de diminution du « temps au pic de
force ». Cet entraînement permet une augmentation de la fréquence maximale de décharge des
unités motrices, jusqu’à l’apparition d’extra-doublets au niveau des impulsions correspondant à
des impulsions très proches contribuant à l’augmentation de la force. Après un entraînement en
pliométrie, Van Custem et al. (1998) montrent que l’apparition d’extra-doublets passe de 5,2% à
32,7%. Le recours à la pliométrie permet alors une amélioration de la coordination entre les
phénomènes d’anticipation, à savoir : le réflexe et la contraction volontaire, ce qui permet une
amélioration de la qualité de l’appui particulièrement intéressante chez le footballeur. Selon
Schmidtbleicher et al. (1986) la pliométrie dite « rapide », composée de CER rapides avec de
14
petits déplacements angulaires et un temps de contact rapide (100 à 200ms) permet une activation
en phase excentrique supérieure aux valeurs obtenues lors de contractions maximales volontaires.
Au niveau musculaire K.F. Burgess et al. (2007) ont mis en évidence l’augmentation de la raideur
musculaire grâce à l’utilisation de la pliométrie, cette augmentation permet à l'athlète, selon Fouré
et al. (2010), d’améliorer la transmission de force musculaire et de diminuer la dissipation de
l’énergie accumulée lors de la phase excentrique.
Concernant la stabilité de cheville, on observe que la pliométrie permet d’augmenter la force
musculaire et la stabilité articulaire de l’ensemble du membre inférieur. Elle permet également
une amélioration de la coordination des mouvements et de la qualité des appuis.
1.2.5 Définition de l’agilité
B.Grosgeorge et al. (2016) proposent une définition de l’agilité : « Action qui caractérise une
initiation de mouvements du corps, de changement de direction ou de rapide accélération et
décélération, comprenant une composante physique et cognitive (reconnaissance d’un stimulus,
réaction et exécution d’une réponse physique) ». L’agilité consiste alors à perdre le moins de
temps possible dans la réalisation d’un ou plusieurs changements de direction rapides, donc à
ralentir le moins possible sa vitesse linéaire. L’agilité se rapporte alors aux qualités de
coordination, d’anticipation et d’adaptation posturales ainsi qu’à la notion de contrôle moteur.
Oliver et Meyers (2009) ont précisé les conditions de réalisation de l’agilité en distinguant :
- L’agilité planifiée, impliquant une habileté fermée dans laquelle les mouvements à
réaliser sont connus à l’avance.
- L’agilité réactive qui est une habilité ouverte mobilisant les aptitudes perceptives et
décisionnelles.
- L’agilité active qui est propre aux situations d’adversité proposées dans le jeu, exigeant
une capacité à se mouvoir de façon plus ou moins prévisible dans des espace-temps où
l’action est induite par l’adversaire.
1.2.6 L’agilité dans les sports collectifs
Jusqu’à la fin des années 1990, les qualités de force et de vitesse ont occupé une place dominante
dans le champ théorique de la préparation physique des sports collectifs. Depuis quelques années
la vitesse est représentée comme une qualité composite incluant anticipation, vitesses de réaction,
de perception, de décision, d’anticipation et d’action. Les méthodes d’entraînement se sont donc
davantage tournées vers la notion d’agilité. Au-delà de l’analyse de la performance physique,
K.L. Havens et al. (2014) ont mis en évidence l’impact des changements de direction sur la
physiologie des joueurs : un changement de direction de 90° entraîne une forte décélération
accompagnée d’importantes forces de translation et d’absorption au niveau du genou et de la
cheville. Au cours du dernier appui, le temps de contact au sol augmente de façon importante en
fonction de l’angle, passant de 57ms pour 45° à 252ms pour 90°, l’absorption du mouvement est
alors encaissée au niveau du genou et à un moindre niveau par la cheville.
Spiteri et al. (2014) mettent en évidence le rôle de la force excentrique des membres inférieurs
dans la capacité à changer de direction et montrent que les sujets les plus performants sont ceux
qui bénéficient d’une capacité de puissance plus comprimée dans le temps.
15
Marshall et al. (2014) mettent en évidence l’implication de la hanche et de la cheville dans leur
capacité à encaisser des inversions de mouvement. Si ces articulations sont suffisamment
renforcées musculairement elles peuvent réduire le risque de blessure au niveau des structures
passives des articulations, en particulier celles du genou.
1.2.7 Intérêt du travail de l’agilité sur la physiologie
Pour B. Grogeorge et al. (2016) le travail de la décélération permet de gagner en efficacité dans
de nombreuses activités sportives et de réduire l’agression sur les structures passives (ostéo-
articulaires) de la cheville et du genou. Pour éviter un écrasement trop fort de la cheville les
auteurs recommandent de renforcer la force multidirectionnelle de la cheville, en particulier dans
une modalité de contraction excentrique.
M. Bernier (2003) préconise l’utilisation de l’entraînement en agilité dans le cadre de la
rééducation des athlètes, car en suivant une bonne progression il peut être utilisé dans la phase
finale de celle-ci, mobilisant les qualités de contrôle neuromusculaire, de stabilité du membre
inférieur et de temps de réaction musculaire. Une perturbation posturale est en effet imposée au
membre à travailler, provoquant une réponse motrice de protection de l’articulation. L’auteur
indique qu’un entraînement en force seul n’est pas suffisant pour préparer le sujet au contraintes
rencontrées en compétition.
1.2.8 Lien entre pliométrie et agilité
M.G. Miller et al. (2006) ont mis en évidence l’impact d’un programme pliométrique de six
semaines sur les qualités d’agilité planifiée, les résultats montrent un progrès du groupe
expérimental lors des tests d’agilité et une augmentation de 10% de la force mesurée sur
plateforme de force, selon eux ces résultats s’expliquent par un meilleur recrutement moteur et
une amélioration de l’adaptation neuronale.
T. MacCormick et al. (2016) ont réalisé une étude ayant pour but de comparer un entraînement
de pliométrie uniquement dans le plan frontal à celui d’un entraînement dans le plan sagittal. Les
auteurs montrent l’importance de varier les plans d’impulsion pliométrique
(horizontales/verticales ; latérales/sagittales et avant/arrière) dans les résultats obtenus aux tests
d’agilité.
1.2.9 Pliométrie, agilité et contrôle postural
Selon J. Massion (1992) les mouvements que nous exécutons sont toujours accompagnés
d'ajustements posturaux qui ont pour rôle de fournir le support postural à la réalisation du
mouvement ainsi que de maintenir l'équilibre du corps malgré les perturbations engendrées par
l'exécution du mouvement. Les ajustements posturaux peuvent apparaître simultanément ou
quelques millisecondes avant le mouvement volontaire, ils sont alors qualifiés d'ajustements
posturaux anticipés. On considère que leur rôle est de minimiser les perturbations de l'équilibre
qui risquent d'être engendrées par le mouvement à venir en mettant en place des corrections
anticipées. Ces mouvements résultent d'un apprentissage et s'exercent par des réseaux nerveux
adaptatifs.
16
L’entraînement de l’équilibre améliore le contrôle postural ainsi que la stabilité dynamique et
peut prévenir le risque de blessure (E.A. Wilkstrom et al., 2009). L’intensité et le type
d’entraînement ne sont cependant pas quantifiés de manière précise. W.P. Ebben et al. (2010)
montrent alors que l’entraînement en pliométrie peut être une bonne alternative à cet entraînement
car il met en jeu les qualités de stabilisation dynamique, ainsi les auteurs préconisent la création
de programmes dans lesquels l’intensité du stimulus de stabilité, quantifiée par le temps de
stabilisation du sujet, augmente de manière progressive.
P.Y Huang et al. (2014) étudiant le contact au sol, montrent que l’entraînement en pliométrie
permet d’augmenter les angles maximaux des articulations des membres inférieurs dans le plan
sagittal et diminue les angles dans les plans frontal et transversal après le contact au sol. La
pliométrie permet donc d’augmenter le contrôle postural statique et dynamique du sujet avec une
diminution de la zone d’oscillation du centre de pression.
1.3 Les contraintes physiologiques du footballeur
T. Reilly et al. (2000) nous montrent que la distance moyenne parcourue par un joueur de
football lors d’un match varie de 9 000 à 14 000m pour les joueurs de champs et 3 000 à 6 000m
pour les gardiens, celle-ci dépend du poste occupé. Le football est un sport défini comme la
somme d’efforts intermittents réalisés à haute intensité, les auteurs établissent la répartition
suivante : 25% du temps est consacré à marcher, 37% à trottiner, 20% aux courses rapides, 11%
en sprints et 7% en course arrière.
Au cours d’un match de football, il y aurait plus de 1000 changements d’activité par joueur,
voire plus de 1400 selon T. Stolen et al. (2005) provoquant à chaque fois une accélération, une
décélération plus ou moins brusque du corps ou un changement de direction du mouvement. Les
actions des joueurs se font avec des angles peu fermés, de grandes différences de vitesse, de
déplacement et de fréquence selon le poste de jeu. Les auteurs mettent en évidence que chez le
joueur de sport collectif, au-delà de la vitesse de déplacement, ce sont les qualités d’accélération
et de décélérations qui sont déterminantes.
P. Bradley et al. (2014) comparent le jeu de la « Premier League » anglaise de 2006-2007 à celui
de 2012-2013 et indiquent que les actions de haute intensité ont augmenté de 50%, pouvant
atteindre 200 par match, le nombre de sprint a ainsi doublé, la distance parcourue en sprint a
également augmenté de 35% et le nombre de passes effectué a augmenté de 40%. L’auteur met
ainsi en avant une tendance à l’intensification du jeu au cours des années, expliquée par une
augmentation de la fréquence des actions de jeu au détriment de leur durée.
J. Dvorak et al. (2011) ont recensé 125 blessures au cours des 64 matchs de la coupe de monde
2010, soit une moyenne de 2 blessures par match. 64,5% de ces blessures ont lieux lors d’un
contact, 73,6% concernent un membre inférieur, 10,4% la tête, 9,6% les membres supérieurs et
6,4% le tronc. Les blessures les plus fréquentes sont les déchirures de la cuisse et les entorses de
cheville. Dans le domaine du foot, les lésions de la cheville sont représentées à 40,8% par les
entorses, 26,5% par des contusions, 19,2% par des fractures, viennent ensuite les tendinites et
autres blessures (D.J. Grimm et al., 1999).
17
recherche
2.1.1. Synthèse de la littérature
Au regard des données apportées par la littérature exposées précédemment, il convient de retenir
que :
– L’entorse de cheville est une pathologie fréquente dans le monde sportif, en particulier
dans le football, elle survient le plus fréquemment lors d’un mécanisme d’inversion
forcée et entraîne souvent des séquelles fonctionnelles. L’instabilité de cheville peut être
d’origine mécanique ou fonctionnelle et peut s’exprimer de manière subjective et/ou
objective. Différents traitements fonctionnels peuvent être appliqués mais leur niveau de preuves est plutôt faible.
– Plusieurs facteurs de risque sont mis en évidence dans l’entorse de cheville : antécédent
d’entorse de cheville, déséquilibre et déficit de force musculaire, déficit de
proprioception, déficit d’anticipation posturale et de contrôle directionnel. La prévention
de l’entorse de cheville doit alors être multifactorielle.
– La pliométrie est un mode de contraction musculaire lors de laquelle le muscle se trouve
dans un état de tension tel qu’il est soumis en un temps très court à l’enchaînement de
son allongement et de son raccourcissement. Elle permet d’améliorer l’économie de
course, la force et la raideur musculaire, la stabilité articulaire, la coordination, le contrôle moteur et l’équilibre.
– L’agilité correspond à une initiation de mouvements du corps, de changement de
direction ou de rapide accélération et décélération, comprenant une composante physique
et cognitive, c’est un élément de plus en plus présent dans l’entraînement des sports
collectifs par son rôle dans les performances sportives mais aussi dans la protection des
blessures des membres inférieurs. Les changements de directions entraînent des
contraintes importantes sur les structures passives du membre inférieur. Le travail de
l’agilité permet de diminuer ces agressions en travaillant l’ensemble des muscles du
membre inférieur dans des modes de contraction et des positions variées et fonctionnelles.
– Le travail de l’équilibre et des ajustements posturaux améliore le contrôle postural et
permet de prévenir le risque de blessure.
– La pliométrie et l’agilité permettent d’améliorer le contrôle postural grâce à une
augmentation de la stabilisation dynamique et du contrôle postural statique, ils permettent
également d’améliorer le contrôle neuromusculaire. Celui-ci protège la cheville par le
biais de phénomènes d’anticipation permis par des ordres moteurs préprogrammés.
– Le football est un sport composé d’efforts intermittents à haute intensité dans lequel les
joueurs sont soumis à de nombreux changements d’activités : accélérations,
décélérations, changements de direction et phases de jeu avec balle. Les blessures
recensées le plus fréquemment dans le football concernent le plus souvent les membres
inférieurs, les traumatismes de la cheville en représentant une part importante.
18
2.1.2 Problématique
La problématique de ce travail est la suivante : « L’ajout d’un programme d’exercices
pliométriques et d’agilité à un programme d’entraînement classique influence-t-il la stabilité de
cheville chez le footballeur ? ».
2.1.3 Hypothèses de travail
Les hypothèses de ce travail sont les suivantes :
• Les exercices de pliométrie et d’agilité permettent d’améliorer les résultats obtenus au Y
SEBT
• Les exercices de pliométrie et d’agilité permettent d’améliorer la stabilité de cheville perçue par le sujet
2.1.4 Objectifs de recherche
Les objectifs de cette recherche sont de connaitre les effets d’un programme d’exercices de
pliométrie associé à de l’agilité sur la stabilité objective et subjective de la cheville.
2.2 Finalité de l’étude La finalité de cette étude est d’émettre de nouvelles hypothèses quant à l’efficacité d’un
programme d’entraînement pliométrique associé à de l’agilité dans l’amélioration de la stabilité
de cheville.
2.3 Méthode L’étude a été réalisé au Centre de Formation du Stade Brestois du 06/12/2016 au 17/02/2017.
2.3.1 Population
L’étude comprend dix-sept participants, tous joueurs de football au sein du Centre de Formation du Stade Brestois 29. Tous les sujets sont des hommes sains.
a) Critères d’inclusion
• Avoir entre 16 et 30 ans
• Etre pratiquant régulier et faire partie d’une équipe de football
19
• Présenter des risques cardio - vasculaire (Q - APP)
• Avoir un problème de vision non corrigé
• Présenter des troubles neurologiques
• Avoir subi un traumatisme de la cheville avec traitement médical lors des deux derniers
mois
cartilagineuse
c) Randomisation
La randomisation des groupes témoin / expérimental a été réalisé grâce à un tirage au sort à
l’aveugle de coupon par un opérateur extérieur à l’étude.
2.3.2 Outils de mesures
a) Cumberland Ankle Instability Tool
L’instabilité subjective de la cheville peut être quantifiée par l’intermédiaire de questionnaires.
Le questionnaire utilisé pour cette étude est une traduction du Cumberland Ankle Instability Tool
(CAIT) (Annexe 7). Selon E.C. Hiller et al. (2004) ce questionnaire est simple, valide et fiable
dans sa version anglaise. Il comprend neuf items à choix de réponse multiple, le sujet devant
répondre aux neuf items par la proposition correspondant le mieux à chaque cheville. En fonction
de ses réponses, le sujet se voit attribuer un score qui le prédispose ou non à l’instabilité
fonctionnelle de cheville. Le score total étant de 30, selon C.J Wright et al. (2014) les sujets avec
un score inférieur à 25 sont touchés par une instabilité de cheville. Selon les mêmes auteurs ce
test bénéficie d’une sensibilité de 82,9% et une spécificité de 74,7%.
b) Y Star Excursion Balance Test
Plusieurs tests permettent d’évaluer la stabilité de cheville de manière objective. Le test utilisé
pour ce travail est le Y Star Excursion Balance Test (Y SEBT), il s’agit d’un test créé par J.P. Plisky en 2009.
Pour la réalisation du Y SEBT le sujet est debout, pieds nus, en station unipodale avec l’hallux
à la base du dispositif composé de trois mètres rubans fixés au sol formant un Y, avec un angle de
135° entre la direction antérieure et les deux autres directions : postero-médiale et postero-latérale
formant un angle de 90°entre elles. Avant de réaliser la mesure, une démonstration est réalisée
par l’examinateur. Le sujet doit ensuite pousser avec son pied mobile un objet léger le plus loin
possible dans chacune des trois directions. Chaque direction est analysée une jambe après l’autre.
Chaque distance fait l’objet de trois essais. Les mouvements du pied au sol et les mouvements
des bras sont autorisés mais l’essai est recommencé si le sujet perd la station unipodale, s’il
décolle le talon du sol, ne peut pas revenir à sa position initiale ou perd le contact avec l’objet ou
appuie dessus. Le test est réalisé de la même manière pour chaque sujet avec des encouragements
identiques (« vas le plus loin possible ! »).
20
Une mesure de la longueur du membre inférieur droit est réalisée sur table en décubitus, le sujet
doit décoller les hanches de la table et les reposer, avant que l’examinateur mesure la distance
entre l’épine antéro-supérieure et la malléole interne. Le score final est ensuite réalisé en
appl